flash cartel N°4 - psychanalyse-aquitaine.fr · 13 Freud S., Inhibition, Symptôme et Angoisse,...

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n°4 •JANVIER 2013 FLASH-CARTELS • ECF• 1 INFOS... Les cartellisants qui souhaitent recevoir «Flash-Cartels» et ne sont pas abonnés aux listes ECF-débats et ECF-messager, il suffit de s’y abonner en ligne sur le site. FLASHBACK... Flash comporte évidement la possibilité du flashback. Si les lecteurs veulent répondre, compléter, décompléter, ils peuvent le faire directement en contactant les auteurs ou en écrivant à l’adresse : [email protected] Leurs remarques, une fois validées, seront publiées. FLASH CARTELS ACF-Nantes Éditorial Solenne Albert Page 1 Une rencontre matérielle Nathalie Leveau Page 2 Ersatz et Anzeichen Aurélien Bomy Page 3 Sinn et Bedeutung Vincent Lestien Page 4 ÉDITORIAL Dans son « Acte de fondation » de l’École Française de Psychanalyse, en 1964, Lacan présente le cartel comme étant ce qui garantit que s’exécute, dans l’École, un travail. Par son organisation, non pas hiérarchique, mais circulaire, le cartel permet « la mise en question de la routine établie » 1 , il creuse une brèche dans le savoir. En tant que déléguée aux cartels, c’est tout d’abord à ce texte que j’ai été sensible. Lacan y indique que, grâce à la lecture des textes, le travail qui s’accomplit dans le cartel doit permettre que se restaure sans cesse « le soc tranchant de la vérité » 2 freudienne. C’est sur le produit de travail des cartels que Lacan misait pour que la psychanalyse ne soit pas « une expérience ineffable » 3 . Plus qu’un outil de travail, il pensait le cartel comme un refuge contre le malaise dans la civilisation, voir une « base d’opérations » pour que se réitère la radicalité du message freudien 4 . Dans ce numéro de Flash-cartels, vous trouverez trois écrits qui reflètent la spécificité du savoir qui émerge de cette expérience de cartel : non pas savoir déjà acquis, constitué ; mais nouveauté, surprise, imprévu. Ils témoignent de la puissance de réveil du cartel, qui stimule une énonciation singulière et permet, grâce à une trouvaille inédite, une transmutation de la parole en écriture. En éclaircissant la lecture de textes difficiles – ou, à l’inverse, en dissipant une compréhension déjà là, en introduisant des zones d’ombres, des points d’interrogation ou de suspension –, l’énonciation cartellisante emprunte le même chemin que l’énonciation analysante : repartir – à chaque lecture de texte – d’un « je ne sais pas », « je n’ai pas compris », qui n’est pas fermeture, mais ouverture, point de départ d’un cheminement de savoir. Être à plusieurs pour lire les mêmes textes permet de stimuler l’énonciation de chacun, de confronter des points de vue, d’enrichir sa propre lecture d’un texte. La mise à jour des difficultés de lecture, leur élucidation grâce aux échanges avec les autres cartellisants délivrent une satisfaction, qui permet de maintenir vivant le désir de savoir en ouvrant à la dimension d’un « gai savoir ». Ces trois textes ont trait à la langue, la langue étrangère qui suppose la traduction, la transmutation et donc la substitution. Nathalie Leveau a exploré la réduction du symptôme à sa formule initiale : quelle est cette « rencontre matérielle » entre les mots et le corps ? Pourquoi « rencontre matérielle » ? Cette interrogation l’a conduite à resserrer les difficultés que rencontre l’être humain, dans sa vie, avec le langage lui-même. Au fond, ce qui fait symptôme pour un sujet, ce qui le torture sans qu’il le sache, ce sont souvent quelques mots qui se répètent, à son insu. Un peu à l’image d’un « monologue intérieur », le symptôme devient Ersatz et Anzeichen, « signe » et « substitut », de cette contamination langagière primordiale dont le sujet ne se débarrasse qu’en en asséchant peu à peu le sens. C’est ce à quoi s’est intéressé Aurélien Bomy : pour parvenir à cette « matérialité », collision hasardeuse entre tels mots et le corps, et « revitaliser la parole », il est nécessaire d’assécher le symptôme du sens. Ce point rejoint les questions formulées par Vincent Lestien : une analyse oscille entre Sinn et Bedeutung, d’un côté, le versant de sens du symptôme, s’inscrivant dans l’histoire des paroles qui lui ont (ou ne lui ont pas) été dites ; de l’autre, la dimension hors sens, produit d’une rencontre aléatoire entre le sens d’un mot et sa sonorité, sa musique singulière. C’est la trace de ce plaisir-là qui est recherchée, dans le travail en cartel. Celle de l’émergence d’un savoir nouveau qui rappelle et éveil le sinn du symptôme, point de surprise et d’énigme qui ouvre à l’invention. Solenne Albert Déléguée aux cartels ACF-Nantes 1 Lacan J., « Acte de fondation », Autres écrits, p. 231. 2 Op. cit., p. 229. 3 Op. cit., p. 232. 4 Op. cit., pp. 237-238.

