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1 Favoriser la diffusion des démarches d’autoproduction, comme un outil efficace d’accompagnement social des opérations de renouvellement urbain Décembre 2006

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Favoriser la diffusion des démarches d’autoproduction,

comme un outil efficace d’accompagnement social des opérations de renouvellement urbain

Décembre 2006

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Sommaire Introduction P. 3 8 fiches d’expériences d’autoproduction accompagnée Fiche N°1 : Jardin Monlong, Toulouse le Mirail…………………………………... P.6

Fiche N°2 : Jardin Gironis, Toulouse la Faourette……………………………….... P.7

Fiche N°3 : Jardin Bachelard, Grenoble Mistral………………………………....... P.8

Fiche N°4 : Jardin les Musiciens, les Mureaux……………………………………... P.9

Fiche N°5 : Service autoréhabilitation, Bègles Yves Farges………………………..P.10

Fiche N°6 : Service autoréhabilitation, les Mureaux Vigne Blanche……………....P.11

Fiche N°7 : Service autoréhabilitation, Perpignan Rois de Majorque Baléares…..P.12

Fiche N°8 : Service autoréhabilitation, Tours le Sanistas. Six villes porteuses d’actions en autoproduction sur des sites ANRU Exemple N°1 : Perpignan, action d’autoréhabiliation……………………………….P.15

Exemple N°2 : les Mureaux, action d’autoréhabilitation et de jardinage…………..P.21

Exemple N°3 : Tours, action d’autoréhabilitation………………………………… P.28

Exemple N°4 : Toulouse, actions de jardinage………………………………………..P.31

Exemple N°5 : Grenoble, actions de jardinage……………………………………….P.37

Exemple N°6 : Bègles, action d’autoréhabilitation………………………………… P.42 Conclusion : Principaux enseignements et propositions................................P.47 Annexe 1 : Liste des personnes interviewées…………………………………..P.54 Annexe 2 : ……………………………………………………………………………..P.55 L’autoproduction accompagnée, un outil efficace de renouvellement urbain. Annexe 3 : ………………………………………………………………………………P.60 L’autoréhabilitation accompagnée, une démarche reconnue et encouragée.

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Introduction La loi d’orientation et de programmation pour la ville du 1er août 2003 a créé l’ANRU, Agence nationale de rénovation urbaine, et lui a confié la mission de piloter en partenariat avec les responsables locaux un programme ambitieux, le Programme National de Rénovation Urbaine, PNRU. Il a pour objectif de1 « casser la spirale de ségrégation sociale et territoriale que connaissent de nombreux quartiers …et de modifier radicalement les conditions de vie dans ces quartiers ». Etalé sur cinq ans le plan concerne 188 quartiers prioritaires. L’ANRU apporte aux acteurs locaux qui s’engagent sur un projet de renouvellement urbain une aide technique et des financements conséquents. Pour réussir leur projet PNRU, collectivités locales, organismes HLM, partenaires sociaux étaient invités à coopérer. Trois ans après son démarrage, le nombre de conventions ANRU signées est élevé et doit encore augmenter au-delà des 188 quartiers prioritaires du PNRU, car ce sont à présent plus de 5OO quartiers qui devraient être rénovés d’ici 2013 pour près de 4 millions d’habitants. Parmi les projets validés un certain nombre est d’ores et déjà en train d’être réalisé. Cependant la mise en œuvre du dispositif ANRU suscite quelques questions concernant notamment le volet social des projets urbains. Ce volet social semble trop souvent négligé, alors que pour une transformation pérenne des quartiers, les projets devraient nécessairement articuler les problématiques urbaine, économique et sociale. Ainsi le CES2 (Comité d’évaluation et de suivi de l’ANRU) fait le constat que les porteurs de projets ne pensent généralement pas leur projet urbain dans une stratégie globale de développement : « La majorité des projets ANRU pâtissent de l’absence de définition claire des enjeux majeurs. Ils se limitent souvent à une série de programmes et d’opérations physiques ». Et le CGPC (Conseil général des Ponts et Chaussées) confirme ces observations dans le rapport3 qu’il a réalisé fin 2006 à la demande du CES. Quand ils existent, les volets économiques et sociaux « sont trop souvent dissociés [du projet urbain] ou conduits en parallèle, alors qu’il est nécessaire et urgent de les considérer comme les composantes d’une même démarche de projet ». Il paraît donc essentiel que les opérations de Renouvellement Urbain ne se limitent pas aux seules interventions techniques car l’action sur le bâti, pour nécessaire qu’elle soit, est loin d’être suffisante pour résoudre les problèmes qui affectent les territoires urbains en difficulté. Il faut en même temps développer un volet social qui soit efficace et cohérent, et qui

1 Les éléments cités sont tirés du communiqué de presse du 18 juin 03 réalisé par le ministère délégué à la ville et à la rénovation urbaine pour présenter la loi du 1er août 2003. 2 Voir p.4 , Note d’activité du CES de l’ANRU, juin 2006. 3 Voir pp.20 et suivantes, Rapport du CGPC fin 2006 « Expertise sur les conditions de mise en œuvre du Programme National de Rénovation Urbaine : capacités des maîtrises d’ouvrage et ingénieries locales, rôle des DDE ».

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favorise la participation des habitants, une meilleure appropriation de leur habitat et de leur cadre de vie, et une plus grande cohésion sociale sur les quartiers visés. L’autoproduction accompagnée est un des outils qui peut être mobilisé pour améliorer la situation de quartiers en difficulté et permettre à certains ménages de devenir plus autonomes et plus responsables en s’appropriant leur environnement. Le terme d’autoproduction signifie que les ménages produisent pour eux-mêmes. L’accompagnement consiste à aider ceux qui sont les plus en difficulté à devenir progressivement plus autonomes. Il est maintenant avéré que certaines réalisations d’autoproduction accompagnée, notamment les jardins familiaux de développement social et l’autoréhabilitation du logement, contribuent à améliorer la situation de certains quartiers. (Voir l’annexe 2). Elles permettent à des familles de retrouver une position d’acteurs, de développer leur capacité à coopérer et à mieux s’insérer dans le tissu social. Des acteurs politiques et sociaux de plus en plus nombreux se sont saisis de l’autoproduction accompagnée, car ils y voient un bon outil pour mobiliser et aider les publics en difficulté sociale. Il nous a donc semblé important d’appréhender la contribution possible de l’autoproduction accompagnée aux programmes de rénovation urbaine. Pour ce faire nous avons analysé l’impact des jardins familiaux et de l’autoréhabilitation du logement dans six villes ayant passé une convention avec l’ANRU. Nous décrirons ainsi huit actions différentes portées par les Villes de Perpignan, les Mureaux, Tours, Toulouse, Grenoble et Bègles. Cette description sera précédée par une série de 8 fiches où chacune des expériences d’autoproduction sera présentée de manière succincte. Nous avons examiné comment les acteurs engagés dans ces deux types d’action ont pu parfois combiner action urbaine et sociale et quels résultats positifs ont découlé de cette coopération, là où elle a pu s’établir. Nous avons aussi essayé de comprendre pourquoi des interactions n’ont pas toujours pu s’établir entre acteurs du social et acteurs de l’urbain. Dans la mesure où les actions d’accompagnement à l’autoproduction favorisent une articulation concrète entre l’urbain et le social, nous proposerons en conclusion les moyens qui pourraient être mis en œuvre,

• pour les faire connaître beaucoup plus largement auprès de ceux qui pilotent les opérations de renouvellement urbain.

• pour indiquer comment multiplier les réalisations dans ce domaine et contribuer

efficacement à une meilleure articulation entre urbain, économique et social. Articulation vraiment nécessaire si l’on veut « casser la spirale de ségrégation sociale et territoriale que connaissent de nombreux quartiers ».

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8 fiches d’expériences d’autoproduction accompagnée

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Fiche N°1 : Jardin Monlong

- quartier Le Mirail, Toulouse - Porteur de projet : Ville de Toulouse

Date d’ouverture : 2007 (en cours d’aménagement).

Type de jardin : espace de grande qualité avec partie boisée et trois sortes de jardins : un jardin familial de 50 à 60 parcelles individuelles, des jardins partagés à destination de collectifs d’habitants et de structures sociales, et au cœur un jardin d’éducation à l’environnement. Situé au sud du quartier le Mirail, le jardin est ouvert en priorité aux habitants du quartier.

Objectifs: Outil de développement social et participatif, les jardins seront aussi un support d’éducation à l’environnement. En outre c’est l’occasion pour la Ville et ses services de requalifier la zone et de s’exercer à une pratique de travail transversale et concertée entre services et acteurs.

Pilotage : Mission développement social / Services jardins et espaces verts / Direction de l’environnement.

Autres partenaires : Etat / Organismes bailleurs / Association jardins familiaux de la Garonne, SaluTerre, Agence Régionale pour l’Environnement.

Animation : - Collectifs des jardiniers mais pas de constitution d’association de jardiniers. - Gestion technique et sociale par le Service municipal des Espaces Verts (encore en cours de réflexion) en lien avec les structures sociales de quartier. - Portage financier par la Mission Ville Développement Social. - Un organe collectif de concertation, la commission environnement : elle réunit plusieurs fois par an des habitants, des services municipaux divers, des bailleurs sociaux et des structures sociales du quartier autour d’actions de sensibilisation pour la préservation de l’environnement et le mieux vivre ensemble. Le projet du jardin Monlong fait partie des axes de travail de la Commission.

Financement : Dispositifs CUCS, GUP et Agenda 21.

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Fiche N°2 : Jardin Gironis

- quartier La Faourette, Toulouse - Porteur de projet : Association Partage.

Date d’ouverture : 1999.

Type de jardin : jardin mixte avec un espace de jardins familiaux (48 parcelles et 10 autres petites parcelles individuelles gérées en direct par Partage) et un espace de quatre parcelles collectives à destination de structures sociales. Situé à 1km au sud de la Faourette, le jardin est facile d’accès et ouvert en priorité aux habitants du quartier.

Objectifs: offrir aux habitants un support pour favoriser leur participation et leur responsabilisation ; dynamiser le quartier et développer les liens sociaux.

Animation : la gestion et l’animation du jardin est partagée entre le collectif de jardiniers et l’association Partage. - Partage est à la fois organe de régulation, porteur financier et animateur. L’animation technique et sociale est assurée sur le jardin une petite journée par semaine en moyenne, mais ce temps varie selon les saisons. - Les décisions sont prises en Assemblée Générale qui réunit une fois par mois Partage (direction et animateur) et tous les jardiniers. Mais il n’y a pas d’association de jardiniers et le bon fonctionnement du jardin est régulé par l’association Partage, au sein de l’AG ou au sein d’un comité de pilotage qui se réunit tous les 2 mois.

Membres du Comité de pilotage : groupe de jardiniers, association Partage (directeur, animatrice et un membre du CA).

Partenaires sur le terrain : jardiniers ; association Partage ; structures sociales (centre social, CHRS, associations / éducation et parentalité ; service Ville DSU.

Financement : autofinancement du jardin (par cotisations des jardiniers) ; par ailleurs, animation financée sur le budget général de Partage (Ville sur la dynamisation du quartier et Conseil général sur l’accompagnement des rmistes).

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Fiche N°3 : Jardin familial Bachelard

- quartier Mistral, Grenoble - Porteur de projet : Ville de Grenoble

Date d’ouverture : novembre 2006

Territoire : le jardin est situé à la périphérie de Mistral, quartier d’habitat social au sud de Grenoble inclus dans le périmètre des dispositifs CUCS et PNRU. C’est un jardin de 3000 m2 aménagé dans un vaste jardin public de 16 ha. Composé de 40 parcelles familiales individuelles et deux parcelles collectives dont une pédagogique, il est ouvert en priorité aux habitants de Mistral.

Objectifs: le jardin est un support de valorisation et d’intégration sociale des habitants des quartiers concernés.

Gestion et animation: - Porteur technique et financier : Service Ville DSU. - Animation sociale: Centre social ¼ TP annuel - Animation technique : association Les jardins de la solidarité. ¼ TP annuel - Constitution d’un collectif de jardiniers.

Membres du Comité de pilotage : Ville Service DSU ; CCAS (centre social Mistral) ; association Les jardins de la solidarité ; trois jardiniers du collectif.

Autres Partenaires techniques ou (et) financiers : Services Ville (techniques, espaces verts, urbanisme et aménagement) ; Agglomération (METRO) ; Conseil régional ; Conseil général ; SaluTerre.

Partenaires sur le terrain : Service Ville DSU, Centre social Mistral et association Les jardins de la solidarité, Centre de santé, Maison de l’enfance.

Financement en fonctionnement : Dispositif Politique de la Ville.

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Fiche N°4 : Jardin des Musiciens

- quartier des Musiciens, Les Mureaux Porteur de projet : Ville des Mureaux

Date d’ouverture : 2004

Territoire : le jardin est situé à la limite des Musiciens, quartier d’habitat social des Mureaux. Ouvert à tous les habitants des Mureaux, c’est un jardin mixte car il est familial (40 parcelles) et collectif (1 parcelle pédagogique et d’insertion).

Objectifs : démarche participative pour favoriser l’autonomie et l’insertion des personnes et familles vivant sur les Mureaux, leur permettre de mieux s’approprier leur cadre de vie et les sensibiliser aux pratiques de développement durable, et enfin pour contribuer à la cohésion sociale par une mixité sur les jardins entre les habitants des différents quartiers

Gestion et animation : - Porteur technique: Ville (chef de projet cadre de vie / animation dispositifs GUP et Agenda 21 et agent de maîtrise aménagement des Services techniques). - Chargé de l’animation : ACIF (Association des Compagnons d’Ile de France) - Association des jardiniers.

Membres du Comité de pilotage : Ville (services techniques espaces verts urbanisme et environnement), DIREN (direction régionale environnement Etat), Agence Espaces verts Conseil régional IDF, Education Nationale, ACIF.

Partenaires financiers : Ville, Conseil régional (agence espaces verts en I, et ligne développement durable Agenda 21 en fonctionnement), DIREN (en I)

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Fiche N°5 : Action d’autoréhabilitation du logement

- cité Yves Farges, Bègles - Porteur de projet : Mairie de Bègles et CCAS

Date d’ouverture : avril 2005

Territoire : le quartier d’habitat social Cité Yves Farges. Parc constitué de tours et de petits bâtiments collectifs de 448 logements au total appartenant au bailleur social SAEMCIB. Parc dégradé, dû en partie au mauvais entretien de ménages.

Objectifs : accompagner le relogement ou le maintien dans le logement des ménages concernés par les opérations urbaines sur le bâti en œuvre dans le cadre du projet ANRU. Faire de cet accompagnement un support pour dynamiser les familles et les aider à s’approprier leur logement, l’améliorer et mieux l’entretenir.

Opérateur : Association des Compagnons Bâtisseurs d’Aquitaine

Démarche : Mode de chantier collectif. - Les travaux réalisés en entraide dans chacun des logements sont ceux qui incombe aux locataires : entretien et réparation ; aménagements ; embellissement. - Pour constituer les groupes d’entraide et organiser les chantiers, des réunions de familles sont organisées. Sont aussi proposées des réunions collectives thématiques. - Accompagnement social et technique : l’opérateur est chargé de l’animation technique des chantiers. Il apporte un accompagnement social en partenariat avec les acteurs sociaux de proximité (associations, CLI, CAF, Conseil général, CCAS). L’opérateur et ses partenaires se réunissent deux fois par trimestre au sein d’un comité technique de suivi.

Pilotage : CCAS, bailleur social SAEMCIB.

Partenaires financiers : Ville CCAS, bailleur social SAEMCIB, Conseil général de Gironde, Etat (FIV), Fondation Bruneau, Fondation Caisse d’Epargne, participation des usagers.

Partenaires sur le terrain : travailleurs sociaux du CCAS, de la CAF et du CMS (conseil général) ; opérateur CB d’aquitaine, bailleur social.

Budget annuel : près de 81 500 €

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Fiche N°6 : Action d’autoréhabilitation du logement

- quartier Vigne Blanche, les Mureaux- Porteur de projet : Mairie des Mureaux et CCAS Date d’ouverture : septembre 2005 Territoire : le quartier d’habitat social Vigne Blanche situé au sud des Mureaux. Parc de 942 logements appartenant au bailleur social Scic Habitat Ile de France. Objectifs : assurer à la population concernée de bonnes conditions de maintien dans son habitat ; apprendre aux ménages locataires à entretenir leur logement et à l’habiter de manière plus adaptée ; développer par l’entraide les liens sociaux sur le quartier et contribuer à l’insertion sociale et professionnelle des habitants. Opérateur : ACIF (Association des Compagnons d’Ile de France) Démarche : mode de chantier collectif. Réalisation de quinze chantiers d’entraide par an et animation d’ateliers d’apprentissage technique et de réunions thématiques. Travaux d’embellissement et éducation au logement. Accompagnement technique : un animateur technique à temps plein Accompagnement social : un travailleur social à mi-temps Coordination : une coordinatrice / deux projets d’autoréhabilitation mis en œuvre par l’ACIF sur les Mureaux, quartiers Vigne Blanche et Grand Ouest. Membres du Comité de Pilotage : Ville (CCAS), bailleur SCIC Habitat IDF, CG 78, CAF 78, CRIDF, ACIF. Partenaires financiers : Ville (Politique de la ville, action phare CUCS), bailleur SCIC Habitat IDF, CG 78, CRIDF (« action remarquable » politique développement durable). Partenaires sur le terrain : bailleur SCIC Habitat, services sociaux Conseil général, service de proximité CAF, centre social Vigne Blanche, club de prévention, SAS. Budget annuel : 123 000 €

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Fiche N°7 : Action d’autoréhabilitation du logement

- cités Rois de Majorque Baléares, Perpignan - Porteur de projet : Mairie de Perpignan et CCAS de Perpignan Date d’ouverture : 1er septembre 2003. Territoire : l’action intervient sur les cités Rois de Majorque Baléares du quartier Saint Martin de Perpignan qui sont composées de petites résidences collectives partagées en copropriétés. Elle touche 1400 habitants environ et 273 logements, mais le public visé concerne surtout les locataires occupant les immeubles les plus dégradés de la cité Rois de Majorque. Objectifs : outil de développement social, l’accompagnement à l’autoréhabilitation doit permettre aux familles de réinvestir leur espace de vie en améliorant leur logement, en l’adaptant aux besoins familiaux et en apprenant à l’entretenir. C’est aussi un support de resocialisation et de dynamisation des bénéficiaires de l’action. Opérateur : CCAS et son équipe d’animation : 1TP/animation technique et ½ TP/coordination sociale. Démarche : un accompagnement technique pour réaliser une quinzaine de chantiers individuels par an, et quelques ateliers collectifs d’apprentissage technique (organisés au domicile de bénéficiaires) ou de sensibilisation thématique. Le mode individuel est privilégié dans la réalisation des chantiers, ce qui n’exclut pas les coups de main extérieurs. Un suivi social mutualisé entre le coordinateur social et ses partenaires sociaux sur le terrain. Membres du Comité de Pilotage : Mairie (DDSJ/ direction développement social et jeunesse, service de rénovation urbaine, direction habitat et office municipal HLM), Etat (DDE, DDASS, GIP DSU), Conseil général, CAF, MSA, opérateur CCAS. Partenaires financiers : Etat, Ville, CAF, Caisse des dépôts et Consignations, EDF, Fondation de France, CCAS, Conseil général et MSA. Partenaires sur le terrain : Conseil général, CAF, CCAS, MSA, centre social du quartier, DDAS service habitat, service ville rénovation urbaine, agence Sud office municipal HLM. Budget annuel : près de 100 000 € par an

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Fiche N°8 : Action autoréhabilitation du logement

- quartier le Sanitas, Tours - Porteur de projet : Régie de quartier.

Date d’ouverture : début 2007.

Territoire : le quartier d’habitat social le Sanitas géré par le bailleur OPAC de Tours. Parc ancien qui ne sera que partiellement démoli puis reconstruit dans le cadre du dispositif ANRU. Constat de fortes dégradations à l’intérieur des logements. La population du quartier est confrontée à des problèmes sociaux et économiques aigus.

Objectifs : assurer à la population concernée de bonnes conditions de maintien dans son habitat ; aider les ménages locataires à s’approprier leur logement et l’entretenir ; par une approche éducative et individualisée, consolider leur identité et contribuer à les redynamiser, pour qu’ils puissent ensuite mieux se mobiliser sur leur insertion sociale.

Opérateur : Régie plus, la régie de quartier.

Démarche : le service démarrera par une phase expérimentale de 6 mois ; le choix du mode de chantier est individuel. Seront réalisés des travaux d’entretien et d’embellissement et des actions d’éducation au logement. Accompagnement technique : un encadrant technique ½ TP. Accompagnement social : des techniciens de la régie (médiateur du lien social et conseillers en insertion).

.Partenaires financiers et techniques : Ville (service Politique de la ville), Etat Mission Ville Préfecture, bailleur social OPAC de Tours.

Partenaires sur le terrain : équipe municipale des médiateurs de quartier, bailleur social, gardiens d’immeubles.

Budget : environ 20 000 € pour les 6 premiers mois.

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Six exemples de Villes porteuses d’actions

d’autoproduction sur des quartiers de rénovation urbaine

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1. VILLE de PERPIGNAN, action d’autoréhabilitation du logement.

