Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

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LE MAGAZINE DU SYNDICAT DES INDUSTRIES DE MADAGASCAR Industrie verte, le nouveau défi POLLUTION INDUSTRIELLE N° 5 - Août / Sept. 2010 L’industrialisation se heurte à la tradition économique Nos Régions | ITASY Tirer leçon des expériences des autres pays Point de vue | O.N.E. J’achète Malgache et tous nous y gagnons ! Je consomme Malgache, nous y gagnons ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra ! Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra !

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Le Magazine du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) ----- N°05 - Août / Septembre 2010

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Le Magazine du Syndicat deS induStrieS de MadagaScar

Industrie verte, le nouveau défi

POLLUTION INDUSTRIELLE

n° 5 - août / Sept. 2010

L’industrialisation se heurte à la tradition économique

Nos Régions | ITASYTirer leçon des expériences

des autres pays

Point de vue | O.N.E.

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !Je consomme Malgache, nous y gagnons !

Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra ! Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra !

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éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Capital eCo | pollution industrielle : industrie verte, le nouveau défi . . . . . . . . . . . . . 6

Cadre légal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

les industries les plus polluantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

plainte | Un moyen pour réduire la pollution industrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Nouveaux défis | Vers l’élaboration de nouveaux textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

industrie | prise de responsabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

poiNt de VUe | o.N.e.

tirer leçon des expériences des autres pays . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

CUrSUS | deSS en étude d’impacts environnementaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

régioN | itaSY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

iMeriNtSiatoSiKa | le grenier à riz de l’itasy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

iNVeStiSSeMeNt | Ne pas trop attendre d’antananarivo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Filiere toMate | la transformation a échoué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

MaterielS agriColeS | Un secteur en expansion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

FrUitS et legUMeS | la transformation en est à ses débuts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

rapHia dU MoYeN-oUeSt | Utilisé dans la viticulture européenne . . . . . . . . . . . . 23

traNSForMatioN dU lait | la fromagerie d’ijely croule sous les commandes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

piSCiCUltUre | Un secteur d’opprotunité même dans l’itasy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Filiere Soie | Vers la vulgarisation de la marque collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

aCtUalitéS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

la situation de l’emploi dans l’agglomération d’antananarivo en 2010 . . . . 28

la Vie dU SiM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

leS iNdUStrielS aU qUotidieN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

HoMeopHarMa | les bienfaits des plantes de Madagascar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

CHroNiqUe deS leCteUrS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

Sommaire

1 bis, Rue Patrice LumumbaAntananarivo - MadagascarTél. : +(261) 20 22 240 07E-mail : [email protected] web : www.sim.mg

Fondateurs Hery Ranaivosoa, Fredy Rajaonera, Laurent Rajaonarivelo, Stéphane Raveloson, Damase Andriamanohisoa, Karim Barday, Francis Rajaobelina, Franck Fohine, Claude Ratefiarisoa

Directeur de publicationClaude Ratefiarisoa

CoordonnatriceLéa Ratsiazo

Ont collaboré à ce numéro- Fanjanarivo Symonette- Felana Lalatiana- Mialy Razanajatovo

Régie Publicitaire : Mialy Razanajatovo

Maquette : Hery Lalaina Razafimamonjiraibe

Impression : Imprimerie NIAG Tél. 22 204 20 - [email protected]

Dépot légal : N°05-Août 2010

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4 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

editO

Mesdames et Messieurs,

Mois de Septembre, c’est le mois de la rentrée, alors on y va. Mais avant, il faut s’y préparer comme toute reprise. A l’image de l’écolier, tout son environnement a été préparé à tel point qu’il ait la motivation de travailler : ses parents ont acheté les fournitures et habits nécessaires, le personnel de l’établissement scolaire s’affairait depuis des jours pour nettoyer et arranger les salles de classe, pour dresser les emplois du temps, …

Et toi l’industriel ? As tu passé de bonnes vacances ou du moins quelques jours de répit avec un petit clin d’œil quotidien sur tes affaires ? Dans tous les cas, avec ou sans vacances, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, il faut rentrer mon ami. Bien sûr avant ton départ, tu nous as recommandé de faire un peu de nettoyage pour améliorer ton environnement (insécurité, produits hors norme, vente sans facture, contrôle intempestif et tatillon, jour férié non prévu dans ton calendrier, fausse déclaration à l’importation, promotion…) Nous avons effectué une promotion soutenue des produits manufacturés locaux à travers des spots télévisés comme tu l’as demandé, et nous avons contacté les « maîtres d’école » pour les tâches qui leur reviennent. Nous avons discuté avec eux pour que tu sois à l’aise à la rentrée, nous les avons envoyé des missives, mais pour le moment, on attend. Toutefois, nous te conseillons de rentrer quoiqu’il en soit ; on verra la suite. De toute façon, tu n’es pas un écolier.

Parlant d’environnement, notre magazine traitera dans son dossier, l’environnement physique de l’entreprise ou plus exactement la gestion de la pollution industrielle. En tant qu’entreprises citoyennes, les industries doivent assurer une bonne gestion de leurs déchets, des exemples y sont cités. Le dossier vous informe également des dispositions légales et règlementaires en la matière et les nouveaux défis à relever face aux grands projets miniers et pétroliers.

Enfin dans la rubrique écho régional, nous vous faisons visiter l’Itasy, une des plus petites régions de Madagascar en surface avec 7 651 km2, mais qui regorge de ressources agroalimentaires notamment agricoles et halieutiques et de gisements miniers. Mais l’industrie est encore à l’état embryonnaire malgré les potentialités. Les grands opérateurs sont principalement de collecteurs et de transporteurs qui approvisionnent le marché et les industries de la capitale. Certains disent même que cette proximité à Antananarivo constitue un handicap pour l’industrialisation de la région. Les investisseurs préfèrent travailler à Antananarivo dit-on ! Qui parmi vous osera faire le premier pas devant cette richesse ?

Bonne lecture

Le Comité Directeur

Editorial

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6 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

caPitaL ecO

Cadre légalLoi 99-021La loi n° 99-021 du 19 août 1999 renforcée par le décret N° 2004-167 relatif à la mise en compatibilité des investissements avec l’environnement (MECIE) régit la loi sur la pollution industrielle. La loi n° 99-021 du 19 août 1999 porte sur la politique de gestion et de contrôle des pollutions industrielles. Il est stipulé dans cette loi que toute activité de fabrication ou de production à l’échelle in-dustrielle, toute création de travaux de trans-formation, d’aménagement ou d’extension de ces activités portant atteinte à l’environne-ment soit par le seul fait de l’occupation du sol, soit par l’utilisation de ressources natu-relles, soit par usage d’intrants ou de produits susceptibles de générer des effets polluants, soit la production de rejets ou de nuisances doit être conforme à la loi n° 99-021 du 19 août 1999. Cette loi exige qu’un système de gestion des effluents liquides d’origine industrielle doive être mis en place. Ce système doit com-prendre une réglementation limitant le rejet

dans le milieu récepteur ainsi qu’un contrôle permanent par les autorités compétentes des effluents liquides provenant d’activités indus-trielles. Les déchets solides doivent faire l’objet de mesures appropriées permettant de limiter et de réduire à la source la quantité et la toxicité des dits déchets. Les déchets sont classés en 2 catégories ; les déchets industriels banals et les déchets industriels spéciaux (dangereux). Le premier type de déchet peut être recyclé ou récupéré. En raison des dangers qu’ils peuvent comporter, des mesures doivent être prises afin d’exclure la pratique d’usages du 2émé type de déchet. La société doit prévoir la mise en œuvre des mesures d’urgence pour les cas où les déchets particulièrement dan-gereux pour leur toxicité présenteraient un risque immédiat pour l’environnement natu-rel ou humain.

ObligationDans la loi n° 99-021 du 19 août 1999, les in-dustriels doivent être titulaire d’une autorisa-

tion d’opération ou avoir formulé une simple déclaration pour toute installation. Tout exploitant doit adopter la pratique de l’auto surveillance. Cette auto surveillance est gé-rée par l’exploitant lui-même sous le contrôle de la puissance publique.Les activités industrielles susceptibles de présenter des inconvénients, des troubles de toute nature, des risques et dangers doivent avoir une autorisation d’opération du Minis-tère de l’industrie. Pour les autres activités, une simple déclaration formulée par l’exploi-tant suffit. La demande d’autorisation d’opé-ration déposée au Ministère de l’industrie doit être appuyée d’un dossier rédigé suivant un plan type. Le dossier agréé vaut cahier des charges.

contrôlePlacée sous l’autorité et la tutelle des Minis-tères chargés respectivement de l’Industrie et de l’Environnement, une structure est char-gée de la gestion et du contrôle des actions de protection de l’environnement contre toute

POLLUTION INDUSTRIELLE |

Industrie verte, le nouveau défi

Felana Lalatiana

Si autrefois, le souci majeur sur l’envi-ronnement à Madagascar était tou-jours lié à l’environnement vert où

la déforestation d’origine agricole et l’uti-lisation des combustibles ligneux pour la consommation étaient toujours au cœur des débats, actuellement, en plus de ces pro-

blèmes, Madagascar doit également faire face à un autre environnement - gris celui-là - avec le développement de l’industrie et l’arrivée des compagnies internationales dans le secteur minier. Ce changement in-duit à des modifications des acteurs. Selon le rapport provisoire sur la gestion ration-

nelle des produits toxiques à Madagascar sortie en 2008 qui a été publié par Centre d’échange d’Informations malagasy de la Convention sur la Diversité Biologique, Ma-dagascar produit plus de 756 tonnes de dé-chets chimiques industriels chaque année.

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forme de pollutions générées par les activités industrielles. En cas d’atteintes à l’environne-ment le principe “ pollueur payeur ” sera ap-pliqué strictement aux installations soumises à autorisation. L’opérateur est condamné à des indemnités de compensation.Si d’autres dangers ou autres effets nocifs surviennent après l’octroi de l’autorisation, le Ministère chargé de l’Industrie, peut ordon-ner des mesures complémentaires de gestion et de contrôle appropriées ; mettre l’entre-prise en demeure de prendre les mesures qui s’imposent afin d’effectuer les aménage-ments nécessaires propres à faire disparaître les dangers ou effets nocifs ; ou ordonner la suspension provisoire de l’exploitation jusqu’à la régularisation de la situation de l’entreprise. A défaut de régularisation, le retrait de l’autorisation d’opération est pro-noncé dans la même forme que pour l’octroi de l’autorisation sans que l’entreprise puisse prétendre à indemnisation. En cas de défaut d’exécution dans le délai requis, l’exploitant peut faire l’objet de poursuites pénales et sera puni d’une amende de deux cent millions a cinq cent millions de francs malagasy.Les installations industrielles sont soumises à des inspections périodiques ou inopinées.MECIEL’adoption de la loi portant Charte de l’En-vironnement Malagasy et la promulgation du décret relatif à la Mise en Compatibilité des Investissements avec l’Environnement (MECIE) impliquent une obligation pour les projets d’investissements publics ou privés susceptibles de porter atteinte à l’environne-ment d’être soumis soit à une étude d’impact environnemental (EIE), soit à un programme d’engagement environnemental (PREE), se-lon la nature technique, l’ampleur de ces projets et la sensibilité de leurs milieux d’im-plantation . Toute installation mise en place avant la publication de ce décret doit faire la mise en conformité environnementale.

StatiStiqueS | déPôtS de dOSSierS d’eie et Mec

année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 total

Nombre dossiers déposés

14 21 13 21 44 45 72 58 87 61 28 464

eie 12 19 11 14 32 36 68 52 79 53 21 397

MeC 2 2 2 7 12 9 4 6 8 8 7 67

délivrés 16 14 9 20 19 36 61 63 60 72 17 387

oNe 16 13 1 1 7 36 61 63 60 72 17 347

Minenv 0 1 8 19 12 0 0 0 0 0 0 40

eie 15 13 8 14 14 28 49 57 57 59 17 331

MeC 1 1 1 6 5 8 12 6 3 13 0 56

total dossiers eie MeC a+b+c+d+e

total eie MeC

nbr % nbr % nbr %

488 100

permis envi délivrés par oNe a 360 73,77 309 74,28 51 70,83

rapport d’évaluation CCe b 40 8,20 31 7,45 9 12,5

total dossiers avec permis a+b 400 81,97 340 81,73 60 83,33

en cours de recevabilité c 11 27,50 7 22,58 4 44,44

en cours d’évaluation d 29 72,5 24 77,42 5 55,56

dossiers en cours de traitement

c+d 40 8 ,20 31 7 ?45 9 12,5

traitement suspendu e 48 9,84 45 10,82 3 4,17

2010 Janvier Février Mars avril Mai Juin

nombre 5 2 1 4 2 2

cumul 5 7 8 12 14 16

dynatec

Holcim

Holcim

adonis

pam Sakoa

rajerison

asisty mscar

gondwana

Sté anjara

accrington

Sté Korail

Socopam

ass° Fenoala

ass° Fiom

Mcar petroleum

delta jatropha

Permis délivrés 2010

Situation dossiers traités depuis 1997

Permis délivrés par année

Source : ONE

Source : Ministère de l’environnement

Au niveau national, on note une augmentation progressive du nombre de permis environne-mentaux délivrés annuellement. Au niveau ré-gional, en moyenne, annuellement, plus de 10% des permis environnementaux sont attribués aux sites localisés dans les régions suivantes: Analamanga (17%), Atsimo Andrefana (20%), et Boeny (11%).

7N°5 - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - EXPANSION MADAGASCAR

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8 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

caPitaL ecO

« Le respect des cahiers de charges consti-tue une balise et une atténuation des impacts de la pollution des industries sur l’environ-nement », a annoncé Andry Ravojinjatovo, Chef d’unité suivi plan de gestion environ-nemental et pollutions au sein de l’Office national pour l’environnement (ONE). « Les grandes industries disposent généralement des permis environnementaux. Elles ont les moyens d’investir dans la protection de l’en-vironnement. Les industries polluantes sont notamment constituées par les petites uni-tés ou les petites mines qui ne font aucune déclaration sur leurs activités », poursuit notre interlocuteur. Soulignons en passant qu’une station d’épuration d’eau nécessite d’investissements importants. Les Brasse-ries STAR ont investi 1,3 million USD soit 2,3 milliards Ar. dans une station d’épura-tion d’eau.La Banque mondiale a sorti un indicateur sur l’évaluation de l’émission causée par une industrie par rapport à celles provenant de l’ensemble des activités industrielle du pays. D’une manière générale, cet indicateur permet d’évaluer la part des émissions cau-sées par une industrie par rapport à celles

provenant de l’ensemble des activités indus-trielles du pays. Pour effectuer cette mesure en prenant en compte une grande variété de polluants, on utilise la « Demande Biolo-gique en Oxygène » (DBO). Cet indicateur constitue un standard permettant d’évaluer le niveau de pollution d’un volume d’eau. Techniquement, il s’agit d’un « paramètre biochimique de la quantité d’oxygène (ex-primé en mg/litre) nécessaire à la biodégra-dation des matières organiques dans un litre d’eau polluée, à l’aide de micro-organismes qui se développent dans des conditions de laboratoire et dans un milieu donné ».

