Exposition Shepard Fairey

28
SHEPARD FAIREY DÉLÉGATION ACADÉMIQUE À L'ACTION CULTURELLE ESPACE CULTUREL - LA MOTTE SERVOLEX LA CONCIERGERIE ART CONTEMPORAIN HELENE JOLLY PROFESSEUR RELAIS DAAC [email protected]

Transcript of Exposition Shepard Fairey

Page 1: Exposition Shepard Fairey

SHEPARD FAIREY

DÉLÉGATION ACADÉMIQUE À L'ACTION CULTURELLE ESPACE CULTUREL - LA MOTTE SERVOLEX

LA CONCIERGERIE ART CONTEMPORAIN

HELENE JOLLY

PROFESSEUR RELAIS DAAC [email protected]

Page 2: Exposition Shepard Fairey

1 - LA CONCIERGERIE

La conciergerie est une salle d’exposition orientée vers la jeune création. Dédiée à l’art contemporain en général, elle présente des expositions individuelles ou collectives. Les expositions de groupe sont soit des rassemblements d’œuvres choisies et issues de collections ou de fonds régionaux d’art contemporain (LES FRACS), soit des présentations d’œuvres d’artistes ayant répondu à un appel par le commissaire d’exposition à créer sur un thème donné, soit encore plusieurs artistes rassemblés en une seule dénomination.

2- SHEPARD FAIREY

Shepard Fairey, né en 1970 à Charleston en Caroline du Sud, est l’un des artistes américains les plus connus du mouvement street art. Issu de la scène du skateboard, il s'est d'abord fait connaître dans les années 90, en disséminant ses autocollants et posters géants dans toutes les villes des États-Unis. Chacun de ses collages est inspiré des codes visuels de la publicité, de la propagande politique et de l’industrie musicale ; codes dont il se joue allègrement en appelant à la désobéissance visuelle. En utilisant dans ses œuvre, le slogan « The Medium is the Message » emprunté à Marshall McLuhan, Fairey est devenu l'un des artistes les plus connus des années 2000. Son travail a acquis sa pleine célébrité lors de la campagne présidentielle américaine de 2008, avec la création du poster HOPE de Barack Obama qui deviendra une image-icône de la campagne. Son travail est présent dans les collections du Smithsonian, du Los Angeles County Museum of Art, du Musée d'Art Moderne de New York et du Victoria and Albert Museum de Londres. Sa première rétrospective muséale « Supply & Demand » (du même nom que son livre) a eu lieu à l’Institute of Contemporary Art de Boston, en 2009. Une grande majorité des posters réalisés et collés dans la rue par Shepard Fairey sont publiés dans son livre "Supply & Demand" publié en 2009.

Page 3: Exposition Shepard Fairey

3- LE STREET ART

La ville comme support : si l’art urbain est réalisé dans la rue à proprement

dit, c’est pour que le message soit lisible par tous et pour que tout le monde puisse avoir une réflexion, une opinion, un avis dessus. La ville devient un support artistique comme les autres qui offre l'avantage de toucher directement la population urbaine, les passants.

Un art polymorphe : né il y a une trentaine d'années, le Street Art est un mouvement artistique subversif (contestataire) qui s'exprime sous différentes formes : graffiti, pochoir, tag et

lettrage, intervention, sculpture urbaine, collage, projection vidéo, affiche, pastel, anamorphose, autocollant, mosaïque....

Un art éphémère : cette pratique généralement illégale connaît bien des aléas. Un collage peut être arraché, un pochoir volé et, avec le temps, un graffiti se voit effacé ou recouvert par celui d'un "collègue".

Un engagement physique : l'engagement physique fait partie intégrante du

street art, avec, pour corolaire, la cote de popularité grandissante des artistes réussissant les exploits les plus fous (chute, intoxications liées aux aérosols, lutte pour le territoire, la performance physique d'atteindre des espaces difficiles…). Un jeu éminemment dangereux.

Un

engagement idéologique : "avoir quelque chose à dire et le dire", voilà

une définition qui colle au monde du street art et, a fortiori, aux artistes qui s'engagent politiquement. Cette volonté n'est pas nécessaire dans l'art, mais la rue ayant toujours été, par essence, l'endroit de l'expression populaire, nombre de street artiste prendront position dans leur travail. Entre une phrase poétique inscrite sur le mur d'un jardin public et un message délivré frontalement sur un lieu symbolique, les street artistes ont un large éventail de possibilités dans la manière de transmettre une idée.

Page 4: Exposition Shepard Fairey

4-MEDIA ET PROPAGANDE

OBEY GIANT : « L’immense pouvoir d’une image dans la rue »

L’histoire débute ainsi : Shepard Fairey et d’autres étudiants de la Rhode Island School of Design s’amusent à créer une série d’autocollants et d’affiches à l’effigie du catcheur André Roussimoff, surnommé «André the Giant». Ce qui ne devait rester qu’une private joke va se propager à travers le monde, devenant l’un des symboles forts de la contre-culture et de la communauté DIY (Do it yourself) propre au skate et au

punk rock. En 1998, Fairey, menacé de poursuites pour l’utilisation de la marque déposée « André the Giant», doit changer de visuel et de nom. Obey Giant est né. Le géant, encore plus graphique et subversif et doté d’un sous-titre Obey (l’impératif «obéis»), rappelle non sans ironie un certain Big Brother is watching you. Il s'inspire directement du film « They Live » de John Carpenter. Le réalisateur décrit un univers qui fait écho à toutes les obsessions de Fairey : un monde où les masses sont soumises à une dictature invisible. Les murs de la ville sont recouverts de slogans et d’injonctions à l’obéissance qui agissent comme des messages subliminaux. « C’est la première œuvre qui a vraiment compté. Celle pour laquelle il y a eu

un avant et un après. Ce panneau a provoqué tellement de choses, il a été tellement vu... Les gens se demandaient s’il y avait un acte politique derrière. Tout le monde s’interrogeait. C’est là que je me suis rendu compte du poids qu’avait une image dans la rue, dès lors que ce n’est pas une pub. J’ai mesuré l’immense pouvoir