Le projet de rénovation urbaine ANRU de Perpignan a été signé le 9 juillet 2005 et concerne plusieurs quartiers de la ville. L’une des interventions inscrites au projet est un plan de sauvegarde qui sera mis en œuvre sur le quartier Saint Martin. Deux cités de ce quartier composées de copropriétés dégradées, les cités Rois de Majorque et Baléares, bénéficient d’une action d’autoréhabilitation accompagnée du logement. A. Présentation du territoire et de l’opération urbaine Les cités Rois de Majorque et Baléares : elles constituent un îlot de petites résidences de quatre étages au sein de Saint-Martin, quartier situé au sud de Perpignan assez proche du centre ville. Cet îlot compte 273 logements, et 1400 habitants. La moitié des logements (122 exactement), située sur la Cité des Baléares, est habitée en majorité par des propriétaires occupants mais dont les ressources sont faibles (minimum vieillesse) ; les quelques locataires vivent des minima sociaux. L’autre moitié (151 logements), sur la cité des Rois de Majorque, est en majorité constituée de ménages locataires qui connaissent des difficultés encore plus aigues. Les principales problématiques qui ont été identifiées sur ces cités sont liées à la fragilité sociale des familles et à leur précarité économique, car elles relèvent des minima sociaux. Leurs conditions de vie sont difficiles, les habitants se sentent isolés et font état de leurs difficultés éducatives en tant que parents, et d’actes de discrimination vis-à-vis des jeunes adultes des cités. Les cités souffrent aussi de leur enclavement et d’une forte dévalorisation par rapport au reste de la ville. Il faut dire que du point de vue du bâti les résidences sont sérieusement dégradées, surtout celles de Rois de Majorque. Les investisseurs privés qui les ont fait construire en 1960 les ont laissées depuis à l’abandon. Et parmi les 70% propriétaires privés des résidences de Majorque, beaucoup se montrent très indélicats envers leurs locataires. Les 30% du parc restant de Majorque appartiennent à présent au bailleur social OPAC. D’autres problèmes étaient signalés sur les cités tels que celui d’une consommation excessive d’eau, de l’entretien des parties communes et de la négligence de certaines familles au niveau des ordures ménagères. Une opération ORU était envisagée sur ces cités mais elle ne touchait guère aux intérieurs. Une action plus coercitive devait être envisagée pour pousser les bailleurs privés à réhabiliter les logements qu’ils louent. Pendant un certain temps les responsables locaux (DDE et Ville) hésitaient entre une simple opération ANAH ou un plan de sauvegarde. Mais c’est la deuxième solution qui a été choisie car cette mesure pouvait mieux permettre d’exercer une certaine contrainte sur les bailleurs privés de la cité pour qu’ils assument leurs responsabilités. C’est donc un plan de sauvegarde qui a été décidé fin janvier 2004, et intégré ensuite au projet PNRU. L’opération urbaine ANRU: le plan de sauvegarde pour le bâti de cet îlot a été validé dans le cadre du projet de rénovation urbaine de Perpignan dispositif PNRU. Il pourra de ce fait bénéficier de crédits PNRU. Une étude préparatoire dans le cadre d’une MOUS (Maîtrise d’œuvre Urbaine et Sociale) a été réalisée fin 2004 par un cabinet d’études ; elle reprenait en la complétant la première étude qui avait été faite par un autre cabinet d’études. Financée par le PNRU cette nouvelle étude visait à aboutir à une proposition de projet opérationnel pour qu’il soit effectif en janvier 2005, pour une durée de 5 ans. D’autres opérations sont également prévues sur les cités, notamment la rénovation des espaces extérieurs par un

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aménagement paysager et la réalisation d’un parking, et les voiries privées seront classées dans le domaine public. Sur l’habitat proprement dit, il n’est prévu ni démolitions, ni reconstructions, le bâti est conservé. Seule la réhabilitation est à l’ordre du jour sur ce secteur. Ainsi, une fois le projet de plan de sauvegarde validé par le préfet, le cabinet d’études a été chargé de sa mise en œuvre sur la mission suivante : informer, conseiller et guider les propriétaires privés (bailleurs et occupants) dans leurs démarches de réhabilitation et leurs demandes de subventions auprès de l’ANAH. Par ailleurs un certain nombre de logements privés (86 logements au total) sont progressivement acquis par la Ville pour les rétrocéder à l’OPAC. L’objectif de la Mairie est de constituer une majorité représentative au sein des syndics des copropriétaires des cités RMB, afin d’impulser et de renforcer la dynamique en matière de rénovation et d’amélioration du quartier. B. Présentation de l’action d’autoréhabilitation accompagnée Un projet porté par la Ville : en 2001 a été lancée une expérimentation nationale qui consistait à accompagner quatre villes dans la création de services d’accompagnement à l’autoréhabilitation. Perpignan a fait partie des quatre villes qui se sont engagés sur ce programme, qui s’est déroulé de 2002 à 2005. Le choix du territoire d’action et du public: très vite la municipalité de Perpignan a choisi de monter un service d’accompagnement à l’autoréhabilitation sur Rois Majorque Baléares, à cause du sérieux problème de dégradation et de dévalorisation auquel ces cités étaient confrontées. En outre comme le périmètre des cités Rois Majorque Baléares est petit, il paraissait judicieux de le choisir comme territoire d’expérimentation. Par ailleurs le choix du porteur politique de l’action, soit la Maire adjointe en charge de l’ORU, reflète la volonté de la Municipalité de lier les interventions sur le bâti à la responsabilité sociale des occupants des logements, même si en 2002 la Ville était encore loin d’avoir choisi entre mener une opération OPAH ou plan de sauvegarde sur le quartier. Donc en attendant la réalisation d’une opération urbaine, et en complément, il semblait nécessaire de trouver le moyen de remobiliser les occupants sur l’entretien et la réappropriation de leurs logements. Des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée semblaient un moyen approprié. L’action s’est donc adressée à des personnes du quartier, locataires ou propriétaires, repérées comme ayant un projet de travaux, désirant s’impliquer dans ces travaux, mais manquant de ressources financières et/ou techniques, seules ou en famille, avec ou sans enfants, bénéficiaires de minima sociaux. Un opérateur municipal : en décembre 2001 avait lieu le premier Comité de Pilotage sur Perpignan, au cours duquel le CCAS de la Ville de Perpignan fut retenu comme opérateur pour ce dispositif expérimental, en raison de sa nature juridique, de ses compétences générales et de son expérience sur le thème du logement. Le CCAS a donc recruté une équipe opérationnelle constituée d’un animateur technique à temps plein et d’un travailleur social à mi temps. Le service a pris le nom de Rénove - Toit. Il est implanté dans un local au cœur du quartier. La démarche adoptée : le mode individuel est privilégié dans la réalisation des chantiers, mais selon le cas le ménage est aidé par des voisins ou amis ou des membres de sa famille. Des ateliers collectifs d’apprentissage technique peuvent aussi être organisés au domicile de bénéficiaires volontaires. Le suivi social de chaque ménage bénéficiaire est organisé en

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partenariat étroit entre les travailleurs sociaux de toutes les institutions concernées, dans le cadre d’un comité de suivi social. Ils procèdent ensemble à l’évaluation globale de la situation du ménage et à la définition de son projet de chantier, puis lors de la réalisation du chantier ils se concertent sur les interventions sociales à mettre en œuvre, et se chargent du suivi selon les problèmes soulevés et le rôle de chacun. Bilan: depuis l’ouverture de son service, Rénove toit en septembre 2003 l’opérateur CCAS de Perpignan n’est intervenu que sur le parc privé de la copropriété dégradée Rois de Majorque Baléares. Quarante trois chantiers ont ainsi été réalisés en trois ans. Ils ont duré chacun de trois semaines à six mois, moins en raison de la dimension technique des chantiers que des objectifs sociaux visés, car la durée du chantier est adaptée à la durée du suivi social de chaque bénéficiaire. Le service a également mené un travail important de médiation entre propriétaires et locataires sur des problèmes liés au règlement des loyers ou à la nécessité de travaux relevant de la responsabilité des propriétaires, et une aide a été apportée à quelques propriétaires occupants ou bailleurs sur le montage de dossiers de demande de financement ANAH. En juin 2006, comme l’opérateur commence à rencontrer la limite de son intervention car il risque de manquer bientôt de nouveaux bénéficiaires vu la petitesse du territoire, il espérait pouvoir coordonner son action à celle du plan de sauvegarde qui démarre sur ce même territoire, et dans un premier temps travailler avec l’OPAC, dans les logements que le bailleur social a acquis dans les résidences du quartier. Mais il n’en a pas été décidé ainsi, et fin décembre l’équipe opératrice du CCAS s’interroge sur son avenir, car le nombre de chantiers qui pourraient potentiellement encore être réalisés sur les cités se limite à 20 au total. C. Articulation ANRU / Actions d’autoproduction Lorsque l’intervention d’un plan de sauvegarde a été validée sur cet îlot en janvier 2004, s’est posée la question de son articulation avec l’action « Autoréhabilitation accompagnée », qui était mise en œuvre sur le même territoire depuis plus d’une année. Au moment de sa création nous avons vu que les partenaires de cette action sociale avaient compris la nécessité d’une opération urbaine sur le quartier vu l’état de dégradation de son bâti, et comme cette opération n’allait intervenir qu’après l’ouverture du service Rénove - Toit, ils avaient défini le mode et les limites de l’intervention en autoréhabilitation à mettre en œuvre dans les logements dont l’état d’indécence voire d’insalubrité exigeait des travaux plus lourds en réhabilitation. Mais une fois validés le plan de sauvegarde puis son programme opérationnel, le mode d’articulation entre les deux dispositifs s’est précisé. L’action du CCAS en autoréhabilitation accompagnée semble de mieux en mieux reconnue : Lors des réunions de travail sur l’élaboration du PNRU auxquelles a participé le CCAS, celui-ci n’a cessé de rappeler l’existence de l’action autoréhabilitation sur Rois de Majorque Baléares et son utilité pour accompagner une opération urbaine au niveau social. Il semble avoir été entendu. La DDE aurait même pensé à utiliser cette action comme complément aux travaux de réhabilitation que devraient entreprendre les propriétaires privés. Mais l’administration semblait voir dans l’autoréhabilitation surtout un moyen économique pour les propriétaires privés, car les financements ANAH sur les travaux de réhabilitation sont limités. Car l’idée n’a pas eu de suite, et généralement la DDE, comme le service Ville d’urbanisme opérationnel, montraient plus volontiers l’intérêt qu’ils portaient en priorité aux interventions sur le bâti.

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Néanmoins, et bien que l’action n’ait pas été inscrite dans la convention ANRU et n’ait pas été financée à ce titre, elle figure en bonne place dans la présentation du projet ANRU qui a été faite aux acteurs sociaux et urbains de Perpignan. Ainsi, dans le document « Projet de rénovation urbaine » présenté par la Ville en novembre 2006, une page entière est consacrée au « projet d’auto-réhabilitation des logements des cités Baléares et Rois de Majorque » comme un outil pour « favoriser l’insertion sociale et l’appropriation du logement » (p.20, partie mise en œuvre de la politique de la ville – interventions dans les quartiers). Selon les responsables locaux interrogés, cette inscription est importante, car cette reconnaissance garantit la poursuite de l’action autoréhabilitation et lui garde tout son sens ; et elle aurait également permis de justifier aux financeurs de l’ANRU l’intervention sur ce quartier d’un plan de sauvegarde intégré au PNRU, comme réponse sur le bâti aux besoins de la population et en complémentarité des actions de développement social. Dans la mise en œuvre du plan de sauvegarde, l’articulation entre les deux dispositifs est réelle, mais cela est à nuancer : Car en fait c’est l’action d’autoréhabilitation pourtant préexistante qui a dû s’articuler au projet urbain. Les membres du comité de pilotage de l’action autoréhabilitation souhaitaient encore en novembre 2005 qu’une cohérence soit trouvée et que l’action autoréhabilitation puisse obtenir un financement par le biais du dispositif ANRU, puisque les deux opérations avaient les mêmes financeurs. Finalement l’articulation a été définie puis s’est opérée de la manière suivante : - Sur le parc social Rois de Majorque Baléares acquis par l’OPAC, l’opérateur ARA ne doit pas intervenir : il est demandé clairement à l’équipe CCAS de ne pas interférer, et donc de bien vérifier, avant de proposer un chantier d’autoréhabilitation, si le ou les logements ne sont pas rachetés par la Ville. Pour l’y aider, une liste des logements préemptés établie par le service Ville de gestion immobilière lui a même été communiquée. L’équipe est néanmoins intervenue sur quelques logements sociaux, mais il s’agit de logements occupés par des ménages inscrits sur le dispositif autoréhabilitation avant leur acquisition par le bailleur. Et pour une information réciproque, le bailleur reste membre des comités de pilotage et technique du dispositif. Le retrait demandé à l’équipe CCAS s’explique par le fait que l’OPAC a décidé d’utiliser les logements les logements vides comme une réserve permettant de reloger des familles le temps des travaux de remise en conformité. Dans ce cas de logement transitoire, il n’a pas semblé pertinent de faire des travaux en autoréhabilitation, qui vise une appropriation du logement par ses occupants. Mais l’OPAC n’a pas songé que faire participer les familles, au moins sur des travaux d’embellissement, à la rénovation du logement qu’elles habiteront ensuite, pouvait permettre un meilleur entretien du logement ensuite. Bénéfique pour le bailleur comme pour ses locataires, la possibilité de réaliser des chantiers d’autoréhabilitation sur le parc social de la copropriété aurait du même coup permis à l’équipe CCAS d’élargir son public. - Sur le parc privé de la copropriété dégradée Rois de Majorque Baléares, c’est le cabinet d’étude qui pilote l’opération urbaine et sociale en partenariat avec la direction Ville de l’urbanisme opérationnel, et le dispositif « autoréhabilitation » ne doit pas se substituer à sa mission : ce cabinet d’étude est chargé du suivi et de l’animation du plan de sauvegarde mené sur le quartier dans le cadre d’une MOUS. Sa mission a donc une dimension sociale et, sur le terrain, un échange régulier sur les situations sociales rencontrées semble se faire réellement et réciproquement entre l’intervenant du cabinet d’études chargé de l’accompagnement social et l’équipe CCAS positionnée sur l’action autoréhabilitation. Des réunions mensuelles ont été organisées à cet effet. Mais c’est essentiellement le service CCAS en autoréhabilitation qui apporte sa contribution en terme de connaissance du quartier et de ses habitants. Son rôle est

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de transmettre son expérience du terrain, de renseigner sur les problématiques rencontrées dans les cités des Baléares et Rois de Majorque, de permettre à l’équipe MOUS plan de sauvegarde de rencontrer l’ensemble des partenaires de terrain mobilisés sur l’action, et enfin de faciliter son travail d’accompagnement auprès des propriétaires. De plus, comme les réhabilitations à l’intérieur des logements privés n’ont pas encore démarré, la question de leur couplage avec le dispositif d’autoréhabilitation est restée en suspens. Lorsque le cas se présentera, l’équipe CCAS devrait veiller à intervenir de manière complémentaire aux travaux de réhabilitation que les propriétaires privés occupants ou bailleurs seront fortement incités à engager sur leur patrimoine. Cela signifie-t-il qu’un couplage entre des travaux en autoréhabilitation et en réhabilitation pourra être mis en œuvre en lien avec le propriétaire, lorsque certaines situations de logement le demandent ? Ou bien l’équipe CCAS devra-elle s’abstenir d’intervenir dans les logements qui nécessitent que des travaux soit faits par des entreprises ? La question est donc posée, et en attendant l’équipe CCAS juge seule les travaux qui peuvent être réalisés par les occupants eux-mêmes pour leur garantir un confort minimum, en fonction de l’état de dégradation d’un logement ou du degré d’urgence. Il leur a tout de même été demandé de ne plus intervenir aux derniers étages des résidences privées, où existe un grave problème d’infiltration d’eau. En conclusion il nous semble que, dans la mise en œuvre du plan de sauvegarde des cités Rois de Majorque Baléares, l’enrichissement entre les deux dispositifs est effectif, surtout sur son parc privé, mais l’articulation n’est pas totale car c’est surtout l’action autoréhabilitation qui nourrit le projet urbain. La démarche d’autoproduction devrait se développer sur la ville de Perpignan: Le propos qui suit atténue les réserves émises précédemment sur la reconnaissance réelle du dispositif autoréhabilitation et même de la démarche d’autoproduction accompagnée. Premièrement, il se pourrait que la démarche d’accompagnement à l’autoréhabilitation convainque de plus en plus de responsables sur Perpignan. Cela grâce au constat qu’ils peuvent faire de la réussite de l’action menée depuis plus de trois ans sur les cités Rois de Majorque Baléares, mais peut-être également grâce à sa mise en valeur par l’UNCASS. Cette institution vient à ce titre d’accorder en 2006 son prix de l’innovation sociale au CCAS de Perpignan, comme aux trois autres CCAS engagés sur l’expérimentation nationale « Créer des services d’accompagnement à l’autoréhabilitation » qui s’est déroulée entre 2002 et 2005. Selon le CCAS de Perpignan cela semble avoir ravivé l’intérêt que portaient la Mairie et l’OPAC à l’action menée sur son territoire (voir l’annexe 3). Depuis, le bailleur social aurait le projet de monter en 2007 avec le CCAS une nouvelle action en autoréhabilitation sur son parc de la Cité du Champ de Mars. C’est une cité difficile sur laquelle est déjà mis en oeuvre un chantier d’insertion, mais ce quartier n’est pas sur le périmètre du projet urbain PNRU. Mais d’autres projets pourraient être développés par la suite. Deuxièmement, la Ville a fait inscrire un projet de jardins familiaux au programme PNRU. L’objectif était que ce projet soit en partie financé par l’ANRU en tant que nouvel équipement social, ce qui permet d’apporter une complémentarité aux opérations sur le bâti conformément au souhait affiché par l’ANRU. L’initiative d’inscrire ce projet, puis de mobiliser les acteurs locaux pour qu’il se réalise, semble revenir au service Ville porteur du dispositif urbain PNRU. Cela a été fait dans le souci de répondre aux attentes des habitants. Le chef de projet ANRU affirme le souhait qu’a eu la Ville lors de l’élaboration du projet ANRU que soient pris en compte les besoins des habitants, qui ont pu être repérés par les services sociaux de la Ville (CCAS et direction du développement social). La fiche action annexée à la convention ANRU concernant le projet de jardins familiaux indique ainsi que : « Lors de l’élaboration du diagnostic social sur le quartier du Bas Vernet, les habitants ont exprimé leurs attentes relatives à la possibilité de bénéficier de jardins familiaux ». Ce jardin d’autoproduction doit

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être aménagé sur le quartier Bas Vernet, l’un des secteurs prioritaires du plan local de rénovation urbaine : « Ces jardins seront réalisés en pieds d’immeubles, et la gestion sera assurée par un dispositif associatif…(il est prévu) l’aménagement d’une trentaine de parcelles avec cabanon ». La fiche action mentionne également la demande de financement ANRU, sur l’étude préparatoire au montage du projet et sur son aménagement. Et ce financement a été accordé. Une provision a bien été inscrite au programme pour financer le volet technique de la future action jardin (étude et aménagement), et la participation de la Ville portera sur le foncier qu’elle doit acquérir pour aménager le jardin. C’est la SEM Ville de Perpignan Agglomération qui a été désignée comme maître d’ouvrage délégué sur ce projet, par une convention Ville sur les équipements publics. Elle doit lancer un appel d’offre sur l’étude préparatoire d’aménagement. Mais le service Ville porteur du projet ANRU tient à ce que les habitants du quartier soient associés au montage du projet. C’est une démarche de démocratie participative qui devrait être mise en œuvre pour non seulement faire remonter les besoins des habitants mais aussi les faire formuler explicitement par eux.

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2. VILLE LES MUREAUX, actions d’autoréhabilitation et de jardinage.

