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ANDRÉ SALMON, par'PASCIN (1924).

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POUR LÉO

Que les fleurs sont joliesSurtout quand on les a cueillies soi-

même.

(Thédtre de campagne.)

Il empoigna une vieille chaise, maisquand il voulut la soulever, la moitié dudossier lui resta dans la main. Il la remitsommairement en état.

Joseph d'ElCHENDORFF.

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MESURE POUR MESURE

Soixante années de songe éPicé d'énergieEt ce songe empaillé dans les Anthologies.

Avec la bonne volonté de communiquer aux lectéurs de sagazette quelque chose de mes Souvenirs sans fin, un chroniqueur'qui me voulait du bien a, chemin faisant, exprimé le regret deme trouver bien plus prodigue de détails sur la vie de mes amisque sur moi-même.,Je m'explique tout de suite là-dessus au seuilde cette nouvelle Époque.

Les souvenirs qu'un vieil écrivain ou n'importe quel vieilartiste peut garder de ses années de jeunesse, plus ou moinsprolongées, sont fatalement ceux d'une existence collective. Il enva des souvenirs d'un temps où tout est à partager, où tout separtage réellement dans les meilleurs cas. Vient le jour, sonnel'heure, où, brutalement, l'on se trouve exactement tout seulsans avoir eu la peine de rompre avec personne. Ça aussi dansles meilleurs cas.

Il se peut qu'alors cette solitude se situe à un point quelconqued'un cercle beaucoup plus large que celui du départ. Hier onavait un certain nombre de compagnons choisis par sympathie,de cœur ou d'esprit. Maintenant on connaît « des tas de gens ».On se trouve mêlé à plus ou moins de l'activité du monde entier.C'est comme ça que l'on est tout seul et c'est ce qui permet,ou qui oblige de parler davantage de soi.

1920. Des amis disparus, morts. Les uns sont tombés sur ceque l'on appelle le champ d'honneur. D'autres n'ont pas attendu

l'occasion pour s'envoyer en l'air. Des vivants, dont la singula-rité exaltait, sont devenus modèles de platitude. D'autres sontoccupés de particularités sans lien avec les intentions communesd'autrefois. Il y a ceux qui n'ont plus qu'à se soucier de leurfortune, sinon de leur gloire. Quoi qu'il advienne, l'homme detrente ans ne peut plus que se souvenir de celui qu'il fut à vingtans et auquel il a cessé de ressembler. La meilleure chance serad'accorder à cette première image une valeur exemplaire.

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SOUVENIRS SANS FIN

La mesure du temps n'est plus la même. Mes livres de souvenirssont d'égale étendue, de poids identique. Le premier, tableaude vraie jeunesse, s'étend de igo3 à 1908. Cinq ans. Le deuxièmeva de igo8 à 1920. Douze ans. Maintenant ce sera de 1920 à 1940.Vingt ans. Après il ne faut plus compter que sur une sorte decodicille.

En attendant je vais donc parler de moi un peu plus que decoutume. Je parlerai de quelques autres que je ne semblais pasdestiné à rencontrer. Je devais me tromper et tel se dessinaitmon destin. Qui est assuré de son destin ?

La vie exigeante ne m'a pas dérobé à l'art, si c'est de la viequej'ai nourri mon art. N'étant pas doué pour la bonne affaireen littérature, j'ai choisi un second métier le journalisme. Çam'a promené de Londres à Varsovie, d'Amsterdam à Belgrade,de Madrid à Zagreb et Ankara, de Damas à Prague et Vienneet je ne sais où encore, bien préparé à ces exils temporaires sic'est à Saint-Pétersbourg, en 1901, que j'eus vingt ans.

J'ai vu du pays, comme on dit. J'en ai souvent éprouvé de lasatisfaction, rarement beaucoup de surprise. Londres m'a envoûté,sans étonner celui qui à quatorze ans avait dévoré tout Dickens.Aux frais de feu Bunau-Varilla et de la famille Dupuy, tour à tour,j'ai savouré « le luxe inimitable des hôtels », sorte de Barnaboothau mois et à la pige. Il me serait non seulement peu agréablemais surtout impossible de composer un recueil de ce qu'il putse trouver de valable dans mes articles de « grand reportage ».Il dut se trouver du bon dans mon premier et mon troisièmeTour de France. Je n'ai rien conservé. Le quotidien n'est que lequotidien, en dépit de tout cela qui n'est pas mal pour quelquechose d'écrit dans la hâte. Parfois, au retour, le voyage nourris-sait ma poésie.