Page 5: Exposition Shepard Fairey

que c’était. ». Au même moment, Shepard découvre Marshall McLuhan, sociologue canadien, expert en communication des médias et se reconnaît dans le slogan : « Le médium est le message. »

They Live ou John Carpenter's They Live est un film de science-fiction de John Carpenter, d'après la nouvelle Les Fascinateurs (Eight O'Clock in the Morning) de Ray Faraday Nelson. Le scénariste, Frank Armitage, n'est autre que John Carpenter lui-même, le pseudonyme étant emprunté à l'un des héros du romancier Howard Phillips Lovecraft. (1988)

synopsis : John Nada parcourt les routes à la recherche d'un emploi d'ouvrier sur les

chantiers. Embauché à Los Angeles, il fait la connaissance de Frank Armitage qui lui propose de venir loger dans son bidonville. John va y découvrir une paire de lunettes hors du commun : elles permettent de voir le monde tel qu'il est réellement, à savoir : gouverné par des extraterrestres ayant l'apparence d'humains qui maintiennent ces derniers dans un état apathique au moyen d'une propagande subliminale omniprésente. Après avoir tué à l'arme à feu quelques extra-terrestres, il s'efforce de convaincre Frank de la réalité de cette invasion. Tous deux entrent ensuite en contact avec un groupe de rebelles organisés décidés à éradiquer les envahisseurs.

Théorie de la communication Professeur de littérature anglaise à l'Université de Toronto, Marshall McLuhan a fait irruption sur la scène internationale, au cours des années 1960, comme le maître à penser du monde des médias. Disciple d'Harold Innis, cet autre expert canadien des communications, McLuhan a imposé l'idée selon laquelle les médias ont un effet déterminant sur nos vies, notre culture et le cours de l'histoire. À l'encontre de la théorie généralement acceptée voulant que le contenu d'un message soit plus important que la forme, McLuhan fait valoir que les moyens de communication eux-mêmes exercent sur nous une action profonde, quelle que soit l'information véhiculée. Par exemple, selon lui, une histoire sera interprétée de différentes façons selon qu'elle est dite de vive voix, écrite dans un livre, jouée sur scène, diffusée à la radio, présentée à la télévision ou décrite dans une bande dessinée. Chacun de ces médias agit sur nous à sa manière. À

Page 6: Exposition Shepard Fairey

la limite, ce principe se résume ainsi : " Le message, c'est le médium. " Le premier ouvrage fondamental de Marshall McLuhan, La Galaxie de Gutenberg, illustre comment l'expérience occidentale est façonnée par l'imprimé. L'invention de l'alphabet, puis de l'imprimerie, nous a fait passer de la culture orale à celle de l'écrit. Au moment où l'œil devient le principal organe de perception, les structures linéaires et la répétition des formes modèlent l'homme occidental, sa pensée et son comportement. Dans son deuxième essai majeur, Pour comprendre les médias, il note que l'apparition de l'électronique est en voie de bouleverser la perception que nous avons de nous-mêmes et du monde. Les moyens technologiques comme le téléphone, la radio et la télévision réduisent les distances, entraînent une accélération des communications et nous ouvrent un univers complètement différent de celui qu'ont connu les générations précédentes. " Nous façonnons nos outils, disait-il, et ceux-ci, à leur tour, nous façonnent. " La technologie, selon lui, augmente les possibilités de nos sens. L'écrit est à la parole et à la mémoire ce qu'est le couteau à la main et la roue à la jambe : il sert de prolongement. Dans le même ordre d'idées, les automobiles deviennent le prolongement de notre corps et la ville une forme de conscience collective. Les médias électroniques, quant à eux, sont le prolongement de notre système nerveux, comme l'ordinateur pour notre cerveau. Sans l'intelligence humaine, cependant, ces moyens techniques demeurent des systèmes passifs et clos, qui entraînent de notre part une certaine dépendance.

la propagande :

La propagande est un ensemble d'actions psychologiques influençant la perception publique des événements, des personnes ou des enjeux, de façon à endoctriner ou embrigader une population et la faire agir et penser d'une manière voulue. Les techniques de propagande modernes reposent sur les recherches conduites dans le domaine de la psychologie, de la psychologie sociale et dans celui de la communication. De manière schématique, elles se concentrent sur la manipulation des émotions, au détriment des facultés de raisonnement et de jugement. La propagande cherche à aiguiller les espérances de l'opinion publique, à modifier les actions des personnes ciblées. Les principaux aspects de la propagande dans une démocratie sont d'après leur recensement les suivants :

influence médiatique : radio, télévision, presse, publicité, internet.

