Extrait de la publication… · abrite. Ces enfants-là ne sont plus que des enfants sourds les...

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Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S.

@ 1962, Éditions Gallimard.

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Ce livre n'est ni un ouvrage de médecine, ni untraité de pédagogie. Si nous avions eu, en l'écrivant,la prétention de nous substituer aux médecins etaux éducateurs, nous serions des cuistres. Notre seul

dessein a été d'appeler l'attention de ceux qui enten-dent sur le monde des silencieux et de prouver àceux-ci, qui nous donnent tant de leçons d'énergieet de courage, que nous essayons de les comprendre.Nous avons voulu écrire un livre fraternel. C'esttout.

Y. G.

P. S.

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me dit la jeune bibliothécaire,

« je n'ai pas d'ouvrage sur les muets

ce mot n'existe plus. »

Lorsque, dans une de vos promenades à traversParis, vous longerez les bâtiments qui forment l'an-gle de la rue Saint-Jacques et de la rue del'Abbé-de-l'Epée, vous constaterez qu'ils viennent d'êtreremis à neuf. Leurs quatre étages dépourvus d'élé-gance ont certes gardé toute leur sévérité ils l'onthéritée de l'ancien séminaire sur l'emplacementduquel ils furent construits en 1823. Mais ravalés,recrépis, repeints, ils ont un peu perdu de leur tris-tesse. La façade semble s'être pour la première foisaperçue qu'elle donnait sur un jardin plein defleurs, comme il n'en existe pas deux dans Paris.Les murs n'ont plus ce teint bilieux qui les enlai-dissait tellement, et ils paraissent enfin guéris deleur jaunisse séculaire.

Devant le porche d'entrée, aux pierres grises,levez les yeux. Au fronton, ces derniers mois encore,vous pouviez déchiffrer une inscription en lettresnoires, tout écaillées « Institution Nationale des

Sourds-Muets ». Aujourd'hui, elle va être remplacéepar une inscription toute neuve, en lettres d'or« Institut National de Jeunes Sourds ». Pénétrez

CHAPITREI

« Désolée, Monsieur »,

Un porche deprison a servi demodèle.

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Tout au f ond du silence

Un coup de tam-pon consacreune révolution.

sous le porche, sosie du porche de la prison de laSanté. Contre la loge du concierge, dans un cadre debois, sont épinglés des papiers administratifs. Ilsportent comme en-tête imprimé « InstitutionNationale des Sourds-Muets de Paris ». Mais en

surcharge un coup de tampon a modifié l'en-tête,et, là encore, lui a substitué l'autre formule « Ins-titut National de Jeunes Sourds de Paris ».

Pourquoi cette inscription nouvelle au frontondu porche ? Pourquoi ces surcharges aux papiersadministratifs que l'on continue d'utiliser par éco-nomie, mais sous une autre appellation ? Pourquoi,en faisant peau neuve, l'établissement a-t-il ainsichangé de nom ? Parce qu'il a changé de destina-tion. Et parce qu'en changeant de destination il a,du même coup, changé le destin des enfants qu'ilabrite. Ces enfants-là ne sont plus que des enfantssourds les muets ont disparu.

Ces enfants muets ne sont pas partis pour unenouvelle école. On ne leur a pas bâti une nouvelledemeure. Non les élèves qui, chaque matin, des-cendent des dortoirs ou pénètrent dans la cour leurcartable sous le bras, sont comme ceux d'autrefois

des enfants que leurs oreilles ont trahis. Commeceux d'autrefois, ils sont nés dans une prison desilence. Sous ce coquillage de nacre que leur mère,quand ils étaient bébés, caressait d'un doigt délicat,avec inquiétude et bientôt avec angoisse, il n'yavait rien. Il y avait le néant. Ils n'ont jamais perçuni le son de la voix d'autrui, ni le son de leur pro-pre voix. Ils ne se sont jamais entendus vivre. Ils setrouvaient donc condamnés, comme les enfants

« Désolée, monsieur »

d'autrefois, non seulement à prendre rang parmi lestrois millions de sourds qui peuplent la Terre, maisà être des muets des créatures humaines qui nesauraient pas parler avec leur gorge, articuler avecleur langue, leur bouche et leurs lèvres. Des muets.Des sourds-muets.

Tel devait être leur destin. Tel il eût été autre-

fois. Mais aujourd'hui, non. Non, puisqu'il n'y aplus de muets.

