FILIERE COURTE : VOLAILLES FERMIERES · économique de la ferme. A partir d’une approche de...
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FILIERE COURTE :
VOLAILLES FERMIERES
Synthèse des analyses de filières
réalisées en Champagne-Ardenne
Fiches réalisées en Août 2014
A partir de données récoltées en 2013 sur 4 exploitations avicoles de
Champagne-Ardenne commercialisant leur volailles en circuit court
Projet soutenu par :
La méthode développée par l’ARDEAR Champagne-Ardenne permet d’évaluer les coûts des différentes
étapes des filières courtes : de la production à la commercialisation ; elle met en évidence le coût des
différents postes pour chacune des étapes étudiées.
Cette méthode permet :
De comprendre la composition du coût de revient, de mettre en évidence les forces et les
faiblesses d’un système sur les plans économiques et sociaux ;
De comparer les systèmes entre eux ;
De prendre des décisions stratégiques afin d’assurer la pérennité du système sur les plans sociaux
et économiques ;
De travailler sur le choix d’un prix juste à la fois pour le producteur et le consommateur.
Le travail d’analyse de filière se déroule en plusieurs étapes :
Ces analyses individuelles sont valorisées de deux
façons :
Figure 1 : Détail de la méthode d’analyse de
filière - ARDEAR Champagne-Ardenne
Les agriculteurs impliqués dans ce projet sont volontaires.
En général leur implication est liée à un questionnement
précis sur le développement de leur filière courte :
Comment mes heures de travail sont elles rémunérées ?
Mon prix de vente est-il justifié ?
L’analyse du coût de revient se base sur les documents
comptables disponibles : Dans la mesure du possible
plusieurs années comptables sont analysées :
Cela permet de comprendre l’évolution de la ferme,
d’obtenir des données représentatives de la réalité
économique de la ferme.
A partir d’une approche de comptabilité analytique, décrite
plus loin, les coûts de production, de transformation et de
commercialisation sont évalués.
Individuellement avec les agriculteurs :
Réponse à la question initiale de l’agriculteur,
approfondissement des résultats afin de travailler sur
la stratégie de l’atelier en circuits courts et de
l’entreprise dans sa globalité.
Collectivement, dans le cadre de formations avec
pour support les analyses de groupe, présentées
dans ce groupe de fiches. Ces analyses permettent
aux agriculteurs de situer leurs résultats au sein du
groupe.
Ces formations sont aussi l’occasion de discuter des
pratiques de production et des stratégies de
commercialisation des agriculteurs. Elles permettent
de faire émerger des besoins collectifs en matière
d’accompagnement, de formation ou encore des
projets collectifs.
Fiche 1 : ANALYSE DE FILIERE COURTE : Eléments de méthodologie
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Détail de la méthode de comptabilité analytique :
La comptabilité analytique permet de calculer les coûts de revient d’une entreprise ainsi que les
rentabilités partielles (d’un produit fabriqué ou vendu). C’est un outil de gestion de l’entreprise et d’aide
à la décision.
Dans les charges incorporables2 d’une entreprise, on distingue deux types de charges :
Les charges directes : charges spécifiques d’une destination : Produit ou Centre de l’entreprise, toute la
charge est affectée à ce produit ou à ce centre.
Par exemple : Alimentation poulets : Centre = Elevage // Produit = Volaille
Plants de tomates : Centre = Production // Produit = Maraîchage
Les charges indirectes : charges non spécifiques à un Centre ou à un Poste, elles vont donc être
affectés aux différents centres de dépenses, selon une clé de répartition.
Par exemple : Carburant : Il est utilisé pour le travail des champs, la vente des produits, etc.
Afin de mesurer l’activité des différents centres et de calculer leur coût unitaire une unité d’œuvre est
choisie.
Par exemple : Pour le coût de revient des volailles : 1 volaille commercialisée
Afin de calculer le coût de revient d’un produit, les charges des différents centres sont imputés aux
différents produits, grâce à des clés de répartition comme le chiffre d’affaires, les quantités
transformées, le temps de travail ou par des discussions aves les agriculteurs.
Figure 2 : Répartition des charges directes et indirectes vers les Centres et imputation vers les Produits (P)
Autres points clés de la méthode :
La main d’œuvre familiale n’est pas prise en compte, aussi la différence entre coût de revient et prix de vente
doit permettre de rémunérer les UTAF3.
