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Peinture et musique – «Sonic Sculptures» de Martin Klimas Ces sons qui symbolisent la paix – lorsque l’audition scelle la paix Feist – la force du silence Une mise en image captivante! Irving Penn et Issey Miyake La voix de João Gilberto LE MAGAZINE DE LA CULTURE DE L’AUDITION NUMÉRO VINGT ET UN KT TUNSTALL A ÉTÉ PHOTOGRAPHIÉE PAR B RYAN ADAMS HEAR THE WORLD FRANCE 6 EURO SUISSE 9 CHF ISSN 2190-0639 74099 4 197409 906005 21

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www.hear-the-world.com // www.facebook.com/canyouheartheworld "Malheureusement, ce n’est souvent que lorsqu’on est soi-même confronté au problème que l’on prend vraiment conscience du fait que l’audition est ô combien précieuse", ainsi résume la musicienne KT Tunstall, notre nouvelle ambassadrice Hear the World. Restons dans l’univers musical : Le Vegetable Orchestra a récemment sorti leur troisième CD. Existe-t-il des sons et des sonorités aux vertus pacificatrices ? Partez avec nous à la recherche de la "paix entendue !"" Encore, nous relatant l’histoire de la bossa nova et de son inventeur, João Gilberto, qui a créé une variante du cool jazz qui célèbre la symbiose entre nostalgie, raffinement musical et originalité. Et exclusivement dans ce numéro : L’étude exhaustive pour Hear the World intitulée "ENTENDRE , C’EST VIVRE". Retrouver l’articles complets dans notre édition HEAR THE WORLD 21 – disponible à partir du 4 janvier 2012. Magazin Copyright @ Trademark Publi

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Peinture et musique – «Sonic Sculptures» de Martin KlimasCes sons qui symbolisent la paix – lorsque l’audition scelle la paixFeist – la force du silenceUne mise en image captivante! Irving Penn et Issey MiyakeLa voix de João Gilberto

LE MAGAZINE DE LA CULTURE DE L’AUDITION NUMÉRO VINGT ET UN

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4 HEAR THE WORLD

HEAR THE WORLD NUMÉRO VINGT ET UN

Editorial 5

Hear the World Initiative

Hear the World Sound Academy 6

L’exposition CHANCES* à Hambourg 7

COME AGAINNews

Le silence est d’or 10

Frequently Asked Questions 12

What’s that sound ?

Les patins brisant la glace 14

Produits 16

HEAR THE WORLDVotre attention s’il vous plaît ! – Dynamic SoundField

ou comment faire prêter une oreille plus attentive

aux écoliers en difficulté 22

Bip-bip pour une fonctionnalité sans concession –

des sonneries de réveil ou un hommage musical

à Dieter Rams 26

La House of Hearing à São Paulo – une oasis

de calme et tout ce qu’on peut y entendre 28

Peinture et musique –

«Sonic Sculptures» de Martin Klimas 30

SAFE AND SOUNDLe shopping plus serein – design, son

et consommation au Tokyo Midtown Center 36

Ces sons qui symbolisent la paix – lorsque l’audition

scelle la paix 42

EASY LISTENINGOn ne joue pas avec la nourriture? 48

ENTENDRE, C’EST VIVRE

Une étude pour Hear the World 50

KT Tunstall ou l’exhumation archéologique

de l’ego 52

Feist – la force du silence 56

Une mise en image captivante !

Irving Penn et Issey Miyake 58

La voix de João Gilberto 64

MENTIONS LÉGALES 66

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HEAR THE WORLD 5

EDITORIAL

Chère lectrice, Cher lecteur,

PHOTO DE COUVERTURE

KT Tunstall a été photographiée par Bryan Adams. Les deux artistes apportent leur soutien à l’initiative Hear the World.

«Malheureusement, ce n’est souvent que lorsqu’on est soi-même confronté au problème que l’on prend vraimentconscience du fait que l’audition est ô combien précieuse»,ainsi résume la musicienne KT Tunstall, notre nouvelle am -bassadrice Hear the World, ses expériences personnelles.Cette artiste de renommée mondiale entend légèrementmoins bien d’une oreille – une bonne raison de plus pourelle de s’engager en faveur de notre initiative. Sa princi -pale ambition est de lancer un message à ses jeunes col -lègues musiciens : préservez votre sens le plus précieux,ne prenez pas de risques inconsidérés avec les sons et les bruits excessifs ! Et réagissez à temps dès que vous constatez que vous avez un problème d’audition. Il existeaujourd’hui des aides fabuleuses pour y remédier. – Bien -venue, KT, chez Hear the World !

Restons dans l’univers musical : le plus ancien instrumentde musique du monde était probablement un instrument àpercussion – peut-être une citrouille évidée ou un autrefruit séché qui produisait des sons rythmiques de tambourou de hochet. Le Vegetable Orchestra vient de redécouvrirle potentiel musical des fruits et légumes – et transformedes aubergines, concombres et autres carottes en instru-ments de musique. Pour faire un pied de nez au vieil adage«On ne joue pas avec la nourriture !», ces drôles de musi-ciens ont récemment sorti leur troisième CD intitulé«Onionoise», après le succès de leur deux premiers opus.Bon appétit !

Existe-t-il des sons et des sonorités aux vertus pacifica -trices ? Les symboles acoustiques sont-ils eux aussi appro-priés pour nous rappeler la supériorité de la paix en tant queconcept et pour nous aider à la préserver et à l’organiseractivement ? Visiblement oui – lorsque nous entendons cer -tains bruits, comme le vent qui fait frémir les herbes hautesou le roucoulement d’un pigeon, nous sommes immédiate-ment renvoyés à des symboles de paix. Lisez l’essai de MaxAckermann dans ce numéro et partez avec lui à la recherchede la «paix entendue !»

L’univers de l’audition est inépuisable – faire l’expérience dumonde des sons, des/de la langue(s) et de la musique et pou -voir les apprécier de façon aussi optimale que possible –tel est le fil rouge de ce numéro. Nous vous présentonsnotamment un événement de l’histoire de la musique,comme à notre habitude, ainsi qu’un récit sur les émotionsde la vie et les cultures de l’audition : Ulrich Rüdenauervous fait partir à la découverte d’une façon particulière defaire de la musique, une Nouvelle Vague, en nous relatantl’histoire de la bossa nova et de son inventeur, JoãoGilberto. Ce talentueux chanteur brésilien a consacré savie à la poursuite d’un l’idéal : la «musique parfaite» – etcréé une variante du cool jazz qui célèbre la symbioseentre nostalgie, raffinement musical et originalité.

Pour conclure, je souhaiterais attirer votre attention surnotre étude exhaustive intitulée «Entendre, c’est vivre».Quelle est l’importance de l’audition dans les différentsaspects de la vie ? Quelle est son importance dans nos re -lations avec nos conjoints, nos amis, notre famille ou noscollègues de travail ? Quelle est l’influence de l’auditionsur l’organisation de nos loisirs ou encore notre santé etnotre bien-être ? Des questions sur lesquelles nous noussommes penchés dans cette étude.

Que ce numéro de HEAR THE WORLD puisse vous entraînerà faire des découvertes auditives plus intenses et passion-nantes les unes que les autres ! Je vous souhaite beaucoup deplaisir à la lecture et à la réécoute de ce nouveau numéro.

Cordialement vôtre,

Alexander Zschokke

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Ce déficit auditif concerne de nombreux participants à laHear the World Sound Academy dans leur quotidien. Legazouillis des oiseaux le matin, le clapotis d’une rivière, lecricri des grillons – bref toute la palette de bruits qui par ti -cipe à la perception d’un endroit, tous ces sons, du plusronflant au plus sourd, déclinés sur tous les tons, façon-nent en nous une image du monde qui nous entoure; lesbruits de notre environnement avec toutes les associationsqui en découlent viennent compléter l’impression que nousnous faisons du lieu où nous nous trouvons.

Le Grand Canyon est une merveille de la nature et à vraidire, l’un des plus beaux endroits de la terre pour fairel’expérience de l’univers sonore du monde et découvrir sonimportance. C’est la raison pour laquelle en août 2011 uneéquipe de 17 jeunes normo-entendants et malentendantsont choisi cette destination afin de passer une semaineensemble – dans le cadre de la Hear the World SoundAcademy – encadrés par des scientifiques et collaborateursdu parc national. En semble, ils ont rassemblé des donnéesacoustiques pour créer un podcast que le National ParkService a bien l’inten tion de diffuser.

Au beau milieu de cette nature imposante, entourés de pa -rois rocheuses monumentales s’élevant à la verticale et avecle bleu du ciel pour plafond. Et pour seul accompagnementle silence, ne rien entendre à part le ruissellement de la ri -vière et le croassement isolé des oiseaux – une image sobremais impressionnante, illustrant la grandeur et la force dela nature et ramenant l’homme à la portion congrue de sonexistence. Tous les jeunes qui ont exploré ces «paysagessonores», comme on les appelle, sont revenus absolumententhousiasmés.

Pourtant la merveille naturelle du Grand Canyon est entrain de perdre son imposant univers sonore et, par làmême, son caractère unique. Certains jours résonnent lesrotors des hélicoptères qui font le tour de la vallée avec lestouristes à leur bord, masquant le ruissellement de l’eau etle chant des oiseaux – la pollution sonore de l’activité tou-ristique s’accroît à une vitesse effrénée en modifiant totale -ment la perception acoustique des gens qui visitent lecanyon. Les endroits où règne le calme se raréfient.

Malgré bon nombre de moments de calme, la Sound Acad -emy avait aussi pour objectif de favoriser la communauté etla communication entre les jeunes, en plus des recherchesscientifiques menées. Les échanges avec d’autres adoles-cents de mêmes horizons sur le quotidien scolaire et les pe -tits soucis de tous les jours ont permis à la bonne humeuret à la désinvolture de s’instaurer sur ce site grandiose.Hanna, une lycéenne de 16 ans venue du Colorado, estren trée enthousiasmée de son voyage en tout cas : «Jamaisdans ma vie, je ne me suis sentie aussi libre et aussi heu-reuse parce que j’avais en permanence le sentiment que lesautres me comprenaient vraiment. Pour la première fois,j’ai pu me comporter telle que je suis – sans aucune craintedes préjugés.» Dans la nature comme dans les échanges –écouter attentivement est primordial quel que soit l’endroitdu monde où on se trouve !

Pour en lire plus sur ce séjour dans le Grand Canyon,

rendez-vous sur: http://www.hear-the-world.com/sound-

academy

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HEAR THE WORLD INITIATIVE

Hear the World Sound AcademyL’univers sonore du Grand Canyon

Essayez un peu d’imaginer la situation suivante : vous vous réveillez un matin,et surprise, vous n’entendez plus rien. Ce qui peut paraître comme le paradissur terre à un citadin accablé par le bruit – des voitures, des klaxons ou dessonnettes de vélo – n’a rien de réjouissant pour quelqu’un qui vit au beaumilieu de la nature.

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Sur les murs, les visages de garçons et filles africains photographiés par l’artiste allemand Philipp Rathmer qui,en mai 2011, a accompagné Patrick Nuo, ambassadeur deHear the World, à Nairobi /Kenya pour un projet de la Hearthe World Foundation (que nous avions décrit dans les nu -méros 19 et 20). L’exposition photos s’intitule CHANCES*et lors de son vernissage le 16 novembre 2011, a enthou-siasmé plus de 400 invités.

Une grimace mutine, des sourcils obstinément froncés ouen core un sourire timide – le regard de chacun des 19 pairesde grands yeux noirs révèle une personnalité unique et ra -conte une émouvante histoire : tous ces enfants sont atteintsde perte d’audition et ont absolument besoin d’aide pourpouvoir mener une vie un tant soit peu normale. Tous fréquentent l’école Joymereen, un établissement accueil-lant des enfants malentendants à Nairobi, capitale du Kenya.Songeurs, parfois tristes, souvent aussi malicieux, éveillés etespérant enfin une vraie chance, ils attachent leur regardà l’auteur de ces portraits.

Le photographe Philipp Rathmer, qui a déjà signé de su -perbes portraits de mannequins tels qu’Eva Padberg, desportifs comme Wladimir Klitschko et de musiciens parmilesquels Lady Gaga, est ici parvenu à capturer aussi sobre-ment que simplement l’aura expressive de ces 19 enfantsâgés de 3 à 17 ans. En vendant ces photographies, cetteexposition a permis de rassembler 28’000 Francs Suissesqui seront réinvestis à 100 pour cent dans les soins auxenfants atteints de déficience auditive de Nairobi.

