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    lusieurs grosses industries utili-sant du bois sont en cours

    dimplantation en rgion Bourgogne,mettant en vidence la difficult concilier le dveloppement de lutili-sation du bois pour nos activits in-

    dustrielles et la protection du patri-moine biologique et paysager queconstitue la fort.

    Les cologistes dfendent plusque jamais lutilisation raison-ne des produits issus de la fo-rt, parce quils constituentdes alternatives durables auxautres matriaux (bois doeuvredans la construction, tous les nou-veaux produits base de bois dont le

    papier, et enfin le bois nergie, re-nouvelable et pour partie neutre enmissions de CO2).

    Pour autant, les pouvoirs publics etles lus doivent sattacher ce que cesutilisations industrielles ne dbou-chent pas sur une dgradation desquilibres biologiques forestiers, nisur une artificialisation de la fortsous la contrainte conomique. Illeur appartient galement dapporterun cadre dontologique limplanta-tion des structures de transformation(adquation ressources/capacits,proximit, durabilit des investisse-ments et de lemploi).

    Les forts de feuillus sont directe-ment concernes car plusieurs lobbies(industriels, ppiniristes) poussent la plantation de milliers dhectares dersineux pour rpondre la pression

    des industriels (voir p 2) ; plantationqui saccomplira au dtriment desfeuillus.

    La multiplication desprojets et des besoins

    interroge la fois sur

    leur viabilit et sur les

    consquences pour

    les forts.

    La construction dune usine de gra-nuls de bois (BIOSYLVA) COS-NES-SUR-LOIRE, pour 80 000 ton-nes de granuls (soit 300 000 m3 debois frais) sajoute aux 500 000 m3de grumes ncessaires pour le projetERSCIA SARDY-LES-EPIRY, et leprojet sur le mme site de deux cen-trales de cognration lectrique de-vant consommer 275 000 (*)tonnesde bois. Si lon y ajoute 250 000 T (*)de granuls de bois (la productionFranaise est de 1 Mt), lesquels n-cessiteront environ 950 000 m3 (de

    bois frais, on voit bien que le bassind'approvisionnement d'un tel projetsera gigantesque et que son bilanCO2 sera beaucoup moins intres-sant. De plus, la quasi- totalit des

    granuls dERSCIA sera expdie enBelgique afin dapprovisionner lacentrale de production lectrique deloprateur Belge Electrabel. On peutdonc relativiser les qualificatifsverts voqus par les lus et lespromoteurs (la production dlectri-cit thermique a un rendement final

    (nergie utilise/nergie rendue domicile) de moins de 30%. Le pro-jet dERSCIA rvle labsence dematrise de ces implantations et livrela fort la seule loi du march.

    La consommation actuelle de scia-ges est dj en Bourgogne, de 550000 m3 (On doit galement prendreen compte le million de m3 de boisconsomm annuellement par lusineKronoFrance de Sully sur Loire, enlisire du massif). Lajout de deuxscieries de 500 000 m3 (*)(Fruytier la Roche en Brnil et Erscia Epiry)serait hors de proportion avec lesressources locales (697 000 m3 boisdoeuvre rsineux par an) ou mmeaux projections moyen terme (1,2Mm3) , avec le double risque de d-stabilisation du tissu industriel exis-tant (1) et surtout de la dtriorationdu bilan environnemental si les bas-

    sins dapprovisionnement sont largis plusieurs centaines de km (Vosges,Massif central, Sologne, etc) commele suggre la direction dERSCIA.

    Enfin, il nest pas inutile de rappe-ler que 220 installations collectivesde chauffage utilisant le bois sontdj en service en Bourgogne.

    (*) Les chiffres indiqus sont issus de diversessources que nous avons cherch rendre les

    plus fiables possibles, mais les indications don-nes par les industriels varient souvent entre lestudes et rapports officiels et la finalisation desprojets. Ils dpendent galement des modes decalcul (sous ou sur corce, degr dhumidit,etc). Cependant, les ordres de grandeur entrebesoins des industriels et possibilits des massifssont respects.

    Des stratgies industriellesincontrles et non durables

    FORTS

    EN DANGER !

