Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN...

47
Des réponses éclair à 80 questions fondamentales Gerald Benedict MON PHILOSOPHE MINUTE

Transcript of Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN...

Page 1: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Des réponses éclair à 80 questions fondamentales

Gerald Benedict

Mon philosophe M i n ute

19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie

isBN 978-2-89472-645-7

Sommes-nous seuls dans l’univers ?Ai-je été quelqu’un d’autre avant ma naissance ?

Où va l’âme après la mort ? Pourquoi la souffrance existe-t-elle ?

Peut-on vraiment être heureux ?

Si vous vous êtes déjà posé ces questions, vous savez à

quel point les réponses sont difficiles à trouver.

Idéal pour qui veut aller un cran plus loin, Mon philosophe

minute résume en un clin d’œil l’essentiel de ce qui s’est

écrit à propos de 80 questions fondamentales. Pour

chacune, faites en moins d’une minute un tour d’horizon

des idées fortes émises par les plus grands penseurs,

poètes et scientifiques et trouvez vos propres réponses.

Plus de 150 citations inspirantes

Des questions regroupées en 8 thèmes : la connaissance • le soi • le cosmos

la condition humaine • la spiritualité la religion • la foi et les croyances

• le comportement

Ben

edict

Mo

n p

hilo

sop

he m

inu

te

Couv philosophe minute.indd 1 12-12-13 13:27

Page 2: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Livre Promettez:Livre Promettez 09-12-21 8:14 AM Page 10

Page 3: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe M i n ute

Mon philosophe minute.indd 1 12-12-21 14:49

Page 4: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Les Éditions Transcontinental5800, rue Saint-Denis, bureau 900Montréal (Québec) H2S 3L5Téléphone : 514 273-1066 ou 1 800 565-5531www.livres.transcontinental.ca

Pour connaître nos autres titres, consultez le site www.livres.transcontinental.ca.Pour bénéficier de nos tarifs spéciaux s’appliquant aux bibliothèques d’entreprise ou aux achats en gros, informez-vous au 1 866 800-2500 (faites le 2).

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Benedict, Gerald (Gerald Samuel)Mon philosophe minute : des réponses éclair à 80 questions fondamentalesTraduction de : The Five-Minute Philosopher.ISBN 978-2-89472-645-71. Philosophie - 21e siècle - Miscellanées. I. Titre.B805.B4614 2013 190.9’05 C2012-942483-8

Révision : Annick LoupiasCorrection : Edith Sans CartierCouverture :

Conception graphique et photomontage : Gianni Caccia Images (ciel, javarman/Shutterstock.com ; hibou, John Woodcock / iStockphoto ; horloge, Madeleine Forsberg / Shutterstock.com)

Mise en pages : Diane MarquetteImpression : Marquis Imprimeur – Division Gagné

Titre original : The Five-Minute Philosopher. Publié en français pour le marché de l’Amérique du Nord avec l’autorisation de Watkins Publishing. Tous droits réservés.Copyright © Watkins Publishing 2011Text copyright © Gerald Benedict 2011

Imprimé au Canada© Les Éditions Transcontinental, 2013, pour la version française publiée en Amérique du Nord.Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 1er trimestre 2013Bibliothèque et Archives Canada

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

quuuuuuuuuuuuuuCCCCCCuuuuuuuuuuuuuuur

quuuuuuuuuuuuuuCCCCCCuuuuuuuuuuuuuuur

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition. Nous remercions également la SODEC de son appui financier (programmes Aide à l’Édition et Aide à la promotion).

Mon philosophe minute.indd 2 12-12-21 14:49

Page 5: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Gerald Benedict

Mon philosophe M i n ute

Traduction de The Five-Minute Philosopher par Sylvie Dupont

Mon philosophe minute.indd 3 12-12-21 14:49

Page 6: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 4 12-12-21 14:49

Page 7: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Table des matières

IntroductIon ................................................................................ 13

1. La connaIssanceQu’est-ce que la connaissance ? ............................................... 23

Y a-t-il une limite à ce que nous pouvons connaître et comprendre ? ............................................................................ 25

Comment savoir si ce que nous connaissons est vrai ? ...... 27

La vérité existe-t-elle ? ............................................................... 29

Que pouvons-nous connaître de l’avenir ? .............................. 30

Qu’avons-nous « besoin » de savoir ? ....................................... 32

Un grand savoir confère-t-il une grande sagesse ? .............. 34

2. Le soIQui suis-je ? .................................................................................... 37

Ai-je été quelqu’un d’autre avant ma naissance ? ................. 39

Qu’est-ce que le moi ? ................................................................. 40

Mon philosophe minute.indd 5 12-12-21 14:49

Page 8: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

Combien de moi ai-je ? ................................................................ 42

Puis-je vraiment me connaître moi-même ? ........................... 44

Mon moi peut-il changer ? .......................................................... 45

Dans quelle mesure suis-je différent des autres ? ............... 47

L’affirmation de soi est-elle toujours condamnable ? ........... 48

3. Le cosmosL’univers a-t-il une origine dans le temps ? ............................ 51

L’univers est-il infini ? .................................................................. 53

Le temps a-t-il eu un commencement et aura-t-il une fin ? ...................................................................... 55

Notre planète a-t-elle un avenir ? .............................................. 57

À qui appartient l’univers ? .......................................................... 59

Pouvons-nous nous sentir chez nous dans l’univers ? ......... 60

Sommes-nous seuls dans l’univers, et est-ce important ? .................................................................... 62

4. La condItIon humaIneL’humain n’est-il qu’un autre animal ? ..................................... 65

Qu’est-ce que la mort ? ............................................................... 67

Y a-t-il une vie après la mort ?................................................... 68

La vie a-t-elle un but ? ................................................................. 70

Pouvons-nous vraiment être heureux ? ................................... 72

L’espoir peut-il être une dangereuse illusion ? ....................... 74

Le libre arbitre existe-t-il ? .......................................................... 76

Qu’est-ce que l’esprit ? ................................................................ 77

Pouvons-nous connaître notre esprit ? .................................... 79

Surestimons-nous l’intelligence ? .............................................. 80

Mon philosophe minute.indd 6 12-12-21 14:49

Page 9: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Table des matières

Pourquoi désirons-nous des choses matérielles ? ................ 82

L’hypermatérialisme est-il une menace ? ................................ 84

Devrions-nous accepter les choses comme elles sont ? ....................................................................... 85

5. La spIrItuaLItéQu’est-ce que l’esprit ? Retour sur la question ...................... 89

Pouvons-nous comprendre ne serait-ce qu’une parcelle de ce que nous entendons par Dieu ? ......... 91

Dieu existe-t-il ? ............................................................................. 93

Dieu est-il quelqu’un ou quelque chose ? ................................ 95

Sommes-nous faits à l’image de Dieu ? ................................... 96

Dieu est-il la totalité de l’univers, de la nature ? ..................... 98

Le darwinisme signifie-t-il la mort de Dieu ? .......................... 100

L’humanité a-t-elle évolué aussi bien sur le plan spirituel que sur le plan physique ? ...................... 101

Ai-je une âme ? ............................................................................. 103

Où va l’esprit ou l’âme après la mort ? .................................... 105

Qu’est-ce qu’une vie spirituelle ?............................................... 107

Que changerait l’absence de Dieu ? .......................................... 109

6. La reLIgIonQu’est-ce qu’une religion ? ........................................................ 111

La religion satisfait-elle un besoin humain fondamental ? ............................................... 113

Les religions peuvent-elles toutes avoir raison ? ................... 115

Pourquoi les religions cherchent-elles à convertir les gens ? ................................................................... 117

Mon philosophe minute.indd 7 12-12-21 14:49

Page 10: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

Pourquoi les gens deviennent-ils fondamentalistes ? ........... 119

Qu’est-ce que le salut ? ............................................................... 120