Les amortissements4 des outils de production sont pris en compte dans l’analyse des coûts par une charge
identifiée : les dotations aux amortissements. Ils ne représentent pas une charge réelle mais plutôt une réserve
d’investissements.
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1 www.agriculturepaysanne.org
2 Les charges incorporables sont les charges prises en comptes pour le calcul d’un coût : Les charges
exceptionnelles ne sont pas prises en compte 3 UTAF : Unité de Travail Annuel Familial (à différencier du travail salarié)
4 Amortissements : Les dotations aux amortissements sont des écritures comptables, qui permettent aux
sociétés de traduire dans leurs comptes, l'usure des différents actifs de la société.
Des stratégies variées : Spécialisation ou diversification
Figure 1 : Trajectoires des fermes enquêtées
Dans les 4 exploitations faisant partie de l’enquête, l’atelier volailles fermières a une place plus ou moins
importante, ces choix s’expliquent souvent par l’histoire de l’exploitation : les exploitations céréalières plus
anciennes ont fait le choix de se diversifier de manière plus ou moins importante (Système 2, 3 & 4), du fait d’une
volonté de créer des emplois supplémentaires ou de répondre à la demande d’un nouveau PVC. Au contraire le
Système 1 créé en 2006 a fait le choix d’une spécialisation, du fait de l’investissement nécessaire plus limité mais
aussi de la création d’un PVC à proximité.
Les 4 exploitations maîtrisent l’intégralité de leur filière, de la production à la commercialisation des animaux.
Cette maîtrise de l’ensemble des étapes engendre un travail important à la fois sur les aspects techniques de la
production de volaille, mais également sur les aspects de gestion économique et de structuration des filières.
Des circuits courts locaux ?
Les 4 systèmes étudiés commercialisent l’intégralité
de leur production de volailles fermières en circuits
courts. C'est-à-dire que la commercialisation
s’effectue soit en direct soit à l’aide d’au plus un
intermédiaire.
Les modalités de vente peuvent être variées dans les
circuits courts :
Vente à la ferme, marchés de producteurs ou de
plein vent, AMAP, point de vente collectif,
épiceries, restauration collective ou restaurants
Dans le cas des systèmes étudiés, les stratégies sont
variables et seront détaillées par la suite.
Cependant une question se pose : S’agit-il de
circuits courts de proximité ?
La définition des circuits courts locaux correspond à la
distance entre le lieu de production et le lieu de
commercialisation. Les 4 systèmes commercialisent
leurs volailles au plus à 75 km de leur lieu de
productionn aussi il peuvent être qualifiés de locaux.
Néanmoins, il est intéressant de prendre également
en compte les aspects d’approvisionnement en
animaux et en matières premières nécessaires à
l’élevage et à la transformation des volailles.
Dans la mesure du possible, les éleveurs privilégient
un approvisionnement local. Néanmoins aucun des
système n’achète ses poussins dans la région et les
aliments complémentaires donnés aux animaux sont
achetés auprès de coopératives situées dans d’autres
régions françaises.
Ces différents éléments mettent en évidence la
difficultés pour les éleveurs engagés dans une
démarche de circuits courts de s’approvisionner
en intrants de qualité à proximité de leurs
élevages.
Fiche 2 : Place de l’atelier volaille et stratégie des fermes
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Description des systèmes de production
Les 4 élevage se retouvent sur un système de production extensif, les volailles sont élevées en plein air, sur un
cycle long permettant une croissance lente des animaux. Deux des exploitations produisent sous certification
Agriculture Biologique (AB). Ces méthodes de production permettent d’obtenir des produits de qualité, appréciés des
consommateurs.Les quatre exploitations agricoles enquêtés dans cette étude divergent dans leur système de
production et dans les choix réalisés par les producteurs.
Figure 1 : Présentation des méthodes de production
Des différences existent entre les systèmes de production :
Le type de volaille élevée et la taille du cheptel :
La production principale est le poulet, le choix de
productions complémentaires est fait comme la pintade, la
dinde, le chapon ou le canard. Par ailleurs la taille du
cheptel est variable : de 1 400 à 10 000 volailles, il
dépend de l’orientation des fermes.
