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7/24/2019 Ga 000180 http://slidepdf.com/reader/full/ga-000180 1/39 Ce document est extrait de la base de données textuelles Frantext réalisée par l'Institut National de la Langue Française (INaLF)  Histoire naturelle [Document électroniue!" #remier discours $ par %eorges& Louis de uon mises en ordres et annotées par *" #i++etta""" ptitre ,eu-res de buon a-ec la s.non.mie et la classiication de cu-ier augmentées des obser-ations et suppléments des plus cél/bres naturalistes mises en ordre et annotées par 0" #i++etta 122 gra-ures tome premier paris parent desbarres3 éditeur 453 rue cassette3 45 (6575) p6 HI89,I:; N<9=:;LL; 9H;,:I; D; L< 9;::; #:;>I;: DI8C,=:8

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Ce document est extrait de la base de donnéestextuelles Frantext réalisée par l'Institut National dela Langue Française (INaLF)

 

Histoire naturelle [Document électroniue!" #remier discours $ par %eorges&Louis de uon mises en ordres et annotées par *" #i++etta"""

ptitre

,eu-resde buon

a-ec la s.non.mie et la classiication de cu-ier augmentées des obser-ations et suppléments des plus cél/bresnaturalistesmises en ordre et annotéespar 0" #i++etta122 gra-urestome premier parisparent desbarres3 éditeur 453 rue cassette3 45(6575)

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l' ?istoire naturelle3 prise dans toute son étendue3est une ?istoire immense elle embrassetous les ob0ets ue nous présente l' uni-ers" Cettemultitude prodigieuse de uadrup/des3 d' oiseaux3

de poissons3 d' insectes3 de plantes3 de minéraux3etc""3 ore @ la curiosité de l' esprit ?umainun -aste spectacle dont l' ensemble est si grand3u' il paraAt et u' il est en eet inépuisable dansles détails" =ne seule partie de l' ?istoire naturelle3comme l' ?istoire des insectes3 ou l' ?istoire

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des plantes3 suit pour occuper plusieurs ?ommes et les plus ?abiles obser-ateurs n' ont donné3apr/s un tra-ail de plusieurs années3 ue des ébauc?esasse+ imparaites des ob0ets trop multipliésue présentent ces branc?es particuli/res de l' ?istoirenaturelle3 auxuelles ils s' étaient uniuementattac?és B cependant ils ont ait tout ce u' ilspou-aient aire3 et bien loin de s' en prendre auxobser-ateurs du peu d' a-ancement de la science3on ne saurait trop louer leur assiduité au tra-ailet leur patience3 on ne peut mme leur reuser 

des ualités plus éle-ées car il . a une esp/cede orce de génie et de courage d' esprit @ pou-oir en-isager3 sans s' étonner3 la nature3 dansla multitude innombrable de ses productions3 et@ se croire capable de les comprendre et de lescomparer il . a une esp/ce de got @ les aimer3plus grand ue le got ui n' a pour but ue desob0ets particuliers3 et on peut dire ue l' amour de l' étude de la nature suppose dans l' esprit deuxualités ui paraissent opposées3 les grandes-ues d' un génie ardent ui embrasse tout d' un

coup d' oeil3 et les petites attentions d' un instinctlaborieux ui ne s' attac?e u' @ un seul point"Le premier obstacle ui se présente dans l' étudede l' ?istoire naturelle3 -ient de cette grandemultitude d' ob0ets mais la -ariété de ces mmesob0ets3 et la diiculté de rassembler les productionsdes diérents climats3 orment un autre obstacle@ l' a-ancement de nos connaissances3 uiparaAt in-incible3 et u' en eet le tra-ail seul nepeut surmonter ce n' est u' @ orce de temps3 desoins3 de dépenses3 et sou-ent par des ?asards

?eureux3 u' on peut se procurer des indi-idusbien conser-és de c?aue esp/ce d' animaux3 deplantes ou de minéraux3 et ormer une collectionbien rangée de tous les ou-rages de la nature"

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>ais lorsu' on est par-enu @ rassembler deséc?antillons de tout ce ui peuple l' uni-ers3 lorsu' apr/sbien des peines on a mis dans un mmelieu des mod/les de tout ce ui se trou-e répandua-ec prousion sur la terre3 et u' on 0ette pour lapremi/re ois les .eux sur ce magasin rempli de

c?oses di-erses3 nou-elles et étrang/res3 la premi/resensation ui en résulte3 est un étonnementmlé d' admiration3 et la premi/re rélexionui suit3 est un retour ?umiliant sur nous&mmes",n ne s' imagine pas u' on puisse a-ec le tempspar-enir au point de reconnaAtre tous ces diérentsob0ets3 u' on puisse par-enir non&seulement@ les reconnaAtre par la orme3 mais encore@ sa-oir tout ce ui a rapport @ la naissance3 laproduction3 l' organisation3 les usages3 en un mot@ l' ?istoire de c?aue c?ose en particulier B cependant3

en se amiliarisant a-ec ces mmesob0ets3 en les -o.ant sou-ent3 et3 pour ainsi dire3sans dessein3 ils orment peu @ peu des impressionsdurables3 ui bientEt se lient dans notreesprit par des rapports ixes et in-ariables et del@ nous nous éle-ons @ des -ues plus générales3par lesuelles nous pou-ons embrasser @ la oisplusieurs ob0ets diérents et c' est alors u' onest en état d' étudier a-ec ordre3 de réléc?ir a-ecruit3 et de se ra.er des routes pour arri-er @des décou-ertes utiles"

,n doit donc commencer par -oir beaucoup etre-oir sou-ent uelue nécessaire ue l' attentionsoit @ tout3 ici on peut s' en dispenser d' abord B 0e -eux parler de cette attention scrupuleuse3tou0ours utile lorsu' on sait beaucoup3 etsou-ent nuisible @ ceux ui commencent @ s' instruire"L' essentiel est de leur meubler la tted' idées et de aits3 de les empc?er3 s' il est possible3d' en tirer trop tEt des raisonnements et desrapports3 car il arri-e tou0ours ue par l' ignorancede certains aits3 et par la trop petite uantité

d' idées3 ils épuisent leur esprit en aussescombinaisons3 et se c?argent la mémoire de conséuences-agues3 et de résultats contraires @ la-érité3 lesuels orment dans la suite des pré0ugésui s' eacent diicilement"C' est pour cela ue 0' ai dit u' il allait commencer par -oir beaucoup il aut aussi -oir presue sans dessein3 parce ue si -ous a-e+résolu de ne considérer les c?oses ue dans unecertaine -ue3 dans un certain s.st/me3 eussie+&-ouspris le meilleur c?emin3 -ous n' arri-ere+ 0amais @ la mme étendue de connaissances @lauelle -ous pourre+ prétendre3 si -ous laisse+dans les commencements -otre esprit marc?er lui&mme3 se reconnaAtre3 s' assurer sans secours3

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et ormer seul la premi/re c?aAne ue représentel' ordre de ses idées"Ceci est -rai sans exception pour toutes lespersonnes dont l' esprit est ait et le raisonnementormé les 0eunes gens au contraire doi-ent treguidés plutEt et conseillés @ propos3 il aut

mme les encourager par ce u' il . a de pluspiuant dans la science3 en leur aisant remaruer les c?oses les plus singuli/res3 mais sansleur en donner d' explications précises le m.st/re@ cet ge excite la curiosité3 au lieu ue dansl' ge mr il n' inspire ue le dégot B les enantsse lassent aisément des c?oses u' ils ont dé0@-ues3 ils re-oient a-ec indiérence3 @ moinsu' on ne leur présente les mmes ob0ets sousd' autres points de -ue et au lieu de leur répéter simplement ce u' on leur a dé0@ dit3 il -aut

pG

mieux . a0outer des circonstances3 mme étrang/resou inutiles on perd moins @ les tromper u' @ les dégoter"Lorsu' apr/s a-oir -u et re-u plusieurs oisles c?oses3 ils commenceront @ se les représenter en gros3 ue d' eux&mmes ils se eront des

di-isions3 u' ils commenceront @ aperce-oir desdistinctions générales3 le got de la sciencepourra naAtre3 et il audra l' aider" Ce got sinécessaire @ tout3 mais en mme temps si rare3ne se donne point par les préceptes en -ainl' éducation -oudrait . suppléer3 en -ain les p/rescontraignent&ils leurs enants3 ils ne les am/neront 0amais u' @ ce point commun @ tous les?ommes3 @ ce degré d' intelligence et de mémoireui suit @ la société ou aux aaires ordinaires mais c' est @ la nature @ ui l' on doit cette premi/re

étincelle de génie3 ce germe de got dontnous parlons3 ui se dé-eloppe ensuite plus oumoins3 sui-ant les diérentes circonstances et lesdiérents ob0ets" <ussi doit&on présenter @ l' esprit des 0eunesgens des c?oses de toute esp/ce3 des études detout genre3 des ob0ets de toutes sortes3 ain dereconnaAtre le genre auuel leur esprit se portea-ec plus de orce3 ou se li-re a-ec plus de plaisir Bl' ?istoire naturelle doit leur tre présentée@ son tour3 et précisément dans ce temps o la

raison commence @ se dé-elopper3 dans cet geo ils pourraient commencer @ croire u' ils sa-entdé0@ beaucoup rien n' est plus capable derabaisser leur amour&propre3 et de leur aire

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sentir combien il . a de c?oses u' ils ignorent et3 indépendamment de ce premier eet3 ui nepeut u' tre utile3 une étude mme lég/re del' ?istoire naturelle él/-era leurs idées3 et leur donnera des connaissances d' une ininité dec?oses ue le commun des ?ommes ignore3 et

ui se retrou-ent sou-ent dans l' usage de la -ie">ais re-enons @ l' ?omme ui -eut s' appliuer sérieusement @ l' étude de la nature3 et reprenons&leau point o nous l' a-ons laissé3 @ cepoint o il commence @ généraliser ses idées3 et@ se ormer une mét?ode d' arrangement et dess.st/mes d' explication B c' est alors u' il doit consulter les gens instruits3 lire les bons auteurs3examiner leurs diérentes mét?odes3 et emprunter des lumi/res de tous cEtés" >ais comme ilarri-e ordinairement u' on se prend alors d' aection

et de got pour certains auteurs3 pour une certaine mét?ode3 et ue sou-ent3 sans unexamen asse+ mr3 on se li-re @ un s.st/me uelueoismal ondé3 il est bon ue nous donnionsici uelues notions préliminaires sur les mét?odesu' on a imaginées pour aciliter l' intelligencede l' ?istoire naturelle B ces mét?odes sonttr/s&utiles3 lorsu' on ne les emploie u' a-ec lesrestrictions con-enables B elles abrégent le tra-ail3elles aident la mémoire3 et elles orent @l' esprit une suite d' idées3 @ la -érité composées

d' ob0ets diérents entre eux3 mais ui ne laissentpas d' a-oir des rapports communs3 et cesrapports orment des impressions plus ortes uene pourraient aire des ob0ets détac?és ui n' auraientaucune relation" oil@ la principale utilitédes mét?odes mais l' incon-énient est de -ouloir trop allonger ou trop resserrer la c?aAne3 de-ouloir soumettre @ des lois arbitraires les loisde la nature3 de -ouloir la di-iser dans des pointso elle est indi-isible3 et de -ouloir mesurer sesorces par notre aible imagination" =n autre incon-énient

ui n' est pas moins grand3 et ui estle contraire du premier3 c' est de s' assu0ettir @ desmét?odes trop particuli/res3 de -ouloir 0uger dutout par une seule partie3 de réduire la nature @de petits s.st/mes ui lui sont étrangers3 et deses ou-rages immenses en ormer arbitrairementautant d' assemblages détac?és enin de rendre3en multipliant les noms et les représentations3 lalangue de la science plus diicile ue la scienceelle&mme"Nous sommes naturellement portés @ imaginer en tout une esp/ce d' ordre et d' uniormité3 etuand on n' examine ue lég/rement les ou-ragesde la nature3 il paraAt @ cette premi/re -ue u' ellea tou0ours tra-aillé sur un mme plan B comme

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nous ne connaissons nous&mmes u' une -oiepour arri-er @ un but3 nous nous persuadons uela nature ait et op/re tout par les mmes mo.enset par des opérations semblables cette mani/rede penser a ait imaginer une ininité de auxrapports entre les productions naturelles B les

plantes ont été comparées aux animaux on acru -oir -égéter les minéraux leur organisationsi diérente3 et leur mécaniue si peu ressemblante3ont été sou-ent réduites @ la mmeorme" Le moule commun de toutes ces c?oses3 sidissemblables entre elles3 est moins dans la natureue dans l' esprit étroit de ceux ui l' ontmal connue3 et ui sa-ent aussi peu 0uger de laorce d' une -érité3 ue des 0ustes limites d' uneanalogie comparée" ;n eet3 doit&on3 parce uele sang circule3 assurer ue la s/-e circule aussi J

