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Fiche no 2 : Mise en voix d’un poème

Nom :

Prénom :

Classe :

Date :

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Titre de l’œuvre : Tristan et Iseut

Nom de l’auteur : d’après l’adaptation de la légende par Joseph Bédier

Date : XIIIe siècle

Marie de France, « Le Chèvrefeuille », v. 1170

J’ai l’intention et il me plaît beaucoup de vous dire l’histoire vraie du lai qu’on appelle Le

Chèvrefeuille, comment il fut composé, son sujet et son origine. Plusieurs m’ont raconté, et je l’ai trouvée écrite dans un livre, l’histoire du Tristan et de la reine, de leur amour qui fut si parfait et qui fut pour eux la cause de tant de souffrances dont ils moururent le même jour.

Le roi Marc était plein de colère et d’indignation contre Tristan, son neveu. Il le bannit de sa terre à cause de son amour pour la reine. Tristan regagna son pays, le Sud du pays de Galles, où il était né. Il y demeura un an entier, avec l’interdiction de revenir. Dès lors il s’exposa aux pires dangers et à la mort. Ne vous étonnez pas, car qui aime loyalement est plongé dans la douleur et l’anxiété, quand ses désirs ne sont pas satisfaits.

Tristan était sombre et pensif ; aussi quitta-t-il son pays et se rendit-il tout droit en Cornouailles où demeurait la reine. Il s’engagea tout seul dans la forêt, désirant échapper à tous les regards. Il en sortait le soir, quand venait le moment de trouver un abri. Il passait la nuit sous le toit des paysans, des pauvres gens, il leur demandait des nouvelles du roi, de ses faits et gestes. Ils lui dirent que les barons, à ce qu’ils avaient appris, étaient convoqués par un ban et devaient se rendre à Tintagel : le roi désirait tenir sa cour, ils y seraient tous à la Pentecôte, il y aurait liesse et réjouissances et la reine accompagnerait le roi.

À cette nouvelle, Tristan est rempli de joie : la reine ne s’y rendra pas sans qu’il la voie passer. Le jour où le roi se met en route, Tristan revient dans la forêt, sur le chemin où il sait que doit passer le cortège. Il coupe par le milieu une branche de coudrier, il l’équarrit et quand il a préparé le bâton de son couteau, il y grave son nom : si la reine le remarque – et elle était attentive à ce genre de signal, plusieurs fois elle y avait prêté attention –, elle reconnaîtra facilement le bâton de son amant, quand elle le verra. Tout ce que disait le message de Tristan tenait en ceci : depuis longtemps il ne quittait pas ces lieux, il attendait, épiant et cherchant le moyen de la voir, car il ne pouvait pas vivre sans elle. Il en était d’eux comme du chèvrefeuille qui s’attache au coudrier : quand une fois il s’y est attaché et enlacé et qu’il s’est enroulé autour de la tige, ils peuvent vivre longtemps ensemble ; mais si l’on veut les séparer, le coudrier meurt bien vite, et le chèvrefeuille aussi. « Belle amie, ainsi en est-il de nous : ni vous sans moi, ni moi sans vous. »

La reine allait à cheval, elle regarda le chemin en pente, elle aperçut et vit bien le bâton et distingua toutes les lettres. Elle ordonna aux chevaliers qui la conduisaient et qui cheminaient avec elle de s’arrêter : elle voulait descendre de cheval et se reposer. Ils obéirent à ses ordres. Elle s’éloigna alors de sa suite, appela sa servante, Brangien, qui lui était particulièrement dévouée ; elle se mit un peu à l’écart du chemin et retrouva dans la forêt celui qu’elle aimait plus que tout au monde. Tous deux se laissèrent aller à la joie. Il lui parla tout à loisir et elle lui ouvrit sans détours son cœur. Puis elle lui indiqua comment se réconcilier avec le roi et combien elle avait eu de la peine, quand le roi l’avait congédié : il l’avait fait à la suite d’une accusation.

Alors elle le quitta, laissant là son ami ; mais au moment de la séparation, ils ne purent retenir leurs larmes. Tristan s’en retourna en Galles et y resta jusqu’à ce que son oncle le rappelât.

Pour la joie qu’il avait eue de revoir son amie et pour garder le souvenir de son message dans les termes où la reine l’avait lu, Tristan, le bon harpeur, en fit un nouveau lai. Je le nommerai d’un

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mot : Gotelef l’appellent les Anglais, les Français lui donnent le nom de Chèvrefeuille. Je vous ai dit la véritable histoire du lai que je vous ai ici conté.

Marie de France, « Le Chèvrefeuille » dans Lais, GF-Flammarion, 1994, p. 275-279.

Consignes

– Lisez deux fois ce lai.

– Apprenez à l’aimer : quel vers préférez-vous ?

– Entraînez-vous à le lire à voix haute. Surveillez l’articulation, le volume sonore, le

rythme, l’intonation.

– Le jour de l’évaluation : lisez lentement le poème, en levant régulièrement les yeux

vers la classe. Mettez-vous dans la peau d’un troubadour !

Proposition de barème

Pour réussir l’exercice, veillez à suivre les critères ci-dessous, qui serviront de support

à l’évaluation.

Décoder Lire ce qui est écrit, ne pas modifier le texte de départ. 3 points

Articuler Prononcer très clairement chaque son, ne pas « manger »

les mots.

2 points

Volume On ne lit pas pour soi, on lit pour tous. 2 points

Vitesse,

rythme

Il faut trouver le bon rythme : ni trop rapide, ni trop lent ;

faire des pauses.

2 points

Ponctuation Elle donne beaucoup d’indication : sur les sentiments, les

pauses à faire, le rythme…

2 points

Respecter

les groupes

de mots

Certains mots ne peuvent pas être dissociés les uns des

autres. On ne peut pas dire : « Il était [pause] une fois. »

3 points

Mise en

avant

du sens

du texte

Le texte lu est compris et l’intérêt du passage (sens,

atmosphère, ce qu’il est important de savoir) est mis en

avant.

6 points