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84e année - Hebdomadaire n°3119 - 16 mai 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008

FRANCEpolitiquE : Le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, aurait été placé sous surveillance par une officine privée ; il a porté plainte le 5 mai pour connaître les commanditaires.Bertrand Delanoë et plusieurs maires socialistes de grandes villes ont publié le 6 mai un texte en vue du Congrès du PS de novembre, rendant inévitable un affrontement avec Ségolène Royal pour la direction du parti.ÉCoNomiE : Le groupe parlementaire UMP a détaillé le 5 mai trente propositions pour libérer la croissance et l’emploi dont certaines reprennent celles du rapport Attali ; plusieurs d’entre elles seront pré-sentées par voie d’amendement au projet de loi sur la modernisation dont l’examen commencera le 27 mai à l’Assemblée nationale.FiSCAlitÉ : Le débat sur l’équité et les niches fiscales a été rouvert le 7 mai par un rapport de l’Inspection générale des finances préconisant de plafonner cinq dispositifs fiscaux, dont deux concernant l’outre-mer ; un plafonnement global des niches serait également envisagé.ENtREpRiSES : Le groupe textile DMC, l’un des derniers grands groupes français du secteur (1 100 salariés), a été placé le 5 mai en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris.D’après le Wall Street Journal du 6 mai, le groupe Alstom ferait l’objet d’une enquête en France et en Suisse pour corruption.Le patron d’Airbus a évoqué le 6 mai l’éventualité de nouveaux retards pour l’A380 ; le groupe a renoncé à céder à Latécoère les deux sites de Méaulte et Saint-Nazaire.Le groupe Vinci a signé le 6 mai un contrat de trois milliards de dollars pour construire le plus long pont du monde (40 km) reliant l’émirat de Qatar au royaume de Bahrein.REtRAitES : Le Président Sarkozy a annoncé le 6 mai une revalorisation de 0,8% des pensions au 1er septembre 2008 pour tenir compte de l’inflation.SANtÉ : La ministre Roseline Bachelot a révoqué le 6 mai le chef du service de radiothérapie de l’hôpital d’Épinal où 5 000 personnes traitées entre 1987 et 2006 ont été victimes de surirradiation.ÉColE : à l’occasion de la Journée de commémoration de l’abolition de l’escla-vage, le chef de l’État a annoncé le 10 mai que la traite des Noirs serait ensei-gnée à l’école primaire dès la prochaine rentrée.

logEmENt : Selon les estimations de la banque HSBC, en raison du stock d’in-vendus et d’une baisse de la solvabilité des ménages, le recul des prix de l’immo-bilier neuf pourrait atteindre 3,5% au 1er

se mestre 2008.CiRCulAtioN RoutiÈRE : La publication de statistiques complètes sur les blessés de la route révèle que les accidents font autant de handicapés que de tués, soit près de 5 000 chaque année. Le ministre J.L. Borloo a annoncé le 11 mai la mise en place obligatoire d’éthylotests dans les débits de boisson dès cet été.poliCE : Plusieurs centaines de mani-festants ont défilé le 11 mai à Grasse en hommage à un jeune homme décédé après son interpellation par la police ; l’IGS a ouvert une enquête.REligioN : Le 25e rassemblement de l’Union des organisations islamiques de France s’est tenu du 8 au 11 mai au Parc des expositions du Bourget.

moNdEBiRmANiE : Le cyclone Nargis aurait fait 100 000 morts et un million et demi de sinistrés nécessitant une aide d’urgence, mais les autorités birmanes rechignent à laisser entrer du personnel étranger sur leur territoire. Le référendum du 10 mai sur la Constitution a eu lieu dans la plupart des provinces et a été revendiqué comme un succès par les militaires au pouvoir depuis 1962.SERBiE : 7 millions de Serbes étaient appelés à élire leurs députés le 11 mai. Les partisans du président Boris Tadic (Parti démocratique) ont obtenu 39% des suffrages tandis que les nationalistes de Tomislav Nikolic (Parti radical serbe) n'en ont recueillis que 28%. Le taux de parti-cipation a à peine dépassé les 60%.EuRopE : La Banque centrale a laissé inchangé le 8 mai à 4% son principal taux directeur en raison du niveau élevé de l’inflation dans la zone euro (3,6% prévus en 2008).poliCE : Pour la seconde fois en sept mois, Interpol a prouvé l’efficacité des appels à témoin mondiaux sur Internet en faisant arrêter le 8 mai aux États-Unis un pédophile recherché pour des faits survenus en Asie du sud-est.olympiAdES : La flamme olympique a été hissée le 8 mai au sommet de l’Éve-rest par une douzaine d’alpinistes chinois et tibétains.iSRAël : Éclaboussé par une nouvelle affaire de corruption, le Premier ministre Ehoud Olmert pourrait être contraint de

démissionner alors que le pays fêtait le 14 mai ses 60 ans d’existence.ÉtAtS-uNiS : Le sénateur Obama a conforté son avance pour l’investiture démocrate après les primaires de Caroline du sud et d’Indiana ; il compte désormais une majorité chez les super-délégués.Des tornades ont tué une trentaine de personnes les 10 et 11 mai dans le centre et le sud des États-Unis : Missouri, Oklahoma...RuSSiE : Dimitri Medvedev a prêté le 7 mai le serment de nouveau Président de la Russie ; Vladimir Poutine a pris le lendemain ses fonctions de chef de gou-vernement.liBAN : Des échanges de tirs nourris dans les quartiers musulmans de Beyrouth, tuant plus de soixante miliciens et civils, ont opposé depuis le 7 mai les partisans du Hezbollah, le mouvement chiite qui est le seul au Liban à avoir conservé tout son armement, aux partisans, sunnites, du gou vernement . Sous la pression de l’armée interconfessionnelle, les militants chiites se sont partiellement retirés de la capitale le 11 mai, mais des combats à l'arme lourde se sont poursuivis à Tripoli entre sunnites et alaouites, alliés de la Syrie, et dans les régions druzes où le Hezbollah s'est aventuré pour la première fois.itAliE : Le gouvernement de Silvio Ber-lusconi a prêté serment le 8 mai. BElgiquE : Le Premier ministre Yves Le terne a exhorté le 8 mai les parlemen-taires flamands à retarder l’adoption d’un projet de loi visant à scinder l'arrondisse-ment électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde, le seul arrondissement bilingue du pays.CANAdA : Michaëlle Jean, Gouverneur général du Canada, a terminé le 10 mai une visite de cinq jours en France.gRANdE-BREtAgNE : à l’expiration, le 9 mai, de l’appel d’offres lancé par le gou-vernement britannique pour le contrôle de British Energy, principal opérateur nucléaire du pays, seul EDF s’était portée officiellement candidate ; mais l’absence de concurrence pourrait remettre en cause l’opération.dARFouR : Les relations diplomatiques ont été rompues entre le Tchad et le Soudan après les combats qui ont opposé, le 10 mai, les soldats soudanais à des rebelles de la région du Darfour qui ont attaqué un des faubourgs ouest de Khartoum. Des chefs de l'opposition islamiste, dont Hassan al Tourabi, ont été arrêtés ; une fois de plus, par le gouvernement de Khartoum qui les soupçonne d'avoir par-tie liée avec les rebelles.

J.L.

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SOMMAIRE ACTUALITé 4 MédIAS Grèves de presse Alice Tulle

5 CRISE ALIMEnTAIRE Haro sur la fao Yves La Marck

6 bIOETHIqUE Infertilité et artifice Tugdual Derville

dOSSIER 8 Adv L'euthanasie en débat ? Xavier Mirabel / Frédéric Aimard

ESpRIT 14 MéMOIRE dES jOURS procès Fourniret Robert Masson 15 ECCLESIA L'église et le cyclone Fides

16 LECTURES La Sainte Trinité Père Michel Gitton

17 AEd Ethiopie, au service de tous Marc Fromager

18 COLLOqUE Communion et évangélisation Mgr Cattenoz / Mgr Rey / Pascal Rousseau

MAGAzInE 20 pATRICk dE LAUbIER Un regard de paix

sur les religions Denis Lensel

21 IdéES péguy et quelques autres Gérard Leclerc

24 jEUx jouer au large ! Vianney Mallein / Marie-Agnès Meyer

26 MUSIqUE Membra jesu nostri de buxtehude François-Xavier Lacroux

27 COMédIE MUSICALE jonas Matthieu Gourrin

30 ExpOSITIOnS Hervé Robbe

Pierre François

32 bd Sac à dos sans trêve (30/40)

A. de Palmaert / Palmart

33 CInEMA "Et puis les touristes...", "journal d'une baby-sitter", "Tu peux garder un secret ?", "jackpot"

Marie-Christine Renaud d'André / Marie-Lorraine Roussel 34 THéÂTRE "brundibar"

Pierre François

35 TéLévISIOn "Charlotte Corday", "palais Royal", "don't come knocking", "Ernest Hemingway" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel

36 TéLévISIOn votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

38 bLOC-nOTES vie associative et d’église Brigitte Pondaven

Couverture © GooDshooT

édITORIAL

FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008 3

L'impératif évangélique est inflexible. Nous serons jugés sur notre dureté de cœur, celle qui se mesure à notre indifférence à l'égard du pauvre, et d'abord de l'affamé. Et ce qui concerne l'affamé, si on est fidèle à l'enseignement de Charles Péguy, est en-deça de la pauvreté, du côté de la misère. "L'antépremier

devoir social est d'arracher les miséreux à la misère, d'arracher les miséreux au domaine de la misère, de faire passer à tous les miséreux la limite économique fatale." (« De Jean Coste »). Avant toute prétention à l'égalité, assénait Péguy, il s'agit de sauver les citoyens de la misère parce que c'est elle qui réduit à une condition infra humaine. Le misé-reux ne peut prétendre à l'éminente dignité du pauvre et sa condition est comparable à un véritable enfer social.

Ce n'est pas sans trouble et sans colère que l'on est obligé de se remémorer une telle leçon. Il y a quarante ans, on s'interrogeait sur les défauts inhérents à la société de consommation. Aujourd'hui, on prend conscience de la gravité extrême de la question de l'alimentation dans le monde. Les émeutes de la faim sont un signal qui devrait être insupportable en renvoyant à une sorte d'impéritie universelle. Avec tous nos moyens techniques, nous avons laissé nos terres nourricières en jachère ou les avons utilisées pour un autre usage que celui de donner à manger aux populations. Des décisions s'imposent au plus vite pour inverser la logique économique devenue folle.

Il ne faut pas croire que les pays riches seront épargnés par le fléau. Le renchérissement des biens alimentaires est un fait universel et il touche notre propre pays. Les médias commencent à rendre compte du scandale. Ce n'est pas seulement les sDF qui souffrent, mais les personnes à faible revenu, les retraités aux faibles pensions notam-ment. "Dans les grandes villes, écrit Le Parisien, c'est la ruée chaque soir autour des poubelles des magasins". Le même journal s'indigne à juste titre de certaines pratiques, encore marginales, lorsque des supermar-chés arrosent des nourritures invendues de détergents, pour les rendre immangeables (par crainte, dit-on, qu'on ne leur reproche d'avoir mis à disposition du public des produits périmés, au nom d'un principe admi-nistratif et juridique dit « de précaution » qui touche ici à l'ignoble). C'est donc, d'abord, chez nous que les autorités et l'ensemble des citoyens, parmi lesquels nous pensons prioritairement aux chrétiens, doivent se mobiliser contre la faim qui est le premier stigmate de la misère. n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

La misèredu monde

par Gérard LECLERC

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dans la presse comme dans les autres secteurs en crise, nous ne sommes plus en Mai 1968.

Les salles de rédaction pari-siennes qui vivent dans le malaise ne sont pas le théâtre d’une lutte entre des salariés « gauchistes » et des direc-tions « bourgeoises » dans une perspective révolutionnaire. Les conflits se déroulent au sein de rédactions compo-sites (Le Monde) ou ac- quises au néo-libéralisme économique (Les Échos, La Tribune).

Les journalistes qui ont décidé de se mettre en grève ont en commun le refus d’une conception au jour le jour de la rentabi-lité, qui conduit les déten-teurs du capital à agir de manière désordonnée et autoritaire en se basant sur des raisonnements uniquement financiers. Or ceux-ci ont peu à voir avec les qualités néces-saires pour exercer le difficile métier d'un patron de presse, pour qui le personnel ne pourra jamais être une simple « variable d'ajustement ».

Au sein de la rédaction du quotidien économique Les Échos, ce ne sont d'ailleurs pas les licenciements que l’on redoute, mais le comporte-ment de Bernard Arnault, patron du groupe de luxe

LVMH et propriétaire du jour-nal. L’homme le plus riche de France a décidé de nommer son fils Antoine, directeur de la communication de Louis Vuitton, comme l’un des deux représentants de LVMH au sein du « comité d'indépen-dance éditoriale » du groupe Les Échos. Les journalistes ont fait savoir qu’ils déplo-raient cette nomination dans un comité qui avait été créé

pour assurer l’indépendance de la rédaction par Bernard Arnault lorsqu’il avait racheté le titre. Il y a là un élément d’une crise à venir.

à La Tribune, autre quoti-dien économique vendu à Alain Weill par Bernard Arnault l ’été dernier, le conflit a déjà éclaté et il s’est traduit par une grève le 6 mai. Motif ? « La direction a, par

une décision brutale et unila-térale, décidé une réorganisa-tion de l'édition, dégradant de manière inacceptable le travail des journalistes, mena-çant les emplois et la qualité de notre journal ». Cette réor-ganisation a pour objectif la réduction des coûts, mais la direction assure que beau-coup de postes de journalistes seront remplacés. De fait, un compromis a été trouvé sur

le point technique qui avait provoqué la grève (la réali-sation d’un supplément au journal) mais le déficit finan-cier demeure et les salariés restent dans l’incertitude.

La crise la plus grave est celle qui affecte Le Monde. Le journal n’a pas paru le 6 mai car les syndicats s’oppo-sent au plan de redressement présenté par le nouveau patron

du groupe, Éric Fottorino. Ce fut la troisième grève votée depuis le 4 avril, date de l’annonce de la suppression de 129 emplois à la société éditrice du Monde. Là encore, il s’agit de réduire le déficit – à la fois par une contraction de personnel et par la revente de sociétés ré cemment acquises : notamment Fleurus Presse et La Procure.

Comme La Tribune, Le Monde se trouve dans une mauvaise passe conjonc-turelle. Mais les plans de redressement, nécessaires dans leur principe, discuta-

bles dans leurs modali-tés, sur viennent au plus mauvais moment : la presse quotidienne nationale doit envisager au plus vite son adaptation aux nou velles conditions de diffusion de l’information.

Cette réflexion n’a que partiellement eu lieu. Les éditions traditionnelles sur pa pier d’une presse qui croit encore être « de référence » sont directe-ment concurrencées par les quotidiens gratuits [dont elles sont souvent par tenaires...], qui sont

des ersatz séduisants par la forme, et surtout ceux qui sont publiés sur internet (La Rue 89 notamment) et par les sites très dynamiques de certains hebdomadaires – celui de Ma rianne tout particulièrement - qui les bousculent sur le fond.

Nous n’en sommes qu’au début de la crise. Il y aura d’autres grèves, dans des publications qui n’avaient jamais connu auparavant ce type de contestation. n

Grèves de presse

ACTUALITÉmÉdIAs

Les plans de redressement surviennent au plus mauvais moment

4 FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008

par Alice TULLE

(

La presse quotidienne nationale est toujours très malade. En témoignent les grèves qui ont eu lieu au « Monde » et à « La Tribune ». D’autres rédactions sont également touchées.

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Les émeutes dites de la faim dans plusieurs pays à travers le monde sont, pour certains, le résultat de

l'impéritie des organisations internationales et la preuve de l'incapacité du système actuel à anticiper le changement climatique, la sécheresse et les catastrophes naturelles qui vont frapper les terres les plus humides comme on le voit en Birmanie, au Ban gladesh ou au Vietnam. Les arguments déjà volent bas, à ras de terre. Une conférence prévue depuis long-temps à Rome, siège de la FAO (Organisation Internationale de l'Alimentation), sur la sécurité alimentaire début juin devrait être l'occasion de règlements de comptes dont on a hélas déjà eu la primeure entre deux Sénégalais, le président Wade et le directeur général de la FAO depuis près de quinze ans, Jacques Diouf.

Cela pourrait bien être le premier acte d'une nouvelle offensive d'inspiration libérale sur le thème du réchauffement climatique. Les linéaments d'une politique alternative ap paraissent au grand jour : généralisation des OGM dans les pays en voie de développe-ment, abolition de la politique agricole commune européenne, injection massive de crédits de la Banque Mondiale dans l'agriculture, développement des exportations agricoles par le libre-échange. Un objectif commun : la baisse des prix agricoles mondiaux.

A l'inverse, on voit se lever les anciens défenseurs de l'au-

tosuffisance alimentaire, de la protection des marchés, des cultures vivrières au détriment des cultures d'exportation, du retour aux anciennes habitudes de consommation : un Africain n'a pas besoin de baguette de pain ni de riz !?

Le monde marche sur la tête. Le retour à des prix corrects as surant la rémunération du paysan devrait au contraire réjouir les économistes. Trente ans de bas prix et d'importa-tions massives de produits alimentaires, y compris d'aide alimentaire, avaient complè-tement déstructuré le monde agricole entraînant un exode rural dramatique et la consti-tution de villes tentaculaires

avec des pauvres de plus en plus dépendants pour leur alimenta-tion. Le seuil absolu de pauvreté défini par la Banque Mondiale sur la base de 1 dollar par jour concerne, pour les trois-quarts des ruraux, qui disposent d'un petit lopin (environ un milliard

de personnes). Mais un milliard et demi, considérés comme vivant sur un revenu entre 1 et 2 dollars, sont pour beau-coup ceux qui sont venus en ville. L'augmentation des prix alimentaires, qui devrait rogner au moins 20 % de leurs reve-nus, va donc automatiquement faire reculer cent à deux cents millions d'habitants, peut-être plus, sous le seuil de 1 dollar. En revanche, ceux qui sont déjà sous ce seuil pourraient remon-ter. Si toutefois on laisse faire la nature, c'est-à-dire la loi des saisons.

La lutte contre la cherté des prix alimentaires ne passe pas par la baisse des prix au produc-teur mais dans l'augmentation

de la demande solvable. On sait bien qu'insuffler de l'argent dans l'agriculture se heurte à une capacité d'absorption très lente et risque de créer d'autres déséquilibres sociaux (endet-tement, expropriation, grandes exploitations). Il faut améliorer

l'accès au crédit et subvention-ner les engrais, encourager la transformation sur place des produits agricoles, la chaîne du froid, les routes en milieu rural. Mais l'aide internationale doit présentement profiter au consommateur. Les gouverne-ments ont supprimé les taxes à la consommation pour les produits de première néces-sité et essaient de contrôler la chaîne des intermédiaires. Les bailleurs de fonds doivent les aider à compenser ces pertes budgétaires de même que pour le coût de l'énergie.

Un nouveau bras de fer se prépare entre Washington et Rome : la Banque Mondiale, les groupes d'OGM (Monsanto), contre la FAO, incarnant l'agri-culture traditionnelle. Il a pour enjeu le pouvoir et l'influence dans le monde en voie de développement. La France est la première concernée par cet affrontement naissant en tant que premier producteur euro-péen, l'un des tout premiers exportateurs mondiaux, et dont l'équilibre de la balance exté-rieure dépend de son excédent agro-alimentaire, mais aussi par sa place et son rôle en Afrique et dans les instances internationales. Elle se trouve confirmée d'avoir lutté pendant quarante ans pour défendre l'agriculture. Elle y trouvait son intérêt, mais l'actualité montre qu'elle travaillait pour l'équilibre planétaire. Elle aura fort à faire pour résister aux pressions internationales qui pourraient constituer le point fort du prochain sommet du G 8 au Japon en juillet. n

ACTUALITÉ

par Yves LA MARCKHaro sur la f.A.o.

