Fêtes Les décorations de Noél, une tradition pas si ancienne · 2019-01-29 · landes, de boules...

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Date: 12.12.2018 24 Heures Gesamt 24heures / Immobilier 1001 Lausanne 021/ 349 44 44 www.24heures.ch Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 55'147 Parution: hebdomadaire N° de thème: 377.116 Ordre: 1094772 Page: 6 Surface: 120'699 mm² Référence: 71900697 ARGUS DATA INSIGHTS ® Schweiz AG | Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich T +41 44 388 82 00 | E [email protected] | www.argusdatainsights.ch Coupure Page: 1/3 Fêtes Les décorations de Noél, une tradition pas si ancienne Manon Todesco D'abord païennes, chrétiennes puis ancrées dans notre société mondialisée, les décorations de Noël ont muté à travers les époques ën le 'êat de tsouurjcoounrssoété mation et les foyers n'ont pas toujours été ornés à foison de guir- landes, de boules et de lumières. Im- possible pour les experts de dire exac- tement à quand remontent les déco- rations. Cela dit, les premières traces de végétaux aux fenêtres des maisons entre Noël et l'Épiphanie remonte- raient à la fin du Moyen Âge. «En Eu- rope centrale, on trouvait du houx, du gui ou encore des branches de sa- pin, explique Alain Cabantous, histo- rien français et coauteur de «Noël: une si longue histoire». Il n'y avait à ce moment-là aucune symbolique expli- cite liée à Noël. Il s'agissait de se proté- ger contre les mauvais esprits et les sorcières en cette période incertaine qu'était l'entrée dans l'hiver.» Au XVe siècle, on voit apparaître dans les régions de culture germani- que des arbres ou des sapins plantés ou exposés dans des lieux publics, tels que des églises ou encore des maisons de corporations. Mais nous sommes encore loin du sapin de Noël indivi- duel. Mais au fait, pourquoi le sapin, et pas un autre arbre? «On célèbre le pas- sage d'une saison à une autre, et le défi est de trouver un arbre symbolisant la vie. En hiver, l'un des seuls arbres verts que l'on trouve, c'est le sapin...» Selon les archives de la ville de Sélestat, en Alsace, la première mention d'un sapin coupé pour servir de décoration à Noël date de 1521. Puis, en 1605, les écrits révèlent qu'il est d'usage, à Stras- bourg, de dresser des sapins dans les maisons. Autre particularité: parfois le sapin n'est pas posé au sol mais pendu au plafond, à défaut de place. L'évolution du sapin Dès son apparition, le sapin est ha-

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Date: 12.12.2018

24 Heures Gesamt

24heures / Immobilier1001 Lausanne021/ 349 44 44www.24heures.ch

Genre de média: Médias imprimésType de média: Presse journ./hebd.Tirage: 55'147Parution: hebdomadaire N° de thème: 377.116

Ordre: 1094772Page: 6Surface: 120'699 mm²

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FêtesLes décorations de Noél, une tradition pas si ancienne

Manon TodescoD'abord païennes,chrétiennes puisancrées dans notresociété mondialisée,les décorations deNoël ont muté àtravers les époques

ën le 'êat

detsouurjcoounrssoété

mation et les foyersn'ont pas toujours étéornés à foison de guir-

landes, de boules et de lumières. Im-possible pour les experts de dire exac-tement à quand remontent les déco-

rations. Cela dit, les premières tracesde végétaux aux fenêtres des maisonsentre Noël et l'Épiphanie remonte-raient à la fin du Moyen Âge. «En Eu-rope centrale, on trouvait du houx,du gui ou encore des branches de sa-pin, explique Alain Cabantous, histo-rien français et coauteur de «Noël:une si longue histoire». Il n'y avait à cemoment-là aucune symbolique expli-cite liée à Noël. Il s'agissait de se proté-ger contre les mauvais esprits et lessorcières en cette période incertainequ'était l'entrée dans l'hiver.»

Au XVe siècle, on voit apparaîtredans les régions de culture germani-que des arbres ou des sapins plantésou exposés dans des lieux publics, telsque des églises ou encore des maisons

de corporations. Mais nous sommesencore loin du sapin de Noël indivi-duel. Mais au fait, pourquoi le sapin, etpas un autre arbre? «On célèbre le pas-sage d'une saison à une autre, et le défiest de trouver un arbre symbolisant lavie. En hiver, l'un des seuls arbresverts que l'on trouve, c'est le sapin...»Selon les archives de la ville de Sélestat,en Alsace, la première mention d'unsapin coupé pour servir de décorationà Noël date de 1521. Puis, en 1605, lesécrits révèlent qu'il est d'usage, à Stras-bourg, de dresser des sapins dans lesmaisons. Autre particularité: parfois lesapin n'est pas posé au sol mais penduau plafond, à défaut de place.L'évolution du sapinDès son apparition, le sapin est ha-

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24heures / Immobilier1001 Lausanne021/ 349 44 44www.24heures.ch

Genre de média: Médias imprimésType de média: Presse journ./hebd.Tirage: 55'147Parution: hebdomadaire N° de thème: 377.116

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billé. «On y met des pommes, desfruits secs, des bougies, des fleurs enpapier, des hosties ou encore deséclats de miroirs, ajoute Alain Caban-tous. Des gravures de la fin du

AlainCabantous

Historienet auteur

ElisabethParmentier

Professeure,Uni de Genève

XVIIIe siècle représentent des sapinsrecouverts d'énormes fruits et friandi-ses.» Une fois le sapin dévêtu, lespommes rouges et brillantes, peut-être en rappel du fruit défendud'Adam et Ève, étaient croquées parles convives.

