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Barcelone. Casa Batlló Le Modernisme en Catalogne Le terme générique de « Modernisme » désigne un vaste mouvement artistique apparu en Catalogne à la fin du XIX e siècle et au début du XX e . Les tenants du Modernisme entendaient repenser les répertoires figuratifs, les typolo- gies architecturales et les éléments décora- tifs traditionnels pour les mettre en accord non seulement avec les nouvelles techniques et les nouveaux matériaux industriels, mais aussi avec la sensibilité artistique de leur époque. Connaissant son apogée aux alentours de 1900, ce mouvement se manifeste comme une mode décorative qui repose sur les lignes sinueuses et asymétriques, sur une ornementation florale et coloriste, et qui va affecter l’architecture autant que les arts décoratifs ou appliqués : vitrail, céra- mique, fer et autres métaux, mobilier, ou encore d’autres domaines du design tels que l’orfèvre- rie, l’affiche, les arts graphiques et même la ty- pographie. L’époque est celle qui précède la Première Guerre mondiale, une époque brillante en Europe – c’est « la Belle Époque ! » –, imprégnée d’une indéfectible foi en les progrès techniques et scientifiques et marquée par une relative pros- périté économique, par une grande créativité dans les domaines de l’art et de la culture (sym- bolisme en littérature, influence de Wagner en musique et de Nietzsche en philosophie) et par la montée des mouvements sociaux. Le Modernisme catalan est parallèle à d’autres mouvements, qu’ils s’appellent Art Nouveau en France et en Belgique, Modern Style en Grande- Bretagne et aux États-Unis, Sezession en Autri- che et en Bohême, Jugendstil en Allemagne, ou encore Liberty en Italie. Mais le Modernisme ca- talan a sa particularité, il couvre un très large éventail de domaines et, sous de nombreux as- pects, il se situe à l’avant-garde de son époque. Il se présente, en outre, comme un art national attaché à un projet politique, le catalanisme. Ce mouvement de revendication et de récupération de la langue et de la culture catalanes, en déclin après la splendeur médiévale, avait commencé en littérature sous le nom de Renaixença (« re- naissance ») puis s’était étendu aux domaines de l’art, de l’historiographie et de la politique. Il coïncidait, en outre, avec un moment d’essor socio-économique, avec une époque de consoli- dation du capitalisme industriel et de stabilité politique offrant à la bourgeoisie du pays un cadre idéal pour l’investissement et la croissan- ce. C’est alors que se multiplient les industries (notamment les « vapors » ou fabriques textiles fonctionnant à la vapeur), les voies ferrées et les coopératives agricoles, en particulier vini- coles, et c’est aussi le moment d’une croissan- ce urbaine sans pareille où se construit, à Bar- celone par exemple, une grande partie de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Eixample (« agrandis- sement »). Art national, le Modernisme s’enrichit de nom- breuses références, traits ou symboles, qui lui sont propres. C’est, notamment, l’utilisation, en architecture, de formes et de motifs empruntés à des styles historiques ou à l’art populaire, la présence récurrente du blason de la Catalogne ou encore la représentation de saint Georges, patron du pays, évoquant sa légende et la com- bativité qu’elle renferme. Mais, en même temps, le Modernisme se veut créateur d’une culture moderne en phase avec l’Europe. C’est une atti- tude qui se traduit par des références, égale- ment nombreuses, à l’architecture nordique ou par le recours aux nouveaux matériaux dus aux progrès technologiques, tels que le fer laminé, le verre industriel, le béton. La traditionnelle construction de brique connaît, quant à elle, de remarquables perfectionnements. Gaudí et les grands artistes du Modernisme Dans les domaines de l’architecture et du design s’impose Gaudí. D’une grande originalité et d’un génie exceptionnel, Gaudí va dépasser le cadre du mouvement artistique en concevant un œuvre organique qui a pour caracté- ristique une totale maîtrise des structures et des matériaux ainsi qu’une grande capacité d’expression, proche du symbolisme lorsqu’il s’agit de thèmes religieux. Sont considérés comme disciples directs de Gaudí, Rubió i Bellver, Jujol et Martinell. Rafael Masó, originaire de Gérone et disciple lui aussi de Gaudí, aboutit à une forme personnelle de création qui le rap- proche des architectes d’Europe centrale. Domènech i Montaner est le prototype de l’architecte moderniste. Sa ri- goureuse approche structurale va de pair avec un style décoratif caractéris- tique, à l’intérieur d’un courant rationaliste que partagent Vilaseca et Gallissà, ses collaborateurs, et que suivra également Falqués. Puig i Cadafalch est, au côté de Gaudí et de Domènech, le troisième grand nom de la constellation moderniste. Son œuvre, empreinte d’un archéolo- gisme savant qui repose sur la tradition, d’ici ou d’ailleurs, atteint un remar- quable degré de qualité et d’originalité. L’accession d’intellectuels du mouvement moderniste aux sphères du pouvoir et de la politique aboutit à une nouvelle proposition culturelle bapti- sée par Eugeni d’Ors Noucentisme, qui, trouvant le Modernisme par trop subjectif ou teinté de décadence, entend le remplacer par un style plus or- donné et un retour aux sources classiques et méditerranéennes. Sous l’étiquette du Modernisme, on range un groupe d’artistes brillants qui se sont distingués dans les divers arts plastiques. On se contentera de mentionner la peinture de Rusiñol et de Casas, qui emploient une technique impressionniste sur un fond réaliste ; la sculpture de Josep Llimona et Miquel Blay ; une seconde génération de peintres, proches du Modernisme, qui ont pour noms Nonell, Mir, Picasso ou Anglada Camarasa. Les arts déco- ratifs liés à l’essor de l’architecture comptent également des artistes de ta- lent : des ébénistes tels que Homar ou J. Busquets, des céramistes comme A. Serra, les sculpteurs Escaler, Arnau et Gargallo, des orfèvres tels que les Masriera. La géographie moderniste Avec plus de la moitié des ouvrages répertoriés, Barcelone est le grand centre de l’architecture moderniste. Ayant atteint un haut niveau de prestige et de splendeur dans la capitale, le mouvement a ensuite rayonné vers la Catalogne littorale et pré-littorale, en suivant les axes des lignes de chemin de fer qui étaient aussi les axes de développement de l’époque. On en trou- ve d’excellents témoignages dans les capitales régionales ou les villes indus- trielles des environs de Barcelone où une génération d’architectes de la vil- le, disciples des grands maîtres, se sont lancés dans le nouveau style. On trouve également de belles constructions modernistes dans les centres de villégiature, les stations thermales, les bourgs agricoles du sud qui possè- dent de magnifiques caves, ainsi que dans les cités industrielles qui jalon- nent les grands cours d’eau. Le patrimoine que nous a légué le Modernisme ne concerne pas seule- ment les édifices, religieux ou civils, à caractère institutionnel ou culturel. Des maisons individuelles ou des immeubles d’habitation sont là pour té- moigner de sa richesse, ainsi que des magasins joliment décorés, des sculp- tures monumentales ou de petites fontaines, des réverbères. Sans oublier les sculptures et les sgraffites polychromes qui décorent de nombreuses fa- çades, des vitraux, des grilles de fer, des mosaïques et nombre d’objets qu’une promenade attentive permet de découvrir dans les villes catalanes. Les musées de Barcelone, de Sitges, d’Olot, entre autres, conservent des collections de tableaux et de sculptures de l’époque, ainsi que des meubles, des vitraux, des bijoux et des bibelots. Chez les antiquaires, on trouve enco- re un grand choix de pièces de valeur – des tableaux, des meubles, des bi- joux, ou des objets plus modestes mais également beaux. Pour vous présenter cet héritage moderniste en Catalogne, nous avons re- groupé en six aires géographiques les lieux à visiter, selon les préférences ou le temps disponible de chacun. Des paysages ou des monuments intéres- sants à titres divers complètent souvent les itinéraires proposés. Les offices de tourisme ont pour mission de vous renseigner et de vous aider à pro- grammer vos visites. À la découverte de l’Art moderniste en Catalogne Barcelone. Park Güell

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Barcelone. Casa Batlló

Le Modernisme en Catalogne

Le terme générique de « Modernisme » désigneun vaste mouvement artistique apparu enCatalogne à la fin du XIXe siècle et au début duXXe. Les tenants du Modernisme entendaient repenser les répertoires figuratifs, les typolo-gies architecturales et les éléments décora-tifs traditionnels pour les mettre en accord nonseulement avec les nouvelles techniques et les nouveaux matériaux industriels, mais aussi avec la sensibilité artistique de leur époque.Connaissant son apogée aux alentours de 1900,ce mouvement se manifeste comme une modedécorative qui repose sur les lignes sinueuses et asymétriques, sur une ornementation florale etcoloriste, et qui va affecter l’architecture autantque les arts décoratifs ou appliqués : vitrail, céra-mique, fer et autres métaux, mobilier, ou encored’autres domaines du design tels que l’orfèvre-rie, l’affiche, les arts graphiques et même la ty-pographie.

L’époque est celle qui précède la PremièreGuerre mondiale, une époque brillante enEurope – c’est « la Belle Époque ! » –, imprégnéed’une indéfectible foi en les progrès techniqueset scientifiques et marquée par une relative pros-périté économique, par une grande créativitédans les domaines de l’art et de la culture (sym-bolisme en littérature, influence de Wagner enmusique et de Nietzsche en philosophie) et parla montée des mouvements sociaux.

Le Modernisme catalan est parallèle à d’autresmouvements, qu’ils s’appellent Art Nouveau enFrance et en Belgique, Modern Style en Grande-Bretagne et aux États-Unis, Sezession en Autri-che et en Bohême, Jugendstil en Allemagne, ouencore Liberty en Italie. Mais le Modernisme ca-talan a sa particularité, il couvre un très largeéventail de domaines et, sous de nombreux as-pects, il se situe à l’avant-garde de son époque.Il se présente, en outre, comme un art nationalattaché à un projet politique, le catalanisme. Cemouvement de revendication et de récupérationde la langue et de la culture catalanes, en déclinaprès la splendeur médiévale, avait commencéen littérature sous le nom de Renaixença (« re-naissance ») puis s’était étendu aux domaines del’art, de l’historiographie et de la politique. Ilcoïncidait, en outre, avec un moment d’essor socio-économique, avec une époque de consoli-dation du capitalisme industriel et de stabilitépolitique offrant à la bourgeoisie du pays uncadre idéal pour l’investissement et la croissan-ce. C’est alors que se multiplient les industries(notamment les « vapors » ou fabriques textilesfonctionnant à la vapeur), les voies ferrées et les coopératives agricoles, en particulier vini-coles, et c’est aussi le moment d’une croissan-ce urbaine sans pareille où se construit, à Bar-celone par exemple, une grande partie de ce quel’on appelle aujourd’hui l’Eixample (« agrandis-sement »).

Art national, le Modernisme s’enrichit de nom-breuses références, traits ou symboles, qui luisont propres. C’est, notamment, l’utilisation, enarchitecture, de formes et de motifs empruntésà des styles historiques ou à l’art populaire, laprésence récurrente du blason de la Catalogneou encore la représentation de saint Georges,patron du pays, évoquant sa légende et la com-bativité qu’elle renferme. Mais, en même temps,le Modernisme se veut créateur d’une culturemoderne en phase avec l’Europe. C’est une atti-tude qui se traduit par des références, égale-ment nombreuses, à l’architecture nordique oupar le recours aux nouveaux matériaux dus auxprogrès technologiques, tels que le fer laminé, leverre industriel, le béton. La traditionnelleconstruction de brique connaît, quant à elle, deremarquables perfectionnements.

Gaudí et les grands artistes du Modernisme

Dans les domaines de l’architecture et du design s’impose Gaudí. D’unegrande originalité et d’un génie exceptionnel, Gaudí va dépasser le cadre dumouvement artistique en concevant un œuvre organique qui a pour caracté-ristique une totale maîtrise des structures et des matériaux ainsi qu’unegrande capacité d’expression, proche du symbolisme lorsqu’il s’agit dethèmes religieux. Sont considérés comme disciples directs de Gaudí, Rubiói Bellver, Jujol et Martinell. Rafael Masó, originaire de Gérone et disciple luiaussi de Gaudí, aboutit à une forme personnelle de création qui le rap-proche des architectes d’Europe centrale.

Domènech i Montaner est le prototype de l’architecte moderniste. Sa ri-goureuse approche structurale va de pair avec un style décoratif caractéris-tique, à l’intérieur d’un courant rationaliste que partagent Vilaseca etGallissà, ses collaborateurs, et que suivra également Falqués.

Puig i Cadafalch est, au côté de Gaudí et de Domènech, le troisième grandnom de la constellation moderniste. Son œuvre, empreinte d’un archéolo-gisme savant qui repose sur la tradition, d’ici ou d’ailleurs, atteint un remar-quable degré de qualité et d’originalité.

L’accession d’intellectuels du mouvement moderniste aux sphères dupouvoir et de la politique aboutit à une nouvelle proposition culturelle bapti-sée par Eugeni d’Ors Noucentisme, qui, trouvant le Modernisme par tropsubjectif ou teinté de décadence, entend le remplacer par un style plus or-donné et un retour aux sources classiques et méditerranéennes.

Sous l’étiquette du Modernisme, on range un groupe d’artistes brillantsqui se sont distingués dans les divers arts plastiques. On se contentera dementionner la peinture de Rusiñol et de Casas, qui emploient une techniqueimpressionniste sur un fond réaliste ; la sculpture de Josep Llimona etMiquel Blay ; une seconde génération de peintres, proches du Modernisme,qui ont pour noms Nonell, Mir, Picasso ou Anglada Camarasa. Les arts déco-ratifs liés à l’essor de l’architecture comptent également des artistes de ta-lent : des ébénistes tels que Homar ou J. Busquets, des céramistes commeA. Serra, les sculpteurs Escaler, Arnau et Gargallo, des orfèvres tels que lesMasriera.

La géographie moderniste

Avec plus de la moitié des ouvrages répertoriés, Barcelone est le grandcentre de l’architecture moderniste. Ayant atteint un haut niveau de prestigeet de splendeur dans la capitale, le mouvement a ensuite rayonné vers laCatalogne littorale et pré-littorale, en suivant les axes des lignes de cheminde fer qui étaient aussi les axes de développement de l’époque. On en trou-ve d’excellents témoignages dans les capitales régionales ou les villes indus-trielles des environs de Barcelone où une génération d’architectes de la vil-le, disciples des grands maîtres, se sont lancés dans le nouveau style. Ontrouve également de belles constructions modernistes dans les centres devillégiature, les stations thermales, les bourgs agricoles du sud qui possè-dent de magnifiques caves, ainsi que dans les cités industrielles qui jalon-nent les grands cours d’eau.

Le patrimoine que nous a légué le Modernisme ne concerne pas seule-ment les édifices, religieux ou civils, à caractère institutionnel ou culturel.Des maisons individuelles ou des immeubles d’habitation sont là pour té-moigner de sa richesse, ainsi que des magasins joliment décorés, des sculp-tures monumentales ou de petites fontaines, des réverbères. Sans oublierles sculptures et les sgraffites polychromes qui décorent de nombreuses fa-çades, des vitraux, des grilles de fer, des mosaïques et nombre d’objetsqu’une promenade attentive permet de découvrir dans les villes catalanes.

Les musées de Barcelone, de Sitges, d’Olot, entre autres, conservent descollections de tableaux et de sculptures de l’époque, ainsi que des meubles,des vitraux, des bijoux et des bibelots. Chez les antiquaires, on trouve enco-re un grand choix de pièces de valeur – des tableaux, des meubles, des bi-joux, ou des objets plus modestes mais également beaux.

Pour vous présenter cet héritage moderniste en Catalogne, nous avons re-groupé en six aires géographiques les lieux à visiter, selon les préférencesou le temps disponible de chacun. Des paysages ou des monuments intéres-sants à titres divers complètent souvent les itinéraires proposés. Les officesde tourisme ont pour mission de vous renseigner et de vous aider à pro-grammer vos visites.

À la découvertede l’Art moderniste en Catalogne

Barcelone. Park Güell

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Park Güell, le banc ondulé. Détail Park Güell, le banc ondulé. Détail Park Güell, le banc ondulé. Détail Park Güell, le banc ondulé. Détail Park Güell, le banc ondulé. Détail

Park Güell, l’escalier principal

2 ROUTE 1

C’est la capitale de la Catalogne, à l’époque déjà brillant foyer euro-péen de la culture, qui présente aujourd’hui l’ensemble d’ouvrageslégués par le Modernisme catalan le plus important, en quantité au-tant qu’en qualité. Les constructions coïncident avec une périoded’essor économique et de croissance urbaine et sont le fait d’unebourgeoisie cultivée, aimant les arts et désireuse de laisser l’emprein-te de sa prospérité dans le paysage urbain.

La restauration de ce patrimoine architectural, exécutée, avec soinet sensibilité, grâce à un programme municipal de subventions, a faitapparaître des édifices ou des éléments modernistes qui passaientinaperçus auparavant. Barcelone devient ainsi la ville moderniste parexcellence, en particulier dans l’Eixample. Ce quartier, zone d’ex-pansion de la ville une fois les remparts disparus, a été construit, àpartir de 1860, sur les plans de l’ingénieur lldefons Cerdà. Avec sonmaillage régulier de rues parallèles et perpendiculaires à la mer, avecses pâtés de maisons octogonaux obtenus en coupant les anglesdroits, c’est aujourd’hui un modèle avancé et original de planifica-tion urbaine.

Partir à la découverte des ouvrages modernistes de Barcelone, c’estavant tout flâner, se laisser séduire par une ville frémissante de vie,qui continue d’assimiler et d’intégrer dans ses rues les tendances cul-turelles et artistiques les plus avancées. Le legs moderniste est l’undes héritages les plus importants qu’a su conserver cette ville deuxfois millénaire.

L’axe principal de l’Eixample est le Passeig de Gràcia, l’anciennevoie qui reliait la ville fortifiée au village de Gràcia, aujourd’hui deve-nu un quartier de Barcelone. C’est là que se trouvent certains des édi-fices les plus remarquables, tels que la Pedrera de Gaudí ou les troismaisons singulières situées entre les rues Consell de Cent et Aragó,dues à Domènech i Montaner, Puig i Cadafalch et Gaudí (un pâté de

maisons surnommé « Mançana de la Discòrdia »). Si on remonte lePasseig de Gràcia à partir de la Plaça de Catalunya, au cœur de la ville,on pourra voir, outre les immeubles précédemment cités, un grandnombre de demeures où habitaient de riches bourgeois barcelonais,les luminaires surmontant des bancs de céramique dessinés parFalqués et les pavés hexagonaux du sol réalisés d’après des dessinsde Gaudí. La Rambla de Catalunya, une large avenue bordée debeaux immeubles parallèle au Passeig de Gràcia, a également suconserver toute sa noblesse.

L’Eixample est traversé d’est en ouest par l’Avinguda Diagonal, et ilest coupé en deux par le Passeig de Gràcia. À l’ouest, on trouve debelles constructions mais c’est surtout du côté est que se dressent laplupart des édifices modernistes, sur la « droite » (« la Dreta ») del’Eixample, limitée par le Passeig de Sant Joan. Les rues Mallorca,València, Consell de Cent et Diputació, ainsi que la Gran Via – quicoupent le Passeig de Sant Joan et le Passeig de Gràcia à angledroit – sont bordées d’immeubles souvent dus aux plus grands archi-tectes ; d’autres, signés par des architectes moins connus, montrentnéanmoins de belles décorations et ont conservé tout le cachet del’époque. Vers le nord, on trouve peu d’ouvrages modernistes et ce-pendant deux chefs-d’œuvre : le célèbre temple expiatoire de laSagrada Família, de Gaudí, et le complexe pavillonnaire de l’Hospitalde Sant Pau, de Domènech i Montaner. Ces deux édifices sont reliéspar l’Avinguda de Gaudí, éclairée par des lampadaires de Falqués.

Outre leurs qualités formelles et la richesse de leur décoration, onremarque dans les immeubles modernistes situés dans le quartier dela Dreta de l’Eixample une organisation de l’espace récurrente : aurez-de-chaussée, s’ouvrent trois ou cinq portes, qui donnent sur desboutiques ou des magasins (où étaient entreposés le plus souventdes tissus, spécialité de l’industrie catalane) avec la porte de la mai-son proprement dite au centre. Le premier niveau était entièrementoccupé par les propriétaires (cet étage est d’ailleurs appelé « princi-pal ») et leur logement donnait sur le jardin intérieur, commun au pâtéde maisons ; en façade, ce logement était reconnaissable par une tri-bune richement décorée et on y accédait souvent directement par ungrand escalier depuis le hall d’entrée. Les appartements des autresétages étaient plus petits (deux par palier) et occupés par des loca-taires ; parfois on y accédait par un autre escalier, plus modeste.

La vieille ville ne possède pas beaucoup de témoignages de l’archi-tecture moderniste, car, dans cette période d’expansion, l’espace ymanquait pour de nouveaux chantiers – seul chantier majeur à cette

époque dans le vieux centre ville, la percée de la Via Laietana en 1908-1913 répondra à un style architectural plus classique.Néanmoins deux grands ouvrages méritent d’être cités ici : le PalauGüell (Carrer Nou de la Rambla), premier chef-d’œuvre de Gaudí pourcelui qui sera son mécène des années durant, et le Palau de la MúsicaCatalana (Carrer de Sant Pere més Alt) un édifice de Domènech iMontaner, où sont déclinées nombre de solutions décoratives. Ceque l’on trouve encore dans les rues du vieux quartier, ce sont debelles boutiques à la décoration moderniste, intégrées dans lesconstructions plus anciennes.

Dans le parc de la Ciutadella, près des anciens remparts, subsis-tent des édifices construits pour l’Exposition universelle de 1888.L’événement n’était pas seulement un signe de la reconnaissance in-ternationale de la ville et du progrès de l’industrie catalane, ce futaussi l’occasion de réaliser des travaux urbains, tel ce parc à laconception duquel participèrent les jeunes architectes progressistesdu moment. Ils avaient pour noms Domènech, Vilaseca ou Falqués :le premier est l’auteur du café-restaurant de l’exposition (connu comme le Château des Trois-Dragons, « Castell dels Tres Dragons »),l’un des ouvrages précurseurs, tout comme le Palau Güell, duModernisme.

Dans les quartiers de Gràcia, Sant Gervasi et Sarrià, anciennes com-munes indépendantes rattachées à Barcelone à la fin du XIXe siècle,ou encore au pied du Tibidabo, se trouvent d’intéressantes bâtissesoccupées par des ordres religieux enseignants ou de grandes de-meures appartenant à la haute bourgeoisie qui fit de cette zone unquartier résidentiel. C’est là que se trouve le Park Güell, aménagéd’après un projet de cité-jardin, limité par la suite à celui d’un parc ur-bain. Cette création de Gaudí résume, mieux que toute autre, la mo-dernité plastique du mouvement artistique, sa richesse symboliqueet son souci du paysage urbain.

Principaux monuments

ANTONI GAUDÍ

Casa Vicens (Carrer de les Carolines,22). L’une des premières construc-tions de Gaudí (1883-1888). Inspirépar l’architecture mauresque, Gaudí adécoré la façade de cette maison dejeux de briques géométriques et d’ap-plications céramiques. Remarquablegrille de fer façonnée en grandesfeuilles de palmier. Agrandie en 1925-1926, cette maison a perdu le magni-fique jardin qui l’entourait.

Pavellons Güell (Avinguda dePedralbes). Écuries et pavillon de l’an-cienne propriété de la famille Güell oùGaudí, encore influencé par l’archi-tecture orientale, la réinterprète dansles formes des arcs et de la coupole(1884-1887). Le jardin, métaphore dumythique Jardin des Hespérides, estfermé par une grande clôture que sur-veille un dragon de fer forgé. Cet en-droit abrite aujourd’hui la chaire Gaudíde l’École d’architecture et possèdedes archives et une bibliothèque spé-cialisées dans le Modernisme.

