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FRAME ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS LE LAALO MBEPP AU SÉNÉGAL NOVEMBER 2005 Cette publication a été produit pour revue par United States Agency for International Development (USAID/EGAT). Elle a été préparée par Anne Dudte Johnson, Malick Sada Sy, and Matar Gaye d’International Resources Group (IRG).

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FRAME ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELSLE LAALO MBEPP AU SÉNÉGAL

NOVEMBER 2005 Cette publication a été produit pour revue par United States Agency for International Development (USAID/EGAT). Elle a été préparée par Anne Dudte Johnson, Malick Sada Sy, and Matar Gaye d’International Resources Group (IRG).

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FRAME ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS LE LAALO MBEPP AU SENEGAL

International Resources Group 1211 Connecticut Avenue, NW, Suite 700 Washington, DC 20036 202-289-0100 Fax 202-289-7601 www.irgltd.com DÉSISTEMENT Les vues des auteurs exprimées dans cette publication ne reflètent pas obligatoirement celles de l’USAID ou le gouvernement des États-Unis.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS I

SOMMAIRE

Liste D’acronymes.................................................................................................. ii

I. Sommaire Exécutif.............................................................................................. 1

II. Description de l’Arbre et du Produit.............................................................. 4 2.1 Description De L’arbre........................................................................................................... 4 2.2 Description Du Produit : Gomme Karaya ......................................................................... 4 2.3 Utilités De La Gomme Karaya Ou Gomme Mbepp ........................................................ 4 2.4 Techniques De Saignées : Mode Et Période De Récolte ................................................ 4 2.5 Types De Gomme Et Zones D’exploitation...................................................................... 5

III. Structuration De La Filière De La Gomme.................................................. 9 3.1 Acteurs ....................................................................................................................................... 9 3.2 Marché De La Filière .............................................................................................................13 3.3 Distribution Des Revenus ....................................................................................................15 3.4 Taxes .........................................................................................................................................17 3.5 Impact Économique Sur Le Marché Mondial ...................................................................18 3.6 Importance Économique Régionale Et Nationale ...........................................................19

IV. Analyse De La Filière Par Le Paradigme Nature-Richesse-Pouvoir........ 21 4.1 Aperçu Pouvoir.......................................................................................................................21 4.2 Aperçu Des Aspects Gestion Des Ressources Naturelles ..........................................26 4.3 Aperçu Des Aspects Richesse.............................................................................................30

V. Stratégies D’intervention Pour Des Entreprises Produites Naturelles..... 39 5.1 Richesse ....................................................................................................................................39 5.2 Pouvoir......................................................................................................................................41 5.3 Nature.......................................................................................................................................42

VI. Conclusions et Recommandations .............................................................. 43

Bibliographie ......................................................................................................... 45

Annexe 1................................................................................................................ 46

Annexe 2................................................................................................................ 47

Annexe 3................................................................................................................ 48

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II ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

LISTE D’ACRONYMES

AG/GRN : Agriculture/Gestion de Ressources Naturelles (dite « Wula Nafaa ») financé par USAID

CIVDs: Comités Inter Villageois de Développement

CR: Conseil Rural

CVD: Comités Villageois de Développement (organes de gestion locale)

GPL : Groupement de Producteur de Laalo

IRG : International Resources Group

ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles

PROMER : Projet de Promotion des Entreprises Rurales

USAID: United States Agency for International Development

WN : Wula Nafaa (Projet AG/GRN financé par USAID)

REMERCIEMENTS AUX : Ousmane Baldé, Abdou Sene, Brook Johnson, Bineta Coly et Oulimata Kanté

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 1

I. SOMMAIRE EXECUTIF

La présente étude de cas, impulsée par le programme FRAME porte sur la gomme Karaya ou gomme mbepp. C’est un produit naturel dont l’exploitation génère des revenus importants aux producteurs de l’ordre de 113 240 F CFA à 268 315 F CFA par personne et par an. Ceci constitue un enjeu par rapport à la création de richesses et à l’exercice du pouvoir local par les communautés de base, plus particulièrement en milieu rural. Compte tenu de ces deux aspects, la méthodologie adoptée pour cette étude repose sur le paradigme Nature-Richesse-Pouvoir placé dans le cadre d’une approche filière.

La filière gomme mbep, principalement exploitée dans la région de Tambacounda mobilise plusieurs acteurs à travers les différents maillons dont :

• Les producteurs au niveau village (plus de 189 entreprises)

• Les banas banas

• Les collecteurs

• Les grossites

• Les sociétés (Setexpharm, Socogomme)

Le commerce de la gomme touche presque tous les centres urbains du Sénégal et une bonne partie du monde rural. Le lieu d’exploitation de la gomme se trouve dans l’une des régions les plus pauvres du Sénégal. Avec le niveau de revenus distribués aux communautés de base, l’exploitation de la gomme contribue de manière significative à la réduction de la pauvreté en milieu rural. Dans l’exploitation de la filière les producteurs gagnent des revenus annuels de l’ordre de 687 500 000 F CFA (US $1 375 000)1.

La gomme Karaya est une gomme exsudée par le Sterculia setigera. C’est un produit forestier, à très forte valeur ajoutée. Par conséquent, elle fait l’objet de plusieurs convoitises par les populations autochtones et par les étrangers immigrants venant la plupart du temps de la Guinée. Cependant, les études montrent que le potentiel exploitable se situe à plus de 20 millions d’arbres dans les régions de Tamba et de Kolda. Avec une production moyenne de 2.524 kg par arbre, la production nationale potentielle est évaluée à plus de 50 000 tonnes de gomme mbep. Actuellement, le niveau d’exploitation de la ressource est de l’ordre de 2-3%. Cependant, la survie du Sterculia sétigéra est sérieusement menacée par le système d’exploitation pratiqué par les producteurs (saignées avec objet tranchant, surexploitation de la ressource, absence de régénération de l’espèce et de préservation de l’environnement). Ceci constitue un défi à relever pour une exploitation durable de la ressource.

L’intérêt que les produits naturels suscitent au plan mondial a stimulé positivement la filière gomme au Sénégal. Elle dispose d’un potentiel pour atteindre les impacts macro et micro–économiques (3 250 000 000 F CFA ou (US$ 6.500.000)2, si des investissements sont faits pour promouvoir la croissance, l’avantage compétitif et la gestion durable de la filière.

En 1996, les revenus des producteurs se situaient entre 69 898 F CFA et 100 0073 F CFA par personne et par an. Entre 2003 et 20044, le niveau de revenus par personne et par an a plus que doublé en se situant entre 113 1 Hulse, 1996. 2 Hulse, 1996. 3 Lô, 1996 (femmes/hommes). 4 Entre 2003-2004, à travers des maillons verticaux, il y avait une augmentation de revenus de 356%, qui affecte 189 entreprises. Source : Wula

Nafaa, 2005

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2 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

340 F CFA et 268 3155 F CFA. La rentabilité de la filière a commencé avec la commercialisation de la gomme mbepp dans le marché mondial (plus de 1000 tonnes commercialisées par an). La gomme brute est achetée à un prix moyen de 500 F CFA par kg aux producteurs par les collecteurs ou les banas banas, elle est revendue par ces derniers à 900 F CFA aux grossites ou exportateurs qui à leur tour vendent le kg au marché international à 1500 F CFA.

Les contraintes de compétitivité de la gomme mbepp dans le marché international se résument à :

• la qualité du produit

• la faiblesse de la production (1500 tonnes/an) face à une demande sans cesse croissante : les collecteurs ne disposent pas suffisamment de fonds de roulement pour satisfaire la demande des sociétés

• l’irrégularité de la production au cours de l’année

• le manque d’articulation verticale de la filière : absence de communication entre les acteurs des différents maillons de la filière

• le coût élevé des transactions qui empêche les exportateurs de disposer de la liquidité toute l’année, et aussi de promouvoir les investissements sur la qualité.

Depuis 2003, la démarche Nature-Richesse-Pouvoir (N-R-P) du projet Wula Nafaa, avec ses interventions et les impacts observés montrent qu’il y a des résultats positifs sur la gestion, la durabilité et l’augmentation des revenus dans la filière. L’amélioration de la filière ainsi que son développement passeront nécessairement par cette optique N-R-P car elle permet l’articulation entre l’augmentation de revenus des acteurs, la bonne gestion de ressources et l’implication de tous les segments de pouvoir local dans les décisions relevant les ressources de terroir : la bonne gouvernance, la lutte contre la pauvreté et l’exploitation durable de la ressource.

De nos jours, la tendance actuelle dans la filière gomme mbep à travers les aspects Nature-Richesse-Pouvoir:

• Nature

– l’utilisation des techniques améliorées de saignées

– la préservation de la ressource pour une exploitable plus durable et qui profite mieux aux producteurs

• Richesse

– l’augmentation de la production et des revenus générés par le laalo mbep

– l’amélioration de la qualité du produit

– l’extension de l’exploitation dans la région de Kolda

• Pouvoir

– la formalisation du système d’exploitation à travers des codes et conventions locaux

– le contrôle et la gestion de la filière par les populations autochtones.

Eu égard aux tendances actuelles dans la filière, un ensemble de stratégies est proposées pour améliorer les aspects Nature-Richesse-Pouvoir. Ainsi, à travers les maillons verticaux, et avec une productivité plus élevée, les exportateurs peuvent maximiser leur avantage compétitif sur le marché de l’exportation en travaillant avec les producteurs sur la qualité et les techniques de récoltes durables. Si la qualité de la gomme est améliorée, les

5 Enquêtes, Gaye, 2005 (femmes/hommes).

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 3

producteurs gagneront plus de revenus (augmentation de 356 % du revenu du producteur) et cela leur donnera plus d’engouement, plus de volonté et de responsabilité dans l’application de techniques améliorées.

Cependant même si le Sénégal est l’un des deux pays pourvoyeurs de gomme sur le marché mondial, le succès et l’avenir de la filière dépendent en grande partie de sa compétitivité à long terme pour assurer son influence sur le marché d’exportation.

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4 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

II. DESCRIPTION DE L’ARBRE ET DU PRODUIT

2.1 DESCRIPTION DE L’ARBRE Le Platane du Sénégal (Sétigéra setigera) communément appelé "mbepp" en Wolof, "kountou" en Manding et "bobori" en Peul est une ressource que l'on trouve dans la partie Soudano guinéenne, dans une zone localisée en Haute Casamance, dans la région de Tamba et au Sud-Est de la région de Kaolack. Elle est très dans les savanes boisées où elles forment des peuplements clairsemés.

Le Platane du Sénégal est un arbre géant de 12 à 15m de hauteur, pouvant atteindre 35m dans la zone Soudanienne et Guinéenne. Il se développe sur les sols squelettiques, latéritiques et cuirassés (sols ferrugineux tropicaux). Le tronc du Sétigéra a une forme cylindrique de 2 à 3m de haut élargi à la base, trapu et parfois branchu. Son diamètre (Ø) peut atteindre 1,2 à 1,5m. L’arbre se caractérise par sa cime ovoïde et arrondie, son écorce est de teint gris violacé, détachant en larges plaques minces découvrant une couche lisse, braillant, jaune claire. La pluviométrie de sa zone de prédilection est comprise entre 300 et 400 mm/an.

2.2 DESCRIPTION DU PRODUIT : GOMME KARAYA La gomme Karaya est une gomme exsudée par le Sterculia setigera. Elle est produite principalement que dans deux pays dans le monde: l’Inde et le Sénégal. La gomme est utilisée en Europe et Etats-Unis par les industries cosmétiques, alimentaires, et pharmaceutiques. Bien que la gomme du Sénégal soit considérée comme un produit de qualité supérieure (physiquement parlant) à celle de l’Inde, celle de l’Inde domine le marché mondial. Cependant, le laalo Mbepp possède non seulement un marché international mais aussi un marché national, et environ 30% de la production totale de gomme est consommée au Sénégal comme condiment.6

2.3 UTILITES DE LA GOMME KARAYA OU GOMME MBEPP Au Sénégal, la gomme est très recherchée par les ménagères car elle est utilisée comme liant dans la préparation du couscous du mil et des sauces tant au milieu rural qu'urbain. Le couscous est par excellence, le plat de base pour le dîner de la plupart des ménages ruraux et mêmes urbains. Les feuilles jouent un rôle purgatif dans les ballonnements des animaux; elles peuvent également être utilisées pour l'alimentation du bétail surtout en période de soudure. Cette liste des utilisations possibles de l'arbre n'est pas exhaustive.

Sur le marché international, elle a également de nombreuses applications industrielles comme gel fixateur pour coiffure en cosmétique, comme dentifrice en pharmaceutique, comme liant en papeterie, comme boue de forage dans l'industrie pétrolière. En industrie alimentaire, elle entre dans la fabrication des sorbets, les crèmes, glace, pains, saucissons, viandes hachées. Et enfin, en industrie pharmaceutique, elle entre dans la fabrication de laxatif, réplétif digestif, colostomie rectale et adhésifs dentaires. Cette panoplie d'usage offre de réels débouchés d'exportation à la gomme mbepp.

2.4 TECHNIQUES DE SAIGNEES : MODE ET PERIODE DE RECOLTE La gomme n’est rien d’autre que la sève de l’arbre. Le Sterculia peut donner de la gomme durant toute l’année. Cependant, les deux périodes de forte exsudation correspondent à une montée de la sève et se situent en

6 Wula Nafaa, 2004

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 5

hivernage entre Août et Novembre, et en saison sèche entre Février et Avril. Les périodes de saignée pour chaque saison se situent entre 20-30 jours avant le début de la récolte.

Tableau 1 : La récolte selon les saisons Jan Fevrie

r Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Dec

Récolte

Saison Production saison sèche Production hivernale

Le Sterculia setigera peut exsuder spontanément pendant les périodes de montée de sève en Août et Avril à partir des fissures naturelles et les fentes existantes sur le tronc et les branches. Cette gomme est de meilleure qualité car comportant moins de déchets, d'écorce. Mais de tous les types de saignée, la saignée par un objet tranchant (coupe-coupe, couteau, daba, hâche) est la plus répandue.

En saignée traditionnelle, les entailles causent de blessures de 5 à 8 centimètres qui peuvent également constituer une porte d'entrée pour certains micro organismes et insectes nuisibles. La longueur et la largeur de l'entaille sont généralement variables. Les nombre d’entailles sont variables, mais de préférence elles doivent être d’environs 10-25 selon la circonférence de l’arbre La récolte de la gomme s'effectue 24 à 72 heures après la saignée dans les zones de bonnes productions et de 10 à 15 jours dans les zones de faibles productions.

Après, on passe faire le premier rafraîchissement qui consiste à nettoyer l'entaille avec un couteau et procéder à une récolte quelques jours plus tard. On peut faire ensuite un ou deux autres rafraîchissements. La moyenne de récoltes par an et par arbre se situe entre 1,5–2 à 5kg/an ; soit une moyenne de 10 à 20 kg/an.

2.5 TYPES DE GOMME ET ZONES D’EXPLOITATION Il y a deux types de gomme que sont la gomme blanche et la gomme brune. La gomme blanche est récoltée en saison sèche, et la brune en saison de pluie. La couleur blanchâtre de la gomme est due au fait qu’en saison sèche il n’y a pas eau et d’autres impuretés qui viennent se mélanger à la gomme. Par contre en saison de pluies, l’eau et le sable forment un mélange brun qui ruisselle, et pénètre dans les entailles donnant à la gomme sa couleur brune. Donc, la gomme récoltée en saison sèche est de meilleure qualité que celle récolte en saison de pluies.

S’agissant du Sterculia setigera, les peuplements sont concentrés au Sud-Est du pays, dans les régions de Tambacounda et Kolda. Au sein de la région de Tamba, la gomme est exploitée essentiellement dans les départements de Tambacounda et de Bakel. Cette principale zone d’exploitation est habitée par des peuls et les mandingues. Le Sterculia a un système racinaire traçant et un tronc caverneux, le rendant vulnérable aux tornades.

