FUSUS

download FUSUS

of 11

Transcript of FUSUS

  • 7/27/2019 FUSUS

    1/11

    - 101 -

    PREAMBULEAUX

    FUAL-IKAM

    vant de prsenter notre Introduction gnrale

    ltude des Fu al-ikam , nous reproduisons untexte rest indit, crit en novembre 1955, qui rpondait une critique portant sur la traduction partielle des Fude Titus Burckardt. Les circonstances de lpoque ayantempch sa publication pourtant prte, nous restituonsaujourdhui cet article de Michel Vlsan 1. Montrant unefois de plus de quelle comptence il faut faire preuve etde quelle intention il faut procder pour aborder ce genre

    de travaux, il claire dun jour nouveau louvrage dIbnArab qui est cependant mieux connu depuis de rcentestudes : celle dun bien-nomm Mifth Abd al-Bq,akbarien engag dans la voie spirituelle comme laddicace son cheikh en fait foi, parue en langue arabe etintitule Maft Fu al-ikam, Clefs des Fu al-ikam 2, est en effet fort digne dintrt, et les diversestraductions de ces dernires annes, parfois commentes

    comme celle de M. Gilis, ont permis une comprhensionplus large du texte du Cheikh al-Akbar. Toutefois, le sujettant loin dtre circonscrit, cest partir des considra-tions de Michel Vlsan que nous souhaitons nous engagerdans une approche indite.

    MUHAMMADVLSAN

    A

    1. Cet article, devant paratre dans lune desrubriques dune revue, navait pas de titre. Celuique nous avons retenu se rfre au passage sui-

    vant : Cela suffit pour montrer que la traductiondu titreFu al-ikam ne peut tre la Sagesse desProphtes. Dautre part, les faits ntant pasdactualit et la vrit seule important, nous ne

    jugeons plus utile de citer nommment le person-nage mis en cause dans laffaire, attnuant ainsi lecaractre polmique qui na plus lieu dtre.

    2. Marrakech, 1997. Nous vitons de traduire cetitre avec larticle dfini les Clefs car des Clefsnous parat tre plus appropri.

  • 7/27/2019 FUSUS

    2/11

    - 102 -

    Dernires lignes desFu. Manuscrit (Evkaf Musesi, 1933) crit par Qnw,suivi dunsamautographe dat de 630 (=1233).

  • 7/27/2019 FUSUS

    3/11

    - 103 -

    FUAL-IKAM:

    LA SAGESSE DESPROPHTES ?

    e compte rendu que M.H. a fait de la traduction desFu al-ikam par M. Burckhardt 3 a tonn

    certains lecteurs au courant des tudes islamiques etspcialement de Soufisme, soit par ses affirmationsparticulires soit par ses considrations gnrales. Commepar ailleurs on nous a demand ce que nous pensions decet article, il nous a sembl utile de rendre publiquesquelques remarques qui peuvent intresser un cercle pluslarge de lecteurs, car elles mettent en cause la significationmme de luvre du Cheikh al-Akbar Ibn Arab.

    M.H. introduit sa critique par ces paroles : Cest... avec reconnaissance que nous accueillons paravance la traduction par M. T. Burckhardt de lune desuvres matresses dIbn Arab, mais nous considronsaussi que rendre hommage son initiative autrementqu arms des plus svres exigencesserait trahir du mmecoup la mmoire du Cheikh al-Akbar et le respect quenous devons tous ceux qui tenterons de connatre sapense . Il sera quitable de nous rclamer nous-mmedes mmes devoirs en examinant larticle de M.H.

    Tout dabord nous examinerons les critiquesformules contre le travail de M. Burckhardt, dans leurordre de succession et quelle que soit leur importancerelle. Pour commencer, M.H. signale quelques erreursdont la rectification simpose . M. Burckhardt auraitprtendu que de toutes les uvres d Ibn Arab deux

    L

    3. [Cette traduction partielle a t publie en juin1955 aux Ed. Albin Michel, dans la collectionSpiritualits vivantes, srie Islam, et prfacepar Jean Herbert. Elle est rgulirement rditedans la mme collection, en format poche (no19), et traduite en anglais : The Wisdom of theProphets (par Angela Culme-Seymour, BesharaPublications, 1975). Sous ce mme titre, il existe

    une autre traduction partielle et paraphrase enlangue anglaise par Khaja Khan (Madras, 1929).Titus Burckhardt a prfac la premire

    traduction intgrale anglaise de R. W. J. Austin, TheBezels of Wisdom (Paulist Press, 1980, Etats-Unis ;SPCK, Londres, 1980). Une autre traduction enanglais est due Asha al-Tarjumna, The Seals ofWisdom (Norwich, 1980). M. Gilis a traduit enentier, annot et comment les Fu :Le Livre desChatons des Sagesses

    (Beyrouth,1997-1998

    . Lesindex annoncs par lditeur nont pas tpublis).]