Doit&on conclure de la -égétation connue desplantes @ une pareille -égétation dans les minéraux3du mou-ement du sang @ celui de la s/-e3de celui de la s/-e au mou-ement du suc pétriiant JN' est&ce pas porter dans la réalité des ou-rages

pK

du créateur3 les abstractions de notre

esprit borné3 et ne lui accorder3 pour ainsi dire3u' autant d' idées ue nous en a-ons J Cependanton a dit3 et on dit tous les 0ours des c?oses aussipeu ondées3 et on btit des s.st/mes sur desaits incertains3 dont l' examen n' a 0amais étéait3 et ui ne ser-ent u' @ montrer le penc?antu' ont les ?ommes @ -ouloir trou-er de la ressemblancedans les ob0ets les plus diérents3 dela régularité o il ne r/gne ue de la -ariété3 etde l' ordre dans les c?oses u' ils n' aperçoi-entue conusément"

Car lorsue3 sans s' arrter @ des connaissancessupericielles dont les résultats ne peu-ent nousdonner ue des idées incompl/tes des productionset des opérations de la nature3 nous -oulonspénétrer plus a-ant3 et examiner a-ec des.eux plus attentis la orme et la conduite de sesou-rages3 on est aussi surpris de la -ariété dudessin3 ue de la multiplicité des mo.ens d' exécution"Le nombre des productions de la nature3uoiue prodigieux3 ne ait alors ue la plus petitepartie de notre étonnement sa mécaniue3

son art3 ses ressources3 ses désordres mme3emportent toute notre admiration trop petitpour cette immensité3 accablé par le nombredes mer-eilles3 l' esprit ?umain succombe B il

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semble ue tout ce ui peut tre3 est la main ducréateur ne paraAt pas s' tre ou-erte pour donner l' tre @ un certain nombre déterminé d' esp/ces mais il semble u' elle ait 0eté tout @ laois un monde d' tres relatis et non relatis3 uneininité de combinaisons ?armoniues et contraires3

et une perpétuité de destructions et derenou-ellements" uelle idée de puissance cespectacle ne nous ore&t&il pas M uel sentimentde respect cette -ue de l' uni-ers ne nous inspire&t&ellepas pour son auteur M ue serait&cesi la aible lumi/re ui nous guide de-enait asse+-i-e pour nous aire aperce-oir l' ordre généraldes causes et de la dépendance des eets J >aisl' esprit le plus -aste3 et le génie le plus puissant3ne s' él/-eront 0amais @ ce ?aut point de connaissances les premi/res causes nous seront @ 0amais

cac?ées3 les résultats généraux de ces causesnous seront aussi diiciles @ connaAtre ue lescauses mmes tout ce ui nous est possible3c' est d' aperce-oir uelues eets particuliers3 deles comparer3 de les combiner3 et enin d' . reconnaAtreplutEt un ordre relati @ notre proprenature3 ue con-enable @ l' existence des c?osesue nous considérons">ais puisue c' est la seule -oie ui nous soitou-erte puisue nous n' a-ons pas d' autresmo.ens pour arri-er @ la connaissance des c?oses

naturelles3 il aut aller 0usu' o cette route peutnous conduire il aut rassembler tous les ob0ets3les comparer3 les étudier3 et tirer de leurs rapportscombinés toutes les lumi/res ui peu-entnous aider @ les aperce-oir nettement et @ lesmieux connaAtre"La premi/re -érité ui sort de cet examen sérieuxde la nature3 est une -érité peut&tre ?umiliantepour l' ?omme3 c' est u' il doit se ranger lui&mme dans la classe des animaux3 auxuelsil ressemble par tout ce u' il a de matériel3 et

mme leur instinct lui paraAtra peut&tre plus sr ue sa raison3 et leur industrie plus admirableue ses arts" #arcourant ensuite successi-ementet par ordre les diérents ob0ets ui composentl' uni-ers3 et se mettant @ la tte de tous lestres créés3 il -erra a-ec étonnement u' on peutdescendre par des degrés presue insensibles dela créature la plus paraite 0usu' @ la mati/re laplus inorme3 de l' animal le mieux organisé 0usu' auminéral le plus brut il reconnaAtra ueces nuances imperceptibles sont le grand oeu-rede la nature il les trou-era ces nuances3 non&seulementdans les grandeurs et dans les ormes3mais dans les mou-ements3 dans les générations3dans les successions de toute esp/ce"

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;n approondissant cette idée3 on -oit clairementu' il est impossible de donner un s.st/megénéral3 une mét?ode paraite3 non&seulementpour l' ?istoire naturelle enti/re3 mais mme pour une seule de ses branc?es car pour aire uns.st/me3 un arrangement3 en un mot une mét?ode

générale3 il aut ue tout . soit compris il aut di-iser ce tout en diérentes classes3 partager ces classes en genres3 sous&di-iser cesgenres en esp/ces3 et tout cela sui-ant un ordredans leuel il entre nécessairement de l' arbitraire">ais la nature marc?e par des gradationsinconnues3 et par conséuent elle ne peut pas seprter totalement @ ces di-isions3 puisu' ellepasse d' une esp/ce @ une autre esp/ce3 et sou-entd' un genre @ un autre genre3 par desnuances imperceptibles de sorte u' il se trou-e

un grand nombre d' esp/ces mo.ennes et d' ob0etsmi&partis u' on ne sait o placer3 et ui dérangentnécessairement le pro0et du s.st/me général Bcette -érité est trop importante pour ue 0ene l' appuie pas de tout ce ui peut la rendreclaire et é-idente"#renons pour exemple la botaniue3 cette bellepartie de l' ?istoire naturelle3 ui par son utilitéa mérité de tout temps d' tre la plus culti-ée3 etrappelons @ l' examen les principes de toutes les

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mét?odes ue les botanistes nous ont données nous -errons a-ec uelue surprise u' ils onteu tous en -ue de comprendre dans leurs mét?odesgénéralement toutes les esp/ces de plantes3et u' aucun d' eux n' a paraitement réussi il setrou-e tou0ours dans c?acune de ces mét?odesun certain nombre de plantes anomales dont

l' esp/ce est mo.enne entre deux genres3 et sur lauelle il ne leur a pas été possible de prononcer  0uste3 parce u' il n' . a pas plus de raison derapporter cette esp/ce @ l' un plutEt u' @ l' autrede ces deux genres B en eet3 se proposer deaire une mét?ode paraite3 c' est se proposer untra-ail impossible il audrait un ou-rage ui représenttexactement tous ceux de la nature3 etau contraire tous les 0ours il arri-e u' a-ec toutesles mét?odes connues3 et a-ec tous les secoursu' on peut tirer de la botaniue la plus éclairée3

on trou-e des esp/ces ui ne peu-ent se rapporter @ aucun des genres compris dans ces mét?odes Bainsi l' expérience est d' accord a-ec laraison sur ce point3 et on doit tre con-aincu

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u' on ne peut pas aire une mét?ode générale etparaite en botaniue" Cependant il semble uela rec?erc?e de cette mét?ode générale soit uneesp/ce de pierre p?ilosop?ale pour les botanistes3u' ils ont tous c?erc?ée a-ec des peines et destra-aux ininis tel a passé uarante ans3 tel

autre en a passé cinuante @ aire son s.st/me3et il est arri-é en botaniue ce ui est arri-é enc?imie3 c' est u' en c?erc?ant la pierre p?ilosop?aleue l' on n' a pas trou-ée3 on a trou-é uneininité de c?oses utiles et de mme3 en -oulantaire une mét?ode générale et paraite en botaniue3on a plus étudié et mieux connu les planteset leurs usages B tant il est -rai u' il aut unbut imaginaire aux ?ommes pour les soutenir dans leurs tra-aux3 et ue s' ils étaient persuadésu' ils ne eront ue ce u' en eet ils peu-ent

aire3 ils ne eraient rien du tout"Cette prétention u' ont les botanistes3 d' établir des s.st/mes généraux3 paraits et mét?odiues3est donc peu ondée aussi leurs tra-aux n' ontpu aboutir u' @ nous donner des mét?odes déectueuses3lesuelles ont été successi-ement détruitesles unes par les autres3 et ont subi le sortcommun @ tous les s.st/mes ondés sur des principesarbitraires et ce ui a le plus contribué @ren-erser les unes de ces mét?odes par lesautres3 c' est la liberté ue les botanistes se sont

donnée de c?oisir arbitrairement une seule partiedans les plantes3 pour en aire le caract/re spéciiue Bles uns ont établi leur mét?ode sur laigure des euilles3 les autres sur leur position3d' autres sur la orme des leurs3 d' autres sur lenombre de leurs pétales3 d' autres enin sur lenombre des étamines" *e ne inirais pas si 0e -oulaisrapporter en détail toutes les mét?odes uiont été imaginées3 mais 0e ne -eux parler ici uede celles ui ont été reçues a-ec applaudissement3et ui ont été sui-ies c?acune @ leur tour3

sans ue l' on ait ait asse+ d' attention @ cetteerreur du principe ui leur est commune @ toutes3et ui consiste @ -ouloir 0uger d' un tout3 et dela combinaison de plusieurs touts3 par une seulepartie3 et par la comparaison des diérences decette seule partie car -ouloir 0uger de la diérencedes plantes3 uniuement par celle de leurseuilles ou de leurs leurs3 c' est comme si on-oulait connaAtre la diérence des animaux par la diérence de leurs peaux ou par celle des partiesde la génération et ui ne -oit ue cette açonde connaAtre n' est pas une science3 et ue cen' est tout au plus u' une con-ention3 u' une languearbitraire3 un mo.en de s' entendre3 mais dontil ne peut résulter aucune connaissance réelle J

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>e serait&il permis de dire ce ue 0e pense sur l' origine de ces diérentes mét?odes3 et sur lescauses ui les ont multipliées au point u' actuellementla botaniue elle&mme est plus aisée @apprendre ue la nomenclature3 ui n' en est uela langue J >e serait&il permis de dire u' un

?omme aurait plutEt ait de gra-er dans sa mémoireles igures de toutes les plantes3 et d' ena-oir les idées nettes3 ce ui est la -raie botaniue3ue de retenir tous les noms ue les diérentesmét?odes donnent @ ces plantes3 et uepar conséuent la langue est de-enue plus diicileue la science J oici3 ce me semble3 commentcela est arri-é" ,n a d' abord di-isé les -égétauxsui-ant leurs diérentes grandeurs on adit B il . a de grands arbres3 de petits arbres3 desarbrisseaux3 des sous&arbrisseaux3 de grandes

plantes3 de petites plantes et des ?erbes" oil@le ondement d' une mét?ode ue l' on di-ise etsous&di-ise ensuite par d' autres relations3 degrandeurs et de ormes3 pour donner @ c?aueesp/ce un caract/re particulier" <pr/s la mét?odeaite sur ce plan3 il est -enu des gens uiont examiné cette distribution3 et ui ont dit Bmais cette mét?ode ondée sur la grandeur relati-edes -égétaux ne peut pas se soutenir3 car il. a dans une seule esp/ce3 comme dans celle duc?ne3 des grandeurs si diérentes3 u' il . a des

esp/ces de c?ne ui s' él/-ent @ cent pieds de?auteur3 et d' autres esp/ces de c?ne ui ne s' él/-ent 0amais @ plus de deux pieds il en est demme3 proportion gardée3 des c?taigniers3 des

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pins3 des alo/s3 et d' une ininité d' autres plantes",n ne doit donc pas3 a&t&on dit3 déterminer les

genres des plantes par leur grandeur3 puisuece signe est éui-oue et incertain3 et on a abandonnéa-ec raison cette mét?ode" D' autres sont-enus ensuite3 ui3 cro.ant aire mieux3 on dit Bil aut3 pour connaAtre les plantes3 s' attac?er auxparties les plus apparentes et comme les euillessont ce u' il . a de plus apparent3 il aut arranger les plantes par la orme3 la grandeur et laposition des euilles" 8ur ce pro0et3 on a ait uneautre mét?ode on l' a sui-ie pendant ueluetemps3 mais ensuite on a reconnu ue les euilles

de presue toutes les plantes -arient prodigieusementselon les diérents ges et les diérentsterrains ue leur orme n' est pas plus constanteue leur grandeur ue leur position est encore