La décoration est donc, dans unpremier temps, principalement végé-tale, naturelle et rustique. Au XIXe siè-cle, les premières boules apparaissent.D'ailleurs, la légende dit qu'en Lor-raine, vers 1860, la récolte de pommesétait tellement mauvaise que des souf-fleurs de verre auraient fabriqué desboules en substitution pour décorerles sapins. D'après l'Association fran-çaise du sapin de Noël naturel, on lesornait également d'anges en métal,d'étoiles en paille, de pommes de pindorées ou encore de cheveux d'ange.

Le sapin prendrait donc ses raci-nes en Alsace, s'étendrait en Rhéna-

nie, puis dans les pays allemands, enScandinavie, en Angleterre et enfinplus récemment dans les régionsfrancophones. Car dans celles-ci,comme en Italie, c'est la crèche quidomine depuis le début de l'époquemoderne. Là encore, elle s'exposedans les églises et les couvents. «L'ac-caparement domestique de la crècheest lui aussi relativement récent, re-lève Alain Cabantous. Il y a parailleurs une évolution notable entreles premières crèches et les contem-poraines. Les santons représententtoujours la naissance de Jésus, maisaussi la vie du village et ses scènesquotidiennes. Ily a un hiatus entre lesdeux époques.»

C'est à la fin du XIXe siècle que lesdécorations de Noël telles que nous lesconnaissons aujourd'hui prennentleurs racines. On commence à fabri-quer les boules et les santons en séries.Quant aux guirlandes électriques, ellesremplacent les bougies dès les années1920. Cela dit, c'est après la SecondeGuerre mondiale qu'un vrai tournantest marqué. «Jusque-là, nous avionsdes témoignages très précis, notam-ment de Bretons, pour qui arracher unsapin pour le mettre chez soi était uneaberration», nuance Main Cabantous.

À partir des années 1950, on as-siste successivement à une industria-lisation puis à une uniformisation desdécorations de Noël, et plus générale-ment de la fête de la Nativité. «Noëln'a pas échappé à la marchandisationet à la mondialisation, note l'histo-rien. Les sapinières dévolues unique-ment à ce marché n'en sont qu'un

exemple. Il y a une pression socialeautour de cette fête, et cela passeaussi par la décoration du foyer. EnAmérique latine, alors que l'été batson plein en décembre, on trouve dessubstituts pour reconstituer cette fêtehivernale en essayant, par exemple,de fabriquer de la neige artificielle.»De l'intérieur à l'extérieurAujourd'hui, dresser un sapin et déco-rer son chez-soi est devenu la norme.Comme pour tout le reste, les décora-tions de Noël suivent le diktat des mo-des. L'arbre peut être naturel, synthé-tique, en bois ou lumineux. Certainsapprécient une décoration tradition-nelle à base de matériaux naturels etchaleureux, d'autres ne dérogent pasà la règle du rouge et vert ou despaillettes, et les plus originaux assu-meront des choix plus bling-bling. «Cequi est assez nouveau par contre, re-marque Alain Cabantous, c'est la pro-fusion d'illuminations à l'extérieur dela maison, sur les rebords des fenê-tres, les balcons ou encore les façadesde maisons. Il est devenu courantd'apercevoir des Pères Noël grimperaux murs ou encore des projectionsde lumières. Cette mise en valeur desmaisons fait partie des tendances trèsrécentes. Nous n'en sommes pas en-core à la dimension américaine maisça commence à venir. On passe pro-gressivement d'un Noël intérieur, fa-milial, dans l'intimité du foyer, à unNoël qui se donne à voir aux autres.»Pour aller plus loin: «Noël, une silongue histoire...», d'AlainCabantous et François Walter,400 p. 2016, Ed. Payot,

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Le sapin a été exposé dans deslieux publics dès le XVe siècle.La gravure à l'eau-forte deBenjamin Zix, «Er schlofft, erschlofft...» date de1806. C'est letémoignage le plus ancien de lapratique de suspendre un arbredans un logis en Alsace. De nosjours, l'arbre de Noël trône aussisur les places des villes et desvillages (ci contre à Milan enItalie, ci-dessus à Zghorta, auLiban). Mais depuis le début, lesenfants sont au coeur de la fête.

Noël, fête religieuse ou commerciale? La décoration du sapin, sansaucune connotation avec Noël,remonte à l'Antiquité. «L'arbre enlui-même relève d'une traditionpaïenne, confirme ElisabethParmentier, professeure ordinaire àla Faculté de théologie del'Université de Genève. Les chrétiensse sont approprié la traditioncommune du sapin et lui ont donnéun sens religieux, pour représenterl'arbre du jardin d'Eden.»Aujourd'hui, Noël est pour la plupart

d'entre nous une fête commercialequi a été déchristianisée. Pour notrespécialiste, s'il y a toutefois unetradition religieuse qui reste bienancrée dans les pays catholiques,c'est la messe de minuit. Cela dit,elle regorge de symboles trèsconnotés liés au Christ dontbeaucoup d'entre nous neconnaissent pas le sens. «En France,le principe de laïcité a voulu qu'onsupprime tous les signes religieux,poursuit Elisabeth Parmentier. On a

gardé le Père Noël, qui estaméricain, mais on a aussi gardé lesapin car on oublie souvent qu'il aété christianisé... Le calendrier del'Avent est aussi inspiré des bougiesqu'on allumait chaque jour, dès leXIXe siècle, pour décompter lesjours avant la venue du Seigneur.»Et de conclure: «Noël, par sasymbolique de l'enfance, la réuniondes proches et le sens du cadeau,reste, qu'on le veuille ou non, lié auxvaleurs chrétiennes.» M.T.

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