Fascisme, nazisme et stalinisme Septième cours : Vie et mort des régimes « totalitaires »

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Fascisme, nazisme et stalinisme

Septième cours :

Vie et mort des régimes « totalitaires »

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Septième cours :

1 – L’Italie fasciste

2 – L’Allemagne nazie

3 – L’URSS stalinienne

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1 – L’Italie fasciste

1.1 – Les lois fascistissimes

• Entre 1922 et 1925, Mussolini ne règne que partiellement sur l’Italie : le parlement continue de siéger et même si le PNF y devient majoritaire en 1924, il doit partager l’appareil législatif avec d’autres partis.

• Trois événements vont servir d’éléments déclencheurs à la formation de la dictature et à la transformation de l’Italie : la tentative d’assassinat contre le Duce, l’affaire Matteoti et la sececession aventiniana, qui lui est consécutive : une action de protestation initiée par les partis d’opposition, qui refusent de siéger au parlement tant que la « légalité ne sera pas rétablie ».

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• Cette politique de la chaise vide permettra l’adoption par un parlement fasciste de diverses lois qui fondent véritablement la dictature mussolinienne.

• La première de ces lois, votée le 24 décembre 1925, transfère une partie des prérogatives de la chambre au chef de l’exécutif, Mussolini, et, lui octroyant le statut officiel de Duce de l’Italie, en fait le dictateur légal.

• Le 31 décembre 1925 voit l’entrée en vigueur de la loi sur la presse, qui détermine que les journaux ne peuvent être dirigés, écrits et imprimés que s'ils ont un responsable accrédité par le gouvernement; tous les autres sont considérés comme étant illégaux.

• La loi du 3 avril 1926 détruit la base active du parti socialiste en interdisant le droit de grève et en établissant que seuls les syndicats « légalement reconnus », c’est-à-dire ceux dirigés par les fascistes, peuvent signer des conventions collectives.

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• En mai 1926 une loi renforce encore une fois l’exécutif, et lui permet d’établir des lois sans passer par le parlement qui d’ailleurs est dissous, faisant du Grand Conseil fasciste le seul organe législatif et exécutif de l’Italie et transformant le régime en dictature.

• En 1928, une dernière loi apparaît, qui modifie les lois électorales et prévoit une liste nationale unique de 400 candidats choisis pour le Grand Conseil et qui est soumise aux électeurs en bloc, donnant au processus électoral l’apparence d’un plébiscite du pouvoir central.

• Bref, cet ensemble législatif fait du PNF l’unique parti de l’Italie et rend Mussolini constitutionnellement responsable devant le roi seul. En outre, il consacre la transformation du Grand Conseil en détenteur absolu du pouvoir, soumet les organisations civiles au pouvoir de la police, interdit les syndicats et soumet toute la presse. Ces lois mettent aussi en place la structure répressive du régime.

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1.2 - La guerre d’Éthiopie

• Première agression d'une grande puissance européenne contre un pays indépendant, la guerre d'Éthiopie marque un tournant dans l'histoire de l'Italie fasciste et dans celle de l'Europe de l'entre-deux-guerres, en démontrant l’impuissance de la SDN et des États libéraux face aux dictatures et en encourageant l'Italie à s'engager dans la voie d'un rapprochement avec l'Allemagne hitlérienne.

• Dans les plans du Duce, l'Éthiopie occupait une position centrale. À partir de 1923, l'Italie s'efforça d'établir, notamment par la signature en 1928 d'un traité de paix et d'amitié, de bonnes relations entre les deux États.

• Mais dès 1932, le régime fasciste élabore des plans d'attaque contre le royaume. Le 16 janvier 1935, le Duce créé un commissariat pour l'Afrique orientale et prend en main la direction du ministère des Colonies.

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• Le 3 octobre 1935, 200 000 hommes pénètrent en Éthiopie. Mussolini entendait remporter la victoire rapidement afin de mettre les puissances occidentales devant le fait accompli. Dans ce but, la force d’invasion est portée à 500 000 hommes, afin que l’armée soit en mesure de réaliser les infrastructures nécessaires à sa pénétration d’un territoire largement sous-développé.

• Le 11 octobre 1935, la SDN décide par 50 voix sur 54 votants d'infliger des sanctions économiques à l’agresseur d’un État membre, même si la France et le Royaume-Uni, qui craignaient que l'Italie n'en profitât pour s'approvisionner en Allemagne, avaient voté ces sanctions à contrecœur.

• L'Allemagne et les États-Unis annoncèrent leur intention de ne pas les appliquer. Rendues inopérantes par le laxisme avec lequel elles furent mises en œuvre, les sanctions ne servirent qu'à exacerber le sentiment national italien.

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• Le 2 novembre, la SDN chargea les Britanniques et les Français d'élaborer une solution négociée. Le plan présenté le 17 décembre au Duce donnait satisfaction aux revendications de l'Italie, en lui concédant les deux tiers du territoire éthiopien. Mais sa divulgation provoqua la colère de l’opinion publique occidentale.

• Heureusement pour Mussolini, l'occupation de la Rhénanie vint détourner l'attention de la SDN et permettre à Mussolini de conclure la guerre. Les Italiens anéantirent l'armée éthiopienne et s’emparèrent d’Addis-Abeba le 5 mai 1936.

• Le 9, Mussolini proclama que l'Italie venait enfin de conquérir son empire, un « Empire fasciste » et le 4 juillet, à la quasi-unanimité de ses membres, l'Assemblée de la SDN vota la levée des sanctions, sans toutefois reconnaître l'annexion de l'Éthiopie.

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• Outre la faillite de la SDN, l’annexion de facto de l’Éthiopie par l’Italie consacre de même le rapprochement de Mussolini et d’Hitler.

