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Le gothique, un style européen L’art gothique est le style qui prédomine en Europe du XIII e au XV e siècle. Il fait suite au roman et précède la grande éclosion de la Renaissance. Considéré comme originaire d’Île-de-France – on l’appelait opus francigenum avant que Vasari ne lui donne le nom qui lui est resté –, il évolue à par- tir des premiers monastères cisterciens et de la ba- silique de Saint-Denis (1144) vers les grandes ca- thédrales du gothique dans sa plénitude (Chartres, Paris, Reims, Cologne, Lyon, etc.) et vers le gothique flamboyant et perpendiculaire de l’Angleterre. L’arc en ogive, avec son développement struc- tural, est un des éléments qui le caractérisent, ain- si que la croisée d’ogives, qui permet la construc- tion de structures de plus en plus complexes et en même temps de plus en plus élancées. L’archi- tecture gothique, beaucoup plus riche que la ro- mane d’un point de vue plastique et expressif, est intéressante non seulement pour les solutions qu’elle apporte – arcs-boutants, contreforts, co- lonnes fasciculées, pinacles, gables, flèches, ro- saces, etc. –, mais aussi parce qu’elle rend pos- sibles de nouvelles conceptions de l’espace. Cet art surgit au moment de la consolidation de l’autorité royale et d’un certain relâchement des liens féodaux qui a pour conséquence la naissance d’une nouvelle classe sociale spécifiquement ur- baine – la bourgeoisie – et le développement des instances de gouvernement et d’administration – Parlements, conseils municipaux, corporations. Tout cela contribue à la croissance des villes et à une grande prospérité du commerce, décisives pour l’évolution du gothique. Dans le domaine reli- gieux, il coïncide avec les nouvelles formes de piété populaire suscitées par les ordres mendiants ; dans le domaine de la culture, avec la philosophie sco- lastique et les grandes synthèses encyclopé- diques, avec la création des universités et le déve- loppement d’une culture urbaine qui aboutira à l’humanisme ; avec les écrits de Dante et de Ray- mond Lulle ; avec le monde de la cour et de la che- valerie, enfin avec l’art lyrique des troubadours et l’ars nova musical. Le gothique trouve donc dans les villes le lieu idéal pour son épanouissement. Et si la cathédrale en est le monument archétypique, cet art est éga- lement bien représenté dans les palais royaux, les châteaux et les résidences seigneuriales, les sièges d’institutions et de corporations, les hôpi- taux, les marchés couverts, les ponts, les mu- railles ainsi que dans la configuration urbaine. Dans le domaine des arts plastiques, le gothique est, au début, étroitement lié à l’architecture – sculptures de grandes façades, peintures mu- rales –, mais très tôt commence la recherche de l’expressivité individuelle et de la préciosité. Cette recherche va se retrouver dans les retables peints et sculptés, les sépulcres, l’imagerie de la dévo- tion, les chœurs, l’orfèvrerie, etc., qui constituent un mobilier autonome en grande partie visible au- jourd’hui dans les grands musées. L’art gothique en Catalogne Le gothique catalan s’inscrit avec originalité dans le gothique méditerra- néen, dont l’esprit est sensiblement différent de celui qui inspire les pays plus au nord. Les traditionnels liens culturels et politiques de la Catalogne avec l’Occitanie et quelques secteurs de l’Italie, ainsi que son rayonnement sur les bords de la Méditerranée, qui atteint son point culminant au XIV e siècle, facili- tent les relations avec les principaux centres artistiques italiens et renforcent l’identité du gothique catalan dans une aire culturelle où les valeurs du classi- cisme sont encore latentes. Tout à fait explicite en ce sens est l’éloge fait à l’Acropole d’Athènes en 1380 par le roi Pierre III le Cérémonieux, promoteur des grandes constructions gothiques (« le plus beau joyau qui soit au monde, tel que tous les rois des Chrétiens réunis pourraient à peine en faire un de semblable »). Mais cela n’exclut pas que les rois se sentent attirés par les fastes artistiques des cours de Paris et de Bourgogne, ni que se fasse sentir, au XV e siècle surtout, l’influence des Pays-Bas et du monde germanique. Le gothique catalan participe donc pleinement des courants européens, mais il le fait d’une façon originale et créative qui atteste la vitalité et l’essor de la société catalane en ce moment de plénitude. C’est peut-être dans l’archi- tecture que l’originalité du gothique catalan est la plus évidente : sens des proportions et pureté formelle, priorité donnée à l’espace plutôt qu’à la hau- teur, création de volumes compacts et intégration des éléments de structure, etc. Ce mouvement affecte non seulement la Catalogne proprement dite (en- globant la ville de Perpignan, qui conserve un beau patrimoine), mais il s’étend aussi aux territoires de la couronne d’Aragon qui ont des liens politiques avec la Maison de Barcelone, et notamment à ceux où l’on parle le catalan comme Valence ou les Baléares ; il touche même l’Aragon, la Sardaigne et Naples. Pour ce qui est de la chronologie, on assiste, pendant le long passage du ro- man au gothique (XII e -XIII es .) à une série de tentatives visant à surpasser les for- mules de l’art roman, tentatives différentes de celles du nord de la France et qui finiront par s’imposer comme modèles. Les premières manifestations du go- thique en sa plénitude ne font leur apparition que pendant la deuxième moitié du XIIIe siècle, dans les domaines de l’architecture et de l’art plastique. À partir de 1300 se manifeste une véritable fièvre de construction et de rénovation qui mène l’architecture à sa maturité. Dans le domaine des arts plastiques, et notamment en peinture, le courant italianisant va au-delà du gothique linéaire et reste vivant, intense et fécond tout au long du XlV e siècle. Vers 1400 s’installe le gothique inter- national, qui s’enrichit, dans sa période finale, d’influences flamandes, germa- niques et italiennes. Profondément ancré en Catalogne, le gothique s’y manifeste encore pendant une bonne partie du XVI e siècle par des tendances « gothici- santes ». L’architecture, quant à elle, fera appel pendant plus longtemps encore à des formules propres à l’art gothique. La géographie du gothique L’art gothique en Catalogne est représenté par un riche patrimoine qui s’étend sur tout le territoire, bien qu’à des degrés divers suivant les ré- gions. D’abord, il y a lieu de distinguer la Catalunya Vella de la Catalunya Nova, différemment peuplées. La « Vieille-Catalogne » se trouve au nord, sur l’itinéraire traditionnel qui mène à Aragon en passant par les plateaux du centre. Là, la période d’installation sur le territoire coïncide pleinement avec l’époque de l’art roman, qui s’y implante avec force, alors que le go- thique n’y pénètre qu’à la fin du XIII e siècle avec un style déjà nettement défini. En revanche, les grandes constructions de la « Nouvelle- Catalogne » commencent après la conquête chrétienne, qui s’achève au milieu du XII e siècle ; c’est le moment de transition entre les deux styles, pendant lequel jouent un grand rôle l’ordre de Cîteaux et les ordres mili- taires. Il y a lieu ensuite d’opposer le monde urbain au monde rural. La crois- sance et la prospérité des villes suscitent des reconstructions comme cel- le de la cathédrale de Barcelone ou celle d’autres églises, et de nouvelles constructions civiles (marchés couverts, chantiers navals, hôtels de ville, résidences royales) et militaires (murailles). L’arrivée des ordres mendiants – dominicains et franciscains – a pour conséquence l’installation de cou- vents dans les principales localités, notamment Vilafranca del Penedès, Montblanc, Tortosa, Balaguer et Puigcerdà. Hors des villes, et à l’excep- tion de quelques églises mineures, le gothique est présent dans les grands monastères cisterciens, dans les grandes forteresses des tem- pliers et des hospitaliers comme Miravet, Ulldecona ou Gardeny, dans les châteaux ou les palais comme Vilassar de Dalt, Verdú, La Floresta, Peratallada et autres, dans les hospices qui accueillent les voyageurs, dans les grandes demeures seigneuriales. Les itinéraires que nous proposons ici suivent les grands axes de communi- cation du pays et regroupent divers échantillons du vaste répertoire de l’art gothique catalan ; les grands monuments, les visites détaillées dans les grandes villes ou les grands bourgs y alternent avec des constructions plus modestes dont la valeur est souvent complétée par la beauté du paysage ou autres agréments. Vient ensuite une liste des musées les plus importants du pays qui contiennent un riche fonds d’art gothique. Seuls les principaux mo- numents et les grands musées des villes ont des horaires de visite établis. Pour des raisons de sécurité, les églises sont souvent fermées hors des heures de culte ; il faut alors en demander la clé à la mairie ou à quelque habi- tant du village. C’est avec plaisir que les offices de tourisme vous aideront à programmer vos visites. outes du Gothique Lleida : le cloître de la Seu Vella

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Le gothique, un styleeuropéen

L’art gothique est le style qui prédomine enEurope du XIIIe au XVe siècle. Il fait suite au romanet précède la grande éclosion de la Renaissance.Considéré comme originaire d’Île-de-France – onl’appelait opus francigenum avant que Vasari nelui donne le nom qui lui est resté –, il évolue à par-tir des premiers monastères cisterciens et de la ba-silique de Saint-Denis (1144) vers les grandes ca-thédrales du gothique dans sa plénitude(Chartres, Paris, Reims, Cologne, Lyon, etc.) etvers le gothique flamboyant et perpendiculaire del’Angleterre.

L’arc en ogive, avec son développement struc-tural, est un des éléments qui le caractérisent, ain-si que la croisée d’ogives, qui permet la construc-tion de structures de plus en plus complexes et enmême temps de plus en plus élancées. L’archi-tecture gothique, beaucoup plus riche que la ro-mane d’un point de vue plastique et expressif, estintéressante non seulement pour les solutionsqu’elle apporte – arcs-boutants, contreforts, co-lonnes fasciculées, pinacles, gables, flèches, ro-saces, etc. –, mais aussi parce qu’elle rend pos-sibles de nouvelles conceptions de l’espace.

Cet art surgit au moment de la consolidation del’autorité royale et d’un certain relâchement desliens féodaux qui a pour conséquence la naissanced’une nouvelle classe sociale spécifiquement ur-baine – la bourgeoisie – et le développement desinstances de gouvernement et d’administration– Parlements, conseils municipaux, corporations.Tout cela contribue à la croissance des villes et àune grande prospérité du commerce, décisivespour l’évolution du gothique. Dans le domaine reli-gieux, il coïncide avec les nouvelles formes de piétépopulaire suscitées par les ordres mendiants ; dansle domaine de la culture, avec la philosophie sco-lastique et les grandes synthèses encyclopé-diques, avec la création des universités et le déve-loppement d’une culture urbaine qui aboutira àl’humanisme ; avec les écrits de Dante et de Ray-mond Lulle ; avec le monde de la cour et de la che-valerie, enfin avec l’art lyrique des troubadours etl’ars nova musical.

Le gothique trouve donc dans les villes le lieuidéal pour son épanouissement. Et si la cathédraleen est le monument archétypique, cet art est éga-lement bien représenté dans les palais royaux, leschâteaux et les résidences seigneuriales, lessièges d’institutions et de corporations, les hôpi-taux, les marchés couverts, les ponts, les mu-railles ainsi que dans la configuration urbaine.Dans le domaine des arts plastiques, le gothiqueest, au début, étroitement lié à l’architecture– sculptures de grandes façades, peintures mu-rales –, mais très tôt commence la recherche del’expressivité individuelle et de la préciosité. Cetterecherche va se retrouver dans les retables peintset sculptés, les sépulcres, l’imagerie de la dévo-tion, les chœurs, l’orfèvrerie, etc., qui constituentun mobilier autonome en grande partie visible au-jourd’hui dans les grands musées.

L’art gothique en CatalogneLe gothique catalan s’inscrit avec originalité dans le gothique méditerra-

néen, dont l’esprit est sensiblement différent de celui qui inspire les pays plusau nord. Les traditionnels liens culturels et politiques de la Catalogne avecl’Occitanie et quelques secteurs de l’Italie, ainsi que son rayonnement sur lesbords de la Méditerranée, qui atteint son point culminant au XIVe siècle, facili-tent les relations avec les principaux centres artistiques italiens et renforcentl’identité du gothique catalan dans une aire culturelle où les valeurs du classi-cisme sont encore latentes. Tout à fait explicite en ce sens est l’éloge fait àl’Acropole d’Athènes en 1380 par le roi Pierre III le Cérémonieux, promoteurdes grandes constructions gothiques (« le plus beau joyau qui soit au monde,tel que tous les rois des Chrétiens réunis pourraient à peine en faire un desemblable »). Mais cela n’exclut pas que les rois se sentent attirés par lesfastes artistiques des cours de Paris et de Bourgogne, ni que se fasse sentir,au XVe siècle surtout, l’influence des Pays-Bas et du monde germanique.

Le gothique catalan participe donc pleinement des courants européens,mais il le fait d’une façon originale et créative qui atteste la vitalité et l’essor dela société catalane en ce moment de plénitude. C’est peut-être dans l’archi-tecture que l’originalité du gothique catalan est la plus évidente : sens desproportions et pureté formelle, priorité donnée à l’espace plutôt qu’à la hau-teur, création de volumes compacts et intégration des éléments de structure,etc. Ce mouvement affecte non seulement la Catalogne proprement dite (en-globant la ville de Perpignan, qui conserve un beau patrimoine), mais il s’étendaussi aux territoires de la couronne d’Aragon qui ont des liens politiques avecla Maison de Barcelone, et notamment à ceux où l’on parle le catalan commeValence ou les Baléares ; il touche même l’Aragon, la Sardaigne et Naples.

Pour ce qui est de la chronologie, on assiste, pendant le long passage du ro-man au gothique (XIIe-XIIIe s.) à une série de tentatives visant à surpasser les for-mules de l’art roman, tentatives différentes de celles du nord de la France et quifiniront par s’imposer comme modèles. Les premières manifestations du go-thique en sa plénitude ne font leur apparition que pendant la deuxième moitié duXIIIe siècle, dans les domaines de l’architecture et de l’art plastique. À partir de1300 se manifeste une véritable fièvre de construction et de rénovation qui mènel’architecture à sa maturité. Dans le domaine des arts plastiques, et notammenten peinture, le courant italianisant va au-delà du gothique linéaire et reste vivant,intense et fécond tout au long du XlVe siècle. Vers 1400 s’installe le gothique inter-national, qui s’enrichit, dans sa période finale, d’influences flamandes, germa-niques et italiennes. Profondément ancré en Catalogne, le gothique s’y manifesteencore pendant une bonne partie du XVIe siècle par des tendances « gothici-santes ». L’architecture, quant à elle, fera appel pendant plus longtemps encore àdes formules propres à l’art gothique.

La géographie du gothiqueL’art gothique en Catalogne est représenté par un riche patrimoine qui

s’étend sur tout le territoire, bien qu’à des degrés divers suivant les ré-gions. D’abord, il y a lieu de distinguer la Catalunya Vella de la CatalunyaNova, différemment peuplées. La « Vieille-Catalogne » se trouve au nord,sur l’itinéraire traditionnel qui mène à Aragon en passant par les plateauxdu centre. Là, la période d’installation sur le territoire coïncide pleinementavec l’époque de l’art roman, qui s’y implante avec force, alors que le go-thique n’y pénètre qu’à la fin du XIIIe siècle avec un style déjà nettementdéfini. En revanche, les grandes constructions de la « Nouvelle-Catalogne » commencent après la conquête chrétienne, qui s’achève aumilieu du XIIe siècle ; c’est le moment de transition entre les deux styles,pendant lequel jouent un grand rôle l’ordre de Cîteaux et les ordres mili-taires.

Il y a lieu ensuite d’opposer le monde urbain au monde rural. La crois-sance et la prospérité des villes suscitent des reconstructions comme cel-le de la cathédrale de Barcelone ou celle d’autres églises, et de nouvellesconstructions civiles (marchés couverts, chantiers navals, hôtels de ville,résidences royales) et militaires (murailles). L’arrivée des ordres mendiants– dominicains et franciscains – a pour conséquence l’installation de cou-vents dans les principales localités, notamment Vilafranca del Penedès,Montblanc, Tortosa, Balaguer et Puigcerdà. Hors des villes, et à l’excep-tion de quelques églises mineures, le gothique est présent dans lesgrands monastères cisterciens, dans les grandes forteresses des tem-pliers et des hospitaliers comme Miravet, Ulldecona ou Gardeny, dans leschâteaux ou les palais comme Vilassar de Dalt, Verdú, La Floresta,Peratallada et autres, dans les hospices qui accueillent les voyageurs,dans les grandes demeures seigneuriales.

Les itinéraires que nous proposons ici suivent les grands axes de communi-cation du pays et regroupent divers échantillons du vaste répertoire de l’artgothique catalan ; les grands monuments, les visites détaillées dans lesgrandes villes ou les grands bourgs y alternent avec des constructions plusmodestes dont la valeur est souvent complétée par la beauté du paysage ouautres agréments. Vient ensuite une liste des musées les plus importants dupays qui contiennent un riche fonds d’art gothique. Seuls les principaux mo-numents et les grands musées des villes ont des horaires de visite établis.Pour des raisons de sécurité, les églises sont souvent fermées hors desheures de culte ; il faut alors en demander la clé à la mairie ou à quelque habi-tant du village. C’est avec plaisir que les offices de tourisme vous aideront àprogrammer vos visites.

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de la façade latérale du Palau de la Generalitat, siège du gouvernement autonome deCatalogne et bel échantillon du gothique civil catalan. On débouche ensuite sur laPlaça de Sant Jaume, centre politique de la ville et lieu de convergence des axes ducastrum romain. Avant de visiter l’hôtel de ville, il vaut la peine de faire un petit dé-tour vers le Carrer del Call, qui garde, avec les ruelles voisines, le souvenir du quartierjuif médiéval.

Sur la Plaça de Sant Jaume, en face de la Generalitat, l’ hôtel de ville témoignede la splendeur médiévale dans son Saló de Cent et sur sa façade latérale du Carrerde la Ciutat. Devant cette façade, le Carrer d’Hèrcules, allusion au mythique fon-dateur de Barcelone, mène à la petite Plaça de Sant Just toute proche : devant la re-marquable église gothique Sant Just i Pastor, il y a une belle fontaine du mêmestyle et, à côté, l’ancien palais de la comtesse de Palamós, aujourd’hui siège del’académie des belles lettres. Par le Carrer de la Dagueria et le Carrer de Jaume I,on arrive à la Plaça de l’Àngel, qui donne sur la Via Laietana, une artère pleine devie et de circulation qui rompt un moment le charme de l’atmosphère médiévale.En face, le Carrer de la Princesa nous mène au Carrer de Montcada, l’un des en-droits les plus évocateurs de la vieille ville, avec ses palais qui sont de beaux échan-tillons du gothique catalan en partie réhabilités par la ville, et qui abritent le mu-sée Picasso, le musée du textile et de l’habillement, des boutiques et des galeriesd’art.

Le Carrer de Montcada, avec au bout la plus étroite ruelle de Barcelone, leCarrer de les Mosques, débouche devant l’abside de l’église Santa Maria del Mar,qui est peut-être le monument le plus admiré de tout le gothique catalan pour labeauté et l’harmonie de ses proportions. On l’appelle la « cathédrale de LaRibera », L’ancien quartier maritime. Par le Carrer de l’Espaseria, on arrive à laPlaça de Palau, où se trouve une remarquable fontaine dédiée au Génie catalan,devant le port et devant le quartier populaire de La Barceloneta. À droite s’élève laremarquable Llotja, construction gothique recouverte d’une façade néoclassique ;après avoir fait office de halle, ce bâtiment abrita la Bourse de Barcelone jusqu’àrécemment.

Du côté ouest de la Llotja, se trouve la Plaça d’Antoni López et l’itinéraire conti-nue ensuite par le Passeig de Colom. Cette large avenue longe le port. Elle est bor-dée de palmiers du côté de la mer, en suivant l’ancien Moll de la Fusta (« quai dubois ») ; ce quai délimite la partie du port qui accueille les embarcations de plai-sance. Il faut ensuite, à mi-chemin, traverser l’avenue pour pénétrer dans le vieuxquartier jusqu’au Carrer Ample, où se trouve l’église baroque de La Mercè quiabrite la belle statue gothique de la Vierge de ce nom, patronne de la ville.

Le Passeig de Colom donne sur la Plaça de la Porta de la Pau : c’est une véritableentrée maritime de Barcelone où se dresse la haute colonne qui soutient la statue deChristophe Colomb, l’un des monuments marquants de la ville. C’est là aussiqu’aboutit la Rambla. Sur le côté ouest de la place, on trouve l’imposant bâtiment desDrassanes (anciennement chantiers navals), constitué de vastes et élégantes salles go-thiques qui témoignent de la puissance de la marine catalane au Moyen Âge. Ellesrenferment aujourd’hui l’intéressant musée maritime. La façade qui donne surl’Avinguda del Paral·lel est prolongée par une partie restaurée des murailles duXIVe siècle.

Nous revenons au Pla de l’Ós, d’où nous étions partis, en remontant la Rambla,la promenade la plus fréquentée et la plus célèbre de Barcelone, toujours animée,jalonnée de nombreuses curiosités, dont les kiosques de fleurs et d’animaux. Deuxbâtiments tout proches méritent une visite : l’ensemble magnifique de ce qui futl’ hôpital de la Santa Creu, de construction gothique avec des éléments plus ré-cents, dont les belles salles abritent aujourd’hui la Bibliothèque de Catalogne et, aubout de la Rambla, juste avant d’arriver à la Plaça de Catalunya sur la droite,l’ancienne église collégiale Santa Anna, œuvre de transition du roman au go-thique, située dans un étonnant petit espace clos, calme et surprenant, où se trouveune croix monumentale.

La visite de la vieille ville est terminée, mais il reste encore quelques monumentsà voir qui font partie du gothique de Barcelone. Dans l’Eixample, un quartierconstruit selon le plan Cerdà après la destruction des murailles, pendant la secondemoitié du XIXe siècle, se trouvent deux églises gothiques déplacées pierre à pierreafin de les sauver de la démolition obligatoire pour des raisons d’urbanisme : l’égli-se de la Concepció, Carrer d’Aragó, entre le Carrer de Bruc et le Carrer de Llúria,et celle de Montsió, sur la Rambla de Catalunya, qui contrastent avec les im-meubles modernistes (Art nouveau) qui les entourent.

Plus loin, dans un quartier aujourd’hui résidentiel qui faisait partie de l’ancien-ne commune de Sarrià avant son rattachement à Barcelone en 1921, se trouve lemonastère de Pedralbes, très bel ensemble architectural entouré de murailles, quiabrite une communauté de clarisses. Il s’y trouve de remarquables peintures etsculptures de l’époque. Plus loin encore, en suivant la côte est de Barcelone, on trou-ve l’importante ville de Badalona avec, en dehors, l’ancien monastère de SantJeroni de la Murtra, remarquable exemple de gothique tardif qui mérite le détour.

Barcelone, l’une des gran-des villes de la Méditerranée,devient à partir du MoyenÂge la capitale de la Cata-logne grâce à la suprématie,dans l’ensemble des comtéscatalans, du comté qui porteson nom. À son rôle poli-tique vient s’ajouter un rôleéconomique grâce au granddéveloppement de son com-merce, maritime surtout. Àpartir du XIIIe siècle, c’est lelieu de résidence habituel desrois de la confédération cata-lano-aragonaise, qui s’ap-puient sur une oligarchiepuissante de patriciens et demarchands pour mener àbien une politique d’expan-sion. Au XIVe siècle, la villeest déjà une forte puissanceméditerranéenne, et va lerester tout au long duXVe siècle, malgré les grandes

crises sociales et politiques.Ce moment d’apogée de Barcelone coïncide avec la période de plénitude de l’art go-

thique, ce qui explique la richesse de son patrimoine gothique. La vitalité de la villeprovoque – comme dans le reste de la Catalogne, mais ici avec plus de force – la réno-vation de la cathédrale romane, de nombreuses églises de quartiers et de faubourgs,d’anciens palais, résidences ou hôpitaux, le tracé de nouvelles murailles, la construc-tion de nouveaux bâtiments (hôtel de ville, délégation permanente du Parlement) etcelle de nouveaux couvents dont les congrégations sont attirées par la prospérité barce-lonaise.

Ce patrimoine est concentré à l’intérieur des anciennes murailles démolies lors d’unnouveau mouvement d’expansion économique et démographique au milieu duXIXe siècle ; il s’agit de la Ciutat Vella (ou vieille ville) où se trouvent les grands monu-ments, et qui conserve en partie son caractère médiéval dans le dédale de ses vieillesruelles. Le quartier qui entoure la cathédrale, où se trouvent les principaux bâtimentsà caractère institutionnel, reçoit précisément le nom de Barri Gòtic (ou quartier go-thique) ; toutefois, ce nom n’est pas très approprié car il recouvre en réalité toute l’an-cienne ville romaine, dont on trouve de nombreux vestiges, et les constructions go-thiques ne se limitent pas à ce quartier mais s’étendent au contraire dans toute la vieilleville (basilique Santa Maria del Mar, chantiers navals des Drassanes, halles de laLlotja, etc.)

Le meilleur itinéraire pour visiter les principaux monuments gothiques deBarcelone pourrait démarrer sur la Rambla, au Pla de l’Ós (ou Pla de laBoqueria), là où débouchent le Carrer de Sant Pau, le Carrer de l’Hospital, leCarrer de la Boqueria et le Carrer del Cardenal Casañas. Par cette dernière rue enpente douce, on arrive bientôt à la Plaça del Pi, à l’ombre de l’église d’ El Pi avec sagrande rosace. De la Plaça de Sant Josep Oriol, où se trouve le monument au dra-maturge Àngel Guimerà, on prend l’étroit et sinueux Carrer de la Palla, jalonné deboutiques d’antiquaires et de bouquinistes, jusqu’à la Plaça Nova. Sur cette places’achève la large Avinguda de la Catedral où l’on peut encore voir l’entrée de l’unedes principales portes de l’ancienne ville, protégée par deux tours cylindriques mé-diévales qui s’élèvent sur une muraille romaine, à côté du Palau del Bisbe et devantle moderne siège de l’ordre des architectes, dont la façade est ornée d’un sgraffitedessiné par Picasso.

