Faire du développement de l'apprentissage une réalité

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n°8 - Novembre 2016 Collection Des Idées pour l’Action Développer l’apprentissage et atteindre l’objectif des 500 000 apprentis : quelles propositions ? Face à la difficulté d’insertion des jeunes sur le marché du travail et au chômage structurel de la population active, les pouvoirs publics ont, ces dernières années, réitéré la nécessité de développer l’apprentissage et d’atteindre l’objectif de 500 000 apprentis. Malgré la valeur ajoutée des parcours de formation en apprentissage pour s’insérer sur le marché du travail et développer son employabilité, cette voie de formation est encore perçue comme secondaire par rapport à la voie académique. En France, contrairement à l’Allemagne, l’apprentissage souffre : déficit d’image auprès des jeunes et de leur famille, complexité des démarches administratives pour les entreprises, récurrence des évolutions réglementaires qui brouillent les messages, multiplicité voire concurrence des dispositifs en faveur des jeunes, complexité du système d’acteurs du champ de l’apprentissage. Les maux sont nombreux, bien identifiés et restent pourtant, aujourd’hui encore, entiers. Le recours à l’apprentissage ne se décrète pas, il doit être accompagné. C’est pourquoi les CCI, en tant qu’acteurs historiques de l’apprentissage, sensibilisent jeunes et entreprises et formulent des propositions concrètes pour enfin faire du développement de l’apprentissage une réalité. Informer et attirer les jeunes En amont de l’engagement dans la voie de l’apprentissage, un soin doit être apporté à l’orientation et à l’élaboration du projet professionnel. Les CCI de France proposent les pistes suivantes : • La participation obligatoire de tous les collégiens et lycéens à au moins une session de découverte de l’apprentissage de type « Mercredi de l’apprentissage », dans le cadre du parcours avenir proposé par l’Education Nationale ; • La généralisation de l’accès aux mini-stages de découverte professionnelle pendant les vacances scolaires, en complément du stage d’observation de 3 ème . Simplifier la vie des entreprises Même si les entreprises reconnaissent la valeur ajoutée de l’embauche d’un apprenti, notamment en termes de pré- recrutement et de maintien des savoir-faire, elles soulignent des freins liés au coût de l’embauche, au manque d’adéquation de la formation avec ses besoins ainsi que la lourdeur administrative du dispositif (source : La grande consultation des entrepreneurs - Sondages OpinionWay pour CCI France / La Tribune / Europe 1 - Avril 2015). Les CCI de France appellent de leurs voeux une simplification de la vie administrative des entreprises en agissant sur : Le système d’aides en vigueur : 6 aides existent actuellement, définies en fonction de l’âge du jeune, la taille de l’entreprise, du niveau de formation… Ayant vocation à inciter les entreprises, elles sont devenues un « millefeuille » vecteur de complexité. Le périmètre des aides : l’aide TPE - Jeune Apprenti gagnerait à s’ouvrir aux entreprises de 11 à 250 salariés, gisement pour l’emploi d’apprentis (40% de l’effectif salarié en France contre moins de 30% des apprentis) : le développement de l’apprentissage ne pourra s’appuyer que sur un nouveau gisement d’entreprises. Le contrat d’apprentissage : en réduisant le nombre de rubriques du formulaire CERFA « contrat d’apprentissage », en dématérialisant totalement la procédure d’enregistrement et en la dissociant de la procédure contractuelle. Sensibiliser les entreprises L’initiative des développeurs de l’apprentissage, portée par les CCI, a permis d’obtenir des résultats significatifs : en 5 ans, 100 développeurs ont mobilisé 250 000 entreprises et décroché 45 000 contrats dont 60% dans des entreprises jusqu’alors non utilisatrices de l’apprentissage. De telles initiatives auraient vocation à être poursuivies, voire amplifiées, avec, pourquoi pas, la création d’« aménageurs de l’apprentissage » pour proposer aux entreprises un appui au développement de l’apprentissage, de l’identification du besoin au suivi dans le poste. Privilégier les formations en apprentissage plutôt que les emplois aidés La question se pose notamment pour les formations en apprentissage de niveaux V à III qui participent à un emploi durable. Cette proposition plaide en faveur d’un repositionnement de l’apprentissage dans la chaîne orientation/formation/emploi. Elle s’inscrit dans les préconisations du rapport de la Cour des comptes sur l’accès des jeunes à l’emploi (septembre 2016), qui dresse le constat d’une multiplicité de dispositifs, dont l’articulation mérite d’être repensée. Elle insiste sur la nécessité de « considérer les contrats aidés comme des phases transitoires, en particulier vers la formation » et de « davantage recourir aux formes classiques d’alternance ». Ce faisant, elle réinterroge la place de l’apprentissage dans le processus global d’insertion. Réformer la gouvernance de la politique publique de formation : une commission dédiée à l’apprentissage pourrait être créée au sein du CNEFOP et des CREFOP - notamment pour un pilotage resserré de l’affectation de la taxe d’apprentissage. Faire du développement de l’apprentissage une réalité Les CCI prêtes à relever le défi de l’emploi des jeunes

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n°8 - Novembre 2016Collection Des Idées pour l’Action

➜Développer l’apprentissage et atteindre l’objectif des 500 000 apprentis : quelles propositions ?

