Flore WARCK

24
INTERSTICES ARCHITECTURAUX, ARCHITECTURE INTERSTITIELLES.

description

Catalogue M2, 2012, EsbaTALM.

Transcript of Flore WARCK

Page 1: Flore WARCK

INTERSTICES ARCHITECTURAUX,ARCHITECTURE INTERSTITIELLES.

Page 2: Flore WARCK

Je suis issue d’une famille ouvrière.

Mon grand père à travaillé dans les fonderies du nord-est de la France. Ma mère, a longtemps été mécanicienne en confection. Petite, l’un et l’autre nous ont racontés leurs histoires et nous ont montrés les objets qu’ils fabriquaient. Mon grand père a fondu des dizaines de cendriers, il nous les a montré fièrement, comme des trophées, sa manière à lui de garder sa liberté.

Je me souviens surtout des journées entières dans les tissus, les fils, et les créations de patrons. Ma sœur et moi, nous avons été habillées le plus souvent par notre mère. Nous l’avons aidée à la conception de ses créa-tions. Ce qui m’a le plus plût, c’est le bruit de la ma-chine à coudre, le pied de ma mère sur la pédale et les traits bleus sur les tissus! J’ai redessiner ses traits.

J’ai toujours porté une attention particulière aux condi-tions des ouvriers. J’ai donc eu la volonté de rejouer, d’évoquer, de répéter certains gestes. Des gestes que j’avais alors observer. Des gestes répé-titifs, automatique, comme le pied de ma mère sur la pédale de la machine, ou les points mécaniques de la couture qui se révèle sous mes yeux.

Page 3: Flore WARCK

Toute manière de voir est liée à une conception spécifique du monde.

Page 4: Flore WARCK
Page 5: Flore WARCK

A la frontière de la machine, l’humain se mécanise.

« Le je ne sais quoi et le presque rien. »Jankélévitch

Le discret, le presque invisible. Un minimalisme moins froid, réchauffé par une ligne peu perceptible et vibrante.L’imperceptible est intervenu dans quelques-uns de mes travaux traitant de l’espace.

Lieu : appartement de l’École des beaux-arts de Tours.Première observation : un pilier central vient rythmer l’espace, en créant d’autres, une niche dans le premier, un pilier à quatre faces, de front un espace aux mêmes dimensions.Première image : une traversée de la niche jusqu’à la der-nière surface en passant par le pilier.

Parallèlement, je travaille sur la ligne et toutes ses possi-bilités. Parce qu’elle vient casser le rythme,c’est la ligne diagonale qui s’impose. Les diagonales orientées en sens inverse sont mises en rapport les unes en face des autres pour produire une vibration comme un bruit. Elles sont tirées au stylo bille noir et à la règle, formant un dégradé gris. En s’approchant, on se rend compte que la ligne est répétée pour construire un dessin à l’intérieur d’un rec-tangle aux dimensions de la niche. Face à celle-ci, un aplat de graphite évoque un plein -contradiction- .

Page 6: Flore WARCK
Page 7: Flore WARCK

Suis je une ouvrière ?

«L’ambiguïté aboutit à des complexes stables, à des compromis, et à des amalgames, comme le montrent les illusions de la perception. L’ambivalence, elle, implique toujours le déséquilibre et le tiraillement, le déchirement et l’écartèlement .»

Jankélévitch

Page 8: Flore WARCK

Work in Progress, 2011, ciseau à bois sur mur de la salle d’exposition de l’école , 75 x 75 cm sur deux pans de mur.