Palau Güell (Carrer Nou de la Ram-bla, 3). Palais urbain construit pour la

Barcelone

Park Güell

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Casa Vicens Casa Vicens, détail de la grille Palau Güell, détail de la façade

Palau Güell, cheminées

Casa Batlló, cheminées Casa Milà, baptisée « La Pedrera »

« La Pedrera », cheminées« La Pedrera », les combles

famille Güell (1886-1888) où Gaudí serévèle comme un grand créateur dedécors intérieurs. Cela apparaît ausous-sol (les anciennes écuries), où ondécouvre la capacité expressive de labrique, dans le tracé de l’escalier parlequel on gagne les différents niveauxdu bâtiment, ou encore dans l’éton-nante grande salle centrale couverted’une coupole parabolique qui s’étendsur tout l’édifice et s’achève en cônesur le toit. Ce toit est entouré de che-minées-sculptures que Gaudí recouvrede trencadís, utilisant pour la premièrefois cet assemblage de morceaux irré-guliers de céramique concassée qui vadevenir un élément caractéristique dela décoration moderniste. Pour la pre-mière fois aussi apparaissent les fer-ronneries sinueuses et les arcs parabo-liques sur la façade et à l’intérieur. Lorsde la restauration de 1992 quelquescheminées ont été recréées. On peutle visiter. Declaré Patrimoine Mondialau catalogue de l’UNESCO.

Convent de les Teresianes (Carrer deGanduxer, 85). Couvent et collège de l’ordre de sainte Thérèse d’Avilaachevé par Gaudí (1888-1889). L’inter-vention de l’architecte a doté cette bâ-tisse du profil crénelé qui la caractériseet d’éléments tels que les arcs parabo-liques ou la grille d’entrée.

Casa Calvet (Carrer de Casp, 48).Immeuble d’habitation (1898-1900)d’inspiration baroque. Sa constructionmarque la transition entre une premiè-re période, où Gaudí réinterprète à samanière les styles historiques, et la se-conde, où il s’affranchit des contraintesde styles antérieurs. L’escalier et l’as-censeur sont remarquables.

Bellesguard (Carrer de Bellesguard,16). Maison construite entre 1900 et1909, à l’emplacement d’un ancienpalais de Martin Ier l’Humain (mort en1410), dernier roi de la dynastie cata-lane. Cet emplacement incita Gaudí à s’inspirer du style gothique, mais en allongeant démesurément les pro-portions. La tour est couronnée desquatre bandes du drapeau catalan etd’une croix à six branches.

Park Güell (Carrer d’Olot). Le projetdu banquier Eusebi Güell de construi-re sur ce terrain une véritable cité-jar-din échoua, et Gaudí n’en construisit,entre 1900 et 1914, que l’infrastructu-re (chemins, accès, grande place).C’est aujourd’hui un parc, devenu mu-nicipal en 1922, qui s’intègre parfaite-ment au paysage au moyen de via-ducs, de murs de soutènement etd’une utilisation naturaliste de la pier-re. La décoration céramique, pour la-

quelle l’architecte compta sur le tra-vail de son collaborateur J. M. Jujol,se retrouve partout : sur le célèbrebanc sinueux, au plafond de la sallehypostyle à 86 colonnes (qui devaitêtre le marché couvert de la cité), re-couvrant le grand dragon sculpté quipréside l’escalier principal. Cet emploigénial du trencadís annonce les col-lages et la peinture abstraite. MuséeGaudí. Declaré Patrimoine Mondial aucatalogue de l’UNESCO.

Casa Batlló (Passeig de Gràcia, 43).Immeuble d’habitation entièrementrénové par Gaudí entre 1905 et 1907,aussi bien à l’extérieur (mosaïque po-lychrome ondulée, balcons du pre-mier niveau fermés par des colonnesrappelant une ossature, balustradesdes balcons en forme de masques,toiture d’écailles imitant la peau d’undragon) qu’à l’intérieur (cage d’esca-lier et ascenseur où entrent en jeu les nuances de l’azulejo bleu). Lesformes organiques de la façade sem-blent évoquer la légende de saintGeorges, le patron de la Catalogne(croix plantée dans l’échine du dra-gon, os des victimes du monstre aupremier niveau).

Casa Milà, baptisée la Pedrera(Passeig de Gràcia, 92). À l’origine im-

meuble d’habitation (1905-1910). Gau-dí montre ici tout son talent et toute samaîtrise technique en créant unestructure en pierre apparente extrême-ment complexe, aux formes telles dessculptures modelées par l’érosion, auxpiédroits et aux poutres en fer encas-trés à l’intérieur. Dans cet édifice sin-gulier, probablement le chef-d’œuvrede Gaudí et du Modernisme, tous leséléments revêtent des formes orga-niques qui préfigurent l’architectureexpressionniste et la sculpture abstrai-te, que ce soient les ouvertures creu-sées dans la pierre de la façade, lesgrilles de fer forgé des balcons ou lescheminées du toit reliées par une sortede chemin de ronde. Entièrement res-tauré par la Caixa de Catalunya, qui ena fait un centre culturel, ce bâtimentabrite une salle d’exposition (au pre-mier niveau), un auditorium (en sous-sol), un appartement-exposition meu-blé d’époque et, dans les niveaux su-périeurs, l’Espai Gaudí, qui présenteen contexte l’architecte et son œuvre.Declaré Patrimoine Mondial au cata-logue de l’UNESCO.

La Sagrada Família (Plaça de laSagrada Família). Ce temple expiatoi-re est l’ouvrage le plus connu deGaudí, le symbole de Barcelone et duModernisme. L’architecte y travailla

toute sa vie (les dernières années ens’y consacrant entièrement et en vi-vant sur le chantier) et il mourut avantde voir l’ouvrage achevé. La construc-tion, commencée en 1882 par F. de P.Villar y Lozano en style néogothiqueconventionnel, fut confiée à Gaudí en1883. Sur la crypte déjà partiellementconstruite, Gaudí élabora et perfec-tionna sa vie durant un projet detemple grandiose dans lequel il inves-tit tout son savoir architectural : lesymbolisme, avec douze tours pourles apôtres, quatre pour les évangé-listes, une tour symbolisant la Viergeet la dernière, haute de 170 m, sym-bolisant le Christ, tandis que chaqueélément, fenêtre ou colonne évoqueles saints, les institutions ou les mys-tères de la foi catholique ; l’intégra-tion de la structure, des fondations au sommet, au moyen d’arcs parabo-liques dépourvus de contreforts ; et,enfin, une décoration nettement natu-raliste (personnages modelés d’aprèsnature, reproduction en pierre denuages, de stalactites, etc.). L’abside,la façade de la Nativité, où est relatéel’enfance de Jésus, et les clocherssont entièrement dus à Gaudí. En1952, on entreprit, non sans souleverquelques polémiques, la suite des tra-vaux d’après les dessins et les ma-quettes épargnés, ainsi que quelques

3ROUTE 1

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Hospital de Sant Pau, plafond voûté du pavillon d’entrée« Castell dels Tres Dragons »

Fonda Espanya

Hospital de Sant Pau

Sagrada Família

tours, par la guerre civile de 1936-1939. Aujourd’hui, une partie de lanef centrale est achevée et on peutadmirer la forêt de colonnes inclinéesprévues par Gaudí à l’imitation de la nature. Le sculpteur Josep MariaSubirachs travaille à la nouvelle faça-de de la Passion depuis 1987.

LLUÍS DOMÈNECH I MONTANER

« Château des Trois-Dragons » (Pas-seig de Picasso). Ancien café-restau-rant de l’Exposition universelle de1888. Concevant là son ouvrage leplus rationaliste, Domènech y introduitles doubles murs de brique apparenteen façade, une grande nouveauté pourl’époque dans l’architecture non in-dustrielle. Il emploie une structure defer laminé dans la grande salle du hautet réduit l’ensemble de l’édifice à desformes géométriques simples, concen-trant les éléments décoratifs d’inspira-tion gothique (créneaux, blasons ettour) dans des endroits bien délimités.Cet édifice abrite aujourd’hui le muséede zoologie.

Editorial Montaner i Simón (Carrerd’Aragó, 255). Ce premier travail im-portant (1879-1885) de Domènech iMontaner associe des éléments de sty-le mudéjar, des symboles du progrèscomme les engrenages dentés ou lesétoiles à cinq branches, et l’usage dufer et de la brique apparente. Ayantlongtemps abrité une grande maisond’édition, ce bâtiment accueille au-jourd’hui la Fundació Antoni Tàpies.Outre l’exposition permanente del’œuvre du peintre, on trouve dans cesmurs des expositions temporaires,des activités culturelles et une biblio-thèque dont une grande partie dufonds concerne les cultures non occi-dentales.

Palau Montaner (Carrer de Mallorca,278). Demeure noble construite parl’architecte éclectique Domènech iEstapà en 1885 et achevée par Domè-nech i Montaner en 1893. Escalier im-posant et frises de céramique sur la façade. Siège de la Délégation du gou-vernement. Visites de groupe sur ren-dez-vous.

Casa Thomas (Carrer de Mallorca,291-293). Immeuble d’habitation cons-truit entre 1895 et 1898, agrandi en1912 par F. Guàrdia i Vial, le gendre deDomènech. Pour la première fois, onvoit apparaître une décoration qui de-viendra caractéristique de l’architecte– tournesols sur les balustrades desbalcons, plaques de céramique avecdes boutons en relief, etc. Ce bâtimentabrite aujourd’hui un magasin demeubles dont le catalogue comprenddes reproductions de meubles et decéramiques modernistes.

Fonda (ou Hotel) Espanya (Carrer deSant Pau, 9). Dans un hôtel déjàconstruit, Domènech décora le rez-de-chaussée (1902-1903), avec la colla-boration du sculpteur Eusebi Arnau

(auteur de la remarquable cheminéed’albâtre) et du peintre Ramon Casas(qui signa le sgraffite sur thème sous-marin). Rampe de bois ornée de mé-daillons de céramique évoquant lesprovinces espagnoles. Cet immeubleest toujours un hôtel.

Casa Lamadrid (Carrer de Girona,113). Immeuble d’habitation (1902)dont la façade présente une décorationsemblable à celle de la Casa Thomas.

Hospital de Sant Pau (AvingudaGaudí). Ensemble de pavillons hospita-liers conçu en 1902. Entre 1912 et1930 c’est Pere Domènech i Roura, le fils de Domènech i Montaner, qui dirigea les travaux. Le pavillon d’en-trée, surmonté d’une élégante tour,possède une structure de brique appa-rente qui domine l’ensemble. Cettestructure est richement décorée demosaïques évoquant des thèmes his-toriques et de chapiteaux et consolesde pierre en forme d’ange, un travailsynthétique de Pau Gargallo, à l’épo-que jeune sculpteur. Le grand escalieret le plafond sont empreints de rémi-niscences mauresques. Les pavillons,consacrés aux différentes spécialitésmédicales, sont entourés de jardins etreliés entre eux par des passages sou-terrains. On peut visiter certaines par-

ties de cet hôpital. Declaré PatrimoineMondial au catalogue de l’UNESCO.

Palau de la Música Catalana (Carrerde Sant Pere més Alt). Salle deconcert et siège de l’Orfeó Català,l’organisme qui, depuis 1891, se char-ge de promouvoir les activités musi-cales à Barcelone. Construit entre1905 et 1908, cet édifice modernisteest un modèle du genre, par l’emploiprécoce d’une structure en fer laminémais surtout par la richesse de sa dé-coration, composée de remarquablesvitraux (en particulier la coupole in-versée au plafond de la salle deconcert), de mosaïques en façade et àl’intérieur, de peintures et de sculp-tures à l’extérieur (groupe dédié à la

chanson populaire, de Miquel Blay) et à l’intérieur (arc qui symbolise lamusique populaire et la musique clas-sique) sans oublier les muses de lascène qui représentent les musiquesnationales, travaux d’Eusebi Arnau.On retrouve ici l’idée wagnérienne de l’intégration de tous les arts, ca-ractéristique du Modernisme catalan.Après une première réfection réa-lisée entre 1982 et 1989 par ÒscarTusquets, on a détruit l’église quijouxtait le bâtiment, ce qui en donneune nouvelle perspective et permetun profond remodelage des façadeset des différents services (en coursdepuis 1999). On peut visiter l’édifi-ce. Declaré Patrimoine Mondial au ca-talogue de l’UNESCO.

Casa Lleó Morera (Passeig de Gràcia,35). Immeuble d’habitation (1903-1905) qui a perdu ses éléments lesplus caractéristiques lors d’une réfec-tion malheureuse (tourelle et arcs durez-de-chaussée avec de belles sculp-tures). Il reste une tribune angulaireet d’intéressants travaux de sculpturesur les balcons et les fenêtres (on yvoit des inventions modernes repré-sentées à la hauteur du deuxième étage, telles un gramophone, une am-poule électrique, un téléphone et unappareil photo). Le premier étageconserve une belle décoration moder-niste (vitraux, sculptures, mosaïques,azulejos). On a restauré le rez-de-chaussée en vue de lui rendre son as-pect primitif.

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Casa Amatller et Casa Batlló

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Palau de la Música Catalana, coupole de la salle d’auditions Palau de la Música Catalana, salle d’auditions

Palau de la Música Catalana, colonnes

Casa Terrades, baptisée « Casa de les Punxes»Palau Macaya, cour intérieure

Palau Macaya

Casa Serra

Casa Fuster (Passeig de Gràcia, 132).Immeuble d’habitation (1908-1910) où l’on voit de nombreux éléments qui identifient l’architecte : bases de robustes colonnes en pierre rose, fe-nêtres trilobées, ornementation florale.Mais l’ensemble dénote aussi une gran-de retenue dans l’expression, favoriséepar la blancheur du marbre et les par-faites proportions des façades. Faitrare, la façade postérieure est plate.

JOSEP PUIG I CADAFALCH

Casa Martí (Carrer de Montsió, 3 bis).Immeuble d’habitation (1895-1896)tout à fait conforme à ce qui fut le pre-mier style de Puig i Cadafalch : mélan-ge d’éléments du gothique catalan etdu gothique étranger, soin extrême ap-porté aux détails des sculptures et autravail du fer. Ce bâtiment est connusous le nom de la brasserie qui occupele rez-de-chaussée, Els Quatre Gats.Lieu de réunion et d’exposition de labohême moderniste, on y voyait lespeintres Casas, Nonell ou Picasso, tan-dis que le maître des lieux Pere Romeu(représenté assis sur le siège arrière dutandem peint par Casas sur un tableauqui pendait au mur) donnait des spec-tacles de marionnettes. La brasserieest ouverte au public.

Casa Amatller (Passeig de Gràcia,41). Immeuble d’habitation remodelépar Puig i Cadafalch (1898). L’archi-tecte y ajouta une façade extrême-ment équilibrée surmontée d’un cou-ronnement à degrés dans le style desmaisons flamandes, une galerie conti-nue, une tribune gothique décorée demotifs floraux et des sgraffites con-formes à la tradition architecturale ca-talane. Un motif nationaliste décoreégalement la façade : saint Georgesluttant contre le dragon. Puig apportaaussi des modifications à la cour inté-rieure d’où part l’escalier et au premierétage, qui abrite aujourd’hui l’InstitutAmatller d’Art hispanique. Les meu-bles, les lampes, les pavements et lesvitraux sont signés par Puig tandis quela belle cheminée est d’Eusebi Arnau.Bureaux du Centre municipal pour laRoute du Modernisme et salle d’expo-sition au rez-de-chaussée.

Palau Macaya (Passeig de Sant Joan,108). Résidence urbaine construite en1901. La façade, blanche, est décoréede sgraffites et percée d’ouvertures or-nées de reliefs. Un curieux escaliercouvert part de la cour intérieure, elleaussi remarquable. L’immeuble abriteaujourd’hui le Centre culturel de laFundació « la Caixa ».

Casa Muntadas (Avinguda del DoctorAndreu, 48). Maison résidentielle si-tuée au pied du Tibidabo (1901),construite selon le modèle du mas ca-talan. Façade d’allure baroque couron-née d’un motif sinueux.

Casa Terrades, appelée « Casa deles Punxes » (Avinguda Diagonal, 416-420). Grand édifice d’habitations(1903-1905), à l’aspect quelque peumédiéval, qui se dégage sur un espacedélimité par trois rues et qui doit soncaractère monumental à sa façade debrique. Le toit, en dents de scie, estcouronné d’élégantes aiguilles co-niques (d’où le surnom de ce bâti-ment) qui se dressent sur les tours an-gulaires. Belles tribunes triangulaireset intéressants détails à l’intérieur. Cetensemble, reconnaissable entre toussur la Diagonal, a été récemment res-tauré.

Casa Serra (Rambla de Catalunya,126). Résidence urbaine (1903) oùl’architecte a remplacé les réminis-cences gothiques par des élémentsRenaissance, mais qui conserve néan-moins la griffe de Puig. Le bâtiment, in-achevé, abrite la présidence de laDiputació de Barcelona (Conseil pro-vincial), tandis que les bureaux des dif-férents services de cette institution se

trouvent dans le bâtiment moderne at-tenant.

Fàbrica Casaramona (Avinguda Mar-quès de Comillas, 6-8). Grande filature(1911) construite en brique, où l’archi-tecte met l’accent sur les qualités ex-pressives de ce matériau, conjuguantune stricte fonctionnalité (organisationdes travées) avec une décoration mé-diévalisante, discrète mais néanmoinsprésente. Le tout est couvert de voûtescatalanes. Deux belles tours et remar-quable travail de fer forgé. Longtempsce bâtiment a abrité les services de la police. En 1992, il est devenu pro-priété de La Caixa, qui, depuis l’an2000, a entamé un long processus deremodelage auquel a participé ArataIsozaki. Ce sera désormais, à côté degrandes salles d’exposition, le siège de CaixaForum et celui de la Fundació« la Caixa ».

Casa Quadras (Avinguda Diagonal,373). Résidence urbaine des ba-rons de Quadras (1904). La grille dela porte, l’intérieur, la façade, quiconjugue, comme celle de la Casa deles Punxes, des formes gothiques etdes formes plateresques où abondela décoration florale, tout cela attes-te la capacité créatrice et l’élégancede Puig.

Casa Company (Carrer de BuenosAires, 56-58). Résidence urbaine (1911)qui correspond à la période de tran-sition de l’architecte entre un Moder-nisme évoquant l’art gothique et leclassicisme tout à fait personnel quicaractérise sa dernière période. Bellesferronneries des fenêtres et sgraffite fi-guratif sur le haut de la façade, repré-sentant l’Assomption de la Vierge etdes guirlandes de fleurs. Siège du mu-sée du sport Melcior Colet.

PERE FALQUÉS

Luminaires-bancs du Passeig deGràcia, créés, vers 1900, par Falqués,alors architecte de la Ville. Leur restau-ration a permis de redécouvrir les cou-leurs d’origine du fer (grenat et doré),d’en consolider la sinueuse structureet de récupérer les globes électriques.Les bancs sont recouverts de trencadísblanc.

Réverbères de l’Avinguda Gaudí. Ilsont une base en forme d’obélisque depierre et des ferronneries grenat. Ilsont été créés vers 1900 mais ont étérestaurés récemment.

Monument à Pitarra (Pla del Teatre).Monument inauguré en 1907 et dédié

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Monument au Doctor Robert

Réverbère du Passeig de Gràcia El Pinar

Église du Sagrat Cor Casa Golferichs

Casa Llopis i Bofill Arc de Triomphe de l’Exposition de 1888

au dramaturge catalan Frederic Soler,surnommé « Pitarra ». La sculpture estd’Agustí Querol et Falqués en fit le pié-destal, de style baroque, communé-ment appelé, en raison de sa forme, le« chiffre 2 ».

Hidroelèctrica de Catalunya (Avin-guda de Vilanova, 12). Ancienne usi-ne électrique qui abrite aujourd’huiles bureaux de la compagnie d’élec-tricité. Construite en 1897 et aujour-d’hui restaurée, elle possède unestructure de fer et de brique apparen-te et conserve d’intéressantes ma-chines.

JOSEP VILASECA

Arc de triomphe de l’Exposition de1888 (Passeig de Lluís Companys).Arc marquant l’entrée de l’Expositionuniverselle de 1888. Construit dansles proportions des arcs de triompheclassiques, il est en brique apparenteavec des applications de céramique(scènes figuratives et frises de motifsvégétaux).

Casa Pia Batlló (Rambla de Ca-talunya, 17). Immeuble d’habitation(1891-1906). On remarque les lanter-nons en façade et des poutres appa-

rentes de fer, en particulier aux ouver-tures du rez-de-chaussée.

Casa Quadros (Rambla, 82). Immeu-ble d’habitation (1891-1896) et ancienmagasin de parapluies. L’ornemen-tation en a été conservée : un dragon ysoutient une lanterne et un parapluiedans une composition en fer d’allureorientale.

Casa Enric Batlló (Passeig de Gràcia,75). Immeuble d’habitation (1893-1896) transformé en hôtel. Construc-tion mixte de pierre et de brique appa-rente qui conserve de beaux élémentsde design de l’époque et des applica-tions de céramique vernissée en for-me de lyre, des ferronneries en formede palmier, etc.

Cases Cabot (Carrer de Roger deLlúria, 8-14). Maisons contiguës (1901-1905), dont l’une possède une magni-fique porte d’entrée ornée d’entrelacsen forme d’ogive et l’autre de sobresverrières et un sgraffite restauré.

ENRIC SAGNIER

Palais de Justice (Passeig de LluísCompanys). L’un des premiers édificespublics modernes de la ville, construit

témoigne de l’excellente qualité destravaux de construction et de décora-tion des artisans de l’époque.

El Castell (Tibidabo). Sanatorium(1903). Bâtiment auxiliaire formé decylindres de différentes hauteurs en-tourant une grande salle, elle aussi cir-culaire. Parements de brique et toitsconiques revêtus de céramique vernis-sée concassée, ou trencadís.

Casa Rialp (Carrer dels Dominics,14). Villa (1908-1910) construite enbrique apparente et maçonnerie. Labrique compose les encadrementsdes fenêtres, les colonnes torses,l’avant-toit du balcon d’angle, la tourmirador, etc.

SALVADOR VALERI

Casa Comalat (Avinguda Diagonal,442). Immeuble d’habitation (1909-1911), construction insolite où l’ondénote l’influence de Gaudí dans lebaroque massif des formes et le chro-matisme, mais qui n’en est pas moinsoriginale. Tandis que la façade quidonne sur la Diagonal est tout à faitsymétrique et typiquement urbaine,celle qui donne sur le Carrer deCòrsega est plus originale et plus co-

lorée. Remarquable entrée ornée demosaïques et de vitraux aux formesorganiques dans les tons ocres et vio-lacés.

Torre Sant Jordi (Carrer de SantEudald, 11). Villa (1906) entourée d’unjardin, aux lignes sinueuses, couron-née d’un lanternon caractéristique.

JOSEP MARIA JUJOL

Casa Planells (Avinguda Diagonal,332). Immeuble d’habitation (1923-1924) qui semble inspiré de La Pedrerade Gaudí, mais simplifiée au maxi-mum. Remarquable tribune ondulée.

JOSEP MARIA PERICAS

Monument à Mossèn Cinto Ver-daguer (Avinguda Diagonal - Passeigde Sant Joan). Monument caractéris-tique (1913-1924), dédié au grandpoète de la Renaixença catalane, quicomprend une longue colonne et dessculptures exécutées par les frèresOslé.

Església del Carme (Carrer del BisbeLaguarda). Église (1910-1914) recou-verte de brique où on devine des élé-

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conjointement par Enric Sagnier etJosep Domènech i Estapà entre 1887et 1911. Monumental et austère com-me le veut sa fonction, il se composede deux corps, chacun articulé autourd’une cour et couronné de tours angu-laires. La partie centrale, où l’on accè-de par un porche fermé d’une bellegrille, abrite une grande salle aux co-lonnes de granit rose couverte d’unhaut plafond de voûtes en fer appa-rent. Ce bâtiment a été décoré par lepeintre Josep M. Sert.

El Pinar (Carrer de Manuel Arnús).Villa construite au pied du Tibidabo(1903) pour le banquier Arnús. Unetour prolongée par une aiguille domineun édifice où nombre d’éléments, galerie, tour, fenêtres, apparaissent enpierre. Intéressante grille de fer à laporte cochère.

Casa Mulleras (Gran Via, 654).Immeuble d’habitation (1904) qui pré-sente en façade une grande tribune etau rez-de-chaussée une grande entréeavec l’escalier principal. Élégant sgraf-fite montrant des dames en train dedanser.

Església de Pompeia (Avinguda Dia-gonal, 450). Église qui jouxte le cou-vent des Capucins (1907-1915). On yretrouve, réinterprétées, les formes dugothique catalan, telle la charpente debois reposant sur des arcs de pierreainsi que de nouveaux éléments déco-ratifs, notamment les chapiteaux auxformes organiques.

