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I 9z.ic4'csst p-'-- Rc FÉLIX DE \TEB,NEILH NOTICE BIOGRAPHIQUE (4) I MESSIEURS, J'avais trop présumé de mes propres forces en me chargeant d'écrire la biographie de M. Félix de Verneilh. Les sentiments de haute estime que sa science et-son talent m'inspiraient, la sincère amitié que j'éprouvais pour un si noble caractère, les rapports que l'archéologie avait établis entre nous depuis près de vingt ans, m'avaient fait accepter avec empressement d'être son biographe; mais, quand j'ai voulu mettre la main à leurre, je me suis aperçu que je m'étais fait illusion, et qui] me serait difficile d'être à la hauteur de mon sujet. - Sans doute je pourrai donner, d'une manière plus ou moins complète, le catalogue méthodique, chronologiqlie, de ses ouvrages et des nombreux mémoires qu'il a publiés dans diverses Revues savantes; - mais, pour apprécier dignement ses écrits et l'influence qu'il a exercée dans le mouvement archéologique contemporain, je sens mon impuissance, et j'avoue humblement ma trop grande infériorité. Je suis contraint toutefois de passer outre; et, après cet aven indispensable, que me dicte la cons- cience, et que je dois à. la vérité, je vais m'efforcer d'esquisser la. vie académique de notre illustre et regretté collègue. :ii. Félix DE VEÙNEILH naquit au chftteau de Puyraseau près Nontron (Dordogne) le 24 octobre 4820. Il était fils du baron de Verneilh-Puyraseau et de dame Chassa.ignac de LaBerthoniè. Sa famille, originaire du Limousin, tire son nom du village de Verneilh, situé dans la commune de Nexon (Haute-Vienne); (1) Cette notice a été lue h la Société Archéologique et Historique du limousin dans sa séance di, 25 juillet 1865. - Document Il l I I I III !iIIIIl 11111110 0000005543878

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FÉLIX DE \TEB,NEILH

NOTICE BIOGRAPHIQUE (4)I

MESSIEURS,

J'avais trop présumé de mes propres forces en me chargeantd'écrire la biographie de M. Félix de Verneilh. Les sentimentsde haute estime que sa science et-son talent m'inspiraient, lasincère amitié que j'éprouvais pour un si noble caractère, lesrapports que l'archéologie avait établis entre nous depuis prèsde vingt ans, m'avaient fait accepter avec empressement d'êtreson biographe; mais, quand j'ai voulu mettre la main àleurre, je me suis aperçu que je m'étais fait illusion, etqui] me serait difficile d'être à la hauteur de mon sujet. - Sansdoute je pourrai donner, d'une manière plus ou moins complète,le catalogue méthodique, chronologiqlie, de ses ouvrages etdes nombreux mémoires qu'il a publiés dans diverses Revuessavantes; - mais, pour apprécier dignement ses écrits etl'influence qu'il a exercée dans le mouvement archéologiquecontemporain, je sens mon impuissance, et j'avoue humblementma trop grande infériorité. Je suis contraint toutefois de passeroutre; et, après cet aven indispensable, que me dicte la cons-cience, et que je dois à. la vérité, je vais m'efforcer d'esquisserla. vie académique de notre illustre et regretté collègue.

:ii.

Félix DE VEÙNEILH naquit au chftteau de Puyraseau prèsNontron (Dordogne) le 24 octobre 4820. Il était fils du baron deVerneilh-Puyraseau et de dame Chassa.ignac de LaBerthoniè. Safamille, originaire du Limousin, tire son nom du village deVerneilh, situé dans la commune de Nexon (Haute-Vienne);

(1) Cette notice a été lue h la Société Archéologique et Historique dulimousin dans sa séance di, 25 juillet 1865.

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FEUX DE VEIINEILI4.

lin dê ses ancêtres. Jean (le Verneilh était iii' 100 sieurL1 Ageet en-seigneur de Nexon. Son aïeul, le baron Joseph dVerneilh , alla s'établir près de Nontron (I) par son mariage avecChristine de La lallade, héritière du domaine de Puyraseau:Après avoir été député de la Dordogne à sept législatures, préfetde la Corrèze et du Mont-Blanc, président de chambre à la Courroyale de Limoges; après avoir rédigé un projet de-code rural,la Statistique du Mont-Blanc, M. de Verneilh-Puyraseau avaitconsacré les dernières années de sa Vie h écrire, en troisvolumes pleins d'érudition, l'Histoire et la Description del'Aquitaine. M. 'é1ix de Verneilli avait héritédes gôûts savantsde son aïeul.

11 fit ses études au lycée de Limoges, et les termina à Paris.A seize ans, il suivait les cours de l'école de droit, et enmême temps il cultivait et développait le goftt inné et le peu-chant héréditaire qui le portaient aux travaux historiques etarchéologiques. Eu 1839, entre deux examens de l'école de droitil entreprit seul son premier pèlerinage arçliéologique à Arnicaset à Beauvais , pour y étudier ces monuments célèbres dont ila eu souvent l'occasion de s'occuper depuis.

C'est dans le journal l'Univers, alors rédigé par LouisVeuillot, que M. di Vetneilh fit imprimer ses premiers essais.Il y publia quelques feuilletons archéologiques, dans. lesquelsson talent précoce commençait à. se révéler. Il n'avait alors quedix-neuf ans!