• Même si les deux États entretiennent depuis 1933 des relations très cordiales, ce n’est qu’à la faveur de cette crise que Mussolini, passablement isolé sur la scène internationale, se tourne résolument vers son collègue en dictature : un an après l’affaire éthiopienne, en novembre 1937, Rome rejoint le pacte antikominterm germano-nippon et en mai 1939, la marche à la guerre du régime est en quelque sorte officialisée par la signature du pacte d’acier.

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1.3 - L’Italie dans la Seconde Guerre mondiale

• C’est sans enthousiasme de la part de Mussolini que le pacte de 1939 est signé et Hitler aura eu besoin de tout son charisme pour le convaincre. Il aurait aussi promis à l’Italie deux ans avant le déclenchement des hostilités.

• Car entre Mussolini et Hitler, il y a peu d’affection. Si en 1933, c’est le Duce qui tient le haut du pavé, la politique des coups de force d’Hitler consacre une lente subordination du Duce au Führer. C’est d’une certaine façon contraint que Mussolini s’engage en 1939 dans une politique guerrière : selon lui, l’Italie n’est pas prête.

• Le Duce est en 1939 partagé entre deux sentiments contradictoires. D’abord l’envie d’en découdre, car la composante guerrière est inhérente à son régime. Les succès internationaux d’Hitler ne peuvent que susciter l’envie du Duce et c’est sans doute pourquoi il finit par se rallier aux plans guerriers de son allié.

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• Mais il a peur de la guerre. Il craint que l’Italie ne soit pas en mesure de remporter les batailles à venir, d’autant qu’il sait que l’humeur du peuple n’est pas à la guerre.

• Cette ambivalence sera la cause de l’attentisme de l’Italie après le déclenchement des opérations. Hitler comptait bien ne pas rester seul face aux Britanniques et aux Français, mais rapidement Mussolini fait savoir qu’il ne sera pas en mesure, pour le moment, d’honorer ses engagements auprès de l’Allemagne.

• Avant même la signature du pacte d’acier, Mussolini se lance dans une autre campagne militaire contre l’Albanie de Zog premier. Mais la victoire militaire ne se transformera jamais en occupation réelle du pays, alors que la population albanaise s’opposera farouchement aux Italiens tout au long de la guerre.

• Ainsi, ce n’est que le 10 juin 1940 que l’Italie entre en guerre contre les Alliés. C’est-à-dire une fois que tout danger est écarté.

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• Près de 450 000 Italiens franchissent la frontière française. Cette opération facile va se solder par de nombreuses pertes du côté italien et faire la démonstration de l’impréparation des forces militaires italiennes. L’assaut des fortifications françaises va coûter la vie à 800 soldats, alors que les Français n’auront à déplorer que 40 soldats tués.

• Pas étonnant que l’autre grande opération italienne, la conquête des Balkans, tourne à la catastrophe et ce n’est que grâce à l’aide allemande que les États balkaniques tomberont sous le contrôle de l’Axe.

• De même, au vu des pitoyables performances des forces militaires italiennes, il n’est pas étonnant que les forces anglo-américaines, après leur victoire en Afrique du Nord, choisissent de débarquer précisément en Italie et de frapper ce qu’ils considèrent à juste titre être le talon d’Achille des forces de l’Axe, et en juillet 1943, l’Italie est envahie par les forces anglo-américaines.

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1.4 - La chute, la république de Salo et l’exécution de Mussolini

• L’entrée en guerre n’a pas permis de consolider l’appui de la population au Duce. Peu désireux de se battre, les Italiens, qui avaient avec enthousiasme vu le régime établir un empire africain, craignaient au plus haut point un affrontement avec des puissances dignes de ce nom.

• Si les guerres victorieuses confortent les régimes politiques, les défaites les affaiblissent. Or, l’Italie se bat mal et ses seules victoires sont dues à l’appui offert par l’Allemagne.

• De plus, même sur les « terres conquises » des Balkans, les forces italiennes font face à une résistance acharnée et essuient des pertes sévères. Avec la défaite de l’Axe en Afrique du Nord, l’empire lui-même, seul succès de la politique étrangère italienne, cesse d’exister.

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• Le débarquement allié au sud de la péninsule sonne le réveil de la population italienne, qui peut constater les conséquences de l’incurie du gouvernement du Duce.

• La fronde va jusqu’aux hautes sphères de l’État, au Grand Conseil fasciste, où le 24 juillet 1943, Mussolini est mis en minorité, démis de ses fonctions, mis en état d’arrestation sur l’ordre du roi et incarcéré.

• Hitler, qui s’est pour sa part toujours méfié des Italiens, va entreprendre de venir en aide à son allié. Une opération menée par un commando spécial aboutit à la libération du Duce, qui se retrouve alors otage de son allié, qui l’installe à Salo, au nord du pays.

• Mussolini proclame alors la déchéance de la monarchie et la création d’une « République sociale italienne ».

• Désireux de reconstruire une armée, Mussolini dut se contenter d'une Garde nationale républicaine, petite formation régulière entraînée en Allemagne, Hitler se méfiant plus que jamais des Italiens.

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• L'Allemagne exerçait un contrôle étroit sur la République sociale et les visites que le Duce rendit à Hitler en avril et en juillet 1944, dans l'espoir d'obtenir la restitution des territoires annexés et le retour des prisonniers italiens, restèrent presque sans effet.

• Alors que la résistance contre les Allemands et la République de Salo s'organisait, l'avancée des Alliés fut stoppée jusqu'en avril 1945. Pendant huit mois, l'Italie du Nord fut livrée à la répression des unités SS et des Brigades noires.

• Au cours de cette période, les repubblichini s'efforcèrent d'élargir la base sociale du régime et dans ce sens furent adoptées, en février et mars 1945, des mesures destinées à rompre avec le capitalisme. Mais elles venaient trop tard pour obtenir le ralliement de la classe ouvrière. Mussolini tenta de négocier, sans parvenir à engager le dialogue avec les antifascistes, une paix séparée avec les Alliés.