La Hear the World Foundation est présente à Nairobidepuis 2008. Elle a déjà créé un centre auditif en étroitecollaboration avec Cargo Human Care. L’ORL allemandeDr. Michaela Fuchs y offre bénévolement des consultationsrégulières et procède à des tests d’audition. «On a peine à

le croire, mais sans nous, ces enfants n’ont pour la plupartaucune chance dans la vie, souvent ils sont mis sur la touchepar leurs parents, qui n'ont aucun moyen de les aider, et nefréquenteront jamais une école», rapporte Dr. Fuchs. C’estla raison pour laquelle la Hear the World Foundation s’ef-force de repérer sur place ces enfants défavorisés pour leurfournir des appareils auditifs fabriqués par la société suissePhonak – tandis que les piles nécessaires aux aides auditivessont offertes par VARTA Microbattery. Ainsi les élèves del’école Joymereen pour malentendants tout comme les en -fants de la Mathare Valley, le deuxième bidonville de Nairobi,bénéficient-ils d’appareils gratuits qui, au Kenya, seraientsinon inabordables pour la majorité des gens. Afin d’assu-rer le suivi médical et audiologique de ces enfants sur lelong terme, la Hear the World Foundation a mis en place uneéquipe d'encadrement composée de partenaires locaux etinternationaux.

Les plus de 400 visiteurs du vernissage le 16 novembre 2011,parmi eux bien sûr l’ambassadeur de Hear the World et parrain du projet Patrick Nuo, ainsi que le photographe lui-même Philipp Rathmer, mais aussi nombre de personnalitéstelles que Tim Mälzer, Mimi Müller-Westernhagen et JorgeGonzales, se sont déclarées impressionnées par l’exposition.«Lorsqu’on a soi-même mis les pieds dans un bidonville, ons’aperçoit que c’est bien différent de toutes les images qu’onpeut connaître de la télévision, on en a froid dans le dos»,ainsi Patrick Nuo commentant son voyage en Afrique. Outreles portraits en noir et blanc, Rathmer a également présentédes clichés en couleurs dans le style reportage du quotidiendans la capitale kenyane laquelle – malgré toute la misère –reste un lieu haut en couleurs de l’effervescence africaine,bon enfant et désordonnée.

Pour plus d’informations: www.hear-the-world.com/chances

Vous aussi pouvez aider et faire un don pour la Hear theWorld Foundation: Un appareil auditif performant peut

transformer la vie d’un enfant, lui permettre de s’ouvrir

au monde et améliorer considérablement sa scolarité et

ses chances de formation !

La Hear the World Foundation est exonérée d’impôts

dans toute la Suisse.

Coordonnées bancaires pour vos dons: UBS AG Zürich,

Compte : Hear the World Foundation

SWIFT : UBSWCHZH80A, IBAN : CH12 0023 0230 4773 8401U

Merci infiniment de votre générosité!

L’exposition CHANCES* à Hambourg19 visages – 19 chances

Hambourg /Allemagne, novembre 2011 : en entrant dans la galerie de FloPeters, on est accueilli par 19 portraits géants – plus d'un mètre carré cha-cun – en noir et blanc.

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Connu pour son excentricité, l’ex-musicien pop britanniqueBill Drummond n’a pas tardé à s'en rendre compte et alancé il a y plusieurs années déjà la journée sans musique(No Music Day). Cet événement vise à redonner aux gensle goût du silence, l’espace d’une journée au moins. Et àpermettre de méditer sur la musique et l’effet qu’elle a surnous, sur son importance dans notre vie de tous les jours.De cette façon, nous réapprenons peut-être à mieux l’ap-précier et à remettre en question nos exigences musicales.Développée à l’origine en 2005 comme un «plan quinquen-nal», cette idée imaginée par l’artiste bouillonnant auraitdû prendre fin en 2009, pourtant elle perdure aux quatrecoins du monde, continuant à «faire le buzz» dans le cadrede nombreuses actions publiques. Entreprises et particu-liers sont nombreux à participer à cette journée sans musi-que, s’abstenant volontairement le temps d’une journéed’écouter de la musique et de faire du bruit – point d’ipodà l’oreille, de radios braillant à pleins tubes et même lesplatines et la salle de répétition du groupe de rock restent ensourdine. Quelques stations de radio ont même adhéré aumouvement et diffusent pendant 24 heures un programmesans musique.

Etrange, certes, que nous ayons besoin d’une occasion,d’une journée spécialement consacrée, pour trouver unpeu de calme et nous soustraire à cet abreuvement sonoreperpétuel, mais pourquoi pas? Les personnes soucieuses deleur alimentation jeûnent de temps en temps ou ne mangentpas de viande pendant une journée pour retrouver leuréquilibre. Suivons leur exemple et observons chaque annéecette quête du silence, en hommage à Sainte Cécile – lapatronne de la musique – le 21 novembre, veille de sa fête.

Sandra Spannaus

www.nomusicday.com

NEWS

Le silence est d’or

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Thème de prédilection de moult proverbes et chansons, la quête du silenceest aujourd’hui plus que jamais d’actualité, à une époque où notre quotidienmouvementé et tumultueux nous pousse à fréquenter les centres de médita-tion et autres cours de yoga dans le seul but de trouver un peu de répit.

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La surdité peut avoir des causes très différentes. L’une d’elle est la dégéné-rescence normale liée à l’âge, ce qu’on appelle presbyacousie. La prédispo-sition héréditaire de chacun détermine si cette dégénérescence due au vieillissement se produit, et avec quelle gravité elle nous touche. C’est pour-quoi il est tout à fait possible d’avoir une audition normale jusqu’à un âgetrès avancé ou alors de perdre graduellement ses facultés auditives à unâge beaucoup plus jeune. La surdité peut avoir d’autres origines, notam-ment le bruit, les infections, les traumatismes crâniens, l’exposition à desproduits toxiques ou aussi l’apparition de tumeurs. Il est malheureusementimpossible de se protéger contre une dégénérescence liée à l’âge. Toutefois,il est recommandé de protéger son ouïe du bruit afin d'éviter toute aggra-vation de la perte auditive.

Dr. Michaela Fuchs, ORL, praticienne diplômée en médecine du voyage et du tourisme

FREQUENTLY ASKED QUESTIONS

Comment se fait-il que certaines personnes entendent bienjusqu’à un âge très avancé et d’autres non. J’ai lu que le bruitconduit à une perte de l’audition. Mais cela ne s’applique pasà tous ceux qui ne peuvent plus entendre correctement. Et certaines personnes qui n’ont pas protégé leurs oreillesentendent bien malgré tout. Par conséquent, peut-on fairequelque chose pour entendre bien pendant longtemps ou est-ce une question de bonne ou de mauvaise fortune ?

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Oui, il existe des formes de surdité héréditaires qui se manifestent de façonisolée ou dans le cadre d’un syndrome (syndrome d’Usher, syndromed’Alport, syndrome de Pendred, syndrome de Waardenburg). On connaîtaujourd’hui au total plus d’une centaine de syndromes concomitants des troubles de l’audition.

Dr. Michaela Fuchs, ORL, praticienne diplômée en médecine du voyage et du tourisme

La surdité est-elle héréditaire ?

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WHAT’S THAT SOUND?

Les patins brisant la glace

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La ligne de soins du fabricant de cosmétique australienAesop a fait ses preuves sur le marché par la qualité de sesingrédients végétaux et leur excellente tolérance pour lapeau. Depuis des décennies, les produits Aeaop contribuentainsi à l’équilibre et à la santé du corps, des cheveux et dela peau – de la même façon que la musique favorise notrebien-être et remonte le moral.

Aesop a réuni dans le CD «105 minutes» toute la musiquequi touche, libère des émotions, fait revivre le passé, donneenvie de danser ou va simplement droit au cœur. Des titresqui nous transportent au bout du monde – des sonoritésorientales de Mercan Dede et Hüsnü Senlendirici aux accentsmélancoliques de tango et de valse du Serbe Boris Kovac enpassant par les rythmes dansants échevelés de l’ensembleroumain Fanfare Ciocarlia – sont rassemblés dans cette com -pilation internationale qui respire la bonne humeur et oùsouffle comme un parfum de vacances.

Aesop fait partager cette musique au monde à travers sesmagasins et cet exemple devrait faire des émules. Cettesélection parfaite pour toutes les occasions nous accom -pagne musicalement à tous nos endroits préférés. «105mi nutes» de pure joie de vivre est disponible dans les boutiques Aesop et en ligne.

www.aesop.com

PRODUITS

Aesop: 105 minutes

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Au Japon, l’utilisation de clochettes est plus répandue quedans nos latitudes. Cette pratique fait partie intégranted’une tradition ancestrale. Par delà son usage commejouet, la clochette a depuis des siècles un rôle de signalsonore aussi bien à table que dans la méditation.

Tout le monde s’accorde, ici comme là-bas, pour reconnaîtreque les produits en bois sont naturels et sans danger. Lecompositeur, parolier et activiste du mouvement écologiquejaponais Ryuichi Sakamoto s’engage en ce sens à traversson initiative More Trees pour la protection des arbrescomme absorbeurs de CO2. Il parraine la collection bell-orgel de l’entreprise de design japonaise Nendo pour lesgrands magasins Isetan.

Les clochettes de la collection Nendo sont fabriquées encyprès japonais. Elles invitent à une découverte sensoriellepar le toucher et, naturellement, émettent aussi leur tinte-ment caractéristique. Déclinées par Nendo en trois modèles:à poser, à accrocher, à prendre dans la main, les clochettesont été décorées de façons diverses et variées par 57 de -signers ou groupes de design différents. Cette approcheludique et créatrice a fait naître des exemplaires uniques –tour à tour extravagants, discrets, excentriques, sobres,colorés, monochromes, métamorphosés en animal ou entête. Les clochettes en bois façonnées avec la plus grandeminutie sont un véritable régal pour les yeux et peuventêtre utilisées de multiples façons.

www.sitesakamoto.com

www.more-trees.org

PRODUITS

Nendo – Jingle bells, jingle bells…jingle all the way!

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Derrière son minimalisme et son design épuré, la chaîne«Air Speaker» de Loewe cache bien son jeu: véritable con-centré de raffinements techniques et de fonctionnalitésplus conviviales les unes que les autres. Du bout des doigts,l’utilisateur transfère la musique de son iPhone, iPod, iPadou via iTunes vers l’Air Speaker – la transmission s’effectuepar WLAN, LAN ou Powerline. En principe, le transfert estégalement possible par câble, toutefois une telle conne xionserait totalement malvenue et en parfaite contradiction avecl’esthétisme. Cette chaîne à haut-parleur intégré, baséesur la technologie AirPlay, est l’une des toutes premièresen son genre lancée par Loewe sur le marché. Elle intègredeux sub-woofers et deux tweeters et toute une série d’innovations sous un format pratique, à la fois fonctionnelet décoratif.

L’utilisateur peut laisser libre cours à ses préférencesesthétiques – Loewe propose toute une palette de couleurspour la finition de la face supérieure, personnalisable encombinaison avec le boîtier alu noir ou alu argent. Mariagede la discrétion et de l’élégance, «l’Air Speaker» sonorisenotre habitat sans se faire remarquer, dans le coin d’uneconsole ou d’une étagère. La chaîne compacte qui a tout pourdevenir un classique sera disponible dans le commerce àpartir de novembre.

www.loewe.de

PRODUITS

L’exubérance du son, la sobriété du design

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Entendez-vous bien les personnes qui vous entourent ?Etes-vous capable de suivre des conversations dans lesenvironnements bruyants, par exemple dans les réunionsavec de nombreux participants ou dans les soirées lorsquela musique de fond est assourdissante ? Pour les personnesconfrontées à une perte auditive, les situations de ce genresont particulièrement difficiles à vivre. Elles ont toutes lespeines du monde à suivre les échanges entre les inter -locuteurs et à participer à la conversation. Et malgré tout,un grand nombre hésite à sauter le pas et à porter uneaide auditive – souvent pour des raisons esthétiques.

Phonak nano est la solution idéale pour toutes ces per -sonnes. Il s’agit de la plus petite aide auditive intra-auri -culaire sur mesure de Phonak qui reste pratiquement invisible pour l’entourage. Elle s’adapte parfaitement dansle conduit auditif, utilisant un système de design assistépar ordinateur et des matériaux modernes de dernièregénération. Très confortable à porter, facile à installer, elles’oublie dans l’oreille.