Vers cette époque , il contracta .avec MM. Didron et le baronde Guilhermy une liaison qui ne fit que se resserrer par lasuite c'est avec eux , avec le regrettable M. Lassus, qu'il fitbeaucoup d'excursions du même genre, d'abordà. Paris et auxenvirons , puis à Reims, h Chartres, à Houeiï, à Senlis, hSoissons, Laon, etc.

Avec de pareils guides, avec des spécimens aussi complets deart chrétien, M. de Verneilh fut bientôt initié à la terminologie

et à la science archéologiques, et il y fit de. rapides progrès.L'archéologie avait d'autant plus d'attrait qu'elle était alors kson berceau tout était neuf dans ce vaste champ ouvert auxintelligences. Il s'éprit pour cette science nouvelle d'un zèle etd'une ardeur qui ne se sont jamais ralentis.

(1) Nontron faisait partie ile la province du Limousin avant la révo-liiliCun.

t"tI,1x DE VETINEII.Ih

1ff

Dès cette époque ; M. de Verneilli , qui utilisait ses séjours enprovince par des études archéologiqhes sur les monuments duvoisinage, fut frappé de la ressemblance qu'offraitSaint1-Front1e Périgueux avec les gravures qui représentent Saint-Marc deVenise. 11 reconnut également l'existence dans la Dordogne etles départements voisins de joute ne série de monumentsbyzantins à coupoles. L'idée mère de l'ouvrage le plus consi-dérable qu'il ait publié -cria dès lors dans son esprit il pritacte de ses premières découvertes, et exposa le- plan d'un ou.vrage étendu sur l'A,:chilecttre byzantine en France dans uneNotice adressée au Comité ries Arts et Monuments, et imprimée,'en 184:0 ., dans le . premier volume (lu Bulletin publié par , ceComité.

A-partir (le ce moment, et pend nt qu?iI remplissait, grâce kde petits voyages, parfois infructueux, le programme qu'il

était t tr&icé , M. de Verneilh fit diverses communications auComité des Arts, dont il fut correspondant jusqn'ù sa réorga-intÏon én -1848.- Lorsque M. Didron créa 1- en 1844 , les Annales archéologiques,M: de Verneilh , tout jeune encore-, se 'trouva parmi les ton-'ddte,urs-de cètte savunte revue (I

r.f .W4IV-.

,ft •?

_7 11 ya pphlié (le noinhMux mémoires, ibrinant deux sériesdistinctes. - -ela première est relative i l'origine française rie l'architecturepgyale (2)11 fauty rattacher deux .rticles sur la véritable signi-fication du moi ogive ( '3) et sur leè épures 'ou degsins de grandeurd'exécution graS sur lés terrasses de la cathédrale de Li-itoges (4): Lés rnêniesdées ont été appliquées à l'histoire du plusglorieux monument del'Allemagne, dans une étude archéologique

(1) Nous avons puisé une partie des délafis qui précèdent dans,ntaire 'de rie stiint- des P,o,,jnets année 18(11. P. 489,

2) ÀnjuUes archéologiques - T. III. P. 1 cl. 1-56z-(3)- Ibid.. T. 1. p. 208.(4) ibid., T. VI, p

4 FLIX DE VERNEILE.

sur la cathédrale de Cologne, où M. de Verneilh établit nettementla parenté de cet édifice non-seulement avec la cathédraled'Amiens, mais avec celle de Beauvais et avec la Sainte-Chapellede Paris. (I). t

Ce travail, complété par deûx lettres de M. le baron de Roisinet (le M. S. Boisserée, a été tiré h part, et forme sous ce titrela Cathédrale de Cologne, une splendide brochure de 80 pagesin-Sa , avec plusieurs gravures sur acier (e).

Dans cet ouvrage, M. Félix de Verneilh a mis en relief uneimportante conclusion c'est que Id système ogival est né. hParis, ou près de Paris, dans 111e-de-Franco, vers le derniertiers du xir siècle. Par cela même il a réduit les étrangers hleur rôle de copistes ou d'imitateurs. « Grand nombre d'écri-vains, d'après un savant illustre, M. Boisserée , voulaient voirdans la cathédrale de Cologne le prototype , le modèle inspira-teur des édifices en ogive. Cet édifice colossal a été, malgré sonétendue, replacé à un rang secondaire. Son choeur, la partieogivale la plus ancienne, reproduit la disposition et mêmel'ôrnementation des choeurs d'Amien, de Beauvais, deLimoges, et ces édifices leur sont preque tous antérieurs (3).

Parallèlement h ses recherches sur l'architecture ogivalereligieuse, M. de Verneilh publia, de 4846 h 18i8 une secondesérie d'articles sur l'architecture civile du moyen fige dans lesud-ouest de la France, et notamment sur les villes neuves duxinc siècle 'à plans réguliers et uniformes qui se trouvent en sigrand nombre dans cette région de la France (4).