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• En avril 1945, les Alliés, avec l'aide des partisans, libéraient l'Italie septentrionale. Fuyant vers le nord en uniforme de soldat allemand, Mussolini fut arrêté, le 27 avril, près du village de Dongo et exécuté en même temps que Claretta Petacci et une quinzaine de chefs de la défunte République de Salo, mettant ainsi un point final à l’expérience du fascisme mussolinien en Italie.

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2 – L’Allemagne nazie

2.1 - La « mise au pas »

• La « mise au pas » est le nom donné à la période allant de mars 1933 à juin 1934 durant laquelle Hitler passe du pouvoir légal à l'établissement de la « révolution national-socialiste », débouchant sur la création du « nouvel État », inspiré par la formule « Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer ».

• Le point de départ de cette mise au pas est le vote, le 23 mars 1933, de l'acte d'Habilitation qui donne à Hitler les pleins pouvoirs. Muni de ceux-ci, Hitler va procéder à la transformation de la République de Weimar en un État nazi.

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• L'action sur les structures de l'État a pour objet d'unifier le Reich, en mettant fin à son caractère fédéral et en se débarrassant des gouvernements locaux. C'est chose faite en Bavière dès mars 1933 et au cours du mois de mars, des commissaires sont nommés dans la plupart des Lander, qui dissolvent les gouvernements locaux.

• En Prusse, les choses sont plus difficiles, alors que von Papen demeure en place. Hitler décide de le priver de tout pouvoir réel, ce à quoi il parvient en modifiant les lois électorales et la répartition des pouvoirs.

• Le 7 avril 1933 est nommé dans chaque Land un Reichstatthalter avec pouvoir de nommer et déposer les gouvernements locaux, dissoudre les diètes, nommer et congédier juges et fonctionnaires.

• La voie est libre pour l'unification du Reich: celle-ci prend effet le 30 janvier 1934 avec la loi sur la reconstitution du Reich qui dissout l'ensemble des structures des Lander, transformant l’Allemagne fédérale en État unitaire.

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• Le second volet de la Gleichschaltung est la suppression des divers groupements non nazis d'Allemagne. Les partis sont les premières cibles, alors que les communistes sont de facto interdits dès le 28 février 1933, consécutivement à l'incendie du Reichstag.

• Le parti social-démocrate, divisé entre antinazis, attentistes et partisans d'une politique de présence est déclaré le 22 juin 1933 ennemi du peuple et de l'État et frappé de dissolution. C'est aussi en juin 1933 que les bureaux du parti national-allemand sont occupés par les nazis dans la plupart des villes.

• Les partis bourgeois, démocrates et populistes, se sabordent à leur tour les 28 juin et 4 juillet.

• Enfin, début juillet disparaissent les partis catholiques, centre bavarois et Zentrum, sur ordre du Vatican, qui paie ainsi le prix exigé par Hitler pour la signature du Concordat. Dès lors, il n'y a plus en Allemagne qu'un seul parti politique, le parti nazi.

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• Le 2 mai 1933, c'est au tour des syndicats de disparaître. Toutes les organisations syndicales sont fondues dans le Front du travail. Quant aux organisations paramilitaires rivales de celles du NSDAP, elles sont soit dissoutes, soit absorbées dans la SA.

• Ces obstacles écartés, les nazis peuvent procéder à la prise en main de la société et de l'État qui commence dès après les élections de mars 1933. Les fonctionnaires suspects de tiédeur envers le nazisme sont remplacés.

• La culture est contrôlée par Goebbels qui crée la Chambre culturelle du Reich, surveille l'édition, la presse, la radio, le cinéma. Rust, instituteur destitué en 1930 pour instabilité mentale, devient ministre de la Science, de l'Enseignement et des Arts, et annonce son intention de « liquider l'école en tant qu'institution d'acrobatie intellectuelle ». Il procède à la nazification de l'enseignement et fait obligation aux instituteurs d'enseigner à leurs élèves l'idéologie national-socialiste.

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• Dans toutes les professions sont instituées des Ligues nazies qui prennent le caractère d'ordres professionnels avec pouvoir de décision.

• À cette prise en main de la société s'ajoute enfin, le 30 juin 1934, lors de la Nuit des longs couteaux, la liquidation de toute l'opposition virtuelle, qu'elle vienne de la gauche du nazisme, de la dissidence militaire, ou des milieux conservateurs proches de Hindenburg.

• La mort d’Hindeburg en 1934 permet à Hitler d’occuper d’une certaine façon son poste, même s’il ne prend pas le titre de président. Hitler est alors seul à la tête de l’État nazi et va pouvoir se consacrer à l’exécution de son plan politique et militaire visant à faire de l’Allemagne la première puissance mondiale.

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2.2 – La politique des coups de force

• L’expression de « politique des coups de force » est donnée par l’historiographie à la politique étrangère de l’Allemagne nazie entre 1936 et 1939.

• De 1936 à 1939, Hitler va tester la résolution des puissances occidentales à s’opposer à la reconstruction de la puissance allemande. D’abord prudent, le chef de l’État nazi, s’enhardit jusqu’à remettre en question l’ordre territorial de l’Europe de l’Est, par la destruction de l’État tchécoslovaque au début de 1939.

• C’est d’abord le referendum sur le rattachement de la Sarre qui convainc Hitler de remettre en question les dispositions territoriales du traité de Versailles. En vertu de ce dernier, la Sarre devait être administrée par la SDN de 1918 à 1935, alors qu’un plébiscite sur le rattachement à l’Allemagne devait avoir lieu.

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• Les partisans du rattachement ayant remporté la consultation avec 90 % des suffrages, Hitler croit pouvoir compter sur un appui massif des Allemands pour faire pression sur les Occidentaux dans sa politique de révision du traité de Versailles.

