Foret mediterrannéenne
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Caractéristiques écogéo-graphiques
Le Liban est localisé àl’Ouest de l’Asie, et sur lafaçade orientale de la merMéditerranée (33°50’ N et35°50’ E). Il est bordé par laSyrie au Nord-Est et par Israël/ Palestine au Sud. Il possède225 km de côtes. La surface duLiban est de 10 452 km2.
Le Liban est formé de deuxchaînes montagneuses : leMont Liban (plus haut sommetdu Liban, 3 083 m) et l’Anti-Liban (2 814 m), séparés par lavallée de la Bequaa. La chaînemontagneuse Anti-Libansépare le Liban de la Syrie.
Le Mont Liban est formé decollines et de vallées parcou-rues par des cours d’eau sou-vent saisonniers qui prennentnaissance dans les montagnesenneigées. Douze des quinzecours d’eau qui serpententdans ses vallées se déversentdans la mer et sont souvent àsec en saison sèche. Ceci per-met entre temps le développe-ment d’une végétation riche,variée et luxuriante (photo 1).
Le climat du Liban est sujetà des variations considérablesselon l’altitude et la localisa-tion. Le Liban présente un cli-mat méditerranéen avec un étéchaud et sec et un hiver froid ethumide enneigeant ses som-mets. Les précipitations sai-sonnières sont distribuéesd’une façon très inégale sur leterritoire libanais (200 mm à1400 mm/an). Plusieursrégions ne reçoivent aucunegoutte de pluie durant plus desix mois.
Les changements climati-ques se traduisent au Libanpar l’allongement de la saisonsèche. Les précipitations sont
également affectées :même si la hauteurmoyenne annuelle desprécipitations n’a pasdiminué, sa concentra-tion sur un nombre plusfaible de jours, 70 au lieude 90 jours en moyenne,diminue l’infiltration del’eau et par la suite assè-che les nappes phréati-ques et provoque l’éro-sion des sols, le glisse-ment de terrains, desinondations sévères, etc.Par la suite, la désertifi-cation n’en est que favo-risée.
Couverture forestière
Le Liban est considéréactuellement comme un payspeu boisé. Les forêts y sontouvertes et fragmentées. 80%de la population libanaisevivent dans les villes. En 2005,le couvert forestier total (ter-rain > 0,5 ha avec des arbres >5 m et une canopée couvrantplus de 10% du terrain ouarbres capables d’atteindre cestailles in situ), selon les critè-res de la FAO 2001, a étéestimé à 139 376 ha, soit 13,2%de la superficie totale du pays.Il est divisé en 3 classes : forêtsde feuillus (78 840 ha, 56,6%),forêts de conifères (43 657 ha,31,2 %) et forêts mixtes (16 879ha, 9,9%).
Les autres espaces boisésoccupent quant à eux 11,3%(108 378 ha) de la surfacetotale du Liban (voir fig. 1 p. 6).
Essences forestières etdistributions
Les montagnes libanaisessont caractérisées par leurrichesse en espèces. Ces espè-ces sont considérées commedes reliques d’une végétationancienne adaptée à un climat
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LL’’oorrggaanniissaattiioonn ffoorreessttiièèrree aauu LLiibbaannpar Madga Bou Dagher Kharrat, Université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban)
Photo 1 : Vue d’une partie du Mont Liban dans sa région Nord sillonnéepar les vallées - Photo : M. Bou Dagher
Fig. 2 : Pourcentage des différents typesde forêts libanaises
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plus humide. Ces espècescontinuent à pousser de façonsporadique dans les forêts rési-duelles. On cite : Acer taurico-lum, Acer hermoneum,Fraxinus excelsior, Ostrya car-pinifolia, Rhododendron pon-ticum brachycarpum, etc. Dansces montagnes, un grand nom-bre d’espèces se situent enlimite Sud de leur aire natu-relle de répartition telles queAbies cilicica et Quercus cerris.
Les espèces libanaises lesplus courantes et les plus lar-gement répandues sontQuercus calliprinos, Quercusinfectoria, Quercus cerris var.pseudo cerris, Juniperusexcelsa, Cedrus libani, Abiescilicica, Pinus pinea, Pinushalepensis, Pinus brutia etCupressus sempervirens. Lesforêts libanaises (fig. 2) abri-tent un grand nombre d’espè-ces végétales aromatiqueset/ou médicinales.
