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ANTHOLOGIE POETIQUE
FELICIE Soleïna
&
LETELLIER Dorian
LA MORT DANS LA POESIE
De mon point de vue, je considère la poésie comme un moyen d’expression
unique. Elle permet à l’auteur de faire passer un ou plusieurs messages, de
partager des sentiments ou encore de dénoncer certaines injustices. Elle a
pour but de traiter un ou plusieurs thèmes tels que : la mort, l’amour, la
nature, la vie…
En ce qui me concerne, mon recueil traitera d’un thème lyrique bien présent
en poésie : « La mort », qui est un thème très souvent ignoré à l’école peut-
être en raison de son côté sinistre.
La mort est quelque chose de réel. Présente sur tous les continents, elle est
liée à chaque civilisation, la mort fait parfois peur et intrigue souvent.
Inconnue du grand public elle finira par toucher tout le monde un jour ou
l’autre. Ce voile menaçant est souvent considéré de différentes manières :
certains pensent que la mort n’est qu’un unique passage vers un autre
monde, alors que d’autres pensent simplement qu’il s’agit d’une fin pure et
simple.
Mais pourquoi la mort ? Dans notre monde modernisé, la mort est lugubre, et
un sujet tabou. Il est souvent déplacé d’en parler ; pourtant éviter le sujet
s’annonce beaucoup plus difficile qu’il n’y parait : journaux, télévision, livres…
Néanmoins la mort est un thème qu’il faut bien aborder pour pouvoir
comprendre la société, car il s’agit d’un sujet lyrique, qui met en avant les
sentiments du poète allant de la terreur à la nostalgie.
Premièrement, j’ai choisi le poème « Je n’ai plus que les os » de Pierre de
Ronsard, car dans ce poème, Ronsard choisit d'évoquer dans ses Derniers
vers, avec une émouvante simplicité, l'approche imminente de sa propre
mort. Mais pour l’auteur tout ne semble pas terminé, car il espère revoir ses
amis dans l’au-delà.
Le deuxième poème, « Exécution » de Sybille Rembard (auteur du XXe siècle)
a été choisi pour son titre, mais aussi pour ses procédés d’écriture. Tout au
long du poème, Rembard utilise des figures de style pour décrire l’exécution
d’une personne à la guerre.
J’ai aussi choisi « Carte postale » de Guillaume Apollinaire : il s’agit d’un
poème très métaphorique utilisant ainsi beaucoup d’images. Comme
illustration, j’ai opté pour une carte postale de Picasso à Apollinaire.
Le poème «L’évadé» de Boris Vian résume le destin de tout humain, c’est à
dire avec la mort en conclusion. Je l’ai apprécié, car cela me rappelle encore
une fois que la mort est une réalité inévitable.
Un poème que j’ai aussi trouvé très intéressant s’intitule « Les fusillés » de
Victor Hugo. Hugo décrit la mort comme étant épouvantable. Ce poème date
du XIXème siècle et fait référence aux conflits franco-prussiens, cause de
nombreux morts durant cette période.
Viendra l’illustrer une image témoignant des effroyables scènes qu’étaient les
fusillades : «Le sang de la coupe » de Théodore de Banville.
Renée Vivien nous montre dans son poème que l’usure du corps avec le
temps conduit à la mort, avec son poème « Vieillesse commerçante ». Et c’est
pour cela que je l’ai choisi, pour montrer en outre que la mort n’est pas à
tous les coups « terrible » et « violente ». C’est ainsi que je nomme cette
mort : « douce ».
Puis « Berceuse macabre » de Marie Krysinska m’a intéressé car il s’agit d’un
poème sous forme de dialogue. De plus dans ce poème nous pouvons assister
à la description d’une mort lente et douloureuse, cruelle et ennuyeuse.
Par ailleurs, dans « Le Dormeur du val » d’Arthur Rimbaud, le poète décrit la
paix, le calme et la tranquillité, nous laissant imaginer que le soldat dort
paisiblement. C’est à la dernière strophe, telle une chute, que nous apprenons
que ce soldat paisiblement couché est mort, « deux trous rouges au côté
droit ».
Pour finir j’ai voulu changer de style avec « Fantasmagorie d’un suicide
annoncé » de Sybille Rembard. Ici l’auteur décrit un personnage qui met fin à
ses jours, contrairement aux autres poèmes, où le personnage attendait une
morte lente qui s’éternisait.
Je n’ai plus que les os
Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé,
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé ;
Adieu, plaisant soleil, mon œil étoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.
Quel ami me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,
En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis,
Je m’en vais le premier vous préparer la place
Pierre de Ronsard, Derniers vers (1586).