L’aide auditive miniature combine une esthétique irré -prochable et une qualité sonore hors pair. En effet, elleintègre le processeur acoustique le plus performant quiexiste à l’heure actuelle dans secteur technologique des aides auditives. Ce produit de qualité «made inSwitzerland» combine des performances auditives maxi-males et une taille minimale – l’alliance parfaite de la qualité sonore et de l’esthétisme.

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Phonak nano – indécelable et esthétique

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En 1844, le médecin allemand Dr. Heinrich Hoffmann, àses heures auteur de livres pour enfants, publie un livre de comptines aujourd’hui célèbre : «Pierre l’Ebouriffé». Cere cueil pédagogique relate des exemples de comportementsd’enfants turbulents en guise de leçon de morale à l’a -dresse des enfants comme de leurs parents. A l’époque oùce livre paraît, on ne parle pas encore «d’hyperactivité» nide «troubles de la perception et du traitement central»,pourtant l’une des comptines relatant «l’histoire dePhilippe le gigoteur» met en plein dans le mille et décritexactement les symptômes des TDA/TDAH. Les causes deces déficits originaires du système nerveux central (SNC)restent encore grandement méconnues. Une chose est sûretoutefois : ils ne proviennent pas d’une déficience congéni-tale ou d’une perte d’audition pathologique. Certains scien - tifiques présument que près de 50 % des cas ont une ori ginegénétique. D’autres mettent en cause des troubles dudéveloppement neurobiologique. A l’origine de troublesauditifs entravant la compréhension du langage, il peutpar exemple y avoir une lésion de l’aire de Wernicke dansle cerveau, une partie du cortex responsable du traitementdu langage. Mais les preuves manquent pour étayer cettethéorie.

Il est frappant que l’augmentation récente des TDA et TDAHaille main dans la main avec l’accroissement du matra -quage sensoriel auquel sont exposés les enfants dont le cerveau se trouve encore en pleine phase de développe-ment. Et le neuroscientifique allemand Gerhard Roth deconstater : «Le cerveau court au naufrage lorsqu’on le ma -traque. Si on le stimule trop ou pas assez, le processus dematuration naturel s’en trouve perturbé.». Le ProfesseurGerd Lehmkuhl, pédopsychiatre à la clinique universitairede Cologne, a déclaré dans une interview : «Le risque dedévelopper des TDAH est amplifié par les influences extérieures, par exemple lorsque l’enfant est exposé à unesollicitation sensorielle excessive ou à de fortes contraintesd’ajustement.» Par conséquent, lorsqu’on recherche lescauses des troubles auditifs centraux, il faut partir du principe que la consommation excessive de médias électro-niques et numériques et la pression exagérée sur les enfantspar des parents trop ambitieux et avides de performancesjouent un rôle considérable et se traduit alors par des dérapages du système neuronal.

Préserver le cerveau des enfants face aux agressions

de l’ère numérique

Pionnier de la création du World Wide Web, l’informaticienaméricain David Gelernter est un homme dont le nom estétroitement lié à l’avènement de l’ère numérique. Il aégale ment mené de nombreuses études afin d’évaluerdans quelle mesure les moyens de communication numé-riques et jeux vidéo ont un impact sur le développement du cerveau et le comportement des enfants. Sa revendi -cation : «Le cer veau des enfants a besoin de calme. Nedonnez pas un téléphone portable à votre enfant avantl’âge de quatorze ans. Veillez à ne pas mettre entre lesmains des enfants des «iJouets» sous peine de les envoyerau purgatoire électronique.»

Au sujet des conséquences d’Internet, dont il essaya envain d’empêcher l’utilisation dans les écoles primairesaméricaines, Gelernter précise: «J’ai l’impression que parsa simple structure – un clic sur un hyperlien et on a lecybermonde à ses pieds – Internet raccourcit la périoded’attention des enfants. Les enfants n’apprennent plus àpersévérer lorsqu’ils sont confrontés à un thème difficile.Aujourd’hui, les SMS et la manie de téléphoner en perma-nence sont encore plus susceptibles de transformer l’en-fant électronique en un protagoniste de comédie burlesqueoù des gags viennent sans cesse interrompre le déroule-ment de l’action». Si l’on adhère à cette théorie, les trou-bles de l’attention et de la perception – accompagnés ounon d’hyperactivité - devraient logiquement poser de plusen plus de problèmes aux enseignants dans les pays occidentaux industrialisés. Notre mode de vie électroniquepourrait ainsi «préprogrammer» – au vrai sens du termece type de troubles de l’apprentissage. ›

SAVOIR

Votre attention s’il vous plaît! – Dynamic SoundField ou commentfaire prêter une oreille plus attentive aux écoliers en difficulté

Environ 5 à 10 % des enfants scolarisés sont aujourd’hui concernés par desdéficits auditifs de l’attention (TDA). Lorsqu’ils s’accompagnent d’hyperactivité,on parle de TDAH. Cette forme mixte est la plus fréquente. La panoplie desymptômes difficiles à cerner représente un obstacle majeur et compromet laréussite de la scolarité.

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L’Académie américaine de pédiatrie (AAP) a réagi en for-mulant des lignes de conduite : les enfants de moins dedeux ans n’ont rien à faire devant un écran, en d’autrestermes les téléviseurs, DVD, ordinateurs et autres jeuxvidéo doivent être tabou pour cette tranche d’âge. Lesenfants de deux ans et plus sont autorisés à regarder aumaximum deux heures par jour la télévision, à conditionqu’il s’agisse de programmes conçus pour eux. Et déjà onpropose aux parents de s’inscrire à des ateliers intitulés«Avons-nous besoin d’une école TDAH ?» Mais est-il vrai-ment opportun de rassembler une flopée d’enfants hyper-actifs dans une même classe, la question se pose. Sanscompter que les déficits auditifs de l’attention et du traite-ment dont souffrent les élèves affectent non seulement leurpropre faculté d’apprentissage et leurs résultats scolaires,mais distraient également leurs petits camarades. Ils per-turbent le cours en réduisant le temps consacré à l’enseigne -ment proprement dit, obligeant l’enseignant à solliciter àoutrance ses cordes vocales, mais aussi sa patience et sesnerfs. Si l’on part du principe qu’il est statistiquement possible de rencontrer un enfant affecté de TDA/TDAHdans chaque classe de 25 à 30 élèves, on imagine facile-ment ce que cela peut vouloir dire pour les enseignants etpour les autres élèves. Si tous ces enfants ne sautent pastous sur les tables et sur les chaises, la plupart sont cepen-dant incapables de contrôler leurs impulsions. Ils prennentla parole sans y être invités, ne sont pas attentifs ou fontdu remue-ménage et constituent ainsi une source d’agi -tation permanente qui perturbe énormément la capacitéde concentration de leurs camarades de classe.

Dynamic Soundfield – un nouveau système de

sonorisation qui fait prêter l’oreille

S’il est somme toute légitime de débattre de la nécessitéd’ouvrir des écoles TDAH, des établissements de ce typeprésenteraient un inconvénient majeur : les enfants pré-sentant des troubles du traitement auditif y seraient mar-ginalisés et relégués dans la catégorie handicapés. Sur labase de la méthode pédagogique de «la directivité natu -relle», Phonak a mis au point pour tous les élèves un sys -tème de sonorisation des salles de classe qui permet demieux intégrer dans le quotidien scolaire normal les enfantsconcernés par les TDAH et en particulier ceux affectés parun trouble de l’audition centrale. Le principal problème de ces enfants est de ne pas parvenir à suivre le cours lorsque la classe est agitée et que les élèves font du bruit.En effet, ils ont peine, voire ne parviennent pas du tout, àfiltrer la voix du professeur à partir du brouhaha ambiantet de différencier la voix de l’enseignant des autres voix.Le système Dynamic SoundField et sa transmission sans fildu son par modulation de fréquence résout ce problème defaçon inédite en amplifiant automatiquement la voix del’enseignant en fonction des fluctuations du niveau debruit dans la salle de classe. De cette façon, tous les élèvesbénéficient de la même qualité de compréhension – mêmelorsque le bruit ambiant dépasse un niveau normal. Eneffet, Dynamic SoundField est en mesure d’amplifier la

voix de l’enseignant jusqu’à 20 dB. De plus, le rapportsignal-bruit du système – c’est-à-dire le rapport entre lesignal vocal et les bruits de fond indésirables – est supé-rieur à celui de tous les autres systèmes de sonorisationconventionnels. En d’autres termes : Les enfants affectésde TDA et de TDAH ont eux aussi la chance de pouvoir seconcentrer pleinement sur la voix de l’enseignant et desuivre le cours. A l’école, les bénéfices de Dynamic Sound -Field sont par conséquent une reconnaissance optimaledes séquences de mots et des phrases, une attentionaccrue, une meilleure participation des élèves et, au final,un apprentissage plus rapide des bases élémentaires pourla suite du parcours scolaire: lecture, écriture et calcul.Les enseignants tirent profit de Dynamic SoundField parceque lorsque les élèves sont attentifs, le cours est plus fluideet les perturbations moins nombreuses. Ils peuvent ména-ger leurs cordes vocales et tombent moins fréquemmenten arrêt-maladie en raison d’une extinction de voix. Globale -ment, le corps enseignant est ainsi en mesure d’exercerson métier avec nettement moins de stress, ce qui a réci-proquement des retombées positives pour les élèves. Ensupplément, Dynamic SoundField contribue grandement àpermettre désormais aux élèves de mieux se concentrersur le cours et d’apprendre plus facilement, même en pré-sence de camarades jusqu’à présent inattentifs et frustrésen raison de leurs déficits, perturbant tout le temps lesautres en gigotant.

Une installation et une utilisation simples –

une acoustique parfaite

Dans son équipement de base, le système Dynamic Sound -Field se compose de l’émetteur inspiro, une inven tion ré -compensée par plusieurs prix, avec un mini micro de tête –ou bien un micro-cravate – et une enceinte par salle declasse. Il transmet la voix de l’enseignant à l’auditoiredirectement et sans échos, réverbération ni larsen suscep-tibles de perturber l’écoute. Le signal vocal et le volumesont adaptés exactement aux bruits ambiants dans la sallede classe. Pour obtenir un résultat acoustique optimal,l’enceinte-colonne doit être installée soit sur un supportmural soit sur un pied à positionner sur le devant de laclasse. Comme l’émetteur inspiro est compatible avec lesrécepteurs FM qui sont connectés aux aides auditivesPhonak, les élèves malentendants peuvent également profiter de l’acoustique Dynamic SoundField. En particu-lier les élèves dont la perte auditive est unilatérale sont enmesure de suivre le cours sans difficulté.

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Un reportage sur l’art moderne s’accompagne irrémédiable-ment de jazz pesant ou d’une agaçante musique dodéca-phonique, comme pour en souligner l’aspect expérimentalet rappeler que, pour la plupart des gens, tout concept pro -gressif qui se respecte se doit de cultiver sa différence et sonoriginalité – les choses n’ont guère changé aujourd’hui.

Si, dans les années cinquante et soixante, de nombreuxappareils à vocation musicale sont passés à la postérité dudesign, tel par exemple le «cercueil de Blanche-Neige» en1956, fameux poste radio/tourne-disque SK4 de la marqueBraun, les créations fonctionnelles et à tendance minima -liste du design moderne sont rarement réputées pour leurlégèreté et leur allégresse musicale auprès du grand public.Pourtant, cette sévérité formelle et cette simplicité des formes chères à Rams, designer en chef de la société Braun,a déjà été à plusieurs reprises source d’inspiration pour lesmusiciens : en 1996, l’artiste allemand Johannes Wohnseiferpublie un disque de musique électronique «Braunmusic»,pour lequel il demande à des amis DJ de lui fournir des samples de sonneries de réveil extraits de la collectionBraun. Plus récemment, le musicien et compositeur britan-nique Jon Brooks a développé une série de courts morceauxmusicaux basés sur les bruitages inimitables des réveilsBraun qu’il publie sous le titre «Music for Dieter Rams».