La Ville des Mureaux s’est engagée sur une opération de rénovation urbaine dans le cadre du dispositif ANRU. Ce programme, qui démarre fin 2006, sera mis en oeuvre sur les Musiciens et la Vigne Blanche, deux quartiers de la commune sur lesquels sont menées ou projetés des actions d’autoproduction accompagnée. Ainsi, une action en autoréhabilitation est mise en œuvre depuis septembre 2005 sur le parc social de la Vigne Blanche, en partenariat avec le bailleur SCIC Habitat. Et deux jardins sont ouverts aux habitants des Mureaux. Nous présenterons le jardin qui est situé à la limite du quartier des Musiciens. A. Présentation des territoires et des opérations urbaines A1. Quartier de la Vigne Blanche : C’est un quartier d’habitat social situé au sud est des Mureaux à 1,5 km du centre ville. Le parc social compte 942 logements et est géré par un bailleur unique, SCIC Habitat Ile de France. Ce parc connaît un problème important de dégradation du bâti, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des logements. Les dégradations proviennent notamment de la manière d’habiter des occupants des logements en question. Le bailleur rencontre peu de problèmes de paiement des loyers car la population occupante est en partie solvable. Les difficultés se concentrent sur la gestion du bâti et de son adaptation aux publics occupants. Composées de 80% de familles noires pour la plupart polygames, ou de primo-arrivants, les populations habitent des logements de 40 ou 60 m2 de fait inadaptés. La dégradation des logements est accélérée par leur type d’occupation par rapport à un temps de vétusté considéré comme « normal », car deux problèmes se cumulent : celui d’occupation très importante des espaces, voire de sur-occupation, et celui de méconnaissance dans l’utilisation de logements à l’occidentale. Dans le même temps, les publics visés représentent une clientèle captive, par nécessité ou par attachement au quartier. L’opération ANRU : Dans le cadre du projet ANRU décidée sur la Vigne Blanche, l’opération de relogement a démarré. Le dispositif de relogement est portée par la Ville et mis en œuvre par ses services et le bailleur, conformément à la charte de relogement qu’ils ont signée en octobre 2006. La première tranche de relogement concerne 120 familles. Un diagnostic social a été réalisé dans le cadre d’une MOUS, le bailleur SCIC assure l’information et l’accompagnement des habitants sur leur relogement. Mais un certain nombre d’opérations urbaines avaient été décidées et réalisées avant le projet ANRU, puis intégrée pour la dernière. En effet, une opération de démolition avait déjà eu lieu en 1993 puis, suite à l’acquisition du parc Vigne Blanche par SCIC Habitat en janvier 2003 (il appartenait auparavant à la SCI Vigne Blanche Icade), il a été décidé début 2004 entre la Ville et le nouveau bailleur une opération de démolition sur un secteur occupé par des familles noires polygames. L’opération a été réalisée sur 5 immeubles R+4 de 152 logements au total, dont 65 étaient occupés. Puis de nouvelles décisions de démolition ont été prises, et concernaient 218 logements, puis 86 supplémentaires. Donc 456 logements seront démolis au total. Ce sont les bâtiments hauts qui sont surtout concernés, dont les tours Molière et Corneille et trois autres bâtiments hauts, et quelques bâtiments R+4. Dans ces immeubles

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38% des logements étaient vacants, et 271 ménages devaient être relogés. La décision a été validée par l’Etat en septembre 2005 et, comme le dispositif ANRU avait entre temps été élaboré, le nouveau projet de démolition y a été inclus. Parallèlement à la démolition des 456 logements du parc SCIC qui en comptait 942, le projet urbain prévoit des opérations de réhabilitation ou de résidentialisation pour les 486 logements qui ne seront pas démolis. En attendant, ils sont utilisés pour le relogement. Est prévue par ailleurs la construction de 220 logements sur un programme qui doit s’étaler jusqu’à 2010. Un des objectifs visés par le projet est de favoriser une plus grande mixité sociale grâce à une offre variée de logements. Réhabilités ou neufs, ils sont destinés au locatif social ou au locatif privé (qui sera confié à l’association foncière) ou encore à l’accession à la propriété. Enfin le bailleur qui était propriétaire de l’ensemble du secteur, bâtiments et voies de passage, va rétrocéder à la Ville les rues et quelques terrains, et un grand jardin public va être aménagé sur le quartier. Pour organiser la coordination et la gestion des projets urbains du dispositif ANRU sur les quartiers concernés, un groupe inter bailleurs s’est constitué sur la ville. A2. Quartier les Musiciens : Il ne nous a pas été possible de réunir des informations précises, mais à notre connaissance le quartier des Musiciens est composé de résidences collectives du parc social dégradées, et occupées par une population fragilisée. L’un des bailleurs est la société ANTIN (elle fait partie du groupe Arcade et a un parc de 300 logements environ sur les Mureaux. Ce quartier fait donc partie du périmètre ANRU et sur ce territoire, le programme de rénovation démarre en décembre 2006 avec une première opération de démolition. B. Présentation des actions d’autoproduction accompagnée B1. L’expérience autoréhabilitation Vigne Blanche Une action créée à l’initiative du bailleur, mais avec la Ville comme maître d’ouvrage : Nous avons déjà mentionné que le bailleur SCIC Habitat Ile de France avait programmé sur l’année 2004 une opération de réhabilitation sur le parc du quartier de la Vigne Blanche qu’il avait depuis peu acquis. Mais de plus, il a souhaité dès cette période de coupler l’opération avec une action d’autoréhabilitation. Par la connaissance qu’il avait eue d’une première expérience que la Ville portait avec l’opérateur ACIF sur les copropriétés dégradées du quartier Grand Ouest des Mureaux, le bailleur était convaincu que l’autoréhabilitation accompagnée pouvait contribuer à mieux garantir la pérennité de son intervention de réhabilitation, en favorisant une plus grande appropriation et responsabilisation des locataires dans la gestion de leur habitat. Car pour lui il était clair que la cause principale de dégradation de son parc provenait du mode inadapté d’occupation, comme nous l’avons développé précédemment. L’intention du bailleur social n’était en aucun cas de se défausser de ses propres responsabilités sur l’entretien de son patrimoine. Bien au contraire, il souhaitait trouver des solutions qui permettraient à chacun, bailleurs et locataires, de mieux assumer les siennes. Dans ce but, il souhaitait assurer de bonnes conditions de maintien des ménages locataires dans leur habitat, mais aussi leur apprendre à l’habiter de manière plus adaptée. En voulant associer les habitants, le bailleur adoptait une démarche qui était en rupture avec la pratique installée par l’ancien bailleur qui consistait à mener des travaux locatifs qui ne lui revenaient pas pour « acheter la paix sociale » et qui transformait ainsi ses locataires en assistés. Il voulait une clarification des responsabilités : c’est à lui, bailleur, à prendre en charge la réhabilitation des espaces communs et, à l’intérieur des logements, des travaux

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lourds relevant du clos, du couvert et de la sécurité. Mais il revient au locataire à assumer l’entretien de son logement conformément aux charges locatives lui incombant. C’est ainsi que SCIC Habitat prend contact début 2004 avec la municipalité des Mureaux pour échanger, à partir de ces règles et de ces objectifs, sur la faisabilité d’une telle opération sur le parc social de la Vigne Blanche. L’échange a été fructueux car il a été suivi par l’élaboration d’une convention bipartite entre la Ville et le bailleur. Puis la Ville en tant que maître d’ouvrage monte le projet sur les années 2004 et 2005 en partenariat avec le bailleur et d’autres acteurs locaux. Au final, un nouveau service est ouvert en septembre 2005 sur la Vigne Blanche et l’ACIF, choisi comme opérateur, a étendu son intervention du parc privé sur le Grand Ouest à ce quartier d’habitat social. Il est également décidé que l’action serait menée dans les logements occupés du parc social qui ne seront pas démolis dans le cadre de l’opération de rénovation ANRU, et dans ceux qui le seront dans plusieurs années. Les chantiers d’autoréhabilitation pourraient donc être réalisés dans les 486 logements des 11 bâtiments du parc conservé et d’autres, ce qui concerne au total une bonne partie du parc SCIC Habitat . Une démarche qui donne des résultats très positifs: Maître d’ouvrage, la Ville et à présent son CCAS assure la recherche des financements nécessaires au fonctionnement de l’action, en lien avec ses partenaires financiers institutionnels. En contre partie, l’opérateur prestataire ACIF est tenu d’apporter un accompagnement social et technique à la réalisation d’une quinzaine de chantiers par an et d’animer des ateliers d’apprentissage technique et des réunions thématiques. Le mode de chantier choisi est collectif : une entraide est organisée pour réaliser les chantiers, de telle sorte qu’un ménage participant sera aidé par sa famille, ou des voisins ou amis, et en retour il participera à la réalisation du chantier d’un ou plusieurs autres ménages. Les travaux d’autoréhabilitation sont légers, ne portant que sur de petites réparations ou (et) sur des travaux d’embellissement intérieur ; ils fournissent dans le même temps le support d’une sensibilisation à l’hygiène et à une bonne utilisation des équipements dans le logement. L’accompagnement des familles est porté par une équipe de trois personnes : un animateur technique à temps plein sur l’animation des chantiers et des ateliers ; un travailleur social à mi-temps sur le suivi social en partenariat avec les acteurs et travailleurs sociaux intervenant sur le quartier ; la cohérence dans la mise en œuvre de l’action et son articulation aux autres actions d’autoproduction portées par l’ACIF est assurée par une coordinatrice sociale. Après un an de fonctionnement, le bilan de l’action s’avère positif. D’abord 17 chantiers ont été réalisés depuis l’ouverture du service. Mais le CCAS et ses partenaires se montrent également satisfaits à un niveau plus qualitatif, et le bailleur social dit clairement que l’action est une vraie réussite. On peut notamment constater: - une bonne appropriation du dispositif par les habitants : le nombre de demandes est important (2 mois de délai de réponse) et pour les ménages participants, le degré de participation à leur chantier est fort ; tous les membres d’une famille, parents et enfants, et de son réseau (amis, voisinage et famille élargie) peuvent être sollicités. Le principe de solidarité et d’entraide a été intégré par les bénéficiaires ; - une implication réelle et durable des services sociaux ; - la forte implication du bailleur dans la mise en œuvre de l’action : on a vu que SCIC Habitat fait partie intégrante du partenariat de l’action autoréhabilitation menée sur son parc. Non seulement c’est ce bailleur qui a été à l’initiative du projet, puis a participé à son montage, mais il continue d’être pleinement partenaire depuis la mise en œuvre de l’action : il y participe financièrement à hauteur d’1/5 du budget de fonctionnement de l’action (23 000€ sur 123 000€), il est membre des comités de pilotage et de suivi technique qui ont été formés ; il

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participe aux visites qui sont organisées au domicile des locataires bénéficiaires avant leur entrée sur le dispositif (procédure mise en place : évaluation technique préalable faite par l’animateur technique ACIF, qui sollicite le bailleur sur les besoins en travaux relevant du bailleur qu’il pourra constater); il est invité à la visite dite « de courtoisie » qui a lieu une fois le chantier réalisé et qui permet de le valoriser. En outre il s’est associé à un programme de décohabitation des jeunes majeurs. Selon l’opérateur, ce partenariat étroit aide à mieux clarifier les responsabilités qui incombent à chacun, bailleur et locataire. A ces motifs de satisfaction nous pouvons ajouter que l’action continue d’essaimer: d’autres bailleurs sociaux de la commune semblent souhaiter que la démarche soit initiée sur leurs parcs respectifs afin de rénover les logements occupés avec leurs habitants, même si les négociations sur ces projets entre eux et la Ville n’en sont qu’aux prémisses. L’un des bailleurs a eu connaissance de la démarche autoréhabilitation accompagnée et de son intérêt par SCIC Habitat...

B2. Le jardin des Musiciens La Ville a aménagé deux jardins sur des zones hors périmètre ANRU qui peuvent bénéficier à tous les habitants de la commune, donc aussi à ceux des quartiers de rénovation urbaine la Vigne Blanche et les Musiciens. D’autant que l’un des jardins est situé à la limite du quartier des Musiciens. L’autre se trouve sur les bords de la Seine. Les localisations des jardins sont choisies expressément par la Ville pour favoriser la mixité sociale entre les populations. Ce sont des jardins mixtes, regroupant jardin familial avec parcelles individuelles et quelques parcelles collectives destinées aux actions d’insertion ou pédagogique. Animés tous deux par l’ACIF, ces jardins sont en fonctionnement mais nous parlerons principalement du jardin des Musiciens. Historique du jardin des Musiciens: l’initiative était portée au départ par le maire adjoint en charge du Développement. L’aménagement du jardin date de 2003 et il a été inauguré courant 2004. 42 parcelles avaient été ouvertes alors : 40 parcelles individuelles pour les habitants jardiniers, et deux parcelles collectives, l’une pour un jardin pédagogique et l’autre pour un jardin d’insertion. Dès l’ouverture du jardin une association des jardiniers a été constituée, dans le but de les responsabiliser sur le jardin familial. Le jardin d’insertion a été mis à la disposition des divers acteurs du territoire comme le plie ou le centre social de quartier, et le jardin pédagogique devait être utilisé par plusieurs écoles. L’ensemble était financé en fonctionnement par la Ville et par le Conseil général (sur la seule parcelle insertion). Après le démarrage de l’action, la Ville a passé convention avec l’association Mode d’emploi qui s’est vu chargée de l’animer ; l’association devait également régler certaines difficultés dans la gestion du jardin sur ces différentes parcelles. Courant 2005, au bout de deux ans de fonctionnement, le constat est fait que le jardin d’insertion a trop faiblement été utilisé par manque d’acteurs capables de faire vivre l’outil, et que Mode d’emploi n’a pas réussi à cadrer l’action. Par contre l’action est une réussite sur le volet jardins familiaux. La Ville décide alors de développer le jardin, et pour ce faire elle procède à divers changements : elle ouvre une consultation pour rechercher un nouvel opérateur, et dans le même temps un nouveau lot de parcelles est aménagé. Et en avril 2006 c’est l’ACIF qui est désignée comme opérateur sur le jardin des Musiciens, (ainsi que sur le nouveau jardin qui a été aménagé sur les bords de Seine).

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La démarche : au travers des jardins, l’objectif que poursuit le maître d’ouvrage, la Ville des Mureaux et sa direction des services techniques, est le suivant : proposer aux habitants une action où ils produisent quelque chose par eux-mêmes et se rencontrent pour favoriser leur autonomie et leur insertion, leur permettre de mieux s’approprier leur cadre de vie, pour les sensibiliser à la démarche de développement durable promue par la ville (respect de soi, santé, respect de l’environnement et du cadre de vie), et enfin pour contribuer à la cohésion sociale par une mixité sur les jardins entre les habitants des différents quartiers. L’action jardin est portée par le maire adjoint en charge des espaces verts, urbanisme, environnement et agenda 21. Au niveau technique ce sont les services techniques qui sont référents, principalement le chef de projet en charge du volet cadre de vie, environnement et développement durable. Ce professionnel exerce sa mission sur l’animation des dispositifs GUP et Agenda 21 de manière transversale au sein de son service. L’action jardin relève des deux dispositifs. Un agent de maîtrise des services techniques l’aide sur l’aménagement technique des jardins. L’animation du jardin est partagée entre l’association des jardiniers et l’opérateur ACIF. Deux, et bientôt trois salariés de l’ACIF s’occupent d’animer les deux jardins. Ils sont également chargés de l’entretien des parcelles communes et développent au fur et à mesure le projet social, pédagogique et environnemental. Ainsi, les centres de loisirs et une cinquantaine de classes d’enfants 8-12 ans ont été reçus sur le jardin pédagogique. La conception du jardin est proche de celle d’une ferme pédagogique : il y a déjà des animaux, il est prévu d’installer un rucher sur celui des Musiciens (il y a des lapins sur le jardin des bords de Seine). Un projet d’ouverture aux publics âgés est en cours de réflexion. Enfin, une démarche de jardinage biologique, en ce qui concerne l’utilisation de l’eau ou de produits non toxiques par exemple, est mise en oeuvre sur tous les jardins de la ville. L’ACIF n’intervient pas dans la vie associative des jardiniers, ces derniers étant fortement responsabilisés, mais elle veille à son bon fonctionnement et au respect du règlement qui a été défini. En cas de conflit, c’est le comité de pilotage c'est-à-dire l’organe politique qui le règle. Par exemple en cas de mauvais entretien d’une parcelle par un jardinier, c’est le comité de pilotage qui pourra décider de lui retirer l’usage de la parcelle. Quant à la gestion des attributions des parcelles, les demandes sont faites et centralisées auprès du porteur technique Ville. Un examen politique est fait sur les candidatures, et c’est l’élu espaces verts qui décide de l’inscription, après rencontre de chacun des demandeurs individuellement. Aucun critère social n’est pris en compte dans le souci de favoriser une mixité entre les jardiniers. Le critère essentiel d’attribution est l’engagement du futur jardinier à assurer une réelle présence sur la parcelle qui lui sera attribuée. Bilan : le jardin des Musiciens termine sa troisième année d’exercice. On constate depuis son ouverture en 2004 une rotation des jardiniers d’environ 50%, mais il semble bien fonctionner et les financeurs sont satisfaits des résultats. On rencontre de fait sur les jardins des habitants de tous les quartiers et de niveau social différent, cela va du rmiste au cadre moyen. La principale difficulté peut résider dans l’implication réelle de certains jardiniers. Etant donné la réussite des premiers jardins aménagés sur les Mureaux, et le nombre de demandes des habitants d’obtenir une parcelle, la Ville ou certains bailleurs sociaux ont dans l’idée de créer de nouveaux jardins dans les années à venir. Ainsi il pourrait sortir de terre sur les Mureaux un jardin périphérique sur un espace public traversant tous les quartiers sud de la ville qui vont être transformés par la rénovation urbaine. Pour établir une liaison entre les quartiers, ce jardin irait des Musiciens à la Vigne Blanche.

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C. Articulation ANRU / Actions d’autoproduction La démarche d’autoproduction relève de politique sociale de droit commun, et de l’action environnementale au niveau de la Municipalité: Le nombre des actions en autoproduction existantes ou futures sur la commune des Mureaux amène à penser que la Municipalité a la volonté d’accorder une place importante dans sa politique à la participation des habitants à la transformation de leur cadre de vie. Et qu’elle considère la démarche d’autoproduction comme un bon outil pour faire vivre cette dimension. Pour preuve le passage qui est en train de s’opérer de l’expérimental au droit commun. En effet, c’est le CCAS qui depuis peu porte les actions d’autoréhabilitation et non plus la direction municipale Mission Ville et Habitat. Confier ce portage au CCAS a semblé logique, dans la mesure où la Mission Ville a accompli son rôle, qui consiste à porter les nouveaux projets de développement social, après que la démarche d’autoréhabilitation a été rôdée sur le parc privé puis social de la commune. La démarche relève donc à présent de la politique sociale de droit commun de la Ville qui est mise en œuvre par son CCAS. Et, vu la multiplication probable des projets dans ce domaine, le CCAS devrait porter le dispositif autoréhabilitation de manière globale et non plus par quartier à partir de 2007. Concernant les projets jardins développés sur la commune il en est de même : c’est le service technique municipal cadre de vie environnement qui est chargé de les porter, avec la volonté qu’ils favorisent la participation des habitants et une plus grande mixité sociale entre tous, de quelque quartier qu’ils proviennent. D’où ce nouveau projet qu’aurait la Ville, après avoir aménagé des jardins ouverts à tous, de créer un jardin qui traverserait plusieurs quartiers concernés par le projet ANRU pour établir une liaison entre eux. La démarche d’autoproduction est de plus en plus intégrée à la politique de développement social des bailleurs : Non seulement la Ville a intégré l’outil autoproduction à sa politique mais les bailleurs sociaux présents sur la commune semblent particulièrement sensibilisés à la démarche. Le premier à s’y être engagé, avec succès, est SCIC Habitat Ile de France avec l’action autoréhabilitation menée sur son parc de la Vigne Blanche. A ce propos, il est intéressant de souligner que c’est lui, bailleur social, qui est à l’initiative de la mise en place de l’action. Cela montre qu’il existe des bailleurs qui ont compris que cet outil social permet d’accompagner une opération sur le bâti et de mieux garantir sa pérennisation. La multiplication actuelle des sollicitations que font d’autres bailleurs sociaux auprès de la Mairie semblerait le montrer. Deux d’entre eux souhaiteraient que soit montée une action d’autoréhabilitation sur leur parc social respectif, et un troisième a l’idée de créer un jardin familial dans le cadre d’une opération de résidentialisation sur le quartier des Musiciens. Cela essaime sur les Mureaux, et plus loin encore car les bailleurs sociaux des Mureaux commenceraient même à faire des émules auprès d’autres bailleurs d’Ile de France. La démarche d’autoproduction nourrit le projet urbain, sans qu’il y ait de réflexion globale sur l’urbain et le social, pour le moment : Ainsi, l’action autoréhabilitation sur la Vigne Blanche n’est pas inscrite dans le projet urbain ANRU. Elle a totalement été montée en dehors de ce projet, avec comme seuls partenaires locaux la Ville et le bailleur SCIC, exceptés les acteurs sociaux. Le bailleur avait demandé à la Ville de présenter la démarche aux autres bailleurs pour engager une réflexion commune, mais cela ne s’est pas fait. Et la Ville n’aurait pas exprimé le souhait que l’action soit intégrée à la convention ANRU, lors l’élaboration de celle-ci. Cela alors que c’est la même direction municipale, la Mission Ville et Habitat, qui pilotait les deux dispositifs, urbain ANRU et politique ville, et que le CUCS (contrat urbain de cohésion sociale) intégrera le dispositif

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social autoréhabilitation en tant qu’action phare de la Ville et le financera à ce titre. L’omission est peut être due au fait que le dispositif autoréhabilitation Vigne Blanche a été décidé avant l’élaboration du projet de renouvellement urbain dispositif ANRU, et a été au départ surveillé de près par la Mairie, pour que le couplage entre les opérations de réhabilitation et d’autoréhabilitation ne soit pas l’occasion pour le bailleur social de faire financer la première par la seconde. Pourtant les actions d’autoproduction sont inscrites dans les conventions GUP que les bailleurs ont signées avec l’Etat et la Ville (action autoréhabilitation / bailleur SCIC sur la Vigne Blanche, action jardin / bailleur OPIEVOY). Un bailleur a intérêt à conclure un contrat GUP car cela lui permet une exonération de 30% sur la taxe foncière, et en plus c’est un préalable obligatoire à l’obtention d’un financement ANRU sur les opérations urbaines décidées. Mais les bailleurs ont inscrits les actions d’autoproduction menées sur leurs parcs, en tant qu’outil pour accompagner les opérations urbaines qu’ils mènent ; elles permettent donc de décliner leur politique de gestion urbaine de proximité dispositif GUP. En définitive on peut dire qu’il est en train de s’opérer sur les Mureaux une articulation entre les actions sociales de type autoproduction et les opérations urbaines du dispositif ANRU, qui sont mises en œuvre sur la commune. Mais l’articulation n’est pas encore formalisée. S’il n’y a pas de cloisonnement strict entre les dispositifs sociaux et urbains le lien s’opère surtout à l’occasion de leur mise en œuvre, et non dans la définition des politiques. Il y a bien un mouvement entre les deux mais à sens unique, qui se fait par l’inclusion des actions d’autoproduction dans les opérations urbaines, qui viennent ainsi alimenter le projet ANRU. Certains acteurs locaux pensent qu’il est dommage que l’articulation entre urbain et social ne soit pas clairement formalisée, par l’inscription des actions d’autoproduction dans la convention ANRU. Selon eux c’est dû aussi au fait que personne n’a songé à la pertinence d’une articulation entre les deux dispositifs lors de la conception du projet urbain. Les acteurs en charge des actions d’autoproduction étaient plus dans une démarche de développement social et de gestion urbaine quotidienne. De leur côté les techniciens du bureau d’étude en charge de la conception du projet urbain étaient des professionnels éloignés du terrain des Mureaux, et ces derniers, tout comme les partenaires des services des collectivités locales et de l’Etat concernés, raisonnaient principalement en terme d’urbanisme. Avant que l’intégration du volet social soit pleinement prise en compte dans un projet urbain dès sa conception, il faudra sans doute un peu de temps.

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3. VILLE de Tours, action d’autoréhabilitation.