« Je n’ai plus que les os » de Pierre de Ronsard (1524-1585) poète du XVIe
siècle, est un sonnet extrait du recueil posthume Derniers vers, publié en
1586. Dans ce sonnet le personnage principal qui est Pierre de Ronsard décrit
sa propre mort ; il semble désespéré car il ne peut être guéri. Cependant, vers
la fin du poème, Ronsard semble avoir une lueur d’espoir lorsqu’il imagine
retrouver ses précieux amis au ciel.
Exécution
La balle laboura son âme
Son regard transperçant ses bourreaux
Une rivière de sang abreuvant ses paroles
réveillées par la surprise
Soudaine révélation
médiocrité humaine
C’était au mois mai,
un jour de printemps
Un oiseau se baigna dans la mare
érubescente
l’œil mouillé, il regarda les hommes
ivres
La beauté les avait quittés
Ils n’étaient que des marionnettes
de guerre
Sybille Rembard, 2010
« Exécution » est un poème de Sybille Rembard, auteur italienne du
XXe siècle ; il fut publié en 2010. Dans ce poème récent, l’auteur utilise des
figures de style pour décrire l’exécution d’une personne à la guerre.
Carte postale
Je t’écris de dessous la tente Tandis que meurt ce jour d’été Où floraison éblouissante Dans le ciel à peine bleuté Une canonnade éclatante Se fane avant d’avoir été
Guillaume Apollinaire, Calligrammes (1918)
Guillaume Apollinaire (1880-1918) est un poète et écrivain qui est considéré
comme l'un des poètes français les plus importants du début du XXe siècle. Son
poème « Carte postale », est extrait du recueil Calligrammes, écrit en 1918
pendant la guerre.
Carte postale de Picasso à Apollinaire [Biarritz, 3 août 1918]
L’évadé
Il a dévalé la colline
Ses pas faisaient rouler les pierres
Là-haut entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie
Il respirait l’odeur des arbres
Avec son corps comme une forge
La lumière l’accompagnait
Et lui faisait danser son ombre
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil
Les canons d’acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l’eau
Il y a plongé son visage
Il riait de joie il a bu
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il s’est relevé pour sauter
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L’a foudroyé sur l’autre rive
Le sang et l’eau se sont mêlés
Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps d’atteindre l’autre rive
Le temps de rire aux assassins
Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre.
Boris Vian, « L’évadé », Chansons et
poèmes,
Dans ce poème on peut penser que
l’auteur décrit son personnage
principal comme un fugitif de
guerre. Et c’est ainsi que l’auteur
arrive opposer la vie (l’évadé) à la
mort (la guerre).
Les fusillés
...Partout la mort. Eh bien, pas une plainte.
Ô blé que le destin fauche avant qu’il soit
mûr !
Ô peuple !
On les amène au pied de l’affreux mur.
C’est bien. Ils ont été battus du vent
contraire.
L’homme dit au soldat qui l’ajuste : Adieu,
frère.
La femme dit :- Mon homme est tué. C’est
assez.
Je ne sais s’il eut tort ou raison, mais je sais
Que nous avons traîné le malheur côte à
côte ;
Il fut mon compagnon de chaîne ; si l’on
m’ôte
Cet homme, je n’ai plus besoin de vivre. Ainsi
Puisqu’il est mort, il faut que je meure.
Merci.-
Et dans les carrefours les cadavres
s’entassent.
Dans un noir peloton vingt jeunes filles
passent ;
Elles chantent ; leur grâce et leur calme
innocent
Inquiètent la foule effarée ; un passant
Tremble. -Où donc allez-vous? dit-il à la plus
belle.
Parlez. –Je crois qu’on va nous fusiller, dit-
elle.
Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau ;
C’est le tonnerre ouvrant et fermant le
tombeau.
Là des tas d’hommes sont mitraillés ; nul ne
pleure ;
Il semble que leur mort à peine les effleure,
Qu’ils ont hâte de fuir un monde âpre,
incomplet,
Triste, et que cette mise en liberté leur plaît.
Nul ne bronche. On adosse à la même
muraille
Le petit-fils avec l’aïeul, et l’aïeul raille,
Et l’enfant blond et frais s’écrie en riant : Feu
Victor Hugo, L’année terrible(1872)
Victor Hugo (1802-1885) est un écrivain
français du XIXe siècle. Son poème « Les
fusillés » est extrait du recueil L’année terrible
publié en 1872 pour relater les événements
de 1870-1871. Il retrace cette année terrible
chronologiquement. Dans cet extrait Victor
Hugo retrace les événements de juin 1871.
Communards systématiquement fusillés après la défaite de Paris.
Le sang de la coupe
Ô colombe qui meurs dans le ciel azuré,
Rouvre un instant les yeux, mourante aux blanches ailes!
Le vautour qui te tue expire, déchiré
Par des flèches mortelles.