• Même si le territoire de la Rhénanie n’avait pas subi le sort de la Sarre, la France avait insisté pour que cette zone ne puisse recevoir le cantonnement de troupes et la souveraineté de Berlin n’y était que partielle.

• Considérant comme injuste ce statut, Hitler décide par l’opération « Exercice d’hiver » de tester la résolution des Occidentaux. Le 7 mars 1936, trois bataillons de la Wehrmacht pénètrent en Rhénanie et des garnisons s'installent à Trèves et Sarrebruck.

• Les gouvernements occidentaux demandent alors des explications à Berlin, mais se contentent des assurances de paix d’Hitler, présentant l’action en Rhénanie comme la seule revendication d’ordre territorial de l’Allemagne.

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• Face à une opinion publique fortement défavorable à une réponse militaire et hésitant encore entre « la peste et le choléra », aucune action n’est entreprise par les Occidentaux.

• Enhardi par cette attitude, Hitler fait alors monter les enchères. D’autant qu’à l’automne 1936, la signature du Pacte d’Acier avec l’Italie et le Japon assure l’Allemagne d’un certain soutien international.

• Prochaine étape, l’union avec l’Autriche. Interdite explicitement par le traité de Versailles, elle apparaît naturelle à Hitler, Autrichien d’origine et adepte déclaré depuis fort longtemps des théories pangermanistes.

• Au début de 1938, Hitler accroit le soutien de son gouvernement aux nazis d’Autriche. Le chancelier Schuschnigg s’en inquiète et réclame une rencontre avec Hitler pour en discuter. La rencontre a lieu le 12 février 1938 : Hitler l’accable de reproches et obtient la levée de l’interdiction des nazis d’Autriche.

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• La pression de l’Allemagne ne se relâche pas, Berlin exigeant d’autres concessions, entre autres la nomination de Seyss-Inquart, chef des nazis autrichiens, au poste de chancelier.

• Le président refuse et le 12 mars 1938, les troupes allemandes franchissent la frontière sans aucune résistance de la part de l’armée autrichienne. Un plébiscite organisé au début du mois d’avril donne plus de 99 % d’appuis à l’annexion de l’Autriche au Reich.

• Encore une fois, à part les protestations d’usage, les Occidentaux ne prennent aucune disposition, confirmant Hitler dans sa perception de la faiblesse de ceux-ci et il augmente consécutivement la pression.

• La prochaine étape sera les Sudètes, fortement peuplés d’Allemands et rattachés à la Tchécoslovaquie. Hitler multiplie les pressions sur le président Benes à partir de 1937, arguant que la population allemande des Sudètes est victime de discrimination par Prague.

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• À l’automne 1938, Hitler déclare être décidé à mettre fin à la situation. Mussolini parvient à obtenir d’Hitler la réunion à Munich le 29 septembre 1938 des chefs de gouvernement français et britannique, lesquels acceptent de laisser Hitler annexer les Sudètes en échange de la promesse solennelle qu’il s’agit là des dernières revendications territoriales de l’Allemagne.

• Une fois de plus, la faiblesse manifestée par les Occidentaux constitue le carburant pour de nouvelles revendications. Cette fois Hitler y va franchement et en mars 1939 décide tout simplement de détruire ce qui reste de la Tchécoslovaquie : la Bohême et la Moravie sont annexées au Reich, alors qu’un « État indépendant de Slovaquie » est rapidement satellisé par Berlin.

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Les coups de force d’Hitler

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• Cette dernière action finit enfin par exaspérer les Occidentaux qui s’engagent solennellement à défendre l’intégrité de la Pologne, nouvelle cible des ambitions d’Hitler. Après avoir conclu le pacte de non-agression avec l’URSS, et croyant que comme les autres fois, le Royaume-Uni et la France se contenteraient de protestation, les troupes allemandes entrent sur le territoire polonais le 1er septembre 1939.

• Cette fois cependant, Hitler s’est trompé dans ses calculs et les puissances occidentales lui déclarent la guerre.

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2.3 – Les victoires à l’ouest

• Après avoir écrasé la Pologne d’autant plus facilement que les Soviétiques agressent le pays à partir du 17 septembre, Hitler tourne ses regards vers l’ouest, vers la France, qui lui a déclaré la guerre le 3 septembre 1939.

• De cette date jusqu’au début de l’offensive à l’ouest en mai 1940, c’est la « drôle de guerre » : aucune opération militaire n’est entreprise par Paris et Londres contre l’Allemagne, qui peut tranquillement élaborer son plan d’opération contre les territoires de la Belgique, des Pays-Bas et de la France.

• Au printemps 1940, les Alliés se préparent à couper l'approvisionnement en fer de l'Allemagne, qui transite de la Suède vers le Reich par la Norvège, mais l'opération tourne au fiasco. L'Allemagne envahit alors le Danemark et la Norvège le 9 avril 1940.

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• En mai et juin 1940, l'armée allemande lance son opération vers la France. Dans cette campagne, les Allemands mettent en œuvre pour la première fois leur doctrine de percée et d'avance par l'usage coordonné des forces blindées, mécanisées et aériennes.

• Les Pays-Bas sont les premiers à abandonner après moins d’une semaine de combat. Les Allemands, ayant franchi les frontières le 10 mai, progressent à grande vitesse. Le 15 mai, alors que la majorité du territoire des Pays-Bas est sous contrôle allemand, le gouvernement entame les négociations de reddition, pendant que la reine se réfugie en Angleterre.

• Les forces allemandes poursuivent leur offensive en direction de la Belgique. Avançant à grande vitesse, les blindés réussissent une manœuvre d’encerclement du corps expéditionnaire britannique, lequel est contraint de rembarquer : du 27 mai au 3 juin, près de 300 000 soldats parviennent à échapper à la Wehrmacht.

