Forum Saint-Eustache n°32

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P1 Éditorial P2 et P3 Noël est une fête de la Foi P4 et P5 Saint-Eustache, œuvres (s) d’art Portrait d’un pilote P6 Marcher dans les Cévennes P7 Entretien avec le père Quesnel Les Bouilles des Halles P8 Agenda paroisse et concerts L ’histoire de Noël est celle de la naissance du Prince de la Paix. Elle commence quelque part en Irak. Selon le conte de la tour de Babel, Dieu réagit à la culture totalitaire des bâtisseurs des ziggurats et crée la confusion des lan- gues humaines. Désormais, chacun vivra dans son propre pays, parlera sa propre langue et développera sa propre cultu- re. Cette riche diversité est un don de Dieu. Elle n’est pas sans inconvénient. Elle ouvre la voie à la construction, par certains, du mur de la haine, un rempart contre le monde extérieur. Puis, il y eut la naissance de l’enfant de Bethléem, Jésus. Certaines traditions disent que sa mère a accouché dans une étable devant l’âne et le bœuf. Après une vie au cours de laquelle il se propose lui- même comme un chemin vers la vérité, il subit la mort infamante de la cruci- fixion. Quelques jours après sa mort, ses plus proches compagnons de route le rencontrent, le reconnaissent. Cette rencontre avec le Ressuscité change leur vie plus encore que la première rencon- tre en Galilée. Dans l’expérience de la Pentecôte vient la confirmation de tout ce qu’ils ont partagé avec Jésus, tout ce qu’il leur a laissé : Dieu, l’Eternel, est ac- cessible à tous, à chaque personne, quel- que soit sa race, sa langue, sa culture. Toute femme, tout homme peut entrer en relation avec Dieu comme un enfant avec son père. Ils ont la conviction que le Ressuscité sera pour l’humanité un che- min vers la vérité et vers ce Père, jusqu’à la fin du monde. De cette relation filiale avec Dieu, ouverte à tous, découle une fraternité entre toutes les femmes, tous les hom- mes. Pour paraphraser saint Paul, Jésus fait « tomber le mur de la haine ». Les fondations des innombrables murs de la haine qui séparent ou tiennent les uns à distance des autres s’écroulent. Mais, l’écroulement des structures en place est rarement immédiat ou total. Les dé- molir est l’œuvre commune de tous les hommes de bonne volonté. Bon Noël à tous et, en 2013, je vous souhaite une belle avancée dans ce projet d’humanité ! Le Prince de la Paix Par George Nicholson, de l’Oratoire, curé de Saint-Eustache HIVER 2012 N°32 1 FSE32 (vecto en parti).indd 1 25/11/2012 20:40:10

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Journal d'information paroissial de Saint-Eustache - hiver 2012

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P1 Éditorial

P2 et P3Noël est une fêtede la Foi

P4 et P5Saint-Eustache,œuvres (s) d’art

Portrait d’un pilote P6Marcherdans les Cévennes

P7Entretienavec le père Quesnel

Les Bouilles des Halles

P8Agenda paroisseet concerts

L’histoire de Noël est celle de la naissance du Prince de la Paix. Elle

commence quelque part en Irak. Selon le conte de la tour de Babel, Dieu réagit à la culture totalitaire des bâtisseurs des ziggurats et crée la confusion des lan-gues humaines. Désormais, chacun vivra dans son propre pays, parlera sa propre langue et développera sa propre cultu-re. Cette riche diversité est un don de Dieu. Elle n’est pas sans inconvénient. Elle ouvre la voie à la construction, par certains, du mur de la haine, un rempart contre le monde extérieur.

Puis, il y eut la naissance de l’enfant de Bethléem, Jésus. Certaines traditions disent que sa mère a accouché dans une étable devant l’âne et le bœuf. Après une vie au cours de laquelle il se propose lui-même comme un chemin vers la vérité, il subit la mort infamante de la cruci-fixion. Quelques jours après sa mort, ses plus proches compagnons de route le rencontrent, le reconnaissent. Cette rencontre avec le Ressuscité change leur vie plus encore que la première rencon-tre en Galilée. Dans l’expérience de la

Pentecôte vient la confirmation de tout ce qu’ils ont partagé avec Jésus, tout ce qu’il leur a laissé : Dieu, l’Eternel, est ac-cessible à tous, à chaque personne, quel-que soit sa race, sa langue, sa culture. Toute femme, tout homme peut entrer en relation avec Dieu comme un enfant avec son père. Ils ont la conviction que le Ressuscité sera pour l’humanité un che-min vers la vérité et vers ce Père, jusqu’à la fin du monde.