LA CRIsE ALImENTAIRE moNdIALE

FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008 5

)La France est la première concernéepar cet affrontement naissant

La crise alimentaire mondiale est l'heure de vérité pour la diplomatie multilatérale.

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Les temps sont durs pour les spermatozoïdes. L’Inserm nous apprend qu’en un demi-siè-cle leur densité aurait

été diminuée de moitié chez les Occidentaux, entraînant une chute de « 15 % de la fécondabilité » des couples. Faut-il inscrire ce phénomène dans le pessimisme ambiant : réchauffement climatique, déforestation, extinction d’es-pèces animales ? Les scienti-fiques attribuent l’explosion de l’infertilité à des facteurs environnementaux (pesticide et pollution) ou à des modes de vie (tabagisme, sédentarité, stress…). Cause aggravante, selon les épidémiologistes et démographes de l’Inserm Henri Léridon et Rémy Slama, l’augmentation de l’âge des femmes à la naissance de leur premier enfant, qui franchira bientôt, en France, la barre des trente ans. Leurs hypothèses vont jusqu’à envisager qu’un couple sur cinq serait, à terme, concerné par la stérilité (contre un sur dix actuellement).

On peut s ’étonner de ne pas lire parmi les hypo-thèses de ces mutations, tant physiologiques que so ciales, la généralisation de la contra-ception durant ces dernières décennies. Toujours est-il que la seconde partie du slogan : « Un enfant si je veux, quand je veux » devrait être complétée

d’un humble « …si je peux ». La remarque émane du docteur Sylvie Epelboim, gynécologue, spécialisée dans la féconda-tion in vitro : le vieillissement ovarien ne laisse-t-il pas à une femme de 42 ans que 2 % de chance d’obtenir une grossesse avec l’Assistance médicale à la procréation (AMP) ?

à lire ce que la presse déduit de l’explosion de l’infertilité hexagonale, c’est pourtant l’AMP qui aurait « de beaux jours devant elle ». Les cher-cheurs estiment à 73 % ou 80 % la hausse des demandes d’AMP qu’entraîneraient les 15 % de baisse de la « féconda-bilité » qu’ils envi sagent encore dans les cinq prochaines décennies. La plupart des couples consi-dèrent déjà la fécondation artificielle comme la solu-tion par excellence, quitte à se bercer d’illusions. Un embal-lement de toute-puissance les conduit de plus en plus à se précipiter vers l’AMP, soit trop précocement, alors qu’ils n’ont simplement pas intégré qu’il faut une certaine patience avant d’obtenir la conception « naturelle » d’un enfant, soit trop tard.

Le législateur commence même à craindre que le mode artificiel de conception des êtres humains ne devienne progressivement un mode de procréation de première

intention plutôt qu’une façon de compenser l’infertilité. Avec l’extension du diagnostic préimplantatoire, on s’orien-terait de plus en plus vers le scénario du film « Bienvenue à Gattaca » d’Andrew Niccol (1997) où il devient inconve-nant, pour procréer, d’utiliser les relations sexuelles.

Depuis l’irruption d’une tierce personne dans la pro -création humaine qui consti-tue la transgression ori ginelle de l’AMP, on n’en finit pas de débattre sur les limites à lui

opposer. Elles sont mouvantes au fil de l’acception sociale des dérives. Après de multi-ples pontages et divorces, certains vieillards deman-dent, à la veille d’une énième opération, la congélation de leur sperme afin de donner une descendance à leur nouvelle compagne. Il n’y aurait plus de limite scienti fique ou morale pour demander à la médecine de palier les déficiences de la

nature ou les sages contraintes qu’elle impose.

Il est vrai que, même si la moitié des candidats à l’AMP ressortiront déçus de ce qu’on n’hésite plus à nommer leur « parcours du combattant », la surenchère technologique promet des améliorations : on vient d’identifier un marqueur biologique permettant de sélec-tionner les ovocytes les plus aptes à faire réussir l’implanta-tion du futur embryon. Depuis longtemps, on contourne des stérilités masculines autrefois rédhibitoires par la technique, pourtant controversée, de l’in-jection intra-cytoplasmique d’un spermatozoïde, voire d’un spermatide (gamète immature). Des nouvelles manipulations font miroiter une « reproduc-tion homosexuelle ».

Le temps est loin où les soignants, à l’image de la sage-femme qui accompa-gnait la mère d’Amandine, premier bébé-éprouvette français, née il y a trente ans, pouvaient se dire choqués qu’une femme préfère la fécondation arti-

ficielle à l’adoption. L’« achar-nement procréatif » commence toutefois à être dénoncé. Le désir d’une descendance biologique, quitte à ce qu’elle soit obtenue avec le sperme d’un inconnu, est pourtant valorisé comme un droit. Bientôt un devoir ?

Paradoxalement, cet « en- fant à tout prix » (on es time à un milliard d’euros le coût annuel de la fécondation in vitro en Europe) est contempo-rain de millions d’êtres humains détruits par l’avortement, sans qu’on prenne conscience que la notion de « désir parental » est devenue totalitaire. n

Infertilité et artifice

ACTUALITéBIOéTHIQUE

Envisager qu'un couple sur cinq serait,à terme, concerné par la stérilité

6 FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008

par Tugdual DERVILLE

(

On nous révèle la hausse continue de la stérilité en France.Seule solution préconisée : la procréation « artificielle ».La demande de « bébés-éprouvette » devrait donc exploser.

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Offre SpécialeOffre SpécialeOffre Spéciale

MESSE DE NOËLÀ SAINT-SULPICE SOUS LE SECOND EMPIREVincent Genvrin, grand-orgue Cavaillé-Coll

Chœur Intermezzo, direction Claire Marchand

Avec réalisme et vraisemblance, l ’atmosphère d’une célébration sous le Second Empire... Du panache.

Le style théâtral et mondain de Lefébure-Wely, organiste de Saint-Sulpice sous le Second Empire, fait bon ménage avec l’archaïsme des plains-chants et faux-bourdons et la touche de sentimentalité qu’apportent ses motets. Cet éclectisme ne trouble en rien le recueillement. Une sorte d’équilibre salutaire s’impose pour former une musique d’église fi nalement très prenante.

Réf : HORT005

ALFRED DESENCLOS Requiem

Nos Autem | Salve Regina

Chœur de Chambre Les Éléments, direction Joël Suhubiette • Frédéric Desenclos,

orgue Puget, N-D du Taur (Toulouse)

Ampleur et sérénité.... Un disque d’exception (Diapason).

Le premier enregistrement mondial du Requiem d’Alfred Desenclos nous révèle une œuvre apaisée, nourrie d’une foi sincère et d’un profond humanisme, dans la lignée d ’un Fauré ou Duruf lé. Desenclos, maître de l ’Art vocal, a su imbriquer mélisme grégorien et harmonies « modernes » en une synthèse d’un parfait équilibre.

Réf : HORT009

MMESSE DE NNOËL

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BENJAMIN ALARD JOUE J.S. BACH

Transcriptions pour Clavecin

La transcription apparaît aujourd ’hui comme un dispositif majeur de la circulation des idées et des styles à l’époque baroque. Benjamin Alard nous en révèle toute la richesse imaginative et dévoile un aspect méconnu du plus célèbre musicien du XVIIIe siècle.

Premier Prix et Prix du public du Concours international de clavecin de Bruges, il est âgé de 21 ans.

Réf : HORT050

MICHEL CORRETTE (1707-1795)Messe à l’usage des Dames Religieuses

Le concert des Dames, ensemble vocal Damien Colcomb, orgue • direction Frédéric Bourdin

Composée dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, dans un style de transition insuffl ant avec fi nesse un ton populaire à une écriture savante, cette messe est replacée dans la globalité d ’un off ice reconstitué, alternant dans une grande variété de styles, récits et chœurs accompagnés, Plain-Chant et grandes pièces d’orgue.

Réf : HORT047

GRANDES MESSES DU XXe SIÈCLE À NOTRE-DAME DE PARIS

Louis Vierne : Messe solennelle (1900) Jean-Pierre Leguay : Missa Deo Gratias (2000)

Philippe Lefebvre – Jean-Pierre Leguay, Grand OrgueMaîtrise Notre-Dame de Paris, direction Nicole Corti

Deux œuvres vivantes et ferventes pour deux orgues et chœur, intimement liées à la vie musicale de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, qui témoignent de la force de cette source inépuisable d’inspiration que constituent la Messe et ses paroles, dans l ’un des plus hauts lieux spirituels du monde.

Réf : HORT055

ÉDITH CANAT DE CHIZY

Livre d’Heures (1984)

Chœur Britten • Les Temps Modernes Direction Nicole Corti Loïc Mallié, orgue Saint-Pothin de Lyon

Livre d’Heures / Messe brève de l’Ascension / Véga

Une introduction au tragique du mystère de la vie et de la mort, exprimant tour à tour le questionnement, la révélation et le repos. Une ouverture à la lumière.

Réf : HORT051

Première Mondiale

Première Mondiale

Création

Création

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Docteur Xavier Mirabel, est-ce que le débat sur ■l’euthanasie tourne mal ?

Il tourne mal dans le sens où, justement, il n’y a pas vraiment de débat. Nous sommes confron-tés à une intoxication de l’opinion. On sent que le grand public se laisserait bien prendre par ce discours et perdrait contact avec la réalité.

C'est-à-dire ? ■

On en vient à souhaiter la mort de celui qui souffre parce qu’on pense que c’est inéluctable et qu’il n’y a plus de moyen de soulager. C’est une régression, un aveuglement. Ce qui me préoc-cupe le plus, c’est que beaucoup de personnes se désespèrent en se convainquant qu’il n’y a plus rien à faire pour les « mourants ». Souhaiter la mort d’autrui, voire lui administrer, est une tentation. C’est une réponse tellement plus simple que la réponse aux vrais besoins d’une personne grave-ment malade. Car ces besoins peuvent être particulièrement exigeants.

Pensez-vous finalement que c’est la solution de ■facilité qui va l’emporter ?

Pas si sûr, car si la solution de facilité devait l’emporter, cela aurait eu lieu depuis longtemps. Je pense que si nous n’avons pas encore l’eutha-nasie, c’est qu’il y a encore dans notre pays un nombre immense de soignants qui s’engagent au quotidien auprès de ceux qui sont malades, et aussi un grand nombre de familles qui, même si elles ont vécu des choses difficiles avec la ma-ladie et la mort, ne cèdent pas à la tentation de l’euthanasie. Finalement, toute cette expérience nous protège. C’est une tradition incarnée. Le « bon sens » terrien est du côté de la vie.

DOSSIER

Xavier Mirabel, cancérologue, est président de l’Alliance pour les Droits de la Vie et coordinateur médical du site www.sosfindevie.org ouvert pour venir en aide aux personnes confrontées aux épreuves de la fin de vie.Il est connu pour avoir été, en tant que père d’une petite fille trisomique, porte-parole du Collectif contre l’handiphobie à l’époque de l’affaire Perruche. Sa fonction de président de l’Alliance le conduit à rencontrer régulièrement les responsables politiques et les journalistes. Auditionné en 2004 à ce titre par la Mission d’information parlementaire sur l’accompagnement de la fin de la vie, du député Jean Leonetti, Xavier Mirabel a participé au livre collectif international : « Euthanasie : les enjeux du débat » (Presses de la Renaissance, 2005, chapitre « Le choix du traitement à l’approche de la mort, entre abandon et acharnement thérapeutique »). Il est l’auteur de nombre d’articles sur ce sujet, notamment « Le recours à l’euthanasie n’est jamais une fatalité », « La douleur, énigme ou mystère » qui reprend une intervention à l’Unesco lors d’un colloque organisé en 2004 par l’observateur permanent du Saint-Siège et, plus récemment « Faire mourir de faim et de soif : l’euthanasie à la française ? » (publié par la revue Liberté politique en décembre 2007).

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ALLIANCE POUR LES DROITS DE LA VIE

L'euthanasie en débat ?

Xavier Mirabel

D.R.

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DOSSIER

propos recueillispar Frédéric AIMARD

Est-ce à dire que l’euthanasie relève toujours d’une ■posture idéologique ?

Sans aucun doute, derrière l’euthanasie, il y a une vision de l’homme, de la maladie, de la souf-france et de la mort qui est idéologique. Et cette idéologie est séduisante quand les per sonnes ne connaissent pas la réalité des faits. Il y a sur cette idéologie un verni de compassion qui la rend at-trayante. Mais c’est une fausse compassion com-me l’expliquait si bien Jean-Paul II.

Est-ce qu’on ne peut pas vous accuser d’avoir, vous ■aussi, dans ce débat, une posture idéologique ?

Certes, il y a toujours un risque que nous ayons des postures idéologiques si nous nous éloignons de la réalité de ce qu’endurent concrètement les

personnes que nous soignons et accompagnons. On nous en accuse d’ailleurs, et il n’est pas tou-jours facile de s’en défendre. En affirmant que la vie fragile mérite d’être respectée je passe iné-vitablement pour un idéologue aux yeux de cer-taines personnes qui sont persuadées qu’il y a des gens malades, handicapés, voire « inutiles » qui ne doivent plus vivre. Malheureusement des Français n’arrivent plus à croire que ce que disent encore la plupart des soignants sur le sens de leur métier puisse être vrai. Il y a comme une suspicion de mensonge, comme si la médecine nous manipulait depuis des siècles.

Alors comment rétablir la vérité ? ■

D’abord en dénonçant les mensonges comme ceux de l’affaire Sébire, avec détermination et

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Il y a unesuspicion demensonge, comme si

la médecine nous

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courage, même si on risque de nous en tenir rigu-eur. Ensuite – je dirais même surtout – en répétant à temps et à contretemps, à l’aide des témoigna-ges des personnes qui vivent auprès de ceux qui sont en fin de vie, qu’il y a toujours quelque chose à faire. On ne peut jamais désespérer de soigner, de prendre soin, même si on ne peut plus guérir.

Vous lancez une campagne en direction des parle- ■mentaires, dans quel but ?

Notre premier objectif, c’est justement de contrer l’intense lobbying de ceux qui usent et abusent des situations dramatiques pour tenter de manipuler la représentation nationale. Notre deuxième objectif, c’est de réclamer davantage de moyens et d’information pour les soins palliatifs. C’est toujours utile de montrer à nos élus qu’il y a des personnes dans notre société qui sont sen-sibles à la vie des plus fragiles. C’est un message qui peut être partagé et reçu très au-delà des di-vers clivages de la classe politique.

Plus précisément, pouvez-vous nous expliquer ■le sens de votre slogan « Non à l’acharnement thérapeutique, non à l’euthanasie, oui aux soins palliatifs » ?

Ce que nous demandons au travers de ces mots, c’est un équilibre raisonnable autour de la personne souffrante. Il s’agit de se garder de toute tentation de toute puissance qui peut entraîner soit vers l’acharnement thérapeutique, soit vers l’euthanasie. Ce sont les deux conséquences de cette unique tentation, alors que les soins pallia-tifs incarnent la médecine raisonnable et pruden-te dont nous souhaitons tous bénéficier, dans nos derniers moments, mais pas seulement d’ailleurs. trop de Français croient que, pour échapper à l’acharnement thérapeutique il faut accepter l’euthanasie. C’est complètement faux. Les élus ont besoin de voir que nous sommes nombreux à ne pas être dupes de ce choix truqué.

Je voudrais d’ailleurs ajouter que la plupart des soignants sont appelés à se reconnaître dans cet esprit, cette « culture » des soins palliatifs. C’est une des expressions de la médecine raison-nable qui concerne tous les praticiens, tous les soignants. L’Église utilise l’expression « médecine proportionnée » qui nous aide bien à orienter nos actes médicaux dans le sens de la sagesse, et de la pondération.

Votre action n’arrive-t-elle pas beaucoup trop tard, ■puisque l’opinion publique s'exprime, dans de nom-breux sondages, très régulièrement en faveur de l’eutha nasie ?

Charte des droitsdes personnes en fin de vie

1. Droit à des soins proportionnés

l Toute personne mérite d’être soignée jusqu’à la fin de sa vie dans de justes proportions, en bénéficiant des techniques disponibles les plus efficaces mais sans subir des traitements agressifs s’ils sont inutiles. Autant que possible, elle doit être associée au choix des soins qu’elle reçoit.l Toute personne malade en phase terminale que la médecine est impuissante à guérir peut demander que soient interrompus les traitements devenus inutiles ; l’arrêt des traitements inutiles n’est pas à confondre avec l’euthanasie.l Toute personne doit pouvoir bénéficier jusqu’à la fin de sa vie des soins antidouleur adaptés, et d’un soutien personnalisé répondant à ses besoins physiques (nutrition, hydratation, soins infirmiers, kinésithérapie…), psychologiques (présence attentive, respect de la pudeur, écoute, soutien moral…) et spirituels.

2. Droit à l’accompagnement de la vie

l Toute personne, quel que soit son état de santé physique ou mental, doit être regardée avec respect jusqu’au terme de sa vie ; membre d’une communauté humaine solidaire, elle ne doit pas être considérée comme inutile ou comme privée de dignité ; elle a droit aux soins palliatifs ; sa mort ne doit jamais être délibérément provoquée.l Toute personne a le droit d’être accompagnée par les soignants et par ses proches dans la confiance ; elle a besoin de relations de vérité concernant sa situation ; si elle le souhaite et que son état le permet, elle doit pouvoir finir ses jours à son domicile.l Toute personne confrontée à une situation de santé difficile (diagnostic grave, lourde dépendance, angoisse face à la mort) ou à des tentations suicidaires doit être soutenue, réconfortée et entourée par les soignants, ses proches ou des bénévoles, pour vivre le plus paisiblement possible la fin de sa vie.

Ni AChArNemeNT ThérApeuTique ... Ni euThANAsie

pour en savoir plus : www.sosfindevie.orgLe site sosfindevie.org est né d'un groupe de soignants et de soignés désireux de favoriser ensemble les repères de la confiance autour des personnes en fin de vie.ils ont choisi de développer, par internet, un service de référence pour toutes les questions liées à la fin de la vie : témoignages, conseils, adresses et liens utiles, aide personnalisée… pour animer le site sosfindevie.org et apporter à ses visiteurs les réponses personnalisées à leurs questions, sont mobilisés des experts dans différentes disciplines (soins palliatifs ou curatifs, juristes, psychologues…).sosfindevie.org n'entend se substituer ni aux équipes soignantes, ni aux familles, ni surtout aux personnes malades ou en fin de vie, mais apporter à chacun des éclairages qui l'aideront à instaurer un vrai dialogue et à trouver les meilleures solutions.

DOSSIER

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Elle dit la même chose pour la peine de mort en certains cas, et, pourtant, les élus ne vont pas dans ce sens. C’est leur responsabilité d’agir pour le bien commun, sans céder à l’émotion qui peut être trompeuse. Notre action intervient dans un moment choisi : l’émotion de l’affaire Sébire, qui interdisait le débat, est un peu retombée. Et c’est en ce moment que se déroulent les auditions d’évaluation de la loi Leonetti.

J’avais été auditionné à l’Assemblée natio-nale par la mission sur la fin de vie qu’il avait conduite en 2004. J’ai à nouveau demandé, avec le professeur Olivier Jonquet, à être auditionné, en faisant valoir l’expérience de SOS fin de vie. C’est aujourd’hui que les députés et sénateurs doivent mesurer la mobilisation de ceux qui re-fusent l’euthanasie. Ce faisant, nous confirmons l’intuition de la plupart des parlementaires. Ils ont conscience du risque qu’il y aurait à casser le système soignant en y introduisant l’eutha-nasie. Ils savent aussi qu’on ne légifère pas « sous le coup de l’émotion » et tous les quatre matins. Il faut d’abord appliquer et évaluer les lois exis-tantes. Ceci dit, si personne ne les conforte dans ces convictions, ils risquent de céder à ceux qui crient le plus fort.

