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2 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 3Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016 FocusFocus

éditoCensure et autocensure

La liberté d’expression est-elle interdite en Côte d’Ivoire ? Aucun texte ne l’affirme. Pourtant, la

censure semble permanente. Je suis journaliste, membre d’une so-ciété civile qui vit des choses et qui déborde souvent d’envie de les ex-térioriser. Ça tombe bien, puisque Journal d’Abidjan est un organe de presse neutre. Alors je suis neutre. Mais le citoyen lambda en est-il convaincu pour autant ?Figurez-vous que peu importe le sujet abordé (société, sport, culture, politique…), lorsqu’en ma qualité de journaliste je vais vers un agent administratif pour obtenir des informations, je suis renvoyée vers un supérieur hiérarchique, qui m’oriente à son tour vers son chef, et ainsi de suite. Même les micros trottoirs sont boudés par les passants. La crainte d’être stig-matisé pour avoir donné une opi-nion ou une information est dans presque tous les esprits. Récem-ment, lorsqu’il m’a été demandé de rédiger un article sur les divorces en Côte d’Ivoire, j’ai voulu obtenir des statistiques. Je ne les ai tou-jours pas eues, parce que de renvoi en renvoi, je me suis retrouvée à la porte du ministère de la Justice. Or, n’importe quel tribunal aurait pu fournir ces statistiques. « Il faut l’accord du ministre », m’a-t-on ré-pété en boucle. Dès la parution d’un journal en Côte d’Ivoire, la première question qui vient à l’esprit de cha-cun est de savoir « pour qui roule cet organe de presse ». Pourquoi tant de censures ? Ne peut-on pas être réellement objectif ? Faut-il nécessairement être dans un camp pour être écouté et cru ?Vous exigez des informations fiables, sans aucune once de doute ni de partialité, alors ouvrez vos bureaux, vos archives, vos cœurs et la liberté y circulera ! La liberté d’expression, la liberté d’être indé-pendant !

iLS oNt dit... « En signant un pacte avec le pré-sident Alassane Ouattara, vous avez décidé de signer un pacte avec le bonheur et le progrès » - Amadou Gon Coulibaly, secrétaire général de la présidence, le 12 juin, lors d’une visite de fraternité et de travail à Guiglo.

« Aujourd’hui, Bassam, on peut le dire, est la ville la plus sécurisée de la Côte d’Ivoire. Nous, opérateurs économiques de Grand-Bassam, es-sayons, de communiquer pour dire au monde que la ville revit et que les acti-vités y ont repris comme par le passé» - Ablé Jacques Alain Ollo, PCA de l’hôtel Étoile du sud à Grand-Bassam, le 13 juin.

RENdEZ-VoUS

UN joUR UNE datE

L’Ivoirien Aly Touré a été élu président du Conseil international des céréales à Londres (Royaume-Uni) le 14 juin 2016.U

Pd

oWN

C’est le nombre d’étudiants volontaires qui seront impliqués dans le comité d’or-ganisation des 8e Jeux de la Francophonie prévus en juillet 2017.

1 500

La PHoto dE La SEMaiNE

Christiano Ronaldo, vainqueur de la Champions League avec le Real Madrid, n’a été que l’ombre de lui-même lors du 1er match du Portugal contre l’Albanie (1-1) le 14 juin pour l’Euro 2016.

LE CHiFFRE

Leadership et entreprenariat au 21e siècle, de 16H00 à 17H30 au Club des Elites à Yopougon, en face du Palais de Justice.

18 juin:

Conférence de presse sur le thème « Célibataire à célibattant(e) :*quel processus pour un mariage épanoui?», au Palm-Club à Cocody.

25 juin:

Afterwork, thème: «Capitaliser ses relations professionnelles, la valeurajoutée du networking», à 18H30 au restaurant La Petite Cour à Cocody.

24 juin:

Soirée leadership MTN Business -Sofitel Hotel d’Abidjan

16 juin:

Le président Pranab Mukherjee accueilli par le président Alassane Ouattara le mardi 14 juin lors d’une visite officielle de 48h en Côte Ivoire, la première d’un président indien depuis 1960.

Michèle IRIé

16 juin 1976 : Une protestation menée dans les rues de Soweto (Afrique du Sud) par 20 000 élèves contre l’imposition de l’afrikaans comme langue d’enseignement est réprimée par les forces de l’ordre. Le bilan officiel fait état d’au moins 575 morts.

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4 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 5Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016 ÉvènementÉvènement

Le Ramadan est de retour ! Depuis le mois dernier, les encarts publicitaires ba-lisent les rues d’Abidjan et les programmes télévisés s’entrecoupent de spots à l’atmosphère orientale. Sur les affiches, comme à l’entrée des magasins, c’est une importante campagne de communication qui vise à promouvoir les différents produits traditionnellement consommés pendant le mois de jeûne des musulmans. Une période durant laquelle commerçants et restaurateurs font feu de tout bois pour minimiser un passage à vide souvent inévitable.

Difficile de ne pas remarquer, à l’entrée du Prima Center de Zone 4, les panneaux « Offre spéciale

Ramadan » qui accueillent les nombreux visiteurs pressés d’échapper à la pluie. Dattes, sodas en tous genres et autres aliments s’empilent sur les tables pour proposer un véritable festin aux clients qui viennent le dévorer des yeux en at-tendant la fin de la journée. « Jusqu’à 50% de remise immédiate du 7 au 26 juin », promet un petit catalogue à côté de l’étal. « C’est une période délicate, le Ramadan. On a l’impression que toute la ville est paralysée, donc on s’adapte», justifie Mohamed Ali Koudami, gérant de l’ensemble commercial rénové en début d’année. Une adaptation qui passe par diverses stratégies, avec la création d’un marché spécial Ramadan, ou d’un buffet qui attire des clients. « Nous sommes un espace de vie, donc les familles viennent passer du temps pour rompre le jeûne ici. Une première tranche entre 18h30 et 20h, une se-conde pour la deuxième partie de soirée », complète son associé Marvin Hyjazi. Si les clients musulmans continuent à fréquenter l’espace, ce sont leurs habi-tudes qui changent, avec davantage de visites en famille et le soir, bien que les gérants assurent que le dimanche « reste toujours aussi fréquenté à toute heure ».À quelques centaines de mètres de là, le Super-U du quartier ne désemplit pas, alors que la lumière du jour décline. « La rentabilité a légèrement diminué, le Ramadan est toujours un peu plus diffi-cile», admet Mickaël Boursier, manager de la grande surface, entre deux courses parmi les rayons alimentaires. En consé-quence, le marketing est renforcé pour

attirer les clients jeûneurs, qui viennent acheter des «paniers ramadan » conte-nant jus de fruits, lait, thé, biscuits et autres aliments populaires lors des re-pas nocturnes.