De cette relation filiale avec Dieu, ouverte à tous, découle une fraternité entre toutes les femmes, tous les hom-mes. Pour paraphraser saint Paul, Jésus fait « tomber le mur de la haine ». Les fondations des innombrables murs de la haine qui séparent ou tiennent les uns à distance des autres s’écroulent. Mais, l’écroulement des structures en place est rarement immédiat ou total. Les dé-molir est l’œuvre commune de tous les hommes de bonne volonté.

Bon Noël à tous et, en 2013, je vous souhaite une belle avancée dans ce projet d’humanité !

Le Prince de la PaixPar George Nicholson, de l’Oratoire, curé de Saint-Eustache

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La naissance du Christ est une fête de la Foi. A Saint Eustache, elle sera cette année source de dynamisme. C’est ce que souhaite le frère Gilles-Hervé Masson qui prêche pendant l’Avent. Ce dynamisme se vit en écoutant la chorale de la Soupe. Elle rassemble invités et bénévoles une fois par an. L’enfant est au centre de Noël. C’est ce que ressentent les enfants du « caté ».

L a convergence, en cette fin 2012, de l’Avent avec l’Année de la Foi est tout à fait significative pour le Frère Gilles-

Hervé Masson. Elle permet de mettre l’accent sur un moment liturgique qui incarne la dimension fondamentale de la Foi. C’est une occasion propice pour renouveler au fond de nous-mêmes cette Foi. Il cite ce propos d’un recteur Orthodoxe : « le christianisme est fondamentalement une attente ». Non pas une attente passive. Plutôt, une attente active sous le signe de l’espérance, la matière même de la vie. Cela nous rappelle que la Foi est autant confiance en Dieu que dans la vie. Or, nous n’avons qu’une vie. Elle doit être nourrie à plusieurs sources.

L e fil conducteur des homélies du Frère Gilles-Hervé Mas-son se résume en cette phrase : « Comment mieux com-

prendre l’acte liturgique de nos offices pour mieux le vivre ». Vatican II, dont nous venons de célébrer le cinquantenaire, a permis de rappeler que la liturgie est à la fois la source et le sommet de toute l’activité de l’Eglise. On vient s’y ressour-cer. Alors, ici, à Saint-Eustache, « nous tenterons ensemble de bien analyser ce qu’est le « célébrer chrétien ». Il doit nous aider à nous mettre et à nous maintenir au diapason du Christ ressuscité. » assure-t-il.

D’un dimanche de l’Avent à l’autre, le frère Gilles-Hervé Masson souhaite développer trois thèmes. D’abord, il

veut nous convaincre que nous sommes un peuple de prêtres.

« Nous devons prendre conscience que nous sommes tous officiants. C’est l’assemblée qui célèbre et dans cet acte collectif nous venons rebrancher notre foi à la source » précise-t-il. Ensuite, il sou-lignera que l’Avent est un moment d’écoute privilégiée de la parole. « C’est l’occasion de faire mémoire de tout ce que Dieu a réalisé pour nous à travers le Christ. » Enfin, le Frère Gilles-Hervé Masson nous invitera à vivre l’Avent avec force. « En attendant l’heure inconnue de la révélation ultime et de l’accomplissement de toutes choses, vivons un présent chré-tien dynamique. Vivifiés par la communion, faisons que notre existence soit traversée par un grand souffle de vie. »

P ar ces homélies données à Saint Eustache, le frère domini-cain veut montrer à ses auditeurs que « la liturgie n’est

pas un « aparté » de la vie chrétienne mais qu’au cœur de l’acte liturgique il y a l’engagement vers les plus démunis, l’es-prit de service. Comme le disait un dominicain, le frère Pie Duployé : « la liturgie catholique est évangélique... ou elle n’est pas ». Le frère Gilles-Hervé Masson est confiant. Il a pu observer que la notion de compassion active et de convivialité est présente à Saint-Eustache. C’est l’un des motifs de son amicale fréquentation des Oratoriens dont il apprécie la force et la densité de la parole.

