Ferrand, Gabriel. 1893. Les musulmans à Madagascar et aux Comores. Deuxième partie. Zafindraminia,...

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PUBLICATIONS DE L'ECOLE DES LETTRES D'ALGER BULLETIN DE CORRESPONDANCE AFRICAINE LES MUSULMANS A MADAGASCAR ET AUX ILES COMORES DEUXIÈME PARTIE ZAFINDRAMINIA, ANTAMBAHOAKA ONJATSY, ANTAIONY, ZAFIKAZIMAMBO, ANTAIVANDRIKA ET SA H ATA W PAR GABIUBL VVRRA1ID u t n rtr j w t m st r u â t A m i 4 U « > i , t m U Bl La WClIll V1IATIQU», M la AOQftrt ik aioo*trai« nu l'ur *t il n tocitrt s* utoniraii •T » ««OÎOUXIII M LI rtOTlUCl • na»» PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RLE BONAPAIITK, 28 1893

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PUBLICATIONS DE L'ECOLE DES LETTRES D'ALGER BULLETIN DE CORRESPONDANCE AFRICAINE

LES

MUSULMANS A MADAGASCAR ET AUX ILES COMORES

D E U X I È M E P A R T I E

ZAFINDRAMINIA, ANTAMBAHOAKA

ONJATSY, ANTAIONY,

ZAFIKAZIMAMBO, ANTAIVANDRIKA ET SA H ATA W

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1893

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LES

MUSULMANS A MADAGASCAR ET AUX ILES COMORES

D E U X I È M E P A R T I E

ZAFINDRAMINIA, ANTAMBAHOAKA

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ERNEST LEROUX, EDITEUR, 28, rue Bonaparte, 28-

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\ uÉftAs. Texte kabyle, Ier fascicule, in-8. 3 fr. » ANOCM , mp. BtnniN BT C>*, RLK GIHKIKR, 4.

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PUBLICATIONS DE L'ÉCOLE DES LETTRES D'ALGER BULLETIN DE CORRESPONDANCE AFRICAINE

LES MUSULMANS A MADAGASCAR ET AUX ILES COMORES

DEUXIÈME PARTIE

ZAFINDRAMINIA, ANTAMBAHOAKA, ONJATSY ANTAIONY, ZAFIKAZIMAMBO

ANTAIVANDRIKA ET SAHATAVY

XIV

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AKONT, mr. A. ICHDIN IT c.'*, 4, NE* OAMOBL

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L E S

MUSULMANS A MADAGASCAR AUX ILES COMORES

DEUXIÈME: PA.RTIE

ZAFINDRAMINIA, ANTAMBAHOAKA

ONJATSY, ANTAIONY,

ZAFIKAZIMAMBO, ANTAIVANDRIKA ET SAHATAVY

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ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 2 8 , r l ' i b o n a p a r t e , 2 8

1893

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PRÉFACE

La publication des textes malgaches qui font l'objet de cet ouvrage a pour but principal de fixer les légendes historiques les plus autorisées qui ont cours parmi cer-taines tribus musulmanes de la côte sud-est. Les sept textes qui suivent ont été écrits sous la dictée de Mal-gaches âgés et pour la plupart illettrés. Je tiens à men-tionner cette dernière particularité. Si elle rend les recherches plus difficiles, elle est une garantie sérieuse de la véracité des conteurs dont les souvenirs ne peuvent remonter à aucune source européenne.

Les sept tribus des ZafindRaminia, Antambahoaka, Onjatsy, Antaiony, Zafikazimambo, Antaivandrika et Sahatavy sont disséminées dans le pays compris entre les villages de Manaujary et Farafangana, entre les 21* et 23e degrés de latitude sud. Les renseignements géographiques contenus dans les textes malgaches per-mettront facilement au lecteur de trouver la situation de chacune d'elles sur la carte. Leurs mœurs et leurs croyances sont à peu près les mêmes que celles des Antaimorona dont j'ai donné la description dans la première partie de ce travail. Je n'ai donc mentionné,

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VI PRÉFACE

pour éviter des redites, que les coutumes propres à chacune de ces tribus.

Les textes, au point de vue philologique, n'offrent rien de particulier à signaler. Ils sont d'une assez mauvaise rédaction, et, malgré une connaissance déjà longue de la langue et de la vie malgaches, il m'a été quelquefois difficile d'en donner une traduction rai-sonnée. Leur valeur historique est souvent contestable ; rinexactitude (E. Renan, Vie de Jésus, Paris, 1892. in-8°,p. LXXXIX) , qui est tm des traits de toutes les com-positions populaires, s'y fait particulièrement sentir. Ce sont cependant les seuls documents dont nous dis-posons qui traitent des origines des tribus de la côte orientale de la grande île africaine ; et, à ce titre, il nous a paru utile de les publier. La troisième partie de ce travail sera consacrée aux tribus musulmanes du nord de Madagascar et aux migrations musulmanes dans la grande ile africaine.

Mananjary (côte sud-est de Madagascar), le 12 avril 1893.

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CHAPITRE PREMIER

Les sept tribus, dont l'histoire légendaire fait l'objet de ce travail, peuvent se diviser en deux catégories :

1° Les descendants directs de Raminia' (ZafindRami-nia i et Antambahoaka) :

2* Les descendants de Mekkois émigrés à Madagascar ( Onjatsy , Antaiony3, Zafikazimambo \ Antaivandrika ' et Sahatavy).

Le premier texte zafindramÌDÌa ne nous donne que quelques renseignements de peu d'importance sui-te fondateur de cette tribu. Arrivé avec sa sœur Ravahinia à Madagascar, Raminia6 débarque à Saka-

1. Nous avons conservé l'orthographe indigène de tous les mots malgaches. Quelques lettres seulement ont une valeur différente des nôtres : o se prononce toujoui3 ou; j se prononce dz; et e, comme dans bonté. Les lettres c, q, u, iv et x n'existent pas dans l'alphabet malgache. Le .<on i, à la fin d 'un mot, s'écrit toujours y.

2. Zafy, les descendants; Raminia, de Raminia (arabe ^ J \ 1 r

3. Anta, les gens de ; lony, nom propre; c'est-à-dire les descen-dants de lony.

4. Les descendants [zafy) de Kazimambo. 5. Les gens (antay) de l 'arbre vandrika, arbre à bois jaune et

d u r , Craspidospermum veriicellatum (Boyer, Dictionnaire mal-'gache-français, Tananarive, 1888, in 8o, p. 7 5 1 .

6. Si l'on n'adople pas une étymologie arabe pour le nom propre Raminia, il peut être rapproché des noms malgaches Ramena, le

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2 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

leona1, un bœuf,un canon et une table en pierre; puis re-tourne à la Mekke où il meurt. La pierre taillée en forme de bœuf se trouve encore dans un village ì situé sur les bords de la rivière de Mahéla. Les Malgaches l'appellent vato-lambo (le porc en pierre). Elle est plus connue sous le nom à'éléphant de Sakaleona. J'ai donné dans la première partie de cet ouvrage3 une description de ce fétiche qui ne rap-pelle l'éléphant que très vaguement. La dénomination de bœuf est tout aussi inexacte à cause de l'absence de bosse4

et du prolongement de la mâchoire supérieure en forme de trompe. Madagascar ne renfermant ni éléphant ni tapir et ces deux animaux étant par conséquent inconnus aux Mal-gaches, l'appellation de porc en pierre est suffisamment jus-tifiée. Les Antambahoaka affirment que la femelle du vato-fambo est enterrée à quelques kilomètres du village où se trouve le mâle. Mais l'exhumation de l'animal devant être,

rouge, ou Hauxaina, le sec. Flacourt, dans son Histoire de la grande isle Madagascar (Paris, lGtit, in-8°, p. 48), dit à ce sujet : « Quel-ques-uns disent que les Roandrian s'appellent Zaiîerahimina, du i om de la mère de Mahomet qui s'appeloit Imina («<c poui* Arai-na), d'autres qu'ils se nomment Zafleramini, c'est-à-dire lignée de Hamini qu'ils disent avoir esté leur anccstre, ou de Raminia, femme de Rahourod, père de Rahazi et de Racouvatsi. » L'étymolo-gie rapportée par Flacourt est assurément inexacte. Les prétentions des musulmans malgaches à descendre des fondateurs de l'islam, sont généralement en contradiction avec l'histoire; et, s'il est inté-ressant de les mentionner, on ne saurait oublier qu'elles ne reposent sur aucune base sérieuse.

1. Petit village à une journée de inarche au nord de Mananjary. '2. Le village d'Ambohisary. 3. P . 437-138. 4. Les bœufs malgaches appartiennent à l'espèce dite zébu, qui

porte, sur le garrot, une bosse, dont le plus ou moins de développe-ment indique le degré de graisse de l'animal.

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«lisent-ils, accompagnée d'un tsikafara1, ils ont toujours re-culé devant les frais que nécessiteraient les fouilles et l'ac-complissement du tsikafara. Plusieurs photographies ainsi qu'un morceau du vatolambo ont été envoyés à M. Grandi-dier. 11 y a donc tout lieu de croire que les recherches du savant membre de l'Institut qui, depuis plus d'un quart de siècle, s'est si utilement dévoué à l'étude des hommes et des choses de Madagascar, nous fixeront bientôt sur l'ori-gine de ce fétiche de pierre dont la légende attribue l'im-portation à Raminia.

D'après le second texte zafìndraminia, Raminia serait une femme de nationalité mekkoise, issue de Bao et qui au-rait épousé Abrahame* {sic). De leur mariage naquirent Ravahinia(la sœur de ltaminia dans le texte précédent) ', Rakombilahy et Andrianakovatsy. Ce dernier figure sur la liste généalogique donnée par flacourt sous le nom de Racouvatsi4.

Le texte antambahoaka diffère peu du premier texte zatindraminia. Raminia et sa sœur Ravahinia se marient tous deux à Madagascar, v font souche de nombreuses Iri-

1. En hova, voaity. Offrande en rhum et viande de bœuf, promise par vœu. L'offrande est, en principe, destinée à un bon ou mauvais génie quelconque; mais elle est toujours consommée par les auteurs du tsikafara, qui se contentent de dire, au commencement du repas : < 0 génie, nous t'offrons ce rhum et ce bœuf et le remercions de la faveur que tu nous a accordée. »

1. Cf. l 'arabe jS, Ibrahim et le nom malgache Borahy qui ne*! probablement qu une abréviation de celui-là.

3. D'après la légende rapportée par Flacourt (Appendice, n° Vil), Raminia aurait épousé, à la Mekke. la fille de Moh'ammed, dont il eut deux enfants : un fils du nom de Rahourod et une fille nommée Raminia, qui se marièrent ensemble.

4. Pour Hakovatsy.

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bus, et, sur la fin de leurs jours, retournent à la Mekke, leur patrie, pour y mourir et y être enterrés.

L'histoire des Antaivandrika nous fournît des rensei-gnements très complets sur les événements qui nécessi-tèrent la prétendue émigration des Mekkois à Madagascar: « Lorsque les Zanafi andriana (princes) Raminia et Rava-hinia, le frère et la sœur, f urent vaincus par le roturier Ma-homado, dégoûtés d'habiter lendroit qui avait été témoin de leur défaite, ils quittèrent la MeJke, où ils résidaient, pour venir à Madagascar. » L'épithète de prince — que rien ne justifie — donnée à Raminia et à sa sœur s'explique par la tendance, assez commune chez les historiens et les conteurs orientaux, à attribuer une descendance illustre aux chefs de tribus dont ils écrivent ou racontent les exploits; l'au-teur antambahoaka ne pouvait manquer de les imiter sur ce point. L'épithète de roturier appliquée à Mahomado (Moh'ammed le prophète) est au contraire assezétrange. Le texte porte Mahomado hova ; la traduction de Mahomado le roturier s'impose. Le Dictionnaire malgache-français des PP. Abinal et Malzac1 traduit le mot hova yw. habi-tants de rlmérina ; nom générique des castes libres qui ne sont pas nobles. Ces deux définitions sont inexactes. Je pré-férerai la suivante : nom par lequel les étrangers désignent improprement les gens de F lmérina ; nom de caste dont les membres ne sont ni nobles ni esclaves. Le mot hova impli-que surtout une idée de caste et c'est seulement avec ce sens qu'il est employé par les habitants mêmes de la pro-vince centrale de Madagascar*.

1. Loc. cit., p. 253. 2. En dehors de l ' Imérina, au contraire, les nobles des tribus

malgaches sont qualifiés de hova. Cf. Richardson, A new Malagasy-English dictionary, Antananarivo, 1885, in-8, p. 283.

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Je renvoie pour plus d'éclaicissement sur ce sujet à l'ar-ticle de M. Standing sur les Castes malgaches qui figure en appendice dans la première partie de mes Musulmans à Madagascar et aux iles Comores La traduction du mot hova appliqué à Moh'ammed par roturier est donc parfaite-ment correcte. Au point de vue musulman, cette épithète est incompréhensible quand on voit combien les historiens du Prophète se sont efforcés—et ils y ont presque réussi — d'établir sa descendance directe d'ismaël fils d'Abraham^. Celte généalogie, acceptée par les musulmans, fait de Moh'ammed, en dehors de sa qualité de prophète qui prime toute nobleose pour un croyant, un homme d'une origine peu commune et qui mérite évidemment mieux que la qua-lification de roturier. Ce manque de considération pour le fondateur de l'islam est un indice certain du peu de ferveur des musulmans malgaches de la côte sud-est. Quel-ques-uns même ont été convertis au christianisme. Pro-testants ou catholiques, ils n'en conserve pas moins un très grand respect pour leurs ody (charmes) et un attache-ment profond à leurs mpamosary (sorciers) et mpisikidy (devins), les véritables ministres de la religion indigène. Le panthéon malgache admettrait volontiers dans son sein les éléments les plus hétérogènes, le Christ, Luther et Calvin, Allah et Moh'ammed; mais en réservant la place d'honneur à Zanahary3 (le dieu bienfaisant) et Angatra4

1 . Loc. cit., p . 1 4 9 - 1 6 3 . 2. Cf. Kazimirski, Le Coran, s. d. , Paris, in-18 jés . ,p . m . 3. Zanahary signifie, littéralement, le créateur. C'est le dieu bien-

faisant malgache. 11 n'a la signification de Dieu que depuis l'arrivée des missions chrétiennes.

4. Les Malgaches révèrent davantage Angatra que Zanahary : c Celui-là, disent-ils, peut nous faire beaucoup de mal ; il nous faut donc chercher à écarter sa néfaste influence par des offrandes et des

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(le dieu du mal). C'est le sort des religions importées à Ma-dagascar d'être destinées à n'y faire aucun progrès. L'is-lamisme n'y a laissé qu'une trace durable de son passage, l'alphabet arabe dont les missionnaires musulmans ont doté les tribus sauvages qu'ils venaient convertir à leur foi. L'emploi des mots arabes dans la géomancie, le sikidy et les ody a contribué aussi en grande partie à assurer la conservation de ce système graphique.

Le caractère éminemment superstitieux des gens de ce pays leur fait consulter souvent leurs devins et sorciers pour en obtenir des charmes préventifs ou curatifs. Les ody n'étant généralement composés que de quelques mots ou lettres arabes écrits sur un morceau de papier ou d'é-corce d'arbre pourvu de vertus particulières, les lettres arabes devinrent sacrées et leur renommée se répandit bien vile dans l'Ile entière. Elles jouissent aujourd'hui encore des mêmes prérogatives et de la même bonne répu-tation. Les tribus de la côte orientale de Madagascar écrivent couramment le malgache avec les caractères arabes; mais seuls quelques individus de race noble con-naissent leurs vertus respectives et savent exactement le nombre de y et de £ nécessaires pour la guérison d'un malade.

La prétendue émigration de Raminia et de ses clients dont le texte antaivandrika précise la cause, n'est proba-blement qu'un souvenir vague et défiguré des infortunes des premiers 'Alides. Joâo de Santos, dans son Histoire de F Ethiopie méridionale \ rapporte, d'après une chronique

prières. Zanahary, au contraire, est le dieu bienfaisant; sa nature est essentiellement bonne. Aussi le craignons-nous beaucoup moins. >

1. Trad. du portugais par le P. Charpy. (Paris , 1688, in-12, liv. 11, p. 157 )

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du royaume de Quiloa, que les premiers habitants du Zanguebar furent des bandits d'Arabie devenus mahomé-tans qu'on exila parce qu'ils suivaient la doctrine d'un nommé Zayd, neveu de H'osein (ils de 'Ali. D'après une légende citée par Flacourl Uaminia aurait épousé à la Mekke Rafatème [sic)fille de Moh'ammed. C'est sans aucun doute de Fatima qu'il est question ; mais elle fut au contraire mariée à Ali ben Aboû Taleb, et ne vint jamais à Madagascar. Malgré de nombreuses inexactitudes, on retrouve facilement trace dans la légende malgache d'un fait historique d'une authenticité reconnue : la victoire des Sonnites sur les 'Alides, et la nécessité pour ces der-niers de quitter l'Arabie où le sort des armes leur avait été contraire. Cet événement raconté aux Malgaches par les missionnaires musulmans fut transmis par les premiers convertis à leurs descendants qui vivant à l'écart du monde islamique perdirent peu à peu la nolion exacte des circons-tances qui l'avaient accompagné. Ils l'inscrivirent ensuite dans !a biographie de leur ancêtre Raininia qui devint mekkois pour pouvoir en bénéficier. Quant à l'exode d'Ara-bie de brigands devenus musulmans, on pourrait également y voir une réminiscence de l'émigration d'un certain nom-bre de Qoreichites en Abyssinie vers l'an 015 de notre ère, pour se soustraire aux mesures de rigueur qui furent prises à celle époque contre les partisans du nouveau culte3 .

1. Loc. cit., Appendice, n° VII. 2. /la, particule ; fati-mc, transcription défectueuse de l'arabe

Fatjma. 3. c Nous connaissons, dit M. Ilené Basset, dans son compte

rendu des ouvrages de M. Max Leclerc sur Madagascar, le nom et la biographie du petit nombre de Mekkois (ils étaient quatre-vingt-trois) qui émigrèrent quelque temps d'Arabie, non dans l'Inde, mais en

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Les Onjatsy sont avec les Anakara, les Zafikazimambo et les Zafilsimaito, les plus célèbres sorciers du sud de Mada-gascar. Le texte que j'ai obtenu de l'un deux et qui con-tient des renseignements inédits sur la puissance surnatu-relle des gens de cette tribu, est très sobre de détails sur leur origine : « Leurs ancêtres sont venus d'au delà de la mer et accompagnaient Raminia, le fondateur de la tribu des Antambahoaka (lorsqu'il quitta la Mekke). » D'après Flacourt1 , ils forment la troisième classe des blancs Onlampassemaca î , les gens des sables de la Mekke. Ils ont la peau rouge et les cheveux longs et descendent des matelots qui ont amené leur ancêtre fjian Racoube ou Jia-couratsi à Madagascar. L'abbé Rochon3 les mentionne également et leur donne le même rang que Flaco'irt, en ajoutant que « ce sont de braves soldats versés dp.ns l'art de la guerre. » Les Onjatsy réclament, du reste , l'honneur, revendiqué également par les Anakara et les Zafisimaito*, d'avoir rendu invincible Radama Ier en l'accompagnant dans toutes ses expéditions.

Dans le texte antaiony suivant, il n'est plus question de Raminia. Cinq princes mekkois, Ramakararo, Rajosofa,

Abyssinie, près dunegous Gabra Masqal. Tous, à l'exception d'un ou deux qui embrassèrent le christianisme, rentrèrent en Arabie après l'hégire du Prophète. » (Bulletin de la Société de géographie de l'Est, Nancy, 1888, in-8°, p. 336; Kazimirski, Le Coran, p. xiv.)

1. Loc. cit., Appendice, n° VII. 2. Pour olona tampasina Maca, les gens des sables de la Mekke. 3. Voir l'Appendice, n° IX. 4. Le manuscrit arabico-malgache, dont j'ai donné la traduction

dans !a première partie de cet ouvrage, raconte les différentes expé-ditions de Radama Ie r et attribue l 'honneur de ses victoires aux Ana-kara et ZaOtsimaito qui l'accompagnaient. Il est bon d'ajouter que l'écrivain de ce manuscrit est Anakara lui-même, ce qui enlève beau-coup de force à ses affirmations.

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Andriamarohala, Ralivoaziry et Andriamboaziribe quittent leur patrie à la suite d'une révolution qui enleva le trône au premier d'entre eux. Les persécutions dont ils étaient l'objet de la part de leurs ennemis vainqueurs, les forcè-rent à émigrer et ils vinrent s'établir à Madagascar avec ceux qui les avaient accompagnés. Trois de ces noms ont une origine arabe :

1° Rajosofa, qui se décompose en : Ra, particule malga-» che, et Josofa, Yousouf nom propre (le se pro-nonce généralement z ou dz (J) en malgache);

2° Ralivoaziry, qui se décompose en : Ra, particule; Ali, J t , 'Ali, nom propre; et voaziry, jmj}, ouazir, le vizir; ou alivoaziry, jm'jel-ouazir, le vizir;

3° Andriamboaziribe, qui se décompose en : Andriana, le prince ; voaziry, le vizir ; be, grand ; c'est-à-dire : le prince grand vizir.

L'étymologie de Rajosofa est hors de doute. Celle des deux autres noms me paraît également justifiée. Il est en effet très naturel que parmi les princes qui accompa-gnaient Ramakararo, le candidat au trône, l'un deux portât le nom de vizir'Ali et l'autre de Prince grand vizir. L'éty-mologie qu'on pourrait en donner par le nom malgache voajiry serait en contradiction avec la lettre même du texte : « Les Voadziri (vie), disent Flacourt1 et l'abbé Rochon2 , forment la première caste des noirs. Ils des-cendent des anciens rois de Madagascar et se sont soumis aux ZafindRaminia. » La qualité de voajiry n'est donc pas applicable aux deux compagnons de Ramakararo qui sont expressément qualifiés de Zanak'andttana dans le texte.

1 . Loc. cit., Appendice, n ' VII. 2. Loc. cit., Appendice, n° IX.

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10 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

L'application simultanée de ces deux litres à la même personne ne pourrait être que le résultat d'une erreur grossière. L'hypothèse même en est inadmissible pour quiconque est quelque peu au courant des mœurs mal-gaches.

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CHAPITRE II

N Y Z A F I N D R A M I N I A

Ary ny nitodiany Raminia taminy1 nosy Madagasikara ' teo Aha-rana. Ary raha lody teo Aharana izy, dia nianatsimo; dia nitody teo iVondrona indray, dia nakariny ny sinibesiny vato, nataonyorimbato ; ary dia nianatsimo indray, dia nitody teo ambinany Sakaleona izy ; dia nakariny vato r r i lahatra ' omby sy ny mozinga* vato sy ny lataba-t ra s vato; dia nandeha indray izy dia nitody ao Mananjara. Dia nive-rina indray izy teo ambinany Sakaleona indray, dia niakatra teo Ra-vahinia anabaviny Raminia. Ary dia nody niverina tany Amaka* Ra-minia ; dia tany no nahafaty azy nilevenany.

Ary Ravahinia dia teo ambinany Sakaleona biany izy, dia nitady olona mitovy fady aminy hovadiny izy. Dia ' tonga tao Matitanana, dia nahita ny olona dia novadiny. Dia niteraka izy : dia izao no An-taiony. Koa dia ny Antaiony no zanaky Ravahinia.

Ary ny vahoaka nomba any Raminia dia ni Antevandrika* sy ny

1. Il faudra i t tamy ny en deux roots. 2. L 'or thographe officielle malgache es t Madagaskara dont Madagatikara

est la forme p lus ancienne et aussi plus conforme aux règles de vocalisation des consonnes de la g rammai re ma lgache .

3. milahatra signifie ê t re a r rangé , d isposé . Il a le sens ici de avoir la forme de. Cette expression serait beaucoup mieux rendue par m a n a n - e n -drika.

4. Vieux mot tombé en désuétude . Canon se dit main tenant tafondro. 5. C'est le mot f rançais ta table m a k a c h i s é en latabolra.

6. Mauvaise t ranscript ion de l 'arabe Mekka, la M e k k e .

7. Le texte es t incomplet . Il faudrait : dia nianatsimo ka touga... elle se dirigea vers le sud et arr iva

8. P o u r 4 n t a i t x i n 4 r t f a .

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12 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

Antemasay1 sy ny Mofio. Dia izao no vahoaka noirba azy tavela aty Mananzara1. Ary ny tanlarandrazana nanjaka teto taloha: Ravalarivo niteraka any Ramaialaza ; ary Ramaialaza niteraka ny dimy lahy nan-jaka. Ary nizara any Manananzara- Ary Rasentambanina sy Ramanin-tolo izany ny ' tompony ny anilany avaratra. Rasatrokefa sy Rasianka sy Ramatsindia izany notompony ny. anilany atsimo. Izao niteraky4 nv Zaûraminia. Ary nanjaka tanilany avaratra voalohany : Rasitanba-n ina 1 . Raba maty Rasilambanina, dia nandimby Ramanontolo; raba maty Ramanontolo, dia nandimby Mahery; raha maty Mabery dia nandimby Simibamby*; raha maty Simihamby, dia nandimby Sifi-d i anana ' ; raha maty Sifidianana, dia nandimby Belanona. Izao ny tompony aniiarano avaratra.

Ary ny aniiarano atsimo : Satrokefa. Ilaha maty Satrokefa, dia nandimby Ndriamasinony1; raha maty Ndriamasinony, dia nan-dimby Indroho; raha maty Indroho, dia nandimby Simivalo ' ; raba maty Simivalo, dia nitsangana Iabanimandro ankehitriny sy Iabany Ramaina tompony tany atsimo. Ary ny tompon'ny avaratra Iabany-tsiombana sy Iabanivi*vy.

1. Pour Antaima.<idy. 2. Mananzara est un barbar isme pour Mananjara. 3. Il faudrait izar.y no tompony. 4. Pour niteraka. 5. C'est le môme chef que Rasentambanina cité quelques lignes plus haut .

Il faudrai t Rasitambanina ; et plus correctement encore Ra ts i t amòamna . 6 . Pour Tsimihamby. 7. P o u r Taifidianara. 8. Pour A ndriamasinony. 9. Pour T simivalo.

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T R A D U C T I O N

LES ZAFINDRAMINIA

Raminia (à son arrivée de la Mekke) atterrit (d'abord) à Aharana ' dans l'Ile de Madagascar ; puis, il se dirigea vers !c sud et atterrit de nouveau à Ivondrona Il débarqua une grande ja r re en pierre3 et la plaça dans cet endroit en souvenir de son passage. Il continua en-suite sa route vers le sud et prit terre à l 'embouchure de la rivière Sakaleona. Il débarqua là une pierre taillée en forme de bœuf, un canon et une table en pierre; puis, il partit et atterrit à Mananjara. Il revint ensuite ì Sakaleona où sa sceur Ravahinia débarqua. Puis Raminia retourna à la Mekke où il mourut et fut enterré.

Ravahinia qui était restée i l 'embouchure du Sakaleoua se mit à la recherche d 'un homme de même condition qu'elle pour l'épouser. Elle le trouva à Matitanana*, l'épousa et en eut des enfants qui donnè-rent naissance à la tribu des Antaiony.

Les Antaivandrika, les Antaimasay et les Modo qu'on trouve encore à Mananjara, accompagnaient Raminia lorsqu'il vint à Madagascar.

1. Pet i t village be ts imisaraka , près de Foulepointe, au nord de Tamatave . 2 . Village situé à t:.' k i lomètres de Tamatave près de l ' embouchure de la

rivière de ce nom. 3. En face du village de Ivondrona, sur la rive droite de la rivière, se

trouve le petit village de Ambodis iny ( A m b o d y , au pied de ; siny, la jarre) . On y montre encore aujourd 'hui les débris de la ja r re apportée par Raminia . Elle fui brisée, il y a quelques années , par un voyageur anglais qui mouru t , peut-être par accident , peu de temps après , brûlé dans une case malgache, où il passai t la nu i t . Les indigènes ne manquè ren t p a t d 'a t t r ibuer cet te mort violente au bris de la ja r re de Ramin ia , que leurs ancêt res avaient déclarée ftviy (sacrée) et pour laquelle ils avaient la plus g r a a d e vénéra t ion .

4. Maty, mor t e , tânanâ, la main. Le nom de ce village lui vient d 'un combat que se seraient livré, dans cet endroi t , deux g é a n t s dont l 'un perdit la main d a n s la lu t t e .

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Voici l'histoire des anciens rois de ce pays : Ravalarivo1 enfanta Ra-maialaza 1 ; celui-ci enfanta cinq rois. Il leur partagea ainsi le royaume de Mananjara : Rasentambanina et Ramanintolo eurent la partie septentrionale; Rasatrokefa*, Rasianka* et Ramatsindia1 , la partie méridionale. Telle est l'origine de la tribu des ZaGraminia. Rasentam-banina régna le premier sur le nord. A. sa mort, Ramanontolo' lui suc-céda. A la mort de celui-ci, il fut remplacé par Mahery1, qui laissa sa place, en mourant, à Simihamby *. Lorsque ce dernier mourut, £ifi-dianana ' lui succéda. Il fut remplacé après sa mort, par BelanonaIA. Voilà quels ont été les rois du nord.

Le premier roi du sud fut Satrokefa, auquel Ndriamasinony" suc-céda. Celui-ci Tut remplacé, après sa mort, par Indroho, auquel Simi-valo succéda1*. Ce dernier eut pour successeur Iabanimandro1 1 qui partage actuellement le pouvoir avec Iabany Ramaina u . Les rois du nord sont Iabanitsiombana " et Iabaniviavy".

1. Celui qui a mille parcs (Ra, part icule; vala, pa rc ; arivo, mille). 2 . Peut-être pour Ramalaza, le célèbre; ou Ra, particule; mahay, ceiui qui

sait (chasser) ; alaza, espèce de fouine. 3 . Celui qui a un beau chapeau (Ra, particule ; satroka, chapeau ; efa, flni,

termiué). 4. R i , part icule; siaka, le méchant . 5 . Ra, particule ; matsina pour mantsina, puant ; dia, par la marche

celui qui pue en marclia.it . 6 . Le même que Ramanintolo, celui qui possède tout (Ra, particule ; ma-

nontolo, en entier qui s'étend à tout) . 7 . Le fort, vigoureux. 8 . Tsy, ne pas ; miamby pour miambina qui garde ; qui a 'est pas gardien. 9 . Celui qui n 'est pas (tsy) préféré ( f id ianana) . 10. Be, beaucoup; lanona, réunions; celui qui réunit beaucoup de su je t s . 11. Ndria, pour Andriana, le prince ; masina, salé ; ony, rivière ; le prince

de la rivière salée. 12. Celui qui ne demande pas pardon. 13. Iabany, le père d e ; mandro, celui qui se baigne. 14. Iabany, le père de , Ramaina, le sec. 15. Iabany, le père d e ; tsy, ne p a t ; o m t a n a , qu 'on su i t ; le père de celui

qu'on ne suit pas, qui n'a pas de part isans. 16. Iabany, le p i r e de ; viavy, la femme.

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ZAFINDRAMINIA

Bao no razambe. Abrahame vadiny Raminia niterakandRavuhinia sy Rakombilahy sy Andrianakovatsy. Nitody tao Analaminofy, niton-dra ny valalanampy. Dia niondra1 indray dia nitody tao ambinany Sakaleona. Dia niterokandRadamalavarivo sy Fohivanona sy Ramana sy Belamosy, Satrokefa, Ratsitambanina, Ravalarivo dia Ramialaza. Raha tonga ' tao £meka izy io, dia nomena tany tao Mandenas ; koa raha nihinana tona Raminia, dia maty. Izao no tsy hibinanany 1

ZafindRaminia tona. Niondrana taminy4samboizy dia nilsakanankaty.

T R A D U C T I O N

LES ZAFINDRAMINIA

Bao1 est notre premier ancêtre. Abrahame et sa t'e.nme Raminia

1. Pour niondrana. 2. C'est niverina qu'il faudrai t au lieu de tonga ; il retourna à la Mekke

au lieu de il arriva a la Mekke-3. Il faudrait hihiuanany ny ZafindRaminia. 4. P o u r tamy ny en deux mots . 5 . Bao est un nom exclusivement malgache. Ce texte fait par conséquent

descendre les ZaflndKaminia d 'un ancêtre malgache et non é t r ange r . La légende de Raminia devenue femme et épouse d 'Abrahame (.sic) a été ajoutée dans la suite à l 'histoire de celte t r i b u ; mais son authentici té est loiu d ' à -

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16 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

enfantèrent Ravahinia, R a k o m b i l a h y A n d r i a n a k o v a t s y V Ils atter-rirent à Analaminofy 1 apportant le valalanampy4 ; puis ils s 'embar-quèrent de nouveau et vinrent atterrir à l 'embouchure de la rivière Sakaleona*. Ils enfantèrent Radamalavarivo*, Fohivanona' , Ramana, Belamosy' , Satrokefa, Rats i tambanina ' , Ravalarivo et Ramialaza. Lorsque Raminia fut retourné i la Mekke, on lui donna des terres à Mandenas1 0 ; mais, ayant mangé d 'une grosse a n g u i l l e " , il mourut .

voir été prourée. La descendance de ZafindRaminia d 'ancêt res malgaches est beaucoup plus probable ; le t e s te malgache est précis à cet égard et il me paraît beaucoup plus véridique que les légendes de Flacourt dont les points principaux sont en contradiction avec l 'histoire de l ' islam.

1. Peut-être pour Raha ho ombilahy, il peut devenir taureau. Les noms malgaches ont souvent des significations bigarres. Un roi sakalava des en-virons de Mojanga , sur la côte nord-ouest , porte le nom de Mboe, chien, bien nu'il soit musulman et considère le chien comme un animal impur. Un au t re chei n origine musulmane de la côte orientale s 'appelle Imboatay, crotte de chien. Un autre s 'appelle Pisolahy, chat . Plusieurs femmes ont des noms de jours de la semaine : Kamisy (ar . ^ J * ! ) , j e u d i ; Sabosty (ar . O-—). samedi ; Talata (ar . «UL'), mard i ; Lahady (ar. dimnnche, sont des noms d 'hommes assez communs sur la côte sud-est .

2 . Peut-être pour Andriana ho vatsy, le prince qui est comme des provi-sions pour son peuple, qui subvient à ses besoins.

3. Le Lamanoufl de la carte de Flacourt . Peti t village au sud de l 'embou-chure du Mangoro qui se trouve par 19*59' 3(f d 'après les observat ions de M. Grandidier.

4 . Nom donné au boeuf rapporté par Raminia . 5 . Sakana, largeur ; leona, qu'on peut traverser ; qu 'on peut traverser

dans sa largeur k cause du peu de distance qui sépare les deux rivea. 6 . Radatna, nom propre ; lava, long ; ar ivo, mille ; Radama qui es t suivi

par des milliers de suje ts qui ne sont qu 'un prolongement de lui-même. 7 . Pohy, court ; vanona, qui abou t i t ; celui qui arrive vite à ses f ins . 8. St, grand ; lamoxy pour lamosina, dos ; qui a un g rand dos. 9 . f i a , par t icule ; tsy, ne p a s ; tambanina, qu 'on a supp lan té ; celui qu'on

n 'a pas supplanté . Le premier texte ZafindRaminia mentionne le même per-sonnage sous le nom de Rasitambanina et Ratentambanina.