Temple del Sagrat Cor (sommet duTibidabo). Commencé en 1909 avecles travaux de l’église inférieure, cetédifice possède un intéressant portailsculpté d’allure baroque, orné de mo-tifs végétaux réalistes, exécuté parEusebi Arnau. La mort de l’architecteet la guerre civile paralysèrent les tra-vaux, poursuivis par le fils d’EnricSagnier.

Caixa de Pensions (Via Laietana, 56).Ancien siège central de cette caissed’épargne (1914-1917). Édifice néogo-thique avec une tour surmontée d’uneaiguille ; remarquable sculpture.

JOAN RUBIÓ I BELLVER

Casa Golferichs (Gran Via, 491).Maison (1900-1901) caractérisée pardes proportions très étudiées et desdétails pleins de raffinement. Réin-terprétation originale d’éléments go-thiques et traitement soigné des ma-tériaux. Communément appelée « EIXalet », cette maison fut sauvée de ladémolition grâce à la mobilisation deshabitants du quartier. Elle abrite au-jourd’hui des bureaux de la mairied’arrondissement.

El Frare Blanc ou Casa Roviralta(Avinguda del Tibidabo, 31). Villa(1903-1913) construite en brique etmontrant des éléments gothiques ; elle

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ments de l’architecture centre-euro-péenne de l’époque, en particulier surle clocher et la façade principale(Carrer de Sant Antoni), tandis que lafaçade latérale présente des formesplus proches de celles des édifices deGaudí.

ANTONI MARIA GALLISSÀ

Casa Llopis i Bofill (Carrer deValència, 339). Immeuble d’habitation(1902) de grandes dimensions qui dénote chez Gallissà un grand souci du détail. L’influence rationaliste deDomènech i Montaner apparaît sur lesmurs lisses de la façade et les verrièresen forme de parallélépipèdes.

JOAN MARTORELL I MONTELLS

Església de les Saleses (« des Visi-tandines », Passeig de Sant Joan, 92).Cette église (1882-1885) constitue unintéressant précédent du Modernisme.L’architecte y a réinterprété les formesnéogothiques d’une manière originale,en faisant un usage intelligent de labrique. Ce matériau apparaît ici pour lapremière fois sur un édifice religieux,enrichi de couleur, en particulier sur lafaçade-clocher.

BERNADÍ MARTORELL

Convent de Valldonzella (Carrer delCister, 41). Couvent cistercien defemmes (1910) construit sur les pre-miers contreforts du Tibidabo. On ydénote les influences de Gaudí et deDomènech i Montaner ; adaptation trèsoriginale du gothique, puissantes pro-portions et usage exemplaire de labrique.

Convent del Redemptor (Carrer deBellesguard, 50). Couvent (1926) situénon loin de la Casa Bellesguard deGaudí, construit dans le même styleque le couvent de Valldonzella, maisplus modeste.

CAMIL OLIVERAS

La Maternitat (Travessera de lesCorts, 161). Centre de bienfaisancequi accueillait les parturientes et lesenfants abandonnés. Les travaux deconstruction commencèrent en 1883pour s’achever en 1902, alors qu’Oli-veras était déjà mort. Les pavillonscentraux sont particulièrement intéres-sants, faits de pierre et de brique, ainsique l’intérieur du pavillon de l’AveMaria, où se trouve un remarquable es-calier. Le bâtiment abrite aujourd’huile ministère catalan de la Santé et de laSécurité sociale (Departament de Sani-tat i Seguretat Social de la Generalitatde Catalunya).

ALEXANDRE SOLER I MARCH

Casa Heribert Pons (Rambla deCatalunya, 19-21). Immeuble d’habita-tion (1907-1909) qui évoque l’archi-tecture viennoise de l’époque. On re-

marque des représentations allégo-riques des arts sculptées sur la façade.Le bâtiment abrite aujourd’hui le mi-nistère catalan de l’Économie et desFinances (Departament d’Economia iFinances de la Generalitat de Cata-lunya).

ADOLF RUIZ I CASAMITJANA

La Rotonda (Avinguda del Tibidabo,2). Édifice construit vers 1905 pourabriter un hôtel, sur commande de lafamille Andreu. Il a été transformé enclinique. Très belle décoration sur latour angulaire qui lui donne son nom.

ANTONI DE FALGUERA

Casa de la Lactància (Gran Via, 475).Maison de bienfaisance (1910) dont la façade néogothique est couronnéepar un groupe de sculptures d’EusebiArnau. C’est aujourd’hui une maisonde retraite.

Escola Municipal de Música (Carrerdel Bruc, 110). La facture de ce conser-vatoire de musique (1916) désigneFalguera comme un digne successeurde Puig i Cadafalch. L’architecte rem-plaça néanmoins ici l’élégance des dé-tails décoratifs par une certaine roton-

dité des formes. À l’intérieur, on re-marque un bel escalier et une salle, appelée la Peixera (« l’aquarium »),éclairée par une grande verrière poly-chrome.

JOSEP LLIMONA

Monument au Dr Robert (Plaça deTetuán). Monument exécuté entre1904 et 1910, qui était situé aupara-vant Plaça de la Universitat. Il fut dédiépar les Barcelonais à leur maire, ledocteur Bartomeu Robert, un hommefort estimé de la population. Retirépendant la période franquiste, le mo-nument a été rénové en 1979 et instal-lé là où il se trouve actuellement. Lesqualités plastiques de la base qui sou-tient le groupe allégorique représen-tant le travail, la médecine, etc., ont pufaire croire, de manière erronée, à uneintervention de Gaudí.

MANUEL SAYRACH

Casa Sayrach (Avinguda Diagonal,423). Immeuble d’habitation (1918)où on dénote une influence de Gaudíavec, cependant, des formes plus épu-rées. Intéressante entrée aux formesorganiques. Il y a un restaurant au pre-mier étage. La maison voisine, au nu-

méro 153 du Carrer Enric Granados, aégalement été construite par Sayrach,en 1926.

JULI MARIA FOSSAS

Casa Villanueva (Carrer de Roger deLlúria, 80). Immeuble d’habitation(1907) qui occupe tout un pan coupé.Tribunes de pierre et vitraux, avec, aucentre, une magnifique coupole sur-montée d’une haute aiguille.

EDUARD FERRÉS

El Siglo (Casa Damians) (Carrer dePelai, 54). Grand magasin (1915)construit par Ferrés avec la collabora-tion de Lluís Homs et d’Ignasi Mas.C’est l’un des premiers édifices deBarcelone à avoir été construit en bé-ton armé. Immense verrière, atlanteet cariatide dans la partie supérieure,elle aussi de béton. Remodelé en1987, le bâtiment abrite aujourd’huides magasins.

IGNASI MAS I MORELL

Plaça de Toros Monumental (GranVia, 749). La plus grande des deuxarènes de Barcelone, construite entre1913 et 1915 par Mas avec la collabo-

ration de Joaquim Raspall. Libre adap-tation de l’architecture mauresque.

JERONI F. GRANELL

Casa Granell (Carrer de Girona, 122).Immeuble d’habitation (1903) remar-quable par le chromatisme de la faça-de et la décoration de l’entrée.

LES MARCHÉS

Barcelone possède un certain nombrede marchés couverts, lieux pleins devie et d’animation, qui obéissent à desmodèles d’architecture antérieurs auModernisme puisque leur construc-tion remonte au milieu du XIXe siècle,mais qui montrent déjà une recherchedans les nouveaux matériaux (struc-tures de fer supportant la toiture) etdes détails décoratifs rajoutés, dontbeaucoup sont pleinement moder-nistes. Le premier de ces marchés estle Born, situé près du parc de laCiutadella, qui fut longtemps le mar-ché central de la ville. Il s’agit d’un ou-vrage réalisé par Josep Fontseré iMestre (urbaniste du parc) et l’ingé-nieur Josep M. Cornet (1876) sur lemodèle des Halles de Paris et couvertd’une belle pyramide octogonale. LeMercat de Sant Antoni (au coin des

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Plaça de Toros Monumental Couvent de Valldonzella

Pharmacie J. de Bolòs, verrières Marché de La Boqueria

Boulangerie, détail des portes

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Broche de Manolo Hugué Pendentif de R. Teixé

Marqueterie de G. Homar

Antiga Casa Figueras

Mosaique céramique d’Homar et Serra

rues Comte d’Urgell et Tamarit) est unouvrage d’Antoni Rovira i Trias (1872-1882) construit d’après le modèle duprécédent. Le Mercat de Sant Josepou Mercat de la Boqueria (situé sur laRambla) a été construit en plusieursétapes (entre 1840 et 1914). C’est leplus vivant, celui qui vend le plusgrand choix de produits, offrant unplaisant contraste où se mêlent cou-leurs, odeurs et cris des vendeurs dèsque l’on franchit la grande porte d’en-trée décorée de motifs modernistesde fer et de verre. Il a été rénové. LeMercat de la Llibertat (1874) est situésur la place du même nom, dans lequartier de Gràcia. Et d’autres encore,très nombreux, tels que le Mercat dela Concepció (au coin des rues Aragóet Bruc), le Mercat d’El Ninot (Carrerde Mallorca, 133), le Mercat deGalvany (au coin des rues Calaf etMadrazo), etc.

LE MODERNISME EN DÉCORATION

Le goût et la sensibilité modernistesétaient dans l’air du temps et ils ga-gnèrent la décoration. Décoration desintérieurs – on conserve dans les mu-sées de beaux exemplaires de mobi-lier et on en trouve chez les anti-quaires –, mais aussi des commerces,souvent situés dans des maisons plusanciennes mais décorés, à l’extérieuret à l’intérieur, d’après la nouvellemode. Une promenade dans la villenous permettra d’admirer, encore au-jourd’hui, bon nombre de ces com-merces, que l’on a eu le bonheur deconserver tels quels.

Les pharmacies furent particulière-ment réceptives aux nouveaux cou-rants et beaucoup d’entre elles ontconservé leur décoration. C’est le casde la Farmàcia J. de Bolòs (Carrer deValència, 256), l’une des plus com-plètes, qui possède de beaux vitraux(celui de la porte représente un oran-ger très haut), des lampes, des décora-tions au plafond et des vitrines conte-nant des collections de bocaux. LaFarmàcia Puig-Oriol (Carrer de Mallor-ca, 312) date de 1913 ; ses portes sontdotées de curieuses vitres incrustéesde pierres de couleurs et le mobilier etles bocaux sont d’époque. L’AntigaFarmàcia Genové (Rambla, 77), signéeEnric Sagnier (1911), a une façade or-née de motifs gothiques.

Les pâtisseries et boulangeries adop-tèrent, elles aussi, la nouvelle décora-tion. C’est par exemple la pâtisserieAntiga Casa Figueras (Rambla, 83),décorée par Antoni Ros i Güell (1902)et restaurée en 1986 ; elle conservedu mobilier, des vitraux et une inté-ressante façade ornée d’une enseignede mosaïque et d’un magnifique reliefdans l’angle, qui représente une fau-cheuse portant dans ses bras une gerbe de blé. Une boulangerie, situéeau numéro 73 du Carrer de Girona,conserve sa façade ornée des ty-piques ondulations. Mais on peut citerd’autres commerces : Filatèlia Monge(Carrer de Boters, 2), qui conserve enparfait état sa façade de bois à l’as-pect gothique et des éléments du mo-bilier d’origine. Le magasin de tissusEl Indio (Carrer del Carme, 24), dontla façade évoque plutôt les décora-tions, plus internationales, de l’Art

Nouveau (début du XXe siècle). Enfin,Casa Teixidor (Ronda de Sant Pere,16) est un ancien magasin de matérielde dessin, signé M. J. Raspall (1909),où on remarque notamment une trèsbelle enseigne.

On ne saurait oublier le Cercle delLiceu (un club privé très fermé), qui se trouve dans l’édifice du Gran Tea-tre del Liceu, restauré en 1999 à la suite de l’incendie qui ravagea la sal-le d’opéra et la scène en 1994. LeCercle, fondé en 1847, ne subit aucundommage. À la fin du XIXe siècle et dé-but du XXe, on en rénova en grande par-tie la décoration, sur un projet deJosep Pascó et Alexandre de Riquer(qui conçut les meubles), et l’on yajouta des vitraux d’Oleguer Junyentsur des thèmes wagnériens. On y trou-ve également une magnifique collec-tion de peintures de l’époque (Masrie-ra, Urgell, Cusachs, Rusiñol, Mir, etc.),dont douze panneaux de Ramon Casasdans le salon appelé La Rotonda, quiconstituent une très belle synthèse dela sensibilité moderniste.

La période moderniste a égalementcoïncidé avec la construction d’unnouveau cimetière (Cementeri Nou) ou cimetière du sud-ouest, face à lamer, sur les flancs de la colline deMontjuïc. Les grandes familles bour-geoises se firent alors construire desomptueux tombeaux, pour la décora-tion desquels sculpteurs et ferronnierspurent montrer tout leur art et tout leurtalent. Certaines sculptures, tellescelles de Josep Llimona, sont de véri-tables chefs-d’œuvre du genre. Aunombre des architectes, on trouveJosep Vilaseca (tombeau Batlló, 1885,anges à l’entrée, d’inspiration égyp-tienne), Antoni M. Gallissà (tombeauLa Riva, 1891, vertical sur base go-thique, grande créativité dans lesformes décoratives), J. Puig i Cada-falch (tombeau Terrades, tombeau desbarons de Quadras, tombeau Macià,de 1917, tombeau Damm, 1897) ouencore J. M. Jujol (pierres tombalesGibert Romeu, 1910, Planells, 1916,Sansalvador, 1919).

8 ROUTE 1

Pendentifs de Lluís Masriera

Park Güell, dragon du grand escalier

Antoni Gauí1. Casa Vicens2. Pavellons Güell3. Palau Güell4. Convent de les

Teresianes5. Casa Calvet6. Bellesguart7. Parc Güell8. Casa Batlló9. Casa Milà, dita

«La Pedrera»10. La Sagrada

FamíliaLluís Domènechi Montaner11. Castell dels Tres

Dragons12. Editorial

Montaner i Simon13. Palau Montaner14. Casa Thomas15. Fonda Espanya16. Casa Lamadrid17. Hospital de Sant

Pau18. Palau de la

Música Catalana19. Casa Lleó Morera20. Casa FusterJosep Puigi Cadafalch21. Casa Martí22. Casa Amatller23. Casa Macaya24. Casa Muntadas25. Casa Terrades,

dite «Casa de lesPunxes»

26. Casa Serra27. Fàbrica

Casarramona28. Casa Quadras29. Casa CompanyPere Falqués30. Lampadaires-bancs du

Passeig de Gràcia31. Lampadaires

l’Avinguda Gaudí32. Monument à

Pitarra33. Hidroelèctrica de

CatalunyaJosep Vilaseca34. Arc de Triomf35. Casa Pia Batlló36. Casa Quadros37. Casa Enric Batlló38. Cases CabotEnric Sagnier39. Palau de Justicia40. El Pinar41. Casa Mulleras42. Església de

Pompeia43. Temple del

Sagrat Cor

44. Caixa dePensions

Joan Rubió iBellver45. Casa Golferichs46. El Frare Blanc o

Casa Roviralta47. El Castell48. Casa RialpAltres arquitectes49. Casa Comalat50. Torre Sant Jordi51. Casa Planells52. Monument a

Mossèn CintoVerdaguer

53. Església delCarme

54. Casa Llopisi Bofill

55. Esglesía de lesSaleses

56. Convent deValldonzella

57. Convent delRedemptor

58. La Matermitat59. Casa Heribert

Pons60. La Rotonda61. Casa de

Lactància62. Escola Municipal

de Música63. Monument al Dr.

Robert64. Casa Sayrach65. Casa Villanueva66. El Siglo (Casa

Damians)67. Plaça de Toros

Monumental68. Casa

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Colònia Güell

Sant Joan Despí. « Torre dels Ous »

Le parcours proposé ci-dessousdans les environs de Barcelonen’est pas long mais il est riche en monuments modernistes dignesd’être visités. Ces derniers se trou-vent pour la plupart dans le VallèsOccidental et le Baix Llobregat, une

zone très peuplée où, malgré une den-se implantation industrielle et une crois-

sance urbaine quelque peu anarchique,subsistent encore des recoins agréableset des choses intéressantes à voir.

De Barcelone, on se rend à Esplugues de Llobregat, une localité li-mitrophe. On y retrouve des souvenirs modernistes autour de la Plaçade l’Església et dans le Carrer de Montserrat, qui conservent l’atmo-sphère calme du village d’autrefois. Ensuite, très près d’Esplugues,on gagne Sant Joan Despí, où de beaux témoignages du passé sontplongés dans un cadre très industrialisé, puis Cornellà de Llobregat,une importante ville satellite de Barcelone qui possède un intéressantchâteau d’eau (Torre de les Aigües) construit pour recueillir les eauxdu Llobregat et les épurer.

De Cornellà, la route nous conduit, après avoir traversé le fleuve, àSant Boi de Llobregat, au pied de la colline de Sant Ramon puis, versle nord, à Santa Coloma de Cervelló. Là, dans la zone industrielle dela Colònia Güell, se trouve la crypte de l’église inachevée de Gaudí : ils’agit de l’un des monuments modernistes les plus intéressants dugrand architecte, et qui a un autre mérite, celui de se trouver dans unbel environnement naturel.

Après avoir repris la route vers le nord, on arrive à Sant Vicençdels Horts, une bourgade qui a connu ces dernières années une for-te croissance démographique. Naguère placide station estivale, sesquelques beaux ouvrages modernistes nous remémorent un passéagricole relativement récent. Tout près se trouve le lieudit ElsQuatre Camins, un carrefour de routes où, si l’on tourne versl’ouest sur la route de L’Ordal, on rejoint deux bourgs intéressantsqui possèdent des constructions modernistes : Cervelló, où on ver-ra aussi l’église romane Santa Maria au milieu d’un singulier paysa-ge de grès rouge, et Vallirana, un village soigné à vocation résiden-tielle.

De retour à Els Quatre Camins, on traverse à nouveau le Llobregatpour gagner Molins de Rei et emprunter la route qui mène à El Papiol.Ce village est situé sur une colline et dominé par un vieux châteaurestauré d’où la vue s’étend sur la vallée du Llobregat. On pourra yvoir aussi un bel endroit qui a pour nom Les Escletxes.

En passant par Castellbisbal et en empruntant la route qui traversela zone industrielle de Sant Andreu de la Barca, on gagne Martorell.On y verra deux beaux musées de céramique et le pittoresque Pontdu Diable, dont la légende dit qu’il fut construit par le diable presqueentièrement – il lui manquait une pierre – en une nuit. De Martorell onne regrettera pas un détour du côté de Gelida, par la vallée de l’Anoia,direction sud-ouest. Cette jolie bourgade possède des édifices mo-dernistes au milieu d’un beau paysage où ne manquent ni lessources, ni la présence imposante d’un château, ni de nombreusesvillas de vacances.

De retour à Martorell, on se dirige vers Terrassa, l’ancienne Egara,par une route qui offre de belles vues, en particulier sur la montagnetoute proche de Montserrat. Cette ville a tant de choses à nous propo-ser qu’on ne peut toutes les énumérer ici. Disons brièvement qu’ils’agit d’un grand centre industriel et monumental qui possède un en-semble remarquable d’églises wisigothico-romanes, notamment.Après avoir admiré les ouvrages modernistes, si l’on a encore dutemps devant soi, on pourra s’offrir une promenade dans le parc na-turel de Sant Llorenç del Munt, où l’on pourra admirer des paysagesd’une grande beauté.

De Terrassa à Caldes de Montbui, la route qui passe par Castellardel Vallès et Sentmenat en contournant en partie la montagne deSant Llorenç est un itinéraire très varié et très agréable. Caldes est,depuis l’époque des Romains, une station thermale vivante. Son pa-trimoine monumental est intéressant et comprend une piscine ther-male de l’époque romaine avec la galerie qui l’entoure, située sur laPlaça de la Font del Lleó, l’église paroissiale baroque et un nouveaumusée, le Museu Thermàlia, qui expose une remarquable collectiondu sculpteur Manuel Hugué, dit Manolo.

De Caldes de Montbui à Sabadell, la route n’est pas longue maiselle est très agréable et passe au milieu de grandes pinèdes. Avant derejoindre la grande ville du Vallès, on pourra faire une halte au sanc-tuaire de La Salut, joliment décoré par Vila Arrufat, originaire deSabadell. Sabadell est une grande ville industrielle très dynamique,où les activités culturelles sont toujours nombreuses. À côté des ou-vrages modernistes, on ne sera pas déçu de visiter le musée del’Institut de Paleontologia, qui est l’un des plus grands musées pa-léontologiques du monde.

Sur le chemin du retour vers Barcelone, on passe par Rubí, naguèreun village calme, devenu, à la suite d’un développement industrielextraordinaire, une ville industrielle dynamique qui conserve des élé-ments modernistes de valeur. L’étape suivante est Sant Cugat delVallès, une bourgade, résidentielle en grande partie, située dans unbel environnement. Outre ses ouvrages modernistes, la ville possèdel’imposante bâtisse de son ancien monastère bénédictin, qui conser-ve une belle rosace en façade et un cloître exceptionnel. Ce monastè-re est la dernière halte de cet itinéraire. Il ne nous reste plus qu’à re-tourner à Barcelone en empruntant L’Arrabassada, la route qui fran-chit la montagne de Collserola. Au col, une belle vue panoramiquesur Barcelone s’offre à nous, tandis que nous descendons par la rou-te en lacets du Revolt de la Paella.

Principaux monuments

Caldes de Montbui. Station thermaledont les sources étaient déjà appré-ciées des Romains (on peut encorevoir de beaux vestiges des anciensthermes). Les édifices baroques et XIXe

sont les plus nombreux, mais on verraune belle décoration moderniste à l’in-térieur de l’établissement BalneariBroquetas. Le musée Thermàlia conservede belles pièces du sculpteur ManoloHugué, qui vécut longtemps à cet endroit.

Cervelló. Bourgade rurale située aupied des monts d’El Ordal et possédantdeux remarquables églises romanes,l’église Santa Maria de Cervelló et l’égli-se Sant Ponç de Corbera. On y trouveaussi les vestiges d’un château médiéval.L’église paroissiale est moderniste,construite à partir de 1896 sur des plansde Josep Font i Gomà et Antoni Gallissà :d’inspiration gothique, elle présente en

9ROUTE 2

Le Vallès et les contrées de l’ouest de Barcelone

Vase d’A. Serra (MNAC)

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Terrassa. Masia Freixa

Colònia Güell

Colònia Güell

Colònia Güell Colònia Güell

façade une combinaison de pierre etde brique apparente. Elle jouxte unpresbytère construit dans le mêmestyle. Non loin de Cervelló, à l’est, setrouve la Granja Garcia, une villa mo-derniste construite par Antoni Gallissàen 1891 : de plan carré avec une tour,elle présente une décoration céramique.

Colònia Güell. Quartier industriel deSanta Coloma de Cervelló, créé en 1890par le financier et industriel Eusebi Güelli Bacigalupi, qui en fit une cité textile(filatures de coton), urbanisée par FrancescBerenguer, collaborateur de Gaudí. Lamaison du directeur (1900), construitepar Joan Rubió i Bellver, montre d’inté-

ressants jeux de brique. Mais l’édificele plus remarquable de cet ensemble estla crypte (1898-1915) de l’église (inache-vée), dont la construction fut confiéepar Güell à Gaudí et qui constitue undes ouvrages les plus prisés du génialarchitecte, à plusieurs titres. L’innovationstructurelle, tout d’abord : colonnes in-clinées en fonction de la charge quechacune doit supporter, arcs parabo-liques et hyperboliques ; ensuite l’usa-ge des matériaux : pierre basaltique etbrique enrichies par la polychromie demosaïques et vitraux ; enfin, richessespatiale à l’intérieur et sous le porchede l’entrée. Le plan s’inscrit dans unovale irrégulier, avec un corps central

divisé par des alignements de nom-breuses colonnes qui soutiennent uneinfinité de nervures irrégulières debrique, et un déambulatoire contour-nant l’abside. Cette crypte est consi-dérée comme l’un des ouvrages fon-damentaux de l’architecture du XXe siècle.