Les messes de Noël seront joyeuses, sur le plan musical aussi ! Les Chanteurs de Saint-Eustache, accompagnés par l’orgue et un ensemble de cuivres, interpréteront la Messe de Minuit de Marc-Antoine Charpentier. L’œuvre est une parfaite synthèse du liturgique et du profane des Noëls populaires. Pour la messe avec les enfants, le 24 décembre, chants d’assemblée et chants traditionnels seront accompagnés à l’orgue par François Olivier et les instruments de cuivre.

Joyeux Noël musical avec Marc–Antoine Charpentier

SPIRITUALITENOËL est une fête de la Foi

Beaucoup de paroissiens connaissent l’élévation des homélies du frère dominicain Gilles-Hervé Masson. Il est souvent invité par ses amis ora-toriens à concélébrer et à prêcher aux messes dominicales. Durant les quatre dimanches de l’Avent, c’est lui qui assure les homélies.

“Vivons un présent chrétien dynamique !”Par Michel Gentil

Frère Gilles-Hervé Masson, dominicainENTRETIEN

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On connaît l’adage « la musique adou-cit les mœurs ». C’est exactement le cas, le soir du 24 décembre à Saint-Eustache après la messe de Noël avec les enfants. Chaque année, vers 20 heures 30, des « invités » et des bénévoles de la Soupe Saint-Eustache interprètent des chants traditionnels de Noël. Des paroissiens et des touristes de passage se joignent à eux.Ce petit groupe inattendu à l’intérieur de l’Eglise, n’a rien d’improvisé. Depuis 2001, après la messe avec les enfants, et le service du repas de la soupe, servi comme tous les soirs d’hiver sur le par-vis de l’Eglise, les invités et les bénévoles vont devenir de véritables chanteurs.On se presse pour relire les textes, on

échauffe un peu sa voix, un air joyeux de fête, teinté de trac, envahit nos chanteurs d’un soir. Tous ont répété sérieusement deux après-midi de suite, sous la direc-tion de Stéphane Hézode. Ce chanteur professionnel du Chœur de l’Armée Française est conseiller musical et chan-tre de la paroisse Saint-Eustache. « C’est une chance immense pour nous qui ne savons pas chanter d’être entraînés par un si grand professionnel » confie l’un des participants ». Depuis le début de cette aventure, Robert, un invité de la soupe, accompagne la chorale de Noël à la trompette. Il sait aussi qu’il devra en-suite exécuter un solo. Dominique est une bénévole à la Soupe

Saint-Eustache depuis plus de dix ans. Elle ne manque aucune répétition car elle a à cœur d’apprendre à chanter en canon. Fréderic lui, participe depuis deux an-nées à cette chorale. Elle lui permet de re-trouver le vrai sens de Noël. « Une sorte de communion s’établit entre nous tous, sans différence » estime-t-il. « L’espace d’un instant il n’est pas question de sou-per somptueux ou de cadeaux mais d’hu-main et de partage et seulement de ça. »Après les chants on se souhaite un joyeux Noël autour d’un morceau de bûche et d’une coupe de champagne. Et puis, cha-cun retrouve son quotidien, bien sûr. Mais, avec le cœur plus tout à fait comme avant.

MUSIQUE

ENSEIGNEMENT

Le mercredi matin, c’est caté ! Cette an-née, 24 enfants du quartier sont inscrits. On y parle de Noël. « Les enfants de la paroisse y sont associés » explique le père Ràul Herrera, en charge de la catéchèse à Saint-Eustache. Leur principale mission ? Préparer la crèche de la chapelle de la Vierge. « Le 8 décembre, lors de la messe des fa-milles, les enfants apportent ce qu’ils ont préparé : des étoiles de papier avec

une prière à l’intérieur, des objets pour la décoration, un mouton… Un peu comme des offrandes.» Les séances de catéchèse ne durent qu’une heure, et les semaines filent. «Ce n’est pas évident d’associer les enfants du caté aux messes de Noël car, très peu peuvent venir . Ils sont souvent absents de Paris», explique le père Ràul. Mais pour Marion, 9 ans, la préparation compte beaucoup : « j’aime préparer Noël ici car on com-