Page 7: Exposition Shepard Fairey

confusion volontaire : justification de la vente d'un produit par des principes éthiques, ou inversement, promotion d'une opération humanitaire en usant des techniques de communication des entreprises privées.

valorisation sémantique : « solidarité » par exemple. manipulation de l'opinion publique à l'aide de statistiques ou de

sondages biaisés. falsification de l'image : retouches vidéo, fausses images. auto-censure des rédactions. informations partiales campagnes de diabolisations

Techniques de propagande = Une bonne utilisation de l'émotivité de l'auditoire. La fabrication de faux documents : retouche photo tendancieuse, montage cinématographique tendancieux, etc. La peur : un public qui a peur est en situation de réceptivité passive, et admet plus facilement l'idée qu'on veut lui inculquer. Appel à l'autorité : l'appel à l'autorité consiste à citer des personnages importants pour soutenir une idée, un argument, ou une ligne de conduite. Témoignage : les témoignages sont des mentions, dans ou hors du contexte, particulièrement cités pour soutenir ou rejeter une politique, une action, un programme, ou une personnalité donnée. La réputation (ou le rôle : expert, figure publique respectée, etc.) de l'individu est aussi exploitée. Les témoignages marquent du sceau de la respectabilité le message de propagande. Effet moutonnier : cet appel tente de persuader l'auditoire d'adopter une idée en insinuant qu'un mouvement de masse irrésistible est déjà engagé ailleurs pour cette idée. Comme tout le monde préfère être dans le camp des vainqueurs que dans la minorité qui sera écrasée, cette technique permet de préparer l'auditoire à suivre le propagandiste. Généralités éblouissantes et mots vertueux : les généralités peuvent provoquer une émotion intense dans l'auditoire. Par exemple, faire appel à l'amour de la patrie, au désir de paix, à la liberté, à la gloire, à la justice, à l'honneur, à la pureté, etc., permet de tuer l'esprit critique de l'auditoire. Même si ces mots et ces expressions sont des concepts dont les définitions varient selon les individus, leur connotation est toujours favorable. De sorte que, par association, les concepts et les programmes du propagandiste seront perçus comme tout aussi grandioses, bons, souhaitables et vertueux.

Page 8: Exposition Shepard Fairey

Transfert : cette technique sert à projeter les qualités positives ou négatives d'une personne, d'une entité, d'un objet ou d'une valeur (un individu, un groupe, une organisation, une nation, un patriotisme, etc.) sur un tiers, afin de rendre cette seconde entité plus (ou moins) acceptable. Cette technique est utilisée, par exemple, pour transférer le blâme d'un camp à l'autre, lors d'un conflit. Elle évoque une réponse émotive qui stimule la cible pour qu'elle s'identifie avec l'autorité reconnue. Simplification exagérée : ce sont des généralités employées pour fournir des réponses simples à des problèmes sociaux, politiques, économiques, ou

militaires complexes. Quidam : pour gagner la confiance de son auditoire, le propagandiste emploie le niveau de langage et les manières (vêtements, gestes) d'une personne ordinaire. Par projection, l'auditoire est aussitôt plus enclin à accepter les positions du propagandiste, puisque celui-ci lui ressemble. Stéréotyper ou étiqueter : cette technique utilise les préjugés et les stéréotypes de l'auditoire pour le pousser à rejeter l'objet de la campagne de

propagande. Slogans : un slogan est une brève expression, facile à mémoriser et donc à reconnaître, qui permet de laisser une trace dans tous les esprits. Glissement sémantique : technique consistant à remplacer une expression par une autre afin de la décharger de tout contenu émotionnel et de la vider de son sens (euphémisme). Le glissement sémantique peut à l'inverse renforcer la force expressive pour mieux émouvoir l'auditoire. Exemples : « communauté internationale » à la place de « occidentaux », « frappe aérienne » à la place de « bombardement », « dommages collatéraux » à la place de « victimes civiles »,

« libéralisme » à la place de « capital illimité », « solidarité » à la place d'« impôt », « pédagogie préventive » à la place de « répression policière », « vidéo protection » à la place de « vidéo surveillance », « intervention humanitaire préventive » à la place d'« intervention militaire ».

Page 9: Exposition Shepard Fairey

Shepard Fairey crée un déplacement subtil en jouant avec des registres iconiques propres à ceux de la propagande. Il reprend l'imagerie désuète des affiches de propagande russes, ses couleurs, sa composition, ses signes et se sert de la stratégie ou de l'iconographie médiatique actuelle pour les diffuser. Fairey simule le processus de propagande pour le révéler et le retourner au service d'un discours contestataire.

Exemples de "motifs" anti-américain : la musique et ses "anti-stars", les figures issues du punk ou du Heavy-metal, la scène underground… l'auto-proclamation, l'anarchie et ses personnages emblématiques ( le commandant Marcos), affiche anti -guerre, anti- armes, anti-prisons (guantanamo = camp de concentration), les appareils de télécommunications et de diffusion désuets = les médias de transmission (vieux transistors, paraboles, antennes, télégraphes…), les emblèmes de la nation américaine et des nations ennemies passées et actuelles, les signes en général : blason, sigles, logo…, la libération sexuelle, le militantisme, les abus de pouvoir

gouvernementaux, l'incarcération de personnes innocentes, le racisme sous toutes ses formes.

Page 10: Exposition Shepard Fairey

Imperial Glory, 2011-2012, HPM sérigraphie sur collage papier

Imperial Glory est un jeu de stratégie en temps réel créé par Pyro Studios, édité par Eidos Interactive. Imperial Glory sur PC est un wargame stratégique dont le concept est de changer le cours de l'Histoire en contrôlant le développement politique, économique, technologique et militaire de l'un des cinq grands empires entre 1789 et 1830. Le jeu se déroule sur 55 provinces et 59 régions maritimes à

travers l'Europe et l'Afrique du Nord.

Cette œuvre est bien entendu une critique du complexe militaire industriel des Etat-Unis, de ses dépenses excessives et de sa puissance. On cueille les armes aux U.S. comme on ramasse les fruits dans les kibboutz en Israël ou les sovkhozes en ex-URSS.

Love Unites, 2009 , sérigraphie (épreuve d'artiste) signée par Julia Roberts, Jessica Biel, Pierce Brosman, Robin Wright-Penn, Bradley Cooper, Jane Fonda, Tobey Maguire Carey Mulligan, Meagan Goode, Jason Biggs. Cette œuvre est une campagne sous forme d'affiche pour militer en faveur du mariage pour tous, contre le mouvement California Proposition 8.

