FRANCE Catholique · des Roms, le ministre de l’In-térieur a reçu le 31 août le cardinal...

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- Hebdomadaire 3225 - 10 septembre 2010 3 ISSN 0015-9506 Xavier Beauvois, la passion du cinéma et le mystère de la vie monastique (pages 32-33) france-catholique.fr FRANCE Catholique france-catholique.fr La souffrance des Centrafricains (pages 24 à 27) Thérèse de Lisieux revisitée (pages 8 à 12)

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- Hebdomadaire n° 3225 - 10 septembre 2010 3 €

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Xavier Beauvois, la passion du cinémaet le mystère de la vie monastique (pages 32-33)

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La souffrance des Centrafricains (pages 24 à 27)

Thérèsede Lisieux revisitée

(pages 8 à 12)

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BRÈVESFRANCERENtRéE SColAiRE : 12 mil-lions d’élèves de la maternelle à la terminale et 852 000 enseignants ont entamé le 2 septembre une rentrée mar-quée par plusieurs réformes et des grèves ; 124 établisse-ments vont expérimenter un nouveau rythme avec cours le matin et sport l’après-midi ; 16 000 professeurs stagiaires, sans formation pédagogique initiale mais suivis par un tu teur, auront des classes en charge.Les nouveaux établissements de réinsertion scolaire ouvrent cette année pour les collé-giens très perturbateurs ; il en coûtera à l’État 15 350 euros par élève, le double de ce qu’il consacre aux autres enfants.iNCENdiES : Des feux ont dé truit 3 000 hectares de végétation le 30 août dans la région de Montpellier et près de La Ciotat. 200 hectares ont été détruits le 3 septembre dans la forêt des Landes. Il n'y a pas eu de victimes. On évoque des pistes criminelles.REtRAitES : À la veille du débat et des manifestations concer-nant la réforme des retraites, le secrétaire général de l’Ély-sée a affirmé le 5 septembre que le gouvernement ferait des propositions supplémen-taires en ce qui concerne la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnés. Pour sa part, le secrétaire général du syndicat Force ouvrière a réclamé une réforme fiscale pour assurer le financement des retraites, notamment un relèvement de la CSG sur les revenus financiers.RomS : Après les critiques émises contre la politique gouvernementale à l’égard des Roms, le ministre de l’In-térieur a reçu le 31 août le

cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence épiscopale ; les deux interlo-cuteurs ont joué l’apaisement. Pour sa part, le sénateur-maire PS de Dijon, François Rebsamen, a justifié le 3 sep-tembre dans un entretien au Parisien l’expulsion des Roms.Des manifestations ont été organisées le 4 septembre dans plus de 130 villes pour dénoncer « la politique sécu-ritaire » voulue par N. Sarkozy.PolitiquE : Le député de Savoie Dominique Dord a été élu le 30 août trésorier de l’UMP en remplacement d’Éric Woerth.BudgEt : Le gouvernement envisage de réduire de 3 mil-liards d’euros les avantages dont bénéficie le secteur de l’assurance, en particulier l’assurance-vie ; mais, au vu de l’insuffisance des mesures annoncées pour combler les déficits, le ministre du Budget, François Baroin, a estimé le 1er septembre qu’il faudrait supprimer de nou velles niches fiscales et sociales, voire aug-menter les impôts en… 2013 !La commission Attali « pour la libération de la croissance » a tenu sa dernière réunion le 2 septembre ; elle prône 75 milliards d’économies d’ici à 2013 , le gel du salaire des fonctionnaires et un élargis-sement de l’assiette des pré-lèvements fiscaux et sociaux ; cependant, la refonte du sys-tème fiscal ne serait envisa-gée qu’à moyen terme.ENSEigNEmENt SuPéRiEuR : La ministre Valérie Pécresse a annoncé le 3 septembre qu’un concours unique allait être créé entre Normale sup, des Écoles de commerce et les Instituts d’études politiques de province afin d’élargir les débouchés de la filière litté-raire.

déCÈS : Laurent Fignon, deux fois vainqueur du Tour de France, est décédé le 31 août d'un cancer ; il était âgé de 50 ans.FoNCtioN PuBliquE : Pour la première fois depuis 1980, les effectifs de la fonction publique ont stagné en 2008 ; selon un rapport publié le 31 août, la France comptait au 31 décembre 2008 5,3 mil-lions de fonctionnaires, soit 20% de l’emploi total et 650 000 de plus que 10 ans auparavant ; si, en effet, les effectifs ont baissé dans tous les ministères depuis 2006, les collectivités territoriales ont continué à recruter.ChômAgE : Selon l’Insee, le taux de chômage (au sens du BIT) a baissé de 0,2% au 2e trimestre après 21 mois de hausse pour s’établir à 9,3% de la population active en métropole.déFENSE : Les ministres de la Défense français et britan-nique ont abordé le 3 sep-tembre la question d’une mise en commun de leurs porte-avions ; cette mise en com-mun a finalement été rejetée.JuStiCE : La libération le 2 septembre d’un braqueur pré-sumé de la fusillade du casino d’Uriage a provoqué la colère des policiers et du ministre de l’Intérieur et l'étonnement du président de la République ; le parquet a fait appel.PoliCE : Un policier s'est noyé le 5 septembre, vers 5 h du matin, après avoir tenté de secourir un automobiliste, toujours porté disparu, qui s'était jeté dans la Seine à Melun (Seine-et-Marne), semble-t-il pour éviter d'avoir à remplir un constat d'acci-dent… Au même moment, un autre policier sauvait de la noyade deux personnes tom-bées dans la Seine à bord

d'une voiture en fuite après une tentative de contrôle rou-tier, à Athis-Mons (Essonne).FootBAll : L'ancien sélec-tionneur de l'équipe de France de football, Raymond Do menech, a reçu une lettre de licenciement pour faute lourde. Cependant, les motifs invoqués semblent mal fondés pour les spécialistes du droit du travail (pas sanctionnable dans son poste actuel, pres-cription de 2 mois dans la précédente fonction...)

moNdEClimAt : Un rapport de l’ONU a conclu le 30 août que le Groupe international d’ex-perts sur le climat (GIEC) devait réformer ses struc-tures afin d’éviter la répéti-tion des erreurs passées sur le réchauffement climatique, sans remettre en cause ses orientations générales.SANté : Selon des travaux scientifiques américains, la metformine, utilisée depuis des années dans le traite-ment du diabète, réduirait les risques de cancer du pou-mon. On annonce également la mise au point d’un test permettant de diagnostiquer la tuberculose en 2 heures.EuRoPE : La Commission et les États membres de l’Union ont trouvé le 2 septembre un accord sur de nouvelles unités de sur-veillance visant la banque, l’as-surance et les marchés.mARéES NoiRES : L’incendie du 2 septembre sur une plate-forme pétrolière dans le golfe du Mexique a pu être éteint sans faire de victime, ni pro-voquer de fuite de brut. De son côté, BP a estimé à près de 8 milliards de dollars le coût de la marée noire dont elle est responsable.

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Mexique :  La  Française Florence  Cassez,  condamnée à 60 ans de prison pour enlè-vements  et  qui  clame  son innocence  depuis  cinq  ans, s’est  pourvue  le  30 août  en cassation  afin  de  mettre  en évidence  le caractère  incons-titutionnel de la procédure.Belgique :  Le  président  du Parti  socialiste  francophone, Elio Di Rupo, chargé de former un gouvernement a décidé de renoncer le 29 août ; le roi lui a aussitôt confié une « mission de  la  dernière  chance » ;  les négociations  ont  de  nouveau échoué le 3 septembre. Le roi a  alors  confié  aux  présidents de la Chambre des députés et du  Sénat,  le  socialiste  André Flahaut  et  le  flamand  Danny Pieters,  du  parti  séparatiste N-VA  (Nouvelle  alliance  fla-mande), une nouvelle mission de médiation.italie :  En  visite  officielle  à Rome  le  30 août,  le  colonel libyen Kadhafi a  soulevé  l’in-dignation  en  se  livrant  à  un cours  sur  l’islam  devant  500 jeunes  femmes  recrutées  par une  agence  de  communica-tion et en affirmant que cette religion  devait  devenir  celle de toute l’Europe.iran : Paris a vivement répli-qué  le  31  août  aux  insultes proférées  à  Téhéran  contre Carla  Bruni-Sarkozy,  traitée de « prostituée » par un jour-nal  conservateur  pour  avoir pris  la  défense  de  l’Iranienne menacée de lapidation.La  France  a  demandé  le  1er 

septembre  la  libération  d’un jeune Iranien accusé d’homo-sexualité et condamné à mort dans son pays.Le  grand  ayatollah  Nasser Makarem-Shirazi  a  affirmé le  4  septembre  que  l’Holo-causte  des  juifs  par  les  nazis était  « une  superstition  des Occidentaux ».

États-unis :  L’administration a  demandé  le  1er  sep-tembre  au  tribunal  fédéral de  Washington  de  permettre la  poursuite  de  la  recherche publique  sur  les  cellules souches  embryonnaires,  le temps que le dossier soit jugé sur le fond.L’ouragan Earl avec des vents de 230 km/h (le plus fort oura-gan  aux  États-Unis  depuis 1991) a balayé le 3 novembre les côtes de Caroline du Nord où 30 000 personnes avaient reçu  l’ordre  d’évacuer,  puis  il a gagné,  en  s'affaiblissant,  le Massachussets et  la Nouvelle Écosse  (au  Canada)  où  il  n'a fait qu'une seule victime.Congo :  L’ONU  va  publier début octobre un rapport qui accuse  le  Rwanda  de  crimes contre  l’humanité  dans  la République  démocratique  du Congo entre 1993 et 2003.nouvelle-ZÉlande  :  Un séisme  de  magnitude  7  a frappé le 4 septembre la ville de  Christchurch,  deuxième ville du pays ; l’état d’urgence a  été  décrété ;  le  séisme  n’a fait que des blessés, mais il a causé  des  destructions  mas-sives  dont  le  coût  provisoire est estimé à plus d’un milliard d’euros ; c’est le plus dévasta-teur depuis 80 ans.afghanistan :  Le  président Karzaï  a  annoncé  le  4  sep-tembre la mise en place d’un Haut conseil de la paix pour des discussions avec les tali-bans.espagne :  Dans  une  vidéo remise  à  la  BBC  le  5  sep-tembre,  l’organisation  indé-pendantiste  basque  ETA  a annoncé  un  cessez-le-feu  et s’est  engagée  à  la  mise  en place  d’un  processus  démo-cratique.  Le  gouvernement espagnol  s'est  déclaré  scep-tique.

J.L.

FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010 7

Qu'est-il permis d'espérer de l'initiative du président Obama en faveur d'un règlement du conflit israélo-palestinien ? La bonne nouvelle, c'est que les États-Unis s'investissent à

nouveau, et très sérieusement, dans cette tâche réputée impossible. Inutile de rappeler les obstacles qui empêchent un accord durable entre les deux parties. Inutile d'insister aussi sur la faiblesse cruelle de Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité Palestinienne qui ne contrôle plus la bande de Gaza désormais aux mains de ses adver-saires du Hamas. Depuis l'échec du processus dit d'Oslo et la mort d'Itzhak Rabin, tout est allé de mal en pis. Un mur de séparation symbolise depuis quelques années l'incommunicabilité de deux peuples et leurs peurs réciproques.

L'ancien ambassadeur d'Israël en France, Élie Barnavi, par ailleurs historien et analyste précis de l'évolution des rapports entre Israéliens et Palestiniens, affirmait dans un débat récent avec Régis Debray que seuls les États-Unis, en la personne de leur président, avaient la possibilité de débloquer la situation. On sait bien que la survie de l'État hébreu est largement dépendante du soutien améri-cain. Et que le gouvernement israélien, fût-il le plus irréductible dans son opposition, ne peut se passer de son puissant allié et qu'il est donc contraint d'épouser avec plus ou moins de conviction sa ligne diplomatique. Mais cela n'a pas suffi jusqu'ici pour amorcer un tournant décisif.

Jusqu'où Barack Obama ira-t-il pour faire plier la détermination de Benjamin Netanyahou, un Premier ministre élu précisément en raison de son refus des concessions ? Irait-il jusqu'à la menace d'une suspension du financement et même d'un renoncement à l'alliance privilégiée sans lesquels Israël serait considérablement affaibli?

Cela ne paraît pas du tout possible. Les États-Unis n'auront d'au-torité sur leur allié que si celui-ci garde, grâce à eux, un sentiment de sécurité. Il leur faudra donc persuader les dirigeants israéliens en ne lâchant jamais la pression. Barack Obama est-il décidé à exercer cette sorte de bras de fer fraternel ? C'est en tout cas la seule chance pour un règlement possible de ce conflit apparemment sans fin. G.L.

Israël-Palestineisraéliens et palestiniens ont repris le 2 septembre à Washington leurs négociations directes sous le patronage de l’administra-tion américaine malgré le climat de violences qui règne en Jordanie où plusieurs israéliens ont été tués par le Hamas ; les dirigeants se sont mis d’accord pour se retrouver les 14 et 15 septembre, puis toutes les deux semaines.

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ACTUALITÉ

par Alice TULLE

4 FRANCECatholique n° 3225 10 septembre 2010

Quinze jours après l’université d’été de La Rochelle, c’est à peine si l’on se souvient

de l’événement qui suscita plus de mille articles dans la presse française. Presque tous insistaient sur le climat apaisé qui régnait au bord de l’Atlantique : tout le contraire de la guerre des courants d’août 2008 et des polé-miques entre Martine Aubry et Ségolène Royal lors du congrès de Reims.

Cette sérénité n’était pas illusoire. Les socialistes pensent que Nicolas Sarkozy perdra la bataille de la prési-dentielle et déclarent avoir « envie » de revenir aux affaires car leur victoire aux législatives devrait être la conséquence logique de la conquête de l’Élysée. D’où l’idée, récurrente, que l’on peut engranger des voix sans trop s’engager dans les conflits sociaux et sans polé-miquer outre mesure.

Les conditions de l’idylle entre chefs socialistes étaient cette année d’autant plus faciles à réunir qu’il n’y a ni élections générales ni congrès en perspective. L’été prochain, les journées de La Rochelle

seront plus agitées puisqu’on sera à quelques semaines des « primaires » de la gauche : la guerre entre candidats poten-tiels fera rage – à moins que Dominique Strauss-Kahn ne parvienne à s’imposer comme l’homme providentiel.

Cela signifie que l’auto-rité de l’actuelle « patronne » du Parti socialiste n’est

pas mieux établie qu’il y a quelques mois. Les socia-listes restent sur des posi-t ions défens ives et se bornent à protester contre les campagnes menées par le gouvernement : tout en décla-rant qu’ils ne tomberaient

pas dans le piège sécuritaire tendu par Nicolas Sarkozy, les dirigeants socialistes ont affirmé qu’ils feraient mieux en matière de sécurité sans avancer de propositions réel-lement convaincantes. De même, ils sont « suivistes » par rapport aux journalistes qui cherchent à obtenir la démission d’Éric Woerth et ils

laissent les syndicats mener la bataille contre la réforme du système des retraites.

Cette prudence s’ex-plique par le fait que le Parti socialiste est devenu, après sa victoire en 1981, un parti d’élus nationaux et locaux et

de personnes qui travaillent pour ces élus en attendant de se faire élire : la prudence gestionnaire des anciens se conjugue aux calculs précau-tionneux de ceux qui sont au début de leur carrière politique. Il y a certes de la réflexion dans ce parti – nombre de débats animés eurent lieu à La Rochelle – mais ce sont des « experts » de la haute fonction publique qui rédigent les programmes.

Le Parti socialiste a par ailleurs confié sa propagande à des « communicants » qui fabriquent des slogans sans doute agréables à entendre mais qui sonnent creux : ainsi « l’ordre juste », le « juste échange » ou encore « la vie qu’on veut », formule partout affichée qui singe une requête populaire dans le langage que les communicants prêtent au peuple.

Ces pesanteurs poli-tiques et sociologiques, le langage expert et les tech-niques de communication du siècle dernier empêchent la direction socialiste de saisir la logique de la crise économique et financière et la violence sociale qui in quiètent maintes auto-rités. Ce décalage entre la direction du principal parti d’opposition et les attentes d’une partie de la société fait ressortir toujours plus c rûment les ambit ions personnelles. Nous en aurons bientôt le spectacle, toujours parfaitement mis en scène par les médias. n

soCIALIsTes

Ce sont des « experts » de la haute fonction publique qui rédigent les programmes(

De nombreux commentateurs ont célébré l’unité retrouvée des socialistes. Il s’agit seulement d’une trêve, décidée pour mieux préparer la guerre entre les candidats potentiels pour 2012.

Avant-guerre

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ACTUALITÉ

Ce retrait est la fin d’un processus. De 170 000 hommes en 2007, il n’en restait plus que

91 000 au 31 mai 2010. Ce retrait n’est pas complet. Au 31 août, le chiffre est de 50 000 hommes théori-quement non combattants, cantonnés dans des fonc-tions de soutien et de formation, en principe jusqu’à la fin 2 011. Ce retrait est honorable mais ne saurait être qualifié de victoire. Le retrait de 40 000 hommes en trois mois s’est effectué dans l’ordre, sans incident, appuyé par une excellente logistique, sans panique, sans pression, sans hosti-lité. Mais dans une certaine discrétion.

Le président Obama a sur tout remis l’autorité aux civils. Ce problème lancinant que connaît l’Afghanistan, de concur-rence entre militaires et diplomates, ne se posera pas en Irak. L’ambassadeur sera seul responsable des crédits américains. Le général commandant les forces sera retiré. Une armée de civils et de contractuels gérera les projets de reconstruction et de développement dans lesquels les militaires et les sociétés privées mercenaires

comme Blackwater ne se sont pas particulièrement illustrés.

Les craintes majeures d’un retrait américain ne se sont finalement pas matérialisées. La violence demeure à un niveau élevé mais pas explosif. La parti-tion du pays n’a pas eu

lieu. L’Iran et ses partisans n’ont pas imposé leur loi ni gagné significativement en influence. Une vie poli-tique active n’a pas permis encore aux élections du 7 mars dernier d’aboutir à la formation d’un gouver-

nement stable mais bien d’autres démocraties sont malheureusement dans ce cas.

Ce bilan est-il trop optimiste ? Le bilan de la guerre d’Irak est calami-teux. L’effort d’Obama est, il l’a dit sans ambages, de « tourner la page », de se

faire oublier. On n’y revien-dra pas, c’est déjà cela d’acquis. Mais il n’y a pas d’abandon. Pour autant, les États-Unis s’interdisent-ils désormais toute aven-ture extérieure ? Le coût annoncé de mille milliards

de dollars devrait faire réflé-chir. L’Afghanistan n’est pas l’Irak, le général Petraeus ne devrait pas tarder à s’en rendre compte.

Le camp adverse peut-il en profiter ? L’Irak n’est pas, comme certains l’avaient annoncé , un nouveau Vietnam. Il n’y a pas de raison qu’un traumatisme tétanise cette fois la nation américaine et ses dirigeants. Le niveau de pertes améri-caines, même élevé (4 427

morts et 34 268 blessés), n’est en rien compa-rable à celui de la guerre du Vietnam. Donc W a s h i n g t o n est libre de ses choix.

Les é lec-tions de mi- parcours de n o v e m b r e prochain ne devraient pas être influen-cées par ce retrait, ce qui est dommage pour la popu-

larité de Barack Obama. On devrait pouvoir lui faire ce crédit de tenir ses promesses. Mais l’Afghanistan/Pakistan et surtout la marée noire du golfe du Mexique oblitèrent quasi-complètement ce succès. n

IRAKpar Yves LA MARCK

Le retrait d’Irak des forces américaines de combat au 31 août est tout à l’honneur du président Obama. Il n’est sans doute pas reproductible.

