GALOP DU 25 JANVIER 2020 8H30 13H30 CONCOURS EXTERNE
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GALOP DU 25 JANVIER 2020
8H30 – 13H30
CONCOURS EXTERNE
2ème épreuve d’admissibilité
ÉCONOMIE
(durée : cinq heures – coefficient 4)
Une épreuve consistant en une composition d’économie. Un court dossier est mis à disposition des candidats.
L'épreuve a pour objet de vérifier la capacité des candidats à utiliser l'analyse, les concepts et les outils économiques
afin de formuler un diagnostic et de proposer des orientations argumentées et opérationnelles de politiques
publiques.
Elle suppose, outre des connaissances en microéconomie et macroéconomie et la capacité de les mobiliser pour
analyser des situations concrètes, une aptitude à décrire les enchainements économiques et à faire le lien entre les
outils de l'économiste et les problèmes économiques.
Le dossier, qui ne dépasse pas dix pages, est composé d'un ensemble de documents mis à la disposition des candidats
pour nourrir leur réflexion. Son exploitation ne doit pas conduire le candidat à en rédiger une synthèse mais à en
extraire les éléments utiles à la construction de son raisonnement économique. Le dossier ne se suffit pas à lui-
même et l'épreuve suppose une bonne connaissance préalable des faits, concepts et mécanismes économiques.
SUJET
Faut-il s’endetter pour croître ?
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Corpus documentaire
Document Page
Document n° 1 : Croissances effective et potentielle en France depuis 1960 (source : DG
Trésor)
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Document n° 2 : Solde budgétaire et dette publique en France entre 1950 et 2015 (source :
France Stratégie)
3
Document n° 3 : Tribune de Joseph Stiglitz : « Au-delà de la stagnation séculaire » (septembre
2018)
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Document n° 4 : Introduction de la note du CAE « Quelle stratégie pour les dépenses
publiques ? » (2017)
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Document n° 5 : Extrait de la note de France Stratégie « Quelle sélectivité dans la réduction
des dépenses publiques ? » (2015)
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Document n° 6 : Indicateur de sélectivité dans l’évolution de la dépense publique (source :
France Stratégie)
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Document n° 7 : Effet de la hausse de 100 points de base des taux d’intérêt sur la charge
d’intérêts des administrations publiques (source : Cour des comptes)
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Document n° 8 : Note de conjoncture de l’INSEE (juin 2019) 9
Document n° 9 : Extrait de l’étude « Tax Changes and The Macroeconomy : New Narrative
Evidence from the United Kingdom » (Cloyne, 2013)
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Document n° 10 : Les principales dispositions budgétaires en 2019-2020 en France 11
Document n° 11 : Extrait de la note de France Stratégie « Dette, déficit, dépenses publiques :
Quelles orientations ? » (2016)
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Document n° 12 : Consolidation du déficit public en France entre 2009 et 2015 (source :
France Stratégie)
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Document n° 13 : Dette publique en France, en Allemagne et dans la zone euro entre 2007 et
2018 en part du PIB (source : Cour des comptes)
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Document n° 14 : Evolution du ratio dépenses publiques sur PIB entre 1995 et 2015 (source :
France Stratégie)
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Document n° 15 : Evolution de l’ajustement structurel en France entre 2012 et 2019 (source :
Cour des comptes)
15
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Document n° 1 : Croissances effective et potentielle en France depuis 1960 (source : DG Trésor)
Document n° 2 : Solde budgétaire et dette publique en France entre 1950 et 2015 (source : France Stratégie)
4
Document n° 3 : Tribune de Joseph Stiglitz : « Au-delà de la stagnation séculaire » (septembre 2018)
Comme Larry Summers le souligne à juste titre, le terme « stagnation séculaire » est devenu populaire à la fin de
la Seconde Guerre mondiale. Alvin Hansen (et beaucoup d'autres) craignaient que, sans la stimulation fournie par
la guerre, l'économie plongerait à nouveau dans la récession ou la dépression. Il y avait, semblait-il, une maladie
fondamentale.
Pourtant, cela n'a pas eu lieu. Comment Hansen et d'autres ont-ils pu se tromper autant ? Comme c’est le cas
de certains défenseurs de la stagnation séculaire des temps modernes, il y avait des failles profondes dans l'analyse
micro et macro-économique sous-jacente – et, de manière encore plus importante, dans l'analyse des causes de
la Grande Dépression elle-même.