Page 11: Exposition Shepard Fairey

Filiations avec Alexander Rodtchenko Alexandre Mikhaïlovitch Rodtchenko, né le 23 novembre 1891 à Saint-Pétersbourg et mort le 3 décembre 1956 à Moscou, est un artiste russe à la fois peintre, sculpteur, photographe et designer. Il est l'un des fondateurs du constructivisme russe et a beaucoup influencé le design russe et la photographie par ses travaux.

Shepard Fairey s'inspire des talents graphiques de Rodtchenko pour en faire la base de sa grammaire visuelle : Forces des lignes, géométrisation, composition, usage réduit des couleurs (bleu, rouge, jaune), reprise, citation…

Affiche publicitaire pour une série Sheipard Fairey, print de journaux filmés de Dziga Vertov, 1924

Page 12: Exposition Shepard Fairey

La publicité et les médias / Filiations avec Barbara Kruger : Efficacité de l'image, slogans chocs, travailler autour du phénomène d'identification pour dévier le but poursuivi par les médias…

Barbara Kruger, née le 26 janvier 1945 à Newark (New Jersey) est une artiste conceptuelle américaine. Dans l’œuvre de Barbara Kruger, le langage sous forme de texte est juxtaposé à l’image. Le tout est mis en scène de manière spectaculaire à même les murs des espaces d’exposition. L’artiste cherche ainsi à dénoncer la modélisation que l’imagerie publicitaire et sociétale impose à notre désir, lequel finit par être le même pour tous ; la conséquence étant la perte progressive de l'identité individuelle au profit d'une identité de masse source de mal-être. Pour ce faire, elle utilise les techniques de communication de masse et la publicité pour explorer la question du genre et de l'identité grâce notamment à des slogans « chocs » : "J'achète donc je suis», ou encore "Ton corps est un champ de bataille." L’image que l’artiste utilise est simple, récupérée dans les journaux, composée d’une image en noir et blanc et d’un texte blanc sur fond rouge. Les contrastes sont maximaux, le message est clairement lisible. Le vocabulaire plastique réduit au minimum est poussé à son efficacité maximale. L’image que Kruger nous propose est la représentation même du mot médium : c’est le véhicule, le moyen, l’intermédiaire par lequel le message se fait criant. La plasticité résolument réduite à quelques mots et une gamme colorée sommaire est le point commun entre Kruger et Feray. Cette grammaire leur permet de mimer en la révélant la stratégie médiatique de notre société de consommation.

Page 13: Exposition Shepard Fairey

4- HERITAGE DU POP-ART

Les oeuvres de Warhol, comme de la plupart des artistes pop, trouvent une part de leur source dans l'oeuvre et les principes de Marcel Duchamp. Ce représentant du mouvement DADA des années 1920, a lutté toute sa vie pour une nouvelle forme d'art. Il prône une démocratisation de la culture qui supposerait une remise en cause complète de la notion d'art et de ses enjeux. A son tour, Andy Warhol remet en cause l'ésotérisme de l'art représenté par

ses proches contemporains, les expressionnistes abstraits en utilisant des procédés de fabrication qui sont ceux des produits commerciaux : utilisation de la sérigraphie et de peintures et laques destinés à l'industrie automobile. Il démultiplie les images issues de la publicité qu'il promeut en œuvres et leur confère un caractère omniprésent. Cette industrialisation de "facture" est très novatrice, donc très contestée à l'époque : l'oeuvre que l'artiste ne touche pas lui appartient elle toujours ? Est-ce toujours une oeuvre d'art ?

Sheipard Fairey, en travaillant sur l'analyse des mass médias et leur impact sur le public, ne pouvait pas faire l'économie de l'héritage warholien, la reproductibilité de l'œuvre en fait partie intrinsèque.

En proposant ces œuvres sous formes de print, il s'inspire et prolonge mais aussi critique la formule de Warhol selon laquelle « Ce qui est formidable dans ce pays, c’est que l’Amérique a inauguré une tradition où les plus riches consommateurs achètent en fait la même chose que les plus pauvres. On peut regarder la télé et voir Coca-Cola, et on sait que le président boit du Coca, que Liz Taylor boit du Coca et, imaginez un peu, soi-même on peut boire du Coca. Un Coca est toujours un Coca, et même avec beaucoup d’argent, on n’aura pas un meilleur Coca que celui que boit le clodo du coin. Tous les Coca sont pareils et tous les Coca sont bons. Liz Taylor le sait, le président le sait, le clodo le sait, et vous le savez. » (extraits de Andy Warhol. Rétrospective, Centre Georges Pompidou,

1990, pp. 457-467)

Le protocole est simple : les œuvres originales sont réimprimées en sérigraphie à environ 400 exemplaires datés, numérotés et signés. Ces exemplaires sont mis en vente sur internet. La date est annoncée sur le net mais pas l'heure, rendant ainsi captif de l'écran, le fan comme le collectionneur, le temps que la vente s'ouvre. Les exemplaires se vendent en général en moins d'une minute pour un prix environnant les 50 dollars.