Satan existe-t-il ? .......................................................................... 122

Pourquoi la souffrance existe-t-elle ? ...................................... 124

7. La foI et La croyanceQu’est-ce que la foi ? .................................................................... 128

La foi sans religion est-elle possible ? ...................................... 129

Pouvons-nous avoir la certitude que Dieu existe ? ................ 131

Qu’est-ce que la prière ? ............................................................. 133

Que vivent les mystiques ? .......................................................... 135

Qu’est-ce que l’illumination ? ..................................................... 136

Que se passe-t-il si nous nous réincarnons ? ........................ 138

Trouver l’épanouissement spirituel dans la solitude est-il complaisant ? ....................................................................... 140

L’agnosticisme a-t-il une valeur ? ............................................. 142

L’athéisme peut-il être défini comme le courage de ne pas croire ? ......................................................................... 144

Pouvons-nous vivre uniquement par la raison ? .................... 145

L’intuition peut-elle remplacer la logique ? .............................. 147

Ce en quoi nous croyons importe-t-il ? .................................. 148

8. Le comportementAvons-nous besoin d’un code moral ? .................................... 151

Existe-t-il des lois morales absolues ? ..................................... 153

Est-ce un tort de baser les lois sur des principes religieux ? ...................................................... 155

Peut-il être légitime d’enfreindre la loi ? .................................. 157

Le karma détermine-t-il notre comportement ? ..................... 159

Mon philosophe minute.indd 8 12-12-21 14:49

Page 11: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Table des matières

Quelles sont les valeurs essentielles ? ..................................... 161

Existe-t-il des actes purement désintéressés ? ..................... 162

Devrions-nous toujours dire la vérité ? ................................... 164

Quelles sont nos obligations envers les autres ? ................... 166

Est-ce une faute de ne pas pouvoir pardonner à quelqu’un ? .................................................................................. 168

Devons-nous nous pardonner à nous-mêmes ? .................... 170

Pourquoi l’amour est-il considéré comme la valeur suprême ? ........................................................ 171

Lectures suggérées ............................................................... 175

remercIements ............................................................................ 179

à propos de L’auteur ............................................................ 181

Mon philosophe minute.indd 9 12-12-21 14:49

Page 12: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 10 12-12-21 14:49

Page 13: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Pour Michael Jacobson, en reconnaissance de nos années d’amitié et des centaines de questions dont nous avons débattu,

mais plus particulièrement de celles qu’il n’a jamais posées.

« Je considère l’amitié comme égale au vin. Brute au début, puis mûrissant avec les années... »

– Thomas Jefferson

Mon philosophe minute.indd 11 12-12-21 14:49

Page 14: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 12 12-12-21 14:49

Page 15: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

13

Introduction« La raison humaine est soumise, dans une partie de ses

connaissances, à cette condition singulière qu’elle ne peut éviter certaines questions et qu’elle en est accablée. Elles lui sont

suggérées par sa nature même, mais elle ne saurait les résoudre, parce qu’elles dépassent sa portée.»

– Emmanuel Kant (1724-1804)

Nul ne peut vivre sans se poser de questions. Le besoin de savoir, qu’il soit dicté par la nécessité ou par la curiosité, a ses raisons propres ; il est inhé-rent à l’esprit. Pour les premiers humains, se poser des questions et cher-cher des réponses était un moyen de survie ; pour nous, c’est la façon la plus signifiante d’occuper notre temps passé sur terre. Encore faut-il poser les bonnes questions, car on peut passer sa vie à chercher les ré-ponses à de mauvaises questions. Or, disait James Thurber (1894-1961) : « Mieux vaut connaître certaines des questions que toutes les réponses. »

Nous commençons à poser des questions dès la petite enfance et nous continuons à le faire jusqu’à la fin de notre vie. Les questions sont des fenêtres de l’esprit sur les mystères du monde, le lien entre le connu et l’inconnu. La plupart du temps, les questions que nous posons au jour le jour ne servent qu’à recueillir des informations factuelles : « Comment

Mon philosophe minute.indd 13 12-12-21 14:49

Page 16: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

14

allez-vous ? », « Quelle heure est-il ? », « Pouvez-vous me dire comment... ? » Les questions fondamentales sont d’un autre ordre : par exemple, pour-quoi vit-on, ou pourquoi éprouve-t-on le besoin de poser des questions ? L’essentiel de l’apprentissage se trouve entre les questions et les réponses, là où se situe aussi l’essentiel de tout enseignement. On appelle « méthode socratique » la méthode dialectique qui consiste à opposer un point de vue à un autre et à poursuivre le débat en s’interrogeant sur les réponses aux questions posées. Ce moyen de parvenir à la vérité repose sur ce simple énoncé : « d’autre part, si on envisage la chose de cette façon ». Pour Socrate (469-399 av. J.-C.), qui s’appelait lui-même « celui qui ac-couche les esprits », chaque question que nous posons ou qu’on nous pose est une sage-femme qui aide à faire naître de nouvelles connais-sances et de nouvelles perceptions. Pour poursuivre l’analogie, on pour-rait dire que les nouvelles idées, ces rejetons de l’esprit, sont ensemencées par les questions et mises au monde par la réflexion.

Les questions traitées dans ce livre ne portent pas sur des faits ou des informations. Elles n’ont pas de réponse facile ; tenter de les élucider relève davantage du voyage exploratoire que de la recherche encyclopé-dique. Le territoire à explorer se trouve à l’intérieur de soi, et le par-courir exige à la fois introspection et ouverture d’esprit, connaissance de soi et volonté de renoncer à ses modes de pensée habituels. Tôt ou tard, nous nous surprenons à réfléchir sur l’une ou l’autre de ces énigmes. Habituellement, nous avons trop à faire pour nous y attarder : d’autres exigences, d’autres priorités nous appellent, toutes nécessaires et justifiées. Cependant, et c’est là une des lacunes de nos vies, nous ne voyons pas la nécessité de nous accorder des moments de solitude, même brefs, pour nous pencher sur des questions difficiles et remodeler notre vie par la réflexion. Selon la philosophe française Simone Weil (1909-1943), toute personne devrait avoir assez d’espace et de liberté pour planifier l’utilisation de son temps, mais devrait aussi avoir la pos-sibilité d’atteindre un degré d’attention supérieur – « un peu de soli-tude, un peu de silence ». Dans de tels moments, disait-elle, nous passons du personnel à l’impersonnel. Nous nous libérons temporaire-ment du « je » auquel nous associons nos craintes, nos besoins, nos

Mon philosophe minute.indd 14 12-12-21 14:49

Page 17: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Introduction

15

ambitions et nos espoirs, et nous progressons vers le « je » qui se détache de l’égocentrisme pour atteindre ce « degré d’attention supérieur » où nous avons conscience de faire partie d’un grand tout. Certaines des questions traitées dans le présent ouvrage mènent à une réponse qui prend la forme d’une quiétude méditative.

Ces questions ne trouvent jamais de véritables réponses ; ce qui peut sembler en être une n’est au mieux qu’un résumé des grands enjeux soulevés. C’est peut-être une vérité de La Palice, mais pour toute ré-ponse, il y a une question – ou plutôt de nombreuses questions. Et lorsqu’il réfléchit aux réponses que je propose, le lecteur peut très bien formuler une question plus importante ou mieux ciblée. Hors des faits et de la stricte information, ces questions n’ont pas de réponses instan-tanées ; y réfléchir exige du temps, de l’introspection, de l’honnêteté et même du courage. Le mieux que peut obtenir le lecteur de ce livre est une reconfiguration de sa pensée, une réorganisation des idées déjà for-mulées et des idées neuves qu’il perçoit soudain, un nouveau modèle. L’esprit est comme un kaléidoscope : si on ajoute de nouvelles formes et couleurs à celles qui s’y trouvent déjà, on obtient des configurations et des motifs entièrement nouveaux. De même, penser à ces questions, et y penser de la bonne manière, amène l’individu au-delà de ce qu’il sait déjà. Si la citation de Kant qui ouvre cette introduction est exacte et que la raison ne peut ni ignorer les questions les plus pressantes ni y répondre, envisager des réponses possibles à celles-ci peut exiger que l’on transcende la raison.