Comme nous l'avons soutenu avec Bruce Greenwald (et d’autres co-auteurs), la forte croissance de la
productivité agricole (combinée avec une forte production mondiale) a entraîné une baisse des prix des produits
agricoles – dans certains cas de 75% - au cours des seules trois premières années de la dépression. Les revenus
dans les principaux secteurs économiques du pays ont chuté de moitié environ. La crise dans l'agriculture a
conduit à une diminution de la demande de biens urbains et donc à un ralentissement général de l'économie.
La seconde guerre mondiale, par contre, a représenté plus qu'un simple stimulus fiscal; il a entraîné une
transformation structurelle, car l'effort de guerre a déplacé un grand nombre de personnes des zones rurales
vers les centres urbains et leur a fourni les compétences nécessaires à une économie manufacturière, un
processus qui a continué avec le projet de loi GI. De plus, la façon dont la guerre a été financée a évité d’appauvrir
les ménages, qui ont pu libérer une forte demande une fois la paix revenue.
Une transformation structurelle analogue, cette fois non pas de l'agriculture vers l’industrie, mais bien d’une
croissance tirée par la fabrication vers une croissance basée sur les services, aggravée par la nécessité de s’adapter
à la mondialisation, a marqué l'économie dans les années précédant la crise de 2008. Or, cette fois, la mauvaise
gestion du secteur financier avait fortement endetté les ménages. Contrairement à la fin de la Seconde Guerre
mondiale, il y avait donc une raison de s’inquiéter.
Comme Summers le sait bien, j’ai publié un commentaire largement cité dans le New York Times du 29
novembre 2008, intitulé « Une réponse à 1 milliard de dollars ». Dans ce document, j'appelais à un plan de relance
beaucoup plus fort que ce que le président Barack Obama a finalement proposé. Et c’était en novembre.
En janvier et février 2009, il était désormais clair que le ralentissement était plus grave et qu’une relance plus
large était nécessaire. Dans ce commentaire dans le Times, et plus tard de manière plus détaillée dans mon livre
Freefall, je faisais remarquer que la taille du stimulus nécessaire dépendrait à la fois de sa conception et des
conditions économiques. Si les banques ne pouvaient pas être amenées à rétablir le crédit, ou si les États fédérés
réduisaient leurs propres dépenses, un plus grand stimulus serait nécessaire.
En effet, j’ai préconisé publiquement de lier les dépenses de relance à ces contingences – créant ainsi un
stabilisateur automatique. Comme on s’en est rendu compte, les banques n’étaient pas obligées d’augmenter
leurs prêts aux petites et moyennes entreprises; elles les ont en fait diminués de façon drastique. Les États, eux
aussi, ont réduit les dépenses. De toute évidence, un stimulus encore plus large en termes de dollars serait
nécessaire s’il était mal conçu, avec une grande partie gaspillée en réductions d'impôts moins rentables, ce qui
s’est produit.
Il devrait être clair, cependant, qu'il n'y a rien de naturel ni d’inévitable à la stagnation séculaire du niveau de la
demande globale à des taux d'intérêt nuls. En 2008, la demande a également été déprimée par l'énorme
augmentation des inégalités qui se sont produites au cours du quart de siècle précédent. La mondialisation et la
financiarisation mal gérées, ainsi que des réductions d'impôts pour les riches – y compris les réductions de l'impôt
sur les gains en capital (majoritairement au profit ceux qui sont au sommet) pendant les administrations Clinton
et Bush – ont été les principales causes de l'accélération de la concentration des revenus et de la richesse.
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Une réglementation financière inadéquate a rendu les Américains vulnérables au comportement prédateur du
système bancaire et lourdement endettés. Dès lors, il y avait d'autres moyens d'accroître la demande globale
outre les mesures de relance budgétaire: faire plus pour inciter les prêts, aider les propriétaires, restructurer les
dettes hypothécaires et remédier aux inégalités.