Page 14: Exposition Shepard Fairey

Motif : Le terme motif désigne

1) en musique, un thème,

2) dans les Arts plastiques, a) un dessin ou en général une forme unitaire, sculptée ou peinte, qui se répète ou se développe de manière décorative, b) la réalité que veut rendre un peinture. Or motivus désigne en latin, "ce qui se meut". Le motif d'un décor ornementé, le motif, paysage où va le peintre, le motif ( mélodique, harmonique, rythmique), qui est réputé conférer à une pièce son allant, son allure ou sont unité, paraissent avoir ceci de commun avec le motif (psychologique) du comportement, ou le motif(juridique) d'un arrêt, qu'ils impriment au contexte au sein duquel ils agissent une orientation, une direction, un but. On peut donc donner du motif en esthétique une définition générale : c'est l'idée directrice qui entraîne le développement de l'œuvre et la pousse vers la réalisation de sa nature. In

vocabulaire d'esthétique, Etienne Souriau, P.U.F., 1990

Les motifs récurrents chez Fairey nous rappellent les ornementations arabes. Ils sont un moyen visuels efficaces pour Fairey d'évoquer les tensions politiques et l'islamophobie qui s'insinue chez bon nombre d'occidentaux. Il crée ainsi des images qui fonctionnent sur plusieurs registres de signification et nous renvoie à nos propres interrogations.

Page 15: Exposition Shepard Fairey

Les signes immédiatement reconnaissables comme le peace and love, la colombe, l'étoile, mais aussi l'aigle, le poing levé se mêlent et se parasitent. De même pour sa signature visuelle : le visage du catcheur, emblème de l'artiste qui résonne comme un refrain, presque un mantra, lui confére une valeur hypnotique et nous laisse la désagréable impression d'un leitmotiv subliminal.

usine : Le motif de l'usine est un clin d'œil à l'atelier d'artistes créé par Andy Warhol sous le nom de Factory. D'autres artistes reprennent cette idée : Wim Delvoye notamment en configurant son site personnel sous la forme d'une visite virtuelle de son atelier-usine. Mais c'est encore une fois une manière de souder la cohérence de sa démarche propagandiste en créant une image suggérant la politique des grands plans quinquennaux communistes. Envisage-t-il son art comme une planification, milite-t-il pour une parfaite coordination permettant la satisfaction de tous?

Page 16: Exposition Shepard Fairey

Peace Woman, 2009 , sérigraphie sur bois (épreuve d'artiste)

Icône : Du grec eikon, images sacrées chrétiennes dans la tradition orientale et particulièrement bysantine, en usage dans l'église orthodoxe. Peinture sur bois, dont l'origine remonte à deux sources principales : les "portraits du Fayoum" représentant le mort au cours des funérailles (moyenne Egypte) et les peintures de catacombes. (…) Les personnages représentés ne le sont jamais dans leur apparence terrestre, mais dans leur condition glorieuse. Même lorsqu'elle figure des événements qui se situent dans le temps historique, ceux-ci doivent être traités en tant que significatifs d'une réalité

transcendante. C'est pourquoi tous détails se référant à l'aspect temporel des choses, des personnages, du milieu ou des actes, sont interdits : les ombres portées, la perspective, le modelé.(…) les fonds d'or traduisent la lumière qui ne provient d'aucun astre. In vocabulaire d'esthétique, Etienne Souriau, P.U.F., 1990

→En informatique, une icône est une petite image symbolisant un élément, comme un programme ou un document, auquel elle est associée. → En sémiologie, icône désigne l’image qui, s’articulant avec un sens, se rapporte à une entité physique ou simplement représentative (voir Charles Sanders Peirce et le Groupe µ). Une icône est une représentation graphique d'une entité, dont elle

conserve certaines propriétés spatiales. →Dans son utilisation verbale, icône est synonyme d'archétype. → icône culturelle

Page 17: Exposition Shepard Fairey

5- UN ARTISTE ENGAGE

Posture : Son engagement, un militant, un dissident.

The Léonard Peltier Story, Print

Leonard Peltier est un militant amérindien (Native American) anishinaabe/lakota, né le 12 septembre 1944, incarcéré depuis 1976 et condamné à deux peines à perpétuité. Il est membre de l'American Indian Movement. L'organisation Amnesty International le considère comme un prisonnier politique, qui « devrait être libéré immédiatement et sans condition ».

Le paradoxe d'être exposé, artiste ou imposteur = une posture qui fait réfléchir?

De prime abord, il semble déconcertant qu'une œuvre de Street Art soit présentée de manière aussi traditionnelle dans un lieu d'exposition contemporain reconnu par l'institution. Cela prouve néanmoins deux choses : d'une part que Shepard Fairey connait parfaitement les rouages du milieu de l'art et sait se les approprier, d'autres part que les institutions et les collectionneurs le considèrent comme un artiste contemporain à part entière.

"guerilla marketting" = une stratégie. Le terme Guerilla marketing a été lancé par le livre éponyme de Jay Conrad Levinson, publié en 1984. Il décrit un marketing non

conformiste à petit budget. Le terme est passé dans le langage pour décrire aussi les méthodes non conventionnelles de marketing. Exemples : Manifestation factice , Affichage mobile, Campagne de stickers

Page 18: Exposition Shepard Fairey

La démarche artistique de Fairey relève de l'Art contextuel tel que le défini

P. Ardenne. Fairey use, utilise et détourne les codes de communication au service d'un Art engagé, un Art qui débute dans la rue, se partage avec tous, cherche à faire réagir le public mais fini exposé chez les plus grands collectionneurs (même si chacun d'entre nous peut acheter le "dérivé" de l'original pour 50 dollars sur internet).

ART CONTEXTUEL Sous le label d'art "contextuel", on entendra l'ensemble des formes d'expression artistique qui diffèrent de l'œuvre d'art traditionnellement comprise: art d'intervention et art engagé de caractère activiste (happenings en espace public, "manœuvres"), art investissant le paysage ou l'espace urbain (land art, street art, performance…), esthétiques dites participatives ou actives dans le champ de l'économie, de la mode et des médias.

