1. 1. Fable de la fontaineIl ne faut jamais se moquer des misrables,Car qui peut sassurer dtre toujours heureux ?Le sage sope dans ses fablesNous en donne un exemple ou deux ;Je ne les cite point, et certaine chroniqueMen fournit une plus authentique.Le renard se moquait un jour de lcureuil,Quil voyait assailli dune forte tempte :Te voil, disait-il, prs dentrer au cercueilEt de ta queue en vain tu te couvres la tte.Plus tu tes approch du fate,Plus lorage te trouve en butte tous ses coups.Tu cherchais les lieux hauts et voisins de la foudre :Voil ce qui ten prend ; moi qui cherche des trous,Je ris, en attendant que tu sois mis en poudre. Tandis quainsi le renard se gabait,Il prenait maint pauvre pouletAu gobet ;Lorsque lire du Ciel lcureuil pardonne :Il nclaire plus, ni ne tonne ;Lorage cesse ; et le beau temps venu,Un chasseur ayant aperuLe train de ce renard autour de sa tanire :Tu paieras, dit-il, mes poulets.Aussitt nombre de bassetsVous fait dloger le compre.Lcureuil laperoit qui fuitDevant la meute qui le suit.Ce plaisir ne lui dure gure,Car bientt il le voit aux portes du trpas.Il le voit ; mais il nen rit pas,Instruit par sa propre misre.