  • 7/27/2019 FUSUS

    4/11

    SCIENCE SACRE

    - 104 -

    seulement ont t conserves : les Futt et les Fu.En ralit le traducteur a crit dans son Introductionexactement ceci : Les livres et les traits du matrefurent trs nombreux ; la plupart dentre eux semblentdfinitivement perdus ; parmi ceux qui subsistent, lesFutt al-Makkiyyah (Les Rvlations Mecquoises) etles Fu al-ikam (La Sagesse des Prophtes) sont lesplus clbres . Du reste, dans le mme texte, M.

    Burckhardt mentionne lui-mme plusieurs autres petitscrits d Ibn Arab traduits ou publis en Occident 4.Cette rectification de M.H. ne tmoigne donc

    pas de sa part de beaucoup dattention dans les rfrences

    4. Signalons, puisque loccasion se prsente, quetoutefois, daprs nos constatations, la Rislah al-Aadiyyah traduite en franais par Abdul-Hd esten ralit du Cheikh Abdallh al-Baliyn (mort en686 de lHgire), et M. Burckhardt na pas tortduser de quelque circonspection en disantseulement que cet crit est attribu Muhyi-d-Dn Ibn Arab ; plus exactement, telle est lattri-bution de certains manuscrits, mais un assez grandnombre dautres manuscrits lattribuent au Cheikh

    al-Baliyn, ce que corroborent dautres donnesque nous ne pouvons pas rapporter ici.

    [Michel Vlsan a traduit cet important textedoctrinal de lsotrisme islamique, connu sous destitres varis, et attribu par les manuscrits diff-rents auteurs (Introduction sa traduction indi-te). A propos des traductions de ce trait, il indi-quait qu il faut signaler quun assez long frag-ment en a t traduit de faon accidentelle en 1873

    par Stanislas Guyard dans le cadre des Fragmentsrelatifs la doctrine des Ismaliens (Notices et Ex-traits de Manuscrits de la Bibl. Nat., Tome 22, 1repartie), o il se trouve inclus (au n 8) de la com-pilation appele Le Livre du Cheikh Ibrahim , encompagnie de textes trs divers de doctrineismalite. Il ne porte aucune mention dauteur oudorigine et se prsente dans un tat de fortealtration (on y trouve mme une interpolation quicite le fameux Rashd ad-Dn Sinn). Le manuscrit

    tant lui-mme plein de fautes, la traduction deGuyard nous prsente une version trs dfectueu-se. Bien entendu, le traducteur a ignor lui-mmelorigine relle du texte .

    Michel Vlsan avait consult le recueil Maj-mu al- Rasl al-Ilhiyyah (Le Caire, 1907) ainsiquune quinzaine de manuscrits portant des titres

    varis et peu connus ; par exemple :-H Kitbu-l-Ajwibati wa yusamma aydan Kitbu-

    l-Alif : Ceci est le Livre des Rponses, quisappelle aussi le Livre de (la lettre) Alif (Hunter456/2, Glasgow) ;

    -F bayni qawli-n-Nab (alayhi-s-salm) : Man arafa nafsahu faqadarafa Rabbahu: En explication de la parole du Prophte (sur lui la

    Paix) : Celui qui se connat soi-mme, connat son Seigneur

    (Bibl.Nat. 4800, f. 27-30, Paris) ;-H Kitbu-l-rifi bi-Llhi-l-Balabn f Wadati-l-Wujdi wa f-l-Arif: Ce Livre est du connaisseur par Allh al-Balabni, et traite delUnicit de lExistence et du Connaisseur (British Museum, suppl.245, X, Londres).