On n'échappe jamais à son destin. On ne parvient jamais, parmaladresse, ruse ou perversité, à se tirer de soi-même, à fuirson vrai personnage. Ayant le mépris du sabotage, je me flatted'avoir été un reporter consciencieux, en étant celui dont unautre de mes critiques a pu dire « Fallait-il qu'il soit poète pourrésister à tant de journaux. » Sans que je vole une minute à monjournal, il m'est souvent arrivé de ces choses à situer hors dumétier. Sensations de poète devant la grossièreté du fait aven-tures réservées à moi seul.

Venu à Varsovie pour y voir d'abord juger l'assassin d'undirecteur d'une fabrique de Girardow appartenant au fameuxMarcel Boussac, ami d'Elie-Joseph Bois, rédacteur en chef duPetit Parisien, j'ai parfaitement enregistré pour les bien rapporterles intéressantes déclarations de l'ingénieur principal, tout enportant les yeux, fasciné, sur les portraits à l'huile de tous lesdirecteurs de la fabrique depuis sa fondation, des Allemands,des Polonais, des Français, tous assassinés. Repéré dès monarrivée à Varsovie par les artistes et les écrivains du coin, j'étais

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MESURE POUR MESURE

traîné à leur club, où je m'entretenais longuement avec l'excellentpoète Julien Tuwim, entretien poursuivi en un étrange igginen un fabuleux sabir. De temps à autre, Julien Tuwim se dressaitpour s'écrier comme en extase, le verre en main « Pas un motde français »

Avec Tuwim et une jeune comédienne très jolie on a été prendred'autres verres dans un établissement où l'on ne sert que duvin, toutes les sortes de vin. Les tables y étaient de bois recouvertd'une épaisse plaque de verre. Sur l'une de ces tables, entre lebois et le verre, un large bristol avec inscription calligraphiéeTable des colonels. Tuwim me fit prendre garde à une autre table.Sur le bristol de celle-ci on pouvait lire, oeuvre toute récented'un mauvais esprit pas encore repéré par les gens de serviceTable des espions.

Quand je demandai congé à mon journal pour me rendre enBohême, où j'étais officiellement invité, on ne m'accorda que dedemi-vacances puisque l'on profita de l'occasion pour me chargerd'un reportage. A Prague j'ai donné trois leçons à l'InstitutFrançais et prononcé deux conférences dans un merveilleux clubd'artistes. Imaginez les gens de notre Salon d'Automne proprié-taires d'un hôtel de cinq étages couronnés d'une terrasse d'oùleurs plus superbes modèles, mains et pieds joints, se précipi-teraient gracieusement dans une Seine jumelée à la Voltava.Au retour, arrêt à Berlin pour l'occasion de voir les communistesde Moabit se tabasser avec les chemises brunes, à la veille de la

prise du pouvoir par le peintre en bâtiment inspiré.Mais pourquoi le sort décida-t-il que ce serait à moi qu'il appar-

tiendrait d'interviewer le directeur de la Banque de Polognesur les miracles de la déflation ? A moi de rapporter fidèlementce à quoi je ne pouvais absolument rien comprendre ? Et pourquoifut-ce à moi d'écouter ce ministre croate et catholique m'incitantà démontrer aux Français la perfidie de ses collègues serbes etdonc orthodoxes ? Des coups du sort, des accablements dontil se peut que mon personnage réel ait su gagner quelque chose.A chacun sa sorte de chance. Mon camarade Geo London, du

journal, ne rapporta pas seulement de Moscou les éléments deson livre Elle a dix ans la Russie rouge. Il apprit sur les bordsde la Bérésina que « le lin allait monter ». A Paris, une très simpleopération lui permit de réaliser une petite fortune.

J'ai d'affreux souvenirs de la guerre d'Espagne en même tempsque celui d'une merveilleuse journée d'évocations, à Séville, auxArchives des Indes, en écoutant le savant Seranno Suner, beau-frère de Franco, alors ministre de la Gobernaciôn et qui seraitdégommé en famille. Un rêveur, un songeur, hors du ministère.