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•●INFOS... Les cartellisants qui souhaitent recevoir «Flash-Cartels» et ne sont pas abonnés aux listes ECF-débats et ECF-messager, il suffit de s’y abonner en ligne sur le site.

•●FLASHBACK... Flash comporte évidement la possibilité du flashback. Si les lecteurs veulent répondre, compléter, décompléter, ils peuvent le faire directement en contactant les auteurs ou en écrivant à l’adresse : [email protected] Leurs remarques, une fois validées, seront publiées.

FLASH CARTELS

ACF-Nantes Éditorial

Solenne Albert

Page 1

Une rencontre matérielle

Nathalie Leveau

Page 2

Ersatz et Anzeichen

Aurélien Bomy

Page 3

Sinn et Bedeutung

Vincent Lestien

Page 4

ÉDITORIALDans son « Acte de fondation » de l’École Française de Psychanalyse, en 1964, Lacan présente le cartel comme étant ce qui garantit que s’exécute, dans l’École, un travail. Par son organisation, non pas hiérarchique, mais circulaire, le cartel permet «  la mise en question de la routine établie »1, il creuse une brèche dans le savoir. En tant que déléguée aux cartels, c’est tout d’abord à ce texte que j’ai été sensible. Lacan y indique que, grâce à la lecture des textes, le travail qui s’accomplit dans le cartel doit permettre que se restaure sans cesse «  le soc tranchant de la vérité »2 freudienne. C’est sur le produit de travail des cartels que Lacan misait pour que la psychanalyse ne soit pas « une expérience ineffable »3. Plus qu’un outil de travail, il pensait le cartel comme un refuge contre le malaise dans la civilisation, voir une « base d’opérations » pour que se réitère la radicalité du message freudien4.

Dans ce numéro de Flash-cartels, vous trouverez trois écrits qui reflètent la spécificité du savoir qui émerge de cette expérience de cartel  : non pas savoir déjà acquis, constitué  ; mais nouveauté, surprise, imprévu. Ils témoignent de la puissance de réveil du cartel, qui stimule une énonciation singulière et permet, grâce à une trouvaille inédite, une transmutation de la parole en écriture. En éclaircissant la lecture de textes difficiles – ou, à l’inverse, en dissipant une compréhension déjà là, en introduisant des zones d’ombres, des points d’interrogation ou de suspension  –, l’énonciation cartellisante emprunte le même chemin que l’énonciation analysante : repartir – à chaque lecture de texte – d’un « je ne sais pas », « je n’ai pas compris », qui n’est pas fermeture, mais ouverture, point de départ d’un cheminement de savoir. Être à plusieurs pour lire les mêmes textes permet de stimuler l’énonciation de chacun, de confronter des points de vue, d’enrichir sa propre lecture d’un texte. La mise à jour des difficultés de lecture, leur élucidation grâce aux échanges avec les autres cartellisants délivrent une satisfaction, qui permet de maintenir vivant le désir de savoir en ouvrant à la dimension d’un «  gai savoir  ». Ces trois textes ont trait à la langue, la langue étrangère qui suppose la traduction, la transmutation et donc la substitution.