Les compositions, qui constituent un hommage à l’un desdesigners les plus influents du 20ème siècle, ainsi qu’à sesprincipes, traduisent également un regain d’intérêt pour lemoderne : longtemps, les créations aux lignes épurées dufonctionnalisme allemand, et plus particulièrement lesconceptions de Dieter Rams, sont passées pour des pro-duits dénués d’émotion, d’une sobriété sans concession etréduits à leur fonction utilitaire. Mais ces créations ont été revisitées ces vingt dernières années : ainsi, de nom-breux articles développés par Rams pour Braun ont large-ment influencé, voire servi de modèle aux produits Apple.Durant les dernières années, de vastes expositions ontsalué dans le monde entier le talent de Rams comme l’undes designers les plus importants de notre époque. Sescréations ont désormais valeur de modèle et sont gage dedesign pérenne. Des décennies après leur mise sur le marché, elles racontent une histoire presque oubliée: cellede la recherche de la durabilité, du «moins mais mieux»ayant à l’époque donné naissance à une véritable disci -pline. Ils transmettent quelque chose de la foi dans un produit honnête qui, à une époque où les concepts d’éco-nomie et de marketing règnent en maître, passerait presquepour surannée. Et nourrissent occasionnellement l’inspi-ration des compositeurs.

Jon Brooks, qui qualifie son mini-album d’étude des res-sources limitées («a study in limited ressources»), a d’abordenregistré au moyen de microphones de contact les sonsdes réveils Braun qu’il a ensuite synthétisés, puis dévelop-pés. Le résultat : neuf petits morceaux de musique. Il les aintitulés d’après des phrases allemandes découvertes dansdes ouvrages sur Rams et le design Braun qui lui ont sem-blé très pertinentes telles que «l’avenir comme concept»ou bien «retour à la pureté et à la simplicité». Il les a bap-tisés «Mise en scène», «Intensité de champ», «Marche –Veille» ou encore «Circuits électriques», éveillant ainsiconsciemment des associations avec la musique électroni-que et des groupes allemands tels que Kraftwerk. Si toutl’album est composé de bruitages de réveil, les morceauxélectroniques, pour la plupart minimalistes et incitant à laméditation, ne révèlent pas leur origine. On retiendra biendavantage les propos de Brooks commentant la créationdes morceaux qui lui ont été inspirés. Et on s’arrêtera par-ticulièrement aux clichés sur l’Allemagne qu’annoncentd’ailleurs les titres des morceaux : la langue allemande estgutturale, le design allemand est austère, rationnel, prag-matique et rectiligne et toutes les conceptions Braun sontbien entendu de Dieter Rams !

Mais en réalité, le réveil AB 30 dont les bruitages sont à labase de l’hommage de Brooks, est une œuvre de DietrichLubs, designer chez Braun, et créée en 1982 sous l’égidede Rams, alors chef du département. Aujourd’hui, ce sobreréveil est indissociable de l’histoire du design et, malgré saforme dépouillée, illustre par sa surface de projection tousles clichés et les passions. C’est de cette petite sonnerieinsistante, que nous sommes nombreux à connaître et dontnous nous passerions si souvent, qu’est né un hommageplausible – même si la musique ne sera sans doute pas toutà fait au goût de Dieter Rams. La composition de Brookspour Rams n’est ni une parodie, ni un commentaire iro -nique sur l’art moderne. Les neuf pièces sont bien plutôtun clin d’œil musical aux férus de design surfant sur lanouvelle vague du moderne. Et comme l’exige tout bon cli-ché relatif à la fonctionnalité, elles restent consciemmentanguleuses et rationnelles. Arrêt – Marche. Bip-bip.

Markus Frenzl

http://jonbrooks.bandcamp.com/album/

music-for-dieter-rams

LE SON DES CHOSES

Bip-bip pour une fonctionnalité sans concession – des sonneriesde réveil ou un hommage musical à Dieter Rams

Moderne – nombreux sont ceux qui, dans les domaines de l’architecture etdu design, imaginent de sobres projets, austères et sans âme. On auraitpeine à associer une rétrospective sur le Bauhaus ou l’Ecole supérieure dedesign d’Ulm à d’opulentes valses viennoises.

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Pour la House of Hearing de Phonak (Espaço Phonak –Tecnologia em Audição), l’endroit ne pourrait être mieuxchoisi. En effet, ce projet s’est fixé pour objectif de créerun espace unique. Un lieu où les utilisateurs professionnelstout comme le public intéressé peuvent s’informer sur tousles thèmes ayant trait à l’audition et aux aides auditives.De la théorie à la pratique, de la technologie au design.Bref : La House of Hearing propose une expérience audi -tive et informative intégrale, bien au-delà de la simpleboutique promotionnelle.

Pour faire bonne mesure, le magasin et ses élégantes vitrines bordent l’Avenida Rebouças – l’une des artèresprincipales de la ville. Chaque jour, des milliers de véhi -cules passent par là, le terme «passer» étant probable-ment assez mal choisi en l’occurrence puisque le flot devéhicules avance péniblement dans un bruit insupportablede crissement de freins et de sifflement d’accélérateur.

Directement devant l’entrée de la House of Hearing, lebruit ambiant s’affiche en décibels et en lettres géantes surune colonne lumineuse qui ne passe pas inaperçue. Enjetant un œil à l’intérieur à travers la façade vitrée, ondevine que les deux étages de cet espace sont dévolus aucalme : une oasis de tranquillité. A peine franchies les portes du vestibule, le bassin d’agrément augure déjà de laclarté et de l’ouverture qui règne dans toutes les pièces del’établissement. Un salon aménagé avec goût et agrémen-té d’un téléviseur et d’une cheminée vient souligner quel’espace Phonak n’est pas une boutique acoustique commeles autres, mais un lieu conçu pour informer et pour montrer que la qualité de l’audition est inhérente à la qualité de la vie. Selon une démarche identique à celle del’initiative Hear the World, dont les célèbres ambassadeursphotographiés par Bryan Adams ornent la galerie de laréception.

Un comptoir accueille les visiteurs en leur proposant desinformations consultables sur huit iPads. Le public peuttout apprendre sur les toutes dernières technologies etproduits ainsi que les services liés au thème de l’auditionet des aides auditives. Et, bien entendu, différents modulesde démonstration permettent d’expérimenter directementavec l’audition. Sans être distrait par le bruit de la métro-pole et en profitant d’une vue sur un paisible jardin intérieur. Une attraction exclusive est proposée au standDigital Production: une démonstration d’une technique defabrication de modèles intra-auriculaires par images en3D numérisées de l’empreinte de l’oreille des personnes.

Les visiteurs, qu’ils soient utilisateurs, journalistes, étudiants, mères accompagnées de leur progéniture oupersonnes âgées, peuvent consulter s’ils le souhaitent desaudiologistes professionnels pour leur poser toutes lesquestions qui les préoccupent. En effet, en plus d’être unesource d’information, la House of Hearing est aussi uneplate-forme d’échange mutuel d’idées et d’expériences.

Au premier étage se trouve l’auditorium également appeléSound Experience Room. Des exposés et des manifestationssur des questions techniques, mais aussi générales en rap-port avec le thème de l’audition, y sont régulièrement orga -nisés. Certains événements s’adressent spécialement à ungroupe de personnes définies afin de pouvoir aborder entoute sérénité des questions spécifiques.

Toutes les manifestations et informations complémentairessur la House of Hearing sont consultables sur le site Inter -net de l’établissement. Par ailleurs, la House of Hearingpossède des salles de réunions, espaces réservés aux pré-sentations de produits et une cuisine tout équipée. Bienentendu, toutes les salles sont facilement accessibles auxhandicapés. Le bâtiment jouxte une aile extérieure danslaquelle deux audiologistes conseillent les clients et ajustentles aides auditives.

Il manque encore quelque chose ? Naturellement, notrebar se tient à votre disposition si d’aventure vous avezenvie d’un rafraîchissement lors de votre prochaine visiteà la House of Hearing. Et – vous vous en doutez certaine-ment – nous avons même pensé à engager un pianiste pourparfaire l’ambiance musicale. Bref : la House of Hearingest un véritable havre de paix dans lequel le bruit n’a passa place.

Frank Hatami-Fardi

www.espacophonak.com.br

ARCHITECTURE

La House of Hearing à São Paulo – une oasis de calme et tout ce qu’on peut y entendre

São Paulo, une métropole qui semble en ébullition permanente. Plus de 10millions de personnes y vivent et y travaillent. Sans compter les grands et petits banlieusards. Le brouhaha urbain que, par romantisme, l’hommemoderne aime à associer aux grandes villes dégénère rapidement, laissantla place au bruit.

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Il capture le dynamisme de l’instant en cherchant des formes de représentation inédites. Ses recherches l’ontamené récemment à se tourner vers la musique. HEARTHE WORLD a mandaté Marcel Krenz pour nous familia-riser avec Sonic Sculptures, une œuvre qui a suscité sonadmiration parce qu’elle fait converger le son et l’image.

L’art de Martin Klimas est un art de l’instant. Le photo -graphe capture toujours et encore un moment perdu à toutjamais. Un peu de la même façon qu’Eadweard Muybridgedans ses études sur la décomposition des mouvements deschevaux, la dynamique joue un rôle essentiel dans ses photographies. Rendu célèbre par ses vases qui «éclatenten mille morceaux, ses arrangements floraux raffinés dansleurs écrins décoratifs en cristal, Klimas est passé maîtredans la représentation du mouvement figé. Sa techniqueconsiste à envoyer un projectile à grande vitesse sur desvases cassables tandis que le flash est déclenché par ladétonation de l’arme à feu. De cette façon, il obtient uninstantané du vase au moment précis de sa destruction.Cet instant photographique est célébré avec une minutieparticulière comme une nature morte prise dans l’action.

Avec une technique maîtrisée à la perfection, Klimas créedans l’environnement contrôlé de son studio une copied’une réalité fragmentée, incarnant à la fois destruction et création, beauté, violence et chaos. En faisant systéma-tiquement appel à la même mise en scène expérimentale, iltrouve des moyens d’expressivité à chaque fois réinventés :dans sa série sur les sculptures temporaires, il présentedes objets en chute libre, notamment des figurines deporce laine. Photographié au flash stroboscopique, l’objeten train de tomber se mue en image à mi-chemin entrel’intégrité originale encore perceptible des statuettes, leurpassé, le moment de leur destruction dans le présent etleur réalité éclatée d’un avenir qui se dessine déjà. Lesfigurines – représentant qui des lutteurs asiatiques dekung-fu, qui des cocottes rococo en porcelaine biscuit – se figent sur la pellicule comme suspendues dans l’air,hésitant entre plusieurs états existentiels possibles.

Mais Martin Klimas ne se contente pas de perpétuer à l’infini ce principe d’apparence banal. Il invente en perma-nence de nouvelles représentations de l’instant fugace, dumoment éphémère. Dans sa nouvelle série intitulée «SonicSculptures», l’artiste qui vit et travaille à Düsseldorf pré-sente des images réinventées de couleurs chorégraphiées.Klimas dépose les couleurs sur une membrane de haut-parleur pour transposer sur film des musiques de genresdifférents avec un résultat singulier à l’appui. Les ondessonores des morceaux empruntés à des musiciens et compositeurs aussi divers que Paul Hindemith, Carl Orff,Karlheinz Stockhausen, Mouse on Mars ou Kraftwerk donnent vie à la matière colorée par leur vibration. Lestaches de couleurs ainsi créées se caractérisent par unlangage formel qui se réinvente sans cesse, plein de vie,débordant d’activité et de fantaisie. A travers l’œuvre duplasticien Klimas, elles permettent de rendre visibles lescréations de grands artistes de la musique. Ma nièce de 9 ans a immédiatement été emballée par cette forme depeinture tridimensionnelle véhiculée par la musique :«Regarde là, de la musique» s’exclame-t-elle en donnantla preuve par son regard d’enfant qu’entendre et regarderne sont pas antagonistes et qu’il est tout à fait permis dese familiariser de cette façon avec l’art contemporain.

Marcel Krenz

www.martin-klimas.de

ART

Peinture et musique – «Sonic Sculptures» de Martin Klimas

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C’est au plus tard au début du 20ème siècle que la photographie est devenue un moyen d’expression artistique à part entière. Dès lors, il a bien fallu se rendre à l’évidence : la représentation du mouvement revêt une nouvelle dimension. La démarche photographique de l’artiste allemand Martin Klimas s’inscrit dans ce contexte.