prend mieux le sens de cette fête. » Ce matin là, Marion et Guillemette, 8 ans, ont installé un petit oratoire et al-lument une bougie. Une croix de Jéru-salem est posée parmi les objets. « Elle a été rapportée par une petite fille du caté » explique Jacqueline qui encadre le groupe. Quand on demande aux fillet-tes pourquoi elles viennent, elles répon-dent en chœur « on apprend qui sont les grands personnages de la Bible. Et c’est aussi pour essayer de mieux comprendre qui est Dieu ». Et le débat arrive vite ! « Moi je ne dis pas trop à l’école que je viens au caté. » explique l’une. « Je viens aussi parce que je trouve que la messe est difficile à comprendre et j’espère que la caté va m’aider. » ajoute l’autre. Jacque-line les fait dessiner sur les sujets qu’elle aborde. « Je pense que le dessin vient de l’intérieur et qu’elles peuvent ainsi expri-mer beaucoup de choses ». « On sème des graines, le but n’est pas de faire d’eux des docteurs en théologie ! » conclue une autre catéchiste.

Les enfants du “Caté” préparent aussi Noël Par Raphaële Botte

Une chorale unique pour un soir d’exceptionPar Stéphanie Chahed

Le soir de Noël, « invités » de la Soupe et bénévoles se retrouvent depuis onze années pour chanter sous la direction de Stéphane Hézode. Un moment rare.

Derniers préparatifs pour la crèche de Noël et la messe avec les enfants. Visite un mercredi d’automne chez les jeunes inscrits à la catéchèse.

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SAINT-EUSTACHE, œuvre(s) d’art

ART

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Par Philippe Corbé

Quatre expositions célèbrent l’histoire de Saint-Eustache, du XVIIIème au XXIème siècle. L’église accueille les oeuvres contemporaines de Fanny Allié pendant l’Avent. Trois musées parisiens soulignent également cet hiver que Saint-Eustache est depuis plusieurs siècles un lieu de rencontre entre l’Art et la Foi. Visites guidées et entretien avec l’artiste.

L’exposition «Les Couleurs du Ciel» au Musée Carnavalet rappelle que les Eglises de Paris sont parmi les plus anciens mu-sées de la capitale. L’exposition rassemble cent vingt peintures, dessins et gravures issus de collections françaises et étrangères, en partie dispersées après la Révolution Française. On peut y admirer des oeuvres de Nicolas Poussin, Phi-lippe de Champaigne, Charles Le Brun mais aussi Simon Vouet, le peintre des deux oeuvres qui ornaient le corps central grand maître autel de l’église Saint-Eustache, dont le musée Carnavalet expose la gra-vure (voir ci contre). Celle qui évoque le martyr du saint patron est toujours visible dans l’église, l’autre sur l’apothéose est expo-sée au musée des Beaux Arts de Nantes. Les deux toiles ont été commandées en 1635 à Vouet qui revenait d’Italie. Il a regéné-ré la peinture religieuse avec une monumentalité lyrique nouvelle en France.

Après le XVIIème, la fin du XXème siècle : une autre expo-sition au Petit Palais, «Dieu(x) modes d’emploi», met en valeur le tryptique en bronze de Keith Haring que l’on peut admirer habituellement à Saint Eustache : «La vie du Christ», la dernière oeuvre créé en 1990 par le plas-ticien américain avant de mourir

du Sida. L’iconographie très stylisée rappelle les illustrations de livres pour enfants. La juxtaposition avec des oeuvres religieuses de l’Islam, du Ju-daïsme ou de l’Animisme rend cette exposition passionnante. On passe d’un Christ en bois du XIIème siècle à un masque

Yaka du Congo, ou à une oeuvre hindouiste du XIème siècle qui célèbre le roi de la danse Siva. L’oeuvre

de Haring est exposée près de deux statues venues d’Inde : la première en grès du

XIIè siècle du Jainisme, un culte in-dien entre Boudhisme et Hindouis-me, qui représente le Tirthamkara Parshva. La seconde est une tête de Boudha ascétique, aux joues creu-sées, vieille de deux millénaires.