    La premire traduction intgrale en franais par Abdul-Hd at publie sous le titre LIdentit Suprme dans lEsotrisme musul-man : Le Trait de lUnitRislatul-Aadiyah(La Gnose, juin-juillet-aot1911). Elle a t reprise dans Le Voile dIsis (janvier-fvrier 1933),Etre(1977, n 1, sans les notes), en livre (Ed. Orientales, Paris, 1977),et dans lesEcritspour LaGnose(Arch, Milan, 1988).

    Toujours dans son Introduction, Michel Vlsan crivait : Latraduction dAbdul-Hd est fine, intelligente et riche, mais bieningale. Dans un texte relativement simple quant au lexique et lasyntaxe, mais aux articulations extrmement libres (do le grandnombre de variantes dans les manuscrits), le traducteur na pas russi toujours trouver la ligne logique du dveloppement discursif, etcertaines contradictions ou incohrences en rsultent qui jettent

    quelque discrdit sur la rigueur dmonstrative de la dissertation.Certaines implications doctrinales importantes pour se rendre comptedu dveloppement de la pense lui ont chapp. Ses annotations sont

  • 7/27/2019 FUSUS

    5/11

    LA SAGESSE DESPROPHTES?

    - 105 -

    textuelles5

    . A loccasion, il nous surprend encore parlaffirmation quon aurait conserv au moins 410 ouvragesde cet auteur. Sil en tait ainsi, il faudrait comprendrequon a dcouvert tout dernirement prs de 200 critsdIbn Arab que les catalogues des bibliothques ou lesconstatations publies par les chercheurs ne mention-naient pas jusquici. Tant que M.H. naura pas apportconfirmation prcise de cette dcouverte proprement

    sensationnelle, nous penserions plutt quil confond toutsimplement le nombre tabli ce jour des titresdouvrages crits par cet auteur avec celui de ses ouvrageseffectivement attests comme observs aujourdhui 6.

    partielle par Abdul-Hd (La Gnose, dcembre1911

    et janvier 1912 ; reprise dans les E.T.

    de fvrier1936) ;- Six Pomes Soufis extraits de lInterprte desDsirs (Tarjumn al-Awq), traduits de larabe parFrithjof Schuon, avec les commentaires corres-pondants traduits du commentaire anglais deNicholson (Voile dIsis, aot-septembre 1934) ;- Les Etapes divines dans la Voie du Perfectionne-ment du Rgne humain, traduction particulirement

    fautive de Othman Laba et de Roger Maridort(E.T., mars 1949). Le titre pourrait correspondre autrait intitul : Al-Tadbrat al-ilhiyyah f isl al-mamlakah al-insniyyah(dit par Nyberg Leidenen 1919). Mais il sagit en ralit de la Rislah al-Anwr ( Eptre des Lumires ), ou Rislah fkayfiyyah al-sulk il Rabb al-Izzah( Eptre sur le

    voyage initiatique vers le Seigneur de la Gloiretranscendante ) ;

    - Titus Burckhardt avait traduit les chapitres desFu sur le Verbe de Joseph (E.T., janvier-fvrier 1951), et sur le Verbe Adamique (E.T.,juillet-aot1954) ;- Michel Vlsan avait traduit plusieurs traits dIbnArab dans lesEtudes Traditionnelles :

    Le Livre du Nom de Majest Allh (1948, juin,juillet-aot, dcembre);

    Oraisons mtaphysiques (prsentation etOraisonsde jour: Dimanche et Jeudi ; 1949, septembre);

    La Parure des Abdl (1950, septembre, octobre-novembre) ;

    Textes sur la Connaissance suprme (Le Livre desInstructions ; La question pose par Ibn Sawdakn ;Sens mtaphysique de la formule Allhu Akbar)(1952, avril-mai, juin). Cf. aussi note 7, infra.]

    6. Bien entendu, nous ne contestons pas quondcouvre peu prs tous les ans quelquesmanuscrits douvrages dIbn Arab prcdemment

    introuvables, mais maintenant il sagirait dunedcouverte massive. Inutile de dire combien onserait heureux quil en ft ainsi...

    insuffisantes ; aussi, un peu trop personnelles et trop circons-tancielles. Sa langue est souvent ingnieuse mais techniquement pas

    toujours adquate ; elle se ressent mme de latmosphre occultistedu milieu auquelLa Gnose sadressait... Une amlioration de ce travailnous semblait ncessaire. Il ajoutait en note : Tel tait aussi lavisde Ren Gunon, ancien directeur de La Gnose : La traduction de cedernier (=Abdul-Hd) aurait effectivement besoin dtre amliore ;

    vos diverses remarques ce sujet me paraissent entirementjustifies (lettre du 10 janvier 1947 adresse nous).