Les questions abordées dans le présent ouvrage sont regroupées sous sept grands titres : 1) la connaissance, 2) le soi, 3) le cosmos, 4) le genre hu-main, 5) la spiritualité, 6) la religion, 7) la foi et 8) le comportement.

La connaissance. Ce que nous savons provient d’une multitude de sources et s’acquiert par les moyens les plus divers. Réduite à sa plus simple expression, la connaissance peut se définir comme une accumu-lation de faits ou de savoirs acquis par l’éducation ou par l’expérience, et qui peuvent être d’ordre pratique (savoir « comment ») ou théorique

Mon philosophe minute.indd 15 12-12-21 14:49

Page 18: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

16

(savoir « que » ou savoir « qui »). La connaissance, qu’elle soit générale ou spécialisée, inclut aussi nos réactions à des idées abstraites et ce que nous en retirons. Pour être « connue », une chose doit être vraie et sous-tendue par ce que Platon (423-347 av. J.-C.) appelait une « croyance vraie justifiée ». La différence entre la connaissance et la croyance est importante : la connaissance vise essentiellement la certitude, tandis que la croyance repose sur la confiance (j’y reviendrai). Il est dans la nature de l’esprit d’acquérir des connaissances, tandis que les croyances sont un état d’esprit. Utiliser nos connaissances comme indicateur de ce que nous ignorons nous pousse à toujours vouloir en savoir davan-tage. Les questions que j’aborde dans ce chapitre concernent autant le savoir lui-même que la personne qui sait.

Le moi. En tant qu’entité existante, le moi est difficile à cerner, voire in-saisissable ; il échappe à toute définition philosophique ou psychologique claire et nette. On peut dire que le moi est le sujet constant qui sait et qui réagit au flux toujours changeant des états physiques et mentaux, mais ces états sont inhérents. Le moi peut être constant – dans la mesure où il est toujours présent et où nous en avons toujours conscience –, mais comme il ne devient évident que dans les relations (avec des personnes, des choses, l’environnement, la nature, et ainsi de suite), nous avons aussi conscience qu’il change en réaction à ces différents stimulus. Que ce soit par rapport à la foi religieuse, à l’agnosticisme, à l’athéisme ou au laï-cisme, le moi garde le sentiment de sa propre unicité ; par extension, j’en conclus que chaque individu possède un « vrai moi », un « moi essentiel ». Ce moi peut être identique ou similaire à ce que Platon appelait l’« âme » ou la « substance pensante », mais il peut aussi s’agir du « je » de René Descartes (1596-1650) – « Je pense, donc je suis » – ou de l’ego de Sigmund Freud (1856-1939). Cependant, pour certains philosophes, l’emploi du terme moi pour représenter quelque chose d’incorporel est dépassé. David Hume (1711-1776), par exemple, a nié que nous puissions être « intimement conscients de ce que nous appelons notre moi », puisque les expériences qui nous font prendre conscience de ce moi changent constamment. « Si une impression donne naissance à l’idée

Mon philosophe minute.indd 16 12-12-21 14:49

Page 19: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Introduction

17

du moi, explique Hume, cette impression doit nécessairement demeurer la même, invariablement, pendant toute la durée de notre vie, puisque c’est ainsi que le moi est supposé exister. Mais il n’y a pas d’impression constante et invariable. » Les questions de cet ouvrage portent notam-ment sur ces thèmes.

Le cosmos. On s’intéresse de plus en plus à toutes les questions relatives au cosmos, particulièrement ses origines et les débuts de la vie sur terre. Cet intérêt a donné lieu à des spéculations sur la possibilité de la vie ex-traterrestre, et bien que cette dernière soit improbable dans notre système solaire, l’existence hypothétique d’un nombre infini d’autres systèmes solaires nous autorise à penser qu’une forme de vie peut exister à des années-lumière de la Terre. « Toute ma vie, j’ai été fasciné par les grandes questions qui se posent à nous, et j’ai essayé d’y trouver des réponses scientifiques », confie l’astrophysicien Stephen Hawking (1942- ). Outre ces « grandes questions », d’autres, tout aussi lourdes de sens, se posent lorsqu’on cherche à comprendre en quoi la conscience de la cosmologie actuelle influe sur la perception de soi-même, et comment on peut s’insérer dans ce grand tout. Car, comme le soulignait Paul Ricœur (1913-2005) : « à l’échelle cosmique notre durée de vie est insignifiante, et pourtant ce bref laps de temps où nous paraissons sur la scène du monde est le lieu d’où procède toute question de signifiance ». Ce cha-pitre aborde aussi certaines de ces « questions de signifiance ».

Le genre humain. Hamlet dit de l’homme qu’il est « l’animal idéal », mais, précise Charles Darwin (1809-1882) : « malgré toutes ces qualités d’un ordre si éminent […] l’homme conserve encore dans son organisa-tion corporelle le cachet indélébile de son origine inférieure ». La com-préhension du genre humain reste coincée quelque part entre la vision des créationnistes et celle des évolutionnistes biologiques – la théorie du dessein intelligent, qui devait jeter un pont entre les deux, ayant perdu tout crédit. L’espèce humaine, si développée et loin de « son origine infé-rieure » soit-elle, semble encore aux prises avec des problèmes insurmon-tables. Par exemple, comment vivre en paix les uns avec les autres ? Ou

Mon philosophe minute.indd 17 12-12-21 14:49

Page 20: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

18

encore, comment vivre sur cette planète en assumant ses responsabilités à l’égard de l’environnement ? De nombreux facteurs nous distinguent des autres animaux, mais Erich Fromm (1900-1980) avait sans doute raison de souligner que l’homme est le seul animal à envisager sa propre existence comme un problème à résoudre. Ce problème se pose ainsi : la vie a-t-elle un sens et un but qui soient inscrits dans les gènes ou qu’on découvre pour soi-même et qu’on intègre à sa vie ? Non seulement la biologie de l’animal humain est complexe, mais c’est le cas aussi de ses facultés, notamment l’intelligence, l’esprit, l’imagination et la créativité. En dépit de son extraordinaire évolution et de son génie dans tous les domaines, le genre humain ressent, au cœur même de ce qu’il est, une sorte de manque. Les questions abordées dans cet ouvrage confirmeront peut-être cet aphorisme de Friedrich Nietzsche (1844-1900) : « Si l’on possède son pourquoi ? de la vie, on s’accommode de presque tous les comment ? »

La spiritualité. Le sentiment de manque que je viens d’évoquer m’amène à l’une des questions les plus controversées sur le genre hu-main : existe-t-il dans la constitution physique de l’homme un élément – qu’on appelle le moi, l’âme ou autre chose de numineux – qui soit naturellement destiné à la perception spirituelle et à la transcendance du monde matériel ? Toute l’histoire du genre humain porte en elle la quête de « l’autre », quête que François d’Assise (1182-1226) exprime avec une remarquable simplicité : « Ce que tu cherches est ce qui cherche. » On peut espérer que « l’évangélisme » récent et énergique des athées maintienne un dialogue créateur avec ceux qui, en raison de leur foi ou de leur expérience, ne se considèrent pas comme « des êtres hu-mains vivant une expérience spirituelle », mais comme « des êtres spiri-tuels vivant une expérience humaine » (Pierre Teilhard de Chardin, 1881-1955). Ici, je ne parle pas nécessairement de théologie ou des dogmes des religions établies. La spiritualité ne repose ni sur la foi dans les textes de telle ou telle religion ni sur la préservation de la tradition, mais sur le miracle de l’ordinaire et du banal. Comme le dit si bien Alan Watts (1915-1973), « le zen ne confond pas la spiritualité avec le

Mon philosophe minute.indd 18 12-12-21 14:49

Page 21: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Introduction

19

fait de penser à Dieu lorsqu’on épluche des pommes de terre. La spiri-tualité zen consiste simplement à éplucher des pommes de terre ». Ce chapitre est une sorte de bassin versant où les rivières spirituelle et sécu-lière de la vie peuvent parfois se séparer.