Le reportage peut-il vraiment, avec le reste, alimenter uneposésie fondée sur le réel à transposer ou si la miraculeusetyrannie poétique sauve des misères du reportage le poète devenu

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SOUVENIRS SANS FIN

journaliste et dont, le premier, Théophile Gautier lamente lesservitudes ? C'est dans Emaux et Camées.

Si les Espagnols ne s'étaient pas étripés entre eux, l'occasiond'un long entretien avec Miguel de Unamuno ne m'eût sans doutejamais été donnée. Le penseur du Sentiment tragique de la Vie,le poète des sonnets parisiens composés pendant son exil en estmort. On trouvera plus loin quelque chose là-dessus.

Impressions de voyage En Orient, de la fille exécutantpour moi, en plein soleil, la danse du ventre jusqu'au sergenthongrois du 6e Étranger ayant la complaisance de me montrerl'emplacement du fumier de Job. Parole d'honneur..

Entre deux voyages je travaillais « pour moi » comme doiventdire tous les écrivains sans fortune. Je ne parviens pas aujourd'huià comprendre comment je pus trouver le secret de tant accomplir,poèmes, romans, théâtre, critique coiffant la besogne journalis-tique. Travailler et manquer de loisirs. Je n'en dirai pas moinsque l'on écrit toujours trop et qu'il peut n'être pas nécessairede voyager. Mais tout reste à mesurer.

En 194ô, après l'armistice, coupé de tout, quasiment perduen Syrie, voulant rentrer chez moi, à Paris, à mon foyer, nesongeant qu'à cela, je fus pourtant comme tenté d'une petiteville des bords de l'Euphrate pour y chercher une sorte de mortelrepos, fasciné par ce bourg arabe plus désolé que le désert cettecité blanche sans une œuvre d'art, dont la soudaine destructionlaisserait indifférent puisque l'on pourrait tout aussitôt refaireune cité pareille, belle d'un accord de lignes tracées rien quepar la lumière.

Beaucoup vu. Beaucoup écrit. Beaucoup éprouvé. C'est à enperdre la tête. Et, voyez, j'écris encore. Loin de Paris, il m'arriveassez souvent d'être sollicité au titre de vieux découvreur del'Art vivant.

On va trouver une fois de plus des reflets, des échos de tout ça.J'ai peut-être tort de dire « tout ». Il me reste, en dépit de tout,les chances d'une suprême Époque.

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II

LA VISITE A DON MANUEL

Je traiterai tout de suite d'un moment capital dans mon exis-tence entre 1920 et 1940.

A la fin de l'été de 1936 je me trouvais en Espagne où je n'avaiscertes pas demandé à venir en dépit du goût extrême que j'aide ce pays. J'étais là depuis le début de la guerre civile. Je rési-dais à Burgos quand il ne me fallait pas courir les routes pour,à leur terme, trouver le front. Bien qu'alors on n'y vît jamaisFranco mais son meilleur, son plus savant lieutenant de guerre,le général Mola, le caractère de la cité du Campeador était celuid'un Vichy espagnol avant la lettre.

Une erreur de tactique du premier jour me permettait seule-ment de loger dans une dépendance de l'hôtel Maria Isabel,un établissement de premier ordre sur la rive droite du rio Arian-z6n. Il n'y a qu'à traverser le pont pour se trouver à la gare.Mais la gare n'intéressait pas beaucoup les correspondants deguerre dont l'affluence en Espagne fit la fortune, ou presque, deschauffeurs d'autos. Ayant franchi la frontière à Irun, le 23 juillet,venu à Burgos par le pays basque, Miranda del Ebro où, à cali-fourchon sur des chaises, tous les gardes civils du coin jouaientaux cartes dans la rue, le fusil en bandoulière, histoire d'enimposer et après Miranda par ce que les Castillans nommentemphatiquement le Sombre défilé de Pancorbo, où Gustave Dorétrouva son paysage de l'Enfer, je ne pouvais qu'aboutir au centrede Burgos dont l'hôtel Maria Isabel est malheureusement fortéloigné.

Mon chauffeur m'introduisit dans un hôtel de bonne mine.