    M. Chodkiewicz a traduit ce texte : Eptre sur lUnicit Absolueen lattribuant son vritable auteur (Paris, 1982) ; dans ce travail, il asu concilier la rigueur universitaire et la perspective traditionnelle.]

    5. Le seul reproche quil aurait pu faire cet endroit, cest que,parlant de la raret des traductions dIbn Arab en langues occi-dentales, M. Burckhardt, tout en faisant quelques mentions pour les-pagnol, langlais et lallemand, ne dit au fond rien pour le franais (laRislah al-Aadiyyahntant pas du Cheikh al-Akbar, ainsi que nousvenons de le souligner dans la note prcdente). Mais il faut croireque les exigences de M.H. ne vont pas jusque l, et en cela au moins ilny aura pas dsaccord dintention entre le traducteur et son critique.

    [A propos des traductions dIbn Arab en franais jusquen

    1955 (date de la parution de La Sagesse des Prophtes), nous pouvonsmentionner :-Les Catgories de lInitiation (Tartbu-t-Taawwuf), traduction

  • 7/27/2019 FUSUS

    6/11

    SCIENCE SACRE

    - 106 -

    Une autre de ses mises au point se rapporte auxFutt al-Makkiyyah dont M. Burckhardt avait dit quecest une sorte de somme des sciences sotriques . Ace sujet, M.H. crit : la lumire des nouveaux (sic)traits rcemmentdcouverts, lesFutt, un des ouvragesles plus volumineux dIbn Arab (il compte plus de deuxmille pages)... apparat (sic) comme un simple cataloguetablipar Ibn Arab et constitue (resic) une sorte dabrgdes sujets

    que lauteur dveloppe dans des traitsspars . Quelles que soient ces dcouvertes rcentes,

    nous considrons tout fait impropres et mmedprciatifs les termes que M.H. emploie pour qualifierlouvrage fondamental du Cheikh al-Akbar. Personnelle-ment, connaissant par nous-mme cet norme et difficileouvrage 7, quil nous soit permis de rectifier comme suitles apprciations rapportes par M.H.

    Tout dabord, on pouvait savoir dj daprs lestraits retrouvs jusquici, et daprs les titres connus dungrand nombre de ceux quon ne retrouve plus et quicorrespondent des titres de chapitres des Futt, et enplus, daprs des mentions expresses de ce texte, onpouvait savoir, disons-nous, que cet ouvrage avait encommun avec des crits secondaires un grand nombre desujets, mais ce que rapporte M.H. ne concerne de toutesfaons quun aspect de la question. Voici quelle est enralit la position des Futtdans lensemble de luvredu Cheikh al-Akbar, et ceci daprs un mmoire que nousavons rdig il y a plus de deux ans et que M.H. a lu lui-mme (ainsi que dautres personnes, dont certainsorientalistes). Parlant du caractre encyclopdique de cetouvrage de 2 700 pages dimprimerie arabe in-4, nouscrivions : cette importance ressortira encore mieux silon tient compte que beaucoup des petits ou des grandstraits ont t repris par lauteur, partiellement ou mmeintgralement, dans le cadre des Futt dont la

    7. Nous en avons annonc depuis quelque tempsla publication dun premier volume, mais part lapublication anticipe de quelques extraits, uncertain nombre de chapitres traduits (ainsi quedautres traductions dcrits du mme auteur)circulent dj depuis longtemps titre priv de

    diffrents cts. [Sur ce premier volume destraductions, cf. l Etude introductive de Michel

    Vlsan publie dans ce numro de Science sacre.Cest cette tude qui est vise dans le paragraphesuivant quand il est question d un mmoire quenous avons rdig Etaient dj traduits en 1955des extraits de lAvant-Propos sous le titre Lin-

    vestiture du Cheikh al-Akbar au Centre suprme (E.T., octobre-novembre 1953) et le chapitre 45 :

    Sur celui qui revient (vers les cratures) aprstre parvenu ( la Vrit suprme) et sur Celuiqui le fait revenir (E.T.,avril-mai 1953).]