Aube nouvelle

FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010 5

Les élections de mi-parcours ne devraient pas être influencées par ce retrait )

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ACTUALITÉpar Tugdual DERVILLE

6 FRANCECatholique n° 3225 10 septembre 2010

C' e s t la surpr ise bioéthique de la rentrée : l’anonymat du don de gamètes sera it remis en

cause. Ce principe français, défendu par la plupart des praticiens de l’assistance médicale à la procréation (AMP), est contesté par des personnes conçues par insé-mination artificielle ou fécon-dation in vitro avec donneur. Au premier rang desquels Arthur Kermalvezen. Tenace et rebelle, le jeune homme a tenu tête aux médecins de la procréation dans des colloques et des émissions, empoisonnant le « consen-sus » qu’ils étaient censés défendre. Son livre Né de sper-matozoïde inconnu a lancé l’offensive en 2008. Il y décrit les affres que peuvent endu-rer les personnes qui ont été privées de toute information sur leur origine biologique : ne peuvent-elles croiser à tout moment – dans la rue – leur père biologique, mais aussi un demi-frère ou une demi-sœur, avec l’inquiétude de transgresser involontaire-ment le tabou de l’inceste ? Nous priver délibérément de savoir d’où l’on vient, c’est un déni de nos droits fonda-mentaux, proteste en subs-

tance l’auteur. Vous êtes une infime minorité ont rétor-qué ses adversaires. Mais les personnes nées d’un donneur ou d’une donneuse anonyme sont près de 1 300 chaque année sur les quelque 20 000 naissances issues d’AMP. Et les médias ont relaté maints témoignages d’un trouble indéniable. Il ressemble à celui des personnes nées sous X, à la différence que l’accouchement sous X est décidé après la conception de l’enfant concerné, et, en principe, dans son intérêt. D’ailleurs, la loi a adouci ce processus pour donner à un enfant adopté après être né sous X la possibilité d’avoir un jour accès à ses origines biologiques.

Organisés au sein de l’as-sociation Procréation médi-calement anonyme (PMA), les promoteurs de la levée de l’anonymat ont défendu leur cause au plus haut niveau législatif et gouvernemen-tal. Leur argumentation est imparable : de quel droit ce qui concerne l’histoire biolo-gique mais aussi la santé d’une personne (les antécé-dents médicaux des donneurs sont précieux à l’heure de la médecine prédictive) serait-il entre les mains d’un médecin

procréateur et non entre les siennes ? Devrait-on « infan-tiliser » ceux qu’on a conçus dans une forme de toute-puissance technique ? Quand on apprend que beaucoup des pionniers de l’AMP ont aussi été des pionniers du don de sperme (ne serait-ce que pour fournir la matière première à leurs expérimen-tations) on découvre que le débat ne se situe pas seule-ment entre « procréateurs » et « procréés ». Il peut aussi cacher une controverse entre des « géniteurs anonymes » et leurs enfants ! Du côté des couples ayant eu recours aux donneurs pour pallier leur infertilité, les réactions sont ambivalentes. Les parents d’Arthur ont courageuse-ment épousé son combat. Mais d’autres craignent l’ir-ruption des donneurs dans la vie de leur enfant. Les parti-sans de l’anonymat mettent en avant une « parentalité sociale » leur permettant de relativiser ou d'ignorer la « parentalité biologique ». Ils prédisent une vaste confusion des repères. Sans oublier leur crainte d’un effondrement des dons de gamètes, à partir du moment où les donneurs seraient « menacés » par la quête de leurs enfants biolo-

giques comme c’est parfois le cas aux États-Unis où le don est nominatif.

Le projet de loi annoncé par Roselyne Bachelot, ne devrait per mettre l’accès qu’à des « données non iden-tifiantes » (hérédité médicale, taille, niveau socioprofession-nel, origine géographique) et à la majorité des enfants concernés. L’ identité du donneur ne serait livrée que si ce dernier l’accepte. C’est toutefois une brèche symbo-lique qui réjouit Pauline Tiberghien, la présidente de PMA. Elle-même médecin d’AMP, elle se bat pour que le droit d’accéder à ses origines biologiques soit reconnu.

On imagine mal la recon-naissance de ce droit résoudre tout le trouble lié à l’AMP. Cette évolution pourrait même permettre de lever le couvercle sur les lourdes conséquences de l’éclate-ment de la filiation que le principe même du don de gamètes induit. C’est l’avis de ceux qui, tout en militant pour la levée de l’anonymat, considèrent que ces gamètes – du fait de leur fonction procréative – devraient être incessibles. L’État dépense l’argent du contribuable pour des campagnes appelant les Français à donner « généreu-sement » leurs gamètes. C’est une injonction immorale pour ceux qui estiment que conce-voir des êtres humains à partir de donneurs qui ne pourront pas les élever est une injustice pour tous. n

BIOÉTHIQUE

Une « parentalité sociale » permettantde relativiser la « parentalité biologique »(

L’anonymat du don de gamètes pourrait être partiellement levé. L’annonce du ministre de la Santé réjouit ceux qui dénonçaient une atteinte au droit de connaître ses origines.

Le retour du père Bio*

* bio

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Mexique :  La  Française Florence  Cassez,  condamnée à 60 ans de prison pour enlè-vements  et  qui  clame  son innocence  depuis  cinq  ans, s’est  pourvue  le  30 août  en cassation  afin  de  mettre  en évidence  le caractère  incons-titutionnel de la procédure.Belgique :  Le  président  du Parti  socialiste  francophone, Elio Di Rupo, chargé de former un gouvernement a décidé de renoncer le 29 août ; le roi lui a aussitôt confié une « mission de  la  dernière  chance » ;  les négociations  ont  de  nouveau échoué le 3 septembre. Le roi a  alors  confié  aux  présidents de la Chambre des députés et du  Sénat,  le  socialiste  André Flahaut  et  le  flamand  Danny Pieters,  du  parti  séparatiste N-VA  (Nouvelle  alliance  fla-mande), une nouvelle mission de médiation.italie :  En  visite  officielle  à Rome  le  30 août,  le  colonel libyen Kadhafi a  soulevé  l’in-dignation  en  se  livrant  à  un cours  sur  l’islam  devant  500 jeunes  femmes  recrutées  par une  agence  de  communica-tion et en affirmant que cette religion  devait  devenir  celle de toute l’Europe.iran : Paris a vivement répli-qué  le  31  août  aux  insultes proférées  à  Téhéran  contre Carla  Bruni-Sarkozy,  traitée de « prostituée » par un jour-nal  conservateur  pour  avoir pris  la  défense  de  l’Iranienne menacée de lapidation.La  France  a  demandé  le  1er 

septembre  la  libération  d’un jeune Iranien accusé d’homo-sexualité et condamné à mort dans son pays.Le  grand  ayatollah  Nasser Makarem-Shirazi  a  affirmé le  4  septembre  que  l’Holo-causte  des  juifs  par  les  nazis était  « une  superstition  des Occidentaux ».

États-unis :  L’administration a  demandé  le  1er  sep-tembre  au  tribunal  fédéral de  Washington  de  permettre la  poursuite  de  la  recherche publique  sur  les  cellules souches  embryonnaires,  le temps que le dossier soit jugé sur le fond.L’ouragan Earl avec des vents de 230 km/h (le plus fort oura-gan  aux  États-Unis  depuis 1991) a balayé le 3 novembre les côtes de Caroline du Nord où 30 000 personnes avaient reçu  l’ordre  d’évacuer,  puis  il a gagné,  en  s'affaiblissant,  le Massachussets et  la Nouvelle Écosse  (au  Canada)  où  il  n'a fait qu'une seule victime.Congo :  L’ONU  va  publier début octobre un rapport qui accuse  le  Rwanda  de  crimes contre  l’humanité  dans  la République  démocratique  du Congo entre 1993 et 2003.nouvelle-ZÉlande  :  Un séisme  de  magnitude  7  a frappé le 4 septembre la ville de  Christchurch,  deuxième ville du pays ; l’état d’urgence a  été  décrété ;  le  séisme  n’a fait que des blessés, mais il a causé  des  destructions  mas-sives  dont  le  coût  provisoire est estimé à plus d’un milliard d’euros ; c’est le plus dévasta-teur depuis 80 ans.afghanistan :  Le  président Karzaï  a  annoncé  le  4  sep-tembre la mise en place d’un Haut conseil de la paix pour des discussions avec les tali-bans.espagne :  Dans  une  vidéo remise  à  la  BBC  le  5  sep-tembre,  l’organisation  indé-pendantiste  basque  ETA  a annoncé  un  cessez-le-feu  et s’est  engagée  à  la  mise  en place  d’un  processus  démo-cratique.  Le  gouvernement espagnol  s'est  déclaré  scep-tique.

J.L.

FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010 7

Qu'est-il permis d'espérer de l'initiative du président Obama en faveur d'un règlement du conflit israélo-palestinien ? La bonne nouvelle, c'est que les États-Unis s'investissent à

nouveau, et très sérieusement, dans cette tâche réputée impossible. Inutile de rappeler les obstacles qui empêchent un accord durable entre les deux parties. Inutile d'insister aussi sur la faiblesse cruelle de Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité Palestinienne qui ne contrôle plus la bande de Gaza désormais aux mains de ses adver-saires du Hamas. Depuis l'échec du processus dit d'Oslo et la mort d'Itzhak Rabin, tout est allé de mal en pis. Un mur de séparation symbolise depuis quelques années l'incommunicabilité de deux peuples et leurs peurs réciproques.

L'ancien ambassadeur d'Israël en France, Élie Barnavi, par ailleurs historien et analyste précis de l'évolution des rapports entre Israéliens et Palestiniens, affirmait dans un débat récent avec Régis Debray que seuls les États-Unis, en la personne de leur président, avaient la possibilité de débloquer la situation. On sait bien que la survie de l'État hébreu est largement dépendante du soutien améri-cain. Et que le gouvernement israélien, fût-il le plus irréductible dans son opposition, ne peut se passer de son puissant allié et qu'il est donc contraint d'épouser avec plus ou moins de conviction sa ligne diplomatique. Mais cela n'a pas suffi jusqu'ici pour amorcer un tournant décisif.

Jusqu'où Barack Obama ira-t-il pour faire plier la détermination de Benjamin Netanyahou, un Premier ministre élu précisément en raison de son refus des concessions ? Irait-il jusqu'à la menace d'une suspension du financement et même d'un renoncement à l'alliance privilégiée sans lesquels Israël serait considérablement affaibli?

Cela ne paraît pas du tout possible. Les États-Unis n'auront d'au-torité sur leur allié que si celui-ci garde, grâce à eux, un sentiment de sécurité. Il leur faudra donc persuader les dirigeants israéliens en ne lâchant jamais la pression. Barack Obama est-il décidé à exercer cette sorte de bras de fer fraternel ? C'est en tout cas la seule chance pour un règlement possible de ce conflit apparemment sans fin. G.L.

Israël-Palestineisraéliens et palestiniens ont repris le 2 septembre à Washington leurs négociations directes sous le patronage de l’administra-tion américaine malgré le climat de violences qui règne en Jordanie où plusieurs israéliens ont été tués par le Hamas ; les dirigeants se sont mis d’accord pour se retrouver les 14 et 15 septembre, puis toutes les deux semaines.

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n MgrGaucher,votrebiographiedesainteThérèsedeLisieuxvientdesortiren librairie. Ilenexis-taitdéjàdesdizaines,pourquoienavoirécritunenouvelle?

D’abord je vous ferai remarquer que s’il en existe des dizaines depuis longtemps, il n’y en a en fait que peu parmi tous les livres sortis récemment sur Thérèse.

D’autre part, j’ai travaillé en équipe pen-dant des années à l’édition critique des œuvres complètes de Thérèse, dite Édition du Centenaire. Par ce travail de recherche qui a commencé en 1969, avec l’aide de Sr Cécile du carmel de Lisieux, la documentation sur Thérèse s’est beaucoup renouvelée et préci-sée. En 1981 j’avais publié Histoire d’une vie, une biographie en livre de poche et déjà, à ce moment-là, le Père Bernard Bro, alors direc-teur des éditions du Cerf, m’avait dit : « Un jour il faudra faire une biographie historique qui tienne compte de tout cet apport du tra-vail aux archives. » Voilà qui est donc fait et j'espère que même certains bons connaisseurs de Thérèse y trouveront matière à surprises ou renouvellement de certaines perspectives.

DOSSIERTHÉRÈSE DE LISIEUX

8 FRANCECatholique n°322510 septembre 2010

Une histoire revisitéeVoilà plus d'un siècle qu'on attendait une « vie » complète de Thérèse de Lisieux ; il sera difficile de faire plus complet que l'ouvrage au service duquel Mgr Guy Gaucher a mis sa connaissance encyclopédique de Thérèse et son talent de conteur. Cet ouvrage nous faire découvrir le visage de l'Église française au XIXe

siècle, mais, surtout, le court et pourtant si riche chemin de vie de Thérèse nous est raconté par le menu. Pas d'interprétation spirituelle ou psychologique, mais des faits, des événements majeurs aux petites anecdotes : un portrait en haute définition.Peut-être certains s'étonnent-ils de tant d'enthousiasme pour une biographie détaillée. C'est que Thérèse n'est pas un sujet historique comme les autres : chez elle, le message se confond avec l'existence, elle qui sut voir dans chaque événement de sa vie une théophanie. Elle a ainsi ouvert la voie à une nouvelle forme de théologie, la théologie des saints, qui étudie une vérité non systématique ou conceptuelle mais incarnée en ceux-là mêmes qui connaissent Dieu le plus intimement. D'où la valeur de cette rencontre approfondie avec « la plus grande sainte des temps modernes ».

Mgr Guy Gaucher, Sainte Thérèse de Lisieux : Biographie, 1873-1897, Cerf-Histoire, 693 p., 29 €.

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n Cetouvrageestdoncpresqueletravaildetouteunevie…

C’est pendant plus de vingt-cinq ans que je me suis engagé dans cette entreprise formi-dable pour cette édition qui est devenue celle du Centenaire, avec toute une équipe. Mon dernier livre est donc aussi le résultat de toutes ces années où nous avons été « plongés » dans Thérèse. Ses écrits sont toujours liés à des évé-nements, ceux de sa vie en famille, de la vie du carmel, et les connaître éclaire d’une manière particulière son œuvre. Un exemple : quand elle écrit la dernière partie de la future Histoire d’une âme, le Manuscrit C, elle s’apprête à mourir de tuberculose, donc il faut lire ce texte dans cette perspective. Pour autant, je n’ai pas fait ce livre uniquement pour les thérésiens chevronnés, mais plutôt pour un grand public qui s’intéresse à l’histoire de Thérèse.

n Oùensontlesétudesthérésiennes?

D’une part de nouveaux ouvrages sur Thérèse sortent sans arrêt, en France comme dans le reste du monde. Les approches sont

diverses : études historiques, théologiques, spirituelles, psychologiques, psychanaly-tiques, médicales, et récemment les études de M. Langlois ont inauguré une approche linguistique du corpus thérésien. Par ailleurs, les thèses dans les universités se multiplient depuis que Thérèse a été proclamée Docteur de l’Église en 1997. Et puis on a réalisé à Lisieux un vieux rêve : il y a dans le monde cinquante congrégations religieuses nées de la spiritualité de Thérèse comme, en France, les Oblates de Sainte Thérèse. Ces communautés, qui comptent chacune plusieurs centaines de religieux et religieuses, demandaient depuis longtemps qu’on les aide à mieux connaître Thérèse. Depuis trois ans nous organisons donc des sessions intensives de formation à Lisieux, avec pour but de former des formateurs et des formatrices. Cette année encore, une quaran-taine de personnes sont venues de douze pays, fidèles depuis trois ans.

n Commentavez-vousrencontréThérèse?

Vu mon âge il faut résumer ! Bien que catholique, je n'étais pas du tout intéressé

FRANCECatholique n°322510septembre 20109

Une histoire revisitéepropos recueillis par Hélène MONGIN

Les thèses dans les

universités se multiplient depuis que 

Thérèse a été proclamée Docteur

de l'Église

D.R.Mgr Gaucher présentant son nouveau livre.

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par Thérèse lorsque j'avais vingt ans. Puis en Sorbonne j'ai préparé mon diplôme d'études supérieures sur Bernanos. Lui, me passionnait : un chrétien de grande envergure qui nous chan-geait des ambiances de sacristie et de tout un monde, y compris de ce monde rose bonbon que symbolisaient parfois les statues de Thérèse. Et dans le Journal d'un curé de campagne, j'ai découvert à ma grande stupeur que Bernanos était un grand thérésien, alors je suis passé de Bernanos à Thérèse. J'étais alors au séminaire, et après avoir été cinq ans prêtre à Paris, je suis entré au carmel, et puis je me suis immergé dans ces Éditions du centenaire sans que je l'aie recherché. Enfin je me suis retrouvé évêque auxiliaire de Lisieux pendant dix-huit ans ; tout cela fait une longue histoire avec Thérèse.

n VousparlezdecetteimagerosebonbonquicolleàThérèse,maisvousquilaconnaissezbien,com-mentladécririez-vousenquelquesmots?

On ne peut enfermer en quelques adjectifs cette femme à la fois simple et complexe. Ce qui me frappe, et ce dont tous ceux qui l'ont connue ont témoigné, c'est la force qui la caractéri-sait. Ce n'est pas ce à quoi on pourrait penser de prime abord et pourtant je pense que c’est vrai : la force de l’amour, la force de la passion pour Jésus. Elle a suivi le Christ jusqu’au bout. Pour cela, il a fallu qu’elle surmonte toutes ses difficultés, ses blessures de l’enfance : la mort de sa mère, le départ de ses sœurs… Mais dès la nuit de Noël 1886 où elle les surmonte, elle commence à 14 ans « une course de géant », selon ses propres termes, avec une puissance absolument étonnante. Donc évidemment ça n’a aucun rapport avec les idées qu’on peut se faire d'elle a priori en voyant la Thérèse fade des sta-tues ou de beaucoup d'images. Comparez avec ses photos.

n Qu’est-cequeThérèseaànousdire?

Thérèse nous ramène toujours à l’Évangile. Elle disait à la fin de sa vie qu’il n’y avait plus que ce livre-là dans lequel elle puisait sa prière, sa marche, car Thérèse avance spirituellement en lisant les événements de sa vie à la lumière de la Parole de Dieu. Elle cite souvent ce ver-set du psaume 118 : Ta parole est une lumière qui éclaire mes pas. C’est vraiment universel,

nous avons tous besoin dans notre cheminement d’être alimentés par la Parole. Et puis sa voie de confiance et d’amour est le résumé de tout ce que le Seigneur veut faire en nous, lui qui nous aime le premier, rencontre notre faiblesse, nos misères et nos péchés : Thérèse nous apprend qu'ils ne doivent pas être une raison pour se décourager. Au contraire ils vont être une raison pour « son audacieuse confiance », comme elle dit, de s'abandonner au Seigneur dans toutes les situations. C'est cela, vivre en enfant de Dieu, c’est la vie filiale de l’Évangile ; sa petite voie est donc pour tous.

n Etmaintenantquelssontvosprojets?

Je suis à la retraite, et après quatre ans pour écrire ce livre, je me repose un peu. Mais je suis souvent demandé pour animer des retraites, je viens d’en prêcher une dans le diocèse de Coutances pour les prêtres. J'en prêche aussi dans les séminaires car Thérèse tient une place importante dans la formation des prêtres, elle qui est Docteur de l’Église. Elle a prié pour les prêtres, a donné sa vie pour eux. Et puis je par-ticipe parfois à des colloques, et on me demande maintenant de plus en plus de parler des parents Martin, béatifiés par l'Église en 2008 et qui pas-sionnent les couples et les familles. Rajoutez à cela quelques articles pour des revues, et vous verrez que je ne suis pas encore au chômage.

n LemotdelafinavecThérèse?

Cela paraît banal de dire « Tout est grâce » et pourtant… Pour moi qui viens de franchir le cap des 80 ans, quand on se retourne sur sa vie et toutes ses aventures, oui, on peut dire que tout est grâce. Ce n'est pas un mot facile à dire parce que dans « tout » il y a tout ! C'est-à-dire les joies comme les épreuves mais on voit quand même que le Seigneur a mené les choses, et on rend grâce. Un peu comme Thérèse qui dans son autobiographie « chante les miséricordes du Seigneur » : alors qu’elle n’a que 24 ans, elle peut relire sa vie à la lumière de l’Amour miséricordieux. Ce « Tout est grâce » est un mot ultime, elle le prononce pratique-ment à la fin de sa vie, tout comme le curé de campagne de Bernanos au moment de sa mort. Voilà vraiment un mot d’une très grande pro-fondeur. n

« Tout est grâce », ce n'est pas un mot facile à dire parce que dans« tout »

il y a tout !