Cornellà de Llobregat. Ancienne bour-gade agricole que la proximité deBarcelone a transformée, dès la fin duXIXe siècle, en ville industrielle faisantdésormais partie de la conurbationbarcelonaise. On peut y voir des ouvragesmodernistes : le château d’eau (Torrede les Aigües), station de pompage ap-partenant à la Societat d’Aigües de

Barcelona (1907), la Fàbrica Bagaria(1920-1925), un ouvrage monumentalde brique construit par Modest Feu etqui se trouve sur la route d’Esplugues,ou encore quelques villas telles que laCasa Camprubí (1928), de J. M. Jujol,située sur la route de Sant Joan Despí.

Esplugues de Llobregat. Ville rési-dentielle. On peut notamment y admi-rer deux beaux ouvrages : le panthéonGarí, de style moderniste, signé Puig iCadafalch, et le vieux mas CanCasanoves, rénové au début du XXesiècle par A. M. Gallissà, architecte mo-derniste lui aussi, et qui fait aujour-d’hui partie du monastère de Montsió.Non loin, on pourra visiter les impo-sants fours de l’ancienne fabriquePujol i Bausis, qui constitue un pointde référence incontournable dans laproduction de céramique appliquée àl’architecture moderniste.

Gelida. Station estivale dominée parles ruines d’un ancien château. On yaccède par un petit funiculaire. On ytrouve des maisons modernistes, dontla Casa Delgado (1910), située dans leCarrer de Mossèn Jaume Via, qui pré-sente une intéressante grille en fer.

El Papiol. Village rural sur les bords duLlobregat, devenu un bourg résiden-tiel. Il est dominé par un château sei-gneurial, grand édifice de l’époque go-thique, bien restauré. On y trouve desmaisons d’inspiration moderniste, parmilesquelles Can Bou ou la Casa dePedra, un ouvrage de Salvador Valeri(1914), un architecte de la Ville dont lestravaux dénotent l’influence de Gaudí :c’est, par exemple, ici, un couronnementondulé et des balcons qui reprodui-sent, en pierre, des branches d’arbres.

Rubí. Ancienne bourgade agricole quia connu, au cours du XXe siècle, unprocessus très rapide d’industriali-sation et un essor démographiquespectaculaire. Dans le vieux quartier sontconservés, de la période moderniste,le vieux marché reconverti en salled’exposition et la cave coopérative(1920), un ouvrage de Cèsar Martinell.

Sabadell. Cette ville devint, dès le mi-lieu du XIXe siècle, l’un des plus impor-tants centres d’industrie lainière enEurope (la Manchester catalane, l’a-t-on parfois baptisée). Elle possède debeaux témoignages de l’architecturenéoclassique et industrielle (anciennes

10 ROUTE 2

Terrassa. Vapor Aymerich, Amat i Jover

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fabriques avec cités ouvrières) et unbel ensemble moderniste : Jeroni Mar-torell est l’auteur du bâtiment de laCaixa d’Estalvis de Sabadell (1905),un édifice de pierre qui présente unegrande variété de vitraux d’une réalisa-tion parfaite (et une remarquable lu-carne) ; le même architecte a construitl’Escola Industrial (1907-1910), un bâ-timent entouré de jardins et reconvertien centre culturel ; l’église Sant Agustí(1924-1932) est signée de BernadíMartorell ; l’architecte de la Ville JosepRenom construisit différentes maisonsdont la Casa Arimon ; Enric Sagnier,quant à lui, remodela, dans le stylenéogothique, l’église archipresbytéraleSant Feliu (1921). La Torre de l’Aigua,le château d’eau qui se dresse à l’estde la ville, date de 1918 et a étéconstruit par l’architecte Lluís HomsMoncusí, de sensibilité moderniste.C’est l’un des premiers ouvrages àavoir été construit en béton armé.

Sant Cugat del Vallès. Ville résiden-tielle qui s’articule autour de l’ancienmonastère bénédictin de Sant Cugatdel Vallès. De ce monastère, qui a jouéun grand rôle dans l’histoire de laCatalogne, il reste une grande église,

de l’époque de transition entre le ro-man et le gothique, un cloître roman etles murailles qui l’entourent. Plusieursouvrages modernistes sont égalementconservés : la Casa Massana, de FerranRomeu ; la cave coopérative, de CèsarMartinell (vers 1921), couverte d’arcsparaboliques de brique apparente ; lemarché municipal ; la Casa Lluch(1906), sur la route de L’Arrabassada,un ouvrage de Eduard M. Balcells, auxformes géométriques et à la céra-mique polychrome abondante ; et, en-fin, la Casa Calado, construite par cemême architecte.

Sant Joan Despí. Ancien village agri-cole composé de mas dispersés, quidevint, dès la fin du XIXe siècle, une station estivale pour les Barcelonais et connut, plus tard, un grand essor démographique. Josep M. Jujol, quifut architecte de la Ville, y a laisséquelques-uns de ses plus beaux ou-vrages. Non loin de la gare se trouve laTorre dels Ous (« la villa aux œufs », de1913), nom par lequel on connaîtcommunément la Torre de la Creu enraison de la forme de ses coupoles,l’ouvrage le plus représentatif de Jujol,qui consiste en une intersection de

cinq cylindres de différentes hauteurs.Can Negre (1915-1930) est un ancienmas remodelé que l’on a pu considé-rer comme un précédent architecturaldu surréalisme en raison de son cou-ronnement ondulé, de sa tribune enforme de carrosse et de ses supportscourbes ; la chapelle reprend des élé-ments baroques tandis que la cage del’escalier surprend par son intensecouleur bleue ; restaurée, cette mai-son abrite le centre culturel municipal.La Casa Rovira (1926), un ancien masremodelé, et enfin la Casa Jujol (1932),la maison de l’architecte construite parlui-même. Ce dernier a également dé-coré l’intérieur de l’église paroissia-le en 1943 (chaire où apparaît sa si-nueuse calligraphie). Le marché muni-cipal (1930) a été construit par CèsarMartinell.

Sant Vicenç dels Horts. Cet ancienvillage agricole, station estivale au dé-but du XXe siècle a connu un essor dé-mographique et est devenu un bourgindustriel. La Casa del Comú (1924),construite par l’architecte de la VilleMelcior Vinyals, possède un patio cen-tral et une belle façade. On peut aussiy voir des maisons modernistes : la

Torre Blanca, la Torre Negra, le Molídels Frares (ancienne propriété du mo-nastère de Sant Pau del Camp que l’ona restaurée), Can Pujador.

Terrassa. Cette ville fut le siège dutrès ancien évêché d’Egara, et ellepossède un riche patrimoine histo-rique dont fait partie un bel ensembled’églises wisigothico-romanes. Au XIXe

siècle elle a connu une intense activi-té dans l’industrie textile, parallèle àcelle de Sabadell. Le Modernisme y alaissé ses traces sur les édifices pu-blics, les demeures bourgeoises et lesusines. Lluís Muncunill y fut architectede la ville et on lui doit quelques-unsdes plus beaux ouvrages : la MasiaFreixa (1907-1910), qui se trouve au-jourd’hui dans le parc municipal SantJordi et abrite le conservatoire de mu-sique ; on y retrouve l’arc paraboliquegaudinien et, malgré l’absence de dé-coration, un air mauresque dans lesarcades de la façade, le toit ondulé etla tour qui évoque un minaret ; leVapor Aymerich, Amat i Jover, une an-cienne fabrique de tissus située sur laRambla d’Egara (1907-1908) qui abri-te, sur ses 12 000 m2, le Museu de laCiència i de la Tècnica de Catalunya

(ce bâtiment reçoit la lumière par unedisposition particulière du toit, lequelcomporte des voûtes de brique repo-sant sur des tirants) ; le Vapor Amat,une autre ancienne usine construiteen brique qui accueille aujourd’hui lasalle d’exposition Sala Muncunill, cou-verte d’une coupole traditionnelle àlanterne ; la Casa de la Ciutat, un inté-ressant édifice néogothique construiten 1903 ; la Casa Puig-Arnau, situéedans le Carrer del Nord, un peu anté-rieure (1898) ; l’Escola Universitàriad’Enginyeria Tècnica ou École indus-trielle (1903), un grand ensemble néo-roman ; le Magatzem Farnés (1907),abritant aujourd’hui l’Arxiu Tobellaqui conserve des collections de pho-tographies anciennes ; la Casa Bara-ta (1905), ou encore le Gran Casino(1920), entre autres nombreux ou-vrages.

Vallirana. Petite bourgade située nonloin de la route qui passe par le col deL’Ordal et qui relie Barcelone à Va-lence. On y voit un petit groupe demaisons individuelles à un étage pré-sentant une décoration moderniste.

11ROUTE 2

Sabadell. Escola Industrial Cornellà de Llobregat. Fabrique Bagaria

Sant Cugat del Vallès. Casa Lluch Sant Joan Despí. Can Negre

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Affiche de R. Casas. Collection privée

Arnau, Eusebi (Barcelone, 1864-1934).Sculpteur formé à Rome. Il fut l’un desprincipaux collaborateurs des architectesdu Modernisme (notamment pour l’Hos-pital de Sant Pau) et a également cons-truit des monuments pour le parc de laCiutadella, à Barcelone.

Blay, Miquel (Olot, 1866 – Madrid, 1936).Sculpteur qui se forma d’abord dans lasculpture religieuse traditionnelle d’Olot,chez les frères Vayreda, avant d’obtenirune bourse pour poursuivre sa formationà Paris et à Rome. Actif en Espagne et enAmérique du Sud, il appartint au courantsymboliste du Modernisme. On lui doit,entre autres, les groupes de sculpturesEls primers freds (MNAC) et La cançó po-pular (façade du Palau de la Música, àBarcelone).

Brull, Joan (Barcelone, 1863-1912).Peintre moderniste, tenant d’une esthé-tique emplie de mélancolie, de tendres-se et de nostalgie, auteur de tableaux tels que Ensomni (MNAC), Safo, Mis-ticisme, Idil·li.

Casas, Ramon (Barcelone, 1866-1932).Peintre et dessinateur, l’un des grands re-présentants du Modernisme pictural enCatalogne. Grand ami de Santiago Rusi-ñol, il fit, en compagnie de ce peintre,plusieurs séjours à Paris, où il développaune palette personnelle conjuguant lestons gris de l’impressionnisme. Excellenttechnicien, il exécuta aussi bien deshuiles (portraits, scènes de genre, inté-rieurs) que des dessins au fusain, avecplus de 200 portraits des personnalitésles plus marquantes de la vie politique etculturelle catalane. Il fut l’un des habi-tués de la brasserie Els 4 Gats et devintl’éditeur de la revue Pèl & Ploma, con-tribuant par là à l’essor du Modernis-me. Ses tableaux sont exposés au MNAC,à Olot, à Sitges, à Montserrat, etc. Il estégalement l’auteur de panneaux de toutebeauté qui ornent le Cercle del Liceu(club privé), à Barcelone.

Clarà, Josep (Olot, 1878 – Barcelone,1958). Sculpteur. Influencé par Rodin àses débuts, il évolua très vite vers desmodèles plus classiques et devint l’undes pionniers du Noucentisme. On luidoit des sculptures exposées à Olot etBarcelone (MNAC) ainsi que des sculp-tures urbaines telles que La Deessa(1929), qui se trouve sur la Plaça deCatalunya, à Barcelone.

Domènech i Montaner, Lluís (Barce-lone, 1850-1923). Architecte (1873). Pro-fesseur et directeur de l’École d’Archi-tecture de Barcelone (1901). Après avoirparticipé activement au mouvement poli-tique du catalanisme, il se consacra à larecherche historique et archéologique.Tenant de la ligne rationaliste du Moder-nisme en architecture, il sut combineravec une rare virtuosité les nouveauxmatériaux et les nouvelles technologiesavec les arts appliqués et l’artisanat, ob-tenant de très beaux résultats décoratifs.Actif à Barcelone (route 1), Reus (route6), Canet (route 3) et Olot (route 4).

Falqués, Pere (Sant Andreu de Palo-mar, 1850 – Barcelone, 1916). Architecte(1873). Il fut architecte de la Ville deBarcelone et a laissé des ouvrages telsque les luminaires du Passeig de Gràciaou le monument à Pitarra, d’une exubé-rante facture.

Gargallo, Pau (Maella, 1881 – Reus,1934). Sculpteur. D’abord formé parEusebi Arnau, avec lequel il travailla à ladécoration du Palau de la Música et del’Hospital de Sant Pau, il partit ensuitepour Paris et évolua vers le Noucentismeet vers un style personnel d’avant-garde(sculptures en fer et métal).

Gaudí, Antoni (Reus, 1852 – Barcelone,1926). Architecte (1878) actif principale-ment à Barcelone (routes 1 et 2), où il tra-vailla grâce au mécénat de la familleGüell. Plus tard, il se consacra entière-ment, au point d’y fixer sa demeure, auchantier de la Sagrada Família. Il fut leprincipal acteur du Modernisme, celuiqui connut le prestige international leplus grand, mais sa personnalité l’a main-tenu isolé des principaux groupes de cemouvement artistique. Son œuvre se si-tue entre l’expressionnisme (qui atteintson plus haut degré dans la Casa Batlló et

la Casa Milà) et le symbolisme de naturereligieuse (Sagrada Família). Au ParkGüell, il teste, avec l’aide de Jujol, la frag-mentation de la forme : cela donne le cé-lèbre banc de céramique. Concepteurd’ornements constructifs et d’un intéres-sant mobilier.

Homar, Gaspar (Bunyola, Majorque,1870 – Barcelone, 1953). Créateur demeubles et décorateur qui excella dansla création d’ensembles de mobilier or-nés d’une extraordinaire marqueterie,comme l’est celui de la Casa Lleó Morera(exposé au MNAC).

Jujol, Josep Maria (Tarragone, 1879 –Barcelone, 1949). Architecte (1906), col-laborateur de Gaudí dans les travaux dela Pedrera et du Park Güell, excellent des-sinateur. Pour les ouvrages qu’il réalisaseul, il avait affaire à des commanditairespeu fortunés ; néanmoins, avec des ma-tériaux simples, il sut créer des formesingénieuses souvent prémonitoires desinnovations du dadaïsme et du surréalis-me. Actif à Sant Joan Despí (route 2),dans le Camp de Tarragona (route 6) et àBarcelone (route 1).

Llimona, Josep (Barcelone, 1864-1934).Sculpteur, formé à Rome. En compagniede son frère, le peintre Joan Llimona, et d’autres artistes, il fonde le CercleArtístic de Sant Lluc, de tendance catho-lique. Auteur de pièces religieuses et degrands monuments funéraires, il donnela pleine mesure de son talent dans l’exé-cution de nus à la manière de Rodin, re-cherchant le clair-obscur et laissant aumarbre des contours indécis. Œuvres àBarcelone : El desconsol dans le parc dela Ciutadella, le Sant Jordi ou le Forjadorà Montjuïc ; on trouve aussi des sculp-tures de Llimona à Montserrat.

Manolo (Manuel Martínez Hugué, dit)(Barcelone, 1872 – Caldes de Montbui,1945). Sculpteur. Membre du grouped’Els Quatre Gats, ami de Picasso et desartistes d’avant-garde, il séjourna à Paris,puis à Céret et, à partir de 1927, à Caldesde Montbui. Son œuvre apporte auNoucentisme une rotondité de formes etun archaïsme qui l’éloignent de sculp-teurs plus classiques tels que Clarà ouRebull.

Masriera, Lluís (Barcelone, 1872-1958).Orfèvre, peintre et écrivain, appartenantà une famille d’artistes et de bijoutiers.Disciple de Lossier à Genève. Il introdui-sit et perfectionna l’émail translucidequ’il appliqua à des bijoux modernistes :représentations d’oiseaux, de libellules,de paons, de fées et de nymphes. Ontrouve aujourd’hui des reproductions decertains de ses plus beaux modèles.

Masó, Rafael (Gérone, 1880-1935). Ar-chitecte (1906) et écrivain. Il rassemblales tenants du Noucentisme autour de lasociété Athenea de Gérone. Rompantavec l’architecture moderniste tradition-nelle, il reçut l’influence de la Sezessionviennoise et de l’Écossais C.R. Macintosh(œuvres à Gérone et Olot, route 4) ; plustard, son travail glissa vers un popularis-me idéalisant (lotissement de S’Agaró surla Costa Brava).

Mestres, Apel·les (Barcelone, 1854-1936). Dessinateur, écrivain et musicien.Révélant un grand souci du détail et unegrande imagination, ses illustrations évo-luent vers une stylisation des formes or-ganiques propre à l’Art Nouveau franco-belge.

Mir, Joaquim (Barcelone, 1873-1940).Peintre. Membre de la « Colla del Safrà » àses débuts, il fait un séjour à Majorque(1899-1903) qui marque un virage de sapeinture vers un post-impressionnismebasé sur la couleur. Il atteint alors les li-mites de l’abstraction picturale (époquedu Camp de Tarragona). Il s’installe àVilanova i la Geltrú (1921), où est conser-vée une partie de son œuvre. Plusieursde ses tableaux sont exposés au MNAC. Ila également réalisé des vitraux.

Nogués, Xavier (Barcelone, 1873-1941).Dessinateur, graveur et peintre, excellentcaricaturiste qui a représenté le versantsatirique du Noucentisme. Il a travaillé lacéramique (El Pinell de Brai) et le verre eta exécuté les peintures murales pour lesgaleries Laietanes, qui sont aujourd’huiconservées au MNAC.

Nonell, Isidre (Barcelone, 1873-1911).Peintre et dessinateur. Il fut membre dela « Colla del Safrà » et fréquenta assidû-ment les soirées d’Els Quatre Gats. Sespeintures, portraits de marginaux, de gi-tans, de crétins, révèlent une techniquepost-impressionniste aux touches trèssubjectives. Tableaux exposés au MNAC

Pericas, Josep Maria (Vic, 1881 – Bar-celone, 1965). Architecte (1906), colla-borateur de Rafael Masó. Influencé parGaudí à ses débuts, il évolue par la suitevers un classicisme modernisant, dans lecourant esthétique du Noucentisme.

Puig i Cadafalch, Josep (Mataró, 1867 –Barcelone, 1957). Architecte (1891), his-torien d’art et homme politique. Disciplede Domènech i Montaner. Ses ouvragesse caractérisent par des formes du go-thique du nord de l’Europe qu’il enrichitd’une abondante décoration florale etd’un travail sur la matière (fer, vitraux, cé-ramique). Actif à Barcelone (route 1),Mataró et Argentona (route 3), Viladrau(route 3), Montserrat (route 5) et SantSadurní d’Anoia (route 6). Après laPremière Guerre mondiale, il tend versun style plus classique, comme en té-moigne son projet initial de l’Expositioninternationale de 1929 à Montjuïc.Politique catalaniste, il fut président de laMancomunitat de Catalunya de 1917 à1923 et poursuivit l’œuvre de Prat de la Riba.

Riquer, Alexandre de (Calaf, 1856 –Palma de Majorque, 1920). Dessinateur,peintre et poète. Il séjourna à Londres etreçut l’influence des Préraphaélites et dumouvement Arts and Crafts. Auteur d’af-fiches, d’illustrations et de peintures mu-rales, il développa en Catalogne les artsde l’ex-libris et du livre. Il conçut desmeubles, des azulejos, des lampes etdes émaux. Il fut, enfin, un poète symbo-liste.

Rubió i Bellver, Joan (Reus, 1871 – Bar-celone, 1952). Architecte (1892). Disciplede Gaudí, il s’intéressa au traitement dela structure par le travail sur les maté-riaux, notamment sur la brique et le fer.Actif à Barcelone (route 1), Ripoll (route3), Raimat (route 5) et Majorque.

Rusiñol, Santiago (Barcelone, 1861 –Aranjuez, 1931). Peintre et écrivain.Après avoir partagé avec Ramon Casas labohême parisienne, il fit de Sitges l’undes foyers du Modernisme (Cau Ferrat,fêtes modernistes, intronisation du Gre-co, etc.). Il eut une première période im-pressionniste puis, sous l’influence desPréraphaélites, il évolua vers le symbolis-me et peignit ensuite des séries de jar-dins crépusculaires. Sa forte personnali-té, son sens de l’humour et de l’ironiesont à l’origine d’un vaste répertoired’anecdotes.

Sagnier, Enric (Barcelone, 1858-1931).Architecte (1882). Il s’attacha à doternombre de bâtiments classiques d’élé-ments décoratifs modernistes et cons-truisit plus de 200 édifices à Barcelone(route 1), dont la plupart pour la hautebourgeoisie ou les ordres religieux.

Triadó, Josep (Barcelone, 1870-1929).Dessinateur et peintre. Disciple d’Alexan-dre de Riquer, il appartient au courant del’esthétique moderniste et est l’auteurnotamment d’illustrations, d’affiches, deprojets de reliure, mais surtout d’ex-li-bris. Il a peint des tableaux symbolis-tes, des paysages et des tableaux histo-riques.

Valeri, Salvador (Barcelone, 1873-1954). Architecte (1899). Influencé parGaudí, il nous a laissé des ouvrages à ladécoration exubérante, ornementationsflorales, couronnements sinueux, céra-miques, etc. Actif à Barcelone (route 1),El Papiol (route 2) et autres endroits duBaix Llobregat et du Vallès.

Vilaseca, Josep (Barcelone, 1848-1910)Architecte (1873). Précurseur, en com-pagnie de Domènech i Montaner, de la tendance rationaliste du Modernis-me (route 1). Il a travaillé principale-ment à Barcelone, où il a construit l’arcde triomphe de l’Exposition universel-le de 1888.

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NOTICE BIOGRAPHIQUE DES PRINCIPAUXARTISTES DU MODERNISME

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Lleida

Tarragona

Barcelona

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Val dÕAran

Pirineus

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Gandesa

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Girona

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S. Feliu de L.

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Manresa

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Sant Hilari Sacalm

Sant Pol de Mar

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Cadaqu�s

Caldes de Malavella

Lloret de Mar

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Caldes de Montbui

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Site inscrit sur la liste du patrimoine mondial

édifici moderniste

Aéroport

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Sant Pol de Mar. Écoles Publiques

ché vivant. Dans les rues de son vieux quartier, il est bon de flâner,lentement, avec curiosité, et en particulier sous les arcades de laPlaça Major, où prendre un verre au Café Nou est devenu un rite àl’heure de l’apéritif.

Au départ de Vic, nous proposons un itinéraire complémentairevers le nord, qui remonte la vallée du Ter au milieu des pins, deschênes et des hêtres. Nous sommes dans le Ripollès, qui ne manquepas d’ouvrages modernistes, mais qui nous offre aussi et surtout labeauté du voyage. On trouve d’abord Ripoll, le chef-lieu, où l’em-preinte moderniste est quelque peu occultée par l’imposante présen-ce d’un monastère roman fondé par le légendaire abbé Oliba, grâceauquel cet endroit a été surnommé « le berceau de la Catalogne ».Puis vient Camprodon, au centre d’une belle vallée pyrénéenne colo-rée d’une riche palette de verts brillants, lieu d’une villégiature déjàcentenaire fréquenté, à la suite du Dr Bartomeu Robert, par la bour-geoisie catalane de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. En remon-tant le Freser, on arrive à Campdevànol, qui nous offre de beaux té-moignages du passé. Puis, après avoir traversé le col de Merolla, à LaPobla de Lillet, dans l’Alt Berguedà, où on peut voir la structure mo-derniste grise de la fabrique du Clot del Moro et les Jardins Artigas,singuliers et gaudiniens. Les sources du Llobregat ne sont pas trèsloin et sont toujours un spectacle.

Nous revenons sur Vic pour reprendre la route vers Barcelone,après avoir acheté l’une ou l’autre des spécialités de charcuterie quifont la renommée de l’endroit. Quittant la plaine, la route empruntele profond passage ouvert entre le massif du Montseny et les escarpe-ments de Bertí. Le cours modeste du Congost s’est ouvert un passagedans le large défilé et nous le suivons. À El Figaró, L’Ametlla et LaGarriga, stations estivales, on peut encore voir des ouvrages moder-nistes. La Garriga est, de plus, une station thermale reconnue et ellepossède une importante industrie du meuble.

Ces villes ouvrent la porte de la zone la plus caractéristique duVallès, où le paysage redevient franchement méditerranéen, sous unciel d’une belle luminosité. Granollers, le chef-lieu, est une ville trèsvivante où se tient le jeudi un marché qui est, selon Pau Vila, la gran-de fête du Vallès Oriental. La longue tradition de ce marché excep-tionnel est inséparable de La Porxada, ce monument incontournablequi se marie parfaitement avec les ouvrages modernistes de la ville.Au pied de ses colonnes sont alignées, le temps du marché, les pay-sannes qui crient, qui marchandent et qui vendent des volailles oudes lapins aux revendeurs et aux acheteurs, acteurs d’un spectacleunique.