L'artiste contextuel : place la réalité avant le simulacre, et l'ordre des choses avant celui des apparences. Le "contexte", consigne le lexique, désigne l'"ensemble des circonstances dans lesquelles s'insère un fait". Un art dit "contextuel", à cette aune, opte pour la mise en rapport directe de l'œuvre et du réel, sans intermédiaire, l'œuvre s'y configurant en fonction de son espace d'émergence et des conditions spécifiques le qualifiant. L'artiste contextuel, agissant hors des cadres de la permission institutionnelle, s'empare des lieux, se les accapare, en fait ses territoires. Sa condition revendiquée d'artiste, en revanche, repose sur l'expression d'un refus partiel de la société telle quelle, sur l'expression d'une imperfection ou d'une perfectibilité, en conséquence sur le vœu implicite d'une réforme dont l'art peut être un des vecteurs efficaces.

Art/Société/Langage : La société, c'est de la vie, c'est également du langage, une langue vivante apprise, parlée, transmise et protégée. En cette société, l'art, de même, est une des formes de la langue parlée par le corps social: langage d'adhésion ou d'assujettissement dans les sociétés archaïques ou totalitaires (l'artiste y recycle le "texte" de la société, il souscrit à son code symbolique dominant), langage de la génération ou la rénovation dans les sociétés révolutionnaires (il y invente ou y met en valeur des signes inouïs ou jusqu'alors tenus à l'écart du code). Le "texte" que produit l'art contextuel, en l'occurrence, n'est pas de nature radiative. Plutôt, il s'avère de nature corrective, dans le sens d'une intégration visant ce qu'on a pu appeler en d'autres lieux un "meilleurisme". L'artiste contextuel, à la fois, incarne "association" et "dissociation". Les formules qu'il propose à la société, du coup, se révélant d'une double espèce contradictoire: formules d'implication, mais aussi de nature critique: formules d'adhésion mais aussi de défi. Plus que

Page 19: Exposition Shepard Fairey

d'opposition, il faut parler de position en porte-à-faux, et plus que de subversion, d'une transgression à des fins de positivité. Parti du "texte" social, l'artiste contextuel ne réécrit pas ce dernier dans son entier. Il en corrige quelques phrases, çà et là. Il s'agit moins d'imposer des formes stricto sensu, formes nouvelles ou pas, que réélaborer ce texte surchargé de ratures historiques que constitue toute société.

6 - Eclairage sur une œuvre

May Day Flag 4, 2010 , pochoir , collage , technique mixte sur toile Shepard Fairey a suivi l’enseignement de Jasper Johns et fait directement référence dans cette œuvre aux célèbres "flags". La citation est claire mais les préoccupations sont totalement différentes car si ce qui intéresse essentiellement Jasper Johns, c'est la qualité picturale elle-même, chez Fairey c'est le détournement d'un symbole américain vu et revu, usé, vidé de sa signification qu'il revivifie de son énergie subversive. Le drapeau ne coïncide plus avec le champ de l'image, il est basculé, comme dans un mouvement de nauffrage. Les 13 bandes (représentant les 13 États fondateurs) initialement cousues l'une à l'autre pour symboliser l'union ainsi scellée entre les États, sont ici découpées et recollées les unes aux autres. Elles ont été prélevées à partir d'un collage composite propre à Fairey. Si l'on observe bien le support de cette

Page 20: Exposition Shepard Fairey

œuvre, on remarque son épaisseur et l'entremêlement de plusieurs motifs. Ceux-ci sont à la fois des motifs de tapisseries récupérées et collées sur un épais papier. Elles sont juxtaposées à des morceaux de papier journal. Par-dessus cette couche, d'autres motifs sont créés à l'aide de pochoirs et des dégoulinures de peintures apparaissent. Cette superposition de couches confèrent à l'œuvre une dimension de palimpseste qui n'est pas sans rappeler les affiches décollées des décollagistes. On peut supposer que l'union symbolisée par la couture a disparue entre les Etats fondateurs mais que le creuset identitaire des américains repose toujours sur le métissage culturel que ce palimpseste symbolise. Par ailleurs, la technique chère à Jasper Johns : mélange de pigments à la cire chaude ( peinture à l’encaustique) qui permet un travail par couches successives conférant un caractère d’objet au tableau, se retrouve dans l'enchevêtrement de ces images multiples.

Fairey n'a pas résisté au fait d'incorporer dans chaque étoiles un symbole issue de sa grammaire visuelle.

Les décollagistes : « Mon concept fut de prouver qu’une nouvelle race

d’artistes non techniciens pouvait exister » (Jacques Villeglé). Dans les années 60, les décollagistes sont les auteurs d’un geste remarquable parmi ceux des nouveaux réalistes. Raymond HAINS, Jacques VILLEGLE et François DUFRENE qui sont les principaux représentants font de la "Peinture sans peinture…" Ils travaillent dans la rue à partir de panneaux publicitaires. Ils collectent, collectionnent et prélèvent des affiches publicitaires entre autre. Ils les transforment en effectuant des opérations de lacération, d'arrachage, de juxtapositions, de stratifications, de frottement, d'effacement, de froissement et de recouvrement jusqu’à la désintégration. Leur démarche consiste à démasquer les méthodes hypocrites de la publicité.

Jasper Johns ( né en 1930 en Géorgie) ouvre la voie du pop art en dessinant les perspectives suivantes qui deviendront récurrentes :

- Sublimation du trivial à la fois thème et matériau,

- abolition des ordres hiérarchiques,

- représentation simultanée d’aspects contradictoires.

