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POUR UNE LECTURE DU ROMAN QUÉBÉCOISDE MARIA CHAPDELAINE À VOLKSWAGEN BLUES

EST LE SEPTIÈME TITRE DE LA COLLECTION « LITTÉRATURE(S) »DIRIGÉE PAR GUY CHAMPAGNE

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DU MÊME AUTEUR

EN COLLABORATION

Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, Montréal, Fides (6 tomes)Œuvres complètes de Louis Hémon, Montréal, Guérin littérature (3 tomes)La vie littéraire au Québec, Québec, Presses de l’Université Laval (3 tomes)Bibliographie analytique de la science-fiction et du fantastique québécois(1960-1985), Québec, Nuit blanche éditeur, 1992

Littérature du Québec, Vanves (France), (ÉDICEF/AUPELF), 1994Tout Félix en chansons, Québec, Nuit blanche éditeur, 1996

ANTHOLOGIE ET RÉPERTOIRE

Le conte littéraire québécois au XIXe siècle. Essai de bibliographie critique etanalytique, Montréal, Fides, 1975

Le conte fantastique québécois au XIXe siècle, Montréal, Fides, 1987La littérature au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Répertoire des œuvres et desauteurs, Alma, Éditions du Royaume, 1980 et 1986 (avec la collaboration deJean-Marc Bourgeois)

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AURÉLIEN BOIVIN

POUR UNE LECTURE DU ROMAN QUÉBÉCOIS

DE MARIA CHAPDELAINE À VOLKSWAGEN BLUES

NUIT BLANCHE ÉDITEUR

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Nuit blanche éditeur reçoit annuellement du Conseil des arts du Canada et de laSociété de développement des entreprises culturelles (SODEC) du Québec dessubventions pour l’ensemble de son programme de publication. Le Centre derecher che en littérature québécoise (CRELIQ) de l’Université Laval a contribuéà la réali sation de ce livre.Nous tenons également a remercier la revue Québec français qui nous a gracieusement permis de reproduire ici plusieurs textes déjà publiés dans sespages.

© Nuit blanche éditeurISBN 2-921053-58-6

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À Claire,

pour son constant encouragement etsa grande générosité.

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En février 1992, je recevais, grâce à un ami, l’édition 1991 du Chemin des livres, fiches de travail destinées aux professeursde français et à leurs élèves, préparées par les Éditions J’ai lu, enFrance. Convaincu que ces vingt fiches de lecture combleraientun vide, sans nécessairement rendre service aux œuvres québé -coises, j’ai proposé au directeur de la revue Québec français et àl’équipe « Littérature, langue et société », dont je suis le rédacteuren chef depuis 1982, d’entreprendre, sur le modèle de l’éditeurfrançais, une série de fiches de lecture qui porteraient essentiel -lement sur le roman québécois. La publication, entreprise au prin -temps 1993 avec la présentation d’Agaguk d’Yves Thériault, a étébien accueillie par les lecteurs et lectrices et par le grand public,si bien que des lettres ont été adressées à la revue pour que l’onpré pare telle ou telle fiche qui serait utile, en particulier aux pro -fesseurs de la fin du secondaire et du collégial. Je me suis renduà ces désirs. J’ai préparé à ce jour 11 fiches de lecture que j’aipubliées dans la revue et qui m’ont valu une foule de commen -taires encourageants. J’ai ajouté à ce nombre quatre autres fichesque je réunis dans cet ouvrage, dans l’espoir de rendre service auxprofesseurs et élèves de l’ordre d’enseignement secondaire, auxpro fesseurs et étudiants des ordres collégial et universitaire, tantdu Québec et du Canada que partout à travers la francophonie, demême qu’au public en général.

Pour une lecture du roman québécois. De Maria Chapdelaineà Volkswagen blues témoigne de l’évolution du roman québécoisau XXe siècle. L’ouvrage, facile d’accès et destiné à un vastepublic, veut rendre compte des meilleures réussites du genre,depuis Louis Hémon, cet écrivain exilé qui a donné le ton auroman québécois et qui l’a orienté dans la voie qu’on lui connaît,jusqu’à Jacques Poulin, qui, avec Volkswagen blues, a écrit le

Avant-propos

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roman des Amériques. Comme dans d’autres littératures, le romanquébécois, les commentateurs l’ont répété, participe de l’occu pa -tion du territoire et de la prise de conscience de ses habitants, parla réalité qu’il décrit et par les thèmes qu’il aborde.

Les fiches se présentent toujours de la même façon. D’abordun court résumé du roman, fidèlement situé dans la production del’auteur. Suit une explication du titre de l’œuvre et, à l’occasion,de la page couverture. Sont ensuite fournies, dans l’ordre, des précisions sur les principaux personnages mis en scène, sur l’es -pace (les lieux ou le décor) et le temps (la durée), à partir desindications spatio-temporelles repérées dans l’œuvre, puis sur lastructure du roman et sur les principaux thèmes abordés. Chaquefiche tente de préciser le sens ou la portée de l’œuvre. Pour cettepublication en volume, j’ai pensé qu’il serait intéressant dedonner un aperçu de l’accueil réservé à chaque roman au momentde sa première publication et de fournir quelques commentairessur les diverses lectures et interprétations qui ont été proposées aucours des ans. J’ai ajouté aussi pour la présente publi cation unebibliographie des auteurs et de leurs œuvres afin de permettre auxutilisateurs et utilisatrices, étudiants comme professeurs, de pour -suivre leur recherche et leur réflexion.

Pour une lecture du roman québécois. De Maria Chapdelaineà Volkswagen blues renferme 15 fiches de lecture d’autant de clas -siques du roman québécois. Si certains auteurs sont absents, telsHubert Aquin, Réjean Ducharme ou Jacques Ferron, par exem ple,c’est qu’ils sont plus difficiles d’accès et peu enseignés au secon -daire et au collégial. Je compte toutefois les inclure dans un deu -xième volet, puisque c’est de ces trois écrivains que se réclamentsouvent les jeunes romanciers québécois des années 1980 et 1990.

Qu’il me soit permis de remercier mon collègue GillesDorion, qui a généreusement accepté de relire chacune des ficheset qui m’a proposé quelques judicieuses corrections. J’adresseaussi mes remerciements à Louis Fiset, qui a apporté sa précieusecontribution à la constitution des bibliographies.

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DE QUOI S’AGIT-IL ?Publié pour la première fois en volume en 1916 par l’éditeur

montréalais Joseph-Alphonse LeFebvre, grâce à la perspicacité de Louvigny de Montigny, traducteur au Sénat, qui avait remar -qué le roman au moment de sa parution en feuilleton dans le jour -nal parisien Le Temps, du 27 janvier au 19 février 1914, MariaChapdelaine a été réédité à Paris, chez Grasset, inaugurant lacélèbre collection « Les Cahiers verts », que dirige alors DanielHalévy. On connaît la suite. Le roman de Louis Hémon, la der nièreœuvre qu’il ait composée mais la première à paraître en volu me,quelques mois à peine après sa mort tragique, a été publié non seu -le ment en France mais un peu partout à travers la francophonie eta été traduit en plus de vingt langues et demeure probablementl’œuvre écrite en français qui a connu le plus fort tirage et le plusgrand succès après la Bible. En tenant compte, en effet, de toutesles éditions en langue française et de toutes les traductions, onatteint facilement un chiffre supérieur à quatre millions d’exem -plaires. Cette fortune de l’œuvre témoigne de sa valeur et de sonimportance, tant en France et au Québec qu’à travers toute la franco -phonie, et semble donner raison à ses défenseurs qui persistent àconsidérer Maria Chapdelaine comme un véritable chef-d’œuvreréaliste dans lequel Hémon rend témoignage de l’héroïsme despionniers qu’il admirait pour leur courage, leur détermination et

MARIA CHAPDELAINE 1OU L’ÉLOGE DE LA SURVIVANCE FRANÇAISE EN AMÉRIQUE

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1. Louis HÉMON, Maria Chapdelaine, Montréal, BQ, 1990, 203 p. (Coll. « Biblio -thèque québécoise, Littérature ».) [Première édition en volume :Maria Chapdelaine. Récitdu Canada français, Montréal, J.-A. LeFebvre, éditeur, 1916, 244 p.]

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leur mode de vie primitive, cette même vie primitive qui l’a tou -jours fasciné et qu’il loue dans quelques-uns de ses Récits spor -tifs 2, notamment dans « La rivière » et dans « Jérôme », de mêmeque dans « Au pays de Québec », un récit de voyage qu’il écrit àson arrivée en Amérique et qui peut servir de prélude à MariaChapdelaine.

Sans vouloir dénigrer ses adversaires, il faut préciser quel’écrivain brestois n’a jamais eu comme objectif d’immortaliser,dans Maria Chapdelaine. Récit du Canada français, tous lesmodes de vie au « pays de Québec » ni, non plus, de brosser unportrait fidèle de tous les colonisateurs du pays qu’il visitait pourla première fois. En mettant en scène Samuel Chapdelaine, en le transportant dans les vastes régions du Nord, à « Péribonka du bout du monde », Hémon a fait un choix conscient : il a voulurepré senter un type de défricheur canadien-français, comme l’a vaientfait avant lui Antoine Gérin-Lajoie, dans Jean Rivard, le défri -cheur (1862), et Damase Potvin, dans Restons chez nous ! (1908),et comme le feront après lui d’autres romanciers régionalistes,tels Adélard Dugré, Louis-Philippe Côté, Léo-Paul Desrosiers etcombien d’autres encore.