L’âge d’achat des volailles et la ration :
Pour les systèmes AB, l’achat des volailles ne peut se
faire qu’à l’âge de 1 jour, cela implique une bonne gestion
des poussins, plus fragiles. Au contraire les systèmes
conventionnels sont plus libres, le système 2 n’ayant pas
accès au chauffage, l’élevage de poussins n’est pas
possible, aussi le choix a été fait d’acheter des poulets de
6 semaines. La ration des volailles est composée de
céréales et d’un aliment complémentaire adatpé aux
besoins des animaux.
L’âge d’abattage :
Il est le plus souvent choisi en fonction de la demande
des clients, qui recherchent des volailles plus ou moins
grosses selon leur besoin. Ainsi, les fermes ont souvent
des abattages plus ou moins précoces afin d’obtenir une
diversité dans le poids des volailles.
Le temps de travail
Les tâches sont les mêmes dans les différents
exploitatoins :
La préparation de l’aliment : Environ 2 heures
par semaine.
L’alimentation et le soin aux animaux: Entre 8
heures et 24 heures par semaine
Le nettoyage et l’entretien des poulaillers :
Entre 1h30 et 3 heures par semaine
Les grandes variations dans le temps de travail
dépendent de :
La taile du cheptel, en effet le S1 alloue
environ 30 heures de travail par semaine sur
l’élevage,
L’âge des animaux : Le S2 n’a pas besoin
d’une surveillance quotidienne des animaux,
le temps de travail est estimé à 13heures par
semaine
Les systèmes S3 et S4 sont intermédiaires, ayant
des petits cheptels, demandant une surveillance
accrue le temps de travail se situe aux alentours
de 20 heures par semaine.
Système 1 Système 2 Système 3 Système 4
Orientation Spécialisation volailles
fermières
Céréales + volailles
fermières
Céréales + volailles
fermières
Polyculture –
polyélevage
Type d’élevage Plein air Plein air Plein air – certifié AB Plein air – certifié AB
Volailles élevées Poulets, pintades, dindes,
chapons Poulets, pintades Poulets, pintades
Poulets, pintades,
canards
Nombre de
volailles élevées 9 500 volailles 3 700 volailles 3 450 volailles 1 395 volailles
Bâtiments et parcs
570 m² de bâtiments
mobiles, paillés, chauffés
1,77 ha de parcs
500 m² de bâtiments
fixes, paillés
2 500 m² de parcs
240 m² de bâtiments
mobiles, paillés, chauffés
1,2 ha de parcs
157 m² de bâtiments
autoconstruits, paillés,
chauffés
1 500 m² de parcs
Age d’achat des
animaux 1 jour à 4 semaines 6 semaines 1 jour 1 jour
Ration
11 kg de céréales (95%
blé + 5% avoine),
2,2 kg d'aliment
complémentaire
10 kg de céréales et
protéagineux (blé,
maïs, pois, orge),
1,9 kg d'aliment
complémentaire
7,5 kg de céréales et
protéagineux (blé, triticale,
maïs, pois, colza), 4 kg
d'aliment complémentaire
1 kg d'aliment de
démarrage, 7 kg de
céréales et
protéagineux (30% soja-
colza + 70% céréales)
Poids vif moyen à
l’abattage 3,75 kg 2,85 kg 3,80 kg 3,16 kg
Age d’abattage 16 à 20 semaines 13 à 15 semaines 14 à 18 semaines 16 semaines
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Fiche 3.1 : Système de production des ateliers volailles fermières
en circuits courts
Point méthodologique
L’évaluation du coût de production des volailles a été réalisée selon la méthode présentée dans la Fiche 1. Les charges
des fermes ont tout d’abord été ventilées sur différents postes, dans le cas du coût de production, le poste considéré est
celui de l’élevage. Dans un second temps les centres auxiliaires (Entretien et Administration) ont été répartis sur les
autres centres dont celui de l’élevage. Le coût de production a été rapporté à la volaille commercialisée, et non pas à
l’animal élevé, afin de prendre en compte les pertes d’élevage (les pertes d’élevage sont en majorité liées aux maladies et
aux nuisibles).