10. Mandenas n 'es t probablement qu 'une transcription défectueuse de l'a-rabe Madinat, Médine, l 'une des deux villes saintes de l ' islam.

11. tona signifie exactement : anguille énorme dont la chair est succu-lente, mais qu'on ne mange pas par respect , parce qu 'on la regarde como.e la demeure des ancêt res . Cf. Dictionnaire malgache-français, p . 669. Les

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ET AUX ILES COMORES

C'est pour cette raison que se* descendants ne mangent pas d 'an-guille. (Après sa mort) les ZafindRaminia s'embarquèrent sur un navire qui les conduisit jusqu'ici.

âmes des morts passent également, d 'après les Malgaches, dans le corps <Ju martin-pécheur d<* Madagascar (Corythornis cristatus) et de l 'achéronlio ou sphinx a tête de mort, en malgache, lolnbc. Cf. mes Contes populaires mal-gaches, Par is , 1893, i n - t 8 , ch. XL, p. 13'.).

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CHAPITRE III

« Mananzari, dit Flacourt ' , est la principale ri\«ère du pays des Antavares * ; c'est une grande rivière dans laquelle il peut entrer des barques. Il a eu autres-fois habitat! jn de François, qui toutes les fois y ont esté massacre : par la trahison de ceux du pays et par les m ^ e s de ceu\ d'Anossi et de ceux de Matatane. » Mananjary 1 (impropre-ment appelé Mananzary) est un grand village d'environ quatre mille habitants situé sur la rive gauche et à l 'em-bouchure du Mananjara. Les Malgaches le désignent sous le nom de Masindrano4 ou Masondrano5. 11 est divisé en trois quartiers qui portent les noms de Masindrano, au sud; Anivontany6, au nord; et Ankadirano7 , à l'ouest. C'est le chef-lieu du district de Mananjara dont le gouver-neur hova réside à Tsiatosika8 , polit village riverain situé

1. Histoire de risle Madagascar, Paris, 1G61, in-8°, chap. vin, p. 20 2. Pour Antavaratra (anta, les gens, avaratra, du nord). 3. Manana, qui possède; znra, la chance; le pays fortuné. 4. M as itia, salée; rano, eau. Ce nom lui vient de sa situation sur

le bord de la mer. 5. Maso, l 'œil; rano, eau ; c'est-à-dire l'embouchure de la rivière. 6. Anivo, au milieu de ; tany, la terre; c'est-à-dire le quartier qui

est entre les deux autres et occupe le centre du village. 7. Ankady, au bord de; rano, l 'eau. Le nom lui-même indique

la situation de ce quartier, au bord de la rivière. 8. Tsy, ne pas ; atosika, qu'on repousse. Ce nom a été donné r.u

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à une quinzaine de kilomètres de la côte, à vol d*oiseau. La population de Mananjary est composée en majeure par-tie d'Antambahoaka auxquels viennent s'ajouter quelques Hovas et Betsimisaraka1, des gens du sud (Antaimorona, Antailasy et Antaisaka), une population flottante de Betsi-leo et Tanala, et quelques Européens et créoles français, anglais et allemands.

Les Antambahoaka2 ont des mœurs cruelles et sauvages. L'inceste est commun entre frère et sœur. Ce commerce criminel conduit, disent-ils, à la fortune. Les accouche-ments donnent lieu à des pratiques étranges. Lorsqu'une femme en travail d'enfant ne parvient pas à accoucher, ses parents consultent le mpisikidy. Le sorcier, après nom-bre de signes et d'incantations magiques, déclare généra-lement que la patiente ne peut être délivrée qu'après avoir

village en souvenir d 'une attaque faite par les indigènes contre le fort dans lequel s'étaient retirés les Hovas. Les assaillants ayant été repoussés avec pertes, les Hovas donnèrent à ce village le nom de tsy atosika ny 1merina, les gens de l ' Imerina qu'on ne fait pas recu-ler, qui devint plus tard, par abréviation Tsiatosika.

1. Bey beaucoup; tsy, ne pas; misaraka, qui se séparen t ; ceux qui sont nombreux et se soutiennent les uns les autres. Ce nom n'est plus justifié depuis bien longtemps. Les Betsimisaraka, qui étaient autrefois une des tribus les plus importantes de la côte orientale et qui ont toujours fait le plus large accueil aux étrangers et surtout aux Français, se sont soumis aux Hovas au commencement de ce siècle. Ces derniers profitèrent habilement des dissensions des principaux chefs pour prendre définitivement pied à Tamatave, qui était et est encore le premier port de Madagascar. Des épidémies de variole et surtout la débauche et l'ivrognerie, ces deux vices malgaches par excellence, font de nombreuses victimes parmi les Betsimisaraka dont le nombre diminue avec une stupéfiante rapidité.

2. A nia, les gens ; vaohaka, su je ts ; ceux qui sont les sujets des princes. Ils s'appelaient autrefois Andriambahoaka, les nobles sujets des princes.

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CODfessé publiquement une faute qu'elle a commise. Dans un cas de ce genre, la femme restait muette. Pressée de questions, elle avoua en:ln avoir eu des rapports avec son frère et elle accoucha aussitôt aprbs.

Pendant qu'on procède à la toilette du nouveau-né, la mère est conduite en plein air et douchée à l'eau froide. Elle rentre ensuite dans sa case où on allume un feu vio-lant destiné à la faire transpirer. L'accoucheuse, pendant tout le temps que dure son ministère, ne doit porter aucun vêlement ou être tout au moins à demi nue. Lorsqu'une femme met au monde deux jumeaux, la mère et les a s s i s -tants s'éloignent immédiatement pour laisser la place à un sorcier qui les étrangle. La famille rentre ensuite après le départ du mpamosavy et pleure la mort des enfants. On se débarrasse également des jumeaux en les jetant en plein jour dans un marais où ils ne lardent pas à s'enliser. Les Antambahoakaprélendentque ces enfants ne vivraient pas, deviendraient fous ou attenteraient plus tard à la vie de leurs parer ts1 . Par une coïncidence bizarre qui a semblé

i. Cf. ce passage de Flacourt : « De foutes les superstitions qui te pratiquent par les nations ^es plus barbares du monde, celle par laquelle la nation de Madécasse reiette, délaisse et abandonne cruel-lement ses enfants, est la plus impie et abominable : Cecy se pratique en beaucoup de façons, tellement que ie ne m'étonne pas, si cette Isle, la plus grande et la plus fertilledu monde, n'est pas si peuplée; d'autant que dès le ventre de la mère, ou dès la naissance, ces pauures innocentes créatures sont condamnées à perdre le iour, auant que de l'avoir veu ny connu; et ainsi sont subjettes aux folles fantaisies, et s u p e r s t i t i o n s d e s ombiases (ombiasy) e t ompisichiles (nipisiki<ly\, qui conseillent aux pères de délaisser leurs enfants, et les faire porier par quelque esclave malheureux, loing du village dans les brossailles et buissons, ou dans les bois à l ' iniure du temps, du froid, et à l'aban-don des chiens, cochons, ou autres hestes, qui les deuorent; qui sont quelquefois une tournée à crier et se plaindre, et meurent le plus

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donner raison à celte cruelle coutume, une femme qui avait refusé de s'y soumettre a vu mourir l'un des jumeaux et le second devenir fou. Les femmes antambohoaka refusent de donner le sein à un enfant étranger en même temps qu'au leur. L'un des deux doit mourir, disent les sorciers. En cas d'accouchement difficile, on force ia pa-tiente à citer les noms de tous ceux auquels elle a accordé ses faveurs. L'extrême légèreté des mœurs malgaches rend celte énumération fort longue, que la femme tait sur un ton de mélopée1 . Le nom qu'elle prononce au moment de la délivrance est considéré comme celui du père de l'enfant. L'individu est immédiatement prévenu qu'il lui est né un fils ou une fille; el il n'y a pas d'exemple qu'un Antambahoaka ait refusé d'endosser une paternité si peu démontrée.

Les indigènes convaincus de crimes entraînant la peine

souvent de froid ou de faim, ou sont cruellement deuorés. Le sujet pourquoi les pères el mères abandonnent ainsi leurs enfants ; c'est lors qu'ils naissent en un mauvais iour, mauvais mois, ou mes me mauvaise heure, et le plus souvent, lorsque le misérable Ombi issé à Squille, s'il voici que la figure du Squille (géomancie) ne soit pas à son gié, il dit que l'enfant sera meurtrier de son père et de sa mère. . . » (/oc. cit., p. 1)1-92). Cette superstition est malheureusement assez répandue. Sur la côte occidentale d'Afrique, à Lonny, on en -terre vivant les jumeaux; à Vancouver, on met à mort l 'un d 'eux; et à Calabar, dans le golfe de Guinée, ils sont considérés comme des divinités infernales et massacrés immédiatement après leur naissance.

1. « I.es femmes estans prestes d'accoucher, raconte Flacourt, invoquent la vierge Marie (?), en la priant d'obtenir de Dieu qu'elles puissent accoucher avec peu de douleur. Cependant elles se confessent à quelque femme confidente des pechez qu'elles ont commis depuis leur dernière couche et pendant leur grossesse, en luy nommans les hommes avec qui elles ont eu aiïaire. Ce qui est facilement sceu par les autres femmes, ausquelles la confidente ne la peut tenir de le re-veler » (loc. cit., p. 59-00) .

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capitale sont longuement torturés avant d'être mis à mort. Le criminel est solidement attaché à un poteau et de façon à ce qu'il ne puisse faire aucun mouvement. Il est ainsi livré aux gens du village. Ceux-ci le frappent, le piquent, l'entaillent avec tous les outils, armes et ustensiles dont ils se servent ; et généralement, quelque hideuse vieille lui sort les yeux des orbites avec la pointe d'une corne de bœuf. On conduit enfin le patient à la rivière où il est sagavé et son corps est lancé dans le courant. Cette mort et la torture qui la précède sont infligées aux voleurs d'en-fants libres, d'esclaves et de bœufs. Les vols simples sont punis d'une amende, de l'emprisonnement et de la baston-nade. Si l'objet ou l'animal volés sont de dimensions ordi-naires, on les suspend au cou du voleur qui est ligotté et promené en laisse dans le village, exposé aux lazzis et aux bourrades de ses compatriotes.

L'homme, dans la famille antambahoaka, occupe une situation privilégiée qu'il ne mérite à aucun titre. Pares-seux et ivrogne, il ne contribue en rien à la subsistance des siens. A la femme incombent toutes les charges. Elle seule prépare les rizières, sème le riz, le repique et le récolte. Entre temps, elle tresse avec un petit jonc de marais des sacs et des nattes qu'elle vend ou échange contre du sel ou des cotonnades.

Les Antambahoaka et plus généralement les Malgaches qui habitent le pays compris entre Tamatave et Farafan-gana, se nourrissent principalement de riz, manioc, pata-tes douces et d'herbes potagères porlant le nom générique de anana et dénommées Solanum nigrum et nodifforum ; Spilanthes ; Conyza bellidif'olia et hirtelia ; Chœnopodium murale, Amarunthm spinosus, Ce/osia trigyna, Lomelia naialensis, Gynura remua, Sisymbrium nasturtium, Hype-ricum japonicum, etc. Dans les grands villages, des bou-

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chers indigènes débitent en plein vent de la viande de bœuf el de porc à un prix qui en permet l'achat aux plus petites bourses. Les Malgaches, peu soucieux du plus ou moins de fraîcheur de la viande, achètent et mangent volontiers des quartiers de bœuf déjà entrés en putréfac-tion. Leur boisson se compose d'eau dans laquelle on a fait tremper du riz brillé qui la colore eu noir1, de suc de canne à sucre fermenté* et de rhum importé de l'île Maurice.

Les événements heureux ou malheureux se célèbrent par des danses et des chants appropriés à la circonstance. La fête débute toujours par l'abalage d'un bœuf et la mise en perce d'une barrique de rhum. Sa durée est propor-tionnée aux ressources de celui qui la donne. Les funé-railles des chefs durent quelquefois des semaines et même des.mois, pendant lesquels on mange et on boit autour du cadavre sans s'inquiéter de son degré de décomposition. Le priftce belsileo Rajoakarivony n'a été enterré que six mois après sa mort. Pendant ce laps de temps, son corps a été transporté dans chacun des villages de la province qu'il commandait et à chaque halle, un repas de funérailles était offert parla famille aux sujets du défunt. On estime qu'on a tué et mangé plus de mille bœufs pendant cette tournée fu-nèbre. Ces repas de funérailles sont hideux à voir. Hommes et femmes ivres de rhum el gorgés de bœufs, la voix érail-lée par l'alcool, les paupières alourdies par la veille, hur-lent ensemble en tapant en cadence avec des bâtonnets sur un bambou. Ceux que l'ivresse et la fatigue endorment sont immédiatement remplacés par de nouveaux convives qu'ils remplaceront eux-mêmes quelques heures après.

1. En malgache, ranonampango. L 'ampango est le riz brûlé qui reste adhérent aux parois de la marmite.

2. En malgache, betsabelsa.

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ET Al'X P.ES COMORES

Certaines tribus de la côte orientale de Madagascar at-tribuent à leurs sorciers le pouvoir de charmer les caï-mans et de les faire coopérer à leurs sortilèges. Il y aurait même des unions entre des sorcières et des caïmans mâles, et des sorciers et des caïmans femelles. Us se rencontrent le soir, sur le bord des rivières; et les sorciers indiquent à leurs acolytes les personnes qu'ils doivent dévorer. Cette croyance dont il est fait mention dans plusieurs contes populaires' , est si bien enracinée chez les Antambahoaka que, en 1892, deux vieillards ont failli être condamnés aux travaux forcés sous l'inculpation d'avoir fait dévorer une femme par un caïman.

La descendance de Raminia à laquelle prétendent les Antambahoaka est presque le seul lien qui les rattache aux tribus musulmanes malgaches. Us n'observent même plus les quelques prescriptions islamiques auxquelles se sou-mettent encore les Antaimorona-'. Les lettres arabes leur sont à peu près inconnues; mais ils tiennent cependant en haute estime les amulettes écrites avec ces caractères. Le porc et le chien, considérés comme animaux impurs par leurs voisins, circulent en liberté dans leurs villages. Les Antaivandrika dont Haminia exploita si cruellement la cré-dulité pendant le voyage de la Mekke à Madagascar, se prévalent souvent auprès d'eux des droits que leur donne la légende malgache. Un Antaivandrika peut entrer h toute heure dans une case antambahoaka et y prendre ce qu'il lui plaît. Il lui suffit, pour ne pas être poursuivi, de décliner sa filiation. Cette soumission passive et coûteuse aux pres-criptions d'une légende est certainement une des prati-ques les plus curieuses des indigènes de la côte sud-est.

1. Cf. mes Contes populaires malgaches, n** XXXIX et XLI. 2. Antat/, les gens; rnorona, du bord, ceux qui habitent le bord

de la mer.

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ANTAMBAHOAKA

J\y razana nihavian'ny Antambahoaka voalohany hatramy ny Zafiafiny sy ambarak'ankehitriny.

Ny nihavian'ny Antambahoaka voalohanv dia olona mi<:nadahv avy any Maka andafin'ny ranomasina. Nentin'ny sambo izireo no nahatongavany voalohany tao Ambalatany any Faraony. N'y anaran'izy mianadahy ireo dia Raminia sy Ravahinia: Ary nony tonga tao izireo iRavahinia anabavindllaminia io nanambady andUamosamary avy any andrefana. Vao nankany Matitanana izireo dia nitoetra atsimon* Ambalatany ka dia niteraka any Ionv izireo. Toy izao no teninv Ra-vahinia raha nalain'ny olona ho vady izy : clzaho, ho y izy, Hakiltemi-fehitena ka na iza na iza maka ahy ho vady raha tsy mahavaha ity ra-kibemifehitena ity tsy vadiko (miantso ny rakitra fasian'ny entany rehetra). Ary hianareo, hoy izy, dia tsy misy mahavaha, koa dia Ra- • mosamary hianv novadiko. » Ary dia izany no antony nanambadiany andRamosamary koa dia niteraka any lony iziicu; koa ny taranaky ilony io no nihavian'ny Antaiony rehetra.

Ary Raminia sy Ravahinia mianadahy ireo koa, dia nilondra omhy atao hoe : Valalanampy, nentiny avy any andafin'ny ranomasina nia-raka taminy. Ary izany omby izany no nataon'izy mianadahy ireo fanirakiraka tahaka ny deka nitondra ny tarafasy fifampilondran' izireo satria Raminia tao Ambalatany no nitoetra tamin'izay, ary Ravahinia tany Matitanana. Ary ny fomban'ny fampilondrany taratasy io biby io dia feheziny eo amy ny tandrony.

Ary nony tato aoriana ela ny zanaky lony zafindRavahinia (lia niady antrano, dia ireo Antaiony ireo izany. Niady taminy Ravalarivo zanaky ny tomponarivo zafiny Raminia, koa dia izany no anton'ny n i f ì n d r a ^ Raminia taty Masindrano (Mananjary). Ary ireo Antaiony dia nana-menakely ny Anfaimorona rehetra tatsimo zananilahv zana-nivavy. Dia ireo any Faraony reheira na atsimo na avaratra sy Na-morona sy Vohimanitra sy Vohimasina sy Vatomena sy Ampasiman-jeva sy Vohipeno sy Manakara, etc.

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ET AUX ILES COMORES .15

Faraony atsimo izay efa misy olona telo amby dimampolo sy efa-jato sy roa arivo.

Faraony avaratra izay efa misy olona sivy amby roapolo amby zato sy arivo.

Namorona atsimo misy olona efatra amby sivifolo amby zato sy roa arivo.

Namorona avaratra misy olona roa amby efapolo amby zato sy arivo. Vohimanitra, misy olona efapolo sy dimanjato. Ainpasimanjeva misy olona dimy amby telonjato. Ary ireo menakelin'ny Antaiony maro ireo dia nasiana anarana

hoe koa : Mpanambuka noho ny niodinany taninv k a nabaresy a/.ireo tompomenakely azy ireo. Koa izany kosa indray no nifindran'in'o Antaiony latv Tsiatosika (Mananjara , ary ireo Mpanambaka ireo dia atahorana raha sendra mihetsika izireo; ary inilrindra fa tsy mety ato Marakely hatramy nv taloha ka nmbarak'ankehitriny.

Ary ny fototry ny namelezany ireo menakeliny ireo an'ny Antaiony. tompomenakely azireo dia noho ny didy rats y sy tsy laitra barabina nataony ireo Antaiony. Fa ireo Antaiony ireo dia nanao liavonavonana ambony loatra, satria ireo Antaimorona menakelin'ireo dia tsy na-siana hasina fa nosiratsirainy nataony naman'ny kiso.i sv ny ahka no fitondrany azireo. Tov izao : raha sendra mandro izireo Antaiony ka mahatratra azv mandro ireo inenakeliny, ireo dia lolohaviny Antaiony haingana nv tananv roa. ka hov no Hteninv : « Adrav ! fa tratrau' amboa nandro alio laliy ! » Sady tomany izy ataony fahoriana lehilie aminy lokoa izany. Ary koa raha mamono /avumiaina ireo menake-liny ireo toy ny omby, ny vorona, ny akobo, dia izy hiany no man-didy ny tendany voaloliany; fa raha sendra tsy izireo no mandidy voalohanv dia ataony heloka lebibe. sadv tsy azo hohaninu io zavatra novonoina io : koa dia izany no nanaovana ny Antaiony hoc : Mpa-nimhily (mpandidy), ainbarak'ankehitriny. Dia mbola tananv izany fomba izany. Ary koa indray raha sendra potraka izireo Antaiony dia tsy maintsy minia iniara pitraka aminy hain^ana ny menakelv izay sendra eo. Ary koa raha sendra rendrika andakana izireo ka misy menakely miaraka aminy eny ambony lakana «lia minia miaradren-drika aminy, na dia tsy mba lahuka uny anaty lano aza. Indrindra indrindra ny fandoavankctra nainpandoaviny izireo ny menakely dia tsy laitran'nv menakeliny tokoa sy ny tomba maro samihafa.

Ary izany rehetra izany 110 dia anton'ny nainel« zan'ireo Antaimo-rona menakeliny ireo azy, ary tamin'izany andro niadiana izany dia

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Mahagaga ny ra mandriaka eran'ny tany. Ary ireo Antaiony ireo dia niely hatr'any Faradofay. Ary nony efa resin'ireo menakeliny ireo ny Antaiony dia nandositra tany Tsiatosika (Mananjara).

Ary nony tato aoriana izireo dia nifampilory tany Antananarivo; ka hoy ny tany hoe : samia angaloha hianareo roa tonta samy mipe-traka amin'izay efa nipetrahany hiany. Koa ambarak'ankehitriny dia mbola tsy vita ny adiny. Ary ny anton'ny nahazahoan'ireo Antaiony ireo menakety betsaka dia noho izy be ody mahery. Izany no dia nahambony azy, hono, fa tsy iaitra mahitsy. Ary izireo hiany aza, liono, no nihavian'ny ankabiazan'ny, sfc.npy izay nivavahan'ny tany Merina tamy ny andro teo aloha.

Ary Raminia kosa indray no ratana nihavian'ny Antambahoaka. Toy izao : Raminia nileraka andRabevahoaka; ary Rabevahoaka nite-raka andRajosefa sy Tompoimanarivo. Ary Tompoimanarivo kosa niteraka andRavalarivo ; ary Ravalarivo kosa indray no niteraka andRamaialaza sy Rafandaharana sy Ralsianga sy Ramasindia sy Sa-trokarivo. Ary izy dimy lahy ireo no nHeraka izao Anlambahoaka rehetra izao, izay efa tonga inaro ankehitriny eto Masindrano (Ma-nanjara).

Ary dia toy izao no anaran'ny Andriambaventy ankehitriny eto Masindrano ankilany izay taranak'izireo, sy my isan'ny An tam-bahoaka rehetra zanak* izireo na Ichilahy na vehivavy :

Ibanimandro sy Iabandramena sv Ibotomiaraka sy Itsikasihina sy Ilavalava sy Ravoritika sy Indriambonimanana sy Iketotra sy Ibabo sy Ibetiana sy Ilaivanona sy Iabandrakelika sy Tamanta sy Ilivatra sy Itsivatanona sy Itsitasihina sy Botomena.

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Ireo dia Masindrano ankilany rehelra. Aryny isan'ny Antambahoa-ka izay fehezin'ireo sady zanak'ireo eto Masindrano dia misy fito amby sivifolo amby valonjato marina ankehitriny na lehilahy na vehivavv.

Ankadirano sy Anivonlany, izany hoe, Masindrano ankilanv dia ireto no Andriambavenly eo aminy kosa indray :

Iahanitsiombana sy labaniviavy sy Iabanitanjaka sy Iabanirebeka sy Iabaniravo sy Iabaniondry sy Ratsifoana sy Randraharaha sy Ideba sy Il8izaza sy Itsidilafana sy Itsimanamby sy Itsiantsaina sy Iabaniravo sy Ibobongy sy Ivanombelona sy Imandriatra sy Indriandraha sy lkandrina sy ItsidilaQna sy Ilaimanana.

Ary ny isan'ny lehilahy sy ny vehivavy fehin'ireo kosa sady zanany dia misy, roapolo sy sivinjalo marina ankehitriny. Koa amin'izany raha mitambatra ny isan'ny Antambahoaka eto Masindrano na lahy na vavy izay taranaky Raminia dia misy fito amby ny folo sy vaion-jato sy arivo izao ankehitriny izao eto Masindrano (Mananjara).

Ary ireto kosa indray no anaran'ny Andriambavenly amy ny tanuna sasany ivelany Masindrano, izay taranaky Raminia, izany hoe An-tambahoaka hiany koa :

Anosin'Masindrano Imanavjdahy Ampanalana Indriantseranana

S Beravaka 1 U a r a v a r * > Indriamananatra

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Bet&mpona

Atsimon'ny Betarr

Andohan'Ifangato Itsaravary Ifanantara Vitamena Befotaka Ampasimbola Itsaravaiv Antendrateza Adara

Androngana

Antanambao

Andavakilavy

Mahambo Befotaka

Ary noho ny teo aloha nampirafy iRaminia dia niteraka hafa koa, dia Rajaomanelo; ary Rajaomanelo niteraka andRamasobararata sy Rabefandraotra; ary dia ireo zafiny Raminia ireo koa indray no ra-zanana nihavian'ny Antanosy izay any Faradofay, fa nankanyFara-dofav ireo zanaky Raminia ireo nonina ka nihamaro tany.

Ary Raminia koa indray niteraka any Masy vehivavy. Ary Masy niteraka any Manakana; ary Manakana niteraka any Mohavaly; ary Mobavaly niteraka any liaikiringy; ary Ilaikiringy niteraka andRatsi-miozona sy Ramaivoho. Ireo no zafiny Masy vehivavy izay zanadRa-minia koa dia natao hoe : zalindRaminia in.o. Ka any Iefaka rehetra any ireo no mitoetra.

Ary izao koa indray no zanaky Ravahinia hafa : Ravahinia niteraka andRadamary ; ary Radamary niteraka any Bevazaha dia Razafirambo ; ary Razafirambo no razana nihavian'ny any Kiongo' dia ry Tsian-draofana. Koa dia Ravahinia hiany no razambeny Tsiandraofana.

Ary izy mianadahy ireo rehefa antitra, dia Raminia sy Ravahinia

i. Pour Ikongo.

Íltsimainty Indriamanefy

l Indresy Indriambaoka Imboatay Itanondahy Imara Ikadato Itsaraverenana Indrifatra Itsimanatitra Itsangadahy Itsiaferandahy Ilangy

i Rabeamatra « Ininy ( Itsimereta ' ltsiarahindahizo

Indrianahazotsara Itsidiso.

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izany, izay nihavian'ny ankabiazan'ny Tanindrana atsimo rehetra, dia nody any Maka izay any andafìn'ny ranomasina fonenany, fa tsy tiany hono ny milevina aty.

T R A D U C T I O N

LES ANTAMHAHOAKA

Histoire de l'arrivée des premiers ancêtres des Antamhahoaka <•/ de leurs descendants jusqu'à maintenant.

Les premiers ancêtres des Antambahoaka qui sont arrivés à Mada-gascar étaient deux individus, frère et sœur, qui venaient de la Mekke au delà de la mer. Le bateau qui les portait toucha d'abord à Amba-latany près de Faraony'. L'un s'appelait Raminia et l 'autre Ravahi-nia. Arrivés là, Ravahinia, sœur de Raininia, épousa Ramosamary qui venait de l 'ouest. Avant de partir pour Matitanana, ils séjournè-rent au sud d'Ambalatany. Iony y naquit. Voici ce que dit Ravahinia lorsqu'elle se maria -: t Moi je suis Rakibemifehitena* ; et celui qui veut m'épouser devra pour devenir mon époux ' s'en emparer. (Elle appelle trésor la boîte contenant tous ses biens.) Vous autres, ajouta-t-elle, vous n'avez pas pu ouvrir cette boite qui contient mon trésor. Ramosamary qui l'a fait est devenu mon époux. » C'est le motif pour lequel elle épousa Ramosamary. De leur union naquit Iony qui donna naissance aux Antaiony.

1. Pet i t village à une journée de marche au sud de Manan ja rv . 2. HaiiIra, trésor ; i-., ttrand -, mifehy, qui est lie ; tena, à mon corps . 3. La phrase est as&'z obscure . Il faut connaitre la signification du mol

hakibemifehiiena pour pouvoir en comprendre le sens , qui e*t celui-ci : Moi, je suis celle qui possède un grand trésor lié à mon co rps . Celui qui voudra m'épouser devra s ' empare r de la boite qui c o n t i n u le t résor lié à mon corps et il d viendra mon époux. »

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Raminia et Ravahinia, le frère et la sœur, amenèrent avec eux, d'au delà de la mer , un bœuf nommé : Valalanampy. Ils se servaient de cet animal comme d'un aide de camp pour se faire parvenir leurs lettres (Raminia habitait Ambalatany et Ravahinia, Matitanana) ». Le bœuf portait les let tres attachées à ses cornes.

Longtemps après, les Antaiony, fils de Iony, petits-fils de Ravahi-nia, se battirent dans la maison avec Ravalarivo, fils du tomponarivo*, petit-fils de Ramiuia. Cette bataille fu t la cause du déplacement de Raminia qui vint se fixer ici1, àMasindrano(Mananjary). Les Antaiony sont les seigneurs de tous les Antaimorona du sud, hommes et fem-mes. Leur autorité est reconnue dans les villages nord et sud de Fa-raony; à Vamorona', Vohimanitra ' , Vohimasina', Vatomena', Ampa-simanjeva, Vohipeno' , Manakara ' , etc.

Faraony méridional contient a,453 habitants; Faraony septentrio-nal 1,139 ; Vamorona méridional, 194; Vamorona septentrional, i , t 4 i ; Vohimanitra, 54» ; Ampasimanjeva, 3o5. etc.

Les serfs des Antaiony, qui sont en grand nombre, portent aussi le nom de Ampanambakaparce qu'ils se révoltèrent contre les Antaiony leurs seigneurs et les vainquirent. C'est leur défaite qui poussa les Antaiony jusqu'à Tsiatosika, près de Mananjary ; et jusqu 'à mainte-nant ils craignent encore leurs vainqueurs, chaque fois que ceux-ci s'agitent. Depuis lors et jusqu'à ce jour les Ampanambaka ont toujours refusé d'être Marakely".

Les serfs se révoltèrent contre les seigneurs antaiony à cause de

1. Les villages d'Ambalatany et de Malitanana sont à plus de 80 kilo-mètres de distance l'un de 1'aulre. Le Valalanampy, dit la légende, la fran-chissait en quelques minutes.

2. Tompo, le chof ; arivo, de mille hommes. 3. Ce texte & été recueilli dans le quartier de Masindrano du village de

Mananjary. 4. Sur le bord (de la mer). 5. Yohitra, le village; manitra, parfumé. 6. Vohitra, le village ; masina, sacre. 7. Le village à la pierre (vato) rouge (mena). 8. Vohitra, Je village ; feno, riebe. 9 . Pour Manankarana (manana, où il y a ; haraw, du corail blanc). 10. Celui qui dupe, qui arrive à ses Ans par des manœuvres illégales. 11. Corps de jeunes soldats levés dans les tribus non hova soumises à la

cour d'Imerina. \

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ET AUX ILES COMORES

leur orgueil et parce que ceux-ci avaient promulgué de mauvaises lois qu'ils furent du reste impuissants à faire observer. Les serfs antai-morona ne payaient pas de capilalion ; mais ou les évit ait et ils étaient traités comme des porcs et des chiens. Ainsi, lorsqu'un seigneur antaionv se baignait et voyait un serf qui se baignait aussi, il portait vivement ses deux mains à sa tète et s'écriait : « Voilà un chien que je surprends se baignant î » Le serf pleurait et était 1res aflligé. Lorsque les Anlaimonora voulaient luer un animal, bunif, oiseau ou poule, c'était le seigneur qui devait d'abord lui couper la gorge. S'il n'en était pas ainsi, l'Antainiorona commettait une faute très grave et ne pouvait pas manger la béte qu'il avait tuée lui-même. (Jette loi lit donner aux Antaiony le nom de Coupeurs; elle est encore en vigueur aujourd'hui iSi un seigneur tombait, il failail que les serts se jetassent immédia-tement à terre; s'il voyageait en piiogue avec des serfs et qu'il tom-bât à l 'eau, ceux-ci devaient se jeter à l'eau aussi. Les serfs avaient également de si lourds impôts à payer, qu'il leur était impossible de de s'en acquitter ; et bien d'autres charges encore.

Tous ces griefs contre les seigneurs les firent se révolter ; et lors-qu'ils livrèrent bataille à leurs maîtres, le sang coula en telle abon-dance qu'il couvrit la terre. Les Antaiony vaincus se dispersèrent et arrivèrent jusqu'à Fort-Dauphin1. 11 en vint aussi à Tsiatosika, duns le district de Mananjary. Ils allèrent ensuite porter plainte à Tanana-rive*. On leur répondit : t Que chacun de vous reste où il est. » Aujourd'hui encore le difl'érend n'a pas été vidé.

Les seigneurs avaient acquis une grande autorité sur leurs serfs à cause de leurs sortilèges; mais les charmes ne les empêchaient pas

1. Celle assertion est inexacte. A la suite de plusieurs sanglantes révo-lutions, les roturier ont eutiu obtenu de pouvoir couper la gorge aux ani-maux destinés à leur consommation.

2. « Les chefs des diverses iribus de la partie sud-est de Madagascar, dit AI. Grandidier, appartiennent, à la fa mi i le de U.tminia ou des gens q <i l'accompagnaient. C'est une branche de cette Famille des Zal'y Kaunnia <|ui commande aux Anlanosy de la province de Korl-Daupliin. ... Les Zafy Ka-uiinia qui habitaient aux environs de la rivière l'aruony, ont été chasses de ce pays, par le» Zafy Kasimambo et se sont retirés les uns vers le nord les Anlambahoaka), les autres vers le sud, les Anlanosy. » (Les canaux et

lagunes de la côte orientale de Madagascar, dans le Bulletin de la Soc. de géographie de Paris, i , f trimestre 18Ntí, l'aris, in-8, p. 81). )

3. C'est-à-dire au gouvernement hova de Tuuaiianve. 3

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d é l i e battus. Ce sont ces charmes qui avaient donné naissance au culte des idoles qu'on professait autrefois dans l ' Imerina ' .

Raminia est le père des Antambahoaka par la filiation suivante : Ra-minia enfanla Rabevahoaka ' ; celui-ci enfanta Rajosefa3 et Tompoi-manarivo V Ce dernier enfanla Ravalarivo ; et Ravalarivo enfanta Ra-maialaza, Rafandaharana ' , Uats ianga ' , Rainasindia et Satrokarivo. Ces cinq hommes donnèrent naissance à la tribu des Antambahoka qui habitent Masindrano où ils sont devenus très nombreux.

Voici les noms des Andriambaventy T actuels de Masindrano seule-ment, descendant de ces cinq individus, et le nom bref des Antam-bahoaka, hommes ou femmes :

Iabanimandro, l aban i i r a m e n a , lbotoiniaraka I t s i k a s i h i n a llavalava Ravor i t ika" , Indriambonimanana1

I . Voir plus loin te texte sur tes Zafikazimauibo à ce su je t . '2. Ha, par t icule; 6c, qui a beaucoup; vahoaka, de su je t s .

3. Cf. l 'arabe ïousouf, Joseph.

i . T<jmyo, le chef; Itnanarivo, du village d ' Imanarivo. 5 . Ra, particule ; fandaharana, disposition, règlement; celui qui dispose,

qui règle. 6 . Probablement pour Rals iangatra ( ru , part icule; tsy, ne pas ; angatra,

le génie du mal ; celui qui n 'est pas le génie du mal). 7 . Juges , magistrats . Ce titre est conféré par les Hovas aux rois indigè-

nes soumis qui jugent au commercial, au civil el quelquefois au correc-tionnel.

8. / , article personnel; Buto, nom propre mascul in ; miaraka, qui ac-compagne.

0 . I, article personnel ; tsy, ne pas ; kasihina, auquel on touche ; celui qui est sacré, inviolable.

10. / , article personnel : lavalava, duplicatif de lava, le long. I I . Ra, particule : voritika, le recroquevil lé . t ' i . / , article personne l ; ndriana, pour andriana, le pr ince; ambony, au*

d e s s u s ; manana, qui possède ; celui qui possède plus de r ichesses que tous les autres .

