Extrait de la publication · 2018. 4. 12. · Jeunes Incantations, par Frances DE Dalmatie...

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  • EUGÈNE LEFÉBURE

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  • DU [MÊME AUTEUR

    HISTOIRE LITTÉRAIRE

    Lettre et images pour G. Duhamel, épuisé (Gallimard, 1937).Salut au Poète, épuisé (Darantière, 1938).Hommes de Qualité, épuisé (Gallimard, 1939)-L'amitié de Verlaine et Mallarmé (Gallimard, 1940).Vie de Mallarmé (Gallimard, 1941-1942).Mallarmé plus intime (Gallimard, 1944).Propos de Mallarmé sur la Poésie (Ed. du Rocher, 1946).Les premiers temps d'une amitié Valéry et Gide (Ed. du Rocher,

    !947)-Mallarmé (Cailler, 1947).Entretien au bord du fleuve avec G. Duhamel (Ed. du Rocher,

    '947)-Trois discours pour P. Valéry (Gallimard, 1948).L'heureuse rencontre Mallarmé et Valéry (La Guilde du Livre,

    1948).Histoire d'un faune (Gallimard, 1948).L'Affaire du Parnasse (Fragrance, 1950).Eugène Lefébure (Sa vie. Ses lettres à Mallarmé) (Gallimard,

    !950-Œuvres complètes de Mallarmé (Bib. de la Pléiade, Gallimard,1945)-

    HISTOIRE DE LA MÉDECINE ET DE LA CHIRURGIE

    Paul Lecène (Masson, 1931).Grands Médecins presque tous (Corrêa, 1943).Pasteur (Corrêa, 1945).Dupuytren (Gallimard, 1945).Anatomistes et Chirurgiens (Fragrance, 1949).

    ILLUSTRATIONS D'OUVRAGES

    Lettre et images pour G. Duhamel (Gallimard).Salut au Poète (Darantière).L'Homme et la Coquille, par P. VALÉRY (Gallimard).La Rose, par F. MAZADE.Argelès, par R. LANNES (Janin).Indolences, par Geneviève DE LOUVENCOURT (P. Ardent).Nausicaa, par Anne FONTAINE (Egloff).Jeunes Incantations, par Frances DE Dalmatie (Gallimard).

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  • HENRI MONDORde l'Académie Française

    EUGÈNE

    LEFÉBURESA VIE SES LETTRES

    A MALLARMÉ

    îvy

    GALLIMARD2° édition

  • Il a été tiré de l'édition originale de cet ouvrage cinq centquatre-vingt-six exemplaires, savoir huit exemplaires survergé blanc de Hollande, dont cinq numérotés de I à V ettrois, hors commerce, marqués de A à C; vingt-huit exem-plaires sur vélin pur fil Lafuma-Navarre, dont vingt-cinqnumérotés de i à 25 et trois, hors commerce, marqués dea à c; et cinq cent cinquante exemplaires sur vélin labeur desPapeteries Navarre de Voiron, portant la mention exem-plaire SUR vélin LABEUR, et reliés d'après la maquettede Paul Bonet, dont cinq cents numérotés de 26 à 525 et cin-

    quante, hors commerce, de 526 à 575.

    Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays, y compris la Russie.

    Copyright by Librairie Gallimard, 1951.

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  • AVANT-PROPOS

    Le 16 février 1941, Paul Valéry écrivait, à l'auteurdu premier tome d'une biographie de Stéphane Mallarmé,une longue lettre dans laquelle se lit cette phrase« J'aime beaucoup ce Lefébure dont je ne savais quele nom. Voilà un ami. » Et Valéry, aussitôt, évoquaitPierre Louys, qui avait été, pour lui, en leur jeunetemps, « le zèle même ».

