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Fondation Pierre GIANADDA à Martigny de Renoir à Szafran… mai 2011 Texte de Véronique Ribordy extraits du dépliant de l’exposition.

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Fondation Pierre GIANADDA à Martigny

de Renoir à Szafran… mai 2011

Texte de Véronique Ribordy extraits du dépliant de l’exposition.

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La Fondation Pierre Gianadda

a le privilège d'entretenir d'excellentes relations avec un grand nombre de collections privées. Elle peut aujourd'hui accueillir un ensemble dont nombre de pièces sont déjà connues des fidèles de la Fondation. Les toiles de ce prêteur sont déjà venues enrichir l'une ou l'autre exposition des peintres impressionnistes ou nabis que la Fondation a organisée.

Léonard Gianadda et ce collectionneur partagent en effet un certain nombre d'affections artistiques.

Ce titre, «De Renoir à Sam Szafran», pourrait être le reflet des propres coups de cœur du maître des lieux! Cette entente entre les deux hommes explique peut-être ce prêt généreux de 130 œuvres, peintures et dessins, sur une durée de six mois.

La collection s'intéresse à la rupture avec l'académisme, à l'essor de l'impressionnisme et de la peinture de plein air. De nombreuses toiles célèbrent la nature et la lumière. Monet («Les Nymphéas»), Renoir («Buste de Gabrielle»), Sisley («La Prairie»), ou encore Berthe Morisot avec ses jeunes filles dans des intérieurs bourgeois, puisent dans le quotidien et tournent le dos aux grandes compositions si prisées par l'Académie. Mais il ne s'agit que d'un avant-goût. La génération suivante, en particulier Signac et Luce, largement représentés, décompose la lumière d'un pinceau rêveur. Auprès d'eux se presse le groupe des Nabis, Maurice Denis, Vuillard, Bonnard, Sérusier.

Manquent à l'appel Vallotton et Gauguin, dont les recherches s'éloignent peut-être trop du terrain de la légèreté et de l'esquissé.

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« La liseuse »Pastel vers 1895-1900

Odilon REDON

(1840-1916)

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« La Ciotat » huile sur toile_été 1907 Emile Othon Friesz (1879-1949)

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« Les fleurs de Saint Jean Cap Ferrat »

Marc Chagall

(1887-1985)

Huile sur toile 1957

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« Mimosas »

Marc Chagall

(1887-1985)

Huile sur toile 1954-55

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Mais le début du XX' siècle, c'est aussi le vent de l'Europe qui souffle sur Paris, avec l'arrivée de Chagall, Picasso, Pascin ou Modigliani, peintres que l'on a regroupés un jour sous le vocable un peu lâche d'Ecole de Paris. Ils sont là, en petites touches. On sent bien qu'ils ne régnent pas sur cette collection comme sur d'autres, que l'affection va plutôt à un Othon Friesz, qui se range du côté des héritiers de l'impressionnisme, quelque part entre Marquet et Dufy, mais en tout cas du côté de la couleur. Quant à l'abstraction, elle est résumée tout entière par un lumineux Josef Albers de 1971. Un choix solaire, et unique, qui vaut presque comme un manifeste.

La commissaire de l'exposition,Marina Ferretti Bocquillon, également directrice du Musée des impressionnismes à Giverny, termine cette présentation sur unenote pourtant un peu inquiétante.

En quatre pastels virtuoses, Sam Szafran nous fait plonger dans de vertigineux escaliers, trous noirs de la mémoire. Cet artiste de la génération de Léonard Gianaddaa fait son entrée dans les jardins et dans la collection de la Fondation il y a quelques années.Encore un point commun entre cette collection privée et son hôte martignerain...

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« Nu » Pierre Auguste Renoir (1841-1919) huile sur toile 1905

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« La jeune fille au chat »

Berthe Morizot

(1841-1895)

Huile sur toile 1892

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« Le gardien de dindons »

Charles Angrand

(1854-1926)

Huile sur toile 1887

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« La prairie »_Alfred Sisley (1839-1899)_huile sur toile 1880

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« Le troupeau de moutons » 1888 Camille Pissarro (1830-1903)

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Signac, histoires d'eaux

LE PEINTRE QUI AIMAIT LES SCIENCES..