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6 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Zone De Production De La Gomme Karaya/Lalo Mbëpp

ZIGUINCHOR

KOLDA

KAOLACK

TAMBACOUNDA

DAKAR FATICK

DIOURBEL THIES

LOUGA MATAM

SAINT-LOUIS

Sédhiou Kédougou

Vélingara

Nioro

Kaffrine

Bakel

0 25 50 75 100 km

Limite de RégionLimite Département

Chef-lieu de RégionChef-lieu de Département

Primaire

Secondaire

Zone de production

GAMBIE

RIM

GUINEE CONAKRY

GUINEE BISSAU

MALI

Parc National du Niokolo Koba

L’exploitation de la gomme à but commercial a commencé dans la zone vers les années 1975.

La double demande nationale et internationale a stimulé l’exploitation de la gomme avec des fluctuations importantes selon les années.

POURQUOI LE CHOIX DE LA FILIERE? Cette filière est choisie grâce à l’importance des revenus qu’en tirent les producteurs. Aujourd’hui, elle est en phase de constituer une bonne partie du revenu des producteurs qui investissent moins et gagnent plus contrairement aux activités traditionnelles comme l’agriculture et l’élevage. Ces dernières demandent des investissements plus lourds (matériaux agricoles, semences etc.) et restent soumises aux aléas climatiques. Les producteurs arrivent à l’aide de l’argent tiré de la gomme à satisfaire une bonne partie de leurs besoins alimentaires et réinvestissent dans d’autres secteurs comme l’agriculture. Ainsi, la gomme, exploitée comme produit forestier participe fortement à la réduction de la pauvreté en milieu rural par une distribution de revenus importants aux producteurs à travers sa commercialisation.

Elle touche aussi beaucoup d’acteurs comme les banas-banas, les transporteurs, les industriels qui en font aujourd’hui leur principale activité génératrice de revenus. L’exportation de la gomme est une source d’entrée de devises pour l’Etat Sénégalais. Le chiffre d’affaires national de la filière est estimé à environ 3

A titre d’exemples, dans le village de Wouro Hama, pour une période de trois (3) mois, le village a reçu une somme de 5 350 000 F CFA en termes de revenus générés par la vente de laalo mbepp.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 7

250 000 000 F CFA (US$ 6.500.000) de dollars par an.7 Rapporté aux producteurs, les revenus se chiffrent approximativement à 687 500 000 F CFA (US $1 375 000)8.

Le Sénégal étant le deuxième producteur mondial après l'Inde, l’exploitation de la filière gomme mbepp contribue fortement à l’économie nationale par la réduction du déficit de la balance commerciale, et la création d’emplois et de revenus rémunérateurs et durables.

L’importance de revenus générés a entraîné une concurrence pour l’accès à la ressource. Cette exploitation est soumise à des règles et des lois traditionnelles et étatiques dont la réglementation a un impact économique et environnemental.

L’exploitation prolongée de Sterculia pose des risques de survie de l’arbre et une menace sérieuse de l’espèce. Cela est aggravé par le mode d’exploitation qui consiste à faire des trous sur les principales parties de l’arbre (saignée traditionnelle). A cause de la fragilité de l’arbre, il faut mettre en place un système de gestion rationnelle. Ainsi l’adoption de nouvelles techniques de saignée peut être un moyen de préserver les peuplements, en vue d’une gestion durable de l’espèce.

CONTEXTE Il est constaté que les populations qui dépendent directement des produits de la forêt pour leur subsistance sont en général parmi les plus pauvres. Mais à chaque fois que ces populations tirent des revenus de la forêt, il est observé qu’elles deviennent de plus en plus conscientes de l’importance de la préservation et de la gestion des ressources naturelles, surtout quand elles constituent une partie non négligeable de leurs revenus. En vue de documenter de manière systématique la place de ces ressources dans le développement rural, la lutte contre la pauvreté et la gouvernance locale, International Resources Group, en collaboration avec le programme FRAME de l’USAID, a initié une série d’études de cas dans différents pays d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie. La gomme de Sterculia setigera au Sénégal a été retenue pour ce premier cas qui sert de phase pilote.

METHODOLOGIE Les investigations sur le terrain ont été menées du 1er au 14 Août 2005 dans la région de Tambacounda. Une dizaine de sites a été visitée par l’équipe de deux consultants dans les trois Communautés Rurales de Malème Niani, Koussanar et Sinthiou Malème. Les critères de choix ont été entre autres l’importance de la production et les variantes du système, de commercialisation. Il y avait trois critères pour l’échantillonnage :

• les producteurs qui avaient signé des contrats avec Setexpharm et qui ne lui ont jamais vendu

• ceux qui n’ont pas signé de contrat avec Setexpharm

• ceux qui ont signé le contrat avec Setexpharm et lui ont vendu.

Des questionnaires et guides d’entretien semi directif ont servi à collecter des données et informations de base sur cinq (5) catégories d’acteurs à savoir:

• Les producteurs qui vont en brousse pour faire les saignées et récolter la gomme (36);

• Les groupements de producteurs dont la plupart sont formés avec l’appui de Wula Nafaa, particulièrement pour organiser la commercialisation des produits (9);

• Les intermédiaires commerciaux qui assurent la collecte de la gomme dans les villages et marchés au niveau des zones de production (23);

• Les opérateurs industriels qui achètent, traitent et exportent la gomme (2); 7 Hulse, 1996.

8 550 F CFA par 1500 tonnes de gomme.

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8 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

• Les Conseils Ruraux responsabilisés dans la gestion de la ressource (3).

Pour compléter ce travail, une séance de diagnostic partagé (Focus-group) a été organisée à Tambacounda avec vingt (20) Présidents de réseaux. Chaque réseau comporte plusieurs groupements fédérés à l’échelle d’un terroir que partagent des villages voisins. C’était pour nous une manière d’assurer une bonne représentativité des opinions, malgré le nombre limité de sites effectivement visités.

Departement De Tambacounda Arrondissements De Koumpentoum Et De Koussanar Cr De Koussanar, De Sinthiou Maleme Et De Maleme Niani Zone De Production De La

Gomme Sterculia/Lalo Mbëpp Villages Et Marchés D'enquêtes

0 5 10 15 20 km SODEFITEX/SIGOctobre 2005

Limite de Région

Limite Département

Limite Arrondissement

Limite CR

Route bitumée

Piste de production

Chef-lieu de Région

Chef-lieu d'Arrondissement

Chef-lieu de CR

Villages Enquêtés

Marchés Enquêtés

Point de Collecte

Département Bakel

REGION MATAM

REGION KAOLACK

C R Ndoga Babacar

C R Maka

Vers Bakel

Vers Kédougou

Vers Kaolack

TAMBACOUNDA

Koussanar

Maka

Koumpentoum

Bamba Thialène

Malem-Niani

Koutia Ba

Sinthiou Maleme

Haltou Fass

Dawadi

Saré Gayo

Sinthiou Boulimanga

Tincoli Manding

Madina Tincoli

Kouthia Gayedi Wouro HamaPass Kelemane

Kouthia Koto

Sinthiou S. Yabé

Paravol

0 5 10 15 20 km0 5 10 15 20 km SODEFITEX/SIGOctobre 2005

Limite de Région

Limite Département

Limite Arrondissement

Limite CR

Route bitumée

Piste de production

Chef-lieu de Région

Chef-lieu d'Arrondissement

Chef-lieu de CR

Villages Enquêtés

Marchés Enquêtés

Point de Collecte

Limite de Région

Limite Département

Limite Arrondissement

Limite CR

Route bitumée

Piste de production

Chef-lieu de Région

Chef-lieu d'Arrondissement

Chef-lieu de CR

Villages Enquêtés

Marchés Enquêtés

Point de Collecte

Département Bakel

REGION MATAM

REGION KAOLACK

C R Ndoga Babacar

C R Maka

Vers Bakel

Vers Kédougou

Vers Kaolack

TAMBACOUNDA

Koussanar

Maka

Koumpentoum

Bamba Thialène

Malem-Niani

Koutia Ba

Sinthiou Maleme

Haltou Fass

Dawadi

Saré Gayo

Sinthiou Boulimanga

Tincoli Manding

Madina Tincoli

Kouthia Gayedi Wouro HamaPass Kelemane

Kouthia Koto

Sinthiou S. Yabé

Paravol

TAMBACOUNDA

Koussanar

Maka

Koumpentoum

Bamba Thialène

Malem-Niani

Koutia Ba

Sinthiou Maleme

Haltou Fass

Dawadi

Saré Gayo

Sinthiou Boulimanga

Tincoli Manding

Madina Tincoli

Kouthia Gayedi Wouro HamaPass Kelemane

Kouthia Koto

Sinthiou S. Yabé

Paravol

En plus, les enquêtes ont porté sur les services des Eaux et Forets, les Conseils Ruraux, et l’ISRA. La documentation a concerné des rapports de Wula Nafaa, documents de recherche, thèses, et mémoires de recherche.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 9

III. STRUCTURATION DE LA FILIERE DE LA GOMME

La filière réunit plusieurs des acteurs qui vont de l’exploitant au consommateur mais aussi l’exploitant à l’exportateur. Les producteurs sont ceux qui extraient la gomme et la mettent sur le marché. Dans le circuit, il y a des collecteurs, les bana-banas, les grossistes, les sociétés de collecte, les détaillants, et enfin les consommateurs. Une fois la gomme récoltée, le producteur a la possibilité de traiter directement avec tous des autres acteurs de la filière, mais il se trouve que d’autres acteurs interviennent entre le producteur et le consommateur final. Les collecteurs, pour la plupart achètent la gomme, soit pour les sociétés, les grossistes ou les bana-banas. Les bana-banas vendent sur le marche local, mais aussi aux grossistes, aux détaillants ou sociétés de collecte. Les grossistes travaillent pour la plupart pour les sociétés de collecte, mais ils vendent aux détaillants. Les sociétés de collecte vendent le produit de premier choix à l’extérieur et l’autre sur le marché local. Les détaillants sont installés dans le marché de proximité et vendent directement aux consommateurs.

La ligne en gros indique la quantité dans le circuit de la filière

ProducteursLocaux

CollecteursLocaux

LaaloMbepp

Societies

Grossistes

Bana-Bana

Export

AutresDétaillants

ConsommateurLocal

3.1 ACTEURS

PRODUCTEURS Age/Nombre: L’age moyen des producteurs de gomme est de 46 ans. L’expérience dans l’exploitation commerciale de la gomme est de 20 ans en moyenne, ce qui correspond en gros à l’avènement des premières unités industrielles d’exportation.

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10 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

L’étude a touché plus de villages Mandingues, mais en réalité une bonne partie de la production de gomme vient des villages Peul.

Pour ce qui est de la production, les hommes pratiquent une exploitation individuelle c’est à dire que chacun exploite son domaine sans l’aide d’aucune autre personne de sa famille ou étrangère de son ménage. Quelques rares personnes ont eu à être aidées surtout dans des cas forces majeures (maladies ou voyage). Les femmes, quant à elles, vont ensemble en groupe mais aussi exploitent individuellement.

La productivité varie selon les saisons. En période de forte exsudation, la productivité est très élevée ; elle est faible en période de faible exsudation. La productivité varie selon le sexe. En général, les hommes produisent plus de gomme que les femmes. Mais en saison morte, ces dernières récoltent mieux que les hommes. (Cf. Annexe 3).

Paysans devant un Sterculia bien saignée

Genre : Les exploitants hommes, sont en général des chefs de ménage dont la taille moyenne est de 8 membres. Les hommes sont plus impliqués dans l’exploitation de la gomme que les femmes.

Par contre, chez les Mandingues au niveau de Malème Niani, les femmes sont très impliquées dans la production de la gomme. Les femmes font elles-mêmes la saignée où payent des ouvriers parfois. Elles récoltent une bonne partie de l’année et fournissent une partie non négligeable de la production. Elles sont très organisées pour les activités de récolte. Les femmes Mandingues au niveau de la zone de Dawady se limitent à récolter dans les champs des hommes après que ceux la aient au moins récolté pendant un mois. Chez les peuls au nord de Dawady, les femmes ne sont pas impliquées dans l’exploitation. La place relativement secondaire des femmes dans la production de gomme résulte d’un ensemble de facteurs :

• Le calendrier quotidien leur laisse peu de temps pour d’autres activités ;

• Le travail à la hache est considéré dans la plupart des cas comme étant une affaire d’homme ;

• Les sites d’exploitation sont assez éloignés et les femmes ne disposent en général pas de moyens de locomotion ;

• Naturellement, les femmes ont peur de s’aventurer dans la brousse surtout en hivernage, lorsque la végétation est touffue ;

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 11

• Les femmes, le plus souvent ne sont pas propriétaires de champs

RESIDENTS ET IMMIGRANTS Les producteurs se scindent en deux grandes catégories: les résidents et les migrants saisonniers. Selon les enquêtes, les résidents se composent d’autochtones (83%) et d’anciens immigrants qui se sont installés en permanence. Quant aux saisonniers, il viennent surtout de la Guinée et exploitent en général pendant la saison sèche.9

En réalité, les Guinéens sont les premiers à s’intéresser à la gomme. Leur présence remonte vers les années 1975 et ils sont parmi les premiers à s’adonner à l’exploitation de la gomme à but commercial. Ils ne viennent que pour l’exploitation de la gomme, et une fois la saison sèche terminée, ils retournent chez eux. Leurs compatriotes sont actuellement les commerçants au niveau de certains villages et sont en même temps leurs collecteurs. Ces saisonniers ne vendent qu’une petite partie de leur production au moment de la récolte, la grande partie est vendue lorsqu’ils s’apprêtent à retourner chez eux. Lorsqu’ils sont dans les villages, ils trouvent un tuteur qui les loge et les nourrit moyennant une somme qui varie entre 7 500 F á 10 000 F par mois.10 Ils se déplacent chaque année vers les zones où les populations locales s’intéressent moins à l’exploitation de la gomme. Ils fournissent une grande partie de la production de gomme, mais depuis quelques années la situation est en train de changer. Les autochtones ont investi la filière et commencent à fournir plus de gomme car ils se sont appropriés de la ressource.

Avec le développement des circuits de commercialisation, une nouvelle classe d’exploitants est entrain de se constituer. Dans certaines zones il est noté la forte implication des jeunes qui ont même déserté les écoles pour chercher de l’argent avec la gomme. La crise de l’arachide, principale culture de rente au Sénégal, pousse également certaines populations du bassin arachidier à migrer vers l’Est pour s’investir dans l’exploitation saisonnière de la gomme.

INTERMEDIAIRES COMMERCIAUX A la différence des producteurs, tous les vingt (23) intermédiaires commerciaux rencontrés sont des hommes. Leur ancienneté moyenne est de 14 ans pour le commerce en général et 13 ans pour ce qui concerne le commerce de la gomme. Les wolofs qui n’interviennent presque pas dans la production sont aussi impliqués que les Peuls et Mandings dans la commercialisation.

La moitié (83%) des intermédiaires commerciaux déclarent avoir des relations d’affaires avec Setexpharm contre 17% pour Socogomme.11 La plupart des commerçants cherchent à établir leurs réseaux de fournisseurs et 56% d’entre eux entretiennent des rapports directs avec les producteurs. Environ 35% des commerçants (des collecteurs) achètent principalement dans leur lieu de résidence. Dans l’ensemble, les opérateurs commerciaux ont un rayon d’actions de 120 km en moyenne entre le principal lieu d’achat et leur principal lieu de vente. Le volume annuel des transactions avoisine 20 tonnes par intervenant.

LES COLLECTEURS Le collecteur est en général un boutiquier villageois disposant d’un petit fonds de roulement qui lui permet d’acheter de faibles quantités sur place, de les assembler, et de les écouler plus tard. Ils ne détiennent pas de stocks sur plus d’une semaine avec des quantités maximales de l’ordre de 100 à 150 kg. Ils sont composés des villageois et des Peuls Fouta.

9 Nous ne les avons pas trouvés dans les villages parce que les enquêtes se sont déroulées pendant l’hivernage. 10 « Potentialité et exploitation de Sterculia dans la communauté rurale de Koussanar « Sy, 2001. 11 Enquêtes, Gaye 2005.