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plus incertaine B on a donc été aussi peu contentde cette mét?ode ue de la précédente" ;nin3 uelu' un aimaginé3 et 0e crois ue c' est%esner3 ue le créateur a-ait mis dans la ructiicationdes plantes un certain nombre de caract/resdiérents et in-ariables3 et ue c' était

de ce point dont il allait partir pour aire unemét?ode3 et comme cette idée s' est trou-ée -raie 0usu' @ un certain point3 en sorte ue les partiesde la génération des plantes se sont trou-éesa-oir uelues diérences plus constantes uetoutes les autres parties de la plante prises séparément3on a -u tout d' un coup s' éle-er plusieursmét?odes de botaniue3 toutes ondées @ peupr/s sur ce mme principe parmi ces mét?odescelle de 9ourneort est la plus remaruable3 laplus ingénieuse et la plus compl/te" Cet illustre

botaniste a senti les déauts d' un s.st/me ui seraitpurement arbitraire en ?omme d' esprit ila é-ité les absurdités ui se trou-ent dans laplupart des autres mét?odes de ses contemporains3et il a ait ses distributions et ses exceptionsa-ec une science et une adresse ininies ila-ait3 en un mot3 mis la botaniue au point dese passer de toutes les autres mét?odes3 et ill' a-ait rendue susceptible d' un certain degré deperection mais il s' est éle-é un autre mét?odisteui3 apr/s a-oir loué son s.st/me3 a tc?é

de le détruire pour établir le sien3 et ui a.antadopté a-ec 9ourneort les caract/res tirés desa ructiication3 a emplo.é toutes les parties dela génération des plantes3 et surtout les étamines3pour en aire la distribution de ses genres etméprisant la sage attention de 9ourneort @ nepas orcer la nature au point de conondre3 en-ertu de son s.st/me3 les ob0ets les plus diérents3comme les arbres a-ec les ?erbes3 a misensemble et dans les mmes classes le mrier etl' ortie3 la tulipe et l' épine&-inette3 l' orme et la

carotte3 la rose et la raise3 le c?ne et la pimprenelle"N' est&ce pas se 0ouer de la nature et deceux ui l' étudient J ;t si tout cela n' était pasdonné a-ec une certaine apparence d' ordre m.stérieux3et en-eloppé de grec et d' érudition botaniue3aurait&on tant tardé @ aire aperce-oir le ridicule d' une pareille mét?ode3 ou plutEt @montrer la conusion ui résulte d' un assemblagesi bi+arre J >ais ce n' est pas tout3 et 0e -aisinsister3 parce u' il est 0uste de conser-er @ 9ourneortla gloire u' il a méritée par un tra-ailcensé et sui-i3 et parce u' il ne aut pas ue lesgens ui ont appris la botaniue par la mét?odede 9ourneort perdent leur temps @ étudier cettenou-elle mét?ode o tout est c?angé3 0usu' aux

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noms et aux surnoms des plantes" *e dis doncue cette nou-elle mét?ode3 ui rassemble dansla mme classe des genres de plantes enti/rementdissemblables3 a encore3 indépendamment deses disparates3 des déauts essentiels3 et des incon-énientsplus grands ue toutes les mét?odes

ui ont précédé" Comme les caract/res des genressont pris de parties presue ininiment petites3 ilaut aller le microscope @ la main3 pour reconnaAtreun arbre ou une plante la grandeur3 laigure3 le port extérieur3 les euilles3 toutes lesparties apparentes ne ser-ent plus @ rien3 il n' .a ue les étamines et si on ne peut pas -oir lesétamines3 on ne sait rien3 on n' a rien -u" Ce grandarbre ue -ous aperce-e+ n' est peut&tre u' unepimprenelle3 il aut compter ses étamines pour sa-oir ce ue c' est3 et comme ses étamines sont

sou-ent si petites u' elles éc?appent @ l' oeilsimple ou @ la loupe3 il aut un microscope maismal?eureusement encore pour le s.st/me3 il .a des plantes ui n' ont point d' étamines3 il . ades plantes dont le nombre des étamines -arie3et -oil@ la mét?ode en déaut comme les autres3malgré la loupe et le microscope" <pr/s cette exposition sinc/re des ondementssur lesuels on a bti les diérents s.st/mes debotaniue3 il est aisé de -oir ue le grand déaut

p

de tout ceci est une erreur de métap?.siue dansle principe mme de ces mét?odes" Cette erreur consiste @ méconnaAtre la marc?e de la nature3ui se ait tou0ours par nuances3 et @ -ouloir 0uger d' un tout par une seule de ses parties B erreur bien é-idente3 et u' il est étonnant de retrou-er partout car presue tous les nomenclateurs n' ont

emplo.é u' une partie3 comme les dents3 lesongles ou ergots3 pour ranger les animaux leseuilles ou les leurs pour distribuer les plantes3au lieu de se ser-ir de toutes les parties3 et dec?erc?er les diérences ou les ressemblancesdans l' indi-idu tout entier" C' est renoncer -olontairementau plus grand nombre des a-antagesue la nature nous ore pour la connaAtre3ue de reuser de se ser-ir de toutes les partiesdes ob0ets ue nous considérons et uand mmeon serait assuré de trou-er dans uelues parties

prises séparément des caract/res constants et in-ariables3il ne audrait pas pour cela réduire laconnaissance des productions naturelles @ cellesde ces parties constantes ui ne donnent ue des

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idées particuli/res et tr/s&imparaites du tout3 et ilme paraAt ue le seul mo.en de aire une mét?odeinstructi-e et naturelle3 c' est de mettre ensembleles c?oses ui se ressemblent3 et de séparer cellesui di/rent les unes des autres" 8i les indi-idusont une ressemblance paraite3 ou des diérences

si petites u' on ne puisse les aperce-oir u' a-ecpeine3 ces indi-idus seront de la mme esp/ce3 siles diérences commencent @ tre sensibles3 etu' en mme temps il . ait tou0ours beaucoup plusde ressemblance ue de diérence3 les indi-idusseront une autre esp/ce3 mais du mme genre ueles premiers B et si ces diérences sont encore plusmaruées3 sans cependant excéder les ressemblances3alors les indi-idus seront non&seulementd' une autre esp/ce3 mais mme d' un autre genreue les premiers et les seconds3 et cependant ils

seront encore de la mme classe3 parce u' ils seressemblent plus u' ils ne di/rent B mais si aucontraire le nombre des diérences exc/de celuides ressemblances3 alors les indi-idus ne sont pasmme de la mme classe" oil@ l' ordre mét?odiueue l' on doit sui-re dans l' arrangementdes productions naturelles bien entendu ue lesressemblances et les diérences seront prisesnon&seulement d' une partie3 mais du tout ensemble3et ue cette mét?ode d' inspection se porterasur la orme3 sur la grandeur3 sur le port

extérieur3 sur les diérentes parties3 sur le nombre3sur leur position3 sur la substance mme dela c?ose3 et u' on se ser-ira de ces éléments enpetit ou en grand nombre3 @ mesure u' on enaura besoin de sorte ue si un indi-idu3 de ueluenature u' il soit3 est d' une igure asse+ singuli/repour tre tou0ours reconnu au premier coup d' oeil3 on ne lui donnera u' un nom B maissi cet indi-idu a de commun a-ec un autre laigure3 et u' il en di/re constamment par lagrandeur3 la couleur3 la substance3 ou par uelue

autre ualité tr/s&sensible3 alors on lui donnerale mme nom en . a0outant un ad0ecti pour maruer cette diérence et ainsi de suite3 enmettant autant d' ad0ectis u' il . a de diérences3on sera sr d' exprimer tous les attributs diérentsde c?aue esp/ce3 et on ne craindra pasde tomber dans les incon-énients de la mét?odetrop particuli/re dont nous -enons de parler3 etsur lesuels 0e me suis beaucoup étendu3 parceue c' est un déaut commun @ toutes les mét?odesde botaniue et d' ?istoire naturelle3 et ueles s.st/mes ui ont été aits pour les animauxsont encore plus déectueux ue les mét?odes debotaniue car3 comme nous l' a-ons dé0@ insinué3on a -oulu prononcer sur la ressemblance

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et la diérence des animaux3 en n' emplo.ant uele nombre des doigts ou ergots3 des dents et desmamelles pro0et ui ressemble beaucoup @ celuides étamines3 et ui est en eet du mme auteur"Il résulte de tout ce ue nous -enons d' exposer3u' il . a dans l' étude de l' ?istoire naturelle

deux écueils également dangereux le premier3de n' a-oir aucune mét?ode3 et le second3 de -ouloir tout rapporter @ un s.st/me particulier"Dans le grand nombre de gens ui s' appliuentmaintenant @ cette science3 on pourrait trou-er des exemples rappants de ces deux mani/res siopposées3 et cependant toutes deux -icieuses Bla plupart de ceux ui3 sans aucune étude précédentede l' ?istoire naturelle3 -eulent a-oir descabinets de ce genre3 sont de ces personnes aisées3peu occupées3 ui c?erc?ent @ s' amuser3 et

regardent comme un mérite d' tre mises au rangdes curieux ces gens&l@ commencent par ac?eter sans c?oix tout ce ui leur rappe les .eux ilsont l' air de désirer a-ec passion les c?oses u' onleur dit tre rares et extraordinaires3 il les estimentau prix u' ils les ont acuises3 ils arrangentle tout a-ec complaisance3 ou l' entassent a-ecconusion3 et inissent bientEt par s' en dégoter B

p5

d' autres au contraire3 et ce sont les plus sa-ants3apr/s s' tre rempli la tte de noms3 de p?rases3de mét?odes particuliéres3 -iennent @ en adopter uelu' une3 ou s' occuper @ en aire une nou-elle3et tra-aillant ainsi toute leur -ie sur unemme ligne et dans une ausse direction3 et -oulanttout ramener @ leur point de -ue particulier3ils se rétrécissent l' esprit3 cessent de -oir les ob0ets tels u' ils sont et inissent par embarrasser 

la science3 @ la c?arger du poids étranger de toutes leurs idées",n ne doit pas regarder les mét?odes ue lesauteurs nous ont données sur l' ?istoire naturelleen général3 ou sur uelues&unes de ses parties3comme les ondements de la science3 et on nedoit s' en ser-ir ue comme de signes dont onest con-enu pour s' entendre" ;n eet3 ce ne sontue des rapports arbitraires et des points de -uediérents sous lesuels on a considéré les ob0etsde la nature3 et en ne aisant usage des mét?odes

ue dans cet esprit3 on peut en tirer uelueutilité car3 uoiue cela ne paraisse pas ortnécessaire3 cependant il pourrait tre bon u' onst toutes les esp/ces de plantes dont les euilles

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se ressemblent3 toutes celles dont les leurs sontsemblables3 toutes celles ui ont un certain nombred' étamines3 toutes celles ui ont de certainesglandes excrétoires et de mme dans les animaux3tous ceux ui ont un certain nombre demamelles3 tous ceux ui ont un certain nombre

de doigts" C?acune de ces mét?odes n' est3 @ parler -rai3 u' un dictionnaire o l' on trou-e les nomsrangés dans un ordre relati @ cette idée3 et par conséuent aussi arbitraire ue l' ordre alp?abétiue mais l' a-antage u' on en pourrait tirer3 c' estu' en comparant tous ces résultats3 on se retrou-eraitenin @ la -raie mét?ode3 ui est la descriptioncompl/te et l' ?istoire exacte de c?auec?ose en particulier"C' est ici le principal but u' on doi-e se proposer Bon peut se ser-ir d' une mét?ode dé0@ aite

comme d' une commodité pour étudier3 on doitla regarder comme une acilité pour s' entendre mais le seul et -rai mo.en d' a-ancer la science3est de tra-ailler @ la description et @ l' ?istoiredes diérentes c?oses ui en ont l' ob0et"Les c?oses par rapport @ nous ne sont rien enelles&mmes3 elles ne sont encore rien lorsu' ellesont un nom mais elles commencent @ exister pour nous lorsue nous leur connaissons desrapports3 des propriétés ce n' est mme ue par ces rapports ue nous pou-ons leur donner une

déinition or3 la déinition telle u' on peut laaire par une p?rase3 n' est encore ue la représentationtr/s&imparaite de la c?ose3 et nous nepou-ons 0amais bien déinir une c?ose sans la décrireexactement" C' est cette diiculté de aireune bonne déinition3 ue l' on retrou-e @ tousmoments dans toutes les mét?odes3 dans tousles abrégés u' on a tc?é de aire pour soulager la mémoire aussi doit&on dire ue dans lesc?oses naturelles il n' . a rien de bien déini uece ui est exactement décrit B or3 pour décrire

exactement3 il aut a-oir -u3 re-u3 examiné3comparé la c?ose u' on -eut décrire3 et tout celasans pré0ugé3 sans idées de s.st/me3 sans uoi la description n'a plus le caract/re de la -érité3ui est le seul u' elle puisse comporter" Le st.lemme de la description doit tre simple3 net etmesuré il n' est pas susceptible d' élé-ation3 d' agréments3encore moins d' écarts3 de plaisanteriesou d' éui-oue le seul ornement u' on puisselui donner3 c' est de la noblesse dans l' expression3du c?oix et de la propriété dans les termes"Dans le grand nombre d' auteurs ui ont écritsur l' ?istoire naturelle3 il . en a ort peu uiaient bien décrit" :eprésenter naO-ement et nettementles c?oses3 sans les c?anger ni les diminuer3