    P

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    e bois nest vraiment uncomatriau que sil reste

    rellement neutre sur le plan deson bilan environnemental, si saculture respecte les quilibresbiologiques, les autres usages delespace (paysage, tourisme, r-cration) et enfin sil ne vientpas en concurrence avec les au-

    tres usages des sols plus essen-tiels.

    Or, il est clair que la manire dont les pouvoirs pu-blics, les industriels (et certains lus) envisagent ledveloppement non matris de lutilisation du boisen Bourgogne (et en particulier du bois nergie)peut menacer indirectement la fort.

    Linstitut Forestier National a d revoir rcemmentla disponibilit thorique en bois ; la disponibilitrelle (1) future tend, elle, se rduire. Cest la con-

    squence des conditions technico-conomiques demobilisation (desserte, morcellement des lots, prix),de linadquation entre la qualit de la ressourcethorique et celle attendue par les utilisateurs et en-fin de la disposition mettre en march des propri-taires (2). Les risques climatiques pourraient gale-ment venir accentuer ce diffrentiel comme cest lecas en Aquitaine.

    Les tudes sur la ressource enbiomasse forestire reposentsur une diminution du volumesur pied et lutilisation des r-manents essentiels lquilibredu sol.

    Le Prsident du Conseil dAdministration delONF vient dailleurs de rvler le 10 avril 2012au Prsident de la Rpublique les risques dune

    telle frnsie : Le bois nergie suscite un engoue-

    ment parfois dsordonn, qui peut conduire, si riendest fait, un certain nombre de dysfonctionnements: approvisionnements trop lointains qui dgradent le

    bilan carbone de lopration, faible crdibilit desplans dapprovisionnement qui peuvent remettre encause des projets importants de cognration, effetcollatraux sur certaines activits (papeterie, pan-neaux), du fait de laugmentation des prix.

    Une tude officielle du CEMAGREF montre que

    la ralisation du plan de mobilisation supplmen-

    taire prvu par le Grenelle et les engagements du

    gouvernement repose sur un doublement du prix

    du bois nergie dici 2016 qui rendrait attractive la

    mobilisation auprs des propritaires (voire dun

    triplement autour de 60 le m3 si lon veut attein-

    dre le haut de la fourchette).

    Lemploi est souvent le prtexte ces investisse-

    ments coteux dans la filire. Si le mouvement de

    concentration des industries de transformation

    saccompagne dune amlioration de la comptiti-

    vit, lemploi, lui nest pas au rendez-vous, puisque

    la filire Bourguignonne a perdu quelque 1500

    emplois entre 2003 et 2007(4).

    FORTS

    (1)En Auvergne, les peuplements de sapins de plus de 120 ans nintressent pas les industriels car de trop gros diamtres. Ils repr-sentent pourtant une part importante de la disponibilit thorique. En Limousin, la rcolte rsineuse (et particulirement en Dou-glas) dpasse actuellement la disponibilit calcule, mme en appliquant des scnarios dynamiques. Les plantations ralises lasuite de la tempte de 1999 ne compensent pas les dgts occasionns par celle-ci et ne suffiront pas satisfaire une demandeindustrielle toujours croissante.

    (2) Moins dun tiers (31,8 %) des propritaires pensent pouvoir rcolter plus de bois (tude CRPF 2009). Le morcellement desproprits, laccessibilit, le rseau routier renchrissent le cot de mobilisation sur les secteurs encore peu exploits.

    (3) Le mouvement de concentration du secteur du sciage en Bourgogne saccompagne depuis quelques annes de nombreusesfermetures de scieries de faible et moyenne capacit (de 1000 4000 m3 de sciages/an) et dune augmentation du nombre de scie-ries dotes de capacits suprieures 4000 m3/an.

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    exemple le plus fla-grant est le massif duMorvan dont le taux

    d'enrsinement est ainsi pass

    de 25 % en 1975 prs de 50% aujourdhui. Ce processusdenrsinement a modifi, enun court laps de temps, lescosystmes, les paysages et larpartition des espces anima-les et vgtales.

