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P.20 ACTUALITéS DANS LA PATHOLOGIE DES ARTèRES RéNALES I Gonse, M Dadon Formation Médicale Continue NUMéRO 27 www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°27 - Juin 2014

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P.20 ActuAlités dAns lA PAthologie des Artères rénAlesi gonse, M dadon

FormationMédicale ContinuenuMéro 27

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P. giordana a démarré la session en détaillant l’intérêt et les limites de l’echo-doppler des Artères rénales (edAr), examen de première intention dans le diagnostic et le suivi d’une sténose des artères rénales, devenu plus performant : faisabilité proche de 100%, sensibilité et spécificité tout à fait acceptables (respectivement 68 à 98% et 78 à 98%). les reins reçoivent 25 % du débit cardiaque et ont pour fonction le maintien d’une homéostasie hydro-électrolytique parfaite. l’edAr n’a pas pour seul objectif le dépistage de sténose de l’artère rénale. de par les renseignements obtenus, il peut donner des informations précieuses sur le rein et la fonction rénale. les index de résistance (ir) permettent en effet d’analyser la vaso-réactivité rénale devant des pathologies organiques ou des voies excrétrices. ils sont aussi essentiels, associés aux mensurations des reins dans le suivi des patients diabétiques. si une valeur supérieure à 0,8 n’a pas forcément un caractère péjoratif quant au résultat d’une revascularisation, il semble qu’un ir inférieur à 0,75 soit de bon pronostic. l’edAr permet de quantifier la perte de la charge sanguine dont le rein est victime et d’avoir une approche assez fiable de sa fonctionnalité et de ses mécanismes régulateurs (système sympathique, système rénine-angiotensine). il apparaît que les critères de sténose utilisés depuis des années avaient tendance à surestimer les lésions, ce qui pourrait expliquer les résultats controversés des

diverses études (AstrAl, stAr, corAl). la mesure du gradient de pression trans-lésionnel a trouvé pertinence car elle permet d’isoler un sous-groupe de répondeurs potentiels à un geste de revascularisation lorsqu’on observe une chute des pressions post-sténotiques supérieure à 10 % (20 mmhg). en comparaison à ces valeurs, les critères de vitesse ont été revus à la hausse et l’on retient maintenant une VMs > 285 cm/s, une Vtd > 75 cm/s et un rrA > 3,7- 3,8 pour une sténose > 60% en diamètre (Fig. 1). ces critères se rapprochent de ceux utilisés pour une resténose post angioplastie/stenting : VsM > 280 cm/s et rrA > 4,5 pour W. Mohabbat (1)(Fig.2). enfin, l’utilisation des produits de contraste ultrasonographique (Pcus) n’a pas un intérêt notable pour le diagnostic positif des sténoses devant l’amélioration des techniques, de la méthodologie et des machines. ils permettent de mieux visualiser les flux lents au sein du parenchyme et donc de mettre en évidence des infarctus périphériques, corticaux par exemple. ils ont aussi une utilité dans le suivi des greffons et des fistules artério-veineuses (FAV) intra-rénales. en conclusion, l’edAr ne doit pas se cantonner à la seule étude des artères, mais il doit aussi permettre une analyse fine du rein et du parenchyme rénal, voire de l’appareil urinaire. les données hémodynamiques associées à cette analyse rénale permettent une approche fiable de la pathologie réno-vasculaire, analyse primordiale pour le clinicien.

Actualites dans la pathologie des arteres renales compte-rendu de la session sFMV. 48ème congrès du collège Français de Pathologie Vasculaire (cFPV).

Jeudi 20 mars 2014.

rédacteurs : isabelle gonse ([email protected]), Michel dAdon ([email protected])

Quoi de neuF dAns l’eXPlorAtion des Arteres renAles ? criteres de stenose, Produits de contrAste, VAsoMotricite.P. giordana (nice)