Cette série s'était successivement accrue et complétée en 1856 et4860 par quatre articles sur les ponts, les fontaines et autrestravaux d'utilité publique (5). M. F. de Verneilh se proposait deréimprimer ces articles avec des documents et des dessinsinédits, et d'en faire un volume de 200 pages, entièrementconsacré à l'architecture civile du sud-ouest de la France.-

Dans les Annales archéologiques, M. de Vcrneiih a publié plus tard:Un conipte-rendu di.i grand ouvrage de M. le comte Melchior

de Vogué sur les églises de la Terre-Sainte (6)

(1) Annaïes arckdologiqttM, T. Vii, p. 57 et 225; - T. VIII, p. 111.(2) Paris, chez Didron • 1848.(3) L'ABBÉ TEXIER. Bullai. arclzéol., T. 1V, P. 22.(4) anales arcltdologiqîtes, T. IV, P. 111-114; —T. VI, P. 71-88; - T. X,

p. 210;— T. XI, p. 335; - T. XII, P. 24.5 1 11id.. T. XVI, P. 292; —T. XX, p. 98 et 142.

(6) Ibid., T. XX.. p. 21.

FÉLIX DE \'EIINEILH. 5Le Style ogival en Raite (4) cet article devait avoir une suite,,

qui 'a pas été imprimée;L'Art du moyen âge et des causes de sa décadence; réponse à

M. Renan (2) cet article a été tiré à part, et un savant rédac-teur du journal le Alonde,M. Léon Gautier ,en a fait un compte-rendu dans le numéro du 14 octobre 1869;-

12 premier des -Monuments gothiques (3)Le Style ogival en Angleterre et en Norinandie (4)-: une série d'arti-

cles sur ce sujet a continué de paraître, après sa mort, danslesAnnales archéologiques.

V.

-Nous avons énuméré, pour n'avoir pas à revenir sur ce point,les divers mémoires qu'il a publiés pendant vingt ans dans lesAnnales archéologiques depuis ISU jusqu'à sa mort. Reprenonsmaintenant les chosès de plus liant. -

En 1847, une circonstance heureuse vint imprimer une nou-velle activité à son zèle, et ddnner à son savoir un plus grandreliéf et un théâtre plus étendu.

Cetté annéè, M. de Caumont présida pendant quelques joursles séances d'un congrès à Angoulême et à Limoges.

Vous connaissez , Messieurs, l'influence que M. de Caumont aexercée- sur lé développement des études scientifiques en pro-vince. Ce sera une des gloires du pèle de l'archéologie contem-poraine d'avoir donné la première impulsion à ce mouvement,qui ateu de si féconds résultats, et qui vu croissant tous les jours.C'est- à lui qu'un grand nombre d'archéologues doivent leurvocationpcest lui qui, eu stimulant les savants de la province;

• enn--dnnant de la, publicité à leurs oeuvres, de la renommée àleurs écrits, de l'éclat à leur nom; en dirigeant leur activitévers un but commun; en les mettant en rapport, les uns avecles autres dans ces tournois pacifiques de la science qu'onappelledes congrès, a contribué à faire naître et fleurir dans laplupart de nos départements des sociétés historiques et archéolo-

(I) Annales archéologiques, livraison mars-avril 1861.(2)Ibid., livraison mai-juin 1862. -(3) ibid., janvier-fcvrier et mai-juin 1863.(4) ibid., scptertbre-octobre 1864 et liraisous suivantes.

f1Ll\ DE VEt'

giques où figurent de vrais savants, qui , sans son initiativeauraient consumé inutilement leur vie dans l'oubli et l'oisiveté.

M. de Verneilli parut avec honneur dans les Congrès d'An-goulême et de Limoges, oh sa science précoce fut justementremarquée c'est là qu'il se lia d'une étroite amitié avec M.. deCaumont et MM. Charles des Moulins et Léo •Drouyn, de Bor-deaux. C'est à partit de cettç époque que, devenu inspecteurdivisionnaire, de la Société Française d'Archéologie pour laHaute-Vienne et la Creuse, puis membre de l'institut des Pro-vinces . il prit une part active h la rédaction du Bu11etn monu-mental publié par M. de Caumont. fous donnerons plus loin laliste des savants mémoires quR u insérés dans cet importantrecueil.

M. de Verueilli a publié, dans le compte-rendu du Congrèsde Limoges, une étude archéologique fort remarquable s ur lechâteau de Chalusset. C'est lui qui servit de guide et decicerone aux ineml5res du Congrès dans la visite qu'ils firent àces magnifiques ruines; c'est ce jour-là que nous eûms ilion-neur de lier connaissance avec notre regretté collègue et avecM. Jules de Verneilli , l'habile déssinatear qui a enrichi lésouvrages de son frère de gravnrès si remnrquahles PfIr l'èléaiideet la fidélité.

V,f..

L'ouvrage capital de M. .Félix de Yernlh, son ire le plusglorieux aux yeux de In postérité, c'est i'.4?ckit.Cctfl?43.b,Jza.fltinC.dflFrance.

C'est en 1852 que partit ce livre, auquel il travaiJlnitdepuisdix années.

