Fiche d’information

Abolition de la vente de bouteilles d’eau

La consommation d’eau embouteillée est en constante croissance. Alors que la totalité des bouteilles d’eau consommées au Québec en 1992 était de 70 millions, celle-ci a bondi à 775 millions en 2002 pour atteindre 1 milliard en 2005. Cette même année, un québécois ou une québécoise consommait en moyenne 624 contenants de boissons par année, dont 102 bouteilles d’eau. Selon une estimation du taux de croissance, cette consommation aurait augmentée à un peu plus de 120 bouteilles d’eau par personne par année en 2010.

Les réticences quant à la qualité de l’eau de robinet ne sont pas justifiées étant donné la réglementation stricte

Contexte: impact environnemental et taux de récupération

L’eau est une ressource gratuite, accessible et à moindre impact environnemental. Or, le portrait de la consommation d’eau embouteillée est bien différent : pour produire un litre d’eau, il faut en utiliser trois litres, en plus d’un quart à un demi-litre de pétrole, principalement pour la production de l’emballage. Des émissions de gaz à effet de serre sont également liées au transport des bouteilles d’eau.

encadrant l’eau potable. À ce sujet, les plus récentes analyses réalisées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) démontrent que les municipalités offrent une eau potable de très bonne qualité.

Dans les établissements scolaires du Québec, le plastique est généralement au 2e rang des matières recyclables consommées après le papier et le carton. Il est princi-palement lié au volet alimentaire, et est constitué de contenants et d’emballages.

Selon les données disponibles, le taux de récupération du plastique serait relativement faible. Des études sur le terrain réalisées au sein d’établissements collégiaux en 2011 et 2013 estimaient un taux de récupération du plastique variant de 16 à 33%. Ces performances sont bien en deçà de l’objectif découlant de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles de recycler 70% du plastique.

Selon la plus récente analyse québécoise de la performance de la récupération dans le secteur résidentiel, le taux de récupération du plastique atteignait 41%, et s’élevait à 63% pour les contenants de boisson en plastique. Ces informations gagneraient toutefois à être mises à jour puisque la situation est en constante évolution.

En résumé:

* L’eau potable au Québec est de bonne qualité.

* La production d’eau embouteillée a un impact environne-mental significatif.

* Selon les données disponibles, on constate que le taux de récupération du plastique est relativement faible dans les établissements scolaires.

Plusieurs établissements ont pris le parti d’abolir la vente de bouteilles d’eau sur leur campus. C’est notamment le cas de l’Université de Bishop’s (2010), de l’Université de Sherbrooke (2011), de l’Université de Montréal (2013) et de l’Université Queens en Ontario (2012). Une analyse des campagnes de ces quatre universités met en relief plusieurs points en commun entre ces différentes démarches.

Rôle central des étudiants et des étudiantes : dans la majorité des cas, la demande de mettre fin à la vente de bouteilles d’eau provenait du milieu étudiant. À l’Université Bishop’s, un référendum a été tenu auprès de la communauté étudiante. C’est 75% de la population étudiante qui s’est prononcée en faveur de l’interdiction de la vente d’eau embouteillée sur le campus.

Comité de mise en oeuvre : les comités de mise en œuvre du bannissement incluent les associations étudiantes, l’administration et les fournisseurs de services alimentaires.

Quelques exemples

1 À l’Université de Sherbrooke, seules les bouteilles d’eau en format individuel sont bannies. De plus, des bouteilles d’eau en petit format sont encore disponibles lors de grands rassemblements au Centre culturel ou au Stade extérieur de l’Université.

Disponibilité de l’eau sur le campus : le bannissement a été précédé d’une campagne de modernisation des fontaines d’eau, incluant leur mise à niveau et l’ajout de becs verseurs pour les gourdes. Les universités ont généralement tendance à accompagner cette mesure d’une analyse fréquente de la qualité de l’eau potable.

Contrat d’exclusivité : la négociation du contrat d’exclusivité avec le fournisseur de service est incontournable puisqu’une clause concer-nant le retrait de la vente de bouteilles d’eau doit y être intégrée.

À l’Université de Sherbrooke, la mise en œuvre du bannissement a été retardé d’abord en raison des contrats avec Pepsi et Coca-Cola, qui devaient venir à échéance pour qu’une clause soit inclue à cet effet lors de la renégociation.

Alternatives proposées:

* Afin de réduire la consommation d’eau embou-teillée, l’Université Laval a pris le parti de remplacer les bouteilles d’eau des machines distributrices par des gourdes.