Une autre exposition au Musée d’Orsay rappelle l’histoire de l’égli-se Saint-Eustache au coeur de la capitale, «Victor Baltard, le fer et le pinceau». Son nom reste asso-cié aux Halles de verre et de métal. Mais saviez-vous que l’homme qui dessina avec Haussman le nouveau visage de la capitale, dirigea aussi la décoration et la restauration de plusieurs églises parisiennes ? Et notamment celle de Saint Eustache après les destructions révolution-naires et un incendie. C’est aussi à cette époque que «Le Martyr de Saint Eustache» revint à Saint-Eustache après avoir été saisi en 1794.

Visite guidée de trois expositions parisiennes qui évoquent l’église

LES COULEURS DU CIEL, PEINTURES DES ÉGLISES DE PARIS AU XVIIE SIÈCLE.Jusqu’au 24 février 2013Musée Carnavalet 23, rue de Sévigné - 75003 Paris.Ouvert tous les jours, de 10 h à 18 h, sauf les lundis, jours fériés.

DIEU(X) MODES D’EMPLOI.Jusqu’au 3 février 2013 au Petit Palais Avenue Winston Churchill 75008 Paris.Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 20h. Fermé le lundi et les jours fériés.

VICTOR BALTARD (1805-1874)LE FER ET LE PINCEAU.Jusqu’au 13 janvier 2013Musée d’Orsay62, rue de Lille, 75007 Paris.Ouvert de 9h30 à 18h le mardi, le mercredi, le vendredi, le samedi et le dimanche,de 9h30 à 21h45 le jeudi.

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SAINT-EUSTACHE, œuvre(s) d’art

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Philippe Corbé : Vous êtes une plasti-cienne française installée à New York. Vous exposez en France et aux Etats-Unis ?

Fanny Allié : J’expose beaucoup plus aux Etats-Unis qu’en France. L’exposi-tion à Saint Eustache est ma première exposition individuelle en France.

P.C. : Comment décririez-vous les « Sil-houettes » que l’on peut observer dans l'Eglise Saint-Eustache pendant la pé-riode de l ‘Avent ?

F.A. : Les silhouettes sont cinq sculp-tures de néon dessinées à partir des contours à échelle humaine, de quatre membres de ma famille, ainsi que le mien. Les silhouettes sont tournées dans la même direction et adoptent plus ou moins la même position. Je suggère l’idée d’un groupe adoptant une position de contemplation ou d’attente, mais aussi l’immatérialité du corps, sa trace.

P.C. : Pourquoi des silhouettes ? Que signifient-elles ?

F.A. : Dans mes installations, j’intègre souvent la figure humaine ou des frag-ments de corps. Pour l’exposition à Saint- Eustache, je voulais évoquer la figure hu-maine à travers des silhouettes qui sont en fait plus des traces que des personnes. J’aimerais que le public puisse se proje-ter dans ces silhouettes fragiles de corps contemplatifs et un peu mystérieux.

P.C. : Diriez que c’est de l'art religieux ?

F.A. : Je ne représente pas d’idéaux reli-gieux mais j’évoque le spirituel et la contem-plation. Le terme «spiritualité » est très large, chacun peut se l’approprier à sa façon et selon sa propre religion et ses croyances, ou l’absence de celles-ci. Je ne pense pas que les gens qui visitent Saint- Eustache soient tous religieux mais tous sont attirés par sa beauté et sa grandeur.

P.C. : Comment votre œuvre s'insère-t-elle dans le cadre particulier d'une église comme Saint-Eustache ?

F.A. : Je pense que ma proposition s’in-tègre bien à Saint Eustache car j’ai pris en compte son architecture et son aura spécifique pour penser l’œuvre. Chaque pièce s’insère dans les différents lieux de l’église : le cœur, la chapelle et le haut de la grande porte pour la projection. Le pu-blic peut déambuler entre ces trois lieux et ainsi faire le tour de l’église.Aussi, le caractère spirituel et contempla-tif de ma proposition, est je pense, com-patible avec la mission de l’église.

P.C. : Y-a-t' il une œuvre ou une partie de Saint-Eustache qui vous touche parti-culièrement en tant qu’artiste ?

F.A. : Bien sur la grandeur et la beauté de l’église me touchent beaucoup. J’ai aussi été particulièrement émue par l’œu-vre permanente de Keith Haring qui se trouve dans l’une des chapelles.

Plus de renseignements sur le sitewww.fannyallie.comExposition Silhouettes, pendant l’Avent, à Saint-Eustache.