Les politiques sont toujours conçues et adoptées dans l'incertitude. Mais certaines choses sont plus prévisibles
que d'autres. Comme Summers le sait de nouveau très bien, quand Peter Orszag, le directeur du Ministère de la
planification et du budget au début de la première administration d'Obama, et moi-même avons analysé les risques
du prêteur hypothécaire Fannie Mae en 2002, nous avons dit que ses pratiques de prêt à ce moment-là étaient
saines. Nous n’avons pas dit que, quoi qu’il fasse, il n'y avait aucun risque.
Or, ce que Fannie Mae a fait plus tard dans la décennie a eu une grande importance. Il a changé ses pratiques de
prêt pour ressembler davantage à celles du secteur privé, avec des conséquences prévisibles. (Même alors, et
malgré le bobard issu des rangs de la droite cherchant à inculper Fannie Mae et l'autre prêteur soutenu par le
gouvernement, Freddie Mac, ce sont bien les prêts du secteur privé, en particulier par les grandes banques, qui
ont déclenché la crise financière.)
Mais ce qui était prévisible et prévu était la manière dont les produits dérivés sous-réglementés pouvaient
envenimer la crise. La Commission d'enquête sur la crise financière a indiqué clairement la responsabilité du
marché des produits dérivés comme l’un des trois facteurs centraux ayant déclenché les événements de fin 2008
et 2009. Plus tôt, au sein de l'administration du président Bill Clinton, nous avions discuté des dangers de ces
produits financiers risqués qui se multipliaient rapidement. Ils auraient dû être contrôlés, mais la Loi Commodity
Futures Modernization de 2000 a empêché la réglementation des produits dérivés.
Il n'y a aucune raison que les économistes doivent se mettre d'accord sur ce qui est politiquement possible. Ce
sur quoi ils peuvent et doivent se mettre d'accord, c’est au sujet de ce qui serait arrivé si ...
Voici l'essentiel: Nous aurions bénéficié d’une reprise plus forte si nous avions mis en œuvre un stimulus plus
large et mieux conçu. Nous aurions bénéficié d’une demande globale plus forte si nous avions fait davantage pour
lutter contre les inégalités, et si nous n'avions pas poursuivi des politiques qui les ont aggravées. Et nous aurions
bénéficié d’un secteur financier plus stable si nous l’avions mieux réglementé.
Ce sont les leçons que nous devons garder à l'esprit au moment où nous nous préparons à la prochaine récession
économique.
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Document n° 4 : Introduction de la note du CAE « Quelle stratégie pour les dépenses publiques ? » (2017)
En augmentation tendancielle depuis plus de trente ans, les dépenses publiques françaises ont atteint 57 % du PIB
en 2015, contre 48,5 % en moyenne pour les pays de l’OCDE ; seuls deux pays scandinaves – le Danemark et la
Finlande – dépensent autant. L’emploi public dans son ensemble ne semble pas être à l’origine de ce supplément
de dépense. Le niveau des dépenses publiques est plus élevé en France pour la majorité des missions, mais plus
particulièrement pour les affaires économiques et la protection sociale.
Le « bon » niveau des dépenses publiques est très largement dicté par les contraintes en matière de prélèvements
obligatoires, d’équilibre budgétaire et de dette. Avec une dette publique proche de 100 % du PIB, toute hausse
d’un point de pourcentage du taux d’intérêt coûterait à terme l’équivalent du budget de l’enseignement supérieur
et de la recherche. L’objectif d’une baisse des dépenses publiques en France est donc avant tout de donner des
marges de manœuvre à l’État français pour lui permettre d’investir dans les domaines porteurs de croissance.
Certes, une réduction des dépenses publiques peut avoir un impact négatif sur l’activité à court terme, car la
baisse de la dépense publique n’est pas automatiquement compensée par une hausse de la dépense privée.
Toutefois, l’effet diffère fortement selon le type de dépense visé et selon la manière dont le programme est
annoncé et piloté. Cette Note du CAE montre qu’une baisse ambitieuse des dépenses publiques est compatible
avec une reprise de la croissance si elle est sélective, structurelle et accompagnée d’un programme temporaire
d’investissement.
Les expériences étrangères ont montré l’utilité de la mise en place d’une revue rapide des politiques publiques,
via des analyses coût-bénéfice, afin de redéfinir le périmètre des dépenses ou les instruments de l’action publique,
la dépense n’étant pas le seul levier d’action. Aucun secteur d’intervention ne doit échapper à cette remise à plat,
même les secteurs jugés prioritaires.