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et sans . rien a0outer de son imagination3est un talent d' autant plus louable u' il estmoins brillant3 et u' il ne peut tre senti ued' un petit nombre de personnes capables d' unecertaine attention nécessaire pour sui-re lesc?oses 0usue dans les petits détails B rien n' est

plus commun ue des ou-rages embarrassésd' une nombreuse et s/c?e nomenclature3 demét?odes ennu.euses et peu naturelles dont lesauteurs croient se aire un mérite rien de si rareue de trou-er de l' exactitude dans les descriptions3de la nou-eauté dans les aits3 de la inessedans les obser-ations" <ldro-ande3 le plus laborieux et le plus sa-antde tous les naturalistes3 a laissé3 apr/s un tra-ailde soixante ans3 des -olumes immenses sur l' ?istoire naturelle3 ui ont été imprimés successi-ement3

et la plupart apr/s sa mort B on les réduirait@ la dixi/me partie si on en Etait toutesles inutilités et toutes les c?oses étrang/res @ sonsu0et @ cette prolixité pr/s3 ui3 0e l' a-oue3 estaccablante3 ses li-res doi-ent tre regardés commece u' il . a de mieux sur la totalité de l' ?istoirenaturelle le plan de son ou-rage est bon3 sesdistributions sont sensées3 ses di-isions bien maruées3ses descriptions asse+ exactes3 monotones@ la -érité3 mais id/les B l' ?istoriue est moinsbon3 sou-ent il est mlé de abuleux3 et l' auteur 

. laisse -oir trop de penc?ant @ la crédulité"*' ai été rappé3 en parcourant cet auteur3 d' un

pP

déaut ou d' un exc/s u' on retrou-e presue danstous les li-res aits il . a cent ou deux cents ans3et ue les sa-ants d' <llemagne ont encore au0ourd' ?ui c' est de cette uantité d' érudition inutile

dont ils grossissent @ dessein leurs ou-rages3en sorte ue le su0et u' ils traitent est no.é dansune uantité de mati/res étrang/res sur lesuellesils raisonnent a-ec tant de complaisanceet s' étendent a-ec si peu de ménagement pour les lecteurs3 u' ils semblent a-oir oublié ce u' ilsa-aient @ -ous dire3 pour ne -ous raconter uece u' ont dit les autres" *e me représente un?omme comme <ldro-ande3 a.ant une ois conçule dessein de aire un corps complet d' ?istoirenaturelle3 0e le -ois dans sa bibliot?/ue lire

successi-ement les anciens3 les modernes3 lesp?ilosop?es3 les t?éologiens3 les 0urisconsultes3les ?istoriens3 les -o.ageurs3 les poQtes3 et liresans autre but ue de saisir tous les mots3 toutes

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les p?rases ui de pr/s ou de loin ont rapport @son ob0et 0e le -ois copier et aire copier toutesces remarues et les ranger par lettres alp?abétiues3et apr/s a-oir rempli plusieurs porteeuillesde notes de toute esp/ce3 prises sou-entsans examen et sans c?oix3 commencer @ tra-ailler 

un su0et particulier3 et ne -ouloir rienperdre de tout ce u' il a ramassé en sorte u' @l' occasion de l' ?istoire naturelle du co ou duboeu3 il -ous raconte tout ce ui a 0amais étédit des cos ou des boeus3 tout ce u' on a imaginéde leurs -ertus3 de leur caract/re3 de leur courage3 toutes les c?oses auxuelles on a -oulules emplo.er3 tous les contes ue les bonnesemmes en ont aits3 tous les miracles u' on leur a ait aire dans certaines religions3 tous les su0etsde superstition u' ils ont ournis3 toutes les comparaisons

ue les poQtes en ont tirées3 tous lesattributs ue certains peuples leur ont accordés3toutes les représentations u' on en a aites dansles ?iérogl.p?es3 dans les armoiries3 en un mottoutes les ?istoires et toutes les ables dont ons' est 0amais a-isé au su0et des cos ou des boeus"u' on 0uge apr/s cela de la portion d' ?istoire naturelleu' on doit s' attendre @ trou-er dans ceatras d' écritures et si en eet l' auteur ne l' etpas mise dans des articles séparés des autres3elle n' aurait pas été trou-able3 ou du moins elle

n' aurait pas -alu la peine d' . tre c?erc?ée",n s' est tout @ ait corrigé de ce déaut dansce si/cle l' ordre et la précision a-ec lauelle onécrit maintenant ont rendu les sciences plusagréables3 plus aisées3 et 0e suis persuadé uecette diérence de st.le contribue peut&tre autant@ leur a-ancement ue l' esprit de rec?erc?eui r/gne au0ourd' ?ui car nos prédécesseursc?erc?aient comme nous3 mais ils ramassaienttout ce ui se présentait au lieu ue nous re0etonsce ui nous paraAt a-oir peu de -aleur3 et

ue nous préérons un petit ou-rage bien raisonné@ un gros -olume bien sa-ant seulementil est @ craindre ue3 -enant @ mépriser l' érudition3nous ne -enions aussi @ imaginer ue l' espritpeut suppléer @ tout3 et ue la science n' estu' un -ain nom"Les gens sensés cependant sentiront tou0oursue la seule et -raie science est la connaissancedes aits3 l' esprit ne peut pas . suppléer3 et lesaits sont dans les sciences ce u' est l' expériencedans la -ie ci-ile" ,n pourrait donc di-iser toutesles sciences en deux classes principales3 ui contiendraienttout ce u' il con-ient @ l' ?omme desa-oir la premi/re est l' ?istoire ci-ile3 et la secondel' ?istoire naturelle3 toutes deux ondées

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sur des aits u' il est sou-ent important et tou0oursagréable de connaAtre B la premi/re est l' étudedes ?ommes d' état3 la seconde est celle desp?ilosop?es B et uoiue l' utilité de celle&ci nesoit peut&tre pas aussi proc?aine ue celle del' autre3 on peut cependant assurer ue l' ?istoire

naturelle est la source des autres sciences p?.siueset la m/re de tous les arts B combien derem/des excellents la médecine n' a&t&elle pastirés de certaines productions de la nature 0usu' alorsinconnues M Combien de ric?esses lesarts n' ont&ils pas trou-ées de plusieurs mati/resautreois méprisées M Il . a plus3 c' est ue toutesles idées des arts ont leurs mod/les dans les productionsde la nature B Dieu a créé3 et l' ?ommeimite toutes les in-entions des ?ommes3 soitpour la nécessité3 soit pour la commodité3 ne

sont ue des imitations asse+ grossi/res de ceue la nature exécute a-ec la derni/re perection">ais sans insister plus longtemps sur l' utilitéu' on doit tirer de l' ?istoire naturelle3 soit par rapport aux autres sciences3 soit par rapport auxarts3 re-enons @ notre ob0et principal3 @ la mani/rede l' étudier et de la traiter" La descriptionexacte et l' ?istoire id/le de c?aue c?ose est3comme nous l' a-ons dit3 le seul but u' on doi-ese proposer d' abord" Dans la description3 on doitaire entrer la orme3 la grandeur3 le poids3 les

couleurs3 les situations de repos et de mou-ements3la position des parties3 leurs rapports3leur igure3 leur action3 et toutes les onctionsextérieures B si l' on peut 0oindre @ tout cela l' expositiondes parties intérieures3 la descriptionn' en sera ue plus compl/te seulement on doitprendre garde de tomber dans de trop petits détails3

p62

ou de s' appesantir sur la description deuelues parties peu importantes3 et de traiter trop lég/rement les c?oses essentielles et principales"L' ?istoire doit sui-re la description3 etdoit uniuement rouler sur les rapports ue lesc?oses naturelles ont entre elles et a-ec nous l' ?istoire d' un animal doit tre3 non pas l' ?istoirede l' indi-idu3 mais celle de l' esp/ce enti/re deces animaux elle doit comprendre leur génération3le temps de la prégnation3 celui de l' accouc?ement3

le nombre de petits3 les soins desp/res et des m/res3 leur esp/ce d' éducation3 leur instinct3 les lieux de leur ?abitation3 leur nourriture3la mani/re dont ils se la procurent3 leurs

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moeurs3 leurs ruses3 leur c?asse3 ensuite les ser-icesu' ils peu-ent nous rendre3 et toutes lesutilités ou les commodités ue nous pou-ons entirer et lorsue dans l' intérieur du corps del' animal il . a des c?oses remaruables3 soit par la conormation3 soit pour les usages u' on en

peut aire3 on doit les a0outer ou @ la descriptionou @ l' ?istoire mais ce serait un ob0et étranger @ l' ?istoire naturelle3 ue d' entrer dans un examenanatomiue trop circonstancié3 ou du moinsce n' est pas son ob0et principal3 et il aut réser-er ces détails pour ser-ir de mémoire sur l' anatomiecomparée"Ce plan général doit tre sui-i et rempli a-ectoute l' exactitude possible3 et pour ne pas tomber dans une répétition trop réuente du mme ordre3pour é-iter la monotonie du st.le3 il aut -arier 

la orme des descriptions et c?anger le ilde l' ?istoire3 selon u' on le 0ugera nécessaire demme pour rendre les descriptions moins s/c?es3. mler uelues aits3 uelues comparaisons3uelues rélexions sur les usages des diérentesparties3 en un mot3 aire en sorte u' on puisse-ous lire sans ennui aussi bien ue sanscontention" < l' égard de l' ordre général et de la mét?odede distribution des diérents su0ets de l' ?istoirenaturelle3 on pourrait dire u' il est purement

arbitraire3 et d/s lors on est asse+ le maAtre dec?oisir celui u' on regarde comme le plus commodeou le plus communément reçu mais a-antue de donner les raisons ui pourraient déterminer @ adopter un ordre plutEt u' un autre3 il estnécessaire de aire encore uelues rélexions3par lesuelles nous tc?erons de aire sentir ceu' il peut . a-oir de réel dans les di-isions uel' on a aites dans les productions naturelles"#our le reconnaAtre3 il aut nous déaire uninstant de tous nos pré0ugés3 et mme nous dépouiller 

de nos idées" Imaginons un ?omme uia en eet tout oublié ou ui s' é-eille tout neu pour les ob0ets ui l' en-ironnent plaçons cet?omme dans une campagne o les animaux3 lesoiseaux3 les poissons3 les plantes3 les pierres seprésentent successi-ement @ ses .eux" Dans lespremiers instants3 cet ?omme ne distinguera rienet conondra tout mais laissons ses idées s' aermir peu @ peu par des sensations réitérées desmmes ob0ets bientEt il se ormera une idée généralede la mati/re animée3 il la distinguera aisémentde la mati/re inanimée3 et peu de tempsapr/s il distinguera tr/s&bien la mati/re animéede la mati/re -égétati-e3 et naturellement il arri-era@ cette premi/re grande di-ision B animal3