“Des silhouettes fragiles de corps contemplatifs”

Ses étranges silhouettes religieuses sont exposées dans l’église pen-dant la période de l’Avent. Ce sont des oeuvres de la plasticienne Fanny Allié. L’artiste a pensé cet ensemble d’oeuvres in situ. « Sil-houettes » s’imprègne du mystère et de l’aura de Saint-Eustache. Il s’agit de faire surgir, ici et là, une lumière discrète à l’intérieur de l’église dont la grandeur appelle au recueillement et au silence.

Fanny Allié, plasticienneENTRETIEN

"Silhouette",hauteur: 1m80, néon, 2012

Eglise St Eustache, Paris,du 1er au 21 Décembre 2012

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S’arrêter, respirer profondément et contempler le chemin parcouru. La pa-roisse Saint-Eustache vous y invite, du 7 au 12 mai 2013, dans le parc national des Cévennes. Du Pont-de-Montvert à Saint-Jean-du-Gard, la marche emprun-tera le GR 70, propice au recueillement et à la contemplation. Ce sentier de gran-de randonnée est plus connu sous le nom de « chemin Stevenson ».Arrivé en 1878, le jeune écrivain et voya-geur écossais Robert-Louis Stevenson voulait voir par lui-même le théâtre de la brutale guerre des Camisards (1702-1705). Son « Voyage avec un âne dans les Cévennes », publié en 1879, rendit célèbre un territoire moins connu alors que les Alpes ou les Pyrénées. Près d’un siècle plus tard, le 2 septembre 1970, le parc national des Cévennes ouvrait, sou-tenu par une majorité d’habitants.

Les participants de Saint-Eustache, 25

retraitants et 25 marcheurs – relieront d’abord le Pont-de-Montvert à Bédouès. Ce petit village de schiste abrite une col-légiale fortifiée construite par Urbain V, le pape cévenol, au XIVème siècle. L’éta-pe suivante conduira le groupe à Cassa-gnas, un hameau des Causses que borde la rivière Mimente. De là, entourés de terrasses et de cultures, les voyageurs dé-couvriront Saint-Germain de Calberte avec, en contrebas, le château Saint-Pier-re, bâti du XIe au XIVe siècle et restauré avec soin.Le quatrième et dernier jour de marche reliera Saint-Germain de Calberte (Lo-zère) à Saint-Jean du Gard, assiégé au cours de la guerre des Camisards. Sur la rive gauche du Gardon, la ville est célèbre pour sa tour de l’Horloge et la grotte du Trabuc. La dernière filature française y ferma en 1965.Chaque jour de marche suivra le même rythme : petit-déjeuner, temps de prière,

marche dont 2 heures silencieuses, pique-nique, nouvelle marche, dîner et temps de prière. Le logement s’effectuera en gîte ou hôtel et une voiture-balai allègera la charge des bagages.

Les inscriptions continuent, dans la li-mite des places disponibles. Site officiel du GR70 : http://www.gr70-stevenson.com/fr/chemin.htm

Paroissien d’ici : Marcel Tressard“Un pilote qui s’efface quand les bénévoles arrivent”

Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir être bénévoles à la Soupe Saint-Eustache. Mais, la succession au poste d’intendant ne trouve pas preneur. « Nous avons publié des annonces sans succès » témoigne Marcel Tressard. Il tient ce poste depuis une décennie. Il est démissionnaire depuis trois ans sans y parvenir, faute de remplaçant. Cette année, une présentation humoristique des préparatifs de la soupe a été distribuée aux bénévoles, afin qu’ils comprennent l’organisation qui leur permet de distribuer tous les soirs 250 repas de décembre à mars. Cette organisation reflète l’intensité du poste d’intendant. « Il s’agit d’un pilote qui s’efface lorsque les bénévoles arrivent et qui ne voit pas les sourires des person-nes servies » résume Marcel Tressard. Cinq jours sur sept pen-dant plus de quatre mois, il faut assumer des tâches de gestion administrative, d’économat, de logistique, de production, de relations publiques, d’encadrement. « Le grand mot c’est anticiper » souligne Marcel Tressard.