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A. Azarine a rappelé que le « combat » entre l’angio-irM et l’angio-scanner durait depuis plus de trente ans.l’angio-scanner des artères rénales obtient une bonne performance pour la détection des sténoses significatives des artères rénales, avec une sensibilité et une spécificité supérieures ou égales à 94 %, ceci grâce à l’analyse des images par différents algorithmes : MPr (multiplanar reformation), MiP (maximum intensity projection), algorithmes de segmentation ou reconstructions curvilignes. c’est un excellent examen pour détecter les artères rénales accessoires et pour faire le bilan lésionnel des autres branches de l’aorte abdominale. la résolution spatiale est meilleure qu’avec l’irM, mais ses principaux inconvénients sont l’irradiation, la néphrotoxicité du produit de contraste et la présence de calcifications. Avec l’angio-irM, pour mieux évaluer une sténose, il est préférable de réaliser une injection

de produit de contraste (chélates de gadolinium), synchronisée à l’acquisition de l’image grâce à un système de détection de bolus, comme en scanner, pour obtenir un contraste angiographique. néanmoins, même si une approche hémodynamique est possible, la résolution spatiale reste inférieure à celle de l’angio-scanner, et l’analyse intra-stent est impossible en raison des artéfacts. en pratique, c’est l’angio-scanner qui est à utiliser en première intention. l’angio-irM sera surtout utilisée en cas d’insuffisance rénale et pour le suivi de maladies chroniques (dysplasie fibromusculaire, takayashu…).

Angio-irM ou AngioscAnner des Arteres renAles ? A. Azarine (Paris)

VMS > 320 cm/s (VPP : 57%)VTD > 75 cm/s (VPP : 62%)RRA > 3,8 (VPP : 92%)

VMS > 285 cm/s (VPP : 81%)RRA > 3,7 (VPP : 85%)

Drieghe B (European Heart Journal 2008; 29:517-24)Staub D (Ultraschall Med, 2007 Feb; 28 (1): 45-51)Gross CM (Radiology 2001, 220,751-756)

AbuRahma AF (J Vasc Surg 2012;56:1052-60

GRADienT De PReSSion TRAnS-léSionnel (Ao/post lésionnel)Une chute des pressions post-sténotiques supérieure à 10% (20 mmHg)permet de sélectionner les patients répondeurs à une revascularisation

Figure 1 : critères ed d’une sténose > 60% sur artère native

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STenénoSe > 60%

VMS > 280 cm/s

RRA > 4.5

SenSibiliTé

93%

83%

SPécificiTé

100%

89%

VPP

99%

42%

VPn

99%

98%

Figure 2 : critères ed d’une resténose > 60% sur artère stentée

W.Mohabbat W. (Journal of Vascular surgery, April 2009, vol, n°4, 827-837)

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M. sapoval a limité son intervention aux sténoses de l’artère rénale athéromateuses. en 2003, une revue cochrane (2) basée sur les précédentes études drAstic, eMMA, scottish (3), conclut que l’angioplastie trans-luminale (Atl) doit être considérée pour les patients avec sténose modérée à sévère et hypertension artérielle mal contrôlée. en 2008, une réactualisation de cette revue constate que dans la plupart des cas, l’Atl était réalisée sans stenting, et que la possibilité de “cross-over” après 2 mois (27% dans l’étude eMMA) transforme l’objectif de comparaison Atl versus traitement médical en comparaison Atl systématique versus Atl sélective orientée cliniquement (étude drAstic en particulier). en 2014, l’étude corAl (4) étudie le bénéfice de l’Atl-stenting chez 947 patients avec sAr > 60%, présentant une htA non contrôlée avec au moins une bithérapie (dont un ArAii) ou une insuffisance rénale, et traités avec une statine et de l’aspirine. elle retrouve peu (ou pas) de bénéfice à la revascularisation en ce qui concerne un critère de jugement primaire composite (décès de cause cardiovasculaire, infarctus du myocarde, AVc, insuffisance cardiaque congestive, insuffisance rénale progressive). la conclusion en est alors que le traitement médical est préférable pour la majorité des patients avec sAr athéromateuse.

néanmoins, il faut noter les limitations du traitement médical : traitement à vie, effets secondaires possibles et modeste observance (traitement stoppé après 6 mois chez 50-80 % des patients). l’étude récente de dinic (esh, 2014) retrouve toutefois de bons résultats en terme de pression systolique et diastolique ainsi que de nombre de drogues antihypertensives, chez les patients avec htA résistante. un Phrc est ainsi en cours dans cette indication. « Aujourd’hui, nous manquons de preuves pour dilater les sténoses en présence d’htA contrôlée par le traitement médical et/ou coexistant avec une insuffisance rénale stable. Mais cette prudence ne doit pas dispenser d’un suivi serré de ces patients pour ne pas rater l’heure de l’angioplastie », estime M. sapoval. il est nécessaire de revoir le patient chaque année pour vérifier l’observance médicamenteuse et rechercher des facteurs de dégradation rénale : mesure de la pression artérielle (MAPA au mieux), protéinurie, dosage de la créatinine et écho-doppler par des mains entraînées pour mesurer la taille du rein. M. sapoval conclut à l’instar de ritchie (5) que l’Atl est indiquée en cas d’oAP flash, et doit être proposée en cas d’htA résistante, d’iec nécessaires et mal tolérés, de dégradation rapide de la fonction rénale, sans oublier les sténoses par dysplasie fibromusculaire.