  • 7/27/2019 FUSUS

    7/11

    LA SAGESSE DESPROPHTES?

    - 107 -

    rdaction, stendant sur plus de trente ans de ladeuxime moiti de la vie du Cheikh al-Akbar, absorbaitprogressivement des lments des crits parallles. A partcela, on trouve de nombreux renvois des autres traitsaux Futtet inversement, de sorte que les autres critsapparaissent comme les annexes naturelles de cet ouvragecapital et synthtique de lenseignement spirituel delIslam. Comme on peut le voir, avant toute question de

    dcouverte rcente

    , de quelque genre que ce soit, on nepouvait pas ignorer ce que veut dire M.H., mais laquestion est beaucoup moins simple quil ne le pense.

    La faon dont M.H. parle de cet ouvrage risquede proposer limage dun compendium sans inspirationdirecte, dpourvu dindividualit propre et, somme toute,faisant double emploi avec les traits particuliers dumme auteur. Or, du tmoignage de lauteur, celui-ci a

    certaines parties en propre, et de plus les lmentsexognes sont repris le plus souvent dans des contextesnouveaux et refondus. Et comment nen serait-il pasainsi, alors que la rdaction des Futt fut un travailhautement inspir ? Voici ce quen dit lauteur lui-mme : La Science divine est ce quAllh le Glorifi enseignepar les modes d inspiration (ilhm), de projection(ilq)ou d envoi (inzl) dun Esprit Fidle sur le cur,et le prsent livre est de ce genre chez nous, car jen jurepar Allh, je nen ai crit une seule lettre si ce nest parinfusion divine (iml lh), ou projection seigneu-riale (ilq rabbn) ou insufflation spirituelle (nafarn) dans la poitrine de la crature (que noussommes) 8. Ajoutons quil prcise par ailleurs quelordre mme des matires qui apparat quelquefoisbrusquement chang sans raison comprhensible lui a tdict par mode spirituel, et il fait ce sujet une analogieavec lapparition brusque de tel verset dans un contextecoranique qui traite dun sujet diffrent 9. Mais en voil

    8.Futt

    , chap.373

    .[Vol.

    3

    , p.456

    . Sur le carac-tre inspir des Futt, cf. Vol. 1, p. 59 ; Vol. 3,pp. 101 et334 ; et sur ce mme caractre des critsdIbn Arab, cf. aussi Mawqi al-Nujm, p. 65.]

    9. [Cf. Vol. 2, p. 163.] A noter comme dtailcaractristique de son genre de travail que leCheikh al-Akbar a crit les Futt journellementet dun seul trait, sans jamais faire de brouillon ,comme il le prcise lui-mme. [Vol. 4, p. 718 deldition du Caire de 1293 H.]

  • 7/27/2019 FUSUS

    8/11

    SCIENCE SACRE

    - 108 -

    assez pour rgler aussi cette question de dfinition desFuttdaprs de rcentes dcouvertes : pour savoirce quest rellement cet ouvrage, il faut surtout ne pas seborner regarder la seule table des chapitres et lacomparer avec les listes des autres crits de lauteur.

    Ensuite M.H. et souhait que, dans sonintroduction, le traducteur des Fu se souvnt pournous des matres dIbn Arab, dIbn Barrajn, dIbn

    Masarra, dIbn Qasiyy, quon nous le situt parmi sesdisciples parlant son tour aprs avoir longtempscout . Certainement la prsentation que fait M.Burckhardt aussi bien de lauteur que de luvre traduiteest trop sommaire et insuffisante sous certains rapports,mais cest tout de mme lui poser une colle bien svreque de lui demander de parler dIbn Barrajn et dIbnQasiyy que personne na tudis encore et dont on naencore rien publi, et mme dIbn Masarra qui ne nousest connu quindirectement (daprs des mentions dIbnHazm et dIbn Arab). Prcisons encore pour le lecteurqui ne connat pas assez lhistoire de la littrature arabe,que les trois matres ibriques prcits (deux espagnolset un portugais) sont antrieurs au Cheikh al-Akbar, etque par consquent ce nest pas eux que celui-ci aurait pucouter, avant de parler son tour ses disciples, ainsique le suggre la symtrie des ides dans la phrase deM.H. Il ne sagit ainsi que de quelques influencesdoctrinales soit daprs des livres laisss par cesprdcesseurs 10, soit daprs les enseignements transmisoralement, et tout cela nest que de lordre thorique 11.