Face à la difficulté d’insertion des jeunes sur le marché du travail et au chômage structurel de la population active, les pouvoirs publics ont, ces dernières années, réitéré la nécessité de développer l’apprentissage et d’atteindre l’objectif de 500 000 apprentis. Malgré la valeur ajoutée des parcours de formation en apprentissage pour s’insérer sur le marché du travail et développer son employabilité, cette voie de formation est encore perçue comme secondaire par rapport à la voie académique. En France, contrairement à l’Allemagne, l’apprentissage souffre : déficit d’image auprès des jeunes et de leur famille, complexité des démarches administratives pour les entreprises, récurrence des évolutions réglementaires qui brouillent les messages, multiplicité voire concurrence des dispositifs en faveur des jeunes, complexité du système d’acteurs du champ de l’apprentissage. Les maux sont nombreux, bien identifiés et restent pourtant, aujourd’hui encore, entiers.

Le recours à l’apprentissage ne se décrète pas, il doit être accompagné. C’est pourquoi les CCI, en tant qu’acteurs historiques de l’apprentissage, sensibilisent jeunes et entreprises et formulent des propositions concrètes pour enfin faire du développement de l’apprentissage une réalité.

Informer et attirer les jeunesEn amont de l’engagement dans la voie de l’apprentissage, un soin doit être apporté à l’orientation et à l’élaboration du projet professionnel. Les CCI de France proposent les pistes suivantes :• La participation obligatoire de tous les collégiens et lycéens

à au moins une session de découverte de l’apprentissage de type « Mercredi de l’apprentissage », dans le cadre du parcours avenir proposé par l’Education Nationale ;

• La généralisation de l’accès aux mini-stages de découverte professionnelle pendant les vacances scolaires, en complément du stage d’observation de 3ème.

Simplifier la vie des entreprisesMême si les entreprises reconnaissent la valeur ajoutée de l’embauche d’un apprenti, notamment en termes de pré-recrutement et de maintien des savoir-faire, elles soulignent des freins liés au coût de l’embauche, au manque d’adéquation de la formation avec ses besoins ainsi que la lourdeur administrative du dispositif (source : La grande consultation des entrepreneurs - Sondages OpinionWay pour CCI France / La Tribune / Europe 1 - Avril 2015). Les CCI de France appellent de leurs voeux une simplification de la vie administrative des entreprises en agissant sur :• Le système d’aides en vigueur : 6 aides existent

actuellement, définies en fonction de l’âge du jeune, la taille de l’entreprise, du niveau de formation… Ayant vocation à inciter les entreprises, elles sont devenues un « millefeuille » vecteur de complexité.

• Le périmètre des aides : l’aide TPE - Jeune Apprenti gagnerait à s’ouvrir aux entreprises de 11 à 250 salariés, gisement pour l’emploi d’apprentis (40% de l’effectif salarié en France contre moins de 30% des apprentis) : le développement de l’apprentissage ne pourra s’appuyer que sur un nouveau gisement d’entreprises.

• Le contrat d’apprentissage : en réduisant le nombre de rubriques du formulaire CERFA « contrat d’apprentissage », en dématérialisant totalement la procédure d’enregistrement et en la dissociant de la procédure contractuelle.

Sensibiliser les entreprisesL’initiative des développeurs de l’apprentissage, portée par les CCI, a permis d’obtenir des résultats significatifs : en 5 ans, 100 développeurs ont mobilisé 250 000 entreprises et décroché 45 000 contrats dont 60% dans des entreprises jusqu’alors non utilisatrices de l’apprentissage. De telles initiatives auraient vocation à être poursuivies, voire amplifiées, avec, pourquoi pas, la création d’« aménageurs de l’apprentissage » pour proposer aux entreprises un appui au développement de l’apprentissage, de l’identification du besoin au suivi dans le poste.

Privilégier les formations en apprentissage plutôt que les emplois aidésLa question se pose notamment pour les formations en apprentissage de niveaux V à III qui participent à un emploi durable. Cette proposition plaide en faveur d’un repositionnement de l’apprentissage dans la chaîne orientation/formation/emploi. Elle s’inscrit dans les préconisations du rapport de la Cour des comptes sur l’accès des jeunes à l’emploi (septembre 2016), qui dresse le constat d’une multiplicité de dispositifs, dont l’articulation mérite d’être repensée. Elle insiste sur la nécessité de « considérer les contrats aidés comme des phases transitoires, en particulier vers la formation » et de « davantage recourir aux formes classiques d’alternance ». Ce faisant, elle réinterroge la place de l’apprentissage dans le processus global d’insertion.

Réformer la gouvernance de la politique publique de formation : une commission dédiée à l’apprentissage pourrait être créée au sein du CNEFOP et des CREFOP - notamment pour un pilotage resserré de l’affectation de la taxe d’apprentissage.