Je ne saurais dire que j'en garde mauvais souvenir. Non, mais çane pouvait me convenir longtemps. J'y aurais étouffé dans uncalme provincial réellement mortel au beau milieu de la villepas mal agitée, et c'est par l'agitation que je me trouvais requis.Refaire sa valise et demander sa note sont choses faciles. Trouver

un nouveau logis peut être plus compliqué. Plus une seule chambreau bel hôtel Norte y Londres (prononcez londrès, comme unlondrès) devenu en moins d'une semaine le siège de la presse

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étrangère profitant assez tôt de ce qui n'était pas réquisitionnéau profit des huiles de la guerre civile.

Assez rapidement, un agréable appartement, dans le voisi-nage de la Cathédrale, me serait déniché par l'entregent, la ruse,la souplesse d'un de ces merveilleux gamins espagnols, enfantsperdus, clochards de douze à quatorze ans et dont la guerreavait accru le nombre. Je vais presque tout de suite parler d'autresgamins, un peu plus âgés, moins agréables et avant tout moinsprompts à se mettre au service du voyageur en peine. Donc,avant d'occuper mon confortable garni, je devais me contenterde la dépendance de l'hôtel Maria Isabel. Ça représentait dansune nuit totale un assez important parcours au long des quaisde l'arroyo quand, tard, je regagnais ma chambre après un examensérieux des affaires espagnoles entre Français, Anglais, Améri-cains, les plus nombreux, et Allemands, Italiens, outre, pourl'Amérique du Sud, le représentant de la Prensa et un envoyéde Montevideo.

La plus profonde des nuits à se cogner aux arbres du quaiquand je rejoins mon lit placé sous le signe de Maria Isabel.

Alto

Je ne me suis plus heurté à un arbre mais à une patrouille.Une patrouille de gamins détournés du service auxiliaire touris-tique et jugés aptes à l'embauche pour le movimiento nacional.Une patrouille de gamins sans uniforme, pas même revêtus, commebeaucoup de combattants nationalistes, de la combinaison detoile bleue dite mono pour son identité à la tenue des peones decorrida, ces valets de l'arène nommés familièrement los monossabios, les singes savants.

Les gamins qui me barrent le chemin n'ont vraiment de mili-taire que leurs armes qui, brillantes, semblent neuves et de bonnequalité. J'ai parlé d'embauche. Au fait, mes gamins sont-ilsvolontaires ou recrutés ? Comment le savoir quand il est si peuquestion de le leur demander, bien qu'il y ait là le sujet d'unjoli reportage. Convaincus ? Convencidos ? Ça n'est pas évidentnon plus. Mais on leur a donné des armes et ils jouent dangereu-sement aux petits soldats. Sur les bords de l'incomparable tra-gédie, ce sont les petits drôles de la garde montante de Carmen,enchantés de se connaître l'excitant pouvoir, inespéré, de fairepeur à peu de frais. Ça ne les empêchera pas de se tenir comme ilfaut, un de ces jours, bientôt, très vite sur cet horizon souventmouvant, trop mouvant, qu'est le front-accordéon de la guerrecivile, la linea de tuego (pas la peine de traduire) dont je commenceà devenir l'habitué, témoin neutre et professionnel. Je m'y trouve

pour le compte du Petit Parisien. Est-ce que, de l'autre côté,l'on rencontre la nuit des gamins aussi inquiétants ? Il n'estpas permis d'en douter.

Ce n'est pas la peur qu'il faut dominer mais le ridicule. Quefaire sinon m'expliquer ? J'ai tous les papiers exigibles. On les

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LA VISITE A DON MANUEL

examine longuement, faute de bien savoir lire, à la lueur d'unméchant briquet. Un seul lit ou feint de lire. L'autre me tienttoujours au bout de sa seringue, comme disent les militairesfrançais. Le lecteur ne paraît pas convaincu. Je rage. Si ces deuxpetit bougres me forcent de les suivre jusqu'au corps de garde,ce dont ils sont bien capables, je devrai y attendre jusqu'à uneheure avancée de la matinée pour me justifier devant quelqu'unde qualifié. Une. nuit au poste, à la rigueur. Le ridicule d'êtrearrêté par des gosses, passe encore. Mais mon rendez-vous ? Debonne heure je dois rejoindre, devant la Capitainerie générale,siège de la plupart des autorités nationalistes, le guide officielqui doit m'introduire auprès d'une des plus hautes figures del'esprit espagnol. Ah Peut-être qu'en me faisant rater monrendez-vous les mauvais gamins m'eussent rendu service.