Cet ouvrage se divise en deux parties; la, premiëi P est .unernonogrfrpliie complète. (le Saint-Front de Périgueux ;, hï. seconderenferme une statistique de nos églises à coupoles sur pendentifssphériques analogues à celles de l'Orient, et donne dés notionssur une variéfé curieuse du style ogival qui punit être née 'enAnjou sous l'influence des coupoles de Fontevrn.,,lt. M. rie 'Ver-neilh.y précise et par suite, y réduit considérablement la partfaite jusqu'à lui aux influences orientales dans les origines deyiptre architecture nationale..

Voici , du reste, l'énoncé des uhupitres

1?tlIX DE VEBN El B. 7jo MONOOHAPIHE DC SAINT-FRONT. - Analogie de Saint-Front de Péri-

gueux et de Saint-Marc de Venise. - Description de Saint-Front. —do-citer et porche. - Construction et décoration. - Sculptures et peintures.- Sépulcre de saint Front. - Église latine de Saint-Front. - Cloître etmonastère. —Ancienneté 10 Saint-Front et colonie vénitienne à Limoges.r— Restauration de Suint-Front.

2° ÉGLISES A 0001'OLES. - Considérations générales. - Saint-Étienne etSaint-Silain déPértgueux. - Monuments, h coupoles du Périgord ab-bayes. 1irieurcs églises paroissiales. - Églises à coupoles de l'Angoumoiset de iaSaintoige•: enthédrale d'Angoulûrnc, Saint-Liguaire de Cognac,églisedé Bourg-Charente, cathédrale dè Saintes, etc. - Églises à coupolesde Cahors. Souillac, Solignac, Saint-Émilion.— Églises h coupoles, maisnon byzantines, du Puy-en-Veiay. de Saint-Nitairede Pôiticrs. de Loches.

STYLE PLANTAGENaT. - Églises h coupoles do Fbntevrault, de Saint-Maurice d'Angers. - Conclusion. -

Permettez-moi, Messieurs, de vous citer le jugementque l'abbéTexier porta sur ce livre au moment de sa publication

Notre • collègue et compatriote M. Félix de Verneilh vientde publir un de ces ouvrages qui font époque dans l'histoire dela science. Déjà un des maîtres , i. de Caumont, proclameque cette publication., la plus importante qui ait été faite depuisplusieurs années par son sujet et sa l'orme; est un évènementar1iéologique. Nous venons de relire ce travail considérable, dontnous connaissions déjà le progrès et les conclusions nous.sera-t-il permis «èn signaler à l'avance les résultats?...

M. F. de Verneilli aura ce bonheur de fixer le sens du motbyzantin appliqué à l'architecture...

» Le nom debi1zahUn sera désormais uniquement attribué auxédifiées évidènduent inspirés de Byzance ou de Sainte-Sophie.On les réconnaîtra aux caractères suivants 10 voûtes uni-quement férmées de coupoles sphériques inscrites dans descarrés rachetés par des pendentifs qui sont eux-mêmes des por-tions de sphère; '20 absence d'appdi etérïeur;. 30 rareté detljnemeIItation sculptée, remplacée. presque toujours par déspeintures. --

» Ces édifices peu nombreux , forment nue école qui tt soncentre et son point de départ près de nbus, t Périgueux, etdont nous ayons un type voisin à. Soligotic. Nous ne saurionsen quelques lignes analyser convenablement le travail profondet patient qui amène cette conclusion en 300 pages remplies defait précis et d'titdes' aussi profondes qu'étendues. M. Félit deVçrnei)h recherche le point rie départ de cette, école orientale

S FÉLIX DE VEBXLtILIÏ.

et décrit sa filiation. Saint-Front de Périgueux, merveilleusecopie, en matériaux français, de Saint-Marc de Venise, reroduita disposition, toutes ses formes et jusqu'à ses -dimensions, le

pied italien se trouvant traduit en pied français. Il faut lire dansl'ouvrage même les indications au moyen desquelles notre pa-tient collègue suit l'influence de ce type, et le montre dégénérantd'âge en âge jusqu'au xnr siècle, et survivant encore enquelques monuments à travers les formes ogivales.

»,Grâce à ce travail remarquable, on saura donc désormais» 4o Ce qu'il faut entendre par style byzaitin;» 2° En quoi le style byzantin diffère du style roman» 3- Commènt une école byzantine d'architecture s'est établie

en France; - à quelle époque; -quel est son point de départ; -quelle est l'étendue de son action.

» polir arriver à des conclusions si précises, une immense.l 'ec-ture n'a pas suffi. Les monLinients de notre Aquitaine ont étéanalysés sur place par M.' Félix de Verneilh avec la patienced'un anatomiste. Peu d'architectes, même parmi les plus ins-truits, ont pénétré si avant dans les lois de la cont'ruction àtous les âges. Et tous ces résultats si patiemment obtenus seproduisent, avec les qualités toutes françaises d'une grâce, etd'une urbanité exquises, en nu style aussi rapide quélégant..Nous ne disons rien des côtés matériels de cette publication : 'lepapier, l'impression , le tirage , rivalisent avec les plusmagni-fiques publications étrangères , et sur plusieurs points leùr'êbntsupérieurs. Tout le inonde sait que i\lackeusie venait en Franceanimer ses magnifiques dessins par des lxsnshommes dus aucrayon (le l'antiquaire Langlois. Les planches nombreùses duesà la collaboration fraternelle de M. Jules de 'Verneilh et aucrayon brillant de M. Caucherel n'ont pas besoin d'un secoursétranger on y trouve unies, b un rare degréla fidélitéarchéologique des détails, la finesse du burin et une légèretéspirituelle qui n'appartiennent qu'à notre pays (1). »