La répartition en altitude deces espèces se fait selon leszones bioclimatiques (photo 2).En fait, du point de vue botani-que, on peut considérer deuxensembles au Liban : le médi-terranéen et le méditerranéenpré-steppique (cf. bioclimatsemi-aride d’Emberger) auniveau du Mont Liban et del’Anti-Liban. La répartitiondes végétaux des différents
étages bioclimatiques sontdétaillés dans le tableau 1 ci-dessous.
Les cédraies libanaises ontfait l’objet d’études génétiquespour l’évaluation de leur diver-sité génétique en vue de leurconservation et pour différen-cier génétiquement le cèdre duLiban de celui de l’Atlas. Despeuplements porte-grainescaractérisés par une fortediversité génétique ont étéidentifiés ; leur aptitude à latolérance à la sécheresse estégalement étudiée et des mar-queurs génétiques existentactuellement pour tracer lesressources génétiques utiliséesdans les boisements. Il sembleque l’état de la diversité géné-
tique des cédraies ne soit pasencore inquiétant mais leurfragmentation met en péril lesdiverses espèces qui s’y réfu-gient, notamment les quelquesrares mammifères qui sontencore présents au Liban.
Des études sur Juniperusexcelsa sont en cours pour amé-liorer son taux de germination,promouvoir son utilisationdans les boisements en hautemontagne et étudier sa diver-sité génétique.
Propriété des forêts
Les forêts et les terres boi-sées du Liban se développentaussi bien sur des terrainspublics que sur des terrains
privés (tab. 2). Lamajorité relève deterrains privés(environ 60% desforêts et 80% desespaces boiséssont privés). Ladélimitation desterrains et lesregistres de pro-priété restentcependant sujetsà des ambigüitéset des controver-ses.
Les différentstypes de propriétéau Liban sont les
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Tableau 1 : Zones de végétation au Liban
Altitude en m Espèces dominantes
le thermoméditerranéen 0 – 500 Ceratonia siliqua, Pistacia lentiscus, P. palestina
le méso-méditerranéen 500 – 1 000 Quercus calliprinos, Pistacia palestina, Pinus pinea,P. brutia, Cercis siliquastrum, Styrax officinalis
le supraméditerranéen 1 000 – 1 600 Quercus calliprinos, Q. infectoria, Pinus brutia et P.pinea
le montagnard méditerranéen 1 500 – 2 000 Cedrus libani, Abies cilicica et Juniperus excelsa
l'oroméditerranéen > 2 000 Juniperus excelsa
Le Méditerranéen pré-steppique 1 000 – 1 500 Quercus calliprinos
Le montagnard méditerranéen pré-steppique 1 800 – 2 400 Juniperus excelsa
L’oroméditerranéen pré-steppique > 2 400 Juniperus excelsa
Source : PNUE - MoA 1996. Etude de la biodiversité biologique du Liban. Projet : GF/6105-92-72. Flore terrestre, 3, 147
Etage bioclimatique
Ensemble méditerranéen
1 400 – 1 800 Quercus calliprinos, Q. infectoriaEnsemble méditerranéenpré-steppique (semi-aride)
Le supraméditerranéen pré-steppique
Photo 2 : Transition cèdre-genévrier en altitude dans la réserve naturelledu Horsh Ehden - Photo : B.C. Douaihy
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suivants : � Les Mulk sont des
propriétés privées apparte-nant à des individus ;� Les Macha’a sont
des terrains communauxappartenant aux municipali-tés et gérés par les conseilsmunicipaux ou par des com-missions ;� Les Waqf sont des
terrains appartenant auxcommunautés religieuses ;� Les Amiri, sont des
terrains appartenant à l’état.
Menaces
Les forêts au Liban sontprincipalement menacées parle déboisement, le surpâturageet le développement urbain.Les feux de forêts sont unautre facteur de risque pources écosystèmes. La fréquenceet l’intensité de ces feux consti-tuent une réelle menace pourla pérennité des forêts. Ainsi,en septembre 2007, les incen-dies de forêts ont occasionnéune perte d’environ 2% de lacouverture forestière nationale(Statistical Analysis for Firesin Lebanon for the year 2007,Ministry of the Environment).