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Mais avec l’entrée dans le 20ème siècle et l’avènement dela publicité et du marketing, le shopping est devenu unacte de plus en plus important, voire même prometteur defélicité, une activité d’ordre social, un facteur cultureld’identité : lorsque la journée s’est mal passée, que le con-joint nous tape sur les nerfs ou que le chef n’apprécie pasnos qualités à leur juste valeur, on se console en s’offrantquelque chose. L’action d’acheter est synonyme de luxe,petit ou grand, que l’on s’autorise, à la fois consolation etrécompense, sentiment d’avoir accès à une vie meilleure etconviction qu’en achetant la bonne marque on n’aura plusrien à envier aux riches et aux célébrités. Le shopping –comme l’a si bien résumé l’artiste conceptuelle américaineBarbara Kruger dans la formule «I shop therefore I am»(j’achète, donc je suis) – est devenu depuis longtemps pourbeaucoup une raison de vivre et un but dans l’existence. Il a revêtu dans notre culture une signification religieusecomme une promesse de salut et la perspective d’une viemeilleure. Depuis le milieu du 20ème siècle, son culte estcélébré dans une cathédrale : le centre commercial.

Devenus les symboles d’une société fixée sur la consom-mation, ces centres commerciaux géants sont nés de l’idéevieille de plusieurs siècles de construire toitures, arcades,halles de marché et autres passages pour que les courses nesoient plus tributaires de la météo et encourager le chalandà acheter encore plus. Le supermarché a pris la «troisièmeplace» – après le foyer et le lieu de travail, le troisième lieule plus important pour l’homme contemporain. Le centrecommercial s’est mué en expression des mondes artificielset souvent mensongers de la publicité et des marques. Ilconstitue un univers parallèle entièrement climatisé danslequel tout est plus élaboré, plus parfait, plus propre, plusbeau que la réalité : le mix des boutiques, le déroulementdes achats, les allées et les façades. Ici les lois ordinairesn’ont plus cours, remplacées par les règles présuméesmeilleures de la gestion commerciale qui n’hésite pas àrevendiquer son droit de jouissance en cas de besoin. Dansle film de 1991 «Scenes from a Mall» (en français «Scènesde ménage dans un centre commercial») qui se dérouleentièrement dans un centre commercial, le temple de laconsommation endosse même des fonctions cathartiques :un couple joué par Bette Midler et Woody Allen se dispute,faisant resurgir des conflits latents. Les aveux d’infidélitéfusent sur les escalators, les époux se chamaillent, se séparent pour mieux se rabibocher autour de plusieursverres de Margarita, acheter une robe hors de prix et finalement quitter l’endroit affranchis de leurs problèmespour reprendre le cours normal de leur existence.

Naturellement ce monde artificiel des centres commerciaux,dépourvu de toute iniquité, s’assortit d’un monde sonore àpart entière qui essaie de créer une atmosphère sereine etjoyeuse. Mais en réalité, les sons diffusés ne sont générale-ment qu’un abreuvement continu de musique d’ascenseursirupeuse, mélangée à des rythmes pop, se réverbérantd’une boutique à l’autre et entrecoupé de messages publi-citaires en provenance de téléviseurs ou d’annoncesadressées aux parents à la recherche de leur progénitureégarée. Aussi ne faut-il pas s’étonner que les concepts contemporains de centres commerciaux aient la volonté de sortir des sentiers battus, non seulement dans leurapproche architecturale, mais également sur le plan acous -tique et sonore. Pour Tokyo Midtown, un complexe de bâtiments inauguré en 2007 dans le quartier tokyoïte deRoppongi, l’accent a été mis sur un système de sonorisa -tion qui s’intègre esthétiquement dans l’architecture touten offrant un son aussi fidèle que possible. Trois annéesentières ont été nécessaires rien que pour mettre au pointdes systèmes répondant au cahier des charges pour lasonorisation du complexe. Il a notamment fallu trouver unesolution acoustique optimale pour obtenir une sonoriténaturelle dans le Main Conference Hall, un espace compar -timentable servant simultanément d’auditorium dans saforme décloisonnée et de salles d’exposition et de réunionaprès l’installation de murs de séparation.

Tokyo Midtown est considéré par les spécialistes commel’un des complexes urbains géants les plus réussis de cesdernières années, parmi ceux ayant une utilisation mixte.Au début du nouveau millénaire, le déménagement del’administration japonaise de la défense a libéré un terrainde 69 000 m² en plein milieu du centre-ville. Un consor -tium de six sociétés a investi trois milliards de dollars américains sur ce site pour construire un nouveau centreurbain. De nombreux cabinets d’architecture, dont SOM,Nikken Sekkei ou Tadao Ando, ont participé au développe-ment de cette «mesure de revitalisation urbaine». Elle adonné naissance à une ville dans la ville offrant une utilisa -tion modulaire et des espaces de travail, de résidence, dedétente et naturellement de commerce. Dans son ensemble,le complexe comporte six bâtiments et un parc aux dimen-sions surprenantes pour une nouvelle construction urbaine.La partie la plus emblématique du complexe est une tourde 248 mètres de haut, la Midtown Tower, qui hébergedans ses 53 étages non seulement des magasins, bureauxet restaurants, mais aussi le Ritz-Carlton – l’un des hôtelsles plus chers de la ville. ›

VOYAGE

Le shopping plus serein – design, son et consommation au Tokyo Midtown Center

Il y a un siècle encore, se procurer dans les magasins toutes les chosesessentielles à la vie faisait partie des tâches que l’on confiait volontiers aupersonnel.

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Le design et l’art jouent un rôle important à Tokyo Midtown,on peut même dire qu’ils font quasiment figure de thèmedirecteur de l’ensemble. Le musée d’art Suntory consacré àl’art et à l’artisanat japonais est un véritable musée intégrédans l’espace dévolu au shopping. Quelques étages plushaut, le «Design Hub» accueille plusieurs organismes japo-nais de design. C’est là que sont exposées chaque année les œuvres récompensées par le «Good Design Award». Enmarge des immenses espaces verts qui font le lien au seindu complexe de bâtiments se trouve également un muséeconsacré au design et dessiné par Tadao Ando : le «21_21Design Sight». Ses trois directeurs Issey Miyake, Taku Satohet Naoto Fukasawa, tous eux-mêmes des grands noms dansdifférents domaines de la scène du design japonaise, con -çoivent des expositions illustrant la culture du design japo-naise et son influence sur le monde du design occidentaltout en ouvrant une perspective sur l’avenir de la branche.

Dans un pays où la culture du produit joue un tout autre rôleque dans la société occidentale, où les choses aussi petitessoient-elles bénéficient de la plus grande attention et où lesgadgets Hello Kitty côtoient sans problème des objets arti -sanaux hors de prix, la proximité entre le design, l’art et lecommerce ne semble pas susciter de froncements de sourcil.Malgré le voisinage du shopping, l’art et le design ne sontjamais dégradés au rang d’attractions dans le complexeTokyo Midtown. Même si le monde créé ici est naturellementlui aussi artificiel et irréel, les exploitants et concepteurs ont réussi à éviter des travers superficiels, de servir de faire-valoir pour un temple de la consommation. Et le fond sonorequi accompagne le visiteur par une journée de shoppingnormale à Tokyo Midtown a lui aussi de quoi surprendrel’oreille occidentale matraquée par les délires publicitaires.Quiconque prête une oreille attentive en flânant d’une boutique de luxe à l’autre aura vite fait de constater une différence par rapport aux autres centres commerciaux : l’ absence de bruit.

Markus Frenzl

www.tokyo-midtown.com

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Quelqu’un enterre plus ou moins démonstrativement lahache de guerre; un pigeon roucoule et, dans notre esprit,se superpose l’image d’une colombe de la paix; un agneauqui paît apparaît dans une église; des rameaux de palmier,d’olivier ou de laurier bruissent doucement au gré du vent;ce sont là à n’en pas douter des symboles acoustiques de lapaix, qu’ils soient manifestes ou non, qu’ils relèvent du con-cret ou de l’abstrait. Pourtant, qui songe à la paix en en -tendant frémir les herbes hautes ? Même si, par le passé,l’échange rituel de touffes d’herbe mettait officiellement finà une vendetta, dont certaines perduraient depuis desdécennies, rares sont ceux aujourd’hui qui, dans tous cesminuscules bruits, – tressage de couronnes de végétaux,frottement de rubans et d’herbes diverses … – reconnaissentl’incarnation de la paix. D’autant moins que pendant dessiècles, la couronne a tour à tour symbolisé la paix, maisaussi la victoire: peut-être parce que la paix était alors inter-prétée comme la non-guerre, sorte d’état provisoire entre lavictoire et la prochaine occasion de partir au combat.

Des sons de la paix aux origines de notre culture

Cependant, si l’on plonge dans les catacombes de notre cul-ture, il est possible d’entendre bien plus encore, … dans lamesure où l’on prête une oreille suffisamment attentive.Depuis l’Antiquité résonnent les voix d’Eiréné et de Pax, lesdivinités personnifiant la paix et la sérénité. Quelqu’un mar-tèle le sol de son caducée, un bâton sur lequel s’enroulentdeux serpents, le sceptre du dieu grec Hermès ou celui del’Egyptien, le symbole du négociateur. Et lorsque rugissentles lions, les théologiens – en particulier les rabbins et cer-tains témoins de Jéhovah – ayant fait de ces thèmes leur ferde lance, invoquent le prophète Daniel qui fut jeté dans unefosse aux lions à Babylone et dont la seule foi aurait suffi àrassasier les animaux affamés.

Ecouter pour instaurer la paix

Le concept de la paix est ancien et renvoie entre autres àcertaines religions au nom desquelles, paradoxalement, onappelait aux armes. Ce n’est qu’entre le 18ème et le 19èmesiècle que l’idée d’organiser la paix commença à faire sonchemin. Il fallut ensuite attendre le début du 20ème sièclepour que la Société des Nations, puis l’ONU, se donne officiellement pour mission d’assurer la cohabitation paisi-ble et durable de ses membres. Le «Guardian» britanniquea récemment salué l’optimisme du psychologue StevenPinker et aurait tout aussi bien pu souligner que ce dernierest actuellement l’un des scientifiques les plus controversés.Pourquoi ? Parce que cet éminent professeur à Harvard

affirme dans son livre «The Better Angels of Our Nature»que la violence à l’échelle historique a reculé. Ainsi selon lui,une mort violente est aujourd’hui statistiquement moinsprobable que par le passé. C’est surtout le cas en Europedepuis le siècle des Lumières et cela, même après avoir prisen considération les très meurtrières guerres mondiales du20ème siècle dans cette équation quelque peu bancale. Quoi qu’il en soit, Pinker explique la victoire de la paix par«les bouleversements de notre milieu culturel et matériel».Il serait cependant vain de partir d’un constat indéniable-ment erroné pour faire l’amalgame des faits et de l’histoireet conclure que l’écoute a des vertus pacificatrices; on peuttout aussi bien affirmer qu’elle permet de définir, puis d’in-citer à respecter les droits de l’Homme et – pour rester dansce registre présomptueux – de bâtir un monde meilleur.Mais avant de se pincer comme au sortir d’un rêve pour sedéfaire de cet enchaînement d’idées, on hésite un instant.Car… il existe quand même bien des principes politiques,des phénomènes et des initiatives isolés, pas forcément en rapport avec un travail médiatique et loin de la petite musique d’une certaine époque, qui fait que cette associa -tion mérite malgré tout une certaine attention.

Les oreilles bourdonnent du chant de la guerre

La violence a ses adeptes et la guerre ses fanfares qui don-nent du cor pour mieux souligner les slogans du type «A l’at-taque !», sonnant l’hallalli des adversaires. Tout un genremusical est ainsi né du thème de la guerre, qu’on pense parexemple au tableau musical la «Battaglia», véritable réfé-rence dès le début des temps modernes et jusqu’au milieudu 19ème siècle. A l’époque, les artistes délaissèrent con -sciemment la forme musicale aristocratique au profit d’uneculture festive en partie bourgeoise et ce, d’autant plus ra -pidement, que de plus en plus de classes sociales étaient nonseulement enrôlées, mais finançaient également les guerres.Aucune musique particulière n’a été choisie pour l’opéra -tion «Tempête du désert» en 1991. Au final, les troupesn’ont eu droit qu’à de la musique pop datant de la guerre duVietnam qui fut diffusée dans les hélicoptères. C’est en toutcas ce que raconte Anthony Swofford dans l’ouvrage basésur ses mémoires d’ancien marines «Jarhead. La fin del’innocence», notant au passage que néanmoins, l’effet futbien celui qui était désiré. On sait que des guerres éclatentà toutes les époques, on sait peut-être moins que leur nais-sance et leur déroulement obéissent à des schémas tels lesdiktats d’une sinistre mode; au fil des décennies, leurs sou-venirs s’estompent jusqu’à appartenir à l’histoire – pireencore : jusqu’à laisser oublier tous ceux qui en ont souffertou qui en souffrent encore. ›

LE MONDE DES SENS

Ces sons qui symbolisent la paix – lorsque l’audition scelle la paix

En pleine Guerre froide, lorsque le téléphone rouge reliant la Maison Blancheau Kremlin sonnait, il fallait l'interpréter comme un gage de paix et y voir le recul du spectre de la guerre. Même si, bien entendu, il ne pouvait êtrequestion de paix au sens où on aurait aimé l'entendre.