    Plus récemment, dans une précieuse Histoire de laLittérature française, où tant de chapitres sont depremier ordre, le remarquable historien, instruit sans doutedes vertus de Lefébure par les documents et le portraitqui devaient motiver, sur celui-ci, le jugement du poètede la Jeune Parque, ne se montrait pas moins séduitpar l'ami de jeunesse de Mallarmé; mais il désirait,de toute évidence, s'en prendre à ce dernier et aussià qui lui paraissait le louer avec trop peu de restric-tions. « Mallarmé se fût lui-même effaré du ton d'hagio-graphie auquel on s'élève pour lui. Car on passe bienvite devant les yeux tristes de Mme Mallarmé, on trouvetout naturel le mélange de Méry Laurent au mariage,on excuse sans raison le lâchage des amis de la premièreheure, surtout quand il s'agit d'Eugène Lefébure, l'égyp-tologue, cerveau supérieur et grand cœur 1. »

    Si, pour satisfaire des critiques sourcilleux ou leslecteurs vertueux, le biographe doit essuyer les- larmesimaginaires de l'épouse vieillissante du grand homme,

    1. Henri Clouard. Histoire de la Littérature française. AlbinMichel, éditeur.

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  • EUGÈNE LEFÉBURE

    condamner ce dernier s'il a eu quelques-unes des faveurs,fort dispersées, d'une lorette, et puis, avant les preuvesde la responsabilité, prendre parti, quand s'éloignent,sont écartés ou un peu oubliés, certains amis du célébré,il n'est que de reconnaître ces négligences. Mais, dansles événements privés qu'a envisagés et interprétés, unpeu sévèrement, le censeur, rien n'autorise à suspecterou incriminer l'écrivain, si peu versatile et si peu tentépar la popularité, la débauche, l'argent ou les honneurs,que fut Mallarmé. Il avait mieux à faire. Rien nepermet, notamment, de lui contester cette' belle « car-rure morale » dont j'attends que l'historien, qui l'entrouve dépourvu, découvre, parmi les littérateurs qu'il pré-

    fère visiblement et même parmi les autres, plus authen-tique exemple.

    En réalité, Mallarmé, par goût, par devoir ou parbonté, comment le savoir? fut presque parfait avec safemme. Tout au long de sa vie et, en particulier, dans sonémouvant testament, il lui a rendu le témoignage leplus flatteur que veuve d'écrivain ait osé espérer et que,d'ailleurs, jamais abusive, Mme Mallarmé mérita tou-jours, c'est-à-dire avant et après la mort de son mari.D'autre part, le poète ne fut peut-être pas, malgré lesapparences, l'amant de Méry Laurent. L'eût-il été,serait-ce un crime ? Et l'adultère, dont les écrivainsfont assez grand usage, plume en main, leur serait-il,en fait, si étranger ou si abominable, que l'un des moinsscandaleux d'entre eux se le vît reprocher dans un livred'histoire littéraire ?

    A-t-on besoin de dire que Mallarmé, le fidèle, aconnu tôt Villiers et Mendès et qu'il n'a jamais cesséde les aimer, l'un pendant vingt-cinq ans, jusqu'à sonlit de mort, l'autre pendant trente-cinq ans. Enfin, puis-qu'il faut le défendre contre ces riens, il a toujours gardé,à Eugène Lefébure et à Henri Cazalis, compagnons élusde sa vingtième année, de l'amitié et de la reconnais-sance.

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  • AVANT-PROPOS

    En 1888, en effet, alors que leur correspondance avaitsemblé s'arrêter à 1870, Mallarmé, parmi des élogesà Cazalis, .au sujet d'un livre, glissait très affectueuse-ment « Tu m'y parais à chaque page avec cela Letoi intime, refaisant sonner bien des heures qui furentnôtres. » Ne lui a-t-il pas, d'autre part, annoncé sonnouvel ouvrage, quatre ans plus tard, par ces mots« J'ai un bouquin, Pages, qui a vu le petit jour, unexemplaire t'attend. » C'est à la femme de Cazalis quel'exemplaire en question fut dédicacé, avec ces mots« A Madame Cazalis, et même à toi mon cher Henri,avec une amitié qui vous confond! » En 1893, encore,Mallarmé complimentait Henri Cazalis, plus amicale-ment que jamais, non sans marquer, avec un tact parti-culièrement exquis, une de leurs différences « Tes verssont ce jaillissement immédiat d'une inspiration belle,pure, haute. J'en viens de voir d'absolus qui sont faitset qu'on n'oubliera pas. Cela ne signifie pas que rienalentour soit remplissage, non! des traits comme ceuxdont je parle ne sauraient paraître seuls, mais s'enve-

    loppent de toute la vaporeuse, arrière-musique subtilequ'ils résument à un mot de feu. Nous différons, toi, moi,par ta fidélité à un bercement continu des vers que j'ometsun peu par lassitude. »