    Dune manire gnrale, lesforts bourguignonnes souf-frent de cette spcialisation etsappauvrissent sur le planbiologique (737 000 ha de

    fort sur les 972 000 ne com-portent quune ou deux esp-ces darbres dans ltage do-minant). Les monoculturesne sont dailleurs pas le seulapanage des forts rsineusesdu Morvan et nombre debelles forts feuillues deplaine (Cte dOr, Sane-et-Loire, Nivre) se sont gale-ment au fil du temps appau-vries sur le plan de la diversit

    des essences (en gnral auprofit du chne pur) en raisonde la sylviculture rgulire quiy est mene. Cloisonnementsde plus en plus rapprochs,interventions perturbantespour les sols et la faune deplus en plus frquentes (tousles 7 ans dans le rsineux)contribuent artificialiser lafort et dgrader sa capacitdapports cologiques lasocit (protection des sols,

    rtention et rgulation despluies, rserves de biodiversi-t, contribution au stockagede carbone dans les sols (70T/ha).

    Les sols participent pourprs de 75 % aux stocks ter-restres de carbone en France,des perturbations doriginesanthropiques ou climatiquessont susceptibles dentraner

    moyen terme la libration

    dans latmosphre dimpor-tantes quantits de gaz effet de serre. Cest pourquoila protection des sols est

    primordiale dans les politi-ques de lutte contre leschangements climatiques.En effet, la dynamique destockage de carbone dans lessols forestiers dpend deschangements dusages dessols (dforestation, boise-ments, etc.), du climat et decertaines pratiques sylvicolesaccroissant lactivit min-ralisatrice des micro-orga-

    nismes du sol (labour, drai-nage, fertilisation. SourceIFN.

    Limportance des infrastruc-tures ncessaires la dessertedes massifs et la mobilisa-tion est galement source dedestruction des milieux (tas-sements des sols, dgradationdes cours deau, crationdornires, pistes et routes enzone de montagne) et de d-gradation du rseau routier.

    Le paysage est galement pro-gressivement modifi, tantpar ses vues externes (vastescoupes rases, fronts de coupesvisibles des kilomtres, ali-gnements) quinternes (zonestotalement impntrables, ycompris la lumire, sous-bois mort biologiquementsous couvert dense). Le tou-

    risme vert, une des richessesde la rgion, y perd beau-coup (1).

    Les projets futurs vont accro-tre galement la pression surla biomasse forestire, puis-que de nombreuses chauffe-ries bois vont fonctionneravec les rmanents rcolts enfort, provoquant une dgra-dation du bilan carbone et un

    appauvrissement minral que

    certains professionnels (IN-RA) proposent dquilibrerpar des engrais chimiques.

    Les forts traites enirrgulier ne

    reprsentent lheure actuelle que

    4% des surfaces desforts prives.

    Il est de plus en plus videntque la lgislation actuelle nestpas suffisante pour garantirune relle conservation desqualits biologiques des mi-

    lieux forestiers. La certifica-tion PEFC et les contraintesquasi-nulles imposes auxpropritaires dans le cadre deleurs documents de gestionnapportent aucune solutionrelle aux dsordres voqus,contrairement aux engage-ments internationaux pris parnotre pays.

    les micro-protections trscibles apportes par les clas-

    sements divers (Natura 2000,rserves naturelles, etc) nefont que cacher labandon delimmense majorit des fortsaux amnageurs (0,9 % desforts publiques, par exemple,bnficient dun tel classe-ment).

    Labsence de suivi scientifiqueet technique indpendant enmatire de prlvements,

    dvolution de la compositionet de la richesse des forts, enfort prive en particulier, nepeut que nous inquiter surlimpact moyen et longterme de la pression indus-trielle.

    FORTS Biodiversit et paysages

    rgressent

    Des chiffresconcrets

    La capitalisation sur pied en Bour-gogne(179 m3/ha) est lgrementau dessus de la moyenne nationale(160 m3/ha). Cependant, ce volumemoyen de bois par hectare de fort

    en France est le plus faible de tousles Pays de lEurope tempre :Allemagne : 315 m3/ha, Suisse : 345m3/ha, Autriche : 292 m3/ha, PaysBas : 177 m3/ha, Pologne : 219 m3/ha, Lituanie: 315 m3/ha,Pays-Bas : 192 m3/ha, Belgique : 248m3/ha, Danemark : 199 m3/ha,Hongrie : Slovnie : 332 m3/ha(Source FAO ).

    De-facto, la dcapitalisation desmassifs Bourguignons entraneraitrapidement une dgradation dubilan carbone.