Toujours sur cette avenue, qui nous montre d’autres vestiges de murailles ro-maines, nous arrivons au parvis, qui donne sur le Pla de la Seu, devant la porteprincipale de la cathédrale. Là se trouve la belle construction gothique de la PiaAlmoina. La visite approfondie du vaste et majestueux siège épiscopal peut prendrefin à la porte de Sant Iu, qui donne sur le Carrer dels Comtes de Barcelona ; cetterue passe devant le Palau del Lloctinent, qui renferma longtemps les archives de lacouronne d’Aragon. Elle rejoint, par la Baixada de Santa Clara, la très belle etévocatrice Plaça del Rei, délimitée par le Palau Reial Major, au gothique splendi-de, et sa chapelle de Santa Àgata, monument qu’il faut absolument visiter avantde voir le musée d’histoire dans l’ancienne Casa Padellàs, de style gothique tardif.

De nouveau sur la Baixada de Santa Clara mais en sens contraire, on rejoint leCarrer de la Pietat, qui longe l’abside de la cathédrale ; on peut contempler dans cetterue les Cases dels Canonges restaurées, avant d’arriver au Carrer del Bisbe, le long

PrincipauxmonumentsCasa de la Ciutat (Plaça de SantJaume). L’actuel hôtel de ville conser-ve un grand nombre d’éléments dubâtiment construit à partir de 1370,auquel se sont ajoutés de nouveauxcorps de bâtiment, en particulier pen-dant les XIXe et XXe siècles. La façadeprincipale d’origine, qui donne sur leCarrer de la Ciutat, est d’Arnau Bar-gués (1400-1402) : on y remarque desvitraux, le grand portail surmontéd’une archivolte et de belles sculp-tures décoratives, notamment un ar-change que l’on attribue à PereSanglada. À l’étage noble, se trouve lapièce la plus ancienne, le Saló deCent, réalisé par l’architecte PereLlobet, où se réunissait le Consell deCent, assemblée générale du gouver-nement municipal. Ce salon rappellecelui du Tinell, avec ses arcs en pleincintre surmontés d’un plafond de boisà caissons. C’est de l’ancienne cha-pelle que provient le retable dit desConseillers, chef-d’œuvre de LluísDalmau (1444-1445), conservé actuel-lement au MNAC.

Cases dels Canonges (Carrer delBisbe). Ensemble de maisons go-thiques, restaurées à l’époque moder-ne qui se trouvent derrière la cathé-drale ; c’est là que résidaient leschanoines. Le passage suspendu quiles unit au Palau de la Generalitat estune œuvre néogothique. Aujourd’hui,c’est la résidence officielle du prési-dent de la Generalitat de Catalunya, legouvernement autonome.

Cathédrale (Pla de la Seu). Cette ca-thédrale, dont la construction fut entre-prise en 1298, a remplacé l’église ro-mane antérieure, elle-même bâtie surl’emplacement de la première cathé-drale, paléochrétienne. On ne connaîtpas l’auteur du plan initial, mais on saitqu’au XIVe siècle, les maîtres maçonsen furent Jaume Fabré (venu deMajorque), Bernat Roca et ArnauBargués. Elle comprend trois nefs, undéambulatoire, des chapelles séparéespar les contreforts, et deux croisillonsqui forment un début de transept.À l’extérieur, deux tours octogonalesmarquent les extrémités du transept.La flèche qui s’élève aux pieds de lanef et la façade principale ont étéconstruites à partir de 1885, sur undessin de maître Carlí datant de 1408.Sont dignes d’intérêt les portes deSant Iu, de La Pietat, avec un relief(1483-1490) de Michael Lochner, deSanta Eulàlia (avec une statue d’AntoniClaperós du milieu du XVe s.) et de lachapelle de Santa Llúcia, attenante aucloître. Ce dernier a été construit en

Barcelone

La cathédrale L’église d’El Pi Le monastère de Pedralbes Le Carrer de la Pietat

L’hôtel de ville

Le Missel de Sant Cugat (1400)

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plusieurs étapes jusqu’au milieu duXVe siècle ; on y remarque les grilles enfer forgé des chapelles et les clefs devoûte, notamment celle du lavabo,œuvre d’Antoni Claperós (1448) qui re-présente saint Georges. À l’intérieur des nefs, la lumière esttamisée grâce à la disposition en re-trait des vitraux (seuls ceux du chevetdonnent une lumière directe). Lesstalles du chœur sont en bois (importédes Pays-Bas) sculpté travaillé de fa-çon extraordinaire, œuvre en grandepartie de Pere Sanglada à partir de1394. La crypte de Santa Eulàlia, sousle maître-autel, contient un magni-fique sépulcre d’albâtre sculpté en1327 par le maître pisan Lupo diFrancesco. D’autres éléments sontégalement dignes d’intérêt : le sépul-cre de saint Raymond de Penyafort(XIVe s.), et celui de l’évêque saintOleguer, œuvre de Pere Sanglada(1406) située dans l’ancienne salle ca-pitulaire, œuvre de l’architecte ArnauBargués ; les retables peints de saintGabriel, premier travail de LluísBorrassà, celui de saint Ambroise etsaint Martin, de Joan Mates (1411-1414), et celui de la Transfiguration,belle œuvre de Bernat Martorell

(1445-1452). Dans la sacristie sontconservés, entre autres pièces d’orfè-vrerie, un ostensoir processionnel surun siège d’argent dit Cadira del ReiMartí, deux pièces exceptionnellesqui remontent à 1400 environ. Parmiles pièces qui sont conservées au pe-tit musée capitulaire, on remarque LaPietat (1490), une peinture deBartolomé Bermejo d’un réalisme ex-traordinaire, faite pour l’archidiacreLluís Desplà, qui y figure. Devant lecloître se trouve la Casa de l’Ardiaca,construite sur la muraille romaine etrestaurée par l’archidiacre Desplà lui-même.

La Concepció (Carrer d’Aragó 305).Paroisse de l’Eixample, un quartier quis’est formé hors des anciennes mu-railles, à partir de la seconde moitié duXIXe siècle. L’église et le cloître sontceux de l’ancien monastère fémininde Santa Maria de Jonqueres, situéCarrer de Jonqueres, désaffecté en1835, et reconstitué pierre par pierre,entre 1871 et 1888, sur son emplace-ment actuel. Hormis quelques petitesadaptations et modifications, l’en-semble répond à l’œuvre gothique :église à une seule nef, abside polygo-

nale, chapelles séparées par lescontreforts, harmonieuses galeriesdans le cloître, avec des arcades etdes chapiteaux et colonnes issus desateliers de Gérone, le tout remontantau début du XVe siècle.

Les Drassanes (Passeig de JosepCarner). Chantiers navals du MoyenÂge qui constituent, avec la touteproche Llotja, un témoignage excep-tionnel de l’importance du commercemaritime et de la marine de Catalognependant cette période. Ce sont lesplus grands arsenaux médiévaux dumonde et les seuls à être aussi bienconservés. Les bâtiments furent re-construits au XIVe siècle, à l’apogéede l’essor maritime de la Catalognesur le pourtour de la Méditerranée.L’architecture en est simple et fonc-tionnelle : de longues nefs parallèlesorientées face à la mer, avec des arcsdiaphragme soutenant le toit. Ellesabritent le musée maritime, où l’onpeut voir une reproduction, construitesur place, de la galère de Jeand’Autriche qui participa à la bataille deLépante (1571).Adossé à ce monument subsiste une partie des anciennes murailles deBarcelone, avec une tour carrée et laporte de Santa Madrona ou de LaDrassana. Ces murailles correspon-dent à la troisième enceinte fortifiéede la ville (la première était romaine, etla seconde, qui remonte au XIIIe siècle,longeait la Rambla) qui entourait lesanciens faubourgs, construite surordre de Pierre III le Cérémonieux,pendant la seconde moitié duXIVe siècle. Ce sont les seuls vestigesdes murailles médiévales, démoliesen 1854 pour faciliter l’expansion dela ville.

Hôpital de la Santa Creu (Carrer del’Hospital). Ancien hôpital de Barce-lone, créé en 1401 par le Consell deCent afin de réunir les hôpitaux exis-tants. Construit selon le schéma habi-tuel, il se compose de plusieurs bâti-ments disposés autour d’une courcentrale dont les arcades rappellentcelles d’un cloître. Les étages se com-posent de salles très vastes dont leplafond de bois est soutenu par desarcs diaphragme. Plus tard, s’y sontajoutés des éléments Renaissance et

de nouvelles constructions comme lepavillon des convalescents baroque(XVIIe s.) et le collège de chirurgie néo-classique (XVIIIe s.), devenu l’académiede médecine. Au début du XXe siècle,l’hôpital a été transféré dans le bâti-ment moderniste de Domènech i Mon-taner, dit hôpital de Sant Pau. L’ancienhôpital abrite aujourd’hui la Biblio-thèque de Catalogne et d’autres insti-tutions culturelles et académiques. Latraditionnelle foire de la Sant Ponç, quia lieu dans le Carrer de l’Hospital, estun souvenir vivant des anciens ven-deurs d’herbes médicinales.

La Llotja (Plaça d’Antoni López).Ancienne bourse de commerce desmarchands de Barcelone. L’édifice,qui se trouve devant le port, remonteau XIVe siècle, moment du plus grandessor du commerce catalan enMéditerranée, et on l’a reconstruit à lafin du XVIIIe siècle, en style néoclas-sique, tout en respectant les cons-tructions gothiques de l’intérieur. Peuaprès 1350 commencent les travauxsous la direction du maître Pere Llo-bet, et c’est en 1392 que s’achève lagrande Sala de Contractacions(chambre du commerce) que l’on doit

à l’architecte Pere Arvei : une série degrands arcs en plein cintre sur descolonnes polylobées soutiennent leplafond de bois. Outre les activitéscommerciales auxquelles elle étaitdestinée, cette vaste halle a accueillinombre de fêtes et de spectacles. En1971 a été découverte une autre sallegothique, la Sala dels Cònsols.

La Mercè (Plaça de la Mercè). Églisebaroque de l’ancien couvent des frèresde la Merci (ordre fondé à Barcelone en1218 du temps de Jacques Ier) qui aremplacé une autre église gothique. Ony vénère la Mare de Déu de la Mercè,patronne de Barcelone, une belleVierge gothique (1360-1370) en bois,restaurée, attribuée au sculpteur et or-fèvre Pere Moragues.

Carrer de Montcada. Rue de l’ancienquartier de La Vilanova de la Mar, ou-verte au XIIe siècle, quand un noble dela famille Montcada obtint l’autorisa-tion d’y construire. Son tracé rectilignecontraste avec celui des autres rues duquartier. Aux XIVe et XVe siècles, depuissantes familles de la noblesse yhabitaient dans de beaux palais (cemot ayant ici le sens d’hôtel particulier)

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L’intérieur de la cathédrale

Cathédrale : détail du retable de la Transfiguration, de Bernat Martorell Carrer de Montcada : le Palau Aguilar (musée Picasso)

Cathédrale : siège dit Cadira del Rei Martí

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qui existent encore et dont certains ontété transformés en musées. Ils présen-tent en général la structure caractéris-tique du gothique civil catalan : sur lafaçade, un grand portail à voussoirs,des fenêtres à meneaux, une tour oumirador, une cour avec l’escalier quimonte à l’étage, souvent entourée degaleries à arcades. C’est dans le PalauAguilar, bel édifice du XVe siècle, d’oùproviennent des peintures antérieures(1280) d’un gothique linéaire sur le thè-me de la conquête de Majorque,conservées au MNAC, et dans le Palaudel Baró de Castellet (XVe s.), contigu,que se trouvent la plupart des salles dumusée Picasso. Le Palau dels Mar-quesos de Llió (XIIIe -XIVe s., restauré)abrite le musée du textile et de l’ha-billement. Le Palau Dalmases, chef-d’œuvre baroque (XVIIe s.) conserveune chapelle gothique (XVe s.) qui pré-sente une voûte décorée de sculpturesreprésentant des anges musiciens. LePalau dels Cervelló abrite une grandegalerie d’art.

Montsió (Rambla de Catalunya, 117).Église paroissiale de l’Eixample. Com-

dite Diputació del General ouGeneralitat, était devenue un organis-me fixe et avait besoin d’un siège. Àl’origine, c’est l’architecte MarcSafont qui dirige les travaux. Il estl’auteur de la façade (d’origine) situéeCarrer del Bisbe, remarquablementdécorée en 1418 par le jeune sculp-teur Pere Joan, à qui l’on doit le splen-dide médaillon de Sant Jordi (repré-sentant saint Georges), l’escalierd’accès à l’étage avec une galerie decolonnes d’une élégance extraordi-naire et la chapelle de Sant Jordi, dontla façade est décorée de subtils entre-lacs d’un gothique flamboyant (1427-1434). Le palais possède des orne-ments et des trésors remarquables,tels une statuette de Sant Jordi en ar-gent (1420-1430) et diverses brode-ries du XVe siècle, notamment le de-vant d’autel de Sant Jordi, d’AntoniSadurní (vers 1450). Le Pati delsTarongers (cour des orangers), entou-ré d’une impressionnante gale-rie ornée de gargouilles, date duXVIe siècle, où des travaux d’agran-dissement furent réalisés, toujoursdans le style gothique. Le nouveau

corps qui donne sur la Plaça de SantJaume a été construit à la fin duXVIe siècle en style Renaissance.

Palau Reial Major (Plaça del Rei).Ensemble de monuments adossés à lamuraille romaine, ancienne résidencedes rois de la couronne catalano-ara-gonaise. Les principaux éléments quisubsistent sont la chapelle de SantaÀgata et le Saló del Tinell. C’est en1302 que l’on commence à construirela chapelle sur ordre de Jacques II, etles travaux sont dirigés par BertranRiquer. La structure en est très simple :une seule nef avec abside polygonale,couverte d’un riche plafond à caissons,sur des arcs diaphragme. Les cha-pelles latérales remontent au temps dePierre III le Cérémonieux et de Martin Ier

l’Humain. Dans cette chapelle estconservé le retable du Connétable. Ceretable (1464-1465), l’une des plusbelles pièces de Jaume Huguet, futréalisé pendant la guerre civile contreJean II, sur commande du connétablePierre de Portugal, alors roi deCatalogne, que l’on a identifié commele roi sans barbe du tableau central.

C’est encore Pierre III qui fit construirele Saló del Tinell, la grande salle (1359),sous la direction de Guillem Carbonell.Et nous savons que la première pierrefut posée après consultation des astro-logues par le roi, qui choisit une datepropice. Cette vaste salle, lieu de fêteset cérémonies, est formée de six arcsdiaphragmes qui soutiennent la toiture.On y conserve des fragments de pein-tures de style gothique linéaire (fin duXIIIe s.) qui représentent des épisodesde la conquête de Majorque parJacques Ier. La grande tour appelée àtort Mirador del Rei Martí remonte auXVIe siècle.

Sur la Plaça del Rei se trouvent aussila Casa Padellàs, de style gothiquetardif et restaurée plus tard, siège dumusée d’histoire de la ville, et le Palaudel Lloctinent (XVIe s.), qui abrita long-temps les archives de la couronned’Aragon. Par la petite Plaça de SantIu, on entre dans ce qui fut le jardin dupalais royal, un coin calme et ac-cueillant d’où l’on accède au muséeMarès, qui occupe quelques dépen-dances du palais et abrite un richefonds médiéval.

Pedralbes (Plaça del Monestir). Mo-nastère de Santa Maria de Pedralbes,fondé en 1326 par la reine Elisenda deMontcada, troisième femme de Jac-ques II. Ce monastère a toujours euune vie communautaire, et il est occu-pé aujourd’hui par les clarisses. Laconstruction de l’église, du cloître etdes dépendances fut rapide, le résul-tat étant un ensemble d’une grandeunité de style qui constitue l’un desmeilleurs exemples de l’essor de l’ar-chitecture gothique catalane sousJacques II. L’église, d’une grande sim-plicité de lignes, se compose d’uneseule nef, avec des chapelles entre lescontreforts et un chevet polygonal.Dans le sanctuaire, à droite du maître-autel, se trouve le sépulcre d’Elisendade Montcada, retirée au monastère àla mort du roi. C’est une magnifiquesculpture, avec d’un côté la reine dansses vêtements royaux et, de l’autrecôté, qui donne sur le cloître, la reinegisante dans les habits religieux. Lecloître est grandiose : les colonnes etles chapiteaux des deux premiersétages d’arcades proviennent des ate-liers spécialisés de Gérone. La sallecapitulaire forme un bâtiment indépen-dant, construit en 1416 par GuillemAbiell. S’ouvre également sur le cloîtrela chapelle de Sant Miquel, petit ora-toire décoré de peintures de FerrerBassa (1343-1346), de style italien, quiconstitue un espace plein de raffine-ment et de beauté. Le monastère estentouré de murailles. Ouvert au publiclorsqu’une partie de la collection Thys-sen-Bornemisza (actuellement auMNAC) y fut hébergée, ce monastèreest désormais un musée.

El Pi (Plaça del Pi). Il s’agit de l’unedes églises les plus anciennes de

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me celle de La Concepció, elle corres-pond à un monastère de la vieille ville,en l’occurrence celui des religieusesdominicaines de Santa Maria deMontsió, situé Carrer de Montsió etdéplacé pierre par pierre (entre 1882et 1888) suite à la réhabilitation duquartier, qui exigeait sa démolition.L’église et le cloître, beaux échan-tillons du gothique des XIVe etXVe siècles, ont servi de monastèrejusqu’en 1947, quand la communautés’est installée à Esplugues de Llo-bregat, emportant le cloître. L’égliseest devenue église paroissiale.

Palau de la Generalitat (Plaça deSant Jaume). Siège de la principaleinstitution de gouvernement de laCatalogne, ensemble de bâtimentsqui constitue l’un des meilleursexemples du gothique civil catalan etqui comporte des éléments Renais-sance intéressants. Sa constructionremonte au début du XVe siècle : ladélégation permanente du Parlement,

Palau Reial Major : le Saló del Tinell

Drassanes : le musée maritime

Palau de la Generalitat : le Sant Jordi de Pere Joan

Palau de la Generalitat : la galerie de colonnes

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Barcelone, aussi appelée Santa Mariadels Reis, et elle constitue, avec sonclocher, une image caractéristique dela ville gothique. Les habitants de cequartier commerçant très vivant en-treprirent la construction d’une nou-velle église vers 1305, sous la protec-tion du roi, pendant la périoded’euphorie économique et de réamé-nagement urbain qui prit fin en 1391.Elle se compose d’une seule nef, dechapelles entre les contreforts et d’unmagnifique clocher octogonal annexe(fin du XIVe s.). Une grande rosacesemblable à celle de Sant Cugats’ouvre sur la façade, dont la porte ade nombreux points communs aveccelle de Sant Iu (à la cathédrale). Lacorporation des revendeurs (dont lesiège se trouvait sur la Plaça del Pi)avait commandé en 1455 à JaumeHuguet un retable pour sa chapelle,lequel se trouve actuellement auMNAC.

La Pia Almoina (Pla de la Seu).Bâtiment datant du XVe siècle, qui futle siège de l’institution de bienfaisan-ce dite la Pia Almoina, où venaientmanger tous les jours les pauvres deBarcelone. C’est de là que provient leretable de saint Sébastien, de JoanMates (1417-1418), aujourd’hui auMNAC. Il abrite aujourd’hui le muséediocésain de Barcelone.

Sant Jeroni de la Murtra (Camí deSant Jeroni, Badalona). Ancien mo-nastère de hiéronymites, situé dansune vallée au pied d’une colline, dansla commune de Badalona. Fondé en1416, il jouissait de la protection roya-le, notamment de celle de Jean II et deFerdinand II ; l’empereur Charles-Quint et le roi Philippe II y firent desséjours. Après la sécularisation de1835 commence une époque d’aban-don et de ruine. Il reste un beau cloîtreorné d’un grand myrte (« murtra »).D’un gothique tardif (maître JaumeAlfonso y travaillait vers 1475), il estformé d’une alternance de gros pilierset de fines colonnes de pierre deGérone, et comporte une belle déco-ration sculptée (clefs de voûte,consoles). La fontaine centrale est go-thicisante (1573). L’église, très déla-brée, avait une structure gothique etdes éléments Renaissance.

Sant Just (Plaça de Sant Just). Églisedédiée à saint Juste et à saint Pasteur.L’essentiel en fut construit entre 1342et 1360, sur l’emplacement d’uneéglise antérieure, avec l’interventiondu maître maçon Bernat Roca, qui tra-vailla également à la construction dela cathédrale. Elle se compose d’uneseule nef avec une abside polygonaleet des chapelles entre les contrefortssuivant le modèle du gothiquecatalan ; l’autel, dédié à saint Félix,conserve l’ancien privilège du testa-ment sacramentel. Ce vieux quartier,qui était habité par des nobles et desartisans, conserve une fontaine go-thique commandée par les Fiveller en1367, et le palais de la comtesse dePalamós, avec une belle cour et deséléments des XIIIe et XIVe siècles, quiest aujourd’hui le siège de l’académiedes belles lettres.

Santa Anna (Carrer de Santa Anna).Église d’un ancien monastère del’ordre militaire du Saint-Sépulcre,plus tard église collégiale. Elle étaitsituée à l’extrémité de l’ancienne en-ceinte fortifiée, mais elle se trouveaujourd’hui en plein centre ville et,

malgré la proximité de la Plaça deCatalunya, elle conserve un certainair secret. La partie la plus anciennedate du XIIe siècle, mais le reste del’église remonte au XIIIe siècle, mo-ment de transition du roman au go-thique. Sont pleinement gothiques(XIVe et XVe s.) la porte et le cloître,ainsi que la salle capitulaire et di-verses chapelles.

Santa Maria del Mar (Plaça de SantaMaria). Église du quartier de LaRibera. C’est l’un des plus beauxéchantillons de l’architecture gothiquecatalane, dont l’apparente simplicitédans la structure est obtenue par l’in-tégration de tous les éléments et parla beauté et l’harmonie des propor-tions. C’était le cœur de l’ancien fau-bourg de La Vilanova de la Mar, unquartier proche du port où cohabi-taient gens de la mer, portefaix et por-teurs et marchands, nobles du Carrerde Montcada et artisans (les différentsmétiers donnèrent leur nom aux ruesdu quartier). Non loin, sur la Plaça delBorn avaient lieu des fêtes, des foireset des tournois. Les habitants firentconstruire une nouvelle église surl’emplacement de l’antérieure etconfièrent les travaux aux architectesBerenguer de Montagut et RamonDespuig. La première pierre fut poséeen 1329, et la dernière voûte terminéeen 1383. L’église se compose de troisnefs, un déambulatoire et des cha-pelles entre les contreforts. On re-marque à l’extérieur la perspective del’abside polygonale et un beau portailsur la façade flanquée de deux toursoctogonales ; la grande rosace, refaiteaprès le tremblement de terre de1428, conserve des restes des vitrauxgothiques. L’intérieur est un grand es-pace rendu diaphane par la finessedes éléments de support (piliers octo-gonaux) et par les proportions trèsétudiées de tous les éléments : la lar-geur de la nef centrale est le doublede celle des nefs latérales, la hauteurde celles-ci équivaut à la largeur totalede l’église, etc. La sobriété de l’archi-tecture fait ressortir les formes et lesvolumes compacts et simples de cechef-d’œuvre restauré après la guerrecivile de 1936-1939. On y conserve ladalle du sépulcre du connétable Pierrede Portugal.

Santa Maria del Mar : l’intérieur de la basilique Santa Anna : le cloître

Église de La Mercè : la Vierge de La Mercè

Monastère de Pedralbes : peintures de Ferrer Bassa

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te végétation. Plus loin, à Ripoll, l’imposante présence romane du monastère nepeut faire oublier les remarquables galeries gothiques du cloître. Depuis Ripoll,deux intéressants prolongements de l’itinéraire sont possibles. La première optioncommence par une visite à Sant Joan de les Abadesses, où l’on peut admirer uncloître exceptionnel et de beaux retables dans le monastère. Par un paysage tout àfait pyrénéen, composé de verts spongieux et brillants, nous arrivons àCamprodon, où la silhouette familière du Pont Nou s’accompagne d’autreséchantillons gothiques et de belles villas modernistes. Une promenade s’imposealors, par un chemin pittoresque, au petit village caché de Beget, où l’on trouveraune exceptionnelle église romane et un retable du XIVe siècle dans un charmantensemble fait de balcons, d’auvents et de petits ponts entourés du murmure deseaux.

La deuxième option à partir de Ripoll est celle qui remonte la vallée du Freser,par la N-152, et passe par le col de Toses. Une vue panoramique s’offre à nous surcette plaine fertile entourée de hautes cimes souvent enneigées qu’est la Cerdagne.Au retour, Alp, une belle cité de villégiature, nous offre dans son église une remar-quable peinture murale gothique. Mais c’est à Puigcerdà, le plus gros bourg deCerdagne, qui trône dans la vallée, que l’on peut admirer un merveilleuxexemple du gothique, l’église Sant Domènec, avec son clocher octogonal, avantd’aller goûter le calme du lac et contempler, depuis le belvédère d’El Mirador, leSegre qui coule au milieu des prés et va se perdre au loin par le « Forat de laSeu ».