LE TITREHémon a intitulé son roman Maria Chapdelaine, du nom de

l’un des personnages, à qui il confie le rôle de personnage princi -pal. C’est d’abord à son histoire que Hémon s’intéresse. Il est eneffet possible de résumer rapidement le roman en ne s’intéressantqu’à cette héroïne énigmatique et silencieuse, presque muette.Maria est une jeune fille de 18 ans à peine qui, de retour àPéribonka, après un voyage d’un mois à Saint-Prime, village situésur la rive opposée du lac Saint-Jean, rencontre François Paradis,au sortir de la messe dominicale, sur la place de l’église, et endevient rapidement amoureuse. Elle le revoit, quelque temps plustard, au printemps, puis de nouveau en été. C’est en effet à la

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2. Récits sportifs, Alma, Éditions du Royaume, 1982, 252 p. Ces récits ont étéréédités dans Louis HÉMON, Œuvres complètes, Montréal, Guérin littérature, t. II, 1993,998 p. [V. p. 7-318.]

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cueillette des bleuets, fin juillet, qu’ils échangent leurs promes -ses. Mais, en décembre, François, qui a bravé la tempête pour ren -dre visite à celle qu’il aime, s’égare en forêt et meurt. Mariapleure sa peine, s’en prenant à la dureté de ce pays de froid et deneige qui assassine les jeunes hommes téméraires. Courtisée pardeux autres prétendants, Maria réfléchit et songe à s’exiler auxÉtats-Unis. Mais la mort de sa mère la ramène à de meilleurs sen -timents envers son coin de pays. Elle décide finalement de resteret pro met d’épouser Eutrope Gagnon, « le printemps d’après ceprintemps-ci, quand les hommes reviendront du bois pour lessemailles » (p. 197).

LES PERSONNAGESMARIA. C’est un personnage fort énigmatique que Maria

Chapdelaine. Si elle est le personnage principal, le narrateur ne ladécrit presque pas physiquement. On sait qu’elle est agréable àregarder, confie François Paradis, qui la regarde à la dérobée, dansle champ de bleuets : « Qu’elle était donc plaisante à contem pler !D’être assis auprès d’elle, d’entrevoir sa poitrine forte [Hémon a écrit profonde dans le manuscrit], son beau visage honnête etpatient, la simplicité franche de ses gestes rares et de ses attitudes,une grande faim d’elle lui venait et en même temps un attendris -sement émerveillé » (p. 80). Lorenzo aussi est attiré par l’imagede paix et de calme qui se dégage d’elle : « […] il la regardait,mais ne voyait que son profil penché, à l’expression patiente ettranquille, entre son bonnet de laine et le long gilet de laine quimoulait ses formes héroïques, de sorte que chaque regard lui rap -pelait ses raisons d’aimer sans lui rapporter de réponse » (p. 145).C’est une jeune fille discrète, timide et silencieuse, qui sait attirersur elle la sympathie. Et intelligente aussi. Elle n’est pas sansremarquer que ses trois prétendants « n’avaient pas été attirés pardes paroles habiles ou gracieuses, mais par la beauté de son corpset par ce qu’ils pressentaient de son cœur limpide et honnête »(p. 152-153). Maria, au regard fuyant, est encore réservée etrefuse d’extérioriser ses sentiments.

Après la mort de Paradis, Maria – et c’est une nouvelle étapede l’intrigue qui s’amorce – doit choisir un nouveau prétendant,

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selon la logique des possibles narratifs de Claude Bremond3. Cechoix ne se fera pas sans heurt, car il est souvent perturbé par lanature hostile, cruelle « où ne régnait jamais que la froide mort »(p. 147), où « les troncs des bouleaux qui se détachaient sur lalisière du bois sombre semblaient les squelettes des créaturesvivantes que le froid de la terre aurait pénétrées et frappées demort » (p. 105). Il sera long, mûrement réfléchi. « Maintenant ilfallait faire semblant de n’avoir rien vu, et chercher laborieuse -ment son chemin, en hésitant dans le triste pays sans mirage »(p. 153). Il n’est pas donc spontané comme le premier.

Maria peut-elle, en toute conscience, arrêter son choix surLorenzo Surprenant qu’elle semble nettement préférer à l’autreprétendant ? Sûrement pas à la lumière de ce passage où une voixlui annonce « la rencontre d’un jeune homme tout pareil auxautres, dont la cour patiente et gaie […] finit par attendrir »(p. 90). Lorenzo Surprenant n’est pas ce jeune homme, car il adéserté aux États-Unis. Ces « jeunes hommes tout semblables auxautres » sont ceux qui, à la suite de leurs pères, poursuivent sur lesterres neuves du « pays de Québec » le travail amorcé par lesdéfricheurs pour arracher le territoire parcelle par parcelle à laforêt. En optant pour Eutrope Gagnon, colon établi sur le lot voi sin des Chapdelaine, Maria choisit d’abord, non l’amour, maisun style de vie : elle accepte de vivre avant tout dans son pays, au milieu de « sa race » (p. 89). Elle accepte aussi, après mûreréflexion, encore dérangée par une formidable tempête qui rendles chemins impraticables quand elle assiste sa mère dans sesderniers instants, de poursuivre son travail, elle qui pourtant, audébut du roman, s’associait davantage à son père et épousaitpresque son goût du nomadisme en accordant alors ses préfé -rences à François Paradis. Mais ce dernier mort, Maria décidelucidement de rester au pays et d’assurer la survivance de la racecanadienne-française, la sienne.

SAMUEL CHAPDELAINE. Le père Chapdelaine est un personnagedébonnaire, doux et sensible – il est capable de regret et de chagrin

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3. Claude BREMOND, « La logique des possibles narratifs », Communications, no 8(1966), p. 60-76.

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(p. 187) –, patient et courageux. Il est animé de « l’optimismeinvincible d’un homme qui se sait fort et se croit sage » (p. 45).De la race des pionniers (ou des nomades), il ne tient pas en place.Peu sociable, il déménage dès qu’un semblant de confort s’ins -talle. Aussi se considère-t-il comme « un vieux simple et un fou »(p. 187). Il est capable d’aimer et a beaucoup de respect pour safemme et ses enfants.

LAURA CHAPDELAINE. La mère est de la race des sédentaires.Elle est sociable, contrairement à son mari. Elle aime la compagnieet l’animation des vieilles paroisses. Si elle rêve d’une belle terreplanche, elle se résigne à son sort, en femme obéissante et sou -mise. Elle est encore vaillante, « [c]ourageuse et de bon conseil »(p. 182), toujours de belle humeur, généreuse aussi et capabled’encourager les autres dans ce pays difficile (p. 62 et 67). Contrai -rement à sa fille, elle est capable d’extérioriser ses sentiments ;elle manifeste sa joie devant le travail de ses hommes, se faisant« le chantre [de leurs] gestes héroïques […] de leur bataille contrela nature barbare et de leur victoire de ce jour. Elle distribu[e] leslouanges et proclam[e] son légitime orgueil » (p. 62).

FRANÇOIS PARADIS. C’est un coureur de bois – il fait partie du clan des nomades – et est la réplique, en plus jeune, du pèreChapdelaine : « C’est vrai, dit Laura. Il y a des hommes comme cela.Samuel, par exemple, et toi. […]. On dirait que le bois connaît desmagies pour vous faire venir » (p. 50). Paradis est « [u]n beau gar -çon assurément : beau de corps à cause de sa force visible, et beaude visage à cause de ses traits nets et de ses yeux témé rai res »(p. 49-50), ainsi que le perçoit Maria. Il parle peu, montre « en toutune grande simplicité » et laisse transparaître un « air de hardiesseingénue » (p. 50). C’est un homme capable hors de l’ordi naire,accou tumé à l’ouvrage et aux bois qu’il connaît comme le fond deses poches, incapable de malice (p. 120), « [u]n bon homme, unhom me dépareillé » (p. 119), dont le seul défaut – et qui le perdd’ailleurs – est sa trop grande témérité. Il ne souffre pas qu’on lecommande (« c’était un garçon malaisé à commander, quand il avaitune chose en tête », p. 115). Il est capable d’aimer et en fournit lapreuve quand il décide de partir seul en raquettes, du chantier enhaut de La Tuque, pour rendre visite à Maria. C’était courir à saperte, même pour un « garçon d’expérience qui a toujours eu le

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bois pour patrie » (p. 122). Le bois gardera son cadavre tant il nefait qu’un avec lui. Il rejoint ainsi le mythe et… l’éternité.

EUTROPE GAGNON. Unique voisin des Chapdelaine, EutropeGagnon fait aussi partie du clan des sédentaires, comme la mèreChapdelaine. Il aime la terre, qu’il espère défricher rapidementpour y installer Maria qu’il aime en silence. Timide, effacé, il serévèle le préféré de la mère Chapdelaine, qui multiplie les encou -ragements à son endroit, car elle a remarqué sa vaillance, soncourage et sa détermination. Il est généreux : c’est lui qui, tel unsauveteur, va chercher le ramancheur à Saint-Félicien, dans desconditions difficiles. Il est aussi capable de compassion, surtoutquand il vient annoncer la mauvaise nouvelle à la familleChapdelaine, à Maria en particulier. S’il a quelque audace, il estdéfaitiste, pessimiste : n’est-il pas convaincu d’avance de n’avoiraucune chance d’attirer à lui la jeune fille qu’il aime, quand il osetenter sa chance, après le passage de Lorenzo Surprenant(p. 149) ? Au terme de son entretien, contrairement à LorenzoSurprenant « parti plein d’assurance », « Eutrope sentit qu’il avaittenté sa chance et perdu » (p. 153). Il sait respecter la peine deMaria et se montrer patient. Il a finalement gain de cause.

LORENZO SURPRENANT. Émigré aux États-Unis depuis long -temps, il travaille dans une manufacture, ayant renoncé à la terrequ’il n’aime pas. Il joue le rôle du diable tentateur qui sème ledou te dans le cœur de Maria, doute de plus en plus fort d’uneprésence à l’autre, surtout à la troisième, alors qu’il met tout enœu vre pour obtenir le cœur de Maria, à qui il promet une vie étin -celante à la ville, ce qui contribue, on le conçoit, à activer l’imagi -nation de la jeune femme, qui vient bien près de succom ber.