La religion. « La philosophie est faite de questions qui ne trouveront peut-être jamais de réponses, et la religion, de réponses qui ne seront peut-être jamais remises en question », a écrit un auteur anonyme. Le dogmatisme véhiculé par de puissantes autorités a toujours été le plus grand problème des religions. Que ce soit en tant qu’expression consa-crée de la foi ou en tant que doctrine dictant ce à quoi il « faut » croire, la religion a engendré le plus grand mal comme le plus grand bien. Elle a assouvi les désirs de pouvoir des uns, mais a permis à d’autres de se mettre au service désintéressé d’autrui. Par les guerres qu’elle a suscitées et les punitions qu’elle a infligées aux « hérétiques », la religion a causé de terribles souffrances, mais elle a aussi manifesté sa compassion et son engagement social en offrant éducation et soins médicaux à des millions de gens dans le monde. Elle a annihilé des cultures entières, mais elle a aussi inspiré certaines des plus grandes œuvres d’art du monde. Son orthodoxie et son conservatisme n’ont pas empêché un nombre incalcu-lable de gens d’entretenir une foi sincère ; mais une foule de libres- penseurs ont dû rompre avec sa tradition pour trouver une foi vivante qui soit vraiment la leur. « Chaque jour, des gens s’éloignent de l’Église pour revenir à Dieu », constatait l’humoriste Lenny Bruce (1925-1966). Mais cette boutade est peut-être moins cruelle qu’elle le semble si l’on en croit l’écrivain anglais G. K. Chesterton (1874-1936), pour qui « une bonne religion est une religion sur laquelle on peut plaisanter ».

La croyance. Lorsque j’ai distingué connaissance et croyance, j’ai sou-ligné que la croyance suppose la confiance. Il en va de même de la « foi » ; et, dans les déclarations comme « Je crois en toi » ou « Je crois que tout ira bien », les deux concepts sont interchangeables. Cependant, certaines nuances s’imposent. Ainsi, le terme croyance s’applique géné-ralement à des idées, à un système de pensée porté par un credo ou par

Mon philosophe minute.indd 19 12-12-21 14:49

Page 22: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

20

un manifeste laïque, par exemple. La foi, elle, est en général associée à des vérités absolues plutôt que relatives, et se rapporte habituellement à la spiritualité. On peut croire en quelque chose qu’on ne connaît pas parce qu’on a l’impression ou l’intuition que cette chose est bien ; la foi est la tendance à suivre cette intuition. La croyance repose sur la confiance. La foi, elle, suppose un risque. Elle concerne la nouveauté, l’inédit ; ainsi, la première personne à réaliser quelque chose – que ce soit la conquête de l’Everest ou le premier vol transatlantique – a eu la foi et a démontré que son exploit était possible. Portés par la foi de ces pionniers, ceux qui les ont suivis ont cru qu’ils y arriveraient eux aussi. La foi qui déplace les montagnes est rare, mais celle d’une poignée de gens en inspire souvent un grand nombre. Ce chapitre porte sur la foi et sur la croyance ; en effet, il aurait été inutile de considérer ces deux termes séparément, chaque personne pouvant les utiliser de façon dif-férente selon le sens qu’elle leur donne. Ainsi, l’auteur de science- fiction Isaac Asimov (1920-1992) a utilisé les deux mots pour exprimer cette opinion : « Toute croyance, si stupide soit-elle, trouve des partisans qui y prêtent foi et sont prêts à la défendre jusqu’à la mort. »

Le comportement. La « meilleure » façon de vivre est déterminée par les lois et les mœurs de la société, lesquels visent à ce que, dans la mesure du possible, on vive ensemble en paix, chaque individu respectant les droits et les biens d’autrui. La forme que prennent les lois et conventions dépend du type de société désiré. Pourtant, hors du champ de la philosophie, il est rare que des gens ou des groupes dirigeants se penchent sur cette question, non seulement du point de vue législatif ou constitutionnel, mais aussi du point de vue de l’éducation. La société actuelle n’a pas été fondée telle qu’on la connaît aujourd’hui ; elle s’est développée, un peu comme un jardin, entre les mains de concepteurs qui se sont sans cesse succédé. Cependant, à la différence d’un jardin, la société occidentale ne vit pas dans une ambiance générale de quiétude, mais plutôt dans un climat de stress, d’anxiété et d’incertitude. Cette situation a de multiples causes éco-logiques, économiques et politiques. On a l’impression que les gouver-nants se battent sans relâche pour empêcher la civilisation de s’effondrer.

Mon philosophe minute.indd 20 12-12-21 14:49

Page 23: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Introduction

21

Le sociologue français David Émile Durkheim (1858-1917) soutenait que le comportement humain était déterminé par ce qu’il appelait le « fait social », terme qu’il définissait comme suit : « Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure. » La façon dont on se comporte est le résultat d’une « contrainte » exercée par les lois et règlements ; et, selon Durkheim, plus une société est immature, plus ses systèmes législatif et réglementaire seront compliqués. Albert Schweitzer (1875-1965) a proposé une formule beaucoup plus simple, mais qui exigerait une très grande maturité personnelle et sociale : « L’éthique consiste donc à me faire éprouver par moi-même la nécessité d’apporter le même respect de la vie à tout le vouloir-vivre qui m’entoure autant qu’au mien. C’est là le principe fondamental de la morale qui doit s’imposer nécessairement à la pensée. Le bien, c’est de maintenir et de fa-voriser la vie ; le mal, c’est de détruire la vie et de l’entraver. »

Poser des questions est un moyen de se libérer. Une véritable réflexion sur certaines questions, en particulier celles qui n’ont pas de réponse absolue ou limpide, est un moyen de dépasser les limites de ce que nous connaissons, et de ce qui a moulé et conditionné notre façon de penser. C’est l’occasion de rompre avec la dictature des dogmes, des coutumes et des opinions apparemment incontestables des spécialistes. La liberté de penser a été chèrement gagnée, et nous devrions l’utiliser pour « aimer les questions » et « vivre des réponses », comme le poète Rainer Maria Rilke (1875-1926) incite à le faire : « [Être] patient en face de tout ce qui n’est pas résolu dans votre cœur. Efforcez-vous d’aimer vos questions elles-mêmes [...]. Ne cherchez pas pour le moment des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne sauriez pas les mettre en pratique, les “vivre”. Et il s’agit précisément de tout vivre. Peut-être, simplement en les vivant, finirez-vous par entrer insensible-ment, un jour, dans les réponses. »

Mon philosophe minute.indd 21 12-12-21 14:49

Page 24: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 22 12-12-21 14:49

Page 25: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

23

La connaissance

« La seule vertu est la connaissance et le seul mal est l’ignorance. »

– Socrate (469 - 399 av. J.-C.)

« À l’Institut de Copenhague [...] nous avions l’habitude, quand cela n’allait pas, de nous réconforter par des plaisanteries,

notamment par le vieil adage des deux sortes de vérités. De l’une sont les propositions si simples et si claires que la proposition

contraire est évidemment insoutenable. De l’autre, de celle des “ vérités profondes”, sont les propositions dont le contraire

contient aussi une vérité profonde. »– Niels Bohr (1885 -1962)

Qu’est-ce que la connaissance ?