De Granollers, on peut encore faire un dernier détour vers le pié-mont du Montseny pour rejoindre Cardedeu, où le Modernisme, parle biais d’une longue tradition de résidences secondaires, se manifes-te à côté d’autres monuments ou de paysages d’une grande variété.Plus loin vient Campins où le Modernisme prend la forme d’un seulcalvaire mais où le paysage est de toute beauté. Les bois et leschamps y cohabitent dans l’harmonie et les mas reçoivent le soleilface à la vaste plaine du Vallès.

ROUTE 3

De la Côte du Maresme aux Pyrénées en passant par

le Montseny et la plaine de Vic

Canet de Mar. Ateneu

Principaux monuments

L’Ametlla del Vallès. Localité rési-dentielle de longue date. Au cœur dela vieille ville, on trouve différents ou-vrages de Manuel J. Raspall, qui futarchitecte de la Ville pendant plu-sieurs années : la Mairie et les écoles(1910), le Café (1907), Can Millet deBaix (1909), constructions caractéris-tiques du Modernisme modeste et rural de la deuxième génération. LaCasa Sindreu a été réalisée par Sal-vador Valeri.

Arenys de Mar. Bourgade en bord demer, centre de l’Alt Maresme, qui seprévaut d’une intéressante architectu-re populaire autour de la Rambla etd’un magnifique retable baroque dansl’église paroissiale. En plus de l’un oul’autre bâtiment moderniste, commele marché, construit par Ignasi Mas en1928, on trouve dans le cimetière d’in-téressantes sculptures funéraires deJosep Llimona (tombeaux de la familleBosch, datant de 1918, et de la familleMundet, de 1900). C’est là que reposele poète Salvador Espriu, qui, sousl’anagramme Sinera, fit de la localitéun mythe littéraire.

Argentona. Petite ville, résidentiellede longue date en raison des nom-breuses sources minérales aux vertuscuratives qui y sont exploitées depuisle milieu du XIXe siècle. D’intéressan-tes fermes sont dispersées sur le ter-ritoire de la commune. En ce quiconcerne l’époque moderniste, citonsla résidence d’été du grand architectePuig i Cadafalch, au centre de l’agglo-mération (Plaça de Vendre), refaiteentre 1897 et 1900 à partir de troispetites maisons existantes. Dans lehameau d’El Cros s’élève la magni-fique demeure appelée Can Garí, unedes premières œuvres importantes dece même architecte (1898-1900), quiapplique à la tribune d’entrée l’ar-chéologisme de style néogothique flo-ral qui le caractérise ; les éléments décoratifs, souvent exotiques, s’intè-grent dans un ensemble qui veut évo-quer la maison de maître catalane,avec des éléments artisanaux (sgraf-fites, vitraux, azulejos, ferronnerie)d’une grande perfection. Tout près delà se trouve la chapelle de Sant Miqueldel Cros, de Lluís Bonet i Garí, disciplede Puig, qui s’inspire de l’esthétiquede Gaudí (1929).

Badalona. Localité d’origine romainequi conserve dans son centre histo-rique quelques traces de son passé de ville résidentielle et tournée vers lamer. Elle a été complètement transfor-mée par l’industrialisation. En ce quiconcerne l’époque moderniste, signa-lons une série de bâtiments de l’archi-tecte de la Ville Joan Amigó : la CasaPavillard (1906), l’usine Giró (1907-1920) et l’usine G. de Andreis, dite« La Llauna » (1906-1919), transfor-mée aujourd’hui en lycée, avec une intéressante décoration sur la faça-de, ainsi que le tombeau de la famil-le Bosch (1907), théâtral ensembled’inspiration gothique à décorationflorale qui se trouve dans le petit ci-metière.

Campdevànol. Localité proche deRipoll, connue pour sa danse tradi-tionnelle ou gala de Campdevànol,que l’on danse à la fête du village.Hôpital moderniste de J. Rubió i Bell-ver (1917) et petites maisons moder-nistes de Miquel Fosses dans le quar-tier de la gare.

Campins. Calvaire communal attribuéà Jujol.

Cet itinéraire s’adresseau visiteur qui disposede temps et curieux detout ce que ce payspeut avoir de beau à offrir, même si l’ons’intéresse en prio-rité au Modernis-me. Car il seraitdommage d’igno-rer toutes les ri-chesses de ce par-cours, qui nouspermet de passer,

en quelques kilomètres, des sites les plus ensoleillés de la Médi-terranée aux paysages les plus brumeux rappelant l’Europe centrale,et parfois à des décors évoquant les sommets alpins.

C’est, d’abord, la côte du Maresme, séduisante et bariolée, paysd’œillets, de vastes plages et de terres sablonneuses, de chênes vertset de pins parasols, de traces ibères et d’empreintes romaines. LeModernisme y est présent, de Badalona, encore dans le Barcelonais,à Tiana et El Masnou, à Vilassar de Mar et Argentona, à Sant Pol deMar, Canet de Mar, Arenys de Mar et Mataró. Cette dernière ville est ledynamique chef-lieu d’une zone fertile, où la terre, enrichie au fil dessiècles, s’harmonise avec la mer toujours proche pour donner unecuisine de grande qualité avec des spécialités telles que les lan-goustes aux oursins ou les petits pois de Llavaneres.

Puis vient la vallée de la Tordera, aux confins de la Selva, et cet iti-néraire nous conduit, parmi les pins et les peupliers, à la monumen-tale cité fortifiée d’Hostalric, qui possède quelques discrets témoi-gnages du Modernisme. Tout près, entouré d’une végétation luxurian-te, apparaît le site solitaire et idyllique de Massanes, renfermant, luiaussi, des ouvrages modernistes. Commence alors un long parcoursdans la vallée d’Arbúcies, l’une des routes les plus agréables de cetterégion, qui contourne le Montseny et qui atteint Sant Hilari Sacalm,une ville d’eaux aux sources nombreuses et fraîches, au climat sain àl’ombre des châtaigniers.

Entre Sant Hilari et Viladrau le chemin est beau lui aussi et leMontseny occupe toujours l’horizon. Viladrau est une station estivalebien située où les coins agréables sont nombreux. Peut-être pour-rons-nous ici faire un détour jusqu’à la romantique source qui, dansun cadre délicieux, nous rappelle, de la main de Guerau de Liost, legrand poète du Montseny : « Filla del Cel jo sóc la font de l’Oreneta – em descobrí l’ocell i em coronà el poeta » (« Fille du Ciel je suis lasource de l’Hirondelle – l’oiseau m’a découverte, le poète m’a cou-ronnée »).

Quelques petits ouvrages modernistes à Seva et Folgueroles, etnous entrons dans la plaine de Vic, où le tapis vert des prés et deschamps n’est interrompu que par les taches grises de petites collines.C’est ainsi qu’on arrive à Vic, le chef-lieu de l’Osona, une ville un tan-tinet solennelle et brumeuse, un centre commercial dense et un mar-

Arenys de Mar. Tombeau, par J. Llimona

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Mataró. Casa Coll i Regàs

Mataró. Casa Coll i Regàs Mataró. Casa Coll i Regàs

Canet de Mar. Casa Roura La Garriga. « Mançana Raspall » La Garriga. « Mançana Raspall »

Granollers. MairieVic. Casa Puig-sec Masferrer

Granollers. Casa Clapès

Camprodon. Beau village pyrénéenavec d’intéressants monuments duMoyen Âge (monastère de Sant Pere, le Pont Nou [pont Neuf]), qui est deve-nu un lieu de villégiature avec l’arrivéedu chemin de fer. Villas sur le Passeig de la Font Nova et sur le Passeig deMaristany, notamment le Casal (1882,de J. Vilaseca), la Casa Roig (1901),Can Cabot (1900-1905, d’E. Sagnier),Can Mas de Xeixàs (1900-1905). DeJuli M. Fossas, on a conservé l’hôtelRigat et le cinéma Rigat, construits en 1914.

Canet de Mar. Bourgade en bord demer, revitalisée par l’industrie textile àpartir de la fin du XIXe siècle et devenueaujourd’hui une station balnéaire. Enplus d’intéressants exemples d’archi-tecture populaire, on y trouve plu-sieurs immeubles de valeur construitspar Domènech i Montaner, dont la fem-me et la mère étaient originaires deCanet : la Casa Roura, le long de laRiera de Sant Domènec (1884), un bâ-timent isolé muni d’une tour circulaireen brique avec des balustrades en fer forgé bien ouvragé, ou l’Ateneu, ancien Foment Catalanista, dans leCarrer Ample (1887), avec son lanter-neau caractéristique et son balcon enfer forgé. Domènech restaura l’ancienmas familial, actuelle maison-muséeLluís Domènech i Montaner, et il re-construisit le remarquable châteaunéogothique de Santa Florentina, dansles environs. Son fils, Pere Domènech iRoura, imagina un intéressant bâti-ment industriel pour l’usine Jover enutilisant la brique comme matériau debase. Rafael Masó bâtit la coopérativeLa Unió (1920-1925), dans un styledéjà noucentiste, ainsi que Can Renau ;E. Ferrès, Can Busquets ; et Puig iCadafalch, l’hôtel du sanctuaire de LaMisericòrdia.

Cardedeu. Lieu de villégiature caracté-ristique du Vallès. On y trouve bonnombre de villas de l’époque moder-niste, construites par différents archi-tectes, tels M. J. Raspall (la GranjaViader, en 1925, sur le modèle du mascatalan avec toit à double pente) ouEduard Balcells (Casa Gual, en 1910,sur la route de Caldes, avec un pignonen escalier, une tour-escalier et des tri-bunes).

El Figaró. Lieu de villégiature le longde l’ancienne route qui relie le Vallès àl’Osona. On y trouve plusieurs villasconstruites par M. J. Raspall, architec-te également des écoles et de la Casadel Comú (1911).

Folgueroles. Village traditionnel pro-che de Vic, où l’on trouve encore d’an-ciens immeubles en pierre. Il est sur-tout connu en Catalogne pour être lelieu de naissance du grand poète na-tional Jacint Verdaguer (dit « MossènCinto », 1854-1902), l’un des inven-teurs du catalan littéraire moderne, au-teur des poèmes épiques L’Atlàntida etCanigó. Devant l’église, le monumentérigé au poète par J. M. Pericas est mo-derniste (1908) : un pilier en pierrecouronné de quatre figures religieuseset d’un motif floral.

La Garriga. Localité ayant une longuetradition thermale (nombreuses sour-ces). L’arrivée du chemin de fer en afait un lieu de villégiature important.On peut y voir de beaux ouvrages réalisés par M. J. Raspall, qui fut ar-chitecte de la Ville (il le fut aussi dansd’autres localités proches) et qui alaissé la célèbre « mançana » Raspall,un pâté de maisons comprenant laCasa Barbey (1910), la villa Iris (1911),la « Bombonera » (1911) et Can Barra-

quer (1912), avec ses beaux vitraux et ses mosaïques aux riches coloris,de même que la Casa Raspall (1903).Il rénova la maison de famille de sa mère, sur la Placeta de SantaIsabel, en utilisant des éléments go-thiques ; il transforma aussi CanSallent, Can Sallerés et d’autres im-meubles.

Granollers. Chef-lieu du VallèsOriental, ville commerçante très activequi s’est développée au croisement deplusieurs routes. En plein centre, ondécouvre la célèbre Porxada, une an-cienne halle aux grains Renaissance,munie d’une belle colonnade. C’est làque se tient le marché. Sur la mêmeplace se trouvent la Casa de la Ciutat(Mairie), construite par Simó Cordomí(1902-1904) en style néogothique etdécorée de motifs floraux, et la CasaClapés, de M. J. Raspall (1907). Parmid’autres bâtiments modernistes, ci-tons aussi Can Blanxart, dans le Carrerdel General Prim, de Jeroni Martorell(1904), dotée de portes à décorationflorale et d’une grande sculpture repré-sentant une figure féminine, et CanTorrabadella, dans le Carrer de Clavè,de Francesc Mariné.

Hostalric. Localité située sur une fa-laise de basalte surplombant le Tor-dera. Jadis place forte importante,elle conserve une magnifique mu-raille d’enceinte avec huit tours cy-lindriques et un grand château fort du XVIIIe siècle dans le style de Vauban.La façade moderniste de la Casa de laVila (Mairie) est l’œuvre de Bonaven-tura Conill.

Mass anes. Petit village près duquelPuig i Cadafalch restaura en 1902 et1903 l’ancien Mas de Quadres dans lerespect de l’architecture médiévalecatalane et construisit l’église SantaMaria (de style néogothique), qui estouverte au public en tant que lieu deculte.

El Masnou. Bourgade traditionnelle-ment tournée vers la mer. La proximi-té de Barcelone y a attiré les estivantset les résidences secondaires s’y sontdéveloppées. Outre la Casa de la Vila(Mairie), remarquable bâtiment néo-classique, on y trouve plusieurs im-meubles modernistes de BonaventuraBassegoda i Amigó, qui fut architec-te de la Ville, dont le Casino (1903-1904), avec une intéressante décora-

superbes échantillons d’architectureet de sculpture romanes. Sont del’époque moderniste : Can Bonada(1912-1914), dans le Carrer delProgrés, et l’église Sant Miquel de laRoqueta (1912), dans le quartier deL’Hospital, œuvre de Joan Rubió iBellver ; la Casa Dou (1908), dite ElCasino Vell, sur la Plaça del Mercadal,construite par J. M. Pericas ; la villaCan Codina (1918).

Sant Hilari Sacalm. Station thermaleet lieu de villégiature, au cœur desGuilleries. La « maison de l’eau » de laFont Picant est l’œuvre de J. M.Pericas (1922), architecte égalementde l’ancienne coopérative. À 7 km du bourg, se trouve le château deVillavecchia, entouré d’un parc, quifut édifié par Enric Sagnier i Villa-vecchia en 1893.

Sant Pol de Mar. Bourgade en bord demer, lieu de villégiature de longuedate. Conserve deux édifices moder-nistes intéressants, les écoles publi-ques (1907) et Can Planiol, d’IgnasiMas i Morell, enfant du pays et archi-tecte de la Ville.

Seva. Localité rurale de la plaine deVic, au pied du Montseny. De nom-breuses fermes sont dispersées sur

le territoire de la commune. Vers1925, Puig i Cadafalch construisitune villa moderniste à côté du masSobrevia.

Tiana. Lieu de villégiature proche deBarcelone. Maisons et villas moder-nistes, Casino (cercle où se réunis-sent les gens du bourg et où sont organisées des activités culturelles).Can Sent-romà est une grande ma-sure gothique restaurée à l’époquemoderniste. Elle abrite un musée ar-chéologique où sont exposés des objets romains trouvés sur place : àcet endroit s’élevait jadis une villa romaine.

Vic. Ville épiscopale au riche patrimoi-ne artistique (cathédrale, musée diocé-sain avec une remarquable collectionromane et gothique) et centre com-merçant très actif avec son marché ré-gional très fréquenté. Plaça Major en-tourée de portiques, églises et cou-vents, maisons seigneuriales, ancientemple romain. On y trouve quelquesgrandes maisons de l’époque mo-derniste, comme le Palau Comella ouCasino, à l’angle de la Plaça Major et du Carrer de Verdaguer, œuvre deGaietà Buïgas (1896) ; la Casa Puigsec-Masferrer, près du temple romain,dont la façade est décorée de sgraf-fites et où les quatre saisons sont per-sonnifiées dans les sculptures du jar-din ; la Casa Colomer sur la Plaça de la Catedral, œuvre de J. M. Pericas(1906), dont la façade asymétrique,agrémentée d’une tribune, est décoréede céramique verte et de balcons enfer forgé.

Viladrau. Lieu de villégiature au pieddu Montseny, avec de très bellesfermes éparpillées sur le territoire de la commune. La Casa Bofill a étéconstruite par Puig i Cadafalch en1899.

Vilassar. Village en bord de mer et lieude villégiature. On trouve une intéres-sante architecture populaire dans lapartie la plus ancienne de la ville etquelques bons exemples de Moder-nisme sur le Passeig Marítim et dans leCarrer de Sant Pau. Les bâtiments lesplus remarquables furent réalisés parEduard Ferrès, natif de Vilassar, qui futarchitecte de la Ville avant de com-mencer une brillante carrière ailleursen Espagne et en Europe : Casa Bassa(1903), Casa Sitges (1900), Casa Séniadel Rellotge.

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tion (vitraux, fer forgé, etc.). Signa-lons aussi le Palauet del Marquès delMasnou (hôtel particulier), de Sal-vador Vinyals, ou l’hospice, de GaietàBuïgas. Dans le cimetière, on peut admirer une sculpture de Josep Lli-mona.

Mataró. Petite ville côtière très active,traditionnellement tournée vers lamer et vers l’industrie, chef-lieu duMaresme. Vestiges romains, riche pa-trimoine baroque dans l’église parois-siale. Patrie de Puig i Cadafalch, qui yconstruisit quelques-uns de ses pre-miers immeubles : la Casa Coll iRegàs (Carrer d’Argentona, 55), unouvrage qui date de 1893, avec unefaçade très ouvragée conjuguant lesgraffite, le fer forgé, la céramique etla sculpture ; le petit marché de laPlaça Gran (1892) et sa galerie à ar-cades ; le bâtiment actuel de la Croix-Rouge (1894-1895), de style gothici-sant, etc. C’est Gaudí qui, au débutde sa carrière, conçut le projet de la coopérative ouvrière de Mataró(1898) dont on conserve un grandhall couvert d’une structure par bo-lique en bois.

La Pobla de Lillet. Fabrique de ci-ment Asland, située au lieu-dit El Clotdel Moro, sur le territoire de la commu-ne de Castell de N’Hug. Intéressanteconstruction du type dit « en cascade »,parce qu’elle tire parti de la pente de lamontagne. Elle fut conçue par RafaelGuastavino (1901), l’architecte qui fitbreveter aux États-Unis la voûte cata-lane en brique, utilisée pour des mil-liers de bâtiments publics. La fabriquefut fermée en 1975 et on la restaureactuellement pour y installer le muséedu ciment et le musée des transports.On doit aussi réouvrir, cette fois à desfins touristiques, la petite ligne de che-min de fer (1914-1924, fermée en1963) qui transportait le matériel deGuardiola au Clot del Moro en passantpar La Pobla de Lillet. Au nord du villa-ge, à côté de la rivière et de la voie dechemin de fer, au lieu-dit Font de laMagnèsia, se trouvent les singuliersjardins Artigas, d’inspiration modernis-te et attribués à Gaudí.

Ripoll. Petite ville connue surtout pourson ancien monastère bénédictin deSanta Maria de Ripoll, un des plus importants parmi les centres mo-nastiques qui ont repeuplé la Cata-logne au Moyen Âge. On y trouve de

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Olot. Casa Solà Morales

Cadaqués.Casa Serinyena

Le circuitproposé ici

part de la vil-le de Géro-ne, si riche

en monu-ments par-

mi lesquels leModernisme est particu-

lièrement bien représenté, il suitun itinéraire d’une grande diversité, qui

va des vertes prairies des environs d’Olot auxcyprès qui s’alignent sur la plaine de l’Empordà, de l’ar-

rondi lumineux des criques de la Costa Brava aux courbes douces et caressantes des collines de la Selva intérieure.

En amont de la vallée du Ter, on trouve Bescanó et Anglès, où l’onpeut admirer quelques bâtiments modernistes, en même temps quele charme toujours renouvelé de berges plantées d’arbres bruissants.Le cadre devient encore plus enchanteur sur le chemin de La Celleraet des gorges du Pasteral, là où le Ter s’échappe des barrages de Sauet de Susqueda qui le retenaient prisonnier.

Nous poursuivons notre route en remontant à présent la vallée duBrugent. Après être passé par Amer – et sa belle place entourée deportiques – et par Sant Feliu de Pallerols, sous le regard haut perchédu sanctuaire d’El Far et aussi de celui de La Salut, le chemin finit paraboutir dans la vallée d’En Bas, ce qui est une bonne façon d’aborderle paysage de la région d’Olot, toute proche. Dans cette vallée, le pit-toresque rustique de villages comme Joanetes, Sant Privat et ElsHostalets passe difficilement inaperçu.

La ville d’Olot, chef-lieu de la Garrotxa sis dans une plaine seméed’étranges cônes volcaniques, est une belle agglomération où leModernisme est bien représenté – quelques pièces se trouvent dansle musée. Une école de peinture de paysages très réputée s’y est dé-veloppée. Il n’y a rien d’étonnant à cela, il suffit de faire un petit tourdans les environs de la ville pour se rendre compte de la beauté despaysages : la végétation est magnifique, quelques grandes maisonsde maître ouvrent leurs galeries sur des verts mousseux aux nuancesémeraude et sur des arbres que le vent fait chanter comme desorgues. À la Font Moixina, tout cela atteint un degré de perfection ab-solue.

Nous bifurquons à présent vers l’est et nous laissons Olot derrièrenous pour suivre le cours indolent du Fluvià. Nous nous dirigeonsvers Castellfollit de la Roca, perché sur son rocher de basalte, puisvers Besalù et son ensemble monumental exceptionnel datant duMoyen Âge. Enfin, à travers les plaines savamment cultivées, nousprenons la direction de Figueres, le dynamique chef-lieu de la régionde l’Alt Empordà, sur la route de la France. Le Modernisme est remar-quablement bien représenté dans cette ville qui possède des muséesaussi singuliers que celui du peintre Salvador Dalí, l’un des plus visi-tés du pays. À Figueres, la gastronomie est une science de premièreimportance et on y trouve des établissements de grande renommée.

Si l’on dispose d’un peu de temps et si l’on souhaite avoir une vi-sion exhaustive du Modernisme dans l’Empordà, un détour s’imposepar Cadaqués, au cœur de la presqu’île du Cap de Creus. Les ou-vrages modernistes s’intègrent bien dans ce pittoresque village de pê-cheurs, dont la tache blanche tranche sur le paysage minéral et tortu-ré des environs, qu’adoucissent seulement quelques vignes.

Après Figueres, le chemin continue vers le Baix Empordà, au milieude bonnes terres de culture que des rangées de cyprès protègent sou-vent des assauts outranciers de la tramontane. Un paysage qui, lors-qu’il se rapproche du Ter, est dominé par la masse calcaire du massifdu Montgrí où subsistent, solitaires, les quatre murs d’un château in-achevé.

À La Bisbal d’Empordà, qui est le chef-lieu du canton, le Moder-nisme côtoie d’autres monuments de valeur. Les boutiques de céra-mique et de terre cuite, l’activité caractéristique de la ville, abondent,mais on ne peut bien saisir les traits caractéristiques de la populationd’un petit chef-lieu qu’en prenant un café sous les arcades, dites « LesVoltes » que « Panchito » (Napoléon) a fait construire le long de la route.

Le circuit que nous proposons continue vers Palafrugell, une villequi est pour ainsi dire issue du liège et où le Modernisme est bien re-présenté. Si l’on veut vraiment en prendre le pouls, c’est sur la PlaçaNova qu’ici il faut se rendre. Elle est bordée des traditionnels « casi-nos » ou cercles du village et, l’été surtout, les gens s’y installent auxterrasses des cafés pour bavarder à l’ombre de ses grands arbres.

Si nous poursuivons notre route vers le sud, Palamós n’est pas loin.C’est un très important centre industriel et touristique. Le coin despêcheurs de « La Catifa », et tout le port en général, tient lieu d’attrac-tion, et, en fin d’après-midi, lorsque les bateaux reviennent de lapêche à la traîne, les spectateurs ne manquent jamais pour fairecercle autour du butin.

C’est après Palamós que, dans notre chasse à l’art moderniste,commence la belle route qui parcourt l’un des secteurs les plus sé-duisants de la Costa Brava. Passons d’abord par les pinèdes et les fa-laises du Comtat de Sant Jordi et par la grande étendue de sable de labourgade cosmopolite de Platja d’Aro pour arriver à S’Agaró, un com-plexe résidentiel exceptionnel, où nous pouvons admirer une archi-tecture d’une grande élégance.

