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28 Jacqueline Aubenas, porte-cœur de Henri Storck H enri Storck a été surnommé « le père du cinéma belge ». Avec le temps et l’âge, il était devenu un grand totem incontournable. Henri était vivant et généreux et la maison qu’il occupait avec sa femme Virginia Leirens, située au Groesenlenberg à Uccle, était ouverte à tous et à toutes. Il a toujours été soucieux de ce qu’allaient devenir ses nom- breuses archives, car Henri gardait tout, absolument tout. C’était un archiviste dans l’âme. Je me souviens d’une grande pièce bour- rée de documents et de manuscrits du plancher au plafond. On a donc décidé de créer une Fondation. Il fallait la valori- ser d’autant plus qu’Henri y avait associé Luc De Heusch et d’autres cinéastes qui avaient accepté d’y déposer leurs travaux. Ainsi, j’ai été appelée à faire le premier catalogue raisonné de son œuvre cinématographique qui comporte septante-huit films, des grands, des courts, des remarquables, des plus modestes. Il a eu plusieurs périodes importantes. D’abord celle de Idylle à la plage, puis Misère au Borinage co-réalisé avec Joris Ivens, film emblématique du documentaire social. Il y a eu aussi ses films sur l’art avec, entre autres, Le monde de Paul Delvaux. Son long métrage Symphonie paysanne est un film lyrique qui n’a qu’un seul inconvénient, c’est d’avoir été tourné pendant la guerre. Certains le lui ont reproché. Et puis, il y a eu aussi Le banquet des fraudeurs.

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JacquelineAubenas, porte-cœur de Henri

storck

H enri Storck a été surnommé « le père du cinéma belge ». Avec le temps et l’âge, il était devenu un grand totem incontournable.

Henri était vivant et généreux et la maison qu’il occupait avec sa femme Virginia Leirens, située au Groesenlenberg à Uccle, était ouverte à tous et à toutes.

Il a toujours été soucieux de ce qu’allaient devenir ses nom-breuses archives, car Henri gardait tout, absolument tout. C’était un archiviste dans l’âme. Je me souviens d’une grande pièce bour-rée de documents et de manuscrits du plancher au plafond.

On a donc décidé de créer une Fondation. Il fallait la valori-ser d’autant plus qu’Henri y avait associé Luc De Heusch et d’autres cinéastes qui avaient accepté d’y déposer leurs travaux. Ainsi, j’ai été appelée à faire le premier catalogue raisonné de son œuvre cinématographique qui comporte septante-huit films, des grands, des courts, des remarquables, des plus modestes.

Il a eu plusieurs périodes importantes. D’abord celle de Idylle à la plage, puis Misère au Borinage co-réalisé avec Joris Ivens, film emblématique du documentaire social. Il y a eu aussi ses films sur l’art avec, entre autres, Le monde de Paul Delvaux. Son long métrage Symphonie paysanne est un film lyrique qui n’a qu’un seul inconvénient, c’est d’avoir été tourné pendant la guerre. Certains le lui ont reproché. Et puis, il y a eu aussi Le banquet des fraudeurs.

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Ce qui me touche beaucoup chez Henri Storck, c’est qu’il avait chez lui une armoire remplie à craquer de projets et de scénarios de films qu’il n’a jamais pu tourner, faute de moyens. En définitive, l’œuvre d’Henri Storck est en grande partie une œuvre de films invisibles. ”

Une idylle à la plage (1931)Histoire du soldat inconnu (1932)Misère au Borinage (1933)Symphonie paysanne (1944)Le banquet des fraudeurs (1951)

Né à Ostende, dans une famille de riches commerçants, il avait quitté la sécurité pour vivre une vie de bohème faite de créa-tion et d’incertitudes. Tout au long de sa vie, il a connu des dif-ficultés financières, mais il a toujours été très soucieux de l’essor du cinéma en Belgique. Aujourd’hui, il serait très heureux de voir l’efflorescence du cinéma belge qui, en dépit du manque d’argent, arrive à mettre en piste des gens qui ont un talent fou.