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• Cela laisse les Français pratiquement seuls face aux Allemands, d’autant que le 28 mai, l'armée belge étant à bout de munitions et de moyens logistiques, le roi ordonne la reddition de ses troupes, tout en affirmant vouloir poursuivre la lutte, alors que son gouvernement se réfugie en France, puis en Angleterre.

• Le 5 juin, Hitler reprend l'offensive en France et perce les lignes de défense française, alors que l'Italie se joint à l'Allemagne. Puis, le nouveau gouvernement Pétain demande l’armistice le 17 et en accepte les conditions le 22. Après l'armistice franco-italien qui suit, le 24, les combats cessent le 25 juin. À la surprise générale, l'armée française, réputée depuis 1918 la meilleure du monde s'est effondrée en quelques semaines.

• Les Français vaincus, Hitler se trouve devant une alternative : ou bien poursuivre la lutte contre le Royaume-Uni, ou bien tourner ses canons en direction est, véritable objectif de sa campagne militaire.

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L’Allemagne en guerre

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• Dans un premier temps, il maintient la pression sur les Britanniques en organisant des bombardements massifs des principaux centres urbains. Mais les Anglais tiennent bon et refusent toutes négociations d’un traité de paix, ce qui continue d’être l’option favorite d’Hitler.

• Parallèlement aux opérations de bombardement, l’état major allemand prépare un plan d’invasion de la Grande-Bretagne, baptisé Seelöwe. Extrêmement complexe et surtout très dangereux, Hitler va décider de l’abandonner définitivement en 1943, après l’avoir d’abord reportée sine die à l’automne 1940, au moment où il se décide de lancer l’autre opération sur laquelle travaillaient ses généraux, Barbarossa, l’invasion de l’URSS.

• À ce moment, l’Allemagne nazie a le vent en poupe : le manque d’enthousiasme populaire des Allemands devant l’éventualité de la guerre a été alors effacé par le triomphe sans partage des troupes allemandes et l’appui au Führer atteint un niveau sans précédent.

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• De même, contrôlant, avec ses alliés, la quasi-totalité du continent européen en 1941, Hitler peut envisager sans crainte l’attaque contre l’URSS.

• À mentionner une conséquence, qui s’avérera funeste, des succès des armées allemandes : tout au long de la préparation des offensives à l’ouest, les généraux de la Wehrmacht ont fait preuve d’une « prudence excessive » aux yeux d’Hitler. Dès lors, il tend à se méfier de ses généraux et à les écouter de moins en moins. Auto intoxiqué par ses succès, il se convainc de sa bonne étoile et de ses talents de chef militaire.

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2.4 – L’opération Barbarossa, la défaite et le suicide d’Hitler

• L’Allemagne se prépare sérieusement à la guerre à l’est, même si les succès de la Wehrmacht à l’ouest encouragent à l’optimisme. Pour Hitler, la véritable guerre doit commencer bientôt : dès Mein Kampf, il avait précisé que le Reich devait s’étendre à l’est.

• En juin 1940, après la reddition française, l’état-major allemand reçoit l’ordre de planifier la guerre à l’est. Le plan d’invasion recevra le nom d’opération Barbarossa.

• Il prévoit de reprendre la tactique de la Blitzkrieg pour détruire rapidement la plus grande partie des forces de l’Armée rouge et permettre d’avancer rapidement pour occuper les principaux centres politiques économiques du pays (Moscou, Leningrad, Kiev, le Donbass et le Caucase) et se rendre jusqu’à la Volga et l’Oural, en 4 à 6 semaines.

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• Le but fixé étant de détruire l’URSS, d’annexer les territoires à l’ouest de l’Oural au Reich et de les ouvrir à la colonisation allemande.

• L’après-guerre tel que conçu par Hitler est présenté dans le plan « Ost », qui prévoit une guerre totale et l’élimination de 120 à 140 millions de personnes.

• Certains généraux de la Wehrmacht tenteront de faire valoir les lois de la guerre, qui impliquent de ne pas s’en prendre massivement aux civils, non par charité mais par efficacité, afin de ne pas dresser la population contre l’armée allemande et ainsi faciliter l’avance des troupes. Mais Hitler ne veut rien entendre : les Slaves étant des untermenschen, ils doivent être éliminés physiquement.

• À l’origine, Barbarossa prévoyait le déclenchement des hostilités le 15 mai, mais les difficultés des Italiens dans les Balkans vont obliger l’Allemagne à retarder le début des opérations, pour venir en aide à leurs alliés. La nouvelle date sera donc le 22 juin 1941.

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• Dans les semaines précédentes, l’armée allemande masse le long des frontières soviétiques une quantité impressionnante d’hommes solidement entraînés et de matériels militaires sophistiqués : un total de 5,5 millions d’hommes; 4 300 blindés; 5 000 avions; 47 000 canons et mortiers.

• En face, les forces soviétiques, moins importantes en nombre, sont aussi déclassées au plan qualitatif.

• À l’arrière aussi, les Allemands ont l’avantage : production d’acier et de fonte deux à trois fois supérieure à celle de l’URSS. Il en est ainsi de la majorité des produits industriels, à l’exception du pétrole, talon d’Achille de l’armée allemande.

• Le 22 juin 1941, à l’aube, sans déclaration de guerre, les troupes allemandes franchissent la frontière et la guerre commence. 24 heures après le début des combats, les Soviétiques avaient perdu 1 200 avions, la plupart détruits au sol.

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• Les troupes allemandes avancent rapidement au cours des premiers jours et faisant de nombreux prisonniers. Trois semaines après le début des combats, les forces allemandes ont parcouru de 300 à 600 km, selon les fronts.

• Fin septembre, l'opération Typhon, ayant pour but de prendre Moscou, est mise sur pied. D'abord les choses se présentent bien pour les Allemands : après quelques jours de combat, leurs troupes s'emparent de Briansk, à 500 km de Moscou.