Page 21: Exposition Shepard Fairey

La réalité extérieure intervient de façon irritante dans la réalité picturale. Il n’y a plus ni thème élevé, ni belle illusion produite par une perspective habile. La frontière entre l’objet représenté et celle de sa représentation devient floue, le tableau lui-même devient un objet. L’artiste tire ses sujets uniquement du quotidien. Johns nie toute échelle de valeur traditionnelle, il ne connaît aucune hiérarchie formelle ni thématique. Il n’est intéressé que par des faits bruts. Les choses simples ont pour lui l’avantage d’être déjà impersonnelles et neutres en termes de valeur. Il n’est pas obligé de les inventer : chiffres, lettres, cibles de tir, cartes géographiques, lattes de bois, motifs simples de murs de maison, carrosseries. Univers pragmatique qui correspond sans nul doute au sens des réalités de l’Américain. Le sujet insignifiant permet de se concentrer sur la qualité picturale elle-même puisqu’il ne détourne pas notre attention. Pour y parvenir il renoue avec un procédé oublié de la peinture de momies coptes : mélange de pigments à la cire chaude ( peinture à l’encaustique) qui permet un travail rapide : le travail par couches successives conférant un caractère d’objet au tableau.

Quelques drapeaux célèbres :

Raising the flag on Iwo Jima, 23 février 1945, Andy Warhol, Moonwalk, 1987 , Joe Rosenthal

Page 22: Exposition Shepard Fairey

Henri Cartier Bresson, Robert Mapplethorpe, American Flag, 1977 Independence Day on Cape Cod, Massachusetts , 1947

Litography by Robert Frank, Parade, Hoboken, New Robert Rauschenberg Jersey, 1955

Page 23: Exposition Shepard Fairey

Liu Bolin Hiding in the City No. 62 La rue Montorgueil, C. Monet, 1878 American National Flag 2008

Banksy, Tesco, 2008

Page 24: Exposition Shepard Fairey

7- Biographie

Des pochettes d’album à la campagne démocrate En 2003, il co-fonde avec sa femme Amanda Ayala, le Studio Number One (design graphique). Puis la ligne de vêtements Obey et le magazine Swindle. Derrière Obey se cache ainsi une industrie bien huilée, basée sur un street marketing activiste et une identité visuelle forte - une esthétique aux tons rouge, noir et crème qui rappelle la propagande soviétique reconnaissable par tous. En 2008, l’artiste a des milliers d’affiches à son actif. Il a conçu les pochettes de disques de « Monkey Business », des Black Eyed Peas, de « Zeitgeist » des Smashing Pumpkins ou de « Whiskey on a Sunday » de Flogging Molly. Il réalise aussi l’affiche du biopic « Walk the Line ». Mais c’est avec l’affiche d’Obama qu’il devient mondialement connu.

Obama : « C’est un privilège pour moi »

Page 25: Exposition Shepard Fairey

Il imagine d’abord un poster représentant le visage du candidat avec le slogan « Progress » . Mais l’équipe de campagne le contacte pour lui demander de réaliser une autre version, avec « Hope », plus en phase selon eux avec le message de campagne : « Parfois, on croit que j’ai été engagé par son équipe de campagne, mais non. Je l’ai fait parce que c'était simplement celui qui me semblait le mieux défendre mes valeurs. » L’image devient rapidement une icône. Au lendemain de sa victoire, Obama lui écrit : « Je veux vous remercier d’avoir utilisé votre talent au service de ma campagne. Vos messages politiques ont encouragé les Américains à croire qu’ils pouvaient changer le statu quo. Vos images ont un effet profond sur les gens, qu’elles soient vues dans une galerie ou sur un panneau indicateur. C’est un privilège pour moi d’avoir été l’objet de votre travail d’artiste et une fierté d’avoir eu votre soutien. » « J’ai trouvé ça progressiste », commente Fairey. « C’est polémique : honorer le street art pour le président des Etats-Unis, car ça reste un acte illégal, souvent conçu comme du vandalisme. »

Controverses autour de la propriété intellectuelle d'une image

En 2009, après diverses recherches sur l'origine de la photographie qui a servi au travail de l'affichiste, on a conclu que l'affiche HOPE était une réappropriation d'une photographie prise en avril 2006 par Mannie Garcia, alors en contrat freelance avec l'Associated Press (AP), qui réclame des droits d'auteur à travers une compensation financière. Garcia affirme cependant qu'il est le seul détenteur des droits à l'image et il a déclaré être fier que sa photographie ait inspiré Shepard Fairey. Fairey pense que son travail en l'espèce tombe dans la catégorie de l'usage raisonnable (Fair use). Les avocats des deux parties ont négocié un règlement amiable, mais Fairey a engagé une poursuite fédérale contre l'Associated Press pour obtenir un jugement déclaratoire indiquant que son usage de la photographie relevait du fair use et pas du copyright. " Le street art est un moyen de participer au dialogue. Dans la rue, tout le monde peut prendre la parole. Au final, peu importe ce qui s’est passé avec Obama. Peu importe que je sois content ou pas. La seule chose qui importe c’est qu’un graphisme, une simple image a fait la différence. La leçon va au-delà du fait d’avoir à voter ou non. Ce qui compte, c’est d’utiliser les outils qu’on a pour imposer son point de vue. »

Page 26: Exposition Shepard Fairey

« Si je suis repris, ce sera la prison ferme » Dans la foulée de l’élection, le portrait d’Obama inspire à Time Magazine une variation du travail de Shepard Fairey pour son numéro sur Obama, « personnage de l’année ». Fairey est désormais un artiste « mondialement reconnu ». L’année suivante, l’Institut d’art contemporain de Boston lui offre sa première rétrospective. Mais le Californien est arrêté alors qu’il se rend à l’exposition. « Je collais des autocollants. Ça a été assez grave. Ils ont présenté 34 chefs d’inculpation. Je risquais jusqu’à huit ans de prison. J’ai finalement écopé d’une peine avec sursis. Je sors tout juste de ma période de probation. Mais si je suis repris, ce sera la prison ferme. » Fairey a déjà connu seize arrestations, mais Boston l’échaude pour de bon. « Ça fait partie du street art, mais je n’aime pas ça. J’essaie maintenant de bien mesurer les risques que je prends. » Businessman et infatigable colleur Aujourd’hui, à 40 ans passés, la vie de Shepard Fairey se partage entre business (des pochoirs à la vente de produits dérivés), sa famille et la réalisation d’immenses fresques à travers le monde. « Depuis Boston, je me concentre sur des choses plus substantielles. » Dernièrement, il organisait une exposition à Copenhague, et profitait de son séjour pour réaliser sept fresques en sept jours.