La connaissance est la somme de tout ce que l’esprit a absorbé et retenu depuis la naissance. Elle permet d’être en relation avec le monde, d’être intelligemment en contact avec tout ce que les sens captent. La connais-sance accumulée permet de reconnaître toute l’information transmise par les stimulus extrêmement complexes auxquels nous sommes sans

1

Mon philosophe minute.indd 23 12-12-21 14:49

Page 26: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

24

cesse exposés, d’y réagir, de la trier et de l’organiser. Nous nous consti-tuons ainsi une sorte d’entrepôt de données où la mémoire peut puiser lorsqu’elle est activée par la nécessité ou le désir de répondre à des inci-tations, innombrables et en perpétuel changement. En bref, la connais-sance peut se définir comme l’information acquise par l’expérience. On reconnaît là le point de vue de l’empirisme, cette théorie selon laquelle toute connaissance repose strictement sur l’observation, l’expérience et la déduction. L’idéalisme, un ensemble de théories philosophiques selon lesquelles ce qu’on nomme le « monde extérieur » est une création de l’esprit, propose une tout autre façon de penser. Bien que reconnais-sant l’existence des choses matérielles, les idéalistes soutiennent que leur nature dépend de nos perceptions.

Il y a une différence entre ce que nous savons des choses et ce que nous en savons pour les avoir observées ou faites nous-mêmes. Dans le pre-mier cas, on pourrait parler de « connaissance indirecte » ; dans le se-cond, de « connaissance pratique ». Nous savons des choses sur le mont Everest sans jamais l’avoir vu directement, mais nous savons comment transplanter un cœur ou jouer du piano pour avoir acquis cette habileté par l’entraînement. Ces deux formes de connaissance se chevauchent, puisque nous avons aussi une connaissance indirecte des transplanta-tions cardiaques et du piano.

Les formes les plus simples de la connaissance se rapportent aux faits, au nom des choses, au monde sans ambiguïté des substantifs et à la façon de les différencier par des adjectifs. De tels faits – qu’il s’agisse de dates historiques, des noms de nos proches, des traits distinctifs de tel ou tel oiseau, ou des pièces d’un moteur d’automobile – relèvent à la fois de l’apprentissage formel et de l’apprentissage informel. Les concepts et les idées sont des formes plus complexes de la connaissance. Chaque indi-vidu a une conception personnelle de la beauté, de ce qui est « bon » sur le plan esthétique et moral ; chacun est attaché, même confusément, à un idéal politique, et beaucoup de gens ont également des croyances religieuses. L’acquisition progressive des connaissances que supposent

Mon philosophe minute.indd 24 12-12-21 14:49

Page 27: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

La connaissance

25

ces croyances ou ces réactions nous permet de porter des jugements de valeur sur lesquels tous nos choix se fondent. Toutefois, la progression dans la connaissance de soi est sans doute la plus importante des courbes d’apprentissage. Petit à petit, nous apprenons à savoir ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas, ce que nous valorisons et ce que nous discréditons, ce qu’il nous reste à apprendre et à faire pour réaliser notre potentiel individuel. La connaissance de soi s’acquiert en fonction de l’environnement, des choses et des gens. Cependant, elle ne peut être que subjective. Notre connaissance d’autrui est plus fiable, car elle peut être confrontée à des faits et à des données plus accessibles et vérifiables : cette connaissance est réciproque et mutuellement enrichissante. Comme l’a écrit Lucilius (148-102 av. J.- C.) : « Savoir n’est pas savoir, si personne d’autre ne sait ce que l’on sait. »

La sagesse peut être envisagée comme la compréhension profonde de tout ce que nous savons, appliquée à des personnes, des situations, des décisions et des jugements. Confucius (551- 479 av. J.-C.) disait qu’on peut apprendre la sagesse par trois méthodes : « D’abord, par la ré-flexion, qui est la plus noble ; deuxièmement, par l’imitation, qui est la plus facile ; troisièmement, par l’expérience, qui est la plus amère. »

y a-t-il une limite à ce que nous pouvons connaître et comprendre ?

Aujourd’hui, les scientifiques sont à la recherche d’une seule et unique théorie qui, à la fois, expliquerait l’origine de l’univers et fournirait une formule unificatrice de tout le vivant. L’hypothèse qui sous-tend cette recherche est qu’il est possible de connaître tout ce qu’il y a à connaître. Dans Une brève histoire du temps, Stephen Hawking l’affirme claire-ment : « Notre but n’est rien moins qu’une description complète de l’univers dans lequel nous vivons. » Cependant, d’ici là, il faut décom-poser le problème et formuler des théories partielles, comme la théorie

Mon philosophe minute.indd 25 12-12-21 14:49

Page 28: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

26

de la relativité ou la théorie de la mécanique quantique, et ce, jusqu’à pouvoir toutes les assembler en une seule théorie globale.

La plupart des gens laissent les grandes questions sur l’univers aux cos-mologistes et aux astrophysiciens. Aujourd’hui, l’espèce humaine a ac-cumulé plus de connaissances que jamais auparavant, mais notre apprentissage a été un processus collectif : un nombre incalculable de personnes de tous les âges et de toutes les origines ont contribué à la somme des connaissances. Nous avons, pour paraphraser Jung, une « conscience collective », qui, malgré la profondeur et la variété extraor-dinaires de l’information acquise, reste très loin de l’omniscience. Même si on part du principe qu’il n’y a pas de limites à ce que nous pouvons savoir, notre expérience nous dit sans doute le contraire ; en d’autres termes, la possibilité de tout connaître et de tout comprendre est limitée par d’autres facteurs, comme le temps, la taille et la qualité du cerveau humain, ainsi que la difficulté de changer et d’adapter radi-calement le savoir déjà acquis.

« Si un peu de savoir est dangereux, où est l’homme qui en a suffisamment pour être hors de danger ? »

– T. H. Huxley (1825-1895)

Le seul outil de travail de l’homme est le cerveau, et même lorsque des millions de cerveaux travaillent ensemble, leur fonctionnement déter-mine les réalisations dans tous les domaines. Comme tout autre orga-nisme vivant, le cerveau est sujet à des problèmes physiques. Il n’est pas autonome ; il a besoin d’énergie pour fonctionner correctement et il dépend de l’état de l’ensemble du corps, et en particulier des sens, pour recevoir et traiter l’information provenant de l’extérieur. Les dysfonc-tionnements des yeux ou des oreilles, par exemple, influent sur la qua-lité des signaux qui parviennent au cerveau.

De toute évidence, il y a une limite à ce qu’il est possible de savoir et de comprendre à un moment déterminé. Ce n’est pas demain la veille que

Mon philosophe minute.indd 26 12-12-21 14:49

Page 29: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

La connaissance

27

nous atteindrons la pleine connaissance des origines de l’univers, si ja-mais quelqu’un y parvient. Difficile d’imaginer ce qui se passerait une fois cet objectif atteint, car, jusqu’ici, c’est la quête de la connaissance qui a entraîné le développement des civilisations. Cette quête est si fon-damentale que le besoin de savoir semble être le moteur de l’évolution humaine. Il est impossible de ne pas évoquer en terminant toute la connaissance qui s’est perdue dans l’ascension et le déclin de nombreuses civilisations. Si nous voulons tout savoir, la récupération de ce savoir doit faire partie du processus d’apprentissage. Pour le moment, l’omnis-cience est une qualité qu’il vaut peut-être mieux laisser à Dieu.

L’apprentissage exige de l’humilité. Pour ce qui est de connaître et de comprendre les origines et l’immensité de l’univers, peut-être finirons-nous par dire avec Socrate : « Je sais seulement que je ne sais rien. »

comment savoir si ce que nous connaissons est vrai ?