L’impact des stratégies d’élevage sur les charges directes
Figure 1 : Charges directes d’élevage
Des charges indirectes variables
Figure 2 : Charges indirectes d’élevage
Tableau 1 : Coût de l’élevage de volailles
1CERD, 2013, Références Circuits Courts
0,87 € 0,78 € 1,04 € 0,58 €
0,74 €
1,56 €
0,95 € 0,67 € 2,09 €
1,73 €
0,09 €
1,91 € 0,39 €
4,90 €
1,82 €
3,62 €
3,06 €
- €
1,00 €
2,00 €
3,00 €
4,00 €
5,00 €
S1 S2 S3 S4
Energies et transports Salaires
Autres charges indirectes Dotations aux amortissements
S1 S2 S3 S4
Coût de
l’elevage/
volaille
12,41 € 9,45 € 12,20 € 8,52 €
Cette figure présente les charges directes par
animal commercialisé pour chacun des système
étudié.
Le coût de l’achat des animaux et le coût des
aliment sont dépendants de l’âge d’achat de
l’animal. Au plus l’animal est acheté jeune au plus le
coût de l’alimentation est élevé.
Les deux systèmes conventionnels ont trouvé un
équilibre entre aliment et animaux et les charges
directes se situent autour de 7,55€/animal
commercialisé.
Au contraire il existe une grande différence entre le
S3 et le S4 qui porte sur le coût de l’aliment, cela
s’explique par les pertes importantes du S3 l’anneé
étudiée mais aussi et surtout par une possible sous-
évaluation des coûts du S4.
Fiche 3.2 : Coût de production des ateliers volailles fermières en circuits courts
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2,87 € 4,07 €
1,50 € 1,25 €
4,39 € 3,30 €
7,08 €
4,21 €
0,25 € 0,26 € 7,51 € 7,63 €
8,58 €
5,46 €
- €
2,00 €
4,00 €
6,00 €
8,00 €
10,00 €
S1 S2 S3 S4
Achat animaux Aliment Frais vétérinaires
Cette figure présente les charges indirectes par
animal commercialisé pour chacun des système
étudié.
Le coût de l’énergie est notamment lié au choix de
chauffer les batiments mais aussi au déplacement
des poulaillers, à l’eau nécessaire aux volailles et
au nettoyage.
Par ailleurs, dès lors que des salariés sont sollicités
sur les aspects élevage, les charges fixes
augmentent (S1).
Enfin, les dotations aux amortissements sont très
variables selon les fermes, ce qui est lié aux choix
d’investissement fait par les éleveurs et à
l’ancienneté de l’activité. Hors amortissements, les
charges indirectes oscillent entre 1,00 € et 4,00 €.
Finalement le coût de production d’une
volaille fermière varie entre 8,50€ et 12,50€.
A l’échelle nationale les Références Circuits
Courts1 établissent le coût de production
des volailles autour de 7,25€/volaille.
Les modalités d’abattage, de transformation et de commercialisation des volailles
fermières
Les systèmes, bien que proches en termes de
méthode de production, ont des stratégies souvent
différentes en ce qui concerne l’aval de la filière. En
effet, les pratiques d’abattage, de transformation et
de commercialisation sont souvent plus
dépendantes de l’environnement socio-économique
de la ferme. Néanmoins, l’abattage et la
transformation sont réalisés sous la maîtrise de
l’éleveur.
Les facteurs influençant les choix des éleveurs sont :
La proximité de lieu d’abattage ou de tuerie
La possibilité ou non de mutualiser les outils
d’abattage et de commercialisation
La proximité de circuits de commercialisation
plus ou moins structurés
Le nombre de volailles commercialisées
Tableau 1 : Présentation des modalités de transformation et de commercialisation
Le S1, associé dans un magasin de producteurs
profite de la mise à disposition de l’outil d’abattage, de
transformation et de commercialisation contre une
cotisation. Cela lui permet d’écouler l’ensemble de sa
production dans un seul point de vente. L’activité est
d’ailleurs en croissance depuis la création de la ferme.
Le S2, également associé dans un magasin de
producteurs, doit néanmoins faire abattre ses volailles
par un prestataire de service. Cependant tout comme
pour le S1, l’intégralité de la production est écoulé via un
unique point de vente, ce qui permet de limiter le temps
de travail alloué à la vente et les charges qui y sont liées.