Dans ce secteur de la Costa Brava qui appartient à la fois au BaixEmpordà et à la Selva, on trouve d’intéressants exemples de Moder-nisme à Sant Feliu de Guíxols, à Tossa de Mar et à Lloret de Mar. Laville de Sant Feliu, qui s’abrite au pied de la colline de Sant Elm, estaussi une des localités les plus attirantes de la Costa Brava. C’est sur la Rambla et sur la promenade qui longe la mer que l’on peut lemieux apprécier la beauté de son paysage urbain. Quant à la qualitéde sa gastronomie, elle attire aussi de nombreux gourmets, ne l’ou-blions pas.

De Sant Feliu à Tossa de Mar, la route que nous proposons s’ac-croche aux flancs des falaises côtières. C’est certainement l’un denos itinéraires les plus beaux et les plus spectaculaires. Au cœur dece paysage abrupt exposé aux assauts de la mer, la côte cache de pe-tites plages d’une grande beauté, comme les criques de Canyet, dePola et de Giverola. C’est un beau spectacle que d’apercevoir Tossade la route, juste après avoir dépassé la pointe de La Bauma : la colli-ne au bord de la mer avec sa couronne de pins et les ruines de l’an-cienne église, la muraille crénelée qui descend vers la plage et qui li-mite le cœur de la vieille ville, et les nouveaux quartiers qui s’éten-dent tout au long de la courbe lumineuse de la baie.

Le trajet de Tossa à Lloret de Mar est aussi un très beau parcours,qui cache, au cœur de ses vertes pinèdes, le charme de la chapellede Santa Cristina avec sa crique accueillante et son énorme pin sé-culaire. Le prestige actuel de Lloret, qui est aujourd’hui un descentres touristiques les plus importants du pays, repose sur son pas-sé de lieu de villégiature cossu de la bourgeoisie barcelonaise desdébuts du XXe siècle, et aussi sur sa condition de cité d’« Amé-ricains », titre décerné aux émigrés qui revenaient des Antilles avecbeaucoup d’argent.

Et enfin, le circuit se termine par le trajet de Lloret à Gérone, enpassant par Caldes de Malavella, où l’art moderniste est égalementprésent. En dépit du temps qui passe, l’architecture particulière desétablissements de bain de cette importante station thermale conti-nue, à l’heure actuelle, d’être témoin des promenades dans le parcentre ombres et silences, des inoffensives parties de cartes et des jo-lis ouvrages de tricot de ses curistes convaincus.

Principaux monuments

Anglès. Petite ville située sur lescontreforts des Guilleries. La proximitédu Ter y a facilité l’implantation d’uneindustrie textile. Il y a de jolis coins etde beaux édifices dans la vieille villemédiévale, dite Vila Vella. On peut yvoir deux maisons de Rafael Masó, laCasa Vinyes (1907-1908) et la CasaCendra (1913-1915) ; on peut visitercette dernière, qui est entourée d’unjardin (Carrer del Vall, 31).

Bescanó. Localité au bord du Ter,dans la zone où la plaine de Géronetouche la Selva. En 1916, l’architecteJoan Roca y construisit une centraleélectrique dans la ligne d’autres éta-blissements industriels qu’il réalisadans la région de Gérone et d’Olot.

La Bisbal d’Empordà. Localité pleinede vitalité, chef-lieu du Baix Empordà,centre de production de céramique etde poteries. Elle possède quelquesmonuments intéressants, comme l’an-cien palais gothique des évêques deGérone, l’église baroque, les bâti-ments néoclassiques de Les Voltes (ar-cades), avec l’un ou l’autre modesteexemple de Modernisme, comme leCine Mundial ; l’ancienne mairie (dePelagi Martínez, 1928) est déjà nou-centiste.

Cadaqués. Beau village de pêcheursautour d’une baie bien abritée. Cettelocalité attire depuis longtemps les ar-tistes et les intellectuels, la présencede Salvador Dalí dans le petit hameaude Portlligat lui ayant apporté une répu-tation internationale. Architecture po-pulaire, maisons du XIXe siècle, archi-tecture moderne… En ce qui concerne

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De Gérone à la Costa Brava en passant

par la vallée du Fluvià

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Olot. Casa Solà Morales

Olot. Casa Solà Morales

«La càrrega », de R. Casas Palafrugell. Fabrique Amstrong

Gérone. Casa Teixidor Gérone. Minoterie Teixidor

S’Agaró. Can Casas

une décoration en fer forgé (réver-bères, grilles) ; la Casa Batlle (1909-1910, Carrer Nou), où huit hiboux en céramique jaune couronnent la fa-çade ; la Casa Ensesa (1913-1915, surla route de Barcelone, qui abrite ac-tuellement l’école municipale de mu-sique) ; la Casa Gispert Saüch (1921-1923, Avinguda de Jaume I, 7). Masórestaura aussi des bâtiments plus an-ciens (la Casa Salieti, dans le Carrer deCiutadans ; la Casa Masó et la CasaGavaldà, dans le Carrer de les Balles-teries ; la Casa Ribes Crehuet, dans leCarrer de la Força).

Lloret de Mar. Localité éminemmenttouristique. Le fait qu’elle soit devenuel’une des premières villes hôtelièresdu pays a bouleversé son aspect tradi-tionnel. En ce qui concerne l’époquemoderniste, signalons la chapelle d’ElSantíssim dans l’église paroissiale,œuvre de Bonaventura Conill (1917) etde remarquables tombeaux dans le ci-metière (tombeau de la famille Arús,d’A. M. Gallissà, ou l’ensemble de tom-beaux de B. Conill).

Olot. Chef-lieu de la Garrotxa, aucentre d’une intéressante région volca-

nique, où la beauté de la nature envi-ronnante inspira l’école de peinture depaysages d’Olot. La ville comported’intéressants bâtiments, parmi les-quels l’hospice néoclassique de Ventu-ra Rodríguez (où se trouve actuelle-ment l’important Museu Comarcal dela Garrotxa, le musée local, avec despeintures et des sculptures de l’épo-que moderniste). Signalons deux bâti-ments qui valent la peine : la Casa SolàMorales, au Firal, refaite en 1915 et1916 par Domènech i Montaner, avecun grand balcon au rez-de-chausséeorné de sculptures d’Eusebi Arnau,une tribune au décor d’inspiration flo-rale et une loggia à l’étage supérieur, et la Casa Masramon, dans l’Eixam-ple Malagrida, œuvre de Rafael Masó(1913-1914), une des plus appréciées,de style déjà noucentiste et dont la fa-çade s’inspire de l’architecture ruralede la Garrotxa.

Palafrugell. Cette localité fut le pre-mier centre de fabrication de bou-chons en liège du pays, activité qui l’arendue très prospère. Non loin de là setrouvent Llafranc, Calella et Tamariu,des villages de pêcheurs où le touris-me s’est développé. Parmi les diffé-

bien éloigné de ses principes mo-dernistes. Tout l’ensemble, dont lestravaux furent poursuivis par FrancescFolguera (Hostal Sa Gavina, SenyaBlanca, etc.) a un caractère noucen-tiste, classicisant, d’une sobriété raf-finée.

Sant Feliu de Guíxols. Petite ville quis’est constituée autour d’un ancienmonastère bénédictin. L’industrie etsurtout la commercialisation du liègel’ont rendue très prospère dès la findu XIXe siècle ; son attrait touristiqueest encore venu ajouter à cette pros-périté. C’est l’architecte de la ville,General Guitart i Lostaló, qui s’occupade son urbanisation et qui y construi-sit d’importants édifices modernistes :le cercle des jeunes, néomudéjar(1890-1903), le cercle des seniors(1909), la Casa Patxot, etc. RafaelMasó y réalisa aussi quelques ou-vrages : la caisse d’épargne Caixad’Estalvis (1923) et, à Sant Pol, CanCasas (1915-1916), qui combine l’in-fluence centre-européenne et le styledu mas local, avec sa décoration decéramique vernissée. C’est à Sant Polégalement que se trouve la villa mo-derniste dite Casa Estrada ou Torre de

17ROUTE 4

Caldes de Malavella Sant Feliu de Guíxols. Casino dels Nois

rents immeubles qui ont été construitsà l’époque moderniste, signalons lagrande fabrique de liège Armstrong,œuvre de l’architecte G. Guitart (1900-1904), avec de remarquables élé-ments en fer forgé sur la façade et unetour métallique très caractéristique,actuellement musée du liège ; le bâti-ment de la coopérative L’EconòmicaPalafrugellenca, réalisé par RafaelMasó lors de la dernière étape de sacarrière (1925-1926), dont la décora-tion en céramique est remarquable ; laCasa Miquel, attribuée à J. Goday ; etla Casa Almeda. D’autres bâtiments,comme les deux « casinos » (cercles oùse réunissent les gens du bourg et oùsont organisées des activités cultu-relles), ont conservé le charme de leurépoque.

S’Agaró. Complexe résidentiel aubord de la mer, dont les Ensesa, unefamille de la haute bourgeoisie locale,furent les promoteurs et qui attire un tourisme cosmopolite. L’architecteRafael Masó en commença la construc-tion en 1924, alors qu’il s’était déjà

les Punxes (villa aux pointes). Parmiles œuvres intéressantes que l’onpeut voir dans le cimetière, citons letombeau de la famille Casas, de Puig iCadafalch.

Tossa de Mar. Village de pêcheurs etstation balnéaire, dont la vieille ville, la Vila Vella, entourée de magnifiquesremparts, constitue l’une des imagesles plus caractéristiques et les plusconnues de la Costa Brava. À ses piedss’élève la Vila Nova, la ville nouvelle,un ensemble bigarré et joyeux, quicomporte quelques bâtiments moder-nistes comme la Casa Sans, œuvre de l’architecte Antoni de Falguera, influencée par Puig i Cadafalch. Lepeintre Jaume Vilallonga, qui appar-tient à l’époque moderniste, fut l’undes premiers à découvrir le charmepittoresque du village, où se rendirentpar la suite Roig i Soler, Brull ouMasriera et, dans les années 1930, des peintres européens d’avant-gardecomme Marc Chagall ou Metzinger. Lemusée municipal contient des œuvresintéressantes.

musée des jouets qui contient despièces de l’époque moderniste.

Gérone. Localité d’origine romaine, auriche passé historique, qui conserveun important patrimoine monumental(murailles, cathédrale, musées, bâti-ments et églises romanes et gothiques,etc.). À l’époque moderniste, Géronecomptait parmi ses habitants un archi-tecte des plus intéressants, RafaelMasó, qui était aussi poète. Il rassem-blait des artistes et des artisans autourde lui pour tenter de rendre leur vitali-té aux arts appliqués (céramique, fer-ronnerie, sculpture, etc.). Il mena àbien une œuvre en rupture avec leModernisme le plus traditionnel et quiévolua de plus en plus clairement versle Noucentisme. Signalons pour Géro-ne la Casa Teixidor ou Casa de laPunxa (maison à la pointe) (1918-1922, Carrer de Santa Eugènia), avecson joli lanterneau en céramique verteet ses élégantes proportions. C’est ac-tuellement le siège du Col·legi d’Apare-lladors ; tout près de là, la minoterieTeixidor (1910-1911), dont les bâti-ments d’entrée (maisons d’habitationet bureaux) sont unis par un pont, avecune intéressante céramique blanche et

l’époque moderniste, citons la CasaSerinyena (1910) et les écoles (1915),ainsi que quelques-unes des tombesdu vieux cimetière qui domine la mer,avec des sculptures de Josep Llimona.

Caldes de Malavella. Station therma-le connue déjà par les Romains. Deuxdes établissements de bains les plusimportants sont de l’époque modernis-te ; ils sont l’œuvre de l’architecteGaietà Buïgas i Monravá : celui duVichy Catalán (fin du XIXe siècle), dansun style néomauresque et entouréd’un grand parc, et le Balneari Prats(1900). Ce style se retrouve égalementdans une série de maisons du villagequi datent de cette époque.

Figueres. Chef-lieu de l’Alt Empordà,cette ville a joué, au long du XIXe siècle,un rôle important dans la propagationdes idées fédérales et républicaines(notamment grâce à Abdó Terrades età Narcís Monturiol, l’inventeur du sous-marin). Du point de vue urbanistique,ce sont les bâtiments néoclassiquesde Roca i Bros, construits au milieu du XIXe siècle, qui prédominent et quidonnent son caractère particulier à la ville, dont une jolie Rambla marquele centre. Le principal représentant du Modernisme est Josep Azemar, l’ar-chitecte des abattoirs municipaux(1903), actuellement transformés encentre culturel, de la Casa Cusí (1894),néogothique, et de la Casa Salleras(1910). Le Casino Menestral (1904) etle cinéma-théâtre Jardí (1914), ce der-nier étant l’œuvre de Llorenç Ros, sontaussi modernistes, ainsi que quelques-uns des tombeaux du cimetière muni-cipal. Mis à part le célèbre théâtre-mu-sée Dalí, très fréquenté (le peintre estoriginaire de Figueres), il y a aussi un

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Montserrat. Cinquième mystère de la douleur Lleida. Casa Magí Llorenç

Voici un circuitqui part de Barce-

lone pour entreren contact avec la

plaine du centrede la Catalogneet de là avec les

contrées occi-dentales.

Région de bonvin – notam-

ment dans laConca de

Barberà – et deblé – comme dans les pla-

teaux de la Segarra –, il n’est pas étonnantque le Modernisme ait souvent été étroitement lié à ces

productions agricoles : caves à vin et locaux des syndicats agricoles, minoteries et entrepôts à céréales.

Au début de la route vers la Catalogne centrale, la montagne deMontserrat est une première halte obligatoire, et pas seulement enraison de la présence d’éléments modernistes, mais aussi et surtoutparce que son célèbre monastère bénédictin, le plus ancien sanctuai-re du pays consacré à la Vierge Marie, est enchâssé dans un paysageimpressionnant d’une morphologie unique. Ensuite, un peu plus aunord, on peut saisir l’occasion d’une visite du patrimoine modernistepour découvrir Manresa, une ville active et industrieuse, chef-lieu duBages, qui, du fait de sa situation géographique, se considère commele véritable cœur de la Catalogne.

Si l’on dispose d’un peu de temps, c’est une bonne idée de faire uncrochet de Manresa à Solsona, même si la distance (52 km) est relati-vement importante. Et pas seulement parce que le trajet est très inté-ressant et qu’il passe par Cardona, petite ville qu’il faut visiter poursa collégiale fortifiée et pour sa montagne de sel, mais aussi parcequ’à Solsona, siège épiscopal et chef-lieu du Solsonès, les édificesmodernistes côtoient un important patrimoine archéologique et mo-numental, et un musée diocésain qui, en particulier pour ce qui estde l’art médiéval, est l’un des plus importants du pays. Et cela, sansparler de la proximité immédiate d’Olius : Modernisme, art roman,paysage.

En allant de Montserrat et de Manresa vers l’ouest par la ville dyna-mique d’Igualada – la ville des tanneries et des tricots –, les plateauxsévères de la Baixa Segarra ouvrent la route qui, par le col deDeogràcies, commence à descendre doucement vers la vallée duFrancolí, pour se retrouver en plein cœur de la Conca de Barberà. Cesont des terres où règnent des vins, blancs et rosés pour la plupart,au dense parfum de miel, qui sont conservés dans les chais des co-opératives et des caves modernistes, comme ceux de Rocafort deQueralt, de Sarral, de Pira et de Barberà de la Conca

Le circuit nous conduit à Montblanc, chef-lieu de la région, où lavieille ville a beaucoup de caractère avec l’imposante muraille médié-vale qui l’entoure, d’autant que sa remise en valeur a été bien réus-sie. Non loin de Montblanc et de son Sindicat Agrícola moderniste,dans l’entreprenante petite ville de L’Espluga de Francolí, la cave co-opérative, également moderniste, côtoie d’autres richesses architec-

turales dans un paysage urbain soigné. Le Casal y constitue un véri-table pôle d’attraction culturel et sportif. N’oublions pas non plus lesfriandises très réputées que sont les carquinyolis et les neules. C’esten général par L’Espluga que l’on passe pour se rendre au monastèrevoisin de Santa Maria de Poblet, joyau de l’art gothique et roman.C’est sans doute le monument le plus important de Catalogne, il estsitué sur le territoire de la commune de Vimbodí. Si l’on veut voird’en haut l’ensemble de la région de la Conca avec ses villages, sesvignes et ses paysages, le mieux est de monter par la piste forestièrede Poblet jusqu’au belvédère haut perché de La Pena, et d’y admirerla vaste vue panoramique.

Entre L’Espluga et Lleida, le détour que l’on fait pour aller visiter lescaves modernistes de Cèsar Martinell à L’Albí – avec son Carrer delCall et sa place entourée d’arcades – et à Arbeca – avec ses fameusesolives arbequines – n’est vraiment pas excessif. Il nous permet enoutre d’admirer les vastes oliveraies de la région des Garrigues, oùl’on fabrique une huile d’olive très réputée, et de passer par LesBorges Blanques, le chef-lieu de la région. Plus loin, une fois dépasséle village de Juneda, la silhouette du cœur de la ville de Lleida émer-ge soudain, tel un navire sillonnant la plaine du Segrià, avec le hautclocher de la Seu Vella à son sommet. Lleida n’est pas seulement lechef-lieu du Segrià, c’est aussi celui de toutes les terres catalanes del’ouest – la « capitale de la terre ferme » et aussi celle des fruits savou-reux : poires, pommes et pêches. Non contente de cet ensemble demonuments importants, la ville s’enorgueillit d’une excellente cuisinedu terroir. Nous sommes avant tout dans le pays des escargots, on lesretrouve dans la populaire cutxipanda, mais aussi préparés à la llaunaou à la brutesca.

Pas très loin, à quelque 10 ou 12 km de Lleida, Raimat est une ex-ploitation agricole modèle dont les caves modernistes présentent ungrand intérêt. En visitant cet endroit, on passe en outre près du beaucomplexe sportif et récréatif des Basses d’Alpicat, un endroit très fréquenté par les habitants de Lleida. Ensuite, de retour à Lleida, on peut continuer le circuit moderniste en prenant la route deBarcelone. Si l’on fait un petit détour pour passer par Guimerà, outrel’église, bel exemple de Modernisme, on découvre le charme d’unfouillis de petites rues dans un ensemble urbain médiéval qui s’étendsur le flanc de la montagne et descend en cascade jusqu’à une petiterivière, le Corb.

Lorsqu’on revient sur la route de Barcelone, l’arrêt à Cervera estobligatoire. La minoterie moderniste, l’université, l’église archipres-bytérale sont des édifices très importants, mais on ne peut rien re-commander de plus agréable qu’une promenade dans l’artère princi-pale, très longue, qu’est le Carrer Major. Et si des enfants sont de lapartie, il faut les laisser courir à leur gré sous les vieilles arcadespleines de souvenirs du mystérieux Carreró de les Bruixes (la ruelledes Sorcières), cela les amusera tout en leur faisant un peu peur.

À partir du col de La Panadella tout proche, un petit détour vers lenord permet d’admirer l’entrepôt moderniste de Sant Guim deFreixenet. Il s’agit d’un village qui s’étend sur le vaste plateau céréa-lier de la Segarra. Ensuite, on descend vers la plaine de la Concad’Òdena et on passe à nouveau par Igualada – avec son important pa-trimoine moderniste – pour boucler le circuit proposé et prendre lechemin de retour direct vers Barcelone.

Principaux monuments

Barberà de la Conca. Localité agrico-le qui fut à la tête du mouvement co-opérativiste en Catalogne (une Sociétédes travailleurs agricoles fut fondéedès 1894, elle fit construire un bâti-ment en 1903). Les propriétaires seconstituèrent en syndicat agricole en1920 et commandèrent la cave coopé-rative à C. Martinell. Elle est constituéed’un grand hall avec des piliers inté-rieurs qui soutiennent l’armature et sedivisent pour former des séries alter-nées d’arcs équilibrés.

Cervera. Chef-lieu de la Segarra, unerégion céréalière. Cette ville est sur-tout connue pour sa magnifique uni-versité néoclassique, qui date de la se-conde moitié du XVIIIe siècle et qui futla seule en activité en Catalogne de-puis la fin de la guerre de Succession(1714) jusqu’au milieu du XIXe siècle.Au bout de la ville, près du chemin defer, se trouve la grande minoterie duSindicat Agrícola, construite par C.Martinell en 1921. La hauteur de sesdouze silos, à laquelle s’ajoute encoreun réservoir d’eau conique et unestructure métallique couronnée d’unpoint lumineux qui fait penser à unphare, la fait ressembler à un château ;l’extérieur est décoré de franges depierre unies par des arcs dans la partiesupérieure.

L’Espluga de Francolí. Localité agri-cole et centre de villégiature à causede ses eaux et de la proximité dePoblet. Elle possède une des caves coopératives les plus anciennes deCatalogne (1913), œuvre de Domè-nech i Montaner à laquelle son fils,Domènech i Roura, a aussi participé.Initialement composée de deux halls(en 1957 on en a ajouté un troisième,identique), elle s’inspire du systèmed’arcs diaphragmes du gothique cata-lan, qu’adopta par la suite Martinell(encore que ce dernier y ajouta desarcs paraboliques et non des arcs bri-sés). La pierre y est combinée avec labrique apparente et avec la brique cré-pie à l’extérieur.

Guimerà. Localité de l’Urgell quiconserve son ancienne muraille d’en-ceinte au pied d’un château médié-val en ruine. Ses ruelles aux bellesconstructions médiévales forment un

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De Montserrat à Lleida par les vallées et les plateaux de l’intérieur

Affiche d’Adrià Gual. Collection privée

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Igualada. Tannerie Manresa. Minoterie La Florinda

Igualada. Asil del Sant Crist

Manresa. Abattoirs

y remarque l’œuvre du dessinateur etpeintre moderniste Xavier Gosé).

Manresa. Chef-lieu du Bages, ville si-tuée au centre de la Catalogne, qui,depuis le Moyen Âge, fait preuved’une grande vitalité économique etculturelle. Elle possède des monu-ments intéressants, comme la grandecollégiale de Santa Maria, dite La Seu,une imposante église gothique quidomine la ville et renferme des ob-jets d’art de valeur ; le Pont Vell, unpont médiéval d’origine romaine, surle Cardener ; des bâtiments baroqueset néoclassiques comme la mairie ou le palais de justice. En ce quiconcerne l’époque moderniste, ci-tons d’abord quelques œuvres d’Ig-nasi Oms, natif de Manresa, collabo-rateur de Domènech i Montaner en1888 et architecte de la Ville à partirde 1891 : le Casino (cercle où se ré-unissent les gens du bourg et où sontorganisées des activités culturelles),sur le Passeig de Pere III, construit en1906 ; la Casa Torrents (1906), sur laPlaça de Sant Domingo ; les abattoirs(1906) ; la minoterie La Florinda(1912-1913). Au milieu du Passeigs’ouvre le Carrer de l’Arquitecte Omsoù toutes les maisons sont de cemême architecte et ont été cons-truites à peu près à la même époque,c’est d’ailleurs ce qui fait la singulari-té de cette rue. Alexandre Soler iMarch (l’architecte de la magnifiquegare de chemin de fer de la ville deValence) acheva l’ancien monastère,gothique, de Santa Clara. Dans l’en-semble de bâtiments, en majeurepartie baroques, qui constituent laSanta Cova (la grotte où, selon la tra-dition, saint Ignace de Loyola, lors desa retraite à Manresa en 1552, prati-

qua et écrivit ses célèbres Exercicesspirituels), une galerie, dont la déco-ration a été refaite entre 1915 et1918, fait communiquer l’église et laCoveta, la petite grotte, construite surdes plans du jésuite Martí Coronas(en marbre et en stuc, avec des mo-saïques et des vitraux) et ornée desculptures en marbre et en bronze deJosep Llimona et de Carles Flotats.

Montblanc. Localité importante àl’époque médiévale (le roi y tenaitconseil et y avait un palais), qui conser-ve une magnifique muraille d’enceinteen très bon état et d’intéressants édi-fices du Moyen Âge, d’autres de laRenaissance et d’autres encore, ba-roques (églises et couvents, maisonsseigneuriales). C’est le chef-lieu de laConca de Barberà, une région devignes. En 1919, le bâtiment abritant lesyndicat des viticulteurs fut construit àcôté de la gare de chemin de fer,d’après des plans de Cèsar Martinell.L’architecte réutilise une porte à cla-veaux de l’époque gothique et donneau bâtiment une allure qui évoque cestyle, prédominant dans la localité. Ilfut agrandi en 1945, et ensuite en 1956avec l’installation d’un pressoir à huile.