Page 27: Exposition Shepard Fairey

8-HISTOIRE DES ARTS

Lycée : 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, sociétés, cultures » Définition : Cette thématique invite à souligner les liens que les oeuvres d’art tissent avec les sociétés et les cultures qui les ont produites. Pistes d’étude: * L’art et les autres : regards croisés (exotisme, ethnocentrisme, chauvinisme, etc.) ; échanges (dialogues, mixités, croisements) ; métissages. Histoire des sociétés, ethnologie, etc.

2. CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL Thématique « Arts et économie » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art dans leur rapport au contexte économique de production et de réception. Pistes d’étude : * L’art et le marché (cote, salles de vente, galeries, salons, marchands d’art, collectionneurs, investisseurs, etc.) et les contraintes économiques (commanditaires publics ou privés, mécénat, acte de commande privée ou publique, protection des artistes, droits d’auteurs, propriété intellectuelle, destinataires, etc.). * L’art et ses discours : éloge, critique ou contestation des normes et des pratiques socio-économiques. Argent. Circulation, marchandise, consommation. Acteurs, auteurs, artistes. Discours, messages, critiques. Thématique « Arts et idéologies » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art comme lieu d’expression d’un pouvoir ou d’un contre-pouvoir et ouvre à l’étude des langages, des significations et des messages politiques. Pistes d’étude : * L’art et les formes d’expression du pouvoir : l’art au service de l’identité nationale (hymnes patriotiques, architectures civile et militaire, récits d’écrivains engagés) et du discours dominant (exaltation, slogans, pompe, cérémonies officielles ; trucages, maquillages, mensonges, effacements, etc.); les lieux de pouvoir ; les langages symboliques (emblèmes, allégories, etc.). * L’art et les stratégies de domination du pouvoir : l’art régalien (monarchie, empire), l’art totalitaire (soviétique, nazi). Les actes de classification (l’art « dégénéré »), de censure (mises à l’index, liste noire, « enfer de la bibliothèque nationale ») et de destruction (autodafés), etc. * L’art et la contestation sociale et culturelle : formes (placards, satires, caricatures, pamphlets, manifestes, docu-fiction, chansons engagées, tags, graffs, etc.) ; tactiques (signification oblique, codée, cryptée, ironique, satirique, comique, etc.) ; postures (critique, ironie, propagande, etc.). Message, propagande. Engagement. Doctrine, système. Censure. Symboles, langages, discours, tactiques, etc.

Page 28: Exposition Shepard Fairey

4. CHAMP ESTHETIQUE Thématique « Arts, artistes, critiques, publics » Définition : Cette thématique invite à replacer les oeuvres d’art dans leur contexte de production et de réception et éclaire les relations qui unissent les différents acteurs du champ de la création artistique. Pistes d’étude: * L’art et ses lieux d’exposition et de diffusion dédiés, détournés, ouverts, fermés, prestigieux, banals et leur impact sur la création et la réception (spectacles de rue, foires, cirques ; musées, biennales, galeries) ; les institutions muséales comme discours de la société sur l’oeuvre d’art (exposition, célébration, diffusion, vulgarisation, démocratisation, etc.). Figures de l’artiste./Critiques, théoriciens, historiens de l’art, musicologues, esthéticiens/Histoire de la réception/Publics/Patrimoine, conservation, lieux de diffusion. Thématique « Arts, goût, esthétiques » Définition : Cette thématique invite à interroger l’oeuvre d’art dans la diversité de ses valeurs et de ses approches. Pistes d’étude * L’art et ses codes : normes esthétiques, éthiques et sociales (licence, étiquette, canon, bienséance, tabou, etc.) ; termes axiologiques (grâce, brio, élégance, sobriété, tempérance, noblesse, vulgarité, sublime, etc.) ; les notions d’oeuvre, de chef d’oeuvre, de « grand oeuvre ».Universalité/ diversité du « beau » élitiste/ populaire, noble/ vulgaire. /« bon goût »/ « mauvais goût ». « Distinction ». /Règles, normes, interdits, transgressions. /Théories esthétiques, etc.

Collège : Arts, ruptures, continuités : Tradition →avant-gardes/ emprunts, échos, citations, renaissances, poncifs, clichés, lieux communs, stéréotypes, reprises, remake Dialogue des arts → citations et références, croisements, correspondances, synesthésies, analogies, transpositions, parangons Arts, état, pouvoir : Pouvoir →représentation et mise en scène du pouvoir ou en opposition : propagande/ œuvre engagée/contestation Etat → héros, nation, emblèmes, codes symboliques, hymnes Mémoire → témoignages, histoire collective : témoignages, récits

Arts plastiques pour les primaires : Travailler sur la récupération d'images à fort potentiel symbolique mais sur des registres d'opposition, essayer par une technique graphique de les conjuguer en une seule image. Autre piste : Réaliser des pochoir à partir de formes ornementales simplifiées et créer une image collective avec plusieurs passages (superposition des motifs)