Au niais de juillet I 8ii2 , M. de 'Verneilh nous écrivait à l)OPOSde cet ouvrage e J'ai eu l'avantage de trouver tin sujet com-plètemnent neuf et d'une importance réelle.; c'est sans doute unavantage aussi que de l'avoir laissé dix ou douze ans sur lemétier, tantôt pour faire tel ou tel voyage, tantôt pour attendremes dessins, puis mes graymiies J'ai eu ainsi tout le temps mie

i ) J?u./lciia a,'r/cdoloqiqic '1. ] V, p. 2(1-2-i.

FILIX DE \EIuEII.I1.. 9

la réflexion; et, quoique mes recherches n'aient pas été parfai-tement complètes, j 'espère nem'être pas trompé sur les points prin-

cipaux. J'aurai , dans ce cas , rendu nu vrai service à la sciencearchéologique en montrant l'influm jce byzantine là o'u elle est.M. Albert Lenoir lui-même, qui connaît à fond l'art de l'Orient,voyait cette influence là oh elle n'est guère, et la fois plus grandeet plus vague qu'elle ne l'est. Pour.lui elle existait surtout dans lesrotondes, comme lit prouvé le dernier numéro des Annales (4). »

Un membre de l'Académie Française, M. Vitet, fit paraître,dans le Journal des ,Savunts (2) j une série d'articles d'une critiquetrès-bienveillante, mais .très-sérieuse et très-approfondie, sur COlivre de l'Architecture bq±cvntine en Fronce, miorit il n'adoptait pasles principales conclusions. - En réponse h ses observations,M. de Verneilli publia , en 1854 , dans les Annales arcïidol.oqiqw'x.,trois articles qui ont été tirés h part , et forment une brochureconsidérable sous ce Des iv/luômecs byzantines 2 lettre âM. Vite!, de l'Académie Française (3).

Nous avons dit déjà que, en 18 147, au Congrès archéologiqued'Angoulême et de Limoges M. de Verueilh avait brillé par sascience précoce et ses aperçus ingénieux. Dans la. suite, ilprit unepart active aux travaux de ces assises périodiques de la science.n Eir 1 8 5

^ .5, dans les Conférences archéologiques internationalesconvoquées à Paris, il traita avec M le baron de Quast d'in-téresstntes questions ; il disserta notamment sur la date précisedes cathédrales de Périgueux et d'Angoulême , contestée parM. le baron, de Quast et par M. Parker (t). Ce dernier ne se tint$s pour battu , et, dans une lettre adressée à M. de Caumontl'année suivante, il soutint ses premiers dires relativement h lacathédrale de Perigueux (5)..

En 4858, M. de Verneilli prépara, eu qualité de secrétairegénéral, le Congrès arhéologiqiie de Périgueux , et présida à la.publication des procès-verbaux des séance. 11 prit la parole

O) Puyraseau, 30 juillet 152.(2) Cahiers (le janvier. févric,' et mai 1853.(3) Paris, chez nidron •

(4) Ballet. rnon,nrn., T. XXII, p. 521.5) Id., T. XXIII,

10 FILIX DE VEIINEIIil.

dans la plupart des discussions et, dans les questions relativesaux moiliimenis (lu pays, la tour de Vésonne , l'église de Saint-Front, il montra, quelle était l'étendue de son savoir, la non-.veauté de ses •apercus et la sùreté de son coup d'oeil arcitéolo-gique.

L'année suivaiile, au Congrès scientifique de Limoges sep-tembre 1859), il fut élu président de la section d'Archéologieà i'unïiniinité des suffrages. Vous vous souvenez, Messieurs,de la part brillante qu'il prit aux discussions. Vous vous rap-pelez l'impression profonde ( lue produisit sa Notice historique.sur l'abbé Tesier. Son opinion sr les émaux d'Allemagne etles émaux limousins ne fut alors contestée par personne: maisdepuis, M. Ferdinand de Lasteyrie a soutenu la thèse contraire,plus honorable pour notre province et p1t.is favorableinept ac#cueillie par l'opinion.

\T0jj comment s'exprimait le .Iiulicijn J?? O nIVlet/qt hms le.compte-rendu du Congrès de Limoges. « L'éminent arc),éolôgùeM. de Verneilh présidait la section d'Archéologie, et sa paroledonnait h toutes les discussions un intérêt, extraordinaire. Coin-bien d'apercus judicieux , d'idées neuves. M. de Ve.rneilh a émisclans' les discussions de sa section! Combien il u su intéresserpar le récit des richesses qu'il venait d'observer en .kllernagnaccompagné du baron de Quast inspecteur général des monu-ments de Prusse! ... Les précieux documents donnés oralementpur M. dé Verneilh sur les églises h voÛl.es domiciles ' observéespar lui en Allemagne, sur diverses églises de France notaui-ment sur celle de Saiut-1 cornu 1 (H'iute-1 Jeune), ont été aussiavidement accueillis (1) , ».