10 FRANCECatholique n°322510 septembre 2010

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Voilà huit ans et demi que j'ai quitté le secrétariat de l'Épiscopat à Paris pour devenir recteur du Sanctuaire de Lisieux ; le temps passe très vite, car j'y vis des choses

passionnantes. Hier, avant 2002, je partageais le souci de l'ensemble des évêques de France, aujourd’hui je continue d’approcher l'en-semble de la vie de l'Église par le regard de Thérèse et son rayonnement interna-tional. Lisieux reste pour moi un lieu d'apprentissage, dont le contenu pourrait être résumé par le titre du document qui a fait Thérèse Docteur de l'Église : "La science de l'amour de Dieu". Il me semble que je suis ici comme dans un laboratoire de cette science qui est d’observer et collaborer aux réalisations de l’amour de Dieu.

Pendant ces années, j'ai souvent accompa-gné depuis Lisieux la pérégrination des reliques de Thérèse, à travers le monde : Liban, Île de la Réunion, Bénin, Burkina Faso, Pologne, Irlande, Angleterre, Philippines, Canada, Syrie… Ces voyages ont mis en relief la dimension pastorale de l’action de Thérèse, dans sa collaboration à la Mission de l'Église.

Ce qui a peut-être le plus marqué mon rec-torat, c’est toute l’attente de la béatification des parents de Thérèse, Louis et Zélie. Son déroule-ment le 19 octobre 2008 en a été le plus grand événement. Le préparer a été une école d’endu-rance et de patience ! Mais ensuite, s’est posée la question : « Qu'allons-nous faire avec cette béa-tification ? » Il ne s’agit pas de lancer un produit,

mais d’accompagner un nouveau surgissement. Ce couple nous entraîne à la sainteté : il passe son ciel à faire du bien sur la terre, tout comme sa fille, et il nous appelle à l’aider. Découvrir leur

vie, les prier, c’est se sentir envoyé en mission. Je ressens très fort cet appel, et j’y investis beaucoup de mes forces. Si Thérèse a vécu sa mis s ion en tant que carmé-lite et témoigne de la place de la vie contempla-tive, Louis et Zélie sont situés d’une autre manière, à travers la vie de famille qu’ils ont vécue. Nous le percevons ici : ils

éclairent leurs joies, les peines, les attentes, les épreuves des familles … Et il y a aussi bien des émerveillements, par exemple la naissance de plusieurs petites Zélie, de petits Louis…

Il y a aussi le quotidien, l’inattendu, l’impré-visible. Ainsi des appels téléphoniques, le soir ou le dimanche après-midi… avec des personnes qui viennent crier leur détresse en demandant l’intercession de Thérèse. Il s’agit d’un tout autre registre que l'aide psychologique. Je les confie à Thérèse : puisque c’est elle qui les envoie, qu’elle continue à faire le travail !

Avec cela, il ne m’est pas facile de souffler un peu ! J’ai dû changer de rythme ; quand j’étais à Paris, du vendredi 17h au lundi 9h, j’étais tran-quille, tandis qu’ici on n’arrête pas. C’est 7 jours sur 7 qu’il faut être sur le terrain !

La dimension pastorale de l'action de 

Thérèse

FRANCECatholique n°322510septembre 201011

Mgr Bernard Lagoutte, recteur de la basilique de Lisieux.© HÉLÈNE MONGIN

TÉMOIGnaGE DU RECTEUR DE LISIEUX

Le sanctuaire de Thérèseau quotidien

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12 FRANCECatholique n°322510 septembre 2010

Parmi les 700 000 pèlerins que nous accueillons chaque année à Lisieux, il y a une très grande variété ! Il y a les thérésiens che-vronnés, qui connaissent bien les textes, les faits et les lieux de sa vie. Il y a aussi beaucoup de thérésiens "de tradition" : c'est par leur papa ou leur maman qu'ils ont "appris" Thérèse et ils lui

gardent une grande confiance. Certains parmi eux ne connaissent pas beaucoup Thérèse, mais ils se réfèrent à une action marquante de Thérèse dans leur famille, le souvenir d’une histoire fami-liale ou personnelle. Ceux-là sont un peu des inconditionnels.

Il y a également une population très impo-sante de « pauvres », au niveau matériel ou psy-chologique. Ils viennent à Lisieux et nous les accueillons en témoignant de la Miséricorde telle que Thérèse l’a vécue. Et il y a beaucoup de surprises, comme ce couple rencontré qui déses-pérait d’avoir d'enfant et qui revient un an plus tard, avec une petite fille dans les bras.

Il y a aussi tout un ensemble de gens qui viennent par curiosité. La basilique attire les foules, comme un drapeau planté sur Lisieux. C’est un lieu qui parle. Ainsi beaucoup gravissent le dôme comme d’autres montent à la tour Eiffel, mais ils découvrent alors plus qu’une construc-tion : pourquoi ce lieu ? quel est son sens ? com-ment une telle entreprise a-t-elle été réalisée ? Cela peut être le point de départ d’une magni-fique catéchèse.

La basilique elle-même reste un chantier : chaque année nous y faisons de grands tra-vaux de rénovation. Les ouvriers qui les réalisent sont eux-mêmes étonnés. L’un d’entre eux m’a dit : « Mais vous continuez de la construire ! » C’est vrai, elle n’est pas finie. Je rejoins là une conviction du premier recteur, Mgr Germain, constructeur de la basilique : « L’important est de construire la basilique spirituelle. » Et je le rejoins à travers les soucis des chantiers et leur finan-cement. Je ne suis pas l’artisan d’une entreprise immobilière ou économique, je suis au service d’une Mission.

La perception de l’Église qu’on a à Lisieux est dynamisante. Elle peut donner le change, faire illusion, car si on entend parler ailleurs de la diminution du nombre de prêtres et d’églises qui ferment, ici nous vivons le contraire à travers des liturgies vivantes, des grands rassemblements, un va et vient continuel sur le site de la basilique ou au carmel…

Avec Thérèse, nous ne sommes pas dans le passé, nous la rencontrons au présent. Elle conti-nue aujourd'hui encore de faire rayonner Jésus, de L’aimer et de Le faire aimer. Lisieux n'est pas un musée nostalgique, ni un lieu de reconsti-tution historique, comme ces sites où l'on fait revivre avec beaucoup d’ingéniosité le passé ; on est dans le vif de la vie de l'Église. Thérèse parle au présent. n

Une semaine de grâces à ParisLa chapelle Sainte-Thérèse, des Apprentis d’Auteuil à Paris, organise une Semaine thérésienne du 25 septembre jusqu’à la fête de la sainte, le 1er octobre. Cette chapelle, située au cœur du XVIe arrondissement, est le premier sanctuaire au monde dédié à la sainte, et abrite en permanence des reliques de la sainte.Durant une semaine, de nombreux temps forts sont proposés afin que chacun puisse recevoir une pluie de grâces. Cette « pluie de roses » promise par sainte Thérèse. Des conférences données par Mgr Jean Laffitte du conseil Pontifical de la Famille, le Père Marie-Michel du Carmel de Marie Vierge Missionnaire, Sœur Emmanuelle de la communauté du Verbe de Vie, des soirées de prière, soirée pour les Jeunes, temps de prière pour les malades et pour ceux qui souffrent, un spectacle musical « Témoins de la miséricorde avec Thérèse », un temps d'accueil et d'écoute chaque jour…La Semaine Thérésienne est un rendez-vous privilégié pour qu’adultes et jeunes puissent rencontrer Thérèse et lui demander quelques roses.www.semainetheresienne.org

D.R.

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FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010 13

CORÉE DU NORD En visite dans le Nord de la Chine, du 26 au 30 août dernier, le président de la Corée du Nord, Kim Jong-il, a fait une brève visite de la cathédrale catholique de Jilin, accueilli par le curé. On s'interroge sur le sens d'une telle démarche chez le dirigeant d'un pays où la persécution antireligieuse est une des pires au monde.

ISRAËL Le président israélien Shimon Peres a rencontré Benoît XVI, le 2 septembre 2010, à Castel Gandolfo. Les deux hommes ont évoqué les négociations directes israélo-palestiniennes entre Benjamin Netanyahou et Mahmoud Abbas qui se sont ouvertes le même jour à Washing ton sous l'égide du président Obama, du roi Abdallah de Jordanie, du prési dent égyptien Hosni Mou barak et de l'ancien Premier mi nistre britannique Tony Blair.

ESPAGNE Les missionnaires de l’archidiocèse de Madrid, actifs dans 91 nations des cinq continents, sont actuellement 1 261 et appartiennent à 158 instituts et congrégations religieuses, outre le clergé de l’archidiocèse de Madrid. Selon les chiffres récemment publiés par le “Consejo Diocesano de Misiones”, les religieuses missionnaires madrilènes sont 646 et appartiennent à 99 congrégations, les religieuses cloîtrées sont 13, de 5 congrégations, les religieux sont 311, de 40 instituts, les membres du clergé diocésain sont 95 et du clergé religieux 196 (de 14 congrégations). Le plus grand nombre de missionnaires madrilènes (887) se trouvent en Amérique, où ils sont présents dans 23 pays (le Pérou est au premier rang, avec 119 missionnaires, suivi par le Venezuela, les États-

Unis, le Chili, la Colombie). Au second rang, l’Afrique, où travaillent 211 missionnaires, dans 33 pays : en République Démocratique du Congo (31), en Angola (24), en Guinée Équatoriale (23), au Mozambique (18). En Europe, les missionnaires madrilènes sont 58, répartis dans 18 pays, dont la France (9) et le Portugal (8), puis le Kazakhstan, l’Autriche et l’Italie (5). En Asie 93 missionnaires travaillent dans 15 pays : le Japon (23), les Philippines (18), l’Inde (17). Enfin 12 missionnaires de l’archidiocèse de Madrid sont présents en Océanie : 10 en Australie et 2 à Guam (Micronésie).

(SL) (Agence Fides 31/08/2010)

SEXUALITÉ La revue Initiales (Service national de la catéchèse et du catéchuménat) a édité un numéro spécial de 80 pages consacré à la sexualité et destiné aux adolescents de 13 à 18 ans. Il est accompagné d'un DVD.

PAKISTAN Caritas-international a lancé un appel à des femmes-médecins urgentistes pour soigner des femmes pakistanaises dans le contexte des inondations qui ont fait 17 millions de déplacés… Les médecins de sexe masculin seraient souvent refusés par les familles « pour des raisons culturelles ».

PAKISTAN L'agence Fides a rapporté, dans une dépêche du 31 août, que Khokha-rabad, un village chrétien dans les environs de Multan, au Sud de la province du Punjab, dans le centre du Pakistan, a été détruit par des inondations qui auraient été volontairement déviées vers le village par un système de digues, à la demande de propriétaires terriens

musulmans de la région : Le village entier a été balayé par surprise, il y a au moins 15 morts, et 377 réfugiés chrétiens se sont retrouvés sans toit et leurs récoltes ont été détruites. Taj Masih, l’un des responsables du village, a déclaré : « C’est un acte inhumain. Notre vil lage a été inondé exprès. » Les autorités nient le carac tère volontaire du dramatique accident.

MEXIQUE L’Église catholique au Salvador a condamné le massacre survenu dans une zone rurale de l’État mexicain de Tamaulipas, où 72 migrants venant du Centre et du Sud de l’Amérique, dont au moins 12 Salvadoriens, ont été tués (cf. dépêche de l'agence Fides du 27/08/2010), victimes de la guerre des gangs mexicains qui vivent du trafic de la drogue et du racket des immigrants illégaux vers les États-Unis - Il y au rait 11 millions d'illégaux aux États-Unis. L’archevêque de San Salvador, Mgr José Luis Escobar Alas, dans sa conférence de presse du dimanche 29 août a affirmé : « Il faut préciser que nos frères sont en permanence victimes d’abus, d’injustices, de vio-lence : on ne peut continuer ainsi. » L’archevêque a demandé aux gou-vernements du Salvador et du Mexique d’enquêter sur le tragique événement pour que justice soit faite, et en même temps a exprimé sa solida rité aux familles des victimes.

AFRIQUE DU SUD La conférence des évêques catho-liques sud-africains a publié le 28 août un com mu niqué pour condamner un projet de loi du gouvernement sur les médias qui restreindrait fortement la liberté de la presse au nom d'une notion exagérée de la protection de la sécurité nationale.

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lectures

14 FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010

24e semaine du temps ordinaire

XXIVe Dimanche1. Jésus qui prend sur lui le péché des hommes, qui accepte d’être frappé à leur place (lecture du livre de l’Exode).➤ Adorons l’Agneau immolé pour le péché des hommes.Point spi : ne nous disculpons pas en accusant les autres.2. Jésus dont la grâce toute-puissante vient rejoindre le pécheur endurci (lecture de la première lettre de saint Paul à Timothée).➤ Adorons le Rédempteur miséricordieux qui vient au secours de notre misère.

Semaine du « cœur sans partage » dans l’élan de la Croix glorieuse par le Père Michel Gitton

C’est saint Paul qui le dit, pour parler de ce temps où il persécutait les chrétiens, en s’excusant sur son ignorance d’alors : bien sûr que le Seigneur

lui a pardonné, parce qu’il ne savait pas (tout à fait) ce qu’il faisait.

Mais à la réflexion, la formule a de quoi surprendre. Saul (car c’est ainsi qu’il s’appelait à l’époque) n’était pas sans foi, c’était un pieux israélite, qui essayait d’être fidèle à la Loi et qui croyait donc au Dieu unique, même si son zèle n’était pas toujours éclairé. Comment peut-il rétrospectivement dire une chose pareille ? Faudrait-il en conclure qu’il y a une « foi juive » et à côté d’une « foi chrétienne », comme on parle de « foi musulmane », prenant là le mot foi au sens d’un système de croyances correspondant à une confession religieuse ? Saint Paul n’emploie certainement pas le mot en ce sens, qui ne se rencontre d’ailleurs nulle part dans le Nouveau Testament, et qui n’est qu’un affaiblissement moderne du sens de la foi. Dans l’écriture et la tradition de l’église, celle-ci n’est jamais qu’une seule chose :

l’adhésion sans réserve à Dieu tel qu’il s’est révélé à travers l’histoire de son peuple et celle de Jésus.

Saint Augustin a justement fait remarquer que c’est une chose de dire que l’on croit que Dieu existe, qu’il est tel et tel, et de dire que l’on croit en Dieu qui est tel et tel. La foi est une adhésion à une personne vivante que l’on a reconnue et à qui on a confié toute sa vie, elle n’est pas d’abord l’acceptation d’une doctrine ou d’un ensemble de croyances, mais celle-ci vient tout de suite après, pour garder nette la trace laissée par la rencontre où on a accepté de rendre les armes à la Vérité. Celui qui se révèle à nous arrive porteur d’une lumière décisive sur Dieu et sur l’homme, qu’il n’est pas question de négliger. En ce sens, il n’y a de foi complète que dans la rencontre de Jésus qui nous révèle l’ultime secret de Dieu (son être trinitaire) et le fond de son projet sur nous, l’église étant là comme le moyen de transmission par lequel il a décidé de nous atteindre.

Ce n’est pas dire qu’une telle foi n’était pas déjà en germe dans l’Ancien

Testament. D’Abraham on nous dit qu’il « eut foi dans le Seigneur, et pour cela le Seigneur le considéra comme juste » (Genèse 15,6). Mais précisément la foi d’Abraham va plus loin que la circonstance présente, elle ne s’arrête pas à ce qu’il a compris de l’être divin, elle est ouverte sur un avenir qui ne peut être que la Résurrection, c’est pourquoi le Christ peut dire : « Abraham, votre père, a exulté à la pensée de voir mon Jour : il l'a vu et il a été transporté de joie » (Jean 8,56). Cela revient à affirmer qu’il n’y a de foi (en ce sens-là) que chrétienne, c’est en tout cas ce qu’a l’air de dire saint Paul.

Il faut revenir sur le lien si particulier qui existe dans le christianisme entre le dogme et la mystique. Notre attachement à Jésus est d’abord le fait d’une rencontre personnelle, c’est lui qui a touché notre cœur et nous a révélé son visage. Mais, dans la mesure où il est la Vérité, en l’accueillant nous recevons par le fait même tout ce qu’il a à nous dire, nous faisons fond sur sa Parole fidèlement transmise par l’église, nous adhérons de toute notre intelligence à ces lumières qui nous viennent de lui et jettent des flashs étonnants sur toutes nos questions essentielles.

C’est cela la foi. Soyons fiers de l’avoir reçue, d’y avoir été gardés. Mais travaillons pour la faire grandir ! n

Dimanche 12 septembrePremière Lecture : Exode 32.7-11, 13-14Psaume 51.3-4, 12-13, 17, 19Deuxième Lecture : 1·Timothée 1.12-17Évangile : Luc 15.1-32 ou 15.1-10.

15. 1 On voyait tous les collecteurs de l’impôt et les pécheurs s’approcher de Jésus pour l’écouter. 2 Les Pharisiens et les maîtres de la Loi s’en plaignaient : « Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »La brebis perdue3 Aussi Jésus dit-il à leur intention cette parabole : 4 « Imaginez que l’un d’entre vous possède 100 brebis, et il en a perdu une. Est-ce qu’il ne va pas laisser les 99 autres dans le désert, et courir après celle qui s’est perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve ? 5 Quand il l’a retrouvée, il la met tout joyeux sur ses épaules et, 6 rentré chez lui, il rassemble amis et voisins et leur dit : ‘Partagez ma joie, car j’ai retrouvé ma brebis perdue !’7 Je vous le dis : Il y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de se repentir.8 « Si une femme a dix pièces d’argent, et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison et chercher soigneusement jusqu’à ce qu’elle la trouve ? 9 Et quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et voisines et leur dit : ‘Partagez ma joie, car j’ai retrouvé la pièce que j’avais perdue !’ 10 De même, je vous le dis, on est tout joyeux chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. »

24e dimancHe ordinaire (année c)par le Père Michel Gitton

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« Je n’avaispas la foi »

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lectures

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24e semaine du temps ordinairePoint spi : ne désespérons pas du salut des hommes les plus mal partis.3. Jésus qui remet dans le cœur du fils prodigue le désir de repartir vers la maison paternelle (évangile selon saint Luc).➤ Adorons le vrai Fils qui remet son frère égaré sur le chemin.Point spi : n’ayons pas peur de nous mettre au coude à coude avec nos frères victimes de leurs mauvaises habitudes.

Lundi : Le Serviteur du Centurion, ou la Croix dans l’obéissance(Luc 7, 1-10)1. Jésus qui obéit aux hommes, qui se met en marche quand on l’appelle, qui reste à la porte si on le lui demande.➤ Adorons le Dieu qui a voulu avoir une histoire avec les hommes, qui s’est mis à leur pas et a subi les contrecoups de leurs fluctuations.Point spi : Soyons soumis les uns aux autres « avec grand empressement d’amour » (saint Benoît).2. Jésus qui s’incline devant la foi du Centurion, qui sait apprécier la façon qu’il a de reconnaître une vraie supériorité.➤ Adorons le Dieu qui sait admirer, qui s’émerveille devant la foi.Point spi : Sachons apprécier les qualités de ceux qui ne nous ressemblent pas.3. Jésus qui commande en maître à la maladie, qui exerce sa suprême maîtrise, sous le regard du Père des cieux.➤ Adorons le Fils obéissant qui agit avec pleine autorité dans la maison du Père.Point spi : Sachons que nous serons obéis dans la mesure où nous nous ferons obéissants.