A force d'ingéniosité, de patience et de foi, deshommes et des femmes dans tous les pays dumonde ont réussi à vaincre les malédictions de la

nature, à éduquer les enfants sourds, à rééduquerles adultes et à leur donner cette parole qui ne vou-lait pas d'eux.

Les résultats obtenus sont tels, le succès est si

grand, que dans beaucoup de nations a été prise ladécision qui pouvait le mieux illustrer cette vic-toire le mot muet a été délibérément rayé du voca-bulaire. On l'emploiera encore au figuré. On diraque des gens sont muets d'indignation ou muetscomme des carpes. Mais on ne dira plus, pour dési-gner des sourds absolus, des sourds profonds, ceuxdont jamais pourtant un son ne viendra illuminerl'éternel silence, que ce sont des sourds-muets. Dessourds, oui. Des Silencieux, oui c'est le mot par le-quel ils se définissent eux-mêmes. Mais des muets,jamais plus.

Le mot muet est graduellement éliminé du voca-bulaire, à mesure que disparaît ce qu'il désigne, parles éducateurs français, aussi bien ceux de Paris oud'Asnières, que de Bordeaux ou de Metz, de Cler-

Trois millions

de sourds sur

la terre.

Tout au fond du silence

Le mot « muet»

est rayé du vo-cabulaire.

mont-Ferrand ou de Chambéry ou de La Persago-tière près de Nantes 1.

En Allemagne aussi, les écoles sont rebaptisées,les Taubstummen Schulen devenant les Gehorlosen

Schulen 2. La même réforme est accomplie depuislongtemps au Danemark et en Suède. En Angle-terre, on ne parle plus que de deaf (sourd). Au mo-ment où nous préparions ce livre, je suis allé de-mander au Centre Culturel de l'ambassade des Etats-

Unis quels étaient les documents que l'on pouvaitme confier, concernant l'éducation et la rééducationdes sourds-muets aux U.S.A. La jeune femme quim'avait reçu s'est penchée sur un classeur, en aextrait tout de suite une série de fiches étiquetéesdeaf (sourd). Et puis, elle a cherché longtemps,longtemps, dans le casier voisin, s'est finalementretournée vers moi et m'a dit « Je suis désolée.

dumb (muet) ça n'existe pas. »

EN DANSANT, LA FILLE DE L'ILLUSTRE PHILOSOPHEBAVARDAIT SANS CESSE AVEC SON CAVALIER ELLE

ÉTAIT SOURDE-MUETTE.

Un soir du mois d'août 1922, en Bretagne, mes3

1. Cependant, les feuilles de recensement que les Fran-çais ont eu à remplir en mars 1962 invitaient les citoyensatteints d'une infirmité à préciser s'ils étaient« sourds-muets ».

2. Les écoles de sourds-muets devenant des écoles desourds.

3. Pour faciliter la lecture, nous employons la premièrepersonne du singulier. Cela correspond d'ailleurs mieuxà la façon dont nous avons travaillé, chacun cherchantde son côté. Etant donné le caractère particulier de lascène contée ici, je précise que c'est moi qui en fus letémoin. Y. G.

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« Désolée, monsieur »

parents accueillirent dans leur pension de familleune jeune fille d'une vingtaine d'années. On dansaitdans le grand salon. Elle eut à peine posé ses valisesdans sa chambre qu'elle redescendit, et elle futaussitôt invitée par un danseur.

Après une danse, une autre. Fox-trot, tango, bos-ton, paso doble. Elle dansait parfaitement. Tout endansant, elle bavardait, regardant son cavalier bienen face. Tous les jeunes gens et jeunes filles qui setrouvaient là se prirent aussitôt d'amitié pour lajeune étrangère, à l'accent un peu rauque, mais quiparlait très bien le français.

Or, ce n'était pas une étrangère. C'était une Pari-sienne. C'était la fille du philosophe Henri Bergson,et elle était sourde-muette.

Le jour où j'ai pensé à écrire un livre sur lessilencieux, j'ai brusquement revu cette scène àlaquelle, enfant de quatorze ans, j'avais assisté stu-péfait. Tout ce que ces deux mots sourd, muetcontenaient de redoutable, tout ce que leur accole-ment renfermait de tragique, venait soudain des'anéantir ce soir-là devant mes yeux. Et depuis, ilsn'évoquèrent plus pour moi qu'une jeune filles'amusant comme les autres, et capable, mieux quebeaucoup d'autres, de faire de difficiles études aumoment où nous la connûmes, elle préparait sathèse de doctorat.