L’agglomération de Tours a signé en novembre 2004 une convention de rénovation urbaine ANRU qui concerne Tours et deux autres communes de l’intercommunalité, soit cinq quartiers au total et 30 000 habitants. Parmi les deux secteurs visés sur Tours, nous nous intéresserons au quartier le Sanitas car un service d’autoréhabilitation du logement devrait être ouvert à ses habitants en 2007. A. Présentation du quartier et de l’opération urbaine. Sanitas est un quartier d’habitat social situé à proximité du centre de Tours, et géré par un seul bailleur, l’OPAC de Tours. La qualité du bâti des bâtiments serait bonne mais selon un acteur social, les logements sont à l’intérieur dans un état très dégradé et ils seraient à rénover entièrement. Cela pourrait provenir du fait que dans ce parc ancien la rotation est faible et il y a donc eu peu d’occasions d’entreprendre des travaux de rénovation intérieure. Les habitants du quartier sont pour beaucoup des ménages en difficulté qui occupent leur logement depuis longtemps, souvent par nécessité. Un travail éducatif sur la manière d’habiter pourrait aussi les aider à mieux entretenir leur logement ; un problème important d’hygiène a pu être constaté. Mais au-delà des besoins en toilettage ou autres travaux du fait de la négligence des locataires, les fenêtres comme les robinetteries seraient aussi à changer. Opération ANRU sur le Sanitas : comme la situation géographique du quartier est centrale et que le bâti est en assez bon état, la transformation urbaine porte peu sur des opérations sur le bâti pour se concentrer sur d’autres moyens visant à augmenter l’attractivité et l’ouverture du quartier sur la ville et l’agglomération. Ainsi le nombre de démolition de logements sociaux est faible, mais bien qu’intégrale la reconstruction ne sera pas réalisée sur Sanitas en totalité : dans un objectif de mixer les populations et de répartir l’offre de logement social au niveau de l’agglomération, sur les 126 logements de Sanitas démolis, seuls 20% seront reconstruits sur le site, 60% sur la ville et 20% sur le reste de l’agglomération. Par ailleurs aucune opération de réhabilitation n’est prévue sur le quartier ; c’est la résidentialisation qui a été choisie. Les opérations de reconstruction sont déjà engagées. Pour créer un lieu d’échanges à la place d’une barre qui a été démolie, un espace public doit être aménagé. B. Présentation de l’action d’autoréhabilitation accompagnée. L’action d’autoréhabilitation devrait être opérationnelle dès 2007, d’abord de manière expérimentale sur une période de six mois. Régie Plus, régie de quartier sur le quartier Sanitas en est le porteur et l’opérateur et l’action visera les locataires des immeubles de l’OPAC. Le porteur et opérateur régie de quartier : Régie Plus qui existe depuis 1990 a connu par le passé des périodes de turbulence, mais en 2005 la régie s’est consolidée en absorbant une association de chantiers d’insertion. Structure importante aujourd’hui, elle continue de se développer.

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Le montage du projet : c’est le service DSU de la Ville qui a incité la régie à monter ce projet. Un premier projet d’animation en lien avec le centre social de Sanitas avait été déposé par les Compagnons Bâtisseurs de Tours deux ans auparavant, mais il fut sans suite. Aussi, soutenant une autre action en autoréhabilitation menée avec succès par l’association des centres sociaux Giraudeau et Bastié sur ces autres quartiers de Tours, le service DSU a souhaité que l’expérience essaime sur Sanitas. Il avait aussi connaissance qu’un reliquat sur l’année 2006 de financement Etat politique de la ville était disponible. Enfin la directrice de Régie Plus avait elle-même une expérience en matière d’autoréhabilitation, ayant déjà monté un projet dans une autre régie. Pour toutes ces raisons, la chef de projet DSU a sollicité la Régie Plus, et cette dernière a accepté de répondre à sa demande. Les objectifs : l’objectif poursuivi par la régie est d’ordre éducatif et non d’animation pour un renforcement du lien social comme le proposaient les Compagnons Bâtisseurs de Tours. Vu la dégradation à l’intérieur des logements, du fait des habitants en grande partie, il lui semble prioritaire de leur apprendre à mieux les entretenir. Et les habitants attendent qu’on les aide réellement et ont besoin de s’approprier leur logement. Par ailleurs la régie a souhaité démarrer par un projet modeste pour mieux garantir sa réussite, ce qui pourra faciliter l’engagement des financeurs potentiels. Ceux-ci souhaitent que les problèmes sociaux du quartier se résorbent et déplorent le manque de participation de ses habitants. Favoriser cette participation est donc un enjeu important à leurs yeux, et si des solutions sont proposées et qu’elles marchent, ils pourraient se montrer intéressés. La directrice de régie est persuadée qu’« il faut d’abord leur montrer qu’on peut faire» quelque chose et mettre en valeur les premiers résultats de l’action pour les convaincre de son bien fondé. Le partenariat et les moyens : pour le moment seul l’Etat accorde un financement sur fonds politique ville, et seulement de 5000 €. La Ville ne donnera pas de financement sur cette action car des crédits sont déjà versés à l’opérateur en autoréhabilitation de Bastié ; par contre la Ville participe à l’action par le biais des médiateurs de quartier qui dépendent du service DSU ville. Régie Plus a travaillé en concertation avec cette équipe municipale lors du montage du projet, et c’est elle qui servira de relais auprès des habitants du quartier pour les informer et les orienter vers l’action autoréhabilitation. Mais la Ville pourrait peut-être s’engager financièrement une fois l’action lancée, et la régie compte sur le soutien de son président qui est Premier Adjoint de la Ville. Egalement sollicité, le bailleur OPAC n’a pas encore donné sa réponse. Un gros de travail de sensibilisation reste à faire auprès de celui-ci jusqu’à ce qu’il comprenne l’intérêt de la démarche. Le bailleur est naturellement informé de l’action qui va démarrer sur son parc, mais le partenariat s’arrête là. Les deux acteurs se connaissent pourtant bien, pour avoir déjà travaillé ensemble sur d’autres actions d’insertion (la régie a d’ailleurs monté avec le bailleur une action de chantier d’insertion sur le quartier Sanitas, qui devrait démarrer prochainement dans le cadre de l’opération ANRU). Régie Plus souhaiterait même à terme arriver à coupler les travaux en autoréhabilitation et ceux effectués par des entreprises. Pour le moment Régie Plus reste prudente et fera en sorte que l’action réponde à la fois aux demandes des habitants et de l’OPAC. L’OPAC pourrait aussi se montrer dubitatif du fait d’une expérience passée en partenariat avec les Compagnons Bâtisseurs qui avait été négative. Par la suite un financement sur le fonctionnement de l’action pourrait également être demandé à la CAF ou la MSA. Le personnel que la régie compte affecter à cette action sera donc rémunéré sur fonds propres, sur sa ligne budgétaire volet accompagnement abondée par la Ville et le Conseil général. L’opérateur Régie prévoit un encadrant technique à ½ TP sur l’animation de l’action. Le médiateur du lien social ainsi que les conseillers en insertion, tous salariés de la Régie,

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consacreront également une partie de leur temps à l’action, selon les besoins. Pour amener les habitants vers l’action, la Régie s’appuiera sur l’équipe municipale des médiateurs de quartier, et compte aussi solliciter les gardiens d’immeuble. Une réunion publique et la réalisation de supports de communication (affiches) sont aussi prévues. Démarche : pour les raisons évoquées plus haut, le choix du mode de chantier de Régie Plus est individuel. Faire participer des familles du quartier au dispositif lui semble être un bon moyen pour toucher les personnes les plus isolées, celles qui vivent repliées sur leur sphère privée et n’utilisent pas les structures de proximité, comme la régie ou d’autres lieux. Selon la régie, entrer dans leur espace privé à l’intérieur de leur logement, leur apprendre les gestes techniques et faire avec elles un chantier permettra d’établir un lien de confiance fort, pour ensuite les inciter à sortir de chez elles et à s’ouvrir sur l’extérieur. Le choix de la démarche repose sur l’idée suivante : c’est en partant de la sphère privée des gens et en la consolidant qu’on peut les aider à mieux s’insérer socialement, dans un mouvement qui va de l’intérieur vers l’extérieur. Non l’inverse, qui consiste à penser que s’entraider et multiplier des liens sociaux en participant à un chantier collectif aide dans tous les cas les personnes à se renforcer individuellement. Un des problèmes les plus aigus sur le quartier est celui de l’emploi mais pour travailler le projet social et professionnel d’une personne, il est important de travailler d’abord sur son identité, sa reconnaissance. Quant au niveau de participation qui sera demandé aux ménages participants, l’opérateur régie souhaite qu’ils participent à leur chantier de sa conception à sa réalisation en fonction de leurs capacités, et au minimum les ménages s’occuperont des matériaux nécessaires à leur chantier, de leur choix et de leur achat. C. Articulation ANRU / Action d’autoréhabilitation le Sanistas Cette action de développement social n’est aucunement prise en compte dans l’opération urbaine. Pourtant montée en lien avec le service DSU et, dans une moindre mesure avec le bailleur, soit deux partenaires qui devraient être également impliqués par le projet urbain ANRU, c’est comme si le discours techniciste sur l’urbain primait sur toute autre approche. La logique de pensée qui a sous-tendu le travail d’élaboration du projet de transformation urbaine aurait plutôt été celle de « la table rase ». L’idée était que transformer le paysage urbain, et modifier en partie la composante sociale de la population du quartier, règlerait d’un coup tous les problèmes du quartier. Les personnes, leurs besoins et leurs demandes n’auraient guère été pris en compte. D’ailleurs la consultation des habitants sur le projet urbain n’a pas été réelle. Même les entreprises prestataires sur le projet semblent renâcler à embaucher des habitants du quartier, car elles les imaginent a priori incompétents et ingérables ; elles le feraient parce que le contrat de prestation les y oblige. La régie ressent aussi leur réticence dans leurs relations de travail ; aussi, pour faciliter le partenariat, la régie a embauché un conducteur de travaux : partageant les mêmes codes professionnels que les techniciens des entreprises professionnelles, il pourra plus facilement travailler avec eux. La régie et le service DSU de la municipalité seront sans doute les acteurs qui feront évoluer les mentalités vers une plus grande prise en compte de la dimension sociale des interventions urbaines. Et l’action autoréhabilitation pourrait alors être un de leurs outils, une fois la preuve apportée de l’efficacité de la démarche en terme de mobilisation et de participation des populations fragilisées de la commune. On se rappelle que ces questions représentent des enjeux importants pour certains des responsables locaux.

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4. VILLE de TOULOUSE, actions de jardinage.

La Ville de Toulouse porte des actions "jardins" dont les jardins familiaux Gironis et le futur jardin mixte Monlong (familial, collectif et environnemental). Ces jardins sont situés aux limites de quartiers sud de Toulouse qui sont en continuité géographique et classés zones prioritaires du projet local ANRU, à savoir le quartier la Faourette pour le jardin Gironis et le Mirail (Reynerie et Bellefontaine) pour le jardin Monlong. Les conventions ANRU des projets urbains définis sur ces deux territoires seront signées fin 2006.

A. Présentation des territoires et des opérations urbaines Toulouse signera trois conventions ANRU fin 2006: l’une concerne le quartier Empalot isolé, et les deux autres les territoires retenus pour notre analyse, à savoir la convention ANRU le Mirail et un avenant à la première convention ANRU qui avait été conclue en octobre 2004 pour les secteurs Bagatelle et la Faourette. L’ensemble du projet urbain fait suite au GPV qui intervient sur un périmètre plus large et englobe celui de l’ANRU.

A1. Le quartier la Faourette et son projet urbain : Ce quartier compte 4145 habitants. Du point de vue habitat il est composé de bâtiments collectifs publics ou privés à part égale et de quelques copropriétés privées. Cette répartition avait favorisé une réelle mixité sociale, mais qui s’est dégradée au fur et à mesure. Occupé par des Français de souche au moment de sa construction dans les années 1960, le quartier a accueilli progressivement des populations en difficulté. Elles sont mélangées au niveau ethnique, car à côté d’une communauté maghrébine forte, on rencontre des familles françaises ou venues d’Europe du Sud, d’Asie et d’Afrique noire. La Faourette a pu déjà bénéficier, dans le cadre du GPV puis du programme ANRU, d’opérations urbaines importantes sur le logement (démolition - reconstruction et réhabilitation) et de création d’ouvrages publics (un centre culturel, un gymnase). Le programme ANRU à venir est donc limité, et en matière d’habitat il consistera essentiellement à consolider les améliorations déjà obtenues. Cependant, en dépit de cette amélioration apportée au cadre de vie, les populations de la Faourette restent en grande difficulté : 45% des habitants du quartier vivent sous le seuil de pauvreté, et 36% de la population active, dont beaucoup de jeunes, est sans emploi. A2. Le quartier le Mirail : Le Mirail regroupe deux quartiers, Reynerie et Bellefontaine : au moment de sa construction, ce quartier était destiné à accueillir des classes moyennes ou supérieures. Mais au fur et à mesure les constructions se sont dégradées, l’insécurité a augmenté et les populations ont changé. Aujourd’hui les populations présentes sur le quartier sont celles qui n’ont pas pu en partir, mais beaucoup souhaitent y rester à condition que leurs conditions et cadre de vie soient améliorés. Ils attendent donc beaucoup du projet de rénovation urbaine. Les deux quartiers qui composent le Mirail sont différents du point de vue habitat et population, et Bellefontaine connaîtrait moins de problèmes que Reynerie. Ce dernier est un quartier d’habitat social constitué d’immeubles de 11 à 13 étages occupés par une population originaire du Maghreb en majorité. Bellefontaine est un quartier de petites copropriétés privées, ou partagées entre des propriétaires privés et des bailleurs sociaux. Constituées d’immeubles de quatre ou cinq étages ou de petites villas (sur le seul parc privé), ces copropriétés sont louées ou occupées par leurs propriétaires. Française ou originaires de toute l’Afrique, les populations qui y habitent sont mélangées.

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Le projet ANRU : outre la dégradation de son bâti, le Mirail a la particularité d’avoir une emprise publique très forte, en partie occupé par un lac et un parc. Il est aussi sillonné de voies piétonnes, dont les noms sont mal indiqués, et il est ceinturé par un grand boulevard de 2x 2 voies. Aussi on y circule mal et le quartier est comme fermé au reste de la ville. Pour transformer cet environnement, ouvrir le quartier sur la ville et renforcer son identité, le projet urbain prévoit d’aménager une voie de circulation qui traversera Reynerie et Bellefontaine jusqu’à Bagatelle, d’améliorer la signalétique des rues, de requalifier les espaces verts existants, et enfin de redonner de l’espace privé à ses habitants. Le volume des opérations d’aménagement prévues est important. Le deuxième objectif du projet urbain est de permettre une plus grande mixité sociale parmi les populations qui vivront sur le quartier. Un des moyens pour y arriver est de diversifier l’habitat par des interventions sur le bâti ; elles comprendront des opérations de démolition - reconstruction et de réhabilitation. Le programme a déjà démarré par quelques démolitions et reconstructions, et sera poursuivi sur l’année 2007 et suivantes. Le programme de démolition vise plus de 1300 logements au total soit : 586 logements sociaux sur Reynerie, et 777 logements sur Bellefontaine (dont 440 dans les copropriétés privées et 333 dans les copropriétés mixtes, privées et sociales). Le programme de reconstruction prévoit 972 logements neufs sur le Mirail, dont 24O logements sociaux, 252 logements qui seront réalisés pour des populations salariées par l’association foncière, et enfin 480 logements privés pour des promoteurs ou autres personnes privées désirant investir dans la pierre. Ces logements privés seront occupés par leurs propriétaires ou loués. Le type d’habitat reconstruit - des petites résidences -, la variété de statut des logements neufs produits et la baisse du nombre de logements sociaux (sur un total de 1180 logements sociaux neufs, seuls 240 seront construits sur place) devraient favoriser une plus grande mixité sociale. Pour inciter l’association foncière à construire du logement privé dans un quartier en difficulté, la Ville lui cède des terrains au franc symbolique ; mais au bout de vingt-cinq ans de vie, la qualité du bâti qui aura été construit doit donner envie aux locataires d’acheter les logements qu’ils occupent. Enfin les bailleurs sociaux présents sur les deux quartiers se sont engagés sur un programme de réhabilitation ou de résidentialisation de certains immeubles. Ce volet concernera plus de 3000 logements. B. Présentation des actions de jardinage B1. Les jardins familiaux de Gironis, au sud de la Faourette Situé à un kilomètre au sud du quartier la Faourette, le jardin Gironis est facilement accessible. La Ville avait la volonté que ce jardin soit à proximité du quartier, car il était destiné à ses habitants. Il a été ouvert depuis peu à un autre quartier. Mais les habitants de la Faourette sont les premiers destinataires du jardin car ce sont eux qui sont à l’origine de sa création. Historique : avec la montée importante du chômage, une association « Maison des chômeurs » s’est créée en 1996 d’abord au centre de Toulouse puis sur le quartier la Faourette. En lien avec le réseau national Partage, ces collectifs créés souhaitaient travailler sur les questions du chômage et de la précarité car elles leur semblaient insuffisamment prises en compte par les syndicats. Depuis, la Maison des chômeurs de la Faourette est animée par l’association Partage en co-réflexion et co-production avec des habitants du quartier. L’association travaille aussi en lien étroit avec le service Ville Développement social. La démarche participative qu’elle met en œuvre a pour objectifs de faciliter l’accès des populations aux dispositifs de droit commun et de dynamiser les liens sociaux sur le quartier. Dès l’année de création de la Maison des chômeurs, un groupe d’habitants du quartier a souhaité bénéficier d’un jardin.

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D’origine maghrébine ils avaient été séduit par un documentaire sur un jardin ouvrier et avaient aussi le souvenir de leurs jardins au Maghreb. Avec l’envie d’avoir sur la Faourette quelque chose qui reprendrait les deux modes de jardinage, ils ont sollicité l’aide de l’association Partage pour créer leur jardin sur la Faourette. La Mairie a donné son accord et la chef de projet politique de la ville du secteur a porté la création du jardin, en partenariat avec l’association Partage et les habitants intéressés. Les services techniques de la Ville ont également été très actifs lors de l’aménagement du jardin. Financée par la Ville et l’Etat sur fonds politique de la ville, l’aménagement a été réalisé par des habitants du quartier, jeunes et adultes, dans le cadre d’un chantier d’insertion porté par l’association Partage avec l’aide de la régie de quartier. Le jardin a ouvert en 1999. La démarche adoptée : l’objectif visé est d’offrir aux habitants la possibilité de cultiver un espace d’autoproduction familiale, et de les inciter à développer des liens entre les générations avec le voisinage, tout en les responsabilisant. Pour satisfaire les intérêts particuliers en tenant compte de l’intérêt général, les jardiniers sont invités à s’occuper avec sérieux des parcelles individuelles qui leur ont été attribuées, mais ils doivent aussi participer à la vie du jardin et gérer collectivement les parties communes. Pour ce faire le choix a été de créer un collectif et non une association de jardiniers. C’est l’association Partage qui anime le jardin et qui est garant de la bonne marche du dispositif. En même temps, pour que son fonctionnement soit démocratique et participatif, deux organes de régulation ont été mis en place auxquels les jardiniers participent. D’une part une assemblée générale est organisée tous les deux mois avec tous les jardiniers et l’association Partage. Elle débat de toute question tenant au jardin et prend des décisions. D’autre part un comité de pilotage se réunit chaque mois pour mettre en application les décisions prises en AG et pour réguler les entorses éventuelles au règlement intérieur ; il réunit l’association Partage avec un membre de son CA, son directeur et l’animatrice technique du jardin, et quelques jardiniers qui sont élus comme représentants au comité de pilotage pour deux ans. La Ville ne participe donc pas directement à la gestion du jardin, mais le directeur de Partage fait le point sur le dispositif avec le service DSU une fois par an, ou plus en cas de problème. Il se réserve ainsi la possibilité de faire intervenir la Ville, un de ses techniciens ou même un élu, comme une autorité qui pourrait trancher en dernier ressort si besoin est. L’animatrice en place, qui a une formation d’ingénieur agronome, apporte aux jardiniers un accompagnement social et technique. Sa présence sur le jardin varie en fonction des saisons, mais en moyenne cela correspond à une petite journée par semaine. Les jardiniers peuvent aussi profiter de formations organisées par l’ARPE - agence régionale pour l’environnement -, qui travaille en partenariat étroit avec l’association Partage. L’attribution des parcelles est discutée en assemblée générale, puis validée par le comité de pilotage. Chaque nouveau jardinier signe un contrat avec l’association partage, document dans lequel sont présentés les orientations et objectifs du jardin, et son règlement intérieur. Le dispositif est autofinancé par les cotisations des jardiniers qui servent à payer les fournitures et l’électricité, et par l’association Partage sur son volet animation et direction. Ces postes sont financés sur les fonds d’autres dispositifs que gère l’association ; par exemple le financement alloué par la Ville pour l’action générale sur la dynamisation du quartier que mène l’association, ou l’enveloppe accordée par le Conseil général sur l’accompagnement des rmistes sur le quartier. Bilan : aujourd’hui, le jardin de Gironis a sept ans d’existence et est entré depuis longtemps dans le droit commun. Sa partie « jardins familiaux » compte de 48 parcelles individuelles et à côté, 4 parcelles collectives sont confiées à des associations du quartier (un CHRS, un centre social et deux structures intervenant sur la question de la parentalité). Le jardin offre en plus 10 petites parcelles gérées directement par l’association Partage, qui les attribue à des personnes en grande précarité qui auraient du mal à prendre en charge une parcelle plus

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grande. Le dispositif fonctionne bien : les jardiniers sont très attachés à leur jardin, et il y a très peu de rotation, ce qui ne permet pas de satisfaire les nombreuses nouvelles demandes ; aujourd’hui, plus de deux cents ménages sont inscrits en liste d’attente…Le jardin offre une réelle mixité sociale car les jardiniers présents sont des femmes et des hommes d’âge, de statut social et d’origine variés ; on compte sur le jardin onze origines différentes. Depuis la création du jardin, l’association Partage n’a pas eu à faire face à des difficultés insurmontables. Et ses rappels au règlement intérieur en cas de besoin semblent suffire pour réguler le dispositif. Par exemple, comme c’est une majorité de Maghrébins qui représentent à l’heure actuelle le collectif des jardiniers au sein du comité de pilotage, ils pourraient être tentés d’attribuer des parcelles aux gens de leur communauté de préférence, mais cela ne se produit pas grâce à l’intervention de Partage, qui est d’ailleurs bien acceptée par les jardiniers. Par sa réussite le jardin de Gironis séduit, et la Ville de Toulouse souhaite créer d’autres jardins familiaux ou collectifs, avec un objectif de participation et de responsabilisation des jardiniers pareillement fort. Ainsi l’association Partage a été invitée à partager son expérience à l’occasion de la création du jardin Monlong.