Mardi : Fête de la Croix Glorieuse, elle qui nous ouvre le ciel(Jean 3, 13-17)1. Jésus qui nous partage la fierté de Sa croix, qui nous croit capables de nous réjouir avec lui de la Victoire obtenue par elle.➤ Adorons Jésus couronné de gloire et d’honneur, entouré des anges portant les trophées de la Passion.Point spi : Portons avec joie le signe de notre appartenance au Christ.2. Jésus qui nous ouvre, avec Sa croix, à l’intelligence de Ses desseins, qui nous dévoile par elle « la hauteur, la largeur, la profondeur… ».

➤ Adorons Jésus, Alpha et Omega, Jésus qui dans Sa Passion, donne un sens à toute la création.Point spi : Pourchassons nos restes de paga­nisme : pas de beauté sans la Croix de nSJC !3. Jésus qui nous apprend à « prendre » notre Croix, et ensuite à la porter coura-geusement.➤ Adorons celui qui, en nous confiant la Croix, en porte la plus grande part avec nous (« con-jux » !).Point spi : ne comparons pas notre croix avec celle des autres pour nous plaindre.

Mercredi : la Compassion de Marie (« Notre Dame des sept douleurs »)1. Jésus qui associe Marie à sa mission de Rédempteur.➤ Adorons le nouvel Adam qui associe la nouvelle Ève à son grand « travail ».Point spi : Méditons avec Marie les mys­tères douloureux.2. Jésus qui, en préservant Marie de la mort et de la dégradation, ne l’a pas éloignée de sa croix, qui lui a permis d’y être présente jusqu’au bout.➤ Adorons Celui qui donne à chacun une part unique à Son œuvre.Point spi : Demandons l’honneur de ne pas détourner notre regard de la Sainte Croix.3. Jésus qui prolonge dans son église la compassion de Marie, qui lui permet de se pencher sur toutes les souffrances des hommes.➤ Adorons l’époux qui confie à son épouse toutes les âmes blessées.Point spi : Demandons de ne pas passer à côté des cœurs broyés sans essayer de les consoler.

Jeudi : Jésus prenant le risque de la miséricorde, ou la Croix de l’amour gratuit (Luc 7, 36-50)1. Jésus qui accepte de se compromettre, de se laisser approcher et même toucher par le premier venu.➤ Adorons le Verbe qui s’est vraiment fait chair pour relever notre chair déchue.Point spi : ne fermons pas les portes, sachons deviner les attentes.2. Jésus qui n’accepte pas l’étroitesse de cœur, l’assurance des bien-pensants, le mépris.➤ Adorons le Miséricordieux, allant à l’extrême du don pour celui qui est enfoncé dans sa misère.Point spi : ne nous associons pas aux juge­ments que l’on colporte, aux réputations que l’on abîme.3. Jésus qui a vu l’amour, la confiance, l’espérance dans les yeux de cette femme.

➤ Adorons le Dieu-Amour qui sait repérer la seule vraie richesse dans le cœur des hommes.Point spi : Protestons à Jésus que, malgré tout, nous l’aimons…

Vendredi : Le groupe des Saintes Femmes, ou la nouveauté introduite par la Croix (Luc 8, 1-3)1. Par son amour rédempteur, Jésus a « tué la haine », la vieille rivalité entre les sexes, les accusations mutuelles, la volonté de puissance.➤ Adorons l’époux aimant et délicat.Point spi : Assumons ce que nous sommes, hommes et femmes, pour la plus grande gloire de Dieu !2. Par sa conduite pleine de respect et de liberté, Jésus libère les vies trop longtemps asservies à des conventions, à des contraintes et des préjugés.➤ Adorons le chef de Chœurs qui en-traîne autour de lui le ballet gracieux de son église.Point spi : Apprenons à reconnaître avec joie les dons que Dieu a faits à nos frères et à nos sœurs.3. Dans son audace, Jésus offre à cer-tains (certaines) l’espace d’une chasteté complète « pour le Royaume », la joyeuse audace d’une vie donnée complètement.➤ Adorons le Maître qui peut tout nous demander.Point spi : quelle que soit notre vocation, vivons­la sans concession.

Samedi : La parabole du grain ou l’audace de la Croix (Luc 8, 4-15)1. Jésus grain dépensé en pure perte, gâché à 75 % pour un profit aléatoire.➤ Adorons le Dieu qui se risque à jouer avec nous.Point spi : ne mesurons pas trop l’usure de nos forces quand il s’agit de servir.2. Jésus grain tombé en terre, enfoui, « mort » aux yeux du monde mais qui ne reste pas seul.➤ Adorons Celui qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix.Point spi : Acceptons l’inutilité de nos démarches quand il s’agit de toucher le cœur de nos frères.3. Jésus grain broyé, mêlé à la pâte, pour la faire lever.➤ Adorons Celui qui s’est fait tout petit, presque indiscernable dans la masse, pour entraîner l’humanité entière.Point spi : ne défendons pas notre petit moi, même quand il est incompris ou calomnié. n

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les animaux dans les évangiles - 4

par Tugdual DERVILLEdessins de Didier TIphaInE

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J'avais rencontré Alix à Nice, le mois dernier, et j'avais échan-gé quelques mots avec elle sur son dernier livre. Non, elle ne connaissait pas mes amis

Léonard et Élisabeth qui tiennent le relais Saint-Jacques à Estaing, en Avey-ron, justement considéré comme l'un des plus beaux villages de France. Elle n'avait pas pris cette route-là, la dernière fois, celle où elle avait voulu entreprendre l'itinéraire en entier, depuis ses bords de Loire, choisissant de passer par Bordeaux (Saint-Jean-d'Angely, Dax, Saint-Jean-Pied-de-Port, Roncevaux et ensuite « plein Ouest jusqu'à la mer »). Mais je n'avais pas encore lu son livre. Or j'avais envie de réfléchir un peu plus sur le pèlerinage de Saint-Jacques, à cause d'un article paru dans Esprit en février et à quelques relations qui donnaient une curieuse impression, du style ésotérique, à pro-pos des marcheurs et de ce qu'ils ont dans la tête.

Je me suis donc plongé dans le récit d'Alix qui m'a d'abord diverti, amusé - elle a beaucoup d'humour - puis instruit sur les marcheurs (et les marcheuses). Bien sûr, il faut une sorte d'appel pour quitter son chez-soi, ses habitudes et prendre la route, en sachant qu'on va

un peu en baver, avec des pieds en mar-melade et des dos douloureux. Il faut être disposé à l'aventure, sans regarder en arrière et sans trop vouloir s'arrêter – c'est dangereux, car « ça coupe l'élan sans reposer vraiment ». Mais ceux qui ont reçu cet appel n'en ressemblent pas moins à nos contemporains. Il ne faut pas croire qu'ils sont plus spirituelle-ment doués, mieux instruits religieu-sement, ni même qu'ils partent avec la volonté explicite de découvrir la foi. Peut-être sont-ils (ou sont-elles) com-plètement paumés. Sans guides parti-culiers, ils peuvent développer de drôles d'idées à mille lieues de la plus élé-mentaire orthodoxie chrétienne. Alix de Saint-André le sait bien, qui cite, dès le début, un poème anonyme du XIIIe

siècle, qui montre que, même dans un âge réputé chrétien, les pèlerins appar-tenaient à toutes les nuances possibles.

« La porte est ouverte à tous,Aux malades et aux bien portants,Pas seulement aux catholiques,Mais aussi aux païens, aux juifs, aux hérétiques,Aux oisifs et aux vains,En bref, aux gens de bien et aux pro-fanes. »

Que dire huit siècles plus tard ? Il y en a pour tous les goûts sur les chemins de Saint-Jacques, et les bons chrétiens ne sont pas la majorité. Les portraits dessinés par Alix de Saint-André, au gré de ses rencontres, ne corres pondent pas à une typologie pré-cise des pèlerins. Ils viennent de tous les horizons, de toutes origines, et leurs histoires sont toujours différentes. Leur dénominateur commun ? Faire la route. Dans quel but ? Rompre avec leur vie

ordinaire, se mettre en quête de... soi-même. Nullement évident. Très souvent, le pèlerinage semble évoquer l'auberge espagnole où on ne reçoit que ce que l'on apporte.

Et trouver une logique dans ces univers intimes relève de l'aléatoire ou du chimérique. D'ailleurs, la chère Alix n'a heureusement pas composé un compendium sociologique, ni même esquissé une réflexion générale sur Compostelle dans la tête des gens. En nous livrant son journal de bord, elle n'a pas d'autre intention que de distiller ses impressions au jour le jour, en se don-nant d'abord la parole.

Au milieu des autres marcheurs, elle est un peu la catholique de référence, docile à toutes les prescriptions, pré-sente aux offices et aux bénédictions, ravie d'accomplir les ultimes gestes au tombeau de l'apôtre : embrasser sa statue, s'agenouiller devant la tombe, se cogner la tête contre le pilier de l'ange. Assister enfin, si l'arrivée coïn-cide avec une grande fête comme celle de l'Assomption de la Vierge, à l'envol du Vita fumeiro, « cet énorme encen-soir en argent tracté par six ou huit bonshommes, qui se balance au travers de la cathédrale jusqu'au toit dans des volutes d'encens, étreignant le cœur des pèlerins épuisés dans une émotion grande comme une joie de l'enfance ! ».

Oui, mais même Alix n'est pas sûre de sa foi, en dépit de tout ce qu'elle a reçu dans sa famille et durant son édu-cation. Celle-ci, il est vrai, a été mar-quée par un conflit avec les religieuses de son établissement. Elle a drôlement raconté cela dans un roman publié chez Gallimard, collection série noire (L'Ange et le réservoir de liquide à frein). En ce sens, elle est assez représentative de sa génération post-soixante-huitarde et post-conciliaire. « J'avais la foi et je

CHEMINS DE SAINT-JACQUES

LIVRES

( Très souvent le pèlerinage semble évoquer l'auberge espagnole

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Gérard Leclerc revient sur le beau livre d'Alix de Saint-André, que nous avons déjà présenté dans notre série d'articles sur le pèlerinage de Saint-Jacques (FC n°3220) en juillet dernier.

Sur la route avec Alix !

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par Gérard LECLERC

n'avais pas la foi. J'avais eu la foi enfant, je l'avais perdue à l'adolescence, mais en la retrouvant plus tard, vers vingt-cinq ou vingt-six ans, je n'avais perdu ni la pensée, ni l'habitude de me débrouiller sans. Le "Dieu sensible aux cœurs" de Pascal n'était pas revenu dans le mien. Ce n'était pas si simple. "Vous n'avez pas confiance en Dieu" m'avait dit le vieux chanoine qui m'avait confessée à Séville. Il n'avait pas tort. J'avais la foi plutôt méfiante. Pour cela aussi, je me sentais bien plus à l'aise pour jouer les cathos parmi les athées qu'au milieu des cathos, où je me sentais comme une espèce d'agent double. »

Avec ses compagnons et ses com-pagnes de marche, Alix est tout à fait dans le personnage qu'elle décrit, plutôt à l'aise chez les non-catholiques, et elle joue volontiers le jeu à l'encontre de ses doutes et de ses fragilités. Il n'em-pêche que sur le sens de sa démarche, elle est parfaitement nette : « Le chemin de Saint-Jacques n'était pas une simple randonnée, et je ne l'avais jamais consi-déré comme telle. C'était une épreuve de réalité en trois dimensions, où l'on apprenait d'abord à ne pas faire le malin : Dieu, qu'il existe ou pas, restait la question centrale de mon existence. La seule qui m'intéresse vraiment, et le per-sonnage principal qui m'attendait sur la route, si j'acceptais trois minutes d'être honnête avec moi-même. »

Quant à ma curiosité sur le phéno-mène Compostelle, elle n'est qu'en par-tie satisfaite par le livre qui ne donne forcément qu'une image partielle de la réalité. Précieuse cependant, car prise sur le vif, et dans la vérité des rela-tions concrètes et le récit existentiel d'une aventure relatée dans tous ses aspects, drôles et pittoresques, pénibles et méritoires, prosaïques et poé-tiques. Il y a aussi les confidences, qui

corres pondent à autant d'expériences contrastées. Le pèlerinage est souvent l'occasion d'une mise en perspective du sacré pèlerinage qu'est la vie de tout un chacun. De ce point de vue, En avant, route ! ne peut être remplacé par aucune étude dite sérieuse. Pourtant, j'aimerais pouvoir longuement en parler avec mes amis Léonard et Élisabeth, dans leur grande maison d'Estaing. Quelle allure générale a pris le phéno-mène depuis une vingtaine d'années ? Y a-t-il, comme le prétend l'article d'Es-prit, une vraie dérive initiatique et éso-térique, dans la trajectoire d'un Paulo Coelho. Si c'est le cas, les communautés chrétiennes ont-elles les moyens d'offrir une alternative ?

Ce n'est sûrement pas facile. Alix de Saint-André évoque les monastères qui, en Espagne, accueillent les pèlerins, avec la possibilité d'assister à la messe et aux offices. Une partie non négli-geable des intéressés se rend à l'invi-tation. Est-il possible d'aller plus loin, en proposant des entretiens personnels,

des conférences d'initiation au mystère chrétien ? L'impression assez générale d'une déshérence, c'est-à-dire d'une perte d'héritage de la part des descen-dants de l'ancienne Europe chrétienne, renvoie à l'immensité de la tâche qui consiste à se réapproprier toute une culture. Et d'abord celle qui s'offre, par-fois somptueusement aux bords des chemins et au terme des étapes, mais qui n'est plus directement perceptible aux étranges pèlerins d'aujourd'hui. « Une chose est certaine : aucun d'entre nous, en ce moment, ne pourrait être ailleurs, même si personne ne sait vrai-ment au fond pourquoi il est ici. Ce qu'il y fait, si, merci, on marche. Seul pour la plupart. » Mais si personne ne sait vraiment ce qu'il fait sur la route de Compostelle, n'est-ce pas parce que personne ne sait très bien pourquoi le destin l'a jeté ici-bas ? n

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C. H

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Sur la route avec Alix !

Les communautés chrétiennes ont-ellesles moyens d'offrir une alternative ? )

Alix de Saint-André, En avant, route ! , Gallimard, 307 p., 19,50 e.

Alix de Saint-André et son bâton de pèlerin.

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C'e s t à l ’occasion de la sixième conférence inter-nationale sur la doctrine du Mahdisme que j’ai été invité à Téhéran pour y participer

en tant qu’auteur d’ouvrages sur l’es-chatologie. L’Iran qui compte environ 70 millions d’habitants, dont la majo-rité est chiite, se trouve aujourd’hui, on le sait, au cœur des événements du Moyen Orient. Les participants, au nombre de 75, venus d’une trentaine de pays d’Asie et d’Afrique, étaient reçus aux frais du gouvernement dans un hôtel, genre Hilton, avec des séances solennelles tenues dans un vaste palais sous la présidence de hautes autorités religieuses, politiques et militaires.

On change presque de planète en arrivant à Téhéran dans le magnifique aéroport qui dessert cette ville d’en-viron 15 millions d’habitants dont les femmes uniformément habillées de noir donnent l’impression de sortir d’un vaste couvent de carmélites. Les formalités furent rapidement réglées avec beaucoup de courtoisie et les participants pris en charge.

Avant d’aller plus loin il faut indi-quer que le chiisme, branche minori-

taire de l’islam avec environ 200 mil-lions de fidèles, se réclame d’Ali, gendre du Prophète dont descend le Mahdi (le Bien Guidé) né en 868 et disparu en 874. Il resterait invisible jusqu’à son retour, avec Jésus, à la fin des temps pour établir la justice et la paix sur terre. Les chiites attendent donc le retour du Mahdi, iman caché disposant de pouvoirs sacrés du fait de sa parenté avec le Prophète. La Grande Occultation de ce Madhi invi-sible a commencé vers 940 et, selon la tradition orale (hadiths), il devrait revenir vers l’an 1400 du calendrier de l’Hégire. Or nous sommes actuellement en 1431 (2010 du calendrier grégo-rien) mais des hadiths indiquent un délai possible de 30 an nées (lunaires)

après 1400. Le Mahdi serait d’abord méconnu par la majorité du peuple et même persécuté dans un monde cor-rompu avant de ramener les croyants puis l’humanité entière aux valeurs morales de l’islam. Le « prophète » Jésus reviendrait sur terre pour com-battre l’Antichrist et aider le Mahdi qui est pour les chiites et plus générale-ment pour les musulmans, le véritable sauveur de l’humanité et l’instaurateur d’un âge d’or (1).

Le colloque visait donc à prépa-rer la venue du Mahdi et, lors des séances solennelles, des ayatollahs, des hommes politiques et des repré-sentants de l’armée vinrent situer les perspectives escha tologiques dans leur contexte politique actuel en utilisant un langage énergique. Cette manière de faire se retrouve dans les prières du vendredi des mosquées de l’Iran

Iran en l’an 1431 de l’HégIre

VOYageS

( La Grande Occultation de ce Madhi invisible a commencé vers 940

20 FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010

Le Père Patrick de Laubier s'est laissé inviter en Iran durant cet été pour un « congrès eschatologique » sur la doctrine mahdiste... occasion de fructueuses rencontres humaines.

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dans l’attente du Mahdi

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par Patrick de LAUBIER

où chaque iman enseigne le Coran et informe les croyants sur la situation politique et militaire du jour.

Eschatologie musulmane et géo-politique étaient ainsi au programme et tout s’acheva à Quom, ville sainte aux mosquées splendides, qui fêtait justement, le 26 juillet, le Mahdi. Un clergé très hiérarchisé comptant envi-ron 100 000 mollahs et 1 000 ayatol-lahs, sous l’autorité du grand Ayatollah, encadre une théocratie qu’on peut qua-lifier de militaire dans le cadre d’une civilisation raffinée remontant à l’em-pire perse. Les minorités chrétiennes comptent, elles, 10 000 membres dont 8 000 catholiques chaldéens et il y a environ 20 000 juifs.

Près de la moitié des participants étaient des femmes uniformément vêtues de noir si bien que l’on ne pou-vait distinguer les mères de familles accompagnant leur mari des étudiantes qui faisaient une communication. L’une d’elle avait choisi de parler de l’Utopia de Thomas More !

Mon texte sur l’Antichrist, écrit en français, n’a pu être présenté et c’est dans de longues interviews (plus de deux heures) à différentes chaînes de télévision iraniennes que j’ai pu don-ner mes interprétations de l’eschatolo-gie chrétienne et surtout répéter que Jésus-Christ, dont il était fréquemment question, n’était pas seulement un homme, mais aussi une Personne divine selon une théologie monothéiste.

Des rencontres informelles avec des participants venant d’Asie et d’Afrique étaient suscitées par la petite croix que je porte sur ma veste et mon col romain qui les intriguaient (2), mais la convivialité souriante des Iraniens, davantage intéressés par la théologie que par la politique, créait une bonne

atmosphère. En revanche les discours sur le Mahdi étaient bien artificiels, malgré une mise en scène solennelle. Maints traits du Bien Guidé sont empruntés à l’humanité du Christ ici considéré comme un simple prophète. On compte depuis mille ans une dizaine de prétendus Mahdi, mais le vrai reste-rait invisible. Dans un monde difficile, les chiites iraniens veulent un sauveur peint à leur image et les traits escha-tologiques de leur tradition correspon-dent à une culture de minorité persé-cutée par une majorité sunnite.

On pense au Court récit sur l’An-tichrist de Vladimir Soloviev (1900), décrivant un Antichrist humaniste prê-chant la paix et la prospérité, un chris-tianisme sans le Christ et de fait le Mahdi est présenté comme le véritable Sauveur dont le Christ serait le précur-seur humain. Saint Jean nous dit que le signe de l’Antichrist c’est la négation de l’Incarnation, de la divinité de Jésus, du Verbe fait chair !

Cette rencontre avait lieu dans un contexte international vraiment escha-tologique puisqu’on apprenait que le Congrès américain avait voté une motion autorisant le Président à per-mettre une attaque d’Israël tandis que les porte-avions US croisaient dans le Golfe. Les chiites, notons-le en pas-sant, entourent littéralement 60 % des réserves mondiales de pétrole, tandis que la bombe atomique se démocratise. Jean Guitton évoqua un jour les anges de l’Apocalypse qui prenaient position !