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ET AUX ILES COMORES .15

Iketotra1, Ibabo1 , ibet iana ' , llaivanona 4, labandrakelika*, Tamanta4 , l l ivatra ' , Itsivatanona, I tsi tasihina' , Botomena'.

Ceux-ci sont du quartier de Masindrano et commandent aux An-tambahoaka de Masindrano qui sont exactement au nombre de 897, tant hommes que femmes.

Les quartiers d'Anivontany et Ankadirano ont, en dehors de celui de Masindrano, les Andriambaventy suivants :

Iabanitsiombana '*, Iabaniviavv " , Iabanitanjaka Iabanirebeka Iabaniravo14, Iabaniondry

1. Pour Inketotra, le péteux. 2. Le prisonnier de guer re . 3. / , article personnel ; 6e, beaucoup ; tiana, qu'on aime. 4. Ilay, celui -, vanona, qui réussit dans ce qu'il entreprend. 5. labany, le père ; ra, particule ; hetika, aisselles; le père de celui qui a

des aisselles. 6. Le cru, qui n'est ni mûr ni cui t . 7. Du mot français livre (le poids), dont on a fait livatta. 8. Tsy, ne pas ; tasihina, auquel on touche ; qui est inviolable. 0 . Boto, le rouge. 10. labany, le père d e ; tsy, ne p a s ; ombana, qu 'on couvre ; le père de

celui qu'on ne couvre pas. 11. labany, le pè re ; viavy, de la femme. 12. labany, le pere de ; tanjaka, celui qui est fort . 13. labany, le père de ; rebeka pour rebaka, celui qui est fa t igué. 14. labany, le père d e ; ravo, celui qui est content . 15. labany, le père du ; ondry, mouton.

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l U b i l ' u a n u ' , H a n d r a h a r a h a l d e b a ' , l t s i z a / a 4 , l t s i d i l a f a n a " , l t s i i n a n a m b y 6 , l t s i a u t i a i n a *, l a b a n i r a v o , Ibobuii^y l v a n o i n b e l o n a " . lnianiirialra" ' , l n d r i a n d r a h a " , Ikandi ina 1 ' , lisidilatina u , l laimanana u .

Le nombre des hommes et des femmes qui leur ressortissant ac-tuellement est exactement de y io .

1. Ilu, particule, tatj. ne p a s ; foxina, vide ; celui qui a des ressources. 2 . Ha, particule», raharaha, qui a des affaires, qui est ulTuiré. 3. I, arlir.le personnel ; deb'i, 1« large. ì . I, article personnel , (sy, ne p a s : zazn, petit enfant ; celui qui n'est

plus un petit enfant, qui est devenu un homme. 5. Celui 4 cûté duquel on ne marche ( • i i la fa ) pas (tsy); qui est trop or-

gueilleux ou trop haut place pour qu'on puisse le fréquenter . ('). I, article personnel; tsij, ne pas ; mufamb'j, qu'on prend à gages ; ce-

lui qui ne sert personne, qui n'a pas de mai ire. T. / , article personne] ; /sy, ne pas ; untaim, à qui on chante des

louan tes . y. / , arlic 'e personnel ; lohonyy, pour lonjy, celui qui a des testicules, y . / , article personnel ; vunona, qui réussit ; veluna, é tant vivaut ; qui

proine avant sa mort des biens qu'il a amassé s . 10. Celui qui déchi re . 1 1 . 1 , article personnel ; ndriana pour a n f n u n ' t , le noble ; rahi, qui est

ulïairé. 12. Celui qui a un front. 13. i, article personnel ; Uy, ne pas ; Ma/Sna, qui lèche ; celui qui ne lèche

pus.

11. Iluy, celui qui ; munana, possède des biens.

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ET AUX ILES COMORES .15

La to ta l i té de s h a b i t a n t s des d i f f é r en t s q u a r t i e r s de M a n a n j a r y , d e s c e n d a n t s d e R a m i n i a , es t d o n c de 1.817 h o m m e s et f e m m e s .

Voici le n o m d e s che f s des vi l lages A n t a m b a h o a k a hor s d e Manan-j a r y , q u i d e s c e n d e n t é g a l e m e n t d e H a m i n i a :

Noms des villages :

A n o s i n ' I m a s i n d r a n o ' A m p a n a l a n a '

I t s a r ava ry 1

I i e l a m p o n a '

A t s i m o n ' n v H e t a m p o n a " A n d o h a n ' I f a n g a t o " I t s a r ava ry I f a n a n t a r a "

iXomx des chefs de villages :

I m a n n v a d a h y * . I n d r i a n t s e r a n a n a

Ç B e r a v a k a \ i I n d r i a m a n a n a t r a 1 . ( I t s i m a i n t y " . ^ I nd r i am ' . ne fy \ I n d r e s y " . • I n d r i a m h a o k a "

Imhoa tnv I S . I t anondahy I m a n '*.

t . L'île de Masindrnno. 2 . I, article personnel ; ni<inar(iA<i, qui l'ait le t r inge; /<1/11/, l 'homme. 3. L'iathme ; littéralement : là on fuit l'enlèn mmt. Ce nom leur vient de ce

qu'on e j t obligé de faire transporter les pirogues «l'un cMé à l 'autre de l'isthme pour pouvoir continuer le voyage par rail.

I. /, article personnel; ndrinna pour nndriann, le piince ; srrnnnnn, du poil , du débarcadère.

5. Le village qui produit du bon (tsari 1) 1 tz 1 ary). 6. Celui qui possède beaucoup (fcc) d'ornements (raraka). I. Le noble (ndrinna) qui conseille (manann(ra). H. L'endroit où il y a beaucoup (Le) de cimes (titmfmun1; le pavs a<v-

denté. Í). Celui qui n'est pas (tsy) noir mninhj), 10. Le noble (ndrinna) qui forge < tnnnefy) . I I . Au sud de Belnmpcnn. 12. Celui qui ( iny) est vaincu (resy). 13. Le noble (ndriana) lépreux {Lanka pour Lnka). 11. Le village qui est à la source (unilohany) de la rivière Fangalo. <5. Crotle (tay) de chien (roòoa). 16. Celui qui est attrapé ( tann) par un homme (luhy). 1". Où l'eau est très froide (antara). 18. Le tacheté (par la lèpre).

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46 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

Moms des villages : Moins des chefs de villages

Vitamena' lkadato. Befotaka • Itsaraverenana1 . Ampasimbola4 Indrifatra*. Itsaravary Itsimanatitra Antenlrateza ' Itsangalahy*. Adara* Usiaferandahy '*. Androngana" Ilangy

Antanambao " S Rabeamatra" .

Antanambao " ^ I n i n y " .

Andavakilavy1* S I t s imereta" .

Andavakilavy1* 1 Itsiarahindahizo". Antanambao Inadiny. Mahabo" Indriamahazotsara f 0 .

1. O l u i qui est devenu (t lia) rouge (mena). '2. Là nii il y a beaucoup (le) de boue fotnka). 1$. O l u i qui revient (vercnann) en bonne itsara) san l 4 . 4. LÀ OÙ il y a (Tmy) du sable (fasina) argentifère [vola). 5. Celui qui s'est enfui (rifalra) lorsque l'ennemi an ive . G. Celui qui n 'appporte (mamUilra) pas ((sy) ; qui ne fuit jamais de pré-

sents. 7. Là où il y a (any) un arbre (teza) qui a une fourche (temlraka pour

tan'irokn). 8. L'homme (lahy) qui se tient debout ( Isangana) . 9. Là où il y a des palmiers sauvages appelé» tiara. 10. Celui qu'un iiomme (lahy) ne peut pas couper (fsy aferana). 1 t . Là où ity a( ' iny) des arbres (arongana) qui donnent une gomme rouge. I-.'. La trique. 13. Au (any) village (tanana) nouveau (tvr>). 14. H'i, particule; be, beaucoup; amatra, r a r e : celui qu'on aperçoit ra-

rement. 15. Pour Ineny, la mère. Nom propre d 'homme. 1G. Là où il y a (any) un trou (lavuka) prorond (lavy ftour lavitra ?;. 17. Celui auquel on ne dit pas mn-fta ( terme de mépris employé de supé-

rieur à inférieur, de maître à esclave), qu'on respecte, t s . Cflui qui n'est pas (tsy) suivi (arnhina) par hahizn, nom p r o p r e , t'.*. Pour Mahfimho, qui rend hau t ; le village exhausse encore la hauteur

sur laquelle il se trouve. J»>. Le noMe mdrinna) qui possède (mahazo) de bonnes (Isara) choses.

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ET AUX I L E S C O M O R E S .15

Xums des villages : Soins des chefs de villages ;

fîefolaka I t s i d i í O ' .

R a m i n i a q u i é t a i t p o l y g a m e e u t d ' a u t r e s e n f a n t s . Il e n f a n t a R a -j a o m a n e l o ' ; ce lu i -c i e n f a n t a R a m a s o b a r a r u t a ' e t R a b e f a n d r a o t r a 4 . Ces pe l i t s - í i l s d e R a m i n i a s o n t les a n c ê t r e s d e s A n t a n o s y d e F o r t -D a u p h i n . L e s d e s c e n d a n t s de R u m i n i a s o n t a l lés j u s q u e - l à e t ils s 'y son t m u l t i p l i é s .

R a m i n i a e n f a n t a u n e fille d u n o m d e Masy Cel le-c i d o n n a le j o u r à M a n a k a n a * . M a n a k a n a e n f a n t a M a h a v a l y : ; Mahava ly e n f a n t a I l a i k i r i n j i y * ; et I l a i k i r i n g y e n f a n t a R a t s i m i o z a n u ' et R a m a i v o l m l 0 . Ceux-c i sont les p e t i t s - l i l s d e Masy, fille d e R a m i n i a , e t on les a p p e l l e Z a f i n d R a m i n i a . Us h a b i t e n t l e f a k a .

Voici q u e l s f u r e n t les e n f a n t s de R a v a h i n i a . E l l e e n f a n t a Ra<la-m a r y " ; R a d a m a r v e n f a n t a B e v a z a h a " et Z a t i r a m b o " . Ce d e r n i e r es t

1. Celui qui ne se (rompe (iliso) pas (tsy), qui n 'es t jamais en faute. 2. H'i, particule ; ja», grand ; mnnelo, qui mportune par ses assiduités. 3. Ha. particule : mas'), œil ; Imrarata, de roseau? i . Peu t -ê t r e pour Masina, celle qui est sacrée. 5. Un, par t icu le ; l>e, beaucoup ; fandrnutra (pour fnn<lra<>l<ina), enlève-

ment par force ; celui qui fait beaucoup de prisonniers. G. Celui qui met des obstacles (aux tentatives de ses ennemis). 7. Celui qui peut répondre. Une ancienne idole des llova qui fut brûlée en

lHGtt portait ce même nom. On lui prétait la faculté de pouvoir répondre à toutes les questions qui lui étaient adressées.

8. Celui qui (»/<Jy) est entête (k i r ingy pour kirinn). 9. Celui qui ne maudit (miozana) pas ((sy) ses ennemis . 10. /1«. par t icule; may (probablement pour mahay) qui sa i t ; voho, der-

r ière ; celui qui sail ce qui se fait ou se trouve derrière lui. 11. Itadama, nom propre ; a r y , qui crée; qui a engendré une nombreuse

postérité. 12. Ile, beaucoup; vtizaha, é t r ange r s ; qui aime b"aucoup les étrangers ou

qui a beaucoup d'etrarigers avec lui. V<i:u/i'j signifie é tranger à Madagascar , de naiionalité non malgache.

t 3 . 'lafy. les descendants ; Rnmbo de Rainbo. D'après M Gra idnlier {Iss ennanx et layunes de la rôte orientai' de Madayasear, p. K, note 7>\ H • minia aurait eu pour compagnons Imabazo, Irambo et Imanely : « Leurs descendants , ajoute-t- i l , les Antaimahaio du district de Maliasorn, les Anl-sanibo du district de Mulitannna, les Zatirambo d ' ikongo , les Zafimanelv

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40 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

l'ancêtre des gens de Kiongo1 dont le roi est Tsiandraofana. Ravahi-nia est donc l'ancêtre de Tsiandraofana. Lorsque Raminia et Rava-hinia furent devenus vieux, ils avaient donné naissance à la plupart des tribus du sud. Ils retournèrent alors à la Mekke, leur patrie, qui e<t au delà de la mer. Ils ne voulaient pas, dit-on. être enterrés à Madagascar.

du pays Ba ra , ont physionomie très différente de celle de la masse du peuple. »

t . Pour Ikonqo. Le royaume d 'Ikongo est un petit Ktat indépendant que les llova ne sont pas parvenus à soumettre malgré les victoires qu ' i i ; ont remportées sur les Tanala qui l 'habi tent .

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CHAPITRE IV

NY ONJATSY

Ny Onjalsy dia karazan'olona monina ao atsimo atsinanany Mada-pasikara. Ny ankabiazany dia ao Vobipeno sy any Malilanana. Ary ny razana nihavian'izireo dia avyany andafiny ranomasina; ka isan'ny vahoaka niaraka tany ny Raminia izay razany Anlambahoaka. Dia ireto izy ny karazan'olona niaraka tamin'izany : ny Antevamlrika \ ny Onjatsy, ny Tsimaito, ny Anakara, ny Antemasay', etc. Dia ireo v.ihoaka ireo no tonga voalohany lao amy ny sisin-tany atsimo atsin.t-nany Madagarikara. Ary izireo dia taranak'olona manana fahaizana amy ny fanafody arak'izay nentindrazany avy. Dia ny Onjatsy sy ny Tsimaito dia manampahaizana momba ny zavatra ety ambony ny (any, izany boe : ny zavamibetsiketsika rehetra no misy ahalalanv, liono, ny zavatra ho avy na ho ratsy na ho soa. Ary toy izao no fomba sasany ahalalany izany : raha sentira miakatra ny tanana, hono, ny lamboanala, ka avv andrefana no fihaviny voalohany, koa miatsina-nana, dia ataony fa hisy loza ho avy any andrefana na aretindrafsy na fahavalo na zavatra ratsyhafa. Ary raha vao mahita izany izy, «lia tnanao ny fombanv fanalany azy arak'izay fahaizana amy ny fanafo-<iiny. Dia lazainy fa afaka ny loza kasa ho avy rahefa vilany ny ataony. Ary ireo Onjatsy sy Tsimaito ireo dia nasian'ny teo aloha anarana lioe : mpilaiza ny tany sy ny vahoaka. Ary arak'izany hiany koa raha avy atsimo no mianavaratra ny lamboanala dia ataony fa nvy any atsimo no ihavian'ny loza, dia asiany fomban'ny fanalany azy indray izany. Fombanv anankiray hafa koa : rolia misy akan;;a' mandalo

t . Pour Antaivandrika. 2. Pour Anlair/Kuay. 3. Cf. le souahili kanga, pintade ( Vocabulaire français, kisswahili et

kmwahili-franrai*. Alger, 1885, in-8, p. 100).

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42 I.F.S M f S Í LMANS A MADAGASCAR

ny t a n a n a d ia a t aony fa h i - y v a h i n y h o avy h i a k a t r a a n t a n a n a , koa d i a r a h a avy a n y a n d r e f a n a no ( ihaviny voa lohany dia hoy izireo hoe : h o avy ny v a h i n y avy a n y a n d r e f a n a . Toy izany koa r a h a avy a n y a t s i n a n a n a no ihaviariy voa lohany d ia h e v e r i n v fa avy a n y a t s i n a n a n a n o ihav iany ilev v a h i n y ho avy a i a n t a n a n a . Dia ta l iak ' i zany h i a n y na avy a v a r a t r a n a a t s i m o dia i n o a n ' i z i r e o a r a k ' i z a n v . Koa dia m i o m a n a

izireo m a m o n o o m b v n a vo rona na a k o h o h o a n ' n v v a h i n v , A r v koa • « - » lov izao ny f aha izan ' i z i r eo . Hair . ' iz i reo , h o n o , ny h a m p i s y ny r ivot ra l»e d ia he m a h e f a h a n d i a v a zav a t r a b e t s a k a ; n a d ia ny s a m b o aza. Imno, dia h a i n y h a f e f i k a . Toy izao, h o n o . n o a n a o v a n y azy : a la iny ny n o n g o ka a t a o n y ao a n a l i n y ao ny r a n o n a l a in y avy a m y ny r a n o tsy m a n a n - d o h a , t sy h i t a izay n i h i a v i a n a . Ary r e h e f a tonj ia ao i zany , d ia m tka f o r o l n n a izy a t a o n y ao k o a , sy z a v a t r a hafa koa . K a h e f a vita i zany . d ia a l e n i i n y oo a m o r o n d r i n o m a s i n a , a r y a m i n ' i z a y , h o n o , dia t sy m a i n t s y h i sy r i v o t r a l>e dia b e h a i n g a n a , ka d ia h o fet ika n \ s a m b o . A r y r e h e f a a s i a n y f ana fody fana la n a i n d r a y , h o n o , dia m i j a -nona m i a r a k a a m y n y va va n y r i v o t r a I»1 d ia b e iny . Ary faba izany ha fa koa d ia ny f a n d a t s o h a m b a r a t r a . Na d i a izao a n t o i n d r o m a i n ' a n -d r o iz 10 aza. h o n o . no t i i n y h a l n t s a k a ny v a r a t r a di t t sy ma in t sy m i l a t s a k a . Y o n l o h a n y dia a t aony m a n j a r y misy r a h o n a ny l a n i t r a ; a ry r e h e f a izany, dia mi sy t s c l a - h a r a t r a sy k n t r o k o r a n a , koa dia m i l i t s a k a a m i n ' i z a y , h o n o , ny v a r a t r a a m i n ' i z a y t i any a n d a n t s a h a n a azv. Ar v koa ny zava t r a izay h a i n y i reo O n j a t s y sy T s i m a i t o i r eo i n d r i n d r a . h o n o , d ia ny ody basy a m a n - d e f o n a ; koa ra l ia misy o lona mi t i t i t r a az i reo . h o n o , dia t a n t a z a n ' n y t a n a n a n y b a l a ' sy t a n t a z a n ' n v l a m b a n y ka t<y m a n i n o n a a k o r y izy. Ary n m i n ' i z a n v koa , r a h a a taony m a n j a r y r a n o ny v a n j a ao a n a t i n y basy ! , h o n o , dia t o n g a r a n o . Koa a m i n ' -i zany , h o n o . n o h o izany f a h a i z a n a a n a n a n y izany d ia (sy m b a met y voat i l i t ra na ov iana n a ov iana izy. Ary izany d ia i tokiany tokoa , i n -d r i n d r a r a h a mh*y ta t ika h o avy dia efa f a n t a n v r a b a t e o . Koa r aha ao iany f a n a l . m a an»y ny f ana fody . h o n o . dia tonga tsy v a n o n a izanx a ly i zu iy , k a d i a l o n g a m i h a v a n a fo t s inv izao a r y m a n j a r y m e t v h i f a -n e k y i r e o m i k a s a h iadv ireo. Ary iz ' i eo , h o n o . na i n o n a na i n o n a ady m i s e h o t e t o a inv nv t a n v dia mbo la tsy r e sv nv t a l i k i izay n o m b a n v

1. Du françi is bnllr. 2. flisy. fusil . le.. à remp'noer dans le sud et l'ouest de Madagascar te

•ml ampiytmitra ('lu portugais rspitujanfa) <)ui «''(ait autrefois générali-mont emplove. Cf. Ilieiiunlsnn, A uiw Mahigasy-Kntjlish Itirii inury, p. 36 .

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ET Al X ILES CO.MollES

fa m a t e t i k a vil.t h o «zv, t o n g a roihavana i reo firenena m i k a s a h i a d v ireo, a«"v d ia t o n g a m i l i a v a n a i n d r n y . Kanel'a r a h a t i any izireo h i a d v dia tonjra m i a d y h i a n v .

Fa n y za va t r a h a i n ' i r e l o O n j a t s y sy T s i m a i t o i re to i n d r i n d r a d ia nv f a n a l a n y ny loza ho avy . n a a r e t i n a n a t a t iod r ivo t ra n a f a h a v a l o mikasa h a n d r a v a . K a n e f a izany f a h a i z i n a a n a n a n y r o h e l r a izanv d ia m i a n k i n a a m y ny t o n o n ' a n d r o n o a n a o v u n y azy na A la t s ina iny n a Ta la ta n a Ala rob ia n a A l a k a m i s y , Z o m a . A s a b o t s v , A l a h a d y ' . a i a k ' -iziv f aha i zany azy ao a m y ny b o k i n y . A r y koa a m y ny a n d r o i n d r a i a n -d r o d ia i n a n o m b o k a a m y ny m a r a i n a ka h a t r a m y ny h a r i v a . d ia e fa misy f a m a n l a r a n y azy avokoa sy . o m b a f a n a o v a n y azy d a l u d o a m i n ' -izay zava l r a k e n d r e n y n a h o soa na h o r a t s y . A r y anel'a izany f a h ù -zany azy r o h e l r a izany dia m i a n k i n a a m y ny a n d r o n o a n a o v a n y azy . A l a t s i n a i n y dia mi sy f o m h a n y izay efa n i a n a r a n y ao a m y ny b o k i n y ' ; ary koa d ia efa mi sy f o m h a n y h a t r a m y ny m a r t i n a k i h a l t a m y ny h a -r iva . ï o y izany To l a t a , A l a r o b i a , A l a k a m i s y , Z o m a , Asa l io l sv , A la -li.idy, d ia misv a n t o n y sy hev iny d a h o l o a m i n ' i l e y zava t ra hover iny na ho soa n a ho r a t s y . Koa a m i n ' i / a n y iz i reo . hot io , d ia m a h a y m a m i -n a n y ny z i v a t r a h>) avy : r a h a r a t sy , dia a s i any f a n a l a n y dia a f a k a . Ny / . a v a m a n m a i n a e to a m h o n i u ' n y t a n y , h o n o , no a h i t a n y ny zava t ra v inan iny robot ru a r a k y tiy b o k i n d r a z a n y .

1. Les noms malg iches de la semaine sont tous emp-untés à l'arabe :

n imanche , Alahady, JL». 1. cl-ahad. Lundi, Alatsinainy, el-cthnin.

Mardi, Tolata, / X I I . et-tli-»'<1th<1. Mercredi, Alainhi,/, t\ujiI, t'l-arl>a'à. Jeudi , Alakamisy, t r i > • , , W-A7»<imis.

Vendredi, Joma (ï»m<t), i « J r ' . t'I-'Ij-mn'ah. Samedi, SaLotsy, ..'I, rs-srhf. Cf. Dalil", The influence nf thr Arahs "n the Malagisy langnage, dans

Anlananarivo Annuat ami Madagascar Magazine. Antananarivu. tN7.r)-ltf7M. p. 20"», in-8* ; «>1 la première partie de ce travail, L s Antaimorutia, Par is , |S )1 , ,-hap. v, p. 7 .M00.

2 . De l 'anglais lonk, livre. L'expression kitnho (arabe ^JiS. kitnh) n'eM guère employée .(ue par quelques yor -iers musulmans de la «-Aie sud-es t et nord-ouest . Cl", le soualiili kitalni. IHi tionnairr kissiraliili-frawai* et fran-cuis-kiswthdi, p. 128.

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44 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

N v A n a k a r a ko?a d ia m p a h n l a l a n y zava t r a e n v a t n h o n v d ia ny m a s o a n d r o sy n y v o l a n a ; izany kosa n o a h a l a l a n y n y f i h a v i a n ' n y loza h o avy a m y n y t a n y .

Toy izao : a t a o n y fa r s h a m e n a ny n i a s o a n d r o n a misy f a r i t r a m a -n o d i d i n a n a mi sy f a n . i k o r a r a d ia a t a o n y fa h i sy h»za m a h a g a g a na a r e t i n a h o a v y n a l a t s a d r a a m y n y t a n y . Koa a m i n ' i z a n v d ia m a n a o f a n a l a n y h a i n g a n a m b a t s y h i h a v i a n ' i z a n y a m y n y v a h o a k a ; ka m a -n a o h o e : e fa a f a k a izao ny loza kasa h o t o n ^ a , koa d i a m a t o k i a h i a -n a r e o . Toy izany koa n y vo lana r a h a misy zava t ra m a n a k o n a azy dia a r a k a izany h i a n y koa . K a n e f a d ia t ena l aza ina eo , h o n o , i lay loza ho a \ y n a ho i n o n a na h o i n o n a , ka d ia lazainy e o izay a n d r o h i h ' a v i a n y n a A l a t s i n a i n v , n a T o l a t a , etc. Ka r a h a tsy voavon jy n y f a n a l a n a h a i n g a n a , h o n o , dia t sy m a i n t s v ho tonga tokoa ilay loza v i n a n i n y ho avy . A r y ny f o m b a n ' n y f a n a d o f y f a n a l a n y azy d ia l o m b a m a r o s a m i -ha fa a r a k a izany f a h a i z a n a a n a n a n v . A r y ny m a h a g a g a i n d r i n d r a a m y ny f a h a i z a n ' n y O n j a t s y d ia n y f a m p i a n j e r a n y n y v o r o - m a n i d i n a env a m l ony e n y . Toy izao : R a h a misy v o r o n a m a n i d i n a e n v a m y n y ha-h a k a b a k a e n y , ka t i a n y h a l a t s a k a , hono , d ia n y t a n d i n d o n v iny nn je -r e n y avy ety a m b a n y , d i a t o n g a m i a n j e r a , h o n o , i lev v o r o - m a n i d i n a ka t a n t a z a n y n y t a n a n d r o a n y . I r eo O n j a t s y i reo , h o n o , d i a m a n a n n f a h a i z a n a a m y n y k i n t a n a koa d ia n y toe t ry ny t i l a h a r a n ' n y k i n t a n a . sy n y fiovaovany-

I r e o O n j a l s y i reo t a m y ny a n ' I r o d R a d a i r . a R a i n y di< n a n o m e loky azy h o e : « N a a iza n a aiza t a n y a l c h a n a o , L a i d a m a ' , d i a tsy m a i n f s y b o m b a a n a o izahav h i ta iza a n a o h a m p a r d r y n y t a n y sy n y f a n j a k a n n . » A r y l i i t a t o k o a t a m i n ' i z a n y fa n a taiza n a ta iza t a n y n a n a t i h a n y La i -d a m a ka n i t o n d r a n y azy i r eo , d i a tsy m a i n l s y n a l m r e s y iz i reo. Ary m b o l a t s y r e s y a n ' a d y n a ov i ana n a o v i a n a . Ary i zânyToniha f o h a i z a r y izany d ia e f a v i tany avokoa a m y ny b o k i n y , ka a h a l a l a n y ny zavai r i r e h e t r a n a i n o n a n a i n o n a . A r y izco koa n o f o m b a n v : r a h a misy o lona m i t o t o vary a m y ny l a o n a n y , ka tsy m a n a m b o a t r a azy t s a i a , r e h e f a avy n i t o t o a n a d i a a l a i n y iny l aona i n y , k a a m p i b a b e n v il* y o lona m i t o t o v a r y t a m i n y ; koa d ia m i r a i k i t r a e n y a n - d a m o s i n y , t>y m e t y a f a k a i n t s o n y , r a h a tsv izy i n d r a y n o m a n a n a f a m i n d r a m - j o h a n a i s o t r a i zany . A r y koa r a h a m i s y o lona m i t o n d r a fa ty m i a k a t r a ny t a n a n a , h o n o , k a m a n a t i n a izany d i a a m p i b a b e n y avy iny faty i ny , koa m i r a i k i t r a eny a n - d a m o s i n ' i l a v o l o n a , k a t*y a f a k a r a h a tsy i /y

1. Surnom de Rndama I".

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ET AUX ILES Ci».\|M|tES Í5

no m a n a i b o t r a . A r y f o m b a n y ha fa koa : b u n o , a l a i n y n y m a s o n y ka e s o r i n y , d i a s a s a n y eo a n y ny lovia m a d i o , ka r e h e f a m a d i o , h o n o , d ia a v e r i n y i n d r a y iny m a s o n y i n y . A r y i z i r eo k o a , h o n o , r a h a m i s y o lona h a m o s a v y azy d i a f a n t a n y k a m a n a o t e n y f a n d r a h o n a n a izireo» dia t o n g a m a t y t a m p o k a iny o l o n a i n y , r a h a vuo r a h o n a n y i n . l r a i i n -bava ' u o n j a . A r y koa r a h a voalaza azy ny t o n o n ' a n d r o n a b a t e r a h a n -i a v a t r a toy n y o m b y , d i a f a n t a n y ny t a r e h i n ' i a y o m b y i n y . A r y koa r a h a m i s y o m b y m i t r e n a k a r a h a r e n y n y f e o n ' o m b y , d i a f a n t a n y n y volon ' izay o m b y izay n a h o m e n a n a h o s a d a n a h o m a i n t y , etc. A r y i r eo O n j a t s y i r e o k o a , h o n o , r a h a s e n d r a f a n t a n y n y v i n t a n ' n y o lona t i any h o v o n o i n a d i a m a t i n y : toy ny o l o n a h a l a n v n a m i f a m p a k a vady a m i n y n a m i s y z a v a t r a h a f a m a h a s o s o t r ' a z y a i u i n y .

TRADUCTION

LES ONJATSY

l a t r i b u d e s O n j a t s y h a b i t e l e s u d - e s t d e M a d a g a s c a r . C ' e s t à V o b i p e n o ' e t M a t i t a n a n a q u ' i l s s e t r o u v e n t e n p l u s g r a n d n o n i i r e . L e u r s a n c ê t r e s s o n t v e n u s d ' a u d e l à d e la m e r a v e c H a m i n i a , l e f o n -d a t e u r d e la t r i b u des A n t a m b a h o a k a ( lo r squ ' i l q u i t t a la M e k k e ) . Il y ava i t là les A n t a i v a n d r i k a , l e s O n j a t s y , l e s T s i m a i t o , l e s A n a k a r a , les A n l a i m a s a y , e t c . C e s o n t c e u x ci q u i s o n t a r r i v é s l es p r e m i e r s s u r la cô te s u d - e s t d e M a d a g a s c i r . L e u r s a n c ê t r e s c o n n a i s s a i e n t la s c i e n c e d e s c h a r m e s e t la l e u r o n t fai t c o n n a i l r e . L e s O n j a t s y e t l e s T s i m a i t o o n t la s c i e n c e d e s c h o s e s q u i s o n t s u r la t e r r e , c ' e s t - à - d i r e d e t ou t t e q u i v i t . I l s s a v e n t a u s s i , d i t - o n , d e v i n e r si l ' a v e n i r s e r a b o n o u m a u -va is . Voici c o m m e n t i l s s ' y p r e n n e n t p o u r c e l a : l o r s q u ' u n s a n g l i e r * e n t r e d a n s l e v i l l age v e n a n t d e l ' oues t e t s e d i r i g e v e r s l ' e s t , i ls a a -

1. Voliipeuo es t , d ' après M. Grandidier, par 2 i*2 iV 45*. Çhoiropolamus SUITUÎMÎ ou l'utumochurua Eduaisii Grandidier .

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noncent qu'un malheur va arriver, ou l'ennemi, ou quelque aulie mauvaise chose. Mais avant que l'une de ces choses n'arrive, ils con-fectionner.! un charme qui doit lui faire rebrousser chemin. Ils disent alors que le mal a été conjuré lorsqu'il était sur !e point d'arriver. Les Onjatsy et les Tsimaito portaient autrefois le nom de conseillers de la terre et des peuples.

Lorsque le sanglier arrive du sud et se dirige vers le nord, ils disent que le malheur viendra du sud; et ils se livrent aux pratiques qui doivent le repousser. C'est une autre croyance que, lorsqu'une pintade1 traverse un village, elle annonce l'arrivée d'un étranger ' dans ce village. Si l'oiseau vient d'abord de l'ouest, les Onjatsy et les Tsimaito disent que l'étranger viendra de l'ouest ; et, si la pintade arrive de l'est, l 'étranger viendra de l'est. Il en est de même pour le nord et le sud. Les Malgaches croient à tout cela; et ils se parent, tuent des bœufs, des oiseaux ou des poules en l 'honneur des étran-gers (dont l 'arrivée est annoncée par les sorciers).

Ils savent également changer le vent en tempéle. Ils peuvent dé-truire beaucoup de choses et faire, dit-on, briser les navires sur les récifs. Voici ce qu'ils font pour jeter les navires sur les récifs : ils prennent une marmite en argile, ayant un rel>ord extérieur, et versent dedans de l'eau d'une rivière dont ils ne connaissent pas la source. Ceci fait, on prend un tison qu'on jet te dans la marmite avec d'au-tres choses. Puis, on la porte sur le bord de la n.er. Alors, dit on, la tempête se déclare immédiatement et le navire se brise. Ils ont aus>i des charmes piéservatifs qui font cesser la tempête à l'instant mémo. Ils savent également faire tomber la foudie en plein jour, lorsque le temps est sec*. Ils commencent par former des nueges dans le ciel : les éclairs jaillissent, le tonnerre qui annonce la pluie se fait en-tendre et la foudre toinLe, dit-on, sur celui qu'ils désirent a t -teindre.

Les Onjatsy et les Tsimaito sont surtout lépulés pour connaître dos amulettes préservant des balles et des coups de sagaies. Si on tire un

1. Xumida mitvata Pall . 2. Le mot vuhiny signifie un voyageur, un étranger au v^llaga rl IOS le-

quel il se trouve. Le mot vazuha signifie également « é t ranger », avec le sens d'individu de nationalité é t rangère à Madagascar .

3. Lorsque le ciel est sans nuage et qu 'aucun signe ne peut faire prévoir une pluie prochaine.

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ET AUX ILES COMORES .15

coup d e fus i l s u r e u s , i ls a t t r a p e n t , d i t - o n , la ba l le avec la m a i n ou d a n s l e u r lamba e t i ls n e s o n t p a s t o u c h é s . I l s p e u v e n t é g a l e m e n t c h a n g e r e n e a u l a p o u d r e q u i se t r o u v e d a n s le f u s i l . G r â c e à l e u r c o n n a i s s a n c e d e ces s o r t i l è g e s , a u c u n c o u p d ' a r m e à feu n e p e u t l es a t t e i n d r e . Ce s o n t d e v é r i t a b l e s so rc i e r s . U n e a r m é e se met -e l l e e n m a r c h e , i ls e n s o n t i n f o r m é s à l ' avance . S ' i l s v e u l e n t év i t e r la g u e r r e , ils n ' o n t q u ' à f a i r e u n c h a r m e d e paix : e l les b e l l i g é r a n t s , qu i se d i s -posaient a u c o m b a t , vont d e v e n i r a m i s e t c o n c l u r e u n a a l l i a n c e . Que l l e q u e soi t la g u e r r e qu i a i t e u l ieu s u r la t e r r e , l ' a r m é e q u ' i l s a c c o m p a g n a i e n t n ' a j a m a i s é t é v a i n c u e S o u v e n t , au c o n t r a i r e , les t r i b u s q u i a l l a i e n t e n v e n i r a u x m a i n s s o n t d e v e n u e s a . '«-s. D ' a u t r e par t , ils p e u v e n t f a i r e f a i r e la g u e r r e s ' i l s le d é s i r e n t .