EDWIGE LÉGARÉ. C’est l’homme engagé des Chapdelaine, quiincarne, comme Eutrope Gagnon et Laura, la mère, la permanen ceet la durée. Comme Paradis, il est un travailleur hors del’ordinaire, doué d’une force herculéenne (p. 63-64).

Il faudrait encore parler des autres personnages secondaires,Tit’Bé, Esdras et Da’Bé, les trois fils Chapdelaine, Tit-Sèbe Boily,le ramancheur, les trois Français, le curé et le médecin, qui jouenttous un rôle accessoire. Il y a aussi Charles-Eugène, le vieuxcheval des Chapdelaine, qui a rendu de fiers services et qui aconnu une existence heureuse.

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LE DÉCORLe roman se déroule entièrement à Péribonka, un petit village

du Lac-Saint-Jean récemment ouvert à la colonisation, érigé surles bords de la rivière Péribonka, que Hémon aurait dû écrirePéribonca, pour respecter la toponymie. Les Chapdelaine habitentune terre éloignée du village, « de l’autre bord de la rivière, au-dessus de Honfleur, dans le bois » (p. 26), « en haut des chutes, àplus de douze milles de distance » (p. 26). Le père Chapdelaine serend d’ailleurs à Honfleur, à quelques occasions, entre autres« pour aller chercher de la graine de semence » (p. 48), y entraî -nant même, en février, sa fille Maria, qui pleure encore la mort deson amoureux, pour qu’elle rencontre le curé. C’est encore làqu’ha bite Éphrem Surprenant, l’hôte d’une mémorable soirée, enmars. Samuel se rend aussi à Saint-Cœur-de-Marie, un peu plusloin, pour y réclamer les secours de la religion pour sa femme,malade, alors qu’Eutrope traverse le lac Saint-Jean pour allerquérir les services de Tit-Sèbe Boily, le ramancheur de Saint-Félicien, dans l’espoir de sauver la même malade. Plutôt undéfricheur qu’un agriculteur, Samuel Chapdelaine en est déjà àson cinquième éta blissement sur une terre :

Cinq fois déjà depuis sa jeunesse il avait pris une conces-sion, bâti une maison, une étable et une grange, taillé enplein bois en [sic] bien prospère ; et cinq fois il avait venduce bien pour s’en aller recommencer plus loin vers le nord,découragé tout à coup, perdant tout intérêt et toute ardeurune fois le premier labeur rude fini, dès que les voisinsarrivaient nombreux et que le pays commençait à se peupleret à s’ouvrir (p. 44).Dans la diégèse, il est fait allusion à son séjour d’abord à

Normandin où le couple a pris sa « première terre » (p. 182) et« une autre terre en haut de Mistassini » (p. 183), puis une autrepeut-être à Mistassini (p. 119) et, enfin, Péribonka. L’autre endroitn’est pas mentionné. Le narrateur évoque encore les chantiers,qu’on ne voit jamais, pas plus que Roberval, situé de l’autre côtédu lac, et les grandes villes des États-Unis, où vit une importantecommunauté de Canadiens français émigrés dans les manufactu resde textile, en Nouvelle-Angleterre surtout.

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LA DURÉEMaria Chapdelaine se déroule, de façon linéaire, selon le

rythme des saisons, d’un printemps à l’autre. À la renaissance dela nature, qui reprend vie, correspond l’éveil amoureux de Maria,qui entend le « mugissement lointain et continu, le tonnerre desgrandes chutes qui étaient restées glacées et muettes tout l’hiver »(p. 47). Il lui a suffi de rencontrer François Paradis, sur la placede l’église à Péribonka, pour qu’elle soit transformée. Ne reste-t-elle pas insensible à la visite empressée d’Eutrope Gagnon, convain -cue que, désormais, « commençait une étape de sa vie à elle où iln’aurait point de part » et sentant confusément que « depuis lecommencement du monde il n’y avait jamais eu de printempscomme ce printemps-là » (p. 46) ?

L’été marque une étape importante pour Maria qui revoit sonamoureux, avec qui elle échange une promesse qu’elle n’oublierapas, la veille de Noël, alors qu’elle récite les mille ave, les yeuxfermés, pour bien marquer son désir. Son vœu, elle n’a pas à lechercher bien longtemps : « Assurément son souhait se rapportaità François Paradis. Vous l’aviez deviné, Marie pleine de grâce ?[…] Qu’il revienne au printemps… » (p. 111). L’hiver est, pourelle, une saison meurtrière, qui lui a volé celui qu’elle aime. Lavie, pour elle, s’est arrêtée ; la chaleur ne parvient plus à laréchauffer : elle se met « à frissonner en pensant au pays glacé quil’entoure, au bois profond, à François Paradis qu’elle ne peutencore imaginer insensible, et qui doit avoir si froid dans son litde neige… » (p. 124). Mais elle parvient à surmonter sa peine etson désespoir, et à assumer son destin, avec le retour du printempset le renouveau de la nature, dans le coin de « pays où il lui étaitcommandé de vivre » (p. 195).

Est-il possible de dater cette intrigue ? Assurément. Au moinstrois indications temporelles le permettent. D’abord, le narrateurprécise que le 25 juillet est un samedi, qui réunit une foule de visi -teurs au foyer des Chapdelaine. Le lendemain, dimanche, fête deSainte-Anne (26 juillet), les Chapdelaine, habitant trop loin del’égli se, récitent le chapelet en famille puis, après le dîner, se ren -dent à la cueillette des bleuets. En consultant un calendrieruniversel, il est facile de constater que les 25 et 26 juillet tombent

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un samedi et un dimanche en 1903, en 1908 et en 1914. Il fautexclure la dernière date, postérieure à l’écriture du roman : LouisHémon a été frappé mortellement par un train à Chapleau (Ontario),le 8 juillet 1913. Il faut exclure aussi l’année 1903, car Pie X, dontle portrait orne un mur de la maison de la cousine AzalmaLarouche en avril, n’a été élu pape qu’en août 1903. Une autreindication de la diégèse milite en faveur de 1908 : la constructionde l’église de Saint-Prime a été entreprise en 1907 pour se ter -miner en 1908. La mère Chapdelaine fait d’ailleurs allusion àcette église toute neuve, au retour de Maria à Péribonka, qui nemanque pas de rendre compte de son voyage à Saint-Prime auxmembres de la famille réunis autour d’elle. Laura Chapdelainesoupire : « Alors, l’église est finie : une belle église en pierre,avec des peintures en dedans et des châssis de couleur… Que çadoit être beau ! » (p. 37-38).

LA STRUCTURELe roman est divisé en 16 chapitres, d’inégale longueur. Le

plus long est le chapitre XIV, qui relate la maladie, la lente agonieet la mort de la mère Chapdelaine, dans des douleurs atroces. Leplus court est le dernier, le seizième, qui se termine sur la pro mes sede Maria d’épouser Eutrope Gagnon. Ce mariage n’est qu’es comp - té ; il n’est pas célébré dans le roman, contrairement à ce qu’ontlu ou cru nombre de critiques et d’analystes. Quatre chapitres, d’àpeu près égale longueur, s’avèrent d’une importance capitale, cars’y produisent des événements majeurs qui influencent le dérou -lement de la diégèse ou de l’intrigue. Ce sont :

LE CHAPITRE I, dans lequel Maria rencontre pour la premièrefois François Paradis sur la place de l’église. C’est le chapi -tre d’exposition, celui de la sortie de la messe dominicale,qui permet à Hémon de camper ses personnages et lestémoins du drame qui sera raconté par la suite.LE CHAPITRE V, où survient à nouveau François Paradis, à la veillée chez les Chapdelaine, le samedi soir 25 juillet, quiréunit les deux autres prétendants ou aspirants à la main deMaria, Lorenzo Surprenant et Eutrope Gagnon.

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LE CHAPITRE XII, qui permet au lecteur d’assister à la veilléechez Éphrem Surprenant, au cours de laquelle on apprendl’échec de trois Français venus s’établir, sans préparationaucune, sur la terre de Lorenzo Surprenant, présent d’ail -leurs à cette soirée pour faire le procès de l’agriculture et dela colonisation et pour semer le doute dans le cœur de Maria.

LE CHAPITRE XV, qui suit la mort de la mère Chapdelaine etdans lequel Maria, après avoir assisté à l’éloge funèbre de samère de la bouche même de son père, réfléchit sur son ave -nir et décide, finalement, de s’établir à demeure à Péribonkaen arrêtant son choix sur Eutrope Gagnon.

Les autres chapitres comptent moins de 12 pages (pour leschapitres IX et X), 7 d’entre eux ne faisant pas même 10 pages etconstituant des pauses qui permettent au lecteur de se familiariseravec le décor, le climat ou le mode de vie des habitants : la mai -son des Chapdelaine, chapitre II ; les travaux de défrichement,chapitre IV ; la cueillette des bleuets, chapitre VI ; la préparation àl’hivernement dans un pays de froidure, chapitre VII ; la chute dela première neige, chapitre VIII ; la visite à Saint-Henri-de-Taillon,chapitre XI… Le chapitre X contient une importante analepse ouretour en arrière. Eutrope Gagnon y rapporte, selon la techniquedu récit dans le récit, le départ du chantier de François Paradis, salongue marche dans le bois, où il est surpris par la tempête, et,finalement, sa mort. Eutrope joue ici le rôle du conteur à qui lenarrateur, omniscient jusque-là, délègue la narration pour rappor -ter un événement qui s’est déjà déroulé et qui est même antérieur,dans le temps, au déroulement d’une partie du chapitre IX. Eneffet, au moment où Maria récite ses mille ave, François Paradiss’est déjà égaré dans la tempête.