Les philosophes ont longtemps débattu du meilleur moyen de savoir si les connaissances acquises sont exactes. En général, il est inutile de tout vérifier : nous savons que 2 + 2 = 4, que les tomates sont rouges et que la Grande-Bretagne est une île au large de la côte nord-ouest de l’Europe. En cas de doute ou de désaccord, de tels faits sont facilement vérifia-bles. Toutefois, dans le processus d’acquisition de nouvelles connais-sances, nous devons pouvoir nous fier à la véracité de ce que nous apprenons, et il peut être utile de remettre en question ce que nous avons lu ou entendu plutôt que d’y croire aveuglément. Même si la véracité d’une chose semble évidente, il est parfois nécessaire de la mettre soi-même à l’épreuve.

Cependant, vérifier la véracité d’une proposition peut être un processus complexe et subtil, et l’utilité de l’exercice dépend beaucoup de la mé-thode utilisée. D’habitude, nous jugeons de la justesse d’une opinion en fonction de nos propres observations et expériences. Si ce que nous

Mon philosophe minute.indd 27 12-12-21 14:49

Page 30: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

28

entendons correspond à ce que nous avons déjà découvert, nous sommes portés à croire en sa véracité. Or, l’« exactitude » de ce que nous savons n’est pas nécessairement corroborée par le nombre de personnes qui en témoignent : la majorité des gens peut être dans l’erreur. Dénombrer les personnes qui partagent une opinion n’est donc pas une méthode de vérification fiable.

Une autre méthode consiste à examiner le sens des mots. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le philosophe et journaliste C. E. M. Joad (1891-1953) a participé à The Brains Trust, une émission de radio très populaire de la chaîne BBC, et s’est rendu célèbre grâce à la formule « Tout dépend de ce que vous entendez par... », qui précédait toutes ses réponses aux questions posées par le groupe de discussion. Bien que poussée jusqu’à l’absurde, la stratégie de Joad est valable. En effet, l’exac-titude d’un énoncé dépend entièrement de notre façon d’utiliser les mots et de les interpréter. La vérification de la connaissance était un thème central du positivisme logique, une forme de philosophie pro-posée par le Cercle de Vienne dans les années 1920 et 1930, et dont les deux représentants les plus célèbres furent le mathématicien, philosophe et homme politique Bertrand Russell (1872-1970) et le philosophe Ludwig Wittgenstein (1889-1951). Tous deux se sont penchés sur le sens des mots et la structure de la langue comme méthode pour vérifier la véracité d’une proposition. Wittgenstein a fait valoir que nous ne pouvons rien faire sans la langue, que toutes nos pensées sont des constructions linguistiques et des images de la réalité. Il définissait la réalité comme l’ensemble des faits dans le monde, et considérait donc que tout ce qui se disait hors de la réalité vérifiable – sur l’existence de Dieu, par exemple – n’avait aucun sens logique. Le concept ne fait pas partie de la réalité factuelle du monde, soutenait-il. Aucun langage ne lui convient et l’esprit ne peut donc en tirer aucune image.

Pour les philosophes grecs tenants du scepticisme, la connaissance ne peut jamais être certaine, seulement probable. Ils exprimaient cette impossibilité d’atteindre la certitude par un terme qui ressemble à un nom de maladie : l’acatalepsie.

Mon philosophe minute.indd 28 12-12-21 14:49

Page 31: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

La connaissance

29

La vérité existe-t-elle ?

La question précédente, qui portait sur la façon de corroborer l’exacti-tude et la véracité des connaissances, amène inévitablement à s’interroger sur la notion de « vérité ». Pour qu’elle soit « vraie » au sens littéral du terme, une chose devrait être conforme aux faits ou à la réalité. Les mots exact et vrai vont de pair, mais ne sont pas synonymes. Un énoncé vrai est forcément exact, mais un énoncé exact n’est pas nécessairement vrai. Je peux démontrer que je ne suis pas sur la Lune ou dans l’Antarctique, puis dire que, n’étant ni sur la Lune ni en Antarctique, je suis ailleurs, et enfin affirmer que si je suis ailleurs, je ne suis pas là où je me trouve à l’instant même. Mon affirmation est exacte, mais elle n’est pas vraie.

Dans une délibération sur la véracité d’un énoncé, nous pouvons contrer le plus fort des arguments en qualifiant l’énoncé de vrai ou de faux « pour moi ». Une personne qui vit une expérience n’est jamais à la merci d’une autre qui a un argument, dit-on : si j’affirme « J’ai mal à la tête », personne ne peut me contredire.

« Jésus répondit : […] je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité

écoute ma voix. Pilate lui dit : qu’est-ce que la vérité ? »(Jean, 18 : 37-38)

Ce qui précède soulève deux questions : 1) un énoncé peut-il être à la fois vrai et totalement subjectif ? et 2) un énoncé invérifiable peut-il être tenu pour vrai ? N’oublions pas qu’il est possible de savoir avec certitude qu’une chose est vraie et de ne pas pouvoir le démontrer. Je pourrais savoir qui a brisé la fenêtre de mon voisin, mais n’avoir aucun moyen de le prouver.

La citation ci-dessus résume la mission de Jésus : il est venu sur terre pour témoigner de la vérité. Être témoin exige qu’on ait la connaissance de ce dont on témoigne et l’autorité pour être cru ; quatre chapitres

Mon philosophe minute.indd 29 12-12-21 14:49

Page 32: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

30

plus tôt, Jean rapporte que Jésus a affirmé être la vérité (« Je suis le chemin, la vérité, et la vie », Jean, 14 : 6, NdT). Alors, de quelle vérité Jésus a-t-il été témoin ? Selon la façon dont nous comprenons et inter-prétons les enseignements de Jésus, la vérité qu’il a représentée peut être considérée comme absolue, ce qui nous oblige à penser au sens et au but de la vie dans une perspective d’éternité. Toutes les religions té-moignent d’une vérité absolue, qui amène au-delà de la vérité relative de la réalité telle que définie par Wittgenstein, lequel l’aurait donc consi-dérée comme dénuée de sens. Le physicien et philosophe allemand Werner Heisenberg (1901-1976), lui, affirmait qu’on ne pourrait ja-mais arriver à une vérité absolue par la raison pure.

Alors, existe-t-il autre chose que la raison pure qui nous donnerait accès à des vérités n’appartenant pas à ce que nous considérons comme étant le « vrai » monde ? Si les philosophes de la logique n’y croient pas, bien des gens affirment accéder à des « vérités supérieures » par la contemplation, l’intuition, la foi et l’éveil spirituel. La plupart des traditions religieuses conseillent à leurs adhérents de se tourner vers l’intérieur, ce qui suggère que ce dont Jésus a témoigné se trouve en nous-mêmes. « Si vous ne pouvez pas trouver la vérité là où vous êtes, où espérez-vous la trouver ? » demandait le maître bouddhiste zen Dôgen Zenji (1200-1253). Certains seront plus à l’aise avec l’affirmation de l’écrivain Gustave Flaubert (1821-1880) : « Il n’y a pas de vérité. Tout est affaire de perception. » D’autres encore peuvent dire comme Sri Ramana Maharshi (1879-1950) : « Il n’y a pas de vérité. Il n’y a que la vérité du moment. »

Que pouvons-nous connaître de l’avenir ?

Déjà dans l’Antiquité, l’avenir intriguait et fascinait les gens. Nous avons toujours voulu savoir ce qui se passera dans les mois et années à venir, et nos tentatives pour le découvrir ont engendré une extraordi-naire diversité de méthodes et de techniques – de la lecture des en-trailles des animaux à l’astrologie, en passant par la consultation des

Mon philosophe minute.indd 30 12-12-21 14:49

Page 33: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

La connaissance

31

oracles, l’interprétation des présages, le tarot, la chiromancie et l’inter-prétation des rêves. De telles méthodes reposent sur des paramètres surnaturels ou paranormaux, et, comme on pouvait s’y attendre, susci-tent un grand scepticisme scientifique. Ce qu’elles apprennent sur l’avenir relève probablement davantage de la spéculation que de la connaissance.