Nathalie Leveau a exploré la réduction du symptôme à sa formule initiale  : quelle est cette «  rencontre matérielle » entre les mots et le corps ? Pourquoi « rencontre matérielle » ? Cette interrogation l’a conduite à resserrer les difficultés que rencontre l’être humain, dans sa vie, avec le langage lui-même. Au fond, ce qui fait symptôme pour un sujet, ce qui le torture sans qu’il le sache, ce sont souvent quelques mots qui se répètent, à son insu. Un peu à l’image d’un « monologue intérieur », le symptôme devient Ersatz et Anzeichen, « signe » et « substitut », de cette contamination langagière primordiale dont le sujet ne se débarrasse qu’en en asséchant peu à peu le sens. C’est ce à quoi s’est intéressé Aurélien Bomy : pour parvenir à cette « matérialité », collision hasardeuse entre tels mots et le corps, et « revitaliser la parole », il est nécessaire d’assécher le symptôme du sens. Ce point rejoint les questions formulées par Vincent Lestien  : une analyse oscille entre Sinn et Bedeutung, d’un côté, le versant de sens du symptôme, s’inscrivant dans l’histoire des paroles qui lui ont (ou ne lui ont pas) été dites  ; de l’autre, la dimension hors sens, produit d’une rencontre aléatoire entre le sens d’un mot et sa sonorité, sa musique singulière. C’est la trace de ce plaisir-là qui est recherchée, dans le travail en cartel. Celle de l’émergence d’un savoir nouveau qui rappelle et éveil le sinn du symptôme, point de surprise et d’énigme qui ouvre à l’invention.

Solenne AlbertDéléguée aux cartels ACF-Nantes

1 Lacan J., «  Acte de fondation », Autres écrits, p. 231.2 Op. cit., p. 229.3 Op. cit., p. 232.4 Op. cit., pp. 237-238.

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« L’interprétation comme savoir lire vise à réduire le symptôme à sa formule initiale, c’est-à-dire à la rencontre matérielle d’un signifiant et du corps, au choc pur du langage sur le corps. »5

Cette phrase donne la formule initiale du symptôme, qui s’origine donc d’une collision du langage et du corps. Elle conduit à considérer le symptôme comme la conséquence directe du fait que l’être humain est un sujet qui parle et qui – du fait qu’il a aussi un corps – en éprouve directement les effets dans sa chair.

ll y a donc à considérer les problèmes qui se posent à l’être humain, les symptômes pour lesquels un sujet peut être amené à consulter, comme résultant du fait qu’il a affaire au langage. Cela ne va pas de soi, tellement la conception commune consiste à lire les symptômes comme résultant des difficultés de la vie d’un sujet, des rencontres, des évènements…

Il faut donc faire un effort pour mettre le rapport au langage au premier plan et considérer que les difficultés, qu’un sujet a avec la vie, en découlent. Cette conception oblige donc à un renversement. Dans son Séminaire III, Les psychoses, Lacan nous montre la voie  : « À quoi tiennent les symptômes  ? », nous dit-il, «  sinon à l’implication de l’organisme humain dans quelque chose qui est structuré comme un langage  »6. Et il insistera sur un rapport non harmonieux. Ainsi, s’il pose que «  la psychanalyse devrait être la science du langage habité par le sujet », il note aussi que « dans la perspective freudienne, l’homme, c’est le sujet pris et torturé par le langage »7. Il exemplifiera ce rapport au langage en le réduisant à une « phrase » à laquelle le sujet est en permanence soumis. Cette « phrase », c’est tout aussi bien le « monologue intérieur » d’un sujet que le « dialogue extérieur » auquel il affaire, les deux étant finalement une seule et même chose. C’est ce qui l’aura amené à formuler que « l’inconscient, c’est le discours de l’autre ». Et d’ajouter, « ce dont il s’agit pour l’homme, c’est justement de s’en tirer avec cette modulation continue [cette phrase intérieure] de façon que ça ne l’occupe pas trop »8.