Outre cet indicateur de la Banque mon-diale, l’enquête menée par Roger Lalao Ra-naivoson et Giuseppe Magazzu, experts de l’Unesco en 1987, a permis d’avoir une cer-taine idée de la pollution industrielle. Selon les analyses de ces 2 experts, les eaux résiduaires rejetées par les usines de boisson, de l’industrie crevettière, de la distillerie et de l’industrie textile sont caractérisées par une anoxie totale de 0,0 à 0,71ml /l, alors que celles de l’industrie sucrière sont relative-ment pauvres en oxygène, variant de 2,12 à 3,30ml par litre. L’on remarque aussi que les matières en suspension sont toujours pré-sentes dans les eaux de rejet et relativement importantes, allant de 20 à 200 mg par litre. Une concentration tout à fait exceptionnelle de 32.900 mg par litre a été enregistrée dans la savonnerie.Par ailleurs, les industries peuvent être clas-sées selon le degré de turbidité : à turbidité moyenne variant de 10 à 80 UT/F pour l’in-dustrie textile, l’industrie crevettière et l’in-dustrie de boissons gazeuses ; à turbidité forte c’est-à-dire supérieure à 80 UT/F pour la savonnerie et l’industrie sucrière. Concernant la demande chimique en oxy-gène (DCO), les résultats obtenus sur les eaux résiduaires concernent l’industrie agroalimentaire spécialisée dans les bois-sons (entre 955 et 1.571ml par litre) et l’in-dustrie textile (755ml par litre). Les autres valeurs enregistrées sont de moindre im-portance, allant de 167 à 300 ml par litre. En revanche, la DCO de 10ml par litre est due à la présence de vinasse dans les eaux rési-duaires de l’industrie sucrière.En général, les concentrations en nitrite de phosphate sont minimes hormis les valeurs

trouvées dans la savonnerie qui font état de 5 ppm de nitrite et 6,25 ppm de phosphate et dans l’industrie du sisal, 3,75 ppm de phos-phate. Par contre, l’ammonium se rencontre en concentration relativement importante dans les eaux de rejet des industries agroali-mentaires spécialisée dans la production de boissons (entre 6 et 12 ppm), la distillerie (15 ppm), l’industrie crevettière (21,3 ppm), la savonnerie (27,7 ppm) et l’industrie du sisal (37,5 ppm).Concernant le produit hydrogène (PH), à l’exception de la savonnerie, de la distille-rie et de l’industrie sucrière, qui ont des pH allant de 4,5 à 5, les autres valeurs enregis-trées ailleurs apparaissent plus ou moins normales (5,5 à 9,0). Les métaux (aluminium, chrome, cuivre, fer, manganèse, nickel,…) s’observent en concentration négligeable de 0,0 à 0,9 ppm mis à part le nickel qui a une teneur de 3,7 ppm détectée dans les eaux résiduaires des pêcheries. Concernant les éléments toxiques (chlore), ils ont une teneur quasiment négli-geable, de 0 à 25 ppm.Pollution textile : le cas de la zone indus-trielle ForelloLes études effectuées par les 2 experts de l’Unesco concernent les zones côtières. L’étude de la FAO sur l’agriculture urbaine et périurbaine à Antananarivo a montré que la pollution industrielle dans la zone indus-trielle Forello affecte principalement les mé-nages riverains des usines. La plupart de ces ménages pratiquent des activités agricoles, d’élevage et de briqueterie sur lesquelles les effets de la pollution sont très palpables. Celle-ci nuit à la fertilité du sol, au rende-ment rizicole, à la qualité des produits agri-coles, à la santé des animaux et à la qualité des briques produites. Les principales exter-nalités sont liées aux fumées dégagées par les usines et aux eaux usées évacuées sans traitement par le canal d’irrigation des ri-zières. De nombreuses affections sanitaires sont signalées par le Centre local de santé de base : maladie respiratoire, diarrhée, toux, paludisme, migraine, démangeaisons, ainsi qu’une forte nuisance olfactive. La popula-tion effectue un long trajet pour s’approvi-sionner en eau douce auprès d’un puits situé en dehors de la zone industrielle. La perte monétaire globale des agriculteurs, suite à la pollution, a été estimée à 3 253 € par an

Les industries les plus polluantes

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Pour mieux gérer la gestion des pollutions industrielles, une structure a été mise en place pour recueillir les plaintes émanant des riverains. Selon les données du mi-nistère de l’Environnement et des Forêts, quelque 30 plaintes par an sont reçues. « Les plaintes constituent un moyen d’avoir une certaine idée du degré de pollution in-dustrielle afin d’apporter des améliorations dans les cahiers de charges des industries qui ont des permis environnementaux. L’ONE fait un suivi de la mise en œuvre de

ces cahiers de charge ; ce-pendant, si la population constate des actes de pol-lution, elle peut toujours porter plainte. Celles-ci sont aussi un moyen d’identifier les unités in-dustrielles qui n’ont pas de permis et qui polluent l’environnement », a en outre déclaré Andry Ravo-ninjatovo.

Plainte | Un moyen pour réduire la pollution industrielle

(pour environ 5 200 habitants). Les couches les plus pauvres sont les plus sensibles aux effets négatifs de la pollution ; cependant,

la population ne proteste pas ou si peu : nombreuses familles agricoles ont un ou plusieurs membres salariés dans les unités

industrielles qui ont créé des emplois no-tamment pour les jeunes.

Plaintes contre localité region Situation

pagrik : récupération de plomb aux batteries usagées Nosiala

analamanga

p/resolue

SoBatra : projet de gestion de déjection humaine andrononobe p/resolue

restaurant de chine : déchet ménagère antsahavola p/resolue

tannerie : traitement de cuire CaSagraNde FeNoariVo p/resolue

aViteCH : elevage de poUlette et poUle poNdeUSe Bout de piste iVato p/resolue

CereS : aViteCH : poUlet de CHaire ivato p/resolue

Savonnerie Salama angarangarana anosibe p/resolue

restaurant SHaNgHai antsahabe p/resolue

HoNg YUaN recyclage des huiles usagees andranovelona p/resolue

griFFY textile ankadikely ilafy p/resolue

pagric (recyclage de batri) anosiala p/resolue

plainte contre la Commune andranonahoatra concernant l`emplacement d`une décharge communale devant akany Sambatra

andranonahoatra p/resolue

eagle KNitS plainte des riverains relative à l`émanation des fumées noires et bruits assourdissant

ankeniheny tanjombato p/resolue

Ferme porC, poUlette et poNdeUSe trara atodY tsaramandroso

iHoroMBe

p/resolue

abattoir ambaniandrefana eN CoUrS

riZerie Fara Morarano p/resolue

MeNUiSerie taFita Morarano p/resolue

riZerie Be Besavoa p/resolue

garage raKotoVao ankadilalana p/resolue

garage BeNJa tsaramandroso p/resolue

atelier MaSY Fanjakamandroso p/resolue

Mine taofik ilakaka en voie

Carriere ColaS aNJiaMaNgiraNa

SoFia

p/resolue

StatioN JoVeNa aNKiriHirY p/resolue

Sea reiNe (concombre de mer et anguille de mer) route aeroport p/resolue

décortiqueriez seraly près caserne gendarme p/resolue

Menuiserie Bwana ankirihiry p/resolue

abattoir laBatoara p/resolue

Hôtel de France HaUte Ville p/resolue

deCHarge SaUVage Haute Ville p/resolue

porcherie alton Clementine tsianaloka / toliara villeatsimo

andrefana

décortiqueriez et de paillage david Mahabo

MeNaBe

p/resolue

plainte contre SopeMo relative à la mauvaise gestion de carapace de crabe

Morondava p/resolue

ensablement de rizières dû aux exploitations minièresampahitra ambohibary Moramanga

alaotra MaNgoro

p/en cours

Moyenne annuelle des plaintes traitées par régions

recaptilatifs des plaintes (année 2009)

Page 10: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

Plaintes contre: localité region Situation

eMaNatioN d`odeUr et problème acoustique eagle KNitS 29.01 tanjombato

analamanga

p/résolue

emanation de fumée générée par la cuisson de brique 16.04 alasora p/résolue

la mauvaise gestion de produit chimique au lot Siae 01 ambodifilao 01.04

ambodifilao en cours

reSolUtioN de plaiNte CoNtre l̀ eMaNatioN de FUMée Noire de la SoCiete HaZoVato taNJoMBato 08.07

l̀ emplacement de la decharge raMeNa 18-24 jan.2010

diaNa

eN CoUrS

l̀ emplacement de la decharge CUantsiranana eN CoUrS

déversement des eaux usées non traitée de MaModo MaKaMBa , vers Nosy lonjo

eN CoUrS

emanation d`odeur et déversement des eaux usees pFoi p/résolue

environnement et développement« Selon les textes en vigueur, les autorités compétentes peuvent, suivant les cas, faire des mises en demeure, de fermeture tempo-raire ou de fermeture définitive des socié-tés qui ne respectent pas l’environnement. Dans plus de 80% des cas de descentes faites à partir des plaintes reçues, nous avons émis des mises en demeure. Les fermetures tem-poraires ou définitives sont très rares du fait que nous devons aussi tenir compte du volet social et économique », a annoncé un res-ponsable au sein du ministère de l’Industrie. L’application de la loi n’est donc pas rigide

mais flexible, suivant la situation. « Géné-ralement, la résolution des plaintes est tou-jours faite en concertation avec la société polluante », a annoncé le chef de service sur la pollution au sein du ministère de l’Envi-ronnement et des Fôrêts.

Outre cette flexibilité, les personnes vic-times de pollution industrielle n’osent pas souvent porter plainte. Selon l’étude menée par la FAO concernant la pollution des eaux par l’industrie textile à Tanjombato, 68% des riverains enquêtés attendent une ag-gravation du problème pour intervenir, 18%

ont déposé des plaintes sans retour, seule-ment 13% pensent qu’ils doivent prendre en charge la situation et organiser une action collective pour se faire entendre et 1% es-time que chacun, à son niveau, doit contri-buer à la dépollution (comme enlever les ja-cinthes pour faciliter l’écoulement de l’eau). Concernant l’action collective, les avis dif-fèrent : certains pensent qu’il faut obtenir le financement d’une buse pour évacuer l’eau polluée, d’autres qu’il faut intervenir auprès des usines pour qu’elles créent ou utilisent la station d’épuration dont elles doivent être légalement pourvues.

10 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

caPitaL ecO

Outre la pollution industrielle habituelle, Madagascar fait face actuellement à un nou-veau défi, celui des impacts environnemen-taux associés à l’exploitation des ressources minières et pétrolières du pays. 4 projets de grande envergure bouleversent en ce mo-ment le pays. Ce sont le projet QMM Rio Tinto à Taolagnaro qui investit 1 milliard US$ dans le Sud-ouest du pays pour exploi-ter un gisement l’ilménite (pigment utilisé dans la confection de peinture) ; le projet Ambatovy qui est en train d’investir 4 mil-liards US$ pour exploiter un gisement de nickel et de cobalt à Moramanga ; le projet de la compagnie pétrolière Total qui, elle, s’apprête à injecter plusieurs milliards de dollars pour l’exploitation de sable bitumi-neux à Bemolanga et, enfin, le projet de la compagnie chinoise Wisco qui vient d’ob-tenir le permis d’exploitation du fer de Soa-lala. Cette dernière injectera une enveloppe de 8 milliards de dollars dans ce projet. Se-lon l’analyse de la Banque mondiale dans la relance économique de Madagascar, même si ces entreprises ont réalisé ou réaliseront

des études d’impact environnemental (EIE) extrêmement sophistiquées, la gestion des pollutions de l’air, de l’eau et des sols liées à leurs activités représente un défi entière-ment nouveau pour le pays.

Projet de loi et décret en gestationDe source auprès de l’Office national pour l’environnement (ONE), un projet de loi sur la protection de l’environnement pour les compagnies minières était en gestation ; mais, suite à la crise politique qui sévit dans le pays, ce projet est resté en suspens. L’on attend à ce que le gouvernement relance ce projet de loi si Madagascar compte sur un développement durable à partir de ses res-sources minières. Soulignons que jusqu’à maintenant, sur les 4 grands projets, seul QMM est en phase d’exploitation. A partir de l’année prochaine, l’exploitation du nic-kel et du cobalt du projet Ambatovy com-mencera. Le projet de Total à Bemolanga est parmi les plus avancés dans l’exploration de pétrole à Madagascar. Dans les années qui viennent donc, l’exploitation minière à Ma-

dagascar connaîtra de grands changements notamment pour l’environnement.

A part ce projet de loi sur le secteur minier, un autre décret sur la pollution industrielle est en cours. « Notre objectif est de faire sortir ce décret avant la fin de cette année. D’ailleurs, ce projet est parmi les feuilles de route prioritaires du ministère de l’Environ-nement et des Forêts », a déclaré le respon-sable de la gestion de conflit sur la pollution industrielle au sein du ministère de l’Envi-ronnement et des Forêts. Selon ses explica-tions, la loi N°99-021 du 19 août 1999 sur la politique de gestion et de contrôle des pollu-tions industrielles, ne répond plus à la réali-té actuelle. D’ailleurs, le décret d’application n’est pas complet. « Les textes sont obsolètes de ce fait et chacun fait les interprétations à sa guise. Faute de texte réglementaires, la loi N°99-021 du 19 août 1999 sur la politique de gestion et de contrôle des pollutions in-dustrielles n’est pas contraignante », ajoute notre interlocuteur.

Nouveaux défis | Vers l’élaboration de nouveaux textes

BiLan 2008 : Non résolues : 18,18% soit 06 plaintes / 33 plaintes reçues, Résolues : 81,82%

recaptilatifs des plaintes (année 2010)

Page 11: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

11N°5 - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - EXPANSION MADAGASCAR

SMtP : le recyclage des sachets en plastique« La pollution industrielle existe mais n’est pas encore très grave », annonce un respon-sable au sein du ministère de l’Economie. Les industriels prennent aussi leurs respon-sabilités. Bien qu’il n’existe pas encore de dépôt de déchets pour les industries à Ma-dagascar, certaines parmi elles s’engagent à réduire la pollution, entre autres, la société « Vohitra Environnement », qui travaille dans le traitement des déchets industriels et mé-nager ; la papeterie Papmad qui se spécialise dans le recyclage des papiers ; Voarisoa, une association qui travaille dans la gestion des piles électriques usagées, ainsi que la Société malgache de Transformation des Plastiques ( SMTP) et la Société de Fabrication de l’Océan Indien (SFOI) qui travaillent dans le recyclage des matières plastiques.

La SMTP SA au capital de 1 milliard six cent millions ariary, a été créée en 1996. Fondée en 1994, présidée par Ismael Djadawjee et dirigée par Ismael Danil, la société SMTP a démarré dans la transformation des plas-tiques. Pionnier dans son domaine, elle est devenue une référence dans ce secteur d’ac-tivité de transformation. Même si la plupart de ses produits sont issus de recyclage, la société propose des produits de qualité res-pectant la norme internationale ISO.

« Si l’utilisation des sacs en plastique est interdite dans des pays comme le Mexique, ces articles font l’objet de grand usage à Ma-dagascar. Un sac en plastique met entre 400 et 1000 ans à se désintégrer dans la nature. A Madagascar, les consommateurs ont l’ha-bitude de transporter ou d’emballer leurs marchandises avec des sacs en plastique alors que ceux-ci sont généralement des produits non dégradables. Les gens ont la mauvaise habitude de jeter ces sachets dans la nature. Afin de réduire cette pollution, la SMTP a décidé de les recycler. « Pour ce faire, nous travaillons avec les 4’mi », déclare un responsable au sein de la SMTP. D’après ce dernier, ce choix a été fait pour donner une source de revenus à ces 4’mi.

Depuis 2005, la SMTP a transformé près de 3 tonnes par semaine de sachets plastique en sandales dont la majorité est exportée. Dernièrement, la société transforme ces sa-

chets en tube orange. « C’est la Jirama qui utilise ces tubes. Notre production varie en fonction des besoins nos clients », a an-noncé le responsable au sein de la SMTP. « Cependant, nous achetons toujours les sa-chets plastiques amenés par les 4’mi. Nous exigeons à ce que ceux-ci soient bien lavés au préalable. Cela, pour faciliter le recyclage, mais aussi pour apprendre à ces gens la pro-preté et la responsabilité », poursuit notre interlocuteur.

Les sachets sont stockés dans un dépôt, puis triés avant d’être transformés.

La SMTP a investi plus de 186.000 euros pour l’achat de la machine de recyclage. Cette machine peut recycler tous les dé-chets en plastique, allant des plus fins aux plus épais.

« Nous recevons entre 10 à 100 kg de sachet par jour », déclare le responsable au sein de la SMTP.

ambatovy : un programme de réhabilitation pragmatiqueLe projet Ambatovy n’est pas encore dans la phase d’activité industrielle jusqu’à ce qu’il entre dans la transformation des produits extraits de la mine. Cependant, le projet Ambatovy établit déjà un programme de réhabilitation avant même que la produc-tion du nickel et du cobalt – sa principale activité à Madagascar avec 4,5 milliards de dollars d’investissement – commence ef-fectivement. La réhabilitation, comme son nom l’indique, consiste à réhabiliter les parties touchées par les travaux de mine, de construction et de l’installation du pi-peline par lequel le minerai sera acheminé vers l’Usine de Toamasina. Dès 2008, Am-batovy, fidèle à ses principes de considérer comme une priorité absolue la protection de l’environnement avec une gestion aux normes internationales, a commencé les préparatifs. Cette réhabilitation comprend plusieurs volets dont la pépinière, la gestion des biomasses et des terres végétales, la maî-trise des espèces exotiques et envahissantes,

les essais de réhabilitation à long terme et la gestion de la mitigation des impacts du dé-frichement sur les espèces sensibles.

La réhabilitation se fait en même temps que la mine progresse. Pour cela, l’étude des be-soins en plants a montré la nécessité de pro-duire environ 850.000 plants par an pour rendre leur verdure aux terrains touchés dès les quatre premières années de minage. Le processus requiert ainsi 265.000 plants par an dès 2011 en vue de disposer des plants de 3 ans en continu à partir de 2013.

Pour bien garantir le processus, l’impli-cation des communautés dans les zones touchées apporte un plus. Des ouvriers et des villageois ont reçu une formation sur la conduite de pépinière, la collecte de se-mences, la transplantation et sur le suivi de la réhabilitation. La pépinière, à la fin de l’année 2009, a produit 100.000 plants et dispose de 90.000 plants répartis en 56 espèces, élevés par sept ouvriers. En outre, trois sites de pépinières villageoises ont été identifiés dont deux déjà en cours de construction pour pouvoir produire cha-cune 10.000 plants par an.

En ce qui concerne les biomasses, intrants exigés en sol végétal par la réhabilitation mi-nière (compost et fertilisants), le projet loue les services des villageois. A titre d’exemple, une association villageoise a produit, en 2009, 5300m3 de broyat. Le stock disponible de compost d’eucalyptus depuis l’explora-tion s’élève à 15.000m3. Bref, Ambatovy ne laissera pas un vide après l’exploitation de la mine car, avec la contribution des commu-nautés, le projet s’attelle, dès maintenant, activement à la réhabilitation.

La géomorphologie actuelle du secteur de la mine se caractérise par des pentes relati-vement abruptes, des collines et des vallées remplies d’alluvions. La morphologie du ter-rain à la fermeture sera conçue en vue d’une continuité de la morphologie du terrain et des bassins versants entre les terrains non perturbés et les secteurs réhabilités.

Industrie | Prise de responsabilité

Page 12: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

O.N.E. | Tirer leçon des expériences des autres pays

A Madagascar, l’exploration minière avance. Après cette étape, les compagnies minières entreront dans l’exploitation. Le Directeur Général de l’ONE ou office national pour l’environnement donne son point de vue.