LES THÈMESIls sont nombreux dans Maria Chapdelaine. Nous ne

retiendrons que les principaux.LA NATURE. Voilà un thème majeur que certains analystes ont

même élevé à la fonction de personnage, car elle est dotée de sen -timents, de mouvements, de parole même. La nature joue en effet

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un rôle de première importance dans le roman de Hémon qui, àtravers Péribonka, étudie la nature canadienne. Elle est attiranted’abord parce qu’elle répond aux aspirations des personnages,ensuite parce qu’elle agit sur leurs pensées et contribue à les édu -quer, eux qui vivent à son contact. Et combien exigeante : elleobéit à des lois particulières et n’accorde jamais ses faveurs sansrésistance ni mise à l’épreuve. Tout est fonction du temps qu’ilfait, dans le roman, qui se déroule selon le rythme des saisons. Lanature, souvent hostile, façonne les hommes et les femmes et lesrend aptes à la lutte essentielle pour assurer leur survie dans unpays sauvage, primitif, limité par « la lisière sombre de la forêt, si proche qu’elle semblait une menace » (p. 21). Elle se laisseamadouer, acclimater, conquérir. Elle est à l’image du pays, unpays perçu comme austère, hostile, sillonné de « grands boisemplis de neige d’où les garçons téméraires ne reviennent pas »(p. 195). Car, si elle peut être accueillante, cette nature, elle peutaussi être glaciale, inhumaine, meurtrière. Dès les premiers signesde l’hiver, symbole de la mort, le doute s’installe dans le cœur deMaria, qui l’étouffe ou presque. C’est alors que « du nord vintbientôt un grand vent froid qui ressemblait à une condamnationdéfinitive, à la fin cruelle d’un sursis » (p. 96-97). La fenêtre,jusque-là ouverte sur la chute, sur le monde extérieur, est alorsfermée. Maria s’en approche et peut, le soir de Noël, voir à traversles vitres « les champs blancs que cerclait le soir solennel »(p. 109). La jeune femme est insensible à la mauvaise températurequi a rendu les chemins impraticables et qui l’empêche d’assisterà la messe de minuit où pourtant, lui semble-t-il, « elle auraitplusieurs faveurs à demander, qui seraient sûrement accordées sielle pouvait prier devant l’autel, au milieu des chants » (p. 102).Elle espère en François. C’est pour que la Vierge le protège, celuiqu’elle aime plus que tout au monde, qu’elle a récité les mille ave.La nature participe donc à cette sorte d’extase : « Au dehors lemonde était tout baigné de lumière, enveloppé de cette splendeurfroide qui s’étend la nuit sur le pays de neige quand le ciel estclair et que la lune brille » (p. 110). La jeune femme « oublie toutle reste, et regarde longtemps sans le voir le sol couvert de neigeque la lumière de la lune rend pareil à une grande plaque de quel -que substance miraculeuse, un peu de nacre et presque d’ivoire, et

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les clôtures noires, et la lisière proche des bois redoutables »(p. 111). Elle refuse encore de voir cette nature cruelle quand, auterme du récit d’Eutrope, qui lui apprend la mort tragique de sonbien-aimé, « elle ne dit rien ni ne bougea, les yeux fixés sur lavitre de la petite fenêtre que le gel rendait pourtant opaque commeun mur » (p. 120). Elle se révolte contre cette nature et contre cefroid meurtrier après la mort de François. Il faudra que les voix luiparlent pour qu’elle s’apaise et qu’elle revienne à de meilleurssentiments à l’égard de la nature et du pays. Les bois sombressemblent désormais apprivoisés et elle peut regarder « sans ypenser le ciel, le sol blanc, la barre lointaine de la forêt » (p. 188-189). Mais y parviendra-t-elle vraiment ? Si, à la fin du roman,« la nature heureuse de voir l’hiver fini envoyait par la fenêtreouverte de petites bouffées de brise tiède qui semblaient dessoupirs d’aise », Maria, « immobile, les mains croisées dans songiron, patiente et sans amertume », songeait « avec un peu deregret pathétique aux merveilles lointaines qu’elle ne connaîtraitjamais et aussi aux souvenirs tristes du pays où il lui était com -mandé de vivre » (p. 195).

L’AMOUR. Maria Chapdelaine s’éveille à l’amour en mêmetemps que sonne le réveil de la nature, au printemps. FrançoisParadis est associé au printemps, un printemps différent de tousles autres, « depuis le commencement du monde » (p. 46) ; il estle « mugissement lointain et continu des grandes chutes qui étaientrestées glacées et muettes tout l’hiver » (p. 47) qui emportel’hiver et redonne espoir à Maria, « heureuse de se sentir vivanteet forte sous le soleil éclatant » (p. 63). Il est signe de renouveaucar, pour Maria la rêveuse, « qui regardait toutes ces choses dis -traitement, il n’y avait rien là de désolant ni de redoutable […] etmême tout ce qui l’entourait ce matin-là lui parut soudain adouci,illuminé par un réconfort, par quelque chose de précieux et de bonqu’elle pou vait maintenant attendre. Le printemps arrivait, peut-être… ou bien encore l’approche d’une autre raison de joie quivenait vers elle sans laisser deviner son nom » (p. 29). Il est en core promesse de bonheur rêvé, « promesse éclatante verslaquelle on marche » (p. 155), comme on attend des « chosesheureuses qui étaient en route et ne pouvaient manquer de venirbientôt » (p. 64). Maria, amoureuse, est heureuse ; elle montre

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« une sorte d’extase mystique » (p. 61) à laquelle participe la nature :

[…] il sembla que la divinité qui réglementait le climat dulieu donnât soudain à la marche naturelle des saisons uncoup de pouce auguste, afin de rejoindre une fois de plusdans leur cycle les contrées heureuses du sud […]. Lescimes des épinettes et des cyprès, oubliées par le vent, sefigè rent dans une immobilité perpétuelle ; au-dessus de leurligne sombre s’étendit un ciel auquel l’absence de nuagesdonnait une apparence immobile aussi (p. 62).

Mais cette extase ne dure pas, la réalité est cruelle et l’amour,éphé mère.

LE BONHEUR IMPOSSIBLE. Maria perd son amoureux, mort dansla tempête, drame que laissaient présager de nombreuses annota -tions du narrateur relatives à la « ligne sombre de la forêt », sym -bole de l’enfermement de la jeune femme, de limites qu’elle nepeut pas franchir. Elle doit se résigner, après mûre réflexion, àdonner sa parole à Eutrope Gagnon.

LE RÊVE. Maria espère en François. Mais son rêve est anéantiavec la mort de celui-ci dans la tempête. La jeune femme, précisele narrateur, a senti « la poigne cruelle de cinq doigts fermés surson cœur » (p. 120) et doit ainsi renoncer à son rêve : elle n’épou -sera jamais François Paradis. Ne lui survivent que les beaux sou -venirs et quelques images pathétiques.

LA SOLITUDE. La famille Chapdelaine vit loin du village, del’au tre côté de la rivière. Elle est comme exclue de la commu -nauté. C’est sans doute Laura, la mère, qui en souffre le plus, ellequi ne se déplace qu’une fois dans l’intrigue, pour assister à laveillée chez Éphrem Surprenant, et qui aurait bien aimé que sonmari accepte de s’établir sur une terre riche et planche dans unevieille paroisse. Samuel se reproche son attitude, quand il faitl’éloge funèbre de son épouse, morte dans la fleur de l’âge, aprèsavoir travaillé sans relâche, dans des conditions extrêmement dif -ficiles. Le père aussi souffre, à l’occasion, de cette solitude, quandil déplore le fait de ne pouvoir assister plus souvent à la messe,ou, la veille de Noël, quand il plaint le sort qu’il a réservé à sonépouse, pendant tout son règne (p. 106). Le décor participe à cette

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solitude : les chemins pratiquement inexistants pour se rendrechez les Chapdelaine, la lisière sombre de la forêt, etc.

LA MORT. François Paradis meurt dans la tempête et LauraChapdelaine meurt dans des douleurs atroces. Ces morts étaientpresque inévitables. Pouvait-il en être autrement dans le cas deParadis ? Celui-ci, ne l’oublions pas, est un coureur de bois, unnomade libre comme l’air, incapable de se fixer à demeure, depren dre feu et lieu, de s’établir sur une terre, d’assurer donc lapermanence d’une famille et d’une race, ainsi qu’il l’a avoué à lamère Chapdelaine, lors de sa première visite (p. 50). Or, pour sur -vivre, un peuple doit s’approprier un territoire, le mater, l’habiter,le posséder. Bâtir un pays, c’est accepter de l’habiter. La mort deFrançois Paradis, en plein cœur de la forêt, ne signifie-t-elle pasla mort du nomadisme ?

Quant à la mort de la mère Chapdelaine, elle était nécessairepour permettre à Maria de prendre sa décision finale, non sansgénérosité, est-il besoin de le préciser.

L’OPPOSITION ENTRE LE NOMADISME ET LE SÉDENTARISME. Lesnomades sont représentés par François Paradis et le père SamuelChapdelaine ; Laura Chapdelaine et Eutrope Gagnon incarnentles sédentaires. On perçoit cette opposition dans la réponse quefournit Paradis à la mère Chapdelaine qui lui a demandé s’il avendu la terre de son père à Mistassini :

Oui. J’ai tout vendu. Je n’ai jamais été bien bon de la terre,vous savez. Travailler dans les chantiers, faire la chasse,gagner un peu d’argent de temps en temps à servir de guideou à commercer avec les sauvages, ça c’est mon plaisir,mais gratter toujours le même morceau de terre, d’année enannée, et rester là, je n’aurais jamais pu faire ça tout monrègne, il m’aurait semblé être attaché comme un animal àun pieu (p. 50).