Succès des « produits saisonniers »Cet orientalisme annuel semble faire recette au-delà des rayons climatisés des supermarchés. «Depuis que le Ramadan a commencé, je vends du « tamarol», qu’on appelle aussi dattes. Il y en a de 50 et de 100 francs CFA. Les musulmans en mangent beaucoup lorsqu’ils rompent leur jeûne le soir après la prière», affirme une jeune ven-deuse, son plateau de fruits sur la tête, dans le quartier commerçant d’Adjamé Mirador, dans le nord de la capitale économique, où vivent de nombreux musulmans. La vente de « womis », ces beignets à base de farine de mil, connait également un essor circonstanciel. « À

Attecoubé, les produits qui marchent le plus en ce temps de carême sont gé-néralement le lait, le sucre, le thé, les oranges, la banane douce. Les matins et après-midis, les femmes vendent des womis», renchérit non loin de là un jeune homme, gérant de cabine.Le domaine des vêtements n’est pas en reste. Des boubous spécialement cousus sont exposés, en attendant la clientèle. « Nous les confectionnons nous-mêmes et ça marche pendant cette période. Les enfants dont l’âge est compris entre trois et cinq ans peuvent les porter et c’est moins cher », fait observer le jeune commerçant Mori

Dosso. Même sur le web, les entreprises spécialisées dans le e-commerce ne sont pas en marge de cet engouement. C’est le cas d’Afrimarket, qui propose à sa clientèle des kits de rupture de jeûne, contenant entre autres de l’huile, du riz, de la pomme de terre, du lait, à partir de 25 000 francs CFA le panier.

Repos forcé Lorsqu’environ 40% d’une population est susceptible de boulever-ser, le temps d’un mois, ses habitudes alimentaires, le secteur de la restauration

est directement impacté, avec souvent une plus faible affluence dans les éta-blissements de diverses communes de la ville. « C’est la pénitence pour nous, les restaurateurs », décrit Affua, 33 ans, gérante du Kokoma situé entre la gare de train et l’ex-pharmacie Mockey, à Treich-ville. Ici, les fins gourmets sont des sala-riés qui prennent d’assaut le restaurant, entre midi et 15h00. Hors Ramadan, ce sont environ 400 plats à 1 000 francs CFA l’unité qui sont servis chaque jour, en particulier des mets typiquement ivoi-riens. Mais depuis le début du jeûne, la dynamique entrepreneure n’en sert plus que la moitié, soit un manque à gagner

BUSiNESS dU RaMadaN : ENtRE PéRi odE FaStE Et REPoS FoRCé

quotidien de 200 000 francs CFA. Même son de cloche à Yopougon, où Mariam, 46 ans, tient une petite gargote, à une centaine de mètres de la mosquée Koudouss, où elle vend du riz au gras. « C’est Dieu qui donne l’argent. Je n’ai pas à pleurnicher parce que la majorité de mes clients, en jeûne comme moi, se gardent de venir manger », soutient

la restauratrice elle-même musulmane, assise devant une grosse marmite de riz. Enfin, la consommation d’alcool en pé-riode de Ramadan étant proscrite, cer-tains bistrots se retrouvent brusquement à sec. À la Salsa comme au Tapis Rouge, à Abobo, les clients viennent au compte-goutte depuis le début du carême. Mais à force de voir passer les mois de Ra-madan chaque année, les entrepreneurs se font une raison. Le mois est certes un peu plus compliqué, mais n’a rien d’insurmontable. Si certains restaurants décalent leurs horaires pour accueillir les familles en quête d’un lieu convivial où passer leur iftour (coupure du jeûne), d’autres prennent la situation avec fata-lité ou philosophie. « On se prépare, on s’habitue à davantage travailler le soir que le midi », détaille Séraphin Yao, enthousiaste manager du Marrouche, restaurant libanais du quartier Zone 4. «Nous avons arrêté de préparer des plats du jour, pour faire souffler les cuisi-niers. C’est une manière de se reposer », reprend-il, sous le regard approbateur de Stéphane Kouassi, serveur à l’établisse-ment, qui qualifie la situation de « plutôt relax ». Une manière de se ménager qui n’est pas inopportune puisqu’elle per-met aussi aux musulmans qui travaillent dans le secteur de rendre le carême plus supportable.

Le marketing est renforcé pour attirer les clientsjeûneurs.’’

Un peu comme un sportif qui se pré-pare à une compétition, le fidèle musul-man à cette période doit s’abstenir de tout ce qui est illicite et s’exercer à vivre en modèle les autres mois de l’année. Malheureusement, certains fidèles s’amusent à être très pieux pendant le mois de jeûne et n’en font qu’à leur tête le reste du temps. Ce type de musul-man ne gagne rien dans le Ramadan et dans tous les sacrifices consentis.

C’est le lieu de rappeler qu’il existe trois niveaux de jeûne. Dans le premier se trouvent les fidèles qui font l’abstinence du ventre et du bas-ventre. Ensuite, il y a ceux qui y ajoutent les autres parties du corps (mains, œil, oreille, bouche, pied etc..). Enfin vient le troisième ni-veau, ceux qui font le jeûne de l’esprit. Ce sont des messagers, des guides.

La façon de célébrer ce jour traduit le degré de spiritualité et l’importance accordée par le musulman à ce temps de privation. L’islam ne proscrit pas la réjouissance, mais il est important de le faire de façon licite, dans le respect de la religion. Il faut montrer que la période de pénitence qui vient d’être observée n’était pas une prison. Les expressions démesurées de joie, où l’on s’autorise toutes sortes d’excès, ne sont donc pas islamiques.

1 Que pensez-vous des fidèles qui sont pieux pendant le

Ramadan et moins le reste de l’année ?

2 Pourquoi certains musul-mans sont radicalement fer-

més aux vices aux heures de jeûne et d’autres plutôt modérés ?

3 De plus en plus, la tendance est au « show » pour marquer

la fin du Ramadan. Cela est-il une tolérance de l’islam ?

Secrétaire général exécutif du Conseil supérieur des Imams de Côte d’Ivoire (COSIM)

Imam OusmaneDiAkité

Noé MichAloN

3 QUEStioNS À

Pendant la période du Ramadan, les magasins rivalisent d’offres promotionnelles pour attirer les clients.

Population ivoirienne:23 295 302 habitants (2015)

Les musulmans ivoiriens repré-sentent 40,2% de la population (2014).