• Bien que les Allemands parviennent à moins de 30 km de Moscou, la résistance des soldats, l'étirement des lignes de communication allemandes, le harcèlement des partisans, et l’hiver russe les stoppent à cet endroit.

• Les pertes allemandes très élevées obligent le haut commandement à marquer une pause. La guerre éclair, cette fois, n'a pas fonctionné et les généraux allemands envisagent avec inquiétude la guerre d’usure à venir.

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• À la demande de Staline, les soldats soviétiques partent à l'offensive dès l'arrêt de l'avancée allemande. Après des succès initiaux, ces offensives s'essoufflent. Les Allemands parviennent ainsi à les stopper, après avoir reculé de quelques centaines de kilomètres.

• Avec le retour du beau temps, Staline ordonne la reprise de la contre-offensive mais la Wehrmacht reprend l'initiative : au cours de l'été 1942, elle poursuit son offensive sur les fronts sud et sud-ouest, la priorité d’Hitler étant alors le contrôle du pétrole Caucasien.

• Dans le but de contourner Moscou par l’est, Hitler comprend qui lui faut contrôler la Volga. C’est la raison pour laquelle il insiste pour prendre Stalingrad et ordonne à une partie des troupes se dirigeant vers le Caucase de modifier son itinéraire pour prendre la ville.

• Les bombardements commencent à la fin de l’été et au début du mois de novembre, les Allemands contrôlent presque toute la ville.

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• C’est alors que les Soviétiques tentent une manœuvre d’encerclement qui réussit. La 6e armée se retrouve piégée et les armées soviétiques commencent à attaquer. Mal ravitaillés, affamés, les soldats allemands ne peuvent se défendre et le général Paulus se rend au début du mois de février.

• Après la défaite à Stalingrad, les Allemands décident de tenter de reprendre l’initiative et d’éliminer les forces soviétiques postées dans la région de Koursk. Dans ce but, ils engagent dans le combat 50 divisions et la moitié de leurs blindés (900 000 hommes et 2 000 blindés).

• Les Soviétiques, sentant l’offensive proche et bénéficiant d’informations en provenance du Royaume-Uni, où l’on est parvenu à déchiffrer certains codes allemands, ont le temps de consolider leurs positions et de regrouper des forces encore plus imposantes (1,3 million d’hommes, 3 600 blindés et 2 400 avions).

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• Le 5 juillet, les Allemands lancent l’offensive mais sont défaits dans la plus grande bataille de blindés de l’histoire. Cette défaite marque la fin de l’initiative allemande : jusqu’à la fin de la guerre, les Allemands ne feront plus que reculer.

• La victoire à Koursk, combinée au débarquement allié en Italie et à la fin du régime de Mussolini, rend la victoire alliée de plus en plus certaine. Après avoir résisté tout au long de l’année 43, les troupes allemandes, désormais déclassées par les troupes soviétiques, sont bousculées et entreprennent de se replier.

• Début juin, l’Armée rouge franchit la frontière finlandaise et début juillet, celle de la Pologne.

• Retranché dans sa « tanière du loup » en Mazurie, en Pologne, Hitler observe avec une irritation croissante les difficultés de son armée.

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• La production est totalement accaparée par la guerre, la population subit avec de plus en plus de difficultés les bombardements alliés et le mécontentement croît à l’arrière comme au front, se cristallisant autour des forces armées, qui tentent, par l’opération Walkyrie du 20 juillet 1944 d’assassiner Hitler, ce qui entraîne une violente répression de la part du régime.

• Jusqu’à certains chefs nazis qui commencent à se poser des questions. Himmler envisage sérieusement de proposer aux Occidentaux une paix séparée. Le débarquement de Normandie a un effet psychologique important et oblige Hitler à combattre sur trois fronts.

• Au début de février 1945, l’Armée rouge entre en Silésie et porte les combats sur le territoire allemand. Le 12 avril, Joukov lance l’assaut final sur Berlin. L’Armée rouge opère sa jonction avec les Anglo-Américains le 25 avril et le 30, deux éclaireurs soviétiques hissent le drapeau rouge au sommet du Reichstag.

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• Pour sa part, Hitler, qui quelques semaines auparavant a ordonné à Speer (qui ne lui a pas obéi) de superviser la destruction de l’Allemagne, s’est réfugié avec ses proches dans son bunker de Berlin.

• Le 30 avril, alors que les forces soviétiques ne sont qu’à quelques centaines de mètres de son repaire, Adolph Hitler se suicide en compagnie d’Éva Braun et de quelques derniers fidèles, dont Goebbels, sa femme et leurs enfants.

• La garnison de Berlin se rend le 2 mai et le 9, le général Keitel signe la reddition sans condition exigée par les Alliées. La guerre en Europe est terminée, et avec elle, l’Allemagne nazie disparaît.

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3 – L’URSS stalinienne3.1 – Du Front-Uni au pacte germano-soviétique

• L’arrivée au pouvoir de Hitler modifie la politique étrangère de l’URSS, qui jusqu’à cette date, considérait tous les pays capitalistes comme des ennemis potentiels, prêts à fondre sur l’URSS à tout moment.

• Litvinov, alors commissaire aux Affaires étrangères, propose de travailler à la mise sur pied d’un système de sécurité collective en Europe. L’ennemi principal n’est donc plus les États capitalistes, mais l’Allemagne nazie.

• De 1933 à 1939, toute la politique étrangère de l’URSS sera dominée par son implication dans le mouvement antifasciste. Sa priorité sera de travailler à une union avec les puissances occidentales pour isoler l’Allemagne et l’Italie fascistes.

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• Le premier succès de l’offensive diplomatique de l’URSS sera l’établissement de relations diplomatiques avec les États-Unis en novembre 1933, et l’intégration de l’URSS à la Société des Nations, ce qui ouvrira la voie à une normalisation de ses relations avec l’Occident et permettra de résoudre différents problèmes.