Expansion Madagascar : Monsieur le Directeur Général, pouviez nous décrire le rôle de l’ONE dans la préservation de l’environnement contre la pollution industrielle ?Jean Chrysostome Rakotoary : l’ONE octroie le permis envi-ronnemental pour les nouvelles installations. Le promoteur fait une étude d’impact environnemental et sociale en fonction des déchets et propose des mesures appropriées. A partir de ce plan de gestion environnemental du promoteur, l’ONE décide d’octroyer ou non le permis. Pour les installations qui existent déjà, la société doit faire la mise en conformité avec l’environnement. C’est toujours l’ONE qui délivre ce certificat après l’audit environnemental. A part l’octroie de permis, l’ONE gère aussi avec les entités concernés les plaintes environnementales et veille sur le respect de cahier de charge des sociétés.

EM : D’après vous, quels sont les intérêts des industriels à avoir de permis ou certificatJCR : D’abord, l’autorisation est exigée par la réglementation. En-suite, l’obtention du permis améliore l’image de la société vis-à-vis de ses clients et par rapport au marché.

EM : Malgré ces réglementations, il y a toujours des do-léances. Quelles sont les volets à améliorer ?JCR : Les industriels doivent avoir la responsabilité environnemen-tale et sociale. L’approche volontariste est nécessaire. Il y a la cer-tification norme ISO 14000 pour l’environnement, cependant, peu d’entreprise à Madagascar a cette norme.

Il faut aussi appliquer la loi. Certes, elle est difficilement applicable du fait que l’on pèse le pour et contre pour le développement éco-nomique et la préservation de l’environnement. Cependant, il faut toujours opter pour le développement durable.

Les victimes de la pollution devront oser dénoncer afin que l’on

puisse prendre des mesures nécessaires.

Madagascar doit exiger les meilleures technologies disponibles. A voir le cas de certain secteur, il semble que des industries comme la zone franche font de la délocalisation de pollution industrielle. Cependant, avec des technologies propres, l’on pollue moins.

Les cadres légales sont à améliorer. Il n’y a pas de suivi de déchet de la consommation. Les déchets des produits importés restent à Madagascar alors que leur gestion appartient à la société produc-trice. C’est le cas de piles et des batteries.

EM : Quelles sont les mesures à prendre pour la préser-vation de l’environnement face au développement de l’in-dustrie minière?JCR : Les grandes industries font des études d’impact environne-mental. Elles ont généralement la responsabilité environnementale et sociale. Ce sont souvent les petites mines qui ne prennent au-cune mesure pour la préservation de l’environnement. Toutefois, nous devons tirer des leçons des expériences autres pays et voir la réalité au niveau mondiale pour les grandes mines. Madagascar doit se préparer pour ses exploitations futures et voir si le pays a la capacité de gestion en cas d’accident, comme en Louisiane par exemple. Nous devons avoir les dispositifs nécessaires pour la protection de l’environnement. La loi doit répondre à toutes ses questions avant l’exploitation.

Avec les bailleurs de fonds, Madagascar a déjà concocté des pro-grammes pour faire face aux grands projets minier et pétrolier. Ce programme devrait prendre le relais du PE III ou (programme envi-ronnemental III). Le concept est déjà élaboré avec la Banque Mon-diale. La Norvège est prête pour l’appuie de la gestion pétrolière. Malheureusement, la crise politique a stoppé ce programme.

EM : Si jamais, Madagascar n’arrive pas à sortir de la crise politique que se passe-t-il ?JCR : La décision d’investissement est de 10 à 15 ans. Nous avons le temps de mettre les mesures en place. Toutefois, il faut mettre une stabilité politique.

POint de Vue

Jean Chrysostome Rakotoary

Je consomme Malgache, nous y gagnons !12 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

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DESS en étude d’impacts environnementaux« La formation en DESS en étude d’impacts environne-mentaux (EIE) est la seule formation sur l’EIE dans l’Océan indien, voire même en France » d’après le responsable de la formation, Minoson Rakotomalala. Cette formation ini-tiée par l’université de l’Océan Indien, est organisée sous le pilotage de l’université d’Antananarivo en partenariat avec l’Université Montesquieu Bordeaux IV ainsi que de la Ré-gion (Réunion, Maurice). Ce parcours est entièrement lo-calisé à Madagascar. Il a été mis en place initialement pour répondre à des besoins en matière d’études d’impact dans l’océan Indien. Il est vite apparu que cette formation n’avait pas véritablement d’équivalent en France. Il a donc été dé-cidé d’ouvrir un quota aux étudiants du Nord.

Pour une durée d’une année cette formation donne une compétence professionnelle orientée vers la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des études d’impacts environnementaux. On notera qu’au-delà de la stricte étude d’impact (EIE), la dimension études stratégique d’impacts environnementaux (ESIE) est présente dans la formation, ce qui ouvre la voie à l’évaluation environnementale des politiques publiques. Ce cycle a pour objet de former des experts nationaux et étrangers en études d’impacts envi-ronnementaux et planification régionale et ceci en visant une formation polyvalente et interdisciplinaire avec une dominante économique et juridique.

On observera que la qualification économique est encore assez rare dans ce domaine alors que les procédures pré-voient de plus en plus d’y faire appel. On notera également que ces procédures s’imposent de plus en plus largement aux pays du Sud. Il y a là un vaste chantier qui s’ouvre.

CritèresCompte tenu de son caractère interdisciplinaire, la forma-tion peut accueillir des étudiants non spécifiquement éco-nomistes. La formation s’adresse donc à des scientifiques, titulaires d’un diplôme (d’ingénieur ou universitaire) sanc-tionnant au mois 4 années d’étude supérieures ou des pro-fessionnels du secteur public, du secteur privé et des asso-ciations spécialisées dans le domaine de l’environnement. Une commission formée par l’équipe pédagogique étudiera tous les dossiers de façon à identifier les candidats qui peu-vent bénéficier au mieux de la formation (traitement spéci-fique des cas de formation continue)

Contenu pédagogiqueL’enseignement théorique de la formation dure 510 heures. L’introduction aux sciences de l’environnement, le cadre ju-ridique, l’information spatiale de base, l’organisation et ges-tion de projets, la méthodologie d’une EIE, la méthodologie d’un audit environnementale, les aspects économiques : impacts environnementaux, les secteurs générateurs et les récepteurs d’impacts, l’application à la gestion d’un terri-toire, la technique de communication, l’initiation aux TIC, le métier de consultants sont les volets à aborder dans cette formation. Après, les étudiants suivront de stage d’applica-tion professionnel en entreprise de 360 heures. Au terme de la formation, les étudiants ayant passé avec succès les épreuves se voient délivrer deux diplômes : celui de l’Uni-versité d’Antananarivo, qui à l’heure actuelle est encore un DESS et celui de l’Université Montesquieu-Bordeaux IV qui est un master.« 40% des enseignants à cette formation sont des ensei-gnants à l’université d’Antananarivo, 30% des enseignants de l’université de Bordeaux et 30% des professionnels » dé-clare le Professeur Minoson Rakotomalala.

Modalités d’admission« La formation est actuellement à sa 10éme promotion, la rentrée pour la 11éme promotion sera ouverte dès ce mois d’août jusqu’en septembre » annonce le Professeur Minoson Rakotomalala. Les droits d’inscription sont de 40 euros tandis que les frais de scolarité qui couvrent les fournitures techniques, l’utilisation des systèmes et

des données ainsi que les droits d’examen s’élèvent à 1 mil-lion d’Ariary pour la candidature individuelle et 3 millions d’Ariary pour la candidature pour le compte d’un orga-nisme. La formation se tient à l’Ecole Supérieur Polytechnique, Université d’Antananarivo.

Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Nombre étudiants 17 25 19 16 10 15 15 17 26 30

malgache 11 20 7 11 10 14 8 12 19 21

étranger 6 5 12 5 1 7 5 5 9

13N°5 - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - EXPANSION MADAGASCAR

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !

curSuS

Nombre d’étudiants par an

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regiOn | itaSy

14 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

régiOn | itaSY

Une des plus petites régions de Madagascar en surface avec 7 651 km2, l’Itasy regorge de potentiels agroalimentaires. On peut ci-ter l’avocat, l’ananas, la papaye, la canne à sucre, la mandarine… La production annuelle d’ananas tourne autour de 61  700 tonnes selon les données de la Direction régionale du développement rural (DRDR). Rien qu’à Ambohitrambo, la production est de 500 charrettes par semaine à raison de 500 kg la charrette, soit 250 tonnes par semaine. Le tonnage d’autres produits n’est pas chiffré, mais à la récolte, ces fruits sont abondants sur le marché. Sans cela, l’avocat ne coûterait pas 100 ariary l’unité. Bref, la région a assez de production fruitière pour la mettre sur le rail de l’industrialisation. Ce n’est pourtant pas le cas.

Le chef de région, Solomanoro Andriama-lalavonjy explique pourquoi l’Itasy tarde à avancer vers l’industrialisation  : «  La région compte de multimillionnaires et même des milliardaires. Mais ils sont dans la collecte et le transport. Nous enregistrons 273 collec-teurs. Comme quoi, le secteur de la collecte est saturé. Il est temps que ces gens-là bas-culent vers la transformation. Nous lançons ainsi un appel aux techniciens natifs de la région. Ils pourraient aider ces riches collec-teurs à franchir l’étape de l’industrialisation via une sensibilisation et un encadrement technique  ». Pour l’heure, les collecteurs se limitent à ce secteur traditionnel  puisqu’ils ne sont pas sensibilisés sur le potentiel d’investissement et sur la nécessité de faire fructifier leur argent d’une autre manière et en permanence. Dans la collecte en effet, ils

immobilisent leurs ressources financières sur une longue période. Sinon, ils se méfient des techniciens par crainte d’être spoliés.

La proximité avec Tana est un handicap

Pourquoi ne pas faire appel à des investisseurs et industriels d’ailleurs, qui se trouvent en de-hors de la région ? A la région, l’on évoque la proximité avec la capitale comme source de problème en matière d’industrialisation. Les investisseurs préfèrent travailler à Antanana-rivo. La capitale a nettement plus d’attraits que l’Itasy dont le chef-lieu de région se si-tue à 100 km de la capitale. C’est ainsi qu’un natif de la région a implanté à Antananarivo une unité de fabrication de yaourt et de jus naturel très connus des consommateurs des grandes surfaces de la capitale. Cet opéra-teur projette toutefois de mettre bientôt sur pied une huilerie à arachide dans l’Itasy. Les agrumes ont aussi un potentiel élevé, d’au-tant que de nombreux paysans s’engouffrent dans cette filière. La production est écoulée sur les marchés locaux et sur la capitale.

Les poissons font aussi la renommée de l’Itasy. Mais aucune donnée récente n’est disponible. La direction régionale de l’Institut national de la statistique (INSTAT) a été seu-lement implantée dans l’Itasy en 2009 et elle est en train de collecter les données sur 41 indicateurs dont l’agriculture, l’élevage et la pêche, l’accès à l’eau potable et à l’électricité. Concernant les poissons, la région compte 51 lacs. La production de la pêche est vendue sur les marchés locaux et dans la capitale.

Les contraintes du foncier

Tous ces produits ne subissent aucune transformation et ne génèrent donc pas de la valeur ajoutée. Or, la région devrait encore enregistrer une production agricole plus éle-vée que ce qu’elle affiche actuellement. Outre le comportement des riches collecteurs et transporteurs, ce problème trouve son ex-plication dans le foncier. Les vastes terres sont inhospitalières parce que la sécurité des biens et des personnes n’y est pas assurée. Par contre, les terres volcaniques et fertiles ont une concentration démographique très importante favorable aux litiges fonciers. A Anosibe Ifanja et à Sarobaratra dans le district de Miarinarivo, la densité de la population est respectivement de 191 et de 247 habitants par km2. A Ankaranana et Ampary situés sur des sols également volcaniques, cette densité dépasse les 200 habitants/km2.

Il se trouve aussi que les terres fertiles appar-tiennent à des anciens colons. La plupart du temps, leurs héritiers ne les exploitent pas. Et des fois, ces terres ont été cédées à des riches nationaux qui ne les exploitent pas non plus. Elles sont souvent squattées et ne sont donc pas sécurisées sur le plan foncier. Elles ne peuvent pas attirer les investisseurs potentiels de par ce statut foncier. Quant aux squatters, ils ne peuvent pas investir sereine-ment pour la même raison.

Si l’on prend le cas de la commune de Soa-vinandriana, 80% des terres de la commune sont titrés mais la grande majorité l’a été du temps de la colonisation d’après les données

L’INDUSTRIALISATION SE HEURTE A LA TRADITION ECONOMIQUE

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Fanjanarivo Symonette

du Programme national foncier (PNF). C’est ainsi qu’en 2007, la commune a négocié au-près des propriétaires pour céder aux paysans 500 ha. Mais ce problème concerne plusieurs milliers d’hectares de terres fertiles, rien que dans cette commune, soit sur un périmètre de 8 km autour de Soavinandriana. Ce n’est donc pas étonnant si l’Itasy affiche le plus de litiges fonciers au niveau national. L’Institut national de la statistique (INSTAT) précise que 27,3% des fokontany de cette région n’en ont pas enregistrés au cours des 5 dernières années, contre 28,5% au niveau national.

Les forces/faiblesses et les opportunités d’investissement par zone

Selon les caractéristiques naturelles et socioé-conomiques, l’Itasy est subdivisé en 5 sous-territoires selon la Direction régionale du dé-veloppement économique (DRDE) rattachée au ministère de l’Economie et de l’Industrie.

1 - Espace de développement agricole :Situé dans le secteur ouest et sud-ouest de Soavinandriana, ce sous-territoire compte des étendues de pénéplaine latéritique et volcanique. Il développe des cultures plu-viales et la monoculture de maïs y prédo-mine. Cette zone est adaptée aux activités agro-pastorales, d’autant qu’elle compte des vastes terrains de pâturage, des vallées et col-lines favorables à l’agriculture et notamment à deux récoltes rizicoles par an. Des gise-ments miniers y sont également recensés. La zone est ouverte à la région du Bongolava.

Elle est couverte par le réseau téléphonique. Seulement, elle est enclavée. Les communes se trouvent éloignées des informations sur le marché, tandis que les paysans ne béné-ficient pas d’un encadrement technique. La zone manque aussi de matériels agricoles…

2 – Espace de dynamique agricole et commerciale :Intensivement exploitée, cet espace com-prend Analavory, Anosibe Ifanja, Sarobaratra, Ampefy et la zone autour du lac Itasy. Elle est composée de plaines et collines très fertiles.

Imerintsiatosika | Le grenier à riz de l’Itasy Imerintsiatosika est l’un des points névralgiques de l’économie de l’Itasy. Cette commune compte une vingtaine de décortiqueries et de rizeries de toute taille. Elle abrite ainsi le plus d’unités de transformation dans la région. D’après le premier adjoint au maire, Henri Jean Rakotonjanahary, environ 50 tonnes de riz blanc quittent toutes les semaines la commune pour approvisionner les provinces. Il faut y ajouter une quinzaine de camionnettes qui viennent tous les jours pour l’approvisionnement de la capitale. Chaque véhicule transporte entre 2 à 3 tonnes de riz blanc. Le paddy décortiqué à Imerintsiatosika provient évidemment de l’Itasy mais les unités transforment aussi du paddy issu du Bongolava et d’Ambatondrazaka.

Certes, le premier grenier à riz du pays est dans l’Alaotra, mais des collecteurs préfèrent décortiquer leur paddy à Imerintsiatosika du fait que cette commune est proche des marchés de la capitale. La floraison de décortiqueries et de rizeries date d’il y a 5 – 6 ans. Auparavant, la commune n’en comptait que quelques unes. Les collecteurs devaient donc faire la queue et attendre trop longtemps pour être servis. Comme la plupart d’entre eux ont des ressources suffisantes pour acquérir une unité de transformation, ils se sont mis à acheter une pour leurs propres comptes. Depuis, beaucoup de collecteurs se sont lancés le défi de s’acheter chacun une décortiquerie.

Suivant sa capacité, une unité coûte entre 5 et 10 millions d’ariary et emploie en moyenne 5 machinistes, des dockers et manutentionnaires. Seulement, l’augmentation en nombre de ces décortiqueries et rizeries n’a pas changé les tarifs : il faut payer 12 ariary/kg pour décortiquer du paddy sans emporter le son, contre 14 ariary si l’on ramène le son avec soi. Il faut aussi noter que toutes ces unités sont branchées à la Jirama. Et lorsqu’elles travaillent toutes, notamment dans la matinée, la tension électrique baisse et cause parfois des problèmes dans les appareils électroménagers des particuliers. Les petits métiers comme celui du garagiste souffrent aussi de cette baisse de tension.

15N°5 - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - EXPANSION MADAGASCAR

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16 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

D’où la forte concentration démographique. Parmi les opportunités et les bons facteurs d’investissement, il y a le potentiel pisci-cole, la proximité de la RN1 et de la capitale pour l’évacuation des produits, le potentiel touristique qui devrait faire l’objet d’exploi-tation avec la mise en place récente du Co-mité régional de développement du tourisme (CRDT), la production de gingembre de qualité spécifique à Masindray, la production fruitière et les cultures de rente (café arabica, litchi, papaye…). Cette zone peut accueillir des projets de cultures biologiques. De plus, la présence de nombreux projets de déve-loppement contribuent à l’encadrement des paysans et à l’aménagement des infrastruc-tures agricoles dont la plaine d’Analavory, d’Antanimenakely et de Mangabe. De plus, la mise en place du centre de formation agri-cole et touristique d’Antanetimboahangy est en cours. Seulement, l’érosion est une me-nace pour cette zone fertile. Elle est causée par l’exploitation agricole intensive des mon-tagnes et des versants les plus abrupts.