Un producteur saisonnier provenant du bassin arachidier rencontré à Khoutia Gaydi dit » J’ai vendu tout mon matériel agricole pour les besoins alimentaires de ma famille, et maintanent et que je ne trouve rien là-bas, je viens travailler sur la gomme qui ne nécessite pas d’investissement. » Ils viennent lors des périodes d’exsudation forte et repartent aussitôt après. Ils sont là surtout en saison sèche et après les travaux hivernaux.

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12 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Les stocks sont vendus aux bana-banas, aux représentants des industriels exportateurs, où aux grossistes dans les plus proches marchés. Dans la plupart des cas, les collecteurs cherchent à entretenir des rapports de fidélité avec un client précis et avec les producteurs locaux. Ces derniers peuvent bénéficier d’avances en nature (riz, mil, sucre, savon, etc.) qu’ils rembourseront en gomme. Ce système, plus caractéristique des zones enclavées, est souvent à l’origine de quelques litiges. En effet, certains débiteurs ont tendance à payer leurs dettes avec la gomme de moindre qualité qui pourrait être difficilement vendue sur le marché. C’est souvent cette dette qui oblige les producteurs à demander de l’argent liquide.

LES BANA-BANAS Les bana-banas viennent de partout, ceux rencontrés au marché de Haltou Fass sont pour la plus part de Kaolack ou de Kaffrine. D’autres viennent de Touba et même de Dakar. Dans le village de Dawady, beaucoup de bana-banas sont du village. Parmi eux, certains opèrent dans tous les centres urbains du pays.

En règle générale, les bana-banas servent d’intermédiaires aux opérateurs de plus grande envergure qui mettent des moyens à leur disposition. Ils sillonnent les zones de production et fournissent la totalité des approvisionnements de Socogomme contre deux tiers (2/3) environ pour Setexpharm. Ces collecteurs itinérants peuvent également être mandatés par des commerçants grossistes. Ils sont toujours rémunérés par une commission au kg qui varie d’un cas à l’autre. Des avances en nature sont parfois accordées à des bana-banas ou à de gros producteurs pour les fidéliser.

LES COMMERÇANTS GROSSISTES Le marché local de consommation est approvisionné par les commerçants grossistes. A l’exception de quatre cas de spécialisation totale, tous les autres opérateurs commerciaux font aussi le commerce d’autres produits. Ils viennent de l’intérieur du pays mais n’ont pas été rencontrés sur le terrain à l’exception de deux qui résident dans la région de Kaolack. Ils peuvent stocker jusqu’à dix tonnes et les plus longues durées de stockage sont de l’ordre d’un (1) mois avec des extrêmes allant jusqu’à quatre (4) mois.

Cependant, leur fréquentation de la zone, surtout en saison sèche, a été signalée. Cela peut être lié au fait que ces commerçants qui visent surtout le marché domestique de consommation s’intéressent plus à gomme blanche produite en saison sèche.

DETAILLANTS Les détaillants sont dans les marchés de villes ou de quartiers. Ils sont à la fin de la chaîne et ils vendent directement aux consommateurs sous forme de poudre. Ils font la transformation eux-mêmes, ou l’obtiennent en poudre des mains de bana-bana. Ils vendent aussi de la gomme brute.

LES INDUSTRIES D’EXPORTATION Deux unités intervenant dans le traitement et l’exportation de la gomme ont été identifiées. Il s’agit de Setexpharm installée à Dakar depuis 1982 et Socogomme implantée à Tambacounda depuis 1991. La matière première est collectée dans les zones de production par des intermédiaires qui sillonnent les villages et marchés ruraux hebdomadaires avec leurs camionnettes. Setexpharm dispose d’un réseau de représentants sur le terrain et la gomme stockée dans ses entrepôts est transportée sur Dakar par camions.

En 2004, les approvisionnements de Setexpharm sont estimés à 850 tonnes de gomme brute contre 315 tonnes pour Socogomme. La gomme est d’abord séchée au besoin et triée avant de passer à la machine. Le tri manuel est effectué par des femmes qui constituent environ 63% de la main d’œuvre temporaire. La gomme brune non recherchée pour la consommation domestique aurait par contre des propriétés intéressantes pour l’usage industriel selon certaines sources. Cela pourrait favoriser une segmentation du marché mais aussi le développement de la production en hivernage qui a toujours été une période de ralentissement des activités pour les industriels. Quant aux exportations, les principaux clients sont la France et le Royaume Uni.

DES INDUSTRIES UTILISANT LA GOMME EN FRANCE : NORGINE Pour ce qui concerne Norgine en France, la gomme de Sterculia est une des matières premières de grande importance pour la fabrication d'une gamme de produits finis pharmaceutiques : Normacol Granulés et

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 13

Normacol Lavement, vendus un peu partout dans le monde : Europe, Maghreb, Asie, Australie, Afrique de Sud, Moyen Orient. Norgine achète environ 600 à 750 tonnes de gomme de Sterculia d’origine Sénégalaise et Indienne par an.12 Cette variation dépendant des reports de stocks et de certains gros marchés Exports (Algérie). Norgine est par ailleurs en cours de réorganisation et reconsidère sa politique produits/Export. L'arrêt de certains marchés exports pourrait entraîner la baisse de leurs besoins en gomme de Sterculia.

DES AUTRES ACTEURS

• Agriculture/Gestion de Ressources Naturelles (AG/GRN) dite « Wula Nafaa » est un programme financé par l’USAID et le Gouvernement du Sénégal. Le programme a démarré en janvier 2003 et a une durée de cinq ans (2003-2007). Ses activités ont débuté dans les régions de Tambacounda et de Kolda et sont en train d’être étendues à Ziguinchor cette année. Le programme a comme objectif global de: « Contribuer à la lutte contre la pauvreté et au développement local durable, en augmentant le revenu des populations bénéficiaires et des collectivités locales, à travers la responsabilisation des acteurs locaux et la promotion d’une gestion intégrée, décentralisée et participative des ressources naturelles. »

• ISRA (Institut Sénégalais de Recherches Agricoles) Le projet de l’ISRA a pour but de contribuer d’une part à augmenter les revenus des populations (Sénégal, Mauritanie), particulièrement ceux des femmes, des sociétés d’exportation de gomme et de l’Etat et d’autre part de mettre en œuvre un plan de gestion durable des peuplements de Sterculia. Durant l’année 2004, à la réunion de démarrage du projet, plusieurs activités étaient prévues parmi lesquelles: des études axées sur la physiologie et la technologie des semences, l’identification des arbres gros producteurs de gomme, l’amélioration des techniques de saignées, le greffage du matériel juvénile et adulte, l’atomisation de la gomme et plusieurs missions de prospection.

• PROMER (Projet de Promotion des Micros Entreprises Rurales) Le PROMER, un projet de FIDA a été aussi impliqué dans le conditionnement. Il a eu à appuyer les femmes de Dawady et du groupement Tessito de Malème Niani sur la transformation et le conditionnement de la gomme en sachets. Les femmes avaient même exposé à la Foire Internationale de l’Agriculture et des Ressources Animales (FIARA) à Dakar. Le PROMER a initié aux femmes du groupement Tessito aux techniques de conditionnement, mais l’expérience a été de courte durée (une (1) année).

• Eaux et Forêts : Le service des Eaux et Forêts est un démembrement de l’Etat Sénégalais. Il est sous la tutelle du Ministère de l’Environnement et de la protection de la nature. Il est chargé de veiller sur le patrimoine forestier. Il joue le rôle de conseil aux communautés rurales sur toutes les questions relevant de la gestion des ressources naturelles. Pour la filière, il s’occupe de bonne gestion des peuplements et de la collecte de la taxe forestière. Les Eaux et Forêts ont joué un rôle important dans l’élaboration des codes et conventions régissant une bonne gestion des ressources dans le peuplement de Sterculia.

3.2 MARCHE DE LA FILIERE Il existe deux marchés de la gomme mbepp : le marché local et le marché international. L’essentiel de la production de gomme au Sénégal provient de la région de Tambacounda. Elle est évaluée entre 800 à 1300 tonnes selon les années13.

12 Norgine 13 Source: Eaux et Forêts

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14 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Tableau 2 : Tendances en production gomme mbepp14

La gomme commercialisée dans les deux circuits, présente les mêmes qualités et les mêmes prix au producteur à l’usine. Dans le circuit d’exportation, une fois à l’usine, la gomme brute subit un procédé de traitement. La partie dont la qualité est meilleure est exportée et l’autre revendue sur le marché local.

Les produits finaux de Setexpharm (en boites) et de Norgine (sachets)

14 Source : Lô, Eaux et Forêts

Tendances en production Gomme mbepp

0

250 000

500 000750 000

1 000 000

1 250 000

1 500 000

1 750 000

2 000 0002 250 000

2 500 000

2 750 000

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

-199

6

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Professeur Lo Non Eaux et Forets

Kgs

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 15

MARCHE LOCAL Le marché local est composé de consommateurs ruraux et urbains. La demande peut aller jusqu'à 500 tonnes par an. Elle est renforcée par les ménages urbains et péri urbains qui utilisent le laalo mbepp dans le couscous. Le marché local est principalement constitué par les bana-banas.

Lors de cérémonies religieuses comme la fête de Tamxarit où l’on prépare beaucoup de couscous, la demande locale augmente entraînant ainsi une fluctuation de prix de la gomme durant cette période. La production de céréales entraîne également une fluctuation de prix de la gomme. En effet, la demande augmente si la récolte en céréales est bonne, car en ce moment la consommation de couscous devient plus importante.

MARCHE INTERNATIONAL Il y a deux (2) sociétés principales pour l’exportation de la gomme : Setexpharm et Socogomme. Ce sont des sociétés Sénégalaises. Setexpharm est basée à Dakar avec un magasin à Tamba, Koussanar et Dawady. Socogomme est basée à Tamba. La Socogomme utilise des intermédiaires pour la collecte de la gomme, donc ne traite pas directement avec les producteurs.

Le marché international exige plus de qualité, c’est pourquoi les sociétés font un traitement particulier de la gomme avant de l’exporter. L’exportation pour les deux (2) sociétés peut atteindre jusqu'à 1 000 tonnes par an.

3.3 DISTRIBUTION DES REVENUS Les prix d’achat varient en fonction de la disponibilité et de la qualité (blanc ou brun) du produit. Depuis 2004, les bana-banas et tous les autres acteurs dont Socogomme se sont alignés sur les prix retenus dans le contrat qui lie certains producteurs à Setexpharm qui est le plus grand acheteur de la gomme. Les prix contractuels sont fixés pour toute une saison alors que sur le marché local, le prix est variable. Les contrats ont donc l’avantage de stabiliser le prix au producteur et de réduire les incertitudes du marché.

Selon le tableau ci-dessous (données de 2004), les producteurs gagnent plus car ils ne supportent pas beaucoup de charges. Le prix aux producteurs est déterminé par les bana-banas et les sociétés de collecte. Les producteurs ne déterminent pas le prix parce qu’ils se trouvent dans une situation vulnérable qui les met à la merci des autres acteurs commerciaux qui connaissent mieux le marché et qui disposent de moyens dont ont besoin des producteurs. Malgré tout, les producteurs ont plus de marge que tous les autres acteurs de la filière parce qu’ils investissement moins. Ce niveau de revenu chez les producteurs est nettement illustré par l’histoire ci-dessous :

Le prix des bana-banas est déterminé en plus des charges et de la marge par le prix au producteur. Dans la pratique, la plupart des charges entre les bana-banas et les grossistes sont supportées par les bana-banas, mais à cause des petites quantités absorbées par les grossistes, la marge bénéficiaire de ces derniers devient plus faible (106 F/kg pour les bana-banas contre 11 F/kg pour les grossistes). Les bana-banas réduisent les charges au kg en achetant plus de quantités de gomme que les grossistes.

Quant aux détaillants, ils ont une marge bénéficiaire plus importante que les bana-banas et les grossistes parce qu’ils augmentent une valeur ajoutée au produit en le transformant en poudre. Leur marge bénéficiaire par kg est évaluée à 203 F CFA.

Tableau 3: Structure du prix du Laalo mbepp15 Critères Producteurs Bana-Banas Grossistes Détaillants

Prix de Vente par kg (F CFA) 500 750 960 1500

Dépenses par kg (F CFA) 37 644 949 1299

15 Sene, 2004.

Selon Adama Sow, producteur de Laalo mbepp « Je n’ai jamais eu autant d’argent dans toute ma vie que cette année. Ceci grâce à la vente de laalo mbepp ».

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16 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Critères Producteurs Bana-Banas Grossistes Détaillants

Marge par kg (F CFA) 463 106 11 203

Production commercialisée par personne (kg) 475 15 000 850 100

Marge nette globale (F CFA) 210 000 1 586 090 9 315 20 270

Tous les acteurs de la filière gagnent, mais cependant la marge la plus importante est notée chez les producteurs et les détaillants. Pour les producteurs, ils supportent peu de charges. Les détaillants en transformant la gomme, jouent sur la valeur ajoutée. Même avec une quantité plus petite, ils parviennent à faire plus de bénéfices. Une analyse du tableau 3 ci-dessus, permet de se rendre compte que globalement les bana-banas gagnent beaucoup plus que les producteurs (le revenu du bana-bana fait 7,5 fois celui du producteur), même si par kg, la marge des producteurs est plus élevée. En, effet les bana-banas jouent sur la quantité de gomme commercialisée qui est estimée à 15 000 kg par an et par personne.

PRIX DES PRODUCTEURS Le producteur n’a pas beaucoup de dépenses, il s’agit du petit matériel d’exploitation qui comporte la hachette pour faire les saignées, le bidon pour l’eau à boire, le seau pour mettre la récolte, le chapeau ou turban pour se protéger du soleil, les chaussures adaptées à la forêt et la tenue de travail. Les coûts de transport reflètent surtout l’entretien et la réparation des vélos pour ceux qui en disposent ainsi que les déplacements pour aller vendre la gomme. Le producteur vend à 500 F CFA le kg de gomme mbepp.

PRIX DES BANA-BANAS En plus du prix d’achat de la gomme, les charges portent notamment sur le transport et la taxe forestière. Celle-ci, officiellement fixée à 100 F /kg fait l’objet de contrôle strict en cas de transfert de la gomme hors des zones de production. Elle est directement payée par les industriels par le biais de leurs intermédiaires mandatés. Il y a certains qui travaillent pour le compte de Setexpharm ou Socogomme qui prennent en charge la taxe forestière. Les charges diverses sont essentiellement constituées de payements jugés illégaux sur la route. Elles sont dans une certaine mesure assimilables à la taxe de circulation et touchent 30% des opérateurs commerciaux interrogés.

Selon l’enquête les pertes de poids sont estimées à 8,5% des quantités achetées. Elles résultent surtout du séchage, du nettoyage pour diminuer les débris de bois, mais aussi de la détérioration en cours de stockage notée dans un seul cas. Pour 1 kg de gomme brute achetée, la quantité vendue est de 915 grammes après déduction des pertes de poids.

PRIX DES DETAILLANTS Les charges de détaillants sont souvent la transformation et le transport. Ils payent la taxe municipale car ils sont souvent installés au niveau du marché. Ils bénéficient de la valeur ajoutée due à la transformation en poudre de la gomme, car les ménages urbains préfèrent acheter directement de la gomme en poudre. La poudre de gomme au détail se vend à 1 500 F le kg.