Que diriez-vous à nos lecteurs qui ■sont peut-être d’accord avec vous en théorie, mais qui ont parfois des raisons personnelles de douter de la capacité de la médecine à vraiment accompagner, sans s’acharner sur le patient ni l’abandonner ?

Je sais bien que nous sommes marqués par nos expériences parfois douloureuses, voire scandaleuses à propos de la souffrance et de la mort. Je pense à ceux d’entre nous qui ont le sentiment qu’un proche a été mal soigné, mal accompagné, mal respecté et qui en ont tiré des conclusions pessimistes vis-à-vis du monde hospitalier. Mais il faut faire attention à ne pas tirer de tel ou tel dysfonction-nement ou injustice des conclusions erronées.

Pour répondre à votre question à propos des lecteurs qui « douteraient », je crois que, dans des situations concrètes, il faut qu’ils aillent à la ren-contre des soignants pour en parler en vérité. À SOS fin de vie, nous recevons de nombreux ap-pels de familles et de soignants. Bien souvent le conseil que nous allons leur donner et qui sera le plus utile, c’est de se parler entre soignants, soi-gnés et familles, d’aborder en vérité les questions légitimes qu’ils se posent. Parfois, nous les aidons à formuler ces questions, mais c’est dans ces rencontres que l’apaisement sera le plus souvent

trouvé, soit parce qu’on aura expliqué et rassuré sur la signification des soins ou des plaintes, soit parce qu’on aura aidé les soignants à trouver une posture plus équilibrée, plus humaine.

Vous ne niez donc pas qu’il y ait encore des situa- ■tions d’acharnement thérapeutique ?

Nous seulement je ne le nie pas, mais nous essayons justement d’alerter contre les deux ris-ques d’une médecine qui oublie ses limites. C’est le sens de la « Charte des droits des personnes en fin de vie » que nous avons éditée et diffusons (voir encadré). Car il faut faire attention à ce que la peur de l’acharnement thérapeutique ne nous jette pas dans les bras de l’euthanasie. C’est bien la tactique de l’ADMD (ndlr : association pour le droit de mourir dans la dignité, qui promeut la légalisation de l’euthanasie) de surfer sur cette peur naturelle pour promouvoir l’euthanasie, qui serait, à l’entendre, le seul moyen de nous libérer du pouvoir médical. Comme si donner aux méde-cins le pouvoir exorbitant de provoquer la mort d’autrui pouvait être libérateur !

Comment jugez-vous, à ce titre, les disposi- ■tions législatives en vigueur (loi sur le droit des ma lades et loi fin de vie). Sont-elles, selon votre expression, « équilibrées » ?

Je pense qu’elles sont équilibrées car el-les réaffirment la nécessité des soins palliatifs, celle du soulagement de la douleur, le devoir du médecin de s’abstenir de soins disproportionnés et l’interdit du meurtre. toutefois, elles ne sont sans doute pas parfaites : nous avons étudié et dénoncé avec précision leurs limites et nous agis-sons pour qu’elles soient appliquées sans que ces failles les fassent dévier vers certaines formes

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d’euthanasie. Il s’agit essentiellement de l’assimi-lation abusive de l’alimentation et de l’hydratation à des traitements, qui conduit à légitimer qu’on les interrompe, ce qui peut avoir une dimension euthanasique. L’ADMD s’est engouffrée dans cette faille et clame qu’on n’a aujourd’hui que la pos-sibilité de mourir de faim. C’est l’étape que le lobby de l’euthanasie avait prévue pour réclamer la piqûre létale, présentée comme « plus douce ». Mais à la question « Faut-il changer ces lois ? » je répondrai certainement non ! Dans le contexte actuel, accepter de modifier ces textes, c’est aller inéluctablement vers une fragilisation croissante de l’interdit du meurtre…

Mais n’est-ce pas la voie qui se profile avec la ■notion d’exception d’euthanasie ?

Clairement, la notion d’exception d’euthana-sie est, pour nous, inacceptable. Car il ne peut y avoir d’exception, prévue par la loi, autorisant par avance un médecin à donner la mort. Ce serait entrer dans un engrenage extrêmement périlleux, dont nous savons par avance les conséquences en cascade. Il est indispensable, dans les situations où des médecins poseraient des actes dis cutables, qu’ils soient présentés devant la justice. Ces déra-pages, si dérapage il y a, ne devraient jamais être cautionnés par les juges. toutefois, les situations particulières devront toujours être regardées en prenant en compte l’extrême difficulté dans la-quelle se trouvent parfois certains soignants.

Quelles difficultés ? ■

Autant la médecine peut faire beaucoup pour soulager la souffrance, autant elle ne peut pas la faire disparaître. tous les soignants croisent ces situations de souffrance (morales et, plus rare-ment, physiques) qui leur paraissent insurmon-tables. Dans ces moments, il n’y a que des ressorts intérieurs qui peuvent aider.

Ma technique étant devenue inutile, ou du moins imparfaite, il n’y a plus que mon humanité qui peut aider. Si on ne reconnaît pas l’importance de cette humanité, à ces moments-là, on va tout droit vers l’euthanasie.

Vous pensez à Chantal Sébire ? ■

Oui, bien sûr, entre autre. Le premier souvenir que cela évoque chez moi, c’est que la première fois que j’ai vu son visage, il m’a paru terrible, puis, à force de le voir et revoir, il est devenu moins insoutenable pour notre regard, et nous vient l’en-vie de l’aider et de la rencontrer, en lui proposant

autre chose que ce qu’elle dit être la seule solu-tion. Son histoire nous révèle bien qu’il y a des choses qui dépassent la technique médicale. C’est très important de découvrir que la compassion véritable vient souvent après une forme de fuite, de rejet, qui est une première réaction très natu-relle. Il serait donc bien triste de s’y arrêter. J’ai eu le même sentiment en étant confronté à Marie humbert sur le plateau de France 5 : j’aurais aimé une discussion en tête à tête pour comprendre ce qui avait pu se passer et sortir de ses justifications finalement très idéologiques.

Mais qu’auriez-vous aimé dire à Chantal Sébire, ou ■peut-être entendre d’elle ?

Je ne pourrais pas vous l’exprimer parce que les paroles qu’on peut dire dans ces moments-là ne se trouvent que dans la grâce de la rencontre. Je n’aurais d’ailleurs pas grand-chose à lui dire, mais plutôt à entendre et écouter sa détresse et peut-être y répondre. Comme soignant, j’aurais aimé discuter avec elle de ce qu’on aurait pu faire pour mieux la soulager. Et si j’avais été un mem-bre de sa famille, j’aurais sans-doute aimé lui dire

combien sa présence parmi nous était précieuse et combien nous aurions aimé apaiser sa souffrance. Et, là aussi, j’aurais vraiment aimé comprendre. Parce que, dans le fond, la raison profonde de sa détresse ne nous a pas été dite.

Derrière ce qu’on a entendu, il y a un refus de la médecine, il y a une colère aussi chez cette patiente, mais cela révèle quelque chose de sous-jacent qu’on ne peut prendre en compte que si elle accepte de nous le dire, ce qui suppose qu’on l’aide à le confier. Dans l’issue fatale de son drame, il y a un enfermement personnel (qu’ont d’ailleurs révélé ses proches), une manipulation de cet en-fermement par quelques-uns, et, finalement, un échec collectif qui me consterne.

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Cesdérapages, si dérapage

il y a, ne devraient jamais être cautionnés

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Maintenant qu’elle n’est plus là, c’est aux élus que ■vous voulez parler d’elle ?

Je voudrais que les élus tirent les bonnes conclusions de cette histoire. À mon avis, le vrai message que nous transmet Chantal Sébire n’est pas qu’il faut en tuer d’autres, en légalisant l’euthanasie, mais plutôt que nous n’avons pas su trouver les mots pour l’aider. Ou peut-être qu’elle n’a pas voulu ou pu les entendre. C’est donc plus une question de parole et de communication que de médicaments. Cette faiblesse de notre société mérite qu’on travaille pour que ceux qui vivent de telles détresses soient mieux aidés, mieux in-formés, mieux soulagés. Il faut qu’on agisse très concrètement pour que les personnes aient une idée juste de ce qu’il est possible de proposer, plu-tôt que d’être noyés dans les peurs, la culpabi-lité et les idées fausses (notamment sur les soins antidouleur que Chantal Sébire assimilait à du « poison », et les soins palliatifs qu’elle confondait avec des « mouroirs »). Je me rends bien compte que, derrière la question de l’euthanasie, chacun est aussi interrogé sur sa capacité à s’engager, notamment autour de ses proches, quand ils sont malades ou en fin de vie. Derrière ces débats qu’on dit de société, il y a une question cruciale, posée à tous et à chacun : « Es-tu prêt à traverser la route et t’approcher de celui qui est blessé, seul, sur le bord du chemin ? » ■

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En mémoire des jours

L es cours de justice, décidément, ont par-fois à juger ce qui

passe tout entendement. Le procès Fourniret, que des juges et des jurés ont à conduire dans une sorte de stupeur, nous saisit jusqu'à l'âme à l'énoncé des crimes dont les vic times ont toutes des vi sages d'innocence.

Ce sont des enfants pour la plupart, qui n'é taient pas en âge de comprendre ce qui leur arrivait. C'est une face obscure de la condi-tion humaine, qui nous est renvoyée par ces assises qui vont, des semaines en core, défrayer nos chroniques judi ciaires, au nom d'un droit - que le cynisme du principal dé tenu méprise - qui est de savoir précisément ce qui s'est réellement produit.

Pour des raisons que lui seul connaît, Fourniret, et accessoirement sa femme comme complice, décident, des semaines durant, de garder un si lence qui n'a même pas pour lui l'excuse de les dis culper. Les preuves acca blantes, Four niret les a fournies et prises à son compte. Sauf à savoir s'il ne trouverait pas encore des crimes dont il garderait le secret... Le personnage est

de ceux dont on peut tout at tendre, surtout le pire qui est toujours avec lui le plus probable.

La justice, en des cas semblables, est renvoyée à des limites qui sont aussi les nôtres, et qui sont de nature redoutable. Que res-te-t-il d'humanité à un être comme Fourniret, que rien ne peut toucher, pas même la douleur des familles, qui font pitié à voir à l'évoca-tion des tortures que leurs enfants ont eu à souffrir ?

Quelles paroles trouver pour être à la hauteur de ce qui a été infligé à des per-sonnes qui sont comme l'in-nocence en personne. Avec tout le respect qu'on doit à la justice, il faut bien recon-naître qu'en la circonstance, elle est elle-même dépassée par l'ampleur d'une malfai-sance dont l'origine est le mal et son pouvoir de per-version.

Qu'est-ce donc que l'homme, et sa capacité de meurtre qui ne se connaît plus de limite ? Nos lan-gages sont pris de court, et nos yeux aveuglés quand il faut répondre de ce qu'il reste d'humanité dans des gens comme Fourniret, et hélas aussi sa compagne. De leur propre aveu, ils se sont comme exclus de la condition humaine. Leur principauté c'est le crime et sans remords.

Il ne nous reste plus, quant à nous , que nos yeux pour pleurer, avec les familles, celles aux quelles on a fait subir le récit terrible de ce qu'il en fut de leurs jeunes enfants. Que nous est-il arri-vé pour que l'homicide fasse ainsi la loi au détriment de toutes les consciences ?

Le fait n'est pas nouveau puisqu'il s'inscrit dans la longue mémoire de nos annales judiciaires, qui nous coupent la parole par leur ampleur. "Rachel pleure et ne veut pas être consolée", nous dit la Bible, et ces mères dont on avait massa-cré les enfants, par peur d'un nouveau né… et d'un pouvoir criminel du nom d'Hérode.

Fournir e t n'e s t pas Hérode bien sûr, mais il y est apparenté dans l'ordre du crime qui ne cesse de ravager le monde et de le mettre en deuil de ce qu'il a de meilleur, cette part d'en-fant qui est notre vrai titre de noblesse.

Dieu nous prenne en pitié devant ces forces mauvaises qui n'en finissent pas d'en-deuiller nos âmes. Rachel pleure et ne veut pas être consolée. Nous non plus, devant tant de forfaits accu-mulés. n

D ans les mêmes mo -ments, bruissait une foule pour protester

contre le cynisme au pou-voir dans tous les endroits du monde. Ces foules qui allaient d'un pas résolu, for-maient ce qu'on appelle une marche blanche. En était l'objet, une femme du nom d'Ingrid Bétancourt, que des geôliers sans pitié dé- tiennent depuis des années, et maintenant à l'extrême de sa vie, au risque de la voir disparaître dans les forêts de la Colombie.

L'arbitraire qui fait la loi dans les té nèbres d'une forêt qui a toutes les allures

d'un tombeau. L'arbitraire qui fait la loi aussi dans bien d'autres lieux du monde, se montre toujours aussi in -flexible. Quand il a pouvoir de vie ou de mort, sur ceux ou celles qu'on appelle des "otages". Le combat pour Ingrid Bétancourt n'est pas différent de ceux que sou-tiennent dans le monde des amis de l'homme. Les résul-tats sont bien sûr trop sou-vent dérisoires.

Le Tibet par exemple est devenu une cause mondiale, qui tranche sur nos indif-férences de jadis. Quand la Chine pouvait, sans plus de complications, mettre la main sur ce tout petit pays, qu'on disait le "toit du monde". C'était une terre de très vieille ancienneté, qui ne demandait rien à per-sonne. Mais il en était si peu pour s'intéresser à ce qui lui arrivait. Quand le dalaï lama, parvint à s'exiler, il put le faire dans l'incognito, car le Tibet nous semblait une réalité lointaine. Et un corps étranger.

La capacité de résis tance de ce peuple et de sa culture d'origine aurait eu de quoi nous alarmer, si nous avions montré un peu d'attention à son courage alors qu'il ne demandait même pas l'indé-pendance à laquelle il pour-rait pourtant prétendre au nom de ses traditions, dont la non-violence est une des aspirations les plus mar-quantes.

Quoi que prétende le régime communiste, le dalaï lama est au jourd'hui le sym-bole vivant de ce qui sub-siste des meil leures tradi-tions de ce peuple, dont le reste du monde a beaucoup à recevoir. n

La cause des peuples

ParRobert Masson

Le crimesans nom

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ESPRIT

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JMJ Les organisateurs des JMJ de Sidney rappellent, que compte tenu des délais d'obtention des visas auprès du gouvernement australien, il ne sera plus possible de s'inscrire après la fin mai.

TIBET Du 20 au 30 mai, le dalaï lama sera en Grande-Bretagne. Le Premier ministre Gordon Brown a décidé de ne pas le recevoir au 10 Downing street, mais à la résidence du chef de l'Église anglicane, afin de ne pas froisser Pékin...

Le cyclone Nargis

Pour la Caritas il est encore impossible de calculer le nombre des vic times au Myanmar (Birmanie) après le passage du cylone Nargis. Quatorze diocèses de l’Église catholique birmane accueillent les

réfugiés dans les paroisses et distribuent des aides mobilisés. Yangon (Agence Fides) - “Nous confirmons les signes négatifs à propos de

la situation générale. Il y a une très grande préoccupation, cependant il est impossible en ce moment de donner des chiffres exacts sur le nombre des victimes. Le bilan des morts pourra encore grandir, mais à l’heure actuelle il n’est pas possible, par exemple, de parler de cent mille victimes, la situation est trop incertaine et confuse”. C’est ce qu’explique Paolo Beccegato, respon-sable de la zone internationale de la Caritas italienne, qui suit l’évolution de la situation dans le pays asiatique d’heure en heure. “Il s’est agi - explique encore Beccegato - d’une calamité de magnitude dévastatrice qui a eu des effets catastrophiques à cause d’une carence de prévention du cyclone”. En tous cas par rapport au tsunami de 2004 les autorités du pays ont reconnu l’importance de l’événement, ils ont donné des informations sur ce qui se passe et manifesté une certaine disponibilité à accepter les aides. “Maintenant les faits devront suivre les paroles” expliquent-ils à la Caritas. Cependant s’il est vrai que de la part des autorités “il existe une certaine soupçon pour tout ce qui vient de l’extérieur, il est nécessaire de dire que ceci se produit dans des situations similaires dans de nombreux pays du monde. De plus il est néces-saire de souligner que le Myanmar est grand et a des ressources considérables qui peuvent être utilisées dans ce contexte”.

Les dommages majeurs concernent les cultures, les structures du pays et les habitations. De plus les eaux ne se sont pas encore retirées d’une partie des zones touchées, et ceci complique l’évaluation des dommages. La capi-tale du pays, Yangon, s’est transformée en une espèce de désert, des arbres et des pylônes ont été déracinés, les canalisations ont sautées et les eaux propres se sont mélangées avec les eaux usées rendant très élevé le risque d’épidé-mies. Un risque qui est conjuré d’habitude avec la mise en oeuvre immédiate de purificateurs de l’eau et avec l’intervention médicale auprès de la popula-tion. C’est pourquoi si l’action n’est pas rapide, expliquent-ils à la Caritas, la situation peut devenir encore plus dramatique.

Ensuite il y a une difficulté objective de rejoindre certaines zones du pays touchées par la tragédie, les routes ont été détruites par le cyclone, les eaux stagnent dans des zones amples du territoire. Dans ce contexte difficile les quatorze diocèses de l’Eglise catholique, dont quatre d’entre eux sont les plus impliqués, agissent. “Prêtres, religieuses et religieux, volontaires, se sont mobi-lisés - ex plique Beccegato - les opérateurs locaux, c’est-à-dire ceux originaires du Myanmar, constituent la très grande partie du personnel catholique qui se bouge en ces heures pour apporter le soulagement aux populations. Les paroisses ont accueilli les réfugiés et distribuent des aides”. L’Église engagée dans des activités de soutien à la population dans différents milieux, comme le milieu agricole, hydrique et scolaire, a déplacé en ces jours toute son atten-tion et ses ressources sur l’aide à la population. Entre temps les Nations Unies ont lancé un appel pour une collecte d’aides à destiner au Myanmar et ils ont demandé aux autorités du pays d’ouvrir les frontières aux aides provenant de l’étranger.

(Mtp) (Agence Fides, 9 mai 2008)

A nos actionnaires quipréparent leur déclaration

de patrimoine

La valeur vénale des actions dans la société de presse France Catholique pour l'exercice du 1er juin 2006 au 30 juin 2007 a été estimée à 38,40 € mais, compte tenu de la fiscalité des sociétés de presse, elles ne sont imposables à l'impôt sur la for­tune que pour une valeur de 7,42 €. C'est donc cette der­nière valeur qu'il faut retenir dans votre éventuelle déclara­tion.

Par ailleurs, et sous réserve de la prochaine réunion de notre conseil d'administration, les actions souscrites avant la fin de ce mois de mai 2008, ouvriront droit à la déduction de 75% à déduire de l'ISF à payer en juin 2008 (selon la loi « TEPA » de l'été 2007).

Merci à tous nos amis qui continuent à soutenir France Ca tho lique malgré la morosité ambiante.

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ESPRIT

Dans la confusion actuelle, on parle volontiers de « trois monothéismes » (israélite, musulman et chrétien) comme équivalents, sous-

entendant par là qu’il s’agit entre eux de quelques nuances sans importance, comme par exemple le fait que les chrétiens parlent d’une Trinité, là où les autres préfèrent garder une rigoureuse unicité. Nuance, n’est-ce pas ? Et d’ailleurs qui y est allé voir ?

Entendons-nous bien. Il est important que les hommes aient reconnu que Dieu est unique. C’est un progrès considérable sur une religiosité englobante et sans contour, où tout est dieu, où le divin se manifeste derrière chaque phénomène de la nature un peu mystérieux. Je me souviens de ce jour où, faisant de l’apostolat dans la rue, je me trouvais aux prises avec un Occidental féru d’ésotérisme, qui était en train de m’expliquer qu’il était dieu, que d’ailleurs Dieu était partout, quand survint un musulman qui sut lui dire en quelques mots que non : Dieu est Dieu, il est incomparable et au-dessus de tout. Je n’aurais su dire mieux.