Quelles stenoses des Arteres renAles FAut-il dilAter ?M. sapoval (Paris)

Aujourd’hui, seules 5 % des revascularisations de l’artère rénale se font par chirurgie. la chirurgie reste surtout indiquée dans les lésions complexes de l’enfant et de l’adulte jeune : dysplasies et anévrismes au-delà de la bifurcation de l’artère rénale, FAV à gros débit, dysplasies compliquées de dissection chronique étendue aux branches, occlusions chroniques longues, lésions complexes associées aortiques et rénales, et rares échecs primaires d’angioplastie ou dégradation d’une procédure endovasculaire. les résultats de la chirurgie sont excellents, avec une mortalité actuellement proche de 0% pour les dysplasies, une perméabilité primaire

qui se situe autour de 95% à 1 an et qui avoisine 90% à 10 ans ; mortalité opératoire située entre 4 et 6% pour la chirurgie combinée des lésions aortiques et rénales athéromateuses, avec une perméabilité primaire comprise entre 81 et 95% à 5 ans.de nombreuses équipes ont délaissé ce type d’activité, avec une perte du savoir-faire chirurgical, ce qui est regrettable car les méthodes percutanées ne peuvent pas tout traiter et leurs échecs sont à gérer. « il serait souhaitable de créer des centres de référence dédiés aux pathologies non éligibles à l’angioplastie et un guide de bonnes pratiques », a estimé X. Barral.

Quelle PlAce Pour lA chirurgie des Arteres renAles ? X. Barral (st étienne).

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la dysplasie fibromusculaire (dFM) est une artériopathie systémique non inflammatoire et non athéroscléreuse qui touche les artères musculaires de petit et moyen calibre. elle concerne principalement les artères rénales et carotides exo-crâniennes, respectivement 80 et 74% des cas dans le registre américain (olin) (6). la prévalence des sténoses artérielles rénales cliniquement manifestes est estimée à 0,4%, et sont 4 fois plus fréquentes chez la femme. on distingue deux phénotypes clinico-radiologiques : le type multifocal (au moins 2 sténoses, 80 % des cas), spécifique de la dFM médiale, et le type unifocal (sténose unique), sans spécificité histologique (Fig. 3). l’atteinte rénale est le plus souvent multifocale, bilatérale dans 50% des cas. dans sa série, olin retrouve une htA dans 64 % des cas et des céphalées dans 58%. le diagnostic de sAr peut être réalisé par l’écho-doppler, sous réserve d’une bonne méthodologie et d’un opérateur entraîné. toutefois, la distalité est difficile à examiner ainsi que la quantification des sténoses, mais le retentissement hémodynamique

reste accessible. l’angio-scanner est l’examen non invasif avec les meilleures sensibilité et spécificité. la prise en charge thérapeutique a pour but de contrôler l’htA (bloqueurs du système rénine angiotensine), la protection néphronique et la prévention des AVc. les indications de revascularisation (par angioplastie, classiquement sans stent) retenues par olin sont l’htA résistante, l’htA d’apparition récente, la mauvaise observance ou des intolérances médicamenteuses, la diminution de la taille du rein. la guérison de l’htA est possible dans 30 à 50% des cas, ce d’autant que le patient est jeune (7). la chirurgie est maintenant un traitement de deuxième intention.il faudra attendre les résultats du suivi de la cohorte ProFile, qui vient de démarrer, et qui a pour objectifs d’estimer la prévalence et les facteurs de risque de l’atteinte multifocale, d’identifier les facteurs étiologiques et de progression de la dFM, pour pouvoir éventuellement dans un deuxième temps comparer l’efficacité d’un traitement médicamenteux et de l’angioplastie.

lA dYsPlAsie FiBroMusculAire des Arteres renAles : ePideMiologie, eXPlorAtion et trAiteMent.l. Amar (Paris)