Mes patrouilleurs de quinze ans ont fini par comprendre oubien ils ont fait semblant, impressionnés sans doute par certainsnoms que je leur jetai au nez. J'ai pu quitter Burgos pour Sala-manque.

Nous serons bientôt à Salamanque. Auparavant quelques motssur ma présence en Espagne à la fin de l'été de 1936.

En 1932, 1933 et 1934, chroniqueur du Tour de France, monjournal, tenant honnêtement compte des mauvaises chances dedérapages et chutes dans un ravin profond, m'assurait sur lavie en donnant à ma peau une valeur de quatre cent mille francs.Rien de semblable en 1936. Les compagnies ont leur idée bienprudente sur les horreurs de la guerre. Le jour de juillet où jequittai la rue d'Enghien pour l'Espagne, mon rédacteur en chef.Elie-Joseph Bois qu'après juin 1940 une bombe tuerait à Londres,m'accompagna jusqu'à la cage de l'ascenseur. Cet homme aimable,mais qui s'appliquait à une grande réserve de sentiment, laissaparaître quelque émotion. Sa dernière recommandation avaitde quoi me toucher. En me serrant fortement la main il m'a dit

Ne vous approchez pas trop près des barricades.Tel quel.A Paris, on ne se donnait alors aucune juste vision de la catas-

trophe. On ne s'y formait qu'une vision confuse et fausse dediverses ville où Républicains et Rebelles, on disait ainsi, setabassaient de leur mieux, de grande place en coin de rues. C'estcomme ça que les choses s'étaient passées dès le 18 juillet dansles rues de Barcelone. Paris ne se donnait aucune idée d'une

Espagne si vite partagée en deux tranches, mal découpées.Ne vous approchez pas trop près des barricades.

C'est tout ce que le Petit Parisien pouvait pour moi, son envoyéspécial.

A Hendaye, M. Picard, le commissaire, spécial lui aussi, unvieux des Renseignements généraux, un ancien qui en reprenaità la frontière française pour le temps de la guerre espagnole,me fit signer une intéressante déclaration. Je reconnaissais entrer

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volontairement, à mes risques et périls, dans une zone étrangèreoù la France n'avait plus de représentation diplomatique, pasmême un vague agent consulaire.

Bon. J'entrerais donc volontairement en Espagne, à mesrisques et périls. Je n'avais rien entrepris pour m'y faire envoyer.Je ne l'avais pas plus prévu que désiré.

J'étais arrivé au journal un matin, un peu avant midi. J'yvenaisrecevoir un permis de chemin de fer pour Nice et toucher l'argentutile à mon séjour. Une affaire criminelle, une de plus en quinzeans d'exercice, m'appelait aux Assises des Alpes-Maritimes.Dès qu'il m'aperçut, mon camarade Raymond de Nys, secrétairegénéral du journal, me fit du doigt un signe négatif avant de medire, du ton de quelqu'un qui se réjouit d'annoncer une bonnenouvelle

Tu ne vas plus à Nice. Du moins je crois que tu n'iraspas. °

L'affaire était-elle renvoyée à une autre session ? Le présidentdes Assises déclarait-il forfait ?

Je crois que tu iras plus loin que Nice. Ça dépend de toi.Bois t'attend.

Il ne fallait pas trop de malice pour prévoirBois veut m'envoyer en Espagne ?Il vient de me le dire. Vois-le tout de suite.

Donc, Elie-Joseph Bois m'exprima son intention de m'envoyeren Espagne. En apparence il me permettait de choisir. De quelcôté préférais-je aller ? Auprès des Républicains ou auprès desRebelles ?

Il ajouta tout de suite que ma camarade Andrée Viollis venaitde lui demander de l'envoyer à Madrid. Etait-ce une foi vraimentrépublicaine qui inspirait Andrée Viollis ? Ma camarade apparte-nait au Parti communiste. C'était une femme intelligente, presquetoujours bien renseignée et de tête assez froide pour ne rienentreprendre à la légère. On n'est jamais trop informé. AndréeViollis pouvait se faire des illusions quant aux prolongementsrévolutionnaires de l'affaire espagnole elle ne se trompait pasen se voyant accueillie à bras ouverts par les communistes deMadrid fort occupés, comme c'était leur devoir de communistes,à grignoter, pour commencer, le gouvernement républicain espa-gnol, un gouvernement de bourgeois, socialistes compris. Il étaitclair que le Petit Parisien, plus réellement mené par Bois que paraucun Dupuy, voulait tenir égaux les plateaux de la balanceentre les blancs et les. rouges. Le bon public jugerait.