Il faut aussi visiter, tout près de Puigcerdà, Llívia et ses remarquables monu-ments gothiques ; puis continuer à l’ouest, faire une pause à l’église paroissiale deBellver de Cerdanya, avant d’aller à La Seu d’Urgell, qui nous offre divers mo-numents gothiques et où un air médiéval vient se superposer, surtout dans leCarrer Major, aux bruits multicolores du marché hebdomadaire. On peut com-pléter la visite à la capitale de l’Alt Urgell en faisant un tour à Castellbò, un peuplus à l’ouest, pour y voir l’église Santa Maria et d’autres éléments gothiques inté-ressants.

Le retour de Ripoll à Barcelone se fait par la C-17. À Sant Quirze de Besora,une route sur la droite nous mène au petit village de Lluçà, où le monastère, unjoyau de l’art roman, contient de remarquables peintures gothiques. Puis, parun long chemin qui passe par Prats de Lluçanès et Avinyó et se dirige ensuitevers l’est, nous arrivons au monastère roman de L’Estany qui garde d’intéres-sants sépulcres gothiques. Nous continuons par les plateaux de Moià etCollsuspina et nous redescendons en zigzag vers Centelles, où Sant Martí deCentelles surplombe une puissante proue sur laquelle les ruines d’un châteauhistorique contemplent un beau panorama.

Une longue route solitaire et sinueuse débouche à Sant Feliu de Codines. Versl’est, nous allons trouver plusieurs sites dignes d’intérêt, dont le Mas Draper, àL’Ametlla del Vallès, et l’ensemble monumental de La Doma, près de LaGarriga, non loin de l’autoroute. C’est à partir de là que nous allons retrouverla lumière et la couleur du monde méditerranéen, où le ciel est lumineux etl’atmosphère pleine de vie. Autour de Les Franqueses del Vallès, de beaux masgarnis de fenêtres à meneaux sont entourés de champs cultivés parsemés dequelques pinèdes. Il vaut encore la peine d’aller un peu plus à l’est pour visiterl’église gothique de Sant Pere de Vilamajor, ou voir, à Can Bordoi, à Llinarsdel Vallès, les vestiges de l’époque gothique mis au jour lors des fouilles duCastellvell. Ce serait une bonne conclusion avant d’entreprendre la dernièrepartie de l’itinéraire qui clôt le circuit proposé à partir de Barcelone.

C’est sans doute leplus long des itiné-raires que nous pro-posons. Depuis Bar-celone et les terrescôtières du Ma-resme, il rejoint laCerdagne et l’Urge-llet, au cœur desPyrénées. Une partiede cet itinéraire peutêtre considérée com-me facultative, bienque vivement re-commandée.

Le long de lachaude et lumineusefaçade littorale duMaresme et de la

succession d’agglomérations qui lui donnent vie, on arrive, sur les rives de laTordera, aux monts couronnés par les imposantes ruines du château de Palafolls.Comme un vaisseau, il fait face à l’active plaine maritime. Sur la côte est de cetteplaine se trouve Blanes, une station balnéaire qui offre de remarquables échan-tillons de l’art gothique. Vers l’est encore, on longe l’une des plus belles parties dela Costa Brava avec Lloret de Mar et les merveilleuses criques de Sant Francesc etSanta Cristina. On arrive alors à la pittoresque Tossa de Mar, dont le vieuxquartier est entouré de tours et de murailles médiévales d’où l’on peut contemplerle bleu infini de la Méditerranée.

Puis vers l’intérieur, on remonte la Tordera pour arriver à Hostalric, une ag-glomération flanquée de tours, entourée de murailles, qui s’étend sur un sommetau milieu de la vallée, comme pour surveiller le vaste passage vers le couloir pré-littoral. Non loin de là, on trouvera encore des vestiges gothiques à Breda (bourgspécialisé dans la poterie et la céramique), près du col de N’Orri, où l’itinéraireamorce une côte qui aboutit près du sommet sur lequel se trouvent les ruines duchâteau de Montsoriu. On ne peut qu’arriver à pied à cette forteresse désolée,mais l’effort est compensé par la beauté du monument et du panorama.

Par la route d’Arbúcies, par celle, sinueuse et pittoresque, de Viladrau qui lon-ge les contreforts boisés du Montseny, la poétique « montagne des améthystes »,puis par le chemin de Taradell, on arrive à Mont-rodon, belle demeure gothiquequi fait partie de Tona. Vient ensuite, plus au nord, la capitale de la région, Vic,où le gothique a une importance considérable, jusque dans le musée épiscopal. Àl’intérêt artistique que présente le centre de Vic, s’ajoute une vie culturelle active,le tout accompagné de la touche d’imprécision et de mystère qu’apporte unbrouillard fréquent.

Au nord-est de la plaine de Vic, sur le plateau de Collsacabra, le village de Taver-tet conserve une statue gothique de grande valeur. Ce village, auquel on accède parune route pittoresque qui traverse Roda de Ter et Santa Maria de Corcó, est aussi unextraordinaire balcon qui contemple les eaux bleues du barrage de Sau et les montsdes Guilleries.

Au nord de Vic, sur la C-17, Montesquiu présente les souvenirs gothiques deson château qui se dresse sur l’autre rive du Ter, presque caché dans une luxurian-

PrincipauxmonumentsAlp. Village de la Cerdagne, centrerésidentiel aujourd’hui connu sur-tout grâce au stations de ski de LaMolina et Masella. Dans l’église, onpeut voir une fresque représentantsaint Christophe qui remonte à1300.

L’Ametlla del Vallès. Localité rési-dentielle, composée de maisons etde villas modernistes (ou Art nou-veau) ou d’architecture contempo-raine. Le Mas Draper était l’un desplus importants du canton, commeen témoigne son architecture (engrande partie du XVIe siècle, bienque de facture gothique) et la grandetour attenante.

Beget. Petite localité pyrénéenne. Satrès belle église romane conserve unetrès belle statue, romane également,dite Majestat de Beget, avec, à sespieds, un petit retable gothique en al-bâtre, issu des ateliers de Sant Joande les Abadesses (XIVe s.). À l’origine,il était accompagné de la statue de laVierge assise qui se trouve dansl’église. Signalons aussi une série deretables baroques.

Bellver de Cerdanya. Cité cerdanebaignée par le Segre, au pied de lachaîne du Cadí. L’église, très simple,est dans la lignée de la tradition go-thique catalane. Ce charmant villa-ge, où l’on trouve de nombreuses ré-sidences secondaires, conservequelques pans de ses murailles desXIIIe et XIVe siècles.

Blanes. Belle localité côtière situe àl’extrême sud de la Costa Brava, petitport de pêche et de plaisance. LesCabrera y avaient aussi un palais au-quel travailla, vers 1400, le célèbre ar-chitecte Arnau Bargués, en mêmetemps qu’il prenait part à la construc-tion du monastère de Poblet (Palaudel Rei Martí) et à celle de la cathé-drale de Barcelone. De ce palais, ilreste quelques murs et l’église an-nexe, aujourd’hui paroissiale. La fon-taine gothique de Blanes est l’unedes mieux conservées de celles quirestent en Catalogne.

Breda. Ville située sur le versant estdu Montseny, de tradition agricole etindustrielle, spécialisée dans la fabri-cation d’objets de céramique et depoteries. Remarquable ensemblemonumental dont le centre est l’an-cien monastère bénédictin de SantSalvador de Breda. Il s’y trouve une

Du Maresme aux Pyrénées par la Selva, le Vallès et Osona

Le Missel de Sant Cugat (1400)

Bellver de Cerdanya

Tossa de Mar

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église gothique, aujourd’hui parois-siale, dont les premiers travaux re-montent au début du XIVe siècle(avant 1337), et la façade au XVIe siè-cle. Ajoutons quelques sépulturesgothiques et une aile du cloître quidate du XIIIe siècle. Belle cour dansl’ancienne maison abbatiale et ma-gnifique clocher à tour romano-lom-barde, de 32 m de haut.

Camprodon. Localité proche desPyrénées, située dans une vallée à lasource du Ter. Grand ensemble mo-numental médiéval et quartier rési-dentiel de style moderniste. Dans laVila de Dalt, se trouvent l’église roma-ne de l’ancien monastère de SantPere et l’église Santa Maria, monu-ment gothique du XIVe siècle, con-temporain de l’église de l’ancien cou-vent d’El Carme. Quelques maisons àéléments gothiques comme l’hôtel deville ou Can Ribes sont dignes d’inté-rêt, mais le plus caractéristique est lePont Nou sur le Ter, refait au XIVe siè-cle, qui présente une grande arcadecentrale, une tour de défense, et quirejoint la porte de la Cerdagne desanciennes murailles.

Castellbò. Localité pyrénéenne pro-che de La Seu d’Urgell, qui fut auMoyen Âge le centre de l’important etvaste vicomté de Castellbò. On ytrouve une remarquable église collé-

giale, Santa Maria, qui remonte à lapériode de transition du roman au go-thique, d’anciennes maisons commeCal Gramunt où se trouvaient les ser-vices de trésorerie et le secrétariat ducomté, des coins typiques. Elle faitaujourd’hui partie de la commune deMontferrer i Castellbò.

L’Estany. Ancien monastère canonialqui conserve une église et un extraor-dinaire cloître de l’époque romane.On y trouve aussi quelques sépulcresgothiques, notamment celui de l’ab-bé Berenguer de Riudeperes, qui fitconstruire plusieurs des dépen-dances du monastère (1316-1329).La statue de la Vierge dite Mare deDéu de l’Estany est une gracieusesculpture gothique en albâtre duXIVe siècle. En fait, certaines partiesdu cloître, bien intégrées dans l’en-semble roman, correspondent aussià l’époque gothique.

Les Franqueses del Vallès. An-cienne commune agricole et rurale,aujourd’hui transformée par la pro-ximité de la ville de Granollers. On ytrouve quelques très beaux mas ty-piquement catalans, comme la Torrede Seva (Marata) ou Can Màrgens(Llerona), avec leurs caractéristiquesfenêtres à meneaux, témoins de laprospérité de la région à la fin duMoyen Âge.

La Garriga. Station thermale situéeaux pieds du Montseny. Le quartierde La Doma, près de l’autoroute, aun charme particulier : l’église com-prend des éléments architecturauxromans et du gothique tardif (XVIe s.)et un retable de la fin du XIVe siècledédié à saint Étienne. On y verraaussi des vestiges de villas ro-maines, une église romane (SantaMaria del Camí) et de beaux échan-tillons d’architecture moderniste.

Hostalric. Localité située sur unspectaculaire escarpement basal-tique au-dessus de la Tordera, surl’ancienne voie romaine et le tradition-nel chemin pour la France. De la villemédiévale, il reste une grande partiedes murailles qui assuraient la défen-se de ce lieu stratégique ; les Cabreraen firent la capitale de leur vaste vi-comté. Les murailles et les huit toursrondes que les renforçaient remontentessentiellement aux alentours de1400. Sur un côté se trouve un grandchâteau fortifié au XVIIIe siècle à lamanière de Vauban.

Llinars del Vallès. Ancien centred’une importante baronnie dont lecœur était le château nommé Cas-tellvell ou Castell del Far, grande-ment modifié au XIVe siècle et dé-truit dans le tremblement de terre de1428 ; on peut en visiter les ruines,

mises au jour récemment. On a reti-ré des fouilles d’intéressantes céra-miques (plats et ustensiles) qui sontconservées dans le petit musée deCan Bordoi. L’ancien château futremplacé par le grand palaisRenaissance appelé le Castellnou(1558).

Llívia. Village pyrénéen formant uneenclave espagnole au sein du terri-toire français depuis le traité desPyrénées (1659). D’origine romaine,cette première capitale de la Cer-dagne, remplacée depuis par Puig-cerdà, garde des traces de l’époquemédiévale, notamment dans savieille ville : la tour de Bernat de So àbase circulaire (XVe s.) et l’église pa-roissiale, gothique bien que cons-truite au XVIe siècle. Dans le musée,on trouve la célèbre « pharmacie deLlívia » avec ses bocaux et autresobjets, ainsi que d’autres pièces in-téressantes comme un Christ duXIIIe siècle.

Lluçà. Ancien monastère canonialqui conserve une remarquable égliseet un cloître de l’époque romane. Ony trouve, en plus de quelques élé-ments architecturaux et de quelquessculptures gothiques, un ensemblede peintures murales (actuellementfixées sur toile) avec un Christ enMajesté qui correspond à la dernièrephase de l’évolution du gothique li-néaire, réalisées pendant le prieuréde Ponç Saserra (1352-1371), donton peut voir le blason.

Montesquiu. Petite localité de lavallée du Ter qui comprend un châ-teau, résidence des seigneurs deBesora, grande construction forti-fiée, avec des fenêtres à meneaux etdes murs crénelés, restauré à l’épo-que moderne.

Mont-rodon. Ancienne demeureseigneuriale située dans une enclavede la commune de Tona à l’intérieurde celle de Taradell. Une partie estromane, mais elle fut entièrement ré-novée au début du XVe siècle ; surcette massive silhouette se décou-

pent de gracieuses fenêtres diviséespar de longs meneaux. Dans la cha-pelle, se trouve un sarcophage (1338)de la famille Mont-rodon, dont lesmembres, ecclésiastiques et cheva-liers, jouèrent un rôle important dansl’histoire du pays, et une statue go-thique de la Vierge.

Montsoriu. Ancienne forteresseélevée sur une colline au-dessus dela vallée d’Arbúcies, dans la com-mune du même nom, aux pieds duMontseny. Le château de Montsoriuappartenait à la grande lignée sei-gneuriale des vicomtes de Cabrera.Le chroniqueur Bernat Desclot leconsidérait, à la fin du XIIIe siècle,comme un des plus nobles et desplus beaux du monde. Les ruines ensont imposantes : on peut encoreapprécier les trois enceintes de mu-railles et les restes des dépen-dances des XIIIe et XIVe siècles,avec des salles garnies d’arcs dia-phragme.

Palafolls. Ancien château situé surune hauteur près de la côte entre leMaresme et la Selva, qui appartenaitaussi à la lignée des Cabrera. Im-posantes ruines avec trois enceinteset des restes de tours et de murs, vi-sibles depuis la N-II (XIIIe au XVe s.).

Puigcerdà. Chef-lieu de la Cer-dagne situé au centre de la lumineu-se vallée traversée par le Segre, villeimportante dès le Moyen Âge, et au-jourd’hui centre résidentiel et touris-tique. L’église de l’ancien couventde Sant Domènec, qui remonte à lafin du XIIIe siècle, est le monumentgothique le plus remarquable de laville. La structure de la façade estcomposée d’arcades, suivant unmodèle qui a eu plus tard une certai-ne diffusion en Catalogne. La nef estcouverte de gables de bois sur arcsdiaphragme. Dans l’une des cha-pelles latérales se trouvent des pein-tures murales correspondant au sty-le dit gothique linéaire – très répandudans la région – et remontant audeuxième quart du XIVe siècle ; ellesreprésentent l’arbre de vie et des

LlíviaBlanes

Beget

Camprodon

Puigcerdà : détail de peintures murales du couvent de Sant Domènec

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épisodes de la vie de saint Pierremartyr. Le clocher de l’ancienne égli-se démolie, qui se retrouve aujour-d’hui isolé, a une structure octogo-nale qui caractérise les principalestours du gothique catalan ; le cou-ronnement en est baroque.

Ripoll. Centre de repeuplement dela Catalunya Vella, cette localité estsurtout connue pour son ancien mo-nastère bénédictin, chef-d’œuvre del’art roman catalan, notamment soncélèbre portail et son cloître. Sansrompre l’unité de la construction ro-mane, les galeries est, sud et ouestdu cloître remontent à l’époque go-thique ; le sculpteur Jordi de Déu pritpart à leur construction (1390).Autour du cloître, on trouve égale-ment des clefs de voûte, des frag-ments de retables et d’autres piècesdes XIVe et XVe siècles.

Sant Joan de les Abadesses. Lo-calité formée autour de l’ancien mo-nastère de religieuses bénédictinesde Sant Joan, occupé plus tard parles chanoines augustins. C’est unimportant monument de l’art romancatalan, qui a une belle abside et quicontient le célèbre groupe de sculp-ture du très saint Mystère. À la suitedu tremblement de terre de 1428,des travaux furent faits dans le mo-nastère, le plus notable étant la ré-fection du cloître, commencée en1442 ; les lignes en sont très simpleset, en même temps, très élégantes.On peut y voir de beaux échantillonsde sculpture gothique réalisés pourle monastère par un groupe d’ar-tistes spécialisés dans le travail del’albâtre (milieu du XIVe s.), notam-ment le retable de sainte Marie laBlanche (1343), celui de saintAugustin et le sépulcre du béat Miró(1345). Le petit musée annexeconserve des peintures et dessculptures gothiques, des piècesd’orfèvrerie et de tissus et une im-portante collection de broderies. Àcôté, le palais de l’abbé présente unpetit cloître du XVe siècle. Le pontsur le Ter est une belle reconstitutionde l’ancien pont gothique.

Sant Martí de Centelles. Petite loca-lité rurale que surplombe le châteaude Centelles, possession d’une gran-de famille de la noblesse catalane. Ilen reste des pans de murs crénelés,la chapelle romane et autres élémentsdes deux étages du bâtiment, cons-truit en grande partie vers 1466, pen-dant la guerre contre Jean II, pour ser-vir de résidence au connétable Pierrede Portugal, qui ne put y habiter.

Sant Pere de Vilamajor. Localité ru-rale aux pieds du Montseny, où s’éle-vait, pendant le haut Moyen Âge, unpalais des comtes de Barcelone, dontil reste une belle tour clocher romane.L’église paroissiale (XVIe s.) est un desexemples les plus représentatifs d’untype d’architecture assez répandudans le Vallès Oriental et le Maresme.Il s’agit de constructions du gothiquetardif à croisées d’ogives, dont labeauté réside essentiellement dans lasimplicité des lignes.

La Seu d’Urgell. Petite ville de lavallée du Segre, chef-lieu de l’AltUrgell, dans les Pyrénées. Elle estle siège d’un important évêché de-puis des temps reculés et fut la ca-pitale du comté d’Urgell jusqu’auXIe siècle, en remplacement de laville voisine fortifiée de Castell-ciutat. La ville actuelle fut construi-te autour de la magnifique cathé-drale romane ; dans certaines ruesde la vieille ville, comme le CarrerMajor ou le Carrer dels Canonges,qui remontent au développementde la ville des XIIIe et XIVe siècles,on trouve d’anciennes demeures àvitraux gothiques et de belles ar-cades. Dans la vieille ville se trouveégalement l’église gothique SantDomingo (début du XVe s.), quijouxte le couvent dominicain deve-nu un hôtel Parador. Une chapelleattenante à la cathédrale abrite lemusée diocésain d’Urgell, quicontient un riche fonds médiéval.

Tavertet. Pittoresque village situésur un spectaculaire escarpementqui domine la vallée du Ter et lebarrage de Sau ; il a conservé son

charme d’antan et ses anciennesmaisons de pierre. Dans l’église ro-mane est vénérée une belle statued’albâtre de la Vierge assise àl’Enfant, réalisée au XVe siècle dansle style de celle du grand retable deVic.

Tossa de Mar. Belle localité côtièredu sud de la Costa Brava dans la-quelle de modernes lotissementstouristiques jouxtent de beaux témoi-gnages du passé. Les murailles, avecleurs tours, qui en constituent l’imagela plus typique, remontent au XIVe

siècle. Dans l’enceinte, la vieille ville

fut en son temps une prospère agglo-mération qui a gardé tout son char-me. On y trouve des vestiges de l’an-cienne église paroissiale, qui date dudébut du XVe siècle. L’ancien palaisgothique du gouverneur abrite un in-téressant musée qui contient despièces provenant des fouilles de laville romaine toute proche et une col-lection de tableaux d’artistes con-temporains (Chagall, Benet, Sunyer)ayant un lien avec la ville.

Vic. Ville épiscopale qui possède unriche patrimoine artistique et monu-mental ; c’est aussi un centre com-mercial actif où se trouve un marchérégional. L’ancienne cathédrale ro-mane (dont il reste la crypte et le clo-cher) fut enrichie de nouvelles cons-tructions pendant le XIVe siècle, dontla plus remarquable est le cloître :commencé vers 1320 sous la direc-tion de Ramon Despuig et achevé àla fin du siècle, il est remarquable parl’élégance des entrelacs de ses ar-cades et parce qu’il présente une ga-lerie extérieure ouverte. Il fut modifiéau début du XIXe siècle, lors de la

construction de l’actuelle cathédrale.On admirera également la grandegrille gothique de l’ancien maître-au-tel de la cathédrale (1427, œuvre deJoan Puig) et l’exceptionnel retablede Pere Oller, le chef-d’œuvre de cesculpteur de Gérone présidé par lesreprésentations de la Vierge et desaint Pierre (1420-1426). Devant, setrouve aujourd’hui le sépulcre du cha-noine Bernat Despujol (mort en1434), qui fit faire le retable. Le sé-pulcre est aussi de Pere Oller.Quelques-unes des demeures quidonnent sur les belles arcades de laPlaça del Mercadal présentent deséléments gothicisants, notammentl’hôtel de ville, dont une partie datedes XIVe et XVe siècles. L’hôpital dela Santa Creu a des salles gothiquesqui datent du XVIe siècle. Il reste desparties importantes de la muraillebâtie sous Pierre III le Cérémonieuxainsi que quelques-uns des pontsd’accès à la ville, dont celui d’EnBruguer. Il ne faut pas manquer la vi-site au musée épiscopal, quicontient un riche fonds roman et go-thique.

La Seu d’Urgell : musée diocésain, retable d’Abella de la Conca Sant Joan de les Abadesses : le cloître

Vic : céramique. MEV

Vic : le cloître de la cathédrale

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De la grande ag-glomération barce-lonaise aux contre-forts des Pyrénées,cet itinéraire nousoffre un chapelet demonuments gothi-ques, le long d’unparcours agréable,varié en paysages etriche en monu-ments.

Le départ de Bar-celone se fait par laroute panoramiquede L’Arrabassada, lebelvédère de la ville,qui mène, à travers

les pinèdes, à Sant Cugat del Vallès, où la grande rosace de la façade du monastèreresplendit de toute sa beauté gothique. Puis, en direction d’ El Papiol et de son châ-teau médiéval, elle surplombe la vallée du Llobregat, qu’elle remonte jusqu’àMartorell, où nous accueillent la singulière silhouette du légendaire Pont delDiable et d’intéressants musées de céramique. La route continue, sur les collines,jusqu’à Terrassa, la grande ville du Vallès où il ne faut pas manquer la chartreusegothique de Vallparadís et les exceptionnels retables des églises wisigothico-romanes.

Par la C-16, l’itinéraire nous mène à Castellbell i el Vilar, dont nous admi-rerons le pont et le château. Mais, auparavant, nous retournerons à Monistrolpour nous rendre sur la montagne de Montserrat. Là, protégé par les cimesimposantes, s’élève le grand monastère bénédictin présidé par la Vierge noire,qui, parmi de nombreuses autres pièces de grande valeur, contient de beauxéchantillons d’art gothique.

Nous revenons à la vallée du Llobregat, où nous trouvons Sant Vicenç deCastellet, puis El Pont de Vilomara et son pont médiéval, et le village de Rocafort,qui garde une belle tombe dans son église. Un chemin de montagne permet d’ar-river au petit village pittoresque de Mura, et la route continue jusqu’àTalamanca, où se trouvent un autre sépulcre gothique et un château restauré avecune touche de fantaisie. Vient ensuite le monastère roman de Sant Benet de Bagesqui contient des éléments gothiques, et enfin le chef-lieu du Bages, Manresa, oùl’on peut admirer la basilique de la Seu, un des monuments les plus représentatifsdu gothique catalan, parmi d’autres de moindre importance.

Vers le nord en remontant le Llobregat, c’est maintenant le tour de Santpedoret son église Sant Pere, puis de Balsareny, dont le château rectangulaire et doté decréneaux se voit de loin, et où a lieu chaque année la populaire « Cursa delsTraginers » (course de muletiers). L’itinéraire abandonne la vallée du Llobregatpour retrouver, vers l’ouest, la vallée du Cardener. La route longe la cité minièrede Súria, qui dissimule le charme d’un vieux village médiéval blotti en haut de lacolline autour de son église et de son château et où l’on peut apercevoir de beauxarcs en ogive.

En remontant le Cardener, on tombe tout à coup sur Cardona et la silhouetteagressive de son château. L’ensemble monumental est essentiellement roman, maisla ville possède des éléments gothiques de valeur, notamment l’exceptionnelle égli-se Sant Miquel. Au visiteur qui s’intéresse aussi aux spectacles folkloriques, nousconseillons une visite au mois de septembre à l’occasion de la Festa Major, quandle « corre-bou » (course de bœuf ) et la « cargolera » (fête de l’escargot) remplissentla place de gaieté et d’animation.

L’excellente route C-55 mène, à travers les pinèdes, au plateau du Solsonès et àson chef-lieu, Solsona, dont l’ensemble urbain est très personnel et très évocateur.L’intérêt que présente cet ensemble se centre sur la cathédrale gothique et le palaisépiscopal. En dehors, sur la colline, le Castellvell complète le paysage.

Si l’on n’est pas trop pressé, on ira faire un tour vers le nord à Sant Llorenç deMorunys pour y voir les intéressants retables gothiques de son église et la chapellede La Pietat, mais aussi pour contempler ce village perdu dans un paysage demontagne, auquel on accède par une belle route panoramique.

À partir de Solsona commence le chemin du retour vers le sud par la route deTorà. Il passe par Castellfollit de Riubregós avant d’arriver à Calaf, dans laSegarra, où l’église de facture gothique, pourvue d’un haut clocher, domine labelle et irrégulière place à arcades qui s’étend à ses pieds. Après Copons, en direc-tion d’Igualada, l’embranchement pour Rubió nous invite à aller voir un trèsbeau retable du XIVe siècle.