Hémon, par l’entremise de son narrateur, qui s’adresse surtoutà des destinataires étrangers, évoque la même opposition :

C’était l’éternel malentendu des deux races : les pionnierset les sédentaires, les paysans venus de France qui avaientcontinué sur le sol nouveau leur idéal d’ordre et de paix

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immobile, et ces autres paysans, en qui le vaste pays sau -vage avait réveillé un atavisme lointain de vagabondage etd’aventure (p. 51).

L’OPPOSITION ENTRE LA VILLE ET LA CAMPAGNE. Cette opposi -tion est facilement perceptible dans le roman de Hémon. La villeest synonyme d’esclavage, la campagne, de liberté, du moins dansl’esprit de la mère Chapdelaine, une partisane avouée et convain -cue de l’agriculture et de la colonisation, ainsi qu’elle le manifestepar ses paroles d’encouragement à l’endroit d’Eutrope Gagnon,qu’elle aime bien, et lors de la discussion qui l’oppose à LorenzoSurprenant. Ce dernier, qui incarne la ville, a émigré en Nouvelle-Angleterre et défend des valeurs tout à fait contraires à celles quedéfend Laura Chapdelaine. Pour lui, les habitants sont de véritablesesclaves, contrairement aux citadins, qui jouissent d’une grandeli berté : « Vous êtes les serviteurs de vos animaux. Vous les soi gnez,vous les nettoyez ; vous ramassez leur fumier comme les pauvresramassent les miettes des riches » (p. 139). Les habitants sont encoreesclaves de la température (p. 140), « sans compter le grand froid,les mauvais chemins » (p. 140), la solitude et la mi sère. Lenarrateur n’est pas loin de partager certaines réflexions deSurprenant qui affirme que seuls ceux qui sont nés sur une terresont promis au succès : « Les autres, ceux qui ont habité les villes,pas de danger qu’ils soient assez simples pour se contenter d’unevie de même ! » (p. 140). Voilà qui explique l’échec des troisimmigrés français qui « avaient l’air de tourner et de retour nerdans leurs esprits le bilan mélancolique d’une faillite » (p. 137).

L’EXIL AUX ÉTATS-UNIS. Contrairement aux autres romanciersdu terroir, Hémon, qui a bien plus de talent qu’eux, n’a pas voulufaire œuvre de propagande et ne condamne pas ceux qui ontchoisi de quitter le pays, tel Lorenzo Surprenant. Jamais ce per -sonnage n’est présenté comme antipathique, voire traître aux siensparce qu’il a choisi d’aller vivre aux États-Unis, où il se tire biend’affaire, si on se fie à son allure et à son attitude. Des lecteurscontemporains pourraient même le considérer comme un person -nage réaliste, en particulier quand il répond à la mère Chapdelaine,lors de la soirée chez son oncle, Éphrem Surprenant, et qu’il faitle procès de l’agriculture dans les régions éloignées. Il énumère

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les difficultés que rencontrent les habitants, laissés souvent à eux-mêmes, abandonnés par les gouvernements, obligés de s’organi serpour survivre.

L’ÉMIGRATION. Hémon ne condamne pas non plus la venued’étrangers dans les régions récemment ouvertes à la colonisation,tel le coin de pays où il a imaginé son intrigue. Il ne cache pas lesdifficultés du travail de défricheur et d’agriculteur de même quela dureté du climat. Il se contente de mises en garde car, selon lui,il faut que celui qui veut s’établir sur une terre neuve soit bienpréparé, soit doté d’une forte constitution et jouisse d’uneexcellente santé. C’est le sens du message qu’il lance aux étran -gers, à ses compatriotes surtout, au chapitre XII de son roman, quidoit être perçu comme un roman de colonisation et non comme unroman agriculturiste ou du terroir.

LA SURVIVANCE DE LA RACE. Contrairement à ce que certainscritiques ont prétendu, Maria Chapdelaine n’est pas une chargeméprisante contre les Canadiens français mais bien un hymne à la détermination, au courage, à l’héroïsme de cette race qui a suse maintenir, malgré les difficultés inhérentes à leur condition devie. C’est le sens de la décision de Maria de rester au pays et dese sacrifier pour assurer la survie de sa famille, ce que PierrePerrault a bellement appelé « la suite du monde ». Ce sens duroman, les commentateurs et analystes l’auraient facilement perçus’ils avaient lu Itinéraire, le récit de voyage que Hémon a écrit, auQuébec, au début de son séjour. Tout Maria Chapdelaine se trou -ve dans ce discours sur le patrimoine ancestral : le fait français, ladétermination et le courage de ces habitants venus de France etrestés fidèles à la mère patrie et aux valeurs de la race, malgrél’affront dont ils ont été victimes, le froid hostile et meurtrier quidétruit les rêves et assassine les amours pures et chastes. Hémon àQuébec et « au pays de Québec » se sent donc réconforté de milleet une façons : la vitalité du peuple canadien-français le réconcilieavec sa race. Ce peuple a su s’adapter à toutes sortes de change -ments, triompher de toutes sortes de problèmes et de difficultés,et il s’est maintenu, malgré l’américanisation et l’anglicisationqui le menacent. Toutefois, les jeunes l’inquiètent, qui portent des « vêtements de coupe américaine ; leurs chapeaux ronds, defeutre mou et de forme américaine ; leurs chaussures américaines

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aussi4 ». Hémon avait alors lancé un cri d’alarme. Il célèbre cepeuple dans Maria Chapdelaine.

LE REGARD. Maria Chapdelaine est le roman du regard. Sil’héroïne est presque muette, tout au long du roman – elle pronon cetout au plus une dizaine de paroles –, elle sait regarder non seule -ment la nature ambiante et ceux qui l’habitent mais également enelle-même. « Presque partout dans Maria Chapdelaine, notentRené Labonté et Adnam Moussally, le regard se présente commeun indice utilisé par l’auteur pour communiquer au lecteur lessentiments et les réactions des personnages ; en de rares passages,le regard sert, de plus, à la communication entre les person -nages5 ». Maria, objet de désir, baisse les yeux par timidité ouencore par crainte de se montrer audacieuse (p. 53), au départ deFrançois. C’est encore par timidité qu’Eutrope Gagnon et FrançoisParadis ont les yeux baissés, le premier quand il vient annoncer lamort de François Paradis (« il prit la chaise qu’on lui offrait ets’assit, les yeux à terre », p. 114) et le second, quand il a honte, enprésence de Maria, « de ses goûts déraisonnables » (p. 51) etquand il se prépare à formuler sa grande demande. Il la regarde« à la dérobée » puis détourne les yeux (p. 80). Si tous les yeuxconvergent vers Eutrope qui leur rapporte la terrible nouvelle,tous les Chapdelaine, mal à l’aise, au terme de la lente narration,« regardaient droit devant eux en parlant, et cependant tout cequ’ils disaient semblait s’adresser à Maria » (p. 119). Par leurregard, ils communiquent leur douleur. Quant à Maria, elle se rendà la fenêtre où « [l]e gel avait fait des vitres autant de plaques deverre dépoli, opaques, qui abolissaient le monde du dehors ; maisMaria ne les vit même pas parce que les larmes avaient commen céà monter en elle et l’aveuglaient » (p. 121). Même aveuglementquand la mère se meurt : « Les regards se tournèrent vers lafenêtre, qui n’était qu’une longue plaque noire » (p. 173). Et il ya bien d’autres passages dans le roman où le regard communiqueles pensées et les émotions des personnages.

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4. Louis HÉMON, Œuvres complètes, t. III : Lettres à sa famille, Itinéraire, MariaChapdelaine. Récit du Canada français, Nouvelles inédites, Montréal, Guérin littérature,1995, 622 p. [V. p. 227.]

5. René LABONTÉ et Adnam MOUSSALLY, « Essai d’analyse sémiologique de MariaChapdelaine », Présence francophone, no 18 (printemps 1979), p. 135-158.

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PORTÉE DU ROMANHémon, comme on le voit par l’attitude courageuse de son

héroïne, est loin d’avoir ridiculisé la population du « pays deQuébec ». Bien au contraire, il a très bien perçu, malgré la courtedurée de son séjour à Péribonka – six mois tout au plus –, « l’éter -nel malentendu des deux races : les pionniers et les sédentaires »(p. 51). Il a immortalisé ce malentendu en mettant en scèneSamuel Chapdelaine et François Paradis, voire Lorenzo Surpre -nant, coureur de bois des temps modernes, qui a préféré la villeétrangère aux vastes forêts du Québec, qu’il oppose à EutropeGagnon, seul de sa race (avec Laura), qu’il fait triompher, nonsans avoir insisté et sur les rigueurs du climat et sur les difficultésqui guettent le colon établi sur les « terres neuves » du « pays deQuébec ». Rien n’est gratuit dans l’évocation de la nature quiparticipe à toutes les étapes de l’évolution de Maria. N’est-ce pasce réalisme étonnant et cette leçon de force et de courage qui force -ront le romancier Claude-Henri Grignon, pourtant peu renommépour ses commentaires élogieux, à affirmer que « Louis Hémon atout pris ; il nous laisse à peine quelques souches6 », voulantsigni fier par là « qu’il serait extrêmement difficile pour un écri -vain canadien de continuer ou de répéter le romancier en em -ployant les règles du roman traditionnel » ? Hémon est le premierécrivain à saisir toutes les dimensions du drame humain qui sejouait dans les pays de colonisation du Canada français.

