Julie BaciuMaster 1 UPPA

Mars 2017

Fiche d'exploitation pédagogique d'un document littéraire« Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran »

Mme Caroline Gossieaux

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- Ouh, là, Momo, on est chez les riches : regarde, il y a des poubelles.- Eh bien quoi, les poubelles?- Lorsque tu veux savoir si tu es dans un endroit riche ou pauvre, tu regardes les poubelles. Si tu vois ni ordures ni poubelles, c'est très riche. Si tu vois des poubelles et pas d'ordures, c'est riche. Si tu vois des ordures à côté des poubelles, c'est ni riche ni pauvre : c'est touristique. Si tu vois les ordures sans les poubelles, c'est pauvre. Et si les gens habitent dans les ordures, c'esttrès très pauvre. Ici c'est riche.- Ben oui, c'est la Suisse !

Eric-Emmanuel Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, 2001.

Niveau : vers A2

Objectifs communicatifs parler simplement d'une vérité changeante en fonction des situaions

interpréter le sens de plusieurs utilisations d'un même objet

linguistiques grammaire si+ présent de l'indicatif = certitude ou grande probabilité

ni… ni…

dans , ou, à côté de

c'est + adjectif

culturel la Suisse, sa richesse et les idées reçues à son sujet

onomatopées : ouh là, eh bien quoi, ben oui

affectifs humour

critique

L'objectif principal est de savoir rendre compte d'un a priori qui change selon la situation. Il s'agit donc de

parler d'idées reçues avec humour, ce qui est rendu techniquement possible aux apprenants grâce aux

structures grammaticales travaillées d'après le texte.

Compétences visées : compréhension orale et écrite, production orale et écrite, culture francophone, travail

de groupe, tournage et montage vidéo.

Autres documents authentiques : Dessin satirique de Zeltner « ballons de riches, ballons de pauvres »

Affiche du film de François Dupeyron

Durée : 4h

Moments de disponibilité polysémique :

• L3 « tu regardes les poubelles »

• L9 « Ben oui, c'est la Suisse ! »

Vertus du texte : n'ayant jamais traité de texte littéraire avec des petits niveaux, la contrainte de s'y essayer

s'est imposée naturellement. Ce texte a donc d'abord été choisi parce qu'il s'agit d'un dialogue léger, simple

et court. La répétition de la même structure rend le texte facilement abordable une fois que celle-ci est

comprise, ainsi que les points de grammaire plus rapidement appropriables.

De plus, le thème abordé est international et la façon de l'aborder ainsi que le point de vue adopté sont

largement discutables, ce qui peut avoir l’intérêt de donner très envie aux apprenants de réagir.

Difficultés rencontrées : l'extrait choisi est court mais il offre des ouvertures très nombreuses. Il est difficile

de choisir comment aborder chaque thème ou même de décider d'en abandonner certains, c'est pourquoi,

ici, il a été décidé d'aborder la plupart des thèmes offerts par le texte en trouvant un équilibre entre ce qui

ne sera que survolé et ce qui sera approfondi. Comme le niveau choisi est vers A2, les « débats »

mentionnés ne sont finalement que des échanges d'idées. Certes, le niveau est petit pour aborder certaines

des questions telles que « que pensez-vous de ce classement ? » ou pour vraiment comprendre l'implicite

du dialogue comme ligne 9, mais la discussion est possible et la frustration que ressentiront certains

apprenants qui veulent réagir sur le sujet les poussera à la prise de risque à l'oral

Déroulement du cours

Première séance : 3h

Le questionnaire de compréhension du texte sert de trame de fond au développement du cours.

Aussi, chaque numéro correspond à une question. La lecture du texte se fait au fur et à mesure des

questions : avant de passer à la question suivante, un apprenant lit une phrase et le passage est expliqué en

classe s'il n'a pas été compris. Jusqu'à la question 8, les apprenants n'ont donc pas connaissance du texte en

entier.