Parmi les rencontres faites lors du colloque, deux professeurs algériens formés à la Sorbonne et francophiles, des Égyptiens qui ont vu les apparitions de la Vierge au Caire au-dessus d’une église copte, des Philippins, des Indiens et notamment deux brillants étudiants iraniens en physique et en philoso-phie dont le grand-père était ayatol-lah. Le philosophe s’intéresse surtout à Kierkegaard. Nous nous sommes retrouvés chez ces étudiants avec un ami français pour parler du Christ qui n’est pas seulement un homme, mais aussi Dieu. La grande explica-tion est donnée par Bossuet : « l’Amour descend ». Visite à l’évêque chaldéen catholique qui a étudié en France, puis déjeuner cher le Nonce.

Pour construire la « Civilisation de l’amour », dont parle l’enseignement social chrétien depuis la mémorable homélie de Paul VI à Noël 1975, il faut se connaître et annoncer à la grande « famille humaine », qui a tant de visages, que le Christ est invisiblement présent : c’est le Christ parmi vous ! L’espérance de la gloire ! (Col.1,27) n

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(1) Une Somme intitulée : The Prophet Jesus and Nazrat Maahdi will come this century rédigée par un auteur turc, Adnan Oktar, vient de paraître en juillet 2010 à Istanboul, 1176 p. (grand format).(2) Je ne représentais que moi-même, mais avais demandé à un cardinal romain son avis avant d’accepter l’in-vitation.

dans l’attente du Mahdi

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Si la théorie du big bang est l’hypothèse dominante aujourd’hui, ce ne fut pas toujours le cas. Le

chanoine belge Lemaître, son initiateur, dut attendre quarante ans cette re connaissance. « Le coup de génie de Lemaître a été de vaincre l’inhibition qui pesait sur toute la communauté astronomique et qui l’enchaînait dans un univers statique. Ceci ne se fit pas sans hésitation et demanda un réel courage, car la réputation d’Einstein faisait beaucoup dans l’attachement à une solution statique des équations de la relativité générale.*»

Pour Einstein, cette théorie paraissait bien « abominable ». Il a même retardé la publication d’un article de Friedmann, trop favorable à la thèse de Lemaître, prétextant une erreur de calcul , alors que l’erreur venait de lui. Cette opposition au big bang fut certes, « la plus grande erreur de sa vie ». Mais il ne fut pas le seul à être épouvanté par cette théorie scientifique qui sentait le souffre religieux.

Eddington, le grand scientifique anglais, référence de son époque, déclara le 5 janvier 1931 : « Philoso phi quement, la notion d’un commencement de l’ordre de la nature me répugne. » Mais la guerre n’est pas finie. Dans les années 1950, Fred Hoyle dit, en voyant Lemaître arriver à un colloque en Californie : « This is the big bang man. » Le propos est ironique, pour un des défenseurs du modèle statique. Et l’ironie est toujours un peu méchante. Voilà donc qu’un mauvais jeu de mot va entrer dans la postérité. Tout le monde parle aujourd’hui de la théorie du big bang, du

mot d’un de ses plus grands adversaires, et non de la théorie de Lemaître.

Cette résistance passera par l’oubli des prédictions de Gamov de 1946, sur le rayonnement fossile, vérifiées par hasard en 1965 par Penzias et Wilson. Peut-être qu’il était difficile pour un scientifique originaire d’un pays com-muniste de défendre une idée qui sem-blait contredire la doctrine du parti ? Le préjugé antireligieux a pu encore jouer. De fait, il y a une certaine injus-tice à méconnaître ce qu’a découvert Lemaître. La loi dite de Hubble a été donnée par Lemaître avant lui. Il est en fait le premier à montrer que les galaxies s’éloignent les unes des autres à une vitesse approximativement pro-portionnelle à leur distance. Le modèle

de Tolman, modèle de l’univers, est aussi d’abord celui de Lemaître. Il est « précurseur » dans la théorie des trous noirs. Alors, pourquoi face à tant de génie, n’a-t-il pas reçu le prix Nobel ? Il est vrai que sa théorie a mis quarante ans pour s’imposer. Et il est mort au moment d’une confirmation essentielle du big bang, la découverte du rayonne-ment fossile. Il aurait été sur les listes des possibles prix Nobel, dit-on, mais il serait mort juste avant de pouvoir le recevoir. Mais ce big bang, théorie scientifique apparemment si proche de l’idée religieuse de création, initié par un prêtre catholique n'a-t-elle pas paru suspect à plus d’un ?

Pourtant, dès les années trente, Lemaître a défendu son modèle d’une

singularité initiale de l’univers. Dans les années 1924-1925, l’univers s’agran-dit. Fin 1924, les étoiles d’Andromède n’appartiennent plus à notre galaxie. L’univers compte probablement beau-coup d’autres galaxies comme la nôtre. Lemaître est impressionné par cette découverte. Il soutient sa thèse en 1926 sur « le champ gravitation-nel dans une sphère fluide de densité invariante uniforme selon la théorie de la relativité ». Il étudie Sitter et Einstein. En 1927, son idée est faite : l’univers est en expansion. En 1931, il défend publiquement par un article un commencement de l’univers sous la forme d’un atome qui se désintègre

en un feu d’artifice. « L’univers entier aurait été produit par la désin-tégration de cet atome primitif. » « Nous avons

besoin d’une théorie de l’évolution en feu d’artifice », écrit-il le 29 septembre 1931. « Dans ses travaux de 1932-33, Lemaître a mis le doigt sur les concepts majeurs qui font aujourd’hui partie de l’arsenal conceptuel de la cosmolo-gie théorique : singularité (big bang, big crunch), théorie d’inévitabilité des singularités, horizon, modèle hétéro-gène et modèle anisotrope.*» Mais son idée, que ses adversaires appelaient big bang, pour se moquer, et que lui com-parait, en 1948, à une coupe de cham-pagne conique, mettra finalement qua-rante ans à s’imposer. Santé, Monsieur le chanoine, au banquet éternel ! n

par Bertrand SOUCHARD

FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010 23

DIEU ET LA SCIENCE - 7

La théorie suspected'un prêtre belge

* Dominique Lambert, Revue Pour la science, "Lemaître, Le père du big bang", n°30, février 2007, pages 52 et 73.

Il y a une certaine injustice àméconnaître ce qu'a découvert Lemaître

Georges Lemaître à l'Université catholique

de Louvain, vers 1933.

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Mgr Mathos : Le pays est très riche en res-sources naturelles: forêts, eau, or, uranium et diamants. Pourtant les gens sont pauvres et n’ar-rivent ni à se soigner ni à envoyer leurs enfants à l’école.

Mgr Vanbuel : Les ressources du pays ne pro-fitent qu’à quelques personnes. Beaucoup de cor-ruption. Industrie inexistante. La grande majorité des gens survivent dans l’agriculture avec un fort taux de malnutrition.

Père Nzapalainga : Beaucoup de parents font travailler leurs enfants aux champs. Un enfant qui reste analphabète, c’est un rebelle potentiel.

Mgr Vanbuel : Depuis des années, coups d’État, rébellions et guerres font souffrir la popu-lation. En 2009, sur Kaga Bandoro, à la frontière avec le Tchad, 10 000 déplacés manquaient de nourriture et de médicaments.

n Les violences continuent-elles ?

Mgr Vanbuel - L’accord de paix signé en décembre 2008 entre gouvernement et mou-vements d’opposition ne s’applique pas encore. Même les rebelles qui veulent s’intégrer restent souvent armés puisqu’on ne peut pas leur offrir d’avenir, une formation par exemple. D’autres rébellions s’y sont ajoutées.

L’absence de vraie paix a fait reporter les élections présidentielles prévues en mai. C’est la pauvreté qui pousse les jeunes à devenir rebelles. Cette pauvreté fait aussi qu’on n’arrive pas à vivre ensemble. Tant qu’elle sévira, la rébellion continuera.

n Que faire pour améliorer la situation des gens ?

Père Nzapalainga - Aider un maximum d’en-fants à aller à l’école. La société de demain en sera renforcée. Et le pays se développera. Il faut aussi renforcer le rôle des femmes. Beaucoup d’entre elles n’ont même pas d’acte de naissance et donc ne votent pas. Les parents préfèrent les garçons. Seul un changement de mentalité fera qu’une fille peut réussir dans la société.

Mgr Vanbuel - Avec plus de 620 000 km2, la RCA n’a que 4 millions d’habitants. Des ter-rains permettent de cultiver manioc, arachides, carottes, riz… Mais les gens doivent réapprendre à travailler. Le pays manque de formations pro-fessionnelles. Dans mon diocèse, 3 fois la taille de la Belgique, il n’y a rien.

n Quelles act ions la Car i tas mène-t-elle en Centrafrique ?

Père Nzapalainga - Nous travaillons dans la santé, l’éducation et le rapprochement entre communautés. Nous aidons des femmes séroposi-tives par un soutien moral et des activités géné-ratrices de revenus. Nous offrons la scolarité aux

Mgr Edouard Mathos, président de la Conférence épiscopale de Centrafrique, Mgr Albert Vanbuel, vice-président et le P. Dieudonné Nzapalainga, spiritain, responsable Caritas, expliquent pourquoi leur pays figure parmi les plus pauvres.

Centrafrique : la population souffre de la pauvreté et des violences

État des routes.

spiritains

reportages

C'est la pauvreté

qui pousse les jeunes à devenir rebelles

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orphelins du sida. Et des compléments de nourri-ture aux enfants malnutris. Caritas soutient aussi l’agriculture dans les villages pauvres. Les gens ont souvent la volonté de changer leur sort. Mais ils n’en ont pas les moyens. Caritas facilite l’achat de matériel et de semences. Un repas partagé, un geste de solidarité, c’est le début de la paix !

n Quel est l’impact d’ONG et d’organismes internatio-naux sur le pays ?

Mgr Mathos - Certaines ONG arrivent avec des idées préconçues. Quand ils constatent l’ab-sence d’école dans un village, ils la construisent sans voir qui va y enseigner et qui va l'entretenir. Les villageois, accablés d’autres soucis, n’en ont souvent pas les moyens. Nombre de parents, sur-tout dans les villages, ne croient pas à l’école. Il faut faire un travail de sensibilisation, ce que les étrangers souvent ne voient pas. L’Église essaie de faire évoluer les mentalités dans et par son travail social. Les Nations Unies et la Banque mondiale s’adressent souvent à nous et au réseau Caritas. Ils savent que nous connaissons le pays et que nous sommes proches de la population. n

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Centrafrique : la population souffre de la pauvreté et des violences Publié en partenariat avec

la revue Pentecôte sur le monde.Propos recueillis par Lucien Heitz

L'école du village de Mingala.

L'imprimerie saint-paulà Bangui

Je viens vous proposer de donner un coup de pouce à un projet qui me tient à cœur : le redémarrage de l’imprimerie St-Paul de l’archidiocèse de Bangui, en Centrafrique. Cette imprimerie,

pour différentes raisons trop longues à expliquer ici, s’est trouvée fortement grippée…Le Père Dieudonné Nzapalainga, spiritain centrafricain, nommé administrateur apostolique de l’archidiocèse de Bangui l’an dernier, a fait appel aux spiritains de France pour redémarrer cet outil de communication au service de l’Église en Afrique centrale.Un audit a été réalisé sur place par Alain Degras, coopérant de la Délégation Catholique à la Coopération (DCC) travaillant dans le pays. Suite à ce rapport, deux de nos amis sont allés voir la situation sur place : Etienne Schwartz, imprimeur (notamment des revues spiritaines) aujourd’hui à la retraite, et Jean-Claude Oswald, spécialiste en maintenance des matériels d’imprimerie. Ils sont partis du 12 au 22 juillet 2010 en emportant chacun deux valises de petit matériel et d’outils. Les deux billets d’avion ont été payés par les spiritains de France et l’association Aide aux Églises d’Afrique. Le séjour à Bangui était assuré par le Père Dieudonné. Nos deux amis sont revenus, heureux de l’accueil reçu et du travail réalisé. Mais il reste des choses à mettre en route. Jean-Claude Oswald et Thierry son fils préparent un second voyage bénévole. Ils sont en train de conditionner de petites machines d’imprimerie (qu’ils offrent gratuitement), et d’y ajouter des consommables indispensables (à acheter) pour la mise en route. Le tout devra être à l’imprimerie à Bangui avant le 20 septembre 2010, pour l’arrivée des deux techniciens. Jean-Claude et Thierry prévoient en effet d’aller mettre l’imprimerie en route entre le 22 et le 30 septembre 2010.Vous vous doutez que les frais occasionnés par ce projet sont importants et n’ont pas été prévus dans les budgets des missionnaires spiritains. C’est pour cette raison que je m’efforce de trouver, RAPIDEMENT, des finances pour mener à bien ce redémarrage de l’imprimerie. Et que, vous connaissant à partir de vos réponses à certains de mes appels précédents, j’ose vous partager ce souci et vous solliciter de façon très directe.Permettez-moi de vous présenter en résumé les frais à couvrir : - 2 billets A/R Air France Paris-Bangui et frais de voyage : 2 500 €,- expédition des machines données, env. 500 kg : 5 000 €,- achat de pièces et consommables : 3 000 €.

S’il vous est possible de prendre part à ce projet de relance de l’Imprimerie St-Paul de Bangui, envoyez-moi votre chèque libellé : Procure des Missions « ISP-Bangui ». La Procure et moi-même, nous vous tiendrons au courant de l’évolution du projet dans Pentecôte sur le monde et France Catholique.Avec d’avance un grand merci pour votre coup de pouce qui nous permettra de faire revivre ensemble une entreprise plus qu’utile.

Père Lucien Heitz, spiritain30, rue Lhomond, 75005 Paris, tél. 06.71.61.24.83, [email protected]

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n Alindao, c’est où ?

Mgr Peter Marzinkowski : Le diocèse d’Alindao a été créé en 2004 par détache-ment de celui de Bangassou. Sous-préfec ture de la Basse-Kotto dont le chef-lieu est Mobaye, Alindao compte quelque 250 000 habitants. Et profite d’un petit aérodrome, souvenir de l’ex-président Kolingba. Mais une seule école catho-lique associée de 400 filles et garçons y fonctionne cor-rectement, avec une admi-nistration appuyée par une religieuse. Un lycée tourne par intermittence. La plu-part des écoles officielles de la préfecture sont en ruine. Les enseignants non payés sont partis autour de Bangui.

n Quelles sont les raisons d’une telle situation ?

Il faut d’abord dire que dans notre préfecture l’en-semble des écoles et hôpi-taux, comme les autres structures d’État, sont tota-lement abandonnées, faute d’argent. En 1993, lors des états généraux de l’ensei-gnement, les ministres sont

venus supplier la Conférence épiscopale de reprendre les écoles qui avaient été nationa-lisées. L’Éducation nationale était en faillite. L’archevêque a refusé de reconstruire et de faire redémarrer ces écoles catholiques. Tout a donc continué à se dégrader. Mais l’Église a cependant proposé à l’État de reprendre cer-taines écoles où enseignaient des religieux et des religieuses en collaboration avec l’État, ce qui a donné les écoles ECAC (enseignement catholique associé centrafricain). Avec des sta-tuts élaborés dans le cadre de l’enseignement catholique dans les pays francophones, nous

avons commencé à fonc-tionner après 1997.

n Que se passe-t-il dans les structures de la santé ?

Dans le domaine santé, la situation est encore plus délicate. L’État a la main dessus. Nous n’avons pas le droit d’ouvrir des structures parallèles, même si les offi-cielles ne fonctionnent pas. À Alindao, devant le peu de personnel et l’absence de soins, 2 religieuses se sont mises à soigner les gens de façon bénévole, sans salaires. Leur dévouement a suscité de fortes jalousies.

n Que peut faire l’Église dans de telles conditions ?

Vu la situation, nous investissons d’abord dans l’éducation et la santé, avec l’appui d’organismes extérieurs. D’abord pour aider les gens à retrouver le goût de l’agriculture par l’animation rurale et la pro-motion féminine. L’État ne

Août 2010, les médias annoncent qu’une Centrafrique perturbée se prépare à des élections présidentielles pour janvier 2011. Mgr Peter Marzinkowski nous parle de son diocèse d’Alindao où tout est à refaire.

en Centrafrique Mgr peter Marzinkowski, évêque du diocèse d’alindao

Mgr peter Marzinkowski

Spiritain ordonné en 1966 en Allemagne, Peter arrive en Centrafrique en 1968. Étude de la langue sango. En paroisse à Bria (1968-1977). Formateur de laïcs à Bambari (1977-1982). Animation missionnaire en Allemagne (1982- 1985). Assistant général de la Congrégation (1986-1992). Retour en Centrafrique, à Bangui, Pissa et Mbaïki. En 2000, nommé Provincial des spiritains en Allemagne. Le 3 avril 2005, nommé évêque du diocèse d’Alindao (Centrafrique). Sa devise : « Solidarité crée Joie et Vie ! »

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joue plus son rôle de régulation. Autrefois café et coton s’exportaient. Le coton n’existe plus depuis 30 ans. À Mobaye, une petite coopéra-tive essaie de relancer la culture du café en lien avec le commerce équitable. Mais comment et à quel prix le commercialiser ? Des étrangers sont prêts à l’emporter par le Soudan, à quelles conditions ?

n Comment avez-vous lancé l’animation dans les villages ?

À partir de mes tournées dans les vil-lages en 2006-2007, nous avons créé des écoles villageoises. J’ai pu parler aux chefs et aux parents. Difficile de leur faire comprendre qu’il existe maintenant dans la région deux à trois générations d’analphabètes. Nous avons constaté que des gosses de 14 ans restent assis toute la journée en sirotant l’alcool local, avant de partir à Bangui augmenter le nombre d’en-fants de la rue. Situation inacceptable et grave pour l’avenir, tous en ont été convaincus.

Nous avons donc proposé une promotion humaine globale à partir de l’Évangile. Avec l’appui de Caritas et des paroisses, des associa-tions de parents d’élèves se sont formées.

n Vous avez commencé par l’école ?

Pas nous ! Ce sont bien des parents qui ont ouvert des écoles très simples quant à la construction, au mobilier et au matériel pédagogique. Aujourd’hui, presque 40 de ces écoles fonctionnent cahin-caha. Les villageois cherchent eux-mêmes un « agent de parents d’élèves » et l’entretiennent. Les maîtres formés pour ce métier n’acceptent pas ce genre de travail !

Nous proposons une formation complémen-taire à ces jeunes qui font la classe sans beau-coup de bagages. L’Enfance missionnaire d’Alle-magne (Sternsinger) nous a aidés pour assurer les sessions de formation et l’achat du matériel.

n Un programme santé a suivi ?

Oui. Vu les conditions de vie de notre popu-lation et l’inefficacité des structures officielles, une équipe mobile s’est mise en route. Elle est dirigée par un coordinateur de la santé,

un Missionar auf Zeit (Maz) venu d’Allemagne. L’accompagnent deux infirmières d’État, une laïque et une religieuse de RD Congo. Une psycho-logue va s’adjoindre à l’équipe pour accompagner les orphelins du sida et travailler à la conscientisation et à la prévention anti-sida.

Cette équipe organise avec les abbés et les religieuses des tournées

de consultation et de dépistage dans les vil-lages. Avec une attention spéciale aux enfants handicapés qui sont nombreux. Et des temps de formation des « Bons Samaritains ». Ce sont de jeunes secouristes qui restent dans les villages avec une trousse de soins d’urgence. L’équipe maintient aussi le plus possible le contact et la collaboration avec les autorités sanitaires locales.

n Quels appels lancez-vous aux lecteurs de France Catholique et de Pentecôte sur le monde ?

J’aimerais d’abord les remercier pour l’at-tention qu’ils portent, de mille manières, à ce que vivent les hommes et les femmes dans des situations difficiles comme celles que nous connaissons. Il faut bien sûr continuer ces mul-tiples soutiens de solida rité. Mais il faut en même temps réfléchir aux causes profondes de telles situations et arrêter de soutenir de grands projets qui ne rendent pas les gens plus libres. Il y a des façons de faire qui imposent des choix et des critères de développement sans respect de la dignité des personnes. Et qui ne débou-chent que sur de grandes déceptions. Avec de petits projets que les gens comprennent et qui sont réalisés à leur rythme, des situations peu-vent changer beaucoup plus sérieusement. n

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en Centrafrique Mgr peter Marzinkowski, évêque du diocèse d’alindao

Soins en villages du diocèse d'Alindao.