A cette époque, qui pourtant n'est pas si loin-taine, les sourds-muets étaient encore considérés

dans l'opinion comme des êtres mis à jamais par lesort au ban de la société. Bien que depuis longtempsdéjà il existât des écoles, des instituts, où l'on s'atta-chait à les « démutiser », à les réintégrer parmi les

Une jeuneétrangère à l'ac-cent un peu

rauque.

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Tout au f ond du silence

Le mur du si-

lence s'effondreen 1880.

In memoriam.

hommes, leurs frères, rares étaient encore les enten-dants qui avaient connaissance des efforts accompliset des trésors de patience dépensés pour gagnercette bataille livrée contre le silence.

On rencontrait dans la rue, on voyait se parlerpar signes des gens dont on disait « Tiens dessourds-muets. » On s'amusait de la prestesse de leursdoigts, de leurs mains. Et l'on passait. On n'imagi-nait pas qu'ils puissent avoir d'autres moyens queces signes, ces gestes pour communiquer entre euxou avec les entendants, à condition encore que ceux-ci aient appris leur langage manuel.

Pendant ce temps-là, pourtant, une autre mé-thode officiellement adoptée dès 1880 par les édu-cateurs réunis en congrès à Milan progressait, s'af-firmait la lecture sur les lèvres, l'articulation dessyllabes et des mots.

C'est de cette méthode qu'en voyant danser et enécoutant parler Jeanne Bergson je venais d'avoirmoi-même la révélation.

Voilà quelques mois, j'écrivis à Mlle JeanneBergson pour lui demander l'autorisation de livrerau lecteur d'aujourd'hui le souvenir de cette scèned'autrefois. De Saint-Cergue en Suisse, où elle sereposait, elle me répondit sur une carte postale« très vite pour ne pas vous f aire attendre davan-tage. je me rappelle tout. Bien sur, je vous auto-rise. » Mon vœu le plus cher eût été de lui fairehommage de ce livre, de le lui apporter en cetappartement du boulevard Beauséjour où son pèreen 1941 s'éteignit dans la souffrance et le chagrin.Mais Jeanne Bergson est elle-même partie le rejoin-dre le 22 octobre 1961.

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« Désolée, monsieur »

Rarement un être humain aura donné durant sa

vie un tel exemple de courage. Le vrai courage n'estpas celui par lequel on se distingue, mais celui parlequel on se vainc. Or elle allait dans l'existence,souriante, affable, se cultivant sans cesse et faisant

profiter les autres de sa culture comme si de rienn'était. Nous rencontrerons au long de ces pagesbeaucoup d'autres silencieux qui, eux aussi, don-nent aux entendants l'exemple de l'énergie, et decette espèce de joie qui est la forme la plus admira-ble du refus opposé au destin. Tous, j'en suis sûr,sont fiers que Jeanne Bergson leur ait montré lechemin.

POUR RENDRE LA PAROLE AUX MUETS, LE « CATA-LAN » LES TONSURAIT ET. LEUR FROTTAIT LE CRANE

AVEC DU SALPÊTRE, DE L'EAU DE NÉNUPHAR ET DEL'HUILE D'AMANDES.

Ce n'est pourtant ni de 1922 ni même de 1880que datent les premières tentatives de démutisation.Celle-ci fut en effet réalisée dès le xvie siècle1 parPedro Ponce.

1. Au ix" siècle, on trouve dans l'histoire ecclésiastiquede Bède le Vénérable le récit de la tentative de saint

Jean de Beverley, archevêque d'York, qui, en 869, auraitappris à parler à un sourd-muet grâce à l'emploi d'exer-cices méthodiques et successifs d'articulation.

Mais cette histoire est fort sujette à caution. Elle estmême donnée pour absolument invraisemblable parRegnard, dans sa Contribution à l'histoire de l'enseigne-ment des sourds-muets. Regnard cite en entier le récitde Bède que l'on peut résumer ainsi L'évêque Jean deBeverley avait recueilli un jeune sourd-muet et l'avaitlogé dans une hutte bâtie pour lui dans les jardins dupalais épiscopal. Au bout d'une semaine, il le fit venir

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Tout au fond du silence

Le bénédictin

démutise les

deux frères etla sœur du con-

nétable.

Pedro Ponce, qui mourut en 1584, était un béné-dictin espagnol. Il avait obtenu, selon ses contem-porains des résultats prodigieux. Il apprit à parleraux deux frères et à une sœur du connétable d'Ara-

gon, qui étaient sourds-muets de naissance ainsiqu'à un fils du Grand Juge.