Plus loin, à Jorba, un détour nous mène à Sant Martí de Tous, où se trouventune croix gothique et le gisant du noble Bernat. Au-delà d’Igualada, en longeantl’Anoia, un autre détour à partir de La Pobla de Claramunt suit la jolie vallée deCarme pour rejoindre le hameau de Santa Càndia. Là se trouvent un petit bijoud’église gothique qui porte le même nom et, de l’autre côté, montant la garde,l’ensemble de ce qui fut le grand château d’Orpí, aujourd’hui centre du village.

Après La Pobla, on arrive à Capellades, où la route pour Vilafranca delPenedès s’ouvre sur un nouveau type de paysages et de monuments plus méditerra-néens. C’est d’abord à Sant Pere de Riudebitlles, le très beau palais gothique deLlo. Vient ensuite un embranchement pour Guardiola de Font-rubí et CalMiret, où se trouve l’ensemble monumental de Sant Martí Sarroca, composéd’une église, qui comprend une abside romane exceptionnelle et un splendide re-table, et d’un château qui présente quelques éléments gothiques.

Vilafranca del Penedès, chef-lieu du canton de l’Alt Penedès, est proche : à unensemble de monuments gothiques de toute première catégorie, il faut ajouter lespièces exposées dans le musée. D’autres lieux méritent aussi une visite, comme lemusée du vin, qui témoigne de l’importance vinicole de la région, et la pâtisseriede Vilafranca, qui jouit d’un prestige bien mérité. La route continue vers l’est,passe par Avinyonet et arrive à Olesa de Bonesvalls où, près de la route, s’élève leremarquable hôpital de Cervelló, de facture gothique.

Au sud-ouest de Vilafranca, l’église de L’Arboç nous offre ses peintures muraleset, un peu plus loin, la forteresse de Castellet, un décor romantique au-dessus deseaux du barrage de Foix. Ce château, en partie gothique, marque le début d’uneroute pittoresque et sinueuse qui s’achève au bord de la mer, à Vilanova i laGeltrú, une agglomération d’une grande vitalité et d’une remarquable traditiongastronomique, dont le château de La Geltrú est un monument gothique de gran-de valeur.

Nous ne sommes qu’à huit kilomètres de Sitges. Cette belle localité est la sta-tion balnéaire la plus réputée de la Costa de Garraf. Son église paroissiale s’élè-ve sur le promontoire où se trouvent également le Cau Ferrat et le Maricel,deux musées qu’il faut absolument visiter car ils contiennent un fonds riche etvarié laissant une place à l’art gothique. Mais, à Sitges, il faut savoir aussi ou-blier un instant les chefs-d’œuvre de l’art pour se laisser aller à une promenadesur le front de mer et dans les rues toutes blanches de cette ville méditerranéen-ne propre et lumineuse.

De retour vers Barcelone, la C-32 nous permet de passer par Gavà et de visiterle sanctuaire gothique de Bruguers et le château d’Eramprunyà, au milieu dessables rouges, ainsi que la Torre-roja et la Torre del Baró à Viladecans. Ensuite,dans un paysage industriel et horticole, se trouvent les éléments gothiques de SantBoi, et sur l’autre rive du Llobregat, le château de Cornellà, dernière visite avantla fin de cet itinéraire.

PrincipauxmonumentsL’Arboç. Localité qui fut pendant leMoyen Âge la deuxième ville la pluspeuplée du Penedès et qui conser-ve aujourd’hui une belle vitalité cul-turelle et économique. Dans l’ac-tuelle église, qui remonte au XVIe

siècle, sont intégrés des élémentsde l’ancienne église gothique, com-me les peintures murales représen-tant l’arbre de vie ou la vie de saintJean. Elles datent de la premièremoitié du XIVe siècle et correspon-dent à la plénitude du style gothiquelinéaire.

Balsareny. Localité du Bages,proche du Llobregat, surmontée aunord par un vieux château. Il s’agitd’une solide bâtisse du XIVe siècle, àbase rectangulaire, et qui, ayant tou-jours été habitée, est très bien res-taurée et conservée. À l’extérieur, onremarque le portail, les vitraux go-thiques et les murs crénelés. Lespièces sont disposées régulièrementautour d’une cour entourée d’arca-des. Dans ce château, Jean Ier goûtades vins très fins servis par le sei-gneur du lieu, Andreu de Peguera, cedont témoigne une lettre adressée àla reine. On y célèbre chaque annéela Festa dels Traginers (fête des mule-tiers).

Calaf. Bourg connu pour son mar-ché, qui a lieu traditionnellement sursa belle place à arcades. L’église,composée d’une grande nef, et sonclocher se détachent sur le paysageurbain. Construite au XVIIe siècle (ellefut consacrée en 1639), elle témoignecependant d’une tradition gothici-sante, avec sa croisée d’ogives etson extérieur qui ressemble aux mo-dèles des XIVe et XVe siècles.

Cardona. Ville du Bages, dans la val-lée du Cardener, proche d’un grandgisement de sel gemme, la Muntanyade Sal, exploité depuis l’époque ro-maine. Au-dessus de la ville, sur unehaute colline, se trouvent un impo-sant château, aujourd’hui hôtel Para-dor, et l’ancien monastère canonialde Sant Vicenç, dont l’église est l’undes plus beaux spécimens d’art ro-man catalan. Du petit cloître canonialgothique attenant à l’église subsis-tent des arcades restaurées à l’épo-que moderne. Le château, construiten différentes étapes, abrite des sa-lles du palais des Cardona, avec desplafonds en ogives. La ville a maintenu sa configurationmédiévale, avec des demeures quiont conservé des éléments et une

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De Barcelone au Solsonès par la vallée du Llobregat

et retour par les plateaux du centrejusqu’à l’Anoia et le Penedès

Le Missel de Sant Cugat (1400)

Cardona

Manresa

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structure gothiques et des muraillesavec tours et portes. L’église SantMiquel est un beau monument go-thique consacré en 1398, qui com-prend une seule nef et des chapelleslatérales, et un remarquable portailsur l’un des cotés : sous le sanctuaires’ouvre une vaste crypte où l’on vé-nère la Mare de Déu del Patrocini,Vierge en albâtre apportée de Mar-seille en 1423 par les comtes de Car-dona. De cette église proviennentdes peintures murales du XIVe siècle,conservées au musée de Solsona, et des retables du peintre de Car-dona Pere Vall, réalisés entre 1403 et1410 et conservés l’un à Solsona etl’autre au MNAC. Hors de la ville setrouve le pont inachevé sur le Car-dener (XVe s.).

Castellbell. Localité proche du Llo-bregat à son passage sous le massifde Montserrat, qui appartient à lacommune de Castellbell i el Vilar.Dans un méandre au-dessus d’unefalaise se trouve la partie conservéede l’ancien château, sobre construc-tion gothique. À ses pieds, le Pont

thiques superposés. C’est de là queprovient le remarquable retable desaint Pierre et saint André, qui rappel-le le style italianisant de Pere Serra ; ilest conservé au MNAC. Dans unesalle du château, on peut voir d’inté-ressantes inscriptions qui remontentau début du XIVe s.

Cornellà de Llobregat. Ancienne lo-calité agricole qui fait aujourd’huipartie de la grande agglomérationbarcelonaise. Dans la vieille ville setrouve l’ancien château : c’est uneconstruction gothique disposée au-tour d’une cour carrée avec des toursaux angles, et modifiée après le XVe

siècle.

Gavà. Ancienne localité agricole, au-jourd’hui industrialisée, proche dudelta du Llobregat. Du côté de lamontagne s’élèvent les ruines duchâteau d’Eramprunyà, qui fut le cen-tre d’une importante baronnie, avecd’imposants pans de murailles dedeux enceintes. En dessous, se trou-ve le sanctuaire de la Mare de Déu deBruguers, roman avec des éléments

deur que donne la nef. On y trouvedes pièces remarquables, notam-ment le retable de l’Esprit saint, chef-d’œuvre de Pere Serra (1393), dontla prédelle contient un magnifiquepanneau qui représente l’Enterre-ment du Christ, de Lluís Borrassà.Signalons aussi le retable de saintMarc, d’Arnau Bassa (1346), une despièces les plus représentatives ducourant italianisant dans la peinturegothique catalane. Dans le Trésor dela Seu est conservé un splendide pa-rement brodé à Florence par GeriLapi (XIVe s.).Le couvent de Santa Clara et celuides Caputxines présentent égale-ment des éléments gothiques. LePont Vell sur le Cardener est un ma-gnifique exemplaire de pont go-thique, malgré les restaurations dontil a été l’objet. Au XIVe siècle, Man-resa était un bourg producteur de cé-ramique décorée en vert et violet,dont le musée cantonal possède debeaux échantillons.

Martorell. La ville de Martorell est si-tuée à un carrefour de chemins, cedont témoigne le Pont del Diable ; ce-lui-ci est formé d’éléments romainset d’une structure gothique superpo-sée (restaurée à l’époque moderne).Tout près passent les autoroutes.Une visite dans les musées de la villepermet d’avoir une bonne visiond’ensemble de l’histoire de la céra-mique catalane et espagnole ; on ytrouve de beaux spécimens del’époque médiévale. Le musée del’Enrajolada (ou musée Santacana)conserve également des restes debâtiments médiévaux de Barcelone

mais l’on n’a pas conservé lesœuvres du grand sculpteur PereMoragues, notamment un chemin decroix, réalisées à l’époque où Jaumede Vivers (mort en 1375) en était leprieur. La grande bibliothèque dumonastère recèle quelques manus-crits de l’époque gothique, notam-ment le célèbre Llibre Vermell deMontserrat qui contient, entre autres,une série de chants accompagnés dechorégraphies. Dans le musée setrouvent des pièces d’orfèvrerie etune vaste collection de peinture cata-lane moderne.

Olesa de Bonesvalls. Ancien hospi-ce pour voyageurs et pèlerins, situédans un hameau appelé L’Hospital deCervelló et fondé en 1262 par lesCervelló. Il se trouve au bord de l’an-cien chemin qui menait de Barceloneau Penedès. Sa structure est celle dela plupart des hospices non urbains :des salles distribuées régulièrementautour d’une cour et une chapelle at-tenante. L’ensemble est très bienconservé. Pour l’essentiel, il remonteaux XIIIe et XIVe siècles.

Orpí. Petite localité de la valléed’Òdena, disposée autour de l’an-cien château. Non loin, à SantaCàndia, on peut voir une belle égliseque l’on a restaurée de façon à faireapparaître tout le charme et la sim-plicité de l’architecture de l’ancienneconstruction, qui date de la fin duXIVe siècle. Un beau portail latéralest accompagné d’une statue desainte Candie.

El Papiol. Petit village proche duLlobregat, que domine la silhouetted’un château seigneurial restauré.C’est une belle construction qui com-prend des éléments remontant à plu-sieurs époques du Moyen Âge, à par-tir du Xe siècle. Il contient aussi lessépulcres de quelques membres dela lignée Despapiol (XIVe s.). Le pres-bytère est aussi une construction go-thique.

El Pont de Vilomara i Rocafort.Commune du Bages proche duLlobregat, formée de deux localités :Rocafort, la plus ancienne, et El Pontde Vilomara, disposé autour d’un

Vell traverse le Llobregat avec sescinq arcades et son profil en dosd’âne ; c’est un des mieux conservésparmi les différents ponts gothiquesdu Bages (Manresa, Sallent,Monistrol, El Pont de Vilomara).

Castellet. Ancien château féodaldont il est fait mention à partir du Xe

siècle ; il appartient à la commune deCastellet i la Gornal et surplombe lebarrage de Foix. Il forme un bel en-semble, bien que reconstruit à partirde 1925 selon les critères propres àl’architecture romantique du XIXe

siècle ; ses imposantes tours cylin-driques remontent au XIIe siècle, tan-dis que les tours carrées et la barba-cane orientales sont considéréescomme d’époque gothique (XIVe s.).

Castellfollit de Riubregós. Villagegroupé aux pieds d’une fortificationdont il reste d’imposantes ruines.Son prieuré bénédictin roman, bienrestauré, comporte des éléments go-

gothiques rajoutés, comme la statueque l’on y vénère (XIVe s.).

Manresa. Chef-lieu du Bages, aucœur de la Catalogne, c’est une villequi témoigne d’une grande vitalitééconomique et culturelle depuis leMoyen Âge. Parmi son patrimoinemonumental se distingue l’églisecollégiale Santa Maria, dite « la Seu »bien qu’elle ne soit pas une cathé-drale. De sa situation élevée, elle do-mine la ville et montre ouvertementla pureté de ses lignes. Les travauxcommencèrent vers 1322 sous ladirection de Berenguer de Monta-gut, également maître d’œuvre de la basilique Santa Maria del Mar, àBarcelone. L’essentiel en était termi-né à la fin du XIVe siècle. La façadeest néogothique. C’est un des mo-numents les plus représentatifs dugothique catalan, dans lequel on re-marque la disposition originale descontreforts, ouverts à l’intérieur, cequi accentue l’impression de gran-

Balsareny : le château Vilafranca del Penedès : Sant Francesc, détail du retable de Lluís Borrassà

Montserrat : le Llibre Vermell

détruits au XIXe siècle, qui ont été re-cueillis et préservés par son fonda-teur.

Montserrat. Monastère bénédictinoù est vénérée la Mare de Déu deMontserrat, centre spirituel deCatalogne et traditionnel lieu de cul-ture. Il est situé sur une montagne àla géologie particulière, qui est deve-nue symbolique. La basilique, situéeau cœur du monastère, est uneconstruction de facture gothique,bien qu’élevée au XVIe siècle et trans-formée au XIXe siècle, avec l’adjonc-tion de l’abside et la réfection de lafaçade. L’élément gothique le pluscaractéristique est constitué par lesgaleries qui restent de l’anciencloître, dit de Jules II, bâti alors que lecardinal Della Rovere, futur pape,était abbé commendataire du mo-nastère (1476) ; son blason garni defeuilles de chêne y est bien visible.Quelques sépulcres gothiques sontconservés à l’intérieur de la clôture,

Castellbell El Pont de Vilomara Martorell : le Pont del Diable

Solsona. Intérieur de la cathédrale

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pont gothique à neuf arcs, construitau XIVe et reconstruit au XVIIe siècle àla suite d’une inondation. Dans l’égli-se paroissiale de Rocafort est con-servé le sarcophage de Pere de Sitjar,qui comprend un gisant et un beaurelief, œuvre de Berenguer Ferrer(1354).

Rubió. Hameau pratiquement inha-bité, disposé autour du château enruine de Rubió et de l’église SantaMaria. Celle-ci est intéressante mal-gré la simplicité de son architecture.Mais plus remarquable est le retablequi s’y trouve, attribué à un anonyme« maître de Rubió », figure majeure ducourant italianisant de la peinture go-thique catalane. Le retable (dont laprédelle se trouve au musée épisco-pal de Vic) présente le blason de lafamille Boixadors et date de la fin duXIVe s.

Sant Benet de Bages. Ancienne ab-baye bénédictine, située sur le terri-toire de la commune de Sant Fruitósde Bages, qui forme un magnifiqueensemble d’où ressortent l’église etle cloître romans. Aux XIVe et XVe

siècles, la construction s’agrandit denouvelles dépendances, comme lePalauet, premier palais abbatial, et lanouvelle salle capitulaire. C’est PierreIII le Cérémonieux qui élabora lastructure défensive du monastère.Dans le cloître se trouvent de nom-breuses sépultures de l’époque go-thique. Un établissement bancaire, laCaixa de Manresa, l’a restauré ettransformé en centre artistique et cul-turel.

Sant Boi de Llobregat. Ancien bourgagricole, aujourd’hui très industriali-sé. Dans l’église est conservé unsplendide tableau du peintre LluísDalmau, commandé en 1448, élé-ment central de l’ancien retable dédiéà saint Baldiri, patron de la ville. Dansla vieille ville se trouvent quelquesdemeures des XVe et XVIe siècles, destyle gothicisant, comme Can Barra-quer, où est mort le patriote catalanRafael Casanova en 1743.

Sant Cugat del Vallès. Ancienne ab-baye bénédictine, l’une des plus re-marquables de Catalogne. Malgréune construction essentiellement ro-mane, c’est le style gothique qui futadopté pour terminer l’église, dontles travaux reprirent pendant la se-conde moitié du XIIIe siècle après unelongue interruption. Ainsi, la tour lan-terne est caractéristique de l’archi-tecture dite de transition et les nefssont surmontées de voûtes en ogive.La façade, ornée d’une grande rosa-ce avec des vitraux datant de 1343,est très significative. Sa structure estsimilaire à celle de l’église d’El Pi, àBarcelone, et à celle de la cathédralede Tarragone. On y trouve aussiquelques sépulcres gothiques et,dans la salle capitulaire, le retable detous les saints, belle réalisation dePere Serra.

Sant Llorenç de Morunys. Localitédu Solsonès, entourée d’un beaupaysage aux pieds des monts dePort del Comte. Son tracé urbain ré-pond en grande mesure à sa structu-re médiévale, et l’on a conservé une

partie des murailles qui encerclaientla ville et qui comprennent de bellesportes. L’église paroissiale, qui cor-respond à celle d’un ancien prieurébénédictin, est de style roman, maisrecèle de remarquables œuvres d’artd’époques postérieures. Parmi lesœuvres gothiques, citons le retablede l’Esprit saint, de Pere Serra (vers1400), et le retable de la chapelle deLa Pietat de Francesc Solives (1450),où est représenté le donateur, le mar-chand Joan Piquer.

Sant Martí de Tous. Localité del’Anoia proche d’Igualada, que domi-ne un château entouré de jardins etune église où se trouve un sarcopha-ge, avec un beau gisant, de Bernatde Tous (mort en 1355). Sur la place,on trouve une croix gothique monu-mentale.

Sant Martí Sarroca. Localité agrico-le au nord de Vilafranca. On y verraun château très bien restauré (élé-ments gothiques) et une magnifiqueéglise romane qui était celle du châ-teau, restaurée par Puig i Cadafalch.Elle possède un splendide retablegothique dédié à la Vierge, réalisé parle peintre Jaume Cabrera au débutdu XVe siècle.

Sant Pere de Riudebitlles. Petite lo-calité agricole et industrielle qui setrouve au nord de la région vinicolede l’Alt Penedès. Le Palau delMarqués de Llo est une splendidedemeure gothique du XlVe siècle. Safaçade, régulière, comprend un por-tail à voussures et deux rangées de

fenêtres à meneaux. L’église présen-te un beau portail roman.

Santpedor. Localité traditionnelle-ment agricole et textile. La vieille villeconserve des portes d’anciennes mu-railles et une place à portiques. L’é-glise Sant Pere est un monument destyle gothique tardif avec un portail ro-man et des rajouts plus récents ; on ytrouve une singulière statue en albâtrereprésentant saint Michel (XIVe s.).

Sitges. Jolie station balnéaire duGarraf qui, notamment depuis lacréation de l’école de peinture « lumi-niste » de Sitges – après que San-tiago Rusiñol s’y soit installé, en1891 –, se caractérise par une vieculturelle intense. Rusiñol s’y fitconstruire une demeure sur l’empla-cement d’anciennes maisons de pê-cheurs en y incorporant des élémentsdu château de Sitges démoli. Il y ins-talla sa collection de fer forgé, d’où lenom de Cau Ferrat, et l’on y trouveégalement quelques sculptures etpeintures gothiques, des céramiqueset un mobilier intéressants et des ta-

bleaux de peinture catalane moder-ne. Non loin de là se trouvent lesdeux bâtiments du musée Maricel,sur l’emplacement de l’ancien hôpitalde Sant Joan (XIVe s.), qui intègre deséléments architecturaux de prove-nances diverses, comme l’escalier duchâteau de Solivella. Ce musée abri-te la collection Pérez Rosales, quicomprend, entre autres, une Viergeen albâtre provenant de Sant Miqueldel Fai (XlVe s.), des tableaux deRamon Destorrents, Pere Serra,Jaume Cabrera et de la peinture go-thique aragonaise.

Solsona. Ville déjà importante auMoyen Âge, siège d’évêché depuis1593. La cathédrale prit la place del’église de l’ancien monastère cano-nial, construction essentiellement go-thique superposée à une église roma-ne antérieure (dont il reste l’abside etle clocher) et avec des éléments pos-térieurs. Construite du XIVe au XVIIe

siècle, avec une seule nef et une absi-de polygonale, elle est sombre, ce quiest caractéristique du gothique méri-dional. Dans le palais épiscopal atte-nant, néoclassique avec des élémentsgothiques du couvent, est installé lemusée diocésain qui contient un richefonds médiéval. La vieille ville conser-ve une partie des anciennes muraillesdu XIVe siècle, avec de belles portes,quelques fontaines du XVe siècle, deremarquables bâtiments de l’époquegothique, notamment l’Hospital d’enLlobera (XVe s.) et la Casa Aguilaravec sa vaste galerie. Au-dessus dela ville, mais appartenant à Olius,s’élève le Castellvell de Solsona, avecsa chapelle et quelques salles go-thiques.

Súria. Localité du Bages, dans lavallée du Cardener, très transforméeactuellement par l’exploitation demines de potasse découvertes en1912. Le tracé urbain de la vieille vil-le conserve son aspect médiéval.Les maisons sont construites autourde l’ancienne église et du châteaudont il reste une salle avec des ar-cades gothiques.

Terrassa. Siège du très ancien évê-ché d’Egara (milieu du Ve s.), restauréen 2003. La ville conserve un en-semble de trois églises wisigothico-romanes d’un intérêt exceptionnel :certains éléments datent des VIe etVIIe siècles, l’essentiel datant du XIIe

siècle. Dans l’église Santa Maria setrouvent deux chefs-d’œuvre de lapeinture gothique catalane, réaliséspour l’église Sant Pere : le retable desaint Pierre, de Lluís Borrassà (1411),et le retable de saint Abdon et saintSennen, de Jaume Huguet (1460) ;on y trouve aussi le retable de saintMichel, de Jaume Cirera et Guillem

Talarn (milieu du XVe s.) et des frag-ments de peintures murales dansl’abside (vers 1300). Près de cet en-semble d’églises se trouvent un châ-teau et la chartreuse de Vallparadís.Cette dernière abrite actuellementune section du musée de Terrassa ;c’est une belle bâtisse de l’époquegothique comprenant des élémentsantérieurs et où s’installèrent leschartreux en 1344. C’est de cetteépoque que datent le cloître, l’égliseet la salle capitulaire, restaurés ré-cemment.

Viladecans. Ancienne localité agri-cole, aujourd’hui industrialisée. Dansle vieux quartier se trouve la Torre delBaró ; cette grande maison seigneu-riale fortifiée, de style gothique (XIVe

et XVe s.), a été restaurée. À l’exté-rieur se trouve la Torre-roja, petit châ-teau qui possède une cour centraleentourée d’une galerie et une belletour carrée de quatre étages, avecdes vitraux gothiques, égalementrestaurée.

Vilafranca del Penedès. Ville impor-tante depuis le Moyen Âge, chef-lieude l’Alt Penedès, riche région vinico-le. La basilique Santa Maria est uneconstruction gothique d’une seulenef, avec une abside polygonale etdes chapelles entre les contreforts,commencée en 1285 et consacréeen 1484 ; des éléments modernes destyle néogothique ont été ajoutés,comme les finitions de la façade.Devant, se trouve le palais royal oùest mort le roi Pierre II le Grand, l’an-née du début des travaux de SantaMaria. Le palais est une constructionsobre, typique de la première périodedu gothique catalan. Il abrite le mu-sée de Vilafranca, le musée du vin etune collection d’objets d’art quicomprend quelques pièces gothi-ques. L’ancien couvent de Sant Fran-cesc abrite la section lapidaire dumusée, avec notamment les sé-pulcres de Bertran de Castellet,d’Hug de Cervelló et d’autres nobles.Le couvent, datant du XIVe siècle, futle siège de réunions du Parlement,les Corts Generals de Catalunya(1359, 1367) ; il conserve un retabledédié à la Vierge et à saint Georges,réalisé par Lluís Borrassà (vers 1400).L’église Sant Joan est une construc-tion du XIVe siècle, très sobre, ty-pique de l’architecture de l’ordrehospitalier qui l’a fait construire.

Vilanova i la Geltrú. Localité côtiè-re, chef-lieu du Garraf, formée desdeux anciens villages qui lui don-nent son nom. L’ancien château deLa Geltrú, restauré au début du XXe

siècle, est une solide constructiongothique avec une grande cour cen-trale.

Sant Martí de Tous Sitges : Cau Ferrat

Sant Cugat del Vallès : le monastère

Terrassa : Santa Maria, détail du retable de Jaume Huguet

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Aloi de Montbray, dit « maître Aloi »(XIVe s.). Sculpteur français (originairede Montbray, dans la Manche). Il abeaucoup travaillé en Catalogne et àValence (ouvrages attestés entre 1336et 1382). Il réalisa des commandesroyales, telles que l’ouvrage des tom-beaux de Poblet (avec Jaume Cascalls)et une série de portraits des membresde la Maison de Barcelone pour lePalau Reial Major (perdus). Pour se rap-procher des carrières d’albâtre de Beu-da, il s’installa à Gérone où il laissa lemeilleur de son œuvre. À Barcelone,ses ateliers se trouvaient à la Font delsArcs et dans un lieu appelé « Alipades ».

Bargués, Arnau (? - Barcelone, 1413).Architecte, l’un des meilleurs représen-tants du gothique catalan. Il participa àla réunion de Gérone au cours de la-quelle fut analysée l’opportunité decontinuer la construction de la cathé-drale avec une seule nef. Il fut le maîtred’œuvre de la cathédrale de Barceloneet dirigea la construction du Palau delRei Martí, à Poblet, du palais des Ca-brera, à Blanes, et de la façade de l’hô-tel de ville à Barcelone.

