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La Gazette n° 291 - Du 28 novembre 2013 au 1 er janvier 2014 18 J eudi soir d’automne. De la lumière dans les halles de Marseillan, des enfants qui se courent après. Deux étals pour un petit marché-express, “À la bonne cranquette”. Les habi- tants y récupèrent leur(s) panier(s) de la semaine dans une cais- sette. Les huîtres chez Annie, le jus de raisin et l’huile d’olive chez Odile, les biscuits et confitures de fleurs chez Geneviève, les volailles de Marie-Laure, le poisson de Claudia, les packs de légumes de saison chez Karine et Christophe. Les consom- mateurs ont déjà commandé par mail, selon leurs besoins, pour 38en moyenne. Mais pour le contenu, c’est souvent la surprise! Selon la saison, la pêche, la météo…: ici, pas de produits standardisé, mais il faut s’adapter. Les fromages de chèvre et les yaourts reviendront en février, le charcutier de temps en temps. Tous les producteurs viennent de 20 kilomètres à la ronde maximum. Sur quatre villages, ils sont une trentaine à participer à ces “Paniers de Thau”, et servir près de 700 consommateurs inscrits, originaires de 50 communes. Mais rien n’oblige à commander chaque se- maine: le principe reste souple. Changer de regard sur l’étang À l’inverse des supermarchés, les intermédiaires ne font pas de marge indécente: les 18 “consommateurs-relais” sont bé- névoles. Ce sont eux qui récoltent les commandes de la semaine, et qui recrutent pour assurer l’approvisionnement et le diver- sifier. “Tout n’est pas forcément bio, explique Léa, consomma- trice-relais. Nous faisons une enquête amicale sur le terrain pour nous assurer que les producteurs sont respectueux de la terre et de l’humain, en cohérence avec nos valeurs.” Des valeurs de baba-cool? Méfions-nous des clichés: c’est en costume-cravate que Mickaël, le directeur des services de la Ville, repart les bras chargés de poireaux. “C’est pratique: on commande sur Internet, on est servi en cinq minutes. Le goût des légumes me rappelle ceux du jardin de mon grand-père… Ça me change du supermarché! Et dans le groupe, c’est très convivial.” Les livraisons du soir rendent les paniers de Thau accessibles aux jeunes couples actifs. Et les nouveaux venus en profitent pour changer de regard sur l’étang de Thau: du statut de ma- récage peu ragoûtant, il se révèle source d’activité et de vie. Car c’est autour du lien avec le territoire le CPIE (Centre permanent d’initiative pour l’environnement) du bassin de Thau qui, en 2008, a lancé l’idée des Paniers poisson-coquillages, avec des duos pêcheur-conchyliculteur. Appuyé par des financements européens et primé par la Fondation Macif, ce projet de com- merce responsable se démultiplie. Et s’épanouit vraiment avec l’arrivée des légumes, une “locomotive” cruciale pour attirer Dans les villages autour de l’étang de Thau, des habitants se regroupent pour commander leurs courses de la semaine auprès d’une trentaine de producteurs locaux. De bons produits frais dans l’assiette, des liens de solidarité, et même des activités culturelles : c’est le bon plan(t) du mois ! Paniers de Thau : quand huîtres et légumes font un cabas Les jeunes actifs avec enfants sont particulièrement fidèles aux Paniers de Thau. Ici dans les halles de Marseillan, c’est Claudia (à droite) qui livre ses “paniers- suprise de poisson”, aux côtés des huiles d’olive, œufs, confitures… Des commandes groupées pour manger frais, de qualité. Et créer des liens avec des personnes qui vivent du territoire. initiative réalisé par Raquel Hadida / Photo Guillaume Bonnefont - Carbone free - Fripi Chic / Les coups de cœur du mois • La friperie chic S’habiller à petit prix, mais pas vieillot ! À Sète, Smahan Mohsine lance la boutique associative Fripi Chic. Objectif: permettre aux personnes en précarité de se vêtir à la mode pour un entretien d’embauche, une cérémonie… Vêtements et accessoires neufs et occas’ à