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-égétal et minéral et comme il aura pris enmme temps une idée nette de ces grands ob0etssi diérents3 la terre3 l' air et l' eau3 il -iendraen peu de temps @ se ormer une idée particuli/redes animaux ui ?abitent la terre3 de ceux uidemeurent dans l' eau3 et de ceux ui s' él/-ent

dans l' air3 et par conséuent il se era aisément@ lui&mme cette seconde di-ision B animauxuadrup/des3 oiseaux3 poissons" Il en est demme3 dans le r/gne -égétal3 des arbres et desplantes" Il les distinguera tr/s&bien3 soit par leur grandeur3 soit par leur substance3 soit par leur igure" oil@ ce ue la simple inspection doit nécessairementlui donner3 et ce u' a-ec une tr/s&lég/reattention il ne peut manuer de reconnaAtre c' est l@ aussi ce ue nous de-ons regarder comme réel3 et ue nous de-ons respecter 

comme une di-ision donnée par la nature mme";nsuite mettons&nous @ la place de cet ?omme3ou supposons u' il ait acuis autant de connaissances3et u' il ait autant d' expérience ue nousen a-ons3 il -iendra @ 0uger les ob0ets de l' ?istoirenaturelle par les rapports u' ils auront a-eclui ceux ui lui seront les plus nécessaires3 lesplus utiles3 tiendront le premier rang par exemple3il donnera la préérence3 dans l' ordre desanimaux3 au c?e-al3 au c?ien3 au boeu3 etc""3 et ilconnaAtra tou0ours mieux ceux ui lui seront les

plus amiliers ensuite il s' occupera de ceux ui3sans tre amiliers3 ne laissent pas ue d' ?abiter les mmes lieux3 les mmes climats3 comme lescers3 les li/-res et tous les animaux sau-ages3 etce ne sera u' apr/s toutes ces connaissances acuisesue sa curiosité le portera @ rec?erc?er ceue peu-ent tre les animaux des climats étrangers3comme les élép?ants3 les dromadaires3 etc"""Il en sera de mme pour les poissons3 pour les oiseaux3pour les insectes3 pour les couillages3pour les plantes3 pour les minéraux et pour toutes

les autres productions de la nature il les étudiera

p66

@ proportion de l' utilité u' il en pourra tirer3 illes considérera @ mesure u' ils se présenterontplus amili/rement3 et il les rangera dans sa tterelati-ement @ cet ordre de ses connaissances3 parceue c' est en eet l' ordre selon leuel il les a acuises3

et selon leuel il lui importe de les conser-er"Cet ordre3 le plus naturel de tous3 est celui uenous a-ons cru de-oir sui-re" Notre mét?ode dedistribution n' est pas plus m.stérieuse ue ce

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u' on -ient de -oir nous partons des di-isionsgénérales telles u' on -ient de les indiuer3 etue personne ne peut contester ensuite nousprenons des ob0ets ui nous intéressent le pluspar les rapports u' ils ont a-ec nous de l@ nouspassons peu @ peu 0usu' @ ceux ui sont les plus

éloignés3 et ui nous sont étrangers3 et nouscro.ons ue cette açon simple et naturelle deconsidérer les c?oses est préérable aux mét?odesles plus rec?erc?ées et les plus composées3 parceu' il n' . en a pas une3 et de celles ui sont aites3et de toutes celles ue l' on peut aire3 o il n' .ait plus d' arbitraire ue dans celle&ci3 et u' @tout prendre il nous est plus acile3 plus agréableet plus utile de considérer les c?oses par rapport@ nous3 ue sous un autre point de -ue"*e pré-ois u' on pourra nous aire deux ob0ections3

la premi/re3 c' est ue ces grandes di-isionsue nous regardons comme réelles ne sont peut&trepas exactes ue3 par exemple3 nous nesommes pas srs u' on puisse tirer une ligne deséparation entre le r/gne animal et le r/gne -égétal3ou bien entre le r/gne -égétal et le minéral3et ue dans la nature il peut se trou-er desc?oses ui participent également des propriétésde l' un et de l' autre3 lesuelles par conséuentne peu-ent entrer ni dans l' une ni dans l' autre deces di-isions"

 < cela 0e réponds ue s' il existe des c?osesui soient exactement moitié animal et moitiéplante3 ou moitié minéral3 etc""3 elles nous sontencore inconnues en sorte ue dans le ait ladi-ision est enti/re et exacte3 et on sent bien ueplus les di-isions seront générales3 moins il .aura de risue de rencontrer des ob0ets mi&partisui participeraient de la nature des deux c?osescomprises dans ces di-isions en sorte ue cettemme ob0ection ue nous a-ons emplo.ée a-eca-antage contre les distributions particuli/res3 ne

peut a-oir lieu lorsu' il s' agira de di-isions aussigénérales ue l' est celle&ci3 surtout si l' on nerend pas ces di-isions exclusi-es3 et si l' on neprétend pas . comprendre sans exception3 non&seulementtous les tres connus3 mais encore tousceux u' on pourrait décou-rir @ l' a-enir" D' ailleurs3si l' on . ait attention3 on -erra bien uenos idées générales n' étant composées ue d' idéesparticuli/res3 elles sont relati-es @ une éc?ellecontinue d' ob0ets3 de lauelle nous n' aperce-onsnettement ue les milieux3 et dont les deux extrémitésuient et éc?appent tou0ours de plus en plus@ nos considérations3 de sorte ue nous ne nousattac?ons 0amais u' au gros des c?oses3 et uepar conséuent on ne doit pas croire ue nos

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idées3 uelue générales u' elles puissent tre3comprennent les idées particuli/res de toutes lesc?oses existantes et possibles"La seconde ob0ection u' on nous era sansdoute3 c' est u' en sui-ant dans notre ou-ragel' ordre ue nous a-ons indiué3 nous tomberons

dans l' incon-énient de mettre ensemble desob0ets tr/s&diérents par exemple3 dans l' ?istoiredes animaux3 si nous commençons par ceuxui nous sont les plus utiles3 les plus amiliers3nous serons obligés de donner l' ?istoire du c?ienapr/s ou a-ant celle du c?e-al3 ce ui ne paraAtpas naturel3 parce ue ces animaux sont si diérents@ tous autres égards3 u' ils ne paraissentpoint du tout aits pour tre mis si pr/s l' un del' autre dans un traité d' ?istoire naturelle et ona0outera peut&tre u' il aurait mieux -alu sui-re

la mét?ode ancienne de la di-ision des animauxen solip/des3 pieds&ourc?us et issip/des3 ou lamét?ode nou-elle de la di-ision des animaux par les dents3 les mamelles3 etc"""Cette ob0ection3 ui d' abord pourrait paraAtrespécieuse3 s' é-anouira d/s u' on l' aura examinée"Ne -aut&il pas mieux ranger3 non&seulementdans un traité d' ?istoire naturelle3 mais mmedans un tableau ou partout ailleurs3 les ob0etsdans l' ordre et dans la position o ils se trou-entordinairement3 ue de les orcer @ se trou-er ensemble

en -ertu d' une supposition J Ne -aut&ilpas mieux aire sui-re le c?e-al ui est solip/de3par le c?ien ui est issip/de3 et ui a coutumede le sui-re en eet3 ue par un +/bre ui nousest peu connu3 et ui n' a peut&tre d' autre rapporta-ec le c?e-al ue d' tre solip/de J D' ailleurs3n' . a&t&il pas le mme incon-énient pour les diérencesdans cet arrangement ue dans le nEtre J=n lion3 parce u' il est issip/de3 ressemble&t&il@ un rat ui est aussi issip/de3 plus u' un c?e-alne ressemble @ un c?ien J =n élép?ant solip/de

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ressemble&t&il plus @ un ne solip/de aussi3u' @ un cer ui est pied&ourc?u J ;t si on -eut se ser-ir de la nou-elle mét?ode dans lauelle les dents etles mamelles sont les caract/res spéciiuus3 etsur lesuels sont ondées les di-isions et les distributions3trou-era&t&on u' un lion ressemble

plus @ une c?au-e&souris3 u' un c?e-al ne ressemble@ un c?ien J ,u bien3 pour aire notrecomparaison encore plus exactement3 un c?e-alressemble&t&il plus @ un coc?on u' @ un c?ien3

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ou un c?ien ressemble&t&il plus @ une taupe u' @un c?e-al J ;t puisu' il . a autant d' incon-énientset des diérences aussi grandes dans ces mét?odesd' arrangement ue dans la nEtre3 et ue d' ailleursces mét?odes n' ont pas les mmes a-antages3et u' elles sont beaucoup plus éloignées

de la açon ordinaire et naturelle de considérer les c?oses3 nous cro.ons a-oir eu des raisonssuisantes pour lui donner la préérence3 et nesui-re dans nos distributions ue l' ordre des rapportsue les c?oses nous ont paru a-oir a-ecnous&mmes"Nous n' examinerons pas en détail toutes lesmét?odes artiicielles ue l' on a données pour ladi-ision des animaux3 elles sont toutes plus oumoins su0ettes aux incon-énients dont nous a-onsparlé au su0et des mét?odes de botaniue3 et il

nous paraAt ue l' examen d' une seule de ces mét?odessuit pour aire décou-rir les déauts desautres ainsi nous nous bornerons ici @ examiner celle de Linnaeus3 ui est la plus nou-elle3 ainu' on soit en état de 0uger si nous a-ons eu raisonde la re0eter3 et de nous attac?er seulement@ l' ordre naturel dans leuel tous les ?ommes ontcoutume de -oir et de considérer les c?oses"Linnaeus di-ise tous les animaux en six classes3sa-oir3 les uadrup/des3 les oiseaux3 les amp?ibies3les poissons3 les insectes et les -ers" Cette

premi/re di-ision est3 comme l' on -oit3 tr/s&arbitraireet ort incompl/te3 car elle ne nousdonne aucune idée de certains genres d' animaux3ui sont cependant tr/s&considérables et tr/s&étendus3les serpents3 par exemple3 les couillages3les crustacés3 et il paraAt au premier coupd' oeil u' ils ont été oubliés car on n' imagine pasd' abord ue les serpents soient des amp?ibies les crustacés des insectes3 et les couillages des-ers" <u lieu de ne aire ue six classes3 si cetauteur en et ait dou+e ou da-antage3 et u' il et

dit les uadrup/des3 les oiseaux3 les reptiles3 lesamp?ibies3 les poissons cétacés3 les poissons o-ipares3les poissons mous3 les crustacés3 les couillages3les insectes de terre3 les insectes demer3 les insectes d' eau douce3 etc""3 il et parléplus clairement3 et ses di-isions eussent été plus-raies et moins arbitraires car en général pluson augmentera le nombre des di-isions des productionsnaturelles3 plus on approc?era du -rai3puisu' il n' existe réellement dans la nature uedes indi-idus3 et ue les genres3 les ordres et lesclasses n' existent ue dans notre imagination"8i l' on examine les caract/res généraux u' ilemploie3 et la mani/re dont il ait ses di-isionsparticuli/res3 on . trou-era encore des déauts

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bien plus essentiels par exemple3 un caract/regénéral comme celui pris des mamelles pour ladi-ision des uadrup/des3 de-rait au moins appartenir @ tous les uadrup/des cependant depuis <ristote on sait ue le c?e-al n' a point demamelles"

Il di-ise la classe des uadrup/des en cinordres3 le premier ant?ropomorp?a3 le seconderae3 le troisi/me glires3 le uatri/me 0umenta3et le cinui/me pecora et ces cin ordres renerment3selon lui3 tous les animaux uadrup/des",n -a -oir3 par l' exposition et l' énumérationmme de ces cin ordres3 ue cette di-ision estnon&seulement arbitraire3 mais encore tr/s&malimaginée car cet auteur met dans le premier ordre l' ?omme3 le singe3 le paresseux et le lé+ardécailleux" Il aut bien a-oir la manie de aire des

classes3 pour mettre ensemble des tres aussidiérents ue l' ?omme et le paresseux3 ou lesinge et le lé+ard écailleux" #assons au secondordre u' il appelle erae3 les btes éroces ilcommence en eet par le lion3 le tigre3 mais ilcontinue par le c?at3 la belette3 la loutre3 le -eaumarin3 le c?ien3 l' ours3 le blaireau3 et init par le?érisson3 la taupe et la c?au-e&souris" <urait&on 0amais cru ue le nom de erae en latin3 btessau-ages ou éroces en rançais3 et pu tredonné @ la c?au-e&souris3 @ la taupe3 au ?érisson J

ue les animaux domestiues3 comme lec?ien et le c?at3 ussent des btes sau-ages J ;tn' . a&t&il pas @ cela une aussi grande éui-ouede bon sens ue de mots J >ais -o.ons le troisi/meordre3 glires3 les loirs ces loirs de Linnaeussont le porc&épic3 le li/-re3 l' écureuil3 lecastor et les rats 0' a-oue ue dans tout cela 0e ne

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-ois u' une esp/ce de rats ui soit en eet un loir" Leuatri/me ordre est celui des 0umenta ou btes desomme ces btes de somme sont l' élép?ant3l' ?ippopotame3 la musaraigne3 le c?e-al et le coc?on3autre assemblage3 comme on -oit3 ui estaussi gratuit et aussi bi+arre ue si l' auteur ettra-aillé dans le dessein de le rendre tel" ;ninle cinui/me ordre3 pecora3 ou le bétail3 comprendle c?ameau3 le cer3 le bouc3 le bélier et leboeu mais uelle diérence n' . a&t&il pas entre

un c?ameau et un bélier3 ou entre un cer et unbouc J ;t uelle raison peut&on a-oir pour prétendreue ce soient des animaux du mme ordre3si ce n' est ue -oulant absolument aire des