B2. Le futur jardin Monlong, au sud du Mirail Il se situera à la limite sud du quartier le Mirail (Reynerie et Bellefontaine), dont il est séparé par une route à deux voies. D’une superficie de 4 ha, ce sera un jardin mixte car il sera partagé entre trois zones : au nord, un jardin partagé avec parcelles collectives destinées aux habitants et aux structures ; au cœur au cœur un jardin d’éducation à l’environnement destiné au public jeunes puis à toute la ville dans un deuxième temps ; et au sud un jardin familial de 50 à 60 parcelles. Le site de Monlong est un espace de grande qualité auquel la Ville souhaite redonner de l’ampleur. Elle souhaite aménager sa partie boisée pour l’ouvrir au public, conforter et développer les jardins familiaux qui existent déjà mais qui n’ont pas toujours été bien gérés par le passé, et enfin créer des jardins partagés. Objectifs: la Ville a la volonté de favoriser la participation des habitants, et le jardin Monlong est conçu comme un tremplin qui doit permettre de démultiplier ce type de démarche participative sur d’autres sites de la commune. A l’occasion de l’aménagement puis de l’animation du jardin, l’autre enjeu fort de la Ville est de faire évoluer les pratiques des services municipaux vers plus de transversalité, car ils sont plusieurs à être invités à coopérer autour du projet. Enfin les espaces variés, bois ou jardins, qui seront proposés sur le site, devraient favoriser les rencontres et renforcer les liens sociaux. Pour faciliter son accès et ainsi mélanger les populations, un projet annexe au jardin est prévu ; il s’agira d’aménager une voie de déplacement doux à vélos des quartiers de la ville au jardin. Ainsi en tant que support concret d’éducation à l’environnement et de développement social, le projet de jardin Monlong est inscrit parmi les fiches action agenda 21 du dispositif contrat de Ville. Un partenariat fort autour du projet : pour concevoir et aménager le jardin, la Ville et sa Mission Développement Social porteuse ont réussi à mobiliser de nombreux acteurs, techniciens et habitants. Ainsi, au sein d’un organe clé, la commission environnement, ont travaillé ensemble les services municipaux concernés (mission ville développement social, urbanisme, environnement, circulation), les acteurs sociaux du Mirail (associations, régie de quartier, centres sociaux), les bailleurs sociaux et des amicales d’habitants. Cette instance collective partenariale a pu prendre en compte les enjeux de chacun, ceux des services et ceux des habitants pour aboutir au projet commun du jardin. Certains des acteurs ont certainement facilité la bonne avancée du projet. Deux élus politiques, l’élu politique de la ville et l’élu aux espaces verts, étaient très porteurs. De plus

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une technicienne du service espaces verts, qui était dans une dynamique favorable par rapport à ce type de projet, a su entraîner ses collègues à tel point que tous se sont donnés à fond pour que ce projet aboutisse. La technicienne avait été sensibilisée à la démarche jardin à l’occasion d’une formation dans ce domaine juste avant le démarrage du projet. La Ville a aussi bénéficié de l’appui technique de l’association SaluTerre4 et de l’ARPE, l’agence régionale pour l’environnement. Emanant du Conseil régional Midi Pyrénées, cette structure dont nous avons déjà parlé, est un partenaire moteur car son objectif est de promouvoir le développement des jardins familiaux et partagés sur la région. Elle apporte donc son aide lors de la création de nouveaux jardins, elle organise des journées à thèmes ou des formations. L’association Saluterre a également apporté son soutien à la Ville de Toulouse pour la conception générale et technique de son projet. Le jardin de Monlong devrait ouvrir courant 2007 : le conseil municipal va prochainement valider le projet Monlong et la commission environnement organise une réunion en décembre 2006 pour le présenter. L’aménagement du site Monlong va donc pouvoir démarrer. Parallèlement aux aménagements lourds, un chantier d’insertion sera réalisé pendant les vacances de Noël 2006 avec des jeunes du quartier Mirail. Comme la démarche se veut participative les chantiers d’insertion prévus sur l’aménagement du jardin dureront le temps qui sera nécessaire à leurs participants. Gestion future du jardin Monlong : la Ville souhaite confier l’animation technique et sociale des jardins au service municipal des espaces verts, en partenariat avec les acteurs de terrain. Mais c’est la Mission Ville Développement Social qui continuera à rechercher les financements nécessaires. En optant pour une gestion municipale, la Ville pense que la continuité du service public peut favoriser la pérennité du projet. Elle garde à l’esprit les moments difficiles qu’ont traversés par le passé les jardins familiaux de Monlong, à cause de la fragilité des deux structures associatives qui les ont portés successivement.

C. Articulation ANRU / Actions de jardinage Les projets de jardins de la ville ne sont pas inscrits dans les conventions ANRU : plusieurs raisons peuvent l’expliquer. D’abord dans les dispositifs ANRU, la lourdeur des volets consacrés à l’aménagement urbain et au bâti ne permettraient guère de traiter d’autres questions. Ensuite certains responsables locaux pensent qu’inscrire un projet tel que l’aménagement du jardin Monlong n’aurait pas été pertinent, puisqu’il ne fait l’objet d’aucune demande financière à l’ANRU. Rester hors PNRU donnerait également plus d’indépendance aux porteurs de cette action innovante, ce qui leur doit leur permettre de la faire évoluer et de l’ajuster plus librement si besoin est, pour passer de l’expérimentation au droit commun avec une multiplication de ce type de jardin sur d’autres sites de la ville. Une correction à ce défaut d’inscription pourrait être apportée par le CUCS, le contrat de cohésion sociale et urbaine, car l’intitulé du nouveau dispositif politique de la ville, qui lie les thèmes du social et de l’urbain, n’a rien à Toulouse d’une expression creuse. Une volonté forte et réelle de cohérence dans la démarche urbaine et sociale de la Ville : à la Mairie de Toulouse, articuler ces problématiques de l’action publique, ainsi que celle de l’environnement, va bien au-delà de l’affichage politique. En effet des moyens sont mis en place pour que les orientations politiques s’articulent de manière concrète, de leur conception 4 L’association SaluTerre est l’un des membres fondateurs du réseau du Jardin dans Tous ses Etats, JTSE. Elle intervient en France et à l’étranger sur les questions de développement social et environnemental et de démocratie participative. Elle offre notamment un accompagnement à la création de projets de jardins collectifs et familiaux, sur les questions de leur aménagement technique et de leur animation participative.

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à leur mise en œuvre et à tous les échelons de décision, soit des élus aux habitants en associant les services villes et les autres acteurs de la ville. Cette mise en acte est effectuée de la manière suivante : - Les choix d’organisation municipale et des méthodes de travail sont faits pour mettre de la cohérence entre plusieurs dispositifs : Un des services municipaux joue un rôle clé dans cette articulation entre l’urbain et le social. C’est la « Mission du Développement Social – Pôle Urbain – Gestion urbaine de proximité. Cette direction est directement rattachée à la Direction générale des services de la Ville, et elle est chapeautée par une élue politique qui est très soucieuse que le traitement des thématiques sociale, urbaine et environnementale soit lié (cette élue est par ailleurs la présidente de l’OPAC, bailleur social le plus important sur le Mirail). Elle a donc organisé ses services de façon le permettre. Car, au sein de la Direction c’est une même chargée de mission qui pilote à la fois les dispositifs dispositif GUP, CUCS et Agenda 21. Elle peut donc travailler sur les trois dispositifs de manière transversale entre services et acteurs concernés et, sur le volet GUP, faire l’interface entre l’amont et l’aval du projet urbain ANRU. La chargée de mission a ainsi conduit la création du jardin de Monlong en s’appuyant sur les trois dispositifs à la fois. Ce projet de jardin relève bien de la politique de la ville, ainsi que de la politique environnementale en tant qu’action Agenda 21. Mais il a aussi un lien direct avec la gestion urbaine de proximité définie dans le dispositif GUP. Dans sa démarche urbaine et sociale, la Ville de Toulouse semble accorder une place importante à ce dispositif, qu’elle considère comme un bon moyen pour coordonner toutes les actions de proximité. Cela permet à la Ville et à ses partenaires de valoriser la gestion existante et de la rendre plus efficace, leur objectif étant d’améliorer le cadre de vie des habitants « de leur porte palière à l’abribus ». En outre de manière indirecte via le dispositif GUP le projet jardin a un lien avec le projet urbain ANRU, le dispositif GUP étant un axe important du projet urbain. Rappelons d’abord que l’obtention d’un financement ANRU est conditionnée à l’engagement de la Ville demandeuse et de ses bailleurs sociaux sur un contrat GUP. Et celui de Toulouse est largement doté financièrement, notamment sur son volet insertion par l’emploi qui sera mis en œuvre sur les quartiers d’habitat social. L’aménagement du jardin Monlong est inclus dans ce volet, parmi les actions chantier d’insertion sur la rénovation de bâtiments publics et la requalification d’espaces. Par ailleurs cette même direction a un pôle urbain fort. A ce titre c’est elle qui a été chargée du programme d’accompagnement social du GPV de Toulouse. Et concernant les projets ANRU, c’est ce pôle et ses chefs de projet ANRU qui ont élaboré et qui suivent à présent la mise en œuvre des conventions ANRU. Cette cellule est copilotée par plusieurs services de la Ville : la mission Développement social et les chefs de projet ANRU de son pôle urbain, mais aussi les services techniques, d’urbanisme et d’aménagement. Cette méthode de travail permet au pôle d’établir une réelle cohérence entre les volets sociaux et urbains des projets ANRU. - Des moyens sont mis en place pour que les habitants participent à la définition et la mise en œuvre des politiques : La prise en compte conjointe des questions urbaine et sociale n’apparaît pas uniquement au niveau horizontal des services municipaux, dans leur organisation et leur travail en transversalité. De manière verticale également, des services de la ville aux quartiers, des instances de réflexion et de suivi sont mis en place. Ainsi le pôle urbain organise des réunions de concertation avec les habitants sur les projets ANRU. Ces projets étant définis, les prochaines réunions permettront de rendre compte de leur avancement et de faire leur bilan social avec les habitants. Par ailleurs on a souligné dans la présentation du jardin Monlong le rôle important que joue la commission environnement en tant qu’instance collective qui réunit les habitants, les services de la Ville et ses partenaires.

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5. VILLE de GRENOBLE, action de jardinage.

La Ville de Grenoble a signé une convention dispositif ANRU début 2006. L’opération urbaine concerne trois quartiers situés au sud de la ville, ceux de Mistral, Eaux claires Rondeau et Libération. Comptant 22 000 habitants, ces quartiers sont également des territoires ciblés par la politique de la ville. Seul Mistral est retenu pour notre analyse car un jardin familial, le jardin Bachelard, a été aménagé à la frontière sud de ce quartier. A. Présentation du quartier Mistral et de son projet urbain ANRU Mistral est un quartier d’habitat social à 100%, construit dans les années 70-80 et géré par un seul bailleur jusqu’alors, mais ils seront bientôt cinq. 3500 habitants vivent dans les 1000 logements de ce parc. Situé au sud de Grenoble, le quartier est un ensemble fortement urbanisé, à proximité de grands espaces. Nombre d’entre ses habitants cumulent les mêmes difficultés sociales et économiques que l’on retrouve sur d’autres quartiers ZUS. En effet, composée de ménages d’origine ethnique variée, la population est relativement jeune mais elle compte de nombreuses familles monoparentales, en majorité des femmes seules avec leurs enfants. En outre le taux de chômage est élevé sur le quartier et il y règne un fort sentiment d’insécurité. C’est donc une population fragile, et pourtant relativement stable. Mais c’est le cumul des difficultés qui contraint la plupart des ménages à rester sur le quartier, certains depuis sa construction il y a quarante ans. En même temps, beaucoup souhaitent y rester malgré les difficultés, car ils se sont habitués à y vivre et se sont créés leur mode de vie. Leur quartier représente aussi une sécurité face à l’extérieur, qui leur fait peur et qu’ils connaissent peu. Il y a de fait très peu de circulation de populations entre le quartier et l’extérieur, dans un sens comme dans l’autre. L’opération urbaine ANRU : pour les raisons qui viennent d’être évoquées, l’un des objectifs du projet ANRU est d’ouvrir le quartier et d’y favoriser une plus grande mixité sociale par une diversification des types d’habitat. C’est une opération ZAC d’envergure qui sera menée jusqu’à 2009, fin de la première période du programme. Il se poursuivra en deuxième phase jusqu’à 2015. L’opération urbaine ZAC prévoit la démolition de quatre barres d’immeubles et un immeuble ancien, soit 28O logements, et la reconstruction d’immeubles pour 410 logements en majorité sur le quartier même et le reste en diffus sur la ville. Le projet ANRU prévoit une diminution du nombre de logements sociaux de 100% à 80%. Une partie des logements neufs est destinée à être vendue à des investisseurs sur un programme de locatif privé aidé ou à augmenter le parc de logement étudiant ; enfin un lot de logements sera ouvert à l’accession sociale, donc à des couches sociales plus favorisées. Le programme de reconstruction est déjà opérationnel et celui de démolition démarre à la fin de l’année 2006. La première livraison de logements neufs interviendra en mars 2007, et la deuxième en juin 2008. Aucune réhabilitation d’immeuble ne sera réalisée. Les bailleurs sociaux disent ne pas avoir de fonds propres suffisants pour entreprendre des réhabilitations sur les immeubles qui ne seront pas démolis, et ce type d’opération n’a pas été inclus dans le premier programme ANRU. De sorte que les choix d’aménagement risquent de produire un effet particulier dans le paysage urbain à la fin de la première phase de l’opération urbaine, par la différence qui ressortira entre les constructions neuves et les immeubles anciens non réhabilités. Mais leur réhabilitation n’a pas été décidée, c’est parce que des choix devaient

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être faits et que ce volet était moins prioritaire que d’autres, les immeubles concernés ayant bénéficié d’une opération de réhabilitation Palulos dans le passé. Mais la deuxième tranche du programme de rénovation doit comporter un volet réhabilitation. Les ménages occupants des immeubles promis à la démolition sont prioritaires s’ils souhaitent être relogés sur le quartier. Pour traiter cette question du relogement un important dispositif est mis en œuvre par la Ville depuis une année déjà. B. Présentation du projet de jardin Bachelard La Ville de Grenoble a une expérience certaine en matière de création de jardins. Plusieurs jardins de divers types ont déjà été créés sur la ville et ses environs : un jardin familial (situé sur une commune voisine il est ouvert aux Grenoblois), des jardins collectifs d’insertion sociale ou professionnelle, et un jardin communautaire (foyer Sonacotra). Le jardin Bachelard est le seul jardin familial existant sur la commune même de Grenoble Il est inauguré depuis peu, le 28 octobre 2006. Situé à proximité de la ZAC Mistral et destiné en priorité aux habitants de ce quartier, c’est un jardin aménagé dans la partie « semi sauvage » du vaste jardin public Bachelard de la ville. Il occupe 3000 m2 des 16 ha du jardin public. Il comprend 40 parcelles familiales et 2 parcelles collectives dont une parcelle pédagogique. Objectifs : en créant ce jardin familial, la Municipalité de Grenoble a pour objectif d’offrir aux habitants du quartier Mistral un moyen d’être valorisés et mieux intégrés. Ceux qui le souhaitent auront la possibilité de cultiver individuellement une parcelle près du lieu d’habitation, mais le regroupement des parcelles dans un vaste jardin doit également favoriser les occasions de rencontres et de sociabilité. Il a été aménagé en réponse à la demande des habitants de Mistral qui, vivant dans un quartier très urbanisé, aspirait à profiter des grands espaces verts limitrophes. Les demandes pour obtenir un jardin étaient en effet nombreuses. Réponse sociale, le jardin permet aussi d’accompagner l’opération urbaine en cours. Les conséquences d’une telle opération sont souvent difficiles à vivre pour les premiers concernés, les habitants. Et les professionnels qui les accompagnent constatent une certaine ambivalence : d’un côté ils peuvent voir dans l’opération une bonne opportunité pour quitter le quartier et de l’autre ils peuvent vouloir y rester, mais les deux cas ils se montrent souvent inquiets face aux changements inévitables que provoque l’opération urbaine. Dans ce contexte, l’aménagement d’un jardin est apparu à la Ville comme un projet intéressant, pour accompagner les habitants du quartier lors de la transformation urbaine très lourde qu’ils vont subir. L’idée était de leur montrer que c’est d’eux et de leur qualité de vie que la Mairie se préoccupe, en dépit des forts désagréments qu’ils vont devoir supporter pendant l’opération urbaine. Le jardin était donc au départ clairement destiné aux habitants du quartier Mistral. L’aménagement du jardin s’est fait en concertation étroite : c’est le service DSU de la Ville de Grenoble maître d’ouvrage qui a monté le projet. Pour aboutir à l’aménagement du jardin, le choix de la Ville a été que le projet du jardin soit monté en partenariat entre les services sociaux (DSU, CCAS) et techniques mais aussi en associant étroitement les habitants dans certains des choix d’aménagement. A noter la particularité suivante: sur Grenoble, les centres sociaux sont rattachés au CCAS de la Ville. Mais ce jardin a une longue histoire derrière lui. Plus de 10 ans de gestation se sont écoulées avant qu’il voie le jour. Au départ l’idée de sa création est provenue du service municipal des espaces verts lequel, après avoir élaboré un plan de jardin, n’a pas donné suite car un élément essentiel à sa concrétisation faisait défaut, la capacité du service à trouver le public destinataire, c'est-à-dire les jardiniers. Ce n’est que quelques années plus tard que le centre social du quartier s’est intéressé à nouveau à ce projet en tant qu’action sociale participative.

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Pour le monter il a demandé et obtenu en 2004 10 000 € de l’Agglomération de Grenoble (METRO) puis, vu les difficultés qu’implique la création de ce type d’opération, il a demandé au service DSU de l’y aider. C’est ainsi qu’en 2004 le service DSU devient le maître d’ouvrage du projet. La capacité de ce service à travailler de manière transversale, avec des personnes ou des services dont les logiques sont différentes, l’a probablement aidé à conduire le projet lors de son montage. Car la démarche qui a été mise en œuvre a impliqué de mobiliser et réunir les habitants et les partenaires sociaux du quartier, mais aussi les services techniques concernés, aménagement et espaces verts. Ce travail de concertation a été effectif, mais cela n’a pas toujours été sans difficultés. Par exemple, pour arriver à ce que les services d’aménagement et espaces verts acceptent de participer au montage de l’opération, la chef de projet DSU a dû s’adapter à leur logique. Leur participation a peut-être été gagnée sur le fond, c'est-à-dire sur une adhésion sur le sens et l’utilité de l’action, mais surtout en utilisant leur méthode de travail, à savoir des « lettres de cadrage » dans lesquelles le service DSU présentait explicitement ses attendus sur ce qu’il y avait à réaliser, par qui et dans quels délais (par exemple sur les opérations techniques d’aménagement du jardin, l’obtention du PC, etc.). Ainsi les difficultés techniques, qui n’ont pas manqué de surgir à plusieurs reprises, ont pu être dépassées. Le fait qu’une partie du jardin devienne un jardin familial distribué en parcelles individuelles a pu également contribuer, plus que le volet pédagogique, à provoquer une résistance de la part des techniciens, qui imaginent souvent que l’appropriation « privée » d’un espace public peut entraîner sa confiscation. Cependant un technicien du service espaces verts a été très actif pour pousser d’autres techniciens et aménageurs à concourir à son aménagement. Alors que la faible ampleur et le coût dérisoire de l’aménagement du jardin aurait dû l’amener à juger ce projet dérisoire par rapport à ceux que lui et le service d’aménagement urbain traitent habituellement, il s’est montré au contraire très intéressé. Il faut dire qu’il était convaincu de l’intérêt de ce projet, qu’il a suivi dans ses différentes moutures depuis la première heure. C’est aussi la démarche menée pour impliquer les habitants sur l’aménagement du jardin qui lui aurait apporté une grande satisfaction. Elle a au départ déconcerté plus d’un, les services techniques et d’aménagement comme les habitants, car elle était en effet très nouvelle. Certains de faire les bons choix en tant que professionnels experts, les techniciens ont dû pourtant les modifier sur certains points pour prendre en compte les souhaits des futurs jardiniers. Faire intégrer cette nouvelle manière de travailler non pas « pour » mais « avec les usagers » et faire accepter qu’ils savent aussi ce qui est bon pour eux, c’est toute une culture professionnelle à faire évoluer. De leur côté ces derniers ont eu besoin de temps pour prendre une part réellement active dans la prise de décision. Au départ ils se positionnaient plutôt comme simples consommateurs, qui attendaient que le service aménagement leur livre clés en main le jardin qu’il réclamait. La coopération avec le centre social dans la phase de montage a par contre été très aisée. Elle s’est réalisée sur la base d’orientations définies clairement au préalable entre le service DSU et le centre social. Ainsi le centre social a participé activement au travail de concertation effectué avec les jardiniers et le service espaces verts, et à l’élaboration du règlement intérieur du jardin. Finalement, pour aboutir à un résultat, l’aménagement du jardin, il aura fallu dix-huit mois. Ce temps a été nécessaire et utile pour que chacun y participe, voire se l’approprie, les futurs jardiniers habitants comme les partenaires associatifs et institutionnels (les divers services Ville, Conseil régional et Conseil général). La démarche d’animation adoptée : c’est le centre social du quartier Mistral qui est chargé de l’animation du jardin et de veiller à son bon fonctionnement. Les jardiniers bénéficiant d’une parcelle individuelle se sont constitués en collectif et ont participé activement à l’élaboration du règlement intérieur du jardin. Trois jardiniers du collectif font également partie du comité de pilotage du projet, à côté du CCAS, du service DSU et de l’association des jardins de la