    La production forestire de laNivre stablit 773 036 m3,dont428 000 m3 de bois doeuvre,280 938 m3 de BO rsineux.

    1 Rappelons-le, le tourisme en Bourgogne reprsente quelque 22 000 emplois dont 1900 dans le seul Morvan (chiffre rapprocher des 15 000 emplois de la filire bois, des 2100 emplois de la premire transformation et surtout des quel-ques centaines espres au total sur lensemble des nouveaux sites).

    Monocultures, coupes rases et destruction dessols, une vision du Morvan que lon ne peut accep-

    ter sous le couvert de gestion durable

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    La rflexion qui prcde dmontre les risquesque font courir lquilibre cologique des fortsdes politiques conomiques non matrises.Nous devons tre capables de dfinir une visiondiffrente de la nature, moins utilitariste (seuls2,8 M sur les 14 consacrs au volet forestierdans le Contrat de Plan Etat/Rgion Bourgognesont consacrs la gestion durable). Cest pour-quoi nos candidats aux lections lgislativesportent le projet national dEurope EcologieLes Verts au cours de cette campagne

    Rgion Bourgogne13/25 Rue Saumaise21000 DIJON Tl 09 65 21 45 75

    http ://www.bourgogne.eelv.fr

    Une nouvelle loi forestire pour une fort mieux protge, gre durablement

    Conserver en permanence en fort au moins 25 % de la production biologique annuelle.Amliorer la qualit et la fiabilit des documents de gestion (et en particulier des tudes pralables) et abaisser le seuil dobligation

    pour un Plan Simple de Gestion 10 ha.Financer directement les apports environnementaux et sociaux de la fort (CO2, eau, air, stabilisation des sols, etc.).

    Donner un cadre nouveau la gestion des forts publiques. L'Office National des Forts, orient sur les missions de base, doit trefinanc directement par lEtat et rompre avec sa drive commerciale (en particulier, les produits du domaine et les ventes de bois ne doi-vent plus faire partie des ressources de lONF). Garantir ses missions de Service Public dont celui de la Protection et Restauration de laNature.

    Amliorer le Code Forestier prcisant de nouvelles contraintes directes.Restaurer lIngnierie Forestire Franaise autour du ple Ecole de Nancy Fort de Fontainebleau, berceaux de la foresterie.

    Les politiques publiques encourageront une gestion forestire et des sylvicultures plus respectueuses desquilibres, avec :

    Des objectifs de production de bois de qualit.Une augmentation du volume de vieux bois et de bois mort en fort, afin daugmenter la diversit et la richesse biologique, de mainte-

    nir le stockage du carbone pendant plus dun sicle, de mieux valoriser financirement les produits pour le propritaire.Une conditionnalit des aides l'amlioration des sylvicultures (ftaies irrgulires, respect des sols, objectif daugmentation ou de

    maintien du capital sur pied terme, diversit des essences plantes ou rgnres, absence de pesticides et phytocides, etc.).

    De nouvelles orientations en matire de certification.

    Vivre mieux vers la socit cologique

    Financement prenne du rseau AFORCE, de prparation des forts au changement climatique.Modification de la fiscalit forestire : taxation tage des revenus rels, fin de la taxation forfaitaire lie au revenu cadastral pour dis-

    suader les coupes dfinitives et rases, et encourager une gestion rgulire et des investissements sylvicoles permettant l'amlioration despeuplements.

    Programme dtude et de conservation de la gntique forestire.Soutien la gestion en commun des forts prives.

    Il s'agira enfin de lever l'opacit des prises de dcision concernant la fort et de :

    Soumettre enqute publique les documents et actes de gestion des massifs forestiers, publics et privs suprieurs 200 ha. Les ac-compagner de leur dclinaison par les collectivits locales.

    Permettre l'accs des associations la partie technique des documents de gestionPrparer l'application, ds 2013, du Plan d'action Europen sur l'exploitation illgale des forts et du commerce de bois illicitement

    prlev.

    Innover et transformerle rapport la fort

    Franois LOTTEAUCandidat EELV

    3 me circonscriptionde Sane-et-Loire

    Anas HUBERTCandidate EELV

    2 me circonscriptionde la Nivre

    Sane et Loire : EELV 71 8 rue Dufour71000 MACON [email protected]

    NOTRE PROJET

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