C'était comme si Andrée Viollis avait déjà reçu son ordre demission en Espagne. Je me suis laissé envoyer à Burgos.

Sur le quai de la gare de Bayonne,j'eus une minute de conver-sation avec Georges Pioch, anarchiste en sa jeunesse, socialistedemeuré socialiste parce que le Parti communiste n'avait pasvoulu de lui. Pioch, qui avait pris la parole la veille en quelque

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réunion locale, s'épongeait encore le front bien que dégringoléde la tribune depuis la veille. Il m'a dit

J'ai de la peine à parler. Ma voix s'est brisée. J'en crève-rai. comme tous les militants (sic). Tu vas en Espagne ? Tuarriveras trop tard. Tout sera terminé. C'est un pronuncia-miento d'opérette.

Ça a duré de l'été de 1936 jusqu'au printemps de 1939. Ça afait autant de morts espagnols que fit de morts français la guerrede 1914-1918.

Dans les premiers mois de ce que les vainqueurs ont appeléano trionfal, un officier franquiste m'a précisé

Nous avons perdu dix-huit cent mille hommes. Nosotrosy ellos. Oui, parce que je fais le compte pour les deux côtés.Dix-huit cent mille morts espagnols.

On a vu tout de suite que je n'eus pas à m'approcher « tropprès des barricades ». Il n'y avait plus de barricades. GeorgesPioch plus que personne plein du romantisme des barricadesaurait pu soupirer « Je t'avais prévenu. Tu arrives troptard. »

Pas de barricades donc, mais déjà suffisamment d'horreurs dela guerre. Les combats menés par le général Mola, sur les bordsde la Bidassoa. Carlistes à bérets rouges et réguliers contre lesdinamiteros Navarre contre Asturies au cœur du Guipuzcoa.La prise d'Irun après son incendie. Au-delà du pont international,la frontière espagnole vidée de ses vigilants la frontière gardéeseulement par deux cadavres, ceux de deux volontaires étrangers.Le volontaire français, le vaincu fuyant après avoir tenu toutseul, longuement l'ouvrier de Saint-Denis qu'avec Paul Lenglois,du Populaire, nous réussîmes à mener en France, par la voieferrée, après lui avoir fait jeter son fusil espagnol. Et avant,d'abord, « ma première affaire », ma première atroce « Chose vue »,la bataille de San-Rafael, au pied de l'Alto de Leon, rencontrecruelle aux miliciens madrilènes et qui donnait une idée plushaute de leur vaillance que de leur organisation.

Maintenant je suis à Salamanque. Je m'y trouve, dans la nuit,encore, avec deux confrères et notre guide, le capitaine marquisde Aguilera, officier de cavalerie dont la République fendit l'oreille,il y a de cela cinq ans. Il a repris du service en qualité d'officierde presse et de censeur au camp nationaliste.

Où allons nous ? Le capitaine n'a pas tort de beaucoup attendrede l'entreprise. Quant à moi, j'ai certainement tort de ne pasprévoir plus loin que n'aperçoit le capitaine.

A Burgos, hier, l'officier de presse et de cavalerie a réuni dansson bureau de la Capitainerie générale, sur la Plaza Mayor, troisjournalistes étrangers, les envoyés spéciaux de trois grandesdémocraties. Mes deux confrères choisis en même temps quemoi par Aguilera sont le pauvre Knickerbocker, joyeux garçonà mine de clown triste, qui mourra ailleurs, victime du devoir

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professionnel, et un gros Anglais qui deviendra l'un des princi-paux éditorialistes de la presse de Londres..

Le capitaine marquis de Aguilera a décidé de nous introduireauprès d'un illustre écrivain, ancien recteur de l'Université deSalamanque, don Miguel de Unamuno.