M. de Vernéilh ne manquait jamais l'occasion de.paraître

dans ces tournois intellectuels, où il figurait toujoursjors aveE hon-neur- En 1 860 t au Con-rès scientifique le Cherboi.irg , il futencore élu président de la 'sectiond'Archéologie; il prit uneglorieuse part aux Savantes discussions qui eurent lieu , not;im-inenl, sur l'origine parisienne du style og'ivul -

En 1861 , il fit partie de la commission éfiargée de préparer.lé Cougrés scientifique de Bordeaux , et il fut nommé secrétaire-ehcf pour la scctiou d'Histoire et d'Archéologie.. Nous nous so live-non des savants apercus qu'il donna au Congrès sur les bastide&(1ii Sud-ouest, c'est-à-dire sur ces villes neuves h pin u régu-

':1) ItuilcU;, ,;,,,niovcn/a1, T. XXV, Il. -, 1:3

VI ilx 'DE, VEIINEII.l+. 11'

lier et uniforme,, qui se sont élevées au xiiC siècle dans le bassin(te la Garonne (T. II, p. 313). 11 fit remarquer, contre .I'OÏ)iniOIIcommune, que l'influence anglaise était k peu. près "'Ille sur.nos monuments d'Aquitaine (T. Il, 1).39S). Il traita savammentcette question posée au Congrès: La vraie date du cloître deMoissac et de Saint-Serriin de Toulouse est-elle connue? Il,p. 345), et il a publié, dans le tome 1V du Congrès, un iné-.moire sur ce sujet (p. 65:3). 11 lut un court mémoire sur cetteautre question: Existe-t-il au nord de la Loire et au sud de laGaronne une seule église h séi'ie de coupoles? o (T. il, P. 34),mémoire qu'il destinait.à. son second volume sur l'architecture.byzantine. Il traita encore la question de l'état primitif de lanef de. la primatiale de Bordeaux (p. 348): Le Congrès accueillitfavorablement le voeu qu'il formula en faveur du déblaiementde l'amphithéâtre ou palais Gallien, et de la conservation de laporte duCailhau, menacée par un alignement et une rue pro-.jete:

L'année suivante (186), onretrouve M. de Verneilh au Congrèsdie Saumur. il présida une (les séances (4. juin) , et il fit tueconiérence, sur les influences byzantines en Anjou , conférence.qui se termina ltr une triple salve d'applaudisscments.

308-317).

Viii.

T' ii'it le monde comprend que, dans larhéo1osié monuinne-uÏe'(irtoiit',' les voyages sont la. condition indispensable d'une.-icc aprofondiç,., Grâce h sa position indépendante et i l sa.fortune personnelle, M. de Verneilh avait pu fdire de fréquents,toya il avait pu observer sur place les nomrenx nouu-i1it 'c[oiit il parlait, et dont l'étude servait de base h sesthéories scientifiques. Il ne s'était pas borné h visiter, dans nos,

iverses provinces, les églises on édifices civils du moyen âge etdes époques antérieures : il avait yoyagé dans les pays étrangers,prenant patopt des notes, des iresures, des croquis. En 1845, ilvisi'ta' it Londres, Cantorbéry et une partie de l'Angleterre, coin-parant le style ogival anglais et le style ogival parisien. En1847, il parcourait la Belgique et les bords du 1ltin , et étudiaitsurtout cette magnifique cathédrale (le Cologne sur laquelle ila écrit un travail si remarquable; en 4855 et 1856 , il voyaitConstantinople , AlLènes et l'ltalié. En face (les coupoles de

1•9 FLIX DE SE lIN 1:1 Lu.

Suiiite-Sophie de Byzaiice et de Saint-Narc de Venise, types deSaint-Front de Périgueux , il tecueillait-des ilotes pour le secondvolume de son Architecture byzanti?w, que la mort ne lui a paspermis de publier; en 1859, il visitait laWetphal.ie et l'Alle-magne du Nord, en compagnie de M. le baron de Quast,inspecteur général des monuments historiques de la Prusse,qui lui montrait les riches collections des émaux allemands.Nous nous souvenons que, à son retour d'un de ces lointainsvoyages, en lui écrivant pour le féliciter, nous lui fitisions lap,plication de ces paroles qu'un écrivain s icré, dit du véritablesage « ]l passera dans le pays des nations étrangères, étudiantchez tous les hommes le bien et le mal in terrain alienigeharuniqenliun pertransiel bonn enfin, et mata in bominibus tentabit. (If ccli.;XXXTX, 5..)

IX.

Dans le 'Bailet;hznionuinentui. dirigé par M. de Caumont M. deVerneilh a publié, depuis 1847 jusqu'à l'année qui a précédé samort, de nombreux et savants mémoires -

1" Une Note mr les églises à coupoles du Périgord (4); .o Une Notice sur le château de.Châlus et sur les circonstances

de la mort de Richard Coeur-de-Lion (2);..3" Le compte-rendu' d'une visite à la Saint-Chale1le (3);4" Une Lettre à M. de Caumont sur sa. Statistique monuniei!alc

du Calvados (4) ;5" lin Mémoire sur les origines de l'art ogival et de l'ari.