COUTS ET REVENUS DES INDUSTRIELS EXPORTATEURS Les données nécessaires à l’estimation précise des coûts et revenus des opérateurs industriels n’ont pas pu être obtenues. Cependant, les indications approximatives permettent de calculer un coût de revient moyen pondéré de 1 425 F/kg, avec une différence significative entre les deux unités industrielles. Ces coûts sont constitués principalement par l’achat de la matière première entre 500 et 700 francs le kg, le transport, les frais d’usinage et la taxe forestière de 100 Francs/kg.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 17

3.4 TAXES16

434 kmProducteurs

Producteurs

Exportateurs

Consommateurs

Collecteurs

Distan

ce

550 FCFA

600 FCFA

Export

Détaillants

1500 CFA

750 CFA960 FCFA

10-20km

Co

ûtset

Taxes

Acteurs

et P

rix

GrossistesBana-Banas

Bana-Bana Grossistes DétaillantsExporteurs

TaxeCommunale72 FCFA/kg

TaxeForestière100 FCFA/kg

Taxe de Marché

120-150 FCFA

Taxe non-determine

2,3%

Le schéma ci-dessus montre que les acteurs payent au moins quatre (4) taxes :

• la taxe forestière (100 F /kg)

• la taxe communale (120-150 F /Kg)

• la taxe de marché (72 F /kg)

• la taxe non déterminée qui représente (2,3 % du prix du kg)

La plupart de taxes sont payées par les bana-banas, les grossistes et les sociétés de collecte car ce sont eux qui font circuler le produit à travers la route mais aussi entre les marchés.

Tableau 4 : Répartition des taxes : nature, payeur, destinataire et montant Types de taxes Qui paye? Qui prends le tax/fee? Combien?

Taxe forestière Bana-Bana Grossiste Société

Eaux et Forets 100 CFA/kg

Taxe communale Bana-Bana Grossiste Société Détaillant

La commune où ils vendent 72 CFA/kg

Taxe non déterminée Bana-Bana Grossiste Société

Police, gendarmerie ou Eaux et Forêts 2,3% kg

Taxe de marché Bana-Bana Détaillant

Municipalité 120-150

16 Source : Sène, 2004.

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18 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Le transfert de la gomme de Sterculia en dehors de la zone de production est autorisé moyennant une taxe forestière de 100 Francs/kg. Il faut noter que cette taxe est passée de 15 FCFA à 100 F CFA entre 1964 à 2001, soit une hausse de près de 567 %. En moins quarante (40) ans, la taxe forestière a été presque multipliée par sept (7).

Les taux appliqués aux autres produits non contingentés sont nettement moins élevés. Ils se situent entre 15 et 70 francs CFA par kg. Lorsque la hausse est intervenue, les opérateurs ont protesté en observant une pause d’environ un mois avant de revenir à de meilleurs sentiments. L’implication des industriels dans la filière ne serait pas étrangère à cette fiscalisation spéciale de la gomme. Des agents du Service Forestier évoquent également le souci de protéger la ressource, sachant que le Sterculia setigera comparé aux autres espèces forestières souffre plus de son mode d’exploitation par saignée du tronc. Les camions qui transportent la gomme sur Dakar sont également obligés de payer une taxe communale de 72 francs/kg à l’entrée de Bargny.

Ceux qui payent les taxes ne sont pas directement en contact avec la ressource. Les producteurs qui font l’exploitation ne payent pas la taxe forestière. Elle est payée par les bana-banas, les sociétés de collecte et les grossistes.

3.5 IMPACT ÉCONOMIQUE SUR LE MARCHE MONDIAL La production mondiale est estimée à 5500 tonnes par année. Le Sénégal est positionné deuxième producteur de gomme Sterculia après l’Inde avec une production annuelle qui tourne autour de 1500 tonnes, soit 1000 tonnes pour l’exportation.17 La production annuelle de l’Inde, elle tourne autour de 3500 tonnes. La production du Sénégal, rapportée à la superficie exploitée n’est pas négligeable.

Le tableau 5 ci-dessous montre un potentiel d’arbres très important dans la région de Tambacounda et Kolda ; mais en même temps, la production de gomme dans ces deux régions indique que ce potentiel est peu exploité (2-3% de potentiel seulement).Une analyse du tableau permet de dire que même si la demande sur le marché national ou international est doublée, son incidence sur le potentiel de production reste faible (1500 tonnes de production annuelle contre 50 000 tonnes de production potentielle).

Tableau 5: Inventaire des Sterculia

Nombre d’arbres estimés dans les regions de Tambacounda/ Kolda18

Nombre de kg par arbre

Estimation de la production régionale: (tonnes)

UICN estimation de la consumation (m. tons)19

Autres estimations de la production (m. tons)

Estimation de la production par les partenaires 2004-2005

% offre et demande UICN/autres

20 035 580.20 2.521 50 088.9522 1 023.75 1500 m23 1000 m. tonnes par Setexpharm

2-3%

17 Source : Eaux et Forêts 18 PROGEDE des extrapolations 19 Dieng, A. 2001 « Calcul des Estimateurs des Principaux Résultats des Enquêtes sur la Valorisation des Produits Forestiers non Ligneux dans les Régions

de Tamba et de Kolda. » UICN. 20 Avec les techniques approximatives d’inventaire, l’estimation de la densité dans un échantillon au niveau de la foret de Sagnan, dans lequel, un

nombre moyen de pieds par hectare pour calculer pour les régions de Tambacounda, Kolda et Kaolack - Lô a trouvé un chiffre abaissé de 10,250,000 pieds.

21 Sy, 2001 avec référence à Lô, 1996. 22 Basé sur les données de Lô, la production de gomme par année était seulement de 17 400 tonnes. (Avec cette estimation très conservative, la

production sera seulement 8,62% de potentiel total). 23 Moyen de 1000 MT exportés et 500 MT pour le marché national.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 19

Le Sénégal dispose d’un avantage compétitif sur le marché international. Seuls le Sénégal et l’Inde produisent de la gomme ; ceci permet une concurrence faible sur le marché international. Le principal argument avancé est que la gomme de Sterculia setigera produite au Sénégal est qualitativement supérieure à celle de Sterculia urens vendue par l’Inde et qui a une plus faible capacité de gonflement. La proximité géographique par rapport à l’Europe confère aussi un grand avantage comparatif au Sénégal. Le prix par kilogramme de gomme aux Etats-Unis est

2 500 F CFA (US$5) par kg en moyenne.24 Ce qui représente un bon prix à l’extérieur pour un produit forestier, mais il faut noter qu’en France, Norgine ne peut pas supporter une hausse non controlée de prix, car leur marché se limite à la Sécurité Sociale. Donc, le Sénégal a une bonne position pour augmenter sa production et conquérir encore les marchés internationaux, mais doit tenir compte de certaines contraintes de prix liées à la situation de ses partenaires.

Quelques contraintes sont cependant identifiées par les industriels exportateurs qui sont:

• Les multiples frais de route qui gonflent indûment les coûts de revient;

• L’irrégularité des approvisionnements liée au cycle biologique de l’arbre;

• La non disponibilité à tout moment de containers pour l’exportation par bateau.

Malgré ces contraintes, le Sénégal dispose d’un avantage certain pour la production et l’exportation de la gomme. En France, la demande est stable, mais sont surtout consommés par des personnes âgées et on peut penser que la consommation de ces produits déclinera dans le temps.

Sur le côté financier, ces produits sont remboursés par la Sécurité Sociale, et Norgine court le risque de voir un jour ses produits non remboursés sur décision gouvernementale vu les difficultés budgétaires que rencontre le système d'assurance maladie. Ensuite, les produits Normacol sont de vieux produits dont les marges se sont érodées. Le prix de revient ne pourrait plus supporter de hausse arbitraire du prix d'achat de la gomme. Norgine a besoin d'un prix d'achat correct et stable en évitant les fortes amplitudes.25

Mais il ne faut pas oublier, que les différents types de gommes sont souvent substituables et que le marché international est toujours incertain, d’ailleurs on a noté une diminution légère de la demande de gomme.

3.6 IMPORTANCE ÉCONOMIQUE REGIONALE ET NATIONALE Dans la région de Tambacounda, où l’économie forestière occupe une place importante avec les filières, gomme, pain de singe, et d’exploitation de produits non ligneux, la gomme Sterculia se positionne comme celle qui offre les revenus les plus importants pour les ménages. Ces revenus jouent un rôle très important dans une région considérée comme l’une des plus pauvres au Sénégal.

Au regard du tableau 6 ci-dessous, la gomme à elle seule représente presque 42% de revenus tirés des quatre filières majeures. La gomme vient en première position devant les autres filières comme le baobab, le bois de Vene et le charbon. Ce qui montre son importance sur l’échiquier des ressources forestières de la région.

Tableau 6: Les revenus dans la région de Tambacounda tirés par les producteurs de cinq filières forestières majeures26

Produits Revenus (F CFA) Pourcentage (%)

Mbepp 570 770 009 40.34

Vene (bois) 378 000 000 26.71

24 Hulse, 1996. 25 Source: Norgine 26 Source : Wula Nafaa

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20 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Produits Revenus (F CFA) Pourcentage (%)

Charbon 315 440 000 22.29

Fruit de baobab 54 090 421 3.82

Autres produits forestiers non ligneux 96 748 582 6.84

Total 1 415 049 012 100.00

Vu le niveau de revenu par tête d’habitants au Sénégal et le coût de vie en milieu rural, la gomme Sterculia est un moyen efficace de lutte contre la pauvreté, car pouvant couvrir une bonne partie des besoins des populations plus démunies dans un environnement caractérisé par un déficit vivrier et une crise de l’arachide.

Tableau 7 : Comparaison de revenus et coûts de vie au niveau national Critères Montant (F CFA)

Revenu par tête 235 000

Salaire Minimum 434 916

Coût de vie

• Urbain 290 357

• Rural 181 733

Source: Direction de Statistiques, Banque Mondiale, 2002

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 21

IV. ANALYSE DE LA FILIERE PAR LE PARADIGME NATURE-RICHESSE-POUVOIR

Acteurs

l’Etat(Eaux et Forêts)

l’Etat (Eaux et Forêts)+ communauté rurale

-l’Etat (Eaux et Forets)+ communauté rurale+ populations locales

-l’Etat (Eaux et Forêts)+ communauté rurale+ populations locales+ Wula Nafaa+ autres partenaires

Acteurs

l’Etat(Eaux et Forêts)

l’Etat (Eaux et Forêts)+ communauté rurale

-l’Etat (Eaux et Forets)+ communauté rurale+ populations locales

-l’Etat (Eaux et Forêts)+ communauté rurale+ populations locales+ Wula Nafaa+ autres partenaires

Evo

lutions

des Lo

is m

odernes

Loi sur le domainenational

Nouveau Code

Forestier

Codes et conventions locales

Lois relatives aux communautés

rurales

Lois portent sur le code des collectivités

locales

Evo

lutions

des Lo

is m

odernes

Loi sur le domainenational

Nouveau Code

Forestier

Codes et conventions locales

Lois relatives aux communautés

rurales

Lois portent sur le code des collectivités

locales

Evo

lutions

des Lo

is m

odernes

Loi sur le domainenational

Nouveau Code

Forestier

Codes et conventions locales

Lois relatives aux communautés

rurales

Lois portent sur le code des collectivités

locales

1964 1972 1996 1998 2003-à nos jours

Années

La loi coutumière

1964 1972 1996 1998 2003-à nos jours

Années

La loi coutumièreLa loi coutumière

Comme l’indique le schéma ci-dessus, l’analyse de la filière par le paradigme Nature-Povoir-Richesse est faite de façon chronologique. Ainsi, pour chaque partie du paradigme, sa description fait ressortir trois étapes essentielles :

• L’aperçu du paradigme qui décrit la situation passée c’est à dire avant les interventions du programme

• Les interventions : situation actuelle de la filière

• L’impact c’est à dire les résultats produits dans la filière suite aux interventions des programmes.

La description de chaque partie du paradigme est complétée par un quatrième point portant sur les problèmes non résolus qui constituent des défis à relever.

4.1 APERÇU POUVOIR La gestion des ressources naturelles a toujours été régie par des règles. Ces lois et règles sont soit issues du droit coutumier ou du droit moderne. Dans la pratique, toutes les formes de droit font office sur le terrain. Cependant, la loi coutumière est toujours celle qui est appliquée en premier, mais lorsqu’elle est contestée par l’une des parties, il est fait recours à la loi moderne.

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22 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

LE DROIT COUTUMIER DANS L’EXPLOITATION DE LA GOMME STERCULIA La loi traditionnelle pour l’accès à l’exploitation de la gomme dans le principal lieu d ‘exploitation peut être étudiée selon trois angles : l’ethnie, le genre et selon qu’on est étranger ou résident. Le contrôle des champs a toujours été une préoccupation des producteurs. Le champ est physiquement accessible à tout un chacun car il n’existe aucune barrière et clôture pour pouvoir les surveiller convenablement. Les limites des champs ne sont que conventionnelles. Lorsque quelqu’un était surpris dans un champ, il remettait la gomme au propriétaire de champ, et en cas de résistance, il était fait recours à l’arbitrage du chef du village.

Chez les mandingues, les champs sont temporaires, car à chaque nouvelle saison les exploitants se lancent à la recherche de nouveaux champs. Ici, la règle est que le premier est toujours servi : la loi de la hache. Il n’y a pas de limitation sur le nombre des pieds à exploiter. Chez les peuls, les producteurs ont des champs fixes, c’est à dire dès que quelqu’un fait la saignée, dans le champ, il lui revient pour toujours.

Dans les années 1980, l’activité était considérée comme très hasardeuse pour la plupart des populations locales.27 Les étrangers dans toutes les zones étaient soumis d’abord à un certain nombre de conditions :

• Avoir un tuteur ;

• Etre présenté au chef de village

• Payer les frais de logement et de restauration au tuteur, frais qui variaient entre 7500 F et 10 000 F par mois.

Les exploitants résidents n’avaient pas besoin d’autorisation préalable.

EVOLUTION DU DROIT MODERNE Dans cette évolution, seules trois grandes étapes seront retenues : La loi sur le domaine national, la loi de 1972 et celle de 1996. Durant toutes ces évolutions, divers acteurs se sont impliqués dans la gestion des ressources. Du rôle prépondérant de l’état, les communautés rurales et la population locale sont devenues progressivement des acteurs plus actifs et incontournables pour une gestion durable des ressources.

LOI SUR LE DOMAINE NATIONAL La gestion des ressources naturelles était une affaire de l’Etat. Les populations locales ne participaient que d’une manière marginale. Leurs actions pouvaient être assimilées que dans le cadre civique du terme. Elles n’étaient présentes que lorsque les autorités les sollicitaient, par exemple lors de compagnes de reboisement où de lutte contre les feux de brousse. L’exploitation commerciale des forêts classées était étroitement contrôlée et soumise à l’autorité de la puissance publique, représentée par le Service des Eaux & Forêts. Quant aux zones de terroirs considérées comme propriété collective, l’exploitation pour l’usage domestique était libre pour les populations locales. Toute autre forme d’exploitation devrait être formellement autorisée.

LOI RELATIVE DE1972 RELATIVE AUX COMMUNAUTES RURALES En 1972, l’Etat du Sénégal a initié une autre réforme dans le cadre de la décentralisation. Cette loi a donné davantage de pouvoir aux communautés rurales, mais la mainmise de l’Etat sur la gestion du foncier et des ressources naturelles demeurait toujours omniprésente. Les populations ne sont vraiment pas impliquées de façon directe dans la gestion des ressources naturelles. L’état, à travers le service des Eaux et Forêts, était chargé de surveiller le patrimoine forestier ; les populations locales se sentaient étrangères dans leur propre terroir car n’ayant pas le droit de mener des activités sauf le droit d’usage.

LOI DE1996 PORTANT CODES DES COLLECTIVITES LOCALES Cette réforme qui a vu le jour en 1996 accorde plus de responsabilités dans la gestion des ressources naturelles, aux communautés de base. Les dispositions du code des collectivités locales permettent désormais au Conseil Rural dans le cadre du transfert des compétences de planifier le développement économique et

27 « Evolution de potentialité de développement de la gomme mbepp” »Traoré, T. 1983.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 23

social de la communauté rurale. Les communautés rurales ont désormais la possibilité de gérer directement leurs ressources et établir des règles de gestion au niveau communautaire. Cette loi transfère neuf (9) domaines de compétences aux communautés rurales parmi lesquels on peut citer entre autres, la gestion de l’environnement et des ressources naturelles.

Certaines des attributions du Conseil Rural en matière de ressources forestières sont définies comme suit :

• Délivrance d'autorisations préalables à toute coupe à l'intérieur du périmètre de la Communauté rurale ;

• Avis sur la délivrance, par le Conseil régional, d'autorisations de défrichement et d’amodiation;

• Gestion des sites d’intérêt local ;

• Elaboration et la mise en oeuvre du plan local d’actions pour l’environnement.