• Mai 1935 voit la signature d’un accord soviéto-français d’assistance mutuelle sans grande valeur pratique, dans la mesure où il ne sera suivi d’aucun accord militaire précisant la forme et l’ordre de grandeur de l’aide.

• En outre, l’ennemi que les deux partenaires ont en tête rend le traité caduc par le simple fait qu’advenant une agression allemande en France, l’URSS ne pourrait venir en aide à la France qu’en passant par le territoire polonais. Néanmoins, ce traité ouvre la voie à la signature d’un autre du même type avec la Tchécoslovaquie.

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• Après la remilitarisation de la Rhénanie en 1936, l’URSS propose à la SDN de prendre des mesures contre l’Allemagne nazie pour la contraindre à respecter les traités et à ne pas toucher à l’ordre international. Mais sa voix n’est pas entendue...

• Le grand changement dans la politique étrangère soviétique surviendra à la fin de 1938, consécutivement à la conférence de Munich. Très méfiant à l’endroit des Occidentaux, Staline se convainc alors de l’inutilité de maintenir sa politique du front uni. Il démet Litvinov de ses fonctions pour le remplacer par Molotov, en lui donnant l’ordre d’assurer par tous les moyens la sécurité du territoire de l’Union soviétique.

• Ce changement aboutira à la conclusion, à la fin du mois d’août 1939, du pacte de non-agression germano-soviétique, à la stupeur du monde entier en général, et de la population soviétique en particulier.

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3.2 – La préparation à la guerre

• Staline sait que la trêve conclue avec l’Allemagne hitlérienne ne durera pas. En 1939, il considère avoir besoin de cinq ans encore pour préparer son pays.

• Avec le déclenchement des hostilités, les forces soviétiques s’emparent des territoires que les protocoles secrets du pacte de non-agression confient à l’URSS : Pologne de l’est, républiques baltes, puis Bessarabie. Profitant du fait que les canons tonnent, Staline s’emploie ensuite à repousser la frontière finlandaise, en déclenchant la « Guerre d’hiver ».

• Envisagée comme une promenade, la guerre contre la Finlande s’avère très difficile et entraîne des pertes très sévères pour l’URSS. Au terme de 4 mois de résistance, les Finlandais sont contraints à la paix et doivent céder sur presque toutes les exigences soviétiques.

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• Les difficultés de l’Armée lors de cette guerre obligent le gouvernement à se concentrer sur l’amélioration des capacités militaires du pays.

• On prend des mesures extraordinaires pour augmenter la production industrielle du pays, surtout militaire (entre 1938 et 1941, la production militaire sera multipliée par 4); on augmente le budget militaire et on ressert la discipline au travail, afin d’augmenter la productivité.

• Les bureaux d’ingénieurs du pays travaillent à la conception de nouvelles armes, dont les fameux T-34, mais ces nouvelles armes ne seront pas disponibles en nombre suffisant avant 1942. Au moment où les hostilités sont déclenchées, la majeure partie de l’armée est encore très mal équipée.

• De plus, le haut commandement de l’Armée et la direction de l’État omettent de travailler à de nouvelles tactiques et stratégies militaires.

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• Une fois encore, les purges se feront cruellement sentir : les partisans d’une armée mobile et motorisée ayant été purgés en 1937, il ne reste que des chefs d’armée peu compétents et très peu imaginatifs.

• Les opérations menées par l’Allemagne à l’ouest sont peu analysées (Timochenko déclarant que les opérations militaires n’avaient rien apporté de nouveau). S’installe la certitude que l’éventuelle guerre sera courte, qu’elle se déroulera essentiellement hors du territoire de l’URSS et qu’elle sera peu coûteuse en vies humaines.

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3.3 – La guerre et le régime stalinien

• Si la guerre a entraîné l’effondrement du fascisme et du nazisme, elle a au contraire conforté le régime stalinien qui, en 1945, est encore plus solide qu’en 1939.

• Ce n’était pas évident en 1941 : prostré et déprimé dans les premiers jours de la guerre, Staline va prendre plus de trois semaines avant de s’adresser à la population, et c’est Molotov qui se charge le 22 juin 1941 d’annoncer à la population le début de l’offensive allemande.

• Staline craignait cette guerre et a tout fait pour l’éviter, ou la retarder : deux heures avant l’offensive, le Reich avait accusé livraison d’un train de marchandises soviétiques,. Malgré les nombreux avertissements des gardes-frontières et de gouvernements étrangers, Staline se refusait à donner le moindre prétexte à Hitler pour déclencher l’invasion.

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• Son déni de réalité va encore plus loin : dans les premières heures de la guerre, il interdit de répliquer aux attaques allemandes, espérant que ces actes ne soient que des provocations et ce n’est que trois heures après le début de l’offensive qu’il ordonne des ripostes.

• Le régime se ressaisit en juillet 1941, même si cela ne transparaît pas dans les opérations sur le terrain, les forces allemandes continuant d’avancer sur tous les fronts.

• De nombreux historiens considèrent aujourd’hui que du côté soviétique, le tournant de la guerre n’est pas Stalingrad, mais Moscou : même si les offensives allemandes se poursuivent en 1942, le coup d’arrêt donné à l’avancée de la Wehrmacht lors de son opération Typhon, qui marque l’échec de la guerre éclair et le premier revers des Allemands, a joué un rôle fondamental sur le plan psychologique et militaire.

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• C’est en effet en octobre 1941 que Staline se décharge d’une part importante de ses responsabilités militaires sur des chefs compétents, entre autres Joukov, Rokossovki et Malinovski.

• Le retrait de la toute-puissance stalinienne est aussi manifeste dans la propagande du régime, alors que jusqu’en 1943, l’accent est mis sur la défense du pays, et non sur celle du régime.