Y0111'111, en répônse aux questions iosées par M. Parker (5) , danslequel-il établit que le style ogival est né dans lu id9ion de Parjs,et- non en Angleterre ou en Normandie;,, ..

6° Une Dissertation sur les dates précises des cathédrales , dePérigueux et d'Angoulême, contestées par le bai-on 'de Qnast etpar M- Parker dans les . conférences archéologiques internatio-nales convoquées à Paris cii 1855 6: ;,- . ,

7" Un Mémoire sur les fortifications romaines, byzantines etgénoises de Constautinopie', avec plans et dessins (7) ;

(I) BnTtetin s,oawnentut , 1M?, p- 54 .(2) Ibid., 1848, p. 426.(3) Ibid., 1850. P. 141.(4) ibid., 1850, p. 413.(5) Ibid., 1855, p. 105.(e) Ibid.., 1856, i. 521.(7) Ibid. * 38-s , ,. lOI

Fi Il

DEFHNF!lIi 13• 8' Une Étude sur les émaux d'Allemagne et les émaux limou-siris en collaboration avec M. le baron de Quast, inspecteurgénérai des monuments historiques de la Prusse, étude lue auCongrès scientifique de Limoges au mois de septembre 1859 ('I),et dont les conclusions ont été combattues par M. Ferdinandde Lasteyrie;

9° Un article sur l'ouvrage de M. de. Roisin intitulé la

Cathédrale de Trêves (2);1 0- Les Émaux français et les Érnanx éfrungers, mémoirè en ré-

ponse à M. le comte F. de Lasteyrie , lu à la séance de la Société'Archéologique de Limoges le 28 novembre 4862 (3).

X.

M. de Verneilh était un des fondateurs du Chroniqueur duPérigord, revue nensuelle consacrée à la littérature et à lascience. Nous allons indiquer divers articles qu'il y a publiés

4° Colonie vénitienne de Limoges (4);2' Les Bastides du Périgord' (5)3 Lettres à M. de Siorac sur les monuments de Périgueux (6)

6° Promenades en Périgord (1)5 Note sur divers objets cUcovverts dans la restauration de Saint-

Front (8)6° Peintures murales du chouan de Rochechouart (9);7° Des abords de Saint-Front (10).-Voici maintenant la liste des Mémoires qu'on trouve dans le

BulletinIn. Société Archéologique du Limousin4° Maisons anciennes du Limousin (1 1), emprunté aux Annales

àrc/zéolqqiques ( 1 2)

(1) Bulletin Mo,u,-nuntal, 1860. P. 109 et 205.(2) Ibid.. 1861, p. 634.(B) Ibid., 1863, p. 113 et 225.(4) Chraniq. dw .Périgord , année 1853, T. I • P. 19.(5) Ibid., T. 1, p. 46. 52.(0) Ibid., T. J, p. 84.(7) Ibid., T. 1, p. 117, 161 (article de M. Jules de Verneilli).(B) 27,id.. T. 1, p. 264.(9) Ibid., année 1854, T. Il. P. 253.(10) Ibid., année 185S. T. 111, p. 49.(11) .Eulletitj- archdologiqne . T. 1. P. 170.(12) Annotes archéologiques, T. 1V. P. 165.

i:iftix tt VEÛNEII,I'I

2" l'einttn p.ç iiùnules du rh6teav de Roehechou.(1)'/ (I )a'ipriihié aiChroniqueur (tu Périgord• 3° Notice biographique sur l'abbé Te.tier (2)

4' Les Énau d'Allemagne, et tes Emaux limousins. mémoire coréponse à M. le comte de Lastevije (3);

5" Notice sur l'oppidum gaulois de Cou.rbefq (4) oppidum qu'adécouvert M. 'de \reEnein

Le style c'est l'homme » n dit, 13uffoi , et; 'cri d'oniant'cette définition , il n'a fait que reproduire une pensée d'unPère de l'Eglise :' La parolé (le l'homme est le miroir de sonâme -Serina cairn iri mentis Pst speculum- (5) e. Le style de M.déVerneilh , « d'une pureté classique , dune gravité magistraleet d'une exquise distinction, qui n'était que la traduction des'itahitudès de 'son langage et de sa vie, soi] stylé, quand' lesujet s'y prêtait, savait revêtir tous les cliarmes de l'élégance etdu goût. On ne lira pas ses ou'rages uniquement pour appren-dre on les lira aussi pour le plaisir de les lire , et c'est pourd)ioiils resteront. Ils resteront ,- parce qu'ils sont les frtiit d'-ihèvie consacrée tout entière an travail consciencieux , parce "qù'iIs'portent l'empreinte d'un travail sérieux et qu'ils sont -lés 'pro--(Jactions «nué âme souverainement honnête, dont tout c&4hi'est faux et mauvais excitait la répulsion franche etéévère ;d'6nt'fout ce qui est estimable et vrai avait conquis le'éhaù'dès"&'constante.,; sympathies (6).