Pour réussir, la transformation des politiques publiques doit être placée en haut de l’agenda politique. Le Premier
ministre doit s’engager, communiquer largement et associer à la fois les ministres et les directeurs
d’administration pour définir un programme d’ensemble cohérent, avec un calendrier. Une gouvernance
spécifique doit être mise en place pour associer les collectivités territoriales et les agences à la démarche, avec
des incitations appropriées.
La redéfinition de l’intervention publique engendre des transformations profondes chez les bénéficiaires et dans
l’administration publique. Il est donc primordial de prévoir des dispositifs temporaires d’indemnisation des «
perdants » et de développer les politiques d’accompagnement, de mobilité et de formation des agents publics
pour qu’ils puissent se déployer vers des postes à pourvoir. Le programme doit être conçu comme un
investissement, avec un budget adéquat.
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Document n° 5 : Extrait de la note de France Stratégie « Quelle sélectivité dans la réduction des dépenses
publiques ? » (2015)
Les États membres de la zone euro qui ont le plus souffert de la crise sont ceux qui ont le plus modifié la
structure de leurs dépenses publiques
La Grèce, l’Irlande et le Portugal sont les trois pays de l’échantillon qui ont le plus réduit leurs dépenses publiques
sur la période 2009-2012 – de respectivement 18 %, 11 % et 10 % – et aussi ceux dont l’indicateur prend la valeur
la plus élevée. Par ailleurs, alors que l’Espagne et l’Italie ont réduit leurs dépenses publiques dans des proportions
similaires sur la période étudiée (un peu moins de 4 % en volume), l’Espagne a l’indicateur de sélectivité le plus
élevé avec un écart conséquent (1,3 point).
Pour autant, il faut noter qu’un indicateur de sélectivité élevé n’est pas toujours un gage d’efficacité puisqu’il
n’indique en rien la qualité des choix qui sont opérés. Ainsi, il est possible que certains états membres en difficulté
aient fait peser démesurément le poids de leur ajustement budgétaire sur certaines dépenses d’avenir
déterminantes pour leur croissance potentielle (investissement en R&D, éducation et formation…). Par ailleurs,
un indicateur de sélectivité faible peut indiquer que la structure de la dépense est jugée optimale, correspond
bien aux préférences de la société et/ou est peu sujette aux aléas politiques.
Le Royaume-Uni apparaît comme un des pays ayant opéré les arbitrages les plus importants
En effet, la particularité du Royaume-Uni dans l’échantillon étudié est d’avoir un niveau d’indicateur de sélectivité
très élevé, à un niveau comparable à celui de l’Irlande ou du Portugal, sans avoir conduit une réduction de ses
dépenses publiques totales aussi significative (baisse inférieure à 2,5 % en volume).
La France est le pays de l’échantillon dont la structure des dépenses change le moins
La France est le pays de l’échantillon qui a le niveau d’indicateur le plus faible sur la période considérée. Il faut
noter cependant que la période sur laquelle nous estimons la valeur de l’indicateur de sélectivité n’est sans doute
pas la plus favorable à la France puisqu’elle correspond à une phase où l’ajustement budgétaire a été
principalement réalisé par une hausse des prélèvements obligatoires.
S’il est vrai qu’un groupe de pays formé de l’Autriche, de la Suède et du Luxembourg présente un niveau
d’indicateur de sélectivité proche du niveau français, la France se distingue nettement de certains pays (Norvège,
Danemark et Pays-Bas) qui font un effort sur les dépenses similaires (légère hausse des dépenses en volume)
mais ont un indicateur de sélectivité élevé.
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Document n° 6 : Indicateur de sélectivité dans l’évolution de la dépense publique (source : France Stratégie)
Document n° 7 : Effet de la hausse de 100 points de base des taux d’intérêt sur la charge d’intérêts des
administrations publiques (source : Cour des comptes)
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Document n° 8 : Note de conjoncture de l’INSEE (juin 2019)
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Document n° 9 : Extrait de l’étude « Tax Changes and The Macroeconomy : New Narrative Evidence from the United
Kingdom » (Cloyne, 2013)
This paper contributes new evidence to this debate. I construct, from scratch, a new narrative dataset of legislated
tax changes in the UK, an exercise for which the UK is particularly well suited. The main result is that a 1
percentage point cut in taxes as a proportion of GDP causes a 0.6 percent increase in GDP on impact, rising to
a 2.5 percent increase over nearly three years. These estimates are remarkably similar to the Romer and Romer
(2010) narrative-based results for the US, providing direct corroboration of their findings. In doing so, I provide
some of the first estimates for the UK.