Introduction

Le professeur essaye de faire produire les mots « riche » et « pauvre » à la classe. Par exemple en

montrant un billet et après le mots « billet », « monnaie », ou encore « argent » énoncés par les

apprenants, demandant « si moi, j'ai beaucoup beaucoup d'argent, je suis … ? » D'autres tentatives de

mimes sont possibles. Lorsque les deux mots sont écrits au tableau, le professeur demande les différences

entre les deux et ce que les deux mots évoquent aux apprenants. Ce brainstorming permet de noter

quelques mots de vocabulaire au tableau, qui serviront plus tard à la fabrication d'exemples par les

apprenants.

Le texte est distribué aux apprenants et le professeur demande de quel type de texte il s'agit et ce qui

permet de le voir. Bien sûr, les apprenants ont déjà étudié des dialogues et la réponse arrive rapidement. Le

professeur interroge aussi le groupe sur le nom de l'auteur et le titre du livre.

Les deux premières lignes sont lues.

1. Comment réagit Momo à la première phrase ? (Interpréter)

Le professeur s'attend à des réponses telles que la surprise, l'incompréhension, etc. Puis vient la question

de « Comment on sait qu'il ne comprend pas ? » Des réponses telles que le « quoi » sont attendues.

Lecture de la ligne 3, puis le professeur demande à tout le monde de cacher le texte.

2. Que fait l'ami de Momo pour savoir dans quel type d'endroit il est ? (paraphraser)

Ensemble, la classe cherche la réponse. Il regarde les poubelles.

Premier moment de disponibilité polysémique ligne 3 : cette phrase peut être perçue de nombreuses

façons, il est donc intéressant de voir comment des apprenants d’horizons très différents peuvent

l'interpréter et si un objet tel que la poubelle a la même connotation pour eux.

« Que comprenez-vous de cette phrase ? » (Ligne 3) Par deux, réfléchissez à ce que cela peut vouloir dire.

« Qu'est ce que cela veut dire ? » En 1 ou 2 phrases.

Chaque duo vient écrire sa phrase au tableau et les éventuelles erreurs sont corrigées en classe entière. A la

fin de l'activité, les phrases restent écrites au tableau.

3. Et vous, pensez-vous qu'il est possible de faire la différence entre un endroit pauvre et un endroit

riche ? Comment ? (transposer)

Discussion orale dans la classe, relancée par le professeur (en montrant les mots de vocabulaires utilisés

pendant l'introduction de la séance par exemple) pour que chacun ait l'occasion de participer.

Lecture jusqu'à la ligne 8.

4. Quelles sont les 5 situations différentes citées par le personnage ? (repérer)

Ici les réponses seront données uniquement à l'oral en citant le texte. Lors de chaque citation de phrase, le

professeur écrit les mots qui lui sont utiles dans la dernière partie du tableau : dans, à côté de, ni….ni…. , et

demande aux apprenants ce que ces mots veulent dire. Toutes les réponses ne viennent pas. Le professeur

demande alors aux apprenants de se mettre par deux et distribue à chaque duo deux images : une poubelle

et des ordures.

L'un des deux apprenants doit positionner les ordures dans/ à côté de/ ni...ni… la poubelle. L'autre doit faire

des phrases en utilisant le(s) bon(s) terme(s). Pour lancer l'exercice, l'exercice se fait d'abord en classe

entière avec le professeur qui mime. Après deux minutes d'exercice, il demandera si certains d'entre eux

connaissent d'autres termes pour parler de positionnement. Il utilisera par exemple ses propres images en

mettant les ordures sur/sous/derrière/devant la poubelle et en attendant les réactions des apprenants. Si

ces mots sont prononcés par les apprenants eux mêmes, ils seront écrits au tableau et l'activité continuera

avec les six mots. Sinon, il se contentera d'ajouter « sur » et « sous ». Le professeur passera de groupe en

groupe pour corriger. Puis retour au texte.