Les 1,3 milliards de musulmans dans le monde représentent 23.5% de la population totale de la planète. 80% d’entre eux sont sunnites.

Le Ramadan 2016 s’étend du 6 juin (ou 7, selon les pays et com-munautés) au 6 juillet.

(Sources : Banque Mondiale, Pew Forum)

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6 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 7Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016 ÉvènementÉvènement

Les horaires de travail doivent-ils être modifiés pendant le Ramadan ?

CoNtREPoUR

PaCoME SakaLoU dit idRiSSZaCHaRia tRaoRé

À CHaCUN SoN RaMadaN

S i chacun consent à ne pas s’ali-menter de l’aube au coucher du soleil, chacun vit son ramadan

à sa manière et met l’accent sur cer-tains aspects plutôt que d’autres. As-sise derrière son étal et vêtue d’une longue robe colorée assortie d’un voile noir, Fatou Ouattara, vendeuse de produits pharmaceutiques à Gon-zagueville est formelle sur la question de l’habillement : « si tu jeûnes sans te couvrir la tête, c’est zéro ». Mais pour Souleymane Bintou, une de ses clientes venue acheter des cachets pour son fils, ce « n’est pas le plus important. L’islam demande qu’on jeûne du matin au soir et c’est tout. Ce n’est pas parce que tu t’es com-plètement fermée que ton carême sera accepté », plaide-t-elle.Alors que l’abstinence de nourriture est

mise en avant par certains, d’autres insistent sur un certain état d’esprit à avoir, comme l’imam Ibrahim Koné de la mosquée de la Sogefiha à Abobo. Pour lui, en dehors de l’abstinence en nourriture et en eau, « le fidèle doit aussi se garder de dire et d’entendre des insanités, des injures, de se ba-garrer, de regarder les femmes, cela annule le jeûne ». Un avis que semble partager Ibrahim Fofana, apprenti d’un gbaka à Marcory, qui estime que c’est le fait de « parler mal ou de re-garder avec mépris qui peut gâter le carême ». Pour ce faire, il pense avoir trouvé la solution : « c’est quand je ne travaille pas que je jeûne ». Apogée

Le top départ du Ramadan, 4ème pilier de l’islam, a été donné lun-di 6 juin. Si les 30 jours de jeûne représentent un principe com-mun chez les musulmans, leur application et les attitudes sont propres à tout un chacun, qui vit à sa manière ce mois de carême.

de ces divergences, la célébration de la fête de la fin du Ramadan, l’Aïd el Fitr, divise ceux qui font bombance et les plus modérés. Pour certains, la célébration classique, qui consiste à prier à la mosquée, rendre visite aux proches et partager un copieux repas familial ne suffit pas. Il leur faut un show entre maquis, glaciers, bars, restaurants et hôtels. Ces pratiques ne sont pas du goût de certains pré-dicateurs, comme l’imam Diakité de la mosquée de l’avenue 8 à Treich-ville, pour qui « les expressions démesurées de joie ne sont pas islamiques ». Le débat a encore de beaux jours devant lui…

Noé MICHALON

Il y a déjà plusieurs sociétés qui le font. Quand c’est le mois de carême, à partir de 17h elles libèrent leurs em-ployés musulmans pour qu’ils puissent rentrer tôt chez eux pour la prière. Elles leur permettent cela afin d’éviter les retards qui pourraient être dus aux embouteillages. Je crois que cette initiative est bonne. Mais c’est vrai que la Côte d’Ivoire est un pays laïc. Et il n’y a pas que les mu-sulmans. Étant donné qu’il existe beaucoup d’autres reli-gions, si on fait une exception pour le Ramadan, il faudra faire de même aussi pour toutes les autres. Notamment pendant la période du jeûne chrétien.

Normalement le jeûne c’est un moment de pénitence. Son but même c’est de souffrir dans sa chair afin d’attirer sur soi la grâce de Dieu pour qu’il pardonne nos péchés. Si en cette période on devait nous faciliter la vie, ou allé-ger les conditions du mois de jeûne on n’en sentirait plus l’essence même. Je crois que là ce n’est plus le Rama-dan parce que durant cette période il faut souffrir. C’est précisément pendant le carême qu’il ne faut pas profiter de meilleures conditions, ni d’allègement du temps de travail.

COMMeRÇAnt COMMeRÇAnt

LE déBat

Alors que certains le vivent à la carte, d’autres fidèles passent le Ramadan dans une grande piété.

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8 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 9Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016 PolitiquePolitique

vivent sous des tentes, les plu-ies vont commencer et le Haut Commissariat aux réfugiés a interrompu l’approvisionnement en vivres depuis septembre. C’est une manière de pousser nos compatriotes à leurs limites pour qu’ils rentrent. C’est une situation inédite !On a aussi raconté beaucoup de choses à leur sujet, notam-ment que des gens, dont moi, les empêcheraient de rentrer. Je suis ici à Accra. Est-ce que je peux contrôler ce qu’il se passe là-bas ? Il faut bien comprendre que les populations dans les camps sont politiques, pas hu-manitaires.

Une délégation ministérielle s’est pourtant rendue au Gha-na en mai dernier… Quand vous avez la volonté de faire quelque chose, vous le faites bien, et cela transparaît dans la manière de vous com-porter. On a été informés la veille de la visite de la ministre. On ne peut accepter autant de mépris. Nous n’avons pas été associés à la visite, ni avant, ni pendant, ni après. Donc on a pris nos dis-tances. C’est un coup de com-munication du gouvernement et cela ne nous suffit pas. Depuis 5 ans qu’on est ici, personne ne nous a rencontrés directe-ment. On nous a considérés comme un simple colis à récu-pérer. Nous sommes ouverts au dialogue avec nos adversaires,

mais nous n’accepterons pas qu’on nous méprise. Pensez-vous que vous courez un risque à rentrer au pays ? Il n’y a qu’à voir le cas du min-istre Assoa Adou, ex-coordi-nateur des exilés, en prison aujourd’hui, ou notre camarade Hubert Oulaye qui a subi le même sort à son retour. Mieux vaut rester en exil ici et avoir la capacité de se mouvoir. N’oublions pas qu’il reste plus de 300 prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. N’oublions pas l’insécurité galopante qui règne.