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Aujourd’hui, notre compréhension de la guerre semble tirerargument de nombreux faits. En vrac et pour en citer quel-ques-uns : les conflits sont légion dans le monde entier; oncompte davantage de guerres que de conflits ainsi nommésou autorisés à s’appeler ainsi; le nombre de mercenaires esten constante augmentation et les enfants-soldats sont bienloin de disparaître; il est de plus en plus manifeste que lesguerres découlent de raisons économiques et sont liées à uncruel manque de ressources; dans le même registre, onparle de plus en plus souvent de guerres «nécessaires» et«justes», de conflits pour des raisons humanitaires, au nomde la démocratie, des droits et de la protection de la popu-lation civile, voire même au nom de la paix elle-même.

La guerre, déjà à son stade précurseur, a toujours été et esttoujours audible. Ainsi par exemple, le franchissement dumur du son pendant la Guerre froide était assimilé au «sonde la liberté». En témoignent par exemple les roulements detambours et autres cris annonçant que la guerre, «sainte»ou non, a éclaté. Le bruit, d’une manière générale, est unélément bien connu de la guerre psychologique. La guerreau son des cornemuses, des tyroliennes, entonnée dans deschants et marches militaires, et même relayée par le designsonore et le «Sonic Warfare» (usage du son comme arme),depuis les coques de navires et la torture jusqu’aux armesacoustiques et techniques de communication, les systèmesd’écoute sur terre et sur mer sans oublier les médias plusclassiques tels que téléphone, signaux radio et radiophonie.Les médias sont en mesure de justifier les guerres, de défendre ardemment leur raison d’être et d’y réagir àgrands coups d’«éditions spéciales», voire de propagande.La guerre moderne est une guerre du visuel et les repor -tages eux-mêmes semblent voués à l’image. Au cinéma, les films d’action attirent régulièrement les foules, qu’ilsévoquent une propagande pour la guerre ou entrent dans la catégorie anti militariste.

La radio joue également un rôle prépondérant dans les con-flits car c’est un média relativement facile d’utilisation avecune immense portée. Si personne ne conteste le mérite desgrands émetteurs mondiaux, il faut également rendre hom-mage à de nombreux petits projets. En 2008, par exemple,l’ONU a attiré l’attention de la communauté internationalesur le travail de Radio Okapi au Congo en diffusant le filmdocumentaire «Radio Okapi, radio de la vie». Et au Sud-Soudan, Radio Bakhita tente de résoudre les conflits sociaux.Dans tous les cas, il est toujours très utile de diffuser unemusique appropriée.

Musique pour la paix

Dieter Senghaas, réputé pour ses recherches sur les conflits,s’est penché sur le rôle de la musique. Et a découvert dansles œuvres de Bach, Alban Berg, Jean-Philippe Rameau etOlivier Messiaen des «idéologies de la paix», dans celles deMozart, Bruckner et György Ligeti des «fantasmes de paix»,et dans celles de Guillaume Dufay, Arnold Schönberg et KurtWeill l’idée de la «paix comme projet politique». Que ce soit

dans l’opéra «Simplicius Simplicissimus», dans le «WarRequiem» de Benjamin Britten ou encore dans la composi-tion «A Voice from Guernica», la musique a toujours aidé àexprimer son deuil ou son opposition en temps de guerre.Citons, parmi les stratégies les plus répandues, la reprise dela musique de l’adversaire ou celle des victimes ou bien en -core le fait d’introduire sur le champ de bataille la musiquecomme quelque chose d’universel. En 1995, à l’occasion du50ème anniversaire de la fondation des Nations Unies, a étécréé un «World Orchestra for Peace» qui se produit, le plussouvent, dans les régions victimes de conflits.

Durant le siège de Sarajevo, plusieurs lance-roquettes sonttombés un après-midi à 4 heures sur un groupe de gens fai-sant la queue dans la rue Vase Miskina pour acheter du pain.On a dénombré plus de 60 blessés et 22 morts. C’était lemercredi 27 mai 1992. Pendant les 22 jours qui ont suivi, levioloncelliste Vedran Smailovic s’est rendu sur les lieux ducarnage pour y jouer l’adagio en sol mineur d’Albinoni enhommage aux victimes. En mars 2008, des dizaines de mil-liers de personnes ont assisté à un concert pour la paix enColombie. En accord avec des officiels nord-coréens, le direc -teur musical du Seoul Philharmonic Orchestra, Myung-whunChung, a convenu de la fondation d’un or ches tre composépour moitié de Nord-Coréens et pour moitié de Sud-Coréens.A l’automne 2011, les activistes pour la paix de l’organi -sation britannique International-Alert ont publié une vidéoavec la musique de Massive Attack et le titre «Peace Talks».Le but étant de distiller le message que ce sont les parolesqui doivent permettre de résoudre les conflits.

La paix signifie également savoir écouter

Astrid Lindgren, auteur suédoise bien connue de livres pourenfants, a écrit : Parler de la paix, c’est parler de quelquechose qui n’existe pas. L’Institut international de recherchesur la paix de Stockholm (SIPRI) a chiffré à 1600 milliardsde dollars américains les dépenses militaires dans le monde;il est bien plus difficile de quantifier celles liées à une re -cherche pacifique des conflits. «Qui peut rallier les peuplesautour de la paix dans le monde ? Qui peut forcer ce mondeà l’écouter ? Pour que tous les peuples s’en réjouissent.»,ainsi Dietrich Bonhoeffer dans sa prédication pour la paixpendant la conférence œcuménique de la jeunesse à Fanø,une île de la mer du Nord. A peine dix ans plus tard, le théologien décédait dans le camp de concentration deFlossenbürg où il avait été interné pour ses activités de rési-stant contre le national-socialisme. Si rien ne vaut le concretet si le seul fait d’écouter parvient rarement à restaurer lapaix, il reste cependant qu’écouter n’a jamais nui à la cause;les résultats de la communication interculturelle et des tra-vaux globaux sur la paix attestent même que l’écoute est unpassage obligé vers la paix. «Point besoin d’accords pourpérenniser la paix, il suffit de s’entendre», disent les Arabes.On en est d’autant plus convaincu que le verbe «s’entendre»est bel et bien à double sens. A bon entendeur salut !

Max Ackermann

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MERCI. Soutenez le projet «Regain Hearing – Join Life» que nous avons lancé à Nairobi. Nous avons mis en place un réseau de soins pour les enfants atteints de perte auditive en proposant, outre le diagnostic et l’ajustement d’appareils auditifs, des séances de rééducation de la parole et un groupe d’auto-assistance pour les parents.

Ensemble, donnons aux enfants la chance de connaître un meilleur avenir.

Comptes pour dons: Hear the World

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CLASSIQUE

On ne joue pas avec la nourriture ?

C’est au marché que le consommateur averti achète seslégumes frais chaque semaine. Les musiciens du VegetableOrchestra aussi ! Mais tandis que les gens normaux dé -coupent carottes, poivrons multicolores, concombresjuteux, radis et autres branches croquantes de céleri, letout agrémenté de persil, pour concocter un plateau decrudités bourré de vitamines, l’ensemble autrichien faitsensation en créant un spectacle d’un tout autre genre.Comme son nom le laisse deviner, cet orchestre trans -forme les légumes en instruments qu’il utilise pour faire de la musique. Carottes perforées, aubergines pelées,citrouilles épépinées et concombres évidés font naître descentaines d’instruments plus étranges les uns que lesautres: flûtes, percussions, cornes, crécelles, bongos etc.

Combinés entre eux, ces instruments imitent même le sondes marimbas, des guitares et de différents cors. Du purdélire, est-on tenté de penser, pourtant le fait est que lesmusiciens parviennent effectivement à arracher des sonsinattendus de ces végétaux. Et le résultat n’a rien à envierà bon nombre de pièces de musique moderne jouées surdes instruments conventionnels. Certes, les bruits produitspar le frottement des feuilles de salade et le battement des courgettes sont plutôt étranges, tour à tour sinistres,perçants, voire même funky. Pourtant, ils finissent toujourspar sonner justes lorsqu’ils se mêlent.

Le Vegetable Orchestra fait sensation, collectionne les suc-cès et en est à son troisième album, baptisé fort à propos«Onionoise». Les amis des légumes sont des habitués desfestivals du monde entier. Le background artistique desmembres de l’orchestre est aussi bigarré que leurs outils detravail: musiciens professionnels, mais aussi architectes,designers et auteurs viennent alimenter les créations. Etleur enthousiasme fait naître une musique qui respire lajoie de vivre et le naturel – et comme, par nature, lesinstruments ont une durée de vie limitée, les têtes dechoux, poireaux et branches de persil encore en bon étatatterrissent tous dans une marmite à la fin du concert etles musiciens partagent une soupe avec le public ! Unefaçon pour le moins gustative de clôturer une soirée trèsparticulière …

Sandra Spannaus

www.vegetableorchestra.org

Face à cette mise en garde, les membres du Vegetable Orchestra font la sourdeoreille. Pour eux en effet, la nourriture est un jeu musical !

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MODERNITÉ

KT Tunstall ou l’exhumation archéologique de l’ego

Sa perception des sens la guide dans tout ce qu’elle fait. Entant qu’ambassadrice de la Hear the World Initiative,Tunstall souhaite faire part de ses expériences de musicien-ne live durant les quinze dernières années et contri buer àsensibiliser le public, non pas en montrant du doigt, mais endonnant aux musiciens qui débutent de judicieux conseils.

«Le son fait partie intégrante de ma vie, c’est quelque

chose qui me ferait cruellement défaut si je devais en être

privée pour m’être montrée stupide et irresponsable.»

Kate Victoria Tunstall a été adoptée par une famille d’éru-dits n’entendant rien à la musique et a grandi dans la paisi-ble ville universitaire de St. Andrew. A l’âge de six ans, ellecommence à prendre des cours de flûte et de piano, puisapprend seule à jouer de la guitare à l’adolescence. Grâce àune bourse, elle passe sa dernière année de lycée aux Etats-Unis où elle rencontre nombre de musiciens de toutes lestendances. De retour en Angleterre, Tunstall entame desétudes de musique au très réputé Royal Holloway College ettrouve bientôt sa place dans la scène musicale active de saville natale écossaise, Fife. Elle est entre autres rapidementintégrée au groupe Fence, un collectif alors très en vogue, etvit un temps avec Gordon Anderson de Beta Band, baignéepar les accents éclectiques «Folktronica» de ce dernier.Autre étape importante de sa carrière : Oi Va Voi, un grou-pe de tradition klezmer. Bien qu’elle ne fasse pas officielle-ment partie de leur line-up, Tunstall apparaît comme chan-teuse et co-auteur dans «Laughter Through Tears», leurpremier album, très remarqué par la critique.

A cette époque, on rapproche déjà KT Tunstall de NellyFurtado, mais aussi de Sheryl Crow. Le talent de la jeunemusicienne se répand comme une traînée de poudre et elleconcrétise gaillardement ses ambitions solo. Son premier al -bum «Eye to the Telescope» sort fin 2004 et atterrit tout d’a -bord au numéro 73 du hit-parade, un succès d’estime plutôtencourageant. Mais la chance semble au rendez-vous pourKT. Elle est embauchée quasi au pied levé en «remplace-ment» du rappeur Nas qui s’est décommandé au dernier mo -ment, dans l’émission culte de la BBC «Later … with JoolsHolland». Avec sa chanson aux accents blues «Black Horseand the Cherry Tree», la reine du néofolk offre une presta-tion qui n’a rien à envier à ses collègues les plus renommés.KT accompagne elle-même son chant de tambourin et riffsde guitare qu’elle enregistre live avec un sampler digital etdéroule en loops. En trois minutes et demie de télévision, elleimpose un arc dramaturgique qui laisse le public pantelantet surtout, curieux d’en entendre davantage. Peu après cetriomphe télévisé, «Eye to the Telescope» est republié et

grimpe cette fois à la troisième place des charts britan -niques. Le titre cartonne de la même manière aux Etats-Unis, en partie à la suite du show américan «American Idol».La candidate (qui terminera seconde), Katherine McPhee,chante «Black Horse and the Cherry Tree» en finale, catapul -tant littéralement la chanson et son auteur à la place 23 duBillboard Hot Hundred, autrement dit lui faisant gagner 55places d’un coup ! Le deuxième album permet souvent d’au-gurer de la carrière d’un artiste. Mais KT n’a aucun mal àrelever le défi avec la remarquable production «Drastic Fan -tastic» : une troisième place dans les charts britanniques etune neuvième aux Etats-Unis confirment le succès commer-cial. Autant de raisons de voir la vie en rose pour cette au teur-compositrice folk pop qui joue désormais dans la cour desgrands. Pourtant, rétrospectivement, KT Tunstall ne semblepas entièrement satisfaite de «Drastic»; aujourd’hui, c’estplutôt son troisième album qu’elle décrit comme un processusde maturation, une sorte de sortie d’une route toute tracée.