Les O n j a t s y e t les T s i m a i t o s av en t s u r t o u t é l o i g n e r u n m a l h e u r q u i va a r r i v e r , u n e m a l a d i e , u n cyc lone , ou l ' e n n e m i p r ê t à p i l l e r . La c o n n a i s s a n c e q u ' i l s pos sèden t d e cela s ' a p p u i e s u r le d e s t i n d u j o u r * où ils» f o n t l e u r s so rce l l e r i e s ( q u e ce soi t l u n d i , m a r d i , m e r c r e d i , j eud i , v e n d r e d i , s a m e d i ou d i m a n c h e ) et s u r les r e n s e i g n e m e n t s que c o n t i e n n e n t l e u r s l iv res à ce s u j e t . A i n s i , i ls c o m m e n c e n t à observer , d e p u i s le m a t i n j u s q u ' a u s o i r , e t i ls n e m a n q u e n t pas d e t r ouve r l ' i nd i ca t i on q u ' i l s c h e r c h e n t e t la façon d e p r o c é d e r , se lon q u e le r é s u l t a t d e l e u r s o b s e r v a t i o n s e s t d e b o n ou m a u v a i s a u g u r e 3 . Ils t i e n n e n t c o m p t e , d a n s l e u r s obse rva t i ons , d u j o u r où e l l e s o n t l i e u 4 . L e l u n d i , e l les do iven t se f a i r e d ' u n e fayon p a r t i c u l i è r e , i n -d i q u é e d a n s l e u r s l iv res , e t c o n t i n u e , d e p u i s le m a t i n j u s q u ' a u so i r . 11 e n est d e m ê m e p o u r le m a r d i , le m e r c r e d i , le j e u d i , le v e n -d r e d i , le s a m e d i e t le d i m a n c h e . L a c o n f e c t i o n d e s c h a r m e s es t é g a -l emen t s u b o r d o n n é e à l e u r d e s t i n a t i o n , b o n n e ou m a u v a i s e . I l s s aven t , d i t - o n , p r é d i r e l ' aven i r , e t , s ' i l e s t m a u v a i s , e n s u p p r i m e r la m a l i g n i t é . C 'es t en e x a m i n a n t tou t ce q u i vit s u r la t e r r e , q u ' i l s p r é d i s e n t , d i t -on , l ' a v e n i r , d ' a p r è s les l iv res q u e l eu r o n t l a i s sés l e u r s a n c ê t r e s .

t . Pièce de toile de 3 mètres de long et île 2 mètres que les Malgaches se drapent autour du corps.

2. Voir p l u s loin la description du t»n<AÏawlro ou destin du jour . 3. Celte phrase signifie pius clairement que, lorsque l'observation à la-

quelle ils se sont livres leur fuit présagt-r un malheur, ils confectionnent aussitôt un cliuraie pour le conjurer.

i. Les Malgaches divisant les jours en fastes et néfastes, le devin doit tenir compte du bon ou du mauvais destin du jour pendant lequel il opère.

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Les Anakara, eux, connaissent les choses du ciel, c'est-à-dire le soleil et la lune ' . Ils savent lorsqu'un malheur va se produire sur la terre. Si le soleil est rouge, si un cercle l'entoure ou s'il se cache, c'est signe qu'il y aura un désastre épouvantable ou une épidémie, ou qu'il va pleuvoir du sang. Ils s'empressent alors d'empêcher ces cala-mités de se produire. Us disent au peuple : « Le désastre qui était sur le point de se produire, nous 1 avons écarté, n'ayez plus aucune crainte. » La lune entourée d'un cercle est aussi de mauvais augure. Ils prédisent également, dit-on, d'après cet astre, les malheurs, quels qu'ils soient qui vont arriver et quel jour de la semaine ils arriveront. S'ils ne s'empressent pas de faire un charme préventif, la catastrophe prédite se produira certainement. Ils font leurs amulettes de plusieurs façons différentes et d'après les connaissances qu'ils possèdent à ce sujet.

L'un des pouvoirs les plus extraordinaires des Onjatsy est celui de faire tomber les oiseaux qui volent. Voici comment ils s'y prennent : lorsque un oiseau vole et qu'ils veulent le faire tomber, ils regardent l'ombre de son corps qui est par terre. L'oiseau se précipite alors de lui-même dans leurs deux mains réunies.

Les Onjatsy, dit-on, connaissent aussi les étoiles, leur position et leurs phases*. Sous le règne de Iladama I e r \ ils promirent à ce loi

1. Les Malgaches n 'ont que le nom générique kintana, les étoiles, pour designer les mondes célestes. L'astronomie leur es t inconnue ; et le soleil (masoandro, l i t téralement : l'œil du jour) et la lune ( iolana, ont seul un nom particulier.

2. Les sorciers malgaches n'ont aucune connaissance nx'me des étoiles .le première grandeur . Les phases de la lune leurs sont seules connues, connue 4 tous les indigènes du reste. Elles sont ainsi dénommées :

Tsinani-lulana, nouvelle lune. Hitam-biby ny volana (ia lune vue des animaux dont les yeux pourraient

percevoir cet astre le second jour) ; Uarim-lolana, 13* jour de la lune ; Fcno-volana, pleine lune ; Mira-bolana, période de décroissance ; Milefi-boluna, dernier quart ier ; Maizim-Bolana (la lune noire), le temps où la lune est invisible ou «e

montre tard ; ilaty-volana (la lune morte), le jour de la conjonction. Cf. Dictionnaire

malgache-français, p. 787. 3. Ce souverain régna de 1810 à 1*28. C'est le premier ro ; de l'Imerina

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ET AUX ILES COMORES

d e l ' a c c o m p a g n e r p a r t o u t où il i r a i t , d e le conse i l l e r e t d e f a i r e r é g n e r la pa ix d a n s son r o y a u m e . P a r t o u t où ils l ' a c c o m p a g n è r e n t , l i a d a m a f u t v a i n q u e u r , et il n ' a e n c o r e é t é v a i n c u n u l l e p a r t . I ls o n t p u i s é !a s c i ence d e s s o r t s d a n s l e u r s l ivres q u i l e u r on t a p p r i s t ou t e s choses .

Voici u n e a u t r e d e l e u r s c o u t u m e s : L o r s q u ' u n h o m m e pile d u riz d a n s u n m o r t i e r e t s ' a c q u i t t e m a ! d e sa t â c h e , i ls p r e n n e n t le m o r t i e r , le riz u n e fois p i lé , e t l e fon t p o r l e r s u r son dos p a r le m a u v a i s p i l e u r d e riz. I l s a t t a c h e n t le m o r t i e r d e f açon q u e l ' h o m m e n e pu i s se p lus l ' e n l e v e r . Celui-ci n e p e u t p l u s s ' e n d é b a r r a s s e r a m o i n s q u e le s o r c i e r , a y a n t p i t ié d e lu i , n e l ' en d é l i v r e . O n d i t aus s i q u e l o r s q u e q u e l q u ' u n a p p o r t e u n c a d a v r e d a n s u n v i l l age e t le c a c h e , i ls l e lui f o n t p o r t e r s u r le dos a p r è s l 'y a v o i r a t t a c h é . L ' i n d i v i d u n e p o u r r a pas se d é b a r -r a s s e r d u c a d a v r e , si les O n j a t s y n e l ' en d é b a r r a s s e n t e u x - m ê m e s . O n r a c o n t e é g a l e m e n t q u ' i l s s ' e n l è v e n t les y e u x , les l a v e n t d a n s u n e a s s i e t t e e t les r e m e t t e n t , d a n s i ' o r b i t e a p r è s les a v o i r ne t toyés . S ils e n s o r c e l e n t q u e l q u ' u n q u ' i l s c o n n a i s s e n t , ils le m e n a c e n t et c e l u i - c i m e u r t d è s q u ' i l s o n t d i t u n seul m o t . L o r s q u ' i l s c o n n a i s s e n t q u e l es t le d e s t i o d ' u n e c h o s e q u i se r e p r o d u i t , d ' u n b œ u f p a r e x e m p l e , ils saven t q u e l l e e s t la f o r m e d u b œ u f . L o r s q u e le b œ u f m u g i t , ils s a v e n t é g a l e m e n t , e n e n t e n d a n t sa voix, si son poil e s t b a i , t a c h e t é ou n o i r . Les O n j a l s y , d i t - o n a u s s i , p e u v e n t f a i r e m o u r i r u n h o m m e d o n t ils c o n n a i s s e n t la d e s t i n é e ; et l ' h o m m e m e u r t s ' i l s le d é s i r e n t . I l s on t le m ê m e pouvo i r s u r ceux q u ' i l s d é t e s t e n t , q u i on t e n l e v é l e u r f e m m e ou q u i se s o n t a t t i r é l e u r i n i m i t i é .

qui ait été en relation diplomatique avec les Européens, Il soumit au cours de ses campagnes tout le riord de l'île depuis Tamalave jusqu 'au cap d 'Ambre et Mojanga. Ses successeurs jusqu'à la reine actuelle n'ont guère agrandi le patrimoine que leur avuit li gué le fils d 'Andrianampoinimerina. A l 'heure actuelle, l 'ouest, le eud et le sud-est de Madagascar sont encore complètement indépendants et il est même peu probable que les llova puis-sent soumettre les peuplades qui habitent ces légions.

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CHAPITRE V

NY ANTEONY1

Ramakararo sy Rajosofa sy Andriamarohala sy Ralivoaziry sy An-driamboaziribe. Izv dimy lahy ireo zanak'Andriana avy tany Kmaka' hiany ; Randri?marohala no nalevina ao Evato (Matitanana)1.

Izao no antony nialan'ny tany amy ny tanindrazany. Niady fanja-kana izy fokony ; koa hafa no nampanjakaina fa tsy Ramakararo ; dia niondrana taminy sambo izy dimy lahy sy ny vahoaka nanarak'azy dia nitsaka nankaly antany Madagasikara. Diatody tao Antandrorolio aoavaratry Mahanorodia nianatsimo izy. Dianitoetratao Fanivelona \ dia nianatsimo indray dia tonga tao Mahony, dia novany ' nataony Matitanana no anarany.

Izao no mah'Andriana azy Anteony. Izy tsy nitondra vehivavy, fa Ramakararo nitondra zanaka roa, lahy sy vavy. Dia nampanambady izy roa : Zorobabela no anarany lahy. ary Fa t ima ' ny vavy. Dia izy roa iny norazany Antemahasoa1 Zokiolona aminy Andriana Anteony. Amdriampakila, Andriamparohombo, Andriantomambato, Andrian-tomahombe, Andriamahazorabevoho sy Intsinanana* no Zanaky Zoro-

1. P o u r Antaiony (antay, les gens d e ; Iony, nom p r o p r e ; les descen-dants de Iony).

. P o u r iMnka, la Mek'se. C 'es t un des rares exemples de changement de l'article personnel t en c.

3 . Pour iVato. 4. Pour Faniliivclona. 5. Barbar isme pour niovany.

6. De l 'arabe 4*1*6. 7 . P o u r Antàmahasoa. 8. / , article personnel ; antsinanana (en hova : aisinanana), l 'est ; l'o-

riental .

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60 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

b-ibela sv F a t i n u . I n t : i n a n a n a 110 razanv A n t e b i n a n a u a A r v IIV • » • • A n t e m a h a z o zaf inv izv i reo h i a n v koa .

• • «

Ralivo. iziry n i l e r a k a any A n d r i a i n p a n o h a n a r i v o . s o a m i l a m b a * A n -t evo l i i t r i nd ry * ; R a h o v a r e n i n ' A n d r i a m p a n o l i a n a r i v o . A n d r i a m p a n o -l i anar ivo n i l e r a k a a n y R a v o a z a n a h a r y 4 sy A d a m a 5 sy R a b e s i a r i v o A n l e v a t o * . N o r e n i n y Ral iova no' a n a r a n y . R a b e s i a r i v o n i t e r a k a a n y R a v o a b a z a b a ' sy M a s o a n d r o f e n o \ Ravoab- tzoba tsy n i t e r a k a fa vavy 110 z a n a n v .

M a s o a n d r o f e n o n i t e r a k a a n y A n d r i a m a n o n t o l o a r i v o sy M a r o s a i n a ' sy A n d r i a n a r a h i m b a h a o k a " sy R a m a s i n a t s i m o .

A n d r i a m a n o n t o l o a r i v o " n i t e r a k a a n y A n d r i a n a n t s a i n a " . A u d r i a n a n t s a i n a n i t e r a k a a n y R a b e f a r a u t s a " sy K i b o ' * sy Rabevo -

l o n a r i v o " m a n j a k a a n k e h i t r i n y ao F a r a o n y . M i r o s a i n a n i t e r a k a a n y Rao to sy F a r a l a h y l*. A n d r i a n a r a h i m b a h o a k a n i t e r a k a a n y Kidy K i d y n i l e r a k a a n y

l a b a b a «•.

t . Pour AntiiUsinanuna, les gens de Intsinanana, ses descendants. 2. Pour Soamitamhalra ; le bon (sou) qui unit (mitumbatra). 3. Pour Aniii\v<jhitrindry.

R'i, particule ; tixi, f ru i t ; Zanahary, du génie bienfaisant ; la créature de Dieu.

5. Pour Radama, 6 . Pour Antair<i<o. 7. Ra, particule ; voa, f ru i t ; vnzaha, é t r a n g e r ; né d 'un é t r ange r . 8. JJasvandro, le soleil; feno, plein; non caché par les nuages, resplendis*

sant de tout son éclat. 0. Maro, beaucoup ; i a i n a d'intelligence. 10. Andriamt, le prince; arahina, suivi; vahoaka, par ses suje ts . U . Andriana, le p r ince ; mawjntolo (qui possède) en entier ; arivo, des

milliers (de suje ts) . 12. Probablement pour.ln<in'amananfs<iina ( a n d r i a n a , le prince ; manana,

qui a ; sa ina , de l'intelligence). 13. Ra, particule ; le, (celui qui possède) beaucoup; faratifia, de pièces de

5 francs. 14. Jiiòo signifie également ventre et caille. 15. Aa, par t icule ; be, (qui possède) beaucoup ; volo, de bambous ; arivo,

par milliers. 16. Fara. le dern ie r ; l"hy, m i l e ; le dernier-né mâle. 17. Le petit . Kidy est L forme antaimorona du bova kely.

» 1S. Le père. Cf. l 'arabe s j l .

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ET AUX ILES COMORES

Ramanasinatsimo niteraka anv Tsimindrambahoaka *. Tsimindrambahoaka niteraka any Vadimbolana * sy Imliorondrana

vadindRavelonarivo1 ankehitriny i/ao. Ramarohala* niteraka any Rabemiorikarivo' sy Samhoamltthitra*

sy Bevarahina ' sy Masindahy ' sy Andrianatrehinarivo manjaka anke-hitriny ao Vohinianitra. lkonja no ray Karazana aminy.

Ravoazanahary niteraka any Ramahavaliarivo* sy Fodiarivo " sy Mena m a s o " sy Raf i a t e ra" s y F a n d r a s a " sy Besiranana

Ramahavaliarivo niteraka any Marovazaha u .

t . Tsy, ne p a s ; mimira pour rrnirmWi'fi, changent ; va/toaka, 1rs sujets ; celui auquel ses sujets restent toujours ft<lë'es.

2. Vady, l 'épnufe ; vula»a, de la lune. fl/i, particule; rrl»na, vivant; nriio, (depuis], mille (ans) ; celui auquel

son grand rtge a donné une grande expérience. i . Ru, particule; maro, beaucoup; hala, liai, détesté. 5. Ra, particule; he, beaucoup; miorika, qui remonte le courant ; urivn,

mille (fois); celui qui est renommé pour avoir remonté de nombreuses fois le courant de la rivière avec sa pirogue.

6. SamLntra, !» g prisonniers de guerre en menés en esclavage ; nmh< hilrn, f'nns le village ; celui qui a fait de? prisonniers de guerre et Us a emmenés en esclavage dans son village,

7 . Celui qui possède beaucoup (/»«) de cui t re (vuru/iinu). 8. Marina, sacré ; iuhj, homme; l'homme fnrré , le stirrier. Cf. sur l 'eir-

ploi du mot masina à l'égard des sorciers : L. Dati'e, Sikì'h/ ami l'uiMn-i. Ilatfhntirs uith \tala<jasy >ti\ imrs (Antunnnarivo Anmttil awi Sl<t<tnijus< tir Magazine. Antananarivo, 188<», in-8", n° X, p. iM8 et suivantes).

9. Ra, par t icule; tntitnnnly, (celui q u ) peut répondre; ariro, à mille (questions) ; celui que rien n'embarrasse, qui répond toujours à ce qu'on lui demande.

10. Fudy, cardinaux ; arivo, mille ; celui qui po?sède mille cardinaux (Fondia Madayaseariensis 1..).

11. Mena, rouge ; mnso, c iT; celui qui a les yeux rcuges. Nom que por-taient les ministres et agents du roi Hadatna II.

12. Ra, particule ; f ia t i ra pour fiaOni na, (celui qui Fait) l'action d'apporter (les présents).

13. Pour fandrasana, (celui qui fait) l'action de découper les viandes cru**.

14. Celui qui possède beaucoup (Lr) de ports de mer (siravnnn) dans son royaume.

15. Celui qui a de nombreux (main) étrangers (rnztiha) cbr/. lui.

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62 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

Mandrianjamana zaza natsangandRabe&iarivo ' niteraka any An-driambolamena ' sy Andriamarovahoaka' sy Pisolahy \

Andriambolomena niteraka any Besery sy Ramose * sy Botova-zaha *. Besery manjaka ankehitriny ao Evato (Matitanana).

Andriamarovahoaka niteraka any Andrianantoaninarivo1 sy Tsia-toraka ' sy Raharo. Andrianantoaninarivo manjaka ankehitriny ao Namorona.

Pisolohv niteraka any Ramaliavala ' sy Fahatelo10 . Ramahavala manjaka ankehitriny ao Foroforo.

Ralakambe8y Ralakambanihondro. zanak'andriana, niaraka taminv Ramakararo sy ny namany avy tany Emaka Raha tonga lao Matita-nana izareo, dia nianavaratra kosa izy roa lahy haka tany hanjakany. Dia Ihofika andrefany Marosiky nonalainy hitoerany. Raha niala tao izy dia nitafihany ny olona tao Mangoro dia monina ao izy ankehitriny izao " Ambodiharina.

Izao kosa no razany Antekongona 11 Ramarohala zanak'Andriam-panohanarivo Rasoamahanoro zanak'Andriamatahitany.

Izao no zavatra fady ny Anteony hatranv antaniny. Ny lofo ny zaza tsy mhola voafora " ; tsy homant>ombidy ; ny olona tsy mahay tara-tasy ; tsy homambary aminy andro alakamisy.

1. Ra, par t icule ; 6e, beaucoup ; sy, e t ; arivo, mille; celui qui est immen-sément r iche.

2. Andriana, le prince (qui possède) ; volamena ( l i t téralement : vola, a rgen t ; mena , rouge) , de l 'or.

3 . Le prince (andriana) qui a de nombreux (maro) su j e t s (vtihoaka). 4. Piso, le chat ; lahy, m&le. 5 . Ra, par t icu le ; mose, corrupt ion du mot f rançais monsieur . (3. Boto, nom propre ; vazaha, l 'é t ranger . 7 . Le prince (andriana ) qui est honoré (antoanina) par «les milliers (arivo)

de su je t s . 8 . Celui qui n'a pas (tsy) d 'égal ( loraka) . U. Ra, par t icule ; mahavala, celui qui peut entourer (son village d 'une

palissade). 10. Le troisième. 11.11 faudrait izao dia ao Ambodiharina... ils habi tent maintenant à Am-

bodihar ina. 12. Pour Ania.\kongona. 13. Voafora est le mot ho»a pour <•irconcif, c 'est voasambatra qu'il fau-

drait en dialecte an lambahoaka .

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ET AI X ILES COMORES

Fanonibodiana-Retsimilahv rumanarahimo Alaho k ibaro ' . Jzy zanak'Andriana dimy lahy ireo dia Andriamaroliala hianv no

maty tety ; dia naleirna ao Evatî. Ary ny efadahy dia niverina any Emaka biany; kanefa enintaonjoma (llaonjoma dia valotaona) no nonenany taty dia niverin'izy-

Ary ny vaboaka nanarak'azy dimilaby : 1° Ny Vatolava, Antevandrika no nanovan'azy' ; sambo iray biany

no nitondra azy sy ny zanak'andriana. Anteromba \ Antemasiryno nanovana ny anaramy : sambo bafa

no nitondra azy. 3° Anteforona', Antandrorobo ne nanovan'azy: sambohafa nitondra

azy. 4° Tsimetoranaha \ Antalaotra ; sambo bafa indray. Raha tonga tao aloba daliolo ireo vahoaka ireo dia avy ny Nakara*

hanafik'azy ; koa resy ; dia nidaboka niditra Ito vahoakany hiany indray.

5° Ary ny Onjatsy dia tonga tao a'oha. Ci" Avy indray ny Antevohitindry mainty avy tany Ekondana. Ra-

tsitokana sy Ramasinariana (ampangorona) nifahanana andevo izy. Uaindrakalo no anarany andevovuvy. Io dia nalainy izy roa Iio vadiny, dia niteraka zaza telo.

7* Andriamandrambe nitondra ny Sahatavy niditra bu vahakan' Andriampanohanarivo. Maningory r.o tany niaviany, ary Maiubo ' . Verangcrana no misy azy ankeliitriny.

1. Cette phrase est un curieux exempie de transcription de mots arabes en malgache. Voici en regard des mots arabes la transcription malgache correspondante :

ll' isimil"/i!/, I ^ j .

ramanarahimo, ^ f j l j**J'-

Alahc, 4t)t.

kiburo, j f \ .

2. Il faudrait : no namovana unaratia..., ils ont clr:ng** leur nom.. . 3. l 'our Anluirmnba et AnUimasiry. i . l 'our ,4ritaiforona. 5. Pour Tsimaitcranafiu. 6. l 'our Anaknra. 7. Pour Vnhambo,

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04 LES MUSULMANS A MADAC.ASCAK

8° Dia avy indray Mangania. Matitanana no niaviany. Lakia nota-nindrazany ankehitriny.

9° Dia avy indray Zafimboaziry. Tao Antraika no tanindrazanv, andohany Sakave. Ampasimanjeva no niaviany.

4 0 Dia tonga indray Andriamarosaotra nitondra ny Zafy Minty Zaflndriambavy no nanovan'azy, ary tany Nosy be no niaviany.

11° Avy indray ny Antsoro sy Sahafatrana. Anlandreha no nia-viany. Ankammalaza no itoeranv Antsoro, ary Ambotaky 1 ny Saha-fatrana.

12° Remanohona nitondra ny Temahanara ' nitoetra tao Lavakara. Niala tao dia tao Deanana ; niala tao icdray dia tao Faraonv. £vato-masina dia notafìhiny Ravalarivo ; dia resy. Izao no nahazahoan'nv Antaiony any Faraony.

13° Dia tonga indray ny Ranomena nentina Rafasina, avy tany Vohibe, andohany Mangoro. Dia nitoetra tao Yalokianja. Niala tao dia tao Sarahanony *. Raha niala tao dia tao Mahela ; dia maty tao Rafasina, nalevina ao AmbatondRasambo. Tialambo zanadRafasina nitondra ny vahoaka tao Sahatra. Raha niala lao dia nitoetra tao Aviamamontsy. Niala tao dia nitoetra tao Anibontaka, dia niditra hovahoakan'Andriampanohanarivo. Rakombo zandriny TialamlK) dia tavela Arnponenana dia Antihofika no Karazany. Ary Tialambo dia niverina nonina tao Ankaramisokatra. Maty tao izy, dia naleviny Ambodiampaly anlsinanany Lakia.

Izao ny vahoaka manompo ny terakv Andriampanohanarivo. Ary andevo nentiny mpanjaka hatrany Emaka Indriarnakibe sy Indriavo-lahena sy.

Indriantsitomany.

t . Pour Amboataka. 2. Pour Tuimnftanara, abréviation de Anlaimuhanara.

Pour Tsaruhan'iity.

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ET AI X ILES COMORES

T R A D U C T I O N

LES ANTAIONY

Ces cinq hommes, Ramakararo, Rajosofa, Andriamarohala, RalU voaziry et Andriamboaziribe, sont des Ztmak'andriana ' qui vinrent de la Mekke. Us séjournèrent à Madagascar pendant quarante-hui t ans ; puis quatre d 'entre eux retournèrent à la Mekke; et Randriama-rohala fut enterré à EvatoV

Voici le motif pour lequel ils quittèrent leur patrie : leur famille y était persécutée par ceux qui étaient au pouvoir et ce fut un autre qui fut nommé roi à la place de Ramakararo. Ces cinq hommes s'em-barquèrent alors sur un navire avec leurs partisans et ils naviguèrent jusqu'à Madagascar. Ils atterrirent à Antandroroho ' au nord de Ma-hanoro, puis ils se dirigèrent vers le sud et s'établirent à Eanivelona*. Ils continuèrent ensuite leur route vers le sud et arrivèrent à Ma-hony dont ils changèrent le nom en celui de Matitanana. Ce sont eux •|ui ont fait souche de seigneurs antaiony. Ils n'axaient pas amené «le femmes ; Ramakararo avait amené seulement deux enfants , un gar-çon et une fille. Il les maria. Le garçon s'appelait Zorohabela et la tille, Fatima. Zorobabela et Fatima sont les ancêtres des Antaima-hosoa 5, les ainés des nobles antaiony. Uu mariage de ces deux enfants naquirent : Andriampakila, Andriamparohombo, Andrianto-marnhato, Andriantomahombe, And'iamahazoralievoho et Intsina-nana. Intsinanana est le père des Antaitsinanana et a aussi donné naissance aux Antaiinahazo'.

t . Lit téralement : en fan t s de souvera in ; pr inces . 2. Peti t village près des bouche» «lu Mat i t anana qui sont par 22°2 ' i ' '»">"

(Orandidier). Evato signifie la pierre . Ce nom lui vient, dit la légende, d 'une pierre qui conserve encore l 'empreinte du pied du bon géant Daralify.

3 . Ou Antandru/io. Petit village anta imorona au nord de Mabarioro. Son nom lui vient d 'une corbeille ohlongue en jonc (tandnih») dont les indigènes se servent pour prendre le poisson.

4. Où les arbres fantj (esp«Ve d'acacia) vivent (•;<7»na). fi. Anlay, les g e n s ; muhnsna, nui font le bien. G. Antay, les g e n s ; tnahnzo, qui obtiennent (ce qu' i ls dés ; rent ) .

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04 LES MUSULMANS A MADAC.ASCAK

Ralivoaziry enfanta Andriampanohanarivo et Soainitamba qui donna naissance aux Antaivohitrindry. Rihova était la mère d'An-driampanohanarivo. Celui-ci enfanta Itavoazanahary, Adama et Rabe-siarivo, le père des Anlaivato'. Leur mère était l'abova.

Rabesiarivo enfanta Ravoaba/aha et Masoandrofeno. Ravoabazaha n'eut pas d'enfants, une fille seulement*.

Masoandrofeno enfanta Andriamanontoloarivo, Marosaina, Andria-narahimhahoaka et Ramasinatsimo. Andriamanontoloarivo enfanta Andrianar.tsaina. Celui-ci eut trois lils : Rabefarantsa, Kibo et Rabe-volonarivo, le roi actuel de Faraony Maiosaina enfanta Raoto et Fa-r.tlahy.

Andriamarahimbaboaka enfanta Kidy. Kidy enfanta Iabal>a. Hanianasina'simo enfanta Tsimindrainbahoaku. Ce dernier en-

fanta Vadimbolana et Imborondrana, aujourd'hui femme de Rave-lonarivo.

Ramarobala enfanta Rabemiorikarivo, Samboamhohitra , Revara-liina, Masindabv, et Andi ianatrehinirivo, le roi actuel d<- Vohinani-tra. Son premier ancêtre est lkonja.

R ivoazanahary enfanta Ramahavaliarivo, Fodiarivo, Mcnatr.aso, Rafiatera, Fandrasa et Resitanana.

Ramahavaliarivo enfanta Marovazaha. Mandrianjamana, enfant adoptif de Rabesiarivo, enfanta Andriam-

bolamena, Andriamarovahoaka et Pisolahv. Andriambolamena enfanta Besery, Ramose et Rotovazaha. Resery '

est actuellement roi d'Evato. Andriamarovahoaka enfanta Andrianantoninarivo, Tsiatoraka et

lîcbaro. Andrianantoaninarivo es' actuellement roi de Namorona. Pisolahy enfanta Ramahavala et Fahatelo. llamahavala est actuel-

lement roi de Foroforo

t . Au/f/y, les gens ; halo, du village d ' Ivato. 2. C'est-à-dire que sa iille, ne pouvant pas lui succéder dans son com-

mandement , est considérée comme n 'exis tant pas ; elle n 'a joute rien à la famille qui ne retirera d'elle ni gloire ni profit . L 'enfant mi le seul compte p u c e qu'il assure la continuité de la race.

3. Besery s 'appelle également Hauiahasitrakarivo (celui qui ose provoquer mille).

•i. Pet i t village sur la rive droite du .Matitanana, à peu de distance de i ' -mboucbure de cette rivière.

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ET AI X ILES COMORES

Ralakamhe et Ralakambanihondro, deux Zanali andriana, fai-saient partie de la suite Ramakararo lorsqu'il quitta la Mekke. Arrivés à Matitanana, ils remontèrent tous deux vers le nord, cherchant un pays à gouverner. Ils s'établirent à Ihoiica, à l'ouest de Mamsiky Us envahirent le pa j s situé sur les bords du Mangoro et .s'instal-lèrent à l'endroit appelé aujourd'hui Ambodiharina*.

Ramarohala, fils d'Andriampanohanarivo et Rasoamahanoro, fils d'Adriamatahitany, sont les ancêtres des Anlaikongona.

Voici ce qui est fndy* pour les Antaiony et qui l'est également dans leur pays d'origine :

Manger de la viande des bœufs tués pour les funérailles d'un enfant mort avant d 'éoe circoncis; manger d'un animal qui n'a pas été tué en lui coupant la gorge; la fréquentation des gens illettrés ; manger du riz le jeudi.

Manière de couper la gorge (aux animaux)4 . — Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Dieu est le plu.> grand.

De ces cinq Zanak'andriana, Andriamarohala seul mourut et fut enterré à Evato. Les quatre autres retournèrent à la Mekke, après avoir séjourné six twmjnma * un (taunjoma = huit ans) à Madagas-car.

Voici quels étaient ceux qui accompagnaient ces cinq hommes: i ° Les Vatolava' qui s'appelèrent ensuite Antaivandrika. Ils arri-

vèrent & Madagascar sur un navire avec les Zanak'andriana. 2° Les Antairomha', qui s'appelèrent ensuite Antaimasiry, vinrent

sur un autre navire.

1. Petit village de la côté orientale par 10» 10' 30" (Grandidier), où l'on trouve beaucoup (maro) d'étoffes que les femmes se mettent autour des reins et qui descend jusqu 'aux pieds (siky pour sikina).

2. Petit village aux bouches du Mangoro, par 19° 50 ' 30" (Grandidier). 3. Ce dont il faut s 'abstenir . C'est le tabou polynésien. 4. C'est-à-diie : Voici la prière qu'il faut reciter en coupant la gorge aux

animaux. Cf les prières des Antaimorona dans la première partie de ce travail, chap. il. p. 21-22.

5. Ancienne expression tombée en désuétude . 0. Yato, p ier re ; lava, longue. C'est une allusion aux péripéties de leur

voyage en compagnie ds Raminia . Voir nu chapitre des Antaii nndrika. 7. Antmj, les gens ; rumba, du rotnha (?), plante aromatique, (jajmum

suair.

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04 LES MUSULMANS A MADAC.ASCAK

3° Les Antaiforona ' qui changèrent leur nom en celui de Antan-droroho, vinrent sur un autre navire.

4° Les Tsimaitoranaha et les Antalaotra*. Ils étaient à bord 'd 'un autre navire.

Lorsque tous furent arrivés, les Anakara leur livrèrent bataille. Us les vainquirent et les Anakara se soumirent à eux.

5° Les Onjatsy qui arrivèrent avant eux. b° Les Antaivohitrindry noiis qui venaient de Ekondana. Ratsito-

k a n a J e t Ramasinariana, les recruteurs, se sont mutuellement donné des esclaves*. Raindrakalo était le nom d'une des femmes esclaves. Ces deux hommes l'épousèrent et elle eut trois enfants3 .

7° Andriamandrambe. Il amena les Sahatavy' et se mit sous la protection d'Andriampanohanarivo. Us viennent du Maningory' et de Mahabo. Il y en a actuellement à Verangerana".

8° Mangania qui venait de Matitanana. Lakia est maintenant la patrie de ses descendants.

!>° Les Zaíìmboaziry \ Leur patrie est Antraika à la source du Sa-kave" . Us viennent de Ampasimanjeva

1. Antay, les gens ; forona, du forona (?), espèce de j onc , Scirpus co-njmbosus.

2. Anta, les g e n s ; alaolra, de la haute m e r . On donne ce nom à tons les descendants des Arabes, Souahi l is , Comoriens et Hindous musulmans qui habitent Madagascar .

3 . lta, par t icule; tsy tokana, qui n 'est pas s e u l , i s o l é ; qui a des par t isans . 4. Il y a évidemment une lacune d a n s le texte malgache . La mention des

recruteurs de soldats, Rats i lokana e t Ramasinar iana , «toit ê t re un souvenir, incompréhensible pour nous , d 'expédi t ions de guer re en t repr i ses par ou contre les Antaivohitr indry que l 'auteur anta iony a négl igé de r acon te r .

5 . l a polyandrie existe encore chez certaines t r ibus sauvages du sud de Madagasca r .

6 . Voir le texte spécial à cel le t r ibu . 7. Rivière de la côte orientale qui prend sa source au lac Alaotra , dans la

province des Ants ihanaku, et se je t te dans l'océan Indien au nord du village de Fénérive.

8. Pet i t coquillage bivalve qui se t rouve en t rès g r ande quant i té sur la pointe de sable où est si tué le village de ce nom.

9. ï a f y , les descendan t s ; voaziry (arabe j j j , ouaz(r) du vii r. 10. Affluent de droite du Mangoro . 11. Any, là ; fusina, le sable ; manjeva, marche, se déplace.

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ET Al 'X ILES COMORES tO*

10o Les Andriamarosaotra1 qui ont amené avec eux les Zatimainty \ Ils changèrent leur nom en celui de Zafindriamhavy *. Ils viennent de Nosy-he*.

11° Les Antsoro et les Sahafatrana ' . Ils viennent d'Anlandreha. Les Antsoro habitent Ankaramalaza et les Sahafatrana, Ambontaka*.

12° Raimanohona' amenalesTaimahanr.ru. Ils s'installèrent d'abord àLavaka ra ; puis, s'établirent à Deanana; puis ensuite à Faraony. Ilavalarivo, les ayant attaqués à Vatomasina', futva ;ncu ; cette victoire leur donna Faraony.