Comment s'y prenait-il ? On ne le sait guère, carPonce n'a laissé aucun écrit. Il traçait les lettres de

l'alphabet, les prononçait devant ses élèves, leurfaisait observer les mouvements des lèvres et de la

langue. Puis, il groupait des lettres pour former unmot, le prononçait, l'écrivait en même temps et fai-sait voir aux élèves les objets auxquels ce mot cor-respondait.

Mais une telle éducation était réservée aux en-

fants de sang royal, ou à ceux dont les famillesétaient très riches. En outre, cette méthode orale

n'était employée que de façon restreinte quelquesmots indispensables, et c'était tout. Le maître etl'élève communiquaient essentiellement par l'écri-ture ce qui était déjà remarquable à partir dumoment où des phrases correctes pouvaient êtreconstruites par des gestes, et par ce qu'on ap-

et ayant fait un signe de croix sur sa langue, il lui com-manda de parler « Dis A », ordonna l'évêque, et l'enfantprononça A; « dis B» et l'enfant prononça B, et ainside suite. Après cela, il lui fit prononcer des syllabes puisdes mots et enfin des phrases entières. Pendant toute cettejournée et pendant la nuit suivante, aussi longtemps qu'ilput se tenir éveillé, le sourd-muet ne cessa de parler etde révéler ses plus secrètes pensées, ce qu'il n'avait jamaispu faire auparavant. « Je le crois bien ajoute Regnard,mais que l'évêque ait pu obtenir cela en huit jours, c'estune autre affaire. En tout cas, il aurait bien fait de nousrévéler sa méthode. Mais, il n'en avait pas à part le« coup» de la bénédiction. procédé qui n'a plus coursaujourd'hui.»

« Désolée, monsieur »

pelle, encore aujourd'hui, la dactylologie, étymolo-giquement « le langage par les doigts ».

La tentative de Pedro Ponce ne fut pas la seule.Si vous lisez, par exemple, les Historiettes du chro-niqueur Tallemant des Réaux (1619-1692) vousapprendrez que le célèbre grammairien Vaugelasfut précepteur de sourds-muets « Madame deCarignan le voulut avoir pour gouverneur de sesenfants dont l'aîné était sourd-muet et l'autre bègue.

« Quelle destinée, disait Mme de Rambouillet,pour un homme qui parle si bien et qui peut si bienapprendre à bien parler, d'être gouverneur desourds-muets »

« Un Catalan trouva l'invention de faire enten-

dre l'aîné et de lui faire écrire aussi en italien pas-sablement. Il lui faisait dire quelques paroles.

« Dans son opération, il ne voulait point de té-moins. On croit qu'en lui mettant les doigts soit auxcôtés, soit au gosier de-çà et de-là, et les genoux surl'estomac, il lui faisait prononcer certaines lettres etles assembler pour demander les choses les plusnécessaires. L'enfant sortait tout en eau de ses

mains 1.

Le curieux des-

tin de M. de

Vaugelas.

1. Saint-Simon affirme même, dans ses Mémoires(tome VI), que le « Catalanfit l'éducation du prince ens'y prenant à la manière des dresseurs de chiens baston-nades, cachot, etc., et « le rendit entendant tout, aidédu mouvement des lèvres et de quelques gestes, compre-nant tout, lisant, écrivant et même parlant, quoique avecassez de difficulté. Lui-même, profitant après des cruellesleçons qu'il avait reçues, s'appliqua avec tant d'esprit,de volonté et de pénétration, qu'il posséda plusieurslangues, quelques sciences et parfaitement l'histoire. Ildevint bon politique, jusqu'à être fort consulté sur lesaffaires d'Etat, et faire à Turin plus de personnages parses capacités que par sa naissance. Il y tenait sa petite

2

Tout au f ond du silence

Les mains au

gosier.

Le connétable

donne sa parolede chevalier.