Sur le plan musical «Tiger Suit» constitue une rupture claireet consciente avec le style folk de l’auteur-compositeur à l’ori -gine de son succès. Pourtant, le son très nettement teinté dedancefloor qu’elle qualifie elle-même de «techno nature»n’est pas vraiment nouveau pour elle; à ses dires, il s’appa-rente plutôt à «une exhumation archéologique de son ego».Car KT Tunstall a vécu ses années les plus marquantes baig -née de sons électriques qu’elle aime agrémenter de musiquedansante, comme en composent les groupes Phoenix et LCDSoundsystem. Si «Tiger Suit» se révèle plus inspiré et plus so -phistiqué que l’album précédent, ce pourrait être aussi parcequ’il a été enregistré dans les célèbres studios Hansa de Ber -lin. C’est là aussi que David Bowie avait enregistré à la fin desannées 1970 sa légendaire trilogie berlinoise avec les albums«Low», «Heroes» et «Lodger». C’est également dans les my -thiques locaux équipés de la technique la plus moderne qu’en1983, Depeche Mode mixe son album le plus intelligent à cejour : «Construction Time Again». Et le grand U2 lui-mêmejoue en octobre 1990 «Achtung Baby» dans la grande salledes studios Hansa. Après Bowie, U2 et Depeche Mode qui ontprofité de leur escapade dans les studios berlinois pour se redéfinir, c’est aujourd’hui au tour de KT Tunstall de sauter le pas. Et depuis les sessions d’enregistrement enAllemagne de «Tiger Suit», KT Tunstall n’est plus la même.Avec des chansons elle n’a certes pas réinventé la roue,mais on écoute avec ravissement le résultat de ses travauxà la fois «archéologiques» et très innovateurs sur le son.

Christian Arndt

KT Tunstall est une jeune musicienne dont les racines s’entremêlent en Ecosse,Irlande et Chine. Son jeune frère souffre de surdité congénitale, elle-mêmed’acouphènes et d’une légère perte d’audition à une oreille. Dans une interviewavec HEAR THE WORLD, elle avoue: «Malheureusement, ce n’est que lorsqu’ona un problème qu’on s’aperçoit combien l’audition est précieuse.»

(Sources: Allmusic.com, Rollingstone.com, BBC.CO.UK) Citations des interviews: ArtisanNewsService, 20 juillet 2010)

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MODERNITÉ

Interview de KT Tunstall

Quelle impression vous a fait Bryan Adams pendant le

shooting photo ?

Bryan a toujours été omniprésent dans mon univers sonore.Et le shooting a vraiment été une super expérience, carré-ment génial.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir ambassadrice pour

la Hear the World initiative ?

Parce que c’est une cause qui en vaut la peine. Je suisravie de faire partie d’une campagne qui non seulementaide les gens à trouver des solutions pouvant améliorerleur qualité de vie, mais s’efforce également de convaincrele grand public de l’importance de préserver son audition.Mon jeune frère est atteint de surdité profonde depuis sanaissance; j’ai donc toujours eu conscience de ce que signifiel’absence d’audition dans un monde où bruits et sons sonttout naturels pour la grande majorité des gens. A chaquefois que mon frère venait à mes concerts, je tentais d’ima-giner ce qu’il pouvait ressentir et de comprendre ses expé-riences. C’est vraiment quelque chose de très intéressant.

Avez-vous déjà souffert de troubles de l’audition ?

Je souffre d’acouphènes et j’entends légèrement moins biend’une oreille. Malheureusement, ce n’est souvent que lors-qu’on est soi-même confronté au problème que l’on prendvraiment conscience du fait que l’audition est ô combienprécieuse, un constat qu’on n’aurait jamais émis avant. Leson fait partie intégrante de ma vie, c’est quelque chosequi me ferait cruellement défaut si je devais en être privéepour m’être montrée stupide et irresponsable. Je sais main -tenant ce que j’aurais dû faire pendant mon enfance et monadolescence et comment je peux aujourd’hui préservermon audition.

Vous pensez que vos problèmes d’audition sont liés à

votre carrière musicale ?

C’est évident, surtout quand vous avez une oreille colléeaux enceintes pratiquement en permanence. Je n’utilisepas de protection auditive. Je suis une inconditionnelle desenceintes (moniteur de scène) parce que j’ai besoin de sentirle volume. Mais on doit vraiment faire attention.

Pensez-vous que le fait d’être musicienne affûte votre

faculté d’écoute ?

Absolument! Il y a eu un moment où mes acouphènes étaient graves – heureusement, ça s’est entre temps stabi-lisé – mais on se sent d’autant plus impuissant quand onsouffre d’acouphènes qu’on sait très bien qu’on ne peutpas y faire grand-chose. C’est ainsi que j’avais même dumal à accorder ma guitare, tellement c’était grave … Lecôté pervers de la chose est que mes acouphènes étaienten do, comme ça au moins, je pouvais toujours accorderma guitare en do. (rire)

Si vous pouviez remonter le temps, choisiriez-vous d’être

proactive et, d’une manière générale, plus vigilante dans

votre attitude afin de prévenir les problèmes d’audition ?

Oui, je pense que je serais vraiment plus attentive. Si j’étaissur scène et que c’était douloureux. Je ferais vraimentquelque chose.

Alors, vous en êtes vraiment consciente maintenant ?

Complètement !

Est-ce que vous interviendriez si vous voyiez un jeune

musicien sur scène en train de jouer à un volume poten-

tiellement dangereux pour l’audition ?

Je serais toute prête à partager mon expérience avec d’autres et à donner quelques conseils. Il n’y a guère quel’expérience et le tâtonnement qui m’ont personnellementpermis de trouver un juste niveau. Et personne ne peuttrouver ce niveau à votre place. L’ingénieur du son n’estpas directement là, vous lui demandez ce que vous voulezet il fait ce que vous lui proposez. Mais c’est vous qui développez votre propre conscience et définissez vos propres limites.

Quels sons aimez-vous particulièrement ?

Le chant des oiseaux anglais est celui que je préfère depuistoujours. Il y a eu un véritable afflux de perruches àLondres et je dois dire que je ne les supporte plus. Ellessont tellement bruyantes et pénibles, c’est comme uneespèce de grincement. J’ai tout le temps envie de dire «Laferme !» Les oiseaux locaux émettent, eux, un bruit toutdifférent. J’adore le bruit des corneilles et, d’une manièregénérale, ces oiseaux noirs sont vraiment incroyables.Lorsque mon jeune frère s’est fait poser un implant coch-léaire il y a quelques années, il a pu entendre tout d’uncoup tous les bruits qui nous entourent; c’était extraordi-naire parce que, comme il était né sourd, il ne reconnais-sait pas les nouveaux sons autour de lui. Il entend demieux en mieux, mais c’était du genre “c’est quoi ça ?!” Iln’y avait pas toujours quelqu’un pour lui dire – ça, c’est lebruit d’une tondeuse à gazon, ça c’est une machine à laver.Il est entraîneur de tennis et, une fois, il m’a ramenée envoiture à la maison après le boulot. Il a garé sa voiture etpuis n’a cessé de demander “Mais c’est quoi ce boucan ?!A chaque fois que je rentre à la maison et que je l’entends,je me demande ce que c’est que ce bruit. Je ne sais pas ce que c’est.” Il s’est révélé que tout ce boucan, c’était lescorneilles perchées dans les arbres là où il se garait. Destas de corneilles en train de croasser. Krra krra krra …Pour lui, c’était un tout nouveau son et comme il ne regar-dait pas en l’air, il n’avait aucune idée de ce que c’était(rire) et il était bien content de l’apprendre.

Quels sons détestez-vous ?

J’ai horreur du feedback électronique. Pour moi, c’est lepire. Et je ne supporte pas les gens qui raclent leurs mucosités au plus profond de la gorge. Ces bruits de racle-ments, berk !

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«J’ADORE LE BRUITDES CORNEILLES ET,D’UNE MANIÈREGÉNÉRALE, CESOISEAUX NOIRSSONT VRAIMENTINCROYABLES.»

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Feist – la force du silence

C’est ce compliment, ce sentiment qui s’instaure en écoutantles chansons de «Metals» (Polydor), l’album actuel de LeslieFeist. Ainsi la chanteuse réussit-elle à notre propre insu àtrans mettre ce merveilleux silence qui lui a inspiré sa mu -sique. A cela s’ajoute l’impression d’écouter une véritable starparmi les anti-superstars. D’une manière générale, LeslieFeist, Canadienne de 35 ans, n’affiche guère le comportementauquel nous ont entre temps habitués les grosses pointuresde la pop. Les réseaux sociaux et autres communiqués viaTwitter ? Très peu pour elle qui, a contrario, a recommencéà écrire des lettres et privilégie les longues conversations entête à tête. Peut-être est-ce l’une des raisons pour lesquellesses chansons semblent s’adresser individuellement à chacunde ses auditeurs. «Il faut entrer en soi-même, écouter son moiprofond pour pouvoir créer quelque chose», commente-t-elle.

Après sept longues années durant lesquelles elle a passé d’in -nombrables heures en avion et d’innombrables autres surscène, où on l’a vue dans des émissions télévisées – y comprisenfantines grâce à son superhit «1, 2, 3, 4» – Feist a décidé deposer ses valises. Et de mettre un terme à cette vie «on theroad» qu’elle avait auparavant adoptée. Tout cela aurait pudurer longtemps encore, les albums «Let It Die», «Open Sea -son» et «The Reminder» (tous: Polydor) continuent aujourd’ -hui de connaître un énorme succès, les concerts avec songroupe sont un véritable enchantement. Mais Leslie Feist nesouhaite pas se répéter, elle n’a aucune envie de toujoursrejouer les mêmes chansons, même si les salles ne désemp-lissent pas. Elle a donc coupé le contact, repris le chemin deToronto, dans le garage qu’elle a spécialement aménagépour composer en solitaire dans le jardin de sa maison.

«Quand on est en tournée, on donne tellement », expliquela chanteuse, «après, j’étais comme une éponge – j’aiessayé d’absorber autant que j’ai produit et donné pendanttoutes ces années. Je me suis forcée à ne pas bouger, j’aiessayé d’apprendre à rester simplement immobile et à meconvaincre que le silence n’était pas forcément quelquechose de négatif. Lorsqu’on a été auparavant submergépar le bruit et le mouvement, ce silence et cette immobilitépeuvent dans un premier temps être source d’angoisse.»Cette retraite et cette solitude voulue ont engendré deschansons très douces, souvent à fleur de peau. La légèretéqui habitait les chansons de l’album «The Reminder» apour ce nouvel opus cédé la place à une puissance qui, loind’écraser, atteste d’une nouvelle maturité. «Metals» a étéenregistré dans des sessions live avec les compagnons deroute et très bons amis de Feist, Mocky et Chilly Gonzales;accompagné de cordes et d’un chœur, il a été produit parValgeir Sigurðsson qui a aussi travaillé avec Björk, l’une

des anciennes inspirations de Feist. Mentionnons égalementla présence au synthétiseur de Brian LeBarton du groupeBeck qui ne se contente pas de jouer, mais a également vali-dé les arrangements. Pour les enregistrements, Leslie Feistavait choisi une ferme très isolée dans le parc national de BigSur, en Californie. La Canadienne y a séjourné avec ses musi -ciens quatre semaines très intensives en février 2011; elleavoue d’ailleurs adorer cet exil commun, le fait de se lever, dediscuter et de manger au même rythme – une sorte de com -munauté conspiratrice, vivant et travaillant à l’unisson. Ajou -tons à cela la magie de l’environnement : «Les enregistre-ments peuvent se faire dans la légèreté et l’insouciance, loindu quotidien. C’est pourquoi je recherche toujours des lieuxfavorisant ce type d’ambiance, où le cadre lui-même incitejustement à faire autre chose que ce que l’on fait d’habitude.Big Sur est comme une ligne de démarcation entre terre etmer; on sait bien que ce n’est pas à nouveau l’Europe de l’au -tre côté comme avec l’Atlantique, on marche plutôt au «c’estcomme ça que ça se passe ici, dans cette région que je neconnais pas», et c’est extrêmement inspirant», ainsi Feistjustifie-t-elle le choix de ce site. «Il faut dire aussi que c’estun lieu qui donne l’impression d’être encore vierge, alorsqu’il est cité dans plusieurs livres. Steinbeck y a pour ainsidire enre gistré quelque 1000 albums, Henry Miller et AnaisNin y ont probablement contemplé cette ligne de séparationentre terre et mer. Comble de chance, nous y avons trouvéle local idéal pour aménager un studio – tout en haut de lafalaise. Une pièce magnifique qui était entièrement vide.»