partir de 3 , mais aussi couture, repassage et même conseils personnalisés gratuits. Passage du Dauphin (5 quai de la Résistance), à Sète. Mar., jeu. et ven. de 14h30 à 18h30; mer. et sam. 10h-12h et 14h30-18h30, 06 64 53 91 72. • La boulangerie de l’espoir Le lundi 2 décembre, si vous achetez baguette ou viennoiseries Aux délices du bel épi, vous soutenez la lutte contre la myopathie de Duchenne. Ce jour-là, Franck et Aurélie Piget ouvrent exceptionnellement, et reversent toute leur recette au Téléthon: une manière de se battre pour leur petit Théo atteint de myopathie, incurable pour l’instant. Jusqu’au 8 décembre, le couple propose aussi une loterie de la pièce en chocolat. À Balaruc-le- Vieux, 21 place de la Mairie, 04 67 18 89 00. Groupe Facebook: “Téléthon pour théo, Hugo et les autres” • Naviguer contre la montée des eaux Skippé par le Bouzigot Jean-Luc Tollemer (Carbone Free), le voilier sétois Luna Blu, de 14,5 mètres, et ses six coéquipiers réalisent une transatlantique “utile”. Entre Sète et la Martinique, ils larguent quatre flotteurs Argo (dont deux entre Madère et les Canaries). Munis de balises, ces derniers émettent de précieuses données scientifiques sur le réchauffement climatique. Et participent ainsi à des projets de l’Unesco, et de Voiles sans frontières (VSF), qui vient en aide aux populations enclavées, accessibles en petit bateau, comme celles du Siné-Saloum en Gambie. Arrivée prévue: 20 décembre. Pour suivre l’équipage: http://carbone-free.fr les familles, puis la diversification — jusqu’aux pain, miel, viandes, pâtes fraîches… Échanges non marchands Pour renforcer les liens avec les consommateurs, depuis le mois de novembre, le CPIE propose même des “paniers culturels”. Au menu: cours de cuisine, ateliers de création artistique et contes. Toujours inspirés par le territoire et les produits locaux. Et participatifs: Martine, par exemple, met au point la recette de moules au curry, “en vue de la partager”. Objectif: fidéliser les consommateurs et les pousser à s’impliquer. “Sinon, s’inquiète Léa, certains producteurs arrêtent de se déplacer — pour deux tisanes ou un paquet de gâteaux à 2,30, ça vaut pas le coup… Et pendant les vacances scolaires, les commandes se réduisent trop.” Néanmoins, pour les producteurs, les Paniers de Thau restent le beurre dans les épinards. Geneviève en profite pour faire goûter, et étendre sa clientèle. Au-delà des ventes (moins de 3000par an), pour Annie Castaldo, l’ostréicultrice, “l’important, c’est la transparence, le partage. En 40 ans de marchés, je n’ai jamais fait rentrer les gens comme ça dans mon intimité. Ici, on se tutoie, les consommateurs passent à la maison, on se fait des re- pas… On trouve une maison inutilisée pour une productrice en galère, on prête un terrain pour un consommateur qui veut faire son potager. Une prof trouve l’inspiration et des contacts pour un projet scolaire. On sort de chez soi, on fait travailler son cœur: c’est ce lien social-là qui manque dans les villages!” En pratique: Inscription sur www.paniersdethau.fr ou par mail auprès des consommateurs-relais. Commande des différents produits, pour une livraison dans un village au choix, le soir de 18h45 à 19h15. Pas d’obligation de commande chaque semaine (souple). Paiement direct au producteur. • Marseillan-ville: À la bonne cranquette, livraison le jeudi dans les halles couvertes, [email protected] • Montbazin: Les Montbazinovores, livraison le jeudi dans la salle polyvalente, [email protected] • Poussan: Les Pouss’en Faim, livraison le mardi dans la salle sous la crèche, [email protected] • Villeveyrac: Les Villa mangeurs, livraison le vendredi au 1 er étage de l’ancienne école (route de Poussan), [email protected]. En pause hivernale. Panier culturel. Le 19 déc. à Montbazin: Exposition Les mots de la gourmandise et conte Seeper, le fils des eaux (voir agenda). Rens : CPIE Bassin de Thau, à Mèze, 04 67 24 07 55.