    Mallarmé n'avait-il pas écrit, d'autre part, à Lefé-bure, en 1891, à l'occasion de la mort d'un enfant,vingt ans après leurs dernières longues lettres « Monpauvre, pauvre ami. Nous sommes atterrés et sans un

    mot de consolation quoi à douze ans. il y avait,dans le passé, une absence si cruelle déjà que vous aviezversé toutes les larmes, et voilà que ce compagnon vousest enlevé!

    « Je voudrais bien être près de vous, simplementpour serrer votre main.

    « Tant de solitude, maintenant, dans l'éloigne-ment. Je ne vous dis rien, mais que je vous aime. Unjour nous reparlerons. Votre très vieil ami. »

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  • EUGÈNE LEFÉBURE

    Ils n'ont pas reparlé, il est vrai, ou très peu, commeon verra; mais il est bien difficile de savoir à qui ouà quoi il faut s'en prendre.

    Pour justifier encore l'exclamation chaleureuse d» Va-léry, sur un Eugène Lefébure tel que nous l'avions faitconnaître, et rassurer ceux qui s'irritent un peu d'en-tendre faire de Mallarmé un saint des lettres, il convient,

    certains nouveaux documents le permettant dereparler d'une amitié dont nous pouvions, déjà, il y adix ans, montrer l'intimité, l'importance, et qui fut,rien n'en fait douter, à l'honneur des deux hommes.Que notre lecteur ne néglige pas (p. 361) certaine lettrede Lefébure à Henri Cazalis que celui-ci, avec uneaffection qui voulait ses deux amis sans brouille, com-muniqua et, en apparence, laissa à Mallarmé, pourl'apaiser.

    De son vivant, Eugène Lefébure n'avait pas été sansconnaître une notoriété relative. Dans le cinquième tomed'un grand dictionnaire illustré de 1904, pour s'en tenirà des signes facilement vérifiables, il pouvait se voirdésigné comme l'un des égyptologues français dignes decitation; sa carrière universitaire et la liste de ses prin-cipaux ouvrages de spécialiste étaient évoquées. Vingtans après sa mort, dans un recueil plus populaire encore,on le comptait toujours parmi les notables disparus;mais, dès lors, un menaçant homonyme, devenu parle-mentaire et ministre, semblait, par son voisinage et sesprestiges momentanés, devoir réduire bientôt la placeréservée au savant.

    Sur Eugène Lefébure, égyptologue, disciple de Cha-bas et émule de Maspero, une notice pleine de compétence,d'admiration et de beaux documents, a été écrite parPh. Virey et éditée en province. Mais Lefébure, le mo-ment est venu de l'avancer, appartient aussi, par plu-sieurs titres, à l'histoire littéraire poète, essayiste,psychanalyste, avant la lettre, épistolier et, surtout, amiinfluent de Mallarmé. Sa correspondance avec ce dernier,

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  • AVANT-PROPOS

    on peut l'espérer, le classera parmi les acteurs de cedrame presque grondant qu'a été, après le milieu duXIXe siècle, l'évolution nouvelle de la poésie.

    Nous avons peut-être été presque seul, jusqu'ici, àtenter un portrait de ce Lefébure, écrivain discret, presquesecret, et ami écouté de quelques poètes. Si, désormais,l'un s'avise de louer ses dons d'affectivité, l'autre soncerveau supérieur, ce ne peut être que d'après les preuvesque nous avons pris quelque soin de réunir. Personne nepeut donc se réjouir plus que nous de voir se dessiner,peu à peu, une image plaisante du poète, auteur de deuxmille vers, qui, avec un détachement ou une exigenceégalement rares, sut ne consentir qu'à laisser paraîtreune centaine d'entre eux. Mais il n'est pas moins néces-saire d'essayer de voir, de plus en plus près, quand seproposent des textes nouveaux, comment, entre Mallarméet Lefébure, les choses, après dix ans parfaits, se pas-sèrent. Célébrer l'un aux dépens de l'autre, quelque direc-tion qu'on choisisse, nous paraîtrait, jusqu'ici, allercontre la vérité et contre leurs vœux mutuels.