    Mais si lon voulait situer le Cheikh al-Akbar parrapport ses matres initiatiques directs, il faudraitchercher tout dabord du ct de sa Rislah al-Quds12,dans laquelle il indique un par un tous les matres oucompagnons dont il a tir quelque profit dans sa carriremaghrbine (en y ajoutant le Cheikh Abdu-l-Azz al-

    10. Signalons quIbn Qasiyy et son livre LEnlve-ment des Sandales sont mentionns dans le textedesFu(chap. sur Enoch), mais M. Burckhardt alu, ou a trouv crit, Ibn Fs .

    11. Sous ce rapport, dailleurs, on ne pourrait passe limiter aux seules autorits cites par M.H., et ilfaudrait srement ajouter au moins un autre

    espagnol, Abu-l-Abbs Ibn al-Irrf (ou Arf), ma-tre dal-Qasiyy et auteur des clbres Masin al-Majlis, et ensuite passer aux auteurs orientaux, carIbn Arab a connu bien des livres, et surtout lIydal-Ghazl, le Q al-Qulb dal-Makk, etc [Apropos dIbn Barrajn (mort en 536/1141), dIbnMasarra (269-319 / 883-931), dIbn Qasiyy (mort en546/1151) et dIbn al-Arf (481-536 / 1088-1141), onse reportera lEncyclopdie de lIslam ; cf. aussi

    Asn Palacios, Abenmasarra y su escuela (Madrid,1914 ; traduction anglaise : The mystical philosophyof Ibn Masarra and his followers, Leiden, 1978) ; Ibnal-Arf, Masin al-Majlis (texte arabe, traductionet commentaire par Asn Palacios, Paris, 1933) ;Claude Addas, Ibn Arab ou la qute du SoufreRouge, pp. 73-81 et363-364 (Paris, 1989).]

    12. [Traductions en espagnol par Asn Palacios,Vidas de Santones andaluces (Madrid, 1933) ; enanglais par R. W. J. Austin, Sufis of Andalusia

    (Londres, 1971). La version franaise, Les SoufisdAndalousie (Paris, 1979), est faite partir de latraduction dAustin.]

  • 7/27/2019 FUSUS

    9/11

    LA SAGESSE DESPROPHTES?

    - 109 -

    Mahdaw13

    et, sous un rapport trs spcial, le CheikhAb Madyan) 14, et ensuite parler de quelques autrespersonnages du Proche-Orient rencontrs par lui dans ladeuxime moiti de sa vie.

    Quant lexigence de situer le Cheikh al-Akbarparmi ses disciples et leur parlant , elle est tellementparticulire et arbitraire quon ne comprend pas pourquoion demande cela au traducteur des Fu. Sil avait dsir

    quon et trait des disciples du Cheikh al-Akbar sous lemme rapport sous lequel on pouvait parler par exempledes trois matres ibriques prcits, M.H. aurait d exigerune vue historique sur lcole doctrinale du Cheikh al-

    Akbar, surtout en tant qucole de la Wadah al-Wujd(lUnicit de lExistence). Mais la question du cercleinitiatique form autour de lui serait plutt du ressortdun biographe et comme cela demanderait mme unetude de documents non publis et encore chercher 15,on ne pouvait pas sattendre la trouver dans les parolesdintroduction dun document comme les Fu. Ce quisurprend davantage cest que M.H. et souhait cettedtermination de la place du Cheikh al-Akbar danslhistoire spirituelle islamique pour quon se rende mieuxcompte que le trs grand Cheikh nest en rien original,mais seulement fidle aux ides traditionnelles qui

    circulaient dans son temps travers tout le monde

    musulman. Nous comprenons bien le souci de M.H. devoir solidement taye lorthodoxie du Cheikh al-Akbar,mais tout de mme ce nest pas de cette faonpopulaire quelle pourrait tre vrifie. Orthodoxienest pas simple conformisme, et lorthodoxie incontes-table de ce matre ne refuse pas celui qui est appel vivificateur de la Religion (Muyi-d-Dn) une puissanteoriginalit qui ne fut que trop remarque. Ceux quiconnaissent son uvre savent que le matre, tout ensappuyant sur ses devanciers en Taawwuf et les

    13. [Cest ce matre quIbn Arab ddie lesFutt. La partie liminaire de cet ouvrage secompose notamment de lEptre en vers, suivie delEptre en prose au cheikh Abdu-l-Azz al-Mahdaw.]