La conquête du pouvoir par votre camp repose-t-elle sur un partenariat avec la France, dont le gouvernement est d’idéologie socialiste ? La conquête du pouvoir dépend des Ivoiriens. Tôt ou tard, le peuple va reconquérir sa souve-raineté et choisir librement ceux qui vont présider aux destinées du pays. J’ai étudié en France, milité à la section socialiste de Reims et n’ai pas de problème avec les Français. Je déplore simplement les façons détesta-bles de M. Sarkozy, qui a priv-ilégié ses relations personnelles et instrumentalisé le réseau diplomatique français au détri-ment de l’État. M. Hollande doit avoir le courage de prendre sur lui, dans l’année de mandat qu’il lui reste, pour restaurer la qualité de nos rapports.

daMaNa adia dit PiCkaSS : “NoUS SoMMES oUVERtS aU diaLogUE aVEC NoS adVERSaiRES”En 2010, il était celui par qui le monde entier a découvert la crise ivoirienne, en déchi-rant devant les caméras les résultats provisoires de l’élection présidentielle que la Commission électorale in-dépendante (CEi) à laquelle il appartenait, s’apprêtait à proclamer. Damana Adia dit Pickass, ancien président de la Jeunesse du Front popu-laire ivoirien (FPi), a répon-du depuis son exil ghanéen aux questions de Journal d’Abidjan.

EN BREFALLAh KOUADIO ReMy COnteSté PAR SON Neveu

Le FPI APPeL à Un enRôLeMent MASSIF

Candidat aux élections législatives de novembre 2016 à Toumodi, Arthur Alloko conteste la candida-ture annoncée du député sortant, Allah Kouadio Rémy, qui n’est autre que son oncle, par ailleurs mi-nistre du Développement durable. « Je viens offi-ciellement de demander la caution de mon parti aux prochaines élections légis-latives, car je souhaite me présenter à cette élection sous la bannière du PDCI-RDA », a déclaré M. Alloko. Concernant son oncle, Allah Remy, l’ex-DG de l’ARTCI a fait savoir que « la politique n’est pas une af-faire de famille, mais plutôt une affaire de conviction. Même si nous n’obtenons pas le parrainage du PDCI-RDA, nous aviserons».

À l’issue d’une séance de travail avec le bureau de la Commission électorale indépendante en début de semaine, le Front populaire ivoirien (FPI) a appelé à un enrôlement massif pour les futures échéances élec-torales. « Nous encoura-geons tous les nouveaux majeurs à s’inscrire sur la liste électorale », a affirmé le professeur Abouo N’Dori Raymond, 2ème vice-pré-sident du parti. « Ce n’est certes pas une obligation, mais c’est un droit. Un droit pour chaque citoyen d’être électeur». Prévue pour démarrer le 25 juin, la révi-sion de la liste électorale va s’achever le 24 juillet.

Comment vivez-vous votre situation d’exilé ?Alors que nous entrons

dans la sixième année, elle est difficile, mais on apprend beau-coup, sur nos forces et nos faiblesses. Nous n’avons pas trouvé d’emploi ici, notamment à cause de la barrière linguis-tique. On n’a jamais coupé les liens avec la Côte d’Ivoire, on y a notre famille et des connais-sances. Heureusement, cer-tains parents viennent nous ren-dre visite de temps en temps.

Vous sentez-vous en sécurité ici ?On prend beaucoup de pré-cautions. Il y a des loisirs aux-quels on ne s’adonne plus, ou presque plus, comme aller dans les boîtes de nuit, fréquenter les bars, les maquis, ou les plages. On ne sait pas d’où peut venir le danger.

Êtes-vous en contact avec vos compatriotes présents dans les camps de réfugiés dans le pays ?Nous sommes représentés dans les camps et nous y avons nos parents, donc on est au fait de tout ce qui s’y passe. Les conditions de survie y sont ex-trêmement difficiles. Les gens

Noé MICHALON

Remis en selle par la famille PDCi

ANge tIéMOKO

Âgé de 59 ans, ce natif de Bouaké est apparu sur le devant de la scène en mai 2001, après avoir remporté par appel à candidature le poste de directeur général du Trésor et

de la Comptabilité publique. Quatre années plus tard, Charles Koffi Diby est nommé ministre de l’Économie et des Finances par Laurent Gbagbo, un poste qu’il occupera jusqu’en 2012, sous le magistère d’Alassane Ouattara. Ce cadre du PDCI s’est fait remarquer pour sa discrétion, sa parfaite maîtrise des dos-siers, à travers les plans de relance de l’économie ivoirienne, et l’accession de la Côte d’Ivoire à l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE), en 2012. Cette mission accomplie, il est affecté aux Affaires étrangères, domaine réservé du Chef de l’État, ce qui traduit la confiance alors placée en lui. Il évolue sans encombres jusqu’à novembre 2015 quand surviennent les « affaires » Guillaume Soro. Le président de l’Assemblée nationale faisait l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux, émis par le Burkina Faso et la France. Il est reproché au ministre des Affaires étrangères son manque de réactivité, et selon l’un de ses proches, « il paiera notamment l’humiliation subie par la Côte d’Ivoire de la part de juges français », en quittant le gou-vernement lors du remaniement de janvier 2016.

Liberté retrouvée Charles Koffi Diby était alors retourné à ses occupations de président de Conseil régional et député de Bouaflé, avant d’être nommé en mai par son président Henri Konan Bédié (HKB) au sein du cercle très fermé des vice-pré-sidents du PDCI, le plus vieux parti de Côte d’Ivoire. À son nouveau poste, il contribuera certainement à raviver la flamme du parti dans le centre ouest du pays, aux côtés de Marcel Zadi Kessi. Cette nomination, comme bien d’autres effectuées récemment, vise à réorganiser le parti en vue des prochaines élections législatives et communales prévues à la fin de l’an-née. De là à voir Koffi Diby en futur patron du parlement, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir. Car « dans le cadre du partage du pouvoir entre les membres du Rassemble-ment des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la présidence de l’Assemblée nationale pourrait échoir au PDCI », insiste un cadre du parti. À moins que Diby Koffi ne soit po-sitionné pour le poste de vice-président, qui devrait être créé dans le cadre de la future constitution.

Charles koFFi Diby

Sorti du gouvernement le 12 janvier à l’entame du deu-xième quinquennat du président Alassane ouattara, Charles koffi Diby s’est fait discret jusqu’à sa nomina-tion en tant que vice-président du Parti démocratique de Côte d’ivoire (PDCi) à la fin mai. Ministre de 2005 à 2016, il faisait partie des « insubmersibles », pour avoir gardé son poste durant plus d’une décennie.Diamana Pickass, ancien président de la Jeunesse du FPI.