Bartomeu, maître (XIIIe s.). Sculpteur,on considère généralement qu’il a in-troduit le style gothique dans la sculp-ture catalane. Il travailla à Gérone, saville natale, et à Tarragone où il réalisales sculptures de la façade de la ca-thédrale, en particulier la magnifiqueVierge du meneau (1277), d’influencefrançaise. Il est aussi l’auteur du des-sin original du monument funéraire dePierre II le Grand à Santes Creus(1291-1295).

Bassa, Ferrer (XIVe s.). Peintre et mi-niaturiste actif à Barcelone, où son ate-lier était installé Carrer de la Cucurulla.Il travailla au service de Pierre III leCérémonieux et décora ainsi les cha-pelles des palais royaux de Barcelone,Saragosse, Lleida, Majorque et Per-pignan. Les peintures de la cellule deSant Miquel (1343-1346), dans le mo-nastère de Pedralbes, constituent sonœuvre la plus remarquable ; elles té-moignent d’une connaissance directede la peinture italienne et synthétisentle style des grands maîtres de Sienneet de Florence. Il fut à l’origine de l’ex-plosion de l’italianisme dans la peinturegothique catalane. Il collabora avecson fils, Arnau Bassa (mort en 1349,sans doute à cause de la peste noire),dont les œuvres maintiennent l’italia-nisme prononcé de celles de son père.On peut les contempler à Manresa etdans les musées de Barcelone et deVic, ainsi qu’à Cambridge, Baltimore etNew York, aux États-Unis.

Bermejo, Bartolomé (? - apr. 1498).Peintre de Cordoue. Il séjourna àValence et en Aragon, et sans douteaux Pays-Bas, car sa peinture est trèsdirectement influencée par l’art fla-mand. En 1486, il vint à Barcelone oùil réalisa la dernière étape de sa carriè-re. Il y peint La Pietat Desplà (1490),considérée comme son chef-d’œuvre,et dessina des vitraux pour la cathé-drale.

Bernés, Pere (seconde moitié du XIVe

s.). Orfèvre valencien qui travailla auservice de Pierre III le Cérémonieux etlaissa des œuvres dans les principalesvilles du royaume de ce dernier (Bar-celone, Valence, Majorque, Perpignan,etc.), en particulier les matrices dessceaux royaux et l’épée du sacre. Sesplus belles pièces connues sont unepartie du retable majeur de la cathé-drale de Gérone (1370-1380) et lescroix du trésor de cette même cathé-drale, qui lui sont attribuées.

Borrassà, Lluís (? - Barcelone, 1425/1426). Peintre issu d’une vieille familled’artistes de Gérone. Installé à Barce-lone à partir de 1383, il exécuta denombreuses commandes provenantde toute la Catalogne, dont celles desrois. Il participa aussi à la préparationdes cérémonies du sacre, célébrées à

Saragosse. Dans son atelier, très actif,travaillaient de nombreux élèves et col-laborateurs, dont les esclaves Luc(Tartare) et Georges (Africain). Il intro-duisit le style gothique internationaldans la peinture catalane.

Cascalls, Jaume (XIVe s.). Sculpteuret maître d’œuvre de Berga. Sa pre-mière œuvre connue est le retable deCornellà de Conflent (1345) en Cata-logne Nord (P.-O.). Gendre du peintreFerrer Bassa et associé au maître Aloi,il entreprit avec ce dernier, sur ordrede Pierre III le Cérémonieux (1349),l’ouvrage des tombeaux royaux dePoblet, dont il réalisa la majeure par-tie. Il alterna cette tâche avec la direc-tion des travaux du cloître et du clo-cher de la Seu Vella à Lleida (à partirde 1360), ville où il laissa une forteempreinte. On considère qu’il s’agitde la principale personnalité de l’écolecatalane de sculpture gothique, qui seconstitua à partir du milieu du XIVe

siècle.

Dalmau, Lluís (? - apr. 1460). Peintrevalencien qui réalisa la dernière étapede sa carrière en Catalogne. Au serviced’Alphonse IV le Magnanime, il se ren-dit en Flandre sur ordre de ce dernier,sans doute en mission diplomatique.Son œuvre maîtresse, le retable desconseillers (signée et datée en 1445),témoigne d’une connaissance directede l’œuvre de Van Eyck qui en fait l’undes principaux représentants du cou-rant flamand dans le gothique catalan.

Déu, Jordi de (XIVe-XVe s.). Sculpteurd’origine grecque, connu aussi sous lenom de Jordi Joan. Esclave et élève deJaume Cascalls dont il fut le collabora-teur et le continuateur. Actif entre 1361et 1418, il travailla à Lleida, Poblet,Tarragone (où il avait une maisonCarrer de la Boqueria), Cervera et, à lafin de sa vie, à Barcelone, où il collabo-ra avec ses fils Antoni et, surtout, PereJoan, qui fut un excellent sculpteur.

Ferrer, Jaume (XVe s.). Nom de deuxpeintres, probablement père et fils,Jaume Ferrer Ier et Jaume Ferrer II. Ilstravaillèrent surtout dans la région deLleida, où ils implantèrent le style go-thique international. Le premier fut leplus grand peintre de Lleida au coursdu premier tiers du XVe siècle ; lesœuvres du second, attestés entre1430 et 1461, combinent naturalismeet fantaisie, conformément au goût del’époque.

Fonoll, Reinard (XIVe s.). Maître d’œu-vre et sculpteur anglais actif en Cata-logne de 1332 à 1373. Son interventiondans les travaux du cloître de SantesCreus et ses réalisations à Montblancet à Tarragone sont attestées, contrai-rement aux autres ouvrages sculptu-raux qui lui sont attribués.

Huguet, Jaume (Valls, vers 1415 -Barcelone, 1492). Peintre, son œuvrereprésente le point culminant de l’évo-lution de la peinture gothique catala-ne. Il adapta les apports de l’art fla-mand et du Quattrocento italien auxgoûts de la société catalane de l’é-poque (qui aimait les dorés rutilants etla profusion ornementale). En 1448,on trouve sa trace à Barcelone, où ilcommença à se faire connaître aprèsla mort de Bernat Martorell, dont sononcle et tuteur, Pere Huguet, était levoisin. Il développa alors une activitéde plus en plus intense et influença denombreux autres artistes.

Joan, Pere (vers 1395 - apr. 1468).Sans doute le plus grand sculpteurcatalan du XVe siècle. Fils de Jordi deDéu, il travailla à Barcelone, au Palaude la Generalitat, où il montra unegrande maturité. Il réalisa le retablemajeur de la cathédrale de Tarragonesur commande de l’évêque Dalmaude Mur. Lorsque ce dernier fut nomméà Saragosse, il lui demanda de faireaussi celui de la cathédrale de cetteville. À partir de 1450, il travailla au

service de la cour napolitaine d’Al-phonse IV le Magnanime et collaboraavec le Majorquin Guillem Sagrerapour les ouvrages du Castelnuovo.Ses plus belles œuvres, en particulierles reliefs, révèlent une sensibilitéproche de celle des sculpteurs duQuattrocento italien.

Martorell, Bernat (Sant Celoni, ? -Barcelone, 1452). Peintre, fils de bou-cher. Il fut longtemps connu sous lenom de « maître de Sant Jordi », àcause de l’exceptionnel panneau quise trouve actuellement à l’Art Instituteof Chicago. Il s’établit à Barcelone, oùson atelier (situé dans le quartier desfrères mineurs) devint le plus impor-tant de la ville à la mort de LluísBorrassà. Sa clientèle était constituéepar des corporations, des confréries,des autorités civiles et ecclésiastiquesde toute la Catalogne. Il fut un excel-lent dessinateur et il réalisa aussi desminiatures.

Moragues, Pere (XIVe s.). Sculpteur etorfèvre, actif en Catalogne et enAragon. Il travailla d’abord commeimagier puis réalisa des sculptures enpierre, dont le sépulcre de l’arche-vêque de Saragosse, Lope Fernán-dez de Luna (1379), est le meilleurexemple. Il est établi qu’à la fin de savie, il se consacra à l’orfèvrerie, réali-sant le reliquaire de Daroca (1384) – qui est l’une des meilleures manifes-tations de l’orfèvrerie médiévale – surcommande de Pierre III le Cérémo-nieux, au service duquel il travaillait. Ilfut maître d’œuvre de la cathédrale deTortosa (1382)

Mur, Ramon de (? - vers 1435).Peintre dont l’activité est attestéeentre 1412 et 1435. Il fut longtempsconnu comme « le maître de Guime-rà », en raison du retable de cette lo-calité (MEV) qui est son chef-d’œuvre.Dans ses ateliers de Tàrrega et deMontblanc, il réalisa des œuvres sur-tout destinées aux cantons de la ré-gion (Conca de Barberà, Urgell, Se-garra). Son style s’inscrit dans lecourant gothique international.

Oller, Pere (XIVe-XVe s.). Sculpteurformé avec Pere Sanglada sur l’ouvra-ge du chœur de la cathédrale deBarcelone. Il travailla à Poblet, où ilréalisa le tombeau de Ferdinand d’An-tequera (dont quelques fragmentsdispersés ont été conservés), et dansla région de Gérone dont il était pro-bablement originaire. Son œuvre maî-tresse est le retable majeur de la ca-thédrale de Vic (1420-1426), où l’onpeut voir de singuliers personnagestrapus. Son art s’attache plus au dé-tail et à l’ornementation qu’à l’expres-sivité.

Sanglada, Pere (XIVe-XVe s.). Sculp-teur actif vers 1400. Il vivait à Barce-lone, dans le quartier de Sant Just.Son œuvre majeure est la taille desstalles du chœur de la cathédrale deBarcelone (à partir de 1394), pour la-quelle il déploya une imagination con-sidérable – en particulier pour les mi-séricordes – et fut assisté par denombreux artistes. Il travailla souventavec l’architecte Arnau Bargués, parexemple pour l’hôtel de ville. Il se ren-dit en Flandre et contribua à introduirele gothique international dans lasculpture catalane. Son style est raffi-né et élégant.

Serra, Pere (seconde moitié du XIVe s.) Peintre. Frère de Francesc etde Jaume Serra, on considère qu’il estle plus remarquable des trois et sonactivité fut certainement considérable.Il a laissé de nombreuses œuvres enCatalogne, mais aussi en Aragon (àSaragosse), dans le Pays valencien (àSegorbe) et en Sicile (à Syracuse). Sespeintures, peuplées de personnagesgracieux et menus, suivent un styleitalianisant. Il fut le maître de LluísBorrassà.

Notice biographique des principaux maîtres de l’art gothique

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Patrimoine de l’Humanité

Monument gothique

Aéroport

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L’itinéraire proposéici parcourt neuf cont-rées tarragonaises, dansun décor de mer et demontagne où la présen-ce de l’art gothique s’ac-compagne de paysageset de monuments d’unegrande variété qui enfont une promenadeparticulièrement agréa-ble. À partir de Tarra-gone, dont la cathédra-le est d’un gothique trèsreprésentatif, on longela côte en directionnord-est vers les intéres-sants châteaux de Ta-marit et d’Altafulla, oùl’architecture ogivale estsouvent assortie des

tours de défense caractéristiques de l’époque. À l’intérieur des terres, en empruntant la route qui passe par Salomó et Montferri,

la visite du monastère de Santes Creus, monument gothique capital, s’impose. Si l’ondispose du temps nécessaire, il est néanmoins conseillé de faire un détour et de passerpar Valls, où la Mare de Déu de la Candela est d’un gothique remarquable et où les« castellers » composent des tours humaines, manifestation folklorique particulière-ment attrayante. On peut aussi y déguster les fameux « calçots », savoureux plat à based’oignons tendres.

Entourée par les peupleraies de la rive du Gaià, Santes Creus est un ensemble go-thique d’une importance exceptionnelle et qui exige une visite attentive. Par El Pla deSanta Maria et le col de Cabra, l’itinéraire pénètre ensuite sur les terres de la Concade Barberà pour en rejoindre le chef-lieu, Montblanc, dont le vieux quartier médié-val, évocateur et bien conservé, dispose de beaux exemples du style gothique et est en-touré de murailles impressionnantes.

Cinq kilomètres seulement séparent Montblanc de L’Espluga de Francolí qui estaussi un bourg important. Sur sa place, on peut admirer le gothique de l’église SantMiquel et celui de l’ancien hôpital, et il est recommandé de goûter les fameux « car-quinyolis » et les « rifaclis », biscuits typiques de cette petite ville. L’Espluga est, enoutre, à l’entrée du grand ensemble monumental que constitue le monastère cisterciende Poblet, l’un des plus remarquables de tout l’Occident médiéval, où le gothique,d’une grande majesté, irradie une sérénité et un calme reposants.

Un peu plus loin sur notre itinéraire, le paysage se transforme pour devenir monta-gneux et la route, sinueuse sur une bonne distance, grimpe jusqu’à une altitude demille mètres pour atteindre la pittoresque « Vila Vermella » (ville rouge), Prades,

dont les portails de la muraille médiévale s’ouvrent sur la place en arcades dominéepar son église romano-gothique et sa fameuse fontaine. Notre itinéraire se poursuitpar le col de L’Albarca et par Cornudella, pour nous permettre d’admirer, à l’abri del’imposant massif rocheux de la chaîne du Montsant, l’empreinte gothique contenuedans les ruines historiques particulièrement évocatrices d’ Escaladei, la chartreuse quifut à l’origine de la colonisation de la région du Priorat.

De virages en virages, par des terres ardoisières plantées de vigne et de pinèdes, lavallée du Montsant nous mène à un coude où se trouve Cabassers, avec son exception-nel retable du XVe siècle. L’itinéraire franchit le fleuve après le pont médiéval, puis,peu après, grimpe dans un décor sévère de grands pans de roches horizontaux peuplésde vastes grottes, auquel le village de La Palma d’Ebre donne une touche accueillante.

Enfin, nous débouchons sur la vallée de l’Èbre dont le méandre prononcé est sur-veillé par les ruines du château de Flix, bourg dominé par l’église Santa Maria. AprèsFlix, l’itinéraire accompagne vers l’aval le cours tranquille du grand fleuve péninsu-laire – un peu plus agité lors de la traversée du Pas de l’Ase – jusqu’à la ville de Mórala Nova, d’où il serait dommage de ne pas aller visiter Tivissa, à 10 km. Dans ce vil-lage, l’intérêt de l’église gothique, masquée à la suite d’un agrandissement de styleRenaissance, s’accompagne du plaisir de monter à La Baranova pour contempler laverte plaine cultivée de la Ribera d’Ebre.

L’imposante carcasse du château des templiers de Miravet, dominant le village et lefleuve, constitue une étape gothique incontournable sur la route de Móra d’Ebre àGandesa par Benissanet et El Pinell de Brai. Ensuite, un paysage farouche nous ac-compagne jusqu’au canton de Terra Alta et à la plaine accueillante que domine sonchef-lieu, Gandesa, dont certaines demeures, parmi d’autres monuments intéressants,présentent des éléments gothiques. Puis la route monte par Bot vers Horta de SantJoan, où l’église paroissiale et, à l’extérieur du bourg, le couvent de Sant Salvador,s’insèrent, respectivement, dans un cadre urbain et dans un décor rappelantMontserrat et ne manquant pas de charme.

Notre route, suivant à nouveau l’Èbre vers l’aval, nous conduit à la ville de Tortosa,dont la cathédrale, extraordinaire joyau gothique, est un des principaux exemplaires dece style. N’oublions pas, parmi d’autres édifices remarquables, les tours de défense de larégion d’Amposta, comme celle de La Càrrova, et, à Ulldecona, plus au sud etpresque à la limite du territoire de Castelló, différents monuments d’un grand intérêt,comme l’église paroissiale gothique, qui justifient amplement une visite.

De retour vers Tarragone, en longeant la Costa Daurada, on peut faire une brèvehalte à L’Hospitalet de l’Infant pour se remémorer l’hôpital qui y fut bâti au XlVe

siècle, et s’échapper vers Montbrió del Camp et Riudecanyes pour monter vers le mo-nastère d’ Escornalbou qui présente un gothique modeste mais se dresse sur une collined’où l’on jouit d’une vue panoramique. Ensuite, la route traverse les vergers du BaixCamp vers Reus, ville dynamique dominée par le haut clocher de l’église gothique SantPere. À partir de Reus, on peut aussi faire une escapade vers le bourg voisin de La Selvadel Camp, qui abrite d’intéressants témoignages des styles gothique et Renaissance, àproximité du fameux sanctuaire historique de la Mare de Déu de Paretdelgada situédans une plaine plantée de noisetiers et autres arbres fruitiers. De retour à Reus, nousnous dirigeons vers Tarragone, point de départ et d’arrivée de cet intéressant itinéraire.

PrincipauxmonumentsAltafulla. Petite ville de la côte, bâtieautour de l’ancien château seigneurialqui, très bien conservé, se dresse aucentre du vieux quartier et offre unebelle perspective avec ses meurtriè-res, ses tours et ses murs crénelés ;construit à l’époque gothique, il futensuite restauré et refait dans desstyles différents.

Amposta. Commune située près del’embouchure de l’Èbre, importantcentre des hospitaliers au Moyen Âge.Sur le vaste territoire de cette munici-palité, qui comprend une partie dudelta de l’Èbre, s’élève, sur la rivedroite du fleuve, la Torre de la Carrova,tour médiévale défensive caractéris-tique (XIVe s.) aux baies et aux voûtesgothiques. De l’autre côté du fleuve,sur le territoire de la commune deTortosa, se dresse la Torre de Camp-redó, datant de la même époque. Lesdeux tours jumelles défendaient l’en-trée de l’ancien estuaire de l’Èbre.

Cabassers. Commune agricole de lavallée de la rivière du Montsant,qu’enjambe l’intéressant Pont Vell(XIVe s.), à trois arches et au profilpointu typiquement gothique. Dansl’église paroissiale est conservée unebonne partie du retable de la Vierge,datant de la première moitié du XVe

siècle et attribué à un peintre prochede Lluís Borrassà, dit le « maître deCabassers ».

Escaladei. Ancienne chartreuse, lapremière qui ait été fondée en Cata-logne et en Espagne (1167), dont lesruines se dressent dans les beaux en-virons de la commune de La Morerade Montsant, dans le Priorat. Parmiles éléments conservés, les plus inté-ressants font partie de l’église romane(XIIe et XIIIe s.), d’autres sont de stylenéoclassique, mais les ruines desdeux cloîtres sont gothiques (XIVe etXVe s.).

Escornalbou. Ancien monastère ca-nonial (puis couvent franciscain après1580) situé sur le territoire de la com-mune de Riudecanyes, près de Reus,et restauré à partir de 1910. La plupartdes bâtiments sont de style roman,mais certaines parties, datant des XIIIe

et XIVe siècles, présentent des élé-ments d’inspiration gothique. Des ar-tistes tels que les sculpteurs maîtreAloi et Pere Oller y ont travaillé.

L’Espluga de Francolí. Bourg agricoleconnu pour ses eaux et parce qu’il estproche de Poblet. Parmi d’autres ves-tiges du Moyen Âge, nous relèverons

De Tarragone aux terres de l’Èbre par les vallées du Gaià,

du Francolí et du Montsant

Le Missel de Sant Cugat (1400)

Tarragone : le cloître et le chevet de la cathédrale

Escornalbou

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l’église Sant Miquel (1294-1365), d’uneseule nef, avec voûte sur croisées etchevet polygonal entouré de chapelleset, juste en face, l’ancien hôpital dubourg, ouvrage du XIVe siècle dotéd’une belle cour en arcs de pierre.

Flix. Commune située sur un fortméandre de l’Èbre, dont le châteauavait pour fonction, au Moyen Âge, desurveiller le trafic fluvial. C’est aujour-d’hui un centre industriel électrochi-mique. Le château, endommagé parles destructions et reconstructionssuccessives, conserve quelques élé-ments médiévaux. L’église paroissialeest un bon exemple de la persistancedes formes architecturales gothiquesau XVIe siècle (une partie de l’église duXIIIe siècle est conservée).

Gandesa. Chef-lieu du canton deTerra Alta et centre de production devins. L’église a un fameux portail ro-man de l’école de Lleida. On peut yadmirer un grand nombre de bellesbâtisses présentant des éléments go-thiques, bien qu’elles aient été modi-fiées par la suite, telles La Presó (an-cienne maison des hospitaliers),l’hôtel de ville, etc.

Horta de Sant Joan. Localité qui,pendant le Moyen Âge, fut une pos-session des ordres militaires qu’é-taient les templiers et les hospitaliers.Sa renommée actuelle lui vient de sarelation avec Picasso qui y composades toiles du début du cubisme. Il yreste des quartiers pleins de person-nalité et une belle mairie Renaissance.L’église, bâtie entre le XIVe et le XVIe

siècle dans le style gothique, présenteun beau chevet à remplage. Dans lesenvirons, situé dans un beau paysage,se trouve l’ancien couvent franciscainde la Mare de Déu dels Àngels, égale-ment appelé de Sant Salvador d’Hor-ta, dont l’église a un portail et un par-vis – où l’on peut voir des urnesfunéraires – de style gothique (XIVe s.).

L’Hospitalet de l’Infant. Localité pro-che de la côte sud du Baix Camp, bâ-tie aux alentours de l’ancien hospicedu col de Balaguer, destiné aux voya-geurs et fondé pendant la premièremoitié du XIVe siècle par la reineBlanche d’Anjou et par son fils, l’infantPierre. L’édifice, en très mauvais état,répond à la typologie des grands hô-pitaux catalans de style gothique : dessalles avec des arcs diaphragme etune couverture en bois, distribuéesautour d’une cour et avec une chapel-le intégrée à l’ensemble. Il disposait,en outre, de tours de défense dontl’une reste debout.

Miravet. Village situé au bord del’Èbre, sous la masse de l’imposantchâteau de Miravet, qui domine stra-

tégiquement la traversée du fleuveavant son étranglement dit « Pertuisde Barrufemes ». Forteresse déjà im-portante à l’époque des Arabes, il de-vint, après la reconquête, le centred’une puissante commanderie del’ordre des templiers – leur dernier re-fuge en Catalogne – avant d’être cédéaux hospitaliers. C’est l’un desmeilleurs exemples de l’architecturemilitaire du Moyen Âge. La plupart desbâtiments datent du XIIIe siècle,époque de transition entre le roman etle gothique. Outre les murailles et lespuissantes tours qui semblent impre-nables, nous mentionnerons l’égliseet les salles superposées, la courd’armes et la grande salle dite « salledes écuries ». On y jouit d’un beau pa-norama. Le gouvernement autonomede Catalogne y a engagé une grandecampagne de réhabilitation.

Montblanc. Bourg important pendantle Moyen Âge, situé au centre de laConca de Barberà, canton dont il estle chef-lieu. La muraille qui entoure lavieille ville fut construite pendant laseconde moitié du XIVe siècle surordre de Pierre III le Cérémonieux.C’est l’une des murailles les mieuxconservées de Catalogne. La distribu-tion de la ville correspond substantiel-lement à la conception médiévale. Decet ensemble, nous relèverons en par-ticulier certaines maisons nobles(comme celle qui abrite le musée-ar-chives de Montblanc). Parmi les édi-fices religieux, le plus admirable estl’église Santa Maria, d’une seule nefdotée de chapelles entre les contre-forts et d’une façade déjà baroque. Lemaître anglais Reinard Fonoll participaà sa construction. On peut y voir uneVierge gothique dite « la Mare de Déudel Cor » et un retable en pierre (XIVe

s.). L’église Sant Miquel, plus ancien-ne, est d’une structure plus simple ;elle possède une couverture en boissupportée par des arcs diaphragme.L’église de l’ancien hôpital Sant Mar-çal a une structure identique. À l’exté-rieur des murailles, près de l’ancienneroute de Lleida, se trouve l’hôpital deSanta Magdalena, qui fut le plus im-portant de la ville. Le cloître, datant dela fin du XVe siècle, en est l’élément leplus caractéristique. La route deLleida traverse le Francolí par un vieuxpont gothique. Le couvent de LaMercè, ou du Miracle, avec son églisedu XIVe siècle, est situé un peu plusloin. De l’autre côté de la ville, on dé-couvre le couvent de Sant Francesc,dont l’église, bâtie vers 1300, a étérestaurée. En dehors des remparts, onpeut aussi contempler le sanctuairede La Serra, dans lequel sont conser-vés divers éléments gothiques. Lastatue de la Vierge dite « la Mare deDéu de la Serra », patronne de la ville,date du XIVe siècle.

Poblet. Le monastère de Poblet, situédans un bel endroit boisé de la Concade Barberà, entre Vimbodí (commune àlaquelle il appartient) et L’Espluga deFrancolí, est l’un des plus grands en-sembles monastiques de l’Occidentmédiéval. Il appartient à l’ordre deCîteaux, qui s’établit en ce lieu vers1150, grâce à un legs du comte RamonBerenguer IV, qui, avec la présence desmoines, souhaitait repeupler des terresqu’il venait de reconquérir. L’église et leréfectoire correspondent au style pro-pre aux cisterciens (XIIe s.). Le cloître etses dépendances, ainsi que la salle ca-pitulaire et l’actuelle bibliothèque, sontdu XIIIe siècle. Il en est de même pour ledortoir des moines, où fut appliquéavec un grand art le système des cou-vertures en bois supportées par desarcs diaphragme que le gothique cata-lan a fait sien. Au XIVe siècle, la protec-tion accordée par les rois au monastè-re s’intensifie ; c’est ainsi que futconstruite la muraille, avec sa magni-fique porte royale flanquée de deuxgrandes tours polygonales, ainsi que lePalau del Rei Martí (déjà achevé vers1400) et la tour lanterne, remarquable-

ment restaurée. Au milieu du XVe

siècle, Alphonse IV le Magnanime fitconstruire la chapelle de Sant Jordi.Cependant, ce sont les tombesroyales, situées à l’intérieur de l’église,qui témoignent le mieux des relationsexistant entre la Maison de Barceloneet le monastère. Pierre III le Céré-monieux fut à l’origine de la construc-tion des tombeaux, dont la réalisations’étendit sur de longues années. Lessculptures sont l’œuvre des principauxartistes catalans de l’époque, tels quemaître Aloi, Jaume Cascalls, Jordi deDéu, Pere Oller, etc. Elles ont récem-ment été refaites par Frederic Marès.Les rois catalans enterrés à Poblet sontAlphonse ler le Chaste (1154-1196),Jacques Ier le Conquérant (1208-1276),Pierre III le Cérémonieux (1319-1387),Jean Ier l’Amoureux de la gentillesse(1350-1396), Martin Ier l’Humain (1356-1410), Ferdinand Ier d’Antequera (1380-1416), Alphonse IV le Magnanime(1396-1458) et Jean II (1398-1479). Leretable central de Damià Forment estRenaissance et le portail de l’église estbaroque. La vie monastique y a été res-taurée en 1940, et le monastère a étéinscrit sur la liste du patrimoine mon-dial par l’Unesco en 1991.