5. Ici en France, laquelle de ces situations avez-vous déjà vue ? Expliquez (extrapoler)

Comme lors de chaque question, le professeur reformulera afin que la question soit compréhensible à tous.

« Avez-vous déjà vu des ordures à côté de la poubelle ? » « Dans la rue ? » …

6. Que pensez-vous de ce classement « pauvre/riche » ? C'est vrai ? Quand il n'y a pas de poubelles,

c'est riche ? Vous êtes d'accord ? » (réagir)

Les questions 5 et 6 sont liées. Il est d'abord demandé aux apprenants de transposer les situations

énoncées dans le texte à leur vie de tous les jours. Ont-ils déjà vu des ordures à tous les endroits décrits ?

Peut-être même à d'autres ? Puis de savoir s'ils sont d'accord avec les conclusions qu'en tire le personnage

du dialogue. Cette discussion amène à un court débat d'expériences et de points de vue.

7. Que veut dire la phrase sur les touristes ? Êtes vous d'accord ? (réagir)

Un petit débat d'idées commencera à l'oral où chacun donnera sa vision sur la propreté ou non des

touristes dans son pays, et éventuellement des idées reçues sur les touristes.

Puis, le professeur écrit au tableau « Si + …..…, c'est + …….. ». Il lit à nouveau deux des phrases

contenant cette structure en utilisant son image des ordures et de la poubelle pour mimer. Enfin il demande

aux apprenants ce que cette structure veut dire. Pourquoi dit-on « si » ? D'autres exemples hors texte sont

donnés, comme « Si je réussis mon examen, c'est …. ? » « C'est quoi ? C'est bien. C'est vrai ou non ? Si je

réussis mon examen, c'est vraiment bien ? » Alors que veut dire ce « si » ? Que je pense que c'est vrai. « Si

mon manteau est par terre, c'est sale ». Oui ou non ?

Le professeur donne quelques exemples en mimant et en utilisant les mots donnés lors de

l'introduction du cours, jusqu'à ce que les apprenants comprennent. Enfin, par deux, ils font eux même un

exemple. L'exercice peut être reconduit rapidement en y ajoutant la structure « ni... ni... » déjà travaillée

précédemment.

Premier document authentique : le dessin de Zeltner1 est distribué. Des questions seront posées

telles que :

« Que voyez vous ? »

« Quels sont ces objets ? A quoi servent-il ? »

« Qui veut lire la première phrase ? Et la deuxième ? »

« Qu'est ce que cela veut dire ? Où c'est ? »

Discussion interculturelle, « êtes vous d'accord ? » « Comment c'est chez vous ? »

Par deux, réfléchissez à d'autres objets que l'on pourrait prendre comme exemple. Les réponses attendues

sont des objets tels que le pneu, le chapeau, les lunettes,…

Toutes les idées données seront répertoriées par le professeur.

A ce stade, le texte est lu jusqu'à la fin. C'est le moment que le professeur choisit pour refaire lire

les phrases écrites au tableau lors du premier moment de disponibilité polysémique : les duos relisent leur

phrase un par un et après chaque lecture, le professeur demande à la classe entière « ils ont raison ? Oui ?

C'est ça ? » Si un groupe avait trouvé à peu près ce que Mr Ibrahim allait dire, la réponse est entourée. Cette

lecture se fait de façon légère et clôture l'étape de pronostiques.

8. Pourquoi Momo répond-il « ben oui, c'est la Suisse ! » ? (interpréter)

Deuxième moment de disponibilité polysémique : Une fois de plus, c'est la dimension culturelle qui donne

plusieurs compréhensions et interprétations de cette phrase. C'est donc un passage idéal pour demander

1 Annexe 1

aux apprenants ce qu'ils comprennent ici.