Propos recueillis par Lucien Heitz

Il faut arrêter de soutenir de grands projets qui ne rendent pas les gens plus libres

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De jeunes athlètes pour attirer un public plus jeune et relancer l’intérêt du sport auprès des moins de 18 ans : les Jeux Olympiques de la Jeunesse ten-tent de relever le défi. L’âge des spor-

tifs (14-18 ans), l’aménagement de certaines disciplines olympiques (basket de rue - à trois contre trois), équipes mixtes ou appartenant à différents Comités nationaux olympiques) sont autant de moyens pour rapprocher sport de haut niveau et jeunesse.

Des motivations es -sen tiellement commer-ciales dans cette initia-tive ? Pas uniquement. Certes la cible « jeune » est un puissant instru-ment de séduction envers les sponsors, mais il a ici été utilisé avec discré-tion. Plus fondamentale-ment, les JOJ ont été ini-tiés avec la volonté très forte d’en faire un vec-teur d’éducation et de culture. Un position-nement novateur dans le champ des cham-pionnats mondiaux juniors qui existent déjà et fonctionnent très bien. « Il me semblait que ce modèle traditionnel des championnats du

monde de la jeunesse manquait d’un élément et c’était l’aspect éducatif » explique le Président Jacques Rogge. Un programme d’éducation et de culture s’intégrait aux rencontres spor-tives, autour de thèmes tels le bien-être et le mode de vie sain, la responsabilité sociale ou l’Olympisme. « Le programme Culture et éducation aux JOJ est aussi important que les compétitions elles-mêmes », souligne le Président. L’objectif initial de l’Olympisme d’adopter, d’incarner et d’exprimer les valeurs d’excellence, d’amitié et de respect est remis à l’honneur.

L’amitié avant tout. Les athlètes ne se sont pas simplement retrouvés lors des compéti-tions mais tout au long de la manifestation, lors des activités organisées par le programme d’éducation et de Culture. Les sportifs étaient tenus de rester sur le site durant tout l’événe-ment, et de ce fait ils ont pu se rencontrer. Des liens se sont créés entre les jeunes, au-delà des seules épreuves : « Ensemble, nous avons décou-vert la joie de nous rencontrer au-delà des

nationalités, des races, des langues, des reli-gions, de l’âge » remar-quait l’un d’eux. « Ils ne sont pas encore adultes, pas encore habitués aux contacts avec les médias ou pris par les considé-rations f inancières » , souligne Robert Ferry, responsable des Ser vices linguistiques au Centre principal des médias. « Il en découle un esprit bon enfant, une certaine fraîcheur que je n’avais

pas encore connus lors des autres manifes-tations olympiques. » « Tout aussi importante que ce qui se déroulera sur le terrain de jeu sera la manière dont les jeunes de diverses cultures et origines se retrouveront pour par-

sport

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Singapour a accueilli du 14 au 26 août dernier la première édition des Jeux olympiques de la jeunesse. 3600 athlètes âgés de 14 à 18 ans ont défendu les couleurs de plus de 200 pays, dans 26 disciplines sportives. L’ambition affichée des organisateurs d’en faire un événement éducatif et culturel marque un tournant dans l’histoire des Jeux olympiques.

Low Wei, 12 ans,conduit triomphalementla flamme Olympique.

Jeux olympiques De la Jeunesse

sport, éducationet amitié

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tager leurs expériences et découvrir les valeurs olympiques » avait expliqué Jacques Rogge à l’ouverture des Jeux. Pari tenu.

Cette manifestation d’un nouveau genre donne une occasion unique à ces athlètes de haut niveau, professionnels en devenir pour certains, de prendre conscience du rôle qu’ils peuvent jouer, non seulement comme sportifs mais comme modèles : « Il s’agit d’ouvrir leurs horizons sur la responsabilité sociale. Certains deviendront des modèles : ils auront la chance d’avoir un impact sur leurs communautés et de partager l’esprit olympique » explique P. Stalder, officiel du CIO chargé du programme éducation et Culture. Jacques Rogge insiste : « Notre mis-sion est d’inciter les athlètes à agir en qualité d’ambassadeurs et d’être actifs chez eux en par-tageant à leur retour ce qu’ils auront appris. »

avec quel succès sur la scène internatio-nale ? Les médias, européens surtout, ont été timides sur la couverture de l’événement. On peut le regretter, mais là n’était pas l’enjeu. À la manifestation médiatique mondialement retransmise par la télévision ou les médias en ligne, le Mouvement olympique a privilégié une ambiance de festival en direct, étroitement lié à la population locale et tournée vers les plus jeunes. Une option dont ont été bénéficiaires les quelques 20 000 volontaires recrutés majoritai-rement parmi la population locale, à qui il a été proposé de participer de multiples façons. avec là encore un gros effort envers les plus jeunes : les 14-18 ans ont été largement encouragés à s’investir, dans des services aussi variés que l’accueil du public, les parades, mais aussi à des postes jusque-là réservés à des professionnels ou à des plus âgés comme l’interprétariat ou les annonces. « Les mouvements sportifs font tra-ditionnellement largement appel au bénévolat, ils ne pourraient d’ailleurs pas vivre sans, mais, à ma connaissance, c’est une première dans l’histoire des JO de faire un tel effort envers la participation des plus jeunes », note Robert Ferry. « Dans mon équipe, sur 49 annonceurs

francophones, 31 ont moins de 18 ans. C’est pour eux une expérience unique de participer à un événement d’envergure internationale, de rencontrer des jeunes athlètes de leur âge, de recevoir une formation comme celle d’annon-ceur. Nous répondons de ce fait d’autant mieux à notre souhait d’en faire un événement jeune, pour les jeunes : une voix d’adolescent au micro, un interprète ou un agent d’accueil de 14 ou 16 ans donnent aux relations une grande fraîcheur que tous, public ou participants, ont beaucoup appréciée. » n

FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010 29

Venus des 5 continents, jeunes athlètes etvolontaires se sont découverts et appréciés. De vraies bellesrencontres.

S’amuser, cultiver l’esprit olympique,s’aider, s’encourager les uns les autres,une expérience vécue tant par les bénévoles (en violet) que par les athlètes (en blanc) lors des activités organisées par leprogramme éducation et Culture.

sport, éducationet amitié

par Aude LORNE

La France dans les JOJ : 15 médailles, dont 6 d’orUn palmarès plus qu’honorable66 jeunes athlètes français ont défendu pour la première fois les couleurs de notre pays sur la scène olympique internationale des JOJ. Avec brio :6 médailles d’ORNatation : Mathilde Cini, Medhy Metella, Anna Santamans.Athlétisme : Aurélie Chaboudez, Alexia Sedykh.Boxe : Tony Yoka.2 médailles d’ARGENTNatation (relais) : Ganesh Pedurand, Thomas Rabeisen, Jordan Coehlho, Medhy Metella.Athlétisme (triple saut) : Sokhna Gallé.7 médailles de BRONZENatation : Anna Santamans. Aviron : Noémie Kober.Natation : Medhy Metella, Anna Santamans, Mathilde Cini, Jordan Coelho,Taekwondo : Samantha Silvestri, Faïza Taoussara,Tennis Table : Simon Gauzy,Handball masculin. n

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Jusqu'au 26 septembre, la ville de Rouen célèbre les impressionnistes. Les peintres au musée des Beaux-Arts(1) ou les maîtres céramistes au musée de la Céramique(2). Mais aussi des artistes contemporains

qui tiennent à rendre hommage au mouve-ment impressionniste, tel le père Kim, domini-cain d'origine coréenne, à la cathédrale(3), ou Skertzo et son animation projetée sur la façade du musée des Beaux-Arts(4), qui évoque en un fondu enchaîné de quinze minutes les figures et œuvres majeures de ce courant. Sans compter les différentes expositions des galeries rouen-naises.

Certes, tout est fait pour attirer l'amateur en premier vers le musée des Beaux-Arts. Et on le comprend : cent trente œuvres dont des Pissarro arrivés tout droit du Metropolitan Museum de New York ou d'une col-lection particulière néer-landaise, deux Turner prê-tés par la Tate Gallery, un Jongkind en provenance du Virginia Museum of fine Art de Richmond, le tableau de Lapostolet du salon de 1881 qui vient d'une collection parti-culière allemande. Parmi les maîtres, il faut encore évoquer Gauguin ou Monet (dont onze toiles de la série des cathédrales sont réunies le temps

de cette exposition), auxquels sont confrontés les quatre mousquetaires de l'école de Rouen, Joseph Delattre, Léon Jules Lemaître, Charles Frechon et Charles Angrand. Une des caractéris-tiques de cette exposition est de montrer com-bien l' « école de Rouen » prit pleinement part à l'histoire de l'impressionnisme, contrairement à la légende anachronique qui en fait des sui-veurs. Mettre en évidence le fait qu'il y eut des courants inclassables, parallèlement à la lutte entre l'académisme et l'impressionnisme, dont un exemple frappant est la toile de Franck Bogg représentant Les toits de Rouen et la chapelle des Bénédictines du Saint-Sacrement(5) en pro-venance du musée de Meudon.

Plus ignorées encore du grand public sont les céramiques « impressionnistes » auxquelles l'exposition « Émaux atmosphériques » veut rendre justice. C'est en 1872 (un an avant l'Im-pression soleil levant de Monet) que Charles Haviland ouvre, rue d'Auteuil à Paris, un atelier de céramique expérimentale destiné à moder-niser la production de la manufacture éponyme de Limoges. Il confie la direction de son équipe à Félix Bracquemond, graveur et peintre impres-sionniste ainsi qu'introducteur du japonisme en France. Ce dernier préfère la collaboration de

peintres à celle de céra-mistes. Il demande aux premiers d'exécuter des peintures à l'aide d'argile liquide colorée déposée sur la terre cuite. C'est la barbotine colorée, après qu'Ernest Chaplet eut adapté la barbotine à la technique de la faïence.

C'est la première fois que la collection des des-cendants Haviland est pré-sentée aux côtés d'autres collections particulières et d’œuvres provenant de musées publics. ■

expositions

Ce n'est pas la première fois que Rouen célèbre les impressionnistes, mais cette fois-ci les choses sont faites en grand, si bien que, une fois n'est pas coutume, c'est le public c'est le public parisien qui se rue vers ces expositions périphériques et non l'inverse.

30 FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010

Musée de rouen

toute une ville pourl'impressionnisme

par Pierre FRançoIS

(1) « Une ville pour l'im-pressionnisme », jusqu'au 26 septembre, au musée des Beaux-Arts, 76000 Rouen, tél. : 02.35.71.28.40.(2) « Émaux atmosphériques, la céramique impression-niste », jusqu'au 26 sep-tembre, musée de la Céramique, 76000 Rouen, tél. : 02.35.07.31.74.(3) Jusqu'au 26 septembre (9h-19h tous les jours sauf le lundi).(4) « Les nuits impression-nistes », (22h) gratuit.(5) 14, rue Bourg-l'Abbé (tél. : 02.35.71.92.60) et dont la vente annuelle aura lieu sous le cloître du monastère du 12 au 15 novembre.

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Turner, La cathédrale de Rouen vers 1832... Le précurseur.

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MUSIQUE

Dido and Aenas – Henry Purcell (1659 – 1695) – La Nouvelle Ménestrandie – Cappella Mediterranea – Leonardo Garcia Alarcon,

direction – Éditions Ambronay – AMY 022 – Nouveauté -

Les anglais ont toujours eu une certaine réticence avec l’opéra et ce n’est pas l’histoire de la diffusion de

Didon et Énée qui prouvera le contraire. Sa première et unique représentation eut lieu en 1689 et il faudra attendre le XXe siècle pour en voir la renaissance. Il est aussi l’un des seuls du genre dans l’Angleterre baroque. Conçu pour une formation de chambre et exclusivement réservé aux voix féminines, l’opéra n’en dévoile pas moins un génie dans l’écriture, mêlant habilement les airs aux récits, confrontant les harmonies aux affects pour incarner des tensions et des détentes soulignant le texte…

Les grands airs, désormais fameux, de l’opéra donnent une impression de facilité, d’évidence. Garcia Alarcon nous avait déjà réjouis avec ses ré­centes lectures de Haendel pleines de vie et d’élans dramatiques aussi fins que pertinents. Encore une fois, il ne décevra pas dans son approche de Purcell.

La compréhension de l’œuvre, tout en étant globale, est précise, dynamique et sonore. Le chef aime à livrer des versions limpides sans exagérer le trait ce qui évite le kitsch dans lequel se

complaisent trop souvent les interprètes de Purcell, le rendant caricatural et rapidement ennuyeux. Rien de tel ici. Les musiciens suivent fidèlement les bonnes idées du chef. La prise de son étant remarquable, on ne boudera pas son plaisir avec cet enregistrement.

Opella Nova & Fontana d’Israel – Johann Hermann Schein (1586 – 1630) – Sagittarius – Michel Laplénie, direction – Éditions Hortus – Hortus075 – Nouveauté -

S'il est un compositeur méconnu qui mériterait plus d’intérêt tant du public que des musiciens, c’est

bien Schein, tant sa musique est la face germanique de la nouveauté du baroque naissant. Même si certains traits sont encore très marqués par une réalisation contrapuntique stricte, avec une polyphonie qui est une exposition de la basse continue, l’ensemble respire les affects italiens, souvent en forme de concert vocal ou de madrigaux. Certains effets sont presque opératiques tant ils sont bâtis sur le texte, issu des chorals luthériens.

Michel Laplénie s’est fait une spécialité de la musique de Schütz et de ses contemporains, et l'on comprend vraiment ici pourquoi. Son chœur de solistes déroule les intentions musicales avec beaucoup d’expressivité et il maîtrise parfaitement le sujet. Même s'il manque un peu de relief, cet enregistrement contribue grandement à faire mesurer à quel point les trois S allemands (Schütz, Scheidt et Schein) valent les trois B (Bach, Bruhns, Buxtehude). À acquérir sans hésitation…

Atys – Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687) – Les Solistes, le Chœur et la Simphonie du Marais – Hugo Reyne, direction – Musiques à la Chabotterie – 605008 – 3 CD - Nouveauté --

Plus qu'un opéra, Atys est un phénomène dans le milieu de la musique baroque puisqu’à sa

recréation, en 1987, il avait suscité la naissance d’un mouvement qui perdure depuis lors. Donné en représentationsà plusieurs reprises, filmé et enregistré au disque, cette version d’Atys donnée par les Arts Florissants sous la direction de William Christie faisait naître des vocations musicales un peu partout. Hugo Reyne était de cette première épopée et s’en souvient.

Se mesurer dès lors à ce monument historique du disque est un défi. Hugo Reyne a choisi une version de concert, probablement par manque de financements et donc de temps. Et c’est bien ce qui ressort de la globalité du travail, un manque de maturation de l’œuvre par les interprètes, un manque de finition dans les chœurs et l’orchestre, un manque d’habitation théâtrale…

Les solistes, peu renommés mais talentueux, sont par fois un peu jeunes pour endosser une telle charge bien que toujours courageux et volontaires. Certaines idées de lecture renouvellent le genre mais l’ensemble n’est pas toujours homogène. Pourtant cette musique reste géniale, colorée, vivante, réjouis sante et l’écoute de meure un vrai plaisir. On regrette pourtant de ne pouvoir s'empêcher de comparer à une première version qui garde encore toute son actualité. n

Cette musique reste géniale, colorée, vivante, réjouissante

Trois nouveautés qui s'inscrivent dans un véritable mouvement de redécouverte du baroque chanté.

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RENTRÉE

Voix baroques par François-Xavier LACROUX

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Rien ne prédisposait Xavier Beauvois à réaliser un film bouleversant et d’une grande justesse sur la vie quotidienne des moines de Tibhirine, peu de temps avant leur enlèvement et leur assas-

sinat. Né en 1967, ce fils d’un préparateur en pharmacie aurait dû devenir ouvrier, comme ses copains, s’il ne s’était pris de passion pour le cinéma. Très vite, le jeune homme abandonne ses études pour se rendre à Paris tenter sa chance à l’IDHEC (Institut des hautes études cinématogra-phiques), qu’il rate, avant de devenir comédien et assistant-réalisateur (avec Manoel de Oliveira, André Téchiné). Lorsqu’il signe son premier long-métrage, « Nord », en 1991, la critique unanime salue ce nouveau et prometteur talent. Dans cette poignante chronique sociale, quasi autobiogra-phique, il raconte la misère d’une enfance mar-quée par l’alcoolisme du père et les liens ambigus avec la mère. Cette première œuvre lui vaudra deux premières nominations aux César, pour la première œuvre et le meilleur espoir masculin. En 1995, ce sera « N’oublie pas que tu vas mourir »,

l’errance désespérée d’un jeune séropositif, qui fera partie de la sélection officielle au Festival de Cannes de 1995 et y obtiendra le Prix du Jury. Suivront « Selon Matthieu », présenté au Festival de Venise en 2000, « Le petit lieutenant », qui obtiendra les César du meilleur réalisateur et du meilleur scénario en 2006.

Pour chacun de ses films, Xavier Beauvois passe beaucoup de temps à se documenter, à lire, à écouter les spécialistes, ce qui lui permet d’être toujours d’une grande justesse de ton, que ce soit pour décrire le milieu ouvrier, celui du petit trafic de drogue, celui de l’entreprise, celui de la police et celui d’un monastère. C’est ainsi que pour pré-parer le tournage de son film « Des hommes et des dieux », outre l’utilisation des services d’Henry Quinson, comme conseiller ecclésiastique, la lec-ture de l’histoire de l’Algérie, de la Bible et du Coran, des écrits de Christian de Chergé et de frère Christophe, il s’est immergé dans le silence de la vie des trappistes, à l’abbaye de Tamié, en Haute-Savoie, où il a, par la suite, envoyé ses comédiens.

Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser cet amoureux du cinéma et de la peinture à filmer la vie quotidienne des moines, avec tant de res-pect ? Sans doute ce désir, à chaque nouveau film, d’apprendre quelque chose de nouveau sur la vie et sur l’homme. De cette manière, le cinéaste est parvenu à approcher le mystère de la vie monas-tique et du sacrifice de ces moines martyrs. ■

cinéma

Le cinéaste Xavier Beauvois réalise de nombreux films primés. Son dernier« Des hommes et des Dieux », obtientle Prix du Jury au Festival de Cannes.

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Approcherle mystèrede la vie monastique

des hommes et des dieux

xavier Beauvois ou la passion du cinéma

par Marie-ChristineRenaud d’andRé

Petit rappel des faitsDans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines trappistes du monastère de Tibhirine, en Algérie, sont enlevés lors de la guerre civile algérienne, et séquestrés pendant deux mois avant d'être retrouvés morts le 21 mai 1996.Le 21 mai, un communiqué attribué au GIA (Groupe islamique armé) informe « Nous avons tranché la gorge des sept moines, conformément à nos promesses. Que Dieu soit loué, ceci s'est passé ce matin ». Le gouvernement algérien se refuse à confirmer l'in-formation. Neuf jours plus tard, il annonce la découverte des seules têtes des moines près de Médéa. Les têtes reposaient sur un fond de satin blanc et sont chacune accom-pagnées d'une rose. Après les obsèques à la nouvelle cathédrale d'Alger, ces dépouilles sont enterrées au monastère de Tibhirine.Les sept moines assassinés : Dom Christian de Chergé (59 ans), Frère Luc Dochier (82 ans), Père Christophe Lebreton (45 ans), Frère Michel Fleury (52 ans), Père Bruno Lemarchand (66 ans), Père Célestin Ringeard (62 ans), Frère Paul Favre-Miville (57 ans).