Savard S et al, Circulation 2012;126:3062

DfM : DeUx PHénoTyPeS

MUlTifocAl, 276 focAl, 61 p

HoMMeS 47 (17%) 19 (31%) 0,02

AGe AU ∆, y 49 [42, 58] 30 [25, 39] < 0,01

bilATéRAle 171 (62%) 13 (21%) < 0,01

PeTiT Rein 19 (10%) 16 (33%) < 0,01

inTeRVenTionS 50 (35%) 28 (90%) < 0,01

Figure 3 : les phénotypes clinico-radiologiques (d’après l. Amar)

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P.F. Plouin a centré sa présentation sur les résultats des essais cliniques comparant revascularisation et traitement médicamenteux dans les sténoses de l’artère rénale athéroscléreuses (sArA). une méta-analyse de six essais randomisés totalisant 1206 patients porteurs d’au moins une sArA, a montré que la revascularisation avec ou sans stent n’était pas supérieure au traitement médicamenteux pour contrôler l’htA ou stabiliser la fonction rénale (8). cela s’explique par l’atteinte du parenchyme rénal d’aval, quasi constante, et probablement aggravée par la revascularisation, et par l’atteinte athéroscléreuse des gros vaisseaux, responsable d’une perte de la compliance aortique qui maintient une htA systolique. les résultats des essais AstrAl (9) et corAl (4) ont été critiqués sur l’absence de différence de résultat entre les sous-groupes spécifiés au protocole (sArA ≤ ou > 80%, présence ou non d’une ischémie globale). AstrAl a également été critiquée sur le manque d’expertise des opérateurs et la possibilité pour le

groupe témoin de bénéficier secondairement d’une revascularisation (cross-over : 6% dans AstrAl vs 0.7% dans corAl). or, avant même la publication de ces résultats, le nombre d’angioplasties dans cette indication avait déjà fortement diminué (moins 70% en grande Bretagne entre 2006 et 2010). une sArA ne se réduit pas en effet à une maladie rénale : le risque d’évènement coronaire ou cérébrovasculaire est dix fois plus élevé que celui de passage en hémodialyse et ce risque n’est pas modifié par la revascularisation. la prévention cardio-rénale par la combinaison aspirine, statine et antagonistes du système rénine angiotensine (iec et ArA2) doit donc être au premier plan. la résistance au traitement, l’œdème aigü pulmonaire (oAP) et l’insuffisance rénale aiguë sous iec sont aujourd’hui considérés comme étant les indications résiduelles de la revascularisation (Fig.4). en attendant les résultats d’un prochain essai contrôlé consacré aux htA résistantes.

Prise en chArge des stenoses Atherosclereuses des Arteres renAles ;P.F. Plouin (Paris)

Figure 4 : Algorithme décisionnel (d’après PF Plouin)

iec, statine, aspirine

sAAr auscan/irM surVeiller

htA +

haute probabilité de sAAr

OUI

OUI NON

NON > 60%

< 60%htA résistantedFg sous iec, oAP

ABstention stentdFg

ou taille du rein

sAAr connue, dFg stable, htA contrôlable

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d. stephan a débuté son intervention en précisant que la maladie rénovasculaire athéroscléreuse (MrVA) n’est plus seulement synonyme d’htA réversible induite par une sAr mais de néphropathie ischémique irréversible (Fig.5). la prévalence de la MrVA augmente et a été multipliée par 4 entre 1990 et 2005. elle atteint 15 % dans les groupes à risque d’atteinte vasculaire et 4 % pour les sAr bilatérales et/ou les occlusions rénales. 95 % des sténoses artérielles rénales (sAr) sont d’origine athéroscléreuse, touchant surtout des patients de plus de 60 ans, polyvasculaires à fonction rénale altérée. la découverte peut se faire dans un contexte d’htA d’apparition tardive, d’aggravation récente ou de résistance au traitement, lors de l’exploration d’un souffle abdominal, ou encore suite à un œdème aigü du poumon (oAP flash) ou un angor instable. « Pour lever l’hypertension, il ne suffit pas de traiter la sténose artérielle rénale, car celle-ci provoque des dommages tissulaires d’abord

réversibles, puis irréversibles. la mortalité n’est pas réduite par la revascularisation, mais par les statines et les bloqueurs du système rénine-angiotensine », a-t-il souligné. les études stAr, AstrAl et corAl ont montré que la revascularisation rénale n’apportait pas de bénéfice en terme de réduction tensionnelle, de fonction rénale, d’évènements cardiovasculaires et de mortalité par rapport au traitement médical optimisé. l’angioplastie avec ou sans stenting des sAr doit donc être discutée au cas par cas. l’irM fonctionnelle permet d’identifier les reins présentant une ischémie réversible et de sélectionner les patients candidats à la revascularisation. un traitement par antiagrégants plaquettaires, statines et bloqueurs du système rénine-angiotensine constitue la trithérapie de référence dans le traitement et la prévention de la MrVA. les mesures d’hygiène de vie et de prévention contre le tabac, le diabète et l’hypercholestérolémie restent essentielles.