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La Gazette n° 291 - Du 28 novembre 2013 au 1er janvier 2014

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Jeudi soir d’automne. De la lumière dans les halles deMarseillan, des enfants qui se courent après. Deux étals pourun petit marché-express, “À la bonne cranquette”. Les habi-

tants y récupèrent leur(s) panier(s) de la semaine dans une cais-sette. Les huîtres chez Annie, le jus de raisin et l’huile d’olivechez Odile, les biscuits et confitures de fleurs chez Geneviève,les volailles de Marie-Laure, le poisson de Claudia, les packsde légumes de saison chez Karine et Christophe. Les consom-mateurs ont déjà commandé par mail, selon leurs besoins,pour 38€ en moyenne.Mais pour le contenu, c’est souvent la surprise! Selon la saison,la pêche, la météo…: ici, pas de produits standardisé, mais ilfaut s’adapter. Les fromages de chèvre et les yaourts reviendronten février, le charcutier de temps en temps. Tous les producteursviennent de 20 kilomètres à la ronde maximum. Sur quatrevillages, ils sont une trentaine à participer à ces “Paniers deThau”, et servir près de 700 consommateurs inscrits, originairesde 50 communes. Mais rien n’oblige à commander chaque se-maine: le principe reste souple.

Changer de regard sur l’étangÀ l’inverse des supermarchés, les intermédiaires ne font pasde marge indécente: les 18 “consommateurs-relais” sont bé-névoles. Ce sont eux qui récoltent les commandes de la semaine,et qui recrutent pour assurer l’approvisionnement et le diver-sifier. “Tout n’est pas forcément bio, explique Léa, consomma-trice-relais. Nous faisons une enquête amicale sur le terrain pournous assurer que les producteurs sont respectueux de la terre etde l’humain, en cohérence avec nos valeurs.”Des valeurs de baba-cool? Méfions-nous des clichés: c’est encostume-cravate que Mickaël, le directeur des services de laVille, repart les bras chargés de poireaux. “C’est pratique: oncommande sur Internet, on est servi en cinq minutes. Le goût deslégumes me rappelle ceux du jardin de mon grand-père… Ça mechange du supermarché! Et dans le groupe, c’est très convivial.”Les livraisons du soir rendent les paniers de Thau accessiblesaux jeunes couples actifs. Et les nouveaux venus en profitentpour changer de regard sur l’étang de Thau: du statut de ma-récage peu ragoûtant, il se révèle source d’activité et de vie. Carc’est autour du lien avec le territoire le CPIE (Centre permanentd’initiative pour l’environnement) du bassin de Thau qui, en2008, a lancé l’idée des Paniers poisson-coquillages, avec desduos pêcheur-conchyliculteur. Appuyé par des financementseuropéens et primé par la Fondation Macif, ce projet de com-merce responsable se démultiplie. Et s’épanouit vraiment avecl’arrivée des légumes, une “locomotive” cruciale pour attirer

Dans les villages autour de l’étang de Thau, des habitants se regroupentpour commander leurs courses de la semaine auprès d’une trentaine deproducteurs locaux. De bons produits frais dans l’assiette, des liens desolidarité, et même des activités culturelles: c’est le bon plan(t) du mois!

Paniers de Thau:quand huîtres et légumes

font un cabas

Les jeunes actifs avecenfants sontparticulièrementfidèles aux Paniers deThau. Ici dans les hallesde Marseillan, c’estClaudia (à droite) quilivre ses “paniers-suprise de poisson”,aux côtés des huilesd’olive, œufs,confitures… Descommandes groupéespour manger frais, dequalité. Et créer desliens avec despersonnes qui viventdu territoire.

initiative réalisé par Raquel Hadida /Photo Guillaume Bonnefont - Carbone free - Fripi Chic /