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ordres et n' en aire u' un petit nombre3 il autbien . rece-oir des btes de toute esp/ce J ;nsuite3en examinant les derni/res di-isions desanimaux en esp/ces particuli/res3 on trou-e uele loup&cer-ier n' est u' une esp/ce de c?at3 lerenard et le loup une esp/ce de c?ien3 la ci-ette

une esp/ce de blaireau3 le coc?on d' Inde uneesp/ce de li/-re3 le rat d' eau une esp/ce de castor3le r?inocéros une esp/ce d' élép?ant3 l' neune esp/ce de c?e-al3 etc""3 et tout cela parce u' il . auelues petits rapports entre le nombre des mamelleset des dents de ces animaux3 ou uelue ressemblancelég/re dans la orme de leurs cornes"oil@ pourtant3 et sans rien . omettre3 @ uoi seréduit ce s.st/me de la nature pour les animauxuadrup/des" Ne serait&il pas plus simple3 plusnaturel et plus -rai de dire u' un ne est un ne3

et un c?at un c?at3 ue de -ouloir3 sans sa-oir pouruoi3 u' un ne soit un c?e-al3 et un c?atun loup&cer-ier J,n peut 0uger par cet éc?antillon de tout lereste du s.st/me" Les serpents3 selon cet auteur3sont des amp?ibies3 les écre-isses sont des insectes3et non&seulement des insectes3 mais desinsectes du mme ordre ue les poux et lespuces et tous les couillages3 les crustacés et lespoissons mous sont des -ers les ?uAtres3 lesmoules3 les oursins3 les étoiles de mer3 les s/c?es3

etc""3 ne sont3 selon cet auteur3 ue des-ers" ;n aut&il da-antage pour aire sentir combientoutes ces di-isions sont arbitraires3 et cettemét?ode mal ondée J,n reproc?e aux anciens de n' a-oir pas aitdes mét?odes3 et les modernes se croient ortau&dessus d' eux parce u' ils ont ait un grandnombre de ces arrangements mét?odiues et deces dictionnaires dont nous -enons de parler ilsse sont persuadés ue cela seul suit pour prou-er ue les anciens n' a-aient pas @ beaucoup

pr/s autant de connaissances en ?istoire naturelleue nous en a-ons cependant c' est tout le contraire3et nous aurons dans la suite de cet ou-ragemille occasions de prou-er ue les anciensétaient beaucoup plus a-ancés et plus instruitsue nous ne le sommes3 0e ne dis pas en p?.siue3mais dans l' ?istoire naturelle des animauxet des -égétaux3 et ue les aits de cette ?istoireleur étaient bien plus amiliers u' @ nous ui aurionsd proiter de leurs décou-ertes et de leursremarues" ;n attendant u' on en -oie desexemples en détail3 nous nous contenterons d' indiuer ici les raisons générales ui suiraientpour le aire penser3 uand mme on n' en auraitpas des preu-es particuli/res"

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La langue grecue est une des plus anciennes3et celle dont on a ait le plus longtemps usage Ba-ant et depuis Hom/re on a écrit et parlé grec 0usu' au trei+i/me ou uator+i/me si/cle3 et actuellementencore3 le grec corrompu par lesidiomes étrangers ne di/re pas autant du grec

ancien ue l' italien di/re du latin" Cette langue3u' on doit regarder comme la plus paraite et laplus abondante de toutes3 était d/s le temps d' Hom/re

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portée @ un grand point de perection3 ce uisuppose nécessairement une ancienneté considérablea-ant le si/cle mme de ce grand poQte

car on pourrait estimer l' ancienneté ou la nou-eautéd' une langue par la uantité plus ou moinsgrande des mots3 et la -ariété plus ou moinsnuancée des constructions B or nous a-ons danscette langue des noms d' une tr/s&grande uantitéde c?oses ui n' ont aucun nom en latin ou enrançais les animaux les plus rares3 certainesesp/ces d' oiseaux ou de poissons3 ou de minérauxu' on ne rencontre ue tr/s&diicilement3 tr/s&rarement3ou des noms et des noms constantsdans cette langue B preu-e é-idente ue ces ob0ets

de l' ?istoire naturelle étaient connus3 et ueles %recs non&seulement les connaissaient3 maismme u' ils en a-aient une idée précise3 u' ilsne pou-aient a-oir acuise ue par une étude deces mmes ob0ets3 étude ui suppose nécessairementdes obser-ations et des remarues B ils ontmme des noms pour les -ariétés3 et ce ue nousne pou-ons représenter ue par une p?rase3 senomme dans cette langue par un seul substanti"Cette abondance de mots3 cette ric?esse d' expressionsnettes et précises3 ne supposent&elles pas

la mme abondance d' idées et de connaissances JNe -oit&on pas ue des gens ui a-aient nommébeaucoup plus de c?oses ue nous3 en connaissaientpar conséuent beaucoup plus J ;t cependantils n' a-aient pas ait3 comme nous3 des mét?odeset des arrangements arbitraires ilspensaient ue la -raie science est la connaissancedes aits ue pour l' acuérir il allait se amiliariser a-ec les productions de la nature3 donner des noms @ toutes3 ain de les aire reconnaAtre3de pou-oir s' en entretenir3 de se représenter plus

sou-ent les idées des c?oses rares et singuli/res3et de multiplier ainsi des connaissances ui sanscela se seraient peut&tre é-anouies3 rien n' étantplus su0et @ l' oubli ue ce ui n' a pas de nom"

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9out ce ui n' est pas d' un usage commun ne sesoutient ue par le secours des représentations"D' ailleurs tous les anciens ui ont écrit sur l' ?istoire naturelle étaient de grands ?ommesui ne s' étaient pas bornés @ cette seule étude ils a-aient l' esprit éle-é3 des connaissances -ariées3

approondies3 et des -ues générales et s' ilnous paraAt au premier coup d' oeil u' il leur manut un peu d' exactitude dans de certainsdétails3 il est aisé de reconnaAtre3 en lisant a-ecrélexion3 u' ils ne pensaient pas ue les petitesc?oses méritassent une attention aussi grandeue celle u' on leur a donnée dans ces dernierstemps et uelue reproc?e ue les modernespuissent aire aux anciens3 il me paraAt u' <ristote39?éop?raste et #line3 ui ont été les premiersnaturalistes3 sont aussi les plus grands @

certains égards" L' ?istoire des animaux d' <ristoteest peut&tre encore au0ourd' ?ui ce ue nousa-ons de mieux ait en ce genre3 et il serait ort@ désirer u' il nous et laissé uelue c?osed' aussi complet sur les -égétaux et sur les minéraux mais les deux li-res des plantes ue ueluesauteurs lui attribuent ne ressemblent pas @ses autres ou-rages3 et ne sont pas en eet delui" Il est -rai ue la botaniue n' était pas ort en?onneur de son temps les %recs et mme les:omains ne la regardaient pas comme une science

ui dt exister par elle&mme3 et ui dt aireun ob0et @ part ils ne la considéraient ue relati-ement@ l' agriculture3 au 0ardinage3 @ la médecineet aux arts et uoiue 9?éop?raste3 discipled' <ristote3 connt plus de cin cents genresde plantes3 et ue #line en cite plus de mille3 ilsn' en parlent ue pour nous en apprendre la culture3ou pour nous dire ue les unes entrentdans la composition des drogues3 ue les autressont d' usage pour les arts3 ue d' autres ser-ent@ orner nos 0ardins3 etc"" en un mot3 ils ne les

consid/rent ue par l' utilité u' on en peut tirer3et ils ne se sont pas attac?és @ les décrireexactement"L' ?istoire des animaux leur était mieux connueue celle des plantes" <lexandre donna des ordreset it des dépenses tr/s&considérables pour rassembler des animaux et en aire -enir de tousles pa.s3 et il mit <ristote en état de les bienobser-er il paraAt par son ou-rage u' il les connaissaitpeut&tre mieux3 et sous des -ues plusgénérales u' on ne les connaAt au0ourd' ?ui" ;nin3uoiue les modernes aient a0outé leursdécou-ertes @ celles des anciens3 0e ne -ois pasue nous a.ons sur l' ?istoire naturelle beaucoupd' ou-rages modernes u' on puisse mettre au&dessus

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d' <ristote et de #line mais comme lapré-ention naturelle u' on a pour son si/clepourrait persuader ue ce ue 0e -iens de direest a-ancé témérairement3 0e -ais aire en peu demots l' exposition du plan de leurs ou-rages" <ristote commence son ?istoire des animaux

par établir des diérences et des ressemblancesgénérales entre les diérents genres d' animaux au lieu de les di-iser par de petits caract/resparticuliers3 comme l' ont ait les modernes3 ilrapporte ?istoriuement tous les aits et toutesles obser-ations ui portent sur des rapportsgénéraux et sur des caract/res sensibles il tireces caract/res de la orme3 de la couleur3 de la

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grandeur et de toutes les ualités extérieures del' animal entier3 et aussi du nombre et de la positionde ses parties3 de la grandeur3 du mou-ement3de la orme de ses membres3 des rapportssemblables ou diérents ui se trou-ent dans cesmmes parties comparées3 et il donne partoutdes exemples pour se aire mieux entendre ilconsid/re aussi les diérences des animaux par leur açon de -i-re3 leurs actions et leurs moeurs3

leurs ?abitations3 etc"" il parle des parties uisont communes et essentielles aux animaux3 etde celles ui peu-ent manuer et ui manuenten eet @ plusieurs esp/ces d' animaux B R lesens du touc?er3 dit&il3 est la c?ose u' on doi-eregarder comme nécessaire3 et ui ne doit manuer @ aucun animal et comme ce sens est commun@ tous les animaux3 il n' est pas possible dedonner un nom @ la partie de leur corps danslauelle réside la aculté de sentir" Les partiesles plus essentielles sont celles par lesuelles

l' animal prend sa nourriture3 celles ui reçoi-entet dig/rent cette nourriture3 et celles par o ilen rend le superlu" R il examine ensuite les -ariétésde la génération des animaux3 celles deleurs membres et de leurs diérentes parties uiser-ent @ leurs mou-ements et @ leurs onctionsnaturelles" Ces obser-ations générales et préliminairesont un tableau dont toutes les partiessont intéressantes3 et ce grand p?ilosop?e ditaussi u' il les a présentées sous cet aspect pour donner un a-ant&got de ce ui doit sui-re3 et

aire naAtre l' attention u' exige l' ?istoire particuli/rede c?aue animal3 ou plutEt de c?auec?ose"Il commence par l' ?omme3 et il le décrit le

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premier3 plutEt parce u' il est l' animal le mieuxconnu3 ue parce u' il est le plus parait et pour rendre sa description moins s/c?e et plus piuante3il tc?e de tirer des connaissances moralesen parcourant les rapports p?.siues du corps?umain il indiue les caract/res des ?ommes

par les traits de leur -isage B se bien connaAtreen p?.sionomie3 serait en eet une science bienutile @ celui ui l' aurait acuise mais peut&onla tirer de l' ?istoire naturelle J Il décrit doncl' ?omme par toutes ses parties extérieures etintérieures3 et cette description est la seule uisoit enti/re B au lieu de décrire c?aue animal enparticulier3 il les ait connaAtre tous par les rapportsue toutes les parties de leur corps onta-ec celles du corps de l' ?omme B lorsu' il décrit3par exemple3 la tte ?umaine3 il compare

a-ec elle la tte de diérentes esp/ces d' animaux il en est de mme de toutes les autres parties @la description du poumon de l' ?omme3 il rapporte?istoriuement tout ce u' on sa-ait despoumons des animaux3 et il ait l' ?istoire de ceuxui en manuent B de mme @ l' occasion des partiesde la génération3 il rapporte toutes les -ariétésdes animaux dans la mani/re de s' accoupler3d' engendrer3 de porter et d' accouc?er3 etc"" B @l' occasion du sang3 il ait l' ?istoire des animauxui en sont pri-és3 et sui-ant ainsi ce plan de

comparaison3 dans leuel3 comme l' on -oit3l' ?omme sert de mod/le3 et ne donnant ue lesdiérences u' il . a des animaux @ l' ?omme3 etde c?aue partie des animaux @ c?aue partie del' ?omme3 il retranc?e @ dessein toute descriptionparticuli/re3 il é-ite par l@ toute répétition3 ilaccumule les aits3 et il n' écrit pas un mot uisoit inutile aussi a&t&il compris dans un petit-olume un nombre presue inini de diérentsaits3 et 0e ne crois pas u' il soit possible de réduire@ de moindres termes tout ce u' il a-ait @

dire sur cette mati/re3 ui paraAt si peu susceptiblede cette précision3 u' il allait un géniecomme le sien pour . conser-er en mme tempsde l' ordre et de la netteté" Cet ou-rage d' <ristotes' est présenté @ mes .eux comme une table demati/res3 u' on aurait extraite a-ec le plus grandsoin de plusieurs milliers de -olumes remplis dedescriptions et d' obser-ations de toute esp/ce c' est l' abrégé le plus sa-ant ui ait 0amais étéait3 si la science est en eet l' ?istoire des aits Bet uand mme on supposerait u' <ristote auraittiré de tous les li-res de son temps ce u' il a misdans le sien3 le plan de l' ou-rage3 sa distribution3le c?oix des exemples3 la 0ustesse des comparaisons3une certaine tournure dans les idées3