Montserrat. Monastère bénédictin,centre spirituel de la Catalogne et pôled’attraction culturel depuis très long-temps. Situé sur une montagne trèsparticulière géologiquement parlant, ilest devenu un véritable symbole. La ba-silique a subi d’importantes transfor-mations à partir de la fin du XIXe siècle :c’est F. de P. Villar qui fit les plans de lafaçade néoplateresque (ornée de sculp-tures des frères Vallmitjana), et c’est luiaussi qui, avec l’aide du jeune Gaudí,en fit la niche (1884), décorée de pein-

tures de Joan Llimona. Parmi les nom-breux objets de valeur qui sont conser-vés à l’intérieur de l’église, citons l’au-tel de l’Immaculée Conception enmarbre blanc ouvragé et un vitrail syn-thétique avec des anges de J. M.Pericas (1910), et l’autel de Sant Josep avec un retable en bois attribué à Gaudí, ainsi que les peintures du presbytère, réalisées par Alexandre de Riquer. Le cloître néoroman futconstruit par Puig et Cadafalch (1925),qui restaura aussi le réfectoire et amé-nagea l’esplanade extérieure du sanc-tuaire, sous laquelle se trouve le Museude Montserrat (remarquables collec-tions Sala et Busquets). Sur le cheminqui mène à la grotte (où la tradition si-tue l’apparition de la Vierge Marie), lesquinze mystères du Rosaire sont repré-sentés : signalons le troisième mystèrede joie (retable néogothique avec desazulejos vernissés) et le cinquièmemystère de gloire (crucifix qui dominele paysage), tous deux de Puig i Cada-falch, et le premier mystère de gloire,commencé par Gaudí, tous avec dessculptures de Josep Llimona. Outre lesgrands peintres catalans de la fin du XIXe

siècle et du début du XXe siècle exposésdans le musée, on peut admirer debelles pièces d’orfèvrerie votive, dansl’église et dans ce même musée.

Olius. Petite localité rurale, avec uneéglise romane, proche de Solsona,dans une région boisée et peu peu-plée. Derrière l’église, il y a un curieuxcimetière moderniste, réalisé par Ber-nadí Martorell (1916), où l’influencede Gaudí se fait sentir.

Raimat. Cité agricole à l’extrémitéouest du territoire de la commune deLleida, dans le secteur arrosé par le ca-

nal d’Aragon et de Catalogne et par ladérivation du canal de Vallmanya.L’entreprise viticole Raventós iCodorniu, de Sant Sadurní d’Anoia, yétablit une importante exploitation devignes et commanda à Joan Rubió iBellver (1918-1925) les plans de lacité, de l’église – de style néogo-thique – et des grandes caves Raimat,couvertes par une structure de bétonarmé en escalier qui permet un éclaira-ge harmonieux. Ces dernières années,des vignes ont été importées deCalifornie et de nouvelles technologiesy ont été appliquées.

Rocafort de Queralt. Localité agricolede la Conca de Barberà, située à la li-mite avec la Segarra. Elle fut la premiè-re de la série à commander à CèsarMartinell une cave coopérative dans lestyle de celle de L’Espluga de Francolí.Cette série reflète déjà les idées duNoucentisme dans la mesure où ils’agit d’un service public protégé parles institutions ; c’est l’utilisation de latechnique des arcs paraboliques, ins-pirée de Gaudí, qui la relie au Moder-nisme. Ce bâtiment du Sindicat Agríco-la (syndicat agricole) date de 1918, ilfut agrandi en 1930 et en 1947 parMartinell lui-même. Il comporte troishalls avec de beaux arcs paraboliquesqui soutiennent la charpente et, en fa-çade, sa décoration combine la pierreà la base, la brique aux fenêtres et lacéramique. Il faut remarquer le sup-port en briques du réservoir d’eau.

Sant Guim de Freixenet. Localité qui,à l’arrivée du chemin de fer, s’est déve-loppée autour de la gare en tant quepetit centre agro-industriel. Cèsar Mar-tinell y construisit en 1921 un entrepôtde céréales qui dépendait du syndicatagricole de Cervera ; ce bâtiment cons-titue un intéressant exemple de la pro-duction de l’architecte, dans la lignede la cave coopérative de Gandesa,avec des arcs équilibrés et une voûtecatalane qui donne une allure caracté-ristique à la toiture couvrant une struc-ture basilicale à trois nefs.

Solsona. Chef-lieu du Solsonès, dansle piémont pyrénéen, région de faibledensité démographique, dont les pay-sages sont d’une âpre beauté. De-venue siège épiscopal au XVIe siècle,elle possède une magnifique cathé-drale, un palais épiscopal, un muséediocésain avec un riche patrimoine roman, une muraille d’enceinte con-servée en grande partie et des maisonsanciennes. On y trouve quelquesexemples de Modernisme tardif et ru-ral, parmi lesquels on peut citer l’hôtelSant Roc, œuvre de Bernadí Martorelldatant d’environ 1920 avec un couron-nement en escalier et des arcades go-thiques au rez-de-chaussée, ou la glo-riette de la Vil·la Riu, avec ses co-lonnes hélicoïdales en briques et sonlanterneau.

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Raimat. Caves

ensemble pittoresque et plein d’attrait.Dans l’église paroissiale, de style go-thique, le retable moderniste en albâtreoffre un contraste surprenant. C’est uneœuvre tardive (1940) de J. M. Jujol, quia subi l’influence de Gaudí.

Igualada. Chef-lieu de l’Anoia, localitécommerçante et industrielle pleine devitalité, connue surtout pour ses tan-neries. Parmi les nombreux bâtimentsde l’époque moderniste qui y sont re-censés, signalons les abattoirs (1902-1905), un ensemble de bâtimentsconstruit par Pau Salvat et Isidre Gili ;plusieurs tanneries, telles Cal Sabaterdans le Carrer del Sol, œuvre de JosepRos (1912-1919) ou la Casa Ratés(1908), œuvre d’Isidre Gili ; l’im-meuble du Carrer del Sol, œuvre deJosep Pausas ; et le Modernisme tardifde l’hospice d’El Sant Crist (1931),d’après les plans de Joan Rubió iBellver, disciple de Gaudí, construit au-tour d’un cloître et d’une église au planen croix grecque, avec des murs à la texture rugueuse qui lui donnent l’allure d’un château. Dans les an-ciennes usines de Cal Granotes et de Cal Boyer, on a installé le Museu dela Pell d’Igualada i Comarcal d’Anoia(musée du cuir et musée régional).

Lleida. Chef-lieu des contrées occiden-tales et de la Catalogne intérieure, aucentre d’une région agricole fertile.Cette ville, dotée d’un riche patrimoinemonumental (Seu Vella, ou cathédrale,hôpital de Santa Maria, musées), possè-de d’intéressants édifices modernistesconstruits par Francesc Morera i Gatell,l’architecte de la ville qui occupa ce pos-te entre 1906 et 1941. Citons les abat-toirs (1912-1915), qui agrandissent uneconstruction néoclassique plus ancien-ne ; le marché d’El Pla (1913), sur le Pladels Gramàtics, en pierre et en fer ; laCasa Magí Llorenç (1905-1907), à l’in-tersection du Carrer Major et du Carrerde Cavallers, avec une belle tribune surl’angle ; la Casa Aunós (1911), transfor-mée par la suite en hôtel, le Pal·las, puisen banque, dont la façade qui donnesur le Carrer Major a été conservée ; laporte d’accès aux Camps Elisis (1908),jardins publics pour lesquels l’architec-te construisit par la suite (1923-1926) lepavillon-aquarium, dans une esthétiquenoucentiste, et dont il dessina les es-paces verts ; les Cases Noves (1914) surla Rambla d’Aragó ; la Casa Melcior(1912) sur la Placeta de Sant Francesc ;la Casa Fontanals (1912) ; la CasaMontull (1922) dans le Carrer Major ; le tombeau du comte de Torregrossa(1911) dans le cimetière. L’architecteJoan Bergós, originaire de Lleida et spé-cialiste de Gaudí, est l’auteur du grandretable de la Catedral Nova (nouvelle ca-thédrale). Le Museu d’Art Jaume Moreraest installé dans le couvent baroque d’ElRoser, on y trouve les fonds légués parJ. Morera i Galícia (1917), peintre dis-ciple de Carlos de Haes, et des collec-tions d’artistes des XIXe et XXe siècles (on

L’Espluga de Francolí. Cave coopérative

Rocafort de Queralt. Syndicat agricole

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Garraf. Cave Güell

El Pinell de Brai. Frise en céramique de X. Nogués

Il s’agit d’un circuit particulièrement intéressant qui, partant deBarcelone à la recherche de monuments modernistes situés dans lesrégions méridionales de Catalogne, présente l’agréable atout supplé-mentaire de se plonger dans un des paysages les plus franchementméditerranéens du pays, dans le royaume de l’olivier et surtout danscelui de la vigne et du vin.

En passant par les terres du Baix Llobregat, nous nous dirigeonsvers la région touristique de la côte du Garraf. Le seul accès versSitges et Vilanova i la Geltrú était jusqu’il y a peu la corniche si-nueuse et escarpée qui longe les flancs du massif du Garraf – décla-ré parc naturel en raison du grand intérêt de sa végétation et de sonorographie –, où l’on peut voir la cave coopérative du Garraf,construite par Gaudí. Mais aujourd’hui on dispose aussi de la nou-velle autoroute C-32, qui relie Castelldefels à Sitges en traversantplusieurs tunnels.

Lorsqu’on arrive à Sitges – « la blanche Subur » –, on découvre uneville où la tradition touristique est parmi les plus anciennes et les plussolides. En plus de ses musées et de ses autres monuments impor-tants, on est frappé par l’aimable beauté de son aménagement urbainet paysager. Pas très loin de là, en suivant la côte – toujours dans larégion touristique de la côte du Garraf –, on arrive à Vilanova i laGeltrú, chef-lieu du Garraf. Outre son importance industrielle, com-merciale et comme port de pêche, cette petite ville se distingue parson goût particulier pour la gastronomie, que l’all cremat, sauce à l’ailgrillé, et le bull de tonyina (sorte d’andouillette de thon) suffisent déjàà justifier.

Si l’on part de la côte pour aller vers l’intérieur, l’accès à la plaineprélittorale se fait par Vilafranca del Penedès. Cette localité est sansconteste la grande capitale vinicole de la Catalogne, ce pays enso-leillé aux ciels d’un bleu pur, où les vignes fournissent des rosésdoux, des blancs délicats et des rouges d’une grande finesse. Outrel’intérêt que présentent les monuments de Vilafranca, le contenu deson musée du vin va bien au-delà des promesses que laissent en-tendre son nom et ses pâtisseries proposent la spécialité locale : lesfougasses à l’anis (coques de matafaluga). Ajoutons à cela le patri-moine moderniste de Sant Sadurní d’Anoia, à l’est de la ville et pastrès loin, dont la visite donne l’occasion d’entrer en contact avec unepetite ville qui, depuis la fin du XIXe siècle, est devenue le plus impor-tant centre de production de vins mousseux (cava).

Sur le chemin entre Vilafranca et El Vendrell, dans le Baix Penedès,on peut faire une halte à la plage de Sant Salvador, où se trouve lamaison-musée Pau Casals. C’est là que sont conservés les souvenirsdu grand violoncelliste, originaire de cette petite ville. Au-delà d’ElVendrell, sur la route de Valls, le col de Santa Cristina ouvre la portede l’Alt Camp et conduit à Montferri, puis à Bonastre, deux endroitsque l’on peut visiter. En remontant le modeste cours du Gaià et sesberges plantées de peupliers, on arrive à Aiguamúrcia et à SantesCreus, dont on peut aussi visiter les caves modernistes. Il serait dom-mage de manquer un des principaux monuments de Catalogne, legrand monastère cistercien de Santes Creus, un joyau du l’art go-thique et roman.

Valls, le dynamique chef-lieu de l’Alt Camp, est l’étape suivantede ce circuit moderniste qui parcourt la vallée du Francolí et sesversants. Valls est aussi le berceau des « Xiquets de Valls », les gar-çons de Valls, une association audacieuse de castellers, ouconstructeurs de tours humaines, dont l’équilibre tient du miracle.Et pour les gourmets, les populaires calçots sont une référence obli-gatoire. Ce plat de saison, qui séduit toutes les générations, se com-pose de modestes oignons, très doux, cuits directement sur la brai-se et accompagnés d’une sauce savoureuse que l’on appelle « sal-vitxada ».

Dans les villages entourés d’oliviers et d’amandiers et surtout devignes qui se succèdent entre Valls et Tarragone, le Modernisme abien laissé son empreinte : à Nulles où le vin rouge a tant de corps, àVallmoll avec son château, à Els Pallaresos où la vigne domine sansconteste, à Vistabella dont le nom dit tout… Et enfin Tarragone, lagrande ville d’aujourd’hui et la Tarraco de l’empire romain, où seconcentrent de grands monuments de toutes les époques. Il seraitdommage de ne pas se promener sur la majestueuse Rambla jusqu’àdéboucher sur le bleu infini qui s’étend devant le Passeig de lesPalmeres.

Même si l’on s’arrête à Constantí pour son patrimoine moderniste,le trajet jusqu’à Reus est court et c’est très vite que l’on arrive dans lechef-lieu du Baix Camp. L’importance commerciale de la ville, qui lui permit, au xixe siècle, de devenir le deuxième centre urbain de

Catalogne, justifie la présence de nombreux ouvrages modernistes.C’est en flânant dans le populaire Carrer de Monterols, entre la Plaçade Prim et la Plaça del Mercadal, que l’on peut prendre le pouls de laville, qui est aussi la capitale de la noisette, et c’est en goûtant les pa-nellets de gema (petits gâteaux au jaune d’œuf) et le menjar blanc(dessert à base de semoule de riz), que l’on peut comprendre le pen-chant de ses habitants pour les douceurs.

Le circuit continue en direction du Priorat et de son chef-lieu,Falset, non sans proposer un petit détour pour visiter un endroit inté-ressant dans cette même région. On ne peut pas, en tout cas, visiterla cave coopérative de Cornudella sans aller voir les ruines de ce quifut la chartreuse d’Escaladei, au pied de l’âpre muraille du Montsant.C’est à partir de là que les moines colonisèrent ces terres et plantè-rent les premières vignes sur le schiste caractéristique des sept vil-lages historiques, typiques du Priorat. Cette région produit un vin ex-traordinaire, profondément aromatique et d’un bon degré d’alcool,de plus en plus apprécié.

Plus loin sur la route, au-delà de Falset, le pont de Móra, qui enjam-be l’Èbre, le fleuve qui a le plus grand débit de toute la péninsule,marque l’entrée dans la Terra Alta, qui est aussi une région de grandetradition vinicole et oléicole. On arrive tout de suite après à Gandesa,son chef-lieu. En visitant la cave coopérative, un bel édifice moder-niste, on peut acheter sur place quelques bouteilles d’un bon vinblanc au bouquet très généreux.

En allant vers Tortosa, on traverse les contrées sauvages entre lesmonts de Cavalls et de Pàndols, cadre historique et tragique des pluscruels affrontements lors de la dernière guerre civile, pour rejoindreEl Pinell de Brai et son cellier exceptionnel. On peut encore trouverici de beaux objets d’artisanat faits en feuilles de palmier nain oud’alfa ; c’est une activité tout à fait traditionnelle. Ensuite, le circuit,qui a suivi jusqu’ici la rive droite de l’Èbre, prend la direction deTortosa, le chef-lieu du Baix Ebre, une ville où de nombreux monu-ments sont répertoriés. À Tortosa, il y a une chose qu’on ne peut évi-ter de faire : c’est de monter sur le Turó de la Suda, où se trouve lechâteau médiéval d’origine arabe qui est à présent transformé en pa-rador. On peut alors y laisser courir son regard sur la ville, sur la val-lée touffue du fleuve, sur les champs où s’alignent les oliviers et,plus loin, sur l’imposant massif d’Els Ports. Plus au sud-est, sur lagrande plaine du delta de l’Èbre – un important parc naturel –, leschamps fourragers et les rizières côtoient les étangs et les maré-cages, les longs bancs de sable et les baies peu profondes. C’est leparadis des crustacés et des grosses crevettes, le refuge et l’escaled’une infinie variété d’oiseaux.

Principaux monuments

Aiguamúrcia. Petite localité rurale quidonne son nom à la commune sur leterritoire de laquelle se trouve l’ancienmonastère cistercien de Santes Creus,important monument de l’art gothiquecatalan. Cèsar Martinell dessina en1920 les plans de la cave coopérative,dont les lignes sont plus simples etplus austères que dans la plupart deses autres constructions. En 1921, ildessina une autre cave coopérativedans le village de Santes Creus quis’est développé autour du monastère.Elle est de plan basilical et sa façadeprésente de belles fenêtres en briquesapparentes.

Bonastre. Petite localité rurale duTarragonés, à la limite du Baix Pene-dès. L’église paroissiale de Santa Mag-dalena, un ouvrage très simple du XVIIIe

siècle, comporte de remarquables élé-ments réalisés par J. M. Jujol, parmilesquels le baptistère et le tabernacle,qui est considéré comme une despièces les plus intéressantes de l’archi-tecte (1941-1945).

Constantí. Localité agricole proche deTarragone, situation qui a entraîné sacroissance et son industrialisation.C’est sur le territoire de cette commu-ne que se trouve le très intéressantmausolée de Centcelles, œuvre romai-ne tardive (vers 350 apr. J.-C.) avec debelles mosaïques ; on pense qu’il s’agitde la tombe de Constant Ier, fils de l’empereur Constantin. Entre 1913 et1915, l’intérieur de l’église paroissialede Sant Feliu fut rénové par Josep M. Pujol, à qui l’on doit également les fonts baptismaux, les bancs et lesconfessionnaux, et plusieurs grilles enfer forgé.

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Du Penedès à la région de l’Èbre par le

Camp de Tarragona

Sitges. Cau Ferrat

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El Pinell de Brai. Syndicat agricole

elle fut attribuée erronément, y colla-bora). La porte du mur d’enceinte,avec son arc parabolique en brique,comporte une curieuse grille mobileformée de chaînes ; le bâtiment est enpierre et en brique, ses murs et sa toi-ture sont unifiés dans une structuretriangulaire aux parements lisses danslesquels les ouvertures ressortent ; ilest couronné de plusieurs cheminéeset du petit clocher à jour de la chapel-le intérieure.

Montferri. Petite localité agricole del’Alt Camp, au bord du Gaià. Le sanc-tuaire de Montserrat, qui s’élève aunord-est du village, est une construc-tion très intéressante commencée en1925 par J. M. Jujol. Celui-ci voulait parson architecture imiter la configurationparticulière de la montagne de Mont-serrat. Ce sanctuaire, inachevé, est res-té à l’abandon pendant de longues an-nées jusqu’à ce que les travaux soientrepris en 1990 ; ils ont été totalementachevés en 1999. On peut le visiter.

Nulles. Localité agricole de l’Alt Camp,traditionnellement vinicole. La cave co-opérative du Sindicat Agrícola de SantIsidre est l’une des réalisations les plus remarquables de Cèsar Martinell(1919). Elle suit en partie le modèle decelle de Rocafort de Queralt, avec sesdeux halls aux arcs paraboliques équili-brés en brique et sa décoration exté-rieure faite de lignes de brique appa-rente combinée avec la pierre.

Els Pallaresos. Petite localité agricoleproche de Tarragone, au bord duFrancolí. Parmi les œuvres qu’y a lais-sées l’architecte Josep M. Jujol, on nepeut que remarquer, dans le centre duvillage, la Casa Bofarull, une ancienneferme entièrement restaurée (1914-1931). Elle se distingue par une bellegalerie à l’arrière sur un arc parabo-lique qui conserve des peintures surles saisons dues à Jujol lui-même, parsa tour d’angle et surtout par les vo-lumes de l’escalier intérieur que cou-ronne une grosse tour surmontée d’unange paratonnerre. C’est aussi Jujolqui réalisa les écoles et la Casa delComú (maison communale) (1920), laCasa Andreu sur la Plaça de l’Església,les autels latéraux de l’église paroissia-le Sant Salvador (1945-1947), la res-tauration de la Casa Fortuny (1944), lagrille de la Casa Solé (1927).

El Pinell de Brai. Localité agricole dela Terra Alta, une appellation d’originedont les vins sont de grande qualité. Lemoulin à huile et cave du syndicat agri-cole est le chef-d’œuvre de CèsarMartinell (1919-1922), qui y perfec-tionna le système, créé par Gaudí, decouverture à double pente en tuilesavec une charpente en bois reposantsur des arcs paraboliques équilibrés(ne nécessitant pas de contreforts laté-raux) recouverts d’azulejos moulés eten pas de vis (une texture qui en amé-liore nettement la résistance), et dontles écoinçons sont percés de petits

arcs. Les quatre halls de départ furentréduits à trois, le hall central étant plushaut, et les murs extérieurs ont étébien décorés, avec de grandes fe-nêtres en brique apparente encadréespar un grand arc et un soubassementen pierre et en mortier. Les deux par-ties sont séparées par une magnifiquefrise en céramique, réalisée par lepeintre Xavier Nogués, dont l’œuvre,expressive et très satirique, s’inscritdéjà pleinement dans le Noucentisme :elle représente les vendanges, l’élabo-ration du vin, diverses allégories etune scène avec des chasseurs ivres.

Reus. Chef-lieu du Baix Camp, et l’unedes villes les plus importantes et lesplus vivantes de la Catalunya Nova (laNouvelle-Catalogne). Elle a joué unrôle de plaque tournante dans la distri-bution de produits agricoles avec sonmarché, ses foires et ses expositionsqui attirent des gens de contrées par-fois lointaines. À l’époque moderniste,tandis qu’un groupe d’hommes delettres se rassemblait autour de JosepAladern (pseudonyme de Cosme Vidal)dans le cadre du mouvement moder-niste littéraire, des immeubles dignesd’intérêt furent construits ; certainsd’entre eux sont dus à Domènech iMontaner. L’architecte s’était rendu àReus sur l’invitation de Pau Font deRubinat, un homme politique qui avaitété maire de la ville. La Casa Navàs(1901) se trouve en plein centre ville,sur la Plaça del Mercadal ; elle adoptedes éléments locaux, comme leporche du rez-de-chaussée, et sa fa-çade est décorée de sculptures deGaudí (un cousin du célèbre architec-te). Sa riche décoration intérieure a étéconservée presque intacte. On y re-marque l’escalier avec ses mosaïqueset ses vitraux, les compositions figura-tives en azulejos aux éléments floraux

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Gandesa. Coopérative agrícole

Gandesa. Coopérative agricole

Nulles. Cave coopérative Reus. Institut Pere Mata

Gandesa. Coopérative agricole

Cornudella de Montsant. Localitéagricole, entre les montagnes dePrades et le Montsant, dans un trèsbeau site traversé par le Siurana (oùun barrage a été construit récem-ment). C’est sur le territoire de cettecommune qu’est situé le pittoresquevillage de Siurana, perché en hautd’une falaise spectaculaire, avec sonintéressante église romane. À Cornu-della, Cèsar Martinell a construit uneimportante cave coopérative (1919),où les fûts ne se trouvent pas en sous-sol, car il a tiré parti du dénivelé duterrain. Elle repose sur des piliers etsur des arcs, et les murs extérieursprésentent une belle ornementationen pierre et en brique.

Falset. Localité recelant d’intéressantsmonuments médiévaux (murailles,vestiges du château) et de grosses maisons datant de la Renaissance, demême que la Mairie, et d’époques pos-térieures. C’est le chef-lieu du Priorat,une région qui produit des vins degrand prestige. Les écoles datent del’époque moderniste (1909-1916) etont été construites sur des plans deRamon Salas i Ricomà. Cèsar Martinelly a construit, en 1919, l’une de sescaves coopératives si caractéristiques,de structure basilicale (hall centralplus large et couvert d’une charpenteen bois, et deux halls latéraux séparéspar une arcature à tirants). L’architectea suivi la tradition médiévale de cettepetite ville pour en concevoir la faça-de : une grande porte avec un arc enplein cintre aux claveaux de granit etdes tours d’angle à créneaux.