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solidarité. Mais il a été décidé qu’ils n’agiront pas en totale autonomie, au moins pendant les premiers temps de la vie du jardin, car pendant cette première période le centre social restera le garant de la bonne marche du jardin et du cadre fixé par les jardiniers eux-mêmes. Outre l’accompagnement social du centre social est prévue une animation technique : une association, Les jardins de la solidarité, est chargée sur le jardin Bachelard de transmettre aux jardiniers les savoir-faire techniques nécessaires en matière de jardinage. Le service DSU maître d’ouvrage a missionné cette association sur le volet de l’apprentissage technique, car elle est bien connue sur la ville comme opérateur de plusieurs jardins d’insertion. Le salarié de l’association doit encore être désigné ; il interviendra autour d’¼ TP réparti annuellement selon les besoins. Sur l’animation sociale, un agent de développement social du centre social accompagnera les jardiniers à plusieurs niveaux : respect du règlement, gestion des espaces communs, attribution des parcelles, aide à l’organisation de fêtes et de moments de convivialité sur le jardin, actions en partenariat avec le centre de santé sur des thèmes divers (hygiène alimentaire, alcoolisme) et avec la Maison de l’enfance sur la parcelle pédagogique. L’agent désigné est une professionnelle de l’animation, expérimentée dans l’accompagnement de projets d’habitants avec une approche participative. Elle s’occupe de l’accompagnement d’un projet habitants bailleurs sur un autre quartier à mi-temps, et consacrera en moyenne un ¼ temps à l’animation sociale du jardin. L’articulation du travail entre l’animation sociale et technique est en cours de réflexion. Une convention tripartite sera signée entre les trois partenaires en charge de la mise en œuvre du jardin - Ville, centre social Mistral et association Les jardins de la solidarité -. En ce qui concerne le financement de l’action en fonctionnement, la contribution de la commune provient de ses fonds politique de la ville. Cela peut sembler conforme à la vocation du DSU dans la phase de démarrage d’une action, mais une fois qu’elle sera consolidée elle pourrait relever d’un financement de droit commun, sur fonds propres du CCAS par exemple. Le règlement définit une utilisation libre du jardin : il est fermé par une clôture et chaque jardinier aura la clé de la porte d’accès à sa parcelle ; le premier qui arrivera le matin ouvrira la porte d’entrée principale, et le dernier qui partira la fermera. Par contre les jardiniers sont tenus de ne pas laisser leur parcelle à l’abandon sous peine de se la voir retirée. Par ailleurs leur présence est exigée à moins l’une des réunions organisées sur l’année. Premières informations sur la jeune vie du jardin : tout d’abord c’est un jardin qui semble représentatif de la population du quartier Mistral et qui s’ouvre déjà sur l’extérieur. En effet, si la Ville avait prévu d’ouvrir le jardin aux seuls habitants de Mistral, ces derniers en ont finalement décidé autrement. Ce sont eux qui ont demandé à ce que leur jardin bénéficie à d’autres, et c’est ainsi que des parcelles ont été accordées à quatre habitants de quartiers voisins, Lys Rouge et Abry, deux zones ZUS hors périmètre ANRU. Par ailleurs le premier groupe de jardiniers constitué paraît représentatif de la population ethnique du quartier et équilibré au niveau du genre, car il y a autant de femmes que d’hommes, de l’âge car les jardiniers ont moins de 30 ans à plus de 60 ans, et enfin du point de vue de l’origine car ils sont français de souche ou d’origine maghrébine ou même asiatique. Ce mélange des populations se serait fait spontanément. Lancée depuis peu, la vie du jardin semble donc bien partie. Nous nous permettrons juste une mise en garde sur l’éventuelle création d’une association de jardiniers. Ce mode de fonctionnement a été pratiqué dans d’autres expériences de jardin, et cela a souvent entraîné des difficultés, certains jardiniers s’accaparant le pouvoir au sein de leur association. Au sein du collectif de jardiniers du jardin Bachelard, un responsable local interrogé constatait l’existence déjà d’un noyau dur de jardiniers autour d’un leader…

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C. Articulation ANRU / Action du jardin familial Bachelard Nous avons mis en évidence que la Municipalité de Grenoble est convaincue de l’utilité sociale de la démarche jardin familial ou d’insertion, vu le nombre et la qualité des jardins qu’elle a déjà créés sur son territoire, et notamment celui de Bachelard, le dernier en date. Et il se pourrait que d’autres actions d’autoproduction accompagnée se développent sur la ville. A notre connaissance, l’un des bailleurs sociaux, présent sur le quartier Mistral notamment, semblerait réfléchir à ce type d’initiative. Relevant pleinement de la politique de développement social de la Ville, l’action « Jardin familial Bachelard » est inscrite dans son futur CUSC, contrat de cohésion sociale et urbaine. Cependant l’action n’a pas été incluse au volet accompagnement social du projet urbain ANRU : cela peut s’expliquer de diverses manières. D’abord on se rappelle les difficultés dans la collaboration avec certains services technique de la Ville qu’a dû surmonter le service DSU lors de la phase de création du jardin. Et parmi ces services, il y a ceux qui portent le projet urbain. C’est sûrement l’indice qu’il n’est pas facile, pour nombre des techniciens en charge de l’aménagement urbain et des espaces verts, de comprendre l’intérêt de ce type de démarche sociale, au moins sur le plan des effets positifs qu’elle produit en terme d’appropriation et de respect de l’espace public. L’obtention de tels effets devrait les toucher, car l’action « jardins familiaux » peut favoriser la pérennisation des grandes et coûteuses opérations qu’ils préparent. Cependant leur participation au montage du projet de jardin Bachelard les aurait fait évoluer, car leur regard sur la notion de jardin de cette nature serait à présent positif. En fait le type familial du jardin et la prise en compte des souhaits des habitants lors de son aménagement ont nourri leur réflexion sur la question de l’usage entre espace public et privé, et cela a également enrichi le dialogue entre techniciens du social et techniciens qui sont parfois enfermés dans leur culture d’aménageur. On peut penser que la démarche sera pleinement reconnue quand elle donnera les preuves de son utilité, après une certaine durée dans la mise en activité du jardin. Il aurait sans doute été prématuré d’inscrire l’action jardin dans le projet urbain, même si d’autres actions visant la participation des habitants ont pu l’être. Il en est ainsi d’une action menée sur la mémoire des habitants des quartiers Mistral et Auclair, qui a même pu être financée par l’ANRU en partie. En outre, et c’est la deuxième raison qui peut expliquer sa non inscription, les porteurs du projet urbain ANRU ont dû le monter très vite entre 2004 et 2005, et cela en dépit de sa lourdeur. Dans cette situation il leur était difficile d’aller très au-delà d’une réflexion qui portait déjà sur le bâti, la requalification des bâtiments et espaces publics, et l’offre de transports publics. Aujourd’hui il semble évident à certains responsables locaux que l’action jardin Bachelard doit figurer dans le projet urbain : nous avons d’ailleurs souligné que sa création a été pensée en cohérence avec le projet urbain et le projet social prévus sur le quartier Mistral. Le jardin est une des mesures prises pour accompagner les habitants du quartier lors de la rénovation urbaine, mais c’est aussi une réponse à leur demande et un support de développement social. Cette réflexion n’a pas été menée par les responsables du projet urbain mais par ceux du social, mais de fait le jardin participe au projet urbain. Aussi, et ce serait la volonté de la Mairie, le jardin pourrait être inclus dans l’avenir au sein du projet urbain ANRU, et cela pourrait se faire à deux occasions. Soit lors de l’ajout au projet urbain de nouveaux équipements à réaliser comme projet à l’intérieur de ce volet, au moins en tant qu’action éducative. Soit dans le premier point d’étape qui sera fait obligatoirement sur la mise en œuvre du projet urbain : le jardin pourrait alors être mis en valeur comme exemple de réussite urbaine.

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6. VILLE de BEGLES, action d’autoréhabilitation.

La Ville de Bègles s’est engagée sur une opération de rénovation urbaine dans le cadre du dispositif ANRU. Signée le 25 avril 2005, sa convention concerne deux cités de la commune, et en priorité la cité Yves Farges. La Ville a mis en place sur cette cité un service d’autoréhabilitation accompagnée du logement. A. Présentation du quartier et du projet urbain. La commune de Bègles a une population de 22500 habitants. Elle est située sur la rive gauche de l’agglomération bordelaise et fait partie de la première couronne de la Communauté Urbaine de Bordeaux. A partir de 1989, l’équipe municipale s’est engagée dans une démarche d’élaboration d’un projet social et urbain. Un diagnostic social et urbain a permis de dégager un Projet de Ville qui vise à la mise en valeur et la préservation du patrimoine naturel, urbain et social, la requalification des quartiers et la restauration de la cohésion sociale et urbaine. Ainsi la ville de Bègles s’est-elle engagée dans une opération de Renouvellement Urbain sur le quartier Nord Est. Dans le cadre de cette opération la cité Yves Farges fait l’objet d’une mutation urbaine majeure. Il s’agit d’un ensemble locatif construit dans les années 60, qui appartient au bailleur social SAEMCIB, comprenant 448 logements répartis en quatre tours et trois bâtiments bas R+4. Ce type de logements est en rupture avec la forme traditionnelle d’habitat qui domine le quartier, souffre d’une perte d’attractivité et d’un marquage social croissant. L’opération de renouvellement urbain s’appuie sur une opération de construction démolition de 286 logements et de réhabilitation de 162 logements. Afin de soutenir les locataires dans leurs démarches de relogement, une procédure d’accompagnement a été mise en place à partir d’avril 2004 en partenariat avec la le Centre communal d’Action Sociale (CCAS) de la Ville de Bègles et la SAEMCIB, propriétaire des logements. Une enquête sociale a été réalisée d’avril à septembre 2004 par la conseillère en Economie Sociale et Familiale du CCAS qui avait déjà réalisé l’enquête sur Monmousseau. Il en est résulté les points suivants : les situations financières des habitants sont précaires pour un tiers d’entre eux (le taux de chômage est supérieur à 30%). Les difficultés socio économiques des familles paralysent leur mobilisation en vue de leur insertion professionnelle. Près d’un tiers des logements sont en mauvais état, vétustes ou mal entretenus. L’état dégradé de ces logements est souvent dû à l’incapacité des locataires à faire et à financer les travaux d’entretien courant. Les problèmes de comportement à l’égard du logement sont importants : difficulté d’appropriation, manque de respect et d’entretien.

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B. L’action d’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement Face à la situation, il était souhaité que lors du relogement soit mis en place un accompagnement à l’investissement du logement et de l’habitat, car le relogement doit favoriser la redynamisation des familles. Dans ce contexte la CESF et la directrice du CCAS ont proposé la mise en place sur la cité d’une action d’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement. En effet elles avaient entendu parler au sein du réseau des CCAS de la mise en place d’une action de ce type sur Bordeaux. Les objectifs : ce projet d’autoréhabilitation accompagnée doit permettre aux familles relogées dans le parc ancien de la cité de bénéficier de la dynamique du projet ORU. La mise en place d’une quinzaine de chantiers d’autoréhabilitation du logement par an s’articule autour de deux points fondamentaux : rénover un habitat dégradé ; permettre à des populations démunies de se réapproprier leur logement et de reprendre en main leur existence en se découvrant capables de faire. Au plan social l’action a plusieurs objectifs : - Accompagner les locataires en difficulté dans la remise en état de leur logement - Leur permettre ainsi d’acquérir un meilleur confort de vie en accédant à un logement décent, propre et beau. - Permettre une redynamisation sociale par la valorisation du lieu de vie, premier élément de la reconnaissance sociale. - Favoriser la revalorisation de soi. Au plan urbain, cette action se veut d’abord une démarche d’insertion sociale et de prévention de l’exclusion qui a pour finalité de rompre avec le sentiment d’abandon des habitants de la cité Yves Farges. Le projet doit permettre aux habitants engagés dans une démarche d’autoréhabilitation de leur logement de s’assumer comme maître d’ouvrage et de se réapproprier son espace de vie. Partenariats : - Partenariat opérationnel : La ville de Bègles a associé dès le départ le CCAS, le service Habitat de la Ville et la SAEMCIB à l’élaboration de cette opération de renouvellement urbain Le principe d’une collaboration étroite social/habitat avait déjà été testé avec des résultats positifs lors d’une opération antérieure de réhabilitation qui s’était effectuée sur la cité Monmousseau. La direction du CCAS a donc été impliquée très tôt pour que les enjeux sociaux soient pris en compte dans la définition de cette opération. - Pilotage de la mission : Vice président du CCAS, adjoint à l’action sociale et au logement. Directrice du CCAS, chargée du développement social Directeur de la SAEMCIB Directrice adjointe de la SAEMCIB en charge de la gestion locative Conseillère ESF, chargée de l’accompagnement au relogement des familles dans le cadre de l’ORU. - Travailleurs sociaux du site : CAF, CMS (Conseil général), CCAS. - Partenariat financier (voir le budget 06 du service de Bègles en fin de note): Commune de Bègles, CCAS.

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Conseil Général de la Gironde SAEMCIB Caisse d’Epargne Fondation Bruneau Nota : La CAF n’a pas souhaité s’associer à cette action. Contenu et Déroulement de l’action : - L’opérateur : Suite à la rédaction et à la diffusion d’un appel d’offre public par le CCAS de la Ville de Bègles, l’action a été confiée à l’association des Compagnons Bâtisseurs. - Les bénéficiaires : Ils sont titulaires de minima sociaux : RMI ; API ; ou bien relèvent du PDALPD. Deux types de ménages sont concernés : d’une part, les locataires à qui on propose un relogement dans le parc ancien de la SAEMCIB. Pour eux le chantier consiste en la réalisation de travaux légers d’aménagement, d’embellissement et de décoration pour une personnalisation du logement. Et d’autre part, les locataires qui restent dans leur logement. Pour eux le chantier exige des travaux plus lourds de remise en état du logement puis des travaux de décoration. - Un comité technique de suivi se réunit deux fois par trimestre : Il valide les prescriptions et les projets des familles, suit l’avancement des chantiers et décide la fin de l’accompagnement. Y participent l’équipe opératrice et les travailleurs sociaux ayant mission de suivre l’action. Ils relèvent des organismes suivants : Cellule d’appui RMI auprès de la CLI. Service d’action sociale du Département La Caisse d’allocations familiales Associations ayant compétence dans le domaine de l’habitat, de l’accompagnement de publics en difficulté etc. - Des réunions collectives préparatoires : Les bénéficiaires sont regroupés au cours de rencontres d’animation collectives et des réunions de familles qui ont lieu dans le Centre social du quartier. Ces rencontres sont avant tout l’occasion de constituer un groupe cohérent, pour favoriser l’entraide et organiser les chantiers. Elles permettent aussi de fournir une information et une formation sur divers points concernant le logement et l’habitat, de favoriser la connaissance de l’équipe opératrice par les habitants et de formuler des projets communs. - La visite du logement : Les ménages bénéficiaires sont orientés par les services sociaux. L’animateur technique et le travailleur social « référent de la famille » effectuent une visite qui permet à la famille de s’exprimer sur ses difficultés, sur sa manière d’habiter son logement, de souhaiter des changements et de formuler un projet. Le travailleur social situe le chantier par rapport au contrat d’insertion. - La nature des travaux : Il s’agit de réaliser des travaux d’entretien et de remise en état qui incombent aux locataires: Travaux d’entretien et de réparations : vitres brisées, remplacement de joints de plomberie, voire de robinetterie, petites réparations électriques… L’ensemble de ces travaux contribue à prévenir une dégradation, à favoriser les économies d’énergie, à sécuriser les logements.

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Les aménagements : Pose d’étagères et organisation de rangements ; création de cloisons (avec l’accord écrit de la SAEMCIB) car la redistribution de l’espace peut faire partie des aménagements et contribuer à rendre le logement décent. Les travaux d’embellissement : Enduits, peintures, papiers peints, qui redonnent de la dignité au logement et à ceux qui l’habitent. Le chantier : L’animateur technique apporte des conseils, des connaissances, il prête l’outillage, prépare les matériaux, vient effectuer certains travaux plus techniques et difficiles. Il accompagne la famille pour qu’elle soit actrice dans les différentes étapes de la réalisation de son chantier : état des lieux initial, contacts avec le propriétaire, les voisins etc. Les travaux sont réalisés en respectant le rythme des personnes, en tenant compte de leurs difficultés et du travail qu’elles font sur elles- mêmes. Les réunions collectives : Elles réunissent les diverses familles engagées dans un chantier. Elles favorisent la mobilisation et la dynamisation des personnes et l’entraide entre voisins. Des réunions à thème sont organisées : économies d’énergie, décoration, droits et devoirs liés au logement, bricolage, prévention des accidents domestiques, hygiène, insertion professionnelle. Certaines rencontres sont organisées au domicile d’une famille. L’entraide entre familles sur les chantiers est aussi encouragée.

C. Articulation ANRU / Actions d’autoréhabilitation. Pour la Ville de Bègles et son CCAS, la démarche d’autoréhabilitation est un véritable outil d’accompagnement social de l’opération urbaine. Et la mission du Conseil Général des Ponts et Chaussées souligne les efforts qui ont été faits pour accompagner le relogement des ménages sur la cité de Farges. Dans son rapport remis au CES fin 2006 la mission écrit que « les actions d’insertion sociale liées à l’opération paraissent exemplaires, par la synergie qu’elle créent entre les associations et les entreprises et par la mise en œuvre d’une stratégie d’auto-réhabilitation qui favorise une appropriation des bâtiments par leurs locataires » (voir page 85 du rapport). L’action a même été inscrite dans la charte locale d’insertion du projet ANRU de Bègles ; c’est la seule à notre connaissance. Commencée en avril 2005, l’action a été reconduite à l’identique en 2006. Au terme de dix huit mois, compte tenu des effets positifs, la ville et la SAEMCIB souhaitent la prolonger en 2007. En effet, une deuxième tranche de démolitions est prévue et elle va toucher un public dont les difficultés sociales sont plus importantes, de sorte que la démarche d’autoréhabilitation accompagnée semble indispensable pour favoriser le relogement dans de bonnes conditions. Les responsables de l’ORU sont convaincus qu’ils tiennent là un outil tout à fait approprié pour favoriser l’appropriation et l’entretien du logement par des publics difficiles.

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Budget provisoire 2006 du service de Bègles (Des ajustements ont pu avoir lieu)

Dépenses Recettes 60 Achats 10500 Etat : Fonds interministériel pour

la Ville 5000

Fournitures d’ateliers ou d’activités, eau, gaz électricité

8000 ville de Bègles CCAS 48648

Fournitures entretien et bureau 500 Conseil général 16000

Autres : petit outillage matériel 2000 SAEMCIB 5000Carburant véhicule Fondation Bruneau 400061 Services externes 1841 Fondation Caisse d’Epargne 2000Travaux d’entretien et de réparation 500 Participation des usagers 800Primes d’assurance 841 Documentation, études et recherche 500 Autres 62 autres services externes 5450 transports d’activités et d’animation 3000 Frais postaux téléphone 950 Autres : publication, publicité 1500 63 Impots et taxes 2832 Taxe sur les salaires 2832 64 Frais de personnel 50022 Salaires bruts 34041 Charges sociales employeur 15899 Autres : médecine du travail 83 65 Autres charges de gestion courante

10803

66 charges financières 67 charges exceptionnelles 68 Dotations

TOTAL 81448 81448

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Conclusion :

Principaux enseignements et propositions

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I - Dans les six villes étudiées, on peut distinguer trois modes d’articulation entre Autoproduction Accompagnée et Renouvellement Urbain. 1- L’articulation est recherchée dès la conception du dispositif urbain, puis dans un va et vient entre sa réalisation et ses nécessaires ajustements. Nous donnerons deux exemples : A Bègles, l’action d’autoréhabilitation accompagnée est inscrite dans la charte d’insertion du projet PNRU. Elle est un véritable outil d’accompagnement du relogement des publics les plus fragiles, dans le cadre de l’opération urbaine. A Toulouse, les jardins ne sont pas inscrits au PNRU mais une cohérence entre le projet urbain et social de la Ville est recherchée en amont lors de l’élaboration du projet urbain puis dans sa mise en œuvre. La Ville encourage un meilleur couplage entre urbain et social par le mode d’organisation des services et par les instances de concertation qu’elle a mises en place En outre elle encourage la transversalité dans la manière de travailler, tant au niveau horizontal entre services que vertical entre la Ville et les habitants ou acteurs sociaux de terrain. 2- Le lien existe, mais c’est grâce à l’action des acteurs sociaux. Et si de fait les actions d’autoproduction nourrissent le programme de rénovation urbaine, les volets sociaux et urbains restent en partie déconnectés. Nous donnerons trois exemples : A Perpignan, l’action d’autoréhabilitation nourrit l’opération ANRU. Par la connaissance fine du quartier et de ses habitants que l’équipe opératrice du CCAS transmet, la nécessité d’intégrer le plan de sauvegarde touchant le même territoire au projet ANRU s’est trouvé renforcée, et l’équipe d’ingénierie sociale ANRU voit son travail facilité. Mais l’équipe d’autoréhabilitation doit s’effacer, pour le moment, quand l’équipe d’animation de l’ANRU intervient sur le parc privé et le bailleur sur son nouveau parc. Cependant on peut penser qu’à terme la Ville intègrera plus fortement ses actions d’autoproduction comme outil d’accompagnement social de son dispositif urbain. Elle semble en prendre le chemin quand elle met en valeur l’action d’autoréhabilitation dans un document de présentation de son projet urbain. Cet intérêt pour l’autoproduction apparaît encore plus nettement encore avec un projet d’autoréhabilitation sur un autre quartier d’habitat social inclus au périmètre de l’ANRU et avec un projet de jardin. Il faut souligner que celui-ci est même inscrit parmi les fiches d’action de la convention ANRU comme nouvel équipement social, et son aménagement sera en partie financé à ce titre. Sur les Mureaux, la démarche d’autoréhabilitation n’est pas prise en compte comme action accompagnant le projet urbain, alors que le lien est pourtant effectif sur le terrain. Car la démarche fait partie de la panoplie d’outils du bailleur social et lui permet d’accompagner les locataires les plus en difficulté par des opérations de réhabilitation et de relogement qu’il met en œuvre sur son parc social dans le cadre du dispositif ANRU. L’autoréhabilitation comme les jardins sont également développés en tant qu’actions de Gestion Urbaine de Proximité, et ce dispositif est en lien avec le PNRU. A Grenoble, la démarche jardins développée par la Ville n’est pas intégrée à son projet urbain, et il ne semble pas toujours facile de faire travailler ensemble les acteurs sociaux et urbains. Néanmoins grâce à sa volonté et à son ambition, la Ville et sa Mission DSU contribuent au décloisonnement entre services à l’occasion de la réalisation des jardins. La municipalité veut aussi multiplier la démarche pour permettre aux habitants d’être acteurs de leur cadre de vie.