Or, dans la psychose, ce phénomène de phrase «  joue en clair »9. C’est-à-dire que la psychose met à nu ce rapport parasitaire au signifiant. C’est là où elle permet de rendre accessible quelque chose qui ne l’est pas sinon. Cette indication permet d’envisager alors une direction de la cure différente selon qu’on a affaire au témoignage, en clair, que nous offre le psychotique, ou au témoignage crypté et à déchiffrer que délivre le névrosé.

5 Miller J.-A., « Lire un symptôme », Mental, n° 26, p. 58. 6 Lacan J., Le Séminaire, livre III, Les psychoses, p. 215.7 Ibid., p. 276.8 Ibid., p. 128.

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Une rencontre matérielle Nathalie Leveau

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Le tournant des années 20 qui s’opère dans la théorie freudienne, à partir de l’Au-delà du principe de plaisir, pose la question de ce qui insiste, perdure, se répète du symptôme, au-delà de la réduction de son sens et de l’interprétation de son message. Cet automatisme de répétition, Lacan le réfère tout d’abord au langage, à l’insistance et à l’autonomie de la chaîne signifiante, puis au Réel comme ce qui revient toujours à la même place.

Que l’être humain ait à en passer par la parole pour se satisfaire transforme, dénature, dévie sa jouissance qui, dès lors, ne se trame que du langage10. Ses objets ne seront jamais les bons et n’apparaissent que comme les gadgets contaminés par la dimension symbolique de l’échange et du don ; ils ne répondent que d’une jouissance dégradée, inutile. «  La jouissance, c’est ce qui ne sert à rien.  »11 Aucun instinct ou programme naturel ne peuvent garantir aux êtres parlants de réponse harmonieuse à la tension de leurs besoins.

Ainsi l’angoisse, qui signale la situation de danger12, n’est dès lors pas liée à une insatisfaction – en tant que la satisfaction ferait défaut –, mais à un défaut dans la satisfaction elle-même  – comme impossible. C’est comme nécessité à la place d’un impossible, qu’est créé le symptôme en tant qu’il est «  signe (anzeichen) et substitut (ersatz) d’une satisfaction qui n’a pas eu lieu  »13. L’inclusion du symptôme dans

le discours analytique témoigne de ce que langage et parole sont appareils de jouissance.

L’interprétation n’opère donc pas en révélant un message, ni en donnant du sens qui est déjà là en excès ; cet en-trop constituant bien souvent le motif d’une demande adressée à l’analyste. Faire gonfler le sens alimente le symptôme et dévitalise la parole14.

L’interprétation comme lecture opère sur la ponctuation et l’équivoque, use de l’homophonie  et vise plutôt à assécher le sens. En le pluralisant, elle s’oppose à la fixation d’un sens univoque. Dans l’expérience analytique, «  il s’agit que bien-dire et savoir lire se transfèrent à l’analysant »15. Une réduction du symptôme s’y opère en délivrant le désir, prisonnier d’un trop de sens. Cette expérience à contresens revitalise la parole.

10 Cette déviation est ce que Jacques-Alain Miller nomme le clinamen de la jouissance

11 Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, p. 11.

12 Les symptômes étant «  créés pour éviter la situation de danger qui est signalée par le développement d’angoisse ». Freud S., Inhibition, Symptôme et Angoisse, PUF Quadrige, p. 43.