C’était un homme qui avait le cinéma chevillé au corps et qui a essayé toute sa vie de transmettre sa passion aux autorités susceptibles d’aider le cinéma belge à exister. Il a été un révélateur de l’envie de tourner, car il avait lui-même trop souffert d’en avoir été empêché.

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M on père m’emmenait au cinéma le dimanche pour voir des comédies françaises de Claude Zidi avec Pierre Richard, tandis

que mon beau-père, le second mari de ma mère, avait plutôt une approche de cinéma d’auteur. C’est grâce à lui que j’ai découvert le Cinéma de Minuit sur FR3 et le Carrousel aux images de Selim Sasson dans les années 70.

J’ai commencé par aller au Musée du Cinéma sans pour autant penser à en faire, car ça me paraissait fort compliqué, voire inaccessible. À l’époque, je jouais de la guitare dans un groupe et on a même fait deux disques.

Je suis entré à l’INSAS pour retarder mon service militaire. J’étais alors assez autiste et j’avais beaucoup de mal à expliquer aux autres ce que je souhaitais. Sous l’impulsion de Frank Daniel, professeur de dramaturgie, je me suis lancé dans l’écriture et j’ai commencé à écrire des histoires pour les autres.

Après avoir réalisé Ma vie en rose, mon premier long métrage, je ne voulais plus faire de films. Je trouvais ça beaucoup trop difficile. Mais le film a été sélectionné à la « Quinzaine des Réalisateurs » à Cannes, où il a été remarqué par les Anglo-saxons. Après avoir gagné le Golden Globe du Meilleur film étranger, j’ai commencé à recevoir pas mal de scénarios américains. Lorsque je

AlainBerliner

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suis parti aux états-Unis pour une tournée promotionnelle, j’ai été surpris de voir débarquer des producteurs américains.

J’ai fini par accepter de réaliser Passion of mind d’un scéna-riste assez connu qui avait écrit Rain Man. Je me suis vu imposer Demi Moore comme actrice principale. J’étais content de travailler avec une actrice connue, très séduisante et par ailleurs charmante, mais elle n’était pas le meilleur choix pour incarner le personnage.

J’ai senti que le film n’allait pas fonctionner, ni du point de vue de la critique, ni de celui du public. Et donc, plutôt que de rester aux états-Unis et de devenir l’un des cinq ou six mille réalisateurs qui cherchent tous les jours à obtenir des rendez-vous dans les studios en espérant trouver du travail, j’ai préféré rentrer en Belgique pour essayer de me reconstruire.

J’habite non loin de là où habitait André Delvaux que j’ai eu comme prof à l’INSAS et avec lequel je m’engueulais beaucoup à l’époque. Aussi ai-je été touché lorsque André m’a proposé de faire partie du bureau de la Cinémathèque, qu’il présidait à ce moment-là.

Je ne me suis vraiment senti cinéaste que lorsque j’ai vu Ma vie en rose inscrit dans le célèbre programme en accordéon de la Cinémathèque. ”

Ma vie en rose (1997)Le Mur (1998)Passion of Mind (1999)La Maison du Canal (2003)J’aurais voulu être un danseur (2005)En

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T out a commencé en 1971 avec Armand Gatti dont le travail m’avait beaucoup impressionné. Il m’a proposé de devenir son

assistant, alors que je faisais des études théâtrales à l’IAD pour devenir comédien.

La première fois que j’ai vu un dos de femme nue, j’avais 16 ans, c’était au cinéma. Au départ, mon frère et moi n’étions pas des cinéphiles. Mais au collège de Seraing, nous avions un prof qui organisait un ciné-club tous les mois. Le film était suivi d’un débat. On pouvait donc en discuter, le refaire comme on refait un match de foot. On n’avait pas l’impression qu’on devait être spécia-liste pour avoir le droit d’en parler.