Mais ceci n’est que la moitié du chemin. Reconnaître que Dieu dépasse les réalités du monde, qu’il n’en est pas l’image agrandie ou inversée, qu’il en est librement l’auteur, c’est déjà merveilleux et n’a été possible, disons-le franchement, que parce que Dieu lui-même a pris la parole et s’est révélé à Moïse, d’où tout le reste est parti. Mais ce n’est encore que le début, car il est tant de manières d’habiller ce Dieu unique, d’en faire la caution de nos imaginations et de nos violences. Pour pouvoir l’aimer, il a

fallu qu’il nous montre son visage et cela, il l’a fait en son Fils, nouveau Moïse venu nous révéler les secrets de Dieu.

Ce n’est pas nous, ce n’est pas l’Église, qui avons inventé la Trinité, au terme de je ne sais quel raisonnement compliqué, c’est Dieu qui s’est donné ainsi à nous. Non pas comme une explication, ou une théorie, mais comme un fait. Dieu nous a donné

son Fils et il nous a donné son Esprit.Ce Fils et cet Esprit ne sont pas des créatures, ils viennent du plus profond de lui, ils ont avec lui une relation éternelle d’amour, qui les unit si forts qu’ils ne sont pas trois membres d’une famille même très unie, mais qu’ils sont UN, comme le dit Jésus lui-même (Jean 10,30).

Pour nous, l’unité, c’est celle, tou-jours mal assurée, d’un ensemble (un groupe, un peuple, un couple), ou celle, plus pauvre, d’un individu solitaire

Dieu se révèle à nous dans une unité transcendante qui n’est ni l’une ni l’autre, unité riche et féconde des Trois qui sont Dieu, qui n’existe que dans l’embrasement de leur amour mutuel, Dieu Amour éternellement.

Ce Dieu-là, que nous n’aurions certainement pas trouvé tout seuls, il fait tomber les masques et reculer les idoles. Il renverse toutes nos prétentions à parler de lui à partir de

nos échelles de valeur, nous ne pouvons décidément pas en faire « la majuscule de nos grands sentiments humains » : sa Bonté n’a rien de nos gen-tillesses condescendantes, sa Volonté échappe à nos calculs intéressés, sa Sagesse désarme

nos prévisions. Parce qu’il est Lui et qu’il est Amour, il ne joue pas un rôle, il n’a rien à nous prouver ou à obtenir de nous. S’il nous a créés, ce n’est pas qu’il ait besoin de nos adorations ou de notre soumission, c’est parce qu’il a voulu, dans l’inexplicable choix de sa liberté, nous partager quelque chose de ce qui fait sa vie : la relation infiniment heureuse qu’il a à son Fils et à l’Esprit Saint.

La Trinité est un secret, que Dieu nous a laissé voir. Ne nous en lassons pas. Ne le laissons pas perdre. Ne le laissons pas ramener à une croyance comme une autre. C’est notre vie. n

La Sainte TrinitéPremière Lecture : Exode 34.4–6, 8–9 - Cantique : Daniel 3.52–56 - Deuxième Lecture : 2 Corinthiens 13.11–13 - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3.16–18

Saint Jean Ier, pape et martyr († 526)Première Lecture : 2 Timothée 2.8-13 - Psaume 23 - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15.18-21

BienheureuseTrinité par le Père

Michel GITTON

la SaInTE TRInITé (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

Retrouvez le Père Gittonchaque semaine sur Radio Espérance

Tél. 04.77.49.59.69

Dieu est Dieu, Il est incomparableet au-dessus de tout(

16 FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008

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ÉGLISE

Dans un pays marqué par la pau vreté, soumis à des tensions internes (80 ethnies) et où la pression croissante de l’islam (40 % de la population) et des

sectes se fait sentir sur l’Église orthodoxe, majoritaire (55 %) mais confrontée à des déchirements internes, l’Église catho lique, bien que ne regroupant qu’un petit nombre de fidèles (0,5 %, soit environ 850 000 personnes), est présente sur tous les fronts de la vie du peuple, notamment à travers l’éducation et la santé.

à cause de la pauvreté, beaucoup cherchent du travail dans les États arabes voisins. Pour y travailler, les chrétiens sont contraints de modifier leur nom de baptême en nom musulman et les femmes doivent se vêtir comme des musulmanes. Pourtant ces Éthiopiens souhaiteraient rester dans leur pays qu'ils aiment.

L’Église orthodoxe vient de fêter son Millénium, les 2 000 ans de naissance du Christ, son calendrier ayant en effet un décalage de 7 ans avec le nôtre. Avec 500 000 prêtres et moines, plus de 40 000 églises et monastères, elle reste très pré sente dans la société éthiopienne, mais elle est fragilisée par un schisme de nature politique mené par l’ancien Patriarche.

Pour l’Église catholique, la priorité est le renforcement du travail pastoral parmi les siens comme pour Mgr Mussie Gebreghiorgis, évêque d’Endibir, auprès des 24 000 catholiques de son diocèse. Dans la paroisse de Saint-Marc, située dans le district de Ghaha, où de nombreux indigènes (populations tribales) adhèrent à la foi catholique, la construction d’une nouvelle église est prévue. Aux côtés de l’évêque, 11 prêtres travaillent dans la pastorale actuellement, avec entre 2 et 4 paroisses chacun. Trois autres ecclé-

siastiques étudient à l’étranger. Huit jeunes Éthiopiens se préparent à devenir prêtres. Le travail des catéchistes contribue large-ment à la pastorale.

Pour les 25 000 catholiques de son vicariat, l’évêque de Meki, Mgr Abreham Desta, peut compter sur 24 prêtres et 3 diacres qui seront bientôt ordonnés ainsi

que sur 11 religieux. Awassa, à l’époque petit village de huttes, est devenu une ville de 200 000 habitants qui compte 13 000 catholiques. Le vicariat compte 12 prêtres diocésains et 32 missionnaires pour desservir 21 et 497 chapelles de brousse. Il faut rajouter 62 religieuses, 10 sémina-ristes, 54 catéchistes à plein-temps et 479 à temps partiel. Dans certaines régions, il s’agit de première évangélisation, et tout reste à faire.

Mgr Berhaneyesus, l’archevêque d’Addis Abeba, assure que la richesse spirituelle, les racines et les valeurs chré-tiennes sont très présentes en Éthiopie. Et que son Église connaît beaucoup de voca-tions. La question est de savoir comment préserver cette richesse spirituelle. Le principal défi pour les Églises chrétiennes concerne les sectes d'origine nord-améri-caine, les gens étant attirés par l’ambiance chaleureuse et émotive de ces petits grou-pes. L’Église catholique entend pour sa part réagir en dynamisant sa pastorale de proximité, tout en pratiquant le plus possible un « œcuménisme de moyens » avec les orthodoxes. ■

Très minoritaire dans un pays majoritairement orthodoxe, l’Église catholique accomplit un travail remarquable, reconnu par tous.

© AE

AED

Au service de tous

La question est de savoir comment préserver cette richesse spirituelle

(Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

par Marc FROMAGER

ÉTHIOPIE

FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008 17

Chorale d'une paroisse catholique d'Addis-Abeba

Religieuse éthiopienne

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n C'est la 7e rencontre du forum annuel de C&E : quelle relecture faites-vous des forums précédents ?

Mgr Dominique Rey : Ce forum se veut une plate-forme de rencontres de nombreux acteurs apostoliques de terrain qui s’inscrivent dans le cadre de la « Nouvelle Évangélisation » lancée par Jean-Paul II et relayée par Benoît XVI : les multiples initiatives qu’elle suscite sont souvent parcellaires voire atomisées, et elles demandent à être mieux connues, à être partagées mais aussi relues et discernées en Église.

Mgr Jean-Pierre Cattenoz : Le Forum C&E ambitionne de répondre un peu à tout cela et c’est pourquoi il mobi-lise un nombre croissant de chrétiens, particulièrement des laïcs engagés ou désirant s’engager dans le renouvellement de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ auprès de nos contemporains. Le succès des dernières rencontres est donc un encouragement pour aller de l’avant et développer cette belle initiative.

n Qu’est ce que le « kérygme », qui est le thème central de ce forum 2008 ?

Mgr JPC : C’est le cœur de l’annonce de la foi chrétienne, tel que Saint Pierre l’a professée à la Pentecôte à Jérusalem devant la multitude de juifs et d’étrangers présents alors dans cette ville : Dieu nous aime, désire le bonheur de tout homme et pour cela a envoyé son Fils, Jésus-Christ, pour nous sauver, pour nous libérer inté-rieurement et nous faire goûter ainsi une vie nouvelle. Ce n’est pas un simple dogme religieux, c’est le fruit d’une expérience existentielle et spirituelle universelle, car elle est accessible à tout homme, de tout temps et de toute culture.

Le kérygme est l’expérience vitale de tout chrétien, et il est en cela le moteur central de la mission de l’Église : témoi-gner de sa vérité « ici et maintenant » vise à donner envie aux non-croyants de partager cette expérience salutaire, si heureuse et exaltante. C’est ainsi qu’à la Pentecôte, près de 3 000 personnes furent bouleversées par le témoignage des apôtres et embrassèrent la foi. L’Église du XXIe siècle est invitée à se ressourcer et à retrouver cette vitalité, cette attrac-tivité des pre miers temps de l’Eglise qui suscitèrent de nombreuses conversions en raison de cette vérité attirante et contagieuse de la foi chrétienne.

Le kérygme vise à conduire des non-croyants à désirer rencontrer le Christ, à mieux Le connaître, à vivre avec Lui. L’accueil du kérygme est en réalité la porte d’entrée « existentielle » pourrait-on dire à la vie chrétienne.

n N’est-ce pas là une redécouverte récente de l’Église ?

Mgr DR : L’Europe fut chrétienne pendant des siècles par sa vie culturelle, sociale, intellectuelle ou religieuse : tradi-

tionnellement, la mission apostolique au sein de l’Église catholique recouvre donc essentiellement une dimension liturgique et catéchétique, une mission d’ensei-gnement religieux, intellectuel et moral. Aujourd’hui, dans un monde qui s’est profondément sécularisé et détourné de l’Église, nous reconnaissons nous-même en tant qu’évêques que nos pastorales ont des difficultés à réaliser de manière pertinente la première annonce de la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Lors du grand congrès Ecclésia sur la catéchèse, en octobre dernier à Lourdes, Mgr Dufour, président de la commis-sion épiscopale pour la catéchèse de la CEF, ne reconnaissait-il pas, au nom de nous tous, que « la première annonce est primordiale, mais on ne sait pas faire, ce n’est pas notre culture ». Nos frères évangéliques ont pour leur part une grande et belle expérience en la matière, et nous devons nous en inspirer même s’il est important de veiller à la « catho-liciser » : de nombreuses expériences catholiques très diverses, en France ou ailleurs, il lustrent cette possibilité. La redécouverte pourrait-on dire de cette importance du kérygme (qui a marqué régulièrement l’histoire de l’Église) nourrit un grand espoir pour le renouveau de la foi. Jean Paul II ne s’y était pas trompé.

n La vision de Jean-PauL II sur le défi de l'évangélisation pour l'Église aujourd'hui, se révèle-t-elle vraiment d'actualité ?

Mgr DR : Plus que jamais sans doute, tant pour des raisons externes ou internes à l’Église. Des pans entiers de nos struc-tures sociales vacillent car les hommes de notre temps ont perdu leurs repères et se désespèrent de multiples manières car ils ont de moins en moins de raisons de vivre : il est urgent de leur annoncer Le Chemin, La Vérité et La Vie. Pour ce qui est de la vie ecclésiale, l’expérience

ÉGLISEJEAN-PIERRE CATTENOZ ET DOMINIQUE REY

« La première annonce est primordiale,mais on ne sait pas faire... »

18 FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008

propos recueillis par Pascal ROUSSEAU

(

Les 23 et 25 mai à Avignon, se rencontrent des acteurs de l'évangélisation et des intellectuels catholiques pour un rassemblement de "brain-storming" annuel sur les nouvelles formes d'existence de l'Église.

Communion et évangélisation

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ÉGLISE

FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008 19

pastorale illustre combien une dynamique missionnaire centrée sur l’approfondis-sement et l’annonce du kérygme nourrit la vitalité des communautés et le zèle spirituel de ses membres ; il est également le creuset d’un renouveau de vocations sacerdotales ou religieuses.

n Cette année encore il y a beaucoup d'in-tervenants de grande qualité* et d'hori-zons divers - dont d'ailleurs les principaux collaborateurs de « France Catholique » : Gérard Leclerc, Ludovic Lécuru, Tugdual Derville... - Pensez-vous aborder person-nellement les divers champs d'interven-tion où se met en place l'annonce du kérygme ?

Mgr JPC : le kérygme est l’annonce évangélique la plus caractéristique de l’apôtre et donc de l’évêque : c’est pour-quoi, autour du thème « le kérygme, première parole des apôtres », notre premier forum sera animé par les évêques présents autour du cardinal Paul Joseph Cordes qui nous fait l’honneur de présider ces 48h de forum.

Mgr DR : Les trois autres rencon-tres aborderont successivement les trois grands domaines de la vie humaine que doit recouvrir le kérygme, les trois espaces où doit fructifier le Salut du Christ en ce monde pour que l’homme goûte une vie nouvelle : la vie personnelle et spiri-tuelle, la vie liturgique et ecclésiale, la vie au cœur de l’espace civil et culturel. Pour chacun des forums successifs qui aborderont ces trois grands enjeux du kérygme, nous aurons quatre intervenants différents qui s’exprimeront, suivis par un temps d’échange avec les participants.

n Quelles sont vos attentes pour vos diocè-ses respectifs et quels fruits voyez-vous apparaître ?

Mgr DR : Dans nos propres diocèses, mais aussi dans les églises locales et les engagements divers des différents parti-cipants, nous attendons que ce forum contribue à un réel renouveau de l’an-nonce kérygmatique : que ce soit chez des prêtres, des laïcs, des consacrés, nous souhaitons qu’elle soit mieux perçue dans son contenu, dans ses enjeux ecclésiaux et missionnaires. Il est important que chacun puisse saisir comment elle peut concrètement se déployer sur le terrain, se développer de manières nouvelles et pertinentes afin que cette annonce porte un fruit abondant de renouveau de la vie chrétienne et même de conversions.

Mgr JPC : Dans nos diocèses, dans nos rencontres très diverses en France ou ailleurs, nous sommes souvent témoins de tels fruits là où ce type d’annonce est effectivement développé dans des

mouvements, des paroisses, des commu-nautés, des sanctuaires ou des services de catéchèse ou de pastorale des jeunes par exemple. C’est pour nous source d’une très grande espérance, et cela nourrit notre propre foi, notre ministère de pasteur et d’apôtres. Dans un contexte où les forces vives de l’Église diminuent en nombre, il est important de veiller à ce que les chré-tiens ne s’épuisent pas dans un apostolat dispersé mais se concentrent davantage - à titre personnel, spirituel et missionnaire - sur l’essentiel. Ce forum 2008 de C&E à Avignon sur le kérygme peut sans doute y contribuer à sa mesure. n

D.R

.

Communion et évangélisation

* Parmi les intervenants : le cardinal Paul Joseph Cordes, le Père Jacquinet, membre de la Communauté de l’Emmanuel, le Père Crespin, frère de Saint Jean, le Père Ronan de Gouvello, chapelain du sanctuaire de Rocamadour, Jean-Guilhem Xerri, prési-dent de "Aux captifs la libération"...

Jean-Pierre Cattenoz et Dominique Rey

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LIVRES

Lui-même véritable globe-trotter de la mission chrétienne, de la Terre Sainte à l’ex-URSS, au Brésil, à la Chine, au Liban et en d’autres points de la planète,

Patrick de Laubier, ordonné prêtre par Jean-Paul II le 13 mai 2001, professeur honoraire de sociologie à l’Université de Genève et de l’université pédagogique de Moscou, a l’expérience de multiples rencontres avec les civilisations exté-rieures à l’Occident. Il les connaît, bien sûr, d'abord par l'étude intellectuelle, livresque, mais aussi par la ren contre personnelle avec de nombreux étu-diants qui ne sont pas seulement - loin de là - des séminaristes ou des religieux catho liques.

Il tire les leçons de ses précieux contacts, tant sous la forme d’une ré-flexion générale sur la place du fait religieux dans le monde contemporain, que dans de courtes évocations des re-ligions de l’Inde, hindouisme et boudd-hisme, de Chine, confucianisme et taoïsme, et des religions monothéistes du Moyen-Orient, judaïsme, christianis-me et islam… C'est un manuel univer-sitaire irrempla çable, par cette habile concision qui contraste avec l'ampleur de son champ d'étude. Et c'est en même temps l'amorce d'un passionnant libre débat. Qu'est-ce qui fait l'originalité de chaque tradition re ligieuse ? En quoi peut-on considérer que telle ou telle grande religion apporte quelque chose de véritablement universel ?

Bien des idées reçues vont se trou-ver ébranlées. Bien des notions sociolo-giques ou théologiques, nou velles pour nous, vont pouvoir être assimilées sans peine, qui serviront bientôt dans la vie de tous les jours, ne serait-ce que pour décrypter l'actualité mondiale et l'évo-lution de notre propre société.

« Le dialogue interreligieux institu-tionnalisé est un phénomène nouveau et l’Église catholique est actuellement la seule à posséder une doctrine élabo-rée à travers un ensemble de do cuments qui permettent de le présenter de ma-nière assez précise en évitant le "choc des civilisations" au nom de la religion, sans pour autant renoncer à la mission d’évangélisation », estime Patrick de Laubier. À ce sujet, on rappelle ici que le concile Vatican II a insisté sur la néces-sité du dialogue comme « une des voies privilégiées de l’an nonce évan gélique ». La rencontre avec d’autres croyants

peut être un vecteur du témoigna-ge que tout chrétien doit rendre au Christ, c'est aussi un moyen effica-ce de s'évangéliser soi-même. Cette perspective doit dissiper la crainte d’une dilution de la foi chrétienne dans de fausses conciliations.

Toutefois, il existe plusieurs for-mes de témoignage et, ainsi qu'on le dit de plus en plus souvent, la force de l’exemple est plus grande que celle des paroles. Comme le rappelle ce livre, Mère Teresa « a montré de son côté par une ac-tion en faveur des plus pauvres ce qu’était le christianisme sans cher-cher à baptiser, son dialogue – un dialogue de vie – était aussi dans les gestes ».

Jean-Paul II expliquait que le dialogue n’est pas la conséquence d’une stratégie ou d’un intérêt. Le Père de Laubier cite la déclaration

conciliaire de 1965 sur la liberté reli-gieuse : « Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être sous-traits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière reli-gieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa cons cience. Mais chacun est tenu par obligation morale à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la reli-gion. » Le rappel de ce texte dans tous ses aspects est d’une importance capi-tale, pour tous ceux qui veulent com-prendre la démarche de l’Église.

« Hier, pour convertir, on a utilisé parfois la contrainte », mais aujourd’hui seule convient la clarté de l’esprit cri-tique « donnant à la conscience une place tenue jusqu’ici par la coutume et les traditions », conclut-on ici, en y voyant une forme positive de mondia-lisation. ■

Comment encourager le dialogue entre religions sans abandonner la mission ? c’est ce que réussit à faire ce livre utile comme guide spirituel.