3 – Vallées étroites sur l’axe Soavinandriana-Miarinarivo :Elles sont de nature ferralitique et sont donc peu fertiles. Ces vallées développent la culture maraîchère et rizicole. Elles comp-tent des vastes étendues de forêts de tapia, nécessaires au développement de la filière soie sauvage. Ce sous-territoire est un espace économique très dynamique grâce à la proxi-mité de la RN1. Elle bénéficie d’importantes infrastructures de base dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des services admi-nistratifs. Elle est électrifiée, couverte par le réseau téléphonique et par Internet. Mais il y a le mauvais état de certaines pistes rurales et l’insuffisance des informations sur le marché.

4 – Espace minier mais peu fertile de l’Est et du Sud-Est : Le sol ferralitique et rouge ne donne pas un bon rendement agricole du côté de Mana-lalondo à l’Ouest jusqu’à Ambohijanahary à l’Est. Mais la zone offre des produits agri-coles variés qui alimentent le marché des ag-glomérations aux alentours. La main d’œuvre y est bon marché et elle est très active et dy-namique. La zone regorge de pierres indus-trielles dont le granit et d’autres minéraux. Elle développe aussi les filières soie sauvage et vache laitière et compte ainsi des petites uni-

tés de transformation du lait. Les opportunités de la zone se trouvent dans sa proximité avec les régions d’Analamanga et du Vakinankara-tra, les cultures maraîchères en contre-saison, le savoir-faire des artisans, la présence de la coopérative laitière américaine Land O’Lakes pour l’encadrement technique des éleveurs de vaches laitières… Dans le secteur agricole, la zone compte des décortiqueries et rizeries dont les produits sont très recherchés par les consommateurs. Mais elle est difficile d’accès pendant la saison des pluies.

5 – Massif montagneux des zones agricoles de Manalalondo :Constitué essentiellement de sol volcanique et ferralitique, ce massif produit des pommes de terre en grande quantité et de bonne qua-lité. Il développe des cultures de contre-sai-son et la filière soie. L’opportunité de cette zone est de compter sur des paysans très dynamiques et actifs. Seulement, la topo-graphie est accidentée, alors que les surfaces cultivables sont assez étroites. La disponibi-lité en semences de pomme de terre est sou-vent problématique. Il en est de même de la conservation des variétés productives. Sinon, la zone est difficile d’accès.

Une industrialisation peu développée mais plein d’avenir

L’Itasy compte peu d’unités de transforma-tion malgré l’existence de produits agricoles abondants et de ressources minières. Sinon, il y a l’unité de séchage de fruits et légumes à Ampefy, les débuts du développement de la transformation du lait avec la fromagerie d’Ijely près de Miarinarivo, la fromagerie de l’Itasy à Analavory, la production de fromage, de beurre et d’yaourt à Arivonimamo, etc. Par ailleurs, la transformation du riz dans les décortiqueries et rizeries domine dans la ré-

gion. La commune d’Imerintsiantosika à elle seule compte 13 décortiqueries et 12 rizeries d’après Henri Jean Rakotonjanahary, le pre-mier adjoint au maire. La DRDE affirme que 58 décortiqueries sont recensées à Miarina-rivo, Arivonimamo et à Soavinandriana. La ré-gion est excédentaire en production agricole.

La région compte aussi des unités de trans-formation du bois, mais les produits issus de cette filière se font rares. En revanche, la filière séricicole se développe bien avec le lan-cement d’une marque collective initiée par les acteurs de la filière et appuyée par les projets de développement présents dans la région. Concernant le secteur agricole, le fokontany de Mangatany est connu de nombreux pay-sans dans le pays pour son savoir-faire dans la fabrication de petits matériels. Et dans ce domaine, la situation évolue positivement.

Notons que l’Itasy compte une main d’œuvre talentueuse dans le secteur de l’artisanat. Elle peut être facilement convertible en main d’œuvre industrielle d’après la DRDE. De plus, elle estime que le développement de l’artisanat est une pépinière pour l’industrie. Et cet artisanat devrait être tiré encore plus par le tourisme. Ce secteur-ci devrait bientôt se remettre sur le rail, d’autant plus que la région compte des potentiels importants. La mise en place de la Chambre de commerce et d’industrie en 2009 à Miarinarivo devrait, par ailleurs, contribuer à stimuler ces deux secteurs dans la région. En attendant, les projets comme le Programme de soutien aux pôles des micro entreprises rurales et aux économies régionales (PROSPERER) travaille notamment sur le développement de l’en-treprenariat, la transformation… Les acteurs économiques de la région peuvent également compter sur un paquet d’institutions finan-cières (banque et microfinance).

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A défaut des industriels et potentiels inves-tisseurs de la capitale l’Itasy devrait miser sur les investisseurs de la région océan In-dien, d’après Bayard Ravonison, président de la Chambre de commerce et d’industrie de la région (CCI). Car il n’est pas évident pour un investisseur de gérer deux entre-prises distancées de 100 km. De plus, la capitale offre plusieurs facilités de toutes sortes et des coûts moindres. Avant la crise toutefois, l’entreprise malgache Jason Energy était prête à implanter dans l’Itasy sa 2ème unité de bioéthanol après celle de Katsepy à Mahajanga. Elle voulait occuper une partie du Centre d’expansion régionale de développement industriel et commercial (CERDIC) de Miarinarivo mis en place par le ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie de l’époque.

Un protocole d’accord a été déjà signé. Il porte sur la plantation de cannes à sucre et de paulownia. Cet arbre à croissance rapide devrait être planté en intercalaire avec la canne à sucre et cette option a déjà donné des bons résultats ailleurs. Un site vitrine a été déjà mis en place à Ampefy. Mais la crise a tout freiné. Or, l’Itasy a beaucoup compté sur cet investissement de grande envergure pour la production de bioéthanol, afin de servir de levier pour son industrialisation. Si ce projet s’est implanté dans la région, il au-rait dû en attirer d’autres et peut-être inciter les riches de la région à investir dans des activités de transformation.

Miser sur les produits semi-finisMais une fois ce projet tombé à l’eau, la Chambre de commerce et d’industrie es-

time qu’outre la stratégie pour attirer les investisseurs étrangers, la région devrait at-tirer des investisseurs hors de la région qui pourraient fabriquer des produits semi-finis. Ces derniers pourraient par la suite clore le processus de production à Tana. Cette fois-ci, il faudra jouer avec des facteurs comme la proximité des matières premières, une main d’œuvre très active et appliquée… « Pour l’heure, les opérateurs de la région n’ont pas encore acquis un esprit d’entre-preneur puisqu’ils restent pour la plupart dans le domaine du commerce et de la spé-culation », remarque le président de la CCI.

Il avance également qu’ils sont comme saint Thomas : « Ils ne veulent pas prendre des risques pour un projet tant qu’ils ne voient pas de leurs propres yeux ce qu’il en est pour ce même projet. C’est pour cette rai-son que nous avons mis beaucoup d’espoir sur le projet de Jason Energy ». Car pour les convaincre, il pense qu’il faudrait probable-ment un grand investisseur non issu de la région pour montrer l’exemple, et puis ou-vrir son capital aux riches de l’Itasy. Dans ce sens-là, ils s’approprieront du projet et seront plus tard incités à en mettre un sur pied pour leurs propres comptes.

La CCI se veut un outil de développementCette chambre consulaire entend jouer un rôle dans ce processus. Faisant partie des CCI nouvellement créées, celle de l’Itasy doit encore vivre de la subvention de l’Etat. Mais cette année, elle n’a obtenu que 40% de sa demande en terme de budget. Il lui a donc fallu nouer des partenariats pour meu-

bler ses locaux, 3/4 de ses mobiliers ont été offerts par la Société financière internatio-nale (IFC) de la Banque mondiale. Et l’année dernière, la CCI d’Antananarivo l’a dotée de 4 millions d’ariary pour étoffer un tant soit peu ses frais de fonctionnement. Elle lui a également promis de la doter d’un véhicule dans le courant de cette année. Comme quoi, les CCI s’entraident pour mieux ré-pondre à leur mission d’information et de formation des opérateurs économiques et plus précisément des commerçants et in-dustriels membres.

Sinon, la CCI de l’Itasy travaille étroite-ment avec les projets de développement et les services techniques déconcentrés comme la Direction régionale du déve-loppement économique (DRDE), le projet PROSPERER… Afin de pallier le peu de ressources à sa disposition, elle a fait ap-pel aux opérateurs membres pour occuper le CERDIC. Mais cette initiative n’a pas donné le résultat escompté puisque ces derniers ont l’habitude d’évoluer dans un monde économique non structuré. Mais pour la pérennité du CERDIC, la CCI de-vrait trouver des occupants et elle est à la recherche de partenaires pour gérer en-semble ce centre. Toujours en matière de pérennité, la Chambre devrait aussi l’être. Pour ce faire, elle a pour objectif d’avoir suffisamment d’actifs comme les bâti-ments, d’om son intérêt pour le CERDIC. Le projet PROSPERER est déjà prêt à finan-cer la réhabilitation du bâtiment cédé par la région pour servir de siège à la CCI. Mais il lui faudra d’autres appuis pour parfaire les travaux.

INVESTISSEMENT | NE PAS TROP ATTENDRE D’ANTANANARIVO

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FILIERE TOMATE | LA TRANSFORMATION A ECHOUE3% de la production de tomates dans la région de l’Itasy sont assurés par l’Union d’organisa-tions paysannes Mami III d’Imerintsiatosika. Cette structure permet aux producteurs de mieux s’organiser. C’est ainsi qu’elle a envi-sagé la transformation, il y a quelques années de cela. Il s’agissait de faire de la confiture de tomate et de la tomate séchée. Mais si les producteurs ont bien maîtrisé les techniques, ils ont eu des problèmes en matière de mar-keting. Au programme Saha, l’on explique : « L’aspect même de la tomate séchée n’est pas pour attirer les clients. Il faut y ajouter ces pro-blèmes de marketing. Les paysans ne pensent pas beaucoup au processus de transformation car il ne suffit pas de transformer le produit, il faut lui donner un bel aspect, l’emballer… Voilà pourquoi le séchage de tomate n’a pas pris l’essor voulu ».

Et le programme d’ajouter : « Les paysans n’ont pas encore le goût du risque. Ils n’osent pas aller plus loin. Ils sont très motivés pour suivre la formation et pour effectuer des es-sais. Mais ils ont, par exemple, du mal à four-nir le travail nécessaire pour faire fructifier leur participation à des foires. Ils n’exploitent pas efficacement les contacts qu’ils ont obtenus pendant ces manifestations. Ce manque d’au-dace et de stratégie s’explique par le manque de connexion entre les producteurs et les marchés potentiels ». Cela veut dire que sans des informations plus pertinentes, les paysans ne s’aventurent pas à investir et à s’investir au risque d’y perdre des plumes. Et lorsque les projets de développement les orientent vers les institutions de microfinance, ils n’y vont pas par crainte de ne pas pouvoir rembour-ser. Certes, il y a les risques liés aux relations incertaines production/marché, mais d’après des responsables de projets, les paysans de-meurent pour la plupart des producteurs et

n’ont pas encore l’étoffe pour franchir l’étape de devenir de vrais opérateurs économiques.

Des jeunes s’intéressent à la transformation

Malgré tout, le projet PROSPERER n’aban-donne pas la partie. Il soutient des jeunes qui veulent développer le séchage de tomate. Six jeunes ont suivi cette année une formation sur le séchage de tomate, d’ananas et de papaye auprès du Programme d’appui technique aux producteurs à Madagascar (PATMAD) situé à Ampefy. S’ils maîtrisent bien les techniques de séchage et de conditionnement, ils de-vraient percer le marché. Car les cibles sont les citadins qui ont leurs propres exigences sur l’hygiène et l’aspect du produit.

A terme, l’idée est d’élaborer une marque col-lective comme dans la filière soie. Une initia-tive qui servira d’outil au développement de l’agro-transformation et au marketing des pro-duits. Elle est au stade embryonnaire pour le moment. Il y a quelques années de cela, l’on a parlé d’ériger une usine de transformation de la tomate dans l’Itasy. Le projet n’a pas pris corps. Selon la coordination régionale du projet PROSPERER, il est toujours possible de dimensionner une usine dans la région mais en tenant compte des paramètres clés. Elle entend par cela la formation en agribusiness, l’initia-tion des paysans à l’agriculture contractuelle, le développement de la démarche coopérative.

Pour ce qui est de l’agriculture contractuelle, elle oriente les producteurs vers les opéra-teurs et les habitue au respect de la qualité, du calendrier de la collecte, de la quantité, du délai de livraison, etc. Bref, c’est un moyen de mieux organiser la production, d’améliorer et de standardiser la qualité, de maîtriser la pro-

duction avant de franchir l’étape de la trans-formation. Sinon, il faut inciter les paysans à adopter la démarche coopérative car ils n’iront pas loin avec leurs organisations paysannes. La coopérative est synonyme de partage des risques et des bénéfices. Les membres consti-tuent ensemble le capital et peuvent s’entrai-der, s’autocontrôler…

Des opportunités de marché avec Analanjirofo

Rappelons que la transformation de la tomate a été décidée pour éviter la braderie des prix pendant la récolte. Mais devant l’échec, les paysans ont décidé de produire de la tomate pendant la saison des pluies, une période pen-dant laquelle la production est moindre sur le marché. Dans ce cas-là, ils peuvent récolter plus de bénéfices. La filière tomate est d’une des principales sources de revenus de dizaines de milliers de ménages dans la région d’après les données du programme Saha. Pour la com-mune d’Imerintsiatosika, c’est la première ac-tivité génératrice de revenus et elle concerne 60% des ménages. Via les ristournes, cette filière contribue beaucoup aux recettes des communes productrices.

Afin de structurer la commercialisation, le marché de gros d’Imerintsiatosika non encore utilisé servira de marché aux tomates dans le courant de cette année. Outre ce marché, les producteurs s’intéressent aussi à l’initiative baptisée Bazar Mada comportant le projet de créer un marché physique à Imerintsiato-sika, Arivonimamo et Analavory. Bazar Mada se veut un outil de promotion des échanges commerciaux et économiques entre les ré-gions. Pour commencer, il s’agit de confronter les offres et les demandes des deux régions, c’est-à-dire celles de l’Itasy et d’Analanjirofo.

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Le projet est prévu voir le jour dans le courant de cette année 2010.

D’ores et déjà, les demandes d’Analanjirofo sont affi-chées dans les différents bureaux concernés de l’Itasy. Rien que pour le haricot blanc, elles tournent entre 500 kg et 2 tonnes par semaine par demande. Et il faut noter que les demandes pour ce produit comportant les nu-méros à contacter occupent toute une demi page. Outre la tomate et d’autres fruits et légumes, la région de l’Itasy est également un grand producteur de haricot blanc. Pour la tomate, les paysans produisent en moyenne 20 caisses par saison, à raison de 25 kg la caisse. Le défi est de stimuler les marchés locaux et inter régionaux avant de se précipiter sur le marché extérieur. Cette approche permettra aux producteurs et aux différents acteurs des filières à mieux s’organiser, à coordonner leurs activités et à acquérir ainsi assez d’expériences pour affronter le marché de l’exportation plus tard.

Les forces et faiblesses de la filière

La région dispose d’avantages comparatifs comme le cli-mat permettant de produire sur toute l’année. De plus, elle est proche de la capitale, ce qui facilite et rend moins cher l’écoulement des produits. De plus, les routes et pistes de desserte des communes productrices sont praticables toute l’année. Particulièrement pour Ime-rintsiatosika, elle est encore plus proche des marchés de la capitale. Une situation géographique qui offre une meilleure conservation et un meilleur transport de ces produits facilement périssables. Il faut aussi noter que le marché d’Imerintsiatosika est parmi les plus grandes infrastructures de ce genre dans la région. En matière d’organisation et de coordination, la filière compte des organisations paysannes qui travaillent sur la filière, des structures intercommunales qui s’y penchent aussi ainsi que le Comité régional de coordination de la filière lé-gumes.

Malgré tout, la filière fait face à des problèmes comme l’instabilité des prix causée par l’inadéquation de l’offre avec la demande. L’enquête du programme Saha relève également la faiblesse des acteurs de la filière vis-à-vis des enjeux du marché, c’est-à-dire vis-à-vis de la périssabilité des produits, la dominance des petits exploitants (70% du total) qui ont du mal à produire en février à cause des problèmes de financement. Les institutions financières considèrent d’ailleurs la filière tomate comme « à risques ». Il y a aussi le retard et l’in-suffisance des informations sur le marché d’Anosibe. Elles permettent toutefois de maîtriser les prix. Sinon, les normes communes pour la commercialisation et la production n’existent pas. Et sur le marché d’Imerint-siatosika, les acteurs ne respectent pas les règles sur la vente et la collecte. Elles portent sur les horaires et le site de vente.