    Les lettres que Mallarmé écrivait à Lefébure sontrestées jusqu'ici introuvables. Quatre ou cinq, sur quatre-vingts, environ, ont été très récemment découvertes parle docteur Lefébure. Doit-on craindre que toutes les autresaient été détruites ou resteront cachées à jamais ? Commele feront voir celles qui peuvent être aujourd'hui publiées,ce serait une si déplorable perte que l'on se refuse indé-

    finiment à y croire. Seules, et sans doute presque aucomplet, les lettres de Lefébure subsistent. Certes, Mal-larmé les trouva aussitôt très précieuses et dignes d'êtreconservées; mais comme il a gardé aussi tant des autreslettres qui lui avaient été adressées, l'on peut se demander,sans malice, si, parfois, à côté de son- humeur naturelle-ment conservatrice ou ordonnée, un orgueil précoce nel'avertissait pas de l'intérêt que la postérité ne manque-rait pas de témoigner à l'évolution de ses idées et à sesplus intimes relations.

  • EUGÈNE LEFÉBURE

    Les lettres écrites par Lefébure suffisent à jalonneret bien éclairer la.route assez longue d'une camaraderiequi devint vite une amitié heureuse et engagea, des deuxcôtés, le cœur autant que l'esprit. Ainsi que bien des sen-timents humains, celui-ci pourra' sembler être né parhasard et être mort obscurément; mais les circonstancesde son début et celles de sa fin, qui sont jusqu'à ce jourles plus ignorées, deviendront peut-être, une autre trou-vaille ou révélation aidant, moins imprécises.

    La survie d'un des amis à son compagnon, oublieuxou oublié en cours d'existence, changeant ou remplacé,boudeur ou boudé, n'en offre que plus de pathétique. Bienqu'il fût de quatre ans son aîné, Eugène Lefébure estmort, en effet, dix ans après Mallarmé. De loin etsans y avoir part, il a donc pu assister à l'aurore d'untriomphe du génie qu'il avait, l'un des tout premiers,pressenti, annoncé et même choyé. Sut-il discerner, dansla pauvre vie de celui qui avait fécondé son esprit, lapremière étape d'un grand destin ? La divergence, après1871, de leurs deux parcours, et le lourd silence quiles sépara, pendant vingt-cinq ans, ne peuvent faireoublier les lustres d'une des affections les plus sensiblesentre jeunes intellectuels. Lequel, s'il y eut véritablementbrouille, fut inconstant, injuste ou ingrat? Quelle dis-corde ou quelle maligne circonstance les éloigna l'unde l'autre? A quelle injonction féminine, s'il faut envenir là, l'un des deux crut-il devoir obéir? Les réponsesdécisives à ces questions, comme nous aurons à le vérifier,ne sont pas encore possibles. Il est cependant souhaitableet légitime que la gloire de l'un, dorénavant, doiveprofiter à la mémoire de l'autre.

    Les lettres qu'on lira plus loin constituent le meilleurdossier d'une seule des phases de la vie d'Eugène Lefé-bure qui, sur la fin, sut mettre entre le monde et lui

  • AVANT-PROPOS

    beaucoup de livres et quelque indifférence; mais plusieurstraits de son attachante personnalité y sont assez claire-ment présents pour qu'il semble nécessaire de définirl'homme par les éléments d'une biographie moins incom-plète. Malgré la vocation et la persévérance de ce céré-bral, farouchement écarté de l'action et assez souventéloigné de tous, sa vie n'a manqué ni de mouvement, nide pittoresque.