Miguel de Unamuno, le vieil adversaire d'Alphonse XIII et quisouffrit sous Primo de Rivera, s'est déclaré en faveur du généralFranco. C'est ce que l'on dit. En fait, Unamuno, du tempéramentde ceux qui volontiers se proclament « contre », ne s'est pas tantdéclaré « pour » que « contre », une fois de plus. A Salamanque,du fond de son cabinet de travail, contre ce qui s'accomplit àMadrid selon le Communisme à la russe. Vieux libéral, réfractairede nature, Unamuno condamne ce qu'il se représente de la tyran-nie policière et bureaucratique du Communisme selon Staline.

Le secret de notre voyage à Salamanque n'a pas été bien gardé.Le dépit est grand chez une quinzaine de correspondants fran-çais et étrangers. Merry Bromberger, qui représente le Matin,mène le train. Son séjour en Espagne doit être bref. Il y faitun intérim préalable. L'envoyé désigné par la feuille du boule-vard Poissonnière est Léo Gerville-Réache. Excellent reporterquand il est sur le tas, Gerville-Réache n'a rien du grand nerveux.Le mouvement franquiste a été déclenché le 18 juillet monconfrère avait commencé de prendre, le 15, son mois de vacances.Il ne les veut pas interrompre pour si peu. Quant à Merry Brom-berger, bien que de nature plus vive, il se passerait volontiersqu'on le présente à l'auteur du Sentiment tragique de la Vie.Il ne défend que l'honneur de son journal.

Le Matin, mon capitaine. Le Matin battu par le PetitParisien

Bataille de journaux. Bataille à laquelle, retranché que je suisdans ma certitude d'aller à Salamanque, je ne prends aucunepart. Tandis que Merry Bromberger proteste et piaffe, j'aper-çois des camions remplis de soldats que l'on dirige sur le front.Ceux-là vont se battre tout de bon. Les camions servent aussi

à transporter des agonisants.Se battre ? Le capitaine accordera quelque chose au Matin.

Merry Bromberger aura l'exclusivité d'une bonne étripade àsuivre du Q. G. du général Ortiz de Zarate, cousin éloigné dupeintre parisien d'origine navarraise, né en Italie et de nationa-lité chilienne.

L'exclusivité apaise Merry Bromberger. Pourquoi le capitainemarquis de Aguilera, curieux homme qui me veut certainementdu bien, me veut-il tant de bien et pourquoi m'a-t-il donné lapréférence ? Une interview de Miguel de Unamuno c'est en deçàdes horreurs à la Goya, mais ça me vaudra bien des embêtementsdans la paix qui va suivre et dans la guerre qui reviendra.

A Salamanque, le capitaine ne savait pas exactement où trouverla maison du maître de El Sentimiento tragico de la Vida. Une

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LA VISITE A DON MANUEL

vague notion du quartier pas plus. C'est pourquoi nous cher-chions, dans l'obscurité.

Por donde se va a la casa del senor de Unamuno ?pInterrogés par le capitaine dont le seul aspect incitait à un

essai de garde à vous, des passants ne surent quoi répondre.Jamais ils n'avaient entendu parler du grand homme. Ils n'étaientpas du quartier, pas même de Salamanque des natifs d'Albade Tormes où le couvent des Carmélites conserve le corps desainte Thérèse d'Avila.

Au petit bruit du vain colloque une porte s'ouvrit. La ported'un autre couvent. Un couvent de femmes. Le couvent de la

Madre de Dios. Il en sortit une charmante petite vieille, unetourière de comédie. Elle s'offrit tout de suite, joyeuse, à tirerd'embarras un fier militaire et ces trois messieurs étrangersen quête de Miguel de Unamuno.

Elle ne disait pas ainsi. Elle disait seulement don Manuel,dans une sorte d'extase. Don Manuel ?. Nous cherchions don

Manuel ?. Nous allions chez don Manuel ? Elle serait trop heureusede nous y conduire elle-même. C'est que dans le quartier toutle monde aimait et respectait don Manuel.

Il était clair que cette chaleur de sentiment méritée par donManuel ne devait rien à son ralliement à la cause nationaliste.

Bien avant ce temps, la vieille petite religieuse aurait eu autantde plaisir à nous indiquer le logis de don Manuel recteur d'uneUniversité encore républicaine. Cher don Manuel Il ne croyaitpas en Dieu ? Il proclamait son athéisme ? Bah Au couvent onpriait pour lui. Ça finirait par s'arranger et sans doute que çacommençait déjà.