Typologie de la filière tomateMademoiselle, Zakarôzy, Madagloby, Kadà, Japoney... Ce sont quelques unes des appellations locales des variétés de tomate et elles dénotent la place de cette culture dans les activités agricoles de la région. Pratiquée sur les rizières en tant que culture de contre-saison, la culture de tomate occupe 1% des terres cultivées de l’Itasy d’après les estimations consignées dans le Programme régional de développement (PRD). Elle s’étend ainsi sur plus de 1 500 ha pour plus de 26 000 tonnes de production et un rendement oscillant entre 12,75 et 20,5 t/ha. Signalons toutefois que ce sont les seules données chiffrées sur la filière et elles datent de 2003. A Imerintsiatosika, la filière compte 5 760 ménages selon l’enquête du programme Saha. Ils se répartissent dans des petites exploitations (1 are), des exploitations de taille moyenne (9 ares) et dans des grandes exploitations (30 ares).

Plus de 80% de la production sont réalisées en octobre et novembre. Or, la marge nette pendant cette saison est négative à cause de l’augmentation excessive de l’offre, alors qu’elle est positive pour la production de février. La production de la commune d’Imerintsiatosika dépasse les 6 500 tonnes par an, contre un peu plus de 1 200 tonnes pour les communes environnantes. Les collecteurs achètent 95% de la pro-duction régionale. 23% de ce volume vont sur le marché de gros d’Anosibe dans la capitale, 26% vont directement sur des marchés de quartiers tananariviens, 36% approvisionnent le marché d’Imerintsiatosika, 12% vont sur la commune de Mahitsy sur la RN4, tandis que 3% sont vendus sur place.

D’après l’enquête du programme Saha : « La fière tomate de la région Itasy est ca-ractérisée par une offre « atomisée » en une multitude de petits producteurs, trop fluctuante en une année, mais rigide en période, et par une demande plus ou moins rigide. Il s’agit d’une filière faible en amont et forte en aval (ce sont la trentaine de grossistes et la cinquantaine d’intermédiaires qui accaparent les plus de 90 % de l’offre régionale, et qui dictent les prix sur le marché). Cette filière pourrait consti-tuer un effet de levier pour le développement économique de la région (les 25 991,2 tonnes d’offre pourraient générer théoriquement 144 000 000 Ar de ristournes pour les communes et la région) ».

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MATERIELS AGRICOLES | UN SECTEUR EN EXPANSIONLe village de Mangatany dans la commune d’Arivonimamo est connu de bon nombre de paysans du pays pour ses petits maté-riels agricoles. Evoquer ce nom est syno-nyme de qualité et de robustesse pour des matériels comme la charrue, la bêche ou « l’angady » ou encore la herse. Ces dernières années, Mangatany n’a plus le monopole de la fabrication de petits matériels agri-coles dans la région de l’Itasy. Il a essaimé dans la région puisque le secteur intéresse maintenant Anosibe Ifanja, Analavory et Soavinandriana. Bref, le secteur connaît un développement certain.

Pour ne rien gâcher, des projets de déve-loppement affirment que le savoir-faire des artisans n’est plus à démontrer. Ils aident d’ailleurs ces derniers à former d’autres ar-tisans pour la relève. Comme dans la filière soie, les artisans du secteur de la fabrication de matériels agricoles se font aussi vieillir. Voilà pourquoi ils n’hésitent pas à partager leurs expériences et leur savoir-faire aux jeunes et d’essaimer un peu partout dans la région.

L’offre s’étoffe avec de nouveaux matérielsSi les clients ont l’habitude d’acheter des charrues ou des herses dans l’Itasy, ils sont étonnés de constater que ces dernières an-nées, l’offre s’étoffe de nouvelles gammes de produits grâce à une formation dispen-sée par la FAO. On peut citer la pompe à pédale pour l’irrigation, le pulvérisateur, la charrue améliorée… La matière première uti-lisée n’a jamais changé, il s’agit du fer, une matière de plus en plus difficile à trouver et qui coûte cher. D’après le projet PROSPE-RER, il faudrait coordonner le système d’ap-provisionnement en matières premières. Ces matériels répondent aux spécificités techniques exigées.

Pour les nouveaux produits comme la pompe à pédale et le pulvérisateur, les prix ne sont pas encore compétitifs comparés aux produits chinois. Il s’agit pourtant de fer de récupération. Une charrue simple coûte actuellement 40 000 à 60 000 ariary, une

charrue double 100 000 ariary. Un pulvé-risateur de 16 litres vaut 50 000 à 60 000 ariary. Pour le moment, ce matériel est en cours de vulgarisation. Et d’ores et déjà, de plus en plus de maraîchers l’utilisent pour le traitement de leurs cultures. Il faut pour-tant proposer des prix adaptés au pouvoir d’achat des paysans.

Pour y remédier, un projet de développe-ment oeuvrant dans la région propose aux paysans des facilités de paiement via une institution de microfinance. L’idée est de les aider à avoir plus aisément accès à ces matériels. Dans l’Itasy, le secteur touche au moins 120 artisans d’après les estima-tions du projet PROSPERER. C’est une ac-tivité principale, notamment pour ceux de Mangatany et d’Arivonimamo. Ces zones ne disposent plus de vastes terrains pour l’agriculture. C’est ce qui explique la place de la fabrication de petits matériels agricoles dans cette zone.

La charrette, une valeur socioculturelle et économique sûreOutre ces matériels, la charrette occupe également une place prépondérante dans les activités agricoles, notamment sur le versant ouest de l’Ankaratra. A la région, l’on estime à 3 000 le nombre de charrettes qui y circulent. Le chef de cabinet de la ré-gion, Roméo Razafindrasata explique : « Cette zone enregistre fort probablement la densité la plus élevée de charrettes dans le pays. Comme son relief est très accidenté, la charrette est le seul moyen de locomo-tion adapté. Elle sert de moyen de transport et représente une valeur socioculturelle et économique très importante pour les gens de la région. Si l’on en possède une et les zébus pour la tracter, l’on est considéré comme riche. Du moment qu’un paysan a assez de moyens, c’est sa première acquisi-tion en matériel ».

Le prix d’une charrette varie de 800 000 à 1 000 000 d’ariary. S’il faut y ajouter les zébus, il faut avoir entre 2,4 millions à 3 millions d’ariary en poche. Dans la zone précitée, les paysans programment l’utilisation de la

charrette selon les récoltes de canne à sucre et de pommes de terre qu’ils produisent eux-mêmes. Mais à partir du mois d’avril, ils descendent dans le Moyen-Ouest pour aider les paysans de la région du Bongolava à transporter leur riz. Autour de la fête de l’indépendance, ils remontent en ramenant du paddy acheté dans le Moyen-Ouest. Et en juillet, ils transportent la production de manioc de la zone de Soavinandriana. En fait, la charrette touche trois secteurs : il y a le côté transformation qui touche la fabri-cation de la charrette en elle-même, le volet activité génératrice de revenus via les acti-vités dans le Moyen-Ouest et à Soavinan-driana et le transport des propres produits des paysans propriétaires. Les fabricants de charrette résident notamment à Arivonima-mo et Imerintsiatosika.

Les petits matériels, une opportunité d’investissementAu niveau national, le ratio est encore de 1 charrue pour 4 exploitations, tandis que 6 exploitations se partagent 1 herse. Ces données sur les matériels de labour à traction animale sont du ministère de l’Agriculture. Etant donné que l’agriculture occupe près de 75% de la population active (donnée de l’Institut national de la statistique ou INSTAT) et que le pays regorge de terres cultivables, des op-portunités d’investissement devraient se présenter dans la fabrication de petits matériels agricoles. Elles pourraient évidemment concerner les zones de pro-duction agricole mais aussi les zones de fabrication de ces matériels. En effet, le ratio dans l’ex faritany d’Antananarivo incluant l’Itasy est encore en des-sous de 1 charrue pour 3 exploitations.

Les matériels d’entretien comme la sarcleuse et le pulvérisateur sont également en nombre insuffisant. Le pays compte un peu plus de 613 000 houes sar-cleuses et 31 500 pulvérisateurs. De plus en plus de régions s’engouffrent pourtant dans le Système de riziculture amélioré (SRA) ou encore dans les cultures maraîchères et fruitières. Ces cultures-là exigent ces petits matériels d’entretien. Mais que ce soit pour les matériels de labour ou d’entretien, ils sont les plus utilisés par les paysans. Pour le labour par exemple, une exploitation agricole pratiquant au moins une culture possède en moyenne 2,25 anga-dy et 0,7 pelle. L’opportunité d’investissement dans le secteur existe donc bel et bien. Seulement, elle a besoin de mesures d’accompagnement comme l’organisation de l’approvisionnement en matières premières, les facilités de financement pour les pay-sans utilisateurs, etc.

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Le séchage de fruits et légumes intéresse les curieux ou ceux qui veulent en faire un métier après la retraite. Pour le moment, rares sont les paysans qui s’y intéressent. C’est ce qu’on constate dans le centre de formation en séchage du Programme d’ap-pui technique aux producteurs à Madagas-car (PATMAD) situé à Ampefy. Mais ces derniers temps, six paysans de l’Itasy et 3 de Vatovavy Fitovinany y ont suivi une formation grâce à la sensibilisation du pro-jet PROSPERER qui dispose d’une antenne dans ces deux régions. Ils veulent travailler dans la transformation de la tomate. La mis-sion du programme est certes de former les gens et il en a formé une soixantaine en 2 ans, mais elle porte aussi sur le suivi post-formation et l’appui à l’installation d’unités de transformation.

Les paysans soutenus par PROSPERER de-vraient suivre cette logique et le processus est enclenché pour aboutir à la transforma-tion et à la commercialisation. Sinon, un opérateur de Morondava a reçu l’appui du centre de formation puisqu’il a déniché un marché de coco séché pour une biscuiterie de la capitale. Il a reçu un séchoir solaire. Sa production aidera la biscuiterie à ne plus importer l’une des ses matières premières de Maurice. Le centre apporte ainsi son appui à des entrepreneurs individuels ou à des associations. Le centre estime toutefois

que les paysans et/ou les opérateurs trans-formateurs pourront mieux répondre aux demandes s’ils constituent un réseau.

L’unité est à dimensionner selon l’investissement

L’unité de séchage peut être dimensionnée à la carte. Cela veut dire que tout dépend du volume de production et de la capacité financière de l’investisseur. Seul le séchoir ne peut pas être modifié. Il s’agit d’un ma-tériel breveté par les Suisses qui contribuent au financement du centre de formation. Ce séchoir requiert un investissement assez lourd puisque l’unité à deux compartiments et d’une capacité de 150 kg s’achète à 5 mil-lions d’ariary. Un petit séchoir vaut 750 000 ariary et ce matériel est actuellement en pro-motion. Son prix descend donc à 500 000 ariary jusqu’à la fin de cette année 2010.

Les infrastructures et matériels nécessaires sont composés de ce séchoir, d’un bâti-ment fermé loin des poussières et autres saletés. En fait, il faut grillager les portes et fenêtres, imposer aux employés des règles d’hygiènes strictes comme le port de gants, de sandales spéciales, etc. La rentabilité dé-pend du volume du marché. Le centre af-firme que cette activité peut aisément faire vivre son homme puisque les demandes sont abondantes, même hors des événe-

ments comme les foires. Les pâtisseries et les pizzaïolo d’Antananarivo ont des gros besoins de fruits et légumes séchés comme le chou, le céleri, le gingembre, l’oignon.

Les préparations avec des produits séchés se multiplient

De plus, le centre organise des séances de dégustation et de démonstration dans les foires afin d’inciter les professionnels et les particuliers à composer des plats avec des produits séchés. Il s’agit, en fait, d’innover pour étoffer la gamme de produits séchés sur le marché. Ainsi, le traditionnel pain aux raisins devrait aussi se décliner en pain et en feuilletés aux fruits séchés. Outre les rhums arrangés avec des épices ou fruits habituels, le centre propose aussi d’autres fruits mais séchés. Autre créneau pour la transforma-tion, les légumes comme la pomme de terre, le chou et la carotte peuvent être séchées et réduites en poudre. Cette préparation peut servir plus tard à la confection d’une purée ou une fois réhydratée, elle peut être incor-porée dans de la viande hachée, etc.

En ce qui concerne la valeur nutritionnelle des produits séchés, les pertes de 20% sont nettement inférieures par rapport à celles qu’on enregistre dans la production de confiture. Sinon, le taux des oligo-élé-ments comme le magnésium et le calcium

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FRUITS ET LEGUMES | LA TRANSFORMATION EN EST A SES DEBUTS

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reste intact. Le séchage se fait entre 60 et 70°C et c’est l’air chaud donné par le brû-leur à gaz et brassé à travers le séchoir qui fait le travail. Il faut permuter régulièrement les claies de séchage pour uniformiser les produits car la chaleur part d’en bas. Ainsi, deux thermomètres sont placés sur le sé-choir et le séchage est terminé lorsqu’ils affichent la même température. La durée du séchage dépend du produit et de la saison. En période de pluie, il faut entre 32 et 38 h pour l’ananas, contre 22 h en saison sèche. L’air est chargé d’humidité tandis que les fruits sont gorgés d’eau pendant la saison pluvieuse. C’est ce qui explique une durée plus longue pour le séchage. Le rendement est de 8 à 10%.

La transformation régule le marché

Le séchage évite aux paysans de brader leurs produits, notamment pendant la récolte. Lorsque ces produits abondent, en effet, sur le marché, les prix chutent, d’autant que la capacité d’absorption des marchés est limi-tée. Avec les produits séchés pourtant, les paysans transformateurs créent de la valeur ajoutée. Ils gagnent en matière de transport car ces produits s’acheminent facilement d’un point à un autre et les frais de déplace-ment ne coûtent pas chers. Autrement dit, ce type de produit offre des conditions plus

souples et moins onéreuses pour approcher les marchés. Seulement, le centre de forma-tion est conscient de la nécessité de fournir aux paysans un important encadrement.

A terme, il pense qu’il est possible d’envi-sager la mise en place de normes de qualité et un label. Pour ce faire, le centre estime qu’il faudra étudier ce qui se fait en Afrique australe. Si des pays de cette région tra-vaillent déjà sur l’élaboration de normes, il faut probablement suivre ce chemin dans la mesure où ces normes sont imposées par les clients. Dans le cas contraire, le pays peut créer ses propres normes. Concernant ce centre, il est certifié bio, une option qui coûte la bagatelle de 3 millions d’ariary.

Par ailleurs, l’éducation des consommateurs est importante parce que les produits sé-chés coûtent plus chers que les frais. Un sachet de 50 g de tomate séchée vaut 2 000 ariary, alors que le tas de produits frais s’achète entre 100 et 200 ariary. En réalité, le prix des produits séchés s’explique par la cherté de l’investissement requis pour l’achat des matériels et l’énergie pour faire fonctionner le séchoir. C’est dans ce sens que le centre qui produit également des produits séchés s’achemine vers l’utilisation du biogaz. Il travaille pour ce projet avec la branche énergies renouvelables du pro-

gramme située à Ambatomirahavavy. L’idée est de développer un séchoir mixte solaire/électricité générée par le biogaz. Elle devrait contribuer à diminuer le coût de production.

Rien ne se perd dans le séchage

Contrairement aux produits frais, les séchés peuvent se conserver une année durant ou plus. Les produits du centre vendus par une coopérative sont analysés auprès du Centre national de recherche industrielle et technologique (CNRIT) de la capitale. Cette option comporte des risques. En effet, les analyses concernent des lots de produits et si jamais elles ne sont pas conformes aux normes requises, tous les lots concernés sont perdus. Voilà pourquoi, PATMAD en-visage de mettre sur pied un mini labora-toire d’analyse.

Il projette également d’étendre la gamme de la transformation. Après le séchage, le centre va créer une vinaigrerie de fruits. Cette unité travaillera avec les écarts de tri des fruits dont l’unité de séchage n’a pas besoin. Cette démarche fonctionne bien dans des pays comme le Sénégal et le Bur-kina Faso avec CAES, l’un des bailleurs de fonds du programme. Les centres de forma-tion de ces pays produisent aussi de l’huile d’avocat.

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Maintenir avec du raphia les greffons atta-chés au cep. Voilà en quoi le raphia condi-tionné en balle par la société Ramanandraibe est utilisé dans la viticulture européenne. Des viticulteurs européens l’apprécient pour son côté biologique ou plutôt naturel. Il est, en effet, difficile d’obtenir une certification bio à cause du problème de traçabilité et d’autres facteurs comme l’accessibilité. Le raphia provient du Bongolava et du Melaky et pour faire les 400 km qui séparent, par exemple, le Melaky à l’Itasy, il faut 2 jours de voyage. Et pendant la saison des pluies, les routes sont impraticables. Sinon, une partie de la production sort par la commune de Kandreho pour rejoindre Maevatanàna et puis Soavinandriana dans l’Itasy. Le trans-port depuis les paysans collecteurs se fait d’abord par charrette et les collecteurs pren-nent par la suite des camions pour achemi-ner le produit.

Le raphia est traité et conditionné à Soavi-nandriana pour être exporté à partir du port de Toamasina. Le marché local n’intéresse pas la société dans la mesure où la concur-rence est déjà très vive. Elle emploie 60 per-sonnes et traite 70 à 80 tonnes de raphia par an. A l’arrivée, le produit est trié parce que les normes imposées par les clients rejettent le raphia de moins de 1,10 m. Le conditionnement en balle peut démarrer selon le grammage et la couleur demandés par chaque client. Le raphia ainsi préparé est ensaché, ou mis en carton assorti du code-barres fourni par les clients.