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ue 0' appellerais -olontiers le caract/re p?ilosop?iue3ne laissent pas douter un instant u' ilne t lui&mme bien plus ric?e ue ceux dont ilaurait emprunté"#line a tra-aillé sur un plan bien plus grand3et peut&tre trop -aste il a -oulu tout embrasser3

et il semble a-oir mesuré la nature etl' a-oir trou-ée trop petite encore pour l' étenduede son esprit B son ?istoire naturelle comprend3indépendamment de l' ?istoire des animaux3 desplantes et des minéraux3 l' ?istoire du ciel et dela terre3 la médecine3 le commerce3 la na-igation3l' ?istoire des arts libéraux et mécaniues3l' origine des usages3 enin toutes les sciencesnaturelles et tous les arts ?umains et ce u' il .a d' étonnant3 c' est ue dans c?aue partie #lineest également grand3 l' élé-ation des idées3 la

noblesse du st.le rel/-ent encore sa proondeérudition non&seulement il sa-ait tout ce u' on

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pou-ait sa-oir de son temps3 mais il a-ait cetteacilité de penser en grand ui multiplie lascience il a-ait cette inesse de rélexion3 delauelle dépendent l' élégance et le got3 et il

communiue @ ses lecteurs une certaine libertéd' esprit3 une ?ardiesse de penser ui est le germede la p?ilosop?ie" 8on ou-rage3 tout aussi-arié ue la nature3 la peint tou0ours en beau c' est3 si l' on -eut3 une compilation de tout ceui a-ait été écrit a-ant lui3 une copie de tout ceui a-ait été ait d' excellent et d' utile @ sa-oir mais cette copie a de si grands traits3 cette compilationcontient des c?oses rassemblées d' unemani/re si neu-e3 u' elle est préérable @ la plupartdes ou-rages originaux ui traitent des

mmes mati/res"Nous a-ons dit ue l' ?istoire id/le et la descriptionexacte de c?aue c?ose étaient les deuxseuls ob0ets ue l' on de-ait se proposer d' aborddans l' étude de l' ?istoire naturelle" Les anciensont bien rempli le premier3 et sont peut&treautant au&dessus des modernes par cette premi/repartie3 ue ceux&ci sont au&dessus d' eux par laseconde car les anciens ont tr/s&bien traitél' ?istoriue de la -ie et des moeurs des animaux3de la culture et des usages des plantes3 des propriétés

et de l' emploi des minéraux3 et en mmetemps ils semblent a-oir négligé @ dessein ladescription de c?aue c?ose B ce n' est pas u' ilsne ussent tr/s&capables de la bien aire3 mais ils

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dédaignaient apparemment d' écrire des c?osesu' ils regardaient comme inutiles3 et cette açonde penser tenait @ uelue c?ose de général etn' était pas aussi déraisonnable u' on pourrait lecroire et mme ils ne pou-aient gu/re penser autrement" #remi/rement3 ils c?erc?aient @ tre

courts et @ ne mettre dans leurs ou-rages ue lesaits essentiels et utiles3 parce u' ils n' a-aientpas3 comme nous3 la acilité de multiplier lesli-res3 et de les grossir impunément" ;n secondlieu3 ils tournaient toutes les sciences du cEté del' utilité3 et donnaient beaucoup moins ue nous@ la -aine curiosité tout ce ui n' était pas intéressantpour la société3 pour la santé3 pour lesarts3 était négligé ils rapportaient tout @ l' ?ommemoral3 et ils ne cro.aient pas ue les c?osesui n' a-aient point d' usage ussent dignes de

l' occuper un insecte inutile dont nos obser-ateursadmirent les manoeu-res3 une ?erbe sans-ertu dont nos botanistes obser-ent les étamines3n' étaient pour eux u' un insecte ou une ?erbe Bon peut citer pour exemple le -ingt&septi/meli-re de #line3 reliua ?erbarum genera3 o ilmet ensemble toutes les ?erbes dont il ne aitpas grand cas3 u' il se contente de nommer par lettres alp?abétiues3 en indiuant seulementuelu' un de leurs caract/res généraux3 et deleurs usages pour la médecine" 9out cela -enait

du peu de got ue les anciens a-aient pour lap?.siue3 ou pour parler plus exactement3 commeils n' a-aient aucune idée de ce ue nous appelonsp?.siue particuli/re et expérimentale3 ilsne pensaient pas ue l' on pt tirer aucun a-antagede l' examen scrupuleux et de la descriptionexacte de toutes les parties d' une plante ou d' unpetit animal3 et ils ne -o.aient pas les rapportsue cela pou-ait a-oir a-ec l' explication desp?énom/nes de la nature"Cependant cet ob0et est le plus important3 et

il ne aut pas s' imaginer3 mme au0ourd' ?ui3 uedans l' étude de l' ?istoire naturelle on doi-e seborner uniuement @ aire des descriptions exacteset @ s' assurer seulement des aits particuliers c' est@ la -érité3 et comme nous l' a-ons dit3 le but essentielu' on doit se proposer d' abord mais il auttc?er de s' éle-er @ uelue c?ose de plus grandet de plus digne encore de nous occuper3 c' estde combiner les obser-ations3 de généraliser lesaits3 de les lier ensemble par la orce des analogies3et de tc?er d' arri-er @ ce ?aut degré deconnaissances o nous pou-ons 0uger ue les eetsparticuliers dépendent d' eets plus généraux3o nous pou-ons comparer la nature a-ec elle&mmedans ses grandes opérations3 et d' o nous

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pou-ons enin nous ou-rir des routes pour perectionner les diérentes parties de la p?.siue"=ne grande mémoire3 de l' assiduité et de l' attentionsuisent pour arri-er au premier but mais il aut ici uelue c?ose de plus3 il aut des-ues générales3 un coup d' oeil erme et un raisonnement

ormé plus encore par la rélexionue par l' étude il aut enin cette ualité d' espritui nous ait saisir les rapports éloignés3 lesrassembler et en ormer un corps d' idées raisonnées3apr/s en a-oir apprécié au 0uste les-raisemblances et en a-oir pesé les probabilités"C' est ici o l' on a besoin de mét?ode pour conduireson esprit3 non pas de celle dont nousa-ons parlé3 ui ne sert u' @ arranger arbitrairementdes mots3 mais de cette mét?ode ui soutientl' ordre mme des c?oses3 ui guide notre

raisonnement3 ui éclaire nos -ues3 les étend etnous empc?e de nous égarer"Les plus grands p?ilosop?es ont senti la nécessitéde cette mét?ode3 et mme ils ont -oulu nousen donner des principes et des essais mais lesuns ne nous ont laissé ue l' ?istoire de leurspensées3 et les autres la able de leur imagination

p6

et si uelues&uns se sont éle-és @ ce ?autpoint de métap?.siue d' o l' on peut -oir lesprincipes3 les rapports et l' ensemble des sciencesaucun ne nous a sur cela communiué ses idées3aucun ne nous a donné des conseils3 et la mét?odede bien conduire son esprit dans les sciencesest encore @ trou-er B au déaut de précepteson a substitué des exemples3 au lieu de principeson a emplo.é des déinitions3 au lieu de aitsa-érés3 des suppositions ?asardées"

Dans ce si/cle mme o les sciences paraissenttre culti-ées a-ec soin3 0e crois u' il est aisé des' aperce-oir ue la p?ilosop?ie est négligée3 etpeut&tre plus ue dans aucun si/cle les artsu' on -eut appeler scientiiues ont pris sa place les mét?odes de calcul et de géométrie3 cellesde botaniue et d' ?istoire naturelle3 les ormulesen un mot3 et les dictionnaires occupent presuetout le monde on s' imagine sa-oir da-antage3parce u' on a augmenté le nombre des expressionss.mboliues et des p?rases sa-antes3 et on

ne ait point attention ue tous ces arts ne sontue des éc?aaudages pour arri-er @ la science3et non pas la science elle&mme u' il ne auts' en ser-ir ue lorsu' on ne peut s' en passer3 et

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u' on doit tou0ours se déier u' ils ne -iennent @nous manuer lorsue nous -oudrions les appliuer @ l' édiice"La -érité3 cet tre métap?.siue dont tout lemonde croit a-oir une idée claire3 me paraAt cononduedans un si grand nombre d' ob0ets étrangers

auxuels on donne son nom3 ue 0e ne suispas surpris u' on ait de la peine @ la reconnaAtre"Les pré0ugés et les ausses applications se sontmultipliés @ mesure ue nos ?.pot?/ses ont étéplus sa-antes3 plus abstraites et plus perectionnées il est donc plus diicile ue 0amais dereconnaAtre ce ue nous pou-ons sa-oir3 et de ledistinguer nettement de ce ue nous de-ons ignorer"Les rélexions sui-antes ser-iront au moinsd' a-is sur ce su0et important"Le mot de -érité ne ait naAtre u' une idée

-ague3 il n' a 0amais eu de déinition précise3 etla déinition elle&mme3 prise dans un sens généralet absolu3 n' est u' une abstraction uin' existe u' en -ertu de uelue supposition aulieu de c?erc?er @ aire une déinition de la -érité3c?erc?ons donc @ aire une énumération3-o.ons de pr/s ce u' on appelle communément-érités3 et tc?ons de nous en ormer des idéesnettes"Il . a plusieurs esp/ces de -érités3 et on a coutumede mettre dans le premier ordre les -érités

mat?ématiues ce ne sont cependant ue des-érités de déinitions ces déinitions portentsur des suppositions simples3 mais abstraites3 ettoutes les -érités en ce genre ne sont ue desconséuences composées3 mais tou0ours abstraites3de ces déinitions" Nous a-ons ait les suppositions3nous les a-ons combinées de toutesles açons3 ce corps de combinaisons est la sciencemat?ématiue il n' . a donc rien dans cettescience ue ce ue nous . a-ons mis3 et les -éritésu' on en tire ne peu-ent tre ue des expressions

diérentes sous lesuelles se présentent lessuppositions ue nous a-ons emplo.ées ainsi les-érités mat?ématiues ne sont ue les répétitionsexactes des déinitions ou suppositions" Laderni/re conséuence n' est -raie ue parce u' elleest identiue a-ec celle ui la préc/de3 et uecelle&ci l' est a-ec la précédente3 et ainsi de suiteen remontant 0usu' @ la premi/re supposition et comme les déinitions sont les seuls principessur lesuels tout est établi3 et u' elles sont arbitraireset relati-es3 toutes les conséuences u' onen peut tirer sont également arbitraires et relati-es"Ce u' on appelle -érités mat?ématiues seréduit donc @ des identités d' idées et n' a aucuneréalité B nous supposons3 nous raisonnons sur 

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nos suppositions3 nous en tirons des conséuences3nous concluons3 la conclusion ou derni/reconséuence est une proposition -raie3relati-ement @ notre supposition3 mais cette -éritén' est pas plus réelle ue la supposition elle&mme"Ce n' est point ici le lieu de nous étendre

sur les usages des sciences mat?ématiues3 nonplus ue sur l' abus u' on en peut aire il noussuit d' a-oir prou-é ue les -érités mat?ématiuesne sont ue des -érités de déinitions3 ou3si l' on -eut3 des expressions diérentes de lamme c?ose3 et u' elles ne sont -érités ue relati-ement@ ces mmes déinitions ue nous a-onsaites c' est par cette raison u' elles ont l' a-antaged' tre tou0ours exactes et démonstrati-es3mais abstraites3 intellectuelles et arbitraires"Les -érités p?.siues3 au contraire3 ne sont

nullement arbitraires et ne dépendent point denous au lieu d' tre ondées sur des suppositionsue nous a.ons aites3 elles ne sont appu.éesue sur des aits une suite de aits semblables3ou3 si l' on -eut3 une répétition réuente et unesuccession non interrompue des mmes é-énements3ait l' essence de la -érité p?.siue ceu' on appelle -érité p?.siue n' est donc u' uneprobabilité3 mais une probabilité si grande u' elleéui-aut @ une certitude" ;n mat?ématiue onsuppose3 en p?.siue on pose et on établit l@

ce sont des déinitions3 ici ce sont des aits on

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-a de déinitions en déinitions dans les sciencesabstraites3 on marc?e d' obser-ations en obser-ationsdans les sciences réelles dans les premi/reson arri-e @ l' é-idence3 dans les derni/res@ la certitude" Le mot de -érité comprend l' une et

l' autre3 et répond par conséuent @ deux idéesdiérentes sa signiication est -ague et composée3il n' était donc pas possible de la déinir généralement il allait3 comme nous -enons de leaire3 en distinguer les genres ain de s' en ormer une idée nette"*e ne parlerai pas des autres ordres de -érités celles de la morale3 par exemple3 ui sont enpartie réelles et en partie arbitraires3 demanderaientune longue discussion ui nous éloigneraitde notre but3 et cela d' autant plus u' elles

n' ont pour ob0et et pour in ue des con-enanceset des probabilités"L' é-idence mat?ématiue et la certitude p?.siuesont donc les deux seuls points sous lesuels