Les théories des probabilités sont des méthodes plus rationnelles d’anti-ciper ce qui va arriver ; elles recourent aux mathématiques, à la phy-sique quantique et à des modèles informatiques. Par ces moyens, il devient possible, par exemple, de prédire la probabilité d’un séisme ou de l’éruption d’un volcan. Ainsi, la NASA nous a informés qu’à partir de 2012 des tempêtes solaires sans précédent auraient des effets impor-tants sur la Terre. La démographie permet de connaître l’ampleur et la vitesse de la croissance de la population mondiale ainsi que les pays où elles seront les plus marquées, et ces statistiques démographiques indi-quent ce qu’il faut entreprendre pour nourrir une population crois-sante. L’observation de l’environnement à l’échelle planétaire a fait prendre conscience du réchauffement climatique, et les effets à long terme de ce phénomène risquent de mettre la planète en danger. Dans le monde toujours changeant de la politique, les sondages d’opinion qui tentent d’indiquer le résultat d’une élection ou d’un référendum sont une forme de prédiction statistique très utilisée. De même, dans le domaine des affaires, on s’efforce, à l’aide d’énormes bases de données statistiques, de prédire les aléas des marchés, en particulier pour les entreprises internationales.

Il est réconfortant de savoir que des radiotélescopes recueillent des in-formations qui indiqueraient la probabilité d’une collision entre la Terre et un énorme météorite, et que la confiance des investisseurs et des actionnaires est justifiée par les projections d’experts de l’offre et de la demande ainsi que d’autres variables commerciales. Mais ces ques-tions sont très loin des préoccupations de la majorité des humains. La plupart des gens se contenteraient de savoir ce qui va leur arriver la

Mon philosophe minute.indd 31 12-12-21 14:49

Page 34: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

32

semaine prochaine, ou même demain après-midi : ils seraient heureux de savoir sur quel numéro de loterie parier, ou quelle équipe de hockey rem-portera ou perdra le prochain match. Plus important encore, nous aime-rions tous savoir si nous resterons en bonne santé ou, si nous sommes malades, quelles sont nos chances de rétablissement. Et encore, à cet égard, des professionnels peuvent généralement nous donner des indications claires sur ces aspects de notre avenir ; mais à moyen ou à long terme, les gens qui veulent savoir ce qui va leur arriver, à eux et à leurs proches, ont pour seuls recours les horoscopes, les voyantes et les prophètes.

Peter Drucker (1909-2005) n’avait pas tort de dire que le meilleur moyen de prédire l’avenir, c’est de le créer ; mais même là, nous n’avons aucun moyen de savoir si ce que nous créons sera durable.

Qu’avons-nous « besoin » de savoir ?

En un sens, la réponse à cette question varie selon le temps, le lieu et les circonstances ; en d’autres termes, la réponse est basée sur des besoins liés à notre survie physique. Il y a quelque 100 000 ans, nous aurions eu besoin de savoir construire un abri, nous vêtir, chasser et cueillir pour nous alimenter, faire et entretenir un feu, et survivre aux maladies et aux blessures physiques. La complexité d’une société très développée nécessite une spécialisation, et c’est ce qui nous a progressivement « li-bérés » de la nécessité de connaître ces moyens de survie. De nos jours, ce que nous devons savoir pour survivre physiquement a été confié à d’autres – à l’industrie de la construction, aux producteurs et aux dis-tributeurs d’aliments, à ceux qui ont des compétences médicales, aux services d’urgence et aux forces armées. Dans ce qu’on appelle les « pays émergents », les gens doivent encore assurer leur survie physique et, même lorsqu’ils reçoivent l’aide de certains organismes, ils restent di-rectement responsables de leur propre bien-être. Dans le monde occi-dental, la plupart des humains doivent savoir survivre financièrement.

Mon philosophe minute.indd 32 12-12-21 14:49

Page 35: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

La connaissance

33

Selon le principe militaire du « besoin de savoir », on ne doit donner aux gens que la connaissance nécessaire à l’accomplissement de la pro-chaine tâche, l’idée étant qu’ainsi nul ne peut divulguer ce qu’il ignore, même sous la torture. On pourrait dire que nos vies ont une structure similaire. Comme nous comptons sur autrui pour assurer notre survie physique, nous n’avons besoin de savoir que ce qui est nécessaire à la poursuite de nos carrières, et nous n’en savons probablement pas autant que nous le devrions. De manière générale, ce que nous devons savoir est déterminé par les lacunes dans nos connaissances. Mais les connais-sances qui façonnent nos valeurs et nos priorités sont tout aussi impor-tantes puisqu’elles déterminent à leur tour les jugements que nous portons et les décisions que nous prenons au jour le jour.

Bien sûr, nous devons nous connaître nous-mêmes et, diraient certains, connaître Dieu sous la forme qui a le plus de résonance pour nous. Cependant, nous n’avons pas à nous casser la tête pour connaître le sens définitif de toute chose ; il nous suffit de savoir que la vie a un sens et un but, ne serait-ce que ceux que nous lui donnons. Plus important encore, nous devons savoir comment changer dans un monde qui se transforme constamment et évolue à toute vitesse.

« Je veux savoir, par exemple, pourquoi la beauté existe, […], pourquoi la nature continue à la produire, et quel est le lien

entre la vie d’un arbre et sa beauté, et ce qui relie la simple existence de la mer ou d’un orage avec les sentiments

que ces choses nous inspirent ? Si Dieu n’existe pas, si ces choses ne sont pas unifiées en un seul système métaphorique,

alors pourquoi conserver une telle puissance symbolique ? »– Anne Rice (1941- )

Mon philosophe minute.indd 33 12-12-21 14:49

Page 36: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

175

Lectures suggérées

ARISTOTE. Éthique à Nicomaque, Le Livre de Poche, 1990.

AUDEN, Wystan Hugh. Poésies choisies, Gallimard, 2005.

BATCHELOR, Stephen. Le bouddhisme libéré des croyances, Bayard, 2004.

BIERCE, Ambrose. Le dictionnaire du diable, Rivages/Étranger, n° 11, novembre 1989.

BONHOEFFER, Dietrich. Résistance et soumission : Lettres et notes de captivité, Labor/Fides, 2006.

BUBER, Martin. Je et tu, Aubier/Montaigne, 1981.

CAPRA, Fritjof. Le tao de la physique, Sand, 1999.

DALAÏ LAMA. L’art de la compassion, Robert Laffont, 2002.

DALAÏ LAMA. Sagesse ancienne, monde moderne, Le Livre de Poche, 2002.

DARWIN, Charles. L’origine des espèces, Le Livre de Poche, 2008.

DAVIES, Paul. L’esprit de Dieu, Hachette, 1998.

DAWKINS, Richard. Pour en finir avec Dieu, Robert Laffont, 2008.

DESCARTES, René. Œuvres philosophiques, tomes I, II et III, Classiques Garnier, 2010.

Mon philosophe minute.indd 175 12-12-21 14:49

Page 37: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute

176

EAGLETON, Terry. Reason, Faith and Revolution : Reflections on the God Debate, Yale University Press, 2009.

EINSTEIN, Albert. « Notes autobiographiques », dans Albert Einstein : philosophe-scientifique, Cour ouverte, 1949.

EINSTEIN, Albert. Comment je vois le monde, Flammarion, 1989.

FROMM, Erich. L’art d’aimer, Desclée de Brouwer, 1999.

FROMM, Erich. La peur de la liberté, Parangon/Vs, 2011.

GANDHI. La voie de la non-violence, Gallimard, 2005.

GERSHOM, Rabbi Yonassan. Yonassan Gershom : Les victimes de l’Holocauste revien-nent-elles ?, Dornach, 1997.