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Il se pourrait même que les actions de jardins soient inscrites par la suite au projet PNRU comme exemple de réussite urbaine et comme nouvel équipement à réaliser. 3- Les dispositifs sont dissociés : Ainsi à Tours où le projet d’autoréhabilitation n’est conçu que dans le cadre des politiques de la Ville et d’action sociale. Si le bailleur social a donné son accord pour que l’action soit menée sur son parc, il semble encore nécessaire de lui faire mesurer le bénéfice qu’il pourra lui-même tirer de l’action, en tant que gestionnaire d’un patrimoine et partenaire du projet de réhabilitation ANRU. II - L’apport de l’autoproduction accompagnée aux insuffisances constatées par les évaluations actuelles du PNRU. L’ambition de l’ANRU est bien de « casser la spirale de ségrégation sociale et territoriale que connaissent de nombreux quartiers…et de modifier radicalement les conditions de vie dans ces quartiers ». A l’heure actuelle le volet urbain mobilise de gros moyens pour démolir, reconstruire, reloger et l’on en voit les aspects positifs. Mais les évaluations soulignent que l’objectif risque malgré cela de ne pas être atteint, faute de savoir ce que les habitants souhaitent, faute aussi de s’intéresser à la partie de la population qui pose vraiment problème. Ce qui dans le passé a eu les conséquences suivantes : des bâtiments réhabilités se dégradent rapidement et obligent à reprendre la réhabilitation 15 ans plus tard. Ce qui constitue un coût économique considérable qui pourrait être évité. Il ne suffit pas de disperser la population qui a des difficultés en la rendant moins visible pour régler les problèmes. Il se peut même que disperser cette population sans l’accompagner ait pour effet de multiplier les lieux où il y aura des difficultés. Les évaluations les plus récentes déplorent le déséquilibre entre l’urbain et le social, bien que depuis des décennies le maître mot soit la participation des habitants ; mais sans grand succès. Le fait est que l’on peut assez aisément planifier le volet technique et décider centralement des opérations concernant le bâti. Dans ces domaines les compétences des ingénieurs et des architectes sont incontestables. Mais la participation des habitants et l’approche sociale supposent de s’intéresser à des personnes, à des familles, à des groupes sociaux, ce qui suppose de prendre le temps voulu et de s’adapter à chaque situation particulière. Les solutions universelles ne sont pas de mise. Sans doute convient-il de distinguer différents types de participation des habitants.

1- Des éléments à prendre en compte au stade de la conception des projets. Un premier type de participation des habitants a trait à l’élaboration du projet d’ensemble dans la phase de définition des objectifs poursuivis. L’ANRU exige par exemple que les projets de démolition/reconstruction aient été élaborés sur la base d’une consultation méthodique des habitants. Quand on veut apprécier la qualité de ce type de participation et évaluer ce qui est fictif ou tangible, on constate que dans le meilleur des cas la participation se limite en France à une concertation plutôt symbolique, ou même à une simple information des habitants5. On ne peut pas parler d’un véritable pouvoir de co-décision. La temporalité est

5 J.Donzelot et R.Epstein. Démocratie et participation : l’exemple de la rénovation urbaine. Juillet 2006.

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différente entre le projet urbain qui nécessite des actions rapides et la concertation avec les habitants qui prend beaucoup de temps (voir le rapport du CGPC pp.192/193). Ce n’est pas pour ce type de participation que l’autoréhabilitation accompagnée peut apporter le plus. Cependant au stade de la conception des projets, le PADES pourrait contribuer à informer ceux qui élaborent les programmes de rénovation urbaine sur les aspects bénéfiques des jardins de développement social. Dans bien des cas il serait possible d’intégrer la création de jardins dans le plan d’urbanisme. A l’heure actuelle l’idée de créer de tels jardins n’effleure pas la plupart des urbanistes, alors que partout en France, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, de l’ordre de 15 à 20% de ceux qui sont en habitat social souhaiteraient jardiner s’ils en avaient la possibilité. Inutile de faire de nouvelles enquêtes pour s’en persuader et reconnaître qu’un jardin participe à la requalification des espaces publics. Un jardin de développement social peut contribuer à changer l’image d’un quartier et favoriser la mixité sociale. Une animation dynamique d’un jardin peut aussi avoir un rôle pédagogique intéressant en direction des écoles et des jeunes d’un quartier. Toujours au stade de la conception des projets, le PADES pourrait aussi aider à mobiliser les connaissances que les centres sociaux et les régies de quartier ont de ce que souhaitent les habitants. Ces connaissances pourraient être mises systématiquement à la disposition de ceux qui conçoivent les projets et qui manquent parfois de temps et de moyens pour recueillir l’avis de la population. Ce serait possible puisque le PADES a passé des conventions de collaboration avec la Fédération des Centres Sociaux de France et avec le Conseil National des Régies de quartier. 2- Aider certaines familles. C’est surtout pour aider les quelques familles qui font problème dans les quartiers que l’autoréhabilitation accompagnée pourrait contribuer à développer le volet social. A ce propos le rapport du CGPC note que les conditions du relogement des familles les plus fragiles ou désocialisées affectent non seulement la vie de ces familles mais aussi la vie du futur quartier. « Pour apporter une réponse à ces quelques dizaines de cas par site, la mission recommande le recours systématique à un traitement personnalisé » (p.35). C’est bien ce que permet l’autoréhabilitation accompagnée du logement. Très généralement on constate que l’ANRU a apporté une nouvelle dynamique immobilière, mais que celle-ci n’a pas été accompagnée par une dynamique sociale de même ampleur : « sur l’accompagnement des familles, on bricole… » (Rapport CGPC p.150, voir aussi p.122). Or l’accompagnement à l’autoréhabilitation des logements a fait ses preuves à cet égard, comme en témoigne la création à titre expérimental de services d’accompagnement à l’autoréhabilitation dans quatre villes qui a obtenu le premier prix UNCCAS de l’innovation sociale locale en 2006. On est maintenant sorti de l’expérimentation et les quatre maires concernés se sont adressés à Monsieur Borloo pour lui demander d’étendre de telles réalisations (voir l’annexe 3). En ouvrant le colloque : « L’autoréhabilitation du logement en pratique » le 10 novembre 2006, M. Alain Juppé déclarait : « En associant insertion et habitat, cette démarche répond à mon intime conviction que projet urbain et projet social vont de pair. Et qui sait si dans quelques années, l’autoréhabilitation accompagnée…ne sera pas un levier supplémentaire de la restauration immobilière ? C’est tout le sens de ce colloque et de ce guide6 qui nous permettront, je l’espère, de nous rejoindre dans l’action en faveur des plus démunis d’entre nous ». 6 Il s’agit du guide « Créer un service d’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement en milieu urbain » rédigé par le PADES, et relu par les Compagnons Bâtisseurs qui ont apporté quelques compléments, à la suite de

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Les actions d’autoréhabilitation contribuent à transformer la vie quotidienne des habitants les plus en difficulté, elles modifient le rapport à leur habitat, elles améliorent les relations au voisinage. La démarche concerne aujourd’hui peu de monde, encore qu’autoréhabiliter de l’ordre de 1000 logements par an, ce ne soit pas négligeable. Bien sûr si on compare ce chiffre au nombre de personnes concernées par les conventions ANRU, cela peut être considéré comme marginal. Mais si l’on considère avec le CGPC que ce sont quelques dizaines de familles par sites qui posent problème et que l’autoréhabilitation peut vraiment aider ces familles, alors ce type d’action devient central et change la nature du programme de rénovation urbaine. Le défi est alors : comment étendre à d’autres projets pour que l’on crée un peu partout des services d’accompagnement à l’autoréhabilitation. Comment s’y prendre pour cela ?

3- Une démarche qui remédie au cloisonnement entre technique et social. Au-delà des familles concernées par les jardins de développement social ou l’autoréhabilitation accompagnée, la démarche elle-même remédie au cloisonnement entre le technique et le social. Le montage d’une action d’accompagnement à l’autoproduction est une excellente occasion pour les acteurs sociaux et urbains d’expérimenter une manière de travailler différente entre leurs services et leurs missions : moins cloisonnée, plus transversale et donc plus cohérente. Qu’il s’agisse de mettre en place une action ou un service d’accompagnement à l’autoréhabilitation ou de créer des jardins, le contenu de ces actions implique nécessairement la mobilisation d’acteurs multiples et très divers, venant des champs sociaux et techniques. Le développement de ce type de démarche ne va pas changer par un coup de baguette magique le mode de travail trop souvent cloisonné des acteurs, il peut cependant initier de nouvelles pratiques. « Quelle que soit l’ampleur des travaux à réaliser, la création d’un service d’autoréhabilitation doit impliquer de nombreux acteurs, depuis la formulation même du projet jusqu’à l’évaluation des chantiers qui seront réalisés »7. Pour favoriser une autre manière de travailler c’est moins une méthode qu’il faut diffuser qu’une pratique. Il faut procéder du bas vers le haut en multipliant les actions à petite échelle qui peuvent faire une place au projet de habitants. Mais cela ne se décrète pas. Si les acteurs gèrent les projets de renouvellement urbain en s’en tenant au plus petit dénominateur commun de la collaboration, ce n’est pas par hasard. C’est la stratégie la plus simple pour éviter complications et tensions entre acteurs. Il est douteux que l’on fasse changer le mode d’action des partenaires en diffusant du haut vers le bas une méthodologie de plus. Les acteurs sont abreuvés d’injonctions au décloisonnement, ce qui n’empêche pas les actions d’être mises en place de haut en bas de manière hiérarchisée. Le cloisonnement bureaucratique et le caractère stéréotypé des actions déplorés par le CGPC caractérisent l’action publique, surtout quand elle est mise en œuvre à grande échelle. Quand il s’agit d’accompagnement à l’autoproduction, qui a toujours une dimension technique, la concertation entre le social et le technique est imposée par le contenu de l’action et par le besoin des familles de retrouver une prise concrète sur leur cadre de vie quotidienne. l’expérimentation dans les quatre villes pour favoriser la création d’autres services d’accompagnement à l’autoréhabilitation. 7 Voir la plaquette « L’autoréhabilitation du logement en pratique » diffusée lors du colloque du 10 novembre 2006.

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III – Propositions. Pour répondre à l’urgence d’une action qui remédierait à la dérive d’une intervention urbaine oublieuse du social, il faut recourir à des pratiques qui ont désormais fait leurs preuves. « L’enjeu d’une vraie politique de développement social est d’inventer des projets, des actions qui permettent aux bénéficiaires de devenir acteurs et créateurs, de réaliser leur projet personnel et familial, en un mot de reprendre leur vie en main. Dans cette perspective, l’autoproduction sous toutes ses formes offre des perspectives immenses et sous-utilisées ».8 Le programme de travail qui est proposé ici devrait évidemment être modifié et affiné en prenant l’avis de ceux qui ont contribué à l’élaboration des constats et recommandations du Comité d’évaluation et de suivi de l’ANRU ou du CGPC ; grâce aussi à ceux qui ont la responsabilité d’en tenir compte. 1- Informer les personnes qui élaborent les projets de rénovation urbaine des possibilités qu’offre l’autoproduction accompagnée notamment les jardins de développement social et l’autoréhabilitation accompagnée. Divers contacts récents montrent que des élus ou des services chargés de l’habitat n’ont jamais entendu parler d’autoréhabilitation accompagnée. Lorsqu’ils sont mis au courant, certains pensent aussitôt à des territoires ou à des types d’habitat pour lesquels des actions pourraient être menées. Les porteurs de projet et opérateurs engagés dans les démarches d’autoproduction sont encore peu nombreux. Pour que les démarches se multiplient, un travail de communication doit être entrepris pour favoriser la reconnaissance par les pouvoirs publics, et leurs partenaires - associations, diverses institutions, bailleurs sociaux - de l’utilité sociale des démarches d’autoproduction. Les CCAS, les centres sociaux9, les régies de quartier et certaines associations sont des opérateurs potentiels souvent bien implantés dans les quartiers. Les informations que pourrait donner le PADES seraient d’autant mieux entendues qu’elles seraient précédées par des « orientations nationales explicites » incitant à une « étroite synergie entre tous les leviers d’action possibles » (CGPC p.116). Ces informations pourraient évidemment prendre divers canaux et moyens :

• textes ou films sur des CD (certains sont déjà disponibles) • visites de jardins ou de chantiers d’autoréhabilitation organisées avec des élus ou des

administrations qui ont été à l’origine de ces réalisations. En effet on sait que donner à voir vaut bien des écrits ou des discours.

Quelles cibles envisager : les élus (les maires sont souvent les moteurs des programmes de rénovation urbaine) les services municipaux, les délégués territoriaux de l’ANRU, leurs correspondants dans les DDE, les préfectures, les bailleurs sociaux , les chefs de projet DSU etc. ? Il serait important de persuader de nouveaux bailleurs sociaux de l’intérêt pour eux-mêmes et les habitants de soutenir l’autoproduction accompagnée. Quelles actions d’information pourraient être faites en direction de l’ensemble des acteurs de la rénovation urbaine ? Quelles actions devraient être plus ciblées en fonction de ce que l’on 8 Déclaration de V.Fayet, adjointe au maire de Bordeaux, lors du colloque du 10 novembre 2006 à Bordeaux. 9 En juin 2006, il y eut à l’Assemblée Nationale une séance de travail entre le réseau des centres sociaux et des députés de toutes tendances. A cette occasion Michel Delebarre député du Nord a déclaré « Les centre sociaux doivent constituer des espaces charnières entre élus locaux et habitants, dans le cadre des opérations de rénovation urbaine notamment ».

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pourrait savoir de l’intérêt plus ou moins marqué pour développer le volet social ? Pour choisir éventuellement certains sites avec lesquels collaborer plus étroitement, sera-t-il possible de s’inspirer de la typologie esquissée dans le rapport du CGPC (pp.219/220) ? 2- Accompagnement à la maîtrise d’ouvrage. Faute de disposer de repères méthodologiques fiables, certains porteurs de projet et opérateurs tâtonnent ou sont enclins à répéter des erreurs contre lesquelles ils n’ont pas étés suffisamment prémunis. Si l’on prend l’exemple des jardins familiaux, on constate que les porteurs de projet considèrent comme une évidence qu’il faut en confier la gestion à une association de jardiniers, alors que cela entraîne le plus souvent la confiscation du pouvoir par quelques-uns. Il s’avère que la gestion par un tiers, centre social ou autre structure, est plus appropriée. On peut prendre un autre exemple concernant l’autoréhabilitation accompagnée : convient-il de choisir un mode d’organisation des chantiers collectif ou individuel ? Avant d’effectuer un choix, encore faut-il être au clair sur les objectifs poursuivis. Parmi les quatre exemples d’actions donnés dans le rapport qui précède, la moitié a choisi le mode collectif et l’autre le mode individuel. Le choix du mode individuel semble mieux correspondre à l’objectif qui consiste à apprendre à des ménages en très grande difficulté à habiter et à entretenir leur logement. Un travail de diffusion des bonnes pratiques doit donc être effectué. Certaines peuvent être données en exemple : Ainsi le cas de Bègles qui a inscrit l’action d’autoréhabilitation dans sa charte d’insertion ANRU. De même celui de Perpignan où l’aménagement d’un jardin sera financé en partie par l’ANRU, en tant que nouvel équipement public en réponse à la demande des habitants. Ou encore celui de Grenoble qui pourrait valoriser son nouveau jardin dans le rapport d’étape du projet ANRU. Mais aussi celui de Toulouse par sa capacité à mettre en œuvre une démarche transversale. 3- Contribuer à éclairer la question des mérites respectifs de la démolition et de la réhabilitation. Le rapport du CGPC note à un moment : « Peu de compétences locales sont … disponibles pour réaliser … une analyse comparée de l’impact réel, sur le long terme, d’une réhabilitation ou d’une démolition- reconstruction sur la gestion du patrimoine d’un organisme. Cette capacité d’expertise est donc à repérer et à organiser » (p.114). Le rapport note également dans l’enquête du site Orly-Choisy : « l’OPAC se plaint que la réhabilitation des logements ne soit pas une priorité de l’ANRU » (p.150). Les expériences d’autoréhabilitation pourraient sans doute contribuer à éclairer le choix entre d’une part démolition/reconstruction et d’autre part réhabilitation. Plusieurs raisons plaident pour y voir plus clair : le refus des habitants dans bien des cas d’accepter la démolition car ils sont attachés à leur quartier, les coûts respectifs des deux solutions. Une autre raison est à prendre en compte : s’interroger sur l’idée trop simple qui consiste à disperser la partie de la population qui pose problème pour résoudre les difficultés, en évitant de se poser vraiment la question de l’accompagnement social d’un certain nombre de familles.

* * *

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Annexe 1 : Liste des personnes interviewées

Mme LAGUEYTE, Directrice du CCAS de la ville de Bègles.

Mme Christiane CHATEAUVIEUX, Chef de projet du service Citoyenneté et DSU, Direction Action territoriale décentralisée de la Mairie de Grenoble.

M. Stéphane LE TEXIER, Directeur de l’Action territoriale décentralisée de la Mairie de Grenoble.

Mme Brigitte MONGODIN, Directrice du Centre social Mistral/Anatole France de Grenoble.

Mme Paule NICOLAS, Directrice adjointe du CCAS de la ville des Mureaux.

M. Stéphane PAVOT, Chef de projet Cadre de vie et Développement durable des Services techniques de la Mairie des Mureaux.

M. WATTEEUW, Responsable GUP des projets de quartiers, Direction générale Yvelines de du bailleur social SCIC Habitat.

M. Pascal QUIJOUX, Directeur de l’ACIF, opérateur en autoproduction sur les Mureaux.

M. André PUIGT, Directeur du CCAS de Perpignan, opérateur en autoréhabilitation.

M. Philippe GRABULOS, Animateur technique autoréhabilitation, CCAS de Perpignan.

M. Frédéric VERDY, Coordinateur social autoréhabilitation, CCAS de Perpignan.

M. Thierry SPIAGGIA, Chef de projet ANRU de la Mairie de Perpignan.

Mme Nathalie LEBRUN, Chargée de mission, Mission développement social - pôle urbain - GUP, Sous Direction Développement Urbain de la Mairie de Toulouse.

Mme Mireille VION, Chargée de projet urbain ANRU quartier le Mirail, Mission développement social - pôle urbain - GUP de la Mairie de Toulouse.

M. BAUBIL, Directeur de l’association Partage, quartier la Faourette de Toulouse.

Mme BARRAULT, directrice de l’association Régie plus, quartier le Sanitas de Tours.

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Annexe 2 : L’autoproduction accompagnée, un outil efficace de renouvellement

urbain.

I - Des actions possibles, peu spectaculaires et prometteuses. Les bailleurs sociaux pourraient dans les années à venir jouer un rôle essentiel pour favoriser le développement de l’autoproduction accompagnée (autoréhabilitation du logement, jardins familiaux etc…) en direction notamment des publics peu fortunés. Il s’agit d’actions modestes, dispersées, peu spectaculaires qui pourraient pourtant avoir une grande importance car prenant les choses à la racine.

Témoignage

Voici le témoignage de Monsieur Bischerour élu des Mureaux à la réunion organisée par le Programme Autoproduction et Développement Social (PADES) le 27 avril 2004 au Ministère de la Santé sur la création de services d’acompagnement à l’autoréhabilitation dans quatre villes. « Sur les programmes de rénovation urbaine, il faut préciser que depuis les années 80 nous avons tout connu ; de DSQ en DSU, des PALULOS qui ont plus traumatisé que réglé les problèmes, en tous cas pour les Mureaux, des crédits d’Etat astronomiques - 210 millions de francs - pour réhabiliter une cité de 900 logements dans les années 83 et 95 pour en fait démolir aujourd’hui. Vous comprenez alors mon scepticisme lorsqu’on est venu me consulter à la Mairie sur une expérimentation qui avait pour but de créer un service d’accompagnement à l’autoréhabilitation. Je me suis dit que c’était un gadget de plus, mais la procédure était déjà engagée par ma collègue Marie-Françoise Savigny ; alors pourquoi pas. Depuis des années, avec mon ami et maire François Garay nous demandions de mettre des crédits de fonctionnement dans les opérations de réhabilitation afin de créer du lien et du suivi social mais en vain. Il est paradoxal que c’est dans une opération destinée au secteur privé qu’enfin on avait compris que la famille était au cœur des problèmes et qu’il fallait agir en priorité sur elle et avec elle ! Mais, toujours sceptique, je voulais en voir plus pour engager la Ville dans ce processus d’autoréhabilitation car le plus difficile c’était de convaincre les élus et de prévoir les financements. Pas de volonté politique…Pas de projet… » C’est la visite chez les Compagnons Bâtisseurs de Bretagne pour voir la réalité d’une action d’autoréhabilitation qui a fini par emporter la pleine adhésion des élus des Mureaux et des autres techniciens locaux qui les ont accompagnés. Monsieur Bischerour nous dit : « Invités à Rennes, nous avons pu vérifier sur place que le projet portait ses fruits et qu’il était enfin possible de recréer du lien social avec l’autoréhabilitation. Alors nous nous sommes mis au travail et le résultat est très satisfaisant à ce jour…Bref ! On a vraiment l’impression que pour une fois nous sommes efficaces et que ce projet répond à une vraie attente des familles en difficulté… » Convaincu qu’un service d’accompagnement à l’autoréhabilitation est un outil fiable, Monsieur Bischerour souhaite à présent convaincre d’autres responsables politiques, y compris le Ministre de l’emploi, du travail et de la cohésion sociale, de l’intérêt d’une telle action.

Actions modestes susceptibles d’un développement important car les besoins sont considérables, même s’ils ne se manifestent pas spontanément. Pour les Jardins familiaux de développement social, chaque fois que l’on enquête auprès des habitants dans l’habitat social, on retrouve toujours une proportion de l’ordre de 15% des habitants qui sont désireux de cultiver une parcelle de jardins. Autrement dit ce sont des centaines de milliers de jardins qui seraient nécessaires pour couvrir les besoins … et contribuer à changer la vie dans les cités.

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II - Les bienfaits de l’autoproduction accompagnée : l’exemple des jardins d’autoproduction et de développement social. Quatre ans après la création d’une quarantaine de parcelles en bordure d’une cité d’habitat social, une évaluation a mis en évidence les effets suivants :

Autonomisation : la majorité des ménages économiquement faibles disposant d’un jardin affirme qu’il leur permet d’économiser et surtout d’améliorer la qualité et le diversité de l’alimentation. Leurs habitudes alimentaires se modifient. Pouvoir effectuer des choix là où il n’y avait que des contraintes est une dimension importante de l’autonomie sur laquelle les jardiniers démunis insistent beaucoup.