* Dans le cadre d’événements extérieurs, certains organismes et entreprises offrent la possibilité de louer des machines distributrices d’eau potable. À Sherbrooke, Festival et événements verts de l’Estrie (FEVE) louent de tels équipements aux organisateurs d’événements.

L’Université Queen’s a échelonné les démarches de bannissement sur plusieurs années, notamment en retirant des machines distributrices de bouteilles d’eau de petit format et les publicités faisant la promotion de l’eau embouteillée. La mise en œuvre a eu lieu à la suite du renouvellement de l’entente du fournisseur de machines distributrices.

Campagnes de sensibilisation : la sensibilisation est incontournable pour assurer le succès du retrait de la vente de bouteilles d’eau sur les campus. La communauté étudiante généralement la mieux positionnée pour réaliser des campagnes de sensibilisation, car elle est plus écoutée par ses pairs.

Depuis 2009 à Queen’s University, la semaine d’accueil est sans bouteilles d’eau et des bouteilles réutilisables sont offertes aux nouveaux étudiants et aux nouvelles étudi-antes. La sensibilisation « un à un » demeure le moyen le plus efficace pour expliquer la démarche.

À l’Université de Montréal, les fontaines d’eau potable ont été mises en valeur grâce à une campagne d’« habillage ».

Quels sont les facteurs contribuant au succès de la mise en place de l’abolition des bouteilles d’eau sur un campus universitaire?

* Proposer des alternatives à l’eau embouteillée, notamment en s’assurant que des fontaines d’eau en quantité suffisante soient disponibles partout sur le campus et que celles-ci soient adaptées au remplis-sage de bouteilles d’eau réutilisables.

* Avant la mise en œuvre de l’abolition des bouteilles d’eau, avoir réalisé plusieurs démarches de sensibili-sation pour s’assurer que toutes les parties prenantes de l’université soient informées des motifs du retrait, de l’impact environnemental de la consommation d’eau embouteillée et des alternatives disponibles.

* Tenir compte du moment de renouvellement de l’entente avec les fournisseurs de boissons afin d’intégrer une clause dans le nouveau contrat à cet effet.

Facteur de succès

* Dans les institutions où de nombreux bâtiments et campus sont à gérer, le phasage du bannissement peut être une mesure favorisant son succès.

Côté, Amélie (2012). Évaluation des préférences des Québécois concernant les systèmes de récupération des contenants de boissons. https://www.usherbrooke.ca/environnement/fileadmin/sites/environnement/documents/Essais2012/Cote__Amelie_-_20-09-2012.pdfEAU Secours. Dépliant : la réutilisation des bouteilles d’eau. http://eausecours.org/wp-content/uploads/2012/06/depliant-bouteilles.pdfEcosynthèse. Impact environnemental des bouteilles d’eau. http://www.ecosynthese.com/dossiers/eau_en_bouteille/fr/EB05_impact.htmENvironnement JEUnesse. Campagne pour le retrait des bouteilles d’eau dans les établisse-ments collégiaux.http://enjeu.qc.ca/IMG/pdf/Campagne_ENJEU_pour_le_retrait_de_l_eau_embouteillee.pdf* Plan de campagne et argumentaire pour appuyer le retrait des bouteilles d’eau dans un établissement collégial. Peut être adapté au milieu universitaire.ENvironnement JEUnesse. Rapports de caractérisation réalisés par 3 établissements collégiaux dans le cadre de leur processus de certification Cégep vert du Québec.* Cégep du Vieux Montréal (2011) http://enjeu.qc.ca/IMG/pdf/Rapport_de_caracterisa-tion_Vieux-Montreal.pdf* Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu (2011) http://enjeu.qc.ca/IMG/pdf/Caracterisation_St-Jean.pdf* Collège Montmorency (2013) http://enjeu.qc.ca/IMG/pdf/Rapport_Montmorency.pdfFestivals et événements verts de l’Estrie. http://evenementsverts.com/Francoeur, Louis-Gilles (2008). 560 millions de bouteilles d’eau au dépotoir en 2008, Le Devoir, 22 août 2008. http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/202472/560-millions-de-bouteilles-au-depotoir-en-2008 Gouvernement du Québec (2016). L.R.Q-2, r. 40, Règlement sur la qualité de l’eau potable http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/Q-2,%20r.%2040/Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Normes et directives sur l’étiquetage de l’eau préemballée distribuée au Québec. https://www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/Formulaires/normes_direc-tives_etiquetage_eaux.pdfMinistère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). Politique québécoise de gestion des matières résiduelles – Plan d’action 2011-2015. http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/matieres/pgmr/presentation.pdf

Références

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