Prades. Bourg qui fut le centre d’unvaste comté du Moyen Âge lié à lacouronne catalano-aragonaise. Il con-serve un ensemble architectural inté-ressant, construit avec une pierre rou-ge triasique qui a donné son surnom àla ville : « Vila Vermella » (ville rouge). Ilen reste des pans de muraille, deuxportes à voussoirs (XIVe s.), une belleplace à arcades et l’église, de styletransitoire entre le roman et le go-

thique avec des éléments plus tardifs(les parties les plus anciennes appar-tenant à la nef). Présence d’une croixmonumentale du XIIIe s.

Reus. L’une des villes les plus vi-vantes et les plus dynamiques de laCatalunya Nova, surtout à partir duXVIIIe siècle. Le seul témoignagequ’elle conserve du Moyen Âge (XIIIe

s) est le Castell del Cambrer (châteaudu camérier) dont il reste quelqueschambres aux arcs lancéolés. Leprieuré de Sant Pere est un édificeambitieux qui, bien que datant du XVIe

siècle, respecte la tradition gothiqueavec sa nef unique et des chapellesentre les contreforts ; il fut construit, àpartir de 1512, par le maître lyonnaisBenet Otger.

Santes Creus. Ancien grand monastè-re cistercien situé au nord du Camp deTarragona, sur la commune d’Aigua-múrcia, dans une vallée encaisséeproche du Gaià. Avec son cloître au-tour duquel sont distribuées les dépen-dances et son église placée à gauche,sa structure reprend fidèlement le mo-dèle cistercien. Son architecture évoluede ce style cistercien – roman tardif detransition – jusqu’au gothique le plusachevé. L’église, l’une des parties lesplus anciennes (1174-1225), présenteune voûte sur croisées, une grande fe-nêtre gothique en façade et une rosacesur le chevet, dont une partie des vi-traux date du Moyen Âge. Dans lesanctuaire, on peut voir, entourésd’élégantes constructions gothiques,les tombeaux de Pierre II le Grand(1240-1285) et de Jacques II (1267-1327) ; le premier est fait dans un grand

Poblet : l’intérieur de l’église Santes Creus : le Palau Reial

Montblanc : Santa Magdalena

Montblanc : les murailles

Poblet : le cloître

Santes Creus : l’un des chapiteaux du cloître

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bloc de porphyre romain sculpté parmaître Bartomeu (1291-1295), tandisque les gisants de Jacques II et de sonépouse Blanche d’Anjou sont desœuvres de Francesc de Montflorit (vers1315). Le cloître, où se trouvent destombeaux de familles nobles, fut enmajeure partie construit au XIVe siècle ;les entrelacs de type flamboyant et lafantastique décoration sculpturale desimpostes et des chapiteaux, qui sonten partie l’œuvre du maître anglaisReinard Fonoll, présentent un grandl’intérêt. Particulièrement intéressantsaussi, la salle capitulaire, avec ses sé-pultures abbatiales, le dortoir desmoines de l’étage supérieur, avec sesarcs diaphragme, et le palais royal,près du cloître situé à l’arrière et bâti àpartir de 1276 par Pierre II. Sur la Plaçade Sant Bernat Calbó (abbé sousJacques Ier), on trouve le palais abbatial(1640), qui conserve un beau petitcloître intérieur.

La Selva del Camp. Bourg du Campde Tarragona, important au MoyenÂge, qui conserve un intéressant en-semble de bâtiments Renaissance. Ladistribution de la vieille ville corres-pond aux conceptions médiévales etune bonne partie des murailles du XIVe

siècle reste sur pied. Au nord, on peutvoir les ruines du château ; la petiteéglise Sant Pau et la chapelle deSanta Llúcia i Sant Jaume sont de sty-le gothique.

Tamarit. Vieux château et demeure setrouvant sur une hauteur surplombantla côte de l’actuel territoire communalde Tarragone. Les fortifications (mu-railles et tours de défense) furent éle-vées à partir de 1363 pour faire faceau danger présenté par la piraterie.L’ensemble, qui comprend une égliseromane et des bâtiments plus récents,fut restauré en 1916 par le collection-neur d’art américain C. Deering, sousla direction du peintre Ramon Casas.Dans les alentours, on peut voird’autres tours de défense des XIVe,XVe et XVIe siècles, comme celles d’EnSegur, du Mas d’en Sorder, du MasCosidor, du Mas de la Creu, ou de laTorre de la Móra, merveilleusement si-tuée sur la pointe du même nom.

Tarragone. Ville importante dèsl’époque romaine – elle était alors lacapitale de l’Hispanie citérieure – quiconserve d’intéressants vestiges decette période (amphithéâtre, théâtre,murailles, cirque, etc.). Au Moyen Âge,son vieil évêché devint l’archevêchémétropolitain de Catalogne. La cathé-drale, située au sommet de la collinesur laquelle la vieille ville fut édifiée, surl’emplacement qu’occupait le grandtemple romain dont elle conservequelques vestiges sous forme de mursou de matériaux, est un des meilleursexemples du gothique en Catalogne.Commencée en 1171, elle date doncde l’époque de transition (les travauxse poursuivirent jusqu’au XIVe siècle).Sa forme est romane, avec trois nefs ettransept, mais sa couverture est defacture gothique, en croisée d’ogivescouronnée par une belle tour lanterne.Les parties latérales de la façade prin-cipale sont de facture romane, tandisque la partie centrale, inachevée, estparfaitement gothique et présente unegrande rosace et de belles sculptures :la Vierge du meneau et les apôtres sont

l’œuvre du premier des grands sculp-teurs du gothique catalan, maîtreBartomeu (fin du XIIIe s.). Le cloître, éri-gé lors des premiers travaux et dotéd’une superbe porte d’accès à la ca-thédrale, est clairement d’inspirationromane, alors que les chapelles surlesquelles il s’ouvre sont plus tardives.L’ancienne salle capitulaire, où se trou-ve une partie du musée diocésain, et laMare de Déu del Claustre, une belleVierge polychrome, sont particulière-ment remarquables.Parmi les œuvres d’art que nouspouvons admirer à l’intérieur de la ca-thédrale, nous remarquerons en parti-culier le retable majeur (1426-1433),situé dans le sanctuaire. Cet ouvragedu grand Pere Joan témoigne de lasubtilité de l’art de ce maître, notam-ment sur la prédelle où sont évoquéesdes scènes de la vie de sainte Thècle,représentée aussi sur le parement demarbre. Sur la droite, on peut admirerla tombe de Jean d’Aragon, l’une desplus belles sculptures du XIVe siècle,probablement réalisée par un maîtreitalien. La chapelle des Sastres (tai-lleurs) forme un ensemble homogènedominé par le retable du maître Aloi,orné de peintures et de statues danssa partie supérieure. Autour du chœurse trouve le Saint-Sépulcre, groupesculpté à la fin du XVe siècle. Les lam-bris de la sacristie (XIVe s.) sont, euxaussi, très intéressants.Aux alentours de la cathédrale, uncertain nombre d’édifices méritentl’attention du visiteur ; il s’agit, entreautres, de la Cambreria (la maison ducamérier), sur le Pla de la Seu, dotéed’une belle cour, de l’ancien hôpital deSanta Tecla (XIIe au XVe s.), à Les Co-ques, et de la Casa del Degà (la mai-son du doyen), dans le Carrer de lesEscrivanies, ornée de pierres tom-bales encastrées portant des inscrip-tions antiques (dont deux en hébreux).Dans le Carrer de la Merceria, on peutvoir des arcades de style gothique, etle Carrer Major est bordé de belles de-meures. Les édifices anciens de laPlaça d’El Pallol présentent des élé-ments gothiques. Les styles roman etgothique se superposent dans l’an-cien praetorium ou château du roi mé-diéval, aménagé au XIVe siècle avec

une grande salle gothique pour servirde résidence royale (annexe du mu-sée d’histoire de Tarragone). Enfin, surla longue muraille romaine du PasseigArqueològic, nous trouvons la Torrede l’Arquebisbe (tour de l’archevêque,XIVe s.), bâtie sur des fondations ro-maines.

Tivissa. Village du massif montagneuxqui domine la vallée de l’Èbre, impor-tant au Moyen Âge, où il était entouréde murailles (il en reste un portail forti-fié). L’église dispose d’un sanctuairegothique doté d’une voûte sur croiséed’ogives (XIIIe et XIVe s.) ; elle fut agran-die en style Renaissance (belle façade)et baroque. Dans la sacristie se trouveun petit musée où sont présentées despièces d’orfèvrerie.

Tortosa. Ville située à la pointe du del-ta de l’Èbre, capitale des terres méri-dionales de la Catalogne, déjà impor-tante sous les Romains et les Arabes.Elle conserve un ensemble monumen-tal considérable, de styles gothique etRenaissance en particulier. Évêché.La cathédrale est l’un des principauxmonuments de l’architecture gothiquecatalane. Commencé en 1347, sonmaître-autel fut consacré en 1441. Dèslors, les travaux prirent un rythme pluslent. On doit le projet au maître maçonBernat d’Alguaire, mais les archives re-cèlent des parchemins évoquant d’au-tres projets, fait inhabituel qui leur don-ne une grande valeur. Il s’agit d’unédifice à trois nefs, doté d’un doubledéambulatoire et de chapelles entre lescontreforts. Le chevet est d’une factureanalogue à celle de la basilique (la Seu)de Manresa, dans laquelle les contre-forts s’ouvrent de façon à ce que lesséparations uniques entre les cha-pelles absidiales soient en entrelacs.Parmi les œuvres d’art qui la décorent,nous relèverons en premier lieu le re-table majeur, grand triptyque (ouvrageinhabituel parmi les retables gothiquescatalans) datant de 1351 et présentantdes sculptures à l’intérieur et des pein-tures de facture italianisante à l’exté-rieur. Signalons aussi le retable de laTransfiguration (seconde moitié du XVe

s.), qui provient de l’atelier de JaumeHuguet et est doté d’une riche orne-

mentation et de figures d’une grandefinesse ; les fonts baptismaux, avec lesarmoiries de l’antipape Benoît XIII, etles chaires ; la tapisserie de la Cène etle Christ de Palau en bois. Le cloître a lasimplicité du gothique catalan avec sesgaleries en arc sans décoration. En-castrées dans les murs du cloître, côtéintérieur, apparaissent de nombreusespierres tombales. À l’extérieur (façadebaroque) comme à l’intérieur, on peutvoir d’intéressants éléments de stylespostérieurs. Non loin se dresse le superbe en-semble gothique du palais épiscopal(début du XIVe s.) ; la cour intérieure secaractérise par son escalier formantsaillie et menant aux galeries en ar-cades du premier étage ; la chapelleest un petit chef-d’œuvre dont la por-te est joliment sculptée. Comme au-tres édifices religieux présentant deséléments gothiques, signalons l’an-cien couvent de Santa Clara, situé surla partie haute de la ville, avec sonbeau cloître, et l’ancienne église SantDomènec, qui abrite aujourd’hui lemusée-archives municipal. Sur un promontoire dominant la ville,s’élève le plus intéressant des édifices

civils de Tortosa, l’ancienne forteresseconnue sous le nom de La Suda, bâtiepar les Arabes puis convertie en rési-dence royale sous Jacques II (XIIIe etXIVe s.) ; à cette occasion, de nouvellessalles et des structures de défense y fu-rent ajoutées. Il en reste des pans demurailles et quelques tours. La forteres-se a été convertie en hôtel Parador. Lespalais Oliver de Boteller (auquel estadossé une fontaine gothique), Despuiget Oriol sont aussi des édifices remar-quables, d’un gothique tardif dégradépar des reconstructions postérieures.L’ancienne halle dite « Llotja de Mar »,ou « Porxo del Blat » (1369-1373), ac-tuellement sise dans le parc, est un in-téressant témoignage de la puissancecommerciale de la ville à cette époque.

Ulldecona. Commune située à l’extré-mité sud de la Catalogne ; elle fut lecentre d’une importante commanderiede l’ordre des hospitaliers. Sur unehauteur proche de la ville, le château,toujours imposant, est un bon exemplede l’architecture des ordres militairesdans le pays, avec ses remparts, satour ronde et, à côté de l’église d’ElsÀngels, sa robuste tour-palais du XIIIe

siècle. Dans la ville, qui conserve debelles demeures et des édifices inté-ressants, se dresse l’église Sant Lluc,bâtie entre 1373 et 1421 en une seulenef de dimensions considérables. Elleest dotée d’un beau portail et, selon laconception gothique catalane, de cha-pelles entre les contreforts. La Casa dela Comanda, toujours à l’intérieur de laville, présente une façade gothique.

Valls. Ville du Camp de Tarragona,chef-lieu de l’Alt Camp et centre com-mercial et agricole ayant une vieilletradition industrielle. Malgré l’impor-tance qu’elle avait acquise au MoyenÂge, la ville a conservé peu de monu-ments de cette époque. L’église,œuvre de Bartomeu Roig datant de lafin du XVIe siècle, est l’un des plusclairs exemples de la longue persis-tance des solutions gothiques déve-loppées par l’architecture catalane.On y vénère la Mare de Déu de laCandela, patronne de la ville, Viergetrouvée dont la statue est de facturegothique (restaurée). Jaume Huguet,le plus grand peintre gothique catalan,est né à Valls vers 1415.

Tarragone : détail de la porte de la cathédrale Tarragone : le heurtoir de la cathédrale Tarragone : la cathédrale, détail du retable majeur

Miravet

Altafulla Tamarit

Tortosa : la cathédrale

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Cet intéressant itiné-raire présente des pay-sages fort contrastés,parsemés de témoi-gnages de l’art gothique.Aux grandes plaines deLleida, où à de fécondsvergers succèdent desterres plus sèches plan-tées d’amandiers etd’oliviers, s’opposent,plus au nord, des pay-sages très agrestes etmontagneux.

À partir de Lleida,qui recèle des monu-ments gothiques excep-tionnels, notre itinérai-re longe la rive droitedu Segre en aval versSoses et Seròs. Au ni-veau de la route de La

Granja d’Escarp, on trouve les ruines mélancoliques du monastère trinitaire deVinganya, aujourd’hui peu à peu restauré. Après avoir traversé le Segre et laissé surnotre gauche le site paléochrétien d’El Bovalar, nous nous dirigeons vers Maials etles terres broussailleuses des montagnes de Llardecans pour nous rendre àTorrebesses, où l’on peut admirer un beau retable gothique dédié à saint Jean et vi-siter un charmant petit musée ethnographique et folklorique.

Par le chemin qui dessert Granyena, et par la route d’El Soleràs, l’itinéraire sepoursuit vers Castelldans avec une large vue sur les terres cultivées de Juneda. Lesarcades et les maisons médiévales de ce village nous offrent un avant-goût de ceque nous pourrons voir, non loin, dans le chef-lieu du canton, Les BorgesBlanques. Il faut faire un tour sur la pittoresque Plaça Major allongée de cetteville, capitale d’une région qui produit la meilleure huile d’olive du monde, et oùl’air semble imprégné de l’odeur caractéristique du marc d’olive. Non loin aussi,vers l’est, la grande demeure de La Floresta, adossée à l’église Sant Blai, constitueun ensemble médiéval qui reste imposant.

Par la route nationale de Montblanc, on rejoint rapidement Vinaixa, dont laprécieuse église du XIVe siècle abrite de superbes retables. À partir de Vinaixa, ilest recommandé d’aller visiter le village de L’Albi, avec ses charmants sites médié-vaux. Ensuite, à nouveau par la nationale puis en prenant par Tarrés et Fulleda,nous arrivons à L’Espluga Calba, dont la vieille ville est adossée à la grande faça-de de ce qui fut un château des hospitaliers. Maintenant à la limite entre lesGarrigues et l’Urgell, nous nous dirigeons vers Maldà pour admirer un autre desprincipaux monuments du gothique catalan : le monastère de Vallbona de lesMonges où, entre les entrelacs des arcades, l’on ressent la paix et le silence mona-caux.

Vers l’est, en suivant le Corb, notre itinéraire nous conduit à Guimerà, l’un desensembles médiévaux ayant la plus forte personnalité de la Catalogne intérieure.Du haut de l’église, le hameau, qui s’étend sur le flanc de la montagne, apparaîtcomme un pittoresque labyrinthe. Ensuite, à nouveau vers l’est, la route passe parles sources bienfaisantes de Vallfogona pour nous conduire à Santa Coloma deQueralt. Il faut se promener lentement dans ses vieux quartiers, en flânant pardes rues et des places à arcades qui rappellent des temps passés.

La route principale nous conduit vers le nord, à Talavera, où l’on peut voir unebelle tombe gothique, puis à Cervera, chef-lieu de la Segarra, qui s’étend sur le coldes Savines. La richesse architecturale de ce joli bourg fortifié apparaît clairement

PrincipauxmonumentsÀger. Vieux village situé au centred’une lumineuse vallée, au sud duMontsec. De l’ancienne collégiale deSant Pere, il reste les ruines consoli-dées de l’église romane ainsi quequelques éléments du cloître go-thique. L’église actuelle est égalementde facture gothique. Certaines piècesprovenant de ces monuments etd’autres édifices du village, qui dispo-sait de remparts et d’un grand châ-teau, sont conservées au musée dio-césain de Lleida et au MNAC.

Agramunt. Commune agricole et in-dustrielle proche du canal d’Urgell,qui fut au Moyen Âge la capitale ducomté d’Urgell. Elle garde de beauxtémoignages de son passé. Le grandportail roman de l’église présente enson centre un bel ensemble sculptédominé par une Vierge et qui, selonl’inscription qui y est portée, fut offertpar les tisserands du bourg en 1283.Le couronnement du clocher, qui datedu XIVe siècle, rappelle les tours lan-ternes de Poblet et de Vallbona.

Albesa. Commune agricole du sud dela Noguera. L’église recèle un grandretable marial, sculpté sur pierre etpolychrome (fin du XIVe s.), considérécomme un prototype d’un sous-grou-pe de l’école de Lleida.

L’Albi. Commune agricole du cantondes Garrigues. Les vieux quartiers dubourg, dominés par les ruines de l’an-cien château, conservent quelquesfragments de la muraille du XIVe

siècle ; certains recoins, comme lepassage couvert du Carrer del Call,ont gardé leur charme du Moyen Âge.

Almenar. Commune agricole du Segrià.L’église, datant du XIVe siècle, est com-posée d’une tour lanterne, de trois nefsavec un chevet octogonal et d’un portaildu roman tardif de Lleida. Au XVIIIe

siècle, des éléments néoclassiques fu-rent ajoutés à la façade et le clocher futédifié. Une vieille croix monumentale sedresse sur la Plaça Soldevila.

Alòs de Balaguer. Bourg de la No-guera, accroché au flanc d’un coteaucouronné par un château dominant leSegre. Du château, il reste des mursimposants, une tour ronde et des ar-cades en ogive. L’église recèle un pré-cieux retable en pierre de saint Félix,typique de l’école de Lleida et proba-blement réalisé par des artistes quiprirent part aux travaux de la Seu Vellaà la fin du XIVe siècle. Un second re-table en pierre est conservé à SantaMaria de Balaguer.

Le Missel de Sant Cugat (1400)

De Lleida au Val d’Aran par les plaines de l’Urgell, la Noguera et les

montagnes du Pallarslorsqu’on descend la douce pente du long Carrer Major jusqu’à la mairie, toutcomme dans l’exceptionnel monument ogival qu’est l’église Santa Maria.

À l’ouest de Cervera, Tàrrega, chef-lieu de l’Urgell, est aussi une étape gothiqueincontournable, tout comme l’église et le château de Verdú, situé un peu plus ausud. Dans les boutiques de ce bourg, on peut encore trouver les fameuses cruchesen terre cuite noirâtre qui permettent à l’eau de garder sa fraîcheur.

Après une visite d’Anglesola, près de Tàrrega, la route nationale nous mène àBellpuig d’Urgell, où l’on pourra voir deux cloîtres ogivaux. Puis, traversant versle nord les terres irriguées par le canal d’Urgell, la route de Tornabous nousconduit à Agramunt, autre étape dont on peut admirer les monuments sans pourautant dédaigner d’autres agréments plus terre à terre : les fameux tourons (sortede nougat) d’Agramunt et le chocolat noir de la région dit « a la pedra ».

Notre itinéraire se poursuit vers l’ouest jusqu’à Montgai, d’où une route, pleinnord, nous mène directement à Cubells, où l’on pourra voir une intéressante égli-se gothique. Ce site, qui permettait de surveiller la route reliant Lleida à La Seud’Urgell, constitue un agréable belvédère donnant sur les terres de la NogueraPallaresa. Il se trouve à dix kilomètres d’un autre village important : Artesa deSegre, situé au nord du grand fleuve pyrénéen. Avant d’attaquer la montagne,nous ferons un crochet pour faire deux visites intéressantes: l’une, en aval duSegre, à Alòs de Balaguer pour voir le retable de saint Félix ; l’autre, en traver-sant le fleuve et en passant par Alentorn, à Vilanova de Meià, au centre d’unecontrée retirée disposant d’une belle église gothique et située dans un cadre super-be ; la foire de Sant Martí, en novembre, est l’occasion d’un marché original oùl’on trouve des cailles, des faisans et des perdrix.

Il faut parcourir près de 60 km et franchir le col de Comiols, situé à une altitu-de qui permet de jouir d’une belle vue, pour aller d’Artesa de Segre à Tremp, chef-lieu du Pallars Jussà. Cette ville, qui dispose de beaux éléments gothiques commel’imposante Mare de Déu de Valldeflors (une belle statue de la Vierge), se dresseau milieu de la vallée, sur la rive droite de la Noguera Pallaresa. C’est le point dedépart d’une longue randonnée jusqu’au cœur des montagnes pyrénéennes. Nousnous rendrons d’abord à Salàs de Pallars, où l’on pourra flâner dans des ruellesmédiévales, puis, en remontant la Noguera, nous traverserons le défilé deCollegats, pour aller admirer les monuments romans et gothiques de Sort, chef-lieu du Pallars Sobirà. Plus loin, au milieu des Pyrénées, après avoir visité le vil-lage de Son, près de València d’Àneu et franchi le spectaculaire col de LaBonaigua, le Val d’Aran nous offre les belles églises gothiques de Vielha, Salardúet Arties. La route est longue, mais le paysage traversé est d’une qualité tout à faitexceptionnelle.

À partir de Tremp, la route de retour vers Lleida s’enfonce très vite entre les pa-rois verticales du défilé de Terradets. Sur la vieille route qui longe la grande paroicalcaire de la chaîne du Montsec, Àger est une étape incontournable ; puis, aprèsle col de haute altitude du même nom, la descente de Fontdepou nous mène auxportes du monastère de Bellpuig de les Avellanes, remarquable monument go-thique.

Une longue descente nous conduit à Balaguer, beau chef-lieu de la Noguera,avec sa grande Plaça del Mercadal. L’importance des éléments gothiques et de laville elle-même justifient une bonne halte, avant de reprendre la route vers l’ouestpour atteindre Castelló de Farfanya où, outre les ruines d’un château et d’uneéglise, se trouve l’intéressante église Sant Miquel, restaurée selon des critères nova-teurs.

Plus à l’ouest, par la route d’Alfarràs, nous rejoignons Algerri pour allercontempler, au bout d’une discrète petite route, le retable d’Albesa. Ensuite, enrevenant par Alfarràs et en suivant la Noguera Ribagorçana vers l’aval, Almenarn’est plus loin ; une église gothique domine cette vaste commune et les grands ver-gers environnants, irrigués par le canal de Catalunya i Aragó et par celui dePinyana. Entre Almenar et Lleida, fin de cet intéressant itinéraire, la route tra-verse des vergers et des terrains d’irrigation pendant 20 km.

Àger

Lleida : la Seu Vella

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Anglesola. Commune agricole prochedu canal d’Urgell, qui conservequelques vestiges de ses anciennesmurailles, de belles demeures et desrues à arcades. Dans l’église actuelle,datant du XVIIe siècle, on peut voirquelques éléments sculptés provenantde l’ancienne église, comme les deuxapôtres romans de la façade ou la sta-tue de saint Paul du maître-autel, œuvreen pierre polychrome du début du XIVe

siècle. Le superbe retable en pierre pré-sidé par la statue de la Vierge qui s’ytrouvait est actuellement au Museum ofFine Arts de Boston. Il est également duXIVe siècle.

Arties. Beau village du Val d’Arandont l’église, d’un roman simple ettardif (XIIe- XIIIe s.), présente des élé-ments précurseurs du gothique, com-me celles de nombreux villages du Vald’Aran et du territoire de la communede Naut Aran ; quelques panneaux del’ancien retable gothique (XVe s.) ontété conservés, en partie au muséediocésain de Lleida. La chapelle deSant Joan, transformée en gothiqueen 1385, a été restaurée récemment.