PATRICK DE LAUBIER

Un regard de paix sur les religions

Le dialogue interreligieux institutionnalisé est un phénomène nouveau

Patrick de Laubier, Phé no ménologie de la religion, Parole et Silence / Desclée de

Brouwer, 200 pages, 16 e.(

par Denis LENSEL

20 FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008

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FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008 21

IDÉESLE JOURNAL DE GÉRARD LECLERC

25 fÉvrier

Mesure-t-on assez la grâce éton-nante de l’éclosion de ces génies litté-raires chrétiens que sont Bloy, Claudel et Péguy, Bernanos et quelques autres ? J’y pense avec le soixantième anniversaire de la mort de Georges Bernanos auquel le centre du même nom à Paris donne toute son importance avec un beau pro-gramme de conférences et de manifes-tations. Mais il y a aussi la réédition du Claudel et Péguy co-écrit par le père de Lubac et Jean Bastaire dans le cadre des œuvres complètes du grand théologien. Je suis témoin que c’était une préoccu-pation majeure de celui-ci. Il y avait pour lui une étonnante continuité de cette Tradition dans laquelle il était complè-tement immergé qui permettait de mer-veilleux surgeons, comme Péguy. C’était aussi la conviction de Balthasar qui n’a pas hésité à inscrire le poète du Mystère de la charité au terme de sa grande ga-lerie des génies chrétiens qui commence par Irénée de Lyon. « Dans son problème central, écrit-il de Péguy, il lutte pour surmonter un certain augustinisme du Moyen Âge, de la Réforme et du jansé-nisme : il pense en confrontation avec Pascal et le Dante de L’Inferno et veut, dans ses mystères, ouvrir la théologie chrétienne au point de la rendre de nou-veau intelligible à l’humanité à venir. »

C’est tout à fait cela ! Et c’est bien ce que veut faire entendre le père de Lubac à propos du Mystère de la cha-rité de Jeanne d’Arc. Pourquoi Claudel, Maritain, et quelques-uns des premiers critiques n’avaient-ils pas compris cela, et sans sous-estimer la beauté du tex-te avaient chipoté sur son orthodoxie ? Pourquoi Maritain avait-il pu parler de littérature à l’intéressé pour souligner la différence d’avec l’expression de la foi véritable ? Claudel lui-même, dans un premier mouvement, s’était étonné de ce qu’il considérait comme une cu-rieuse duplicité. Quoi ! Cet anarchiste, ce compagnon des anticléricaux avait pu écrire « ce livre au plus délicat sentiment

chrétien ». Et puis il y avait cette querelle d’interprétation que Claudel n’était pas le seul à agiter : « J’aime mieux madame Gervaise que Jeannette dont il a fait une sorte de protestante têtue, ne sachant que faire des reproches au bon Dieu. Ce n'est pas l’esprit de la bonne Lorraine. »

Romain Rolland de son côté, pour cette même raison, prenait le parti in-verse, en faveur de la « protestante » Jeanne contre la catholique Hauviette. Et de trop bons censeurs de faire chorus, de faire la leçon à un poète déclaré hé-térodoxe. Ils avaient tous leurs préjugés et la plupart ne savaient pas à quel point

Charles Péguy avait prodigieusement avancé sur la route de l’Évangile et des saints.

Peut-être est-ce parce que nous avons le recul et connaissons tous les secrets, que nous comprenons mal aujourd’hui ces préventions et ces chicanes. J’ai souvenir d’au moins trois représentations du Mysère de la charité de Jeanne d’Arc : aux Thermes de Cluny, au théâtre de l’Odéon et au chevet de la basilique de Paray-le-Monial. A chaque fois ce fut le même bonheur, le même moment intense, et il ne pouvait y avoir de doute dans ma tête. Ces dialogues

Ce n'est pas l'étiquette, c'est le génie qui fait éclater le mystère

Péguy et quelques autres

(

D.R.

Charles Péguy

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s’unifiaient dans le seul dialogue inté-rieur de Péguy qui répondait lui-même aux interrogations de l’âme croyante. Et celles-ci étaient nécessairement nourries par l’histoire du christianisme évoqué par Balthasar, à propos du salut et de l’enfer. Le père de Lubac exprime exactement les choses : « En réalité, dans les moments où elles s’affrontent, Jean-nette et madame Gervaise (pour ne rien dire ici d’Hauviette) incarnent chacune l’un des deux sentiments fondamentaux de Péguy. Elles traduisent deux pentes de son cœur, en ces années qui suivent son retour à la foi chrétienne sans lui avoir encore apporté la sérénité. »

La contribution de Jean Bastaire, qui concerne les rapports proprement dits entre les deux « géants » est aussi cap-tivante. Claudel a abandonné assez vite ses préventions à l’égard de Péguy et ne doute plus de l’authenticité de son chris-tianisme. Pourtant, il demeure des in-compatibilités qui ne sont pas seulement d’humeur entre les deux poètes. Péguy n’avait pas aimé L’otage, il n’aimera pas plus L’annonce faite à Marie, « une pièce grossière où l’effet est obtenu à l’aide de procédés analogue à ceux de Marion Delorme ou d’Angelo tyran de Padoue. C’est régressif (…) d’une façon géné-rale, le catholicisme de Claudel manque de charité. Claudel est un grand artiste mais il n’est pas intelligent. » Eh bien ! C’est Ernest Psichari qui s’est fait l’écho de cette déclaration directe. Henri Mas-sis rapportera aussi d’autres propos plus apaisés, mais qui montrent la diffé-rence de sensibilité : « Claudel manque de simplicité. Il recherche l’extrême, le périlleux, l’exceptionnel… Il lui faut tou-jours franchir des abîmes sur la corde raide… Son christianisme a quelque cho-se de provoquant. » Péguy ne veut pas pourtant, anathémiser celui qu’il consi-dère comme une sorte d’alter ego, com-me poète et comme chrétien. Mais lui se veut « homme de la plaine… Je marche avec la piétaille, moi, je prends le chemin de tout le monde, avec tout ce peuple qui vit, c’est le cas de le dire, à la grâce de Dieu… Et je n’ai pas pour mon salut d’autres armes que les siennes qui sont la contrition, l’espérance et la prière. »

Jean Bastaire a raison d’affirmer

qu’au terme les deux sont infiniment beaucoup plus proches qu’opposés par les aspects contrastés de leur génies. L’essentiel est ce qu’ils apportent à l’in-telligence supérieure du christianisme, a ses trésors spirituels et mystiques qu’ils rendent comme physiquement présents. On est à mille lieux du stéréotype de « l’écrivain catholique » ou du « roman-cier catholique » qui a laissé derrière lui comme des relents de pharisaïsme et de conventionnalisme. Ce n’est pas l’étiquette, c’est le génie qui fait écla-ter le mystère. Le père de Lubac mon-tre ainsi que Péguy a restitué toute sa grâce évangélique au mot de charité que l’on avait laissé dévoyer et qui se trouve par sa force singulière rehaussé jusqu’à sa tonalité d’une tendresse ineffable. Il était bon, il était salutaire que ces deux génies de la théologie que furent Lubac et Balthasar vinssent restituer Claudel, Péguy et Bernanos dans le fleuve inin-terrompu de la grande tradition, c’est-à-dire celui qui ne cesse d’emporter les merveilles d’une révélation toujours vi-vante et dont la beauté fait de chaque jour une aube nouvelle.

Il n’y a donc pas d’opposition à dé-noncer entre cette tradition et la Pa-role de Dieu où il faut toujours revenir comme à la source. Les prêtres de mon enfance, dont les prédications étaient remplies de citations de Péguy et de Ber nanos, échappaient au blâme de pré-férer la littérature à l’Écriture Sainte. Ils n’avaient recours à leurs écrivains favo-ris que pour illustrer de la façon la plus actuelle la nouveauté du message. Par ail leurs, Balthasar, en consacrant une partie importante de son travail à la tra-duction des grands auteurs chrétiens, en écrivant un livre entier sur Bernanos, sa-vait parfaitement ce qu’il voulait. Il nous l’avait exprimé à Philippe Delaroche et à moi-même lors d’une visite que nous lui avions faite à Bâle en 1985 – me sem-ble-t-il - en insistant sur la complémen-tarité de la recherche des secrets saisis par les écrivains de la culture profonde avec la théologie. Si le Dieu de la Révé-lation avait voulu se livrer tout entier à l’humanité, c’est que celle-ci était en at-tente, en désir de cette Révélation : dans la figure irremplaçable du Christ dans

le salut qu’il apporte et dans sa parole. L’apparition du Dieu homme, la tragé-die de la croix, l’enseignement évangé-lique ne sont pas des objets étranges, ils concernent une humanité créée pour cela, inexplicable sans cela.

28 fÉvrier

Grégory Solari, le courageux et sa-gace directeur des éditions Ad Solem a entrepris de rééditer toute l’œuvre du grand Newman. Comme je l’en remer-cie ! à l’unisson de tous ceux qui savent l’importance de ce théologien anglais du dix-neuvième siècle, converti au catho-licisme après avoir tenté, avec ses amis d’Oxford la réforme de l’anglicanisme. Desclée de Brouwer avait lancé, dans les années soixante, la collection des textes newmaniens dans une fort belle formule reliée dont je possède la plupart des volumes à l’exception de l’Idée d’uni-versité que je viens de recevoir puisque Ad Solem a repris à son compte la réé-dition de cette série indispensable à la compréhension de la pensée chrétienne contemporaine.

A nouveau donc, me voici aux pri-ses avec cet auteur dont le charme et la puissance conjugués m’ont toujours séduits. Jean Guitton, qui l’avait beau-coup pratiqué, estimait qu’à certains égards il pouvait être incompréhensible notamment dans cette Grammaire de l’assentiment pourtant si aiguë dans la perception de la psychologie de la foi. Il exagérait sans doute, mais il est vrai que Newman est un auteur souvent com-plexe, dont la manière propre est fort bien caractérisée par Edmond Robillard dans son introduction à L’idée d’univer-sité : « Il n’utilise pas l’anglais, il le crée. Il pousse sans cesse sur la langue, im-primant aux mots des significations et orientations nouvelles, qui comportent à la fois un retour au sens étymologi-que et un départ vers des perspectives qu’il ne leur a jamais été donné de cerner jusque-là. Ajoutons qu’il y a chez New-man, à la fois du Pascal ou du Bergson, et du Bernanos. S’il écrit avec beaucoup de soin, il n’écrit jamais pour écrire. La phrase est toujours correcte, le rythme parfait, mais l’ensemble fait lourd, en vertu de sa densité. De plus - cela fait d’ailleurs partie de son système - il va à chaque idée armé d’une synthèse, et le poids de l’érudition qu’il traîne derrière

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Le contraire d'un enfermement dans un passé momifié

IDÉES

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IDÉESlui a souvent de quoi nous écraser. Il dit bien ce qu’il dit, mais encore, pour le comprendre, faut-il avoir déjà l’idée de tout ce qu’il ne dit pas et qui est indis-pensable à l’intelligence de ce qu’il dit. Entre le sujet et le prédicat jetés sur le papier, il y a toujours ce troisième ter-me évanescent, qui les relie, et qui est le sous-entendu d’une culture immense, tenue en veilleuse par artifice littéraire, par considération pour le lecteur qui se-rait ennuyé qu’on lui souffle les mots, et parfois par paresse, parce qu’il serait vraiment trop long et trop onéreux de tout expliquer et justifier. »

Cela me fait penser à la manière de Pierre Boutang, ce philosophe dont l’immense culture conférait à chacun de ses livres une densité qui renvoyait le lecteur à l’image d’un Himalaya d’érudition à franchir : « Vous avez lu Le purgatoire ? me disait Gustave Thibon presqu’avec indignation. C’est insupportable. Chaque phrase renvoie à plusieurs registres de culture et il faudrait à la fois se ressouvenir de toute La divine comédie, de Machiavel et d’Edgar Poe. », mais c’était aussi un motif d’admiration sans fin. Jean Lacroix et François Perroux, l’éco-nomiste majeur, pouvait échanger sur L’ontologie du secret qu’ils his-saient très haut par rapport à ce qui avait paru dans l’après-guerre.

Si cette comparaison me vient spontanément, c’est qu’il y a chez New man et Boutang la même vo-lonté d’annoncer la foi à partir du meilleur de ce que peut offrir la culture de l’esprit. Et c’est d’ailleurs l’intention première de cet ou vrage, L’idée d’univer-sité qui, au-delà des circons tances de son élaboration, vise à mettre en résonance l’acquisition des savoirs et l’intelligence de la foi. Newman avait choisi à dessein de rentrer dans l’Oratoire, cet ordre fon-dé par saint Phillipe Néri dans le climat de la Renaissance lettrée et celui de son humanisme ressourcé dans l’érudition du côté de l’Antiquité mais aussi de la tradition chrétienne. Plus tard, un Louis Bouyer ne suivrait-il pas la même voie et pour des motifs identiques ?

Pour revenir au fond de cette confrontation culture-foi, nous ne som-mes pas très loin de ce qui était en cause avec le grand fleuve de la tradition. Le ressourcement continu qu'elle implique

signifie le contraire d'un enfermement dans un passé momifié. On parlera d'un rebondissement, d'une reviviscence où ce qui est transmis apparaît toujours plus jeune et plus éclatant de promesse. Sans compter que le mouvement de la trans-mission n'ignore pas les paysages inédits qu'il découvre, les problématiques impo-sées par les courants imprévisibles qu'il rencontre. Péguy avait génialement saisi cela avec la nouveauté du bergsonisme et la chance qu'il représentait pour une compréhension actuelle de la foi sans

rupture avec les continuités profondes. Cela n'empêche pas qu'il puisse y avoir des désaccords directs, des antagonismes irrémédiables. Le même Péguy si sensible au mouvement de la vie, nécessaire pour nous tirer des habitudes mortifères avait une aversion irrémissible à l'égard de ce qu'il appelait, avec un mépris abyssal, « le moderne ». Chez Newman, analogi-quement, on trouve une identique aver-sion à l'égard du modernisme (avant la lettre) en théologie.

Une des idées dominantes de cet es-sai tient dans la nécessité pour l'Église de participer à la culture humaniste, cel-le qui convient à la formation du gent-leman. Mais celle-ci ne saurait suffire à assurer le véritable bonheur, car ce der-nier est d'un autre ordre. L'humanisme a pu contribuer « à l'éducation d'un saint

François de Sales ou d'un cardinal Pole ; il a pu représenter pour un Shaftesbury et un Gibbon la limite extrême de la per-fection contemplée. Basile et Julien fu-rent compagnon d'étude dans les écoles d'Athènes ; l'un est devenu saint et doc-teur de l’Église, l'autre en a été l'adver-saire implacable et railleur. » On aura re-connu dans ces deux prénoms d'un côté le frère de Grégoire de Nysse et l'ami de Grégoire de Naziance, de l'autre l'empe-reur qui ramena l'empire romain au culte des dieux païens. Basile de Césarée fut

appelé le Grand en vertu de ce qu'il y avait de supérieur et d'inégalable en lui, nous dit le patrologue Adalbert Hamman. Quant à Julien l'apostat, il en a fasciné plus d'un. Je me souviens d'avoir lu autrefois, subjugué, la bio-graphie romancée que Luc Estang lui avait consacrée. Régis Debray a écrit une pièce de théâtre sur Julien, lui aussi absolument saisi par ce person-nage à contre-courant du torrent du christianisme d'alors.

C'est dire le caractère emblé matique des deux personnages que Newman évoque. La culture humaniste, le chris-tianisme l'a adoptée nécessairement, elle lui est indispen sable, ne serait-ce que pour être à la hauteur de cette in-carnation christique qui suppose que l'humanité entière soit assumée. mais elle n'est pas suffisante, et lorsqu'elle se referme sur elle-même, elle manque le sujet de l'incarnation. C'est qu'il y a un saut de la foi que l'humanisme a lui tout seul est incapable de franchir. Kierkegaard l'a bien compris. Newman :

« Niebur peut révolutionner l'histoire ; Lavoisier, la chimie, Newton l'astrono-mie ; pour ce qui est de la théologie, c'est Dieu lui-même qui en est l'auteur et le sujet. » La Révélation est supérieure à la science humaine. Saint Thomas d'Aquin l'avait indiqué en établissant une césure insurmontable entre ce qui est révélé et ce qui relève de la seule perception de la raison. Etienne Gilson avait même fait de cette distinction un des principes cardi-naux du thomisme. Nous la retrouvons chez Newman dans un autre contexte, une autre forme de démonstration. Mais nous pouvons en tirer une même conclu-sion très actuelle. Humanisme et foi sont inséparables, ils ne vont pas l'un sans l'autre. mais l'humanisme à lui seul ne franchit pas le saut de la foi. n

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D.R.

John Henry Newman

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n Pourquoi une telle initiative ?

Deux faits ont marqué la naissance du jeu Au large ! Le premier remonte au 1er juin 1980. Je ne peux oublier ces mots du Pape Jean-Paul II au Parc des Princes : « n’ayez pas peur, ouvrez grandes les portes au Seigneur. » Des jeunes de tous horizons, à la surprise générale, applau-dissaient quand le Saint-Père parlait du sacrement de pénitence, du respect de la vie de la conception jusqu’à la mort natu-relle. Pourquoi cet enthousiasme pour des valeurs bafouées par l’opinion publique ? Parce que Le Pape disait ce que personne n’osait dire : la Vérité.

Deuxième fait, la parution du compen­dium, abrégé du catéchisme de l’Église catholique en 2005, et le désir de Benoît XVI que chaque participant aux JMJ de cette année-là puisse avoir dans son sac du pèlerin ce livre (ce ne fut finalement pas possible). Je me suis demandée ce que je pourrais faire pour aider à la transmission de la foi auprès d’une jeunesse qui a en elle cette soif de Vérité. Encouragée par des amis catéchistes, j’ai décidé de réaliser Au large !, un jeu de société catéchétique accessible à tous.

n Justement, à qui s’adresse « Au large ! » ?

D’une manière spéciale aux parents, premiers et irremplaçables éducateurs de leurs enfants. Si vous reprenez la biogra-phie de chacun des saints présents dans le jeu, vous verrez l’importance capitale des parents dans l’éveil à l’amour de Dieu en eux. Un sou venir personnel, parmi d’autres, de mon père, peut l’illustrer. À peine sortis de la Messe, nous nous querellions déjà entre frères et sœurs. Une courte phrase mais oh combien incisive - « vous venez de communier ! » - m’est restée gravée. Les grands-pa-rents doivent toujours être ces points de référence pour leurs petits-enfants. Là encore, un exemple vécu : j’ai vu, bien souvent, mon grand-père sortir de sa poche son chapelet et, tout naturel-

lement, se mettre à le prier. L’exemple attire, il vous façonne de l’intérieur. Il produit l’admiration et une disposition à être réceptif aux conseils qui viennent de cette personne. L’enfant a besoin de repères, quel meilleur endroit que la famille pour les trouver ?

n Pensez-vous que votre jeu puisse être utile dans les services de catéchèse ?

Oui bien sûr, c’est la raison pour laquelle j’ai voulu obtenir l’imprimatur, afin qu’Au large ! puisse être un vrai outil catéchétique. Ce jeu reprend les quatre thèmes du catéchisme de l’Église catholique : profession de la foi, vie dans le Christ, prière chrétienne et les sacre-ments ; et deux autres que j’ai voulu ajouter : éléments d’histoire sainte et liturgie. Ce sont 330 questions/réponses qui donnent d’une part des connais-sances et d’autre part les moyens de vivre sa foi. J’ai de plus réalisé un guide catéchétique spécialement pour les catéchistes. Il se compose de toutes les questions et réponses du jeu ainsi que d’un index des mots les plus impor-tants avec de nombreuses références au Nouveau Testament. Ce qui leur permet de préparer facilement leur session de catéchèse et de les enrichir avec l’Écri-ture sainte.

n Pourquoi transmettre la foi à travers un jeu de société ?

Les jeunes sont particulièrement marqués par notre société de l’image, d’où l’importance, pour entrer en contact avec eux, de leur donner un support qui les touche, qui trouve un écho en eux. Le choix du graphisme et des couleurs a été spécialement étudié à cet effet. Le côté ludique est là aussi pour montrer que la

JEUXENTRETIEN AVEC MARIE-AGNèS MEYER

Le côté ludique est là pour montrer que la foi n'est pas rébarbative mais joyeuse

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propos recueillis par Vianney MALLEIN

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Marie-Agnès Meyer a édité un jeu de société intitulé « Au large ! », qui veut aider les familles et les catéchistes à transmettre la foi. Une belle idée de cadeau, à l’heure des communions et des professions de foi !