En tant qu’acheteur, il faut programmer des menus équilibrés et variés avec une marge d’autonomie d’une semaine pour faire face aux ruptures d’approvisionnement de la banque alimen-taire. Il faut également penser à tous les détails de la chaîne de production, de la décongélation de la viande qui sera cuisinée 48 heures plus tard, à la surveillance de la consommation des bonbonnes de gaz - une seule défaillance en 10 ans -, jusqu’à l’achat des milliers de sacs qui permettent d’emballer les déjeu-ners remis chaque soir aux « invités ».Le poste requiert une tête bien faite mais aussi de bons bras « il faut déballer les palettes et porter les cagots » précise l’intendant. Pour soulager ses tâches, le « repreneur » peut s’appuyer sur une salariée et sur une équipe de bénévoles forte-ment impliquée. Le poste est à pouvoir… dès que possible. Cela permettrait à Marcel « de retrouver le plaisir de servir et de cuisiner en tant que bénévole le mardi soir comme à mes débuts il y a 17 ans ».

Saint-Eustache propose du 7 au 12 mai 2013 une marche dans un lieu d’exception, les Cévennes. Du Pont-de-Montvert, source du Tarn, à Saint-Jean-du-Gard, sur la rive gauche du Gardon, les participants emboîteront le pas de Stevenson.

Une invitation à marcher dans les CévennesVOYAGE

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Par Cyril Trépier

Il est l’un des piliers sur qui repose la Soupe. Mais, l’intendant voudrait bien passer la main.

PORTRAIT

Par Marie Caujolle

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ENTRETIEN

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Par Pierre Cochez

Pierre Cochez : Vous venez de publier « Rêver l’Eglise catholique ». Pourquoi ce titre ?Michel Quesnel : La dédicace de mon envoi aux Cardinaux Barbarin et Vingt-Trois, est: « Rêver quelqu’un est une ma-nifestation de l'amour qu'on lui porte. » Elle résume mon état d’esprit. Mon ex-périence ecclésiale a été très riche, mais j’ai constaté des dysfonctionnements as-sez lourds dans l’Eglise. Je voulais le dire, sans révolte. Je me sens dans la position du fils qui estime que sa mère est en mau-vaise santé. J’ai envie qu’elle se soigne.

P.C. : Quels sont ces dysfonctionnements de l’Eglise ?M.Q. : J’en soulignerais deux. D’abord, l’Eglise catholique est insuffisamment universelle. Le point du vue Romain pré-side à tout ce qu’elle fait. Un exemple. L’Eglise avait le choix entre deux codes

de droit canonique pour l’Eglise d’Afri-que. Elle a choisi le droit latin, au lieu de l’oriental, imposant un célibat aux prê-tres en Afrique. Résultat, 80% des prê-tres vivraient en concubinage, dans une culture où l’homme doit être en couple. Ce choix de Rome entretient le menson-ge et l’hypocrisie. Le second dysfonctionnement vient de la difficulté de l’Eglise à évoluer. Elle l’a fait, avec la doctrine sociale de l’Eglise, pour la morale socio-politique. Elle ne l’a pas fait concernant la morale sexuelle et conjugale. Résultat : une encyclique in-terdit la contraception, et 80% des fem-mes catholiques prennent la pilule. Cela nuit à la crédibilité de l’Eglise. Certaines formulations doivent être revues. Elles ne sont plus crédibles. C’est le cas de la théo-logie du péché originel. L’Eglise a trop tendance à être immobile et centralisée, ce qui est en partie une conséquence du

concile Vatican I. Nous vivons une sorte de crispation, au lieu d’accompagner les évolutions du monde.

P.C. : Quelle est votre expérience de l’Oratoire de France ?M.Q. : Mes parents habitaient rue du Louvre. C’est ainsi que j’ai connu Saint-Eustache, puis l’Oratoire. J’aime beau-coup le fait de vivre en communauté et en même temps de se mettre au service des évêques. J’aime aussi le lien avec la culture ambiante, qui est très agréable à l’Oratoire. Cependant, il faut être assez charpenté pour être Oratorien, car le cadre est souple et nous sommes un peu trop individualistes.