Balaguer. Chef-lieu de la Noguera stra-tégiquement situé à proximité duSegre. Ville déjà importante pendant lapériode arabe, elle fut par la suite la ca-pitale du comté d’Urgell. L’église SantaMaria, qui domine la ville, est un bel édi-fice gothique d’une seule nef avec deschapelles entre les contreforts, selon lafacture habituelle de l’architecture go-thique catalane. Le solide clocher poly-gonal situé sur l’un de ses cotés est in-téressant. Commencée en 1351 àl’initiative de Pierre III le Cérémonieux,né à Balaguer, elle ne fut achevée queprès de deux siècles plus tard. La vieille

ville a gardé une bonne partie de sesremparts, ainsi que quelques rues etdes places à arcades caractéristiquesde la tradition médiévale. Hors de lavieille ville, sur l’ancienne tête de pont,se trouve le couvent de Sant Domènec,dont le cloître (du second quart du XIVe

siècle) est particulièrement remar-quable ; les galeries à arcades sontd’une facture utilisée pour la premièrefois pour le cloître de Sant Francesc, àPalma de Majorque. On doit la fonda-tion du couvent de Sant Domènec à lavolonté du comte Ermengol X d’Urgell.

Bellpuig d’Urgell. Bourg qui fut lecentre d’un domaine seigneurial de lafamille Cardona, dont un membre,Ramon Folc de Cardona Anglesola(mort en 1522) fut vice-roi de Sicile etde Naples. Son mausolée, situé dansl’église, est une extraordinaire pièceRenaissance. Ramon Folc fit construi-re le couvent de Sant Bartomeu, àpartir de 1507, avec deux cloîtres :l’un est un exemple intéressant de go-thique tardif, l’autre, beaucoup plussimple, possède des arcs lancéolés.

Bellpuig de les Avellanes. Ancienneabbaye de chanoines prémontrés si-tuée au sud du val d’Àger, sur le terri-toire communal d’Os de Balaguer, quieut une grande activité pendant plu-sieurs siècles : elle fut le lieu d’enter-rement des comtes d’Urgell (XIIIe etXIVe s.) et, au XVIIIe siècle, une impor-tante école d’études historiques y futinstallée. Outre le cloître roman, deséléments gothiques remarquables ontété conservés : le dortoir et la salle ca-pitulaire, et l’ample chevet de l’église(XlVe s.) qui s’intègre dans l’ouvragemoderne. Après la sécularisation(1835), elle passa entre diverses

mains et les sépultures comtales, quiconstituent une des premières mani-festations de la grandeur de l’art go-thique catalan (début du XIVe s.), fu-rent vendues (elles sont aujourd’huiau Cloisters, à New York). L’ensemblemonastique a été récemment restaurépar les maristes.

Les Borges Blanques. Chef-lieu desGarrigues, un canton principalementagricole connu pour la grande qualitéde son huile. Outre quelques intéres-santes demeures nobles présentantdes éléments architecturaux de typegothique, la ville possède une PlaçaMajor remarquable par ses larges ar-cades.

Castelló de Farfanya. Bourg bâti au-tour d’une importante forteresse d’ori-gine arabe protégée par les comtesd’Urgell. Elle a gardé une grande partiede son caractère et dispose de beauxmonuments. Le château, qui domine laville, conserve d’imposantes tours etquelques pans de muraille ; à ses côtéss’élève la vieille église Santa Maria(1340-1400), gothique et dotée d’uneabside polygonale et d’une grande tour

clocher ; sur le portail, on peut voir lesarmes de Pierre d’Urgell, qui la fitconstruire. Dans la ville, qui était forti-fiée, se trouve l’église Sant Miquel, da-tant de la dernière période du roman(XIIIe s.) mais avec des ajouts posté-rieurs ; elle a été restaurée en 1987. Onpeut y voir un superbe retable en pierrede l’école de Lleida, dédié à la ViergeMarie, qui provient de l’église du châ-teau et date du dernier quart du XIVe

siècle. Elle recelait d’autres retablespeints (dont un de Jaume Ferrer) ousculptés, actuellement dispersés.Intéressants édifices Renaissance etbaroques.

Cervera. Chef-lieu de La Segarra quidispose d’un intéressant ensemblemonumental, dont nous retiendronssurtout l’ancienne université, uniqueen Catalogne entre 1726 et 1842, do-tée d’une façade baroque et d’unestructure néoclassique. L’église SantaMaria est un remarquable édifice dugothique catalan, composé de troisnefs couvertes par une voûte en croi-sées d’ogive et d’une abside polygo-nale dotée de chapelles. Sa construc-tion fut entreprise au XIVe siècle et ellefut consacrée en 1358. Au début dusiècle suivant, le maître Colí deMaraya réalisa les vitraux du chevet,dont une partie est conservée. Dansles chapelles radiales se trouvent lessarcophages de deux marchandsnommés Ramon Serra (l’un de Jordide Déu et l’autre attribué à PereMoragues), ainsi que celui de Be-renguer de Castelltort, fondateur d’unhôpital (seconde moitié du XIVe s.) Le clocher est octogonal, comme de nombreuses tours du gothique ca-talan. Il reste quelques intéressantsmorceaux des murailles que fitconstruire Pierre III le Cérémonieux.L’hôtel de ville, adossé à l’église, pré-sente une belle façade baroque(XVIIe-XVIIIe s.) ; à l’intérieur sont bienmises en valeur les splendides ar-cades gothiques de l’ancien marchéainsi que la chapelle de Santa Eulàlia,également de style gothique.

Cubells. Bourg agricole de la Nogueraqui posséda un grand château auMoyen Âge. Il reste des pans de la mu-raille et l’église Santa Maria del Castell,

dotée d’une superbe porte du romantardif de l’école de Lleida. L’église SantPere (XIIIe et XIVe s.) est gothique, d’uneseule nef avec une voûte en berceau.On peut y voir une Vierge gothique enalbâtre dite « la Mare de Déu de la Llet »(XIIIe s.), provenant de la chapelle duchâteau, et une belle chaire du XVe

siècle. Elle recelait d’intéressants re-tables, aujourd’hui dispersés : le re-table de saint Pierre (peint), dû à PereSerra et réparti entre plusieurs muséeset collections (la statue en albâtre dusaint se trouvant au musée Marès, àBarcelone), le retable de sainte Ursule,signé et daté par Joan Reixac àValence en 1468, actuellement auMNAC, ou encore le retable en pierrede saint Bartolomé, de l’école de Lleidaégalement, conservé au musée diocé-sain d’Urgell.

L’Espluga Calba. Village des Ga-rrigues qui, à partir du XVe siècle, fut lecentre d’une commanderie de l’ordrede Saint-Jean-de-Jérusalem (hospita-liers). La façade du château estpresque intacte, avec ses portes àvousseaux et ses fenêtres (style go-thique).

Castelló de Farfanya : Sant Miquel, détail du retable en pierre

Lleida : la Seu Vella, la Porta dels Apòstols

Balaguer

Arties

Cervera

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La Floresta. Commune des Garriguesqui, dès sa formation pendant leMoyen Âge, appartint à la puissantefamille Cardona. Aux XlIIe et XIVe

siècles, celle-ci fit reconstruire l’an-cien château et le convertit en unegrande maison noble en pierre avecdes fenêtres à meneaux. On peut yvoir une intéressante tour défensive etune belle église, Sant Blai.

Guimerà. Commune de l’Urgell, sur larivière Corb, fortifiée au pied de l’an-cien château (en ruine). Elle forme uncharmant et pittoresque ensemble deruelles présentant de beaux témoi-gnages d’architecture médiévale.L’édifice le plus intéressant estl’église, dont la construction fut entre-prise au XIVe siècle. Elle recèle unbeau retable (actuellement au muséeépiscopal de Vic) peint par Ramon deMur entre 1402 et 1412. Ce peintre futlongtemps connu sous le nom de« maître de Guimerà ». À l’extérieur dubourg, on peut voir les ruines de l’an-cien monastère de Santa Maria deVallsanta, et, en particulier, celles deson église gothique.

Juneda. Commune agricole et indus-trielle qui conserve d’intéressants té-moignages de son passé médiéval.Signalons les arcades du CarrerMajor, la porte de Lamarca, gothique,et quelques vieilles demeures nobles.

Lleida. Capitale des « terres del’ouest » ou Catalogne intérieure, si-tuée sur un promontoire dominant leSegre, d’où se détache la silhouettede la Seu Vella (la vieille cathédrale),qui dispose d’un patrimoine architec-tural particulièrement riche, témoigna-ge du poids de son passé.La cathédrale originelle, ou Seu Vella, fut un des édifices les plus no-tables de la Catalogne médiévale. Elleexerça une grande influence sur lescontrées environnantes, attirant denombreux artistes étrangers dans larégion. Les ateliers qu’elle suscita sedéveloppèrent par la suite. Les tra-vaux, commencés en 1203, suivirentun bon rythme jusqu’au XVe siècle et,bien que la facture de l’église soit d’unroman tardif, la tour lanterne et lesvoûtes de la nef sont déjà de concep-tion gothique. La plénitude du go-thique se manifeste dans le grand clo-cher (60 m de haut) des XIVe et XVe

siècles, et dans le superbe cloître(XIVe s.), qui est aussi un parvis et unbelvédère sur la ville et la plaine avecses galeries dont l’ampleur des ajoursfacilite l’exceptionnel développementdes entrelacs. En façade, outre lesportes romanes du XIIIe siècle, del’école de Lleida, on peut voir la Portadels Apòstols gothique, dotée d’uneintéressante décoration sculptée (XIVe

et XVe s.), en partie détruite. À l’inté-

rieur, signalons la chapelle des Mont-cada, dans laquelle se trouvent lessculptures sépulcrales de la famille dumême nom (XIVe s.), d’autres monu-ments funéraires du XVe siècle(Gallart, Barutell), des fragments del’ancien retable majeur de BartomeuRubió, le calvaire peint sur les murs dela chapelle de Santa Margarida, d’ungothique linéaire, etc.Près de la Seu Vella, toujours sur lePuig del Castell, il reste une partie del’ancienne forteresse médiévale, leCastell del Rei, bâtie sur l’ancienneSuda arabe. C’est de cet édifice, quifut construit surtout au XIVe siècle, quepartaient les remparts qui encerclaientla ville. Dans la vieille ville, nous re-marquerons en premier lieu l’égliseSant Llorenç, édifice roman du XIIIe

siècle, agrandi au XIVe siècle par denouvelles nefs et un clocher élancé ;l’église recèle toujours un bel en-semble de sculptures et de retablesen pierre de l’école gothique de Lleidade la seconde moitié du XIVe siècle,ainsi qu’une Vierge (la Mare de Déudels Fillols) provenant de la Seu Vella.L’église Sant Martí, plus simple, futelle aussi agrandie aux XIVe et XVe

siècles avec des chapelles ; elle abriteprovisoirement la collection Proe-mium, une partie du musée diocésainet cantonal de Lleida qu’elle partageavec le palais épiscopal. La Paeria, ouhôtel de ville, est un édifice intéres-sant, bâti en plusieurs étapes à partirdu XIIIe siècle (une façade présentetoujours une galerie à fenêtres ro-manes) ; elle recèle un intéressant mu-sée, ainsi qu’un retable, œuvre deJaume Ferrer II (1440).Devant la Catedral Nova (la nouvellecathédrale), néoclassique, se trouve lebel édifice de l’ancien hôpital deSanta Maria, datant des XVe et XVIe

siècles. De plan carré, il répond auxcritères utilisés par le gothique civilcatalan. Il dispose d’une cour centraleet ses façades sont austères ; à l’en-trée principale, une belle nichecontient une statue de la Vierge. Siègede l’Institut d’Estudis Ilerdencs, il abri-te aussi la section archéologique dumusée de Lleida.À l’extérieur de la ville, sur une peti-te hauteur, se dresse le château deGardeny, qui fut le centre d’une impor-tante commanderie de l’ordre destempliers (après les hospitaliers) àpartir de la reconquête de la ville parRamon Berenguer IV (1149). C’est unbon exemple d’architecture militaire,un solide bâtiment crénelé que côtoiel’église romane de Santa Maria deGardeny.

Salardú. Joli bourg du Val d’Aran,chef-lieu du vaste territoire de la com-mune de Naut Aran. L’église SantAndreu, datant de l’époque de transi-tion entre roman et gothique (XIIe et XIIIe

siècles), est surtout connue pour sonexceptionnel Christ roman. Grâce àune récente restauration (1994-1999),on peut désormais en admirer les pein-tures murales du gothique tardif, da-tant de la fin du XVIe siècle : le Christglorifié et les quatre évangélistes (au-tour de l’abside), les pères de l’Église(au milieu du presbyterium) et les saints(sur les arcs et les colonnes).

Salàs de Pallars. Bourg du PallarsJussà qui dut sa renommée à sesfoires aux chevaux. La vieille ville agardé son caractère médiéval etconservé une partie de ses remparts,avec quelques portes, ainsi que destours et de belles demeures. L’églisecontient des éléments gothiques.

Santa Coloma de Queralt. Principalbourg du secteur segarrais de laConca de Barberà, capitale de la ba-ronnie de Queralt, qui fut importanteau Moyen Âge. Elle a gardé quelqueséléments de ses murailles du XIVe

siècle, en particulier les portes. La villea gardé sa structure médiévale, avecses belles rues et ses jolies places à

arcades. Une forte communauté juivey vivait. L’édifice le plus remarquableest l’église Santa Maria, d’une seulenef avec chapelles entre les contre-forts. Sa construction fut entreprise en1331 ; la phase essentielle des tra-vaux se déroula au XlVe siècle. Onpeut y admirer un retable en pierre,dédié à saint Laurent, qui est peut-être la plus belle œuvre du sculpteurJordi de Déu (1386-1387). En dehorsdes murailles se trouve l’église SantaMaria de Bell-lloc, dont l’architectureprésente des éléments caractéris-tiques du roman tardif (par exemple laporte, de l’école de Lleida) et d’autresentièrement gothiques. Le tombeaude Pere de Queralt et de son épouse(XIVe s.), œuvre d’Esteve de Burgos etde Pere Aguilar, y est conservé.

Son. Hameau du Pallars Sobirà, aunord-est du parc national d’Ai-güestortes et du lac de Sant Maurici,dans les environs d’Alt Àneu. Sa ma-gnifique église romane Sant Just iSant Pastor abrite un splendide re-table gothique datant de la fin du XVe

siècle.

Talavera. Petit village agricole dusud de la Segarra. Dans l’église sontconservés deux gisants datant duXIVe siècle et représentant une dameet un chevalier revêtu d’un habit mili-taire. Il s’agit probablement demembres de la famille So, qui furentseigneurs du lieu.

Tàrrega. Ville active dans les do-maines économique et culturel ;nombre de foires et de marchés sedéroulent dans ce chef-lieu du can-ton de l’Urgell. Le palais des marquisde La Floresta, datant du XIIIe siècle,est la plus grande demeure de la vil-le. La structure de la façade romaneressemble beaucoup à celle de laPaeria, l’hôtel de ville de Lleida. LaCreu del Pati, croix gothique monu-mentale attribuée au sculpteur PereJoan (vers 1430) y est conservée ;une réplique se trouve sur la PlaçaMajor. Signalons aussi l’actuelle égli-se Sant Antoni, ancienne dépendan-ce de l’hôpital (XIVe s.) ; sa façadeprésente des sculptures gothiquesqui proviennent de l’ancienne église.

Lleida : le cloître de la Seu Vella Lleida : la Paeria Guimerà

Santa Coloma de Queralt : Santa Maria de Bell-lloc, tombeau

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Torrebesses. Village agricole dont lapartie dite « La Vileta » a gardé un belensemble monumental, dont un grandchâteau bâti dans différents styles,avec des éléments gothiques, et plu-sieurs belles demeures présentantdes éléments gothiques et d’autresRenaissance. Dans l’église romaneest conservé le retable de saint Jean-Baptiste (XIVe s.), ouvrage en pierre del’école de Lleida.

Tremp. Chef-lieu du Pallars Jussà, aucentre de la Conca de Tremp, grandecuvette autour de la NogueraPallaresa. Déjà importante au MoyenÂge, elle fut entourée de muraillessous Pierre III le Cérémonieux, avecde grandes tours, dont celle de laSagristia, contiguë à l’église collégialeSanta Maria, qui présente des élé-ments de facture gothique bien qu’elledate du XVIIe siècle ; on y vénère la su-perbe statue en bois de la Mare deDéu de Valldeflors, Vierge de grandesdimensions, dotée d’une riche orne-mentation dorée et polychrome et da-tant de la dernière phase du gothique(XVe s.).

Vallbona de les Monges. Monastèreféminin situé au sud du canton del’Urgell, près de la Conca de Barberà,dans un cadre superbe. Il clôt la trilo-gie des grands monastères cister-ciens catalans. Comme Poblet etSantes Creus, il était placé sous laprotection de la Maison de Barcelone.L’ensemble architectural présenteplusieurs centres d’intérêt. L’égliserespecte parfaitement le modèle cis-tercien. Construite au XIIIe siècle, ellefut couverte d’une voûte en croiséesd’ogive au début du siècle suivant,période pendant laquelle fut aussi édi-fiée la tour lanterne, fort ressemblanteà celle de Poblet. Le cloître témoigneclairement de la succession desstyles, qu’il s’agisse de ses galènesromanes à arcades en plein cintre oude ses fenêtres ogivales ornées d’en-trelacs. Parmi les anciennes dépen-dances, la salle capitulaire est la mieuxconservée. Le monastère possèdedes œuvres d’art admirables, particu-lièrement des sculptures représentantla Vierge, comme la Mare de Déu del Cor de Guillem Seguer (XIVe s.), la Mare de Déu del Claustre ou laMare de Déu de la Misericòrdia, attri-

buée à Pere Joan (XVe s.). Les nom-breux tombeaux et sarcophages pré-sentent eux aussi un intérêt ; parmieux, on trouve ceux des membres dela Maison de Barcelone et de famillesnobles, ainsi que les dalles funérairesdes abbesses.

Verdú. Commune agricole possédantune longue tradition dans le domainede la poterie (cruches ou gargoulettes

noires). Elle est aussi connue pour sestrès anciennes foires aux bestiaux. Lechâteau est une grande demeure do-tée de structures défensives de diffé-rents styles. Il appartenait aux abbésde Poblet, alors seigneurs de lacontrée. À l’intérieur, on peut voir unebelle salle gothique. L’église reflète lepassage du roman au gothique etcontient de remarquables statues go-thiques. L’intérêt de la façade résided’une part dans sa porte, de l’école deLleida et, d’autre part, dans sa rosace.Deux retables provenant de Verdú,dont l’un est une très belle œuvre deJaume Ferrer II (1432-1434), sontconservés au musée épiscopal de Vic.

Vielha. Chef-lieu du Val d’Aran,contrée pyrénéenne tournée versl’Atlantique, qui a une personnalitéoriginale par rapport au reste du payset une langue propre, dialecte du gas-con. L’église Sant Miquèu, de transi-tion, contient des éléments gothiquesparticulièrement intéressants, commeson beau portail aux archivoltessculptés et lancéolés, son clocher, da-tant de 1510, au couronnement lan-céolé caractéristique de la plupart destours du Val et le remarquable retablede saint Michel de son maître-autel,œuvre anonyme de la fin du XVe

siècle, liée à Pere Garcia de Benavarriet attribuée au « maître de Vielha ».Elle a aussi gardé de précieux élé-ments de style roman. Le musée duVal d’Aran renferme de belles piècesgothiques, comme les panneaux duretable de Vilac du « maître deVielha ». À Betren, sur le territoire mu-nicipal de Vielha, se trouve une inté-ressante église au portail doté d’archi-voltes sculptées, proche de celui deVielha (tous deux ont pour thème leJugement dernier).

Vilanova de Meià. Bourg de laNoguera, qui jouait un rôle importantau Moyen Âge. Dans la vieille ville, onpeut voir une des portes gothiques del’ancienne muraille. L’église, bâtiedans différents styles, présente une

intéressante porte gothique (XIVe s.)présidée par un groupe sculpté repré-sentant l’Épiphanie, ainsi que d’autreséléments du même style (chapelle etbase du clocher) ; la Mare de Déu delPuig de Meià, une belle Vierge en boispolychrome, provient de l’ancien châ-teau.

Vinaixa. Village agricole du cantondes Garrigues. L’architecture del’église Sant Joan Baptista est d’unroman tardif. Elle fut pourtantconstruite, entre 1302 et 1318, par lemaître R. Piquer, de Balaguer, alorsque le gothique était déjà un langageartistique couramment utilisé danstoute la Catalogne. Elle n’a qu’uneseule nef et une abside semi-circulairecouverte d’une voûte en berceau lan-céolée, renforcée par des arcs dou-bleaux. Signalons la porte principale,de facture similaire à celle du cloîtrede la Seu, à Lleida, avec ses archi-voltes moulurées. Elle recelait d’im-portants retables peints de Ramon deMur et Bernat Martorell (actuellementau musée diocésain de Tarragone etau MNAC). Les fragments dequelques sculptures du maîtreGuillem Seguer (1340) sont conservéssur place. La Casa de Poblet – appe-lée ainsi parce que le village dépen-dait du monastère – est aussi un belédifice gothique. Les carrières à l’en-tour fournirent le matériau nécessaireà la réalisation de certains ouvragesde Poblet, comme le Palau del ReiMartí.

Vinganya. Ancien monastère trinitairede Notre-Dame-des-Anges, le pre-mier de cet ordre en Espagne (1201),situé dans la vallée du Segre, sur lacommune de Seròs, à la limite ouestdes terres de Lleida. On peut y voir lesruines, toujours imposantes, d’unegrande église gothique, avec son clo-cher et son cloître, ainsi que des frag-ments de tombeaux de membres dela famille Montcada et de la Maison deBarcelone.

Tàrrega

Vallbona de les Monges : voûte

Vallbona de les Monges : le cloître et la tour lanterne

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numental abrite une fameuse croix orfévrée. Plus loin, de l’autre côté de laMuga, l’église gothique du couvent d’El Carme se dresse à l’intérieur du centrehistorique de Peralada ; son très intéressant château a récemment été aménagéen luxueux casino.

Une courte route en pente douce nous conduit, au milieu de terres cultivées,de Peralada à Castelló d’Empúries. L’importance architecturale de cette villes’explique par le fait qu’elle fut, au Moyen Âge, la capitale d’un grand comtésouvent belliqueux. Après cette halte, notre route longe vers le sud le parc natu-rel des marais de l’Empordà, peuplé d’une riche avifaune, et nous mène, parSant Pere Pescador et Viladamat, à l’église Sant Martí d’Empúries, petit en-droit tranquille où le gothique se marie avec les ruines grecques et romaines dusite archéologique d’Empúries, installé au creux du doux et lumineux golfe deRoses.

Plus au sud, le château de Bellcaire d’Empordà, situé sur une petite colline aumilieu du village, nous offre une superbe perspective. Bellcaire se trouve sur laroute du gros bourg de Torroella de Montgrí, dont les remarquables éléments go-thiques sont dominés par la masse du château crénelé qui couronne la steppe gri-sâtre de la montagne de Montgrí.

Notre itinéraire nous conduit, vers le sud, à Pals, bourg médiéval situé dans uncadre magnifique. Après avoir admiré les monuments, il faut se rendre sur l’es-planade d’El Pedró, la partie la plus haute de la ville, située hors des murailles,pour jouir d’une vue sur le Baix Empordà et sur la zone côtière – dont les îlesMedes – qui se rapproche de ce que l’on peut concevoir comme un paysage par-fait.

Par Torrent, quatre kilomètres séparent Pals de la route nationale de La Bisbald’Empordà, où se trouve l’ancienne résidence des évêques de Gérone. À l’entréede cette ville, nous prendrons sur la droite, vers le village voisin de Vulpellac, dotéd’un remarquable château. Continuant sur la même petite route, nous arrivons àCanapost puis à Peratallada, autre exceptionnel ensemble médiéval présentantdes éléments gothiques de qualité. La cuisine du terroir, excellente et variée, ac-compagne agréablement cette visite intéressante.

De retour vers Canapost, désormais en direction du nord, notre itinéraire nouspermet de visiter la vieille ville médiévale d’Ullastret, autre étape dont la valeurest renforcée par la proximité d’un village ibère, bien fouillé et bien conservé, d’oùl’on peut jouir d’une belle vue sur l’ancien étang. Notre itinéraire nous mène en-fin, par Ultramort, au bourg de Verges, doté de tours évocatrices et de pans de lamuraille qui encerclait la cité. La semaine de Pâques, ses rues sont le cadre d’uneantique et émouvante procession au cours de laquelle s’effectue la Dansa de laMort.

Depuis Verges, on peut également faire un tour au château de Púbol, situé surla route de Gérone, près de Rupià, que Dalí et Gala ont rendu célèbre. Ici se ter-mine notre itinéraire gothique à travers les contrées des environs de Gérone.

PrincipauxmonumentsBanyoles. Ville située dans un cadred’une grande beauté, près du grandlac auquel elle a donné son nom et quiest un important centre de tourisme etde sports nautiques. Le monastère bé-nédictin de Sant Esteve, qui fut à l’ori-gine de la ville, a gardé quelques élé-ments de l’ancien édifice gothique, enparticulier un retable dédié à la Viergedite « Mare de Déu de l’Escala », œuvredu peintre Joan Antigó (1437-1439),connu sous le nom de « maître de Ba-nyoles », qui est l’un des exemples lesplus parfaits du gothique internationalen Catalogne. Il renfermait aussi unesplendide pièce orfévrée, le coffret deSant Martirià, fortement dégradé lorsdu vol des représentations en argentdes saints, en 1980. L’église Santa Ma-ria dels Turers et la maison de la Pia Al-moina présentent également un grandintérêt pour la connaissance de l’artgothique. La seconde, dotée d’uncloître du XIVe siècle, abrite actuelle-ment le musée archéologique canto-nal ; quant à l’église, elle fut construiteentre 1269 et 1333 ; elle n’avait à l’ori-gine qu’une nef avec un chevet poly-gonal, mais deux nefs latérales lui fu-rent ajoutées par la suite.

