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franck andré jamme éditions isabelle sauvage au secret dessins de jan voss

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  • f r a n c k a n d r é j amme

    é d i t i o n s

    i s a b e l l e

    s a u v a g e

    a u s e c re tde s s i n s

    d e j a n vo s s

  • la personne du funambule

    aussi exacteet légèreque ses pas

    la détestationdes entraves

    celle qui disait

    oui

    c’est sûr

    tu vivras

    c’est ta chance

    (1)

  • les très délectablesélégancesde la mémoire

    les pensées devant lesquellesse dresse tout à coupune immense pensée

    les êtresqui se mettent à rêversur la routeet peu à peuc’est le cheminlui-mêmequi se mueen leur songe

    (2)

  • le sentimentque quelque chose de perduse promène dans vos rêveries

    l’esprit

    poussé soudain à pénétrerl’une de vos penséesavec cette promesse

    lui fournirconstammentde quoi vivre

    le temps

    qui fera le reste

    (5)

  • ces paysages dans lesquelson devrait pouvoirà l’instantplonger les yeuxet ne plus rien trouverd’habituelensuiteautour de soi

    l’épouvante fréquentedevant la beauté

    l’étrange joied’être nourride la maind’un qui passeet qui vous donne à mangersans s’en douter

    sans vous regarder

    (6)

  • le fait de protégerun souhaitdans une vesteun peu fatiguée

    l’enviede ne pas attirer l’attention

    les heuresqui s’y prennentcomme ces disparusvont et viennentsans le moindre indicedans le regard

    (9)

  • les toiles d’araignéesenrobant les mains

    le réel

    le principe

    qui se tient d’aborden embuscadepuis tombe soudainsur nous

    le silence

    la racine du rite

    (12)

  • tout ce que l’on raconteà sa chaise

    la nécessité de lancerchaque foisderrière soiune pierre

    qui devient aussitôtmontagne

    protection

    la route

    qu’il faut bien sillonnerdans l’incertitude

    la perplexité

    (39)

  • l’esprit

    invité tout à coup à entrerdans le corps d’une penséeavec cette promesse

    lui donner chaque jourde quoi manger

    la chance

    qui fera le reste

    l’impressionque quelque chose d’étrangerse balade maintenantdans votre entendement

    (63)

  • la grande utilitéde ne pas revenirsur ses pas

    les éternels débutants

    la routequ’il faut bien arpenterdans le doute

    le flottement

    les apparencesplus ou moins profondes

    (68)

  • les redoutables inélégancesde la mémoire

    les êtresqui ont juste le souhaitmaintenantd’avancer encore sur la routeet pas à pasils ne deviennent plusque ce désir

    les penséesaprès lesquelles

    pendant longtemps

    il n’y a plus de pensées

    (80)

  • la fin

    dont on ne sait rien

    du tout

    l’entrée confiantedans la tanière folledu mystère

    l’obsession en feu

    de la description

    si rouge

    si rouge

    (83)

  • les penséestoujours grosses

    qui n’arrêtent jamaisd’en enfanter d’autres

    les mensonges salutaires

    de la mémoire

    les êtresqui décident tous ensemblemaintenantde se mettreà danser sur la routeet peu à peule chemin ne peut pluss’appelerque le bal

    (102)

  • Note

    Jamais vraiment je n’aurais pensé écrire unjour un livre de listes – tant peut-être l’exer-cice s’est fait peu à peu convention. Et puis cespages sont pourtant venues. Pour moitié à lademande d’Olivier Comte et des Souffleurs, etce serait l’un des textes de Sédimentation desbourrasques, un spectacle créé en 2006. J’avaiseu pour cela des consignes précises : composerpour douze souffleurs douze séries de quatrelistes (en fait une liste-mère suivie chaque foisde sa triple déclinaison, en somme de ses troisfilles). Lorsque tout fut achevé, je mêlai sim-plement les quarante-huit listes obtenues defaçon à ce qu’elles produisent une sensation detournis, de valse – en somme une sorte demusique.