Faire du développement de l’apprentissage une réalitéLes CCI prêtes à relever le défi de l’emploi des jeunes

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Collection Des Idées pour l’Action - n°8 - Novembre 2016

Pour aller plus loin contacts CCI France : Direction des relations institutionnelles : Laure Prévot - [email protected] - 01 40 69 37 79Direction Emploi Formation Entrepreneuriat : Patrice Guézou - [email protected] - 01 40 69 37 90

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➜Capitaliser sur les atouts du réseau des CCI, présent sur tous les volets de l’apprentissage

Les CCI de France sont prêtes à contribuer à la mise en œuvre de ces propositions. Elles sont déjà présentes sur l’ensemble de la chaîne orientation/formation/emploi, à travers 6 grandes misions :

1. En amont, la promotion des métiers : les CCI participent au Service Public Régional d’Orientation Professionnelle (SPRO), afin d’accompagner les jeunes vers l’apprentissage. Elles organisent également des actions de promotion tout au long de l’année (Semaine nationale de l’apprentissage, Mercredis de l’apprentissage, Nuits de l’orientation, Mini-stage) ;

2. La formation des apprentis : les CCI proposent des formations en apprentissage positionnées sur tous les niveaux (niveau V à I). L’atout de ces formations : elles sont construites en lien direct avec les professionnels et adaptées aux besoins des entreprises sur leur territoire.

Parmi les établissements gérés ou cogérés par les CCI, on compte Ferrandi, Audencia, Kedge, Estia… autant d’écoles de renom attractives pour les jeunes et accessibles par la voie de l’apprentissage. Les apprentis suivent avec assiduité les formations proposées par les CCI puisqu’ils étaient 83% à réussir leurs examens en 2015.

3. L’enregistrement des contrats d’apprentissage : dans le respect de leur mission de service public, les CCI enregistrent 1 contrat d’apprentissage sur 2, soit 142 000 contrats (vérification légale réglementaire et conventionnelle) ;

4. La collecte de la taxe d’apprentissage : le réseau des CCI gère 330 000 dossiers de taxe d’apprentissage et des contributions associées pour le compte des entreprises ;

5. L’employabilité des apprentis : le réseau des CCI atteste des compétences de ses apprentis. A titre d’exemple, le CFA de la CCI Alsace propose un label comportemental - Atout Pro CCI - décerné aux apprentis méritants. Le Certificat de Compétences en Entreprise (CCE) « Tuteur en Entreprise » reconnu par la CNCP et porté par CCI France garantit quant à lui la professionnalisation des tuteurs favorisant ainsi la réussite des parcours en apprentissage ;

6. Le développement de la mobilité des apprentis, des post-apprentis, des formateurs tuteurs : depuis 2007, CCI France porte pour le réseau des CCI et ses partenaires (CMA, chambres d’agriculture, CFA de Ville et de branche), et en lien avec l’Agence Erasmus +, une action nationale pour le développement de la mobilité, « MOVIL’APP : mobilité européenne et apprentissage ». Cette action bénéficie du soutien de la Commission européenne.

Des formes de collaborations prometteuses

• Avec les acteurs du champ de l’apprentissage : des collaborations étroites existent avec les conseils régionaux dans le cadre du Service Public Régional de l’Orientation (SPRO) et pourraient être développées, enrichies et encouragées. En Normandie, l’Université d’été du Grenelle de l’apprentissage a permis d’établir un diagnostic sur les pistes d’action qui doivent être réalisées et sera suivie d’une «Quinzaine de l’apprentissage » en mars 2017 regroupant l’ensemble des campagnes de communication menées par les CCI, les CMA et les CFA. De même, une action partenariale forte pour le développement de l’apprentissage, incluant communication et label communs, s’est structurée en Aquitaine autour du Conseil régional et réunit les CCI, les CMA, les chambres d’agriculture et les CFA.

• Avec les acteurs du monde économique : les CCI développent des formations intégrant les pratiques et les outils en vigueur dans les entreprises. A titre d’exemple, le CFA de la CCI du Mans a engagé un partenariat depuis vingt ans avec l’ANFA (branche automobile) qui lui apporte un appui financier lui permettant d’acquérir des équipements (véhicules pédagogiques, bancs d’essais) mis à disposition des apprentis, formés avec les outils les plus perfectionnés et les plus utilisés par les professionnels.

De même, dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA), l’Institut des Métiers et des Techniques (IMT) de Grenoble a créé un partenariat avec des entreprises pour développer un pôle de formation dans le secteur émergent du développement durable : le Campus Pôle Performance Energétique. Inauguré en 2014, ce pôle de près de 2 000 m² permet de structurer une offre de formation autour de la réparation de véhicules électriques. Schneider Electric a notamment installé une partie de son Ecole des Métiers de l’Energie sur le site nouvellement créé.Pour l’avenir, de nouveaux modes de coopération entre CFA et entreprises ont vocation à se développer, a fortiori dans le contexte budgétaire contraint : investissements communs, outils de recherche, hébergement d’incubateurs.

1 apprenti sur 5 formé par les CFA des CCI

soit 80 000 apprentis par an

73% de taux d’insertion

dans l’emploi 6 mois après la fin de la formation

142 CFA gérés ou co-gérés par les CCI proposant des diplômes allant

du CAP au Master