GOVINDA, Lama Anagarika. Le chemin des nuages blancs : Pèlerinages d’un moine bouddhiste au Tibet (1932 à 1949), Albin Michel, 2008.

HAWKING, Stephen. Une brève histoire du temps, J’ai lu, 2007.

HEIDEGGER, Martin. Être et temps, Gallimard, 1986.

HOBBES, Thomas. Léviathan, Folio, 2000.

HOYLE, Fred. La nature de l’univers, CFL, 1951.

HUME, David. Traité sur la nature humaine, livre I, Flammarion, 1995.

HUME, David. Traité sur la nature humaine, livre II, Flammarion, 1991.

HUME, David. Traité sur la nature humaine, livre III, Flammarion, 1993.

JUNG, Carl Gustav. L’homme et ses symboles, Robert Laffont, 1992.

JUNG, Carl Gustav. Psychologie et religion, Buchet/Chastel, 1994.

JUNG, Carl Gustav. Psychologie de l’inconscient, Georg, 1996.

KANT, Emmanuel. Critique de la raison pure, PUF, 2001.

KRISHNAMURTI, Jiddu. Krishnamurti, l’ami précieux : Textes choisis et présentés par Isabelle Clerc, Points, 2011.

LOCKE, John. Essai sur l’entendement humain, Le Livre de Poche, 2001.

MAHARSHI, Sri Ramana, et David Godman. Sois ce que tu es : Les enseignements de Sri Ramana Maharshi, Librairie d’Amérique et d’Orient Jean Maisonneuve, 1998.

MONTAIGNE, Michel de. Les essais, Arléa, 2002.

Mon philosophe minute.indd 176 12-12-21 14:49

Page 38: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

177

Lectures suggérées

NIETZSCHE, Friedrich. Ainsi parlait Zarathoustra, Flammarion, 2006.

NIETZSCHE, Friedrich. La volonté de puissance : Essai d’une transmutation de toutes les valeurs, Gallimard, 1995.

NIETZSCHE, Friedrich. Par-delà le bien et le mal, L’Harmattan, 2006.

OTTO, Rudolf. Le sacré, Petite Bibliothèque Payot, 1995.

PASCAL, Blaise. Pensées, Flammarion, 1993.

PLATON. La république, Flammarion, 2002.

PLATON. Le banquet, Fernand Nathan, 2004.

SAINT AUGUSTIN. Les confessions de saint Augustin, Seuil, 1982.

RILKE, Rainer Maria. Œuvres II : Poésie, Seuil, 1972.

ROGERS, Carl. Le développement de la personne, Dunod, 2005.

RÛMÎ, Jalâloddîn. Soleil du réel : Poèmes d’amour mystique, Imprimerie nationale, 1999.

SCHWEITZER, Albert. Ma vie et ma pensée, Albin Michel, 1960.

SUMEDHO, Ajahn. Les quatre nobles vérités, The Corporate Body of the Buddha Educational Foundation, 2005.

TEILHARD DE CHARDIN, Pierre. Le phénomène humain, Points, 2007.

THOREAU, Henry David. Walden ou la Vie dans les bois (édition bilingue), Aubier Montaigne, 1992.

TILLICH, Paul. Le courage d’être, Cerf, 1999.

TRUNGPA, Chögyam. Pratique de la voie tibétaine : Au-delà du matérialisme spirituel, Seuil, 1976.

TRUNGPA, Chögyam. Le cœur du sujet, Seuil, 1993.

VOLTAIRE. Traité sur la tolérance, Folio, 2003.

WIESEL, Élie. La nuit, Les Éditions de Minuit, 2007.

ZUKAV, Gary. La danse des éléments : Un survol de la nouvelle physique,

Robert Laffont, 1982.

Mon philosophe minute.indd 177 12-12-21 14:49

Page 39: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 178 12-12-21 14:49

Page 40: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

179

RemerciementsTous mes remerciements à Michael Mann, mon éditeur délégué, pour avoir assuré la direction de ce projet, et à Penny Stopa pour m’avoir guidé durant les nombreuses révisions structurales de l’ouvrage jusqu’à sa forme définitive.

Je suis particulièrement reconnaissant à Bob Saxton pour son examen minutieux du manuscrit et son travail éditorial, qui m’ont beaucoup appris tant sur le contenu du livre que sur l’art d’écrire.

Melinda Wenner Moyer m’a généreusement permis d’utiliser de la ma-tière provenant du site Web de Live Science (www.livescience.com) et de son article dans Scientific American pour étoffer la section « Pourquoi désirons-nous des choses matérielles ? ». Anne Rice a accepté avec gen-tillesse que je cite son ouvrage Lestat le Vampire pour étoffer ma réponse à la question « Qu’avons-nous “besoin” de savoir ? ».

J’ai fait beaucoup d’efforts pour obtenir la permission de reproduire le matériel protégé par copyright, et je me ferai un plaisir de corriger toute omission portée à mon attention lors des prochaines impressions de l’ouvrage.

Gerald Benedict, Payrignac, France, janvier 2011

Mon philosophe minute.indd 179 12-12-21 14:49

Page 41: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 180 12-12-21 14:49

Page 42: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

181

À propos de l’auteur

Fort d’une éducation reçue dans diverses écoles, le jeune Britannique Gerald Benedict s’est d’abord engagé dans les Royal Marines et a servi à la Sierra Leone avec la Royal West African Frontier Force (RWAFF). Il a ensuite étudié la théologie à la University of London, puis a pour-suivi des études supérieures de philosophie à la Graduate School of Ecumenical Studies, University of Geneva, et a obtenu son doctorat en philosophie à la Open University (Genève). Après avoir enseigné dans des universités et des collèges d’enseignement supérieur, Gerald Benedict s’est installé en France, où il écrit maintenant à temps plein. Il a obtenu des prix pour un roman, plusieurs nouvelles et une drama-tique radiophonique pour la BBC World Service. Parmi ses livres pré-cédents, notons le Watkins Dictionary of Religions and Secular Faiths, Les prophéties mayas pour 2012 et plusieurs anthologies de la collection « Sacred Texts » de Watkins Publishing.

Mon philosophe minute.indd 181 12-12-21 14:49

Page 43: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 182 12-12-21 14:49

Page 44: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 183 12-12-21 14:49

Page 45: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Mon philosophe minute.indd 184 12-12-21 14:49

Page 46: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Livre Promettez:Livre Promettez 09-12-21 8:14 AM Page 10

Page 47: Gerald Benedict...Gerald Benedict Mon philosophe Minute 19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie isBN 978-2-89472-645-7 Sommes-nous seuls dans l’univers ? Ai-je été quelqu’un d’autre

Des réponses éclair à 80 questions fondamentales

Gerald Benedict

Mon philosophe M i n ute

19,95 $ Rayon librairie PhilosoPhie

isBN 978-2-89472-645-7

Sommes-nous seuls dans l’univers ?Ai-je été quelqu’un d’autre avant ma naissance ?

Où va l’âme après la mort ? Pourquoi la souffrance existe-t-elle ?

Peut-on vraiment être heureux ?

Si vous vous êtes déjà posé ces questions, vous savez à

quel point les réponses sont difficiles à trouver.

Idéal pour qui veut aller un cran plus loin, Mon philosophe

minute résume en un clin d’œil l’essentiel de ce qui s’est

écrit à propos de 80 questions fondamentales. Pour

chacune, faites en moins d’une minute un tour d’horizon

des idées fortes émises par les plus grands penseurs,

poètes et scientifiques et trouvez vos propres réponses.

Plus de 150 citations inspirantes

Des questions regroupées en 8 thèmes : la connaissance • le soi • le cosmos

la condition humaine • la spiritualité la religion • la foi et les croyances

• le comportement

Ben

edict

Mo

n p

hilo

sop

he m

inu

te

Couv philosophe minute.indd 1 12-12-13 13:27