Les S3 et S4 n’ont pas accès à des outils collectifs pour l’abattage, la transformation ou la commercialisation, aussi
les éleveurs ont fait des choix différents. Le S3 pratique également la prestation de service pour abattre ses volailles et la
commercialisation est réalisée en multipliant les circuits, l’exploitation étant assez isolée, les déplacements sont fréquents
et indispensables pour écouler la production. Le S4 a fait le choix d’investir dans une tuerie à la ferme et de se faire
appuyer par un salarié et un prestataire de service pour les aspects abattage et transformation. La production de volaille
encore limitée peut-être écouler en vente directe à la ferme ou par des livraisons à proximité de la ferme.
Distance et temps de travail
Deux autres points capitaux portent sur les
distances entre les outils de transformation, les
circuits de commercialisation et la ferme, ainsi
que le temps de travail nécessaire aux
différentes tâches. Ce sont des données qui
impacteront le coût de revient des volailles
fermières. Par ailleurs le temps de travail alloué
aux différentes tâches doit également être pris
en compte dans la fixation d’un prix de vente
acceptable.
Système 1 Système 2 Système 3 Système 4
Orientation Spécialisation volailles
fermières
Céréales +
volailles fermières
Céréales + volailles
fermières
Polyculture –
polyélevage
Lieu d’abattage
Magasin de producteurs
Tuerie mise à disposition
contre cotisation
Prestation de
service
Abattoir CE
Prestation de service
Abattoir CE Tuerie à la ferme
Main d’oeuvre
Eleveur
Appui d’un salarié à
temps partiel
Transport par le
salarié Transport par l’éleveur
Eleveur
Appui d’un salarié
prestataire de service
Nombre de
volailles vendues 7 800 3 500 2 700 1 300
Poids moyen
carcasse 2,57 kg 1,99 kg 2,19 kg 2,27 kg
Circuits de vente Magasin de producteurs
Associé
Magasin de
producteurs
Associé
Marchés de plein vent,
AMAP, Epicerie, Point
de vente collectif
A la ferme,
Livraison
S1 S2 S3 S4
Vente
volailles/semaine 150 70 70 25
Abattage/
Transformation
Distance/semaine 16 km 34 km 200 km 0 km
Temps de
travail/semaine 20 h 10 h 22 h 6 h
Commercialisation
Distance/semaine 0 km 28 km 400 km 32 km
Temps de
travail/semaine 5 h 1 h 15h30 2 h
Fiche 4.1 : Systèmes de transformation et de commercialisation
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Point méthodologique
L’évaluation du coût de transformation et de commercialisaion des volailles a été réalisé selon la méthode présentée dans
la Fiche 1. Les charges des fermes ont tout d’abord été ventilées sur différents centres, dans ce cas, les centres considérés
sont ceux de la transformation et la commercialisation. Dans un second temps les centres auxiliaires (Entretien et
Administration) ont été répartis sur les autres centres.
Ces coûts ont été rapportés à l’animal commercialisé, et non pas au kg de carcasse, les données étant peu fiables et non
exploitables.
Le coût d’abattage et de transformation
S1 S2 S3 S4
Charges de personnel 1,49 € 1,67 € - € 0,79 €
Prestations de service et locations
- € 2,18 € 2,82 € 0,20 €
Energies et transports 0,02 € - € 1,01 € 0,15 €
Cotisation utilisation de la tuerie 0,67 € - € - € - €
Dotations aux amortissements - € - € - € 0,39 €
Abattage 2,18 € 3,85 € 3,83 € 1,53 €
Tableau 1 : Coût de transformation par volaille commercialisée
Les coûts de transformation diffèrent en fonction des facteurs suivants :
La main d’œuvre ou la prestation de service pour l’abattage et la transformation: en fonction des
systèmes cette charge représente de 64% à 100% du coût d’abattage et de transformation
La distance au lieu d’abattage : Notamment dans le S3, l’eleveur doit effectuer deux aller-retour à
chaque abattage, ce qui impacte largement le coût d’abattage et de transformation
Le choix d’investissement dans une tuerie : Cela implique des charges en énergie mais aussi des
dotations aux amortissements. Néanmoins le S4, qui a fait le choix d’investir dans une tuerie réussi à
limiter son coût d’abattage et de commercialisation.