Paul Signac (1863-1935) fait clairement partie des coups de foudre de ce collectionneur. Par la suite, il a développé des ensembles cohérents: «J'aime particulièrement constituer une série, par exemple celte de ports de France de Signac, ou les illustrations peintes par Van Dongen pour illustrer une édition d'«A la recherche du temps perdu» de Proust.» La série des ports de France (1929-1931), évoquée ici. est une commande de Gaston Lévy, mécène de l'artiste, créateur de la chaîne de magasins Monoprix. A ce moment, Signac préférait l'aquarelle à la peinture à l'huile pour peindre les sites marins ou fluviaux qu'il affectionnait. L'« Avant du Tub (Opus 176)» estbien antérieur. En 1S88, Paul Signac est un des jeunes protagonistes de l'impressionnisme dit «scientifique», avec Seurat et Pissarro. Il peint souvent les bords de la Seine, Asnières ou Ciichy. Pour cette toile, Signac a adopté le point de vue du plaisancier, en se situant à bord de son propre bateau, «Le Tub». L'artiste regarde en direction de la rive gauche du fleuve et décrit la lumière diffuse d'un jour gris. On aperçoit la nouvelle banlieue d'Asnières, dédiée aux loisirs nautiques. Au fond, dans l'axe du voilier, apparaît la pointe de l'île de la Grande Jatte, un lieu important pour la génération de Paul Signac. C'est en effet là que son ami Georges Seurat (1859-1891) peint entre 1884 et 1886 «Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte», véritable manifeste pointilliste. Tout comme Seurat, Sîgnac s'appuie sur des théories scientifiques nouvelles. Pour «Saint-Briac. Les balises. Opus 210», également présenté dans cette exposition, Signac reproduit avec précision un paysage réel, tout en utilisant la théorie des couleurs et des lignes du mathématicien Charles Henri, auteur d'une «Introduction à une esthétique scientifique». Le peintre simplifie et géométrise sa composition, exécutée à toutes petites touches de couleurs. Cette toile est très proche de l'univers raffiné, presque abstrait, de Seurat.

La Fondation Pierre Gianadda avait consacré une exposition à Paul Signac en 2003. Plusieurs des œuvres réunies à Martigny cet hiver, dont l'aquarelle «Les Cyprès de Sainte-Anne» et cette huile «Avant du Tub», avaient été présentées pour la première fois au public à cette occasion.

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« St-Tropez après l’orage » huile sur toile 1895 Paul Signac (1863-1935)

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« Jeune fille au chapeau de paille »

Portrait d’Elisabeth Van Rysselberghe

Théo van Rysselberghe

(1862-1926)

Huile sur toile 1901

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« Le moulin du Kalf à Knokke »

Théo van Rysselberghe

(1862-1926)

Huile sur toile 1894

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Sous le soleil exactement

MAXIMILIEN LUCE, PROCHE AMI DE PAUL SIGNAC, DONNE DES COULEURS A LA VIE MODERNE

Maximilien Luce (1858-1941) a longtemps été un proche ami de Paul Signac. En 1889, Signac et Luce passent plusieurs semaines ensemble à Herblay, sur les rives de la Seine, à peindre sur le motif. L'année suivante, Signac invite son ami Luce sur son «Tub» et les toiles peintes côte à côte reflètent cette proximité esthétique. Camille Pissarro, leur aîné, est installé non loin, dans le village d'Eragny. Tous les trois explorent les possibilités du divisionnisme, testant de nouveaux effets optiques en juxtaposant couleurs primaires et couleurs secondaires par petites touches.

Pissarro et Luce partagent les préoccupations du monde ouvrier. Après la répression de la Commune, Luce est même brièvement emprisonné. Par la suite, il collabore à des publications d'inspiration anarchiste, il peint les batailles ouvrières des révoltes syndicales, dénonce le sort des poilus pendant la guerre de 14-18. Les toiles présentées à Martigny montrent une autre facette de son œuvre, le paysagiste intéressé par la modernité, l'industrialisation, la vie urbaine. On trouvera ainsi des vues de Paris ou de Londres, ou un paysage très avant-gardiste de Saint-Tropez.

Paris est la ville natale de Maximilien Luce. Parmi les dix toiles qu'il présente au Salon des indépendants en 1890, il choisit plusieurs vues du «Pont Neuf», avec la fouie grouillant sur les quais. Luce aime les vues nocturnes, le crépuscule du soir, les becs de gaz allumés dans la nuit, toujours cet intérêt pour la modernité... Son ami le poète Léon-Paul Fargue se souvient, des décennies après l'avoir vu, d'un «carré de nui!...: un pont sur la Seine vu de biais qu 'une longue file de réverbères en vol de grues marquetait de traverses rousses..."

Le «Port de Saint-Tropez» est peint lors d'un séjour chez Paul Signac en 1893. La luminosité des vues tropéziennes contraste avec les paysages londoniens que Luce vient de fixer sur la toile. La critique est bonne lorsque Luce présente ces nouveaux tableaux au salon des Indépendants la même année. Félix Fénéon a ces mots amusés: «Très épatantes les tartines de Luce. On est d'abord dans le Midi: le soleil tombe en plein; si ça continue, la mer va bouillir comme une soupe. » Cette toile du «Port de Saint-Tropez» a d'abord appartenu à Olivier Sainsère, avocat, politicien et collectionneur à l'œil sûr qui s'est intéressé à Monet, Seurat, Botmard, Gauguin, Pissarro, Signac, etc. Elle est réapparue sur le marché en 2008.