Les problèmes de la dégrada-tion des terres et de la défores-
tation ne datent pas des der-nières décennies, c’est un pro-cessus qui a commencé il y aplus d’un siècle et qui se pour-suit. L’absence de contrôle etde législation appropriée, lesbesoins croissants de la popu-lation et le manque deconscience des effets négatifsd’une mauvaise gestion desressources naturelles ontabouti à la situation alarmanteactuelle. La déforestation, sou-vent suivie par un surpâturageet un compactage du sol, peutêtre considérée comme la prin-cipale cause anthropique deperte des eaux souterraines auLiban. Les zones de hautemontagne très dégradées secaractérisent par un sol peuépais qui alterne avec desaffleurements rocheux. Ladiversité floristique et structu-
rale de la végétation naturelleest en constante régression.
Politique forestière
Afin de préserver les élé-ments de valeur du patrimoinenaturel, le Ministère del’Environnement a pris desmesures concrètes en créantun système de protection desespaces naturels en conformitéavec les critères nationaux etinternationaux ainsi qu’avecles conventions internationalessignées et ratifiées par leLiban, notamment la Conven-tion sur la Biodiversité, sur lalutte contre la désertification,etc. A ce jour, le Liban compte12 forêts protégées ainsi que 8réserves naturelles, dont 5sont constituées essentielle-ment de forêts (photos 3 et 4).
Le Liban a égalementdémontré son engagementpolitique en faveur des forêtsau cours des quinze dernièresannées en promulguant denouvelles lois forestières. Lesforêts sont gérées par deuxMinistères : celui de l’Agricul-ture et celui l’Environnement.Le premier est en charge de lagestion économique en termesde ressources végétales. UnDépartement pour leDéveloppement rural et lesRessources naturelles existe à
...Tableau 2 : Propriété des forêts et terrains boisés au Liban
Forêt (ha) Espacesboisés (ha)
84 183 86 702
53 799 14 956
38 189
13 938
1 672
1 394 6 720
139 376 108 378
Source : National forest and tree resources assessment 2003-05 FAO, (TCP/LEB/2903)
Propriétaire
Privé
Public
Etat
Municipalité
Communauté
Inconnu
Total
Photo 3 : Réserve naturelle de Horsh Ehden - Photo : M. Bou Dagher
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l’intérieur du Ministère del’Agriculture : il est le respon-sable officiel du secteur fores-tier avec, à l’appui, des gardesforestiers pour les forêts pro-tégées. Le second suit plutôtune approche de protectiondes ressources génétiques.
Le Ministère de l’Environ-nement a établi en 2001 leplan national de reforestation.S’étalant sur une période de 5ans, ce sont 305 ha étalés sur23 sites qui ont été reboisésavec des espèces natives duLiban. D’autres projets sonten cours afin d’augmenter lecouvert forestier du Libanjusqu’à 20%, un objectif àatteindre dans la région.
Outre les deux Ministères,des ONG participent active-ment à ces activités de (re)boi-sement. Des financementsinternationaux et la contribu-tion du secteur privé sontmobilisés. Cependant, lesplantations sont souvent limi-tées à un nombre réduit d’es-pèces facilement produites enpépinière (cèdre et pin). Cettepratique réduit énormémentla biodiversité et elle est d’au-tant plus inquiétante en ce quiconcerne les espèces buisson-nantes caractéristiques desécosystèmes méditerranéens.L’initiative de l’ONG “Jouzour
Loubnan” de créer un labora-toire de conservation et de ger-mination des graines dans lebut de pallier le manque de cesplantules sur le marché et depromouvoir l’utilisation des
plantes ligneuses sauvagesnatives du Liban dans lesreboisements est encoura-geante et devrait être générali-sée sur le territoire.
Magda Bou DagherKharrat
Université Saint-Joseph de
Beyrouth
Vice-Présidente de l’ONG
“Jouzour Loubnan”
Fig. 1 : Carte d’occupation du sol du Liban
Photo 4 : Derniers Juniprus excelsa survivants dans une zone dégradéeà Aarsal, Anti-Liban - Photo : M. Bou Dagher
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