13 Freud S., Inhibition, Symptôme et Angoisse, PUF Quadrige, p. 7.14 Michel Leiris, dans Biffures, donne l’exemple de cette dévitalisation quand

l’adulte corrige sa jaculation Reusement, forte d’une joie vive en le reprenant ainsi  : l’on ne dit pas Reusement, mais «  heureusement  ». J-A Miller reprend cet exemple dans son texte L’écrit dans la parole, Les feuillets du Courtil, n° 12.

15 Miller J.-A., « Lire un symptôme », Mental n° 26, p. 50.

Ersatz et AnzeichenAurelien Bomy

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Sinn et BedeutungVincent Lestien

Le symptôme est une réponse. C’est ainsi que Freud, comme Lacan, l’ont conçu. Mais une réponse à quoi, au juste ? C’est la question que je me suis posée en relisant la conférence de Genève sur le symptôme prononcée par Lacan en octobre 1975. Reprenant le cas du petit Hans, Lacan souligne le rôle des érections dans l’apparition de la phobie du jeune garçon. « Si vous relisez de près le cas du petit Hans, vous verrez que ce qui s’y manifeste, c’est que ce qu’il appelle son Wiwimacher […] s’est introduit dans son circuit. En d’autres termes, pour appeler les choses tranquillement par leur nom, il a eu ses premières érections. […]. La jouissance, qui résulte de ce Wiwimacher, lui est étrangère, au point d’être au principe de sa phobie. »16

Freud lui-même avait repéré la chose, mais au père venu lui demander conseil, il avait préféré donner l’orientation des sentiments tendres de l’enfant pour sa mère. Autrement dit, plutôt qu’à la Bedeutung du symptôme, il avait opté pour son Sinn, suivant la distinction faite par Lacan dans ce même texte. « Bedeutung est différent de Sinn, de l’effet de sens, et désigne le rapport au réel. »17

Dans « Lire un symptôme », Jacques-Alain Miller clarifie la distinction en introduisant une certaine chronologie. « La jouissance du symptôme témoigne qu’il y a eu un événement de corps, après lequel la jouissance naturelle entre guillemets, qu’on peut imaginer comme la jouissance naturelle du corps vivant, s’est trouvée troublée et déviée. Cette jouissance n’est pas primaire, mais elle est première par rapport au sens que le sujet lui donne, et qu’il lui donne par son symptôme en tant qu’interprétable. »18 Le Sinn du symptôme est donc le sens que le sujet donne par son symptôme à cette jouissance première rencontrée dans son corps, jouissance qui perdura dans le symptôme et marquera sa Bedeutung. Par conséquent, en un certain sens, la Bedeutung est toujours première par rapport au Sinn.

Si c’est bel et bien à cette rencontre inaugurale avec la jouissance que le symptôme vient faire réponse, l’erreur serait de la tenir, cette jouissance, pour naturelle, pur produit d’un corps-organisme que le signifiant, via le symptôme, viendrait ensuite traiter. Les érections auxquelles le petit Hans a affaire relèvent d’un corps où le langage a déjà apposé sa marque, où des zones dites érogènes ont été circonscrites. Ces érections résultent du «  choc initial du langage sur le corps  »19, selon la formule de J.-A. Miller, et sont une manifestation de « la jouissance qu’il ne faudrait pas », issue de ce choc.16 Lacan J., « La conférence à Genève sur le symptôme », Le Bloc-notes de la psychanalyse, 1985, n° 5, pp. 5-23.17 Ibid.18 Miller J.-A., « Lire un symptôme », Mental, n° 26, juin 2011, p. 56.19 Ibid., p. 58.

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FLASH-CARTELS

«... Je démarre la Cause freudienne - et restaure... l'organe de base repris de la fondation de l'Ecole, soit le cartel,

dont, expérience faite, j'affine la formalisation. »

Jacques Lacan« D’écolage » cours du 11 mars 1980

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