FRF Lettre Ouverte a Michel Druon

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  • 8/7/2019 FRF Lettre Ouverte a Michel Druon

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    LA PROTESTATIO

    LETTRE OUVERTE

    Le Marchal - n 202 - 2etrimestre 200124

    A propos de La France aux ordres dun cadavre

    dAndr Rcipon

    Keystone

    Pour se rendre au Palais de Justice durant son procs, le Marchal est contraint de

    monter, au fort de Montrouge, dans le panier salade. La rconciliation desFranais passait obligatoirement par la reconnasissance du rle quavit jou le

    Marchal. Au lieu de cela...

    Maurice Druon

    N en 1925, engag volontaire en 1944, 18 ans, Andr Rcipon fera aprs les hos-tilits, une brillante carrire dans la banque. On sait plus gnralement quil cra en1968, la Fondation Raoul Follereau, organisation qui peut senorgueillir dtre lartisande la victoire sur la lpre.Aujourdhui, comme le grognard de lAiglon, il se rvolte : Jai suivi De Gaulle ds1940 pour dfendre mon pays. Pas pour quil ramne au pouvoir les politiciens responsables

    de la dfaite.Dj dans un livre de souvenirs (publi hors commerce en 1990) Andr Rcipon cri-vait : Tous ceux qui (en 1944) ntaient pas pro-anglais, juifs, communistes, ni mme pro-allemands, mais qui taient rests des Franais pour la France, furent considrs commedes traitres et, dfaut dtre fusills, couverts dopprobre. Llite de notre pays fut massa-cre ou limine de la vie politique ou religieuse. Notre pays ne sen est jamais remis.

    Cher Monsieur lAcadmicien,

    Jai lu dune traite, passionnment eten la moiti dune nuit, votre dernierlivre La France aux ordres dun

    cadavre, mais je suis rest en partie sur

    ma faim, car vous ntes pas all jusquaubout de la vrit. Je salue sans hsiter ceque vous avez crit et le courage quil vous afallu pour briser la loi du silence. Mais le malqua fait et que fait encore le communisme notre pays, mal que vous dnoncez avecloquence et conviction, ne sest pas dve-lopp par gnration spontane.

    Le communisme naurait jamais pu corrom-pre ce point la France et ses institutions,sil ny avait eu, parmi les Franais, tant decomplices conscients ou inconscients quiont voulu faire un bout de chemin avec lui.Vous dnoncez les dmocrates chrtiens et

    les socialistes, mais vous oubliez le princi-pal, celui par qui le malheur est arriv :

    celui qui a graci en 1945 lestratres qui ds septembre 1939 ontchoisi de trahir la France, de dserteren temps de guerre et de sallier avecHitler notre ennemi, parce quil venaitde signer un pacte avec Staline ;

    celui qui a accept leur allian-ce lorsquils ont nouveau changde camp aprs quHitler ait attaqulURSS en juin 1941.

    De Gaulle a justifi son attitude en disantque les communistes avaient repris le com-bat contre les Allemands. Vous savez trsbien, et vous le dites dans votre livre, com-ment ils ont repris le combat en tuant des

    officiers allemands dans le dos pour dclen-cher une rpression qui fusillerait des otagesquils sempresseraient de rcuprer. Pourjustifier leur attitude, ils ont dit quils vou-laient montrer que le peuple tait contre lacollaboration donc contre la politique duMarchal. En fait les communistes ne fai-

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    LETTRE OUVERTE

    LA PROTESTATION

    >>> Suite de la page 25

    Sous la IVe rpublique on pouvait criti-quer les administrations dfaillantes et lesfonctionnaires ngligents. Sous la Ve cestimpossible, toute critique quelle quelle soit,est considre comme un crime de lse-ma-jest.

    Un moment jai cru que tout cela allaitchanger avec larrive du PrsidentPompidou dont vous avez t le ministre.Mais aprs avoir lanc votre apostro-phe clbre, vous tes parti, jallais direpresque silencieusement Pourquoi ? Cenest ni dans votre nature, ni dans votretemprament.

    Le colonel REMY a souffert lorsquil adcouvert la vrit sur le Marchal. Il asuppli De Gaulle de revenir sur ce crimeet de rparer cette injustice. Toujours aunom de la raison dtat, a-t-il dit, De Gaullea refus. Cest un mensonge. Cest sonorgueil qui le poussait sabriter derrirela raison dtat et prtendre incarner laFrance, alors que seul le Marchal avaitt investi et reconnu par tous les tats ycompris les U.S.A. et lU.R.S.S. En ralit,De Gaulle a condamn ceux qui ont euune autre conception de leur devoir quela sienne et les a laisss mourir, commele gnral Dentz les fers aux pieds, nonparce quils avaient dout de la France,mais de lui.