Après avoiravoir parié des grandes qnalitIés cia savant ' et dé'l'écrivain, pourrions-nous passer sous silence les qualités "d'él'homme privé? Que dirons-nous de la bienveillance je soncaractère qui le faisait aimer de tous, et qui l'avait rendu sipopulaire dans sa cohtrée? Que dirons-nous (le cette urbanfté'

(1)'Bulktin arclidotogique, T. V, p. 262.(2) Ibid., T. XI , p. 107.(3) Ibid.. T. Xiii. P. 1.(1) Ibid., T. Xlii. P. 8:3.(5) SAINT PÀULSN DE Nor.E Epistol. XII] cd Pam,nce4.ÇC) Crnnî,us nrs MouliNs, (iuieuue du 12 ôctobi'c isC4

FII.IX Dit \'l'nN•flhi! 17quise qu'il apportait dans les discussions et le faisaitestiinet

de ses adversaires? On peut lui appliquer les paroles qu'ildisait de l'abbé Texier « Cc confrère modeste et bon qui , dansle monde irritable des antiquaires, n'a jamais perdu un ami (1)».

M. Félix de Verneilh ne s'était pus marié il aimait à direque, ayant deux compagnés, l'archéologie et l'agriculture , ilne pouvait prendre charge d'une troisième (e) . On comprendque, avec cette passion pour la science et les voyages archéologique,-, , le célibat lui laissait plus d'indépendance et dliberté; et d'ailleurs il retrouvait les, joies rie la famille auchâteau de Puyrasea.u.

C'est peht-êtré cett.e passion pour l'étude qui a occasionnécette maladie de langueur dont l'issue devait être si funeste. Envain tous les secours lui furent prodigués '. (les symptômesétranges et contradictoires déconcertaient la science et rendaientinutiles lés soins les plus ' iutelligents et les plus affectueux.

km.

En terminant, Messieurs, permettez-moi de me souvenir du,caractère dont je suis revêtu, et de dire que M. de.Yerneilh a di-gnement couronné cette vie sinante et laborieuse par une mortchrétienne.

Q, and nous a%'ons annoncé , dans le journal le il fonde (3), lamort préiiiatui'ée de notre savant collègue, nous disions'. « Â.une haute intelligence et tin vaste savoir, rehaussés par une nio--kstie sincèrt'•, M. (le Verneill% unissait une bienveillance et unedouceur de caractère qui lui conciliaient toutes les affections:Dans la force de l'âge et du talent, il a étb bnlevé à une noblefamille dont il faisait la joie et l'orgueil. Après deux mois decruelles sôuffraiices, il a remjli ses devoirs de chrétien avec uncalme, nue sérénité d'âme et une ferveur admirables. La veillede sa mort, il recut le SaintLvia'tique et l'Eïtrêine-Onction , ré-,pondant lui-même auk prières 'du prêtre; et édifiant par sa piétéles assistants; qui fondaient en larmes: Lé lendemain ( 28 septembre 4864); il s'éteignait sans agoniê Us derniers devoirs luiont été rendus, le 29 septembre, dans l'église de Pluviers (Dork

(1) Co'nyfls de Limoges. T. 1. p. 417.() Cii. DRS Mouu4S. G,,'ienn± , 12 octobre 1864.(2) Monde, 8 octobre 1861.

16 Fl1.tX DE vF:1LNEII,I1.

iiogfto). Tout le pays, sans exception avait tenuà honneur (lel'accompagner h sa deiniùre demeure. i.e clergé de quinze pa-roisses était venu spontanément mêler ses prières et ses larmesà celles de sa famille désolée., et rendre un suprême hommage ausavant qui avait réhabilité l'art éhrêtien, et qui pouvait dire avecle psalmiste Seigneur, j'ai aimé la beauté de votre maison 1 »(P5. XXV, 8.

xi V.

La Société Francaise d'Archéologie, qui perdait en'lui un deses dignitaires et un (Te ses membres les plus distingués, avaiteu d'abord la pensée. de recueillir dans son sein une souscriptionpour élever un monument sur la tombe du savant archéologuedans l'humble cimetière de campagne oit il est inhumé. Cetteidée avait été accueillie avec empressement, et M. de Caumonts'en était fhit l'organe. Quand on a annoncé que la chapelle duchâteau de Puyrasean, h la, construction de laquelle M. de Ver-neilh avait présidé avec M. Jules de Verneiih, son frère, recevraitplus tard ses dépouilles mortelles, la Société Française n dû re-noncer h ce projet.

Mais cette année, pendant le Congrès des délégués des Sociétéssavantes, réuni k Paris au palais de la. Société d'Encouragement,les nombreux amis de M. de Verneilh ont proposé d'ériger unbuste à. sa mémoire dans le musée de Périgueux, auprès de cettecathédrale de Saint-Front qu'il a. fait connaître au monde archéo-logique. Cotte proposition a été chaleureusement accueillie , etune souscription a été ouverte immédiatement.

M. de Coéffard, un des auteurs du nouveau fronton de laBourse de Bordeaux, et lauréat de l'Académie de dette ville, n étéchargé, par le Comité de sculpter cc buste en marbre blanc deCarrare.

La Société Archéologique du Limousin ne pouvait manquer depayer son ti6ihut à. la mémoire de Félix de Verneilh. Elle s'estassociée par une souscription h l'érection de ce monument. Maisles oeuvres du savant écrivain seront un monument plusdurable (4).

L'abbé A RBELLOT.

(1) Nous espérons que M. Jules de \'erneilh publiera les précieux ma-m,serits qui sontentre ses mains.