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ART 042 POURQUOI COUVRIR DE MASQUES GROTESQUES DES FILLES SI « BOOONNNES » ?! EXACTEMENT POUR TOURNER EN BOURRIQUE CEUX- LÀ QUI SE POSERAIENT LA QUESTION ! FINAUD DANS LE FOND COMME DANS LA FORME, LA SÉRIE « COMPANY OF KILLERS » DE MORGAN SLADE JOUE SUR LES CODES DE LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION POUR MIEUX LA CRITIQUER. DES BOMBES MASQUÉES ON VOUS DIT. DES BOMBES MASQUÉES MADE IN L.A. Morgan Slade nous vient tout droit de Los Angeles, berceau du body-building, du jogging et des bimbos en roller, abritant l’usine à rêves d’Hollywood, des milliers d’enseignes clignotantes et quelques 22% de pauvres, bref, tout ce que le consumérisme a fait de mieux ! Aussi, l’artiste cherche à prendre le contre-pied de cette culture d’hyperconsommation made in L.A. – comprenez l’humanoïde transformé en porte-monnaie-sur-pattes et sa femme-objet. Slade s’approprie ces symboles et les place dans le contexte de ses peintures comme un moyen de modifier leur statut symbolique, redéfinir leur sens, et de créer son propre vocabulaire personnel. Text_ Claire Grange Layout_ Kevin Roth

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ART 042

POURQUOI COUVRIR DE MASQUES GROTESQUES DES FILLES SI «BOOONNNES»?! EXACTEMENT POUR TOURNER EN BOURRIQUE CEUX-LÀ QUI SE POSERAIENT LA QUESTION ! FINAUD DANS LE FOND COMME DANS LA FORME, LA SÉRIE «COMPANY OF KILLERS» DE MORGAN SLADE JOUE SUR LES CODES DE LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION POUR MIEUX LA CRITIQUER. DES BOMBES MASQUÉES ON VOUS DIT.

DES BOMBES MASQUÉES MADE IN L.A.

Morgan Slade nous vient tout droit de Los Angeles, berceau du body-building, du jogging et des bimbos en roller, abritant l’usine à rêves d’Hollywood, des milliers d’enseignes clignotantes et quelques 22% de pauvres, bref, tout ce que le consumérisme a fait de mieux ! Aussi, l’artiste cherche à prendre le contre-pied de cette culture d’hyperconsommation made in L.A. – comprenez l’humanoïde transformé en porte-monnaie-sur-pattes et sa femme-objet. Slade s’approprie ces symboles et les place dans le contexte de ses peintures comme un moyen de modifier leur statut symbolique, redéfinir leur sens, et de créer son propre vocabulaire personnel.

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ART 044

Dans sa série intitulée «Company of killers », l’image de la femme se voit ainsi redéfinie. Il commence par photographier des filles ultra-sexy, jambes échalas, bikini et shorty au plus, arborant d’énormes masques d’animaux ou de personnages mythiques. Le but de ces masques anonymisants est de «créer des symboles et pas des portraits », affirme Slade. En fait, leurs poses provocantes font valoir une image de la femme « forte et au-tonome», dit-il, et non « faible ou persécutée » (comme quoi, c’est une question de regard !). Dans un second temps seulement, il retravaille ces photos numériques à la peinture, au stylo ou au crayon, bref, tout ce qui permet de «souiller» davantage l’imagerie proprette. Les femmes des papiers glacés, « il faut les salir pour qu’elles de-viennent des icônes», proclame-t-il. En pleine overdose de créations présentant des humains à têtes animales (le collectif Mamzelle & Maviou en passant par l’expo de la 50ème Foire du Valais, hum), l’œuvre de Morgan Slade se dé-marque par ses couleurs vibrantes, son éclectisme graphique et l’originalité de son message. D’ail-leurs, ses séries couvrent désormais les pages de prestigieux magazines – Swindle, Anthem, Jux-tapoz, OUT Magazine, Western Interiors & De-sign – et les murs de plusieurs galeries – Copro Gallery, Billy Shire Fine Arts et Shooting Gallery. Pour manager l’inspiration, il dit écouter beaucoup de Death Métal… Tant que les chevelus «chan-teront», les bombes masquées de Morgan Slade risquent donc bien de réapparaître sous une forme ou une autre.

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