Xavier Beauvois

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Il arrive, parfois, qu’un cinéaste ren -contre une histoire forte et soit tel lement touché par elle qu’il est

com me transcendé par son sujet. Ce fut le cas de Gabriel Axel avec Le fes tin de Babette, c’est manifestement le cas de Xavier Beauvois avec la tragédie des moines de Tibhirine. Mais loin de s’inté-resser aux aspects politiques de ce sanglant fait divers, le cinéaste a choisi de braquer sa caméra sur les se maines qui ont précédé le drame.

Ils vivent la vie de tous les moines, dans le silence et le recueillement. Mais ces chrétiens en terre musulmane, qui vivent en harmonie avec leurs voisins, se trouvent au cœur de l’une des régions les plus troublées d’Algérie, où sévissent les groupes islamistes les plus radicaux. Nous sommes en 1996, au monastère de Ti bhirine, dans l’Atlas. Lorsque des tra vailleurs étrangers sont étranglés, non loin de leur monastère, certains moines se demandent s’il ne faut pas partir. En des plans d’une admirable beauté, Xavier Beauvois filme la vie de prière des moines, leur vie active à l’ex-térieur, entre les soins apportés aux malades (parfois près de 100 personnes soignées par jour !) et les travaux agri-coles, les offices et les débats suscités par leur situation, lors de leurs chapitres quotidiens. Entre doute, peur et fidélité à

leur engagement, les moines s’interro-gent, en effet, sur leur avenir, sur ce qu’ils doivent faire : partir, rester, accep-ter la protection des autorités… Certains plans, magistralement éclairés par Caroline Champetier, sont de véritables tableaux (de l’aveu même du cinéaste, celui-ci s’est inspiré de certaines de ses toiles préférées, tel le Christ de Mantegna, Saint Thomas du Caravage…). Les comé-diens, d’une so briété et d’une justesse rares, sem blent habités par leur person-nage. Loin de toute polémique sur les raisons de leur assassinat, Xavier Beauvois plonge au cœur du beau mystère de ces moi nes portés par un amour infini pour Dieu et pour leur prochain : pour quoi sont-ils restés ?

Comme porté par la grâce (le réalisateur a beaucoup lu pour préparer son film, et il a passé une semaine dans un monastère cistercien, tout comme ses comédiens !), ce film met en scène, avec beaucoup de rigueur des hommes de foi qui, non sans peur ni hésitation, pèsent le pour et le contre avant d’ac-cepter, dans l’abandon à la volonté divine, leur probable mar tyre. Ce film est une belle illustration des paroles prémonitoires du frère Christian : « S’il m’arrivait un jour - et ce pourrait être aujourd’hui - d’être victime du terro-risme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma commu-nauté, mon Église, ma famille, se sou viennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. » ■

Des hommes et des dieux. Drame français (2010) de Xavier Beauvois, avec Lambert Wilson (Christian), Michael Lonsdale (Luc), Olivier Rabourdin (Christophe), Philippe Laudenbach (Célestin), Jacques Herlin (Amédée), Loïc Pichon (Jean-Pierre), Sabrina Ouazani (Rabbia) (2h). (Adolescents.) Sortie le 8 septembre 2010.

Cahier intimeL'idée d'écrire un journal intime réunit la destinée d'un groupe d'adolescents. Sans le vouloir, ceux-ci voient s'entrecroiser trois histoires sentimentales qui les concernent.Cela commence par le journal de Leonora, 16 ans, qui vit avec les préoccupations de son âge. De son côté, Ali Trabelsi, d'origine maghrébine, est doué pour les bandes dessinées et les mangas. Sa « mission impossible » consiste à faire la conquête de la fille la plus jolie du lycée. Ce film est le résultat d'un long travail en atelier de théâtre, réalisé par Attilio Azzola et Maria Grazia Biraghi avec des adolescents de la région de Milan. Tout est centré sur l'idée du père, absent, trop présent ou virtuel, chargé de la transmis-sion d'un savoir. Il s'agit quasiment d'un film à sketchs, mais en réalité il y a une interdépendance entre les personnages qui conduira à créer une certaine solidarité des destins. Les histoires abordent des problèmes très différents. Celui de Leo est le plus dramatique car il s'agit du rapport d'une adolescente avec un père depuis longtemps absent. L'histoire d'Ali, trop surveillé par la puissance paternelle, aborde les questions de l'intégration à travers la quête amoureuse. La troisième histoire essaie de réaliser le rêve de l'amour éter-nel, au-delà des contraintes du temps. Le scénario est servi par de bons acteurs, qui rendent attachants les personnages. Les problèmes auxquels sont confrontés les héros des différentes histoires ont, en dépit d'un contexte un peu conventionnel, leur part de vérité et leur intérêt humain. En tout cas ils se démarquent nettement des représentations habi tuelles que le cinéma donne de la jeunesse. Georges Collar

Comédie dramatique italienne (2008) de Attilio Azzola, avec Roisin Grieco (Leo Villa), Amine Slimane (Ali Trabelsi), Antonio Sommella (Michelle Mancia), (1h30). (Adolescents.) Sortie le 8 sep-tembre 2010.

CINÉMA

Des images splendides et inspirées racontent les combats intérieurs des moines de Tibhirine.

Un film touché par la grâce

par Marie-ChristineRENAUD d’ANDRÉ

Entre doute, peur etfidélité à leur engagement,les moines s'interrogent(

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Des hoMMes et Des DIeUx

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ThéâTre eSSaïon

«Je cherche un millionnaire… pour man-ger des z'homards » évoque bien sûr Mistinguett. En faire le titre du spec-tacle dit clairement le caractère de ce dernier : un récital de chansons. Pas

les plus anciennes ni les plus marquantes, mais plutôt les plus émouvantes ou poétiques.

C'est ainsi que sont rappelées les œuvres d'Ar-letty, Guilbert, Frehel, Piaf, Oswald, Dubas, Vian, Jeanmaire, Barbara, Greco, Moreau, Fontaine… à travers des airs comme « Je suis pocharde », « Toute petite », « Mitsou », « Pourquoi m'as-tu fait ça chéri ? », « Le tango stupéfiant », « Blues », « Le nougat de Bernard Dimey », « Je suis déca-dente », et tant d'autres…

Le plus marquant, après le talent musical des interprètes, est la façon dont les enchaînements sont tra-vaillés. Tout donne l'impression du

récit de la vie d'une gosse de Paris, depuis sa jeunesse jusqu'à son décès. Les transitions sont impeccables, qui donnent l'illusion d'une conti-nuité sans faille en même temps que le chan-gement d'un seul accessoire (manteau, jupe, galurin…) fait immédiatement croire à la nou-velle déclinaison du personnage. Et si ce der-nier évoque un Paris populaire, voire de misère, jamais il ne flirte avec une gouaille ou un pas-séisme faciles. Au contraire, des allusions à l'ac-tualité émaillent le propos de chaque introduc-tion (« le PS, Pas Simple, et l'UMP, Un Mauvais Présage », pôle emploi, « je suis tombée amou-reuse d'un acteur, un vrai qui travaille », chan-son « subventionnée » sur un air de rap, etc.), histoire de montrer combien les sentiments et histoires relatés sont éternels. De fait, la phrase : « Ah, Papa chéri, qu'il me plaît, cet anarchiste » trouverait-elle aujourd'hui une autre réponse qu'à l'époque de la chanson ? Tout au plus les choses sont-elles dites avec une poésie qui n'a plus cours : « J'ai le cœur en déroute, qui bat comme un volet au vent », « T'en as de la chance d'avoir de la peine, chéri ; moi, mon cœur est sec comme un coup de bec ». n

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Je cherche un millionnaire… pour manger des z'homards, théâtre musical conçu et inter-prété par Marina Glorian avec, à l'accordéon, Laurent Derache ou Maxime Perrin. Au théâtre Essaïon, 6, rue Pierre-au-Lard, 75004 Paris, tél. : 01.42.78.46.42, les vendredi et samedi (21h30) jusqu'au 23 octobre.

Chanter est une chose, créer une unité entre des airs de différentes époquesen est une autre. Marina Glorian réussittrès bien et l'un et l'autre.

Un récital de chansons sur la vie d'une gosse de Paris

par Pierre François

Jeune femme naïverecherche fortune

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Monologue comiqueLes aventures d'Octave est un spectacle solo qui tient du conte, du fantastique et du jeu de mots perpétuel. Dès la première, le comé-dien crée une atmosphère de mystère et de suspense qu'il entretient jusqu'à la fin. Suspendu aux lèvres de l'acteur tel le gamin à la roulette de sa tyrolienne, le public dévale avec lui toute la longueur du spectacle en se demandant ce qui va se dire à chaque moment.Car on va de surprise en surprise. Si le début de ce soliloque comique semble suggérer un divertissement fondé sur la notion de chiffre, c'est au moment où on s'en convainc que les assonances surgissent en embuscade, avant de se laisser dominer à leur tour par un conte sans café mais à réveiller un mort d'ahurissement ! Puis, le propos, à force de dériver au gré de l'imagination du narrateur et de l'étonnement attentif du public, va finir par devenir loufoque puis fantastique. L'unité du tout étant constituée par la jouis-sance linguistique que procure ce verbiage fin et néanmoins à la portée de tous. n

Les aventures d'Octave, de et avec Alain Payen, mis en scène par Pascale Siméon.Du mercredi au samedi (19h) jusqu'au 6 novembre au Guichet Montparnasse,15, rue du Maine, 75014 Paris, tél. : 01.43.27.88.61.

D.R.

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Pourquoi changer une recette qui marche, surtout lorsqu’il s’agit, pour le réalisateur et ses comédiens, de

continuer à s’amuser en tournant ?Danny Ocean réunit sa bande de

co pains pour venger Reuben, son ami et mentor, trahi par Willy Bank, propriétaire d’un prestigieux casino. Ce nouvel épisode de la série « Ocean's » s'inscrit dans la lignée des deux premiers, avec une intrigue réser-vant sans doute moins de surprises, mais se révélant plus claire. Le spectateur sera séduit par l'élégance de la mise en scène, à l'image des costumes soignés des personnages. Même Las Vegas, pourtant temple du kitsch, est filmée avec une certaine grâce. Le casino de Bank présente d'ailleurs une architec-ture étonnante. L'ingéniosité et l'audace

dont Danny et ses amis doivent faire preuve donnent lieu à quelques scènes savoureuses. Les notes d'humour ne manquent pas, surtout lorsqu'il s'agit de dépeindre les cœurs sensibles de nos héros, capables de s'émouvoir de vant un show d'Oprah Winfrey. Le ci néaste a réuni de nouveau une distribution de rêve à laquelle il faut ajouter Al Pacino. On regrette néanmoins l'absence de Julia Roberts et de Catherine Ze ta-Jones. Il manque, en effet, une pe ti te touche féminine à cet épisode. Ste ven Soder bergh signe une œuvre, cer tes oubliable, mais qui parvient à nous distraire avec une certaine intelligence.

Cet agréable divertissement met en scène une bande d’arnaqueurs qui ne sont pas étouffés par les scrupules. Pourtant, ils ont le sens de l’amitié et de la solidarité, et le cinéaste sait les rendre, d’épisode en épisode, de plus en plus humains. ■Ocean’s 13. Comédie américaine (2007) de Steven Soderbergh, avec George Clooney (Danny Ocean), Brad Pitt (Rusty Ryan), Matt Damon (Linus Caldwell/Lenny Pepperidge), Al Pacino (Willy Bank), Don Cheadle... (2h02). Dimanche 12, sur TF1, à 20h35.

Rendez-vousen terre inconnue« Avec Gérard Jugnotchez les Chipayas »

Selon la formule consacrée, Gérard Jugnot part sans connaître sa destination, à la rencontre des Chipayas, des Indiens qui vivent à 4 000 mètres d’altitude, dans une région aride de l’altiplano, en Bolivie. Le début est un peu lent à démarrer, mais, très vite, le téléspectateur est saisi par la beauté de cette région dé solée et par la gentillesse et le courage de ce peuple qui parvient à tirer sa subsis-tance d’une terre aride. L’un d’eux, qui veut donner la meilleure éducation à ses en fants, estime que « une personne sans éducation, c’est comme une maison sans fenêtre ».Documentaire français (2010) de Frédéric Lopez et Christian Gaume (1h46). Diffusion le mardi 14 septembre, sur France 2, à 20h35.

Le goût de la vieKate voue une très grande passion à l'art culinaire et travaille sans relâche comme chef d'un prestigieux restaurant de Manhattan. Sa vie bascule le jour où elle apprend la mort de sa sœur qui devait lui rendre visite avec sa petite-nièce, Zoé. Selon la volonté de sa sœur, Kate accueille sa nièce chez elle. Mais comment consoler une enfant de la mort de sa mère ? Cette jolie comédie dramatique, pleine de charme, d'humour et d'émotion, est le remake d'un film allemand, Chère Martha. Certains trouveront peut-être le sentimentalisme un peu trop appuyé. Mais les personnages sont attachants, et l'at-mosphère culinaire du récit éveillera les papilles gustatives du spectateur. Il y a une profonde tendresse entre les personnages qui partagent la même douleur.Comédie dramatique américaine (2007) de Scott Hicks, avec Katherine Zeta-Jones (Kate), Aaron Eckhart (Nick), Abigail Breslin (Zoe), Patricia Clarkson (Paula), Jenny Wade (1h43). Diffusion le dimanche 12 septembre, sur France 2, à 20h35.

TÉLÉVISION

Soirée thématique « L’histoire secrète de Casablanca »Nul n’aurait parié, à l’époque, sur le succès de Casablanca, le film mythique de Michael Curtiz, car il a été tourné (et écrit !) au jour le jour, un peu dans la panique. En 1942, ceux qui fuient le régime nazi se réfugient à Casablanca, dans l’espoir de s’embarquer pour les États-Unis. Ce film magnifique est un des sommets du film

d’amour. Humphrey Bogart et Ingrid Bergman forment un couple magique, dans une œuvre poignante et d’une grande maîtrise cinématographique. Cette histoire d’amour est aussi une magnifique histoire de sacrifice. Le documentaire qui suit étudie les services secrets qui œuvraient dans la ville pour les Alliés. Curieusement, ils étaient polonais et dirigés par un certain Rygor, demeuré depuis dans l’anonymat. Ce passionnant documentaire montre, extraits à l’appui, que le film collait, sans le savoir, à la réalité de la guerre et de l’époque.Casablanca. Drame en NB (1942) de Michael Curtiz, avec Humphrey Bogart (Rick), Ingrid Bergman (Ilsa), Paul Henreid (Victor Lazlo) (1h42).Les ombres de Casablanca. Documentaire franco-polonais (2009) de M. Gago et B. Sulik (1h30). Diffusion dimanche 12 septembre, sur Arte, à 20h40.

On retrouve avec plaisir la bande de copains de Danny Ocean, dans cette nouvelle arnaque.

Ocean’s 13 par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Même Las Vegas,pourtant temple du kitsch, est filmée avec une certaine grâce

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TF120.45 Le grand concours des animateurs. Divertissement pré-senté par Carole Rousseau, avec Denis Brogniart, Patrice Car-mouze, Jean-Pierre Foucault, Phi-lippe Gildas, Catherine Laborde, Marie-Ange Nardi, Jean-Pierre Pernaut...23.15 New York section cri­minelle. Série 3.France 220.35 Le plus grand caba­ret du monde. Divertisse-ment présenté par P. Sébas-tien, avec Kad Merad, Isabelle Mer gault, Didier Benureau, Alexandre Brasseur, Michel Leeb, Linda Lemay, Jacques Weber...22.50 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.35 Commissaire Magellan «Théâtre de sang» GA. Téléfilm avec Jacques Spiesser, Maka Sidi-bé, Nathalie Besançon. Malgré des longueurs et une his-toire alambiquée, le suspense est prenant, et la fin émouvante.22.40 Les enquêtes de Mur­doch : «La malle ensanglantée», «Élémentaire, mon cher Murdoch» GA. Série avec Yannick Bisson, Thomas Craig. Cette série policière canadienne, dont l’action se déroule au XIXe siècle, est bien faite, mais un peu languissante.Arte20.40 L’aventure humaine «Ma chu Picchu : Un nouveau regard» J. Passionnant et bien fait.21.35 L’aventure humaine «Le code secret des Aztèques».

22.25 Les graines de la colère (1/2) (Britz) GA. Téléfilm avec Riz Ahmed, Manjinder Virk... (1h55). (Voir notre analyse ci-contre.)M620.40 Médium : «Le corbeau», «Gentleman hacker», «Self defense». Série avec Rosanna Arquette 2.Canal +20.50 La musicale. Divertissement présenté par Emma de Caunes.KTO20.40 VIP «Claude Bébéar». Ren-contre avec un chef d’entreprise.21.45 Mille questions à la foi «Pourquoi prier pour la paix ?».22.15 Concert «Le tombeau, de Marc-Antoine Charpentier».

télévision

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TF120.45 Ocean’s 13 J. Thriller (2007) de Steven Soderbergh, avec George Clooney, Brad Pitt... (2h). (Voir notre analyse page 35.)23.00 Les experts. Série 2.France 2

20.35 Le goût de la vie J. Comé-die (2007) de Scott Hicks, avec Catherine Zeta-Jones, Aaron Eckhart (1h43). (Voir notre analyse page 35.)22.20 Faites entrer l’accusé «Les petits secrets de Madame Jochimec». Magazine.France 320.35 Paris­Québec sous les étoiles. Divertissement présenté par Daniela Lumbroso et Véronic Dicaire, avec Michel Fugain, Enri-co Macias, Nicole Croisille, Chimène Badi, Michel Delpech, Gérard Lenorman, Roch Voisine, Corneille, Diane Tell, Zaz...23.40 La brigade de protection des mineurs A 3. Poi-gnant, mais un peu complaisant.00.30 Main basse sur la ville GA. Drame en NB (1963) de Fran-cesco Rosi, avec Rod Steiger (1h40). Ce grand film puis-sant dénonce les malversations des politiques napolitains.ArteL’histoire secrète de Casablanca(Voir notre analyse page 35.)20.40 Casablanca GA. Drame en NB (1942) de Michael Curtiz, avec Humphrey Bogart, Ingrid Berg-man (1h42). 22.20 Les ombres de Casa­blanca J. Documentaire.23.45 La lucarne «Archipels nitrate : Notes pour une cinéma-thèque». Documentaire.M620.40 Zone interdite «Un an à l’internat peut changer leur vie». Magazine présenté par Mélissa Theuriau.22.45 Enquête exclusive «Un été dans un pays en faillite». Magazine présenté par B. de La Villardière.Canal +21.00 Football «Marseille/Monaco».KTO20.40 Les grands entretiens «Pa-roles d’ermite, le père André Louf».22.50 Hors les murs «Le Saint-Cordon de Valenciennes».

TF120.45 Un bébé pour mes 40 ans A/Ø. Téléfilm avec Natacha Amal, Jean-Michel Tinivelli, Clair Jaz... Malgré une fin positive, on a du mal à s’intéresser à cette histoire outrancière et illustrée

d’une scène érotique.22.30 New York section crimi­nel le. Série 2.01.00 Au Field de la nuit. Magazine présenté par Michel Field, avec Michel Houellebecq, Marc Dugain, Stéphanie Janicot, Olivier Adam.

France 220.35 Castle : «Messages par balles», «La mort de Nikki», «La piste du vaudou» GA. Série avec Nathan Fillion. Prenant, mais les histoires sont affreuses (le second épisode n’a pu être visionné).22.40 Un œil sur la planète «Doit-on imiter les Suédois ?». Magazine présenté par Étienne Leenhardt.France 320.35 Hors­série «Je préfère manger à la cantine» J. Intéressant, malgré des longueurs.22.55 Ce soir (ou jamais !). 00.10 La case de l’oncle Doc «Session d’assises dans la cité». Arte

20.40 Le Doulos GA. Policier en NB (1962) de Jean-Pierre Melville, avec Serge Reggiani, Jean-Paul Belmondo (1h48). Superbe, mais complexe.22.25 Rolando Villazon «Un rêve mexicain».23.20 Le scandale impression­niste. Documentaire.M620.40 Un dîner presque parfait «Le combat des régions». Divertis-sement présenté par Stéphane Rotenberg.22.55 Un dîner vraiment parfait «Le combat des régions». Canal +20.50 The Pacific (4, 5 et 6/10) A/Ø. Série avec James Badge Dale, Joseph Mazzello, Jon Seda 3. Passionnant, mais des images peu discrètes.KTO20.40 New York, Saint­Vincent­de­Paul. Un documentaire sur la disparition d’églises dans la ville.21.45 Un cœur qui écoute «Pardon».22.20 Grands entretiens «Jean Vanier».