Les objectifs visés par ce transfert de compétences consistent entre autres à donner plus d’envergure aux collectivités locales, à les motiver pour la préservation des ressources, à renforcer leur assise financière, à donner plus de pouvoirs aux élus locaux et à faciliter le règlement des conflits fonciers.

Cependant les Conseils Ruraux ne semblent pas encore suffisamment imprégnés de leurs nouvelles prérogatives dans la gestion des ressources naturelles. Les interventions effectives se limitent pour l’essentiel à la lutte contre les feux de brousse et à la résolution des conflits à caractère foncier.

NOUVEAU CODE FORESTIER Suite à la disposition de 1996 portant code des collectivités locales, le code a été revu et les innovations introduites se déclinent comme suit :

• Plan d’aménagement de forêt de terroir

• Co-gestion des forêts classées

• Financement d’activités gestion des ressources par le fonds forestier

DE 2003 A NOS JOURS Avant l’avènement de Wula Nafaa, les règles appliquées sur le terrain étaient celles du Code Forestier, même si théoriquement la loi disait que la gestion était du ressort des communautés rurales. Les agents des Eaux et Forêts étaient les seuls à veiller sur l’application des textes.

Les populations n’étaient pas vraiment impliquées dans la gestion des ressources naturelles. Même après 1996, leur façon de voir n’a pas changé, ce qui entraîne toujours un sentiment que les ressources n’étaient pas les leurs. Les populations ne prêtaient pas beaucoup d’attention sur les aspects de protection sinon leur implication se limitait à des actions ponctuelles comme la journée de l’arbre ou les compagnes de reboisement.

4.1.1 INTERVENTIONS POUVOIR Actuellement, grâce aux nouvelles lois sur la décentralisation et l’appui des partenaires, les populations sont en train de s’approprier de leur responsabilité. Maintenant les revenus générés par l’exploitation de la gomme ont fini de convaincre les populations locales que la ressource est la leur et qu’ils leur revenaient de la protéger. Et pour se faire, en rapport avec la communauté rurale et les partenaires, des conventions et des codes locaux sont mis sur pied pour une gestion efficace des peuplements. Ainsi, nous voyons une conception qui se développe de plus en plus chez les populations : protection pour mieux en tirer partie et se doter des moyens juridiques et matériels pour une bonne gestion des ressources.

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24 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

CO-GESTION Dans le cadre de la loi 1996 qui donne à la communauté rurale les prérogatives de gestion de leurs ressources naturelles, celle-ci avec l’appui de WN et du Service des Eaux & Forêts ont élaboré un système de gestion pour impliquer dans le consensus tous les acteurs dans l’exploitation et dans la gestion des ressources dans les forêts classées.

La co-gestion a permis la mise en place de codes locaux. Les codes locaux sont élaborés sous l’égide des services de Eaux et Forêts, car il s’agit de domaines classés (Ouli et Paniates). Il s’agit de trouver un consensus sur les modalités d’exploitation des ressources forestières locales qui préservent les intérêts des populations riveraines sans pour autant transgresser les dispositions du Code Forestier.

CONVENTIONS Les conventions, quand à elles concernent les forêts de terroir ou forêts communautaires. Les populations élaborent les règles et les services des Eaux et Forêts vérifient la conformité. Les communautés rurales peuvent se doter de Conventions Locales pour la gestion des ressources naturelles dans les zones de terroir. Les conventions sont obtenues grâce à l’implication de l’ensemble des acteurs, c’est-à-dire populations, Conseil Rural, et le service des Eaux et Forêts et facilitées par les partenaires de développement (WN). Une fois ces lois mises en place, le service des Eaux et Forêts contrôle leur conformité avec le Code Forestier, le Conseil Rural se réunit pour délibérer et enfin le texte est approuvé par le Sous-préfet. Ces règles, une fois approuvées deviennent des lois applicables sur tout le territoire communautaire.

Deux conventions locales ont été mises en place dans les zones de production de gomme; celle de Kothiary et celle de Goudiry et d’autres sont en cours d’élaboration. Le projet Wula Nafaa est en train de faciliter la mise en place de conventions locales à Sinthiou Malème, Malème Niani et Koussanar. Ces conventions permettent un meilleur contrôle de l’exploitation des ressources par le Conseil Rural.

NOUVEAUX ACTEURS En 2003, Wula Nafaa est intervenu dans la gestion des ressources pour redynamiser les structures communautaires (CVD) pour une meilleure gestion du patrimoine forestier de la communauté rurale. Le Programme a aussi impliqué d’autres acteurs et permis à la population locale de mieux comprendre son rôle dans la gestion des ressources naturelles.

Dans chaque communauté rurale de la zone, il existe des Comités Villageois de Développement (CVD ou organes de gestion locale). Les premiers CVD ont été mis sur pied en 1996 dans le cadre d’un projet Allemand d’appui à la décentralisation. Les CVD qui pouvaient atteindre une vingtaine de villages dans la communauté rurale sont regroupés en Comités Inter villageois de Développement (CIVD) polarisant plusieurs villages voisins. Ces structures ont sombré dans la léthargie à la fin du projet Allemand.

Wula Nafaa a ressuscité les organes de gestion locale en 2003 dans le cadre de ses activités relatives à la gestion des ressources naturelles. Les organes de gestion locale sont les premiers acteurs de la gestion de la nature au niveau du Conseil Rural. Leur rôle est de veiller à l’application des codes et conventions dans leurs zones respectives. Ces groupes sont la manifestation même de transfert de pouvoir.

Bien qu’exerçant sous l’autorité du Conseil Rural, les organes de gestion locale n’ont pas un statut officiel. Une fois mis en place, les membres reçoivent plusieurs formations de Wula Nafaa ayant trait à la prévention des feux de brousse, aux dangers des mauvaises techniques de saignée. Ces comités ont aussi pris une part active dans l’élaboration et la mise en œuvre des conventions locales. Ainsi, des surveillants issus des ces structures ont été formés et équipés en badges pour pouvoir mieux veiller sur les ressources de leur terroir.

FORMATION Les conseils ruraux ont été formés dans le cadre du renforcement de capacités pour une meilleure prise en charge des questions environnementales, car la plupart d’entre eux ne savent pas lire ni écrire. Ainsi dans la région de Tambacounda, 257 élus (225 hommes et 32 femmes) ont été formés sur les textes de lois sur la décentralisation relatifs à la gestion des ressources naturelles.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 25

4.1.2 IMPACT POUVOIR

CHANGEMENTS DANS LA STRUCTURE DU POUVOIR Avec l’avènement de Wula Nafaa, la redynamisation des CVD a débuté par leur renouvellement. Les communautés ont maintenant plus de pouvoir sur la gestion des ressources. Les organes de gestion locale à travers des surveillants contrôlent l’accès pour tous les acteurs. Ces sont les populations qui définissent des règles de gestion et de protection de leur environnement. Le projet Wula Nafaa a redynamisé 32 organes de gestion locale dans la zone de Tamba pour leur donner la possibilité de connaître leurs droits pour mieux exercer leurs devoirs. Ils ont entretenu des pare-feux, aidé au zonage de terroir, déterminé les zones de pâturage et renforcé l’exploitation durable de tous les produits forestiers : détermination des période de récolte, amélioration des techniques de saignée, etc.28 La formation des élus locaux a amélioré sensiblement les relations entre élus et agents des Eaux et Forets. Cela a permis aussi la diminution de conflits, surtout en matière de défrichement.

TENDANCES FONCIERES: DES RESULTANTS DE CO-GESTION Le contrôle de l’accès à la ressource s’est renforcé avec la co-gestion. Maintenant le contrôle est non seulement assuré au niveau communautaire mais depuis l’avènement des conventions locales, il est assuré par des surveillants issus des organes de gestion locale. Ces surveillants avec l’appui du conseil rural, du Service des Eaux et Forêts et des partenaires au développement ont acquis une formation et du matériel pour mieux s’acquitter de leurs taches.

Les conventions sont mises en place en 2004, donc des résultats ne sont pas encore enregistrés. Cependant, les exploitants sont vraiment contents des évolutions en cours ce qui est illustré par des histoires racontées par les populations, elles-mêmes dont celle-ci (cf. encadré ci-après).

RELATIONS ENTRE DES ETRANGERS ET AUTOCHTONES Au début de l’exploitation à but commercial, les étrangers notamment les Guinéens étaient plus nombreux ; la conséquence est qu’ils ont eu des retombées financières importantes. Le problème avec les étrangers est qu’ils exploitent sans penser à la préservation de l’espèce car les arbres ne leur appartiennent pas. Avec les revenus importants tirés ces dernières années par les exploitants étrangers, les autochtones se sont lancés à leur tour à l’exploitation de la gomme pour bénéficier aussi de ces revenus. Ils ont progressivement investi la filière et profitent aujourd’hui largement des retombées issues de l’exploitation de la gomme. En guise d’exemples, dans le village de Wouro Hama, les étrangers sont passés de 5 étrangers sur 10 autochtones à 2 étrangers sur 10 autochtones entre 1994 et 200429

4.1.3 PROBLEMES NON RESOLUS • Dans certains cas, quelques présidents n’ont aucune idée des fonctions que le CVD est appelé à remplir.

Aucune ressource n’est mise à leur disposition et seuls quelques CVD déclarent disposer d’équipements remis par des partenaires pour le contrôle des feux de brousse ;

• Les surveillants n’ont pas de badges pour se distinguer des exploitants. Parce que les surveillants pour se distinguer des autres doivent avoir quelque chose qui montre qu’ils sont effectivement désignés par les autorités (CR, Eaux & Forêts) pour surveiller la forêt.

• L’insuffisance de connaissances des dispositions de Code Forestier et les Conventions Locales.

28 Source : Wula Nafaa, 2005 29 Source : Wula Nafaa, 2005

Mamadou Bâ, secrétaire du point de collecte de Seno Sambayabe disait que depuis la mise en place des règles par les producteurs eux-mêmes il a eu seulement un vol l’année dernière (15,000 FCFA d’amande par vol), mais avant il y avait beaucoup d’infractions qui opposaient les producteurs.

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26 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

• Dans les Conseils Ruraux, le fait que plusieurs membres ne savent ni lire ni écrire constitue un handicap pour l’exercice de leurs nouvelles fonctions.

• Dans les GPLs, la représentativité des femmes dans les bureaux est faible. Elles sont considérées comme membres simples et n’occupent presque jamais un poste de responsabilité. Les femmes ne peuvent prétendre aux postes de responsabilités que dans les structures où elles sont seules, c'est-à-dire les groupements féminins et même dans ces groupements le poste de secrétaire est souvent occupé par un homme, car les femmes sont dans leur majorité analphabètes.

Tableau 8: Représentativité des Femmes dans les bureaux des GPL30 Wouro Hama Pass Kaléma

Nom du GLP Hommes femmes Hommes Femmes

Membre du GLP 65 0 32 18

Membres de bureau 5 0 5 0

4.2 APERÇU DES ASPECTS GESTION DES RESSOURCES NATURELLES L’aspect gestion de ressources naturelles touche d’abord au potentiel de peuplement, mais aussi la façon dont ce potentiel est exploitée et géré de manière durable.

Il y a plusieurs menaces qui pèsent sur les peuplements de Sterculia. En saison sèche, les feux de brousse détruisent les jeunes pousses et fragilisent les sujets vieillissants. Les 21 % de population échantillonnée pensent que les feux de brousse sont la première cause de régression des peuplements et un facteur limitant pour la régénération. Les feuilles de Sterculia setigera sont bien appétées par les animaux. Leur particularité est qu’elles commencent à pousser entre la fin de la saison sèche et le début de l’hivernage. Les transhumants convergent vers les zones forestières dans l’Est du pays et coupent les branches de Sterculia pour nourrir leurs troupeaux. Dans certaines zones, la quasi-totalité des pieds de Sterculia a été complètement élaguée et de jeunes puisses ont même été abattues par les éleveurs. Les émondages provoquent des hémorragies en hauteur et de l’avis des producteurs, les pieds touchés ne produisent rien quand ils sont saignés. Les arbres élagués deviennent plus fragiles et plus vulnérables aux pathologies. Le contrôle de ces transhumants est rendu délicat par le fait que traditionnellement, ils portent toujours des armes blanches et n’entretiennent pas de rapports sociaux étroits avec les populations autochtones. De l’avis des producteurs, la coupe des branches par les éleveurs est la première cause de régression des peuplements (57% des réponses)31.

De nouveaux espaces agricoles sont progressivement conquis dans le domaine forestier. Selon l’avis des responsables régionaux du service des Eaux & Forêts, le défrichement en rapport avec l’accroissement démographique est parmi les plus sérieuses menaces qui pèsent sur la préservation de la ressource dans le long terme. Cela veut dire que la population a de plus en plus besoin d’espaces agricoles ; par conséquent, le défrichement continue dans le domaine forestier.

30 Wula Nafaa, 2005. 31 Enquêtes, Gaye, 2005.

Sterculia surexploitée

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 27

Avant l’élaboration des conventions et code locaux, l’exploitation de la gomme était faite selon les connaissances locales. Il n’y avait pas des règles/ techniques d’exploitation appropriée. La surexploitation a affaibli les sujets qui sont devenus plus vulnérables aux feux de brousse et aux maladies. La gomme comportait plus de bois et elle était moins abondante.

Cette façon d’exploiter présentait des risques pour la survie des peuplements car le nombre et la profondeur des entailles étaient trop élevés. Par exemple, à Dawady en 2001 on a noté que 80% des producteurs avaient plus de 50 entailles par arbre 1 ; avec des entailles dont les profondeurs atteignant 7 cm alors que dans les normes elles ne doivent pas dépasser 4 cm, Les exploitants brûlaient les arbres pour augmenter la production de gomme. Cette pratique a détruit plus facilement les peuplements.

4.2.1 SYSTEMES D’AMENAGEMENT EN COURS / LES INTERVENTIONS NATURE

TECHNIQUES D’EXPLOITATION Avec les interventions des structures comme l’ISRA et Wula Nafaa, des formations sur les techniques de saignée sont dispensées aux producteurs. Les techniques pratiquées jusqu’à maintenant étaient très dangereuses pour les arbres. Ainsi, des nouvelles techniques plus améliorées sont mises en place pour une exploitation plus durable des peuplements. Selon les spécialistes consultés, les entailles trop profondes sont particulièrement néfastes pour la survie de l’arbre. Des profondeurs atteignant 7 cm sont observés alors que dans les normes, on ne devrait pas dépasser 4 cm. La gomme circule entre l’écorce et l’aubier qu’il faut éviter de blesser. Pendant l’hivernage, les producteurs ont tendance à réaliser les saignées plus en profondeur pour éviter le lessivage de la gomme par les pluies. Il y a actuellement 1730 producteurs qui sont formés dans les nouvelles techniques de saignée avec Wula Nafaa et une quinzaine de formations en techniques de saignée, production de plantes, greffage, bouturage, et plantation communautaire sont réalisées avec l’ISRA.

Session de formation en techniques de saignée améliorées

Wula Nafaa aussi a payé 4 740 000 FCFA en matériels pour la lutte contre les feux de brousse dans les communautés rurales suivantes : Koussanar, Sinthiou Malème, Malème Niani, Salémata, Bandafassi, Saraya, Kothiary, Bala, Koulor. Chacune d’elles a reçu 60 battes feu, 60 râteaux, et 60 paires de bottes.

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28 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

L’ISRA a mis à la disposition du groupement féminin Tessito de Malème Niani 200 pieds pour le reboisement de Sterculia. Ces plants ont été produits à partir de pieds choisis par des chercheurs en raison de leur robustesse et de leur productivité. Dans la nature, les gommiers atteignent une taille suffisante pour l’exploitation entre 15 et 20 ans. Cette durée pourrait être réduite à dix (10) ans environ pour les plantations bien entretenues, mais la recherche forestière ne dispose pas encore de données précises sur cette question. L’ISRA travaille sur l’amélioration de l’espèce Sterculia qui croit plus vite et qui produit plus de gomme.