Page 9: Flore WARCK

L’enveloppe du mur, l’enveloppe de ce dessin que j’avais au préalable inscrit sur ce mur. Ce dessin d’un espace carré où une ligne tentait de se déplacé. Ce travail rejoint celui de Malevitch « carré noir sur fond blanc », par des détours insoupçonnés et insoupçonnables! J’ai voulu aller voir derrière pour voir ce qu’il y a avait.1 Sauf que cet œil est opaque ici. Car il ne donne que sur le mur. Trahissant le profond malaise de la postmodernité? Où tout projet ouvrant sur des perspectives nouvelles est banni. La postmodernité n’est pas un mouvement ni un courant artistique. C’est bien plus l’expres-sion momentanée d’une crise de la modernité qui frappe la société occidentale, et en particulier les pays les plus industrialisés de la planète. Plus qu’une anticipation sur un futur qu’elle se refuse à envisa-ger, elle apparaît surtout comme le symptôme d’un nouveau ‘malaise dans la civilisation2 .

Le symptôme disparaît progressivement. La crise reste : elle tient aujourd’hui une place considérable dans le débat esthétique sur l’art contemporain ». L’art des dernières décennies du XXe siècle traduirait la crise frappant notre société. Mais aller à contresens, ne veut pas dire pour moi, res-taurer des valeurs anciennes, mais bien renouveler la tradition en l’inscrivant dans des formes nouvelles.

1 Cf. Mallarmé, L’Oeil ouvert sur la fenêtre.2 Cf. Freud, Malaise dans la civilisation.

Page 10: Flore WARCK

Projet en cours, 2012-2013, couvertures de déménagements, sangles.

Page 11: Flore WARCK

Qu’elle forme a prit dans mon travail cette relation que j‘observais entre l’architecture le travail de la pierre et la couture?

Récupération de couvertures de déménagements. Outils de protection d’objets délocali-sés. Pliage de ces couvertures, empilage, et portage sur le dos. Comme si elles devenaient un sac à dos. Elles deviennent elles même délocalisées.

Page 12: Flore WARCK

Photographie d’après scan de pellicules 24 x 36mm

, 2007.

Page 13: Flore WARCK

Mon projet est donc d’en constituer une trace, à la manière dont Derrida l’a définit. C’est-à-dire, que dès qu’il y a expérience, dès qu’il y du vivant, il y a trace, c’est l’écriture, le trait…Alors un événement arrive : c’est le lieu même qui est déconstruit, le lieu de l’écriture, et aussi du territoire. Une trace enregistre cet événement. Elle l’inscrit, et elle s’y réfère, elle le rend différent de tout autre aussi. Cet enregistrement est un symptôme, celui d’une désarticulation qui suscite la demande d’une nouvelle politique par exemple.

Mon travail se place non dans des non lieux , mais dans des espaces in-terstitiels, des espaces qui ont un présent particuliers, a l’état de ruine, des espaces en attentes.

« La monnaie courante des lieux habituels n’est jamais que de la fausse monnaie. »

La ruine les menace.

Page 14: Flore WARCK

Tout espace est fragmenté et fragmentable, ce qui donne à voir une nouvelle configuration de l’espace, qui débouche sur une modification de celui-ci, déconcentrant alors le premier regard.

Transposition, 2011, graphite, environ 400 x 200cm, travail in situ au Transpalette de Bourges lors du workshop Wallpainting coordonné par Vincent Voilat et Cécile Haartman.crédit photo : Cécile Haartman

Page 15: Flore WARCK

Transposition, 2011, graphite, environ 400 x 200cm, travail in situ au Transpalette de Bourges lors du workshop Wallpainting coordonné par Vincent Voilat et Cécile Haartman.crédit photo : Cécile Haartman

Page 16: Flore WARCK
Page 17: Flore WARCK

Emprunte.Fragment.Couleur dans son absence.