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nous de-ons considérer la -érité d/su' elle s' éloignera de l' une ou de l' autre3 ce n' estplus ue -raisemblance et probabilité" ;xaminonsdonc ce ue nous pou-ons sa-oir de scienceé-idente ou certaine3 apr/s uoi nous -errons ceue nous ne pou-ons connaAtre ue par con0ecture3

et enin ce ue nous de-ons ignorer"Nous sa-ons ou nous pou-ons sa-oir de scienceé-idente toutes les propriétés ou plutEt tous lesrapports des nombres3 des lignes3 des suraceset de toutes les autres uantités abstraites nouspourrons les sa-oir d' une mani/re plus compl/te@ mesure ue nous nous exercerons @ résoudrede nou-elles uestions3 et d' une mani/re plussre @ mesure ue nous rec?erc?erons les causesdes diicultés" Comme nous sommes les créateursde cette science et u' elle ne comprend absolument

rien ue ce ue nous a-ons imaginé3 il nepeut . a-oir ni obscurité ni paradoxes ui soientréels ou impossibles3 et on en trou-era tou0oursla solution en examinant a-ec soin les principessupposés3 et en sui-ant toutes les démarc?esu' on a aites pour . arri-er comme les combinaisonsde ces principes et des açons de lesemplo.er sont innombrables3 il . a dans lesmat?ématiues un c?amp d' une immense étenduede connaissances acuises et @ acuérir3 uenous serons tou0ours les maAtres de culti-er 

uand nous -oudrons3 et dans leuel nous recueilleronstou0ours la mme abondance de -érités">ais ces -érités auraient été perpétuellementde pure spéculation3 de simple curiosité et d' enti/reinutilité3 si on n' a-ait pas trou-é lesmo.ens de les associer aux -érités p?.siues a-ant ue de considérer les a-antages de cetteunion3 -o.ons ce ue nous pou-ons espérer desa-oir en ce genre"Les p?énom/nes ui s' orent tous les 0ours @nos .eux3 ui se succ/dent et se rép/tent sans

interruption et dans tous les cas3 sont le ondementde nos connaissances p?.siues" Il suitu' une c?ose arri-e tou0ours de la mme açonpour u' elle asse une certitude ou une -éritépour nous tous les aits de la nature ue nousa-ons obser-és3 ou ue nous pourrons obser-er3sont autant de -érités B ainsi nous pou-ons enaugmenter le nombre autant u' il nous plaira3en multipliant nos obser-ations notre sciencen' est ici bornée ue par les limites de l' uni-ers">ais lorsu' apr/s a-oir bien constaté les aitspar des obser-ations réitérées3 lorsu' apr/sa-oir établi de nou-elles -érités par des expériencesexactes3 nous -oulons c?erc?er les raisonsde ces mmes aits3 les causes de ces

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eets3 nous nous trou-ons arrtés tout @ coup3réduits @ tc?er de déduire les eets d' eetsplus généraux3 et obligés d' a-ouer ue lescauses nous sont et nous seront perpétuellementinconnues3 parce ue nos sens étant eux&mmesles eets des causes ue nous ne connaissons

point3 ils ne peu-ent nous donner des idéesue des eets3 et 0amais des causes il audradonc nous réduire @ appeler cause un eetgénéral3 et renoncer @ sa-oir au del@"Ces eets généraux sont pour nous les -raieslois de la nature tous les p?énom/nes ue nousreconnaAtrons tenir @ ces lois3 et en dépendre3seront autant de aits expliués3 autant de -éritéscomprises ceux ue nous ne pourrons .rapporter seront de simples aits u' il aut mettreen réser-e3 en attendant u' un plus grand nombre

d' obser-ations et une plus longue expériencenous apprennent d' autres aits et nous décou-rentla cause p?.siue3 c' est&@&dire l' eet généraldont ces eets particuliers déri-ent" C' estici o l' union des deux sciences mat?ématiue etp?.siue peut donner de grands a-antages l' unedonne le combien3 l' autre le comment des c?oses et comme il s' agit ici de combiner et d' estimer des probabilités pour 0uger si un eet dépendplutEt d' une cause ue d' une autre3 lorsue-ous a-e+ imaginé par la p?.siue le comment3

c' est&@&dire lorsue -ous a-e+ -u u' un tel eetpourrait bien dépendre de telle cause3 -ous appliue+ensuite le calcul pour -ous assurer ducombien de cet eet combiné a-ec sa cause et si-ous trou-e+ ue le résultat s' accorde a-ec les

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obser-ations3 la probabilité ue -ous a-e+ de-inée

 0uste augmente si ort u' elle de-ient une certitude3au lieu ue sans secours elle serait demeuréesimple probabilité"Il est -rai ue cette union des mat?ématiueset de la p?.siue ne peut se aire ue pour untr/s&petit nombre de su0ets il aut pour celaue les p?énom/nes ue nous c?erc?ons @ expliuer soient susceptibles d' tre considérés d' unemani/re abstraite3 et ue de leur nature ils soientdénués de presue toutes ualités p?.siues3car3 pour peu u' ils soient composés3 le calcul

ne peut plus s' . appliuer" La plus belle et laplus ?eureuse application u' on en ait 0amaisaite3 est au s.st/me du monde et il aut a-ouer ue si NeSton ne nous et donné ue les idées

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p?.siues de son s.st/me3 sans les a-oir appu.éessur des é-aluations précises et mat?ématiues3elles n' auraient pas eu @ beaucoup pr/sla mme orce mais on doit sentir en mmetemps u' il . a tr/s&peu de su0ets aussi simples3c' est&@&dire aussi dénués de ualités p?.siues

ue l' est celui&ci car la distance des plan/tes estsi grande u' on peut les considérer les unes @ l' égarddes autres comme n' étant ue des points B onpeut en mme temps3 sans se tromper3 aire abstractionde toutes les ualités p?.siues desplan/tes3 et ne considérer ue leur orce d' attraction leurs mou-ements sont d' ailleurs les plusréguliers ue nous connaissions3 et n' éprou-entaucun retardement par la résistance B tout celaconcourt @ rendre l' explication du s.st/me dumonde un probl/me de mat?ématiue3 auuel il

ne allait u' une idée de p?.siue ?eureusementconçue pour le réaliser et cette idée est d' a-oir pensé ue la orce ui ait tomber les gra-es @la surace de la terre3 pourrait bien tre lamme ue celle ui retient la lune dans son orbite">ais 0e le rép/te3 il . a bien peu de su0ets enp?.siue o l' on puisse appliuer aussi a-antageusementles sciences abstraites3 et 0e ne -oisgu/re ue l' astronomie et l' optiue auxuelleselles puissent tre d' une grande utilité l' astronomiepar les raisons ue nous -enons d' exposer3

et l' optiue parce ue la lumi/re étant uncorps presue ininiment petit3 dont les eetss' op/rent en ligne droite a-ec une -itesse presueininie3 ses propriétés sont presue mat?ématiues3ce ui ait u' on peut . appliuer a-ecuelue succ/s le calcul et les mesures géométriues"*e ne parlerai pas des mécaniues3parce ue la mécaniue rationnelle est elle&mmeune science mat?ématiue et abstraite3 de lauellela mécaniue pratiue ou l' art de aire etde composer les mac?ines n' emprunte u' un

seul principe3 par leuel on peut 0uger tous leseets en aisant abstraction des rottements etdes autres ualités p?.siues" <ussi m' a&t&iltou0ours paru u' il . a-ait une esp/ce d' abusdans la mani/re dont on proesse la p?.siueexpérimentale3 l' ob0et de cette science n' étantpoint du tout celui u' on lui prte" La démonstrationdes eets mécaniues3 comme de la puissancedes le-iers3 des poulies3 de l' éuilibre dessolides et des luides3 de l' eet des plans inclinés3de celui des orces centriuges3 etc""3 appartenantenti/rement aux mat?ématiues3 et pou-anttre saisie par les .eux de l' esprit a-ec la derni/reé-idence3 il me paraAt superlu de la représenter @ ceux du corps le -rai but est au contraire

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de aire des expériences sur toutes lesc?oses ue nous ne pou-ons pas mesurer par lecalcul3 sur tous les eets dont nous ne connaissonspas encore les causes3 et sur toutes les propriétésdont nous ignorons les circonstances cela seul peut nous conduire @ de nou-elles décou-ertes3

au lieu ue la démonstration des eetsmat?ématiues ne nous apprendra 0amaisue ce ue nous sa-ions dé0@">ais cet abus n' est rien en comparaison desincon-énients o l' on tombe lorsu' on -eut appliuer la géométrie et le calcul @ des su0ets dep?.siue trop compliués3 @ des ob0ets dont nousne connaissons pas asse+ les propriétés pour pou-oir les mesurer on est obligé dans tous ces casde aire des suppositions tou0ours contraires @ lanature3 de dépouiller le su0et de la plupart de ses

ualités3 d' en aire un tre abstrait3 ui ne ressembleplus @ l' tre réel3 et lorsu' on a beaucoupraisonné et calculé sur les rapports et les propriétésde cet tre abstrait3 et u' on est arri-é @une conclusion tout aussi abstraite3 on croit a-oir trou-é uelue c?ose de réel3 et on transporte cerésultat idéal dans le su0et réel3 ce ui produitune ininité de ausses conséuences et d' erreurs"C' est ici le point le plus délicat et le plus importantde l' étude des sciences B sa-oir bien distinguer ce u' il . a de réel dans un su0et3 de ce

ue nous . mettons d' arbitraire en le considérant3reconnaAtre clairement les propriétés uilui appartiennent et celles ue nous lui prtons3me paraAt tre le ondement de la -raie mét?odede conduire son esprit dans les sciences et si onne perdait 0amais de -ue ce principe3 on ne eraitpas une ausse démarc?e3 on é-iterait de tomber dans ces erreurs sa-antes3 u' on reçoit sou-ent

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comme des -érités3 on -errait disparaAtre les paradoxes3les uestions insolubles des sciencesabstraites3 on reconnaAtrait les pré0ugés et les incertitudesue nous portons nous&mmes dansles sciences réelles3 on -iendrait alors @ s' entendresur la métap?.siue des sciences3 on cesseraitde disputer3 et on se réunirait pour marc?er dans la mme route @ la suite de l' expérience3 etarri-er enin @ la connaissance de toutes les -érités

ui sont du ressort de l' esprit ?umain"Lorsue les su0ets sont trop compliués pour u' on puisse . appliuer a-ec a-antage le calculet les mesures3 comme le sont presue tous ceux

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de l' ?istoire naturelle et de la p?.siue particuli/re3il me paraAt ue la -raie mét?ode de conduireson esprit dans ces rec?erc?es3 c' estd' a-oir recours aux obser-ations3 de les rassembler3d' en aire de nou-elles3 et en asse+ grandnombre pour nous assurer de la -érité des aits

principaux3 et de n' emplo.er la mét?ode mat?ématiueue pour estimer les probabilités desconséuences u' on peut tirer de ces aits surtoutil aut tc?er de les généraliser et de biendistinguer ceux ui sont essentiels de ceux uine sont u' accessoires au su0et ue nous considérons il aut ensuite les lier ensemble par lesanalogies3 conirmer ou détruire certains pointséui-oues3 par le mo.en des expériences3 ormer son plan d' explication sur la combinaison detous ces rapports3 et les présenter dans l' ordre

le plus naturel" Cet ordre peut se prendre dedeux açons3 la premi/re est de remonter deseets particuliers @ des eets plus généraux3 etl' autre de descendre du général au particulier Btoutes deux sont bonnes3 et le c?oix de l' une oude l' autre dépend plutEt du génie de l' auteur uede la nature des c?oses3 ui toutes peu-ent treégalement bien traitées par l' une ou l' autre de cesmani/res" Nous donnerons des essais de cette mét?odedans les discours sui-ants3 de la t?éoriede la terre3 de la ormation des plan/tes3 et de la

génération des animaux"