CODES En ce qui concerne la gomme, le Code Local mis en place par le Conseil Rural et avec l’appui de WN en 2004 énonce des règles relatives aux méthodes de saignée, à la période de repos des arbres exploités et à l’interdiction formelle d’utiliser le feu qui augmenterait l’écoulement selon certaines croyances. Tout contrevenant est passible d’une amende de 5 000 Francs par arbre touché.

CONVENTIONS L’exploitation de la gomme y est soumise à une autorisation du Conseil Rural, moyennant une redevance de 6 000 F CFA pour une superficie limitée à deux (2) hectares attribuée durant une seule saison. On peut penser qu’il serait plus approprié de fixer les limites en nombre d’arbres plutôt qu’en superficie, étant donné que les densités de peuplement ne sont pas homogènes et varient dans l’espace.

Les recettes générées par les redevances et amendes sont réparties à raison de :

• 25% aux organes de gestion locale pour les travaux collectifs ;

• 20% aux CIVD qui coordonnent les organes de gestion locale ;

• 15% aux Conseils Ruraux;

• 40% au Comité de Vigilance qui surveille la forêt au nom des organes de gestion locale (indemnités, équipement).

Wula Nafaa a aidé à formaliser l’organisation de la production en suggérant l’institution de cartes d’exploitant. Elles sont établies par le Service des Eaux et Forêts pour une durée d’un an et mises à la disposition des organes de gestion locale qui les vendent aux producteurs. Pour le moment, les cartes ne sont pas encore mises à la disposition des organes de gestion locale.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 29

4.2.2 TENDANCES /IMPACTS NATURE

RESULTATS DES FORMATIONS

Une bonne technique de saignée

Les résultats des formations sur les techniques de saignée ont permis la diminution du nombre des entailles par arbre. Il apparaît clairement que les producteurs ont su, grâce à Wula Nafaa et les agents de l’ISRA, faire des progrès importants dans le bon sens et il est constaté que le nombre d’entailles par arbre a considérablement baissé, avec une moyenne de 20-25 dans le Koussanar, en comparaison avec 50 entailles en 2001.

RESULTATS DE CODES ET CONVENTIONS Grâce aux conventions et codes mis en place mais aussi la distribution de matériel de WN pour la lutte contre les feux de brousse, on est passé de 35 feux à 15 entre 2003-2004 sur l’ensemble des trois Communautés Rurales (Koussanar, Malème Niani, Sinthiou Malème). Les codes et conventions ont été des outils efficaces qui ont permis à la population de mieux gérer les ressources.

Dans la Communauté Rurale de Koussanar, des opérations de mise en défens sur deux sites de 142 et 300 hectares ont été signalées. Il s’agit d’une interdiction temporaire de toute exploitation d’une zone relativement dégradée, en vue de permettre la régénération naturelle de la flore et de la faune.

Le CIVD de Dawady a plantée 550 arbres Sterculia. Une première fois un groupe local a investi dans la plantation de cette espèce. Le groupe a planté une espèce améliorée issue de la recherche de l’ISRA.

Ceux qui ont reconnu en avoir bénéficié représentent 20%, soit la même proportion que ceux qui déclarent être informés des dispositions du code forestier. Tous les producteurs ayant bénéficié d’une formation reconnaissent que leurs pratiques ont changé en conséquence. Cela prouve que les pratiques anciennes n’étaient pas conformes aux recommandations actuelles des techniciens. Ces recommandations portent entre autres sur le nombre et la profondeur des entailles, leur disposition géométrique, les parties saignées, les périodes propices et les outils de travail.

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30 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

4.2.3 PROBLEMES NON RESOLUS • Les codes et conventions doivent être étendus sur certaines zones de forte production ;

• Les producteurs ne disposent pas encore de permis d’exploitation promis par les CR et WN ;

• On a toujours besoin de formations sur les techniques de saignée, car la majorité des producteurs n’a pas suivi la formation ;

• Les producteurs ne font pas la rotation du culturel (un producteur sur trois pratique la rotation), donc la conséquence est que l’arbre n’a pas un temps de repos suffisant ;

• Le Code Local qui préconise la mise au repos pendant deux années sur trois est toutefois jugé difficilement applicable dans certaines zones où il impliquerait l’arrêt systématique des activités selon les producteurs.

4.3 APERÇU DES ASPECTS RICHESSE

RELATIONS ENTRE DES ACTEURS L’activité de la récolte de la gomme était libre et aucune organisation n’était visible. Malgré tous les revenus tirés de la gomme, son exploitation n’était pas très bien organisée. Au début, chacun pratiquait la récolte séparément. C’est à dire, il n’y avait pas une structure qui regroupe les producteurs. Cette situation les mettait à la merci des bana-banas et des sociétés de collecte. Ils ne s’étaient pas constitués en groupe de pression pour mieux négocier les prix.

Entre les différents acteurs de la filière, il se posait un certain nombre de problèmes de communication. Les producteurs qui étaient en dessous de la chaîne étaient pour la plupart mal informés sur les opportunités du marché et les prix pratiqués au niveau des centres urbains. Donc, leur gomme était achetée par les bana-banas avant à des prix très peu rémunérateurs (300-400 F CFA) et que ces derniers gardaient parfois jusqu'à la période de pénurie pour revendre la gomme à des prix très élevés (800-1000 F CFA). Cela était souvent à l’origine de la spéculation des prix durant la période de faible production.

Le producteur qui est souvent confronté à des problèmes de survie vend sa gomme pour l’entretien de sa famille. Donc, il n’est pas rare de voir ce dernier prendre des crédits en nature chez les collecteurs, les bana-banas et même auprès des sociétés de collecte pour rembourser après en gomme.

La société de collecte (Setexpharm) achète pendant toute l’année, mais parfois il arrive qu’elle achète à crédit. Les producteurs qui ont besoin d’argent liquide préfèrent vendre aux bana-banas ou collecteurs même s’ils gagnent moins.

Si Setexpharm, pour une raison ou pour une autre manque le rendez vous au point de collecte le jour convenu, les producteurs vendent leur gomme aux autres acteurs parfois à des prix inférieurs a ceux proposés dans le contrat avec Setexpharm. Cette situation est due à un manque de planification à deux niveaux. Pour les producteurs la gestion des ressources tirées de la gomme dans le temps pose problèmes. Vu les sommes tirées de l’exploitation de la gomme, les producteurs gagneraient mieux à planifier l’utilisation de ces ressources pour ne pas être contraints à vendre à perte leurs produits. En fait, Si Setexpharm dans le cadre de contrat n’arrive pas à respecter convenablement le calendrier de collecte, cela entraîne une fragilisation du système mis en place.

En ce qui concerne Norgine, ils ont besoin de sécurisation des opérations logistiques afin de leur garantir les approvisionnements en gomme et dans les délais qui comprennent : organisation, professionnalisation et stabilisation du marché de la gomme au Sénégal ; amélioration des opérations de broyage Setexpharm/Dakar

En 2004,un grossiste a attendu que la production baisse pour vendre son stock de 24 tonnes a la société de collecte (Setexpharm) car elle ne parvienne plus à satisfaire sa demande extérieure Beaucoup de bana-banas et des grossistes font ça souvent pour avoir des marges plus élevées.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 31

et mise en place d'un stock de sécurité ; et une gestion à temps des opérations d'empotage et d'embarquement aux vues du planning des navires et des délais rendus.

PRODUCTIVITE La productivité est variable selon les saisons. Elle peut atteindre des records en saison de pluie. En saison sèche, elle se retrouve à son plus bas niveau.

Tableau 9: Comparaison des données sur le Sterculia selon trois sources Quantité de gomme par personne par arbre (kg) Quantité de gomme par personne par an ( Kg)

Sy (2001) Lô (1995) Enquête (2004) Sy Lô Enquête

2 à 7

1 à 5

1,6 à

15,5

200 à

1200

150 à 1650

427,5 à 5348,25

La quantité récoltée par arbre est différente d’unes source à l’autre. Mais elle tourne autour de 2 à 15 kg selon les sources disponibles. Normalement, la productivité moyenne varie entre 2,5-5 kg par arbre et par an. Cette variation s’explique selon les années, car l’exsudation de la gomme dépend de plusieurs facteurs dont la pluviométrie. S’il y a beaucoup de pluies, la quantité augmente. Elle s’explique aussi selon les techniques d’investigation : enquêtes ou suivi. Les données de Sy et Lo sont obtenues suite à un suivi de la production tandis que dans l’enquête de WN, les producteurs sont interrogés directement. Cette dernière méthode a une plus grande marge d’erreur.

Un autre aspect déterminant sur la production de la gomme est le vol. En effet, les vols qui sont liés au développement du système de commercialisation, ont découragé bon nombre de producteurs. C’est l’une des causes de la cessation des activités depuis deux années dans le village de Saré Gayo. Quelques récolteurs déclarent que leur stratégie consiste à faire la récolte prématurée pour limiter les vols. Selon les témoignages, la récolte précoce donne une gomme immature de faible densité, ce qui se répercute sur la qualité du produit. Les vols n’encouragent pas l’exploitation de grands espaces ou de champs éloignés difficiles à surveiller. Des villageois ont également indiqué que certains exploitants font recours aux feux de brousse pour brûler les hautes herbes afin de mieux surveiller leurs champs.

Malgré toutes les contraintes liées à la production individuelle, on se rend compte qu’elle est assez importante dans l’ensemble. Le problème qui se pose n’est pas forcément biologique mais plutôt social. La filière est encore jeune et toutes les techniques pour maximiser la production ne sont pas acquises. Donc, ce qui explique en partie que les producteurs n’arrivent pas à satisfaire en qualité et en quantité les opérateurs comme Setexpharm. Aussi, dans la région de Kolda et le dans le département de Kédougou, les paysans n’ont pas encore complètement démarré l’exploitation de la gomme.

QUALITE La qualité de produit pose problème. C’est un facteur important à prendre en compte si le Sénégal veut être compétitif sur le marché international, parce que le produit fini est destiné à la fabrication de médicaments. L'un des aspects le plus important pour Norgine en France est la qualité de la gomme : la gomme la plus propre possible, blanche, exempte de bois et autres objets non identifiés, et la plus sèche possible.

La qualité microbiologique de la gomme doit être améliorée : pour exemple la gomme de Sterculia du Sénégal est 300 % plus contaminée que la gomme en provenance d'Inde :

• Taux de contamination Inde <1 000 bactéries/gr

• Taux de contamination Sénégal < 300 000 bactéries/gr32

32 Norgine, 2005

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32 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Setexpharm réalise des opérations de séchage et de pré broyage sur la gomme de Sterculia et des éléments de non qualité peuvent être générés lors de ces opérations (pièces métalliques dans la gomme).

La qualité de la gomme au Sénégal reste acceptable, mais beaucoup reste à faire. Il y a un nombre très important de débris c'est-à-dire les écorces dans la gomme et un problème d’humidité en saison de pluie. L’humidité augmente le poids de la gomme, donc joue sur la qualité et le prix de la gomme. Le séchage de la gomme en hivernage est une contrainte de taille chez les opérateurs industriels qui manipulent d’importantes quantités.

Chez les industriels spécifiquement, le taux de pollution très élevé de la gomme est une difficulté majeure. Une des préoccupations actuelles de Setexpharm comme de Socogomme est de pouvoir valoriser les sous-produits en vue de minimiser les pertes. Une partie des déchets est maintenant recyclée pour la vente sur le marché local par Setexpharm.

Sur le coté industriel, Socogomme dispose de camionnettes mises à la disposition de bana-banas rémunérés sur la base d’une commission de 50 F/kg, avec obligation de fournir un produit de qualité. En réalité, Socogomme paye le même prix que Setexpharm mais ne prend que de la bonne qualité de gomme. Le fait que cette dernière commande des quantités limitées et paye toujours au comptant les bana-banas et les autres intermédiaires au comptant, lui permet d’exiger plus de qualité car elle peut toujours satisfaire sa demande.

Setexpharm de son coté est plutôt coincé par la demande de ses partenaires qui est importante. Il semble que c’est la raison pour laquelle il ne peut pas se permettre d’être exigeante sur la qualité. Donc il est plus difficile pour lui de satisfaire la demande de leurs partenaires.

EVOLUTION DE PRIX Les prix varient selon la saison, car pour les deux saisons, la qualité de la gomme n’est pas le même. En saison de pluie, la qualité est moins bonne car la gomme est très humide. Par contre, en saison sèche elle présente une meilleure qualité, elle est blanche et sèche. Dans le passé les producteurs n’ont pas beaucoup gagné du fait du nombre élevé d’intermédiaires et la tendance au « troc » au niveau des villages. En 1996, les revenus par producteur et par an se situaient entre 69 898 F CFA et 100,007 F CFA33, maintenant les revenus sont entre 113 340 CFA et 268315 F CFA34.35

Tableau 10: Evolution du prix de la gomme mbepp entre des saisons (F CFA)36 SAISON HIVERNAGE FCFA SAISON SECHE FCFA

PRODUCTEUR (marché village) 100 – 250 400 – 600

Le plus important pour Norgine en France est le prix d'achat de la gomme : Leurs produits Normacol sont de vieux produits dont les marges se sont érodées. Le prix de revient ne pourrait plus supporter de hausse arbitraire du prix d'achat de la gomme. Ils ont besoin d'un prix d'achat correct et stable en évitant les fortes amplitudes.

4.3.1 INTERVENTIONS RICHESSE Depuis l’avènement de WN en 2003, la filière gomme Sterculia a vu des interventions au niveau de l’organisation des acteurs pour leur permettre de tirer d’avantage de profit de l’exploitation de la gomme.

33 Lô, 1996 (femmes/hommes). 34 Enquêtes, Gaye, 2005 (femmes/hommes). 35 Entre des années 2003-2004 a travers de maillons verticales, il y avait une augmentation de revenue de 356%, qui affecte 189 entreprises. Wula

Nafaa, 2005 36 Etude de Cas Sur Les Relations de Pouvoir le long de la filière des Produits Forestiers Non Ligneux 2002 UICN.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 33

MAILLON HORIZONTAL : LES GROUPEMENTS DE PRODUCTEURS Les GPL (Groupements de Producteurs de Laalo) plus récents ont tous été mis sur pieds avec l’appui de Wula Nafaa, surtout pour organiser la commercialisation de la gomme. Il y a 84 GPL en ce moment. Les GPL sont structurés en réseaux pour une meilleure coordination à l’échelle de plusieurs villages voisins partageant les mêmes espaces d’exploitation. Ce réseau est chargé de gérer la collecte et le respect des clauses du contrat. D’une manière générale, la mise en place des groupements répond souvent à un souci de renforcer les solidarités communautaires traditionnelles et de les adapter à l’économie marchande qui régit les rapports sociaux. Il s’agit aussi de remplir les conditions d’accès aux appuis des partenaires extérieurs, y compris les services publics, les organismes de financement, les ONG et les divers projets de développement. La principale motivation des groupements de gomme est de mieux s’organiser pour la commercialisation et d’améliorer leur pouvoir de négociation en matière de prix.

Pour être accepté comme membre, il suffit d’être producteur ou d’avoir l’intention de le devenir, et de verser une cotisation unique variant entre 450 francs à 1 500 francs CFA.

Environ 60% des producteurs de l’échantillon de 36 producteurs sont affiliés à des groupements. L’effectif moyen d’un groupement est d’environ 50 membres. Dans la majorité des cas, chaque groupement polarise un seul village et un seul groupe ethnique. Les dirigeants sont en général désignés par consensus en présence du chef de village. Sur le plan du genre, la majorité des groupements GPL est mixte.

Les maillons horizontaux renforcent la solidarité entre producteurs et leur donnent un pouvoir de négociation pour les prix. Cela a permis de mieux organiser la collecte et ce qui pourrait dans l’avenir constituer un groupe de pression dans la négociation des contrats.