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Mon intérêt pour le sec-teur maritime est né au contact des réalités

vécues au cours d’un stage de deux mois effectué en 1982 au Port autonome d’Abidjan. J’ai pressenti à ce moment-là que ma vie professionnelle évolue-rait dans le secteur maritime », raconte Isabelle Guessennd. Un sentiment que la suite de sa carrière professionnelle a confirmé, et en 2007, au mo-ment où elle porte sur les fonts baptismaux Athena Shipping, peu de choses lui échappent dans le domaine des activi-tés maritimes et portuaires. Pour avoir fréquenté le milieu des décideurs et de la main-d’œuvre dockers durant plus

de deux décennies, elle entre-prend avec pragmatisme. À l’image de Guessennd Koua-dio, tout-premier officier navi-gant ivoirien dont elle porte le patronyme, elle se dit qu’avec un capital de 200 millions de francs CFA, elle peut hisser son entreprise au premier rang de son secteur. Et pour y arri-ver, elle met à contribution tous les actionnaires de l’entreprise, qui participent à ses côtés au management de la société, dont le nombre de salariés atteint aujourd’hui 83. Mme Guessennd, qui consacre peu de temps aux loisirs, tend vers le meilleur à force de rigueur et de fermeté. Athena Shipping SA caracole en tête des entre-

prises exerçant dans le sec-teur de la consignation, de la manutention et du transit, et sa directrice générale est non seu-lement 1ère vice-présidente de l’Association maritime de Côte d’Ivoire (AMCI), mais aussi pa-tronne de la très influente Fédé-ration maritime de Côte d’Ivoire (FEDERMAR) depuis 2015. «Isabelle décroche rarement le téléphone lorsque le numéro lui

isabelle Guessennd Un capitaine qui tient la barreDirectrice générale de la société maritime Athena Shipping exerçant dans le secteur de la consignation, la manutention et le transit au Port d’Abidjan, isabelle Guessennd est une patronne qui sait mener sa barque.

est inconnu », souligne un doc-ker parmi la multitude d’ouvriers qui font le pied de grue devant la société chaque jour pour y obtenir un contrat de journalier. Mais à plus de 50 ans, cette métisse née d’un père ivoirien et d’une mère française, ne mise que sur la qualité de la relation avec chacun de ses clients et le souci permanent de leur donner pleinement satisfaction.

SECtEUR PRiVé iVoiRiEN : CoMPtEURS aU VERtCap sur la croissance ! L’Agence de notation pana-fricaine bloomfield invest-ment a rendu des chiffres encourageants pour le sec-teur privé de Côte d’ivoire concernant le mois d’avril dernier. Des indicateurs en progrès, qui permettent de voir l’avenir avec optimisme.

L’environnement des af-faires s’améliore dans quasiment tous les do-

maines, avec un indice de 39,77 (sur un maximum de 100) pour le mois d’avril, contre 39,49 en mars. Un score en progrès grâce à des avancées notables dans la gestion macroécono-mique (dont l’indice se situe à 60,86 sur 100, en hausse de +1,59) et la per-formance lo-gistique (43,65 soit +1,13).Autre compo-sante impor-tante du climat global de l’économie, l’indice d’activité, qui mesure le dyna-misme des différents secteurs, et qui s’améliore dans qua-siment tous les domaines à l’exception des services (-3,79 à 56,08 sur 100). Locomotive du pays, l’industrie frappe fort, avec une note de 58,75 sur 100

(+4,42), ainsi que le commerce qui bondit de 8,56 points à 52,75 sur 100. Résultat : l’indi-cateur de performance du sec-teur privé (IPSP), qui agrège tous ces indices, enregistre une nette hausse, de près d’un point sur 100, à 50,75 pour le mois d’avril. «La situation en Côte d’Ivoire s’appuie sur toutes les réformes menées

dans le cadre de l’améliora-tion de l’envi-r o n n e m e n t des affaires, qui devient de plus en plus

sûr et attrayant. Le pays a été classé parmi les 10 meilleurs réformateurs du monde par la Banque mondiale dans son rapport Doing Business 2015 », diagnostique Mamadi Kour-ma, économiste. Mais il faut cependant relativiser ces pro-grès. «Les mêmes problèmes

demeurent», tempère-t-il, car «l’économie repose encore beaucoup sur l’agriculture et exporte sans valeur ajoutée. Il faut que l’industrialisation aille au-delà de la substitu-tion aux importations et se fasse dans d’autres secteurs, comme l’industrie mécanique par exemple. L’émergence en 2020 ne sera probablement pas acquise, mais on constate une réelle volonté politique. Le développement est avant tout une question de cap ». Alors en avant toute !

« Au moins 2 milliards de francs CFA tombent chaque année dans les poches des gnambros », accuse le président du syndicat Bien-être des employés et auxiliaires du transport en Côte d’Ivoire (BEAT-CI), Lanciné Konaté, pour qui la non application des lois Spar les autorités gouvernementales dans le secteur du transport, a occa-sionné la multiplication de bandes de voyous et de bandits qui ran-çonnent les chauffeurs à chaque chargement de clients. « Le racket par la violence rapporte chaque jour un minimum de 20 millions de francs CFA aux gnambros », ajoute-t-il. Le PCA de BEAT-CI insiste sur les projets gouvernementaux « oubliés » pour mettre fin à ce racket. Il s’agit notamment du renouvellement du parc automobile et de la création d’une nouvelle gare routière.

EN BREF

Le Groupement inter-professionnel automo-biles, matériels et équi-pementiers (GIPAME), regroupant 18 conces-sionnaires et équipe-mentiers automobiles, organisera du 27 au 30 octobre, le Salon de l’automobile au futur parc d’exposition sur la route de l’aéroport Félix Houphouët Boi-gny. Ce salon sera le premier du genre or-ganisé en Afrique de l’Ouest, dans un pays qui compte environ 600 000 véhicules en cir-culation, avec près de 75% de voitures d’oc-casion, communément appelées «France au revoir». La vente des véhicules neufs par les concessionnaires s’est établie quant à elle à 10 016 en 2015, soit une progression de 10,8% par rapport à 2014, où le nombre était de 8 937 automobiles vendues. Par le biais de cet évé-nement, le président du GIPAME, Marc Anglade, veut contribuer au ren-forcement et à l’assai-nissement du parc auto en Côte d’Ivoire.

AUtOMObILe : LeS PROFeSSIOnneLS fONT SALON

Isabelle Guessennd, directice générale de Athena Shipping.

ToNy NAHOuNOuX

Noé MICHALON

10 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 11Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016économie économie

L’industrie, moteur économique, a vu son indice augmenter de 4,42 en un an.

l’arsenal militaire » de l’armée ivoirienne.