Le cinéma d’un pays existe à partir du moment ou l’on filme les corps et les visages des gens de ce pays. Je dis cela sans nationalisme, mais il est évident que Ingmar Bergman en Suède et Fassbinder en Allemagne sont venus avec des visages et des corps inconnus auparavant. Ensuite bien sûr, ces corps et ces visages voyagent, vont ailleurs. Mais il est remarquable de constater que le cinéma nous a fait découvrir de nouveaux visages.

Jean-Pierre Dardenne

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J’aime tous nos films, mais je garde un grand souvenir de La Promesse, car le film précédent, Je pense à vous, s’était mal passé. La Promesse nous a redonné l’énergie et l’envie qu’on avait à l’époque où on faisait des documentaires, et qu’on avait perdues.

La Palme d’Or obtenue à Cannes pour Rosetta a été un beau moment. Au-delà du plaisir qu’on peut avoir en tant que cinéaste, c’était surtout la reconnaissance d’un travail et le fait que cette fille occupait tout l’écran, en pleine lumière, alors que normale-ment elle n’avait pas le droit d’y être.

Notre job consiste à saisir les rencontres. Les plus grands moments des dix dernières années sont nos rencontres avec des comédiens. Je les aime tous et toutes. ”

Falsch (1986)La Promesse (1995)Rosetta (1999)Le Fils (2001)Le silence de Lorna (2008)En

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L e fait de faire du cinéma est arrivé comme un miracle, car je n’imaginais pas pouvoir faire des films. Je m’en croyais incapable.

J’ai sans doute eu la très grande chance de rencontrer sur ma route des gens qui ont perçu dans ma personnalité quelque chose dont j’ignorais moi-même l’existence. Des personnes tels que Roger Domani, directeur du théâtre de Poche ou Pierre Laroche, metteur en scène et alors président de la Commission du film, lesquels me poussèrent à devenir d’abord assistante réalisatrice.

Il est vrai qu’à l’époque il y avait très peu de femmes cinéastes, hormis Chantal Akerman. J’ai donc commencé par réaliser un court-métrage avant de m’atteler à l’adaptation d’un roman de Dominique Rolin, Le Lit. Cela a été long et difficile.

J’ai mis quatre ans à monter la production et pourtant le film était bon marché, puisque l’action est un huis-clos avec quatre personnages sur une péniche. Si je n’avais pas choisi de faire éga-lement de la production, jamais je n’aurais réussi à ce jour à faire neuf longs métrages.

marion Hänsel

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Pour Nuages, lettres à mon fils j’ai d’abord pensé faire la voix-off moi-même avant de le demander à Catherine Deneuve et à trois autres comédiennes, lesquelles se sont partagé les versions étrangères.

De tous mes films c’est celui que je préfère, parce qu’il est intemporel comme le sont les nuages dans le ciel et qu’il est aussi celui qui a exigé le plus d’engagement de ma part. Ce film est mon bébé favori.

L’image la plus importante pour moi est celle de mon fils Jan. Le cinéma c’est une partie de ma vie, mais mon fils est toute ma vie, et si je continue aujourd’hui à vouloir faire des films, c’est certainement grâce à lui et à tout ce que cet enfant m’a apporté. C’est un amour inconditionnel qui est plus fort que tout.

Le lit (1982)Dust (1985)Il Maestro (1989)Nuages, Lettres à mon fils (2001)Noir océan (2010)En

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Une de mes grandes qualités (ou défauts) est une espèce d’obstination sans bornes. J’ai commencé ma vie professionnelle en travaillant dans un cirque. J’y ai fait du trapèze, de la voltige à cheval et aussi fil-de-fériste sans balancier. ”

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J e suis physicien de formation, mais j’ai été engagé comme jour-naliste à la RTB en 1972 pour le magazine Sciences de Paul

Danblon. J’ai rapidement été mis au placard car, paraît-il, je disais du mal de la science.

Henri Mordant, un des vrais créateurs à la RTB, est venu me chercher, car il aimait ce que je faisais. J’ai donc commencé à travailler pour l’émission À suivre du Service enquêtes et repor-tages. C’est là que j’ai rencontré Jean Libon qui était cameraman à l’époque. Ensemble, on a réalisé divers sujets tels que Les Russes attaquent à l’aube. Notre but alors était d’essayer de faire de la vraie télévision et non plus de la radio filmée.