LA RÉCEPTION CRITIQUEAu Québec, le roman de Hémon a suscité deux prises de posi -

tion diamétralement opposées : une admiration sans borne pourles uns, qui crient au chef-d’œuvre (Ernest Bilodeau, Louvigny deMontigny, Damase Potvin…), et un mépris catégorique pour lesautres (Ubald Paquin7 en tête), qui accusent Hémon de tous lesmaux en présentant les Canadiens français, surtout à l’étranger,comme un peuple de paysans illettrés et arriérés, esclaves d’une

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6. Claude-Henri GRIGNON, « Médecin, guéris-toi toi-même ! », dans Les Pamphletsde Valdombre, 4 mars 1938, p. 151-178. [V. p. 168.]

7. Ubald PAQUIN, « En marge d’un livre célèbre », Le Nationaliste, 7 mai 1922, p. 2.

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terre cruelle et tyrannique qui les mène inévitablement à l’asser -vissement, à l’aliénation, au misérabilisme. Si, pour les premiers,l’écrivain étranger « a su comprendre le pays et ses honnêtes etpittoresques8 » habitants, il a été, pour ces derniers, incapable desai sir l’âme canadienne et a dénigré le « pays de Québec9 ». Quantà ceux qui accusent Hémon d’avoir trahi l’âme canadienne dansMaria Chapdelaine, d’avoir ridiculisé le peuple canadien-françaisou même, plus récemment, d’avoir retardé le développementsocio-économique du Québec, ils se sont laissé prendre : Hémona écrit un roman et non un documentaire sur le Québec, comme ill’avait fait, lors de son passage à Québec, en 1911.

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8. Ernest BILODEAU, « Sur un livre canadien écrit par un Français », Le Nationaliste,7 janvier 1917, p. 4.

9. On pourra consulter, pour plus de détails, mon étude intitulée «Maria Chapdel aine :bilan et perspectives », publiée dans Les littératures de langues européennes au tournantdu siècle : lectures d’aujourd’hui. Série C. L’optique nord-américaine, cahier I : La pers -pective critique québécoise, sous la direction de Pierre-Louis VAILLANCOURT et SylvainSIMARD, Ottawa, Research Group « 1900 », 1985, p. 93-108.

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BIBLIOGRAPHIE10

1. ŒUVRESMaria Chapdelaine. Récit du Canada français, précédé de deuxpréfa ces par M. Émile Boutroux de l’Académie française et parM. Louvigny de Montigny de la Société royale du Canada, illus-trations origina les de Suzor-Côté, Montréal, J.-A. LeFebvre, édi-teur, 1916, 244 p. [Sur la page de titre : Ouvra ge honoré d’unesouscription du Secré taire d’État du Canada et du Secrétaire de laProvince de Québec ; 500 exemplaires de cette édition ont étémarqués : Paris, Librairie Delagrave, 1916. Le roman a d’abordparu dans Le Temps (Paris), 27 janvier-19 février 1914. [En tête detitre : « Feuilleton du quotidien Le Temps »] ;Paris, Bernard Grasset, éditeur, 1921, 204 p. (Coll. « Les Cahiersverts », no 1) ;présentation de Aurélien Boivin, Montréal, BQ, 1990, 203 p.(Coll. « Bibliothèque québécoise, Littérature »).

La belle que voilà…, Paris, Bernard Grasset, éditeur, 1923, 239 p.Montréal, Presses Sélect ltée, 1980, 166 p.

Colin-Maillard, Paris, Bernard Grasset, éditeur, 1924, 278 p. (Coll.« Les Cahiers verts », no 34) ;présenté par Jacques Ferron, Montréal, Éditions du Jour, 1972,190 p.

Battling Malone, pugiliste, Paris, Bernard Grasset, éditeur, 1925, 269 p.(Coll. « Les Cahiers verts », no 60) ;Avant-propos de Chantal Bouchard. Notes et variantes par Ghis -laine Legendre et Chantal Bouchard, postface de ChantalBouchard, Montréal, Boréal, 1994, 196 p. (Coll. « Boréal compactclassi que », no 57.)

« À la recherche de Maria Chapdelaine », dans Demain (Paris), J. Ferenczi & fils éditeurs, no 2 (mai 1924), p. 133-170. Bois deDignimont [Itinéraire] ;

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10. Je renvoie le lecteur aux trois tomes des Œuvres complètes de Louis Hémon pourdes bibliographies détaillées des différentes éditions des œuvres de Hémon.

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The Journal of Louis Hémon, translated by William AspenwallBradley, New York, The Macmillan Company, 1924, 67 p. Ill. ;« Au pays de Québec », dans Louis-Janvier Dalbis, Le Boucliercanadien-français, Paris, Éditions Spes, 1928, p. 223-283. Boisgravés d’Adrien Hébert ;Itinéraire, Paris, Bernard Grasset, 1927, 90 p. [Édition limi tée,numérotée de 1 à 50] ;Itinéraire, dans Louis Hémon, Écrits sur le Québec. Avant-proposet postface de Chantal Bouchard, notes et variantes par GhislaineLegendre et Chantal Bouchard, Montréal, Boréal, 1993, 174 p.[V. p. 13-53.] (Coll. « Boréal compact classique », no 52.)Monsieur Ripois et la Némésis, Paris, Bernard Grasset, éditeur,1950, 315 p. [Le roman a d’abord paru dans Samedi soir, nos 281-289 (semaine du 18 au 24 novembre 1950-semaine du 13 au 19jan vier 1951)] ;Avant-propos et postface de Chantal Bouchard. Édition critiqueétablie par Ghislaine Legendre et Chantal Bouchard, Montréal,Boréal, 1994, 174 p. (Coll. « Boréal compact classique », no 61.)

Louis Hémon. Lettres à sa famille, [édition préparée, présentée et annot éepar Nicole Deschamps], Montréal, les Presses de l’Université deMontréal, 1968, 219 p. Photos.

Récits sportifs, édition préparée et présentée par Aurélien Boivin etJean-Marc Bourgeois, Alma, Les Éditions du Royaume, 1982,252 p. [D’abord parus dans Le Vélo, le Journal de l’automobile,L’Auto et La Presse (de Montréal), entre le 1er janvier 1904 et le18 novembre 1913. Les quatre derniers récits, parus dans LaPresse, sont signés du pseudonyme « Ambulator ».]

Nouvelles londoniennes. De Marble Arch à Whitechapel. Édition présen - tée par Chantal Bouchard, Paris, Le Castor Astral, 1991, 154 p.Écrits sur le Québec. Avant-propos et postface de ChantalBouchard. Notes et variantes par Ghislaine Legendre et ChantalBouchard, Montréal, Boréal, 1993, 174 p. (Coll. « Boréal compactclassi que », no 52.)

Œuvres complètes. Édition préparée, présentée et annotée par AurélienBoivin, Montréal, Guérin littérature, 3 vol. : t. I : La belle quevoilà…, Colin-Maillard, Monsieur Ripois et la Némésis, 1990,721 p. ; t. II : Récits sportifs, Chroniques sportives, Battling

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Malone, pugiliste, 1993, 998 p. ; t. III : Lettres à sa famille,Itinéraire, Maria Chapdelaine. Récit du Canada français,Nouvelles inédites, 1995, 622 p.

2. ÉTUDESPOur en savoir davantage sur le roman Maria Chapdelaine, on consul -

tera d’abord la bibliographie que j’ai préparée et qui accompagne l’étudede Nicole Deschamps du roman de Louis Hémon, dans le Dictionnairedes œuvres littéraires du Québec, tome II : 1900-1939, sous la directionde Maurice Lemire, Montréal, Fides, 1980, p. 670-673. On consulteraaussi la bibliographie à la fin de l’ouvrage de Nicole Deschamps, RaymondeHéroux et Normand Villeneuve, Le mythe de Maria Chapdelaine,Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1980, p. 219-249, demême que ma bibliographie dans Maria Chapdelaine, Montréal, Fides,1985, p. 203-218. Je me limite ici aux principales études.

VOLUMES, CHAPITRES DE VOLUME ET THÈSESDESCHAMPS, Nicole, Raymonde HÉROUX et Normand VILLENEUVE, Le

mythe de Maria Chapdelaine, Montréal, Les Presses de l’Universitéde Montréal, 1980, 263 p.[EN COLLABORATION], « Présentation du colloque du centenaire dela naissance de Louis Hémon », dans Études canadien nes /Canadian Studies (Bordeaux), no 10 (1981), p. 3-138. [Allo cu -tions de Jean Balcou, Pierre George, René de Chantal et LydiaHémon ; textes de Georges-Michel Thomas, D. Laurent, GilbertLévesque, Pierre Charreton, André Guyon, Jean-Claude Vernex,Bernard Duchatelet, Claude Muller, André Guilcher, JeanMarmier, Auguste Viatte, Aurélien Boivin, Jacques Vier, JeanChaussade.]

[EN COLLABORATION], Colloque Louis Hémon – Quimper, [introductiond’Alain Le Grand-Vélin], [Quimper], Calligrammes, FondationLouis Hémon, 1986, 226 p. [Actes du colloque Louis Hémon,Quimper, octobre 1985. [Textes de Gilbert Lévesque, AudreyFreeman-Campbell, Max-Hervé Thomas, Aurélien Boivin, JeanMarmier, Bernard Duchatelet, Frank Rannou, Jean-PierreJeancolas, Yvon Bellemare, Jean Balcou, Charles Trébaol,Georges-Michel Thomas, Jean-André Le Gall, Auguste-PierreSegalen, Alain Le Grand-Vélin, Pierre Jakez Hélias.]

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MARIA CHAPDELAINE

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FREEMAN, Audrey, « Le Canada de Louis Hémon et sa destinée litté -raire ». Thèse de Ph. D., Paris, Université de Paris, 1951, 356 f.

HÉROUX, Raymonde, « La fortune littéraire de Maria Chapde laine ».Thèse de Ph. D., Montréal, Université de Montréal, 1973, 383 f.

MCANDREW, Allan, Louis Hémon, sa vie et son œuvre, Paris, Jouve &cie, éditeurs, 1936, 255 p.