Officiellement, militairement, prévenu de notre visite, Miguelde Unamuno nous attendait. Une servante nous ouvrit la portede ce qu'Alfred de Vigny nommait un cabinet d'étude. Unegrande salle modérément meublée. Une longue table de travail,une bibliothèque. Pour nous accueillir, le maître tira d'un vieuxfauteuil sa carcasse étroite. Une belle tête de Don Quichottecerné par d'authentiques géants. C'est à peine si se croisèrentune seconde le regard tendre de don Manuel et le regard durdu capitaine.

Ce soir, Aguilera espérait bien tirer d'Unamuno quelquesarguments utile à la cause qu'il servait, ces arguments fussent-ilsparadoxaux. Ça ne suffisait pas au capitaine pour condescendreà de la sympathie. Il ne méprisait pas don Manuel, trop fin lettrépour méconnaître ce que le vieil auteur ajoutait au trésor deslettres castillanes. Il ne le méprisait pas, mais il continuait dede le haïr, pour son passé, son passé de la veille.

Les présentations faites, Aguilera ne prendrait qu'accidentelle-ment la parole au cours de l'entretien.

Ni l'Anglais, ni l'Américain, ni moi n'eussions couru le ridi-cule de bourrer de notre mauvais espagnol les oreilles d'un maître

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SOUVENIRS SANS FIN

de la langue. Miguel de Unamuno ne tenait guère à s'exprimer enanglais. L'un des auteurs les plus difficiles à traduire en français,Miguel de Unamuno s'exprimait aussi alertement qu'un de ses amissorbonnards de Paris. Il parlerait donc français, ce qui m'accom-modait et ne gênait pas mes deux confrères polyglottes autantque globe-trotters. C'est même Knickerbocker qui ouvrit le débat.

Monsieur le maître.

Un coup d'œil froid d'Aguilera lui fit penser que sa formuleprolongeait la courtoisie en ridicule. Il poursuivit quand même etil éclatait que jamais Knickerbocker avant la guerre civile espa-gnol n'avait ouvert un seul livre de don Manuel, le nom fameuxde Miguel de Unamuno n'ayant jamais sonné à ses oreilles.

L'habitude du commandement rend d'éminents services. Le

capitaine n'hésita pas plus longtemps à avancer que « M. Salmona une question à poser. »

J'en devais poser beaucoup, don Manuel répondant sans regar-der personne, comme en songe. Il ne pensait pas qu'à Madridnombreux fussent ceux qui se dévouaient au salut de la Répu-blique. C'est ce qui ne l'étonnait pas quand ça ne m'étonnaitpas davantage. En 1934 j'avais pu me donner une idée forte dela façon républicaine dont fut étouffé, déjà dans le sang, un mouve-ment de grève générale (ce beau mythe dont nous sommesredevables à Aristide Briand jeune), à Barcelone. On proposaitau touriste des photographies de maisons démolies par l'artille-rie. J'en ai acheté.

Miguel de Unamuno n'admettait aucune dictature, pas mêmecelle du prolétariat. Or sa conviction était qu'on ne préparaitpas autre chose à Madrid. Il sembla surpris, peiné, de voir lesanarchistes alliés à des ennemis pour eux pires que les ministresd'Alphonse XIII et Primo de Rivera. Je partageais son senti-ment. Athée mais tolérant, le poète et philosophe libertaire netrouvait pas bon que l'on assassinât les curés.

Mais dès mon commencement n'ai-je pas laissé prévoir ce quedonnerait l'interview de don Manuel ? Tout s'acheva sur cette

déclaration que le capitaine marquis de Aguilera fit un rudeeffort pour avaler

Quoi qu'il arrive, une chose est certaine je ne serai jamaisle soutien d'un gouvernement, quel qu'il soit.

C'était brave et je dois confesser qu'au moins dans l'instantoù c'était proféré cela m'a plu énormément.

Est-ce qu'en articulant cela don Miguel de Unamuno pronon-çait son arrêt de mort, la mort qu'il se donnerait lui-même ?

Viva la Muertelisait-on aux flancs des camions abandonnés

par les « républicains », los rojos, les rouges, sur des routes tourà tour prises et reprises, puis reperdues.

J'imagine que les reportages de mes confrères, câblés dansle même temps que moi, firent bon bruit en Grande-Bretagnecomme aux États-Unis. Ce n'est certes pas la vanité qui me pousse

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