La ruée vers l’or fait augmenter les prixAlors que la qualité du raphia pose déjà des problèmes, les récolteurs se font rares à cause de la ruée vers l’or dans les régions de production. Cette situation se répercute sur les prix : de 1 400 à 1 500 ariary en 2005, le kilo se situe actuellement à 2 600 ariary. Et les cours risquent encore de flamber avec la montée de la fièvre de l’or dont les cours dépassent actuellement les 80 000 ariary le gramme dans la région. A l’international pourtant, les prix du raphia ne connaissent pas la même flambée. Le prix FOB est aux environs de 1,55 euros/kg. Ce qui veut dire que la marge bénéficiaire demeure modeste.

Or, l’écart de tri est plutôt important à cause des trucages qui se font probablement dans certains maillons de la chaîne d’approvision-nement. Des collecteurs ou des récolteurs mettent du lest (des cailloux et/ou du sable) sur le bout du bouquet de raphia pour l’alour-dir et se faire ainsi plus d’argent. Ils l’humi-difient également pour avoir le même résul-tat. Ce procédé détériore la qualité puisqu’il provoque une moisissure sur le bouquet de raphia. Sur 80 à 100 tonnes de produit, 2 à 3 tonnes sont donc rejetées pour non-confor-mité aux spécifications de qualité exigées. Il faut aussi signaler que l’offre ne suit pas la demande. Car jusqu’ici, les récolteurs se servent du peuplement naturel et le stock de matières premières diminue. Aucun projet de plantation n’est pourtant en vue, alors que les jeunes raphias ne sont exploitables qu’au bout de 10 ans.

Le piment, une filière prometteuse mais peu développéeA part le raphia, la société travaille dans la filière du piment pili pili. Les plantations situées dans la commune de Mananasy se trouvent toutefois dans une zone d’ac-cès difficile. Le kilo du piment est pourtant très intéressant, soit 5 000 ariary/kg. Il fut un temps où la société a distribué des se-mences auprès des paysans prêts à en pro-duire. Mais la production était plutôt déce-vante. Le rendement était de 250 g par pied. Sur le marché local toutefois, le kapoaka vaut 1 000 ariary et il faut 12 kapoaka pour 1 kg. Le cycle de production est court parce qu’il court sur 5 mois et la récolte se fait de décembre à mai. Le piment a une lon-gévité de 3 ans. Jusqu’ici, les paysans font une petite production pour on ne sait quelle raison.

Outre le piment, le gingembre pousse éga-lement très bien dans la région et notam-ment à Masindray dans le district de Soavi-nandriana. Un client de la société a besoin de gingembre séché mais ses commandes sont très espacées dans le temps. Il faut remarquer que le gingembre de l’Itasy est de meilleure qualité : il a un goût citronné et plus épicé et n’est pas très fibreux. De plus, la taille est plus importante que celle du gingembre de Beforona dans le district de Moramanga. Le rendement peut aller jusqu’à 15 t/ha. Comme quoi, ce produit ne demande qu’à trouver un marché pour se développer.

RAPHIA DU MOYEN-OUEST | UTILISE DANS LA VITICULTURE EUROPEENNE

23N°5 - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - EXPANSION MADAGASCAR

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TRANSFORMATION DU LAIT | LA FROMAGERIE D’IJELY CROULE SOUS LES COMMANDESLe fromage de qualité est actuellement très demandé. La preuve en est l’incapacité de la fromagerie d’Ijely à répondre à toutes les de-mandes qui lui parviennent. Située à 5 km de la commune de Miarinarivo, cette unité créée au début des années 80 et gérée par les pères salésiens croule, en effet, sous les commandes. Avec sa capacité de production, elle ne peut répondre qu’aux demandes des restaurants de deux grands hôtels de la capitale. La fromage-rie écoule 60% de sa production auprès de ces derniers, les 40% restants sont consommés par les pères salésiens de Madagascar. Or, les de-mandes ne viennent plus seulement des hôtels et restaurants. Elles concernent aussi la classe moyenne et les grandes enseignes de pizza. Une enseigne tananarivienne à elle seule a un besoin de 200 kg de mozzarella par semaine. La fromagerie lui conseille d’investir elle-même, comme une enseigne très connue le fait déjà.

Bref, la quasi disparition d’une grande unité de transformation du lait du marché a laissé un grand vide. C’est ce qui explique l’abondance des demandes, notamment pendant la haute saison touristique. Elle ne vient plus seulement de la capitale et des hauts lieux du tourisme. La région de l’Itasy commence aussi à avoir ses propres besoins avec l’ouverture d’Ampefy au tourisme. Les petites et moyennes unités de transformation fleurissent autour de la capitale et dans la zone laitière du Vakinankaratra. Ce-pendant, elles ne répondent pas à la qualité de-mandée par les clients exigeants dont les grands restaurants de la Capitale et du Nord (Antsira-nana et Nosy-Be), les enseignes de pizza etc.

Dans la plupart des cas, le lait est trafiqué et/ou

n’est pas conforme aux conditions d’hygiènes requises. Il ne donne pas un fromage de bonne qualité et pose un problème de consommabi-lité pour le gros segment de marché exigeant en normes et qualité. Si 5 à 6 litres de lait tra-fiqués sont mélangés aux 150 litres dont une unité a besoin quotidiennement, tout le lot de fromages issu de cette transformation ne sera pas de qualité.

Un nouvel étable en 2011Ce problème de qualité explique la réticence de cette unité pour travailler en partenariat avec les éleveurs pour l’approvisionnement en lait. Il fut un temps où la fromagerie d’Ijely a travaillé avec des éleveurs des environs pour 900 litres de lait par jour. Mais le trucage ou plus précisément l’ajout d’eau dans le lait a causé des grands problèmes de qualité. Résultat : le partenariat a duré en tout et pour tout un mois. Or, si le lait n’est pas truqué, sa qualité n’a rien à envier à celle des grandes zones de production laitière. A la fromagerie, l’on affirme que la race locale ou métissée de la région donne du très bon lait fromagé. Une qualité qui s’explique notamment par la teneur en protéines et en matières grasses. Signalons que la fromagerie d’Ijely applique le process italien et fabrique des fromages au lait entier décliné en cacciota et en asiago dolce.

Ce process consiste à recevoir le lait dans des tanks dont la température varie de 4 à 8° C. Le lait ne doit pas y rester plus de 48 h. Puis, il est transféré dans la machine pour la transforma-tion. Il faut veiller à ce que le lait ne soit cuit à plus de 65° C. Cette température est nécessaire pour conserver les bonnes bactéries qui partici-pent à la fabrication d’un bon fromage. Après la

cuisson dans la machine, la température est pro-gressivement ramenée à la baisse jusqu’à 37° C. Une heure d’attente est nécessaire et puis, on prend le petit lait revendu aux éleveurs de porcs à raison de 50 ariary/litre. Le fromage est ensuite trempé dans de l’eau salée pendant une journée. Le processus de fabrication s’étale sur 3 jours. Plus tard, les boules de fromage sont stockées dans la chambre froide pour 20 jours.

Afin d’augmenter sa capacité de production, la fromagerie d’Ijely envisage de construire un nouvel étable pour 6 vaches laitières en 2011. Ce projet aurait dû être réalisé plus tôt mais la crise a tout freiné. L’objectif est de doubler la production. Pour le moment, celle-ci répond à la moitié des demandes. Raison pour laquelle la fromagerie a dû rompre les commandes d’un grand hôtel d’Antsiranana et doit également ar-rêter toute prospection de nouveaux marchés. Pour l’heure, la ferme de 25 vaches Holstein dont 14 allaitantes, produit 150 litres de lait par jour. Le rendement est de 12 à 13%. Le taux change selon les saisons. Pendant la saison des pluies, la teneur en fromage du lait est plus éle-vée parce que le fourrage est gorgé d’eau et de micro nutriments. Ce n’est pas le cas pendant l’hiver où le taux chute. La fromagerie ajoute de la provende à l’alimentation de son cheptel à raison d’un peu plus de 4,5 kg de provende par animal par jour.

L’insécurité de l’investissement pose problèmeAlors que le marché du fromage de bonne qua-lité est grand ouvert, l’investissement se fait rare dans le secteur. Cette situation s’explique en partie par le manque de sécurisation de l’inves-

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tissement. On peut citer, entre autres, les feux de brousse qui peuvent ravager en un clin d’œil les fourrages. Il y a aussi la montée de l’insé-curité caractérisée par les actes de banditisme. Or, le prix d’une vache laitière Holstein est en baisse par rapport à il y a 3-4 ans. Il varie de 1,5 à 3 millions d’ariary l’unité. Des éleveurs et de simples opérateurs économiques de la capitale et de ses environs veulent en profiter puisque des éleveurs du Vakinankaratra se séparent de leur cheptel faute de débouché.

Outre le problème de sécurisation de l’investis-sement, cette opportunité coûte plutôt cher à cause du manque de fourrage et de foin dans les environs d’Antananarivo. Il arrive que ces éleveurs et apprentis éleveurs viennent s’appro-visionner jusqu’à Ijely. La fromagerie vend ainsi du foin à 250 ariary/kg et dernièrement, elle a écoulé 7 tonnes de foin. Les éleveurs doivent ajouter à ce prix les frais de transport. Sinon, ils vont à Ambohimandroso et à Ambohibary Sambaina pour chercheur du fourrage d’avoine

dont le kilo auprès du producteur vaut 120 ariary.

L’avoine et le brachiaria sont à cycle court et donnent du fourrage dès le 2ème mois. Ils se pratiquent en culture de contre-saison. Selon les estimations du Madagascar dairy board (MDB), les besoins en fourrages autour de Tanà sont de 60 000 tonnes par an. Ils sont de 20 000 tonnes par an pour le foin. Etant donné le déve-loppement de l’élevage de vaches laitières dans les alentours d’Antananarivo, la production de fourrage présente une grande opportunité d’in-vestissement. Par contre, le foin exige beaucoup d’investissement parce qu’il faut disposer d’une presse à foin.

L’élevage intéresse les jeunesConcernant les activités des pères salésiens à Ijely, elles comprennent aussi la formation de jeunes paysans sur trois modules, à savoir l’élevage et la provenderie, l’agriculture, le com-merce et le marketing. Mais c’est l’élevage à

cycle court qui attire les jeunes. Un choix qui s’explique par la recrudescence de l’insécurité. Les gens évitent d’avoir leurs biens (cheptel et cultures) situés loin de leur habitation. Le centre de formation d’Ijely compte 25 à 30 jeunes par session de 21 jours. Les frais de participation sont de 22 000 ariary par personne, héberge-ment et restauration compris.

Jusqu’ici, le centre n’a pas pu faire le suivi des jeunes sortants. Il faut souligner qu’il subven-tionne déjà la formation. Il projette toutefois de faire ce suivi à partir de cette année. L’année der-nière, la formation a connu beaucoup d’engoue-ment, contrairement à 2010. Sinon, le centre in-vestit dans la culture maraîchère. Comme pour le formage à ses débuts, la production satisfait la consommation des pères salésiens et de la cantine de l’école salésienne d’Ijely. Cette can-tine nourrit 30 élèves par jour, consomme 17 tonnes de riz par an et prépare pour eux un plan de viande deux fois par semaine. Les légumes accompagnent aussi le riz donné aux élèves.

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PISCICULTURE | UN SECTEUR D’OPPROTUNITE MEME DANS L’ITASYParler de l’Itasy, c’est évoquer une série de lacs poissonneux. Mais la région compte quelques producteurs d’alevins. C’est le cas de l’Association d’agents piscicoles d’Am-bohidray (ASPAMI) dans la commune de Miarinarivo. Elle travaille à la station fores-tière du ministère de l’Environnement et des Forêts selon un contrat de transfert de gestion assorti d’une redevance de 120 000 ariary par campagne de production. Situés à 3 km de la ville, ses 26 bassins sont dédiés principalement à la production d’alevin. Le marché n’est pas seulement celui de l’Itasy puisque des clients viennent de loin comme ceux de Manambato dans le district de Bric-kaville. Sinon, l’association reçoit des com-mandes lors du réempoissonnement des lacs de la région. Des rizipisciculteurs et des gens qui ont des bassins passent également commandes chez elle. En fait, les demandes en alevins existent bel et bien.

La concurrence existe puisque deux villages comptent également des producteurs d’ale-vins. Tout dépend de la qualité de l’alevin.

Si celui-ci meurt après une brève exposition à l’air libre, il n’est pas de bonne qualité. Sa couleur aussi joue un rôle déterminant quant à son état de santé. Si l’alevin est co-loré de rouge-jaune, il est fort. Quand il a une couleur qui tire sur le blanc, il est fra-gile. La qualité s’obtient avec la bonne pré-paration du bassin, l’alimentation, la qualité de l’eau…

La production d’alevins demande du travail

Si l’on veut produire des alevins forts et bien portants, il faut préparer correctement le bassin d’après un membre de l’ASPAMI. Le travail commence par l’assèchement du terrain, l’épandage de 8 brouettes de fumier et de 20 kg de dolomie par bassin de 4 ares. Il faut laisser le travail au sec pendant un mois pour que chasse du bassin tout œuf d’insectes ou d’autres poissons suscep-tibles de concurrencer les alevins. Une fois ce délai passé, il faut aplanir le sol et remplir d’eau le bassin. Chaque bassin est doté de

2 géniteurs pour 1 génitrice. Celle-ci donne en moyenne 10 000 alevins par campagne. Afin d’éviter qu’elle mange ses œufs, il faut clôturer les tiges composées de fibre de coco sur laquelle elle pond ses œufs.

La saison favorable à la ponte se situe entre septembre et février et il est possible d’orga-niser deux reproductions par saison. L’œuf met 3 à 6 jours pour éclore. A son éclosion, l’alevin mesure entre 1 et 2 cm et peut être vendu à cette taille-là à 60 ariary l’unité. L’association affirme ne pas donner de la provende à ses alevins pour éviter aux pisci-culteurs d’engager un lourd investissement pour l’alimentation. Car s’ils n’ont pas assez de moyens pour poursuivre l’alimentation à la provende, les alevins ne se développe-ront pas correctement. L’alevin a également besoin d’une eau plutôt trouble pour vivre et se développer. Sinon, les géniteurs et les alevins sont principalement nourris au son de riz dont le kilo s’achète à 300 ariary. Pour ses bassins, l’ASPAMI achète 100 kg de son par mois.

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Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra !

Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra !MIVIDY MALAGASY AHO SATRIA :• Fantatronympamokatra.• Manara-penitranykalitao.• Ampahafantarinaahynytokonyhofampiasananyvokatra.

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FILIERE SOIE | VERS LA VULGARISATION DE LA MARQUE COLLECTIVE

L’Itasy est connu pour sa filière soie qui se développe avec les forêts de tapia. Cette fi-lière est parmi les priorités de la région car qu’elle devrait produire des effets durables et significatifs. C’est dans ce sens qu’un plan d’actions prioritaires a été élaboré pour son développement. Il comprend deux sous-secteurs, la filière soie et le tissage. La filière compte 500 tisserands et fabricants d’articles en soie selon Jean Olivier Ran-driamiarinjato, coordonnateur régional du Programme de soutien aux pôles des micro entreprises rurales et aux économies régio-nales (PROSPERER).

Il note que le savoir-faire dans cette filière passe d’une génération à l’autre et que les tisserands tout comme les fabricants prennent de l’âge. Afin d’assurer la relève, ils forment les jeunes qui s’y intéressent. Le même mode de transmission du savoir est pratiqué dans d’autres secteurs comme la fabrication de petits matériels agricoles. Cet apprentissage est nécessaire, d’autant que dans l’Itasy, la qualité de la soie est in-férieure à celle de l’Amoron’i Mania. Pour la plate-forme des acteurs de la filière (VMSL) et les projets de développement soutenant la filière, le défi est d’améliorer cette qua-lité. Plusieurs actions ont été menées pour le relever.

La marque collective pour booster la filière

Les premières actions ont porté sur la for-mation des artisans dispensée par des grands de la filière dont Rakotomalala d’Il-anivato dans la banlieue de la capitale. Elle a porté sur le tissage, la filature, la teinture naturelle. Depuis toujours, les artisans de l’Itasy ont eu l’habitude d’utiliser de la teinture chimique, alors que la teinture naturelle est très prisée par les clients. Elle peut s’obtenir avec de l’argile, du piment, de l’écorce de certains arbres… Plus tard, les artisans bénéficiaires de cette formation ont partagé les connaissances et savoir-faire acquis à leurs homologues. Le PROSPERER

a également initié des formations pour les micro entreprises sur des modules comme la création de motifs appelés « kotofahana », la finition, etc.

Après la formation, des projets de dévelop-pement ont répondu présents à la demande des artisans sur la nécessité de créer un label ou plutôt une marque collective. Au pro-gramme SAHA, l’on précise que cette initia-tive concerne le processus de préparation du fil de soie. Il faut souligner que l’Itasy est, par exemple, le seul à pratiquer une technique de filature à la main appelée « foly akalana ». Au tissage, elle donne un tissu un aspect plus lâche que celui de l’Amoron’i Mania. Au programme SAHA, l’on affirme que la mise en place d’une marque collective a redyna-misé la filière. Il cite le projet de PROSPERER de créer un pavillon de vente à Arivonimamo II, la formation en anglais d’artisans en par-tenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Antananarivo.