MONTIGNY, Louvigny de, La revanche de Maria Chapdelaine. Essaid’initiation à un chef-d’œuvre inspiré du pays de Québec, préfacede Raymond Brugère, Montréal, Éditions de l’Action canadienne-française, 1937, 210 p. (Série « Les jugements ».) [Plusieurs chapi -tres ont paru d’abord dans Le Terroir (Québec) et dans L’Avenir duNord, entre mars et août 1937.]

MORENCY, Jean, Le mythe américain dans les fictions d’Amérique. DeWashington Irving à Jacques Poulin, Québec, Nuit blanche éditeur,1994, 258 p. [V. p. 115-129.]

PAUL, Raymond, « Établissement du texte de Maria Chapdelaine ». Thèsede maîtrise ès arts, Montréal, Université de Montréal, 1973, 205 f.

PELLETIER, Claude [compilateur], Louis Hémon. Dossier de presse, 1917-1985, Sherbrooke, Bibliothèque du Séminaire de Sherbrooke, 1986,196 p.

POTVIN, Damase, Le roman d’un roman. Louis Hémon à Péribonka,Québec, Éditions du Quartier latin, 1950, 191 p.

SERVAIS-MAQUOI, Mireille, Le roman de la terre au Québec, Québec,Les Presses de l’Université Laval, 1974, 267 p. (Coll. « Vie deslettres québécoises », no 12.) [V. « La sauvegarde de l’héritage.Louis Hémon », p. 47-68.]

VILLENEUVE, Normand, « Le mythe de Maria Chapdelaine dans quel -ques revues et journaux du Québec ». Thèse de D. E. S., Montréal,Université de Montréal, 1969, 93 f.

VILLENEUVE, Normand, « Histoire d’une identification collective : lemythe de Maria Chapdelaine au Québec ». Thèse de maî tri se èsarts, Montréal, Université de Montréal, 1971, 133 f.

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POUR UNE LECTURE DU ROMAN QUÉBÉCOIS

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des Deux Mondes, vol. LXV (1er octobre 1921), p. 528-554.BÉLANGER, Ferdinand, « Maria Chapdelaine, chef-d’œuvre classique »,

L’Œil, vol. V, no 1 (15 août 1944), p. 19-27.BILODEAU, Ernest, « Sur un livre canadien écrit par un Français », Le

Nationaliste, vol. XII, no 47 (7 janvier 1917), p. 4.BOILLAT, Gabriel, « Comment on fabrique un succès : Maria

Chapdelaine », Revue d’histoire littéraire de la France, vol.LXXIV, no 2 (mars-avril 1974), p. 223-253. [Reproduit dans Lalibrairie Bernard Grasset et les lettres françaises. Deuxième par-tie : Le temps des incertitudes (1914-1919), Paris, LibrairieHonoré Champion, éditeur, 1988, 352 p. [V. p. 233-277, et notesp. 324-334.]

BOIVIN, Aurélien, « À la découverte de Louis Hémon », Québec français,no 39 (octobre 1980), p. 57-60.

BOIVIN, Aurélien, « Louis Hémon », dans Dictionnaire biogra phique du Canada, vol. XIV : 1911-1920, Sainte-Foy, Les Presses del’Université Laval. [À paraître.]

BOIVIN, Aurélien, « Louis Hémon et les romanciers québécois : in -fluence et récupération du discours », Les Cahiers de l’Iroise(Brest), 27e année, no 4 (octobre-décembre 1980), p. 201-208.[Reproduit dans Études canadiennes/Canadian Studies(Bordeaux), no 10 (1981), p. 113-123.]

BOIVIN, Aurélien, « Maria Chapdelaine : bilan et perspectives », dansLes littératures de langues européennes au tournant du siècle :lectures d’aujourd’hui, Série C. L’optique américaine, cahier I :La perspective critique québécoise, publié sous la direction dePierre-Louis Vaillancourt et Sylvain Simard, Ottawa, ResearchGroup « 1900 », 1985, p. 93-109.

BOIVIN, Aurélien, « Maria Chapdelaine. Les éditions “intégrales” et lesautres », Québec français, no 40 (décembre 1980), p. 62-64. [Re -pro duit dans le Quotidien (Chicoutimi), 17 janvier 1981, p. A-5.]

BOIVIN, Aurélien, « Maria Chapdelaine : mythe ou symbole ? », dansLouis Hémon, l’homme et l’œuvre. Catalogue d’exposi tion, Alma,les Éditions du Royaume, 1981, 69 p. [V. p. 19-26.]

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MARIA CHAPDELAINE

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BOIVIN, Aurélien, « Présentation », dans Maria Chapdelaine, Montréal,BQ, 1990, 203 p. [V. p. 7-19.] (Coll. « Biblio thè que québécoise,Littérature ».)

CÔTÉ, Jean R., « La forêt et Maria Chapdelaine : une nature, deux vi sions, deux signes », Langue et communication, sous la direc -tion de André FAUCHON, Saint-Boniface (Manitoba), 1989, p. 73-88. [Actes du neuvième colloque du Centre d’étudesfranco-canadiennes de l’Ouest tenu au Collège universitaire deSaint-Boniface les 12, 13, 14 octobre 1989.]

DESCHAMPS, Nicole, « Lecture de Maria Chapdelaine », Études françai -s es, vol. IV, no 2 (mai 1968), p. 157-167.

DESCHAMPS, Nicole, « Maria Chapdelaine, roman de Louis Hémon »,dans Maurice LEMIRE (dir.), Dictionnaire des œuvres littéraires duQuébec, t. II : 1900-1939, Montréal, Fides, 1980, p. 663-673.

DIONNE, René, « Maria Chapdelaine : un roman à thèse », Bulletin duCentre de recherche en civilisation canadienne-française, no 22(avril 1981), p. 14-17.

GABOURY, Placide, « La structure romanesque dans l’œuvre de LouisHémon », L’Enseignement secondaire au Canada, vol. XLV, no 4(septembre-octobre 1966), p. 185-201 ; no 5 (novembre-décembre1966), p. 216-242.

GAUVIN, Ulric, « Maria Chapdelaine et l’âme canadienne-fran çai se »,Le Semeur, vol. XVIII, no 3 (octobre 1921), p. 52-62.

GRANDPRÉ, Alphonse de, « Maria Chapdelaine », Bulletin du parl erfran ç ais au Canada, vol. XV, no 10 (juin-août 1917), p. 433-449.[Repro duit dans Le Nationaliste, vol. XIV, no 23 (22 juillet 1917),p. 3.]

HÉBERT, Maurice, « À propos de Maria Chapdelaine », Le Canadafrançais, vol. IX, no 2 (octobre 1922), p. 152-165. [Repro duit dansDe livres en livres. Essais de critique littéraire, Montréal, LouisCarrier & cie, Les Éditions du Mercure, 1929, p. 33-38.]

HÉROUX, Raymonde, « Bien connaître notre plus beau person nage fémi -nin », Le Devoir, vol. LXVII, no 136 (14 juin 1975), p. 18.

HOUDE, Roland, « Maria Chapdelaine. Biopsie d’un succès litté raire »,Sem, vol. I, no 2 (mars-avril 1975), p. 3-6, 34.

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POUR UNE LECTURE DU ROMAN QUÉBÉCOIS

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JOYAUX, Georges-J., « Hémon et Carrier : deux visions de “l’épo quesilen cieuse” du Québec », The French Review, vol LV, no 38(February 1982), p. 372-381.

LABONTÉ, René, et Adnam MOUSSALLY, « Essai d’analyse sémio lo giquede Maria Chapdelaine », Présence francophone, no 18 (printemps1979), p. 135-158.

LAFLÈCHE, Guy, « L’édition critique de Maria Chapdelaine parGhislaine Legendre », Voix et images, vol. VIII, no 1 (au tom ne1982), p. 61-82. [Reproduit dans Polémiques, Laval, Singulier,1992, p. 125-175.]

LAMARCHE, Marc-Antonin, « Une opinion canadienne sur MariaChapde laine », La Revue hebdomadaire, 31e année, no 13(1er avril 1922), p. 29-37. [Reproduit dans Le Devoir, 22 avril1922, p. 7, dans la Revue dominicaine, 31e année, no 13 (juillet-août 1922), p. 298-306, et dans Ébauches critiques, Montréal,Adjutor Ménard, 1930, p. 75-86.]

LAURENDEAU, André, « Une œuvre vitale », Le Devoir, vol. XLI, no 232(7 octobre 1950), p. 4.

LEDUC, Richard, « Les phénomènes météorologiques dans l’œuvre deLouis Hémon : Maria Chapdelaine », Le Climat (Dépar tement degéographie, Université Laval), vol VIII, no 2 (décembre 1990),p. 74-80.

LEGAULT, Rolland, « Maria Chapdelaine de Louis Hémon », L’Écolecanadienne, XXXIVe année, no 6 (février 1959), p. 405-412.

LE GOFFIC, Charles, « Roman de Maria Chapdelaine », Le Canada,vol. XIX, no 35 (14 mai 1921), p. 3. [Reproduit sous le titre « Lelivre du Canada. Un chef-d’œuvre inconnu », L’Action catholique,vol. XIV, no 4068 (16 mai 1921), p. 3. Extrait de La Démocratienouvelle.]

LOUIS-JARAY, Gabriel, « L’histoire du roman Maria Chapdelaine »,France-Amérique. Revue mensuelle du Comité France-Amérique,15e année, no 147 (mars 1924), p. 53-56. [Suivi du texte des deuxpréfaces, celle d’Émile Boutroux, p. 57-58, et celle de Louvignyde Montigny, p. 59-62.]

MARMIER, Jean, « La sève immortelle : Laure Conan et MariaChapdelaine », Les Cahiers de l’Iroise (Brest), 27e année, no 4(octobre-décembre 1980), p. 197-200.