13° Les Ranomena *, sous la conduile de Rafasina"*. Ils viennent de Vohibe11, aux sources du Mangoro. Ils s'élablirent à Valokianja", ensuite à Sarahanony 11 et enfin à Maliéla", où mourut Rafasina. Il fut enterré à A m b o t o n d R a s a m b o T i a l a m b o 1 * , son lils, conduisit la tribu à Sahatra. Ils quittèrent ensuite cet endroit et s 'établirent à Avianamontsy, puis à Lambazaha, puis à Ambontaka où ils devinrent sujets de Andriampanohanariva. Rakombo, le frère cadet de Tia-

1. Andriana, les nobles ; maro, nombreuses ; s antra, bénédictionà ; que leurs sujets comblent de bénédictions.

2. Zafy, les descendan ts ; mainty, no i r s . 3. Zafy, les descendants ; ntriambavy (pour andriana l'avy), de la

femme noble. 4. Nosy, île ; be, grande. 5 . Saha, les champs ; falrana, sont en pays découvert ; ceux dont les

terres sont plaine. 6. Petit liage à. l 'ouest de l 'embouchure du Faraony, qui est par

21« 47' 40» (Grandidier). 7 . i lay , le père ; manohona, qui embrasse. 8. Tato, la pierre ; masina, sacrée. 9 . Rano, eau , mena, rouge. 10. Ha, part icule; fasina, sable . U . Vohitra, la coll ine; be, g rande . 12. Valo, huit ; kiatya ou kinja, places ; le village où se trouvent huit

place* publiques. 13. Ou Tsarahanony. Peti t village à deux jours de marche dans l 'ouest

de Mananjarv, situé sur la rivière Mananjara . 14. Maha, qui fait (vivre ou rester) ; eta, longtemps. Pet i t port au nord

de Mananjary par 20° 5 7 ' 4 5 ' (Grandidier). 15. Any , à ; vato, la pierre ; Rasambo, de Rasambo, l 'un des compagnons

de Raminia. 16. Tia, qui a ime; lambo, le porc.

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LES MUSULMANS A MADAGASCAR

lambo, resta à Amponenana. Les Antihoiika sont ses ancêtres. Tia-lambo revint habiter Ankaramisokotra où il mourut. Il fut enterré à Ambodiampaly, à l'est de £akia. Voilà quelles sont les tribus qui sont sujettes des descendants de Andriampanohanarivo. Le roi amena de la Mekke trois esclaves : Indriamakibe, Indriavoluhena et Indriatsi-tomany.

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C I I A P I T I ΠM

« Les Blancs de Matala ie, dit Flacourt, qui sont Zallv-raliimina, ont esté ravaliez, en sorte par les Zuflecasia.n-bou , ou Casiinambou, qui sont Blancs ;»ussi : mais tous nmbiasses' et escrivains, qu'ils ne sont plus que leurs es-claves. ICI depuis 25 ou :!0 ans ({lie les ZalTecasimambou. voyant que les Zafferahimina les vouloienl maîtriser, ils les tuèrent tous, et conservèrent les enfans avec les femmes, ausquelles ils donnèrent de certaines Isles et prairies pour habiter, où ils plantent, cultivent el nourrissent des bestiaux, et sont appelle/ maintenant Onlanpasemaca \ comme qui diroil hommes venus des sables de la Mecque, parce qu'ils sont Arabes de la mer Bouge. Les Casimam-1)0u sont venus en cette Isle dans de grands canots, el y ont esté envoyez par le Calilïe de la Mecque, «;i ce qu'ils disent, pour instruire ces peuples, depuis cent cinquante ans seulement. Kl le principal et commandant se maria à la fille d'un grand Seigneur Prince du pais de Malalane el Nègre, à la charge que la lignée qui en proviendrait se nommerait du nom de celle fille, qui nommoit Casi-inambou. Car c'est la coutume que dans toute cette Isle, du coslé du Sud, le nom de la lignée se prend de la femme.

1. Pour ambiant/ Cf. l'arabe nabi ; pluriel L J . nnbiii, prophète. 2. Pour olona (amjtasina Staca.

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04 LES MUSULMANS A MADAC.ASCAK

Ainsi qu'aux Machicores', les Zatïeanravoule-, les Zafle-en-renavoulle1, les Zaffelavanounou* el autres ; ces Zafle-casimambou ont beaucoup multiplié, enseignent à lire, el l 'escriture Arabe, en tiennent Kscholle dans tous les villa-ges, ort les enfans masles vont pour apprendre. Ceux-cy sont plus bazanez que les autres Blancs : mais loulesfois ils sont les maistres, et les autres Blancs n'oseroient pas cou-per la gorge aux besles, ny rnesme aux volailles, quoi-qu'elles soient à eux, mais il faut que ce soit un Casimam-bou qui le fasse, lequel ils mandent chez eux pour cet effet, quand ils veulent faire tuer un bœuf ou autre animal pour manger5 . »

Les renseignements qui précèdent sont en partie inexacts. Quelques-uns sont en contradiction flagrante avec l'histoire. Les khalifes ne résidaient plus à la Mekke depuis fin du vu0 siècle; et le khalifah fut anéanti par les Moghol* en 1258. Les Zaflkazimambo ne pouvaient donc pas avoir été envoyés à Madagascar, deux siècles el demi plus tard, par le « Califfe de la Mecque \ » Leur nom même n'a rien d'arabe. J'y verrai volontiers une altération d'un nom propre souahili très commun, Kazambo. 11 est certain que les musulmans de la côte orientale d'Afrique qui tra-fiquaient sur la côte nord-ouest de Madagascar arrivèrent,

1. Pour Masikora, tribu du sud-ouest de Madagascar. Dans le sud et l'est de la grande lie africaine, le s se prononce généralement comme ch.

l2. Pour Zafiandravolo. 3. Pour /af idren ivo lo . 4. Pour Zafilavanono. 5. Flacourt, loc. cit., p. 17-18. 6. Cf. l'article de M. René Basset sur les brochures malgaches de

M. Max Leclerc (Bulletin de la Société de géographie de l'Est, 1888, 2* et 3* trimestres, p. 336, Naccy).

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ET AI X ILES COMORES

en longeant les cotes, jusque dans le sud-est de la grande Ile africaine1. La plupart y venaient pour commercer et quelques-uns en vue d'y faire de* prosélytes. Ces der-niers s'établirent dans le pays, s'allièrent aux indigènes et y firent souche d'individus qui adoptèrent pour nom patro-nymique celui de leur ancèlre. Ces quelques lignes me semblent résumer l'histoire la plus vraisemblable des pre-miers Zatikazimambo. Leur descendance d'une femme nommée Casiinauibo n'est pas mieux démontrée que leur origine arabe, car ce nom n'a rien de malgache. L'absence de renseignements précis nous autorise donc à en recher-cher l'origine dans une langue étrangère et justifie, jusqu'à nouvel ordre, l'élymologie souahilie que nous proposons.

Le texte que nous publions et qui nous a été fourni par un homme de cette tribu fait descendre les Zatikazimambo d'Andriamarohala, l'un des cinq princes mekkois qui, d'après la tradition, émigrèrent à Madagascar2. Ces Mal-gaches sont les plus lettrés des indigènes de la cote orientale. Ils ont charge du Sorabe1, le livre sacré, et, comme au wn* siècle, ils tiennent des écoles où les en-fants apprennent à lire et à écrire les caractères arabes. Ce sont également des sorciers fameux. Ils se servent, disent leurs crédules compatriotes, des oiseaux pour trans-porter leurs sorts à distance. L'oiseau prend le sort dan9

1. « Il me semble probable, dit M. Grandidier, qu'il y a eu, comme le dit Flacourt, deux immigrations successives d'Arabes, à plusieurs siècles d'intervalle, l'une venant de la côte de Malabar, l'autre de la côte orieitale d'Afrique. » (Max Leclerc, Les peuplades de Mada-gascar, Paris, 1887, in-8% p. 37.)

2. Voir le texte antaiony précèdent. 3. Soralra, écriture; be, grande; le grand livre, le livre sacré. Le

Sorabe est un texte malgache religieux, historique ou magique, écrit en caractères arabes, sur un papier fabriqué sur la côte sud est.

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f»r, Li;S MUSULMANS A .M A IMG A SU A II

son bec et vu le déposer dans lu bouche de celui auquel il est destiné. Les Zalikazimambo fabriquent aussi des amu-lettes, philtres, charmes préventifs ou curatifs. Ces odtj se composent d'un morceau de bois, linge ou papier sur le-quel le sorcier écrit quelques lettres ou mots arabes et le plus souvent l'invocation (C*-^ C f * ^ fs<J. w n o m

Dieu clément et miséricordieux », dont l'efficacité est, parait-il, merveilleuse.

NY ZAL'LKAZIMAMUO

Xy razana niliariany /afikaziniainho, ny loctoeny ary ny fombun/ ary ny fahaizany izay nampahalaza azy.

Dia foko anaukiray aminv Antaiony. Ny ra/ambony dia Antii-ka/ imambo zaïiak'Andriamarohala razambeuy uy Autaionv a<> lvato. Koa nihiumaro ireo zanak'Antakazimambo ireo nony tal<> aor iana; koa dia sa m y inatiana antontocrana avy tao Matitanana araky ny fiïokiana aminy izy samy Zalikazimambo. Dia ao Malia-velona ny sasany ; ny sasatiy ao Lazaniasy ; ary ny sasauy koa a<> Vohimarina; ary koa ao Yotsivala ; dia ao antanauauy Matitauana avokoa izany. Koa samy manaua uy mpaujukatiy : ary dia llafem-balioaka ao Mahavclona; Tsironianaiia ao Lazaniasy; ao Vohima-rina Hovalahy; ary ao Votsivala Todiambalioaka. Izao 110 auaratiy tany sy ipetrahanv sy ny inpanjakany ireo Zalikazimambo avy ao Malitanana. Koa ny mainpahalaza any ireo indrindra sady nam-piavaka azy a n i n y Antaiony namany dia uy faliaizany Sorabe ; koa dia isany manampahaizana amy ny hazary izy, tahaky ireo Anakara hiany. Dia toy ny folialalany Anakara ny musoandro roha

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ET AI X ILES COMORES

misy f ang i t r a bor ibory mena tnanodid ina azy, na ny volana na ny kintana mifindrafindra.

Ahalalany raha misy rivolra be ho avy na arctimbe ho tonga na tafika na mosary. Koa dia ireo Anakara 110 nahazo tany Ime-rina andllamuhavaly, Kelimalaza , Manjakatsiroa, Itafantaka, Sainpy ny Andriana nalaza indrindra tany Imcrina ; dia izany no nitokiany izay natiazo aminy tany betsaka.

Koa ny ombiasy malaza ankehitriny amy ny Anakara ankehi-triny ZaOuy ireo ombiasy taloha dia ireto :

Tsaramiasa sy Ndriatakilo sy Hamahaleo sy llandriatsieraiia sy Lehilahibe. Ireo dia mitana ny Sorabe avokoa. Ny razambeny ny Zaiikazimambo dia Andriamarohala sy Andria.

marozato razambeny ny Antaiony rehetra, fa Antaimandialain-bana (ny nanaovana azy hoe : Anlaimandialuinbana satria noho ny Utoaloany loatra sy ny heriny taniiny andro teo aloha dia ny lamba no velarina andiavany tongony raha mandeha izy) dia fa-ralahiny Audriainarohola niteraka any Antakaziinambo ary Anta. kazimambo kosa no niteraka ny Antaisakoa izay malaza indrin-dra sady manampahaizana indrindra, koa na dia ny Anakara sy ny Tsimaito aza dia miankina aminy. Tauiy ny andro teo aloha, raha nisy fahavalo tonga tao Matitanana, fa taloha moa dia mbola niady antrano be hiany, dia nalainy ny mpanjaka ireo Antai-kazimamho ireo mba hampahafoana ny heriny ny fahavnlo, ka ho vita amy ny fihavaiianatsara fa tsy ho amy ny ra latsaka.

Koa taminy izany nanampahaizana tokoa ireo Antaisakoa ireo. Ary noho izany fahaizana nananariy izany dia nirehareha fatratra mihitsv izy. Ary izy koa dia faralaliiny indrindra aminy ireo te-rak'Andriamarohola, kua dia nitoatoa taminy ireo Zokinyavy dia ny Antaimahasoa, ny Antailsinanana, ny Antandrefnna, ny An-tambahiveba, ny Antaisambo, ny Antaimaliazo. Koa i»y zavatra izai nataony dia amin-keriny avokoa no nahazahoany azy. Ary raha uahita izany ireo zokiny avy fa ny faralahy indray 110 l i an-jaka amy ny tany. ka hanan-kery noho izireo dia nauao teti-dralsy izireo, koa dia novoiioiny Antakazimainbo koa dia resy. Ary dia nataofarany indrindra ny liainboniany amy ny Antaiony.

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I.KS MUSULMANS A MAU A'i W A l l

Indray andro sendra nisv fahavalo Antaikongona tonga mba hamely any Matitanana. Nilaza Ramahavaliarivo mpanjaka ta-miny ireo vahiny Antairotro hoe : « raha hainareo ny hampaha-foana ny hamelezany ireo fahavalo ireo ka hahay hainpihava-nana anay tsara hianareo, dia omenay anareo na omby 100 n a

inona na inona zato, fa ataovy izay hampihavanaua anay tsara. » Raha nahare izany ireo Anterotro 1 ireo dia nanao hoe : « Izo-hay, Tompokolahy, dia tsy lia 11a inona na inona omenareo anay naomby 100 na inona too, fa zavatra tokana hiany : dia ny mba liahazo hauombily eto Matitanana hianv (izv ireo dia hova, ary tsy fombany hova ny manombily amy ny tany misy Andriaua, satria ny Andriana tsy mihinana ny sombily ny hova)'. Ary dia ireo An-driana ao Matitanana hoe: « Atao ahoana fa hahatsara ny tany sy ny fanjakana sady hampiadana anay; koa dia mahazo manombily hianareo. » Raha nahare izany ireo Antairolro dia nanao fanafody, koa nanjary nihavana tsara niaraka taminv izay ireo Antai-kongona nananika ireo sy ny mponina tao Matitanana, koa gaga ny vahoaka tamy ny fahaizana ireo Antairotro vahiny ireo. Raha nahare izany ireo Antaisakoa zanak'Antakazimainbo dialezitra sy nialona mafv ireo Antairolro ka tsy nety ny mba hanambodiany eny aminy taniny, ka nanao hoe : « Sombidiny* Antakazimambo tsy haniny Antairotro, ary ny sombidiny Antairotro tsy ny haniny Antaisakoa, fa samy masina amy ny azy. Ny Antaisakoa tsy inialaeo amy ny hanitry mpanjaka ao Ivato, hoy izy; ary ny An-tairotro kosa anie tsy mba tonga zato. » Ary hatr 'aminy izany noho mankaty dia nohafarauy Antaisakoa ny laranany rehetra dia ny Zafikazimambo izany, mba tsy hihinana any an-tranony ny Anterotro indrindra, tsy hiditra an-tranony.

Ny Antakazimambo ao Matitanana dia nizara: dia ny AntaiUi-nan'Antakaziinambo sy ny Antaimandiantandrefana. Ary ny mpan-jakany dia Andmmandika ary ny zanany mandimby azy dia An-drianavelona ankehitriny.

1. Tour Antairotro. 2. Ce passage confirme la traduction du mot hova par roturier que j 'ai

donnée plus haut . 3. Pour Sombitiny. La permutation de / en d est fréquente dans le* dia-

lectes de la côte orientale.

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ET Al'X ILES COMORES tO*

T R A D U C T I O N

LES ZAFIKAZ1MAMBO '

Origine des Zafikazimambo, leur résidence, leurs us et coutumes, connaissances qui les ont rendus célèbres.

Les Zafìkazimambo sont un clan antaiony. Ils descendent d 'An-takazimambo, fils d'Andriamarohala, l'ancêtre des Antaiony d'iVato. Les descendants d'Antakazimambo devinrent nombreux dans la suite. La place attribuée à chacun d'eux à Matitanana leur a été attri-buée d'après leur ancienneté*. Ils habitent les villages de Mahave-l o n a \ Lazamasy, Vohimarina \ Votsivala qui font partie de Mati-tanana. Chacun de ces villages a son roi. Rafembahoaka1 est roi de Mahavelona; Tsiromanana', roi de Lazamasy; Hovalahy1, roi de Vo-himarina; et Todiambahoaka, roi de Votsivala, voilà quels sont les noms des villages et des rois Zatikazimaml» de Matitanana. Deux choses les ont rendu* très célèbres : leur sépaiation d'avec les An-taiony, leurs compatriotes, et leur connaissance du Sorabe. Chacun d'eux connaît les sortilèges comme les Anakara. Comme eux, ils savent d'avance lorsque le soleil, la lune sont entourés d'un rond rouge et ils connaissent la marche des étoiles. Ils prévoient également les cyclones, les épidémies, la guerre, la famine. Ce sont les Ana-kara qui ont apporté, dans l'Imerina, Ramahavaly \ Kelimalaza', Man-

t . Zafy, les descendan ts d e ; Kazimambo, nom propre. 2 . C 'est-à-dire que le terrain a t t r ibué à chacun d 'eux est plus ou moins

g rand ou fertile, selon l 'ancienneté des familles. 3. (Le village) qui fait vivre (longtemps}. 4. Vohitra, le vi l lage; marina, qui e»t d 'np!omb. 5 . Ra, particule ; fe, cuisse ; vahoaka, des sujets (?). G. Tsiro, goût , s a v e u r ; manana, qui possède ; celui qui connaît la s a v f u r

des m e t s . 7. Le roturier. 8. Celui qui peut répondre. 0. Kety, le petit ; maluza, célèbre.

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78 LES MUSULMANS A .MADAGASCAR

j a k a t s i r o a ' , R a f a n t a k a ' , ces ido les r o y a l e s si c é l è b r e s d a n s l ' I m e r i n a , d o n t les so r t i l ège s p e r m i r e n t a u x ro i s h o v a s d e c o n q u é r i r t a n t d e p a y s * .

L e s s o r c i e r s a n a k a r a les p l u s c é l è b r e s a u j o u r d ' h u i son t les d e s c e n -d a n t s d e s a n c i e n s s o r c i e r s . C e s o n t : T s a r a m i a s a * . N d r i a t a k i b o s , R a -m a h a l e o * , R a n d r i a t s i e r a n a ' e t L e h i l a b i b e * . Le Sorab* e s t conf ié à l e u r g a r d e . L e s p r e m i e r s a n c ê t r e s d e s Z a f ì k a z i m a m b o son t A n d r i a -m a r o h a l a e t A n d r i a m a r o z a t o q u i o n t é g a l e m e n t d o n n é n a i s s a n c e a u x A n t a i o n y . A n t a i m a n d i a l a m b a n a (il s ' a p p e l a i t a i n s i p a r c e qu'>! é t a i t t r è s o r g u e i l l e u x e t t r è s f o r t , e t q u ' o n é t e n d a i t , a u t r e f o i s , d e s l a m b a

t . Sianjaka, qui r è g n e ; isy, ne p a s ; roa, deux ; le monarque comme il n'y en a pas deux.

2 . Ra, particule ; fantuka, le pieu. 3. Cet idoles ou sampy (cf. l 'arabe furent importées dans la province

centrale de Madagascar par une femme du nom de Kalolc (la grande Kalo) : « Elle apparu t un jour dans l ' Imerina, dit le Père de La Vaissière, portant un tout petit objet soigneusement enveloppé d 'herbes et de feuilles de bana-nier . Elle était parlie d ' Isondra , là-bas , bien loin, au pays des Betsileos, emportant le palladium de son village, dévasté par un incendie. Elle n'avait marché que la nuit et quelques heures seulement chaque fo is ; aussi avait» elle mis un temps considérable à parcourir une si longue route.

« Elle venait, disait-elle, offrir & Ralainbo (fc porc), rois des Hovas, le roi de* palladiums : c 'était , à l 'entendre, la fortune du royaume. A tout le monde, elle disait mystérieusement, en montrant son humble paquet enve-loppé de feuilles : C'est kelimaluza (le petit fameux). » (Vingt ans à Mala-gascur. Pa r i s , 18X5, in-8», p . 6 i - 0 > . ) Le roi Haiambo, qui aurait régné vers la fin du xvl* siècle, accepta le présent et donna un village comme résidence au sampy. Kelimalaza, dit la légende, fit remporter de nombreuses victoires à Ra lambo . Quoique les sampy a ient été brûlés en 1863 sur l 'ordre de la reine Ranavalo II, qui venait d 'être convertie au protestant isme, les Mal-gaches n'ont pas cessé de les considérer comme des «lieux : « Il est peu de choses, dit à ce sujet le P . de La Vaissière (toc. cit., p. 209), auxquelles les habi tants d t Madagascar croient aussi fermement qu 'à la puissance de leurs divers sampy. »

4. Celui qui travaille (minsa) bien (tsara). 5. Ndriana (pour andriana), le aoble ; takibo (pour takiboka), qui est

gonflé comme une vesi ie . 6 . Celui qui a assez de force (pour vaincre) . 7 . Ka, pa r t i cu le ; andriana, le nob le ; tsierana (pour tsierany) qu 'on ne

peut pas vaincre. 8. Lehilahy, l ' homme; be, g rand .

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ET AUX ILES COMOHES

sous se s p i eds l o r s q u ' i l m a r c h a i t ) q u i é t a i t le d e r n i e r fils d ' A n d r i a -m a r o h a l a , e n f a n t a A n t a k a z i m a m b o . Celu i -c i es t le pè re d e s A n t a i s a -koa qu i s o n t si r e n o m m é s p a r l e u r h a u t e s c i e n c e . L e s A n a k a r a et les T s i m a i t o les r e g a r d e n t c o m m e des m a î t r e s . Au t re fo i s , l o r s q u e les e n n e -m i s v i n r e n t à M a t i t a n a n a ( c a r on se ba t t a i t b e a u c o u p à ce t t e é p o q u e ) , le roi d u pays d e m a n d a a u x A n t u k a z i m a m b o d e n l e v e r la force à ses e n n e m i s , d ' é t . i b l i r d e s r e l a t i o n s d ' a m i t i é avec e u x p o u r e m p ê c h e r le s a n g d é c o u l e r . L e s A n t a i s a k o a ava ien t des c o n n a i s s a n c e s p a r t i c u -l ières p o u r a r r i v e r à ce r é s u l t a t , m a i s ils se m o n t r è r e n t t r o p o r g u e i l l e u x de l e u r savoir . I ls d e s c e n d e n t du d e r n i e r n é d ' A n d r i a m a r o h a l a e t i ls d é d a i g n e n t c e p e n d a n t l e u r s a î n é s , l es A n t a i m a h a s o a , les A n t a i t s i n a -n a n a , les A n t a n d r e f a n a , l es A n t a m b a h i v e h a , les A n t a i s a m b o e t b s A n t a i m a h a / o . I ls se son t e m p a r é s p a r fo rce d e tou t ce q u ' i l s pos-s è d e n t . L o r s q u e l eu r s a i n é s v i ren t q u e les d e r n i e r s n é s a l l a ien t g o u -\ e r n e r le pays e t q u e l e u r p o u v o i r a u g m e n t a i t , i ls c o m p l o t è r e n t d e t u e r A n t a k a z i m a m b o e t y r é u s s i r e n t . L e s d e s c e n d a n t s d e ce d e r n i e r occupen t le d e r n i e r r a n g p a r m i les t r i b u s n o b l e s à la t è t e d e s q u e l l e s se t r o u v e n t les A n t a i o n y .

Un j o u r , d e s A n t a i k n n g o n a e n n e m i s v i n r e n t p o u r a t t a q u e r M a t i t a -n a n a . Le roi H a i n a h a v a l i a r i v o d i t a lo r s a u x A n t a i r o t r o qu i é t a i e n t é t r a n g e r s a u pays : « Si vous éca r t ez les e n n e m i s q u i v e u l e n t n o u s a t t a q u e r et si vous pouvez n o u s r e n d r e a m i s ( a u l ieu d ' ê t r e e n n e m i s c o m m e n o u s le s o m m e s ) , n o u s vous d o n n e r o n s soi t c e n t b œ u f s , so i t c en t c h o s e s q u e l l e s q u ' e l l e s so ient q u e v o u s d é s i r e r e z . Ma i s il f a u t q u e vous n o u s fassiez f a i r e la paix avec nos a g r e s s e u r s . » L e s A n t a i r o t r o l é p o n d i r e n t à cela : t N o u s , m a î t r e , n o u s n e v o u l o n s a u c u n e r é c o m -p e n s e , n i les c e n t b œ u f s , n i l es c e n t c h o s e s q u e n o u s p o u r r i o n s cho i -s i r à n o t r e g r é . N o u s n e d e m a n d o n s q u ' u n e s e u l e chose , p o u v o i r c o u -p e r la g o r g e n o u s - m ê m e s a u x a n i m a u x , d a n s le vi l lage d e M a t i t a n a n a . • •'[.es A n t a i r o t r o s o n t d e s r o t u r i e r s , e t les r o t u r i e r s n e p e u v e n t pas c o u p e r la g o r g e a u x a n i m a u x , d a n s u n pays où s e t r o u v e n t d e s nob le s , p a r c e q u e ceux-c i n e m a n g e n t p a s d e s b '- tes t uée s p a r les r o t u r i e r s ) . « A m é l i o r e z la s i t u a t i o n d u r o y a u m e , r é p o n d i r e n t les n o b l e s d e Ma-t i t a n a n a , fa i t es r é g n e r la p a i x e t vous o b t i e n d r e z e n s u i t e l ' a u t o r i s a t i o n d e t u e r v o u s - m ê m e s les a n i m a u x . » Dès q u ' i l s e u r e n t e n t e n d u ces pa ro l e s , les A n t a i r o t r o f a b r i q u è r e n t u n c h a r m e et les A n t a i k o n ^ n n a d e v i n r e n t a m i s d e s g e n s d e M a t i t a n a n a , avec l e s q u e l s ils é t a i e n t s u r le po in t d e s e b a t t r e . L e p e u p l e étai t é m e r v e i l l é d e la s c i ence d e ces é t r a n g e r s a n t a i r o t r o .

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04 LES MUSULMANS A MADAC.ASCAK

L o r s q u e l e s A n t a i s a k o a , l e s d e s c e n d a n t s d ' A n t a h a z i m a m b o , a p -p r i r e n t ce q u i s ' é t a i t p a s s é , i l s e n f u r e n t f â c h é s e t d e v i n r e n t j a l o u x d e s A n t a i r o t r o . I l s n e l e u r p e r m i r e n t p a s d ' é g o r g e r l e s a n i m a u x s u r l e u r t e r r i t o i r e . « L e s A n t a i r o t r o n e m a n g e n t p a s d e s a n i m a u x t u é s p a r l e s A n t a k a z i m a m b o , d i r e n t - i l s , d e m ê m e q u e n o u s n e m a n g e o n s p a s d e s a n i m a u x a b a t l u s p a r l e s A n t a i r o t r o . C h a q u e s o r c i e r a s e s c h a r m e s . L e s A n t a i s a k o a n e v i v e n t p a s l o in d u r o i d ' i V a t o 1 ; e t les A n t a i r o t r o n e s o n t p a s e n c o r e c e n t » D e p u i s c e m o m e n t j u s q u ' a u -j o u r d ' h u i , l e s A n t a i s a k o a s o n t à la t é t e d e t o u s les Z a f ì k a z i m a m b o . I l s n e m a n g e n t j a m a i s n i n ' e n t r e n t d a n s les c a s e s d e s A n t a i r o t r o .

L e s A n t a k a z i m a m b o d e M a t i t a n a n a s o n t d i v i s é s e n d e u x I n b u s ( p r i n c i p a l e s ) :

1* L e s A n t a i t s i n a n a n ' A n t a k a z i m a m b o ' ; 2» Les A n t a i m a n d i a n t a n d r e f a n a ' . C e s d e u x t r i b u s s o n t g o u v e r n é e s p a r A n d r i a m a n d i k a * e t s o n fila

q u i lu i a s u c c é d é , A n d r i a n a v e l o n a * .

t . Lit téralement : ne s 'é loignent pas du parfum du roi d ' iVa to ; c 'est-à-dire que la noblesse des Antaisakoa leur permet d 'être cons tamment en con-tact avec le roi.

2 . N'ont pas de nombreuse pos té r i t é . 3 . Les Antakazimambo de l 'es t . 4. Les Antakazimambo de l 'ouest. 5 . Andriana, le prince ; mandika, qui .'ranchit (les obstacles) . 6. Andriana, le prince ; velona, vivant.

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CHAPITRE VII

NY ANTEVANDRIKA 1

Ny n i h a v i a n y v o a l o h a n y t a n v a m o r o n - t s i r a k a a t s i n a n a n y M a d a -g a s i k a r a . D i a t o v i z a o : r a h a r e s y n y z a n a k ' a u d r i a n a I t a m i n i a s y H a v a h i n i a m i a n a d a h y d i a l e o - m o n i n a izy i r e o fa t s y n a h o m h y i r e o M a h o m a d o 1 h o v a , k a d i a n i a l a t a n y M a k a f o n e n a n y h o a t v M a d a g a s i k a r a ; a r y r a h a n n h i t a i z a n y k o s a i r c t o A i i t c v a n d r i k a s y Mof ia s y A n t a i t s i m e t o i a n n h y «y n y saf a n y m e n a k e l i n y d i a n a l a h d o k a l a s a n a i i a r t ' k a a z v , f a t s y n a h a f o v a z v s a d v e f a n v M a h o m a d o

V J k V *

h o v a n o m a h e r y k a d i a n a l a i n - k a n o m p o h o v a i zy , f a n a l r o n y n i t i n d r a f o n e n a n a m i a r a k a a m y n y t o m p o n y n a d i a t n a m a f y n v h i a l a a m y n y t a n i n d r a z a n a n a h a z a t r a a z a . A r y r e h e f a v o a - s e s i -t a n y t o y i z a n y i r e o r y fìaminia i r e o d i a n i a i n g a m h a h o a n y a m o r o n - t s i r a k a , a t s i n a n a n y M a d a g a s i k r . r a , fa t s y m a i n t s v e o n o h i t o d i a n y . K a d i a n a n d e h a t .vmy ny h o l r y 1 izy i r e o o m b a n ' n y A n t e v a n d r i k a s y n y Mot io s v n y A n t e i t s i m a i t o r a n a h y * m e n a k e -l i n y h a f a k o a . K a r a h a v a o n i l s a k a izy d i a n i f a n i s a i z a y t o k o n y h o a z o n ' n y b o t r y h o e n t i n a . : v r e h e f a v i t a i z a n y d i a n i a i n g a izy i r e o ; a r y r e h e f a t o n g a t e n y a n . ; o v o a n ' n y r a n o d i a h i t a n ' o m b i a s y f a r a t s y n y a n d r o k a l i i l a h o r e n d r i k a n y b o t r y d i a n a n a o h e v i t r a K a m i n i a t a m i n ' i r e o A n t e v a n d r i k a s y i r e o n a m a u y h o e : « i z a o n o m e t y h a t o n t s i k a , s a t r i a h i t a n t s i k a i z a o n y h a r a t s i n ' n y a n d r o , k a r a h a t s y m a m o n y n y z a n a n t s i k a a v y i s i k a m b a h a m o n j e n a n y a i n t s i k a d i a t s y m a i n t s y h o r e n d r i k a a v o k o a k a k o f a t y d a h o l o . K o a n o h o i z a n y d i a s a m i a m a n d a t s a k a u y Z a i i a n y a v y h o f a t y a n y

1. P o u r Antuivandrika. m

2 . Cf. l 'arabe Moh'ammed. 3. Du français boulre, petit voilier en usage dans la ir.er des Indes. 4. Pour AntàiUimaitoranahy.

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82 L E S MUSULMANS A .MADAGASCAR

a n d r a n o m a s i n a . » Dia n a n a i k y t s a r a i r e o A n l e v a n d r i k a s y i r e o n a m a n y t o r a k a i zay z a z a h a r i a n y r y H a m i n i a . K a d i a a l o h a n ' n y u a n a o v a n y i z a n y f a i n p i a n j e r e n a i r e o a n k i z y i r e o i z a n y d i a n a s i a n y H a m i n i a e f i l r a l a m b a m a n e l a n e l a n a a z y s y i r e o A n l e v a n d r i k a k a n j o e f a h e v i t r a n o k a s a i n y r y H a m i n i a r a b a t e o n y h a n a o i z a n y

s a d y n i t o n d r a v a t o b e t s a k a izy a t a o n v s o l o n ' n y z a z a izay m o d v l i a v a r i n y a n y a n d r a n o m a s i n a . F a r y H a m i n i a e r y a n d o h a n ' n y b o t r y , a r y n y A n l e v a n d r i k a e r y a m b o d i n ' n y b o t r y ) .

A r y r e h e f a v i l a i z a n y r e b e t r a i z a n y . d i a n i l e n y r y R a m i n i a a r y a n k i l a n ' n v b o t r v n a n a o b o e : « h o a i n y ! h o a i n y ! » S a d y n a z e -r a n y n y v a t o , d i a m b a n a z e r a a y l o k o a n y z a n a k v n y A n t e v a n -d r i k a . k a n i k i a k i a k a m a f y e r y ( f a t s y n o h a i o l a izy fa v a t o n o n a t s i p i n v R a m i n i a fa t s v n y a n k i z y a k o r y ) : D i a n a n a o t o y n y t e o h i a n y i n d r a y r y R a m i n i a n a n a o h o e : « h o a i n y ! h o a i n y ! » D ia n a z e r a n v i n d r a y , d i a n i k i a k i a k a i n d r a y n y z a n a k y n y A n l e v a n d r i k a fa t s y n a h a l a l a s o r o n a , f a d i a n a z e r a n y l o k o a s a t r i a n i h e v i t r a a n a k a m - p o n y h o e : n y z a n a k ' i z v a n d r i a n a a z a f o i n y a z e r a n o h o n y f i t i a v a n a n y a i n t s i k a , m a i n k a f a n y a n t s i k a m p a n o i n p o n y . D i a t o y i z a n y n a t a o n ' i r e o o l o n a t a o a n a t y b o t r y i r e o a m b a r a p i t e n i n y R a m i n i a h o e : « A o k a i zay , f a a m p y . »

N o n y e l a , s a l r i a e f a n a h a z o n a n d e h a t s a r a n y b o t r y d i a t o d y t e o a m b i n a n v S a k a l e o n a izy i r e o , d i a v a o n i f a n i s a t ç o a m b o d i n ' n y h a z o v a n d r i k a . K a n o n y u a h i t a i r e t o A n l e v a n d r i k a f a t s y n a h a f a -h a n a i r e t o a n k i z y r e h e t r a t r ; n y n y a n y r y H a m i n i a f a n y a z y m a t y a v o k o a , fa e f a v o a v a r i n a a n y a n a t i - r a n o m a s i n a , d i a n a l a h e l o sy n i g > g o g o g o m a f y i n d r i n d r a k a n a n d a t s a k a r a n o m a s o b e t o k o a t e o a m b o d i n ' n y h a z o v a n d r i k a izy i r e o , s a t r i a v o a f î l a k a m a f y ( k o a i z a n y n o n a n a o v a n a n y a n a r a n ' n y A n t e v a n d r i k a h o e : A n l e v a n -d r i k a , s a l r i a l e o a m b o d i n ' n y v a n d r i k a n o n a n a m p a r a n ' n y a l a h e -lo i i v . k a d i a r a i k i t r ? t a m i n ' i z a y n y f i a n t s o a n a a z y h o A n t e v a n -d r i k a ) .