39,77 indice environ-nement des affaires58,75 indice industrie 8,56 indice commerce.

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SUCRE

À la date du 15 juin 2016-11h (marché d’Adjamé)

2 200F/kG

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6 000F/kG

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(Évolution sur une semaine)

LE PaNiER dE La MéNagÈRE

transport Le syndicat bEAt-Ci dénonce de 2 milliards de pertes

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EN BREF

La journée mondiale contre la désertification et la séche-resse, comme tous les 17 juin, sera célébrée vendredi avec pour thème : « Proté-ger la terre. Remettre les sols en état. Mobiliser les popu-lations». Les Nations unies ont en effet choisi de mettre l’accent en 2016 sur « l’im-portance d’une coopération inclusive » engageant gou-vernements et populations à « restaurer et réhabiliter les terres dégradées » pour parvenir à un développe-ment durable partout dans le monde. La Côte d’Ivoire, qui a perdu plus de 80% de sa couverture forestière depuis 1960, en fait les frais avec la flambée des prix des denrées alimentaires. Le ministère ivoirien des Eaux et Forêts, conscient des conséquences néfastes de la sécheresse, a décidé de restaurer 150 mil-lions d’hectares de paysages et de forêts dégradées d’ici 2020. Selon Human Rights Wacth, 231 forêts clas-sées de la Côte d’Ivoire ont été dévastées. Un mal que l’ONU a décidé de combattre par la restauration de la terre comme objectif de dévelop-pement durable car « faute de solution à long terme, la désertification et la dégrada-tion des terres n’auront pas seulement une incidence sur les disponibilités alimentaires ».

150 MILLIOnS D’heC-tAReS De FORêtS à ReStAUReR

tRaNSPoRtS : LE diLEMME dES PaSSagERS dE YoPoUgoN

C ’est dur de quitter Yo-pougon entre 6h00 et 9h00 si on doit passer

par l’autoroute », se lamente Fulgence Koffi, agent d’une société de micro finance située à Adjamé. Dans une rue du carrefour Akadjoba, à la Sideci, un quartier dans l’ouest de la vaste commune de Yopougon, un attroupe-ment d’hommes, de femmes, d’élèves et de travailleurs scrute l’horizon. Tous ont le regard rivé sur leur montre qu’ils consultent par inter-mittence. Onze kilomètres à parcourir, et le temps passe. À 07H00, le retard est assuré. Les minicars, les gbakas, ne manquent pour-tant pas. Mais le problème réside dans le fait qu’ils ne consentent à sortir de Yo-pougon qu’au double du tarif, par peur de s’enliser dans un embouteillage où ils risquent de « perdre tout le temps », comme l’explique Idriss, un chauffeur de la ligne Adjamé-Yopougon. «

Payer plus ou prendre du retard, c’est le dilemme quotidien des habitants de yopougon, dont le trajet par l’autoroute du nord, embou-teillée, entraine la hausse exorbitante des tarifs.

On ne fera jamais notre re-cette à ce rythme-là », jus-tifie-t-il en klaxonnant. Pour Félix Adopo, agent de sécu-rité, c’est « tout le monde

qui souffre en restant coincé dans les embouteillages. Notre argent n’augmente pas non plus quand on reste sur place pendant tout ce temps !», dit-il agacé. Les gbakas contiennent 16 à 22 places. Aussi, les recettes quotidiennes à verser aux propriétaires dépendent du type de véhicule et oscillent entre 20 000 et 30 000 francs CFA. Pour palier le manque à gagner, les tarifs passent de 200 francs CFA à 300, voire

700 francs CFA, pour pou-voir relier Adjamé. Pourtant, paradoxalement, « le prix du carburant a baissé » à 570 francs CFA le litre depuis

près d’une année, comme le fait remarquer Laurent Ko-djo, un usager. Plus que ja-mais, conducteurs et passa-gers espèrent la réalisation du pont reliant Yopougon à Treichville, annoncée en 2002, de même que la mise en service d’une nouvelle société de transport lagu-naire, dont les bateaux-bus permettraient à une grande partie de cette population de se rendre au Plateau et à Treichville pour travailler.

12 Journal d’Abidjan - l’HebdoSociété

On ne fera jamais notre recette à ce rythme là! ’’

Les embouillarges des rues d’Abidjan augmentent le temps de trajet.

Michèle IRIé

éCHoS dES RégioNS

Tomates, aubergines, carottes, choux, et autres légumes sont devenus depuis quelques mois une denrée rare sur le marché de Niakaramadougou, localité située à plus de 500 km au nord d’Abidjan. Depuis bientôt deux mois, les commerçants déplorent l’absence de ces produits sur les marchés et disent être obligés de servir du «Borokodji» à leurs familles, c’est-à-dire une soupe de piètre qualité en langue malinké. Selon Évelyne Yapo Lobochi, citée par l’Agence ivoirienne de presse (AIP), cette situation suscite « la consternation et l’incompréhension de nos époux », admettant tout de même l’abondance d’oignons mais la faible quantité de gombos. Des producteurs de potagers expliquent cette situation par une difficulté de ravitaillement de cette région à partir de la ville de Bouaké, et disent vouloir très rapidement combler le manque à gagner avec cette saison des pluies. Depuis le début de l’année en Côte d’Ivoire, les ménages sont confrontés à une pénurie de produits vivriers, liée notamment à la sècheresse.

PénURIe De LéGUMeS SUR Le MARChé De nIAKARAMADOUGOU

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14 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 15Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016 Afrique & MondeAfrique & Monde

Le 19 mai dernier, un Airbus d’Egyp-tAir reliant Paris au Caire et trans-portant 66 passagers, dont 40 Égyp-

tiens et 15 Français, disparaissait dans la Méditerranée. Seuls des débris de l’avion et quelques effets personnels de passa-gers on été retrouvés. Le lundi 13 juin, la commission d’enquête égyptienne a annoncé que les boîtes noires cesseront d’émettre à partir du 24 juin, leur durée de vie en immersion n’étant que d’un mois. L’extinction de leur signal rend quasi impossible les recherches qui se pour-suivent dans une zone située entre l’île grecque de Crète et l’Égypte, où l’avion se serait abîmé. Le 9 juin, le bateau John Lethbridge de la compagnie française

Deep Ocean Search (DOS), nanti d’un robot sous-marin capable de retrouver les boîtes noires en grande profondeur, est ar-rivé en renfort après qu’un bâtiment de la marine française, le Laplace, eut détecté le signal de l’une d’elles. Selon le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), l’appareil a émis des alertes automatiques avant sa chute, « signalant de la fumée dans le cockpit et une défaillance de l’ordinateur gérant les commandes ». L’hypothèse d’un incident technique, avancée après avoir écarté celle d’un attentat terroriste, reste à confirmer. Notamment grâce aux données des boîtes noires qu’il est urgent de récupérer.