Gandesa. Chef-lieu de la Terra Alta, ré-gion qui produit également des vinsprestigieux. On y trouve des maisonsanciennes remarquables et une belleéglise paroissiale, qui a conservé sonimportant portail roman, de l’école deLleida. La coopérative agricole, cons-truite par Cèsar Martinell en 1919, estune des réalisations les plus intéres-santes de cet architecte : sur des arcsparaboliques équilibrés en brique, il aconstruit une couverture de voûtes ca-talanes avec des carreaux de céra-mique plats, des voûtes en forme decoquille d’œuf pour faciliter les dilata-tions et les contractions d’origine ther-mique, réparties à différentes hauteurspour ménager entre elles des ouver-tures qui laissent pénétrer la lumière.La décoration extérieure est sobre,avec des ouvertures encadrées debriques apparentes. L’année suivante,un bâtiment parallèle fut construit del’autre côté du chemin ; il comprendune cave et un pressoir à huile. Il a étérestauré.

Garraf. Petite localité côtière qui faitpartie de la commune de Sitges, jadispetit village de pêcheurs et mainte-nant station balnéaire. Non loin de làse trouve la cave Güell ou cave duGarraf, que le comte de Güell com-manda à Gaudí en 1895 (son discipleet assistant Francesc Berenguer, à qui

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Sant Sadurní d’Anoia. Caves Codorniu

Reus. Casa Navàs Reus. Institut Pere Mata

Reus. Casa Rull

des arcs diaphragmes en plein cintre,la façade aux arcs en pointe et au fron-tispice en escalier et le grand cellier,encore agrandi récemment par Bonet iGarí. Dans le centre ville, on trouvebon nombre de bâtiments éclectiques,mais aussi des édifices modernistes(la Mairie qui date de 1896-1900, lesécoles publiques, datant de 1910 envi-ron, la Casa Lluís Mestres, construitepar Santiago Güell en 1909, l’AteneuAgrícola, des maisons d’habitation,etc.). La période noucentiste est égale-ment bien représentée, notammentpar des ouvrages des architectesJosep Ros i Ros (les caves Freixenet,1927-1929 ; la Casa Baqués, de 1925,avec son pavillon-mirador caractéris-tique), Francesc Folguera (la façade del’église paroissiale et le presbytère, de1924, le premier de style néobrunel-leschien avec des sgraffites de J.Busquets ; la Casa Formosa, de 1928-1929, décorée de sgraffites) ou encoreCèsar Martinell (la Casa Miró et lescaves du même nom, 1929-1932).

Sitges. Petite ville traditionnellementtournée vers la mer, dans un beau sitedes côtes du Garraf. Sa vieille ville, ouVila Vella, s’accroche à un promontoireentouré de part et d’autre de grandesplages bien aménagées en fonction durôle résidentiel et touristique que jouecette localité. Dans les dernières dé-

cennies du XIXe siècle, elle fut le ber-ceau d’une intéressante école de pein-ture paysagiste, dite luministe, dontArcadi Mas i Fontdevila, Joan Roig iSoler et Joaquim de Miró i Argenter fu-rent les figures principales, de mêmequ’Eliseu Meifren. À partir de 1891,Santiago Rusiñol s’établit dans la villeet anima une série d’activités artis-tiques qui eurent un grand retentisse-ment et dotèrent Sitges du prestige culturel qu’elle conserve encore de nos jours. Ainsi, les fêtes modernistes(1892-1899) étaient accompagnéesd’expositions, de spectacles de théâtreet de musique, etc. Dans sa maison duCau Ferrat, aménagée par l’architecteFrancesc Rogent, le peintre rassemblasa remarquable collection de fer forgé,de céramique et de peinture. C’est ac-tuellement un musée, qui se trouve

tout près du Museu Maricel, un bâti-ment de l’ancien hôpital, aménagé parMiquel Utrillo sur l’initiative du finan-cier américain Charles Deering (1910-1912) et qui contient des sculpturesd’origines diverses et des pièces ori-ginales de Pere Jou. Parmi d’autres bâtiments de l’époque moderniste, si-gnalons la Casa de la Vila (Mairie)(1888-1889), ouvrage néogothique deSalvador Vinyals ; la maison de l’Hor-loge (1912-15), sur la Plaça del Cap dela Vila, d’Ignasi Mas ; le marché munici-pal (1889-1891) de Gaietà Buïgas,avec une intéressante marquise en ferforgé ; l’hôpital de Sant Joan (1912) deJosep Font i Guma ; l’hôtel Victòria ; etplusieurs villas. Il y a aussi plusieursmonuments : le monument en l’hon-neur du Greco (1898), dans le quartierde la Ribera, œuvre de Josep Reynés ;

les deux qui sont dédiés à Rusiñol, l’unde Joan Borrell i Nicolau, dans la courde la bibliothèque Santiago Rusiñol, etl’autre dessiné par Pere Jou, près de laplage de Sant Sebastià ; le monumentau Docteur Robert (1907), de JosepReynés, sur la Plaça de l’Ajuntament ;et d’autres encore. Mouvement aux ra-cines classiques et méditerranéennes,le Noucentisme eut à Sitges un illustrereprésentant en la personne du peintreJoaquim Sunyer. Originaire de la ville,il y installa son atelier à partir de 1911et y attira des intellectuels et des ar-tistes. Un des aménagements urbainsles plus intéressants réalisés dans cestyle est la cité-jardin de Terramar(1919), une des premières d’Europe,située du côté sud-ouest de l’agglomé-ration, face à la mer ; quelques-unesdes constructions les plus significa-

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Sitges. Cau Ferrat

caractéristiques, et les meubles enmarqueterie d’Homar. Non loin de là setrouve l’hôpital psychiatrique InstitutPere Mata (1897-1912) où Domènechmit à l’essai son système de pavillonsindépendants au milieu des jardins,système qu’il développa par la suitedans l’Hospital de Sant Pau, à Barce-lone. Ces pavillons sont construits enbrique et abondamment décorés d’azu-lejos, ils ont un petit air mauresque àl’intérieur. Les travaux furent achevéspar son fils, P. Domènech i Roura. Dansle Carrer de Sant Joan se trouvent laCasa Rull (1900), qui abritait jusqu’il ya peu les archives municipales, et laCasa Gasull (1911-1912). Les édificesréalisés par d’autres architectes mo-dernistes sont les suivants : les labora-toires Serra (1911-1912) et la CasaQuadrada (1924-1926), dans le quar-tier de Santa Anna, de Joan Rubió iBellver, originaire de Reus ; et diffé-rents bâtiments de Pere Caselles iTarrats (la Casa Punyed, 1892 ; la CasaHomdedéu, 1893 ; la Banque d’Espag-ne, 1904 ; les deux complexes sco-laires, etc.).

Sant Sadurní d’Anoia. Localité tradi-tionnellement agricole qui, à partir dudernier quart du XIXe siècle, est deve-nue le premier centre de productionde vins mousseux (cava). Elle aconservé au fil des années une supré-matie totale sur le marché espagnol etune place importante sur le marché in-ternational. Ce sont les Raventós, dumas de Can Codorniu, qui introduisi-rent les vins mousseux selon la tech-nique française et ce sont précisémentles caves Codorniu, aux alentours duvillage, qui constituent le complexemoderniste le plus intéressant de SantSadurní. Elles furent réalisées par Puigi Cadafalch (1896-1906), qui transfor-ma l’ancien mas de Can Codorniu enlui donnant un air néomédiéval : ilajouta une tour de plan circulaire avecune toiture conique vernissée, et ilconstruisit le pavillon des expéditions(l’actuelle salle de réception), de planrectangulaire, couvert de voûtes cata-lanes en briques posées à plat sur degrands arcs paraboliques à lunettes, etavec des ouvertures en arcs parabo-liques à pinacles. Tout est en brique,en pierre et vernissé de vert. C’est aus-si à Puig i Cadafalch que l’on doit la ga-lerie des presses, également forméede voûtes en briques posées à plat sur

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Vistabella. Église du Sagrat Cor

Vilanova i la Geltrú. Tombeau Víctor Balaguer

Tarragone. Les anciens abattoirs sont devenus l’Universitat Rovira i Virgili Tarragone. Marché central Tarragone. Couvent de Les Teresianes

tives ont été conservées sur le PasseigMarítim.

Tarragone. Déjà importante à l’épo-que romaine, Tarragone fut la capitalede l’Hispanie citérieure. Elle conserved’intéressants vestiges de cette pério-de (un amphithéâtre, les murailles, lecirque, etc.). Le Moyen Âge lui a sur-tout donné sa cathédrale, son arche-vêque étant alors le primat de laCatalogne. Mais l’on peut égalementvoir de nombreux ouvrages moder-nistes dans la ville basse, autour de laRambla Nova et de Sant Joan. Parmiceux-ci figurent des réalisations des ar-chitectes Pau Monguió, qui bâtit leconvent dels Carmelites, un couventde style néogothique auquel Jujolajouta une niche en 1919, Josep M.Pujol i de Barberà, qui, en tant qu’ar-chitecte de la Ville (1897-1939), dessi-na les plans de l’agrandissement de laville en 1922 et construisit notammentl’Escorxador (les abattoirs) en 1902,qui, soigneusement restauré, hébergeaujourd’hui le rectorat de l’université,le marché central (1915), sur la Plaçade Corsini, une construction métal-lique présentant une façade harmo-nieuse et une très belle grille, la CasaRipoll (1913), sur le Passeig de SantAntoni, avec une belle véranda rococoet une tour, ou encore le Col·legi LaSalle (1923), et Ramon Salas i Ricomà,à qui l’on doit la Casa Salas (1907), surla Rambla Nova, avec une belle véran-da et d’intéressants motifs sur la faça-de, ainsi que les arènes (1885) et lemonument à Roger de Llúria (1889),également sur la Rambla Nova. DeJosep M. Jujol, nous pouvons admirerle Teatre Metropol (1908), réalisé pourle Patronat Obrer et présentant une dé-coration rappelant celle de la Pedrera,qui a été réaménagé et merveilleuse-ment restauré en 1994, ainsi que laCasa Ximenis (1914), sur le Passeig dela Muralla, dont l’on remarquera lessgraffites et les balcons avec sièges in-corporés. Le convent de les Teresianes(1922), sur la Rambla Nova, est un in-téressant couvent en brique apparentedû à Bernadí Martorell.

Tortosa. Ville située près de l’embou-chure de l’Èbre, avant le début du granddelta, principale agglomération de la région de l’Èbre et du sud de la Cata-logne. C’était déjà une importante cité àl’époque romaine et à l’époque arabe,et le Moyen Âge y a laissé d’importantestraces architecturales (la cathédrale, lechâteau de la Suda, sur l’ancienne acro-pole, devenu aujourd’hui un parador,des couvents, etc.). Dans la partie où laville a été agrandie, on trouve quelquesbeaux exemples de constructions mo-dernistes. Signalons, de Pau Monguió,les abattoirs municipaux (1906-1908),dans l’Avinguda de Felip Pedrell, un bâ-timent soutenu par des colonnes enbriques et avec une belle décoration depierre, de brique et de céramique verteet bleue ; la Casa Pallarès (1906-1907),dans l’Avinguda de la Generalitat, déco-

rée de façon semblable ; la Casa Grego(1907-1908), sur la Plaça de la Catedral,où la céramique et la brique sont rem-placées par des applications en relief, etles motifs géométriques par des motifsvégétaux. De Joan Abril i Guanyabens,qui fut architecte de la Ville, on peut admirer le marché municipal (1885),dont la couverture est soutenue par unestructure en fer ; l’escalier d’accès etl’étang du parc municipal (1885-1892),au bord du fleuve ; l’église d’El Roser(1912-1914), à l’entrée du CarrerFerreries, sur la rive droite du fleuve ; lacoupole de l’église de la Reparació(1903), dans le Carrer de la Mercè. Sont également modernistes : la CasaMatheu, dans le Carrer de Cervantes,avec un mirador très décoré ; la CasaBrunet, près de la précédente, très ba-roque ; la Casa Bau (1914-1915), dansle Carrer de Ramon Berenguer IV, deJoan Amigó, avec une galerie à ar-cades au rez-de-chaussée et un mira-dor ; la Casa Pinyana, dans l’Avingudade la Generalitat, en face du parc ; la Casa Ferran Arasa, sur la Carretera de la Simpàtica, œuvre de l’architecteBenaiges.

Vallmoll. Localité agricole tradition-nelle du Camp de Tarragona. Dans les

environs, on peut voir la chapelle d’El Roser, ouvrage d’architecture po-pulaire du XVIe siècle qui renferme un magnifique retable Renaissance dupeintre français Jean Bas (1580). La façade et l’intérieur de cette chapellefurent restaurés et décorés par J. M.Jujol en 1925.

Valls. Ville du Camp de Tarragona, chef-lieu de l’Alt Camp, centre commercial etagricole avec une longue tradition in-dustrielle. On peut y voir de beauxexemples d’architecture Renaissance et baroque (signalons en particulier lespanneaux en céramique de l’église d’El Roser, datant de 1605). En ce quiconcerne l’époque moderniste, on ytrouve plusieurs maisons de CèsarMartinell, originaire de la ville, qui fitaussi les plans de l’autel de l’église de laMare de Déu del Lledó, ainsi que deJosep M. Vives i Castellet, natif lui ausside Valls. La façade de la Casa de laCiutat est l’œuvre de Ramon Salas iRicomà ; elle date de la fin du XIXe siècle.

Vilafranca del Penedès. Chef-lieu dela riche région vinicole de l’AltPenedès, c’était déjà une localité im-portante au Moyen Âge (plusieurs bâti-ments anciens ont été conservés, par-

mi lesquels le palais royal, aujourd’huiMuseu de Vilafranca et Museu del Vi, lepalais Baltà, ou encore l’église SantFrancesc, musée lapidaire). Le Mo-dernisme y a laissé de nombreusestraces, notamment grâce aux archi-tectes Eugeni Campllonch i Parés, ar-chitecte de la Ville de 1904 à 1910 (ré-novation de la Casa de la Vila, 1912 ;Can Soler, 1904, dans l’Avinguda deBarcelona ; Can Jané, vers 1910, dansle Carrer de la Cort, avec une magni-fique tribune qui donne sur l’angle,une corniche ondulée, des sgraffites et une ornementation florale) etSantiago Güell i Grau, dont les réalisa-tions sont plus nombreuses (CanClaramunt, 1905, sur la Plaça de Jau-me I ; la pharmacie Güell, 1905, Carrerde la Parellada ; la Casa Miró-Inglada,sur la Rambla de Nostra Senyora, dontla façade est asymétrique avec un cou-ronnement ornemental et une décora-tion végétale, etc.). Citons égalementCan Figuerot (1888), dans le Carrer delGeneral Prim, œuvre d’August Font i Carreras ; le groupe sculpté de laDescente de croix, de Josep Llimona,dans la crypte de la basilique SantaMaria (dont la façade néogothique a été réalisée en 1903 par Font iCarreras et Santiago Güell) ; le monu-

ment à Milà i Fontanals (1912), sur la Rambla de Sant Francesc, réaliséd’après le projet d’Enric Monserdàavec des sculptures en bronze d’Euse-bi Arnau et un buste de Milà en marbrepar Manuel Fuxà ; ou encore les réver-bères modernistes du Carrer de SantaMaria.

Vilanova i la Geltrú. Localité tournéevers la mer, avec un important port depêche, commercial et de plaisance.Chef-lieu du Garraf et façade duPenedès sur la mer, cette petite ville aconservé d’intéressants exemples del’architecture éclectique du XIXe siècle,les bâtiments les plus importantsayant été construits par Jeroni Granell(bibliothèque-musée Balaguer, collègeSamà des frères des écoles Pies), lepère de l’architecte moderniste barce-lonais Jeroni F. Granell. De l’époquemoderniste subsiste la Casa del’Indiano (vers 1905), sur la Ramblade la Pau, œuvre de Josep M. Miró, aujourd’hui transformée en foyer dutroisième âge, avec un mirador auxformes végétales qui donne sur le jardin et une décoration intérieuretrès bien conservée. Le marché et les écoles, remarquables exemples deModernisme tardif, sont également

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de ce même architecte. On peut aussi admirer les œuvres de BonaventuraPollés, dont la famille provient deVilanova et qui fut architecte de la ville pendant quelques années, parexemple la façade et le clocher del’église Santa Maria de la Mar, dans lequartier près de la mer ; la Casa deSanta Teresa (1889) construite pourVíctor Balaguer, dans l’enceinte mêmedu musée ; quelques maisons sur lePasseig de Ribes Roges, et l’agrandis-sement du cimetière où il construisitplusieurs tombeaux.

Vistabella. Petite localité agricole et ru-rale du Camp de Tarragona (communede La Secuita) qui possède une remar-quable église d’El Sagrat Cor (1918-1923), une des œuvres les plus intéres-santes de Josep M. Pujol. De plan carré,l’espace unitaire de la nef est couvertd’une coupole formée par un systèmed’arcs paraboliques et couronnée d’unclocher pointu, très caractéristique ;l’accès se fait en diagonale, par l’un desangles de la construction.

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Cala Sant Vicenç de J. Mir. Museu de Montserrat

I. Nonell (détail). MNAC

Meuble d’A. Gaudí. Casa-Museu Gaudí

Anglada Camarasa (détail). Sitges J. Brull (détail). MCG

BARCELONE

Museu Nacional d’Art de Catalunya(MNAC). Le Palais national de Montjuïc,construit à l’occasion de l’Expositioninternationale de 1929 et dont la ré-novation a été entreprise dans la der-nière décennie du XXe siècle, abriteune splendide collection d’art catalandu moyen âge (roman et gothique).Les collections d’art moderne (XIXe etXXe siècles) qui étaient exposées de-puis 1945 dans le bâtiment de l’Arsenal– qui héberge aujourd’hui le Parlementde Catalogne –, dans le parc de la Ciu–tadella, y ont été transférées en 2004.Elles comprennent un très intéressantfonds de l’époque moderniste (contem-poraine de l’Art nouveau), notammentdes œuvres des plus grands noms desarts plastiques et des arts décoratifscatalans. On y trouve ainsi, parminombre d’autres chefs-d’œuvre, aussibien des peintures de Ramon Casas(dont une belle collection de portraitsau fusain), Santiago Rusiñol, IsidreNonell, Joaquim Mir, Joan Brull ouAleix Clapés que des sculptures deJosep Llimona, Miquel Blay et EusebiArnau, des meubles signés GasparHomar ou des céramiques d’AntoniSerra et de Lambert Escaler. L’art nou-centiste, ou art 1900, y est égalementbien représenté, notamment par despeintures de Joaquim Sunyer, despanneaux réalisés par Xavier Noguéspour les Galeries Laietanes et des sculp-tures de Josep Clarà et de Manolo Hugué.

Maison-musée Gaudí. Pavillon situédans l’enceinte du Park Güell (Carrerd’Olot, s/n), une des deux seules ha-bitations qui ont été construites de toutle lotissement prévu, œuvre de Fran-cesc Berenguer. Gaudí y vécut de 1906à 1926. Elle abrite une intéressantecollection de meubles conçus par l’ar-chitecte pour le palais Güell et pour laCasa Calvet et la Casa Batlló, ainsi qu’unebelle collection d’œuvres des disciplesde Gaudí : meubles d’Aleix Clapés ouébauches de sculptures comme Els de-generats de Carles Mani, dessins de J.M. Jujol, notamment., ainsi que dessouvenirs personnels de Gaudí.

Museu del Temple Expiatori de laSagrada Família. Situé en annexe del’église, ce musée renferme des ma-quettes, des plans et d’autres docu-ments graphiques qui s’avèrent trèsutiles pour connaître le processus deconstruction et les caractéristiques dece singulier ouvrage.

OLOT

Museu Comarcal de la Garrotxa(MCG). Installé dans l’ancien hospice,c’est un bâtiment néoclassique deVentura Rodríguez. Il comprend dessections d’ethnologie et d’histoire lo-cale, et une belle collection d’art cata-lan. Remarquons les collections desculptures de Miquel Blay, bon repré-sentant de l’art moderniste, et de JosepClarà, totalement noucentiste, tous deuxnatifs d’Olot. Pour ce qui est de la pein-ture moderniste, citons des œuvres deJoan Brull, de Ramon Casas (avec soncélèbre tableau La càrrega), d’Isidre

Nonell, de Xavier Gosé, de SantiagoRusiñol, entre autres. Intéressante col-lection d’affiches de la série « Los ci-garrillos París ».

SITGES

Museu Cau Ferrat. Installé dans lamaison que Santiago Rusiñol se fitconstruire à la fin du XIXe siècle surl’emplacement de plusieurs maisonsde pêcheurs, près de la mer, et à côtéde l’actuel Museu Maricel. Il renfermela magnifique collection de fer forgédont il tire son nom (du Xe au XXe

siècle), des pièces en céramique et enverre, des meubles, et les peintres de l’époque y sont bien représentés(Ramon Casas, Aleix Clapés, IsidreNonell, Picasso, Darío Regoyos, Igna-cio Zuloaga, Ramon Pichot, MiquelUtrillo, Hermen Anglada Camarasa, lespeintres de l’école luministe de Sitges,etc.), sans compter les deux tableauxdu Greco qui furent solennellementmis en place en 1894, au terme d’unecérémonie qui eut lieu lors des fa-meuses fêtes modernistes.

MONTSERRAT

Museu de Montserrat. Installé sous laplace principale de l’abbaye, dans desdépendances qui furent aménagées parPuig i Cadafalch, ce musée abrite – en

plus de ses fonds traditionnels – ladonation Josep Sala (1982) et la dona-tion Xavier Busquets (1992). Il est in-dispensable de voir la première si l’onveut comprendre l’évolution de la pein-ture catalane entre le dernier tiers duXIXe siècle et le premier tiers du XXe

siècle. C’est une collection de grandequalité qui comporte des pièces aussiimportantes que La terrassa ou Al banyde Ramon Casas, Paisatge de Montserrat

de Joaquim Mir, ainsi que des œuvresde Santiago Rusiñol, d’Hermen AngladaCamrasa, d’Isidre Nonell, etc. L’époquenoucentiste y est également bien re-présentée. La seconde collection a en-richi le musée d’œuvres de Casas, dePicasso, de Dalí, des impressionnistesfrançais et d’autres encore.

REUS

Museu Comarcal Salvador Vilaseca.Situé dans un bâtiment de la Plaça de laLlibertat, en plus des pièces de ses sec-tions d’archéologie, d’histoire de la ville, d’industries traditionnelles et d’ar-tisanat populaire, il contient une col-lection d’œuvres d’artistes de Reus desXIXe et XXe siècles, dont Marià Fortuny,Josep Llovera, Josep Tapiró et BaldomerGalofre, les trois derniers ayant été in-fluencés par le premier. On y trouveaussi des peintures d’Hortensi Güell etdes sculptures de Joan Roig i Solé, plusproches du Modernisme, ainsi que dessculptures de Joan Rebull, dans l’esthé-tique noucentiste. Une salle est consa-crée à Antoni Gaudí, natif de Reus.D’intéressantes peintures d’HortensiGüell ornent le Centre de lecture, insti-tution culturelle implantée dans la villedepuis des lustres.

VILANOVA I LA GELTRÚ

Biblioteca-museu Victor Balaguer.Installé dans un imposant immeublede la Plaça de Victor Balaguer, ce mu-sée comprend une bibliothèque bienfournie, des sections d’archéologie etd’art égyptien et oriental, de la céramique,des armes, ainsi qu’une pinacothèquecomposée d’œuvres catalanes des XIXe

et XXe siècles, en particulier de JoaquimMir, qui vécut dans cette localité à partirde 1921, mais aussi de Ramon Casas,de Santiago Rusiñol, de Joan Brull, deRicard Canals et d’Isidre Nonell.

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Musées

Miroir de L. Escaler. MNAC

© Generalitat de Catalunya. Departament de Comerç, Turisme i Consum. Direcció General de Turisme. Edité par: Turisme de Catalunya. Réalisation: Servei d’Informació, Difusió i Publicacions. Textes: Santiago Barjau. Traduction : Gloria Bayo etGeneviève Michel (Discobole). Dessin: Saura-Torrente. Photographies: Oriol Alamany, Josep Borrell, Pere Català Roca, Jordi Isern, Ramon Manent, Xavier Miserachs, Jordi Pareto, Rambol, Punt Diari, Francesc Tur et Toni Vidal. Impressión:Rotocayfo-Quebecor. D.L.: B-31888-2004. Printed in UE

Nu de Josep Llimona. MNAC

Plein Air de R. Casas. © MNAC- Museu Nacional d’Art de Catalunya. Barcelona. 2004Fotògrafs: Calveras/Mérida/Sagristà

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