Bellcaire d’Empordà. Petit village quifut le principal lieu de résidence descomtes d’Empúries de la fin du XIIIe

siècle à 1332. Son château, construitpar Ponç V vers 1300, comporte destours défensives installées aux quatrecoins de sa structure carrée, et unechapelle d’une extrême simplicité.Aux abords du village se trouve l’égli-se romane Sant Joan de Bellcaire, àne pas manquer.

Besalú. Capitale d’un comté indépen-dant au Moyen Âge (du IXe au XIIe s.),la ville a conservé un intéressant en-semble architectural médiéval, surtoutde style roman. Le pont gothique surle Fluvià est le plus remarquable desponts médiévaux catalans. Construitau XIVe siècle sur la base d’un ouvra-ge antérieur, il est doté de huit arcs,dont certains ont été restaurés, et desolides éléments défensifs qui le ren-forcent. Parmi les églises de ce bourg,seule l’église Sant Vicenç présentedes éléments gothiques, mais plu-sieurs demeures des XIIIe et XIVe

siècles valent le détour. Une partie dela synagogue et des bains (mikwé) dela communauté juive a été conservée.

La Bisbal d’Empordà. Chef-lieu ducanton du Baix Empordà, doté d’unmarché actif et d’une longue traditiondans le domaine de la céramique. Sonlien avec les évêques (bisbes) de Gé-rone, et l’autorité qu’ils avaient surelle, lui a donné son nom. Le château

De Gérone aux contrées de l’Empordà par la vallée du Fluvià

Cet itinéraire facile et agréable tra-verse des terres peu inclinées dans undécor montagneux. Le charme de ceparcours réside dans les ondulationsdiscrètes du terrain, un habitat bienintégré, et un camaïeu allant du vertnaturel mousseux et lumineux au vertplus clair des terres cultivées. Ici, lamontagne est une toile de fond quicomplète le paysage sans en faire partiede façon directe.

Gérone, dont les grands monu-ments sont de facture gothique, est unbon point de départ pour prendre lapaisible route de Banyoles, chef-lieudu Pla de l’Estany, en quittant la val-lée du Ter à Sarrià. Ici, quel que soitl’intérêt que l’on puisse porter au go-thique, pourtant très bien représenté,il est difficile de ne pas se laisser attirerpar le lac voisin, où le plan d’eauxdormantes et la végétation qui l’en-toure composent un tableau d’uneharmonie inégalable.

En direction de l’ouest, la route sinueuse de Mieres rejoint très vite les terresde la Garrotxa et contourne la chaîne de Finestres pour arriver à Santa Pau,ensemble médiéval au charme particulier. Bien que ce soit la présence d’élé-ments gothiques qui justifie notre itinéraire, le détour par Santa Pau pour allervers Besalú présente d’autres avantages, puisque il passe par Olot et ses envi-rons, où le cadre naturel est si beau qu’il a suscité, à juste titre, une école depeinture. En aval sur le Fluvià, Besalú enrichit l’itinéraire, grâce à la présence,parmi d’autres ouvrages gothiques, de l’un des ponts les plus spectaculaires deCatalogne.

Nous sommes tout près des carrières de Beuda, qui, exploitées depuis le XIVe

siècle, fournirent de l’albâtre pour d’importants ouvrages gothiques, mais nouscontinuons notre chemin sur une agréable route en pente douce à travers lescontrées de l’Empordà jusqu’à la ville de Figueres, chef-lieu de l’Alt Empordà.Dans cette ville, les éléments gothiques sont d’un grand intérêt mais rares ; raretélargement compensée par le dynamisme de sa vie culturelle, ainsi que par la pré-sence du musée cantonal et du théâtre-musée Salvador Dalí, qui attire de nom-breux visiteurs.

Au nord-est de Figueres, la visite de deux villes, situées dans un rayon de 5km, présente un grand intérêt. Tout d’abord Vilabertran, dont l’ensemble mo-

Le Missel de Sant Cugat (1400)

Peralada : le cloître du couvent d’El Carme

Besalú

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était résidence épiscopale ; il présentedes parties romanes et d’autres go-thiques (en particulier du XIVe siècle,comme le donjon) formant un en-semble dont l’extérieur fut modifié auXVIe siècle. Il reste l’une des portes dela muraille construite entre 1280 et1302. Dans la vieille ville, quelquesdemeures ont des fenêtres et des élé-ments de facture gothique. Le PontVell, sur le Daró, est lui aussi d’originemédiévale ; il a été refait en 1606.

Castelló d’Empúries. Commune si-tuée près de la partie centrale du golfede Roses, dans les terres marécageu-ses de l’embouchure de la Muga et duFluvià. Elle fut la capitale du comtéd’Empúries entre le XIe et le XIVe siècle,et aussi un grand centre marchand. Lavolonté des comtes de convertir Cas-telló en siège épiscopal, qui se soldapar un échec, explique la splendeur dela basilique Santa Maria, appelée « lacathédrale de l’Empordà ». Commen-cée dans les premières années du XIVe

siècle (le maître-autel fut consacré en1316), la façade était toujours enconstruction au début du XVe siècle.Le groupe sculpté de la porte et celui

du tympan (épiphanie et apôtres) sontattribués à Pere de Sant Joan ; les pi-liers de la nef sont cylindriques, ce quin’est pas fréquent dans le gothiquecatalan ; le maître-autel en albâtre, in-complet, est un bel ouvrage de VicençBorràs (1485). L’église possèded’autres œuvres d’art, comme cellesqui sont exposées dans le petit muséeattenant, ou comme le superbe retablede saint Michel, peint par le « maître deCastelló d’Empúries » (MAG) qui datedu milieu du XVe siècle. Dans l’une deschapelles du chevet, se trouvent lestombeaux des comtes d’Empúries(XIVe s.). À côté de l’église, on peut voirles ruines, bien restaurées, d’une gra-cieuse loge ouverte. Parmi les édificesgothiques que conserve le bourg, etceux présentant des éléments de cestyle, signalons la Llotja de Mar, uneancienne halle actuellement hôtel deville, et la Casa Gran. Citons aussi lePont Vell sur la Muga, doté de septarcs (datant du XIVe siècle, refait auXVe siècle).

Figueres. Ville devenue chef-lieu detout l’Empordà à l’époque moderne,et centre économique et culturel actif

(au XIXe siècle, elle fut un foyer d’idéesrépublicaines et fédéralistes). Laconception de la ville et les édificessont principalement des XIXe et XXe

siècles. L’église Sant Pere est le seulédifice gothique remarquable. Elle n’aqu’une nef, dotée de chapelles entreles contreforts. Elle fut construite àpartir de 1378 à l’initiative de Pierre IIIle Cérémonieux. Chevet et clochersont des ajouts néogothiques. La villeabrite le fameux théâtre-musée Dalí.

Gérone (Girona). Cette grande villeconserve de son riche passé un patri-moine considérable. Au Moyen Âge,elle fut la capitale de l’un des comtéscatalans ainsi que d’un diocèse in-fluent. La vieille ville est d’ailleurs unvéritable musée de l’architecture mé-diévale.Les travaux de l’actuelle cathédrale(qui remplaça la précédente, romane)commencèrent vers 1312. Sa nefunique est la plus spacieuse de tout legothique européen (22,9 m). Le rejetdu plan originel en trois nefs témoigneclairement de la préférence des archi-tectes gothiques catalans pour lesgrands espaces unitaires (la com-

plexité technique de cette nef a moti-vé une réunion des architectes dupays en 1386 et en 1416). Elle recèledes pièces intéressantes comme leretable et baldaquin en argent et enémail du maître-autel (du XIVe siècle,avec la participation de Pere Bernès),qui est le plus bel ensemble orfévré dela Catalogne médiévale, ainsi que debeaux tombeaux d’évêques (commeBernat de Pau) et de comtes deBarcelone (comme celui de RamonBerenguer II et d’Ermessenda, œuvrede Guillem Morell réalisée en 1385),de superbes vitraux et d’autres tom-beaux situés dans le cloître roman quirenferme, en outre, le groupe de laMare de Déu de Bell Ull, œuvre dumaître Bartomeu (fin du XlIIe s.).Comme le cloître, le magnifique clo-cher et certains autres éléments sontde style roman. La façade principaleest baroque. Le Trésor de la cathédra-le constitue un important musée capi-tulaire.En sortant de la cathédrale par laPorta dels Apòstols, nous trouvons lepalais épiscopal, grand édifice pré-sentant des éléments gothiques (salledu trône) et d’autres Renaissance ; ilabrite le riche musée d’art de Gérone.Un peu plus loin, au niveau des esca-liers de La Pera, se trouve la maisonde la Pabordia. Sur la place de la ca-thédrale, à côté du grand parvis, s’im-pose la grande maison de la PiaAlmoina (XVe s.), institution charitabledu Moyen Âge. Le Carrer de la Força,qui abritait l’ancien Call ou quartierjuif, débouche aussi sur cette place ;la communauté juive de Gérone étaitl’une des plus nombreuses et des plusactives de Catalogne avant son expul-sion en 1492 (il semble que l’actuel

centre Bonastruc Ça Porta soit situésur l’emplacement de l’ancienne sy-nagogue).Derrière la porte de Sobreportes, del’autre côté de la cathédrale, se trouvel’intéressante église Sant Feliu, qui futcouvent et collégiale et a été construi-te en plusieurs étapes ; sa belle absi-de dotée de fenêtres, le caractéris-tique clocher tronqué (couronné auXVIe siècle) et les voûtes de l’intérieursont gothiques, la forme étant roma-ne. Un superbe Christ gisant, dumaître Aloi (1350), et le tombeau go-thique de saint Narcisse, réalisé audébut du XIVe siècle, peu après le fa-meux « miracle des mouches » contrel’invasion française, y sont conservés.Parmi les autres éléments artistiquesnotables de Sant Feliu, signalons l’en-semble de sarcophages paléochré-tiens (IIIe et IVe s.) encastrés dans lesanctuaire.Près des murailles, au sud de la ca-thédrale, se trouve l’intéressant cou-vent de Sant Domènec. Son église go-thique, consacrée en 1339, n’a qu’unenef et un cloître, gothique lui aussi,dont les colonnes et les chapiteauxont été réalisés dans les ateliers deGérone avec une pierre nummulitiquedont l’utilisation s’étendit à toute laCatalogne. Elle fait aujourd’hui partiede l’université de Gérone, comme levieil édifice des Àligues. Les murailles,qui défendaient la ville pendant lessièges dont elle a souffert, présententdes éléments médiévaux, en particu-lier dans leur partie haute; Pierre III leCérémonieux les fit renforcer à partirde 1362 et les travaux ne furent ache-vés qu’à la fin du siècle, période de la-quelle date la tour Cornèlia. La tourGironella est de 1412.

Gérone : le retable et le baldaquin de la cathédrale

Gérone : la nef unique de la cathédrale

Gérone : une rue du quartier juif Gérone : « Saint Charlemagne ». MCCG Gérone : la Pia Almoina

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Aux environs du Carrer dels Ciuta-dans, qui fut la plus grosse artère auMoyen Âge, on peut voir de beaux bâ-timents dont les plus représentatifssont la Fontana d’Or (construite surdes bases romanes et bien restaurée)et l’hôtel de ville, profondément modi-fié, sur la Plaça del Vi, place aux ar-cades de tradition médiévale.D’autres demeures modifiées ou bâ-ties en style Renaissance ou baroqueont gardé des éléments du gothiquetardif, et une promenade dans lesvieux quartiers de Gérone permet detrouver d’innombrables endroits aucharme médiéval.

Pals. Bourg situé dans un joli cadreprès de l’embouchure du Ter, entre lemassif du Montgrí et le massif deBegur. Le vieux quartier a un aspectmédiéval très marqué, qui a été heu-reusement respecté. D’intéressantsremparts cernent la ville, dans laquelleon remarquera la tour de l’ancien châ-teau, dite « Torre de les Hores », l’égli-se (dont une bonne partie date du XVe

siècle, malgré sa simplicité), quelquesmaisons nobles et des endroits trèscaractéristiques de l’ambiance duMoyen Âge.

Peralada. Bourg qui conserve un inté-ressant patrimoine architectural d’unriche passé historique. Certains en-droits et édifices ont énormément decharme, comme la Plaça Major, où se-rait né, en 1265, le grand chroniqueurRamon Muntaner. Le château, profon-dément modifié à partir du XVIe sièclepour être converti en résidence privée,a conservé les bases de ses anciennestours et les murs de la partie nord dubâtiment médiéval (XIIIe et XIVe s.). Il futagrandi à la fin du XIXe siècle, dansune facture entièrement française, etabrite actuellement un casino.Néanmoins, l’édifice le plus appré-ciable pour une bonne connaissancede l’art gothique est le couvent d’ElCarme, construit à partir de 1347(lorsque l’emplacement d’origine, horsmurailles, fut abandonné). L’église té-moigne parfaitement du style architec-tural que le gothique catalan dévelop-pa avec originalité : nef unique, chevetpolygonal et couverture en bois sup-portée par des arcs diaphragme. Lecloître est de la même époque ; il abri-te un musée qui, outre de remar-quables collections de verre, de céra-mique et de peinture, recèle quelquesexemples de la sculpture gothique.Une splendide croix travaillée estconservée dans l’église paroissiale.

Peratallada. L’ensemble monumentalde cette ville, l’un des plus remarquablede l’Empordà pour ce qui est de l’archi-tecture médiévale, fut la propriété de lafamille Cruïlles. Il a un aspect noble etancien. Les édifices les plus intéres-sants datent en général des XIIe, XIIIe etXIVe siècles. Ainsi, L’église, hors mu-

railles, est romane. Le château possè-de des éléments des XIIe et XIIIe siècles,et le palais attenant présente des ou-vrages d’un gothique accentué, com-me les fenêtres de la façade. Signalonsaussi la présence de quelques bellesdemeures nobles, et le bon état deconservation des trois enceintes demurailles qui, autrefois, protégeaient laville.

Púbol. Petit village du Baix Empordà,situé sur le territoire de la communede La Pera, près de La Bisbal. Ilconserve un remarquable château go-thico-Renaissance restauré par lepeintre Salvador Dalí, qui lui a apportéson esthétique particulière et l’a offertà sa femme, Gala, qui fut enterréedans la crypte en 1982. Ouvert au pu-blic depuis 1996 sous le nom de Cas-tell Gala-Dalí, ce château constitueune étape du circuit Dalí, en plus deCadaqués et Figueres. La chapelleabritait un grand retable, œuvre dupeintre Bernat Martorell, conservé au-jourd’hui au musée d’art de Gérone.

Sant Martí d’Empúries. Petit villagedoté d’un intéressant ensemble d’as-pect médiéval, situé sur la côte, aunord de la commune de L’Escala. Lerocher sur lequel il est installé était au-trefois une île, au nord des fameusesruines grecques et romaines d’Empú-ries. Ce fut la première capitale ducomté d’Empúries, pendant le hautMoyen Âge (du IXe au XIe s.), avantCastelló d’Empúries. Ayant gardé safonction de place forte, elle souffrit depillages et de destructions au coursde différents conflits, en particulier en1468. Elle garde de belles ruines deses anciennes murailles et de sonchâteau, et une belle église (1507-1538) qui a gardé le style caractéris-tique du gothique tardif.

Santa Pau. Village situé dans la ré-gion volcanique d’Olot, belle contréepassionnante pour sa géologie et savégétation (notamment la fameusehêtraie Fageda de Jordà). Les ou-vrages du vieux quartier évoquent leMoyen Âge, en particulier la jolie place

à arcades, appelée Firal dels Bous.L’élément central du village est le châ-teau, édifice des XIIIe et XIVe sièclestrès modifié. L’église a été construiteentre 1427 et 1430.

Torroella de Montgrí. Village situé surla côte empordanaise, dominé par lemassif du Montgrí. Il conserve un patri-moine architectural notable, hérité duMoyen Âge, époque où le village jouis-sait d’une position dominante dans lacontrée. L’église, belle manifestationgothique, fut bâtie au cours des pre-mières décennies du XIVe siècle ; ce-pendant, les voûtes ne furent pasachevées avant l’an 1600 ; elle com-porte une seule nef et des chapellesentre les contreforts. À ses côtés, setrouve l’ancien palais royal, appelé ElMirador, dont la galerie gothique a étéen grande partie restaurée. On peutaussi voir les ruines des murailles et devieilles maisons présentant des élé-ments gothiques et Renaissance.Dominant la ville, au sommet de lamontagne de Santa Caterina, le châ-

teau de Montgrí est une imposante for-teresse aux murs extérieurs solides etréguliers qui est, néanmoins, restée in-achevée. Jacques II en ordonna laconstruction en 1294 pour témoignerde sa puissance face à l’attitude rebel-le du comte d’Empúries, mais elle futabandonnée peu après.

Ullastret. Village qui a conservé soncharme médiéval, également connupour le site ibère d’Ullastret qui se trou-ve à proximité. Il s’agit de l’un des plusintéressants sites ibères de Catalogne.Bien fouillé, il dispose d’un petit mu-sée. Le village a conservé une bonnepartie de ses murailles et des élémentsdéfensifs médiévaux (des XIIIe et XIVe

siècles) qui protégeaient le château,dont il ne reste que des ruines. Lesmaisons sont distribuées autour duchâteau ; quelques-unes conserventencore de belles fenêtres gothiques etRenaissance. La halle gothique (XIVe

s.), destinée à accueillir les foires et lesmarchés, présente un grand intérêt.

Verges. Village de l’Empordà surtoutconnu pour la Dansa de la Mort, repré-sentée depuis des temps immémo-riaux lors de la procession du jeudisaint. Datant du Moyen Âge, le village aconservé une bonne partie de ses mu-railles ainsi que des tours et des élé-ments défensifs qui les renforçaient.

Vilabertran. Ancien monastère cano-nial augustinien de Santa Maria deVilabertran, cet ensemble monumentalest en grande partie de style roman. Lemariage de Jacques II avec Blanched’Anjou s’y déroula en 1295, en pré-sence de Charles II de Naples, père dela reine Blanche, de ses fils (dont le fu-tur saint Louis de Toulouse) et de nom-breuses autres personnalités. Selon lechroniqueur Muntaner, « les joyaux fu-rent grands que s’échangèrent les unset les autres ». C’est sans doute à l’unde ces échanges que l’on doit l’excep-tionnelle croix travaillée conservéedans l’une des chapelles, l’une desplus belles pièces parmi celles qui setrouvent en Catalogne. Signalons aussile portail, dont l’ouvrage gothique estinachevé, et la chapelle funéraire desvicomtes de Rocabertí. Le magnifiquepalais abbatial et les fortifications sontl’œuvre de l’abbé Girgós (1410-1431).

Vulpellac. Petit village situé dans laplaine de l’Empordà, près de La Bisbald’Empordà, qui a conservé d’intéres-sants vieux quartiers. Le château dateen grande partie du XIVe siècle, mais ilfut transformé en palais au XVIe siècle. Àl’intérieur, on remarquera la grande salledont la voûte est supportée par desarcs diaphragme (elle abrita de beauxlambris) et, à l’extérieur, les fenêtres àmeneaux. Contiguë au palais, l’église,édifiée au XVIe siècle, présente des élé-ments du gothique tardif et d’autresRenaissance.

Vilabertran : croix travaillée Figueres : l’église Sant Pere Peratallada Pals

Santa Pau : Firal dels Bous Le château de Torroella de Montgrí

Castelló d’Empúries : la basilique Santa Maria

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BarceloneMusée national d’art de Catalogne(MNAC). Dans le palais national deMontjuïc. Les collections de peinturegothique sont parfaitement représen-tatives de l’école catalane, mais on ytrouve également de bons exem-plaires du reste de l’Espagne. Dans legothique linéaire, nous relèverons lespeintures barcelonaises représentantla conquête de Majorque et lesœuvres du maître de Soriguerola. Lesœuvres du maître de Baltimore et desmembres de la famille Serra (retablesde Sixena, Gualter et Tortosa) datentde l’époque italianisante. En gothiqueinternational, la collection commenceavec Lluís Borrassà (retable de SantesCreus), se poursuit avec des piècesde Joan Mates (saint Sébastien),Bernat Martorell (retable de saintVincent), Jaume Ferrer II, etc., et setermine par une forte représentationde Jaume Huguet (saint Georges, re-tables de Vallmoll, Sarrià, saintAugustin et « des détaillants »). Onpeut y voir aussi des œuvres de LluísDalmau (retable des conseillers),Bartolomé Bermejo, le maître de LaSeu d’Urgell, etc. Parmi les nom-breuses sculptures, nous pouvons re-marquer le saint Esteve de Tredòs, leretable de Gerb, la Vierge de Sallentde Sanaüja, un magnifique buste defemme du XVe siècle, ou encore lesaint Antoine de la Figuera (attribué àJ. Cascalls).

VicMusée épiscopal de Vic (MEV). Lespièces les plus représentatives de lasection de sculpture gothique sont leretable de Sant Joan de lesAbadesses (œuvre de Bernat Saulet,1341) et la Vierge dite « Mare de Déude Boixadors » (XIVe s.). Le fonds depeinture rassemble des œuvres desgrands maîtres du gothique catalan :Arnau et Ferrer Bassa (retable de saintBernard), Pere Serra, le maître deRubió, Lluís Borrassà (retable de sain-te Claire), Ramon de Mur (retable deGuimerà), Jaume Cabrera (Vierge auxanges musiciens), Bernat Martorell(retable de sainte Eulalie et saintJean), Jaume Ferrer II (retable deVerdú), Jaume Huguet (petit retablede l’Épiphanie), et de nombreuxautres. La section des arts décoratifsmérite également toute l’attention duvisiteur.

GéroneMusée d’art de Gérone (MAG). Il estinstallé dans le palais épiscopal ; despièces de choix y sont exposées,comme le Calvaire du maître Barto-meu (XIIIe s.), le Martyrium de Poblet,avec de belles miniatures, le sépulcrede Jofre Gilabert de Cruïlles (XIVe s.),l’exceptionnel – pour sa rareté –« table de vitraillier » du XIVe siècle, etles grands ouvrages de Bernat Marto-rell (retable de Púbol, avec les dessinsqu’il y fit au revers) et de LluísBorrassà (retable de Cruïlles) ainsi queles retables de Castelló d’Empúries etde Canapost.

Trésor de la cathédrale de Gérone(TCG). On y trouve un excellent choixd’ouvrages comme la chaise épisco-pale réalisée par le maître Aloi en1351, la statue dite de « saintCharlemagne » (attribuée à JaumeCascalls), les figures du sépulcre deBernat de Pau (XVe s.), la croix en

émail réalisée par l’orfèvre Pere Ber-nés, les broderies, ou les peintures deRamon Solà.

SolsonaMusée diocésain et cantonal(MDCS). Dans le palais épiscopal.Parmi les pièces de la section d’artgothique, on retiendra les fresques deCardona, la Crucifixion de LluísBorrassà, les panneaux de Pere Vall,la grande Cène de Jaume Ferrer Ier etle sépulcre d’Hug de Copons. On ytrouve aussi de beaux exemples d’ou-vrages en fer et en métal.

LleidaMusée diocésain et cantonal deLleida (MLDC). En attendant l’ouvertu-re du musée, une partie des collectionsest exposée dans l’église Sant Martí,qui accueille actuellement l’expositionProemium, ainsi qu’au palais épisco-

pal, monument gothique qui abrite lesretables de l’école de Lleida, ceux deCastelló de Farfanya et de Corbins, lespeintures du réfectoire de la Seu Vellaet les œuvres de Jaume Ferrer Ier, com-me le retable d’Albatàrrec.

Autres muséesÀ Barcelone, on peut également ad-mirer de beaux ouvrages gothiques,en particulier des sculptures, au mu-sée Marès (près du Palau Reial Major),

et au musée de la céramique (dans lePalau de Pedralbes) ; le musée diocé-sain de Barcelone est installé dans lebâtiment de la Pia Almoina, près de lacathédrale. Au musée diocésain deTarragone est exposée une bonne sé-lection d’un fonds particulièrementriche. Au musée diocésain d’Urgell, onpeut admirer, entre autres, le superberetable d’Abella de la Conca. Martorellabrite des collections de céramiqueremarquables – dont de beaux exem-plaires médiévaux – dans ses deuxmusées.

© Generalitat de Catalunya. Édition : Turisme de Catalunya. Réalisation : Servei d’Informació iDifusió Turística. Textes : Josep Bracons i Clapés i Francesc Gurri i Serra. Graphisme : Saura-Torrente. Traduction : Gloria Bayo. Photographies : Archives du Departament de Comerç,Turisme i Consum, T. Vidal, R. Manenet, F. Gomà, J. Mercader, F. Bedmar, Pérez Reus, J. Tous, J. Pareto i P. Català. Le Missel de Sant Cugat se trouve à l’Arxiu de la Corona d’Aragó, àBarcelone. Impression : Bigsa, Indústria Gràfica. D.L. : B. 19.712-2006. Printed in EU

Generalitat de CatalunyaGouvernement catalanMinistère de l’Innovation,des Universités et de l’Enterprise

Musées

Peinture murale de la Pia Almoina. MLDC Ramon de Mur : le retable de Guimerà. MEV Jaume Ferrer Ier : La Cène. MDCS

Lluís Dalmau : le retable des conseillers. MNAC

Bernat Martorell : le retable de Púbol. MAG

Lluís Borrassà : le retable de Cruïlles. MAG

Jaume Huguet : le triptyque de Sant Jordi (détail). MNAC