This paper also provides a detailed new dataset for further study. A number of factors make the UK an ideal
country for a new study. Firstly, the UK has a long history of using tax policy and there were many policy changes.
Secondly, the UK budget process is ideal for the construction of a new narrative data-set. Tax policy is highly
centralized and since the budget is a major annual event, tax changes are largely saved for this announcement
with implementation taking place throughout the year. In addition, detailed revenue forecasts are provided for
all the budget measures and there is extensive political debate and discussion about the motivation for each
change. Thirdly, unlike in the US, these announcements almost always become law.
Having assembled data from official budget sources on all the discretionary policy changes and their projected
revenue effects between 1945–2009, I employ the Romer and Romer (2010)—henceforth RR—identification
strategy. I use the justifications given in the narrative record to isolate tax policy changes which were not
responding to, or influenced by, other macroeconomic fluctuations. I follow RR in calling these “exogenous” tax
policy changes (as opposed to “endogenous”). The detail can be found in a companion paper, Cloyne (2012).
In categorizing each of the 2,500 discretionary policy changes I keep as close as possible to the stated motivation.
This generates comparable subcategories to those in RR. The “exogenous” category contains actions to improve
long-run economic performance, ideological changes related to party political or social causes, rulings from
external bodies such as courts, and fiscal consolidation measures based on long-run considerations. The
endogenous changes are actions to manage demand, stimulate production, offset a debt crisis, and fund spending
decisions
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Document n° 10 : Les principales dispositions budgétaires en 2019-2020 en France
Les principales mesures en 2019 :
• l’effet en année pleine de la baisse des cotisations salariales intervenue fin 2018 en contrepartie de la hausse
de la CSG (- 4,0 Mds€) ;
• la deuxième étape de la suppression de la taxe d’habitation sur la résidence principale de 80 % des Français
(-3,6 Mds€) ;
• l’exonération de cotisations et la défiscalisation des heures supplémentaires (-3,0 Mds€) ;
• l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités modestes (-1,6 Mds€).
Parmi les quelques mesures de hausse, la plus importante est l’augmentation du taux des cotisations aux régimes
de retraite complémentaire (+ 1,8 Mds€).
Les principales mesures en 2020 :
• la réforme du barème de l’impôt sur le revenu (-5,0 Mds€) ;
• la troisième étape de la suppression de la taxe d’habitation (-3,7 Mds€) ;
• la poursuite de la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (-2,5 Mds€).
Parmi les quelques mesures de hausse figurent l’augmentation des taxes sur les tabacs (+ 0,4 Md€) et la remise
en cause partielle de la déduction forfaitaire spécifique sur l’assiette des cotisations sociales, dont bénéficient
certaines professions (+ 0,4 Md€).
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Document n° 11 : Extrait de la note de France Stratégie « Dette, déficit, dépenses publiques : Quelles
orientations ? » (2016)
Des déficits le plus souvent pro-cycliques
La France est en déficit budgétaire de manière continue depuis le milieu des années 1970, ce qui a conduit la
dette publique à représenter environ 20 % du PIB en 1975 puis 96,2 % en 2015. Si les deux dernières récessions
de 1992-1993 et 2008-2009 expliquent les pics de déficit et les épisodes de hausse rapide de l’endettement, le
solde des administrations publiques est déficitaire depuis quarante ans, y compris lors des périodes les plus fastes.
Cette persistance du déficit public renvoie à une hausse tendancielle du niveau des dépenses publiques, 46 % du
PIB en 1980 mais 57 % en 2015, qui n’a pas été accompagnée d’une hausse parallèle des recettes (passées de 46
% à 53,5 % du PIB). Signe d’une faible maîtrise de ses finances publiques, la France a, jusqu’à une période très
récente, quasi-systématiquement dérapé dans l’exécution de son solde budgétaire au regard de la programmation
qu’elle s’était fixée.