Lieux : Transpalette à Bourges. C’est une ancienne friche industrielle, qui a été par la suite réhabilité en un centre d’art et pôle culturel. Pendant l’année 2011, nous avons eu la chance avec quelques camarades de réaliser un workshop intitulé « Wallpainting «, coor-donné par Vincent Voilat et Cécile Haartman. Durant cet atelier, nous devions réaliser des peintures et dessins muraux en concordance et en écho avec ce lieu singulier. Après observation de cet entrepôt, j’ai remarqué les lignes qu’avait laissé le coffrage de bois durant la construction du bâtiment sur le plafond. J’ai donc pris la décision de transposer ces lignes sur le mur porteur. J’ai voulu rester simple quant au choix de l’outil, un simple crité-rium et une grande règle de chantier. Le choix de la mine a été mine sèche, je voulais donnée l’impression d’une figure fantôme. J’ai donc répétée ces lignes en prenant exactement les mêmes di-mensions des empreintes laissées par le coffrage. Puis les lignes se sont suivies, parfois superposées pour ne plus donnée l’impression de frontières entre elles. Nous avons pu remarquer lorsque le dessin se faisait, que les irrégu-larités du murs, les traces du temps avait un rôle important, chaque bosses, chaque trous devaient la lignes et on pouvait voir se dévoi-ler sous nos yeux le fantôme du coffrage. Le dessin ainsi observé, nous donnez à voir quelque chose qui pouvait être de l’ordre de l’empreinte, de la radiographie ...

Etais-ce le miracle que j’attendais ? 1

1 Cf. Pagne du Christ qui se révèle à nos yeux, relique.

Page 18: Flore WARCK
Page 19: Flore WARCK
Page 20: Flore WARCK

Je crée des espaces autonomes, qui ne fonctionnent qu’avec leur propres règles. Qui ne sont pas celles de l’extérieures. Ces espaces ont une lo-gique singulière.

Par exemple, le mur de porcelaine. 1- J’enduis à la main le mur de l’école, qui est un espace fragilisé par le projet du déménagement. 2- J’attend que la couche de porcelaine sèche, et craque, laissant parfois apercevoir ce qu’il y a derrière. 3- Je frappe plusieurs coups sur le mur avec une masse, des fragments tombent. Sur ces fragments, l’empreinte du mur.4- Je mets au four tout ces morceaux. 5- Une fois cuit, ils sont étalés sur une planche de contre plaqué standard (250 x 120cm, comme le placoplâtre).6- Je recommence le processus, jusqu’à ce que la planche soit remplie.

Le projet placoplâtre, en cours est une stratification de plusieurs plaques. Il est question de temps, d’accumulation de poussière formant alors un dessin. IL y a trace d’une activité en dessous, cachée derrière. Les plaques, sont toutes utilisées dans leur intégralité, dans leur format standard, 250 x 120cm. Une plaque percée, tasseaux, une autre par dessus, ...

Page 21: Flore WARCK
Page 22: Flore WARCK

Cette pièce est un simulacre de mur. J’ai construit ce caisson avec deux plaques de contre-plaquées et une armature en tasseaux. Puis j’y ai glissé une caméra d’inspection, utilisé dans les endroits inaccessibles, pour récupérer des objets perdus, ou pour voir ce qu’il y a derrière.. Ici, la caméra filme ce qui se passe à l’intérieur du caisson en direct. Ayant construit ce caisson, je suis la seule à savoir ce qu’il y à dedans, et pose ainsi le spectateur en attente de quelque chose qui ne se passera peut être pas. C’est un projet en cours, car non résolu.

2 plaques de contre-plaqué en 10 mm

, 190 x 20 cm, tabouret en bois et m

étal, ordinateur portable, cam

éra d’inspection avec port usb.

Page 23: Flore WARCK

Labyrinthe urbain, vidéo couleur, 25 minutes environ.

Cette vidéo est un constat du chantier qui cham-boule la ville de Tours depuis plusieurs mois. Les bar-rières de chantiers, changeant chaque jours le che-min du piéton, je pris mon appareil photo/vidéo, et longea ces routes éphémères. Traversant des zones de chantiers désertées, ou suivant le flux de piéton dans des chemins parfois étroits, ralentissant alors la rumeur de la ville.

Page 24: Flore WARCK

Warck Flore M2, ESBAT, 2012/[email protected]