EgyptAir Compte à rebours pour les boîtes noires

Le massacre qui s’est déroulé di-manche 12 juin dans une discothèque de Floride alimente la campagne présidentielle américaine. Les deux principaux candidats surfent depuis sur les questions soulevées par ce drame.

tUERiE d’oRLaNdo : aU CœUR dU déBat PRéSidENtiEL

Il n’y aura pas eu de grande marche républicaine comme après l’attaque de Charlie Hebdo à Paris en janvier

2015. Cela dit, l’acte terroriste perpétré par Daesh dans le night club « Pulse » d’Orlando, le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis après le 11 septembre, n’aura fait qu’enflammer un peu plus la guerre que se livrent les deux candidats à la Maison Blanche, la démocrate Hila-ry Clinton, et le milliardaire républicain Donald Trump. Ce dernier n’a pas man-qué l’occasion de réitérer ses attaques contre les musulmans, qu’il veut priver du droit d’entrée sur le territoire améri-cain. Il a de nouveau attaqué son adver-saire, taxée de laxisme sur les questions telles que le terrorisme, ou encore la lutte contre Daesh. L’ex-secrétaire d’État a rétorqué qu’il était « simplement dange-reux » de déclarer la guerre à une reli-gion toute entière. Elle n’en a pas moins durci son discours, essayant de rattra-per du terrain sur son adversaire qui ne cesse de monter dans les sondages. Mais la lutte contre l’homophobie, ainsi

que le contrôle des armes à feux sont les thèmes sur lesquels a préféré rebondir Hilary Clinton. Elle a rappelé son soutien à la communauté « homo », visée par la fusillade, et rappelé que l’un des com-bats les plus importants à mener était le contrôle des armes à feux, en particulier les armes d’assaut, qu’ont utilisées les assaillants dans toutes les tueries qui ont frappé le pays ces dernières années. Donald Trump estime quand à lui que si les personnes avaient été armées sur la piste du Pulse, « nous n’aurions pas eu cette tragédie-là ». Démocrates et républicains sont donc plus que jamais en opposition frontale sur la question, et elle risque de nourrir encore le débat politique, qui, à cinq mois de l’élection présidentielle, promet d’être encore plus

acharné. Reste à savoir lequel des deux candidats profitera le plus du tragique événement d’Orlando.

UNE SEMaiNE daNS LE MoNdE

Le secrétaire général de l’Organi-sation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), Jens Stoltenberg, a annon-cé le 13 juin qu’une décision de déployer quatre bataillons dans les pays baltes (Estonie, Lettonie, Litua-nie) et en Pologne, est en attente d’approbation par les ministres de la défense des 28 pays membres. Cela répondra, à l’en croire, à un besoin d’envoyer un message fort à des-tination de la Russie, qui continue d’agir en Ukraine en y soutenant, selon l’OTAN, les rebelles sépara-tistes. Pour le moment, personne ne sait la taille et la composition de ces troupes, mais elles sont censées travailler en rotation dans les quatre pays. Cette décision vient s’ajouter à une série de mesures prises depuis le démarrage de la crise ukrainienne en 2014, visant à rendre davantage réactives les armées alliées pour soutenir les pays membres ayant une frontière avec la Russie. Les 8 et 9 juillet prochains, les chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN devraient se prononcer sur ce déploiement et les détails opérationnels. B.S

L’OtAn VeUt COntReR LA RUSSIe

céliA d’ALMeIDA

BouBAcAr SANgAre

Après le drame du 12 juin dans une boîte de nuit d’Orlando, l’Amérique s’interroge.

sur

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16 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 17Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016 SportSport

CaRtoNS dE La SEMaiNE

Les eléphants de Côte d’Ivoire ont été éliminés de la Coupe d’Afrique des nations juniors (U20) par leurs homo-logues du Sily national de Guinée. Les Guinéens, bien que battus (0-1) continuent leur course pour la Zambie en 2017. Ils avaient, au match aller, pris de l’avance sur les Ivoiriens à Abidjan (2-1).

Le président de la Fédéra-tion ivoirienne de boxe (FIB), Gaoussou Soumahoro, vient de faire son entrée au comité exécutif de la Confédération africaine de boxe (AFBC) à l’issue de son assemblée générale extraordinaire tenue du 9 au 12 juin à Grand Bas-sam.

jo 2016: dES ESPoiRS dE MédaiLLES PoUR LES SPRiNtERS iVoiRiENS

Malgré la présence des Américains, des Éthiopiens et des redoutables Jamaïcains, il semble néanmoins

probable que les athlètes comme Méité Ben Youssef, Wilfried Koffi et Murielle Ahouré ne reviendront pas en Côte d’Ivoire les mains vides. À deux mois de l’ouver-ture des hostilités, l’espoir est permis. Le samedi 12 juin dernier, Murielle Ahouré a encore confirmé ses performances anté-rieures. Lors du Star Athletics Pro en Mon-tverde en Floride, l’Ivoirienne a dominé ses adversaires en finale du 100 mètres et signé par la même occasion la meilleure performance mondiale de l’année avec un chrono de 10”78. Elle réalise également un nouveau record d’Afrique, le précédent étant de 10”79. La vice-championne du

monde 2013 aux 100 et 200 mètres, s’est imposée devant la Jamaïcaine Veronica Campbell-Brown (10”83) et l’Américaine Joanna Atkins (11”09). Méité Ben Yous-sef n’est pas en reste. Sur le 100 mètres homme, il est allé battre le record de Côte d’Ivoire à Prague, en République Tchèque. Lors du Mémorial Josef Odlozilla, le sprin-ter ivoirien s’est imposé en réalisant un temps de 9”99. Pour ce qui est de Marie Josée Ta-Lou, elle détient le titre d’athlète de l’année 2015 et a été médaillée d’or au 60 mètres en salle lors du championnat

Avec leurs dernières performances, les sprinters ivoiriens sont sur une pente ascendante qui pourrait augu-rer de bonnes perspectives lors des Jeux olympiques de Rio du 5 au 21 août.

de France avec un temps de 7”12. Quant à Koffi Wilfried, il a été deux fois médaillé d’or aux Jeux africains de Brazzaville au Congo aux 200 mètres et 4 x 100 mètres en 2015. Autant de performances qui placent ces deux athlètes dans de bonnes dispositions pour les JO. Avec une prépa-ration optimale, il se pourrait bien que les poulains de Nicols Débrimou, président de la Fédération ivoirienne d’athlétisme (FIA), reviennent au bord de la lagune Ebrié avec quelques médiales dans leur escarcelle.