Le coût de commercialisation : L’impact de la multiplication des circuits
S1 S2 S3 S4
Cotisation magasin de vente 2,30 € - € - € - €
Dotations aux amortissements - € - € 1,75 € 0,63 €
Essence - € - € 1,93 € 0,03 €
Autres - € - € 0,38 € 0,03 €
Commercialisation 2,30 € - € 4,06 € 0,69 €
Tableau 2 : Coût de commercialisation par volaille commercialisée
Les coûts de commercialisation sont variables et dépendent de :
La distance parcourue pour la commercialisation : Afin d’écouler sa production, le S3 est le système qui
a développé le plus de circuits de vente et parcourt le plus de kilomètres. Au contraire les S1 et S2 ont
un unique point de vente, ce qui permet de limiter le temps de travail et les déplacements. Les S3 et S4,
qui commercialisent encore de petites quantités cherchent à développer un ou plusieurs circuits de
vente stables et conséquents afin de réduire les coûts.
Le chargement du véhicule de vente : De la même façon le faible chargement du véhicule du S3
implique des charges élevées en termes de commercialisation par volaille
Les modalités de mutualisation des outils de vente : Le S1 doit s’acquitter d’une cotisation pour utiliser
le point de vente, ce coût d’utilisation des locaux est le même pour tous les associés.
Fiche 4.2 : Coût de transformation et de commercialisation des ateliers
volailles fermières
en circuits courts
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Figure 1 : Coût de revient des volailles fermières en circuits courts
Un chiffre d’affaires élevé par rapport aux moyennes nationales
Figure 2 : Chiffre d’affaires et marges des différents systèmes
12,41 € 9,45 €
12,20 €
8,52 €
2,18 €
3,85 €
3,83 €
1,53 €
2,30 € 4,06 €
0,69 €
16,89 €
13,30 €
20,09 €
10,74 €
- €
5,00 €
10,00 €
15,00 €
20,00 €
S1 S2 S3 S4 Coût de production Coût d'abattage/transformation
Cotisation magasin de vente Coût de commercialisation
17,63 €
0,74 € 2,47 €
15,74 €
2,44 € 2,53 €
21,73 €
1,64 € 3,93 €
12,82 €
2,08 € 2,89 €
- €
5,00 €
10,00 €
15,00 €
20,00 €
25,00 €
Chiffre d'affaires/volaille Marge avec amo. Marge hors amo.
S1 S2 S3 S4
Fiche 5 : Rentabilité des ateliers volailles fermières en circuits courts
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370 €
773 €
249 €
Le chiffre d’affaires moyen par animal se situe
autour de 17,00 €, c’est un chiffre élevé au regard
des résultats présentés dans les Références Circuits
Courts qui est de 13,00 € pour l’ensemble des
ateliers volailles en circuits courts.
Les S1 et S2 valorisent leurs volailles en mettant en
avant les aspects de production fermière ou
biologique, par ailleurs la relation directe avec le
client de ces deux systèmes permet certainement
aux éleveurs d’expliquer ce prix plus élevé, il est ainsi
plus facilement accepté par les consommateurs. Au
contraire le S3 pratique un prix très faible par rapport
aux autres systèmes, ces prix sont en augmentation,
mais l’éleveurs les estiments suffisant pour
rentabiliser son activité et rémunérer la main d’œuvre
à un prix juste.
Finalement, le coût de revient par animal
est très variable selon les systèmes.
Il est important de souligner que les
animaux produits ne font pas tous le
même poids. A titre indicatif le poids
carcasse moyen des différents systèmes :
S1 : 2,57 kg S2 : 1,99 kg
S3 : 2,19 kg S4 : 2,27 kg
Par ailleurs, le coût de revient prend en
compte les dotations aux amortissements
qui n’ont pas la même importance dans
les différents systèmes.
Enfin ce travail ne prend pas en compte le
travail des agriculteurs, aussi la marge
réalisée devra permettre de rémunérer le
travail des exploitants à sa juste valeur.