* Marie-Agnès Meyer, après avoir enseigné dans une école technique et dirigé plusieurs rési- dences d’étudiants, est à la tête de la maison d’édition IN ALTUM, 144 av. Charles de Gaulle, 92200 Neuilly, tél. 06.73.28.66.72. Prix du jeu : 49 €.Pour en savoir plus : www.au-large.com ou Artea communication, 3 rue Damiens, 92100 Boulogne, tél. 01.46.10.09.60.

Jouer au large !

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foi n’est pas rébarbative, mais joyeuse. Le jeu, chacun pour soi ou en équipes, mani-feste que la foi se partage : en famille, dans un groupe d’amis ou à la catéchèse.

Autre raison non négligeable, la diffi-culté actuelle à se concentrer : Au large ! permet d’aborder des sujets fondamentaux d’une façon ludique et attrayante. La règle du jeu est très simple pour que les joueurs puissent répondre à un grand nombre de questions dans un temps limité.

n Comment joue-t-on ?

Au large ! se compose d’un guide catéchétique, d’un plateau de jeu qui représente le monde avec les figures de six saints que l’on retrouve sur les six paquets de cartes, des pions et des dés qui per mettent aux joueurs de se déplacer d’un saint à un autre. Quand il parvient sur la case d’un saint, le joueur suivant tire une carte de ce même saint et lui lit la question. Si la réponse est juste, il garde la carte et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il obtienne toutes les cartes qui ont été décidées en début de partie. Ce choix peut varier d’un joueur à l’autre en fonction de ses connaissances. Ainsi avec Au large ! des plus grands aux plus petits, tous peuvent entrer en compétition et avoir une chance de gagner. n

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n Marion Castaing, vous avez testé Au large ! pouvez-vous nous en dire la raison ?

Je suis mère de famille, j’ai 4 enfants et j’ai cherché vainement un outil complet de catéchisme pour mes enfants qui soit adapté à leur âge et attirant. Je n’en ai pas trouvé ! Au large ! répond à tout ce que je cherchais : exhaustivité, clarté, fidélité à la doctrine, langage approprié, aspect ludique.

n Que pensez-vous du choix des saints qui sont représentés ?

Dominique Savio et Jacinthe Marto (Fatima) sont deux enfants qui ont atteint très jeunes la sainteté. Leur exemple prouve que l’on a raison de parler de Dieu, de manière déjà élaborée aux enfants et qu’ils peuvent y être réceptifs. Il encourage les enfants à être saints ici, maintenant et non pas à 80 ans ou s’ils deviennent religieux. Frédéric Ozanam et Gianna Beretta Molla. Lui était un père de famille engagé dans le combat pour la justice, qui préoccupe beaucoup notre époque et à juste titre. Gianna a donné sa vie pour son enfant. Or notre époque nie la valeur du sacrifice et a du mal à accueillir l’enfant à naître lorsque les difficultés surgissent. Il me paraît important d’éclairer les enfants sur ces deux questions de notre temps : la justice et le respect de la vie. Mère Teresa et Josémaria. Il s’agit d’une personne consacrée et d’un prêtre. Cela valorise aux yeux des enfants la vocation religieuse et sacerdotale. Ce sont tous deux des êtres audacieux, qui ont créé des œuvres modernes, marquées pour l’une par la découverte du Christ dans les plus pauvres et pour l’autre par la sanctification du travail quotidien. Ce sont deux axes de la vie chrétienne compréhensibles par les enfants.

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Sagittarius – dir. Michel Laplénie – 2001 – Ligia Digital – 0202097-01 – Distr. Harmonia Mundi – HM 90 -

Saluée chaleureusement lors de sa sortie en 2001, cette version de Membra Jesu Nos tri a été largement

ou bliée dans nos catalogues. Pour tant, la lecture qu’a Michel Laplénie des pages de Buxtehude est parfaitement émouvante, dans un regard extrêmement habité, par­fois tout en retenue, comme une sorte de dévotion sacrée devant le mystère de la Passion.

Même si les voix semblent parfois un peu éloignées dans leur rapport sonore à l’orchestre, avec une spatialisation un peu artificielle, la justesse de ton est permanente. Les voix sont pures, sans effet ostentatoire. Le tempo est relativement lent, contemplatif, sans être dénué des contrastes qui s’imposent au fil des pages. Les instruments accompagnent avec une grande délicatesse cet ensemble, tout en étant capable d’introductions solistes d’une grande présence. On s’arrê­tera particulièrement sur la cantate « Ad Manus », d’une vraie beauté dans cette lecture grave. Ce qui ne signifie pas sans dynamisme. On sait la difficulté du choix de la lenteur dans un monde pressé. Ce parti est intelligent et presque

audacieux. Le final du cycle révèle toute la dextérité et la fine approche de cette interprétation.

La Chapelle Rhénane – Maîtrise de Garçons de Colmar – dir. Benoît Haller – 2008 - K617 – K617207 – Distr. Harmonia Mundi -

Il suffit de regarder les minutages de chaque cantate pour comprendre que cette lecture toute récente de l’œuvre

de Buxtehude est totalement différente de la précédente. Prenant le parti, assez ordinaire aujourd’hui, de tout accélérer, Benoît Haller nous donne une version un peu agitée, parfois précipitée.

Le choix d’une maîtrise de garçons pour les parties de chœur en est probablement l’une des raisons, les jeunes voix sup­portant plus difficilement les longues tenues. Du coup l’orchestre et les solistes ne sont pas toujours propres dans leur jeu, le texte, tiré d’un long poème monastique du XIIe siècle, n’est pas toujours clairement énoncé. C’est d’autant plus dommage que le reste est remarquable : prise de son d’excellent niveau, contrastes saisissants, force du chœur, en nombre il est vrai. La Maîtrise de Colmar se fait remarquer par son beau timbre, les voix sont justes, puissantes sans jamais être forcées.

La lecture est donc beaucoup moins recueillie que la version de Sagittarius, mais toute en tension, ce qui n’est pas inopportun. Pour preuve supplémentaire, l’utilisation du clavecin dans certains passages, en complément de l’orgue positif. C’est aussi l’intelligence de ces pages que de donner une grande liberté à l’interprète. Enfin, le choix d’une maîtrise pour le chœur se défend, étant probablement la destination originelle de ces cantates.

Les Voix Baroques – Dir. Alexander Weimann – 2007 – Atma Classique – ACD2 2563 – Distr. Integral -

Les effectifs de cette version sont conformes à ce à quoi nous ont habitué Les Voix Baroques, réduits

à un ensemble de solistes, les parties de chœur étant assurées par ces solistes. Il en ressort un dépouillement sonore qui sied assez bien à ces cantates mais au prix d’un lissage des contrastes.

L’interprétation est soignée, mais sans génie. Elle est par ailleurs chargée en graves, ce qui nuit à une légèreté attendue de la part d’une telle formation. La vitesse choisie se situe entre les deux versions précédentes mais le compromis est­il toujours un bon choix ? Alexander Weimann ne semble jamais s’engager dans son approche. On regrette qu’il ne s’investisse pas plus dans la charge expressive de ce monument de la foi chrétienne : douleur et compassion de l’âme devant son Sauveur blessé, et élan d’espérance, prière saisissante pour que la douleur ne soit pas vaine et délivre la grâce du retour à Dieu.

Cet enregistrement, même s’il ne provoque pas le coup de cœur, reste ce­pendant largement recom mandable pour la beauté des voix, la pré cision rythmique et le trait virtuose des ins trumentistes. n

BAROQUE

par François-Xavier LACROUX

C'est l'intelligence de ces pages que de donner une grande liberté

Ce cycle de 7 cantates, composées en 1680 par Buxtehude(1) et dédiées aux 7 plaies(2) du Christ, connaît un succès qui dépasse la notoriété de leur auteur...

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MUSIQUE

Membra Jesu Nostride Buxtehude

(1) Dietrich Buxtehude (1637-1707) a été considéré, au Danemark et en Allemagne, comme le plus grand orga-niste de son temps. Installé en 1668 à Lübeck, il organisa des sessions annuelles de concerts (Abendmusik) qui lui survé-curent jusqu'en 1810. On pense que Jean-Sébastien Bach vint l'entendre en 1706. Il reste assez peu connu en France malgré une abondante discographie.(2) Partant de la terre pour s’élever au Ciel : les pieds, les genoux, les mains, le flanc, la poitrine, le cœur et le visage.

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CHANSON

Dans le magazine Regard en Coulisse dédié à la comédie musicale, Fany Dias écrit de ce spectacle : « Étienne Tarneaud (Amnésia) a décidé de mettre

en musique l'histoire de Jonas, prophète malgré lui, qui devra, au cours d'un long chemin initiatique, apprendre à vaincre ses peurs et ses doutes. [...] La troupe [...] défend le spectacle admirablement. L'ensemble des tableaux est crédible grâce à la mise en scène habile de Sophie Tellier. Le deuxième acte est chargé de belles émotions. L'essentiel est dit ! [...] On passe un agréable moment, on garde même en tête les mélodies. »

Et, en effet, la troupe des chanteurs a déployé une belle énergie, servie par la mise en scène subtile et efficace de Sophie Tellier. Cette dernière prépare actuellement auprès de Julie Depardieu et Stéphane Druet Les Contes d'Hoffmann d'Offen­bach qui seront joués en plein air entre autre devant le Sénat. Christine Kandel, contralto, campe une baleine majestueuse au premier acte et une mendiante très touchante au second. Prisca Demarez, mezzo soprane, aux talents polymorphes, s’est coulée avec bonheur dans la peau de différents personnages parmi lesquels une gitane, un requin loubard avant d’ha­biter la candeur émouvante de Lilah, la fille du roi de Ninive que Jonas est chargé d’appeler à la conversion. Quant aux deux comparses masculins d'Etienne Tarneaud, Yoni Amar et Stéphane Métro, en ange, matelot jetant Jonas à la mer, en requins,

en roi, en prince, ils ont servi les diffé­rents rôles du livret avec la générosité et la puissance de leurs voix aguerries au genre de la comédie musicale. Une troupe resserrée de 5 chanteurs pour un éventail bigarré de 22 rôles ! Des changements de costumes express et des décors caméléons conçus pour suggérer et non pour décrire, privilégiant ainsi l’émotion musicale et la force des textes, à la pesanteur d’une paraphrase historisante. La plupart des spectateurs, dont de nombreux abonnés à France Catholique, ont adhéré à ce parti pris, mais c’est un spectacle qui, sur une plus grande scène, pourrait visiblement se métamorphoser...

Les costumes ont été très remar­qués, celui de la baleine notamment est fascinant avec son bustier incrusté d’une myriade de coquillages et sa crinoline ruisselant d’algues soyeuses.

Le rôle titre est donc tenu par le com positeur de la musique, Étienne Tarnaud, sur un livret de sa mère Jocelyne. C'est facile de travailler avec sa mère ?

Étienne répond : « Un tel tandem pose des problèmes à ceux qui ont fait de Freud une lecture un peu simpliste. D’ailleurs, je

crois que ce dernier n’avait pas bien pris la mesure des nombreux exemples bibli-ques où mère et fils ont œuvré en commun à l’histoire du Salut. Je ne citerai que le discernement de Rébecca permettant à son fils Jacob d’obtenir la bénédiction de son père Isaac ou encore le courage de Bethsabée en faveur de son fils Salomon pour lui permettre d’accéder au trône de David. Ces deux exemples parmi tant d’autres illustrent l’abîme qui sépare la Révélation des mythes gréco-romains. »

Ces trois premières soirées ont permis de lancer les ventes du CD que l'on peut écouter en boucle sans se lasser. Les deux nouvelles représentations, le mardi 27 mai à 20h30 et le mercredi 28 mai à 15h, toujours au théâtre St­Léon, seront le point de départ d'une tournée orga­nisée avec Rejoyce*, si le bouche à oreille fait son effet, de diocèses en diocèses... L'adage « petit poisson deviendra grand, pourvu que Dieu lui prête vie » est en effet devenu le mot d'ordre de la jeune troupe, toute prête à répondre aux appels... n

COMéDIE MUSICALEpar Matthieu GOURRIN

La comédie musicale « Jonas » (FC n° 3105), a attiré de nombreux spectateurs en avril dernier au théâtre St-Léon à Paris (XVe). Les 27 et 28 mai, on pourra à nouveau l'applaudir au même endroit...

* Rejoyce : 01.39.50.81.71 et www.rejoyce.frhttp://www.myspace.com/jonasshowet http://www.jonasshow.com

Petit poisson deviendra grand

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C’est en juin 2006 que le musée Malraux du Havre a rouvert. Sorte de gigantesque loft situé à l’entrée du port, c’est une véritable boîte claire comportant d’immenses baies vitrées

et coupée dans la moitié de son espace par un étage qui prend des allures de mezzanine tant lui aussi reste ouvert sur le reste des espaces muséaux. C’est dans ce lieu qui fut à la fois le premier musée reconstruit après-guerre et la première Maison de la Culture, inaugurée par André Malraux le 24 juin 1961, recelant la plus importante collection impressionniste après les lieux parisiens, que se tient actuellement une exposition-installation intitulée « Double Je – Nous comme entre deux ». (1)

Si le titre peut paraître abscons, la réalité est d’une cohérence impressionnante. Hervé Robbe, danseur après avoir suivi une formation architecturale, est aussi plasticien. Et ce à quoi on assiste est non pas l’exposition d’œuvres dans un lieu mais l’exploi-tation et la transfor-mation d’un lieu pour créer une atmosphère et une progression au tour de l’idée de relation humaine. Car ce que l’auteur veut exprimer à travers le titre de « Double Je » n’est rien de moins que la mise en relation d’al-térités qui se cherchent

en se modifiant. Ces modifications suivent la chronologie de la vie. La première œuvre est une plongée dans une grotte utérine qui fait perdre tout repère visuel, spatial et audi-tif. Peu après on se trouve face à la projec-tion vidéo en face à face de deux adolescents en core androgynes qui se cherchent, eux-mê-mes et réciproquement, à travers la danse. Plus tard viendra l’éventualité de la mort entraînée par celle de la relation impossible. En ce sens l’œuvre exposée est non pas une suite d’ins-tallations vidéo ou photo qui pourraient être vues indépendamment, mais c'est l'ensemble qui est l'œuvre, jusque dans l’ordre de la visite, les textes d’accompagnement (très poétiques) et la façon dont chaque pièce est agencée pour contribuer à l’élaboration d’une atmosphère.

Ces installations ne sont pas à contempler pour s’en nourrir passivement, mais autant d’in-vites à se laisser prendre dans une ambiance et à la méditer. On le comprend très bien dès la première œuvre, dont le caractère déstabi-lisant pousse à l’interrogation en même temps qu’à se laisser porter. L’auteur joue de plusieurs médias graphiques (photo, vidéo, architecture) qu’il utilise non pas pour reproduire ce qui aurait été créé dans le cadre d’une autre disci-pline artis tique (la danse) mais comme outils de recréation à partir du matériau qu’est la vision du corps en mouvement. (2) C’est son travail architectural d’intérieur qui lui sert à orienter la façon dont l’installation peut être perçue, de façon intimiste comme cette petite pièce sombre ou en invitant les spectateurs à faire

partie de l’exposition dans cette œuvre qui les invite à s’asseoir ou à se tenir debout via la longueur du fil du casque audio. Ce n’est pas par hasard non plus que le public est invité à s’asseoir entre les deux écrans qui se font face dans le cas de l’installation des androgynes qui se

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Exposer Hervé Robbe n’étaitpas une démarche classique.A posteriori, sa nomination au Théâtre de la Ville la légitime.Les collections de peinture du musée montrent que ce n’estpas la première fois que le musée et les Havrais ont du nez…

"Double je - nous Comme entre Deux"

expositions

La miseen relation d'altérités qui secherchenten semodifiant

la relationinterrogée

Exposition temporaire« Double Je – Nous comme entre deux »

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cherchent. De la part d’un danseur on pouvait évidemment s’attendre à une réflexion sur le corps, mais celle-là est menée de main de maître.

Pour ceux qui ne parviendraient pas à entrer en dialogue avec ces œuvres contemporaines, il est utile de se rappeler que le musée Malraux abrite une collection de dessins de Boudin, parfaitement mis en valeur à l’étage (3). Sans compter les legs des collections Marande (4), Dufy (5) et Senn-Fould (6), complétés par des acquisitions de la ville (7) qui en font le musée impressionniste le plus riche de France, Paris excepté. ■

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expositions

(1) « Double Je - Nous comme entre deux », au musée Malraux, 2, bd Clemenceau, 76600 Le Havre. Ouvert samedi et dimanche (11h-19h), jusqu’au 18 mai. Le 17 mai, nuit des musées, (19h à minuit), sur le thème du chiffre deux. Entrée : 5 e, T.R. : 3 e. Bibliothèque, espace de restauration, librairie. Festival de danse « Météores 2008 » du 16 au 23 mai, avec le Centre chorégraphique national et la scène nationale du Volcan.(2) Dans la même logique, le livret DVD de l’exposition est à son tour une création faite en utilisant l’exposition comme matériau de base.(3) En fait son fonds d’atelier donné par son frère à la ville, soit 220 esquisses peintes sur toile, carton, panneau de bois.(4) 63 peintures, 25 dessins et une sculpture portant les signatures de Jongkind, Pissarro, Monet, Marquet, Camoin, Van Dongen, Delacroix…(5) 70 œuvres de peinture, céramique, dessin, tapisserie.(6) Représentant un total de 71 peintures, 130 œuvres graphiques et 5 sculptures dont 5 Renoir, 40 dessins de Degas, 2 peintures et 33 œuvres graphiques de Cross...(7) Notamment « Les Falaises de Varengeville », « Les Nymphéas » de Monet, deux vues du port du Havre de Pissarro…

la relationinterrogéepar Pierre François

Auguste Renoir

Un muséeimpressionnantpar ses expositions permanentes

Auguste RenoirAlbert Marquet

Johan Barthold Jongkind

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La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

30/40Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

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© Editions Viltis - Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris - tél. 06 62 22 37 75

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CINéMA

Le jeune cinéaste allemand Robert Thalheim s'était fait remarquer a vec son premier long métrage,

«Tout ira bien», une œuvre subtile sur la relation délicate d'un père au chô-mage avec son fils adolescent, et dont le man que de moyens était compensé par la générosité du propos et la grande justesse de ton. On retrouve dans son nouveau film cette sobriété dans la mise en scène et cette pudeur dans la peinture des personnages.

Sven, un jeune Allemand, accom-plit son service civil dans la ville d'Auschwitz, en Pologne. Il a notam-ment pour mission de veiller sur Monsieur Krzeminski, un survivant des camps de concentration. Le vieil homme ne se laisse pas facilement amadouer, mais Sven sait se montrer patient et il est touché par la façon

dont il tente de transmettre aux jeunes générations un passé impossi-ble à cicatriser. À partir d'une intrigue appa- remment ténue, Robert Thalheim signe une œuvre dense par la richesse des thèmes qu'elle aborde, au cœur des quels se trouve celui de la transmission de la mémoire. Il évite tout discours démonstrat if , la pro fondeur de ses propos se dévoilant, avant tout, dans les gestes et les

re gards de ses personnages. Sa mise en scène se révèle souvent habile, no tam ment dans la composition des plans, comme ces scènes anodines co habitant avec ces images de bar belés chargées de lourds symboles. Cette réflexion sur la mémoire montre à quel point elle ne doit pas être utilisée ou édulcorée. La ten dresse de Sven pour ce vieil hom me, croquée avec une grande dé li ca tesse, est très émouvante. ■Et puis les touristes. Drame germano-britannico-polonais (2007) de Robert Thalheim, avec Alexander Fehling (Sven Lehnert), Ryszard Ronczewski (Stanlislas Krzeminski), Barbara Wysocka (Ania Laruszewska), Piotr Rogucki (Krzyztof Lanuszewski) (1h25). (Adolescents). Sortie le 14 mai 2008.