Par la suite, avec un petit groupe de cinéastes comme Manu Bonmariage, André François, Michel Stameskine, Richard Olivier et bien d’autres, on a créé Strip-tease qui a débuté en 1982 et s’est terminé en Belgique en 2002. Le dernier sujet était un « vrai » strip-tease, intitulé Le der des ders.

Ensuite est venu Tout ça ne nous rendra pas le Congo, tou-jours réalisé dans le style de Strip-tease, mais avec des sujets d’une heure et non plus de treize minutes.

Aujourd’hui, le rapport à la télévision s’est complètement modifié. Le syndrome de la télé réalité a ramené la télévision 25 ans en arrière. En plus de l’image, il y a une voix-off que vient

marco lamensch

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souligner un texte écrit. Tout devient redondant, comme si le public était composé essentiellement d’imbéciles, alors que le pari de Strip-tease était de s’adresser à un large public susceptible de comprendre sans qu’il soit nécessaire de devoir tout lui mâcher. Les chaînes généralistes qui voient leur audience s’effriter croient devoir y répondre en faisant une télé infantile. Je ne me sens donc plus en phase avec la télé.

À la recherche de Mélanie Le Plumet (1976)Les Russes attaquent à l’aube (1983)Mon Pierre (2000)Les larmes de Ludovic ou le Concerto imposé (2000)Chirurgie de guerre (2007)

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Sur les 800 sujets traités par Strip-tease, il y en a au moins un quart qui est formidable. Le fait que MK2 en France les sorte en DVD prouve bien l’engouement des gens pour cette émission à laquelle la RTB n’a jamais cru… ou si peu. ”

Curieusement, le film qui m’a le plus marqué est L’année dernière à Marienbad d’Alain Resnais. J’ai dû le voir au moins dix fois, mais ce sont John Cassavetes et Welles qui sont mes cinéastes préférés en plus de Richard Olivier (rires) que je m’excuse d’avoir mis seulement en troisième position.

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N é à Bruxelles, dans une famille protestante assez rigoureuse, j’ai vécu toute mon enfance à Liège. Nous n’allions pas au

cinéma, car le cinéma incarnait le diable. Le tout premier film que j’ai vu était Les dix Commandements. À part cela, mes uniques sorties cinéma ont eu lieu au Coq sur Mer pendant les vacances. Les jours pluvieux, j’allais dans la salle paroissiale de la station balnéaire voir les films avec Jerry Lewis. La Mélodie du bonheur est un film que je connais par cœur. Jusqu’à l’âge de seize ans, ce fut là tout mon bagage cinématographique.

Un jour, un ami m’a amené au cinéma L’Aiglon situé chaus-sée d’Ixelles à Bruxelles pour y voir Huit et demi de Fellini. Imaginez le choc culturel ! Moi, je croyais que le cinéma c’était juste un truc pour rigoler. Ce jour-là j’ai découvert que c’était aussi un art, que cela touchait à la philosophie, bref j’étais bouleversé. Et donc, à partir de l’âge de seize ans, je suis devenu un rat de la cinémathèque parce que j’avais le sentiment (et je l’ai toujours aujourd’hui) d’avoir raté quelque chose.

J’ai fait des études de philologie romane à l’ULB et j’avais dédié mon mémoire de fin d’étude à Julien Gracq, le grand roman-cier français. Quand j’ai commencé, j’ignorais qu’André Delvaux avait réalisé Rendez-vous à Bray, en adaptant une des nouvelles de Gracq. J’ai eu l’occasion de rencontrer André Delvaux qui paraissait assez

Philippe Reynaert, porte-cœur d’André

Delvaux

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intéressé par mon mémoire. Delvaux m’a proposé une première ren-contre au Musée du Cinéma dans la salle où il accompagnait au piano un film muet intitulé L’étudiant de Prague. Ensuite, nous sommes allés manger une salade au Cap d’Argent. S’étant aperçu que je ne maîtrisais pas le langage cinématographique, André Delvaux m’a mis entre les mains de son ami Hadelin Trinon qui m’a donné des cours intensifs de cinéma. Avec l’accord de Jacques Ledoux, il me montrait des séquences de films trois fois par semaine sur une table de montage de la Cinémathèque.