RELATIONS VERTICALES

Contrats Par l’intermédiaire de Wula Nafaa, la Société industrielle Setexpharm a mis en place un système de contrats d’achat de la gomme auprès des GPL. Il y a maintenant 118 contrats signés entre Setexpharm et les GPL. Au total, 44% des producteurs rencontrés déclarent être sous contrat. Le protocole d’accord définit les obligations réciproques des parties contractantes. Setexpharm se charge de fournir les sacs, de passer régulièrement aux points de collecte pour peser et payer au comptant les quantités disponibles, de respecter les prix fixés d’un commun accord, et de payer la taxe liée au transfert de la gomme hors des zones de production.

Selon les responsables de Setexpharm, la Société avait accepté de signer des contrats avec les GPL et de payer des prix relativement élevés dans l’espoir d’une amélioration de la qualité mais tel n’est pas encore le cas.

Points de collecte Les points de collecte sont mis en place dans le cadre du contrat entre Setexpharm et les producteurs. Ils permettent à la société de faire plus facilement la collecte. Au lieu de sillonner tous les villages, les producteurs se rendent avec leur gomme au jour convenu pour vendre directement à la société. Le point de collecte est choisi par les producteurs et la société avec la facilitation de WN ; il est choisi selon son accessibilité par rapport à tous les autres villages environnants, car il doit être un village centre.

Cadre de concertation37 Le cadre de concertation est organisé dans le but de réunir tous les acteurs de la filière afin de promouvoir la concertation et de développer des réseaux. Il permet de dégager un plan d’actions pour une meilleure rentabilité de la production et une valorisation durable de la ressource. Il est l’occasion pour les acteurs potentiels d’élaborer des protocoles et conventions commerciaux. Il réunit 14 producteurs, 13 commerçants, 37 “Cadre de Concertation des acteurs de la filière, Mbepp » Gomis, 2004.

Boubou Camara, Président du Réseau des producteurs de Laalo mbepp de Séno Sambayabé montre parfaitement l’impact des interventions de WN et de la signature des contrats : « Avec WN, certains habitants du village ont reçu beaucoup d’argent qu’ils n’ont jamais reçu dans leur existence avec la commercialisation et la signature de contrats ».

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34 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

6 transporteurs, 2 personnes ressources, et 3 transformateurs. Ce cadre est important dans la mesure où pour la première fois, les différents acteurs se sont réunis et ont débattu des problèmes de la filière et des opportunités de celle-ci. Ce cadre de concertation est le début d’un dialogue et un échange d’informations entre acteurs.

Productivité La plupart des GPL ont institué des amendes dans les conventions pour lutter contre les vols ; tout voleur pris en flagrant délit doit payer. Tout voleur pris dans le champ d’un immigrant saisonnier devra supporter sa pension complète pendant trois mois (voir partie 4.1.3).

Il y a des interventions à Kolda (Bonconto et Pata) pour augmenter la production de la gomme de manière durable.

Qualité Setexpharm collabore avec un entrepreneur privé pour la conception de séchoirs que les GPL pourraient acquérir dans des conditions abordables. En contrepartie, elle va exiger une qualité dans leurs contrats.

4.3.2 IMPACT La gomme Sterculia est en phase de devenir pour les populations de Tambacounda l’une des sources d’argent les plus sûres. L’abondance de peuplements et l’accès relativement facile à la ressource permettent à ces dernières d’en faire leur principale source de revenus monétaires.

MEILLEURE ORGANISATION DES PRODUCTEURS À cause de la formation des GPL, la vente de la gomme est mieux organisée au niveau des producteurs. Ainsi, Setexpharm n’a plus besoin de faire tous les villages pour trouver la gomme. Il suffit de se rendre au point de collecte pour acheter la quantité de gomme disponible. Les GPL permettent aux producteurs de collecter des quantités importantes et de vendre ensemble à un opérateur à un meilleur prix que s’ils vendaient individuellement.

PRODUCTION ET REVENUS Le niveau de production a augmenté à cause de la diminution de vols depuis la mise en place des conventions et codes (Confer partie IV.1), des prix proposés dans les contrats, mais aussi à l’amélioration de la productivité due à l’application des nouvelles techniques de saignées (Cf. partie IV.2).

La production a démarré timidement dans la région de Kolda, suite aux interventions énoncées plus haut.

L’analyse économique montre que l’exploitation de la gomme constitue la principale source de revenus des producteurs et des productrices avec une part d’environ 56% de leur revenu total dans les deux cas. Sur la base d’estimations approximatives faites par les producteurs, leurs revenus monétaires pour l’année 2004 sont ainsi répartis selon les sources:

Tableau 11: Importance relatives des différentes sources de revenus des producteurs 38 Sources de revenus Hommes (%) Femmes (%) Echantillon (%)

Gomme 56,8 56,4 56,7

Autres produits forestiers 2,0 2,2 2,1

Agriculture 35,6 36,4 35,8

Divers 5,6 5,0 5,4

Totaux 100 100 100

38 Enquêtes, Gaye, 2005

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 35

D’après le tableau ci-dessus, les sources de revenus aussi importantes chez les hommes que chez les femmes. Dans les deux cas, les revenus tirés de l’exploitation de la gomme représentent plus de la moitié de revenus, ce qui indique son caractère stratégique pour les populations concernées.

En considérant la situation de l’année 2004, 14% des producteurs tirent exclusivement leurs revenus monétaires de l’exploitation de la gomme. La vente de gomme a rapporté un revenu annuel net par producteur de 268 315 Francs pour les hommes et de 113 340 Francs pour les femmes en 2004. La moyenne globale de 229 000 F équivaut environ à 70% du revenu national par tête, ce qui n’est pas négligeable. La marge nette du producteur par kg est de 628 francs pour la gomme blanche, 436 francs pour la gomme brune, soit une moyenne de 529 francs par kg de gomme.39

Avec l’appui de WN, beaucoup d’entreprises (189) sont impliquées dans l’exploitation de la gomme. Les revenus tirés de cette activité ont aussi considérablement augmenté de l’ordre par 356% (voir Tableau 13 ci-dessous).

Tableau 12 : Augmentation de revenus des entreprises

Nombre des enterprises

Anciens revenus Nouveaux revenus (F CFA)

Augmentation des revenus (F CFA)

Pourcentage augmentation (F CFA)

18940 16 772 875 CFA 76 418 640 59 645765 356

Les prix contractuels négociés entre Setexpharm et les GPL sont dans une certaine mesure un plafond pour la gomme d’hivernage (500 F CFA). Ils sont plus intéressants pour la gomme blanche de saison sèche (700 F CFA).

Les tableaux suivants (Tableaux 14 et 15) montrent que les revenus ont augmenté malgré la baisse de la production, donc l’augmentation est liée à une forte augmentation du prix au kg. Moussa Bâ, Président d’un Groupement de Producteurs de Laalo, a déclaré que des producteurs ont maintenant une augmentation de revenus. Cette augmentation des revenus liée à la qualité du produit a un impact positif sur la gestion de la ressource. Elle donne plus de volonté et de responsabilité aux producteurs dans l’application de techniques améliorées.

39 Enquêtes, Gaye, 2005. 40 Y inclus 28 GPL et 161 entreprises ménages.

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36 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Tableaux 13 et 14: Production et Revenu41

Changement de quantite entre 2003 et 2004

360,000

370,000

380,000

390,000

400,000

410,000

420,000

430,000

440,000

2003 Mbep (hiver) volume 2004 Mbep (hiver) volume

Kg

Augmentation revenus extrapolee pour la campagne hivernale 2004

0

20,000,000

40,000,000

60,000,000

80,000,000

100,000,000

120,000,000

140,000,000

160,000,000

180,000,000

200,000,000

2003 Mbep (hiver) 2004 Mbep (hiver) revenu

CFA

Dans les deux mois qui ont suivi la signature des contrats, 43 tonnes de gomme ont été collectées, donnant un revenu estimé d’environ 40 000 dollars pour la récolte ciblée. Aussi Setexpharm a commencé à jouer le rôle de pourvoyeur de compétences en affaires en formant 262 producteurs de gomme aux techniques de prélèvement durable.42

41 Eaux et Forêts, 2005. 42 Wula Nafaa, 2004.

Un producteur qui n’avait jamais tenu entre les mains la somme de 50,000 F CFA avant la signature de contrats avec Setexpharm, était maintenant en mesure d’acheter des charrues et des semeuses, grâce à la vente de laalo mbep cette année

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 37

4.3.3 PROBLEMES NON RESOLUS • Un problème continu sur la qualité de la gomme

• L’absence du matériel de séchage adapté (La question des bâches est également évoquée par les producteurs qui restent divisés sur l’appréciation de leur utilité réelle, compte tenu des faibles quantités qu’ils manipulent.)

• Manque de formation des producteurs en techniques de séchage

• Manque de prix lié à la qualité.

• Les contraintes de productivité sont l’éloignement des champs du village et le manque de moyen de transport.

• La signature de contrat n’a pas empêché les producteurs de continuer à traiter avec les autres agents commerciaux comme les Bana-banas. Ces difficultés sont dues à l’impossibilité de la société de respecter la vente au comptant et le calendrier de collecte. On peut aussi souligner que certains producteurs dits formels n’ont jamais vendu à la société du fait des problèmes évoqués précédemment.

• Manque de communication et de planification (calendrier de collecte et quantité à collecter) entre les producteurs et Setexpharm. Le résultat sera de d’augmenter la confiance entre acteurs et la qualité de la gomme.

• Amélioration des opérations de broyage Sétexpharm/Dakar et mise en place d'un stock de sécurité Sétexpharm

• Gestion à temps des opérations d'empotage et d'embarquement compte tenu du planning des navires et des délais rendus

Tableau 15 : Evolution des actions dans la filière et leur impact à travers les aspects Nature, Richesse, Pouvoir

Action Passé Présent Impact

Nombre d’entailles par arbre

50 par arbre 20-25 par arbre Stress réduit

Nombre de feu de brousse

35 feux de brousse (par année)

15 (2003-2004) Promotion de régénération naturelle Nature

Sterculia planté 550 arbres plantées

Promotion de régénération et d’utilisation d’un arbre améliorée

Revenus annuels 16 772 875 F CFA 76 418 640 F CFA

Investissement et motivation de mieux gérer les ressources

Relations entre acheteurs et producteurs

Limité Présent Formalisation de la filière Richesse

Expansion de la région

Absent Présent Possibilités de augmenter la quantité dans une manière durable

Richesse/ Pouvoir Vols Beaucoup Diminué Démontre l’appropriation et une augmentation de revenu

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38 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

Action Passé Présent Impact

Conventions Locales Absent Présent La population a le droit de gérer leur terroir selon leurs règles

Co-gestion Absent Présent La population on le droit d’être impliquer dans la gestion de foret classé

Organes de gestion locale

Absent Présent La population a un organe de réaliser ces droits

Pouvoir

Producteurs autochtones

Les autochtones sont propriétaires des RN et on plus d’intérêt de les gérer bien.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 39

V. STRATEGIES D’INTERVENTION POUR DES ENTREPRISES PRODUITES NATURELLES

Cette partie permet de tirer toutes les contributions dans le secteur dans l’optique Nature-Richesse-Pouvoir pour voir le potentiel en vue de l’améliorer et de l’augmenter dans l’avenir. Dans ce cadre, on doit voir toute la gamme d’interventions possibles et suggérer des recommandations. On veut voir comment augmenter les bénéfices des acteurs à tous les niveaux (vertical et horizontal).

5.1 RICHESSE

FINANCEMENT/FRAIS

• Voir les possibilités de trouver le crédit avec une réduction du taux d’intérêt.

Stratégies d’intervention : Les sociétés et leurs partenaires doivent essayer de trouver les solutions pour réduire le taux d’intérêt en collaboration avec les banques pour les permettre d’avoir un financement permanent durant toute l’année. Le but est que les sociétés et autres agents commerciaux aient la liquidité.

• Réduction des taxes et frais sur la route

Stratégies d’intervention : Les acteurs de la filière doivent faire du lobbying pour bien négocier avec l’Etat et les autres partenaires. Les exportateurs et les autres acteurs dans la filière ont identifié des taxes (qui peuvent atteindre plus de 30% du prix de vente de la gomme) et des autres coûts sur la gomme qui sont exceptionnellement plus élevées que sur les autres produits naturels, mais la question qui se pose est pourquoi elles sont si élevées. Ces coûts de transactions très élevés réduisent la rentabilité de la filière et empêchent les exportateurs de disposer de la liquidité toute l’année

• Assurer que les taxes étatiques soient réinvesties dans les ressources en guise de retombées communautaires

La question qui se pose est pourquoi faire payer des taxes élevées à ceux qui n’exploitent pas directement la ressource à savoir les bana-banas, les sociétés et les grossistes. D’autres questions se posent également :

– Quel est le taux reversé à la Communauté pour la protection de la ressource et le développement de la zone (éducation, infrastructure, etc) ?

– Est-ce qu’il y a une relation de causes à effets entre l’imposition et un meilleure protection des ressources ?

QUALITE

Au niveau producteur • Encouragement de la production de meilleure qualité avec une forte valeur ajoutée par un prix qui

correspond au niveau d’effort investi et perte de poids.

Stratégies d’intervention : Les sociétés et tous les acteurs commerciaux doivent renforcer le contrôle sur la qualité, et aussi indexer le prix sur la qualité. C'est-à-dire, différencier le prix entre une gomme de bonne

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40 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

qualité et une gomme de moindre qualité, et assurer que le prix correspond au niveau d’efforts et perte de poids.

• Meilleure qualité par réduction de débris

Stratégies d’intervention : Il faut améliorer les techniques de récolte et de séchage. Donc, le producteur doit récolter à la main et trier avant la vente. En plus leur apprendre les techniques d’Inde qui consistent à enlever la gomme de l’arbre à l’aide de plastique. Avec des méthodes comme celle-ci la gomme est récoltée sans débris et sans contact direct, et aussi permet de réduire le poids pour le transport à Dakar.

• Accès aux matériels de séchage adéquat

Stratégies d’intervention : Les exportateurs doivent continuer à investir dans la recherche du matériel de séchage approprié pour le fournir à un prix abordable par les producteurs.

Au niveau transformateurs • Amélioration des opérations de broyage Sétexpharm/Dakar

Stratégies d’intervention : Au niveau de Setexpharm, il doit réduire la perte au niveau de la machine.

QUANTITE

• Extension vers des nouvelles zones avec les techniques améliorées

Stratégies d’intervention : Etant donné que les contraintes majeures de la production de la gomme sont socio-économiques, les producteurs dans les nouvelles zones doivent être informés sur les opportunités de la vente de gomme pour diversifier leurs revenus, mais aussi pour assurer la qualité de gomme produite. Mais dans les nouvelles zones, il faut être vigilant sur les techniques de saignée durables pour éviter la surexploitation, et pour faciliter la démultiplication de bonne gestion des ressources.

• Mise en place d'un stock de sécurité—Sétexpharm

Stratégies d’intervention : Setexpharm doit constituer des réserves de gomme pour se protéger contre le stockage des bana-banas et grossistes et pour pallier aux ruptures de stocks qui se posent de temps en temps.

Communications (les maillons verticaux) • Amélioration du système d’information entre les acteurs

Stratégies d’intervention : Les trois acteurs (WN, producteurs, acheteurs) doivent renforcer leur coordination pour faciliter la communication sur les questions de techniques de saignée et la programmation de la collecte. Les acheteurs doivent définir la qualité qu’ils attendent des producteurs. Les acheteurs et les producteurs doivent planifier et respecter un calendrier et la quantité minimale à collecter dans chaque point de collecte. Les acheteurs doivent savoir la quantité qui existe au point de collecte un jour avant leur arrivée. Cela demande une amélioration des moyens de communication, en s’inspirant des systèmes de communication comme Xam Marsé (qui existe déjà au Sénégal http://www.manobi.net/worldwide/), ou le systeme-choupal de l’Inde.

Renforcement (les maillons horizontaux) • Réorganisation de points de collectes pour mieux favoriser les villages qui produisent plus de

gomme

Stratégies d’intervention : Les points de collectes doivent être réorganisés pour répondre mieux a la structure de la production. C'est-à-dire, permettre aux villages qui produisent plus d’être les points de collecte pour leur alléger les coûts de transport et impliquer les acheteurs et producteurs sur le choix de points de collecte. Au même temps, il faut savoir pour des raisons sociales, certains villages n’acceptent pas de partager un point de collecte.