• Le contrôle tatillon du centre sur tout ce qui se passe au pays s’assouplit considérablement. Sans être aboli, le système des kolkhozes est grandement assoupli, alors qu’une latitude plus grande est laissée aux producteurs.

• Mais le régime demeure violent par nature et même si la lutte contre « l’hétérodoxie » perd de son acuité, le péril incite le pouvoir à mettre en place des mesures violentes sur le front, comme l’ordre « Plus un pas en arrière » émis dans la foulée de l’offensive allemande sur Stalingrad.

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• Dès 1943, le rôle du NKVD redevient fondamental. Sur les arrières de l’Armée rouge, il s’emploie à rétablir l’ordre stalinien au fur et à mesure de la libération du territoire. Une chasse aux collaborateurs est alors lancée, laquelle se manifeste entre autres par la déportation massive de peuples collectivement punis pour avoir collaboré.

• En 1945, le stalinisme est triomphant, car non seulement le système a permis de triompher du nazisme, il est aussi à l’origine d’une vaste expansion de l’influence mondiale de l’URSS. Les partis communistes d’Europe occidentale ont le vent en poupe, Staline étant vu comme le grand vainqueur de la guerre.

• C’est la raison pour laquelle à l’intérieur rien ne changera. La guerre menace, certes, mais c’est surtout l’appui de la population soviétique, qui voit dans le système stalinien la première explication de la victoire soviétique, qui incitera Staline à ne rien changer.

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3.4 – Les deux morts de Staline

• Comme ses homologues de l’Ouest, Staline va mourir au pouvoir, mais dans des circonstances différentes : ce n’est pas la guerre qui viendra à bout du dictateur, mais les années. En 1953, Staline, âgé de 74 ans, voit sa santé décliner rapidement à partir du mois de février.

• Le 1er mars, Staline est découvert gisant sur le sol dans la datcha gouvernementale, victime d’une attaque de congestion cérébrale. Son décès sera constaté le 5 mars, même si selon certaines informations, il serait mort dès le 3 mars. Sa mort est annoncée à la population qui se pressera à ses funérailles le 9 mars.

• Le système survivra à son fondateur, mais dans une forme nettement assouplie. Dès la mort du Guide, certaines mesures sont prises qui témoignent de changements politiques importants.

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• Si Beria est arrêté et exécuté à l’été 1953, c’est la dernière fois qu’un chef politique sera exécuté. Les purges, qui vont continuer périodiquement sous Khrouchtchev, prendront une forme beaucoup plus civilisée et se solderont par des mutations.

• D’une certaine façon, la véritable mort de Staline survient plus tard, en février 1956, lors du XXe congrès du PCUS, alors que l’un de ses fidèles lieutenants lui portera le coup de grâce.

• D’abord, le congrès en lui-même est assez novateur : parmi les grands changements qui surviennent, on notera l’acceptation de la théorie des voies multiples vers le socialisme, qui met fin au dogmatisme stalinien qui prédominait jusqu’alors.

• L’intervention de Mikoïan annonce quelque chose de plus fondamental : sans nommer expressément Staline, le ministre critique les tendances autocratiques au sein du parti, le culte de la personnalité, etc.

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• Mikoïan étant peu connu, son intervention passe assez inaperçue, mais elle prendra tout son sens à la clôture du congrès.

• La dernière journée, les congressistes du PCUS sont avisés qu’il y aura une séance spéciale à la fin de la journée, à laquelle ne sont pas invités les membres des délégations étrangères. C’est lors de cette séance à huis clos que Khrouchtchev lira aux délégués médusés son fameux rapport secret, qui condamne très durement l’ère stalinienne et lancera le processus de déstalinisation.

• Dans ce rapport, Khrouchtchev attaque violemment l’héritage stalinien : il critique le culte de Staline, sa responsabilité dans les désastres des premiers mois de la guerre, sa guerre menée contre le parti, sa politique de déportation de masse, sa suspicion et sa paranoïa, bref, presque tout y passe. Apparemment.

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• Mais pas tout : le rapport présenté par Khrouchtchev est très sélectif et ne remet en question ni la collectivisation, ni l’industrialisation à marche forcée du pays. Bref, il ne touche pas aux assises fondamentales du régime.

• Malgré les blancs, les non-dits, les omissions volontaires et involontaires du rapport, c’est néanmoins une véritable révolution, qui va changer radicalement le cours du développement de l’URSS.

• Après un certain retrait entre 1957 et 1961, la déstalinisation fait un retour en force lors du XXIIe congrès du PCUS, qui se tient à la fin de 1961.

• Bien que certains éléments fondamentaux du régime ne sont toujours pas remis en question, le discours de Khrouchtchev est alors beaucoup plus radical : il n’est plus question des « erreurs » de Staline, mais de ses « crimes »; de même, alors qu’il n’avait évoqué que les purges ayant touché le parti, le Secrétaire général évoque alors aussi celles qui ont décimé la population.

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• Pour marquer le coup, consécutivement à ce XXIIe congrès, la dépouille de Staline est retirée du mausolée Lénine sur la place rouge pour rejoindre les autres hiérarques du régime dans le mur du Kremlin, sa postérité lui refusant le statut de demi-dieu qu’il avait donné à Lénine.

• Quant au système qu’il a créé, il avait déjà pour une bonne part cessé d’exister dès 1953, alors que ses lieutenants vont s’employer à assouplir les angles : 3 semaines après la mort de Staline, 1,2 million de détenus sont libérés des camps et en 1958, le GOULAG est aboli.

• De sorte que le régime soviétique d’après 1953, qui demeure stalinien par son lexique, n’a plus grand-chose en commun avec celui de Staline, même si, à la différence de ses deux collègues en dictature, il laissera une postérité et un héritage au pays qu’il dirigea d’une main de fer pendant un quart de siècle.