Lorsqu’on écoute «Caught A Long Wind», l’un des meilleurstitres de l’album, on se surprend effectivement à imaginerce paysage, l’horizon, où il y a tant de place pour le silenceet les non-dits. Et qui dispense une douce chaleur. Les chan-sons de Feist nous touchent et nous émeuvent dans notre forintérieur, là où seuls de très bons amis ont accès : elles sefraient un chemin au plus profond de notre âme. C’est uneffet rare que bien peu de musiciens parviennent à pro -duire, qui est en tout cas réservé à ceux dont la sincérité estincontestable. Et ce sont ces titres que l’on écoute religieuse -ment, sans se laisser distraire. Sortes de messages person-nels possédant l’étonnant potentiel de cheminer sur unecrête étroite, à mi-chemin entre style indépendant et courantdominant, pour mieux être reçu et reconnu. Leslie Feist vientd’écrire le chapitre suivant de son histoire de la musiquepop. Manuscrit, il nous est personnellement adressé.

Michael Rütten

Pour plus d’impressions des enregistrements et du cadre

à Big Sur : www.listentofeist.com

L’un des plus beaux compliments que l’on puisse faire à une œuvre musicaleest de vouloir l’écouter «pur». Sans simultanément vaquer à d’autres tâches,sans laisser ses pensées s’évader vers d’autres choses qui attendent d’êtreréglées et surtout pas en fond sonore dans un lieu public.

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MODERNITÉ

Une mise en image captivante ! Irving Penn et Issey Miyake

Chacune à leur façon, elles reflètent jusque dans le moin-dre détail l’originalité et l’individualisme de leur créateur.Aussi n’est-il pas étonnant que les deux artistes se soientrencontrés il y a de nombreuses années dans le cadred’une séance-photo de mode et que cette rencontre aitmarqué le coup d’envoi de plusieurs coopérations. A par-tir de 1987, Penn a photographié les collections de Miyakependant une période qui allait finalement durer 13 ans.Par sa façon de capturer les images, il a ouvert de nou-velles perspectives au maître des étoffes. Miyake a laissé à Penn une totale liberté artistique et lui a accordé uneconfiance presque aveugle. Pourtant Penn n’a jamais assisté en personne aux défilés de Miyake. Les deux artistes s’inspiraient mutuellement et entretenaient unerelation professionnelle hors du commun qui se passait de grands discours. Pendant toutes ces années, ils ont cul-tivé un «dialogue visuel» des plus intenses.

L’exposition Irving Penn et Issey Miyake : Visual Dialoguequi a ouvert ses portes en septembre et se poursuivra jusqu’en avril 2012 au Musée 21_21 Design Sight de Tokyoprésente des impressions et des instantanés ainsi que destémoignages naturels de l’immense talent des deux artistes.

Tour à tour par des couleurs pour le moins criardes et pardes tonalités sombres plus sobres, 69 photos d’une grandeexpressivité nous plongent dans l’univers de la mode deMiyake et l’intuition photographique de Penn. L’expositions’accompagne d’un programme très varié d’installations,de films et de débats avec des artistes contemporains etpropose également des ateliers pour les enfants.

Sandra Spannaus

“Irving Penn and Issey Miyake: Visual Dialogue”

du 16 septembre 2011 au 8 avril 2012

21_21 Design Sight

9-7-6 Akasaka, Minato-ku, Tokyo, JAPAN

Irving Penn, l’un des plus grands photographes contemporains, est décédé à New York en 2009. Issey Miyake est l’un des créateurs de mode les plusexceptionnels et plus renommés à ce jour. Ni les photographies de Penn, ni les créations de mode de Miyake ne font dans la retenue.

ISSEY MIYAKE Collection Poster, 1987.

Photograph by Irving Penn.

Poster design and typography by Ikko Tanaka.

Photograph copyright by The Irving Penn Foundation

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ISSEY MIYAKE Collection Poster, 1989.

Photograph by Irving Penn.

Poster design and typography by Ikko Tanaka.

Photograph copyright by The Irving Penn Foundation

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ISSEY MIYAKE Collection Poster, 1994.

Photograph by Irving Penn.

Poster design and typography by Ikko Tanaka.

Photograph copyright by The Irving Penn Foundation

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ISSEY MIYAKE Collection Poster, 1995.

Photograph by Irving Penn.

Poster design and typography by Ikko Tanaka.

Photograph copyright by The Irving Penn Foundation

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ISSEY MIYAKE Collection Poster, 1998.

Photograph by Irving Penn.

Poster design and typography by Ikko Tanaka.

Photograph copyright by The Irving Penn Foundation

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MODERNITÉ

La voix de João Gilberto

Elle semble se concentrer exclusivement sur une proxi -mité immédiate: de plus en plus caressante, elle part à larencontre de son auditeur, comme si la bouche du chan-teur n’était plus qu’à quelques centimètres de l’oreille del’auditeur. Là où d’autres voix assènent leur force fanfa-ronne, celle de João Gilberto se fait humble. Là où d’autressoupirent langoureusement, s’opère chez lui la magie desentiments sincères.

Cette voix est née en 1958 dans une salle de bains. Enproie à une crise personnelle et musicale, Gilberto, alorsâgé de 27 ans, se réfugie auprès de parents dans une petite localité du nom de Diamantina dans l’état brésiliende Minas Gerais. Il s’enferme pendant des mois dans laminuscule salle de bains de ses hôtes pour travailler sonchant et son jeu de guitare. Et ô miracle, c’est là, que JoãoGilberto se métamorphose en un solide musicien doubléd’un créateur. Dans cet isolement, à des lieues de l’effer-vescence de Rio de Janeiro, il invente la bossa nova. Par lasuite, il creusera encore ses idées en collaboration avec lecompositeur Antônio Carlos Jobim jusqu’à ce que la bossanova devienne une véritable musique d’exportation,variante brésilienne du cool jazz. Mais c’est dans cettesalle de bains qu’il invente «la formule», comme l’écritl’auteur Marc Fischer dans son livre «Hobalala», unemagnifique déclaration d’amour à la musique de Gilberto.«Un condensé de chant et de guitare, de souffle et d’accordsavec lequel Gilberto fait de chaque chanson une bossanova.» Effectivement: Tout aussi important que sa voixs’avère la nouvelle technique percussionniste qui transmetles rythmes de samba à la guitare. Aucun autre musicienn’est parvenu à fondre si harmonieusement le chant et laguitare l’un dans l’autre.

La voix est vibrante de douce nostalgie, sorte d’indiciblelangueur. Peut-être cette langueur est-elle le seul senti-ment qui mérite de rester en vie, le seul qui permette de lasupporter. Celui pour qui les choses se réalisent est plusproche de l’Enfer que du Paradis. La langueur, c’est aussiêtre exalté, montrer des émotions, vivre en suspens, avancer,s’abandonner à ses passions, se laisser parfois rattraperpar le passé. Le rêveur nostalgique est en quête de quelquechose dont il sait vraisemblablement qu’il ne l’obtiendrajamais. Et parfois, il cherche quelque chose pour finale-ment trouver tout autre chose. C’est cette langueur quereproduit le rythme de la bossa nova dont Gilberto se faitl’interprète magique. A l’époque, il enregistre coup surcoup trois disques légendaires avec Antônio Carlos Jobim;il va à New York, il est là aussi à la soirée mythique novabossa au Carnegie Hall en 1965, épouse Astrud Gilberto,

divorce, prend ses distances vis-à-vis du genre lorsqu’il se popularise pour devenir une musique d’ambiance auxaccents mielleux et produit des albums toujours plus inti-mistes à des intervalles toujours plus espacés.

Ainsi le chanteur devient-il au cours des décennies un personnage entouré de mystère, presque fabuleux. Plus ilse fait rare et s’éloigne de la banalité et plus les anecdoteset les bruits sur son compte se multiplient. João Gilberto a aujourd’hui 80 ans, vit – essentiellement la nuit – à Riode Janeiro, soi-disant ne quitte jamais son appartement,ne donne pas d’interviews et ne s’occupe pas le moins dumonde de ce qui se passe autour de lui. La seule chose quel’on sache, est qu’il est depuis longtemps en pourparlersavec la maison de disques pour la qualité des enregistre-ments sur CD de ses premiers albums. Il jouerait de la guitare des nuits entières, dix, douze d’heures d’affilée,animé par un désir de perfection. Il aurait eu une relationamoureuse avec une journaliste qui voulait tourner undocumentaire sur lui il y a quelques années dont serait néun enfant, mais le film n’a apparemment jamais vu le jour.Il n’existe que peu de gens pouvant se vanter de l’avoir vurécemment. Même sa fille Bebel, aujourd’hui égalementchanteuse renommée, ne parviendrait pas à le rencontrerrégulièrement. Gilberto est un fantôme.

Ses disques, particulièrement celui paru en 1973, sontcependant un bon moyen de faire la connaissance de cefantôme. Nommé «L’album blanc», c’est sans doute celuiqui se rapproche le plus de l’idéal de perfection musicale deJoão Gilberto: un aparté entre le chanteur et sa guitare,dans lequel un Gilberto des plus émouvants se met à nu.Marc Fischer a découvert dans le chant de João Gilberto la «langueur à l’état pur». Ou l’illustration chantée de cesentiment à son paroxysme.

Ulrich Rüdenauer

Rares sont les voix à flirter à ce point avec le silence. Celle de João Gilbertoparaît vouloir opposer sa douceur intemporelle aux bruits environnants;dénuée du moindre soupçon de virilité, de la moindre trace de puissance. Sa légéreté, comme en suspens, constitue en même temps sa force.

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Edition

Trademark Publishing, Westendstr. 87, 60325 Frankfurt am Main, Deutschland

Direction de la publication

Armin J. Noll

Editeur

Alexander Zschokke

Rédaction

Maarten Barmentlo, Heiko Ernst, Markus Frenzl,Christian Gärtner, Antonia Henschel (V.i.S.d.P.G.), Karl W. Henschel, Christine Ringhoff, Elena Torresani

Photo de couverture

Bryan Adams

Ont collaboré à ce numéro

Bryan Adams, Max Ackermann, Christian Arndt, Anno Bachem, Markus Frenzl, Maud Garrel, Frank Hatami-Fardi, Hennie Haworth, Marcel Krenz,Stefan Kugel, Daniel Lachenmeier, Céline Meyrat, Malin Rosenqvist, Ulrich Rüdenauer, Michael Rütten,Sandra Spannaus, Daniela Tewes

Direction artistique

Antonia Henschel

Production

Oliver Selzer

Traduction

Valérie DupréFlorence Papillon

Imprimerie

pva, Druck und Medien-Dienstleistungen GmbH,Landau/Pfalz, Allemagne

www.hear-the-world.comISSN 2190-0639

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Dans notre prochain numéro:

Nathalie Miebach

Les bruits de la nuit

Un audiologiste, qu’est-ce que c’est?

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Peinture et musique – «Sonic Sculptures» de Martin KlimasCes sons qui symbolisent la paix – lorsque l’audition scelle la paixFeist – la force du silenceUne mise en image captivante! Irving Penn et Issey MiyakeLa voix de João Gilberto

LE MAGAZINE DE LA CULTURE DE L’AUDITION NUMÉRO VINGT ET UN

KT TUNSTALLA ÉTÉ PHOTOGRAPHIÉEPAR BRYAN ADAMS

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HEAR THE WORLDFRANCE 6 EURO SUISSE 9 CHFISSN 2190-0639 74099 4 197409 906005 21

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