De plus, presque tous les projets de déve-loppement dans la région et les démem-brements des ministères concernés sou-tiennent la filière. Bientôt, une commission sera mise en place pour étudier le dossier de ceux qui veulent utiliser la marque col-lective. Les critères sont déjà établis ainsi que le cahier des charges. Il faut y ajouter le futur programme de vulgarisation de la marque que ce soit au niveau des acteurs que du marché. L’objectif est de donner à la nouvelle marque plus de visibilité.

La dimension entrepreneuriale est encore faible

Deux lauréats régionaux sur 4 sélection-nés pour participer à la foire de l’artisanat Sehatra 2010 en juillet dernier au Palais des sports de la capitale, sont issus de la filière soie. C’est le reflet de la dynamique de la filière, d’autant plus que les visiteurs ont apprécié les produits de l’Itasy. Cette dy-namique s’explique, entre autres, par l’éla-boration de la marque collective et par la

formation en stylisme soutenue par la CCI d’Antananarivo. Certains artisans ont même créé une boutique à Arivonimamo. Malgré ces signes positifs, la filière rencontre des difficultés comme une organisation encore problématique et une dimension entrepre-neuriale peu développée. Ainsi, si Soavi-nandriana produit 400 kg de soie sauvage par semaine, cette production va vers Am-bohidrabiby dans l’Analamanga au lieu de servir les artisans d’Arivonimamo. Or, les matières premières dans l’Itasy se révèlent insuffisantes.

Les artisans doivent aussi importer de la soie sauvage d’Amoron’i Mania. Les acteurs de la filière dans cette région ont déjà une importante expertise en la matière. Dans l’Itasy, une association travaille depuis longtemps mais dans la discrétion dans la restauration des forêts de tapia. La région a pourtant besoin d’accélérer le repeuplement des tapia. L’ONG Planète urgence est prête à financer ce projet. Elle a déjà décaisse un financement, encore modeste, mais suffi-sant pour démarrer.

Cette année, 5 000 pieds de tapia et 5 000 autres essences seront mis en terre. Ces dernières serviront de bois de chauffe car si la population n’en a pas à sa dispo-sition, elle sera toujours tentée de couper les tapia nécessaires au développement des insectes qui produisent la soie sauvage. Le repeuplement s’accompagnera aussi de la valorisation des herbes et des champignons dans les forêts de tapia. Les herbes pourront servir à la vannerie, une filière qui se déve-loppe beaucoup dans l’Itasy. L’on ajoutera à ce projet de plantation de tapia le renouvel-lement des transferts de gestion de forêts confiée aux communautés de base. Sinon, la filière ne dispose pas de données statis-tiques fiables, d’autant plus que certaines matières premières viennent d’Amoron’i Mania. Cette année, le programme Saha compte mener une enquête pour mieux connaître l’évolution de la filière.

27N°5 - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - EXPANSION MADAGASCAR

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28 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

actuaLiteS

La crise politique débutée à la fin de l’année 2008 a stoppé le cycle de croissance que Madagascar a connu depuis un certain temps. En ef-fet, entre 2003 et 2008, le PIB a augmenté, en termes réels, de 5,6 % en moyenne par an. Et si la croissance du PIB a été de 7,1 % en 2008, en 2009, selon les estimations de l’INSTAT, la décroissance a été de -3,7 %.

Cette situation a entraîné en conséquence une nette dégradation du marché du travail dans la Capitale. Le taux de chômage, pourtant structurellement faible à Antananarivo, est passé de 5,2  % au pre-mier trimestre 2006 (niveau stable par rapport à 2004) à 6,8 % au premier trimestre 2010, ce qui correspond à une augmentation de près de 20 000 chômeurs. Cet accroissement important du nombre de chômeurs tient à un double phénomène. Il traduit d’une part la difficulté plus grande des jeunes diplômés à s’insérer sur le marché du travail. Les primo-demandeurs (chômeurs cherchant un premier emploi) sont en effet passés d’environ 10 000 en 2006 à près de 20 000 en 2010. Mais cette augmentation du taux de chômage est aussi la conséquence d’une augmentation des licenciements opérés par le secteur privé formel. En effet, selon l’enquête de 2010, 60 % des chô-meurs anciennement occupés ont déclarés être à la recherche d’un emploi à la suite d’un licenciement contre 53 % en 2006. Or ces licen-ciés proviennent en majorité des grandes sociétés privées (49 % des cas) et de la zone franche (36 % des cas), une part très supérieure à ce que ces deux secteurs représentent en termes d’emplois.

Cependant, le chômage n’est pas un indicateur suffisant des tensions sur le marché du travail urbain dans un pays en développement. En effet, dans la mesure où le niveau de pauvreté y est élevé et où le tra-vail constitue la principale source de revenu possible, le chômage est souvent un «luxe» que seuls les moins démunis peuvent se permettre. Pour tous les autres, l’exercice d’une activité, fut-elle de faible produc-tivité, est une obligation. De ce fait, on considère d’autre indicateur qui est le sous-emploi. On distingue ainsi usuellement deux autres fa-cettes du sous-emploi, qui sont le sous-emploi lié à la durée du travail et les situations d’emplois inadéquats. La première est définie comme l’ensemble des personnes travaillant moins de 35 heures pas semaine à leur corps défendant, tandis que la seconde caractérise les emplois à temps pleins dont la rémunération horaire est inférieure au salaire minimum en vigueur. Ainsi, pour le sous-emploi lié à la durée du travail, 12,1 % des actifs sont dans ce cas en 2010, une proportion inférieure de un point à celle de 2006. Paradoxalement, des horaires de travail très élevés peuvent parfois être signe de sous-emploi lorsque cette charge de travail est rendue nécessaire par une rémunération du travail excessivement faible. Si on mesure cette rémunération par rapport au SMIG horaire de 2001 en Ariary constants, la proportion d’emplois inadéquats passe de 47,3 % en 2006 à 51,5 % en 2010, soit une dégradation de plus de 4 points. En réunissant les 2 mesures du sous-emploi (sous-emploi lié à la durée du travail et situations d’emplois inadéquats), deux travailleurs sur trois sont classés comme sous-employés. Ce qui témoigne l’ampleur de la crise de l’emploi actuelle.«L’augmentation de l’emploi», en dépit de la crise, est essentielle-ment à mettre à l’actif du secteur informel dont l’effectif a enregistré 116 000 emplois supplémentaires sur cette période. Il représente ainsi 65,1 % des emplois en 2010, un poids jamais encore atteint aupara-vant. Même lors de la crise sévère de 2002, l’informel ne représentait que 59,8 % des emplois malgré les fermetures généralisées d’entre-prises. A l’inverse, le secteur privé formel a connu une baisse de 4 % de ses effectifs, du fait d’une compression massive des emplois dans la zone franche (-16 000 emplois). La zone franche malgache, qui avait constitué un modèle de réussite économique au cours des années 1990, et qui avait péniblement réussi à récupérer du choc sévère de

la crise de 2002, est aujourd’hui en danger de disparition. Elle ne re-présente plus que 4,8 % des emplois et connaît ainsi une régression brutale.

Le recul de l’emploi dans le secteur privé formel a aussi été accom-pagné d’un changement de structure, le secteur industriel moderne voyant son poids dans l’emploi se réduire très nettement. Si 44,8 % des actifs du secteur formel travaillaient en 2006 dans l’industrie, seuls 38,2 % sont dans ce cas en 2010.

En résumé, on note une dégradation du marché du travail, entre 2006 et 2010, marquée par une augmentation du chômage et du sous-em-ploi et, surtout, une explosion du secteur informel de subsistance, un recul du pouvoir d’achat des travailleurs et une augmentation des iné-galités. Les résultats des efforts obtenus en matière de réduction de la pauvreté au cours des dernières années risquent ainsi d’être com-promis. Il est donc urgent de trouver une solution rapide pour pallier cette situation et d’inverser cette conjoncture dangereuse.

Actualités économiques | LA SITUATION DE L’EMPLOI DANS L’AGGLOMERATION D’ANTANANARIVO EN 2010

Comme nous pouvons le constater sur ce dernier graphique, durant le mois de juin et juillet 2010, l’euro a tenu bon (et s’est même légèrement apprécié) par rapport au dollar. Cela explique en partie l’appréciation de l’euro (toujours pour la même période) par rapport à l’ariary. Devant la remontée de l’euro, le dollar a donc cessé d’être une valeur refuge et cela explique en partie la baisse du dollar (par rapport à l’ariary) à partir de fin juin. Selon les analystes, la leçon à retenir est qu’à court terme, l’évolution de l’ariary semble réagir plus à la parité euro/dollar qu’aux fondamentaux (croissance, balance commerciale, inflation, etc.) de l’économie malagasy.

Evolution des cours du dollar et de l’euro par rapport à l’ariary

Page 29: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

La vie du SIMOutre le quotidien du Syndicat à travers les événements marquants et les récentes actions menées pour chaque bimestre, nous vous apportons un plus, dans cette pa-rution, en vous livrant des chiffres récents sur le poids économique de l’ensemble de ses industries membres.

Les Evènements du bimestre :

Trois nouvelles adhésions à la grande famille des IndustrielsLe SIM a reçu l’adhésion de trois nouveaux membres. Il s’agit notamment de Lazan’i Betsileo S.A, TECHNO-PET MADAGASCAR SARL et FOOD AND BEVERAGE SARL.Deux membres du Comité Directeur et la Chargée d’Etudes du SIM ont eu le privilège de visiter « Food &Beverage SARL » et « TECHNOPET » au début du mois de Juillet 2010.

« Food &Beverage SARL » se spécialise essentiellement dans la fabrication de boissons et d’eau minérale ga-zeuses, entre autres la boisson « Soda King », et de produits laitiers, en l’occurrence les Yaourt « Yama ».« TECHNOPET », quant à elle, fabrique des emballages en plastique (bouteille préforme, bouchon en plas-tique…)Ces deux unités industrielles contribuent au total à la création de près de 80 emplois, lesquels s’élargiront bientôt à plus d’une centaine vu l’extension prochaine de leurs activités.

Le SIM, invité d’honneur à la Semaine du Génie Industriel du 21 au 24 Juin 2010En quête de promotion de la filière « Génie Industriel » et de développement d’un partenariat à long terme avec les entreprises, l’Association des Etudiants en Génie In-dustriel a organisé la « Semaine du Génie Industriel » du 21 au 24 Juin 2010 au Campus Universitaire Régional de Vontovorona.Cette manifestation a vu la présence du SIM, via son Vice Président, Monsieur Fredy RAJAONERA, lequel a lancé un message d’encouragement à l’endroit des étudiants afin qu’ils répondent efficacement à la qualifi-cation exigée par les industries pour accompagner très prochainement leur croissance.

Le SIM, en mission à Antsirabe pour un atelier de travail sur le Tableau de Bord Economique - TBE Afin de permettre aux acteurs économiques de disposer d’informations/d’indicateurs susceptibles de décrire la situation conjoncturelle de l’économie en temps voulu, l’Institut National de la Statistique-INSTAT a initié la mise en place d’un Tableau de Bord Economique- TBE lequel s’insère dans la Stratégie Nationale de Dévelop-pement de la Statistique à Madagascar.

Un atelier de travail y afférent s’est tenu à Antsirabe les 29 et 30 Juin dernier auquel le SIM ainsi que d’autres en-tités impliquées dans la production d’analyses conjonc-turelles telles que  : la Banque Centrale de Madagascar - BCM, l’Office Malgache des Hydrocarbures – OMH, la JIRAMA, la Direction Générale du Budget- MFB, la Direction Générale de l’Economie- MEI, le Ministère de l’Intérieur, le Ministère du Transport, le Ministère du Tourisme, la Chambre de Commerce et d’industrie d’Antananarivo-CCIA ont participé. Ce TBE sera bientôt lancé.

Le SIM, représenté à la séance de débat concernant la note de politique sur le secteur de l’électricité à MadagascarMonsieur Sulemanji HAIDERALY, Administrateur, a représenté le SIM à la séance de débat sur la note de politique sur le secteur de l’électricité à Madagascar qui s’est tenue dans les locaux de la Banque Mondiale le 22 Juillet dernier.

Le SIM, présent à la Conférence des organisations intermédiaires ACP-UELe Directeur Exécutif du SIM a assisté à la conférence des organisations intermédiaires ACP-UE les 12 et 13 Juillet 2010 à Bruxelles.

Le SIM, Partenaire du développement de ses entreprises membres via CAPDEV- OI

« CAPDEV OI », tel est le pro-jet piloté par la Chambre de Commerce et d’Industrie France Madagascar – CCIFM auquel s’attèlent plusieurs partenaires régionaux et européens dont figurent entre autres le SIM, l’ADIR - Association pour le Développement Industriel de la Réunion - et l’OPACO - Or-ganisation Patronale des Co-mores. Lancé officiellement par une conférence de presse en date du 04 Août dernier, ce projet, en grande partie financée par

l’Union Européenne à travers PROINVEST, vise à amé-liorer les services fournis par les organisations intermé-diaires à leurs membres et permettre aux opérateurs ACP de l’Océan Indien de trouver des partenaires eu-ropéens pour réaliser leurs projets de développement.

Le SIM, participant à la Table ronde sur la DouaneLa Table Ronde sur la Douane du 10 Août 2010 à An-tsirabe, a été marquée par la présence du SIM, occasion pour laquelle les problèmes auxquels font face les in-dustries membres ainsi que leurs observations en ma-tière de procédure douanière ont été émises.

Les récentes Actions menées :

Diffusion de spots à la télévision dans le cadre de la campagne de communication sur les produits locauxFervent dans la promotion des produits locaux et dans la mise en exergue des avantages de consommer mal-gache, le SIM a diffusé 4 spots publicitaires sur les chaînes de télévision pendant 3 semaines à compter de la deuxième quinzaine du mois de Juillet 2010.Ces spots mentionnent en « packshot » de fin le slo-gan : « MANJIFA NY VITA GASY AHO, TOMBONY HO AN’NY REHETRA », autrement dit : « JE CONSOMME MALGACHE, NOUS Y GAGNONS ».

Vie du SiM

Page 30: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

Vie du SiM

Prémices d’assainissement du marché intérieur- Une note de service limitant les contrôles des agents du Ministère du Commerce à des agents uniquement mandatés par leurs supérieurs, en l’occurrence la note n° 035-10/MINCOM/SG/DGCI relative à l’organisation du travail au niveau central et des Directions Régionales du Commerce en date du 28 Mai 2010, a été sortie suite à la proposition du SIM.- Plusieurs comités, au sein desquels le SIM est repré-senté, ont été mis en place à l’issue des diverses réu-

nions d’échanges avec le Ministre du Commerce et son département, entre autres la plateforme d’échanges sur le commerce intérieur, le comité national des mesures correctives commerciales, et le comité relatif à la mise en conformité des produits importés.

Propositions de mesures de sauvegarde de l’industrie nationaleDes mesures urgentes en matière douanière ont été émises aux instances de décisions administratives dans le cadre de la lutte contre la fraude et essentiellement

pour la sauvegarde de l’industrie nationale, créatrice de valeur ajoutée, d’emplois, et de richesses pour l’éco-nomie.Suggestions sur le contrat d’approvisionnement en énergie électriqueLe SIM a assuré la compilation et l’envoi de la propo-sition de l’ensemble du secteur privé concernant le contrat d’approvisionnement en énergie électrique à l’Office de Régulation de l’Electricité –ORE après orga-nisation d’une réunion d’échanges préliminaire y affé-rente qui s’est tenue au siège le 09 Juillet dernier.

En 2009, les membres du SIM ont réalisé un chiffre d’affaires cumulé de 734 196 114,52 USD, représentent 46 079 emplois directs avec une masse salariale de l’ordre de 61 414 741 USD, ont versé à l’Etat 137 340 317,34 USD à titre d’impôts, droits et taxes et ont investi à hauteur de 1 538 150 405 USD.

Mais quel poids représente ces chiffres au niveau de l’économie nationale ?Les données des 4 dernières années vont sont livrées pour arguer dans ce sens.

Contribution aux investissements productifs

Taux de croissance du PIB au prix constant2006 2007 2008 2009*

taux de croissance du piB au prix constant

5% 6,20% 7,10% 0,60%

déflateur du piB 11,50% 9,60% 9,20% 9,50%

piB au prix constant (prix de 1984) - en Mds ar -

548 582 623 626,7

piB au prix courant - en Mds ar -

11 815 13 760 16 100 17 806

Source : Institut National de la Statistique / * : Suivant loi de finances 2010

Structure du Produit Intérieur Brut au prix constant : année 2006 2007 2008 2009*

au prix courant (en milliards d’ariary)

Consommation 10 714,4 12 721,6 13 888,9 14 918,9

publique 1 033,6 1 691,2 1 808,9 1 927,5

privée 9 680,8 11 030,4 12 080,0 12 991,4

Investissement brut 2 988,6 4 030,0 7 093,9 5 743,3

public 1 246,4 962,8 1 141,5 524,4

privé 1 742,2 3 493,2 5 952,5 5 462,9

au prix constant de 1984 (en milliards d’ariary)

Consommation 478,1 495,0 495,3 492,0

publique 39,5 57,1 56,2 58,4

privée 438,6 437,9 439,1 433,6

Investissement brut 109,7 132,5 221,5 173,3

public 47,2 32,7 37,0 15,0

privé 62,5 110,9 184,5 158,3

taux de croissance réel

Consommation

publique -11,50% 44,70% -1,60% 3,90%

privée 1,70% 0,10% 0,30% -1,30%

Investissement brut

public 23,30% -30,70% 13,10% -59,50%

privé 16,50% 59,70% 84,80% -19,60%

Source : Institut National de la Statistique / * : Provisoire INSTAT

Part de l’investissement privé dans le PIB2006 2007 2008 2009*

part de l’investissement privé dans le piB

14,70% 25,40% 37% 30,70%

part de l’investissement privé dans l’investissement total

58,30% 86,70% 83,90% 95,10%

Source : Institut National de la Statistique / * : Provisoire INSTAT

La croissance économique s’est accélérée de 2006 à 2008 passant de 5% en 2006 à 6,2% en 2007 et à 7,1% en 2008. L’investissement privé a constitué la grande locomotive de cette croissance. En effet, en analysant la structure du PIB, l’investissement privé a enregistré une hausse annuelle de 59,7 % de 2006 à 2007 et 84,8% de 2007 à 2008. Cette hausse a été essentiellement tirée par les grands projets miniers.