    14. [c. 509-594 (c. 1115-1198). Sur ce matre, cf.Claude Addas, Ibn Arab (chap. 3, et pp. 142-144),et Vincent Cornell, The Way of Ab Madyan(Cambridge, 1996), qui a dit et traduit des crits

    de ce Cheikh.]15. [On se reportera avec profit louvrage djcit de Mme. Addas.]

  • 7/27/2019 FUSUS

    10/11

    SCIENCE SACRE

    - 110 -

    confirmant (et ceci sur une injonction divine spciale)chaque fois quil est en accord avec eux, ne manquejamais de souligner les vues nouvelles, les conceptionsparticulires (et il y en a chaque page) qui caractrisentson enseignement, mais toujours comme un modesuprieur de la fidlit au Livre et la Sunnah, dontlautorit reste inbranlable : or cela veut dire quiltranchait nettement sur ses prdcesseurs et contempo-rains. Tel est le cas trs caractristique de la doctrine de laWadah al-Wujd, qui nest identifie nominalementque depuis le Cheikh al-Akbar 16, alors quelle est le fondprimordial de la rvlation muhammadienne ; et cettedoctrine lui a t impute comme hrsie justement parles reprsentants dides de circulation gnrale, et quidailleurs ntaient pas toujours de simples exotristes. Telest encore le cas de la Doctrine des Sceaux Traditionnels(celui de la Prophtie, et ceux de la Saintet Universelle etde la Saintet Muhammadienne) dont nous aurons reparler plus loin.

    Enfin, sans nous arrter dautres propos discu-tables, nous devons relever encore que, sil tait vrai,comme lcrit M.H., mlangeant ainsi questions sotri-ques et exotriques, le Cheikh al-Akbar opre dans sonuvre la synthse des courants opposs du chiisme(Iwan a-afa, Ismalisme) et du sunnisme orthodoxe lourde affirmation globale qui ne comporte aucunedistinction ou rserve il rsulterait quil aurait fait toutde mme quelque chose quon navait jamais fait et quinaurait pas manqu de contrarier tout le monde. Enralit, tout lenseignement du Cheikh al-Akbar reste surde solides bases sunnites, et, sans exclure le fait decertaines influences, si lon constate chez lui desconcordances ou mme quelques identits doctrinalesavec dautres branches de lIslam, cela peut tre aussileffet naturel de la cohrdit traditionnelle, de la parent

    16. [Si lexpression Wadah al-Wujdsemble treabsente sous cette forme des crits dIbn Arab,

    cest sous la forme Wa

    datu Wujdi-Ka (l Unicitde Ton Existence) quelle est rcite dans lOrai-son mtaphysique de la nuit du Vendredi. Quant lasignification vritable de cette expression, Michel

    Vlsan crivait en 1953 : Pour ce qui est de laforme muhammadienne de la tradition, celle-ci esten tout cas, originellement et essentiellement, axesur la doctrine de lIdentit Suprme qui est cellede la Wadah al-Wujd [...] La chose dsigne estpurement muhammadienne : ce nest que le Tawd

    mme, dans son acception initiatique, acceptionque lhistoire traditionnelle antrieure atteste fr-quemment, et que ce matre [Ibn Arab] ne faisaitque rendre plus explicite et plus sensible pourlintellectualit contemporaine [...] Cette doctrinequi relevait par nature dun enseignement sot-rique, et dont quelques signes seulement pouvaienttranspirer lextrieur, affirme lidentit du Soi etdAllh ou la Vrit Suprme et Universelle, et en

    mme temps lidentit essentielle de la manifes-tation avec Son Principe (LIslam et la fonction deRen Gunon, pp. 19-20).]

  • 7/27/2019 FUSUS

    11/11

    LA SAGESSE DESPROPHTES?

    - 111 -

    spirituelle, ou encore de la communaut permanente surcertains plans autres quextrieurs. Des constatationsanalogues sont souvent faites mme en rapport avec desdoctrines appartenant des formes religieuses nonislamiques.