Que veut dire cette réponse ? Par deux, réfléchir à pourquoi Momo répond cela. Puis correction en groupe

et émergence de l'idée que la Suisse est un pays riche. Discussion en quelques minutes :

« Que connaissez vous de la Suisse ? »

« Qu'est ce qui est célèbre en Suisse ? »

Petite conversation sur les idées reçues : il y a beaucoup de banques et d'argent. Mais aussi

coucous, chocolat, campagne, francophonie : accent suisse, ...

9. Comment lire ces mots ? (interpréter)

Le professeur écrit les onomatopées au tableau et les montre dans le texte, « Comment lisez vous ces

mots ? ». Des exemples de lecture sont proposées par les étudiants. « Cela montre quoi ? », « le

personnage est comment ? Content, triste, en colère ? ». Après quelques réponses, il lit les onomatopées

avec un ton différent en exagérant la lecture et repose la même question, cela plusieurs fois.

Puis demande à la classe s'ils connaissent d'autres sons émis par les français lorsqu'ils parlent, comme

« oh », « ah »… et ce que ces sons traduisent. Nous en concluons que les onomatopées servent à montrer,

exagérer le ton de la phrase l'humeur de celui qui parle.

Puis, par deux, les apprenants s'entraînent à lire le texte avec le bon ton. Deux ou trois groupes feront la

lecture devant la classe entière.

10. Quelle est la relation entre les deux personnages ? (Interpréter)

Maintenant que le texte est compris dans sa totalité et qu'il vient d'être relu entièrement, une

discussion commence sur l'identité de ces personnages et sur où ils sont.

« Qui sont les deux personnages ? »

« Quelle est leur relation ? »

« Que font ils en Suisse ? »

Après un court échange, un sujet d'invention à faire à la maison est proposé aux apprenants pour tenter de

répondre à ces trois questions.

C'est la fin de la première séance.

Deuxième séance : 1h

Le professeur commence par demander aux apprenants s'ils se souviennent du texte et de se

souvenir ensemble de quoi celui-ci parlait. Le thème général et des idées évoquées la dernière fois

resurgissent. Le professeur rappelle le sujet d'invention qui avait été donné et demande si certains

apprenants ont envie de faire part à la classe de leurs idées.

Les productions ont été renvoyées au professeur par courriel et celui-ci a relevé les idées générales

concernant l'identité des personnages et leur présence en Suisse. Si trop peu d'idées ont été énoncées par

les apprenants, il utilise donc ses propres notes pour parler de leurs hypothèses.

Deuxième document authentique 2 : puis il utilise un vidéoprojecteur pour montrer à la classe

l'affiche du film. Le titre présent sur l'affiche est lu et le professeur informe qu'il a été tourné à partir du

roman.

« Qui voyez-vous ? »

« Comment ont-ils l'air ? »

« A votre avis, qui est Momo ? »

« Qui est l'autre personnage ? » « Comment le savoir ? »

Le professeur encourage les apprenants à aller plus loin en cherchant des passages sur youtube ou bien en

regardant le film.

Activité finale

« A vous de présenter un objet qui peut être un indice de pauvreté. Il faudra faire une courte vidéo (2 à 3

minutes) de l'objet lors de plusieurs utilisations. »

Il s'agit pour les apprenants de travailler en trois étapes : constituer les groupes de travail et se

mettre d'accord sur un objet.

• Par groupes de trois, écrire un scénario de vidéo :

➔ Quel objet?

➔ Quelles utilisations ? Pourquoi ?

Puis, avant de tourner la vidéo, chaque groupe devra écrire le texte qui y sera lu, en structurant son

texte grâce à la structure si… c'est… . Le professeur passera entre les tables lors de cette étape de rédaction

et aidera à corriger les erreurs.

• Écrivez le texte qui sera dit dans votre vidéo. Il faudra utiliser :

➔ Si …, c'est ….. .

Les vidéos sont réalisées hors de la classe. Elles pourront ensuite être mises sur le padlet du groupe et

visionnées par chacun.

2 Annexe 2

Annexe 1

Annexe 2