De plus, l’investissement privé a contribué à hauteur de 14,7%du PIB en 2006, 25,4% en 2007 et 37% en 2008.

Le poids économique du SIM à la loupe

Part de l’investissement privé dans le PIB

30 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

Page 31: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

Poids économique du SIM en termes d’investissements2008 2009

investissements SiM4 338

Mds ar3 006,53 Mds ar

part des investissements du SiM dans les investissements privés

73% 55%

part des investissements du SiM dans le piB 26,90% 16,90%

Source : SIM

En ce qui concerne l’ensemble des industries membres du SIM, elles ont investi à hauteur de Ar 4 338 milliards en 2008, soient 73% du total des investissements privés et 26,9% du PIB, dont Ar 4 290 milliards ont été réalisés par le projet AMBATOVY.

L’année 2009 ayant été marquée par une crise politique et économique qui a eu des conséquences significatives sur la situation économique générale du pays, le taux de croissance du PIB pendant cette année n’a été que de 0,6% d’après la Loi de Finances 2010. Les investissements privés ont alors connu une nette diminution en 2009: une baisse de 19,6% a été enregistrée, niveau estimé à Ar 524,43 milliards au prix courant.

Les investissements réalisés par les industries membres du SIM se montent au total à Ar 3 006,53 milliards en 2009 (55% du total des investissements privés et 16,9% du PIB), soit une réduction de 31% par rapport à 2008 du fait de l’incertitude sur l’avenir engendrée par la crise et étant donné que le projet AMBATOVY est en phase finale d’investissement.

Création de valeur ajoutée pour l’économie

Contribution au PIB par secteur2006 2007 2008 2009*

Secteur primaire 25,10% 23,40% 22,30% 26%

Secteur secondaire 14,70% 14,80% 14,70% 14%

Secteur tertiaire 52,40% 53,70% 54,60% 54%

Source : Institut National de la Statistique / * : Provisoire INSTAT

Taux de croissance annuelle par secteur 2006 2007 2008 2009*

Secteur primaire 1,90% 2,20% 3,10% 2,50%

Secteur secondaire 4,20% 9,80% 8,80% -0,20%

Secteur tertiaire 6,80% 7,70% 8,90% -3,20%

Source : Institut National de la Statistique / * : Suivant loi de finances 2010

Le secteur secondaire contribue à la création de valeur ajoutée pour l’économie avec une part dans le PIB qui s’est évaluée en moyenne à 14,5% de 2006 à 2009. Il s’agit d’un secteur très prometteur avec un fort taux de croissance annuelle qui est passé de 4,2% en 2006 à 9,8% en 2007 et 8,8% en 2008.

Tous les secteurs ont connu une baisse d’activités en 2009. D’après la loi de finances 2010, cette baisse se chiffre à - 0,2% pour le secteur se-condaire.

Poids économique du SIM en termes de création de valeur ajoutée2008 2009

Valeur ajoutée crée par les membres du SiM 1338

Mds ar 861,06

Mds ar

part de la valeur ajoutée du SiM dans le secteur secondaire

56,53% 34,54%

part de la valeur ajoutée du SiM dans le piB 8,31% 4,84%

Source : SIM

Poids économique du SIM en termes d’investissements

Poids économique du SIM en termes de création de valeur ajoutée

Page 32: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

32 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

Vie du SiM

Poids des recettes fiscales dans les recettes publiques

Poids des recettes fiscales dans les recettes publiques

Les industries membres du SIM contribuent au total à 56,53% des valeurs ajoutées créées par le secteur secondaire en 2008 contre 34,54% en 2009, soient respectivement Ar 1 338 milliards en 2008 et Ar 861,06 milliards en 2009.

Ainsi, la valeur ajoutée créée par les industries membres du SIM repré-sente respectivement 8,3% du PIB en 2008 et 4,9% en 2009.

Contribution aux finances publiques

Evolution des recettes publiques de 2006 à 2009en milliards d'ar Variation en %

2006 2007 2008 2009* 2007 2008 2009*

tOtaL recetteS PuBLiqueS 2 122,10 2 201,40 2 685,40 2 047,74 4% 22% -24%

recettes budgétaires 1 323,10 1 607,80 2 136,90 1 809,44 22% 33% -15%

recettes fiscales 1 260,90 1 573,10 2 087,20 1 766,00 25% 33% -15%

recettes fiscales intérieures 631,9 798,7 1 079,80 1 052,58 26% 35% -3%

impôts sur le commerce international

629 774,5 1 007,40 713,42 23% 30% -29%

recettes non fiscales 62,2 34,6 49,7 43,44 -44% 43% -13%

recettes extrabudgétaires 0,1 0,3 0,2 0,10 200% -33% -50%

dons 798,9 593,3 548,3 238,20 -26% -8% -57%

dons courants 173,2 89,2 127,5 14,85 -49% 43% -88%

dons en capital 625,7 504,1 420,8 223,35 -19% -17% -47%

Source : Institut National de la Statistique / * : Suivant loi de finances 2010

Poids des recettes fiscales dans les recettes publiques2006 2007 2008 2009*

part des recettes fiscales dans les recettes budgétaires

95% 98% 97,50% 97%

part des recettes fiscales dans les recettes publiques

59% 71% 78% 86%

part des recettes budgétaires dans les recettes publiques

62% 73% 80% 88%

Source : Institut National de la Statistique / * : Suivant loi de finances 2010

Les recettes fiscales, constituées par les recettes fiscales intérieures et les impôts sur le commerce international, contribuent annuellement à plus de 95% des re-cettes budgétaires.Ce qui témoigne que malgré l’environnement économique marqué par l’insécu-rité, le manque de visibilité et l’anarchie économique, le secteur privé a toujours honoré ses obligations fiscales.

Cependant, une baisse de 15% des recettes fiscales est constatée en 2009 découlant des réductions d’activités engendrées par la crise politique.

Par ailleurs, les recettes publiques sont majoritairement constituées par les recettes budgétaires (62% en 2006, 73% en 2007, 80% en 2008 et 88% en 2009).

Poids économique du SIM en termes d’Impôts, Taxes, Droits et Rede-vances – ITDR versés à l’Etat

2008 2009

itdr versés par les membres du SiM544,4

Mds ar268,45 Mds ar

part des itdr versés par les membres du SiM dans les recettes fiscales

26,10% 15,20%

Source : SIM

Concernant les industries membres du SIM, elles ont versé au total Ar 544,4 milliards à l’Etat à titre d’impôts, taxes, droits et redevances en 2008 et Ar 268,45 milliards en 2009. Ce qui constitue 26,1% du total des recettes fiscales perçues par l’Etat en 2008 et 15,2% en 2009. Ainsi, une baisse de 51% a été enregistrée de 2008 à 2009 du fait des réduc-tions d’activités et de ventes engendrées par la crise politique.

Création d’emplois

Evolution de la structure des emplois par secteur institutionnel de 2006 à 20082006 2007 2008 2009*

Secteur institutionnel (en millier)

Nombre emplois

Nombre emplois

Nombre emplois

97%

administration publique 151 159 163 97%

entreprises privées formelles 488 514 525 97%

dont - Zones franches 136 142 150 97%

- industries membres du SiM 35 39 44 86%

entreprises privées informelles 749 789 806 88%

total 1 388 1 462 1 494

Source : SIMLe nombre d’emplois formels du secteur privé s’évalue à 488  000 en 2006 .Une hausse de 5,3% a été enregistrée en 2007 et 2,1% en 2008.

La part des industries membres du SIM représente 7,2% du total des em-plois formels en 2006 ; 7,6% en 2007, et 8,4% en 2008.

Récapitulation du poids économique du SIM (en %)2006 2007 2008 2009

investissements privés/piB (au prix courant)

14,70% 25,40% 37,00% 30,70%

investissements SiM/investissements privés

72,90% 55%

investissements SiM/piB 26,90% 16,90%

Valeur ajoutée secondaire/piB 14,70% 14,80% 14,70% 14%

Valeur ajoutée SiM/Secondaire 56,50% 34,50%

Valeur ajoutée SiM/piB 8,30% 4,80%

impôts&taxes SiM/recettes fiscales

26,10% 15,20%

emploi SiM/emploi total formel 7,20% 7,60% 8,40%

Source : SIM

Page 33: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

LeS induStrieLS au quOtidien

Sur les 12.000 d’espèces végétales qui existent à Madagascar , 80% sont des plantes endémiques. HOMEOPHARMA assure ses productions de la plantation aux produits finis.

Répartis dans plusieurs endroits de l’Ile (Brickaville, Fianarant-soa, Antananarivo, Mahajanga…), elle plante, cueille et récolte sur 600 Ha de forêt, encadre les paysans dans un endroit parti-cipatif au développement de la région, à la protection et au re-nouvellement des ressources végétales aidant ainsi à préserver l’environnement et sa biodiversité.

Pour l’utilisation de ces plantes, des études récentes ont suggéré des bénéfices potentiels des plantes, entre autres , dans le trai-tement de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) malgré l’absence des preuves scientifiques qui expliquent leurs méca-nismes d’action (Cydney E Mc Queen, Kelly M., Garraway WM. et al., Chute CG., Panser et al.). Notre étude qui porte sur 48 cas cliniques de sujets présentant une HBP non compliquée et traités avec un mélange de plantes médicinales Phytoprostate® (PC11®) produit par le Laboratoire HOMEOPHARMA, améliore le

score symptomatique IPSS (International Prostate Score Symp-tom Score) (American Urological Association, AUA, SCORE IPSS in «The 3rd International consultation on benign prostati-chyperplasia), ainsi que la qualité de vie des patients au J50. Les paramètres biologiques : la stérilité des urines, la créatininé-mie, le taux de PSA, l’ionogramme sanguin incluant le K+, Na+, Cl-, restent inchangés et nous ne constatons ni effets vasoactifs comme une hypotension orthostatique, des vertiges, des cépha-lées, des palpitations, ni des troubles de la fonction sexuelle, à l’exception de quelques troubles gastriques au début du traite-ment sous forme de gastralgie et d’irritation gastrique qui ont été corrigés par la prise des nourritures.

Par F. ANDRIANAIVO, RAJAONARIVO, S . J. RABEHARISON, M. RAJAONARIVELO, J.C. RATSIMIVONY.HOMEOPHARMA, Logement II M 80 bis Antsakaviro Antananarivo, MadagascarTéléphone : + 261 20 22 269 34, Fax : + 261 20 22 613 17. © 2007

Les bienfaits des plantes de Madagascar

Page 34: Expansion Madagascar N°05 - Août / Septembre 2010

cHrOnique deS LecteurS

par le biais de son comité d’entreprise, la S.i.B, Société industrielle du Boina, unité industrielle à Mahajanga et qui a fêté ses 63 ans, ce 1er août 2010, s’est lancée de-puis plus de 2 ans dans la protection l’environnement.C’est ainsi qu’en 2008, elle se lance dans un 1er reboi-sement de son site  : plus de 850 plants de eucalyptus citriodora, kapokier, cocotier, flamboyant sont alors mis en terre.Cette année 2010, le personnel réalise un 2ème reboise-ment du site avec 790 plants et un essai de 100 plans decorossols et 10 de paulownias.S’inscrivant dans le cadre de la redd, son projet ambi-tieux reste la restauration de mangroves sur le littoral qui jouxte son propre terrain.Comme chacun le sait, les Mangroves sont un milieu de vies dans lesquelles se développent les palétuviers et tout un système marin et, de ce fait, sont un intérêt en-vironnemental capital mais également un grand intérêt économique et donc social.

environnemental à plusieurs titres :

1) les mangroves fixent ou séquestrent le carbone2) elles régularisent la direction du courant marin afin

d’éviter l’érosion3) elles protègent les côtes contre les cyclones4) elles fournissent de grandes quantités de matières

organiques indispensables aux écosystèmes marins

economique :

1) les mangroves offrent une nurserie naturelle et contri-buent à la survie des ressources marines telles que les crevettes, les crabes et les poissons

2) Sur la côte ouest de Madagascar, elles sont égale-ment l’habitat des vers à soie sauvages et pourraient constituer une source de revenus notable et, ce, sans aucun aspect destructeur sur les mangroves.

il a été recensé 70 espèces de palétuviers dont 11 sont en danger et 2 en voie d’extinction.

en effet, bien qu’elles soient, à ce jour, un écosystème capital et protégé par la Convention de ramsar, les mangroves subissent de plus en en plus de pression hu-maine :

vers 1960 en 2005

Face à la dégradation de ce littoral, la SiB décide un reboi-sement de 25ha de palétuviers sur les années 2010-2012 : 55.000 plants de Honko ou rhizophora 44.000 plants de afiafy ou avicénnia

toutes les commissions du Ce de la SiB se sont ainsi mis au défi de fixer au 05 Juin 2010, date de la Journée Mon-diale de l’environnement, la date de lancement officiel de ce reboisement.en vue de la célébration de cette JMe, elles soutiennent et participent activement à toutes les manifestations de la région liées à l’environnement jusqu’à concevoir l’emblème du district de Mahajanga i, « HoNKo ».

C’est ainsi, que le 03 Juin, en présence de son excellence, Monsieur le Ministre de l’environnement et parrainé par le chanteur rossy, le personnel de la SiB participe à la mise en pépinière des premières propagules de rhizophora.

Cette année 2010 sera également marquée par une jour-née de sensibilisation et de reboisement de rhizophora à l’occasion du passage des scouts d’anosivavaka.Comme pour tout projet, la SiB met tout en œuvre pour pérenniser cette action et s’appuie sur toutes les entités étatiques ou non parmi lesquelles nous pouvons citer le district de Mahajanga i, la Commune Urbaine de Maha-janga, le service des domaines, la dreF, la drS, l’apMF ainsi que les Fokontany, les princes Sakalava, l’oNg Fa-namby et l’association Mahomby en vue de :

• la création d’un port pour les pêcheurs tradi-tionnels,

• la mise en place d’une sensibilisation et com-munication auprès des quartiers environnants,

• l’installation de blocs sanitaires et l’utilisation des latrines

• le suivi et la sécurisation du domaine reboisé

la partie « sensibilisation » reste un volet très important car, malgré les enjeux, certaines personnes mal inten-tionnées saccagent voire volent les nouveaux plants.

un atout à préserver, des enjeux à maîtriser tels sont les engagements de la SiB et de son personnel dans tous les domaines et plus particulièrement dans celui de l’environnement.

34 EXPANSION MADAGASCAR - AOUT / SEPTEMBRE 2010 - N°5

par définition les crises surprennent et peu d’entreprises ont mis en place un dispositif capable de réagir efficacement, de manière précise et cohérente.

dans le cas précis de notre pays, nous cumulons les effets de la crise économique mondiale et une crise politique entraînant des effets financiers considérables agissant sur l’ensemble de la structure économique et la survie des entreprises.on se trouve de fait à faire face à une crise interne sociale (blocage des salaires – licenciements…) et une crise externe (baisse du pouvoir d’achat des consommateurs (= baisse des ventes) – perte de change, etc… le tout assorti de rumeurs qui se propagent de manière anarchique minant les sociétés.dans ce cas là, les entreprises ont tendance à « limiter la voilure » : pas de publicité, pas de communication, on se fait tout petit en attendant que la tempête passe.

toutefois, il apparait nécessaire d’engager une communication de qualité, cohérente, précise dans ses affirmations afin de privilégier l’image de l’entreprise, son engagement, sa capacité à réagir.la communication en période de crise est de maintenir son image et celle de ses marques et de ses produits. il faudra communiquer pour repartir rapidement après la crise

de façon évidente, la communication en période de crise et les messages qui lui sont associés sont d’excellents miroirs de l’organisation mise en place par l’entreprise.

comment communiquer en période de crise ?

la crise met en jeu l’image voire la survie d’une entreprise.la communication institutionnelle sert à bâtir un capital

confiance et un capital sympathie : son but est d’assurer, rassurer et se faire respecter.

la stratégie de communication doit être :

• authentique• positive même si cela est difficile et doit

présenter l’entreprise sous son meilleur jour• durable et déclinable : maintenir la cohérence des

messages dans la durée.• Ne pas donner prise aux rumeurs

Mais aussi : communiquer avec circonspection ! la communication n’est pas le cœur de l’action, elle n’est qu’une technique pour lutter contre la crise et ses effets pervers.

préparez dés à présent la communication d’après-crise.

L’environnement, une affaire de chacun et pour tous !!!

Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra !

La cOMMunicatiOn en teMPS de criSe

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