TF120.35 Football «Ligue des Cham-pions : Olympique Lyonnais/FC Schalke 04», en direct de Lyon.22.50 Enquêtes et révélations «La folie camping : Secrets, bons plans et dérives d’un business très rentable». Magazine.France 220.35 Rendez­vous en terre inconnue «Avec Gérard Jugnot chez les Chipayas» J. (Voir notre analyse page 35.)22.05 Gérard Jugnot «Retour de terre inconnue».22.55 Un jour, un destin «Madame Claude, sexe, mensonges et secrets d’État». Documentaire 2.00.50 If… A/Ø. Comédie drama-tique (1968) de L. Anderson, avec Malcolm McDowell (1h45) 3. Brillant, mais anarchi-sant, avec des images complaisantes.France 320.35 Witness GA. Policier (1984) de Peter Weir, avec Harri-son Ford, Kelly McGillis (1h52) 2. Un excellent suspense, mêlant comédie et intrigue poli-cière, mais des violences.22.55 Ce soir (ou jamais !). Arte

20.40 Les Tudors (3 et 4/10) GA. Série avec Jonathan Rhys Meyers, Natalie Dormer 3. Ce sont, sans doute, les deux meilleurs épisodes, avec la magni-fique figure de Thomas More.Des clandestins vers l’eldorado américain22.30 Un si long voyage. Documentaire.23.55 Arte lounge.M620.40 Desperate housewives (1, 2 et 3/23) GA. Série avec Teri Hat-cher. C'est toujours très bien fait, avec des touches d'hu-mour, mais aussi des fausses notes.23.05 Swingtown. Série 2.Canal +20.50 Julie & Julia J. Comédie (2009) de Nora Ephron, avec Meryl Streep, Amy Adams (1h59). Cocasse et appétissant.KTO20.40 Les mardis des Bernar­dins «La finance dans Caritas in veritate», avec Gilles Denoyel, Pierre de Lauzun, Laurent Seyer.21.45 Églises du monde «Grande-Bretagne». 22.20 VIP «Claude Bébéar».

samedi 11 septembre Dimanche 12 septembre lundi 13 septembre Mardi 14 septembre

émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Judaïca», «Orthodoxie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «La Croix : signe de contradiction ?» (et à 11h30) - 10h45 Messe en direct du calvaire de Pontchâteau (44).

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télévision

FRANCECatholique n°3225 10 septembre 2010 37

sur ArteSamedi 11 septembre à 22h25Les graines de la colère (1/2) GAAnglais d'origine pakistanaise, Sohail et sa sœur Nasima n'ont pas les mêmes réactions devant les lois antiterroristes. Cette histoire prenante montre le désarroi de cette com-munauté qui s'est sentie agressée par la politique britannique de lutte contre le terrorisme. Ce télé-film un peu trop long est très éclairant. Si l'on est choqué par ces lois antiterroristes et liberticides, on l'est surtout par ces fana-tiques qui prêchent, en toute impunité, le djihad.

TF120.45 Mentalist : «Esprit, es-tu là ?», «L’or noir», «Petit cercle entre amies». Série avec Simon Baker, Robin Tunney. 23.15 Fringe. Série 2.France 2

20.35 Les petits meurtres d’Aga­tha Christie «Je ne suis pas cou-pable» GA. Téléfilm avec Antoine Dulery, Marius Colucci, Léna Bre-ban, Frédérique Tirmont, Guilaine Londez. Cet excellent sus-pense fait revivre l’époque des suf-fragettes. Mais c’est outrancier, et l’histoire familiale est affreuse.22.10 Le bureau des plaintes. Magazine présenté par Jean-Luc Lemoine.France 320.35 Des racines et des ailes «L’abbaye de Cluny» J. Magazine présenté par Louis Laforge. Seuls deux reportages, intéres-sants, ont été présentés à la presse.22.55 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.40 Les mercredis de l’his­toire «Ronald Reagan : L’enfance d’un chef» GA. Même s'il est partiel, le portrait dressé par le réalisateur est intéressant, d'au-tant plus que les intervenants apportent un vrai plus à ce travail.21.35 Les mercredis de l’histoire «Juan Carlos : L’enfance d’un chef» GA. C'est une bonne leçon d'intelligence politique que déve-loppe ce documentaire intéressant.22.25 Le dessous des cartes «Les cartes de la guerre et de la paix».22.40 Les neuf reines J. Policier en VO (2001) de Fabian Bielinsky, avec Gaston Pauls, Ricardo Darin (1h49). Un bon petit polar.M620.40 Victoire Bonnot «Le secret». Téléfilm avec Valérie Damidot, Roxane Damidot (1h30). 22.30 Les parents les plus stricts du monde «Île Maurice». Canal +20.45 Champions League «Olym-pique de Marseille/Spartak Moscou».KTO20.40 Chrétiens d’Allemagne, des chemins d’unité. Documentaire.21.45 La famille en questions «Écho-graphie : Émerveillement ou stress ?».22.20 La foi prise au mot «La résurrection de la chair».

TF120.45 Koh­Lanta. Divertissement présenté par Denis Brogniart.22.20 Secret story 2.France 220.35 Boulevard du Palais «L’af-faire Isabelle Duhesme» A. Télé-film avec Anne Richard, Jean-François Balmer... (1h36) 2. Un épisode moins réussi que les précédents, avec une histoire confuse et plutôt sinistre.22.10 Avocats et associés «Cava le» GA. Série avec Muriel Combeau, Frédéric Gorny. Assez prenant.23.05 Semaine critique. Maga-zine présenté par F.-O. Giesbert.France 320.35 Thalassa. Magazine.22.55 Vie privée, vie publique, l’hebdo. Magazine de Mireille Dumas, avec Roland Giraud, Maaike Jansen et Isabelle Mergault.00.10 Toute la musique qu’ils aiment «Concert de l’Orchestre de Paris au Louvre : L’oiseau de feu».01.15 Nabucco. Opéra de Verdi, avec Roberto Serville, Rosa d’Im-perio, Askar Abdrazakov.Arte20.35 Une dernière fois A. Télé-film avec Matthias Habich... (1h29). Bien que tordue, cette histoire est assez prenante, mais il y a des longueurs et une scène suggestive.22.10 Les premiers astronautes. Documentaire.23.05 Grand format «Le cœur de Bombay». Documentaire.M620.40 NCIS, enquêtes spécia­les : «La nuit de tous les dangers», «Question d’instinct», «Fight club». Série avec Mark Harmon 2.23.05 Numb3rs. Série 2.Canal +

20.50 X­Men origin : Wolverine GA. Film fantastique (2009) de Gavin Hood, avec Hugh Jackman (1h44) 2. Spectaculaire et très bien fait.KTO11.00 Benoît XVI au Royaume­Uni (et à 17h00 et 18h10). 20.40 Benoît XVI, une histoire d’amour avec la vérité.21.40 Grégoire et Augustin, mis­sionnaires de l’Angleterre.22.20 Les mardis des Bernardins «La finance dans Caritas in veritate».

TF120.45 Masterchef. Divertissement présenté par Carole Rousseau, avec Frédéric Anton, Yves Camde-borde, Sébastien Demorand.23.55 Masterchef se met à table. Divertissement présenté par Carole Rousseau.02.25 Les aristos GA. Comédie (2005) de et avec Charlotte de Turckheim, et avec Jacques Weber, Vincent Desagnat (1h25). Amusant, mais caricatural.France 220.35 Envoyé spécial : «Immer-sion dans les bandes», «Carnet de route en Afghanistan : Dans les pas des expulsés», «La guerre des abeilles». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.22.45 Infrarouge : «Tous ensemble», «Chantons de gauche à droite !». Documentaires.France 320.35 Les liens du sang A/Ø. Policier (2007) de Jacques Maillot, avec Guillaume Canet, François Cluzet (1h43) 2. Un polar assez réussi, mais des scènes érotiques et des violences.22.50 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte

20.40 Infernal affairs GA. Policier (2004) de Wrai-keung Lau et Alan Mak, avec Tony Leung (1h37). Cet excellent policier est un peu compliqué, mais bien maîtrisé. Cette quête de vérité et d'identité ne manque pas de force, mais il y a des violences.22.20 Jimi Hendrix.23.10 Tracks.M620.40 Bones : «Première enquête», «La vérité n’a pas de prix», «Faux frères», «Un homme bien», «Dans la peau de l’ours». Série avec Emily Deschanel 2.Canal +20.50 24 heures (1 et 2/24). Série avec Kiefer Sutherland 3.KTO11.30 Benoît XVI au Royaume­Uni «Accueil à l’aéroport». 18.15 Benoît XVI au Royaume­Uni «Messe à Glasgow». 20.45 Les grands entretiens «Jean-Marie Petitclerc : Le prêtre, les jeunes, la banlieue». 21.45 Églises du monde «Grande-Bretagne».22.20 Parabole du père Bro.

Mercredi 15 septembre Jeudi 16 septembre vendredi 17 septembre

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif: Elémentnégatif

Repères

RaDiosRadio Notre-DameLundi 13 au jeudi 16 septembre8h Les matinales, avec la chro-nique de Gérard Leclerc (à 8h15).Lundi 13 septembre11h30 et 17h Paroles d’évêque "Le regard des évêques d'Île-de-France sur l'actualité, sur l'église et sur leur diocèse". Mgr Luc Ravel (diocèse aux Armées).mardi 14 septembre11h30 et 17h Paroles... Mgr éric Aumonier (diocèse de Versailles).mercredi 15 septembre11h30 et 17h Paroles... Mgr Jacques Benoit-Gonnin (diocèse de Beauvais).Vendredi 16 septembre11h30 et 17h Paroles... Mgr Gérard Daucourt (diocèse de Nanterre).

RCFdimanche 12 septembre7h Histoire du Christianisme "La naissance de l'église anglicane, avec Yves Krumenacker (1/2) (à l'occasion du voyage du Pape en Angleterre du 16 au 19 sep-tembre)".Lundi 13 septembre14h30 Halte spirituelle "La spiri-tualité du cardinal Newman", avec Mgr Olivier de Berranger (à l'occasion de la béatification du cardinal Newman). (Tous les jours, à 14h30 et 20h45.)jeudi 16 septembre9h30 Le Temps de le Dire "Qui sont les anglicans ?" avec Rémy Bethmont (à l'occasion de la visite, du 16 au 19 septembre, du Pape Benoît XVI en Angleterre).

Marie BIZIEN

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Paris✔ À l'occasion de la semaine thérésienne du 25 septembre au 1er octobre, à la Chapelle Sainte-

Thérèse, 40 rue Jean de la Fontaine, 75016 Paris "Vénération des reli-ques de sainte thérèse", avec Mgr La f f i t t e , le père Marie-Michel,

Sœur Emmanuelle… célébra-tions, soirées de prière, confé-rences, spectacle… Rens. ✆ 01. 44.14.75.75. Programme sur : www.semainetheresienne.org✔ Les Semeurs d'Espérance or-ganisent une Veillée d'Adoration, "Adorons le Seigneur", François, le flamboyant d'Assise ! introduite par le spectacle de Damien Ricour (qui viendra jouer son tout dernier spectacle. Avec humour et éner-gie, il nous plongera dans l’Assise du XIIe siècle. Il fera revivre des récits flamboyants adaptés des fio-

rettis de Saint François).

Rendez-vous le 24 septembre (20h15) à l'église St-Gervais, 75004 Paris (entrée par le 13 rue des Barres), avec sac de couchage et tapis de sol. Au programme : enseignement… messe animée… adoration guidée… relais devant Jésus… Rens. ✆ 06. 13.16.29.08 / www.semeurs.org✔ À l'occasion du 100e anniver-saire de la naissance de Mère teresa, sur le thème "Un regard de paix", une messe à Notre-Dame de Paris, sera présidée par le Cardinal André Vingt-Trois, le 12 septembre (18h30). Et du 1er au 9 octobre, en la cha-pelle Saint-Louis de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 47 bd de l'Hôpital, 75013 Paris. Une neuvaine de prière et d'intercession, en présence d'une relique de Mère Teresa aura lieu. Et une exposition sur la vie de Mère Teresa est prévue, avec chaque jour une messe (15h), et une conférence (16h).

✔ L'association Sésame et Talents (147 rue du fbg Poissonnière 75009 Paris) a pour objectif de développer les talents culturels de ses membres, et apporte un soutien aux projets de l'asso-ciation Entraide Mission Amitié (http://www.ema.asso.fr) Elle pré-sente la Troupe Sésame avec "Les Fourberies de Scapin" de Molière, mis en scène par Elie Mazloum, les 17, 18 septembre (20h30) et 19 septembre (16h), à la paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy, Salle Rossini, 8 bis rue de l'An-

nonciation, 75016 Paris. Partic./frais : 10 e. Rens. : ✆ 06.14.32.20.74,[email protected] http://latroupesesame.free.frBas-Rhin✔ Le Foyer de Charité d’Al-

sace, 51 rue Principale, 67530 Ottrott, ✆ 03.88.48.14.00, fax : 03.88.48.11.95, [email protected] organise une récol-lection d'une journée le 19 sep-tembre "Heureux les pauvres de cœur, heureux les doux". Et aussi

le 17 octobre "Heureux ceux qui pleurent". également une retraite du 26 octobre au 1er novembre "L’église, une communauté de saints" (Solennité de la Toussaint) par le Père Bernard Schnabel.Bouches-du-Rhône✔ Le Foyer de Charité de Pro-vence, Sufferchoix, B.P. 63, 13410 Lambesc, ✆ 04.42.57.14. 86, fax. 04.42.57.10.70, prévoit une retraite d'approfondissement, du 13 au 19 septembre, "Prier avec les Psaumes - Semaine de Prière", et une retraite fondamen-tale, du 18 au 24 octobre, "Vous qui avez soif... venez" Is 55, 1.Côte-d'Or✔ Les moines de l’Abbaye de Cîteaux, 21700 St-Nicolas-lès-Citeaux, ✆ 03.80.61.35.34, fax 03.80.61.31.10, proposent des retraites pour les 18-35 ans "une approche de la Parole de Dieu, la liturgie, la tradition monastique, au rythme de prière de la com-munauté, des travaux manuels". Soit du 25 au 30 octobre, ou du 27 décembre au samedi 1er

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DoM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CniL n° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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adresse où France catholique doit être envoyé :❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur

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avec un premier abonnement, en cadeau, un CD "Mater Dulcissima", Cathédrale Notre-Dame de Paris Chant grégorien, polyphonies et monodies.(Éditions Hortus) [Le cD peut être commandé seul, par courrier, au prix de 15 franco,

chèque à l’ordre de France catholique, 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis Robinson.]

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janvier 2011. Rens./insc. : Frère Philippe, ✆ 03.80. 61.11.53 (10h-12h et 15h-17h) / [email protected]✔ Les Chantres de Saint-Hilaire fêtent leurs 10 ans de musique sacrée, à Uzeste (33730). Mu- sique en la chapelle d'Henri IV,

avec le lan-cement du disque sur E. du Caurroy e n 1 è r e m o n d i a l e . Conférence,

répétition publique et concert les 25 et 26 septembre. Journée anniversaire avec participation du Concert des Volutes. Messe grégorienne. Déjeuner musical. Rens. ✆ 05. 56.25.31.39, www.chantres-de-st-hilaire.comLot-et-Garonne✔ Une journée spirituelle, le 12 septembre (10h-17h), avec William Clapier (docteur en théo-logie et éducateur en milieu sco-laire) [Assemblée des amis, anciens retraitants et tous ceux qui veulent découvrir le Foyer et sa mission] est proposée au Foyer de Charité Notre- Dame de Lacépède, 47450 Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05.53.66. 86.05, fax. 05.53.66.10.02 / [email protected]. Eucharistie à 11h30. Repas tiré du sac. Marne✔ Le Foyer de Charité, 4 Grande Rue, 51270 Baye, ✆ 03.26.52. 80.80, ou 06.26.52.80.80, fax 03. 26.52.72.15, [email protected], propose un "Pélerinage Sainte Hildegarde de Bingen", en Alle-magne, les 16 et 17 septembre, avec le Père François-Jérôme Leroy. également à l'occasion des journées du patrimoine, des jour-nées portes ouvertes sont prévues les 18 et 19 septembre, avec le Père François-Jérôme Leroy.Seine-et-Marne✔ Le Foyer de Charité, 10 rue Sommeville, 77380 Combs-la-Ville, ✆ 01.60.60.20.62, fax 01. 60.34.07.48, organise une retraite d’approfondissement, du 13 au 19 septembre, "Ta foi t'a sauvé : les miracles du Christ", avec le Père Alain Bandelier.Val-d'Oise✔ L'association pour l'église de Saint Cyr, 95510 Saint-Cyr-en-Arthies, ✆ 01.34.78.10.87, ou 06.83.35.54.36 / eglise.desaintcyr @gmail.com, à l'occasion des

Journées du Pa t r i m o i n e , p ropose un conce r t , l e 18 septembre (18h), par le Tr i o E f f l e r -d e - S a i n t -Cyr : Divertimento de Mozart et Sérénade de Beethoven, par Akemi Kano (alto), Guillaume Effler (violoncelle), Koji Yoda (vio-lon), entrée libre. Et les 18 et 19 septembre (10h-12h30 et 14h-18h30), une visite guidée de l'église, son histoire, ses trésors, les projets... Et le 25 septembre (18h) Messe.Pèlerinages✔ Marie-Gabrielle Leblanc, (his-torienne d'art et journaliste), orga-nise et conduit avec le professeur Ashraf Sadek (égyptologue et cop-tologue, directeur de la collection Le Monde Copte et diacre copte-ortho-doxe), deux voyages culturels et pèlerinages en égypte copte, sur les pas de la Sainte Famille et des Pères du Désert : Le Caire antique et copte, monastères coptes de Ouadi Natroun, de la Mer Rouge et de la vallée du Nil, centre œcuménique Anafora, Sinaï, étapes de la Sainte Famille en Moyenne égypte, Louxor. Nombreuses rencontres avec l'église copte, les iconographes. 9 jours, du 26 décembre au 3 janvier (1 150 €), ou 13 jours, du 6 au 18 avril (1 650 €), avec le Père Jean-Ariel Bauza-Salinas (o.p.). Rens. : ✆ 01.48.07.05.84, [email protected] de peinture✔ Du 22 (soir) au 26 sep-t embre , a u t o u r du thème " p a y -sage", des cours de peinture (acrylique ou huile) sont pro-posés par Patrice Laurioz , pour compose r e t r éa l i -ser une œuvre. Logement et cours sur place, au Jas de Mery (maison d'hôtes), 84360 Puget-sur-Durance. Apporter pinceaux et tubes. Rens. ✆ 06. 21.89.06. 30, fax [email protected]

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➥ études supérieures / 59 ans / cherche poste ensei-gnant dans établissement catholique indépendant. Matières : histoire / géographie / droit. Tél. : 04.73. 94.90.60.

➥ La Paroisse notre-Dame de Versailles, 35 rue de la Paroisse, 78000 Versailles, tél. 01.30.97.69.70, recherche un sacristain (temps complet-CDI). S’adresser au Secrétariat, tél. : 01.30.97.69.74, fax : 01.30.97.69.79 (8h30-12h30 / 14h-17h, (fermé le mercredi après-midi).

➥ "L'heure d'antan", Restauration de pendules anciennes. Denis Corpechot, expert UFE (Union Française des Experts), 6 rue de Laborde, 75008 Paris (15h-19h du lundi au vendredi ou sur rendez-vous), tél. 01.43.87.97.62, fax 01.42.94.84.25.

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FRance catHoLiQUe - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64courriel : [email protected] - ccP La Source 43 553 55 X

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