    Voil, cest dur, mais il fallait que asorte.

    Jai chant votre chant, et donc, dunecertaine manire, vous avez particip aumensonge auquel jai cru et qui aujourdhuiempoisonne toujours la France.

    Votre livre me laisse un immense espoir.Il vous suffirait defaire un geste : cegeste videmmentne satisfera pas lescommunistes, maisil y a longtempsquils se sont retran-chs de la commu-naut nationale, lapreuve, cest quilsse nomment leparti communistefranais ! Mais cegeste, si vous le fai-tes, sera pour tous

    O il est question

    du colonel Rmy,

    de Raoul Follereau

    et du docteur Schweitzer...

    Andr Rcipon ( droite) auprs de RaoulFollereau.

    Le Marchal - n 201 - 1ertrimestre 200126

    Xavier Vallat et le chanoine Polimann

    runis Vichy. Deux glorieux com-

    battants, deux dputs, deux gran-

    des consciences franaises.

    des communistes sur lducation nationale,

    mainmise dont vous dnoncez les mfaits.

    les vrais Franais un geste dapaisement,un geste de rparation, un geste qui sup-primera dfinitivement la fracture de lacommunaut franaise qui dure depuis 55ans et lempche de se rassembler.

    Proposez, avant quils ne dis-paraissent tous, aussi bien ceux qui ont suivi de Gaulle quceux qui sont rests fidles auMarchal, de conduire son cer-cueil le 11 novembre prochain delIle dYeu au fort de Douaumonto il reposera en paix au milieude ses soldats.

    Jai bien hsit avant dcrire cette let-tre. Mais pour moi que Raoul Follereauconsidrait comme son fils et qui suis sonhritier spirituel, il me semble que je lui

    donne par cette lettre une nouvelle preuvede mon attachement. Vous nignorez pasen effet que Raoul Follereau fut plac,pendant la drle de guerre, par le 2eBureau du Grand Quartier Gnral laCommission Interministrielle de ContrleTlphonique. A ce titre il couta, entreautres, les conversations entre Reynaudet Roosevelt en juin 1940. Il tait doncbien plac pour savoir que le Marchalnavait pas dautre solution que celle dedemander larmistice.

    Toute sa vie il restera fidle au Marchalet considrera sa condamnation comme

    une tache lhonneur de la France.Comme le Marchal son procs, il nesortira jamais de sa rserve. Sauf unefois la mort du docteur Schweitzer. Ilcrira un article intitul Schweitzer est-ilfranais ? dans lequel il dira : Tous lesChefs dtats du monde ont adress unmessage de condolances la fille duclbre mdecin. Tous sauf le Gnral DeGaulle. Pourquoi ? Parce que le docteurSchweitzer tait membre du Comit pourla rhabilitation du Marchal.

    Demain lennemi connatra le prix dusang et des larmes avez-vous crit en

    pensant aux occupants. Mais ce sont lesoccups, qui ont rsist le revolver sur latempe et qui souvent, la mort dans lme,ont d se compromettre pour viter un plusgrand mal, qui ont connu, par les commu-nistes, le prix du sang et des larmes.

    Jai confiancedans votre rpon-se car le couragene vous a jamaismanqu.

    Avec lassu-rance de ma res-pectueuse consi-

    dration.

    AndrRciponCroix du

    combattantvolontaire 39/45

    ArchivesAndrRcipon

    Keystone

    Nous sommes en dcembre 1941.

    A la suite dattentats anti-alle-

    mands o se trouvaient impli-

    qus (avec dautres) des rsistants Juifs,les autorits doccupation - on ne rappel-

    lera jamais assez quune arme trangre

    occupait le pays et que, comme toute

    arme doccupation, cest elle qui dci-

    dait et ordonnait tout - les autorits doc-

    cupation donc, dcident dimposer dune

    amende de UN MILLIARD de francs la

    communaut isralite de France tra-

    vers ses reprsentants officiels, lUnion

    Gnrale des Isralites de France, lU.

    G.I.F.

    Ouvrons une parenthse pour dire que

    la valeur du franc de cette poque tait

    (renseignement fourni par la Banque de

    France) peu prs le double de la valeur

    du franc actuel. Un milliard de francs de

    1941 en valait donc DEUX de nos jours.

    Une amende de cette importance tait

    tout simplement colossale.

    Les reprsentants de lU.G.I.F. Andr

    Baur pour la zone occupe, et Raymond

    Raoul Lambert pour la zone libre,

    staient immdiatement tourns versVichy. Ils savaient parfaitement que le

    gouvernement du Marchal Ptain entre-

    tenait avec le Consistoire Central et le

    Grand Rabbinat de France dexcellentes

    relations. Cest par dizaines, en effet,