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ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS 41

• Renforcement de position de négociation de producteur

Stratégies d’intervention : Les Réseaux doivent progressivement se formaliser pour accéder au crédit, et s’impliquer dans l’achat de la production de leurs membres au lieu de laisser leurs membres se confiner à la production individuelle seulement. Ca leur permet de se libérer de la dépendance financière des autres acteurs.

• Augmentation de pouvoir de négociation des producteurs

Stratégies d’intervention : Les réseaux de producteurs de la gomme doivent se rassembler au niveau d’une fédération et le formaliser dans l’avenir pour qu’ils puissent négocier eux-mêmes les contrats (prix, conditions, etc.) sans intermédiaires. Cette structure permet une meilleure organisation de producteurs au niveau national.

• Plus de représentativité de femmes dans les GPL et dans les bureaux

Stratégies d’intervention : Les femmes qui sont impliquées dans la production sont mal représentées dans les GPL et Réseaux. Pour pallier à cela, il est important de les alphabétiser, car dans leur majorité, elles ne savent ni lire ni écrire. Il faut aussi sensibiliser les hommes sur l’importance de l’implication des femmes dans de telles structures.

5.2 POUVOIR

CODES ET CONVENTIONS

• Assurer la mise en œuvre des Conventions et Codes Locaux

Stratégies d’intervention : Wula Nafaa et les Eaux & Forêts doivent assurer que les conventions et les codes locaux signés sont mis en œuvre. Ces codes et conventions doivent être acceptés par tous les acteurs.

• Sensibilisation sur les codes locaux et conventions

Stratégies d’intervention : Les codes et conventions locales doivent faire l’objet d’une vaste diffusion auprès des acteurs. Beaucoup d’acteurs ne savent pas le contenu de ces codes ou ne comprennent pas du tout ces codes et conventions. Il est nécessaire pour un accès plus facile aux différents acteurs, de les traduire en langues nationales et aussi d’organiser des ateliers d’information. Les Conseils Ruraux, les partenaires et les Eaux et Forêts doivent faciliter ces diffusions d’information relatives au codes et conventions.

• Les CIVDs/CRs doivent être capables de gérer leurs conventions et Codes.

Stratégies d’intervention : Les CIVD doivent être responsabilisés de leurs devoirs. Les surveillants pour l’exercice de leurs fonctions doivent disposer de badges. Cela leur permet au moins de se distinguer des autres producteurs et de montrer qu’ils sont chargés par les autorités de faire respecter les conventions et code locaux. Les producteurs doivent avoir des cartes pour faciliter leur identification et de leur champ d’exploitation et le nombre autorisé à exploiter. Le Conseil Rural et les partenaires au développement doivent se charger de les mettre à leur disposition.

• Assurer une durabilité financière des Organes de Gestion Locale pour qu’ils puissent surveiller et appliquer des règles de co-gestion et conventions

Stratégies d’intervention : Les CVDs commencent à mobiliser de ressources financières sur les taxes et les amendes payées en cas de fautes. Mais il est important qu’une partie de la taxe forestière leur soit affectée pour consolider d’avantages leurs sources de revenus pour une bonne gestion de ressources. Ils doivent être aussi formés dans le domaine de la gestion financière et administrative pour assurer la durabilité et la transparence de leur structure.

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42 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

• Synergie entre acteurs techniques et administratifs

Stratégies d’intervention : Pour une meilleure gestion des ressources, tous les acteurs qu’il soit administratif et techniques ou ceux de la communauté rurale doivent renforcer la communication par des rencontres périodiques afin de planifier et coordonner les activités.

5.3 NATURE • Continuer la recherche sur les bonnes techniques de saignées et renforcer la capacité de

production

Stratégie d’intervention : Pour mieux comprendre les techniques améliorées, on peut envisager un voyage d’étude en Inde où on a fait des recherches sur ce sujet. Ensuite, les CIVDs doivent être impliqués dans la formation et la démultiplication de techniques améliorées.

• L’implication des sociétés dans les techniques de saignée appropriées

Stratégies d’intervention : Dans le marché mondial, le besoin d’un produit de bonne qualité oblige Setexpharm à s’impliquer dans la récolte pour répondre à la demande de sa clientèle. L’adoption des techniques améliorées contribue à une bonne gestion de peuplements. Cela permet de montrer que la gomme est exploitée d’une manière durable afin d’obtenir la certification (NTFP) qui peut jouer sur les avantages compétitifs du produit sur le marché mondial.

• Rotation des champs pour permettre leur repos

Stratégies d’intervention : Les producteurs, les organes de gestion locale, les partenaires de développement et le service de Eaux et Forêts doivent encourager la rotation des champs. Il faut démontrer l’importance de la rotation dans quelques sites pour mieux sensibiliser les producteurs.

• Promotion d’Agroforesterie avec Sterculia

Stratégies d’intervention : Les producteurs, les organes de gestion locale, les partenaires de développement, le service de Eaux et Forêts et l’ISRA doivent promouvoir de l’Agroforesterie avec le Sterculia. Ils doivent démontrer l’importance de l’agroforesterie dans la perspective d’accroître le potentiel de peuplements. Avec le nombre important de producteurs, il est nécessaire de penser déjà à avoir des pieds pour chaque producteur dans l’avenir, comme avec les manguiers ou agrumes.

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VI. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

L’intérêt des produits naturels au plan mondial a stimulé la filière gomme au Sénégal. Bien que l’exportation de gomme est relativement récente, il y a un potentiel pour atteindre les impacts macro et micro économiques, si des investissements sont faits pour promouvoir la croissance, l’avantage compétitif et la gestion durable de la filière.

Au Sénégal, la gomme Sterculia contribue de manière significative à la réduction de la pauvreté. La marge bénéficiaire est déjà importante, car les producteurs gagnent un revenu annuel moyen de 268 315 F CFA (US$500) par producteur dans la région de Tambacounda. En plus, la filière procure un revenu total estimé a 3 250 000000 F CFA (US$ 6 500 000) par année43 pour tous les acteurs, donc elle a un impact considérable sur l’économie locale voire nationale. Le niveau actuel de production représente 2 à 3 % de la production potentielle au niveau des régions de Tamba et de Kolda. Ce qui montre que même si la production est augmentée proportionnellement à la demande sans cesse croissante, on est encore loin d’épuiser le potentiel exploitable.

Les exportateurs comme Setexpharm et Socogomme ont réussi à s’intégrer dans le marché mondial où déjà le Sénégal a un avantage compétitif, car étant un des deux pays de production de gomme pour l’exportation. Ce facteur seulement ne peut pas garantir la longévité de l’exportation et la rentabilité de la gomme sur le marché mondial. Maintenant, la demande reste stable, cependant il y a toujours des risques pour l’avenir de la filière à cause de plusieurs facteurs : les produits de substitution sont de plus en plus nombreux donc les industries européennes ont de nouvelles possibilités. Les autres risques comprennent entre autres le non remboursement du produit44, la réorganisation de la principale industrie utilisatrice de gomme comme matière première, etc. Norgine ne peut pas supporter une hausse arbitraire et subite de prix, car leur marché se limite à la Sécurité Sociale de la France. Donc, le succès et l’avenir de la filière dépendent en grande partie de sa compétitivité à long terme pour assurer son influence sur le marché d’exportation.

Les contraintes de compétitivité dans le marché international sont la qualité et l’irrégularité de quantités pour satisfaire la demande au cours de l’année. Cependant, Socogomme a adopté une stratégie qui lui a permis d’atteindre ses objectifs : qualité et quantité. Cette stratégie ne peut pas être utilisée par tous les acteurs, car sa demande est largement inférieure à celle de Setexpharm et elle est basée à Tambacounda, ce qui lui permet de rejeter la gomme de mauvaise qualité. Setexpharm, contrairement, doit acheminer sa gomme à Dakar pour un contrôle de qualité ce qui augmente les coûts de transport et les taxes payées à cause du poids de l’eau et des débris qui se trouvent dans la gomme de mauvaise qualité.

Les grands exportateurs, comme Setexpharm, sont plus préoccupés pour atteindre leur quota de gomme, donc ils sont obligés d’acheter de la gomme tout venant, même si la gomme est parfois de mauvaise qualité. Les exportateurs aussi, avec leur rupture de fonds, achètent parfois à crédit. Ainsi, à cause de cette rupture, les paysans préfèrent vendre leurs produits à d’autres acteurs qui payent comptant. Ce qui empêche les exportateurs de satisfaire leurs besoins en gomme.

L’articulation verticale de la filière et la communication reste des contraintes pour la production en quantité, mais l’absence de fonds de collecte est une des contraintes majeures qui empêchent la satisfaction de la demande exprimée par les sociétés. Cependant il y avait des progrès dans la coordination entre les acteurs

43 Estimée avec $5/kg/. Hulse, 1996. 44 Les produits de Norgine sont remboursés par la Sécurité Sociale

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(contrats, points de collecte), mais jusqu’à présent, on constate des défaillances au niveau de la coordination et de l’entente entre les producteurs et les exportateurs. La communication doit être renforcée du coté des producteurs, car il y a un manque d’information sur les quantités minimales disponibles aux points de collecte ; manque de moyens de communication (téléphone/system d’information)45, et des retards sur le calendrier de collecte. Les exportateurs ont une capacité financière très limitée, ce qui pousse les producteurs à vendre leur gomme ailleurs ; et un manque d’information de jour au jour sur la quantité aux points de collecte. Le manque d’information sur les quantités disponibles au jour le jour est la cause principale de l’insuffisance de fonds que les sociétés convoient pour l’achat de toute la gomme des points de collecte. Cela aussi aggrave le manque de liquidité le jour de collecte.

L’absence de fonds de collecte est une des contraintes majeures qui empêchent la satisfaction de la demande exprimée par les sociétés. Les exportateurs et les autres acteurs de la filière ont identifié des taxes (qui peuvent atteindre plus de 30% du prix de gomme) et des autres coûts sur la gomme qui sont exceptionnellement plus élevées que sur les autres produits naturels. Ces coûts de transactions très élevés empêchent les exportateurs de disposer de la liquidité toute l’année, et aussi de promouvoir les investissements sur la qualité.

Les producteurs doivent être motivés économiquement pour produire de la gomme de qualité. Cela nécessite que les exportateurs déterminent un prix indexé sur la qualité en accord avec toutes les autres sociétés. Cette année il y avait une discrimination de prix entre la bonne et la mauvaise qualité, mais à cause des pertes de poids associées avec la bonne qualité de gomme, il n’y avait pas une grande différence entre les prix pour les deux qualités. Donc, cette discrimination n’a pas vraiment motivée les producteurs d’investir sur la qualité. Les exportateurs doivent établir une structure de prix qui reflète la valeur ajoutée de la bonne qualité ; réduire leurs coûts de transactions et/ou faire un lobbying pour diminuer les taxes ; et mettre de la liquidité à la disposition des producteurs pour qu’ils puissent accroître l’avantage compétitif et développer la filière pour le long terme.

À travers les maillons verticaux, et avec une productivité plus élevée, les exportateurs peuvent maximiser leur avantage compétitif sur le marché de l’exportation. Ils doivent travailler avec les producteurs sur la qualité et les techniques de récoltes durables qui comprennent le transfert de compétence en techniques de séchage et récolte ; chercher la certification et la labellisation qui montrent que la gomme est exploitée selon les techniques de récolte durable ; et la compensation de prix approprié pour la gomme de haute qualité. L’augmentation de revenus due a l’amélioration de la qualité de gomme, donne plus de volonté et de responsabilité aux producteurs dans l’application de techniques améliorées.

Depuis 2003, la démarche N-R-P est appliquée dans la filière gomme Sterculia. Les interventions et les impacts montrent qu’il y a des résultats positifs sur la gestion, la durabilité et des revenus dans cette filière. Surtout on a vu une augmentation de revenus de tous les acteurs, une application de bonnes techniques de saignées et un regain d’intérêt pour la forêt. On note également une redynamisation de structures de contrôle (organes de gestion locale, GPL, etc.), et une meilleure coordination entre les différents acteurs (E&F, CR, Organes de gestion locale, et populations).

Ainsi, l’amélioration de la filière doit nécessairement suivre cette optique N-R-P, car elle permet l’articulation entre l’augmentation de revenus des acteurs, la bonne gestion de ressources et l’implication des tous les segments de pouvoir local dans les décisions relevant les ressources de terroir : la bonne gouvernance, la lutte contre la pauvreté et la durabilité de la ressource. Si on regarde un aspect seulement parmi les trois, le système devient inefficace. Si on lutte contre la pauvreté (Richesse) sans penser à la ressource, elle risque de disparaître du fait d’une mauvaise gestion (Nature). Ensuite si c’est la durabilité seulement qui devient la priorité, la population ne s’intéressera pas à la gestion de la ressource. Il faut aussi savoir qui est chargé du contrôle (Pouvoir), sinon l’exploitation se ferra d’une manière désorganisée (Nature). Ainsi, l’exploitation et le développement de la filière au Sénégal nécessitent une coordination de tous les acteurs et des investissements pour avoir une influence à long terme sur le marché mondial.

45 Système “Xam Marse” www.manobi.net où le système d’Inde « E-choupal »

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXE 1

LISTE DES VILLAGES ET MARCHES D’ENQUETES • Dawadi

• Haltou Fass

• Koussanar

• Kouthia Gayedi

• Madina Tincoly

• Malème Niani

• Saré Gayo

• Sinthiou Boulimanga

• Sinthiou Maleme

• Tamba

• Tincoly Manding

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ANNEXE 2

Liste des personnes rencontrées autres que les producteurs et commerçants Nom Organisme/Fonction

John Hieermans Chef d’équipe, Programme Wula Nafaa

Saloum Cissé Superviseur, Wula Nafaa

Kiné Wilane Facilitatrice Wula Nafaa, Sinthiou Malème

Amadou T. Diallo Facilitateur Wula Nafaa, Koussanar

Djibril Seck Facilitateur Wula Nafaa, Dawady

Ousmane Ba Facilitateur Wula Nafaa, Malème Niani

Babacar Faye Inspecteur Régional des Eaux & Forêts, Tambaconda

Samba Thiapatou Dia Service des Eaux & Forêts, Tambaconda

Niang Top Chef Brigade Forestière, Koussanar

Hamidou Badiane Chef Brigade Forestière, Malème Niani

Jean Ndecky Représentant Setexpharm, Koussanar

Benoit Montane Représentant Setexpharm, Tambaconda

Abdoul Aziz Thiaw Socogomme, Tambacounda

Amady Ba Président CVD, Boulel

Tagouye Ndiaye Président CVD, Kouthia Gayedi

Massar Diop Président du Conseil Ryral, Sinthiou Malème

Amadou Souaré Commission Environnement, Conseil Rural de Koussanar

Lissa Mbengue Assistante Communautaire, Conseil Rural de Malème Niani

Amadou Diop Setexpharm, Dakar

Samba Arona Ndiaye Chercheur, Institut Sénégalais de Recherches Agricoles, Dakar

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48 ÉTUDE DE CAS SUR LES PRODUITS NATURELS

ANNEXE 3

Productivité saisonnière des hommes en période de forte exsudation Février et faible exsudation Mai

Personnes suivies 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Février 3.75 3.18 2.5 3 5 4.83 3.83 3.08 4.37 3.87 Productivité en kg/h

Mai 1.25 1.12 1.5 1.37 1 1.05 1.36 1.5 0.87 1.31

Source : Malick Sada Sy 2002

Productivité des femmes de Dawady en période de forte exsudation Février et de faible exsudation en Mai

Exploitantes 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

Février 0.8 0.7 0.7 1.02 1.17 1.1 0.3 0.85 0.6 0.8 0.82 0.9 0.9 1.12 0.95 Productivité kg/ h Mai 0.31 0.26 0.32 .036 0.51 0.47 0.45 0.45 0.25 0.26 0.3 0.32 0.36 0.41 0.43

Source: Malick Sada Sy 2002