lA MAlAdie renoVAsculAire Atherosclereuse : coMMent lA diAgnostiQuer et surtout lA PreVenir ?d. stephan (strasbourg)

Figure 5 : la maladie réno-vasculaire (d’après d. stephan)

textor sc. Am J hypertens. 2010, eirin A. Physiology 2013

sténose Artérielle rénAle AthéroMAteuse

Athérosclérose rénale

stress oxydatif, inflammation, apoptose,raréfaction microvasculaire

déficit angiogénique, fibrose interstitielle

hypoxie, nécrose cicatricielle

sAr asymtomatique«incidentalome»

néphropathie ischémique

Activation du srA

htA rénovasculaire

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l’hypertension artérielle résistante (htAr) concerne 0,7 cas pour 100 personnes suivies par an. elle concerne la moitié des patients en insuffisance rénale chronique. l’échec des traitements antihypertenseurs par voie orale chez ces patients a stimulé l’intérêt pour des approches invasives, comme la dénervation rénale par voie endovasculaire, présentée par M. Azizi (Paris). cette nouvelle technique utilise un courant de radiofréquence ou des ultrasons pour réaliser une ablation des fibres sympathiques afférentes et efférentes qui cheminent dans l’adventice des artères rénales. À ce jour, elle a été évaluée dans des essaies

Améliorer le taux d’hypertendus contrôlés à 70 % en 2015, alors qu’il plafonnait à 50 % en 2012, telle est la finalité des recommandations de prise en charge de l’htA publiées par la société Française d’hypertension Artérielle (sFhtA) en janvier 2013. l’originalité de ces recommandations, présentées par c. Mounier-Vehier, est de rationaliser la prise en charge de l’htA en proposant aux professionnels et aux patients 3 étapes (phase initiale, plan de soins à 6 mois et à plus long terme), avec des messages rendus accessibles aux patients. Avant de débuter le traitement, la sFhtA recommande de confirmer le diagnostic d’htA par des mesures ambulatoires (automesure et MAPA 24h), d’instaurer des mesures hygiéno-diététiques, de réaliser un bilan initial « minimaliste » et de prendre le temps d’organiser une consultation d’information et d’annonce, sachant que l’htA est rarement une urgence. le plan de soins cherchera à contrôler la PA en utilisant un médicament parmi les 5 classes d’antihypertenseurs (diurétiques, bêtabloquants, inhibiteurs calciques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion et antagonistes des récepteurs à l’angiotensine 2). si la monothérapie échoue au bout de 4 semaines, les bithérapies synergiques (association fixe de préférence pour renforcer l’observance) seront privilégiées. en cas de non contrôle tensionnel (PA > 140/90 mmhg en consultation, > 135/85 mmhg en automesure), l’objectif est d’instaurer une trithérapie entre 3 et 6 mois (iec/ArAii, diurétique thiazidique

randomisés ouverts ou au cours d’études de cohorte incluant un nombre limité de patients hautement sélectionnés. la réponse tensionnelle à la dénervation rénale est très variable d’un individu à l’autre et le rapport bénéfice / risque de cette procédure reste encore mal connu. en 2014, les indications de la dénervation doivent être celles retenues par la conférence de consensus français (www.sfhta.org), en attendant les résultats de l’étude française dener-htn, attendus en juin 2014 (et alors que les résultats récents de l’étude sYMPlicitY htn-3 ne retrouvent pas de bénéfice de la dénervation).

ou apparenté, ic). Au-delà des 6 premiers mois, si la PA reste non contrôlée, après vérification de l’observance, un avis d’expert est préconisé. Après 80 ans, il est désormais recommandé de ne pas trop traiter : l’objectif est une PAs < 150 mm hg, sans dépasser 3 traitements anti htA. il faut dépister l’hypotension orthostatique et évaluer les fonctions cognitives (test MMe), car les traitements peuvent être source de confusion. les recommandations de la société européenne d’htA publiées en juin 2013, (http://eurheartj.oxfordjournals.org/cotent/34/28/2159.extract), sont plutôt destinées aux spécialistes de l’htA. elles ne font pas la promotion des mesures ambulatoires de PA pour tous, mais recommandent une recherche des facteurs de risque cardiovasculaire et d’atteinte des organes cibles au moins tous les 2 ans. elles proposent une bithérapie soit d’emblée, soit après échec d’un ou plusieurs essais de monothérapie.