Cette dérive n’a pas été la contrepartie d’une politique contra-cyclique de soutien de l’activité économique en
période de ralentissement. Au contraire, depuis les années 1980, l’orientation budgétaire a été la plupart du
temps acyclique ou pro-cyclique. En dehors de très rares occasions, la France n’a pas profité des périodes
économiques favorables pour consolider ses dépenses publiques. Les épisodes de relance en période de récession
ont été peu nombreux (une année sur dix). Une année sur cinq, le déficit s’est dégradé structurellement alors
même que la conjoncture économique était bonne, et une année sur quatre c’est une politique de consolidation
budgétaire qui a été conduite alors que la situation aurait justifié une politique de soutien. Ce n’est qu’une année
sur vingt que les finances publiques ont été consolidées lorsqu’il fallait le faire.
Certes, cette performance médiocre de la politique budgétaire s’explique pour partie par la difficulté à juger en
temps réel de la position de l’économie dans le cycle. Mais elle résulte surtout du fait que les réductions du déficit
obtenues en période de croissance, donc de hausses spontanées des recettes, ont été régulièrement utilisées
pour accroître les dépenses ou baisser les prélèvements. Au total, le ralentissement qui a suivi s’est accompagné
d’une dégradation rapide des comptes, à laquelle ont répondu des mesures de consolidation. Jointes à la hausse
tendancielle des dépenses, ces mesures discrétionnaires souvent prises à contretemps ont contribué à dégrader
notre crédibilité budgétaire.
Un ajustement post-crise d’abord par des hausses d’impôts
Après l’accroissement important du déficit public en 2009 et 2010 suite à la crise financière, un redressement
des comptes publics a été conduit depuis 2010. Le déficit s’est réduit de 3,6 points de PIB en six ans, passant de
7,2 % du PIB en 2009 à 3,6 %en 2015. Compte tenu de la faiblesse de la croissance au cours des années 2011-
2015, cette consolidation a essentiellement un caractère structurel. Elle s’est opérée avant tout par une
augmentation du niveau des recettes publiques. Le ratio de dépenses primaires (hors intérêts), lui, a légèrement
augmenté sur la période. La réduction de la charge d’intérêts, permise par la forte baisse des taux et l’amélioration
du solde conjoncturel ont également participé à l’ajustement, mais de manière plus marginale.
Cependant, en 2015, c’est la réduction du ratio de dépenses, autant à travers la baisse des dépenses primaires
que du recul de la charge d’intérêts, qui a le plus contribué à la réduction du déficit budgétaire. Les recettes
publiques ont même légèrement reflué sur l’année.
Relativement aux autres pays européens, l’ajustement français a été atypique, non par son ampleur qui est à peu
près similaire en termes structurels à celui des principaux partenaires, mais par sa composition. Les autres pays
ont en effet essentiellement procédé à des baisses de dépenses, dès le début de la période d’ajustement.
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La difficile maîtrise de l’endettement public
Depuis 2012, c’est autant la réduction du solde primaire que la moindre charge d’intérêts qui a permis de ralentir
l’augmentation de la dette publique. Celle-ci s’est quasiment stabilisée en 2015 notamment du fait d’un rebond
de la croissance nominale et de primes d’émission importantes.
Pour les prochaines années, la France s’est engagée par le programme de stabilité, à poursuivre la réduction de
son déficit. Dans la lignée de 2015, cet ajustement devrait de nouveau s’opérer par une baisse des dépenses sans
augmentation des prélèvements obligatoires. Cette trajectoire vise à faire repasser le déficit en-dessous de 3 %
du PIB en 2017 et à sortir du volet correctif du Pacte de stabilité et de croissance, dans lequel la France se trouve
depuis 2009. Elle devrait également permettre une stabilisation de l'endettement public, en 2017-2018, puis sa
réduction à partir des années suivantes.
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Document n° 12 : Consolidation du déficit public en France entre 2009 et 2015 (source : France Stratégie)
Document n° 13 : Dette publique en France, en Allemagne et dans la zone euro entre 2007 et 2018 en part du
PIB (source : Cour des comptes)
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Document n° 14 : Evolution du ratio dépenses publiques sur PIB entre 1995 et 2015 (source : France Stratégie)
Document n° 15 : Evolution de l’ajustement structurel en France entre 2012 et 2019 (source : Cour des comptes)