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MARIA CHAPDELAINE

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OUELLET, Réal, « Les rééditions. Entre l’héroïsme et la stérilité : MariaChapdelaine de Louis Hémon », Lettres québécoises, no 21 (prin -temps 1981), p. 43, 45-46.

PAGÉ, Pierre, « Maria Chapdelaine : un problème franco-québécoisd’histoire littéraire », Revue d’histoire littéraire de la France, no 5(septembre-octobre 1969), p. 747-762. [Repro duit sous le titre« Un problème d’histoire littéraire : la signi fication de MariaChapdelaine », dans Les Cahiers de l’Univer sité du Québec, no 24(1970), p. 147-166.]

PAQUETTE, Jean-Marcel, « Maria sous trois regards », Revue d’histoire lit té -raire du Québec et du Canada français, no 11 (hiver-prin temps 1986),p. 33-42. [Numéro intitu lé : « Litté rature québécoise et cinéma ».]

PAQUIN, Ubald, « En marge d’un livre célèbre », Le Nationaliste, vol.XVIII, no 13 (7 mai 1922), p. 2.

PARÉ, François, « Maria Chapdelaine au Canada anglais : réflexions surnotre extravagance », Voix et images, vol. II, no 2 (décem bre 1976),p. 265-278.

PELLETIER, Esther, « Texte littéraire et adaptation cinémato graphi que : larencontre de deux systèmes », Les Dossiers de la cinémathèque,no 12 (1984), p. 37-42. [Numéro intitulé : « Le Cinéma : théorieset discours ». Actes du colloque de l’Association québécoise desétudes cinématographiques.]

PELLETIER, Jean-François, « La voix du Québec », L’Action nationale,vol. XXI (août-septembre 1944), p. 3-18.

POULAILLE, Henry, « L’actualité littéraire. L’étrange destinée de LouisHémon », Marianne, 5 juin 1933, p. 4.

POULAILLE, Henry, « Le tragique destin de Louis Hémon, père de MariaChapdelaine », Paris-Soir, 19 août 1939. Photos. [En tête de titre :« On célèbre les 25 ans d’une immortelle héroïne ».]

RINFRET, Thibodeau, « Maria Chapdelaine et The Cash », Revue del’Université d’Ottawa, vol. I, no 1 (janvier-mars 1931), p. 43-66.

SAINT-GERMAIN, Clément, « Étude d’auteur canadien. Louis Hémon »,Lectures (nouvelle série), vol. VIII, no 6 (février 1962), p. 163-164.

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POUR UNE LECTURE DU ROMAN QUÉBÉCOIS

SCHLUMBERGER, Jean, « Notes. Maria Chapdelaine, par Louis Hémon(Les Cahiers verts) », Nouvelle revue française, vol. XVII (août1921), p. 212-214.

SCULLY, Robert-Guy, « Le vrai visage de Maria Chapdelaine », Forces(Québec), no 37 (automne 1976), p. 12-21.

SOCKEN, Paul, « La synthèse des contrastes dans Maria Chapdelaine »,dans Travaux de linguistique et de litté rature, Strasbourg, Universitéde Strasbourg, Centre de philologie et de littératures romanes,1978, p. 97-106.

TALBOT, Émile, « Les incarnations d’un texte nationaliste : Hémon,Savard, Carrier », Présence francophone, no 2 (1980), p. 137-145.

TURC [pseudonyme de Victor BARBEAU], « Les revues. MariaChapdelaine », Cahiers de Turc, vol. I, no 1 (1er octobre 1921),p. 21-24.

VALDOMBRE [pseudonyme de Claude-Henri GRIGNON], « Médecin,guéris-toi toi même. (Lettre à M. Louvigny de Montigny) », LesPamphlets de Valdombre, vol. II, no 4 (mars 1938), p. 151-172.

VANASSE, André, « Le fait historique et les étapes littéraires. La notionde l’étranger dans la littérature canadienne », L’Action nationale,vol. LV, no 2 (octobre 1965), p. 230-236, et no 3 (novembre 1965),p. 350-358.

VEUILLOT, François, « Lettre de Paris. À propos d’un succès littéraire », L’Action catholique, vol. XV, nos 4803 et 4804 (9 et 10août 1922), p. 3.

VINCENT, José, « Les raisons d’un succès de librairie (MariaChapdelaine) », La Croix (Paris), 25-30 juin 1922.

YON, Armand, « Maria Chapdelaine en son temps », Cahiers des Dix,vol. 36 (1971), p. 193-210.

ZIEMAN, Margaret-K., « Origins of Maria Chapdelaine », CanadianLiterature, no 20 (Spring 1964), p. 41-53.

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« Menaud, maître-draveur ou l’appel du pays » a paru en guise d’introduction à l’édition suivante du roman : Montréal, BQ, 1992,165 p. (« Bibliothèque québécoise, Coll. Littérature ».) [V. p. 7-20].

Les fiches de lecture suivantes ont paru dans Québec français :« Le Survenant ou la fin de la société rurale d’ancien régime », no 99

(automne 1995), p. 89-94 ; « Bonheur d’occasion ou le salut par laguerre », no 102 (été 1996), p. 86-90 ; « Le temps des hommes ou ledrame spirituel des Canadiens français », no 100 (hiver 1996), p. 102-104 ; « Agaguk, roman de la neige et du froid », no 88 (printemps 1993),p. 102-105 ; « Le libraire de Gérard Bessette ou l’annonce d’un Québecnouveau », no 95 (automne 1994), p. 89-93 ; « Une saison dans la vied’Emmanuel. Portrait d’un certain Québec révolu », no 92 (hiver 1994),p. 92-95 ; « Salut Galarneau ! ou la recherche [d’identité] par l’écri -ture », no 98 (été 1995), p. 94-97 ; « La guerre, yes sir !, ou la guerre desautres », no 96 (hiver 1995), p. 85-88 ; « Un dieu chasseur ou l’impos-sible relation entre les êtres », no 94 (été 1994), p. 92-96 ; « L’emmitoufléou le roman de l’apprentissage », no 101 (printemps 1996), p. 95-97 ;« Volkswagen blues ou la recherche d’identité », no 97 (printemps 1995),p. 90-93.

DÉJÀ PARUS

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Avant-propos 9Maria Chapdelaine ou l’éloge de la survivance françaiseen Amérique 11Menaud, maître-draveur ou l’appel du pays 39Le Survenant ou la fin de la société rurale d’ancien régime 69Bonheur d’occasion ou « le salut par la guerre » 93Le temps des hommes ou le drame spiritueldes Canadiens français 123Agaguk ou un drame de neige et de froid 141Le libraire ou l’annonce d’un Québec nouveau 167Une saison dans la vie d’Emmanuelou le portrait d’un Québec révolu 185Salut Galarneau ! ou la recherche d’identitépar l’écriture 207La guerre, yes sir ! ou la guerre des autres 233Un dieu chasseur ou l’impossible relation entre les êtres 253L’emmitouflé ou le roman de l’apprentissage 271Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Angesou la vie quoti dien ne au Plateau Mont-Royal 295Les fous de Bassan ou le procès de la société mâle 325Volkswagen blues ou la recherche d’identité 345Bibliographie du roman québécois 361Déjà parus 367

TABLE DES MATIÈRES

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COLLECTION « LITTÉRATURE(S) »

Déjà publiés

Aurélien Boivin, POUR UNE LECTURE DU ROMAN QUÉBÉCOIS.DE MARIA CHAPDELAINE À VOLKSWAGEN BLUES

Aurélien Boivin, Gilles Dorion QUESTIONS D’HISTOIRE LITTÉRAIRE.et Kenneth Landry (dir.), MÉLANGES OFFERTS À MAURICE LEMIRE

Hans-Jürgen Greif (dir.), ARTS ET LITTÉRATUREHans-Jürgen Greif (dir.), LE RISQUE DE LIREDenis Saint-Jacques (dir.), L’ACTE DE LECTUREDenis Saint-Jacques LES PRATIQUES CULTURELLES DE GRANDEet Roger de la Garde (dir.), CONSOMMATION. LE MARCHÉ FRANCOPHONE

Union des écrivaines DÉVELOPPEMENT ET RAYONNEMENTet écrivains québécois, DE LA LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE :

UN DÉFI POUR L’AN 2000

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Coordonnateur à l’édition : Guy ChampagneRévision du manuscrit : Marie-Andrée L’Allier

Correction des épreuves : Gilles DorionConception graphique : Anne-Marie Guérineau

Illustration de la couverture :Détail « À l’approche de la tempête »,aquarelle de Claire Bergeron Boivin

Diffusion pour le Canada : Gallimard ltée3700A, boulevard Saint-Laurent, Montréal (Qc), H2X 2V4Téléphone : (514) 499-0072 Télécopieur : (514) 499-0851

Distribution : Socadis

Diffusion pour la Suisse : Le Parnasse Diffusion20, rue des Eaux-Vives, Genève, Suisse

Téléphone : 41.22.736.27.26 Télécopieur : 41.22.736.27.53

Diffusion pour l’Europe : Exportlivre/Librairie du Québec30, rue Gay-Lussac75005, Paris, France

Téléphone : (1) 43.54.49.02 Télécopieur : (1) 43.54.39.15

Diffusion pour les autres pays : ExportlivreC. P. 307, Saint-Lambert (Qc), J4P 3P8

Téléphone : (514) 671-3888 Télécopieur : (514) 671-2121

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ACHEVÉ D’IMPRIMERAUX ATELIERS GRAPHIQUES MARC VEILLEUX INC.

CAP-SAINT-IGNACE (QUÉBEC)EN SEPTEMBRE 1996

POUR LE COMPTE DE NUIT BLANCHE ÉDITEUR

Dépôt légal, 3er trimestre 1996Bibliothèque nationale du CanadaBibliothèque nationale du Québec

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