Le journal d’une baby-sitterTout juste diplômée en anthropologie, Annie Braddock voit un bel avenir s'ouvrir devant elle. Pourtant, elle s'interroge et ne sait quelle direction prendre. Elle accepte, un peu par hasard, un poste de nounou dans une famille huppée de Manhattan. Elle découvre un univers qui est loin d'être rose... Cette comédie est l'adaptation d'un roman à succès écrit par deux New-yorkaises contant avec un humour cinglant leurs expériences de baby-sitter. Elle nous offre une peinture assez réjouissante des riches familles de l'Upper East Side, même si celle-ci a un petit air de déjà-vu. Sans éviter quelques maladresses (l'évolution des personnages n'est pas très convaincante), Shari Springer Berman et Robert Pulcini filment les mésaventures de leur héroïne avec une fraîcheur et une fantaisie bienvenues. Le film dénonce l'artificialité et la cruauté d'un microcosme et dévoile le mal-être derrière le vernis. Quelques scènes légères.

M.-L. R.

Comédie dramatique américaine (2008) de Shari Springer Berman et Robert Pulcini, avec Scarlett Johansson (Annie Braddock), Laura Linney (Mrs. X), Paul Giamatti (1h44). (Adolescents). Sortie le 14 mai 2008.

Tu peux garder un secret ?Pour faire taire les commentaires sur son célibat, une jeune femme fait croire qu'elle a une liaison avec son patron. Cette comédie est menée tambour battant, mais ne parvient pas à convaincre. Les gags tombent souvent à plat et l'on peine à s'attacher aux personnages. La performance des acteurs est tout de même à saluer. Ce vaudeville, avec son lot d'adultères, ne fait pas grand cas du mariage.

M.-L. R.Comédie française (2007) d’Alexandre Arcady, avec Pierre Arditi (Pierre Grimaux), Juliette Arnaud (Delphine), Corinne Puget (Cathy), Christine Anglio (Manon), Fanny Cottençon(1h46). (Grands adolescents). Sortie le 7 mai 2008.

JackpotJoy, qui a le cœur brisé, et Jack, qui se retrouve au chômage, tentent d’oublier leurs déboires à Las Vegas. Ils se rencontrent par hasard et découvrent, le lendemain, qu'ils sont mariés… On pouvait craindre le pire à la lecture du sujet et, si l'on n'échappe pas à quelques grivoiseries pas toujours de très bon goût, on se trouve surtout en face d'une comédie

romantique assez charmante et surtout très drôle, menée à un rythme très soutenu. Tout cela n'est pas à prendre au sérieux et, bien que l'on relève quelques vulgarités et situations scabreuses, les images restent discrètes. Marie-Lorraine RousseL

Comédie romantique américaine (2008) de Tom Vaughan, avec Cameron Diaz (Joy McNally), Ashton Kutcher (Jack Fuller), Rob Corddry (Hater), Lake Bell (Tipper), Jason Sudeikis (Mason), Treat Williams (Jack Fuller Sr.), Deidre O’Connell (Mrs. Fuller), Michelle Krusiec (Chong). (1h39). (Grands adolescents). Sortie le 7 mai 2008.

Le jeu tout en nuances et en retenue des comédiens donne à leur personnage une belle épaisseur humaine.

Le poids du passéET puIs LEs TourIsTEs par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

La relation complexe unissant les Allemands et les Polonais est subtilement évoquée

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23septembre 1943 : dans le camp d’extermination de Terezin (ex-Tchécoslovaquie) est créé par des enfants un opéra : Brundibar. Il s’agit de donner le change aux

visiteurs de la Croix-Rouge venus inspecter les lieux. L’œuvre sera jouée 55 fois, la dernière juste avant que ses interprètes ne soient gazés. Son créateur, Hans Krasa, subit le même sort à Auschwitz. On oublie la partition de cet opéra jusqu’en 1997, date à laquelle, pour la première fois, elle est créée dans une adaptation française, par la Compagnie Louise-Lame.

Depuis cinq ans le théâtre et le collège Léon Blum, de Villepreux (78), organisent les opéras joués par les enfants de la sixième à la troisième à l’initiative de leur professeur de chorale. Le fon-dement de toute la démarche est le volontariat. Aucun élève n’est obligé de s’inscrire à l’activité de chorale, ni de jouer en plus dans l’atelier opéra ; aucun n’est refoulé non plus, quelle que soit sa voix. Le choix des œuvres est éclectique : il va d’Orphée aux enfers d’Offenbach aux Indes galan-tes de J.-P. Rameau en passant par le Jazz’n Faust du contemporain P.-G. Verny. Ce choix est toujours dicté par les capacités vocales d’enfants de leur âge, c’est clairement le critère qui a conduit à choisir ce Faust-là plutôt qu’un autre. Parfois, l’or-ganisation matérielle de ces spectacles donne des sueurs froides à ses concepteurs, maître de chant ou metteur en scène. C’est ainsi que le projet de Brundibar n’a été validé par les ministères concer-nés qu’en novembre 2007 : il était plus que temps de se mettre au travail.

Que pensent les comédiens amateurs du fait de succéder à des enfants de leur âge qui furent

exterminés ? On est fier, dit l’un d’eux, parce que c’est en leur mémoire qu’on chante. Une fille ajoute : ça donne envie de bien faire pour leur mon-trer qu’ils ne sont pas oubliés. Un troisième précise que c’est pour lui une façon de rendre hommage. Enfin, une dernière explique qu’elle a l’impression que les enfants de Terezin les ont accompagnés toute l’année. Impression confirmée par la maî-tresse de chant qui a d’ailleurs fait insérer ce sentiment dans la mise en scène : dans un pro-

logue, les enfants sont scindés en deux groupes, un pour chaque époque, et ceux de 1943 in- vitent ceux d’aujourd’hui à les suivre le temps de la représentation. On est frappé de voir combien, comme deux sentiments qui se répondraient, les

élèves font confiance à leur professeur et ces der-niers leur mettent au point un programme soigné. En effet, la préparation de Brundibar n’a pas été que musicale : une visite à une exposition sur Anne Franck a été organisée, une pièce Moi, Anne... a été montée à partir du Journal et joué dans les collèges et lycées. Enfin, une troisième pièce, Cherbourg Atlantique, est donnée par des pro-fessionnels pour célébrer le thème de la mémoire sous un autre jour, celui du retour des cendres de Béla Bartók (qui, à leur retour des États-Unis, transitèrent par Cherbourg en juin 1988).

Enfin le Théâtre, avec l’Office national des anciens combattants de Versailles, a organisé une exposition de photographies dans le prolongement des quelques représentations qui seront données : Cherbourg Atlantique le 17 mai, Brundibar le 18 et Moi, Anne… le 21. Au-delà des débats idéolo-giques sur l’opportunité et la méthode pour ne pas oublier, une initiative comme celle-ci montre combien des actions sont déjà entreprises, qui savent faire mémoire sans faire macabre. n

théâtre

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Brundibar, 18 mai (16h et 19h), entrée de 6 à 10 e, et Cherbourg Atlantique, 17 mai (20h30), entrée de 10 à 16 e, au théâtre de Villepreux, Place du théâtre, 78450 Villepreux, tél. 01.30.80.15.95. Passeport pour Brundibar et Cherbourg Atlantique à 12, 15 et 20 e.Moi, Anne…, 21 mai (20h30), à la Maison Saint-Vincent, 1, rue Pierre Curie, 78450 Villepreux, entrée libre sur réservation au 01.30.80.15.95.

Le souvenir est une chose, le transmettre une autre. L’art est un vecteur qui permet à une pensée déjà spiritualiste de se manifester, et surtout d’éviter à la foisune présentation inanimée à force d’objectivité et celle qui ne recourraitqu’à un sentimentalisme superficiel.

BrundiBar, CherBourg atlantique...par Pierre FrAnçOIsFairemémoire

« Ça donne envie de bien faire pour leur montrer qu’ils ne sont pas oubliés »

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C ertains personnages de l’Histoire ont une gloire intermittente... Aussi, lorsqu’un écrivain et un téléaste

s’intéressent à leur destin, on redécouvre des figures passionnantes. Ce fut le cas avec Charlotte Corday que l’avocat Jean-Denis Bredin a révélée avec un récent livre, mis en images par Henri Helman.

Horrifiée par la sanglante répression qui s’est abattue sur Paris, Charlotte Corday, qui n’a pas encore 25 ans, quitte son Caen natal pour se rendre dans la capitale. Cette descendante directe du tragédien Pierre Corneille a en effet déci-dé d’assassiner Jean-Paul Marat, qu’elle rend responsable de tous les crimes. Mais le journaliste n’est pas facile à rencontrer, car, atteint d’une terrible maladie de peau, il ne quitte plus sa baignoire.

Quel beau personnage ! Intelli-gente et courageuse, la jeune fille a imaginé de faire justice seule. Et c’est ce que ses juges ne comprendront pas : « Une femme n’a pas pu faire cela toute seule ! » Grâce à des dialogues très brillants, et portée par une extraordi-naire interprétation d’Émilie Dequenne et de Bernard Blancan, cette adaptation est captivante du début jusqu’à la fin. Le vieux Paris, le long de Notre-Dame, a été reconstitué avec soin, et la mise en scène, sobre et réaliste, est tout au service de son héroïne. « Si les femmes peuvent monter à l’échafaud, elles doivent pouvoir monter à la tribune », répond Charlotte à ses juges.

Elle est impressionnante de courage, d’intelligence et de liberté, cette jeune fille. Mais quel dommage qu'elle fût révolutionnaire au point de refuser l’aide d’un prêtre, au pied de l’échafaud... ■

Charlotte Corday. Téléfilm français (2008) d’Henri Helman, d’après Jean-Denis Bredin, avec Émilie Dequenne (Charlotte Corday), Bernard Blancan (Marat), Marc Fayet (Montane), Thierry Gibault (Fouquier-Tinville), Raphaël Personnaz (Camille Desmoulin) (1h25). Diffusion le jeudi 22 mai, sur France 3, à 20h55.

Don’t come knocking

L'écrivain Sam Shepard et le cinéaste Wim Wenders unissent de nouveau leurs talents pour signer une œuvre au carrefour de plusieurs genres : à la fois road movie et chronique familiale dans un environnement de western. En suivant l'acteur Howard Spence, une ancienne gloire du western, maintenant sur le déclin, le cinéaste arpente de nouveau une Amérique qui ne cesse de l'inspirer. Les paysages naturels, filmés en cinémascope, sont d'une grande beauté. La guitare de T. Bone Burnett constitue un écho somptueux à ces décors. L'histoire est moins convaincante, et les personnages secondaires auraient gagné à être mieux dessinés. Malgré quelques images légères, ce beau film retrace l’histoire d’un cheminement intérieur des plus positifs.Comédie dramatique allemande (2005) de Wim Wenders, avec Sam Shepard (Howard Spence), Jessica Lange (Doreen), Tim Roth (Sutter), Gabriel Mann (Earl), Sarah Polley (Sky), Fairuza Balk, Eva Marie Saint (2h02). Diffusion le jeudi 22 mai, sur Arte, à 21h00.

Palais Royal !Armelle, orthophoniste timide, est mariée à Arnaud, fils cadet du roi. À la mort du monarque, celui-ci est choisi pour régner, au détriment de son frère aîné. Valérie Lemercier signe une savoureuse comédie d'une drôlerie irrésistible. Elle croque, avec tout l'humour et le mordant qu'on lui connaît, l'univers des têtes couronnées. L'interprétation est sensationnelle. Catherine Deneuve offre une performance réjouissante. Il y a plusieurs scènes triviales, pas toujours d'un très bon goût. Mais c'est la marque de fabrique de Valérie Lemercier.

Comédie française (2005) de et avec Valérie Lemercier, et avec Lambert Wilson (Arnaud), Catherine Deneuve (la reine Eugénia), Michel Aumont (1h40). Diffusion le dimanche 18 mai, sur TF1, à 20h50.

TÉLÉVISION

Soirée thématique «Ernest Hemingway»On n'en finirait plus d'énumérer les différentes facettes d'Ernest Hemingway (chasseur, correspon- dant de guerre, amateur de corridas, scénariste de films, romancier, coureur de jupons, etc.). « Pour qui sonne le glas » raconte l'histoire de Robert Jordan, engagé dans les Brigades internationales, lors de la guerre d'Espagne. Sa route

va croiser celle de Maria, dont toute la famille a été tuée par les franquistes. Évacuant rapidement tout aspect politique (la guerre sert uniquement de toile de fond), cette adaptation du célèbre roman de Hemingway se concentre sur le couple mythique formé de Gary Cooper et Ingrid Bergman. C'est romanesque à souhait et assez bien fait. Tout discours idéologique étant évité, il reste quelques belles figures d'hommes courageux. «La malédiction des Hemingway». Le père, le frère et le fils d'Ernest Hemingway se sont suicidés, tout comme lui. Son petit-fils s'interroge. Il y a, en effet, de quoi se poser des questions.Soirée thématique : «Pour qui sonne le glas», «La malédiction des Hemingway». Drame américain (1943) de Sam Wood, avec Gary Cooper (Robert Jordan), Ingrid Bergman (Maria), Vladimir Sokoloff (Anselmo), Katina Paxinou, Akim Tamiroff (2h10), suivi d'un documentaire allemand de Clarissa Ruge. Diffusion le dimanche 18 mai, sur Arte, à partir de 20h45.

Cette brillante adaptation du livre de Jean-Denis Bredin met en scène le Paris de la Révolution.

Charlotte Cordaypar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Le portrait d’unejeune fille courageuseet déterminéeest passionnant

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TF120.50 Pas bête du tout ! Divertissement présenté par Christophe Dechavanne.23.25 New York, police judi-ciaire. Série avec J. L Martin 3.01.05 New York, cour de jus-tice. Série avec B. Neuwirth 2.France 220.50 Tenue de soirée «À Avignon». Divertissement présenté par Michel Drucker, avec Francis Cabrel, Cali, Charles Aznavour, Garou, Mireille Mathieu, Thomas Dutronc, Daniel Prevost, Patrick Hernandez, Camille Bazbaz, Grand Corps Malade, etc.23.30 On n’est pas couché. Magazine présenté par Laurent Ruquier.France 320.50 Adresse inconnue : «Lune de miel», «Double peine» GA. Série avec David Brécourt. Assez médiocre.23.15 L’heure de l’opérette. Documentaire.00.15 La belle Hélène. Opérette de Jacques Offenbach, avec Felicity Lott, Yann Beuron.Arte21.00 L’aventure humaine «Sa vo ­narole, le prophète maudit GA. Une histoire passionnante.

21.50 L’aventure humaine «Les cathares» J. Une étude passionnante du mythe, mais pauvrement mise en scène.23.30 Le champion du siècle A/Ø. Téléfilm avec Jochum Ten Haaf, Ricky Koole (1h32). Une histoire très originale, mais il y a beaucoup de longueurs et une scène très suggestive.M620.50 Kyle XY : «Deuxième chance», «Incertitudes». Série avec Matt Dallas 2.22.25 Supernatural. Série avec Jensen Ackles, J. Padalecki 3.Canal +20.45 Football «Championnat de France».KTO20.50 VIP «Christine Boutin». Entre­tien avec un ministre chrétien engagé.21.45 Johannes Brahms «Ein Deutsches Requiem».23.15 KTO magazine «Renouveau charismatique : Une chance pour l’Église ?».

télévision

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TF120.50 Palais Royal ! A. Comédie (2005) de et avec Valérie Lemercier, et avec Lambert Wilson (1h42). (Voir notre ana­lyse page 35)22.45 Esprits criminels. Série avec Mandy Patinkin 3.France 2

20.55 Swimming pool A/Ø. Drame (2003) de François Ozon, avec Charlotte Rampling (1h38) 2. Brillant, mais cru.23.05 5 x 2 Ø. Comédie drama­tique (2004) de F. Ozon, avec Valeria Bruni­Tedeschi, Sté ­phane Freiss (1h27) 3. Bien fait, mais contes­table sur le fond et les images.France 320.50 Inspecteur Barnaby «Le couperet de la justice» GA. Téléfilm avec John Nettles 2. Confus, peu palpitant et banalisant l’homosexualité.23.10 Pourquoi Israël ? GA. Documentaire (1972) de Claude Lanzmann (3h10). Une œuvre grave et assez objective.ArteErnest Hemingway(Voir notre analyse page 35)20.45 Pour qui sonne le glas GA. Drame (1943) de Sam Wood, avec Gary Cooper, Ingrid Bergman (2h10).22.55 La malédiction des Hemingway GA. Documentaire.M620.50 Zone interdite «Les 15 ans de Zone interdite». Magazi­ne présenté par M. Theuriau.Canal +

20.50 Quatre frères GA. Thriller (2005) de J. Singleton, avec Mark Wahlberg (1h55) 3. Assez bien fait, mais ne tient pas toute ses promesses, et vio­lent.KTO20.50 La foi prise au mot «La Trinité», avec le père Michel Souchon et le père Michel Rondet. 22.00 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.30 Montagnards oubliés.

TF120.50 Qui veut gagner des millions ? Divertissement de J.­P. Foucault, avec Liane Foly et Catherine Laborde, Omar et Fred, Michèle Bernier et Éric Laugérias, Hélène Ségara et Maurane.

22.50 Grey’s anatomy : «Cas de conscience», «Épreuves

d’endurance», «Moments de vérité» GA. Série avec Ellen Pompeo. Passionnant, mais des images pénibles.France 220.50 FBI portés disparus : «Jus­ticier solitaire», «Sous la glace», «Des vies qui se croisent». Série avec Anthony LaPaglia 2.23.10 Mots croisés. Magazine.France 320.55 Vie privée, vie publique «Un amour pour la vie ?». Ma ga­zine de M. Dumas, avec Guy Montagné, Macha Méril, Louis Bériot, Leslie Bedos, etc. Suivi d’une interview de Mireille Darc.23.25 Ce soir (ou jamais). Magazine.00.45 NYPD blue. Série.Arte21.00 The barber A. Drame en NB (2001) de Joel Coen, avec Billy Bob Thornton, Frances McDormand (1h52). Un beau film noir et une remar­quable interprétation. Une scène très pénible.22.45 Musica «Ombres au para­dis : L’exil de Brecht, Schön berg, Thomas Mann, Hanns Eisler et tant d’autres». M620.50 Espace détente A/Ø. Comédie satirique (2004) de et avec Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h (1h38). Affligeant et érotique.22.40 Rocky IV GA. Comédie dramatique (1985) de et avec Sylvester Stallone (1h27). Pas mal, mais violent.Canal +20.50 Engrenages (3 et 4/8) A/Ø. Série avec Grégory Fitous si 3. Très bien fait, mais pénible et très violent.KTO20.50 Chrétiens d’Orient, musul-mans d’Europe. De Sarajevo à Jérusalem, comment les hommes vivent­ils la guerre et la division ?22.05 Un jour, une foi «Chemins de vie».

TF120.50 Les experts Miami : «Conduite dangereuse», «6 ans trop tard», «Fondu au noir». Série avec David Caruso 3.23.20 Au cœur du couple. Magazine.France 220.50 Tout quitter pour chan-ger de vie. Magazine présenté par Jean­Luc Delarue.23.10 Faites entrer l’accusé «Simone Weber, la «diabolique» de Nancy». Magazine présenté par Christophe Hondelatte 2. Passionnant, mais assez sinistre.01.20 La Chinoise A. Drame de Jean­Luc Godard, avec Anne Wiazemsky, Jean­Pierre Léaud (1h32). Un film que l’on a dit prémonitoire des événe­ments de mai 68, mais qui est simplement très ennuyeux.France 3

20.50 Les barbouzes GA. Comédie (1964) de Georges Lautner, avec Lino Ventura, Bernard Blier (1h47). Hilarant et délirant.22.45 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25). Magazine.00.45 NYPD blue. Série 2.ArteLes guerres du climat21.00 Changements clima- tiques «Une menace pour la paix» GA. Très intéressant.22.35 360° - GÉO «La patrouille du feu» GA. Pas mal.23.00 Grand format «Les cons pi­ratrices : Les femmes de la résis­tance polonaise» J. Poignant.M620.50 66 minutes. Magazine présenté par Aïda Touihri.21.50 66 minutes, l’enquête. Magazine.22.35 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine.Canal +20.50 La tête de maman GA. Comédie dramatique (2006) de Carine Tardieu, avec Karin Viard (1h33). Entre drame et fantaisie, un film assez réussi, malgré quelques fausses notes.KTO20.50 Paul Ricœur, philosophe de tous les dialogues. 21.45 Un jour, une foi «Église du monde».22.15 La foi prise au mot «La Trinité».

samedi 17 mai Dimanche 18 mai lundi 19 mai Mardi 20 mai

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émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Source de vie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Tout à la foi» ­ 11h00 Messe en l'église Saint­Germain, à Sorges (24).