    En suivant les mêmes règles, l’autre moitié dece livre a été écrite juste un peu plus tard, cettefois-ci dans une chambre donnant sur un vasteparc rempli de grosses perruches vert fluo etde fleurs incroyablement odorantes, àMadjrouh Farm, tout au sud de New Delhi.Dans une exaltation très proche de celle de lapremière session. Cette seconde partie une foisterminée, je l’incorporai aussitôt à la précé-dente sur le grand lit de la chambre, commel’on bat parfois les cartes : en en mélangeantdeux paquets. Sans trop de science ni de com-plication. Pratiquement comme cela vint.

  • franck andré jamme

    l’apprenti dans le soleil

    dessinsde james hd brown

    éditions isabelle sauvage

  • (4)

    le goût de reconsidérercertaines heuresd’une façon enfin plus calme

    d’en êtrepresque impressionné

    les rêves

    qui devenaientde parfaites responsabilités

    l’aubainede pouvoir s’échapperen prenant un cheminparsemé de curieux éclairs

  • (19)

    l’aubainede pouvoir déguerpiren suivant bientôtun chemin éclairéde lueurs inhabituelles

    les songesqui se faisaientengagements

    le fait de retraversercertaines heuresavec sérénité

    dans la souvenance

    et d’en êtrepresque désarmé

  • (23)

    la fleur

    qui serait une autre sorted’aboutissement

    et au carrefour suivantne viendrait plus peut-êtreque le pur hasard

    le grand bénéficede ne pas tout révélerde ne pas tout quitter

    surtout gardez toujoursquelques grammes de quoi que ce soitsur votre peau

    je vous en prie

    la musique première

    mince maréeincessantedans votre torse

  • (32)

    l’immense alternancede la lumièreet de son seul adversairesous le ciel

    le réel avantagede laisser vivre un peu d’airautour du sens

    ainsi cette voilette si ajouréesur chacune de vos visions

    la fleur

    qui serait une variationde la noblesse d’âme

    et à l’étage suivanton passerait certainementen territoire inconnu

    comme on pourrait

  • (51)

    le fait de revenirsur certaines heuresavec patience

    et d’en être presque attendri

    les pressentimentsqui évoluaienten de franches implications

    l’aubainede pouvoir s’échapperen trouvant vite une pistelongée de feuxque bientôt toutes ces histoiresne feraient plus au fondque sourire

    mais plutôtd’acquiescement

  • (54)

    la fleur

    qui serait une variantede l’élégance de pensée

    et à l’étape suivanteune affaire juste pas très facileà négliger

    le privilège de laisser allerautant qu’il se pouvaitla longe du sens

    ainsi les gestes laconiques

    fréquemment

    qui dissimulaientet montraientet cachaient de nouveauet faisaient voir encorejuste quelques exaspérationsdu silence

  • (63)

    l’aubainede toucher au butpar surprise

    alors qu’au vraice n’était pas vraimentl’heure prévue

    les zébrures qui passaientd’un œil à l’autre des rapacesjuste avant la chasseou les fiançailles

    quelques dansesau bon moment :

    elles aidaientà omettreles blessures

  • (69)

    la victoire massivede l’évidencequand nos doigtsse retiraient tout à tracde la flamme

    la façond’être permanentprès des autres

    et pourtantde beaucoup spéculerà distance

    d’une autre branche

    d’un autre théâtre

    la chance grandede la décision

  • (77)

    la veine de pouvoir se perdredans les grandes villes

    la foudre si claire

    si verte

    qui déchiraitéventrait mêmecertains ciels

    toutes ces histoiresque nous nous racontionsles uns aux autres

    et qui n’étaient souventque des variétés diversesd’onguents

  • (93)

    l’atoutde savoir avancersans faire le plus infime bruit

    l’éclair de cuivreque lançaientcertains insectesquand ils s’aimaient enfinde façon impétueuse

    quelques rirespas tout à fait prévisibles :

    ils aidaient à sabrerles mauvais traitements

  • (109)

    l’aubainede pouvoir s’éclipseren s’engouffrant dans une ruebrillant de curieux éclats

    les désirsqui se transformaientcomme jamaisen pures causes

    le fait de reprendrecertaines heuresdans l’apaisementet d’en êtrepresque blessé

  • (110)

    les lueurs jaune d’orde ces arbrestendus à se rompreentre le solet le reste

    partout ailleurs

    la nuée de faveur granded’avoir pu en arriver làà pas de loup

    quelques distractionsun peu fortes :

    pour mieux aiderà cautériserles violences

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