“le savoir scientifique est quelque chose de vivant, en perpétuelle croissance. il faut s’en servir, car c’est une denrée périssable.”laurence M. gould* (la science et l’humanisme de notre temps)

*ndlr : laurence McKinley gould (1896-1995), géologue et explorateur américain.

denerVAtion renAle :lA Prudence est touJours necessAireM. Azizi (Paris)

ActuAlites dAns lA Prise en chArge de l’hYPertension Arteriellec. Mounier-Vehier (lille)

“ La vérité scientifique est dynamique. Elle naît de l’erreur et n’est jamais définitive”

Laurence M. Gould *

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réFérences :

(1) Mohabbat W, greenberg rK, Mastracci tM et al. revised duplex

criteria and outcomes for renal stents and stent grafts following

endovascular repair of juxtarenal and thoracoabdominal aneurysms.

J Vasc surg. 2009 Apr;49(4):827-37. (2) nordmann AJ, logan Ag.

Balloon angioplasty versus medical therapy for hypertensive patients

with renal artery obstruction. cochrane database of systematic reviews

2003, issue 3. (3) ives nJ, Wheatley K, stowe rl et al. continuing

uncertainty about the value of percutaneous revascularization in

atherosclerotic renovascular disease: a meta-analysis of randomized

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cJ, Murphy tP, cutlip de et al; corAl investigators. stenting and

medical therapy for atherosclerotic renal-artery stenosis. n engl J

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revascularization versus medical therapy for renal-artery stenosis. n

engl J Med. 2009 nov 12;361(20):1953-62.

“ La vérité scientifique est dynamique. Elle naît de l’erreur et n’est jamais définitive”

Laurence M. Gould *

1.Pour une sténose > 60% en diAMètre, les critères VélociMétriQues Actuels À retenir sont :

A. PsV > 200 cM/s et rrA > 3,3B. PsV > 250 cM/s et rrA > 3,5c. PsV > 285 cM/s et rrA > 3,8

2.en cAs de lésions cAlciFiées, lA Meilleure techniQue d’iMAgerie en couPe est :

A. l’AngioscAnnerB. l’AngiogrAPhie PAr résonAnce MAgnétiQue

3. en cAs de stent de l’Artère rénAle, lA Meilleure techniQue d’iMAgerie en couPe est :

A. l’AngioscAnnerB. l’AngiogrAPhie PAr résonAnce MAgnétiQue

4.ActuelleMent, lA chirurgie des Artères rénAlesconcerne encore :

A. 2% des PAtientsB. 5% des PAtientsc. 10% des PAtients

5. en cAs de dYsPlAsie FiBroMusculAire des Artères rénAles, les lésionssont MultiFocAles dAns :

A. 20% des cAs,B. 50% des cAsc. 80% des cAs

6. en cAs d’AngioPlAstie d’une sténose signiFicAtiVe PAr dYsPlAsie FiBroMusculAire des Artères rénAles, lA guérison de l’htA sAns trAiteMent est PossiBle dAns :

A. 20 À 30 % des cAs,B. 30 À 50 % des cAsc. 50 À 60% des cAs

7. l’étude corAl coMPArAnt Atl et trAiteMent MédicAl des sténoses AthéroMAteuses des Artères rénAles retrouVe :

A. une ABsence d’AMéliorAtion de lA Fonction rénAleB. une AMéliorAtion de lA MortAlité cArdio-VAsculAirec. une AMéliorAtion du contrôle de l’htA

8. lA dénerVAtion rénAle PAr rAdioFréQuence A été ProPosée chez des PAtients AVec hYPertension Artérielle résistAnte (htAr) ; celÀ concerne

A. 0,7 cAs Pour 100 Personnes suiVies un AnB. 2 cAs Pour 100 Personnes suiVies un Anc. 5 cAs Pour 100 Personnes suiVies un An

9. le tAuX d’hYPertendus contrôlés PAr trAiteMent est ActuelleMent de :

A. 50% B. 60%c. 70%

Tests(Question À choiX siMPle)

réPonses1(c), 2(B), 3(A), 4(B), 5(c), 6(B), 7(A), 8(A), 9(A).

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