La Fédération internationale de football (FIFA) a introduit de nouvelles règles de jeu lors des rencontres amicales

et officielles, qui sont en vigueur depuis le mercredi 1er juin et actuellement pour l’Eu-ro 2016 en France. Jusqu’alors, une faute commise dans la surface de réparation et annihilant une occasion de but était sanc-tionnée par un penalty, un carton rouge et une suspension automatique du joueur. La « triple peine » est désormais abolie. « Si le gardien ou un défenseur dans la surface essaie d’aller au ballon de manière correcte et fait la faute, il y aura seulement un car-ton jaune », a expliqué Gianni Infantino, le

président de la FIFA. Les nouvelles dispo-sitions impliquent qu’un joueur ayant subi une faute sanctionnée d’un avertissement pourra désormais être soigné sur le terrain permettant de ne pas donner un avan-tage numérique à l’équipe qui a commis la faute. Pour les penalties, les joueurs ne pourront plus marquer un temps d’ar-rêt lors de leur course d’élan sous peine d’être sanctionné d’un carton jaune. Enfin, sur certaines compétions, la FIFA autorise l’entrée en jeu d’un 4ème remplaçant lors de la prolongation et l’arbitre a maintenant le droit d’expulser des joueurs qui se sont battus avant le coup d’envoi.

Football De nouvelles règles entrent en vigueur

Dès son arrivée à la tête de la FIFA, Gianni Infantino change les règles.

lAMBerT KOUAMé

l.K

Les athlètes ivoiriens convaincront-ils à Rio?

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18 Journal d’Abidjan - l’Hebdo 19Numéro 02 du 16 au 22 juin 2016 CultureCulture

Réservez dès maintenant vos emplacements publicitaires !Ismaël OUATTARA [email protected] ou [email protected] / Tél : 22 01 99 99téléchargez la grille tarifaire :www.jda.ci

LE BaSQUiat, La «PEtitE gaLERiE QUi MoNtE»

Baptisée ainsi en clin d’œil à Jean-Michel Basquiat, célèbre peintre afro-américain qui fut

l’un des premiers à utiliser l’espace urbain pour peindre, la galerie réserve son rez-de-chaussée aux expositions, tandis qu’à l’étage, un café baigné d’une lumière tamisée accueille le vi-siteur pour un autre moment d’esthé-tisme et de détente.«Jean-Michel Basquiat a eu un lien fort avec la Côte d’Ivoire. Il s’est rendu à Assinie et Korhogo en 1986-1987, dans une démarche de reconnexion avec la terre mère africaine », rappelle Jacob Bleu, fondateur de cet espace. Si la galerie n’expose aucune des

C’est un local discret à quelques di-zaines de mètres du collège André Malraux, à la Riviera Cocody. Deux ans après son ouverture, Le basquiat progresse doucement mais sûrement en réunissant dans cet espace origi-nal une communauté intéressée par l’art contemporain et notamment le street-art.

œuvres de l’artiste américain, elle lui rend hommage à sa manière en expo-sant des artistes de Côte d’Ivoire et d’ailleurs qui utilisent la rue comme support de leur art. Depuis sa créa-tion, Le Basquiat attire un public varié. « On est étonnés de voir à quel point nous sommes connus dans la ville. Toutes les classes sociales s’y inté-ressent, et des visiteurs en vacances à Abidjan viennent s’arrêter ici en di-sant qu’ils ont entendu parler de nous », s’exclame Azi Oyourou, manager du local. La raison d’un tel succès ? «

On organise souvent des événements, des séances de dédicaces, des pro-jections de films ou des séances de contes pour faire venir des gens qui découvrent l’art contemporain par la même occasion », explique-t-elle.Et l’été s’annonce chargé, du côté de Cocody. Au programme de la galerie, une soirée slam le vendredi 17 juin, une exposition de 100 portraits de Bernard Dadié en juillet, et en août-septembre, une collaboration avec les jeunes talents ivoiriens issus des Beaux-arts.

iNFo PEoPLE

MADoU LA bARonnE PASSE « D’Un RêvE à Un AUtRE »l’artiste chanteuse béninoise, madou la Baronne, vient de mettre sur le mar-ché discographique

son 7ème album intitulé « D’un rêve à un autre ». l’opus comporte 12 titres, distri-bué par Dream maker. « Je pense qu’il fal-lait confier ma carrière à des profession-nels et c’est cette structure qui m’a mise en confiance », a justifié la chanteuse. absente de la scène musicale depuis ces cinq dernières années, madou la Baronne justifie ce silence par le piratage. « On s’aime », le premier morceau de l’album, est déjà joué en boucle sur les stations radio et sera bientôt disponible sur les chaines musicales.

GiLLES toURé AU vAtiCAn PoUR LE MARiAGE DU CoUPLE Eto’ole styliste ivoirien Gilles roland Touré sera au nombre de ceux qui ver-ront Georgette et eto’o fils se dire « Oui » au Vatican (Italie). Prévu pour cette semaine, le mariage religieux du couple verra la participation d’éminentes personnalités, dont notamment Gilles Touré, qui a été coopté pour participer à l’événe-ment. Il partage d’ailleurs une grande amitié avec Georgette qui a déjà défilé pour présen-ter ses collections. Dès son arrivée le 13 juin dernier, Gilles a posté une photo sur sa page Facebook en compagnie d’eto’o en prenant soin d’écrire : « Just arrived to milan (À peine arrivé à milan)… pour le mariage religieux de Georgette et sammy ».

Directeur de publication : Ibrahim DIALLO

Directeur Général : Mahamadou CAMARA

Rédacteur en chef : David YOUANT

Ont collaboré à ce numéro :Fatou Diallo - Michèle Irié - Lambert Kouamé - Noé Michalon - Tony Nahou-noux - Ange Tiémoko.

Infographiste :Boris TIANA

Directeur commercial : Ismaël OUATTARA

JOURnAL D’AbIDJAn, édité par JDA SARL, imprimé à Abidjan en 10.000 ex. par Hooda Graphics.

Dépôt légal :12871 du 23 Mai 2016

JDA SARL : Cocody, Rue du Lycée Technique, Immeuble N2-Abidjan. Tél : + 225 22 01 99 99 www.jda.ci / [email protected]

CoMMUNiQUEZ !

Noé MICHALON

Le Basquiat se spécialise dans le street art.

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