A r y r e h e f a n i t s a h a l r a n i l o m a n y izy i r e o d i a f e z i t r a i z a y t s y k a n a n o z o n o z o n a m a f y i r e t o r y H a m i n i a z a n a k ' a n d r i a n a , k a h a t r a -m i n ' i z a n v d i a t s \ n e t v n a n o m p o a n d l l a m i n i a s y n y t a r a n a n y i zy , f a l a s a n a n o m n o n y A n t a i o n y z a n a k ' a n d r i a n a s a t r i a o l o n a t i a a n d r i a n a i z v . \ r y a m b a r a k ' a n k e h i t r i n v k o s a i r e t o Z a f i n d R a m i n i a r a h a m i s y z a v a t r a a l a i n ' i r e o A n t e v a n d r i k a a n - k e r i n y n a z a v a l r a tzv f o i n y a z a . d i a o m e n y a z y f a t s y s a h y m a n d a izy. f a i z a o m i -f a m p a n o z o n n i z a o n o a l a o n ' i z i r o o i s a k y n y m i f a n k a h i t a . T o y <iy

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ET Al 'X ILES COMORES tO*

r a h a m a m o n o o m b y n y Z a f i n d R a m i n i a k a a l a i n ' n y A n t e v a n d r / k a n y f e n y i r a i - m a n o n t o l o i n y d i a t s y s a h y m a k a i n y i n t s o n v i r e o Z a f ì n d l t a m i n i a ; n a t s y i z a n y h i a n y a z a fa z a v a t r a h a f a t s y f o i n ' n y t e n a i n y 110 h a l a i n y d i a t s y m a h a z o m a n d a , k a t s y s a h y m a n a r a k a a z y . K a n e f a n a m i s y t o e l r a t o y i z a n y a z a i r e o A n t e v a n d r i k a i r e o d i a m a h a l a l a m a n d a n j a t e n a t s a r a i/.v k a m a m e r i n a t s y m o r a m o r a i n y z a v a t r a i n y i n d r a i n d r a y r a h a f a n t a n y fa t s y f o i n ' n y t o m p o n y t o k o a i z a n y . A r y r a h a t sy h a v e r i n y d i a t s y s a h y m a n a o a h o a n a azy i r e o Z a t i n d l t a m i n i a i r e o .

A r y r e h e f a t o d y t e o a m b i n a n i n ' n y S a k a l c o n a i r e o v a h i n y a v y a n y a n d a f i n ' n y r a n o m a s i n a i r e o d i a n i e l y b e h i a n y k a s a m y e f a n a m o a - j a t i a f y k a n i e l y a m i n ' i n y t a n y a m o r o n - t s i r a k a a t s i n a n a n a a i n y n y M a d a g a s i k a r a i n y ; k a e f a n a n d r a n t s a n a m a r o d i a m a r o n y t a r a n a k y i r e o a v y . Ka n y b e i r e o A n t e v a n d r i k a i r e o a n k e h i -t r i n y d i a a n y M a s i a n a k a t a n a n a l e l i i b e . a r y k o a m i s y s a s a n t s a s a n y a n y N a m o r o n a s y F a r a o n y s y a n y T s a r a v a r y . I z a n y n o n i a n d o -h a n ' i r e o A n t e v a n d r i k a i r e o h o t o n g a m p o n i n a e t o M a d a g a s i k a r a , k a n e f a n y r a z a m b e n y d i a a n y M a k a . A r y i r e o A n t e v a n d r i k a i r e o n o h o n y r a t s y n a t a o n y R a m i n i a a z y d i a n i a l a t a m i n y k a l a s a n a n a t o n a n y A n t a i o n y k o a i r e t o n o a n a r a n ' n y M p a n j a k a n ' n y A n t a i o n y i zay n o m b a n ' i z y i r e o t a m i n ' i z a n y a n d r o i z a n y ; a r y k o a n y m p a n j a k a a o a m y n y a n k e h i t r i n y :

I l a m o s a f o t s y , R a m o s a r y , R a v a o b a z a h a , I o n y,

R a m a h a v a h a r i v o , T o d i v a o k a - M a t i t a n a n a , N d r i a n a n t s a i n a - F a r a o n y , R a ve lo n a r i vo- F a r a o n y . I t a n d r i a m a n d r e s i a r i v o , l a m b o l a m a n a n a - N a m o r o n a , B e s e r y .

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84 L E S MUSULMANS A .MADAGASCAR

T R A D U C T I O N

LES ANTAIVANDRIKA1

Voici c o m m e n t i ls a r r i v è r e n t , p o u r la p r e m i è r e fo is , s u r la cô l e o r i e n t a l e d e M a d a g a s c a r . L o r s q u e l e s Zanak'andriana R a m i n i a e t R a v a h i n i a f u r e n t v a i n c u s p a r le r o t u r i e r M a h o m a d o , d é g o û t é s d ' h a b i t e r l ' e n d r o i t q u i ava i t é t é t é m o i n d e l e u r d é f a i t e , i l s q u i t t è r e n t l a M e k k e o ù i ls r é s i d a i e n t , p o u r v e n i r à M a d a g a s c a r . L e u r s s e r f s , l e s A n t a i v a n -d r i k a , les Mof ia , l e s A n t a i t s i m a i t o r a n a h y et q u e l q u e s a u t r e s , a f l l igés d e l e u r d é p a r t , l e s a c c o m p a g n è r e n t . I l s a v a i e n t é t é é c r a s é s p a r l ' e n -n e m i . M a h o m a d o l e r o t u r i e r a v a i t v a i n c u e t i l s é t a i e n t d e v e n u s s e s s u j e t s . U s é m i g r è r e n t e t a c c o m p a g n è r e n t l e u r s e i g n e u r , q u e l q u e s r e g r e t s q u ' i l s e u s s e n t d ' a b a n d o n n e r la t e r r e d e l e u r s a n c ê t r e s à l a -q u e l l e i ls é t a i e n t h a b i t u é s . R a m i n i a , e x i l é , s e d i r i g e a avec e u x v e r s la c ô t e o r i e n t a l e d e M a d a g a s c a r où il d e v a i t a t t e r r i r . Il p a r t i t s u r u n b o u t r e 1 s u iv i d e s A n t a i v a n d r i k a , d e s Mofia , d e s A n t a i t s i m a i t o r a n a h y e l d ' a u t r e s s e r f s . M a i s a v a n t d e s ' e m b a r q u e r , il vît q u ' i l s e r a i t n é c e s -s a i r e d ' a m e n e r u n a u t r e b o u t r e . Ce s e c o n d b â t i m e n t t r o u v é , o n s e m i t e n r o u t e . A r r i v é s a u m i l i e u d e la m e r , les s o r c i e r s v i r e n t q u e le t e m p s é t a i t m a u v a i s et q u e l e s b o u t r e s é t a i e n t s u r l e p o i n t d e c o u l e r . R a m i -n i a c o m m u n i q u a l ' i d é e s u i v a n t e a u x A n t a i v a n d r i k a q u i l ' a c c o m p a -g n a i e n t : « Voici c e q u ' i l f a u t f a i r e : l e t e m p s e s t m a u v a i s ; s i n o u s n e s a c r i f i o n s p a s n o s e n f a n t s , il n ' y a p l u s d e s a l u t p o u r n o u s . L e s b o u t r e s c o u l e r o n t e t n o u s p é r i r o n s t o u s . Q u e c h a c u n j e t t e à la m e r s e s e n f a n t s q u i d o u e n t m o u r i r . » L e s A n t a i v a n d r i k a e t l e u r s c o m -p a g n o n s c o n s e n t i r e n t v o l o n t i e r s à c e q u e R a m i n i a j e t a les p e t i t s e n -f a n t s à l a m e r . A v a n t d e p r o c é d e r a u j e t d e s p e t i t s e n f a n t s , R a m i n i a m i t a u m i l i e u d u b o u t r e u n e é to f fe q u i s é p a r a i t l e b a t e a u e n d e u x p a r t i e s . L e s A n t a i v a n d r i k a e t lu i n e p o u v a i e n t s e v o i r n i l ' u n n i

1. Antay, les gens ; vandrika, de l 'a rbre vandrika. 2. Ces voiliers, généra lement de faible tonnage , vont des Indes ou du

golfe Pe r s ique à Zanzibar et sur la côte nord-ouest de Madagascar avec la mousson de nord-est . Ils re tournent ensu i te à leur point de départ avec la mousson contraire de s u d - o u e s t .

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ET AUX ILES COMORES a;;

l ' a u t r e . ^ R a m i n i a a v a i t p e n s é à l ' avance à p r e n d r e c e t t e r é s o l u t i o n e t il a v a i t a p p o r t é b e a u c o u p d e p i e r r e s p o u r les j e t e r à la m e r à la p lace des e n f a n t s . ) R a m i n i a se t r o u v a i t à l ' avan t d u b o u t r e e t les A n t a i -v a n d r i k a , à l ' a r r i è r e . L o r s q u e tou t f u t p r ê t , il se p e n c h a s u r le bo rd d u b a t e a u et c r ia : « E h ! E h ! » e t il j e t a i t des p i e r r e s !

L e s A n t a i v a n d r i k a , a u c o n t r a i r e , j e t a i e n t v é r i t a b l e m e n t l e u r s e n -f a r t s , q u i p o u s s i i e n t d e s c r i s p e r ç a n t s (i ls i g n o r a i e n t q u e R a m i n i a j e l a i t d e s p i e r r e s et n o n d e s e n f a n t s ) . R a m i n i a c r i a d e n o u v e a u : « E h ! E h ! » e t il j e t a i t . L e s e n f a n t s d e s A n t a i v a n d r i k a c o n t i n u a i e n t aus s i à pousse r d e s c r i s . C e u x - c i , i g n o r a n t la s u p e r c h e r i e d o n t i ls é t a i e n t v i c t i m e s , j e t a i e n t v é r i t a b l e m e n t l e u r s e n f a n t s e t i l s p e n s a i e n t : Ce p r i n c e fa i t le s ac r i f i ce d e ses e n f a n t s e t les j e t t e à la m e r p o u r s a u v e r n o s v i e s ; à p l u s f o r t e r a i s o n , d e v o n s - n o u s le f a i r e , n o u s , s e s se r f s . E l les p a s s a g e r s d u b o u t r e j e t è r e n t l e u r s e n f a n t s j u s q u ' à ce q u e R a m i n i a les a r r ê t a : « C 'es t a s sez » , d i t - i l .

L o n g t e m p s a p r è s , l es b o u t r e s a y a n t f a i t u n e b o n n e t r a v e r s é e , i l s a t t e r r i r e n t à l ' e m b o u c h u r e d e la r i v i è r e S a k a l e o n a . A u m o m e n t d e se c o m p t e r , s o u s u n a r b r e a p p e l é vandrika les A n t a i v a n d r i k a s ' a -p e r ç u r e n t q u e R a m i n i a e t l es s i e n s n e s ' é t a i e n t p a s s é p a r é s d e l e u r s e n f a n t s . L e s l e u r s , a u c o n t r a i r e , é t a i e n t tous m o r t s p r é c i p i t é s d a n s la m e r . L e s m a l h e u r e u x q u i ava ien t é t é si g r a n d e m e n t t r o m p é s se m i r e n t a l o r s à s a n g l o t e r avec fo rce . Ass i s sous l ' a r b r e vandrika, i ls p l e u r è r e n t a b o n d a m m e n t ( l e u r n o m de A n t a i v a n d r i k a l e u r v ien t d e l ' a i b r e vandrika sous leque l i ls é p a n c h è r e n t l e u r d o u l e u r ) . L o r s q u ' i l s e u r e n t cessé d e p l e u r e r , la c o l è r e s ' e m p a r a d ' e u x , e t i ls c o u v r i r e n t d e m a l é d i c t i o n s R a m i n i a , le Zanak'andriana. D e p u i s ce l a , i ls n e lu i obé i r en t p l u s n i à s e s d e s c e n d a n t s ; e t i ls son t a l l é s s e r v i r l es Zanak'-andriaaa A n t a i o n y ; c a r les A n t a i v a n d r i k a a i m e n t les Andriana. A u -j o u r d ' h u i e n c o r e , l o r s q u e les A n t a i v a n d r i k a e n l è v e n t a u x Z a f i n d -R a m i n i a q u e l q u e c h o s e p a r fo rce ou p a r r u s e , c e u x - c i s o n t o b l i g é s d e l e u r d o n n e r l ' ob je t e n l e v é . I l s se m a u d i s s e n t m u t u e l l e m e n t c h a q u e fois q u ' i l s s ' a p e r ç o i v e n t . Q u a n d les Z a f i n d R a m i n i a t u e n t u n b œ u f , les A n t a i v a n d r i k a p r e n n e n t u n e c u i s s e e n t i è r e e t l es Z a l i n d R a m i n i a n ' o s e n t pas la l e u r r e p r e n d r e ; e t d ' a u t r e s c h o s e s e n c o r e a u x q u e l l e s ceux-c i t i e n n e n t e t q u ' i l s n e p e u v e n t n i e m p ê c h e r d ' ê t r e e n l e v é e s p a r c eux - l à ni l e u r r é c l a m e r . C e p e n d a n t si q u e l q u e Z a f i n d R a m i n i a h a b i t e a u m i l i e u d ' A n l a i v a n d r i k a , c e s d e r n i e r s se c o m p o r t e n t b i e n à s o n

1. Arbre à bois j aune e t dur , Craspidospermum verticellatum Boyer.

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86 LES MUSULMANS A .MADAGASCAR

é g a r d . I l s r e n d e n t f a c i l e m e n t l e u r s p r i s e s l o r s q u ' i l s s a v e n t q u e l e u r p r o p r i é t a i r e y t i e n t b e a u c o u p . Mais s ' i l s n e l e s r e n d e n t p a s , les Z a f i n d -R a m i n i a n ' o s e n t p a s l e u r r é c l a m e r les o b j e t s v o l é s 1 .

L o r s q u ' i l s e u r e n t a t t e r r i à l ' e m b o u c h u r e d u S a k a l e o n a , ces é t r a n g e r s q u i v e n a i e n t d ' a u de l à d e la m e r s e m u l t i p l i è r e n t . C h a c u n d ' e u x vi t ses a r r i è r e - p e t i t s - e n f a n t s . U s s e r é p a n d i r e n t s u r la cô te o r i e n t a l e d e Ma-d a g a s c a r e t l e u r s d e s c e n d a n t s f u r e n t a u s s i n o m b r e u x q u e l e s b r a n c h e s d e s a r b r e s . L e p l u s g r a n d n o m b r e d e s A n t a i v a n d r i k a h a b i t e a c t u e l -l e m e n t a u g r a n d v i l lage d e M a s i a n a k a ' . Q u e l q u e s a u t r e s son t é t a b l i s & N a m o r o n a , F a r a o n y e t T s a r a v a r y . T e l l e est l ' o r i g i n e d e ces A n t a i -v a n d r i k a q u i s o n t d e v e n u s d e s h a b i t a n t s d e M a d a g a s c a r (car l e u r s p r e m i e r s a n c ê t r e s é t a i e n t d e s M e k k o i s ) . I l s s e s é p a r è r e n t d e R a m i n i a à c a u s e d u m a l q u ' i l l e u r a v a i t fa i t e t s e l i è r e n t avec les A n t a i o n y .

Voici l es n o m s d e s r o i s a n t a i o n y q u i les p r o t é g è r e n t , d e p u i s l ' é -p o q u e o ù i ls d e v i n r e n t l e u r s c l i e n t s j u s q u ' à m a i n t e n a n t :

R a m o s a f o t s y R a m o s a r y *. R a v a l i o b a z a h a l o n y . R a m a h a v a h a r i n o T o d i v a o k a , ro i d e M a t i t a n a n a . N a d r i a m a n t s a i n a ro i d e F a r a o n y . R a v e l o n a r i v o 1 , roi d e F a r a o n y . R a n d r i a m a n d r e s i a r i n o roi d e N a m o r o n a . I a m b o l a m a n a n a 10 et R a b e s e r v , l e ro i ac tue l .

1. Les Aiitaivandrika, grùce à la légende, peuvent, aujourd 'hui encore, s 'emparer impunément des biens des ZafindR&minia.

2 . Village à l 'embouchure de la rivière de ce nom par environ 23 e 2 5 ' . 3. Ra. particule ; M osa, nom propre (cf. l 'arabe Mousa); fotsy, le blanc. 4. Ra, particule : mosary, la diset te . 5 . R'i, par t icule ; vao, nouveau ; vaiaha, é t r ange r ; l 'é tranger nouvelle-

ment ari ivé. 6. A i , particule; mahaïaha. qui peut dé tacher ; ariva, mille; celui qui est

assez fort pour détacher mille individus enchaînés. 7 . Sdriana (pour andriana), le pr ince ; man (pour manana), qui a ; saina,

de l ' intell igence. 8. Celui qui vit (velona) mille (arivo) années . 9 . Le prince ( R a n d r i a n a ) qui a vaincu (mandresy ) mille (arivo) ennemis . 10. Peut -ê t re pour lambohmanana (celui qui a, manana, du flair, ambolo).

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CUAPLTIΠVIII

NY SAHATAVY

Izao no anaran-javatra tantara dia izay zavatra hita sy rcn'ny sofina. Toy izao : hatraminny laloha ka ambarak'ankehUriny.

T a n t a r a n ' n y k a r a z a n a a m i n a y t o y izao : R a n t s o n y r a z a n a y S a -h a t a v y . A r y I l a n t s o n y n i t e r a k a a n y M a n d r a i n b e ; a r y M a n d r a m b o n i t e r a k a a n y T s i a v o h o t r a s y M a n j a k i z o v e b i v a v y s y H a m a n g a r o n a . A r y H a m a n g a r o n a n i t e r a k a a n y B e t s i m o s y B e h a n o i n a s y F i a l o -f a n a . B e t s i r n o n i t e r a k a a n y B e m a s o s y T s i a h i t a n a . A r y B e m a s o n i t e r a k a a n y L a i t s a r a sy I t a o m a n a n a v e b i v a v y . A r y T s i a h i t a n a n i t e r a k a a n y T s i m a n i l o sy l l a t s i f a r a t r a . A r y l l a t s i f a r a t r a n i t e r a k a a n y K a i n i v a o s y R a i n i l a m b a . K o a izao n o vi ta s o r o t r a u y a n a r a n -d r a z a n a . A r y M a n d r a i n b e r a z a n a y i r e o 110 t o m p o n y N a m o r o i u i , a r y f a r i i a u i u a y i N a m o r o n a t a n i n d r a z a n a y , F a r a o n y a v a r a t r a a r y S a h a b e a t s i m o m b i n a n y n o m i a k a t r a h a t r a m i n y a n - t o k o t o k o n y sy s i r a n a n a a n d r e f a n v L a k i a n o m i d i n a . T o n i n y S a h a t a v y i z a n y .

A r y t a o r i a n a i zao t o n g a I t a i n d r a s o a s y I l a i k i r i n g y sy R a i f o h y s y R a i v o l a a v y t a n y M a t i t a u a u a . N a n a o f a n a u g e u a ' t a m i n y M a n -d r a m b e m i a n a k a v y h a t a o r a v s y r e n y s y r a n a b a v y sy r a i z a n a k a , d i a t o n g a fo i r a y k o a . I zao n o a n a n a n y n i t e r a k y A n t a i m o r o n a e o N a m o r o n a i i h a v a n a n a k o a . V i t a i i h a v a n a n a v a o n a l a i n y z a n a k a n y A n t a i o n y u a t a o n y h o c : t sy m e t y r a l i a t s y m i s y m p a n j a k a l ia-l a i n t s i k a n y z a n a k a A n t a i o n y i z a o . Dia i z a n y n o i i a i i j a k a n y r a z a n y M a n d r e s i a r i v o n i t e r a k a a n y N d r i a m b o l a m a i i a r i v o sy U a n d r i a -m a h a v i a r i v o . Ary I t a n d r i a m b o l a m a n a r i v o n i t e r a k a a u y R a m a h a -s i t r a k a r i v o m p a n j a k a a o i V a t o . Ary U a n d r i a i n a h a v o a r i v o n i t e -r a k a a n y l l a u d r i a u a n t o a n i n a r i v o m p a n j a k a n y N a m o r o n a . A r y

1. Pour fanaikena, alliance, traité, association.

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88 LES MUSULMANS A .MADAGASCAR

t a u i i n ' i z y r o a l a h y z a n a n y t a o r i a n ' i z a o s y n y n i p e l r a h a n y R a v e l o -n a r i v o t a o F a r a o n y , v a o t o n g a n i h e v i t r a n a m p i s a r a k a n y t i h a v a -n a n y , k a n i l e f a l a n v a v a r a l r a t a n y M a n a n j a r a s y M a s i n d r a n o n y A n t a i o n y a t a o h o e : z a n a k ' a n d r i a n a .

A r y a n k e h i t r i n y m a d i v a h i v e r i q a n y z a n a k ' a n d r i a n a ; i z a v t s y m e t y h o h o v a m i v e r i n a m o d y a n y N a m o r o n a s y F a r a o n y i z a y u i a h a y m i f a n a r a k a . F a n y t i h a v a n a n a n o t s y m b o l a m i f a n a r a k a , f a i n b o l a m i j a n o n a a n y M a n a n j a r a s y M a s i n d r a n o h a t r a n y . T a o m a -t a v y 1 n o m i a n a t s i m o . N a l e h a n y izy r e h e t r a z a n a k ' a n d r i a n a r a h a t sy m e t y h o h o v a .

A r y n i s y a d i n ' o l o n a n i a d y l e f o n a t c o a l o h a h a t r a n y M a t i t a n a n a m i a n a v a r a t r a k a h a t r a n y M a n a n j a r a 110 m i a n a t s i m o t s y n i s y

o l o n a n a a n a n k i r a v a k o r v , t a o a o r i a n a e l a d i a e l a v a o n a n d r v n v » » ' » *

t a n y . D i a v a o s a n y n o d y a m i n y t a n i n d r a z a n y a v o k o a n y o l o n a r e h e t r a m a n d r a k ' a n k e h i t r i n y i z a o .

T R A D U C T I O N

LES SAI1ATAVY

Voici l'histoire de ce qui a été vu et entendu depuis autrefois jus* qu'à maintenant.

Voici l 'histoire de nos ancêtres : Rantsony* est notre ancêtre, à nous Sahatavy. Il enfanta Man*

d r a m b e ' ; celui-ci enfanta Tsiavohotra, la femme Manjakizo et Ra-mangarona. Ramangarona4 enfanta Betsimo, Behanoina et Fialo-fana. Betsimo enfanta Bemaso1 et Tsiahitana*. Bemaso enfanta Lait-

1. Tamatave . 2 . lia, part icule ; antsony (pour an(sonina), celui qu 'on ar rê te . 3 . Celui qui est t rès {be) maigre ( m a n d r a k a ) . 4. Celui qui fouille. 5 . Qui de g r a n d s (be) yeux {maso). 6 . Tsy, ne pas ; ahitana, à voir; qui n ' e s t pas à voir.

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ET AUX ILES COMORES a;;

ga ra 1 e t la f e m m e B a o m a n a n a * . T s i a h i t a n a e n f a n t a T s i m a n i b o * e t R a t s i f a r a t r a . C e d e r n i e r e n f a n t a R a i n i v a o ' e t R a i n i l a m b u " .

Voilà toute la liste de nos ancêtres. M a n d r a m b e , n o t r e a ï eu l , é ta i t c h e f d e N a m o r o n a . L e s l im i t e s d e

N a m o r a n a , n o t r e p a t r i e , son t , au n o r d , F a r a o n y e t S a h a h e , a u s u d de l ' e m b o u c h u r e d e la r i v i è r e ; et a u s u d j u s q u e p r è s d ' u n p o r t à l 'oues t d e L a k i a . C ' e s t là le pays d e s Sa ' i a t avy . E n s u i t e , v i n r e n t de M a t i t a n a n a R a i n d r a s o a * , l l a i k i r i n g y , R a i f o l y ' e t R a i v o l a ' . Rs s ' a l -l i è r en t à M a n d r a m b e e t à t ou t e sa f a m i l l e et d e v i n r e n t pè re , m è r e , s œ u r , e n f a n t s l es u n s d e s a u t r e s ; et i l s n ' e u r e n t p lus q u ' u n seul c œ u r . Voilà c o m m e n t les g e n s d e N a m o r o n a son t l es a m i s e t c o n n u e les e n f a n t s d e s A n t a i m o r o n a . A la su i t e d e ces r e l a t i ons a m i c a l e s e t a v a n t d ' a d o p t e r les A n t a i o n y c o m m e e n f a n t s , les S a h a t a v y d i r e n t : € Il f a u t q u e n o u s p r e n i o n s nos ro is p a r m i les tils des A n t a i o n y . » C'est a in s i q u e M a n d r e s i a r i v o * dev in t l e u r roi . 11 e n f a n t a N d r i a u i b o -l a m a n a r i v o l 0 e t R a n d r i a m a h a v i a r i v o " . R a n d r i e m b o l a m a n a r i v o e n f a n t a R a m a h a s i t r a k a r i v o " , r o i d ' I v a t o . R a n d r i a m a h a v o a r i v o ' 1 e n f a n t a R a n -d r i a n a n t o n i n a r i v o u , roi d e N a m o r o n a . L e s d e s c e n d a n t s d e ces d e u x rois h a b i t a i e n t a v e c R a v e l o n a r i v o , à F a r a o n y , l o r s q u e les b o n n e s re -

1. Pour Lahiliara; lahy, homme; tsara, bon. 2. Bao, nom de f e m m e ; manana, qui possède. 3. Tsy, ne pas ; manilo, qui pique. 4. Rainy, le père ; vao, nouveau ; qui vient d 'être père. 5 . Rainy, le père ; lamba, du lamba (pièce d'étoiTe dans laquelle se drapent

es Malgaches). 6. Rainy, le père ; Rama, de Rasoa, nom de femme signifiant la bonne. 7 . Le père {ray) du til (foly). 8. Le père (ray) de l 'argent (vola). 9. Celui qui vainc (mandresy) mille (arivu) ennemis. 10. Kiiriana (pour andriana) le pr ince ; (qui possède) volamana (pour

volamena) des pièces d ' o r ; arivo, mille. U . Randriana, le pr ince; ma/iavy, qui fait arr iver ; arivo, mille, qui s 'a t -

tire beaucoup de purt isans. 12. Ra, par t icule; mahasitraka, qui ose provoquer; arivo, mille (ennemie).

Ramahasitrakarivo est un surnom du roi d ' ivuto, Beserv ou Uil>e-ery, dont il est question dans les textes antaiony et antaivandrika.

13. Au, particule ; andriana, le prince, mahavo, qui exal te ; arivo, mille, celui qui récompr se et glorifie ceux qui se dévouent pour lui.

14. Ra, par t icule; andriana, le prince ; antonina (pour antoanina) qu'on honore; arivo, mille (fois)

r>

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R90 LES M l ' S l ' L M A N S A MADAGASCAR

l a l ions d ' a u t r e f o i s c e s s è r e n t . L e s A n t a i o n y s ' e n f u i r e n t ve r s l e n o r d e t a r r i v è r e n t à M e n a n j a - a ' e t à M a s i n d r a n o , où o n les a p p e l l e Zar/ak'-AiHh -ana1. M;»'o!eoa<it les ZaoaU And. 'ira son t s o c le po in t d e r e -veoìt ' . C e u x q u i n e \ e o ' e o t pas d e v e n i r hooa' soo t r e t o u r n é s chez e u x . à N a m o r o n a e t F a r a o n y , a p r è s r -V' .e m ' s o ' a c c t r d . Mais les r e -I j C o n s n ' é t a ' e r á pi»» t r è s con , ; t>te9 e i i ' s J o o t «e-ies à M a u a o i a r y à M «%'odiaoo ei i ' ao» ' e pays c o m p r i s e o - e T a i i a t a v e et ' e eod deceWe \ i ' i e . Tou* - eux. q u i é ; a i e o i Zo .h tt, o,>a sont p a r f i s p o u r n e p a s deven r !> jca.

i l y eu la t J l i ' e ío i s d e s guen-e* à c o u p s d e s a g a ' e s . De M a t i t a n a n a e n r e m o a t j i i t d a n j le n o r d , ei d e M p o a r j r i y er. aU.-'ol a u ^ud il n ' y ava ' i p j s u n seu l tul>if;>o; ; l ous av3ie<ii .ii*. P u i s la pa ix / e vi.it . C h a -c u n r e tou io - i daDS le p ^ y s d e ses y n c è l r e s e t y d e m e u i e e n c o r e a u -j o u r d h u i .

1. Pour Slananjury. Munanjaea est le nom de la rivière à l 'eaibouchure de li ' ,uelle se li 'ou.e le village de Manaujary .

2. Fil» de pvinces. 3. C'est-à-dire qui ne veulent pas perdre leur rang de nobles pour de-

venir de simples roturiers.

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CHAPITRE IX

En 1890 M. Grandidiera l'ait une communication à l'Aca-démie des inscriplioos et belles-lettres tendant à établir que Marco Polo1 désignait par Mtfdeif,rascar la vi"e de Muga-doxo sur la côte du Zaoguebar- et que ce fut Oronce Tinée qui proposa d'appliquer ce nom à l'Ile Saint-Laureni. L'h} pothèse était vraisemblable, élant données 1 'altération que les noms propres ont subie dans la relui ion du voya-geur vénitien et la description q j il fait de la faune de n i e , faune particulièrement africaine et dont aucune trace vi-vante ou fossile n'a encore é!é découverte à Madygaaca'-. Je crois, cependant, que le Madagascar de Marco Pclo désignait véritablement la grande Me africaine.

Le nom de Madagascar p'a pas manqué d 'exercer la sa3acité des éiymologistcs. Deux d'entre eux (ce sont malheureusement les seuls dool j 'ai les travaux sous la main), M. Guet3 et M. I. Taylor4 , oni publié les rési'llals

1. Le livre de Marco Polo..., publié par G. Pauthier, Paris, 18U">, 2 part, grand ia -8 , ) I E pat lie, ch. C L X : ; X V , p. 070 083.

2. Le colonel Yule av\>it déjà développé celte ttiôse, dans ses Travers of Marco Polo, t. )f , Londres, 1871, p. 3Í7.

3. Les Oi i(j!nci de l'île Bourbon et de la colonisation franeaiie de Madagascar, Paris, 1888, in-S".

4. The oiiijin of be name Madagascar (Antananarico Animal and Madagascar Magazine, Antananarivo, 1891, in-8q).

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R4 LES M l ' S l ' L M A N S A MADAGASCAR

de leurs observations. Le premier, après avoir conduit les Carthaginois (!) à Madagascar pour les besoins de sa cause, fait venir le nom de cette île de Madar-A htoret ou Madaj-Aslarté « qui l'un et l'autre, dit-il, (; nt si bien notre Madagastar1 que nous n'hésitons pas a H.S adopter d'autant plus qu'ils doivent signifier : île d'Astarté, équivalent de Tuni-el-Camar-, terre de Jalune, ou eniin de ile de Tanit\»

« Le nom de Madagascar, dit M. 1. Taylor, que nous tenons de Marco Polo, ne s'appliquerait pas, je crois, à cette tle, mais à la côte Somalie. Le voyageur vénitien l'eut de source malaise. La question est de savoir laquelle est la plus ancienne des deux formes Mah-gossc {sir) ou Mada-gosse*. Gosse signifiait « hommes »> en souahili ancien Ma-(^)a-gosse signifierait ma(!,)a, hommes ; le ar étant le suf-fixe malais qu'on trouve dans Zanzibar, Nicobar, Malabar, qui signifie pays ou ile*.

1. Variante d'après une version lutine de? voyages de Marco Polo. 2. Ces trois mots signifient effectivement terre de la lune ; mais te

premier tani (pour tany) est malgache; et les deux suivants sont une transcription de l'arabe j J ù I .

3. Loc. cit., p. xxxix. L'introduction de l'ouvrage de M. Guet contient quelques autres ètymologies du même genre :

Le nom malgache Hova (qu'il écrit Ova) viendrait du latin ovum. On trouve, dans le sud-ouest de Madagascar, des œufs gigantesques d'k'pyornis ; et la peuplade des Hovas tirerait son nom de cette parti-cularité;

Le mot tany, terre en malgache, viendrait du punique Tanit', an-drian (qu'il traduit par monsieur et qui signifie prince, noble) du grec andros (sic), homme. M. Guet a pris la peine d'imaginer une émigration punico-gréco-latine peur arriver & ces trois ètymologies.

4. Pour malagasy et tnadagasy. Celle dernière forme est la plus ancienne. La première, seule, est employée aujourd'hui.

5. La désinence bar et non ar signifie littéralement terre ferme, continent et non ile.

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E T AI X I L E S COMORES

«i La langue hova est un dialecte malais. Malay signifia montagnes. Par conséquent Mala-gosr-ar pourrait vouloir dire le paya des hommes ; tandis que Mada-gasr-ar signifie Vile des Mada ou Madai, el désignerait soit la tribu actuelle des Madai qui se trouve au sud-est du Yictoria-Nyanza ou la côte comalie autrefois appelée Madun ou Miidáin. Dans cette h* pothèse le nom donné par .Marco Polo s'appliquerait au pays çomali. 11 décrit Madagascar comme étant musulman et plein d'éléphants ; mais ces renseignements ne s'appliquent à l'Ile.

« Nous avons une autre vieille forme dans un manuscrit de Marco Polo, Magaster, où le ma n'est probablement que le préfixe pluriel bantou' . »

Les étymologies de M. Taylor sont aussi fantaisistes et peu sérieuses que celle de M. Guët et il n'y a pas lieu de s'y arrêter davantage. Madagascar signifie très probable-ment et tout simplement pays des Malgaches et n'est que la transcription défectueuse de l'arabe / Madagasfmr. Marco Polo qui n'a jamais visité la grande lie africaine, l'a mentionnée d'après les récits des voyageurs et négo-ciants arabes qui fréquentaient les lies occidentales de la mer des Indes. 11 est parfaitement admissible que les Arabes qui commerçaient ou prêchaient l'islam sur les deux côtés de l'Ile et qui avaient entendu les indigènes se qualifier de Madagasy ou Madegasy aient arabisé ce nom en j JU Mada-gasy bar. La terminaison bar entre dans la compo-tition de nombreux noms géographiques de l'océan Indien, tels que : Zanzibar, Tranquebar, Nicobar, Malabar, etc. ; et M. Taylor commet une grave erreur en prenant ce mot arabe pour le suffixe malais ar.

1 . Loc. cil., p . :V70.

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94 LES MUSULMANS A .MADAGASCAR

Si on transcrit en arabe les différentes leçons du nom de la grande île africaine, on trouve :

Madagastar, J

Madeigastar, J

Madagasbar, j

Madagasikara \ $

Madagascar, j f

Ces sept leçons ont une partie commune et des désinences différentes S"-, y , ^r*-^ n'étant que la trans-cription du nom que les habitants de Madagascar se donnent eux-mêmes, il y a tout iieu de supposer que le suf-fixe qui lui est adjoint doit signifier terre ou pays. On pourra

<M objecter que jm désigne spécialement la terre ferme, le continent. L'objection serait par trop spécieuse car ce mot

«

se trouve dans Zanzibar j qui est le nom d'une lie d'une superficie sans importance comparée à celle de Madagas-car. La différence entre Madagasbar et Madagascar s'ex-pliquerait alors par les altérations qu'ont subies les noms géographique? recueillis par les voyageuis anciens dans les différentes copies ou éditions de leurs ouvrages.