Transmission intergénérationnelle d’une identité culturelle : autant qu’un souci d’économies le choix des espèces cultivées traduit le besoin de maintenir une tradition culinaire et de transmettre une identité culturelle entre générations.

Requalification éducative : il y a sur la cité une crise de la figure paternelle. Souvent les divers enfants d’une même famille n’ont pas le même père ; de nombreux pères sont inactifs et les hommes ont du mal à se faire reconnaître par le travail, ils perdent leur autorité, ce sont les femmes qui ont la prépondérance. Le jardin est dans la cité le seul lieu où les hommes peuvent avoir une activité productive visible, susceptible de revaloriser leur parole.

Initiation à la valeur du travail : les jardins sont un des rares lieux du quartier où les enfants sont initiés de manière sensible à la valeur et à l’utilité du travail. Les jeunes enfants sont emmenés très souvent sur le jardin familial et ont l’occasion de participer aux travaux de jardinage. Le simple fait que les jeunes respectent les jardins atteste qu’ils y rencontrent une valeur importante.

Intégration : les jardins ne sont pas un lieu de repli identitaire, ils favorisent une sociabilité élargie. Le fait de cultiver chacun sa parcelle sous le regard des autres favorise l’apprentissage de la coexistence des diverses communautés. Chaque jardinier peut constater que ses voisins travaillent pour donner des légumes à sa famille : le partage de la valeur travail favorise la reconnaissance et le respect de l’autre. Des coups de mains s’échangent ; on observe des transferts de savoir faire entre cultivés et incultes en jardinage ; on s’échange des graines, des plants et des semences.

Apprentissage de la civilité : les jardins coopératifs font partie de ces espaces urbains qui ont toujours joué un rôle important dans la socialisation et l’apprentissage des règles car ils sont mixtes. Ces lieux sont à la fois publics (on peut y circuler librement, on doit y respecter des règles générale de police, on y voit les autres, on y est vu etc.) et aussi privés (chaque titulaire est maître de sa parcelle, son activité relève de l’économie domestique et de l’intimité familiale). L’utilité visible de l’activité de chacun justifie le respect de son travail et l’apprentissage des règles de la civilité. C’est parce qu’ils favorisent la consolidation de la sphère privée que les jardins sont un outil précieux d’initiation à la sphère publique

Appropriation et responsabilisation : le fait de vivre en cité d’habitat social collectif peut constituer un handicap social. En effet, le mode de vie des habitants y est soumis à des contraintes très fortes. De par la morphologie de ces quartiers, les choix techniques qui les structurent, les règlements qu’on y impose, les habitants sont condamnés à avoir très peu de prise sur leur habitat. C’est pourquoi il s’y entretient une sorte de culture de la dépendance dont les effets deviennent très préoccupants lorsque la situation économique de la population se dégrade. C’est pourquoi le besoin des jardiniers de se façonner un lieu “à soi” et à son image est si important ! Du coup ils se sentent plus responsables de leur cadre de vie commun ;

Mixité sociale : le jardin s'affirme ainsi comme un outil d’amélioration de l’image d’un quartier. Cet espace jardiné pare le quartier de nouveaux atours, notamment aux yeux des classes moyennes, qui dès lors qu’elles ont la possibilité de jardiner, ont moins de raisons de se réfugier dans l’habitat pavillonnaire. Ainsi le jardin favorise la mixité sociale

La création de jardins familiaux favorise une requalification et une appropriation des espaces extérieurs parfois négligés par les offices HLM en même temps qu’elle favorise l’intégration sociale et la création d’un réseau d’habitants.

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III L’autoréhabilitation accompagnée du logement : un outil de développement social urbain. Aujourd’hui le marché du bricolage explose ! La remise en état de son logement est une pratique très en vogue chez les Français, qu’ils soient locataires ou propriétaires. Nombreux sont ceux qui font eux-mêmes des travaux d’amélioration ou d’embellissement de leur cadre de vie : repeindre, retapisser, abattre une cloison, isoler une toiture, poser un plancher, réparer sa plomberie ou son électricité… Cependant nombreuses aussi sont les personnes mal logées, habitant un logement très dégradé ou inadapté, qui ne sont pas en mesure de l’améliorer. Ressources financières insuffisantes, incompétences techniques, isolement social, difficultés relationnelles, démotivation, perte de dynamisme, handicaps physiques : autant de facteurs qui redoublent l’inégalité devant le logement et les risques d’exclusion. Une réponse pour les personnes exclues : Des associations, travaillant en partenariat avec des services sociaux 10 ont expérimenté des démarches d’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement. Elles proposent à des familles en difficulté sociale un monitorat technique pour réaliser des travaux d’amélioration dans leur propre logement. Selon l’état du logement et les capacités du ménage il peut s’agir de travaux de second œuvre ou de travaux plus légers d’aménagement et d’embellissement. Ces associations proposent aux personnes démunies de les aider pour concevoir et réaliser un projet d’amélioration. Elles les aident à mobiliser des aides financières et à contacter des entreprises pour effectuer les travaux qui réclament une trop grande technicité. Pour s’assurer que le projet sera réaliste et que les travaux seront bien conformes aux normes de qualité et de sécurité, les associations fournissent aux bénéficiaires un monitorat technique et social qualifié et personnalisé. Si le souci de rigueur technique est toujours présent, l’objectif de ces chantiers est d’abord social : la participation des bénéficiaires doit favoriser leur autonomisation et leur dynamisation. Ces démarches méconnues et sous employées, méritent d’être mises en lumière, diffusées et soutenues. Bien conduites, elles permettent aux personnes démunies de s’approprier leur logement ; elles favorisent le rétablissement des liens sociaux et cassent cette culture de la dépendance si souvent déplorée chez les usagers de l’habitat social. Des bénéfices à long terme : Adaptation et appropriation du logement : faire des travaux chez soi, c’est un moyen de l’améliorer, de l’adapter à ses besoins et à son mode de vie, de l’embellir et de l’aménager. Même si les travaux réalisés sont modestes, ils aideront les personnes en difficulté à mieux maîtriser leur consommation d’énergie et d’eau, à lutter contre les problèmes de santé dus au manque d’hygiène ou à l’insalubrité. Le confort de vie, mais aussi l’amélioration sanitaire et thermique auront des répercussions sur le bien-être et la santé de toute la famille. Le plaisir de vivre retrouvé favorisera l’appropriation du logement ; le bénéficiaire sera fier du résultat, car il y aura contribué en étant acteur de son chantier. L’amélioration a alors toutes les chances d’être durable car celui qui s’est donné de la peine pour refaire son « chez-soi » aura aussi envie de l’entretenir. Et il saura le faire après avoir acquis les techniques nécessaires au cours de la réalisation du chantier. 10 Conseils généraux, des Caisses d’allocations familiales, des Centres communaux ou intercommunaux d’action sociale, des commissions locales d’insertion ou des services responsables de la politique de développement social urbain ou rural…

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Une démarche d’insertion sociale dynamisante : l’accompagnement social et technique permet de démarrer un projet sur le logement ou de débloquer un projet ancien qu’on n’avait pas pu faire aboutir. Pour mener à bien leur chantier, les personnes en difficulté mobilisent leur énergie et leurs ressources. C’est aussi une occasion d’apprentissage de l’autonomie. La définition technique du projet, le choix des matériaux, la conduite du chantier au quotidien, sont autant d’occasions de trouver un rythme, de gérer le temps et de prendre des initiatives par rapport aux tâches à effectuer. Le plaisir pris à réaliser une activité concrète, la satisfaction d’y réussir et la fierté du travail accompli contribuent à restaurer une image de soi positive. Le travail sur le logement est une activité qui a toujours eu une forte charge symbolique. La maison fonctionne comme une projection du moi ; l’aménager ou la bâtir c’est l’occasion de «refaire son intérieur» au sens propre comme au sens figuré. Bien souvent à l’issue d’un chantier d’autoréhabilitation, fortes d’un renouveau d’énergie, d’une confiance en soi retrouvée et d’une autonomie accrue, les personnes en difficulté auront une capacité plus grande à se projeter dans l’avenir. Elles seront mieux armées pour faire face à leurs autres difficultés : engager des démarches pour clarifier leur situation administrative ou financière, mieux prendre en charge leur santé, ou encore reprendre un projet professionnel en panne. Un outil d’aide à la famille et à l’enfance : les effets sur la dynamique familiale se font sentir dans le couple, à travers la mise en œuvre d’un projet commun, mais aussi entre les générations. Le chantier est l’occasion d’une meilleure prise en compte de l’enfant et de lui faire une place : il est courant que les travaux portent sur la création ou l’aménagement d’un espace pour les enfants. Ce sont souvent eux les principaux bénéficiaires de ces chantiers. C’est aussi pour eux un moyen de s’initier au travail, en y participant. Pour les parents, le chantier est l’occasion de leur montrer leur capacité à faire, ce qui va retentir sur leur positionnement éducatif et faciliter ainsi l’affirmation d’une autorité. Un support d’intégration sociale : le chantier d’autoréhabilitation accompagnée modifie de manière positive les relations du bénéficiaire avec son environnement : il peut rétablir de liens de confiance avec son propriétaire ou les travailleurs sociaux ; il devient donneur d’ordre économique lorsqu’il faut faire intervenir une entreprise ; c’est aussi l’occasion de renouer un tissu informel de relations, de solidarité, de coopération. Diverses personnes peuvent donner un coup de main : les conjoints, les enfants, les proches, les amis, ou encore le voisinage. Parfois il faut mobiliser le soutien financier de la famille ou des amis. Le chantier est alors une occasion de développer un capital social et de rompre l’isolement en entrant dans des relations d’échange. Après le chantier, grâce à l’amélioration de son cadre de vie et aux nouvelles relations nouées, le bénéficiaire aura plaisir à ouvrir sa maison sur l’extérieur. Il pourra plus volontiers recevoir des visites chez lui, établir des relations de bon voisinage avec les autres sur le mode de réciprocité et du don. L’autoréhabilitation accompagnée a des effets très positifs sur l’habitat mais aussi en termes d’insertion sociale, de restauration du lien social, de prévention sanitaire, de maîtrise de l’énergie… pour un investissement qui reste relativement modeste. C’est un outil de développement social local, et de prévention de l’exclusion, adaptable à la diversité des contextes et des personnes en difficulté.

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III - Convergence d’intérêts entre habitants et bailleurs sociaux. Voici quel était le témoignage de Patrick Gilles de l’OPAC d’Ille et Vilaine lors des rencontres sur Autoproduction et Développement social organisées à Marseille en octobre 2000. Il faisait état d’un partenariat avec les Compagnons Bâtisseurs qui durait depuis dix ans. Tout en répondant aux besoins des familles, l’autoréhabilitation rejoignait les intérêts de l’OPAC : Du point de vue financier : réduction des coûts des travaux et de gestion (moins de frais d’état des lieux et de procédure contentieuse). Il y a réduction des coûts d’entretien car les locataires qui ont participé aux travaux ont à cœur de le maintenir en bon état « on fait plus attention après » disait une mère de famille. En terme de mobilité résidentielle et d’utilisation optimale du parc logement, en évitant que des personnes seules, logées dans de grands logements, ne puissent déménager à cause des travaux dus à la détérioration qu’il faudrait entreprendre. En terme de retombées sociales : les chantiers d’autoréhabilitation sont l’occasion de développer des relations sociales dans le quartier. Ils améliorent les relations entre locataires et bailleurs. Les locataires ont une prise concrète sur leur habitat qui n’est plus seulement un bien collectif normé.

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Annexe 3 : L’autoréhabilitation accompagnée, une démarche reconnue et encouragée.

La Ville de Bordeaux avait pu mesurer les bienfaits de l’autoproduction comme support d’autonomie et de valorisation de soi, au travers des jardins familiaux qu’elles avaient mis en place. Elle souhaitait également explorer les chemins de l’autoréhabilitation accompagnée. Pour ce faire, Madame Fayet, Adjointe au Maire de Bordeaux, a initié avec le PADES une expérimentation nationale qui avait une mission double : faire adhérer au projet plusieurs Villes pour créer un service sur chacune d’elles, mais aussi tirer des expériences les enseignements méthodologiques afin d’essaimer. C’est ainsi que les quatre Villes de Bordeaux, les Mureaux, Perpignan et le Havre se sont engagées sur le programme « Créer des services d’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement ». Etalée sur quatre années, de 2002 à 2005, cette expérimentation nationale a été soutenue par de nombreux financeurs : Fondation de France, Caisse des dépôts et Consignations, Délégation Interministérielle à la Ville, Plan Urbanisme Construction et Architecture, DDE et Villes. Le PADES a porté le programme et a suivi sa réalisation pour aboutir à la réalisation d’un guide méthodologique portant sur la création de services d’autoréhabilitation. Il s’est associé à l’Association Nationale des Compagnons Bâtisseurs qui a assuré la mission de soutien des acteurs locaux en ingénierie de projet. Le bilan de cette expérimentation est largement positif. Fin 2005, les nouveaux services créés sur chacune des quatre Villes ont atteint leur rythme de croisière et l’action commence même à s’étendue à d’autres quartiers. Le guide « Créer un service d’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement en milieu urbain » est en ligne. Par ailleurs, les élus politiques des quatre Villes et leurs CCAS qui ont contribué fortement à la réussite du programme, ont particulièrement été convaincus par l’expérience. Ils souhaitent que la démarche se diffuse plus largement. Deux initiatives en témoignent :

Les élu(e)s des quatre villes ont adressé à M. Borloo, Ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement une lettre commune lui demander de soutenir ce type de démarche dans les politiques publiques urbaines et sociales (voir la lettre adressée à M. Borloo en septembre 2005 ci-après).

L’UNCASS a décerné son Prix de l’innovation sociale locale 2006 aux quatre

CCAS qui ont participé à l’expérimentation (voir la déclaration ci-après de M. Patrick Kanner, Président de l’UNCASS).

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Lettre à M. Borloo Monsieur le Ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement,

Des expérimentations en cours depuis trois ans sur des quartiers difficiles de nos villes démontrent amplement que l’accompagnement de ménages en difficulté dans l’autoréhabilitation de leur logement est un outil efficace pour lutter contre l’exclusion sociale et le mal logement.

On sait trop bien que faute d’impliquer les habitants, qui restent dans un statut d’occupants passifs, les actions de remise en état du bâti et du logement ont souvent des effets de courte durée. A l’opposé, fondée sur une démarche participative, l’autoréhabilitation accompagnée est une démarche d’amélioration du logement qui vise à mettre les ménages occupants au cœur de l’action. Le fait de donner aux habitants qui le souhaitent la possibilité de définir un projet d’amélioration et de réaliser eux-mêmes tout ou partie des travaux a des effets techniques et sociaux très intéressants. Nous avons pu le vérifier, et nous pouvons à présent affirmer qu’aucune autre démarche d’amélioration du logement ou de rénovation de l’habitat urbain ne permet d’obtenir avec des publics souvent difficiles ces résultats techniques et sociaux. Au plan technique, tout d’abord, cette démarche favorise l’adaptation des logements aux familles et à leur mode de vie. C’est l’occasion pour les bénéficiaires d’apprendre des gestes techniques -parfois simples- qui contribuent à une meilleure appropriation du logement. La possibilité de retrouver une prise sur leur cadre de vie quotidienne favorise un meilleur entretien du logement et responsabilise les bénéficiaires à l’égard de leur habitat. Les chantiers d’autoréhabilitation accompagnée fournissent donc un bon outil pour enrayer un processus de dégradation d’une partie très vulnérable du patrimoine bâti de nos villes, qu’il soit privé ou public, occupé par des publics en difficulté sociale. De plus, au plan social, il s’avère que les démarches d’autoréhabilitation accompagnée sont aussi un outil intéressant de cohésion sociale et de lutte contre l’exclusion. Les effets en terme d’insertion sociale des publics en difficulté sont encourageants. Mieux dans leur logement, ils sont aussi mieux dans leur environnement social.(…) Le bilan de nos actions montre bien que la réalisation de travaux dans le cadre de chantiers qui peuvent être réalisés, selon les situations, individuellement ou collectivement, a des effets importants en terme de socialisation, de rétablissement de liens sociaux, que ce soit avec la famille ou avec le voisinage, de responsabilisation des parents à l’égards de leurs enfants. Les effets dynamisants des chantiers se font rapidement sentir sur des personnes qui avaient souvent renoncé à s’inscrire dans le monde du travail et on observe qu’une partie non négligeable des bénéficiaires ont engagé une démarche de retour vers l’emploi. L’expérience menée depuis 2001 simultanément sur quatre villes nous permet d’affirmer que susciter localement l’émergence de nouveaux opérateurs en autoréhabilitation accompagnée et les préparer à leur mission est techniquement tout à fait réaliste.

Forts de ces résultats, nous sommes à tel point convaincus de l’utilité sociale des actions d’autoréhabilitation accompagnée et de leur faisabilité technique, que nous avons la ferme volonté de pérenniser et de diffuser sur nos territoires celles que nous avons réussi à créer. D’ailleurs un nombre croissant d’élus souhaite disposer d’un tel outil.

Mais la volonté ne suffit pas, l’expérimentation s’achève fin 2005, et nous craignons que la bonne poursuite de nos actions au-delà de cette date soit entravée par la difficulté à les financer. Il nous semble donc important d’examiner dès à présent et concrètement comment ces démarches engagées par nos villes peuvent se pérenniser et s’étendre à de nouveaux territoires. Pour ce faire, nous tenterons naturellement de continuer à nous appuyer sur nos propres forces et sur celles de nos partenaires locaux. Néanmoins, il nous semble indispensable que les chantiers d’autoréhabilitation accompagnée puissent s’inscrire au plan technique comme au plan financier comme un des outils des politiques nationales de renouvellement urbain et de cohésion sociale.

Aussi nous réunissons nos voix pour vous demander, Monsieur le Ministre, que nos actions et celles qui pourraient être développées par d’autres élus locaux puissent être éligibles sur les dispositifs locaux de cohésion sociale et de renouvellement urbain qui ont pu être mis en place grâce à votre action politique.

François GARAY Jean-Paul ALDUY Maire des Mureaux Maire de Perpignan

Véronique FAYET, Adjointe au Maire Brigitte DUFOUR, Adjointe au Maire pour pour Hugues MARTIN, Maire de Bordeaux Antoine RUFENACHT, Maire du Havre

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1ER Prix de l’innovation sociale locale 2006 Déclaration de M. Patrick Kanner, Président de l’UNCCAS11

« L’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale a décerné

son premier Prix de l’innovation sociale locale 2006 à l’action « Autoréhabilitation

accompagnée des logements », conjointement portée par les CCAS de Bordeaux, Le Havre,

Les Mureaux et Perpignan. Cette initiative correspond en effet très bien à la philosophie de ce

Prix, créé pour mettre en lumière les bonnes pratiques éprouvées en vue de faciliter leur

reprise par d’autres CCAS/CIAS à l’échelon national. Outre la réhabilitation du logement,

dont on sait qu’il constitue le point central d’une démarche de ré-intégration des publics

exclus de notre société, et l’accompagnement technique qu’il implique, l’innovation dont fait

preuve cette action est tout à fait remarquable en termes de création de lien social, de

restauration de l’image de soi, de participation et de valorisation des usagers. Les résultats

déjà obtenus prouvent que ce dispositif mériterait d’être étendu à d’autres villes. C’est

pourquoi l’UNCCAS, par l’intermédiaire du jury national réuni pour l’occasion, a décidé de

l’encourager. »

11 Elle figure en page 2 de la brochure « L’autoréhabilitation du logement en pratique » réalisée à l’occasion du colloque du 10 novembre 2006 organisé à Bordeaux en clôture de l’expérimentation menée sur 4 villes

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Le PADES Le Programme Autoproduction et Développement Social existe depuis 1996.

L’Association PADES reconnue d’Utilité Sociale a pour finalité de Promouvoir l’autoproduction comme outil de développement social et solidaire : elle accompagne des initiatives associatives et publiques qui créent les conditions d’accès des populations défavorisées au « faire soi-même ». Elle promeut l’autoréhabilitation du logement, l’autoproduction dans l’alimentaire (jardins familiaux et jardins de développement social, ateliers cuisine), l’autoproduction dans le mobilier, le transport, etc.

Pour atteindre son objectif, le PADES s’emploie à : • Faire connaître l’intérêt de l’autoproduction pour favoriser l’émergence de nouveaux projets • Identifier et mettre en réseau ceux qui agissent pour l’insertion : élus, bailleurs sociaux, centre sociaux,

régies de quartiers, associations … • Réaliser des études, diagnostics et bilans, des outils de communication • Analyser des actions pilotes • Soutenir méthodologiquement de nouveaux projets • Organiser des programmes d’information et de formation • Animer des réseaux d’opérateurs, organiser des rencontres régionales ou nationales

Les travaux du PADES sont consultables et gratuitement téléchargeables sur son site : www.padesautoproduction.org. On y trouvera notamment les documents cités dans la présente étude, à savoir :

Concernant l’autoréhabilitation accompagnée:

• Le guide méthodologique « Créer un service d’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement en milieu urbain », Pades avec la participation de l’association Compagnons Bâtisseurs 2005.

• La brochure « L’autoréhabilitation du logement en pratique » créée par la Ville de Bordeaux, l’agence Réflex et l’agence de communication WHY en collaboration avec le Pades, 2006.

Concernant les jardins d’autoproduction :

• Le guide méthodologique « Jardinage et Développement social », Pades avec l’association Jardins d’aujourd’hui, 1999.

• La note « Jardins de développement social et gestion associative : étude de cas », Pades 2004. • On peut également utilement consulter le site du Jardin dans tous ses états : www.jardinons.com, et

l’association SaluTerre, qui peut offrir un appui technique à la création de projets de jardins collectifs et familiaux [email protected]

Les coordonnées du PADES : Siège : 4/6 place de Valois- PARIS 75001 Bureaux et Adresse Courrier: 1, rue du Pré Saint Gervais PANTIN 93500 - Tél/Fax : 05 56 79 03 50 - Courriel : [email protected].

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