Maximilien Luce est très présent dans la collection présentée à la Fondation P. Gianadda, avec une large sélection de toiles, telles «Le Café» (1892), le «Port de Saint-Tropez» (1893) ou une «Vue de Londres» ( 1893), un des nocturnes chers à l'artiste.

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« Bord de Seine à Herblay » 1889 Maximilien Luce (1858-1941)

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« Le port de St Tropez » huile 1893 Maximilien Luce (1858-1941)

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« Mamans au bois de Boulogne » huile 1903 Louis Valtat (1869-1952)

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Eclosion d'un art nouveau

MAURICE DENIS, PURETE DE LA LIGNE ET PURETÉ DES SENTIMENTS

Commencée avec les impressionnistes, la collection s'est peu à peu centrée sur des œuvres produites entre 1890 et 1940 environ. Dans un entretien publié dans le catalogue, le collectionneur revient sur cette évolution: «Avec le temps mon goût s'est précisé ou développé. Au début, j'appréciais surtout l'impressionnisme puis, avec Signac, j'ai privilégié des œuvres plus lumineuses, plus colorées et me suis surtout intéressé au postimpressionnisme. A partir des années 2000, j'ai décidé de compléter la collection avec Signac, Luce et les autres peintres néo-impressionnistes, mais aussi leurs contemporains du groupe des nabis et en particulier Maurice Denis.«Maurice Denis (1870-1943) est remarquablement représenté dans la collection, avec trois versions, sur six, du «Mystère catholique», et «Avril les Anémones», considéré par Marina Ferretti Bocquillon comme un «chef-d'œuvre absolu».

Maurice Denis rencontre très tôt Paul Sérusier qui lui transmet son enthousiasme pour Paul Gauguin, rencontré en Bretagne. Très vite, Denis, Sérusier. Bonnard forment le groupe des Nabis. Le jeune Maurice Denis partage avec ses camarades son goût pour le Japon et le symbolisme. Il se passionne ensuite pour l'art de la première Renaissance italienne, en particulier pour Fra Angelico qui répond à sa recherche de simplification de la ligne et son intérêt pour le spirituel. II fait un premier voyage en Italie en 1897, séjourne à Rome l'année suivante et reçoit sa première commande d'art religieux en 1899, un décor pour une chapelle au Vésinet. Son œuvre comportera par la suite un grand nombre de compositions religieuses. En 1919, il fonde les Ateliers d'art sacré avec Georges Desvallières et vingt ans plus tard, il publie son «Histoire de Fart religieux». Dans «Avril (Les anémones)», Maurice Denis propose une version de la forêt de Saint-Germain-en-Laye s'éloignant à plusieurs titres de celle de ses aînés. Contrairement aux impressionnistes, Maurice Denis raconte volontiers des «histoires» dans ses tableaux. Il joue avec les références à la religion, à la mythologie, à la littérature, à la poésie, etc. Cette composition puise dans la mythologie grecque - Anémone est la nymphe dont s'éprit Zéphyr - dans la littérature latine- «Les Métamorphoses» d'Ovide et dans un symbolisme issu de la tradition iconographique chrétienne. Le tableau a appartenu au décor du Palais Stoclet à Bruxelles.

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«Avril - Les anémones » huile 1891 Maurice Denis (1870-1941)

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« Les rochers rouges » huile 1906 Louis Valtat (1869-1952)

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PIERRE BONNARD, LE NABI A L'ACCENT DU MIDI. FAIT DE L'INTIMITE UN SUJET PUBLIC

Pierre Bonnard (1867-1947) fail partie du groupe des Nabis, formé à partir de 1888 autour de Paul Sérusier, Edouard Vuillard, Maurice Denis ou encore Félix Vallotton. Ces peintres sont subjugués par l'œuvre de Gauguin, ils découvrent avec enthousiasme l'art japonais et s'intéressent aux philosophies orientales. Un peu par dérision, ils reçoivent alors ce surnom de nabis, d'un nom hébreu qui veut dire prophète, illuminé. Bonnard sera quant à lui le nabi japonard... Maurice Denis, le plus littéraire, publie cette définition du jeune mouvement en 1890: «Se rappeler qu 'un tableau, avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées.»

Jeune jusriste, Pierre Bonnard abandonne vite sa carrière administrative pour se consacrer à la peinture. Il privilégie des sujets intimes, des intérieurs, des nus. De lui, le public retient surtout ses fenêtres ouvertes sur un jardin baigné de lumière. On connaît moins peut-être son humour et son intérêt pour la vie citadine, son admiration pour Degas, dont il partage le goût pour l'imprévu et les cadrages décentrés. II faut en effet se souvenir que la photographie fait son entrée dans la culture visuelle. Bonnard peint en 1894 des «Personnages dans la rue» qui s'inspirent des compositions de Degas et de ses propres flâneries dans Paris, aux alentours de la place Clichy.