Quelques années plus tard, alors que j’étais devenu rédac chef de la revue Visions, la RTB m’a proposé de présenter Le cinéma de minuit à la place de Dimitri Balachoff. Aujourd’hui, cela fait plus de 25 ans que je suis à l’antenne, soit à la radio soit à la télé.

En 2001, la Région wallonne a décidé de créer un Fonds d’investissement dans le cinéma. Voici dix ans que j’occupe la fonc-tion de directeur.

Nous étions treize (1955)Rendez-vous à Bray (1971)Femme entre chien et loup (1979)Benvenuta (1983)L’œuvre au noir (1988)En

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Mes lunettes blanches sont un signe distinctif pour le public, mais c’est aussi un masque, car lorsque la nuit je les enlève avant d’aller me coucher, ma femme connaît un autre homme. ”

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J e ne sais pas qui je suis, ni pourquoi je fais des films, sinon que cela me procure un certain plaisir dont j’ignore l’origine.

Mon père est Flamand, ma mère francophone et j’ai grandi en Allemagne. J’ai commencé à faire de la photo à l’âge de treize ans, après avoir trouvé dans la cave un appareil appartenant à mon père qui avait arrêté de faire de la photographie.

Au départ, mon but était de devenir cinéaste animalier et j’ai donc photographié des animaux au zoo, ce qui ne présentait aucun intérêt. J’ai alors décidé de photographier des animaux dans la forêt de Soignes. Je me levais à 4 heures du matin, avant d’aller à l’école, avec mon filet de camouflage sous le bras et un objectif 400 mm, que j’avais acheté pour pas cher et qui nécessitait de longs temps de pause. Je ne réussissais à photographier que des merles flous et des chevreuils hors champ.

À 17 ans, après les humanités, j’ai choisi de m’éloigner de Bruxelles pour aller faire des études de cameraman à l’Institut Louis Lumière à Paris. L’école était tout le temps en grève, et après un an, on n’avait tourné que quinze mètres de pellicule.

Je suis donc revenu à Bruxelles et je me suis inscrit à l’INSAS. Parallèlement, je travaillais dans un cirque et, avec des amis, nous avions un projet de théâtre pour enfants. J’ai souvent filmé des adolescents. Ce sont des personnes qui m’intéressent et j’aime bien les regarder.

JacoVan Dormael

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Je ne sais pas ce qu’est le réel. La perception du réel n’est pas la même pour moi que pour mon chien ou pour le papillon dans le jardin.

Ça fait plaisir d’avoir beaucoup de spectateurs, mais ça change quoi, puisqu’on ne les rencontre pas ? On m’annonce qu’il y a 650.000 personnes qui ont vu mon dernier film en Allemagne, mais qu’est-ce que cela m’apporte ?

C’est bizarre qu’il y ait eu plus de spectateurs pour Mr. Nobody à Moscou qu’à Paris et qu’il y ait eu un engouement pour ce film dans un endroit que je ne connais même pas.

Quand tu as du succès, tu reçois autant de coups que d’ap-plaudissements. Avec Le Huitième Jour, je me suis quelquefois fait descendre en flammes. Dans le Times, ils ont titré : « Honte sur Van Dormael » et en Italie : « Ce monsieur, on ne lui serrera jamais la main ». Tout simplement parce que j’avais osé faire jouer un triso-mique. C’est normal, car il y a un risque de malentendu dès que tu donnes ou que tu montres quelque chose à quelqu’un.

Stade (1981)E pericoloso sporgersi (1984)Toto le héros (1990)Le Huitième jour (1996)Mr Nobody (2009)En

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Une amie m’a dit un jour : ‘ Quand on a une place au soleil, il est normal d’avoir des coups de soleil ’. ”