« Mme de Carignan fut si folle que de chasser cethomme; elle disait qu'il était l'espion du roi d'Es-pagne. Elle disait que l'aîné parlait comme elleor, elle parlait comme quatre. »

Que la façon peut-être brutale dont le « Cata-lan » traitait son élève ne nous révolte pas trop.Elle avait le mérite d'être efficace et logique. Au-jourd'hui encore, c'est « en mettant les mains augosier », mais avec douceur, que les éducateursréussissent souvent à faire percevoir par un jeunesourd comment il peut prononcer telle ou telle let-tre. On éprouve en outre quelque indulgence pour ceCatalan du xvii* siècle quand on songe qu'un oudeux siècles auparavant on considérait que lessourds-muets avaient les oreilles engorgées le re-mède consistait parfois à les frapper à la tête jus-qu'à ce que leurs oreilles saignent. Ceux qui suppor-taient de bout en bout ce martyre en sortaient plusdiminués encore.

Ce « Catalan » dont nous venons de parler, né enréalité dans la province de Murcie, s'appelait Ma-nuel Ramirez de Carrion. Il est exact qu'il voulaittenir secrète sa méthode, et il a raconté lui-même à

ce sujet, dans un de ses ouvrages, l'anecdote sui-vante

« Il ne sera pas ici hors de propos, et si cela étaiton ne le regrettera pas, de connaître une réponseque fit le connétable de Sa Majesté encore prince etqui est digne d'être écrite dans le marbre et lebronze et dédiée à l'immortalité. Le premier jour

cour et flt la sienne avec dignité toute sa longue vie,qui put passer pour un prodige.» Il parlait quatre langues,précise l'historien Morhof.

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« Désolée, monsieur »

où je dus commencer les leçons du marquis deFrexno, celui-ci était si petit il n'avait pas encorehuit ans accomplis qu'il refusa d'entrer seul avecmoi dans la salle où je devais donner la leçon etqu'il demanda que le connétable, son frère, assistâtà celle-ci. Ainsi fut fait, mais, avant de commencerla leçon, je demandai au connétable qu'il me donnesa parole de chevalier de ne révéler à personne lesecret de ma méthode.

« Son Excellence me le promit et elle tint si biensa parole qu'un jour le roi lui demandant si sonfrère parlait déjà, elle répondit oui. A la ques-tion qui était celui qui l'enseignait, elle donna desrenseignements sur le maître. A la question avait-elle vu donner des leçons, elle répondit aussi oui.Quand arriva la question comment enseignait lemaître ? elle répondit avec beaucoup de fermeté

« Que Votre Altesse Royale me pardonne dene pas le dire car j'ai donné ma parole au maître degarder son secret.

« Le roi apprécia et loua une aussi sage réponseet dit au comte de Madellin, qui était présent

Monsieur, celui qui sait si bien garder unsecret et tenir sa parole étant enfant, saura encoremieux garder, quand il sera majeur, ce que VotreAltesse lui confiera. Car, en vérité, le connétablen'avait alors que neuf ans. »

Pedro de Cartro, qui prétendait connaître lesecret de Ramirez, nous donne quelques détails sursa méthode

« En premier lieu, le corps doit être purgé sui-vant la constitution de l'individu. Ensuite on doit

administrer un purgatif spécial d'ellébore, soit de

.et refuse delivrer le secret.

Tout au fond du silence

La pommade-miracle.

l'extrait sous forme de pilules, soit une décoctionde racines de cette plante.

« Quand, grâce à ce médicament, la tête est pur-gée une ou deux fois, il est nécessaire ensuite deraser les cheveux en tonsure avec une largeur demain et de frictionner cette partie rasée avec lapommade suivante

Eau-de-vie 3 onces

Salpêtre pur 2 drachmesHuile d'amande douce amère 1 once

« Il faut faire bouillir ces produits ensemble jus-qu'à évaporation de l'eau-de-vie. Puis on ajouteune once d'eau de nénuphar et on remue le toutavec une spatule jusqu'à xe qu'il devienne unepommade. Avec cette pommade on frictionne cha-que soir, avant d'aller au lit, la partie rasée de latête.

« Le matin, on nettoie toutes les issues du cerveau,

oreilles, nez et palais en mâchant un petit morceaude réglisse ou un grain de mastic, d'ambre et demusc. Les cheveux doivent être ensuite peignés plu-sieurs fois à rebrousse-poil avec un peigne en ivoireet le visage doit être soigneusement lavé. Puis onparle au-dessus de la tonsure du sourd et muet etcelui-ci, chose étonnante, perçoit nettement la voixqu'il ne peut entendre par les oreilles.

« S'il ne sait pas encore lire, on doit commencerpar lui apprendre les lettres de l'alphabet et répé-ter fréquemment chacune d'elles jusqu'à ce qu'ilsache les prononcer lui-même.

« On avance ainsi avec persévérance jusqu'à ce

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