Va, tu tombes venger, ô victime, et ta sœur
Peut voir, en traversant la forêt d'ombre pleine,
L'oiseau tout sanglant pendre au carquois d'un chasseur Qui passe dans la plaine.
Le jeune archer, folâtre et chantant des chansons,
Passe, sa proie au dos, par les herbes fleuries,
Laissant déchiqueter par les dents des buissons
Ces dépouilles meurtries.
Théodore de Banville, Le sang de la coupe (1857)
"Le sang de la coupe" de Theodore de Banville poète, dramaturge et critique
français, est extrait du recueil du même nom Le sang de la coupe, publié en
1857.
Vieillesse commerçante
C’est en vain aujourd’hui que le songe me leurre.
Me voici face à face inexorablement
Avec l’inévitable et terrible moment :
Affrontant le miroir trop vrai, mo, âme pleure.
Tous les remèdes vains exaspèrent mon mal,
Car nul ne me rendra la jeunesse ravie…
J’ai trop porté le poids accablant de la vie
Et sanglote aujourd’hui mon désespoir final.
Hier, que m’importaient la lutte et l’effort rude !
Mais aujourd’hui l’angoisse a fait taire ma voix.
Je sens mourir en moi mon âme d’autrefois,
Et c’est la sombre horreur de la décrépitude !
Renée Vivien, Haillons(1921)
Renée Vivien (1877-1909)est une poétesse britannique de langue française.
Son poème « Vieillesse commerçante » extrait du recueil posthume Haillons
publié en 1921
Berceuse macabre
À Maurice Vaucaire. Qu'elles sont cruelles et lentes, les heures ! Et qu'il est lourd - l'ennui de la mort! Les heures silencieuses et froides, qui tombent dans l'Eternité, comme des gouttes de pluie dans la mer. Donne-moi la main, ô ma sœur, et viens sur la Lune calmante, parler de ceux que nous avons laissés seuls quand nous sommes descendues de la tombe. -Un sommeil très lourd m'engourdit, et je fais un rêve qui durera toujours ;- rendors-toi ma sœur, -nos aimés nous ont oubliées, -J'ai mis mon cœur dans son cœur et je suis sienne à travers la Mort. -Ces murs sont hauts, et la terre des vivants est loin;- rendors-toi, ma sœur. –J'ai senti des diamants humides tomber sur ma bouche desséchée, - c'est mon ami qui pleurait –Rendors-toi, pauvre sœur;– c'est la pluie qui violait ton cercueil. –Ô Souvent j'entends des sanglots lointains;- c'est mon aimé qui gémit, hanté par nos chers souvenirs. -Non, c'est le hibou qui jette un cri dans la nuit profonde ; - profonde comme nos tombeaux, et comme l'oublie de ceux qui nous avaient aimées;- rendors-toi, ma sœur. 2 décembre 1882 Le poème "Berceuse macabre", est extrait du recueil Rythmes pittoresques qui a été publié en 1890 par la poétesse d'origine polonaise Marie Krysinka. Dans
ce poème la poétesse nous décrit les heures d’agonie qui semble être une éternité.
Le Dormeur du val
C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Souriait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud, Cahier de Douai (1870)
Le poème « Le Docteur du val » d’Arthur Rimbaud (1854-1891) est issu du
Cahier de Douai (ou recueil Demeny). Le cahier de Douai, est un ensemble de
vingt-deux poèmes écrits par Arthur Rimbaud lors de son séjour à Douai
(France). Ce sonnet est inspiré de la guerre de 1870.Rimbaud dresse un
tableau très coloré et vivant qui frappe l'imagination pour en faire ressortir
toute l'horreur, sans jamais prononcer le mot "mort."
Le tableau L'homme blessé de Gustave Courbet, représentant une scène
similaire à celle évoquée dans le poème de Rimbaud.
Fantasmagorie d’un suicide annoncé
àP
Naissance virginale Mise en scène parfaite Ton ombre torturée par la passion virevolte dans la lanterne magique La tempe éclatée, le pistolet à la main les lettres froidement rédigées Une mélodie hypnotique et fascinante retentit bande son de cette macabre découverte
L’incantation peut commencer La danse de minuit à la lueur du feu rituel inconscient obscur envoutant symphonie des ténèbres aux pas artificiels des danseurs survoltés exorcise ton amour sorcier
Tu es partie
Ton nom je ne le prononcerai plus jamais Je te laisserai reposer dans le silence froid ultime désespoir
Sybille Rembard, 2011
« Fantasmagorie d’un suicide annoncé » est un poème écrit par Sybille Rembard en 2011. Ce poème ne possède pas de recueil du fait de sa
modernité. Ici Rembard évoque le suicide comme un acte délibéré ayant pour but de mettre fin à ses jours.