    Sans songer, pour cela, à renvoyer le lecteur à lalongue biographie de Mallarmé où Lefébure parut, enécrivain, pour la première fois, je devais, de mon mieux,dans les pages qui suivent, éviter de répéter ce que j'aidéjà dit de celui que l'auteur d'Hérodiade, un jourd'effusion, a tenu à appeler son initiateur. J'ajouteque la publication intégrale, ici, des lettres de Lefébureà Mallarmé, me dispensait de leur emprunter, malgréla tentation, trop de jolies lignes le dessinant et tropd'anecdotes le touchant. Le lecteur voudra bien se rappe-ler que bien des éléments autobiographiques lui serontapportés, après ma notice, par les charmants ou beauxmessages de Lefébure lui-même.

    Mme E. Bonniot, une fois de plus, Mme Masperoet M. le docteur Lefébure, avec une généreuse bontéqui ne peut rester ignorée des amis de la poésie, ont bienvoulu me confier les indispensables documents.

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  • EUGÈNE LEFÉBURE

    1838-1908

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  • POÈTE LYCÉE

    Eugène (Jean-Baptiste-Louis) Lefébure naquit,le inovembre 1838, à Prunoy, village de l'Yonne,aux confins du Loiret, situé sur ces coteaux quecoupent les rivières qui descendent vers Joignyc'est le pays sec où déjà prospère la vigne, sur unsol calcaire et sablonneux, sans penchant versl'humide Morvan des forêts.

    Il était de tradition, dans la famille Lefébure,que le célèbre Gui Patin, professeur au Collègede France, ennemi de Mazarin, des jésuites, del'antimoine, auteur de lettres fameuses à Riolan,à Ipon, figurait parmi les ancêtres, bien qu'ilfût, lui, de Picardie. Ménage l'appela le médecinle plus gaillard de son temps. C'est par l'intermé-diaire de son fils, Charles Patin, que la branchebourguignonne s'était développée. Ce fils, méde-cin aussi, fut un esprit fort libre. Pour avoir éditédes pamphlets contre Colbert, contre la cour,contre les Rois, il fut pendu, en effigie, en 1648,mais ne mourut qu'en 1693.

    Cette lignée d'intellectuels, revenue à la terresans démériter, produisit le savant dont nousvoulons parler et son fils grâce auquel nous pou-vons le faire.

    Les Lefébure avaient, depuis longtemps, des

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  • EUGÈNE LEFÉBURE

    domaines au soleil, employaient même des fer-miers et s'occupaient parfois de régir quelquespropriétés du voisinage. La gestion assidue deces biens agricoles n'avait pas été sans développer,chez plusieurs de ces Bourguignons, comme cheztant d'autres ruraux, un sens peut-être excessifde l'économie. Çà et là, même dans les lettres àMallarmé, généralement orientées vers la litté-rature ou l'intimité, Eugène Lefébure se plaignait,sans grande colère, de l'avarice et des rivalitéspécuniaires, qui divisaient ses proches. Chez cer-tains adolescents, rien n'excite mieux le goût dela poésie, la tendance au rêve ou l'amour deslivres que la virulence des préoccupations pro-saïques de leur premier entourage. Leurs rêve-ries sont une riposte silencieuse à des entretiensauxquels ils se refusent à prendre part et sontaussi une orgueilleuse condamnation d'un senspratique qui les irrite, mais les protège âprement.Pour Eugène Lefébure, cette attitude ne put quese prolonger. S'il eut un jour à se faire modestefonctionnaire, en effet, c'est que ses parents n'en-tendaient ni faciliter une vie studieuse, ni flatterl'indépendance d'un garçon qui avait pourtantfait de belles études, mais paraissait ne jamaisdevoir consentir à redevenir tout simplement uncampagnard.

    Il était né dans un château où son grand-pèrematernel était régisseur. Jusqu'à huit ans, nousl'y verrons, il vécut avec parents et grands-parents,c'est-à-dire avec un jeune et un vieux ménagerapprochés mais désunis.

    Le grand-père maternel, fils de paysans riches,s'était élevé et s'en enorgueillissait sans morgue,devenu bourgeois de village, habillé à la mode,abonné au Constitutionnel. Un peu moins économe,il eût été un de ces bambocheurs de province

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    Avant-Propos EUGÈNE LEFÉBURE I. — Poète au lycée