Les coups de cœur du mois• La friperie chic

S’habiller à petit prix, mais pas vieillot !À Sète, Smahan Mohsine lance la boutiqueassociative Fripi Chic. Objectif : permettre auxpersonnes en précarité de se vêtir à la modepour un entretien d’embauche, unecérémonie… Vêtements et accessoires neufs etoccas’ à partir de 3€, mais aussi couture,repassage et même conseils personnalisésgratuits.Passage du Dauphin (5 quai de la Résistance),à Sète. Mar., jeu. et ven. de 14h30 à 18h30 ;mer. et sam. 10h-12h et 14h30-18h30,06 64 53 91 72.• La boulangerie de l’espoirLe lundi 2 décembre, si vous achetez baguetteou viennoiseries Aux délices du bel épi, voussoutenez la lutte contre la myopathie deDuchenne. Ce jour-là, Franck et Aurélie Pigetouvrent exceptionnellement, et reversenttoute leur recette au Téléthon : une manièrede se battre pour leur petit Théo atteint demyopathie, incurable pour l’instant. Jusqu’au8 décembre, le couple propose aussi uneloterie de la pièce en chocolat. À Balaruc-le-Vieux, 21 place de la Mairie, 04 67 18 89 00.Groupe Facebook : “Téléthon pour théo, Hugoet les autres”• Naviguer contre la montée des eauxSkippé par le Bouzigot Jean-Luc Tollemer(Carbone Free), le voilier sétois Luna Blu, de14,5 mètres, et ses six coéquipiers réalisentune transatlantique “utile”. Entre Sète et laMartinique, ils larguent quatre flotteurs Argo(dont deux entre Madère et les Canaries).Munis de balises, ces derniers émettent deprécieuses données scientifiques sur leréchauffement climatique. Et participent ainsià des projets de l’Unesco, et de Voiles sansfrontières (VSF), qui vient en aide auxpopulations enclavées, accessibles en petitbateau, comme celles du Siné-Saloum enGambie. Arrivée prévue : 20 décembre. Poursuivre l’équipage : http://carbone-free.fr

les familles, puis la diversification — jusqu’aux pain, miel,viandes, pâtes fraîches…

Échanges non marchandsPour renforcer les liens avec les consommateurs, depuis le moisde novembre, le CPIE propose même des “paniers culturels”.Au menu: cours de cuisine, ateliers de création artistique etcontes. Toujours inspirés par le territoire et les produits locaux.Et participatifs: Martine, par exemple, met au point la recettede moules au curry, “en vue de la partager”. Objectif: fidéliserles consommateurs et les pousser à s’impliquer. “Sinon, s’inquièteLéa, certains producteurs arrêtent de se déplacer — pour deuxtisanes ou un paquet de gâteaux à 2,30€, ça vaut pas le coup… Etpendant les vacances scolaires, les commandes se réduisent trop.”Néanmoins, pour les producteurs, les Paniers de Thau restentle beurre dans les épinards. Geneviève en profite pour fairegoûter, et étendre sa clientèle. Au-delà des ventes (moins de3000€par an), pour Annie Castaldo, l’ostréicultrice, “l’important,c’est la transparence, le partage. En 40 ans de marchés, je n’aijamais fait rentrer les gens comme ça dans mon intimité. Ici, on setutoie, les consommateurs passent à la maison, on se fait des re-pas… On trouve une maison inutilisée pour une productrice engalère, on prête un terrain pour un consommateur qui veut faireson potager. Une prof trouve l’inspiration et des contacts pour unprojet scolaire. On sort de chez soi, on fait travailler son cœur: c’estce lien social-là qui manque dans les villages!” !

En pratique:Inscription sur www.paniersdethau.fr ou par mail auprès desconsommateurs-relais. Commande des différents produits, pourune livraison dans un village au choix, le soir de 18h45 à 19h15.Pas d’obligation de commande chaque semaine (souple).Paiement direct au producteur.• Marseillan-ville: À la bonne cranquette, livraison le jeudi dansles halles couvertes, [email protected]• Montbazin: Les Montbazinovores, livraison le jeudi dans la sallepolyvalente, [email protected]• Poussan: Les Pouss’en Faim, livraison le mardi dans la salle sousla crèche, [email protected]• Villeveyrac: Les Villa mangeurs, livraison le vendredi au 1er étagede l’ancienne école (route de Poussan),[email protected]. En pause hivernale.Panier culturel. Le 19 déc. à Montbazin: Exposition Les mots de lagourmandise et conte Seeper, le fils des eaux (voir agenda).Rens: CPIE Bassin de Thau, à Mèze, 0467240755.

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