«La Terrasse de la Roulotte à Vernonnet», dite aussi «Coup de soleil», a été peinte dans «La Roulotte», une maison que Bonnard occupe entre 1912 et 1938, sur la rive droite de la Seine. Située à l'écart du village, la maison est ouverte sur la nature et entourée d'un jardin à la végétation dense. Ses maisons, celle-ci puis celle qu'il achète au Cannet, deviennent un thème récurrent de sa peinture.

Comme les impressionnistes, Bonnard est attiré par l'eau et ses reflets. Comme Signac, il aime naviguer. En 1929, il est à Arcachon, où il peint peut-être «La Rade» avec sa pinasse, la barque caractéristique des ostréiculteurs. «La Marine» rappelle le coup de foudre du peintre pour le Midi. En 1926, il achète une maison au Cannet, Le Bosquet. Entourée d'un jardin, la maison s'ouvre sur les collines de l'Estérel et la Méditerranée. Bonnard s'y fixe définitivement en 1938 et meurt au Cannet en 1947. «La Marine» réduit l'anecdote à l'essentiel. Les deux silhouettes sont à peine identifiables, la lumière est le vrai sujet du tableau. Certains critiques ont vu dans les compositions tardives de Bonnard une source d'inspiration de Jackson Pollock et du lyrisme abstrait américain. La Fondation Pierre Gianadda lui a consacré une rétrospective en 1999.

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« Marine Cannes » huile 1931 Pierre Bonnard (1867-1947)

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Le vertige du monde

SAM SZAFRAN FAIT RENAITRE L'ART DU PASTEL DANS LES ANNÉES 1970

«Je pense qu'un collectionneur n'arrête jamais de chercher, je dirais qu 'aujourd 'hui après ces années de quête je me suis assagi et j'essaye surtout de compléter la représentation de l'œuvre d'un peintre, je continue d'avoir envie de réaliser des ensembles, des séries comme celles de Signac ou de Van Dongen. Je fais la même chose maintenant avec Sam Szafran ou Albers...» Dans cette collection de maîtres surtout impressionnistes et néoimpressionnistes, Sam Szafran est le seul artiste né au XX' siècle. Né en 1934 dans une famille d'émigrés juifs polonais, Sam Szafran perd son père au début de la guerre. 11 est caché chez des paysans, puis trouve refuge chez des républicains espagnols dans

le Lot. A la fin de la guerre, il fait partie des enfants regroupés en Suisse par la Croix-Rouge. Il séjourne quelque temps à Frauenfeld, puis rejoint sa mère et sa sœur qui embarquent pour l'Australie. Il revient seul en France en 1951 et s'inscrit à l'atelier de la Grande Chaumière. Dans les années 1950, il se découvre une passion pour le jazz, forge des amitiés fortes avec des sculpteurs (Ipoustéguy, Delàhaye, les Giacometti, etc.) et tente brièvement l'aventure de l'abstraction. II se lie avec Rio-pelle, Yves Klein, Tinguely. En 1960, l'artiste reçoit une boîte de

pastels. Il abandonne la peinture à l'huile. La Galerie Claude Bernard à Paris le soutient depuis le début des années 1970. L'artiste travaille volontiers par séries. Après les «Choux», qui marquent ses débuts au pastel dans les années 1960, c'est avec les «Ateliers» et les «Imprimeries» qu'il va prendre sa véritable ampleur. Une quinzaine d'œuvres composent la série «L'imprimerie Bellini» de 1972. Szafran y multiplie les points de vue. Chaque pastel constitue un fragment de l'espace réel de l'imprimerie. La composition, très savante, tourne autour d'un

axe central, la poutre rouge, tandis que le toit et les structures métalliques convergent. Szafran travaille à partir de polaroïds, il joue avec les points de fuite et la perspective. Cette architecture finit par ressembler à celle d'une cathédrale. Comme Maurice Denis, Sam Szafran spiritualise le quotidien.Trois autres pastels plus récents

(«Escalier», 2000 et 2002, «Feuillage», 2006} présentent d'autres variations sur le thème de la perception, spatiale ou sensorielle. La série des escaliers, entreprise dès 1973, a désormais fait place à celle des feuillages.

L'artiste y laisse libre cours à son goût pour une luxuriance de détails, pour le fantastique et le rêve.

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« L’imprimerie Bellini »

Sam Szafran

(1934-)

Pastel sur papier

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« La terrasse à Nice » Raoul Dufy (1877-1953)

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« L’orchestre au piano bleu » vers 1942 Raoul Dufy (1877-1953)

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