Plusieurs é( rivains postérieurs à Marco ?olo qui se sont occupés de Madagascar désignent la grande île africaine sous ce nom et conslalent qu'elle est appelée ainsi par les indigènes. André Thevet dans ses Shigularitcz de la France antarctique dit : « combien qu'elle ait eslé découverte par les Porlugois et nommée de Sainct-Laurent, et auparavant

1 . A n c i e n n e f o r m e i n d i g è n e d u Madagaskara a t i u e l q u i e s t e n c o r e e m p l o y é e p a r les I ri b u s n o n hovas .

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ET AUX l l . E S C O M O R E S §7

Madagascar en leur langue» Le P. Maffei dont la rela-tion fut imprimée en 1637 dit également : « et Modagas-carem olim nunc Divi Laureolii insulam s. » Flacourt commence ainsi la description générale de l'Ile : « L'isle Sainct-Laurens est par les géographes nommée Mada-gascar, par les habitants du pais Madecase, par Plolémée Meuulhias, par Pline Cerné, par l'auiheur de la Géographie Nubienne, par les Peiseset les Arabes Sarandîb®; mais son vrag nom esl Madecase*. »

De ces t«ois exlraiîs je retiendrai surtout )e dernier. L'aullieniiciîé des icoseigoemenls fournis par | ' Í ; « C O I M Ì psi indiscutable. On peut aujourd'hui encore, on parcourait la côte orienlo'e de Madagascar, son livre à la main. n&<U(er aux mêmes scènes de la vie malgache el conslaiec l'exis-tence des mêmes couîumes qu'il adécn ie s il y a plus de deux siècles. M. Grandidiera pu dire avec ji'«ie ra!son « que les récils de ce vieil auteur poricut le c.-tchel de la vériié.»

« Je vous offre celle isle, dit Flacourt dans la déc'icoce de son livre ou surinlendaot des finances Fouquel. non point parée ny enrichie comme sont la Chine, lo lapon, la Perse, ny la grande Inde ; mais comme elle osl daos sa ru-desse el dans sa naïfveté. aussi est-elle sans fard et sans artifice. Il n'y a rien d'ajusté en el'e, que son anliq.iiié, parmy laquelle elle a cooservé sans inierruplion ce qu'elle a appri? de la Loy de N.iîure, dans laquelle elle autaisle encore,à l'exception de quelque petit nombre de gens en-tachez de Mahomelisme \ » Les peuplades malgaches sui-

1 . Voi r l ' A p p e n d i c e , n° I I . 2 . Voir l ' A p p e n d ; c e , n " VI . 3 . L e t-crendib d e s g é o g r a p h e s a r a b e s a é t é défini*, v e m e n t i den t i f i é

à l ' î l e d e C e y l a n . 4 . l.oc. cit., p . 1 . 5 . l.oc. cit., p . I V .

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04 LES MUSULMANS A MADAC.ASCAK

vent encore la Loy de Nature qui les régissait au XVII* siè-cle. L'introduction de l'islamisme a seulement apporté cer-taines modifications dans les croyances et les coutumes de quelques tribus des côtes sud-est et nord-ouest. En dehors des immigrations musulmanes et malaises, les Malgaches ort vécu jusqu'à l'arrivée des Portugais ignorés de tous, isolés da resie du monde Des immigrants musulmans et malais que le hasard ou la propagande religieuse avaient amenés à Madagascar se mêlèrent aux aborigènes et don-nèrent naissance aux tribus qui prétendent à la descen-dance d'ancêtres venus d 'au delà de la mer. Leur histoire oemee d'inexactitjdes, nous a été conservée par la tra-dition qui ment'onne généralement le retour des musul-mans dans let"1 patrie pour y être enterrés à côté de leurs aïeux. L authenticité de ce voyage est plus que douteuse. Il y a toui liea de n'y voir qu'un trait de mœurs malgaches mis graiuitemeiit par le conteur indigène à l'actif de Ra-m ;n ;a et des pcéiendus émigrés mekkois*. 11 est plus pro-bable et même ceriain, en se conformant au témoignage de Flacourt, que par suite des difficultés de commun-ca-tions, les musulmans ne conservèrent aucune relation avec leur pays d'origine®.

1. L'île de Madagascar aurait été découverte par les Portuguais, en •1492, d'après Souchu de Rennefort (Relation du premier voyage de la Compagnie des ladcs orientales en Visle de Madagascar ou Dau-phine, Paris, 168?, in-16, p. 69) et en 1500, d'après M. Grandidier (communication à l 'Académie des inscriptions et bel les- let t res , 3 mars 1884).

2. Tout Ma'gache doit être enterré dans le cimetière de ses ancê-tres. Lorsqu'un indigène meurt hors du territoire de sa tr ibu, ses parents vunt chercher son cr.davre et le ramènent en grande pompe au lieu de naissance du défunt.

3. Les t r i b u s d u n o r d d e l ' î le é t a i e n t s eu l e s e n r e l a t i o n s avec les

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ET AUX ILES COMORES a;;

Après avoir énuméré les divers noms sous lesquels était connue la grande lie africaine, Flacourt ajoute que son vray nom est Madécase*. La ressemblance de ce mot avec Ma-gadoxo me parait absolument fortuite. C'était autrefois un petit royaume musulman de peu d'importance. Les Arabes le désignaient el le désignent encore sous le nom

Magdichdo, etlesSouahili sous celui de ^r-*5*, Mogadicho1. Ce n'est plus maintenant qu'un port de la côte çomaiie, situé par 2° environ de latitude nord, fermé aux Européens et où trafiquent seuls quelques négociants arabes de Zanzibar. Les Malgaches n'en ont certainement jamais connu le nom. L'hypothèse de M. Grandidier tendant à démontrer que Marco Polo a voulu désigner par Madagascar la villede Maga-doxo ne serait acceptable qu'autant qu'il n'existât en malga -che aucun nom national se rapprochant de celui qu'a repro-duit le voyageur vénitien. Or, au xvii® siècle, les indigènes

Comores et la côte orientale d'Afrique : « Ces peuples (les tribus du centre et du sud), dit Flacourt, n'ayans aucune communication ny commerce avec les habitans des terres fermes de l'Éthiopie, à cause de l'ignorance de la navigation, n'ont point receu les changemens des Loix et des Coustumes qui s'y sont introduits de temps en temps : mais ils ont seulement conservé celles qui ont esté en usage dans les paîs d'où ils sont venus, qu'ils ont apportez avec eux quand ils ont passé dans cette isle. » (Loc. cii., Avant-propos.)

1. Le nom Madagascar était inconnu des Malgaches avant le com-mencement de ce siècle. Son introduction est due aux Anglais qui suggérèrent au roi des Hovas, Radama 1er, de prendre le t i tre de roi de Madagascar et qui le reconnurent comme tel dans les traités conclus par sir Robert Farquhar, les 23 octobre 1817, 11 octobre 1820 et 31 mai 1823. Cf. d'Escamps, Histoire et géographie de Madagascar, Paris , 1884, in-8®, p. 99 et suivantes.

» / • 2. La variante yijù», mogadicho est également employée. Les Soua-

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hili se servent indistinctement du £ et du £ pour transcrire le g dur.

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R90 LES Ml 'S l 'LMANS A MADAGASCAR

appellent leur Ile Madccatc. Celte dénomination employée sur tootelacôte orientale éiaitcerta»nemenl en usage depuis forl longtemps parmi les tribus maritimes. Les inimitiés de peuplade à peuplade, de clan à clan, de village à village n'en auraient pas permis la diffusion rapide et encore moins l'adopiion unanime par des tribus nobles, roturières et esclaves qui ne cessaient de lutter l'une contre l'autre pour arriver à la suprématie. On peut donc affirmer que déjà du temps do l'iacourt celte appellation était déjà très an-cienne. Les Arabes qui fréquentaieol les î 'esde la m e des Indes occidentales arabisèrent, comme je l'ai dit plus haut, ce nom en Madagasbar, et c'est sous ceiie forme qu'il fut cilé à Marco Polo. La faune africaine dont ce voyageur dote Madagascar ne me paraîl pas un argumeol suffisant pour repousser l'hypothèse que j'ai émise. Marco Polo n'étant pas venu à Madagascar n'a fait qu'enregistrer les renseignemenls qu'on lui donnait sur celle Ile et il ne sau-rait être rendu responsable de leur inexactitude.

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CHAPITRE X

Les Malgaches sont aussi profondément fatalistes que les musulmans. Les événements heureux ou malheureux ne les émeuvent ni ne les touchent : « Anjara/.n izany, C'est mon destin, disent-ils ; c'est le lot qui m'est échu, la part de bonheur et de malheur qui m'a été attribuée par Zana-hary dès ma naissance. Mon desiin est immuable et aucune puissance humaine n'y saurait rien changer. » Les desti-nées diverses d'hommes nés à différentes époques de l'an-née ont fait classer les mois en fastes et néfastes ; et la même distinction s'est ensuite, pour les mêmes motifs, ap-pliquée aux joues et aux heures. Les règles d'après lesquel-les le mois, le jour et l'heure de la naissance d'un individu indiquent une destinée future bonne ou mauvaise se trou-vent formulés par le tononom/ro ou destin du jour*. Celle science indique le caractère fasie ou néfaslc de chacune des divisions du temps. Il est par conséquent facile de pré-sager quel sera le desiin de chaque créature en se basant sur le moment de sa naissance.

La figure ci-contre représente la place qu'occupent les mois par rapport aux pointa cardinaux. Le parallélo-gramme est l'image de la case malgache ; et les douze pln-

1. Cf. Vingt ans d Madagascar, chap. vin, p. 270; et la première p a r t i e d e ce t r ava i l , c h a p . u et v.

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T A B L E DU TONON ANDRO

ci

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E T AUX I L E S COMORES a;;

ces où sont inscrites les mois sont chacune sous l'inflaence du mois auquel elles correspondent. Voici quelles sont les places respectives des douze mois :

Alahamady' est à l'angle nord-est; Adaoro*, à l'esl-nord-est ; Adizaoza3, à l'est-sud-est ; Asorolany*, à l'angle sud-est ; Alahasaty5, au sud-sud-est ; Asombola6, au sud-sud-ouesl; Adimizana7, à l'angle sud-ouest; Alakarabo8, à l'ouest-sud-ouest ; Alakaosy9, h l'ouest-nord-ouest ; Adi-jady10, à l'angle nord-ouest; Adalo", au nord-nord-ouest ; et enfin Alohotsy12, au nord-nord-est.

Les douze mois sont divisés en deux parties qui se cor-respondent :

Alahamady correspond à Adimizana. Adaoro — Alakarabo. Adizaoza — Alakaosy. Asorotany — Adijady. Alakasaty — Adalo. Asombola — Alohotsy.

1. De l 'arabe j M el-H'amal, le Bélier.

2. De l 'arabe j p l , cth-Tfiaour, le Taureau.

3. De l'arabe I j ^ 1 » el-Djaouzd, les Gémeaux.

4. De l 'arabe *s'Sarat'dn, l'Écrevisse.

5. De l 'arabe JL. 1, el-Ased, le Lion.

6. De l 'arabe es-Sonbolah, l 'Épi [la Vierge).

7. De l 'arabe j ' j jU, el-Mizdn, la Balance.

8. De l 'arabe <~j juJ', el- Aqrab, le Scorpion.

9. De l 'arabe ï, el-Qaous, l'Arc.

4 0 . De l 'arabe tf jJ»I, el-Djedi, le Chevreau.

11. De l 'arabe jUll, ed-Dalou, le Verseau.

12. De l 'arabe O^J-I, el-H'out, les Poissons.

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LES MUSULMANS A MADAGASCAR

Dans la vie ordinaire, cette correspondance des mois doit être évitée avec soin sous peine d'amener les plus ter-ribles malheurs. La première colonne représente les mois de la naissance, du commencement d'une affaire ou d'un travail ou de la mise à exécution d'un projet. L'autre co-lonne est celle de la correspondance fatale et néfaste aux mois précédents. A Ì D S Ì , par un exemple, un homme né en alahamadyne devra jamais rien entreprendre en adimizana ni commencer en alahamady quelque chose qui devra se terminer en adimizana. La règle est immuable sur ce pwnt : la misère, la maladie, la mort même l'alleindraient avant l'accomplissement de sa téméraire entreprise. Les cinq autres mois qui suivent adimizana lui seront au contraire très favorables.

Lorsqu'un Malgache veut savoir quel sera le moment le plus favorable à la réussite de ses projeis, il additionne le nombre des jours depuis le mois de sa naissance jusqu'au mois où il doit mettre ses projets à exécution. Ce calcul se fait d'une façon particulière. Les mois ont, pour la cir-constance, les valeurs suivantes :

Alahamady vaut 3 jours. Adaoro — 2 — Ad'-zaoza — 2 — Asorolany — 3 — Alahasaty — 2 — Asombola — 2 — Adimizana — 3 — Alakarabo — 2 — Alakaosy (si le calcul u. lieu pendant la nouvelle lune),

vaut 3 jours.

Dans tout autre phase de la lune, vaut 2 jours.

Adijady vaut 3 jours.

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ET AUX ILES COMORES a;;

Adalo vaut 2 jours. Alohotsy — 2 —

Un individu ué, par exemple, en alahamady el qui dé-sire savoir quel jour d'ad'jady il doit se meiire en roule pour accomplir uo heureux voyage, addilionoele nombre des join s d'a'iiliamady à adijady. Le rési l iâ t doone t \ ou 25, selon que l opération a lieu pendant, avonl ou oprès la nouvelle lune. C'est donc le 24" ou le 2o°jour dadijady que noire homme dev«a se meilre en roule; et la réusaiie de son voyage est aloes assurée.

Cbaque mO«s a son des!«n spécial-Akh'ia.nady e>A le mois des princes. C'esiun mois rouge.

Lorsqu'un puiîcenaii pe-idanlce mo ;s, il faut 'elaverdans de l'eau dans laque^e on a fait Iremper une pièce de cinq francs non coupée et du cory*l rouge, el sacrifier un tau-reau ba».

Adaoro vient tfAfohamody*. Lorsqu'un individu né en adaoro veut construire uoe maison, il doit l'élever dans la pariie nord-nord-est du terrain qu'il possède. Les enfants qui naissent en adaoro doiveot èlre lavés dans de l'eau dans laquelle on a mis une perle de coj leur variée c ides perles rouges. Le destin des gens nés en adaoro est de voir brûler leurs cases sans pouvoir connaître ceux qui les in-cendient. Pour conjurer ce mauvais sort, au moment de leur naissance, on brûle une toute petite case. Le nouveau-né n'est sorit qu'à la nu de la première semaine qui suit sa caissance. Sa mève, le tenant dans ses bras, Je promène dans l'endroit qu'elle habite. Ceiîe première sortie donne lieu à une tôle de famille.

1. Les Malgaches disent : zanaky ry Alahamady, l 'enfant d'Alaha-mady, le mois qui vient immédiatement après lui, comme le fils après le père.

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96 LES MUSULMANS A .MADAGASCAR

Adizaoza est le mois de la faiblesse, de la maladie, de la débilité et de la fatigue. Les enfants qui naissent en adizaoza sont d'un tempérament maladif jusqu'à leur com-plet développement, ils sont avares et égoïstes. On les fait baigner, dès leur naissance, dans de l'eau en laquelle on a mis de petites perles blanches et du cristal. Ils sont géné-ralement si faibles et si débiles qu'ils ne peuvent même pas téter.

Asorotany est le mois où l'on change les morls de tom-beaux. Les enft nts nés dans ce mois ont un desiin dur; et il faut corriger leur destin. Les parents donnent pour cela un terrain à leur enfant. Dans le cas contraire, si on n'en-lève au destin sa malignité, si l'enfant ne meurt pas tout jeune, c'est sa mère qui mourra.

Alahasaty est le mois de la puissance, de l'orgueil et de la fierté. Lorsqu'un noble ou un roturier natt en alahasaty, son destin sera excellent. L'esclave qui naît pendant ce mois, à minuit, devient sorcier, si on ne lui fait pas manger de la poussière prise sur le seuil de la porte et de la cendre qu'on fait tomber d'un tison. C'est le destin de la reine actuelle, Ranavalo III.

Asombola. Les enfants qui naissent en asombola devien-nent commerçants. S'ils sont dépensiers, on leur fait boire de l'eau dans laquelle on a mis un anneau d'argent. Ils ga-gnent alors de l'argent, mais ils continuent à le dépenser.

Adimizana est le mois de l'obstination. On doit donuer une balance pour peser l 'argent à l'enfant qui natt en adimi-zana. Les insultes adressées à ceux qui sont nés en adi-mizana ne font que rendre leur destin meilleur. Ils ne peu-vent pas être bouchers parce qu'ils aiment tellement à manger de la viande qu'ils consommeraient entièrement les animaux abattus pour la boucherie; et, mangeant leur marchandise, ils auraient bientôt épuisé leurs ressources.

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ET AI X ILES COMORES

Lorsqu'ils deviennent pauvres, ils prennent un objet ayant appartenu à leurs ancêtres, un anneau d'argent non coupé el un morceau de quartz, el les enterrent au milieu de leur case. C'est une bonne fortune pour leur propriétaire que les femmes esclaves nées en adimizana mettent au monde beaucoup d'enfants. Immédiatement après l'accouche-ment, on plonge l'enfant dans de l'eau où l'on a mis une balance à peser l'argent et on donne du miel à sa mère. Si l'enfant, devenu grand, élève des volailles ou d'autres ani-maux, il ne doit prendre que des volailles dont les plumes soient tachetées de noir et non rousses. S'il part pour un lointain voyage, il faut qu'il porte avec lui un morceau de bois proveaant de l'arbuste tsitoavina qui le protégera contre le danger.

Alakarabo est le mois des fruits et des produits de la terre. Lorsqu'un enfant est né en alakarabo, il devra con-struire sa case à l'est-sud-est de son terrain. C'était le destin delà reine Hanavalo 11.

Alakaosy est le mois fort par excellence. Ceux qui nais-sent pendant ce mois doivent être lavés, après leur nais-sance, avec de l'eau dans laquelle se trouvent de grosses perles rouges. On leur donne ensuite un coq rouge. Si c'est un garçon, on le fait passer au-dessus d'une mare de sang provenant d'un animal tué pour la circonstance. Si l'enfant a encore ses grands parents vivants, ceux-ci le font rouler avec leurs pieds en disant : La force de son destin diminue. Si l'enfant n'était ainsi foulé aux pieds, la force de son destin ferait mourir son père el sa mère.

Adijady est le mois de la misanthropie. Les gens qui ont le destin de ce mois sont taciturnes et peu sociables. Pour corriger ce destin, on prend le col d'une jarre qu'on met dans de l'eau qui servira de bain et de boisson au nouveau-né. Ce mois est favorable au mariage.

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' W K S

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04 LES MUSULMANS A MADAC.ASCAK

Adalo est le mois des pleurs et du deuil. Les maisons qu'on construit en adalo doivent se trouver à l'ouest-sud-ouesl du terrain sur lequel on Iss élève.

Alohotty est le mois de la légèreté et de l'inconstance. Les enfants qui naissent en aloho'sy sont généralement maladifs. Les maisons des nobles qu'on construit pendant ce mois doivent trouver h l'est-nord-est du terrain qui les renferme, et les cases d'esclaves, au sud-sud-est.

Chaque jour a aussi son destin spécial : Le dimanche est un jour violent, dont la force heureuse

ou malheureuse croît avec la marche du soleil. Le lundi, jour rouge, propre aux expiations et aux sa-

crifices. Le mardi, jour noir et de mort. Le mercredi, heureux ou malheureux suivant les cir-

constances. Le jeudi, jour parfait de minuit à minuit. Le vendredi, bon. Le samedi, jour propre à pleurer les morts. Les heures du jour ont le môme destin que celui des

douze mois de l'année auquel elles correspondent : Le lever du soleil (6 heures du matin), destin d'alaha-

mady ; L'heure où l'on trait les vaches1 (7 heures), destin d'a-

lohotsy ; Lorsque les bœufs vont au pâturage (S heures), destin

d'adalo ; Lorsque le jour grandit (11 heures), destin d'adijady; Lorsque le soleil tombe perpendiculairement sur le

faite de la case (midi), destin d'alakaosy ;

1. Cette façon de désigner l 'heure est traduite littéralement du malgache.

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Lorsque le jour décroît (1 heure du soir), destin d'alaka-rabo;

Lorsque le soleil arrive jusqu'au mortier à riz qui se trouve au milieu de la case, à l'est de la porte d'entrée (2 heures), destin d'adimizana;

Lorsque le soleil est tout près de la porte du poulailler qui se trouve à l'intérieur de la case, à l'est du mortier à riz (3 heures), destin d'asombola;

Lorsque le soleil est arrivé à la porte du poulailler (4 heures), destin d'alahasaty;

Lorsque le soleil est arrivé dans le poulailler (o heures), destin d'asorotany ;

Depuis le moment où le soleil devient rouge jusqu'à son coucher (6 heures), destin d'adizaoza;

L'heure où on l'ait cuire le riz (7 heures), destin d'aso-rotany;

Le moment d'aller se coucher (8 heures), destin d'a-lahasaty;

Lorsque tout le monde dort (9 heures), destin d'asom-bola;

Le milieu de la nuit (10 heures), destin d'adimizana; Près de minuit (11 heures), destin d'alakarabo; Minuit (12 heures), destin d'alakaosy; Après minuit (1 heure du matin), destin d'adijady; Il ne reste plus d'un tiers de la nuit à s'écouler (2 heu-

res), destin d'adalo ; Il ne reste qu'un tiers de la nuit à s'écouler (3 heures),

destin d'aloholsy ; L'heure du chant du coq (4 heures), destin d'alaha-

mady ; L'heure où l'orient s'éclaircit (5 heures), destin d'a-

daoro.

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APPEINDICE l1

JoSo de Barros. 2* Décade. Liv. I, chap. n.

(Il s 'agit de l'expédition de Tristan d 'Acunha en l ' 0 5 . La flatte portugaise avait passé le cap de Bonne-Espérance et venait de découvrir les îles auxquelles on donna le nom de Tristan d 'Acunha).

[F* 2]. — Et comme les tempêtes y (les î les Ti istan-d'A-cunha) sont très fréquentes et avaient é loigné les navires les uns des autres, chacun (it route comme il put e l on retourna se réunir à Mozambique. Mais, Alvaro Telez qui ignorait la direction à prendre pour quitter l'île de Saint-Laurent, arriva à Sumatra, croyant être au cap Guardafui. De là, il revint vers ces Iles, d'où il partit à la recherche de prises en atten-dant Tristan d'Acunha A la même époque, Lionel Cou-tinho alla passer l'hiver à Quiloa, et Ruy Pereira échoua sur une pointe de l'île de Saint-Laurent dans un port appelé Mn-tatana*. Il lui en coûta la vie ainsi qu'à Joûo Gomez d'Abroit, comme nous le verrons plus loin. En arrivant dans ce port, dans lequel se jette une rivière, il vit venir de terre, à la voile, une almadie manœuvrée par dix-huit hommes qui montèrent à bord du navire sans aucune crainte. Quelques-uns portaient des bracelets d'argent. Bien que personne ne les comprit, ils firent entendre qu'ils avaient de ce métal qu'ils portaient aux

1. Communiqué par M. René Basset . 2 . Pour Matitanana.

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1 0 2 L E S MUSULMAMS A MADAGASCAR

bras, en grande quantité, ainsi que de clous de girofle et du g ingembre . A cause de cela on leur montra beaucoup de choses , parce que Ruy Pereira désirait avoir des rense igne-ments sur le pays. Il y avait là beaucoup de chefs . Bien qu'ils n'y consentissent guère , Ruy Pereira prit deux de leurs do-mest iques pour qu'ils fussent témoins auprès de Tristan d'A-cunha qu'il avait touché à ce port. Retourné à Mozambique, il trouva un Maure du nom de B o g i m a 1 qui lui servit d'inter-prète. Tristan d'Acunha obtint beaucoup de rense ignements sur l'étendue de ce pays. De plus, B o g i m a qui le connaissait déjà, affirma qu'en ce qui concernait le g ingembre on pourrait en charger des navires . Le temps manquant cette année-là, Tristan d'Acunha partit pour l'Inde. Comme on lui parlait de la richesse de l'iie de Saint-Laurent et d'autres choses qui valaient qu'il allât en personne à la découverte , il résolut de le faire et il moui l la en attendant un temps favorable. Il lui semblait que puisqu'il s'y trouvait des clous de girofle et du gin-gembre, il devait y avoir encore d'autres épices. Faire une telle découverte était découvrir une autre Inde qui coûterait moins , de peine puisqu'elle est peuplée de païens pacifiques et qu'elle contient peu de guerriers , et si on ne découvrait rien de plus que Ruy Pereira, on enverrait toujours dans le royaume (en Portugal) une couple de navires chargés de marchandises . La réalisation de ces projets fut soumise en conseil aux autres capitaines et gent i l shommes qui se trouvaient là, et on re-connut qu'il serait d'une grande utilité pour le roi d'aller à la découverte de cotte Ile sur laquelle on racontait lant de choses et dont on avait tant d'échantillons. Tristan d'Acunha s 'em-barqua sur le plus grand vaisseau, le Saint-Jacques. Comme 011 le lui avait dit, l'Ile n'était pas très facile à reconnaître. Pour aller à la découverte il prit des vaisseaux de moindre tonnage. Il laissa le grand navire à Antonio de Saldanha qui resta à Mozambique et s'embarqua sur le vaisseau le Saint-Antoine commandé par le capitaine Joâo de Ve iga , son frère

1. P e u t - ê t r e i í t ^

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ET AUX I L E S COMORES a;;

de lait. Il fit d'abord partir Alfonso Lopez d'Acosta. Celui-ci , avec la Taforera, dont il était capitaine, reçut l'ordre de porter des vivres et des munit ions à Sofala qui était dans le plus grand désarroi depuis la mort de Pierre d'Anhaya, et de re-venir par ici. Nuno Vaz Pereira, dont nous parlerons plus loin, n'était pas là.

Le premier port que rencontra Tristan d'Acunha après son départ à la découverte de l'île de Saint-Laurent fut une anse à laquelle Nuno d'Acunha, son fils aîné qui l 'accompagnait, donna le nom de Dona Maria d'Acunha, par amour pour cette dame, fille de Martin Silveira, alcade major de Terma, Dona Maria était reçue chez la reine où Nuno d'Acunha l'aima, et il l 'épousa ensuite. D'autres appellent cette ause, anse de la Concep'ion, parce qu'on l'a découverte le 8 décembre, jour où l'Église célèbre la fête de Notre-Dame. Celte anse su trouve au nord de l'île, en face de la terre de Mozambique. Comme le temps ne permettait pas d'aller à Malataua, Trislan d'Acunha mouilla dans cette anse et envoya Job (Jercimado et Autonio de Cainpo conduire à terre le Maure Bogima pour appeler le peuple qui habite à 3 l ieues do là, au fond de l'anse. En approchant de terre, on vit qu'il y avait beaucoup de monde, des Maures, des nègres aux cheveux rejetés en arrière. Quel-ques-uns d'entre eux étaient bruns de peau par suite de mé-t issage. Il en vint vers le maure Bogima et ils commencè-rent à parler avec lui comme avec quelqu'un qu'ils connais -saient. Bogima, après les salutations d'usage, et d'après les instructions des capitaines, leur lit connaître [f* 3] le motif de l'arrivée du commandant en chef dans leur port : il désirait connaître leur pays, ses ressources, et autres choses de ce genre. Les indigènes répondirent qu'ils n'avaient pas à ré. pondre à ces quest ions, que Bogima connaissait bien leur pays et que si on voulait obtenir d'autres renseignements , ils le con-duiraient au cheikh qui seul pouvait lui répondre. Bogima, fort de sa connaissance de ces gens et de l'accueil qu'ils lui avaient fait, pria les capitaines de le laisser aller parler au cheikh. Ils le lui accordèrent, voyant qu'il était très coulent

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R104 LES M l ' S l ' L M A N S A MADAGASCAR

de se retrouver dans cet endroit et à condit ion qu'il rappor-terai tce qu'il aurait entendu. Dès que les Maures l'eurent saisi , à la vue des nôtres , ils voulurent montrer c o m m e n t ils rece-vaient ceux qui voudraient rester chez eux : i ls lui donnèrent tant de coups qu'ils l'auraient tué si les nôtres ne l 'avaient se-couru en tirant quelques coups de fus i ls qu'on avait fait ap-porter de la plage.

Lorsque B o g i m a fut sauvé, il donna pour raison de l 'accueil qu'on lui avait fait qu'il conduisai t des chrét iens dans le pays. Devant les mauva i s traitements intl igés à B o g i m a et sachant par lui que tous les habitants de cet endroit étaient maures , Tristau d'Acunha décida avec les capitaines de faire une sortie le l endemain mat in et de les châtier. Mais ce fut peine perdue ; les ind igènes se retirèrent dans les bo is el il ne resta que quelques viei l lards qui n'avaient pas eu lu force de s'en-fuir. Le jour suivant , les navires firent roule 3 l i eues plus loin, et on trouva un autre bon vi l lage situé dans l'intérieur, sur le bord d'une rivière. On prit, parmi les nombreux habi-tants de cet endroit qu'on ne voulait pas réduire en esc lavage , le cheikh qui était chef du pays . Celui-ci conduis i t les Por-tugais , la nuit suivante , dans une tle à. moi t ié peuplée qui se trouvait dans une baie très cult ivée dans laquelle coule un grand tleuve que les indigènes appellent Lu!angane Celte ile était habitée par des Maures beaucoup plus pol icés que ceux qui se trouvaient sur la m ê m e côte. Leur mosquée et la plupart des mai sons étaient bâties en pierre et chaux et sur-

1. Le fleuve Lulangane serait, d 'après M. Codine (Mémoire géographique sur la mer des Indes, Par is , 1868, in-8°, p. 128), la rivière Sofia qui se je t te dans la baie de Mahajamba, sur la côte nord-ouest de Madagascar. Celte assimilation me parail très probable . Celle baie contient une petite île appelée nosy longany, dans laquelle M. Marin-Darbei , commandant de l'aviso Le Boursaint, a trouvé en 1883, des ruines assez bien conservées d'un ancien établissement arabe (Instructions nautiques sur Madagascar et les iles Je l'océan Indien, Par is , 1885, in-8°, p. 165). La découverte de ces ruines, qui correspondent assez exactement au village musulman reconnu par les Por tugais , me semble permettre de considérer comme déûnitive l 'as-similation proposée par M. Codine.

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ET AUX ILES COMORES a;;

montées de terrasses c o m m e cel les de Qiloa et de Mombassa. Lorsque, le jour précédent, ils virent les navires portugais , ils se réfugièrent au fond de la baie, abandonnant la côte ; et ils se réunirent pendant la nuit sur la terre ferme. Mais comme ils étaient très nombreux e t ne possédaient que quel-ques pirogues, le va-et-vient entre l'île et la terre avait l ieu très lentement. Avant le jour, l'île était entourée par les deux ba-teaux amiraux commandés l'un par Tristan d'Acunha, et l'au-tre par son fils, Nunho d'Acunha. Après avoir pénétré dans cet endroit, on s'empara de plus de c :nq cents personnes , compo-sées en majeure partie de femmes et d'enfants ainsi que vingt hommes parmi lesquels se trouvait le cheikh. C'était un vieil-lard et il essayait de donner le change sur sa qualité de chef , presque tous les h o m m e s s'étant enfuis sur la terre ferme. Pendant la traversée entre l'île et la terre, plus de deux cents personnes se noyèrent. La peur les avait fait monter en si grand nombre à bord des pirogues qu'elles sombrèrent avec leurs passagers. D'autres périrent aussi en voulant résister aux nôtres quand ils pénétrèrent dans cet endroit. On y arriva sans grande difficulté. Tristan d'Acunha et les capitaines furent logés dans les mei l leures maisons du vi l lage. La nuit suivante fut aussi gaie pour les Portugais que triste pour les captifs. Le lendemain, on vit arriver un grand nombre de pirogues conte-nant près de s ix cents hommes offrant leur vie pour sauver leurs f emmes et leurs enfants restés sur l'île. Tristan d'Acunha écouta leurs propositions, et comme leur conduite ne méritait aucun châtiment, il leur fit dire que quelques-uns d'entre eux pouvaient débarquer en toute sécurité s'ils venaient chercher leurs femmes et leurs enfants ; il les leur ferait racheter. U ajouta qu'il n'était pas venu dans cet endroit pour leur causer du tort, mais seulement pour y faire des vivres et prendre des renseignements sur certaines choses ; et que si que lques -uns avaient péri, c'était ceux qui avaient pris les armes. Le cheikh s'approcha des s iens et leur traduisit ces paroles. Il revint en-suite accompagné d'un Maure de bonne apparence, tenant des branches d'arbres dans une main, selon la coutume de ces

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R106 LES Ml 'S l 'LMANS A MADAGASCAR

gens . Il s'approcha de Tristan d'Acunha et se jeta à ses pieds, en le priant d'avoir pitié des innocents qui se trouvaient en son pouvoir el de leur rendre la condition d'hommes libres dans laquelle ils étaient nés : « Ne prenez pas en mauvaise part, ajouta t-il , la peur que nous ont iuspirée des h o m m e s que nous n'avions jamais vus. La peur est une chose naturelle et toute créature y est sujette. Laissez-nous vivre ainsi que nos enfauls. Si nous avions su qu'il nous viul un hôte s; dis-t ingué, nous n'aurions jamai s abandonné nos maisons ; nous l'aurions, au contraire, accueilli avec plaisir; et nous nous ser ions mis à sa disposition pour toi t ce qu'il aurait désiré de g e n s si pauvres el si barbares. » Ka entendant ces paroles, el surlout en voyant la contenance de ce Maure, plus é lo-quente en sa tristesse que la traduction qu'avait faite l'inter-prète de sa requête, Tristan d'Acunha lui dit de se c nsoler et de n'avoir aucune crainte pour les femmes et pou. les enfants qui lui sciaient rendus. En retour de ce bienfait 1 amiral por-tugais ne demandait que quelques bestiaux et J e s vivres frais que lui apporteraient les indigènes el des rense ignements sur ieur pays. Dès qu'il connut la réponse de Tristan d'Acunha, le Maure se jeta à ses pieds et baisa la place où ils s'appuyaient. Il demanda ensuite l 'aulorisalion d'aller informer les s i ens qui l'attendaient, du résultat de sa mission. Ils retournèrent ensemble à la lerre ferme et rapportèrent cinquante gén i s ses , vingt chèvres, du mais, des arachides et quelques autres pro-duits de la terre, en plus grande quantité que n'avait demandé Tristan d'Acunha. Celui-ci apprit que lous les habitants de l'ile de Saint-Laurent étaient [f° 4] des Cafres noirs, aux che-v e u x tors comme ceux des Cafres du Mozambique, et qu'il y avait, sur la côte seulement, quelques vi l lages maures, dont les maisons n'étaient pas aussi bel les que les Heurs. Le pays pro-duisait du g ingembre , mais en quantité insuffisante pour charger un navire. Les indigènes ignoraient 3*il y avait du girolle et de l'argent. Us avaient seulement entendu dire que de l'autre côté de l'ile, au sud, les habitants portaient des bracelets en argent. Tristan d'Acunha retourna à bord, m é -

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E T Al 'X ILES COMORES tO*

con ten t de ces Maures qui lui pa ra i s sa ien t avoir caché la vé-rité par j a lous ie des P o r t u g a i s . Le l endemain , il lit me t t r e à la voile avec l ' in tent ion d ' a l l e r d a n s un a u t r e vi l lage a p p e l é C . a d a ' qui se t rouva i t plus loin que celui-ci En qu i t t an t L u l a n g a n c , Tr i s tan d ' A c u n h a pa rcou ru t la côte , n a v i g u a n t de j o u r et moui l lan t la nu i t , c o m m e font les dé c ouv reu r s . 11 voulai t doub le r l'Ile qu i se t rouve , par le t r ave r s de la pointe qu 'on appel le m a i n t e n a n t cap Nata l 1 , nom qui lui a été d o n n é pou r avoi r é lé découver t pour la fête de la Noël. Mais il ne put me t t r e son pro je t à exécu t ion il cause des vents c o n t r a i r e s ; e t . a r r ivé près des îles appe lées Caria (?) qui sont p re sque à la pointe de l ' I le , il r é so lu t , de concer t avec les cap i ta ines , d 'en-voyer Alfonse d 'A lb i ique rque à Mozambique avec qua t r e na-vires pou r y fa i re les p répara t i f s nécessa i res et al ler vo i r e n -sui te d ' a u t r e s vi l lages de Maures sur la côte de Mélinde. Tr i s t an d ' A c u n h a , avec les au t r e s uavi res c o m m a n d e s par F ranc i sco de T a n o r a , l ley Pe re i r a . J o à o ( ìomez d ' A b r e u , i rai t , avec vent a r r i è re , su r la côte or ienta le de Madagascar , à l ' en-droi t appelé Mata tuna , où on lui disai t q u ' o n t rouvai t des c lous de girotle, du g i n g e m b r e et de l ' a rgen t . Après le dépar t d 'Al fonse d ' A l b u q u e r q u u , on pri t la mer ; et une nu i t , par nu ven t terr ible , le navi re de Kuy Pe re i r a qui précédai t l ' ami ra l , fu t j e t é su r une Ile, t ouchan t à la te r re , et se perd i t . Le ma î t r e , le pilote et treize h o m m e s se sauvè ren t seuls . Et ce fu t un mirac le , ca r ils n a v i g u è r e n t d a n s un canot depuis cet te é p o q u e

1. lVul-ètrc pour Anknrann, là où il y a des récifs d>* corail b lanc . Ce nom, très commun sur |.-s eûtes de Madagascar, désigne une tribu île la pointe nord-ouest de la grande île africaine les Antanknrana (les gens de l'endroit où il y a du corail blanc), dont C,ad<i nVst peut-être qu 'une abré-viation altérée. L'escadre portugaise, en qui t tant Lulang&ne, se dirigeait vers le nord »1 devait doubler le cap d 'Ambre ; mais les vents contraires l 'empêchèrent d 'exécuter ce projet . Le village de C,<vhi, d 'après les indica-tions de Barro.s, se trouvant sur le territoire des Antankaruna, il me parait possible d'en rechercher l'origine dans uu nom de tribu de cette région.