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télévision

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sur M6Jeudi 22 mai, à 20h50Shall we dance ? GAMarié à une femme qu'il aime, père de beaux enfants, John Clark est un avocat prospère. Mais la routine pèse sur ses épaules. Bien que très américaine, cette comédie est souvent fort drôle, et les numéros dansés sont très réussis. Derrière le comique provoqué par ce dan­seur amateur, on trouve une jolie réflexion sur l'usure du couple et le moyen d'y remédier. La surprise vient du fait que l'idylle annoncée n'a pas lieu et que le film se termine par un bel hommage à l'amour conjugal.

TF120.35 Football «Ligue des champions : «Manchester United/Chelsea (finale)», en direct du stade Luzhniki de Moscou.23.00 New York unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.France 220.55 Le nouveau monde A/Ø. Téléfilm avec Natalia Dontcheva, Vanessa Larré, Grégory Fitoussi (1h32). Cette histoire d’homosexuelles en mal d’enfant est ratée, tor­due et sensuelle.22.40 Fahrenrheit 9/11 GA. Documentaire (2004) de Michael Moore (1h58). Un pamphlet assez réussi, mais souvent de mauvaise foi.France 320.50 Des racines et des ailes «Voyages en Méditerranée». Magazine présenté par Louis Laforge.23.30 Ce soir (ou jamais). Magazine présenté par Frédéric Taddéi.00.50 NYPD blue. Série avec Dennis Franz.Arte

21.00 Les mercredis de l’his-toire «Le dernier combat d’Ariel Sharon» GA. Un do cumentaire passionnant.22.45 Manderlay A/Ø. Drame en VO (2005) de Lars von Trier, avec Bryce Dallas Howard, Isaach de Bankolé (2h03). Une brillante dénon­ciation de l’esclavage, mais avec des images érotiques.M620.50 Nouvelle star «Huitième prime time en direct du Pavillon Baltard». Divertissement.Canal +20.50 Trust the man A/Ø. Co mé die (2004) de B. Freund­lich, avec David Duchovny, Julianne Moore (1h36). Un film assez conventionnel sur le couple et très érotique.KTO20.50 Code d’honneur. Le père Blaise Rebotier, aumônier de l’ar­mée, nous entraîne au cœur de cette organisation.21.45 Un jour, une foi «La famille en questions».22.15 VIP «Christine Boutin».

TF120.50 Code de la route : Repassez-le en direct ! Divertissement présenté par Julien Courbet et Églantine Éméyé.23.20 C’est quoi l’amour? Magazine présenté par Carole Rousseau.France 2

20.55 Sur le fil : «Voyeur», «Revanche» A. Série avec François Levantal, Xavier Gallais, Micky Sebastian. On retrouve avec plaisir les héros de cette excellente série poli­cière. C’est très réaliste, assez prenant et bourré d’humour. Mais il y a un bref flash très suggestif dans le premier épisode.22.55 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand.France 320.50 Thalassa «Les archipels inconnus d’Océanie». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.20 Pièces à conviction «L’argent noir des syndicats». Magazine présenté par Élise Lucet.Arte21.00 Sang froid A/Ø. Téléfilm avec Benjamin Biolay, Laura Smet, Stomy Bugsy, Alain Figlarz (1h23). Ce film noir est bien filmé, mais assez ennuyeux, avec des dialogues peu audibles. Violences et scène érotique sont au programme.22.20 Tracks. Magazine.M620.50 Bones : «La malédiction du pirate», «Os trouble», «Morts au combat». Série avec Emily Deschanel, David Boréanaz 2.23.15 Californication. Série avec David Duchovny, Natascha McElhone 2.Canal +20.50 Hyper tension. Aventures (2007) de Mark Neveldine et brian Taylor, avec Jason Sta­tham, Glen Howerton (1h24) 3.KTO21.00 KTO magazine «Quand Dieu fait son cinéma».21.55 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.25 Le mystère qui est en nous.23.20 La foi prise au mot «Esprit saint».

TF120.50 Dr House : «À bout de nerf», «Rencontre sportive», «Changement de direction» GA. Série avec Hugh Laurie 2. Excellent et bourré d'hu­mour.23.20 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet.France 220.55 Envoyé spécial : «Comme un poisson dans l’eau», «Copwatch : Un œil sur la poli­ce», «Portrait de Danny Boon». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.23.05 Infrarouge : «Jeu décisif», «Les années de sang, Israël Palestine : L’impasse 2». Documentaires.France 320.55 Charlotte Corday GA. Téléfilm avec Émilie Dequenne, Bernard Blancan, Thierry Gibault, Marc Fayet (1h35). (Voir notre analyse page 35)22.40 Ce soir (ou jamais) (et à 23h25) présenté par Frédéric Taddéi.00.45 NYPD blue. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Don’t come knocking GA. Comédie dramatique en VO (2005) de Wim Wenders, avec Sam Shepard, Jessica Lange (1h59). (Voir notre analyse page 35)22.50 Dressing the cinema «Sartoria Tirelli». Documentaire.23.45 Un dragon dans les eaux pures du Caucase GA. Poignant.M6

20.50 Shall we dance ? GA. Comédie (2004) de Peter Chelsom, avec Richard Gere, Jennifer Lopez, Susan Sarandon (1h46). (Voir notre analyse ci­contre)Canal +20.50 Cold case : «Noir total», «Coup double». Série avec Kathryn Morris, John Finn 2.KTO20.50 Édition spéciale en direct. Magazine de la rédaction présenté par Philippine de Saint Pierre.22.25 Art et culture.22.55 Johannes Brahms «Ein Deutsches Requiem».

Mercredi 21 mai Jeudi 22 mai vendredi 23 mai

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Élément positif : Élément négatif

Repères

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RaDiosRadio Notre DameDimanche 18 mai14h30 Agenda musical "Harry Halbreich annonce sa confé-rence sur les œuvres d'orgue d'Olivier Messiaen, Extraits musi-caux : Messiaen, Méditations sur le Mystère de la Sainte Trinité", présenté par Édith Walter.à l’occasion du 50e Pélerinage Militaire International, à Lourdes :Vendredi 23 mai10h45 Aujourd'hui l'Église "Le PMI : l’histoire et l’avenir" avec Jean-Louis Théron (directeur du Pèlerinage Militaire International)animé par Étienne Loraillère.22h Écoute dans la nuit "Jubilé de Lourdes, 150e anniversaire des apparitions", avec le Père Régis-Marie de la Teyssonière (chapelain à la cathédrale ND de Paris et chapelain des sanctuaires ND de Lourdes), présenté par Chantal Bailly.Vendredi 23 mai10h Portrait du Père Raymond Bonnaud (aumônier de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris).Samedi 24 mai8h Parole d'évêque "Mgr Le Gal, (évêque aux armées)"Dimanche 25 mai10h Messe internationale15h30 Chapelet, en direct de la grotte, commenté par le Général Clé18h30 Aujourd’hui l’Église "Le maintien de la paix : les religions, outils de réconciliation ?", avec le Cardinal Schönborn, (Ar- chevêque de Vienne et Président de la conférence épiscopale autrichienne), animé par Étienne Loraillère (Re- diffusion lundi 26, à 10h45).Lundi 26 mai10h Portrait Madame Mary Mac Aleesse (Présidente d’Irlande) et le Révérend Alec Reid.Mardi 27 mai7h20 Le grand témoin Mgr Le Gal (évêque aux armées), présenté par Louis Daufresne.

Marie BizieN

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Paris✔ La paroisse Notre-Dame du Bon Conseil propose un Récital de chants à la Vierge Marie, interprété par Marie Navarro accompagnée de Lucc io Ma radan à la guitare, le 18 mai (15h30), dans l'église, 140 rue de Clignancourt, 75018 Paris. Déjà saluée par la critique, Marie Navarro nous offrira des chants traditionnels et contem-porains.✔ Une "Messe pour le cente-naire de la naissance de Mgr Maxime Charles" est prévue le dimanche 25 mai (20h30), à Notre-Dame de l'Assomption des Buttes Chaumont, 80 rue de Meaux, 75019 Paris.✔ La société de Saint Jean, 2 place du Louvre, 75001 Paris, vous invite à son exposition, "Hommage à Jacques Prioleau (architecte de la lumière)", jus qu'au 24 mai, du lundi au vendredi (11h-18h) et samedi (9h30-12h30).✔ A l'espace Georges Bernanos, 4 rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26. 65.25, dans le cadre du "Lundi de la Foi", une conférence est prévue le 26 mai (12h45), sur le thème

"Mai 68 et la crise de l’Église", par Gérard Leclerc. Et le 27 mai (18h), à l'occasion de l'Année Bernanos, une rencontre est pro-posée "Ecrits de Combat, des «Enfants humiliés» à «Français si vous saviez…»", avec Claire Daudin et Gérard Leclerc.✔ "Demain, quel monde pour nos enfants ?" Une grande journée de réflexion et de dis-cussions organisée par le Bice (Bureau International Catholique de l’Enfance), le 4 juin à L’UICP Espaces congrès (Union interna-tionale des Chemins de fer), 16 rue Jean Rey, 75015 Paris (9h-17h). Une exposition de photogra-phies prises aux quatre coins du monde, "Espoir et dignité pour chaque enfant", sera présentée le 4 juin en fin de journée, en partenariat avec la Fondation d’Auteuil et la Fondation pour l’Enfance. Site : www.bice.orgBas-Rhin✔ La Maison-Mère des Sœurs du Très Saint Sauveur, 2 rue Principale, 67110 Oberbronn, ✆ 03.88.80.84.50, fax 03.88. 80.84.60, prévoit du 4 au 11 juin, une retraite pour tous, "Religieuse dans l'Eglise aujourd'hui, Revenir à la source", avec le père Lucien

Daloz (évêque émérite de Besançon)✔ Les Petites Sœurs Francis caines, Accueil spirituel "Le Chant des Sources", 1 rue du Couvent, 67440 Thal-Marmoutier, ✆ 03.88.03.12. 03, fax 03.88.03.12.08, pro- posent une Journée Compas- sion - Expression charismatique, le 15 juin (9h-18h30) "Faites tout ce qu'il vous dira" (Jn2), animée par Marie-Marguerite Harter, accompagnée par un prêtre.Côtes-d'Armor✔ Au foyer de Charité de Tres-saint, BP 54145, 22104 Dinan Cedex, du 9 (soir - accueil à partir de 17h) au 15 no vembre (9h), le Père-Abbé Paul Houix (de l'abbaye cistercienne de Tima-deuc [Morbihan]) prêchera une retraite sacerdotale "Prêtres dans le souffle de l'Esprit", pour les prêtres, ainsi que les diacres et leurs épouses. Ap- porter aubes et étoles. Rens. ✆ 02.96.85.86.00/foyerdecharite @tressaint.com www.tressaint.comGironde✔ Lourdes 2008 - 150e anniver-saire des apparitions. 24e retraite itinérante de Bordeaux (abbaye Notre-Dame du Rivet, du 1er au 15 août) ou de Mugron (abbaye Notre-Dame de Maylis, du 6 au

15 août) sur le thème "Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant 15 jours ?" (parole de Marie Immaculée à Sainte-Bernadette le 18 février 1858).Marche (25km/jour), silence, prière (offices, Eucharistie et ado-ration) enseignements (par des frères dominicains et carmes). Vous avez plus de 18 ans, soif de prendre un temps avec le Seigneur par Marie Immaculée, dans l'Esprit des Pèlerins d'Em-maüs, contactez : Association des Pèlerins de l'Immaculée, 19 av. Toulouse-Lautrec, 33740 Ares. Bordeaux : ✆ 05.57.70. 46.16, Toulouse : ✆ 05.61.20.19. 90, Maylis : ✆ 05.58.79.40.30.Jura✔ Au sanctuaire Notre-Dame du Mont-Roland, centre spirituel de Dôle, Colline du Mont-Roland, 39100 Jouhe, ✆ 03.84.79.88.00, fax 03.84.79.88.25 / [email protected] une re traite est organisée du 30 juin (18h30) au 5 juillet (14h) "Baptisés, consacrés, dans l'of-frande du Christ", notre baptê-me et notre vie religieuse dans l'unique sacrifice du Christ, avec le Père Jean Didierlaurent (Rédemptoriste).

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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hebdomadaire

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Vendée✔ Chantier Saint-Joseph, des séjours à la carte au sein de la communauté visant à un partage de la prière, de la vie fraternelle et du travail pour un chantier parti-culier. Participation libre aux frais. Rens. Centre Pascal, 1 rue du Petit Montauban, 85100 Les Sables-d'Olonne, ✆ 02.51.95.19.26.Temps fort thérésien✔ Pour les 18-35 ans, un temps fort proposé par les congrégations thérésiennes de France, est prévu du 22 (18h) au 24 août (17h), sur le thème "Viens découvrir le secret de Thérèse de Lisieux : 'Marie, pourquoi je t'aime'". Des journées pour chanter, réfléchir, partager, prier..., vivre ensemble... : découverte des écrits de sainte Thérèse, visite des lieux de son expérience spirituelle, partage de la Parole de Dieu, à l'écoute de témoins... Rens. auprès de Nathalie Baugé, Communauté des Sœurs Oblates de Sainte Thérèse, 14100 Rocques-Lisieux, ✆ 06.79.03.68.41.Rassemblement des Jeunes Catholiques✔ En écho à l 'encyclique du Pape Benoît XVI Spe Salvi, le Rassemblement des Jeunes Catholiques invite les jeunes de 18 à 35 ans à approfondir le thème de l'Espérance. Au pro-gramme : enseignements et témoignages, prière et adoration, détente et activités sportives. Du 28 juillet au 3 août 2008, à Sées, en Normandie. Rendez-vous sur www.rjc2008.comComité d'accueil à l'enfantet d'aide aux futures mères✔ Le comité d'accueil à l'en-fant et d'aide aux futures mères vous convie au dîner-débat du 22 mai avec la présence excep-tionnelle de l'amiral Berger (pré-sident de L'union pour la Vie). Cette réunion permet de préparer la quête de la fête des mères du 25 mai, au profit des mouvements pro-vie. A partir de 19h, salle des Espélugues, sous la basi- lique Notre-Dame de Lourdes, 149 av. du Général Leclerc, à Nancy. Rens./insc. : CAE, 175 rue Jeanne d'Arc, 54000 Nancy, ✆ 03.83.56.22.22, [email protected]"Rêver en blanc et noir"✔ L'association "Les Opalines", et celle de "L’Envol", présente l'ex-position "Rêver en blanc et noir". 11 jeunes artistes ainsi que des enfants malades nous transmet-tent en noir et blanc, à travers la photographie, la gravure, le film d’animation, les arts plastiques, une partie de leurs rêves. Rêver

n’est pas interdit, alors venez découvrir le monde imaginaire, où l’on oublie les problèmes, du 19 au 30 mai, à la Galerie JL Michau, 25 rue Montpensier, 75001 Paris. Les œuvres des jeu-nes artistes et des enfants seront vendues au profit de l’Associa-tion L’Envol. Programme : le 13 mai : soirée "Boîtes à rêves" à la Galerie 1ère Station, métro Palais Royal/Musée du Louvre. Entrée 3€, tombola 2€ le ticket ; le 27 mai : conférence "la place du noir et blanc dans l’art", avec Serge Legat et Françoise Paviot à 19h à la Galerie JL Michau, entrée gra-tuite ; le 30 mai : soirée de décro-chage à partir de 19h.Pèlerinages✔ Organisé par la Communauté Aïn Karem et le Mouvement Ré surrection, du 31 mai au 1er juin, un pèlerinage Vézelay 2008, "Dieu Père ; comment Dieu est-il Père ?" est prévu, en présence de Mgr Guillaume. Différentes routes avec niveaux de marche adapté à chacun. Rens.: ✆ 01.49.55.85.62, insc. ✆ 06. 07.03.20.71 ou 03.23.71.46.75 Site : http://ak.resurrection.free.fr/✔ Un pèlerinage à Rome, pour l'année Saint Paul, est prévu du 12 au 22 août, pour jeunes filles, avec les Servantes de la Parole. Rens. Sr Claire Patier, ✆ 01.64.58.42.09. Site : www.servante-parole.netAssociation Saint Jean Révélateur✔ L’association St-Jean Révélateur organise plusieurs activités pour les jeunes cet été 2008 : "Mission Arménie" pour des étudiants, du 7 au 28 juillet ; Camp 15-20 ans "Comédie Musicale", du 4 au 28 juillet sur le thème de la vie du Pr Jérôme Lejeune : Richemont, Royan, Murat ; Camp 15-20 ans Louanges "Hosanna" du 6 au 27 août : Ile de Ré, festival St-Jean et Campus Révélateur ; Camp 15-20 ans Cinéma "Saint & Teaser" du 9 au 27 août : fes tival St-Jean et Campus Ré vélateur ; Camp 15-20 ans Sport "Canoë & Escalade" du 12 au 27 août : Campus Révélateur à Murat ; Rassemblement "Cam pus Ré vé lateur d’été" les lundi 25, mardi 26, mercredi 27 août, à Murat (Cantal). Enfin découvrez la nouvelle webtv pour les jeunes cathos francophones sur www.revelaTeur.tv Rens. : Père Jean Marie Luc, Prieuré Claire de Castelbajac, 16370 Richemont, ✆ 05.45.36.45.30 / [email protected]

Pour passer un communiqué,contactez : [email protected]

fax : 01.46.30.04.64ou inscrivez-le directement sur :

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BLOC-NOTES

FRANCECatholique n°3119 16 mai 2008 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X

édité par la Société de Presse France Catholique,s.a. au capital de 427.392 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z

Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆-06. 08.77.55.08) - Conseiller-de la direction : Robert Masson - Editorialiste- : Gérard Le clerc - Rédaction : Anne Kurian - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven

Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

France Catholique est une marque déposée à l'Inpi.

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PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ Recherche statues, objets et tableaux religieux, icônes, statues de Jeanne d'Arc. Tél. 04.93.81.22.27, ou 06.34.47.67.03.➥ Pour les enfants et adultes autistes, trisomiques, IMC, polyhandicapés (même atteints de surdité ou de cécité), aphasiques, patients atteints de la mala-die de Parkinson, d'Alzheimer, dans le coma... La Communication Facilité / Psychophanie permet aux personnes privées de parole ou limitées dans la com-munication, de s'exprimer. Pour connaître les prati-ciens en Communication Facilitée et Psychophanie de votre région, les conférences, les formations, rensei-gnez-vous auprès de l'Association Ta Main pour Parler, 159 rue de Charonne, 75011 Paris, tél. 01.47.70.35.46, www.tmpp.net➥ Produits naturels du Cantal. Du producteur au consommateur : foie gras, pâtés, confits sans produits chimiques. Tél. 04.71.47.46.99 ou GAEC Malroux, tél. 04.71.46.75.29, code "D.C".➥ Exposition de Peintures contemporaines de Jean-nette Dubouilh, dans une grange du XVIIe siècle réno-vée. Ouvert tous les jours sur rendez-vous jusqu'au 1er novembre, au "Jardin des Arts", 41800 Couture-sur-Loir, tél. 02.54.72.47.31.

SERVICE ABONNEMENTSPour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement, pour

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Téléphone : 01.40.94.22.22[lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h]Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected]

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