Ce chiffre d’affaires par volaille ne prend pas en
compte les subventions auxquelles ont droit les
éleveurs : Aide au maintien en Bio, Zone natura
2000, bien que celles-ci soient limitées dans le cas
des ateliers avicoles.
Finalement la marge moyenne par volaille est
de 1,73€ et elle monte à 2,96€ si les dotations
aux amortissements ne sont pas prises en
compte.
Il est important de souligner que tous les ateliers
évalués ont des résultats positifs.
Les dotations aux amortissements qui sont des
écritures comptables grèvent les résultats des
systèmes S1 et S3. Ces amortissements
diminueront à l’avenir, ce qui permettra à ces
systèmes de dégager une marge plus importante.
La rémunération de la main d’oeuvre
Les marges de l’atelier volaille doivent permettre de rémunérer la main s’œuvre familiale sollicitée dans le cadre
de l’atelier volaille fermière.
Tableau 1 : Evaluation de la rémunération de la main d’oeuvre
La rémunération de la main d’œuvre est limitée hormis pour le S2 qui a remboursé ses investissements et dont
la marge est plus importante que les autres systèmes du fait d’un coût de production faible (achat d’animaux à 6
semaines), et de l’absence de coût de commercilaisation (magasin de producteurs).
Par ailleurs la taille du cheptel influe sur le temps de travail par volaille et ainsi sur la rémunération de la main
d’œuvre. En effet, le S1 commercialise environ 8 000 volailles et le temps de travail et quasiment le même que
pour le S3 qui en commercialise plus de deux fois moins.
Néanmoins, les autres systèmes ont encore de réelles marges de manœuvre quand à la rémunération de la
main d’œuvre familiale qui est nettement limitée par les dotations aux amortissements liés à des
investissements plus récents.
Des pistes d’améliorations
Cette première analyse menée par l’ARDEAR Champagne-Ardenne permet de mettre en évidence des points
clés de la rentabilité d’une activité de production de volailles fermières et de commercialisation en circuits
courts :
La commercialisation : Facteur souvent limitant
La commercialisation de la production est souvent le facteur limitant dans le dévoppement de l’atelier volaille
en circuits courts, en effet l’écoulement de la totalité de la prodution est indispensable à la rentabilité de
l’atelier. Les stratégies commerciales dépendent largement de l’environnement socio-économique des
fermes. Il semble indispensable de développer un à deux circuits principaux, à proximité des centres urbains
afin d’écouler une majorité de la production et limiter les déplacements. Cette étude a également mis en
évidence l’intérêt des points de vente collectifs, identifiés par les clients et permettant aux agriculeurs de
mutualiser les coûts.
La production de volailles : L’importance de la taille du cheptel
Les charges indirectes par volaille peuvent diminuer avec l’augmentation du cheptel. Il s’agit d’économies
d’échelles réalisables sur des charges telles que les salaires, les assurances, les dotations aux
amortissements.
Les autres points clés sont la limitation des pertes liées aux nuisibles par la mise en place de filets, de
clôtures électriques ou la fermeture des poulaillers la nuit. Un travail technique sur l’alimentation des volailles
est également nécessaire en particulier sur la composition de la ration et les modalités d’administration afin
d’améliorer le taux de conversion alimentaire des animaux.
La transformation des volailles : L’investissement ou la prestation de service ?
L’abattage et la transformation des volailles est une charge importante pour les éleveurs tant au niveau du
coût que du temps de travail. Il est important de bien réfléchir sa stratégie en prenant en compte ces deux
aspects. En effet la prestation de service si elle est plus couteuse permet de limiter le temps de travail
des éleveurs. Le choix d’investir est au contraire intéressant d’un point de vue économique mais
aussi dans la mesure ou l’éleveur devient totalement indépendant des contraintes du prestataire.
Une autre solution est celle de la création d’outils collectifs, cependant ce système n’est pas applicable
dans tous les cas et est largement dépendant de la constitution de groupes d’agriculteurs prêts à mutualiser
leurs outils.
S1 S2 S3 S4
Marge par volaille 0,74 € 2,44 € 1,64 € 2,08 €
Nombre de volailles
vendues 7 800 3 500 2 700 1 300
Temps de travail
annuel 2400 1000 2125 750
Rémunération de la
main d’oeuvre 2,41 € 8,54 € 2,08 € 3,61 €
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