2. Appelé aujourd 'hui cap d 'Ambre. En malgache Masompamorika (maso, l 'a i l ; mpamorika, du sorcier).

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R108 LES M l ' S l ' L M A N S A MADAGASCAR

jusqu'au momenl où Tristan d'Acunha fut de retour de son voyage à Mozambique. De cette dernière ville, celui-ci les en-voya avec son vaisseau commandé par Joâo da Veiga, à la recherche des épaves du navire et pour essayer aussi de sauver un coffre contenant de l'argent destiné à des achats d'épices et d'autres choses encore ; ce qui fut fait. Joâo de Veiga alla ensuite rejoindre Tristan d'Acunha à Mélinde. Ce dernier, lorsque le navire se perdit, pendant la uuit, était emporté par la tempête et ne connut l'accident que lorsqu'il se produisit. On entendit appeler au secours; et si les autres vaisseaux n'avaient été ainsi prévenus du danger, ils se seraient aussi perdus. Enfin, lorsque le jour suivant, on ne trouva plus Ruy Pereira,' qu'on avait entendu la nuit, on comprit qu'il était perdu. Pour comble de malheur, Joâo Gomez d'Abreu ne paraissait pas. Il fut aussi victime d'un désastre et mourut, comme nous le verrons plus loin. On ne voulut pas aller plus loin en voyant que la navigation sur les cAtes de cette grande lie était très dangereuse et on retourna à Mozambique. Le mauvais temps les envoya dans les parages des iles Angora; et pendant la nuit, ils rencontrèrent le trot et le Santiago dont Antonio da Saldanha avait pris le commandement à Mo-zambique. 11 venait rejoindre la flotte par ordre d'Alfonse d'Albuquerque. Le lendemain matin, chemin faisant, ils se reconnurent et ils décidèrent qu'une division de l'escadre re-lâcherait à Mozambique, les vents ne permettant pas d'at-teindre Mélinde où Alfonse d'Albuquerque devait prendre le commandement en chef, comme il avait été convenu avec Tristan d'Acunha. Ils arrivèrent à Mozambique le même jour que Juan da Nova qui avec le vaisseau Froide la mar (Fleur de la mer) hiverna dans les lies d'Angoxa, en venant de l'Inde avec un chargement de poivre et d'autres choses. Arrivant avec des avarie*, il demanda, pour ne pas naviguer avec le chargement qu'il apportait, de transborder ses marchandises sur le vaisseau Santa Maria, dont le capitaine Alvaro Fer-aandez était mort. On donna le commandement de ce navire ti Antonio da Saldanha pour le conduire dans le royaume. Op

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ET AUX ILES COMORES 109

le fit accompagner des Maures que Buy Pereira avait trouvés au port de Matatana et on informa le roi de tout ce qui avait été fait dans cet endroit. Antonio da Saldanha partit pour le Portugal où il arriva à bon port, comme nous le verrons plus loin. Tristan d'Acunha resta pour surveiller les réparations du vaisseau Frol de la mar qui en avait besoin pour pouvoir na-viguer. Ce bâtiment faisait beaucoup d'eau. Il conserva son même capitaine Joâo da Nova qui reçut l'ordre d'aller re-joindre la flotte d'Alfonse d'Albuquerquc.

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\PPENDLCE II1

Ch. x x m , p. U i . De l'isle de Madagascar, autrement de S.-Laurent

Le grand désir que i'ay de ne rien omettre qui soit utile ou nécessaire aux lecteurs, ioint qu'il me semble estre l'office d'un escriuain, traiter toutes choses qui appartiennent à son argument sans en laisser une, m'incite à décrire en cest en-droit ceste isle tant notable, ayant septante huit degrez de longitude, minutes nulle et de latitude unze degrez et trente minutes, fort peuplée et habitée de Barbares noirs depuis quelque temps (lesquels tiennent presque mesme forme de re-ligion que les Mahometistes : aucuns estans idolâtres, mais d'un autre façon) ; combien qu'elle ait esté descouuerte par les Portugais et nommée de S. Laurent, et auparauant Mada-gascar en leur langue : riche au surplus et fertile de tous biens, pour estre merueilleusement bien située. El qu'ainsi soit, la terre produit là arbres [p. l i a ] fruitiers de soy mesme, sans planter ne culliuer, qui apportent neantmoins leurs fruits aussi doux et plaisans à manger que si les arbres auoienl esté entez Donques en ceste isle se trouuent beaucoup de meilleurs fruits qu'en terre ferme, encores qu'elle soit en mesme zone et température : entre lesquels en y a un qu'ils

1. André Thévet, Les singularitez de la France antarctique (nouv. édi t . par Gafforel, Par is , 1878, iu-8». L 'ouvrage fut coiDjMsé entre 1556 et 1358).

2. Communiqué par M. René Basset.

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ET AUX ILES COMORES a;;

nomment en leur langue Chicorin1 (cocotier) et l'arbre qui le porte est semblable à un plumier d'Egypte ou Arabie tant en hauteur que fueil lages. Duquel fruit se voit par deçà, que l'on amené par nauires, appellé en vulgaire noix d'Inde. . . . . [p. 417]. Il s'y trouue plusieurs autres especes de p&imiers portans fruits, combien que non pas tous, comme ceux d'É-gyple Au surplus en ceste mesme isle se trouuent melons gros à meruei l le , et tant qu'un homme pourroit embrasser, de couleur rougeastre, aussi en y a quelques uns blancs, les autres iaunes, mais beaucoup plus sains que les nostres Il y a aussi p lus ieursespèces de bonnes herbes cordiales, entre lesquel les une qu'ils nomment spar/uiti (?) semblable à notre cicorée sauuage , laquelle ils appliquent sur l e sp layes et bles-sures, et à celle des vipères, ou [p. 118] autre beste veneneuse . Car elle en tire hors le venin, et autres plusieurs notables s imples , que nous n'auons par deçà. Dauantage se trouue abondance de vray sandal par les bois et bocages duquel ie desireroye qu'il s'en fist bonne trafique par deçà Quant aux animaux c o m m e bestes sauuages , poissons, oyseaux , nostre isle en nourrit des meil leurs, et en autant bonne quantité qu'il est possible. D'oyseaux en premier lieu en représenterons un par figure, fort estrange, fait c o m m e un oyseau de proye, le bec aquilin, les aureil lcs enormes pendantes sur la gorge , le sommet de la teste elevé en pointe de diamant, les pieds et iambes comme le reste du corps, fort velu, le tout de plumage tirant sur couleur argentine, hormis la teste et aureil les tirans sur le noir. Cet oyseau est nommé en la langue du pais, Pa , en Persien, pié ou iambe : et se nourrit de serpens dont il y a grande abondance et de plusieurs especes, et d'oyseaux sem-blablement, autres que les nostres de deçà. De bestes il y a l 'elephans en grand n o m b r e 1 , deux sortes bestes unicornes ,

1. Cocotier se dit en malgache voaniho. Chicorin n 'a d 'équivaleni ap-proximatif que le mot sakarivo qui signifie g ingembre .

2. La mention d 'éléphants à Madagascar est évidemment une réminis-cence de la description qu 'a faite Marco Polo de la grande ile africaine.

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l is LES ML SULMANS A MADAGASCAR

dont l ' une es t l ' asne i nd ique , n ' ayan t le pied fou rché , c o m m e ceux qui se t r o u u e n t au païs de P e r s e , l ' au t re est ce que l 'on appe l le Or ix , ou pié fou rché . Il ne s 'y [;». 119] t r o u u e po in t d ' a snes s a u n a g e s , s inon en t e r r e f e r m e . Qu ' i l y ave des l i -co rnes , ie n ' en ay eu a u c u n e c o g n o i s s a n c e Nous a u o u s ia dit que ces te con t rée insu la i re n o u r r i t a b o n d a n c e de ser-pens et l a i sa r t s d ' u n e m e r u e i l l e u s e g r a n d e u r , et se p r e n n e n t a i s é e m e n t s ans d a n g e r . Auss i les Noi rs du pa is m a n g e n t ces la i sa r t s e l c r a p p a u x , c o m m e p a r e i l l e m e n t font les S a u u a g e s de l ' A m é r i q u e , l l y en a de m o i n d r e s , de la g r o s s e u r de la ï ambe , qui son t for t dé l i ca t s et f r i a n s à m a n g e r , o u t r e p lus i eu r s b o n s po i s sons e t o y s e a u x , de sque l s i ls m a n g e n t q u a n d b o n leur s emble . E n l r e a u t r e s s i n g u l a r i t é s pou r la m u l t i t u d e des p o i s s o n s se t r o u u e n t fo rces ba lenes desque l les les h a b i t a n s d u pa ïs t i ren t a m b r e , que p l u s i e u r s t i ennen t p o u r e s t r e a m b r e g r i s [p. 120]. E t d ' icelui se fa i t g r a n d e t ra f l ique avecque les m&rchans estrangers.

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\PPENMCE U1

Je ne dois pas passer sous si lence la grande île do Saint-Laurent (Madagascar) aiusi nommée par les Portugais parce qu'ils la découvrirent le jour de la féte de ce saint. Kl le a iOOO mil lçs do longueur, s'étendant on face «lu continout depuis l 'embouchure du ileuve Magnico jusqu'à colle du fleuve Kisanga. Le canal qui la sépare du continent varie entre une largeur de 340 mil les ol une largeur de 70 mil les on face do Mozambique, où il est le plus étroit et contient beaucoup d'iles. Sa navigai ioa est dangereuse, car on ne le connaît pas encore bien partout. H s>>ra<l bien désirable que cotte lie fût habitée par des peuples plus civi l isés , vu sa grande c o m m o -dité en toutes choses . Elle est entourée de ports excel lents , arrosée par dos rivières et dos sources limpides ol produit toute espèce do fruits et de l égumes délicieux. Il y a force viande, tant do gibier que d'animaux domest iques; force oi-seaux, force poissoos, enfin, tout ce qu'oa peut désirer.

Les habïiaois sont payons; leur religion a quelque res-semblance a*rec l 'hérése des mahométaus ; leur couleur tient le m : i'.ea eni<e le b'aac el le no'"% c o m m e chez les inuhUres. Ils sont beUiqu-^ux et bien armés d'arcs, do flèches el do jave-lots dont la haïr pe est très fine, le fer barbelé et qu'ils lancent avec beaucoup de raideur oi d'adresse. L'île est soumise à plusieurs petits rois qu ; vivent en dissensions el en guerres

t . Communiqué par M. René Basset .

H

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R114 LES M l ' S l ' L M A N S A MADAGASCAR

continuelles. Elle contient des miues d'or, d'argent, de fer, de cuivre et d'autres métaux. Les habitants ne sortent presque jamais de leur tle et n'ont que des barques creusées dans un seul bois, avec lesquelles ils vont à la pèche sur les côtes et dans les rivières. Ils sont inhospitaliers et ne commercent avec aucun étranger. Néanmoins, les Portugais arrivent à faire quelque commerce avec eux, mais seulement en mer ou dans des ports, sans être admis à toucher terre, ils y échangent leurs marchandises contre de l'or, de la cire, de l'argent, du cuivre.

Dans ce canal de Mozambique, sont plusieurs tles habitées par des payons et des mahomélans, dont la principale est Saint-Christophe. Viennent ensuite Magliaglia', Comore, Anzoama', Mayotte et d'autres plus petites.

( l id. Lopcz, Le Congo, t rad . en fiançais d 'après l'édition latine des frères de Brv, par Léon Ciul in. Bruxelles, 1883, pet. in-8°. Ch. ix, Du royaume

Sophala, pp. 199-200 \ )

1. Probablement l'Ile de Moluly. 2. L'ile d 'Anjouan. 3. L'd. Lopet de l ieuaveute, en Estramadure, partit pour le Congo eu 1578.

S a relation fut imprimée pour la première fois en 1508.

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APPENDICE IV

iterucii des voyages gui ont servi a l't'ta/dissement et aux progrès de la Compagnie des Indes orientales formée dans les provinces unies <b:s Pais-Bas. Rouen, 1725, 10 vol. in-12, t. I, p. :1I0.

La relation du voyageur hollandais lloutmann comprend les noms do nombres suivants recueillis dans li s baies d'An-tongil et do Saint-Augustin :

1, issa (/sa) \ 2, rove (roa). 3, tello (telo). 4, effat (efaIra). 5, lime (dimy). 6, enning (eni/ui).

7, fruto {/ito). 8, woulo (valo). 9, sidai (situ/).

10, soulo {foio). Zagaie, leflb {lefona). Couteau, vieï (?). Indigo, enger (aika).

1. Communiqué par M. René Basset . 2. Nous avons rétabli , entre parenthèses, l 'orthographe exacte des noms

de nombre malgaches.

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116 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

Les indigènes étaient circoncis, ce que le voyageur croit être une marque d'islamisme.

T. I, p. 310 : « Ils tiennent qu'il y a un créateur qui a créé toutes choses, mais ils ne lui adressent point de prières et ne lui consacrent aucun jour particulier. Tous les jours sont égaux jusques-là qu'ils ne leur donnent point de noms par-ticuliers, et ils ne comptent ni par années, ni par mois, ni par semaines Ils appréhendent fort le diable qu'ils nomment Taiwadei (?), parce qu'il prend plaisir à les tourmenter sou-vent et particulièrement les hommes. »

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APPENDICE Y*

S . Luiz Marianne. Exploraçdo portugueza de Madagascar em 1613. Relaeûo da jornada e descolrimenlo de S. Louren^o que o vice rei da lndia II. Je-ronymo de Azevedo mandou fazer por Paulo Rodriques Da Costa, capittlo e descobridar (Boletim da Sor.iedade de Geog raphia de Lisboa, 7» séria, n ° 5 , p. 335, Lisbonne, 1887) ' .

La paix faite, on obtint facilement, sur la demande du Père Marianno, tous les renseignements qu'ils (les Malgaches) pos-sédaient sur les Portugais et sur leurs origines. Ils dirent qu'ils n'avaient aucune parenté avec les Portugais et qu'ils étaient originaires deMangalor et de la Mekke, la patrie de leurs ancêtres. Us partirent de la côte de l'Inde, dans un ou plu-sieurs navires, vinrent atterrir à la pointe septentrionale de l'ile, et, peu à peu, devenant plus nombreux, arrivèrent jus-qu'au sud. Ces changements avaient eu lieu au cours de longues années. Ils comptaient dix-sept générations pour une lignée et quatorze pour une autre. Sur toute cette côte orien-tale, les indigènes ont la même origine et le costume qu'ils ont conservé est une confirmation de ce qu'ils racontent. Ce sont des Maures; ils s'appellent solimas1 (sic). Ils possèdent k

1. Communiqué par M. F.-M. Esteves Pereira. 2. L'escadre portugaise qui t te Goa le 27 janvier 1613, touche à Mozam-

bique d'où elle part le 1 e r avril pour Madagascar et mouille le 15 du même mois sur rade de Mojanga (eùle nord-ouest) . Quelques mois après, elle double le cap Sainte-Marie et remonte presque vers le 24* degré.

3. Abréviation du mot musu lman . Les Malgaches musulmans de la côte occidentale de Madagascar s 'appellent eux-mêmes Silamo.

i

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1(8 LES MUSULMANS A MADAGASCAR

Qorân écrit en arabe; »ls oot des fakirs et un maUjp qui leur apprend à )»re, écrire, et ils observent le jeûne du ramadar. ils ne mangent pas de porc et sont c;rconc<s; quelques-uns d'enioe eux sout polygames. Us portent de petits b'ilets autour du cou et sur la tète; i's sont de la couleur des Hindous mu-sulmans et des Javanais, et it est étonnant de voir combien i's ont gardé intacts, jusqu'à maintenant, les signes caractéris-tiques de leur origine, quoiqu'ils n'aient aucune relation avec les Maures du dehors.

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APPENDICE VI1

P . Maflei, Historiarum Indicarum Libri XVI. Lyon, 1637, pet . in-8*.

Liv. I, p. : « Et Madagascarem olim, nunc Diui Lau-rentij insulam. »

Liv. III, p. 121 : « Intcr II.TC, Tristanus Acunia, Alphonso Albuquercio comité, cum valida classe in Indiam destinatur : quem ex ilinere inuasit cupido Madagascaris insula* naturam ac religionem explorandi, itaque vel contra sentenliam Albu-quercij (qui ne temporibus excluderetur, maturandum aiebal) appulsis ad insulam nauibus, cognitum est maritima ferme ab Sar*\ceni i iteriora à Cafribus iocoli ; terram esse gingiberis. cariophyli, etargenti f ;racem, quai dumTristanus curiosè per-quirit, aduersisque subinde tempestalibus noc opinato subsis-tere cogitur ; iulerea quod Albuquercius prœclarè monuerat) idonea transmissionis Indicse tempeslas effluxit. »

1. Communiqué par M. René Basset .

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APPENDICE Vil

De Flacourt , Histoire de la grande isle de Madagascar. Par is , 1661, in-8*.

Chap. xvi, p. 46 : « La prouince d'Anossi, autrement dite Carcanossi' ou Audrobeiza, située depuis Manatengha', qui est soubs le tropique de Capricorne iusqu'à la rivière de Man-drerei qui est par les ving-six degrez sud, estoit gouuernée par les ZafTeramini1 ou Rahimina auant que d'estre conquis par les François, et recognoissoient un Prince auquel ils rendoi'en honneur, non seulement comme à leur Roy : mais mesme comme à un Dieu, lequel honneur il souffroit... » P. 47 : « Dans cette province, il y a deux sortes de genre d'hommes, sçauoir les Blancs et les Noirs. Les Blancs sont diuisez en trois sortes, sçavoir en Rhoandrian\ Anacandrian* et Ondzatsi*. Les Noirs sont diuisez en 4 sortes, sçavoir en Voadziri7, Lohanohits', Ontsoa et Ondenes*. Les Roandrian sont ceux qui sont comme les Princes el de la race des Princes. Les Anacandrian

1. Pour Anosy. 2. Pour Manantena, que les indigènes de la eûte orientale prononcent

Manant ena. 3. Pour ZafiRaminy. 4. Pour Andriana, les rois. 5 . Pour Zanak'andriana, les fils de rois, les princes. 6. Pour Oiyatsy. 7. Pour Voajiry. 8. Pour Lohavohitra (loha), '.été, chef; vohitra, village). 9. Pour andevo, esclaves.

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L E S M U S U L M A N S A MADAGASCAR 121

sont descendus des Grands, mais ont dégénéré et sont comme descendus des bastards des Grands ; ils s'appellent aussi An-tampássemaea', c'est-à-dire hommes de sables de la Mecque, d'où ils se disent venus avec les Roandrian. Les Ondzatsi ont la peau rouge aussi et les cheueux longs comme les Roan-drian et Anacandrian, mais plus vils et plus bas, estans des-cendus des matelots qui ont amené, en cette terre Dian* Ra-coube ou Racouuatsi, leur ancestre. Ceux-ci sont pescheurs pour la plupart et gardiens des cimetières des Grands.

« Les Voadziri sont les plus grands et les plus riches d'en-tre les Noirs et sont maistres d'un ou plusieurs villages, ayant les priuilèges de coupper la gorge aux bestes qui leur appar-tiennent, à leurs subjets et à leurs esclaues. Ceux-ci sont de la race des maistres de cette Terre, auant que les Zafferamini y vinssent, et, depuis leurs ancestres, se sont soubmis soubs eux.

« Les Lohanohits sont grands aussi entre les Noirs : mais ils ne peuuent pas coupper la gorge à un 'oœuf ou une vache qui leur appartienne, il faut qu'ils aillent quérir un Roandrian ou Anacandrian pour luy coupper la gorge quov qu'il y en ave qui possédé plus de huict cens bestes.

« Les Ontsoa sont au dessoubs des Lohanohils et leurs pa-rons. Les Oadenes sont les esclaues de père et de mère, ache-tez ou pris en guerre, tant les Anacandrian, Ondzatsi que Voadziri, Lohanohits et Ontsoa. Quand ils meurent (p. 48) ne peuuent rien laisser à leurs enfans; d'autant que les Grands, soubs qui ils sont, rauissent tous les bœufs et tout ce qu'ils possèdent, ne laissans à leurs enfans simplement que les terres pour planter des viures, et les horacs1 pour planter du ris. Il est licite à ces Voadziri, Lohanohits et Ontsoa, de se mettre soubs lequel ils veulent de Grands; lors que le Grantl ou Roy vient à mourir, duquel pour s'assuielir sous eux, ils reçoivent

1. Pour olona tampasina maca. 2. Pour Andriana. 3. Pour horaka, rizière.

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R122 LES Ml 'S l 'LMANS A MADAGASCAR

le lafic douue, c'est-à-dire un engagement pour la. succession, c'est un present que le Grand leur faict, affin qu'ils se mettent soubs sa protection, et le Grand, à leur mort, herite de tout ce qu'ils possèdent, en vertu de ce lafic douue qu'il leur a donné; mais lesOndenes ne peuuent quitter leurs maistres, si ce n'est que pendant la famine y refuse de les assister au besoin, en ce cas, ils vont librement s'engager soubs d'autres maistres.

« Quelques-uns disent que les Roandrian s'appellent Zafle-rahimina, du nom de la mère de Mahomet qui s'appelloit Imina1; d'autres, qu'ils se nomment Zaiïeramini, c'est-à-dire lignée de Ramini qu'ils disent auoir esté leur ancestre, ou de Raminia, femme de Rahourod, père de Rabazi et de Racou-uatsi ; ils en parlent de la sorte : ainsi que le nommé Andian Manhere* m'a luy mesme recité.

« Du temps que Mahomet viuoit et estoit resident à la Mecque, Ramini fut enuoyé de Dieu au riuage de la mer Rouge, proche la ville de la Mecque, el sortit de la mer à la nage, comme un homme qui se seroit sauuéd'un naufrage. Toutesfois, ce Ra-mini estoit grand prophète, qui ne tirait pas son origine d'Adam comme les autres hommes; mais auoit esté créé de Dieu à la mer, soit qu'il l'aye fait descendre du ciel et des estoilies et qu'il l'aye créé de l'escume de la mer. Ramini estant sur le rivage s'en va droit trouuer Mahomet à la Mecque, luy conte son origine, dont Mahomet fut eslonné, el lui fit grand accueil ; mais lors qu'il fut question de manger, il ne voulut point manger de la viande qu'il n'eus» couppé la gorge luy mesme au bœuf, ce qui donna occasion aux sectateurs (p. 49} de Mahomet de luy vouloir mal et mesme furent en dessein de le tuer, à cause du mespris qu'il faisoit de leur Prophète; ce que Mahomet empescha, luy permit de coupper la gorge luy mesme aux besles qu'il mangeroit et, quelqué temps après, il luy donna une de ses filles en mariage, nommée Rafateme

t . Pour Amina. 2. Pour Andriana mahery, le roi fort . 3. Fatima épousa, au contraire, Ali ben Abou Thaleb, le cousin du Prophète .

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E T AUX ILES COMORES 123

Ramini s'en alla avec sa femme en une terre, dans l'Orient, nommée Mangadsini ou Mangaroro, où il vescut le reste de ces iours et fut grand Prince. Il eut un fils qui s'appelloit Ra-hourod, qui fut aussi très puissant, et une fille nommée Ra-minia, qui se marièrent ensemble et eurent deux fils, l'un nommé Rahadzi et l'autre Racoube ou Racounatsi. »

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APPENDICE VIII

Argensola, Histoire de la conquête des isles Moluques ( t rad. de l 'espagnol en français), Amsterdam, 3 vol. in-12, 1706.

T. II, liv. VII, p. 78 (il s'agit de la première flotte hollan-daise qui alla aux Indes orientales et en Australasie, en 1598).

« Le vingt-quatrième jour (de juillet) ils (les vaisseaux hol-landais Maurice y Amsterdam, Zélande, Gtteldre, Hollande, Vlrechtt Frise et Overissel) arrivèrent à l'islc de Madagascar,, ou de Sainct-Laurcnt, où ils virent quantité de balènes. La li-béralité qu'on faisoit du vin diminua en ce lieu, el l'on com-mença de le distribuer plus étroitement, pour témoigner par cette abstinence la douleur qu'on avoit de la mort de Jean Pomer, qui étoit fort entendu dans l'art de la navigation. Le vingt-sixième ils doublèrent le cap de Saint-Sbastien el le trentième celui de Saint-Julien. Le quatrième de Septembre ils furent en balance s'ils prendroient la route de l'isle de Banda, ou s'ils (p. 79) ameneroient les voiles dans la baie d'Anton-gil. Ils ne prirent alors aucune résolution fixe.et dans la suite ils arrivèrent à Banda (Ile de la Malaisie), les uns après les autres. »

En route, ils s'arrêtèrent à l'Ile de Cerné, qui est la Réunion ou Maurice, comme l'a démontré un travail du prince Roland Bonaparte.

1. Communication de M. René Basset .

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LES MUSULMANS A MADAGASCAR 125

P. 79-80 : « Un Indien de Madagascar, instruit par eux et touché de ces Sermons qu'il ouït, aiant embrassé la Religion Chrétienne, fut baptizé et nommé Laurent. Il y avoit déjà du tems qu'il étoit avec eux, depuis un autre voiage. »

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APPENDICE IX

Abbé Alexis Rochon, A voyage io Madagascar and tke East Indies, Londres, 1792.

Il est surprenant que l'islamisme n'ait pas fait plus de pro-grès dans cette ile (Madagascar) qui a été très fréquentée par les Arabes. A l'exception de la circoncision, de l'absti-nence du porc et de quelques autres pratiques de peu d'im-portance, les descendants des Arabes mêmes ont perdu de vue les principes fondamentaux de leur religion. Ils ne croient pas à la vie future1. Comme les Manichéens, ils admettent deux principes, l'un suprêmement bon1 et l'autre extrêmement mé-chant1. Us n'adressent jamais de prières au premier; mais ils redoutent beaucoup le dernier et lui oiTrent continuellement leurs hommages et des sacrifices. L'ile de Madagascar est si près de la côte d'Afrique qu'il est naturel de supposer qu'elle doit avoir été peuplée par des gens de ce vaste continent. A présent, les différentes races se sont tellement mélangées, qu'il serait inutile d'essayer d'en décrire toutes les variétés. On peut cependant distinguer, dans cette ile, la race des vrais

1. Cette assertion est inexacte en ce qui concerne les Malgaches de la côte orientale. Les Ant&imorona et leurs compatriotes musulmans croient à l 'âme, à la vie future, aux sept cieux, & la récompense des bonne* actions et la punition des mauvaises.

2 . Zanahary. le bon génie. 3 . Angatra, le mauvais génie.

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LES MUSULMANS AUX ILES COMORES 121

nègres ; mais il est beaucoup plus difficile de reconnaître ceux qui descendent des blancs.

Les blancs qui habitent la province de Anossi et Carcanossi prétendent descendre de Imina, la mère de Moh ammed. Ils ont pris le nom de Zafferahimini (sic). Les blancs, qui habitent Foulepoin teNoss i - lbrah im 1 et la baie d'Antongil, pro-viennent, les uns de pirates et les autres de juifs. Ils s'ap-pellent, pour celle dernière raison, Zatfe-Ilibrahim, c'est-à-dire les descendants d'Abraham. Il y a, en outre, une troisième espèce de blancs, qui disent avoir été envoyés à Madagascar par le khalife de la Mekke, pour instruire les Malgaches dans les secrets de la nature et de la religion de Moh'ammcd. ('es imposteurs se sont emparés de la province deMalatane, après avoir chassé et massacré les Zaiïerahimini, qui gouvernaient ce district. On les appelle Zafficasimambou. Leur teint est plus foncé que celui des autres blancs, et leur profession est d'enseigner à lire et à écrire la langue arabe.

Los ZafTerahimini de la province de Anossi et Carcanossi croient que leurs ancêtres vinrent des plaines sablonneuses des frontières de la Mekke. A cause de cela, ils sont appelés Ontampassemaca et sont divisés en trois classes : les Rltoau-drians, les Anacandrians et les Ontzalsi. La première el la plus noble classe est celle des Hhoandrians. Us se sont réservé le privilège de tuer les animaux. Parmi les sauvages et chez les peuples qui vivent de chasse, le métier de bouclier a toujours été tenu en grand honneur. Les Rhoandrians forment la noblesse du pays, et c'est toujours dans celle classe qu'on choisit le souverain.

Les Anacandrians descendent des Rhoandrians et d une femme de classe inférieure. Pour celte raison, ilspartagentavec les Rhoandrians l'honneur et le profit de tuer pour les autres insulaires les animaux qui sont nécessaires à leur subsistance.

1. Peti t village à un jour de marche .au nord de Tamatave. En malgache, Mahavelona, (l 'endroit) qui peut vivifier.

2 . L'Ile Sainte-Marie de Madagascar .

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R128 L E S M l ' S l ' L M A N S A MADAGASCAR

Les Onzatsi sont la dernièie classe des Ontwnpassemaca ; mais ils n'ont aucun signe spécial de distinction. Ce sont gé-néralement de braves soldats, versés dans l'art de la guerre, et qui peuvent lancer, avec beaucoup d'adresse, une pierre ou une sagaie. Ils passent leur temps à danser, dormir et s'amu-ser. Ils apprennent, dans leur prime jeunesse, des chansons contenant des leçons de morale et des contes sur leur ori-gine.

Les indigènes noirs sont divisés en quatre classes : les Voadziri, les Lohavohits, les Outzoa et les On-'eva

Les Voadziri, nous assure-t-on, descendent des anciens souverains de l'Ile. Ils sont généralement très riches en esclaves et en troupeaux. On leur permet de posséder plusieurs vil-lages. Ils sont tenus en grande considération par les insulaire» de Madagascar, parce qu'ils ont conservé, malgré le despo-tisme des Arabes qui ont conquis la province de Anossi, le droit de tuer tout animal appartenant à leurs sujets, si ni Rhoandrian, ni Anacandrian ne sont présents.

Les Lòavohits sont beaucoup moins puissants que les Voad-ziri. Ils ne peuvent pas posséder plus d'un village. Us peuvent cependant être riches en troupeaux. Ils doivent toujours faire tuer par un Rhoandrian ou un Anacandrian les aDÎmaux dont ils se nourrissent eux et leurs sujets.

La caste des Ontzoa vient immédiatement après celle des Lohavohits, avec laquelle ils* ont des avances étroites. Us n'ont aucune sorte d'autorité ou privilèges. Les Oadeva sont les esclaves de naissance. En malgache, ce mot signifie un homme perdu.

Les Malgaches conservent, à l'égard de leurs origines, un conte qui correspond admirablement bien aux divisions que j'ai données en différentes castes. Quelques insulaires qui ont certain sÂVoir racontent que le Créateur dn ciel et de !& terre forma, avec le corps du premier homme, pendant qu'il dor-mait; sept femmes. Ce sont les mères des sept casies. La caste des Rhoandrians sont les descendants du premier homme et de la femme créée avec son cerveau. La mère des Anacan-

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E T A l ' X ILES COMORES tO*

drians et des Onzatsi n'eut pas une aussi noble origine ; la première fut créée avec le cou et la seconde avec l'épaule. La caste des Voadziri descend du premier homme et de la femme créée avec son côté droit. La mère des Lohavohits et des Ontzoa fut créée avec la cuisse et le gras de la jambe. Mais l'origine des Cndeva est encore plus vile; ils ont été créés, dit-on, avec la plante des pieds1.

1. Flacourt (loc. cit., p. 3 de l'Avant-propos) met en doute l'authenticité de cette légende : « Ce qui a fait inventer aux grands celte fable, dit-il, c'a esté pour contenir chacun dans son rang et dans sa qualité : car en ce païs un homme ne ?eut jamais estre plus relevé, que ce que porte sa naissance, quelque richesse qu'il ayt peu acquérir par son industrie ou mesnage, et dont Je maistre hérite après sa mort, et non ses enfaos. «

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T A B L E D E S M A T I È R E S

PniFACI Y

CHAPITRK I, — Les légendes des tribus musulmanes de la côte

sud-est 1

CHAPITRE 11. — Les ZaBndRaminia 11

CHAPITRE III. — Les Antambahoaka 19

CHAPITRE I V . — Les Onjatsy 41

CHAPITRE V . — Les Antaiony 51

CHAPITRE V I . — Les Zafikazimambo 63

CHAPITRE VII . — Les Antaivandrika 73

CHAPITRE VIII . — Les Sahatavy 7 9

CHAPITRE IX. — Élymologie de Madagascar 83

CHAPITRE X. — Le Tonon'andro 91

APPENDICE* 101

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AKOHI mis CT c'*, 4, RDI OA MIRA