P. Michel Quesnel, de l’Oratoire

« Êtres Aimés » est un projet artistique international. Organisé au Mexique en 2010 et à Paris dans le 6 ème arrondis-sement en 2011. Cet évènement a com-mencé le 22 septembre dernier dans le 1er arrondissement. « Etres Aimés » est fondé sur la participation des habitants qui choi-sissent des personnes de leur propre communauté. Ces « Êtres Aimés » sont photographiés, un dossier est constitué avec leur histoire et la rai-son de leur désignation. Puis leur portrait est peint par de jeunes artis-tes de rues (street-artists) de renom-mée internationale. Pour cette édition 2012, au cœur de Paris, le projet « Êtres Aimés » a été nommé « Les Bouilles des Halles », en hommage à l’activité du Ventre de Paris. Huit portraits géants de personnes du quartier ont été ins-

tallés dans l’arrondissement. L’un de ces « portraits » est un paroissien de Saint-Eustache. Il est accroché sur la façade de l’église, rue du Jour. Il veille sur les Pa-roissiens, les passants et les « invités » de la Soupe.

Il s’agit de Michel Theraud, un ancien de la rue, devenu jardinier de la ville de Pa-ris. Bénévole à la Soupe Saint-Eustache, il sert des repas sur le parvis de l’église au plus démunis, chaque soir d’hiver. Sur le parcours qui va des Halles à la Comédie

Française en passant par la Mai-rie du 1er arrondissement, on retrouve : une femme militante écologiste et féministe de la première heure, un nouveau-né charmant, un libraire charismati-que, un boulanger dynamique et inventif, le patron du restaurant de viandes le Louchebem. Autant de visages que d’histoi-res et de symboles. Une façon originale de raconter l’histoire du quartier, de faire un lien en-tre les générations et surtout de mettre en lumière des héros du quotidien.

QUARTIER Un paroissien devenu “Bouille des Halles”par Stéphanie Chahed

Le P. Michel Quesnel vient de publier son nouveau livre « Rêver l’Eglise catholique ». Il y explique quels sont les dysfonctionnements de l’Eglise qu’il constate. Avec clarté et amour.

“Nous vivons une sorte de crispation”

La photo de Michel Theraud veille sur le parvis de Saint-Eustache, au dessus de la Soupe. C’est le résultat d’un projet artistique de renommée mondiale.

«Rêver l’Eglise catholique» est publié chez Desclée de Brouwer. Prix : 15 euros.

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AGENDA PAROISSE

Mercredi 12 décembre : • 20h : Groupe œcumé-nique biblique animé par le pasteur Marc Pernot et le père Jérôme Prigent (Saint-Eustache).

Jeudi 13 décembre :• 19h : Atelier de lecture de textes conciliaires, par le Père Raùl Herrera. • 19h : inauguration de l’exposition Fanny Allié. Vendredi 14 décembre :• 19h30 : Soirée péniten-tielle de l’Avent.

Dimanche 16 décembre : • 12h30 : Déjeuner partagé.• 14h : Conférence « Croire en un Dieu qui se révèle dans l’histoire des hom-mes », par le père Michel Quesnel, oratorien.• 16h : Chants de Noël et lectures, avec les Petits Chanteurs de No-gent-sur-Marne.

Mercredi 19 décembre : • 19h : Remise en forme spirituelle animée par le père Gilbert Caffin (salle des colonnes).

Lundi 24 décembre : • 19h : Messe de Noël avec les enfants.• 20h30 : Noël de la Sou-pe avec chants.• 22h : Messe de la nuit de Noël.

Mardi 25 décembre : • 11h : Messe de Noël. • 18h : Messe de Noël.

(précédée d’un récital d’orgue à 17h30).

Dimanche 13 janvier 2013 : • Journée de la Soupe.

Mercredi 16 janvier : • 20h : Groupe œcumé-nique biblique animé par le pasteur Marc Per-not et le père Jérôme Prigent.(Oratoire du Louvre).

Dimanche 20 janvier : • 14h30 : Conférence dominicale.

Mercredi 23 janvier : • 20h : Célébration œcu-ménique Unité des Chré-tiens. Vendredi 8 février/ dimanche 10 février :Retraite de l’Equipe Pastorale.

Mardi 12 février : • 19h : Atelier de lec-ture de textes conci-liaires, par le père Raùl Herrera.• 19h : Remise en forme spirituelle animée par le père Gilbert Caffin (salle des Chanteurs).

Mercredi 27 février :• 20h : Conversations de Saint-Eustache.

Vendredi 1er mars:• 20h30 : Soirée Taizé.

LES PROCHAINS CONCERTS À SAINT-EUSTACHE

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