Existe t-il une relation entre cognition sociale et alexithymie dans la sclérose en plaques ?

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A22 revue neurologique 168 (2012) A1–A55 N07 Existe t-il une relation entre cognition sociale et alexithymie dans la sclérose en plaques ? Audrey Henry a , Serge Bakchine a , Ayman Tourbah a , Marie Pierre Chaunu a , Michèle Montreuil b a Neurologie, CHU de Reims, 51100 Reims 51092, France b Laboratoire de psychopathogie et neuropsychologie, université Paris-8, 93526 Saint-Denis, France Mots clés : Cognition sociale ; Alexitymie ; SEP Introduction.– Une forte prévalence de l’alexithymie (incapa- cité à décrire les émotions notamment) est observée dans la sclérose en plaques (SEP) ainsi que des difficultés à inférer des états émotionnels chez autrui. Objectifs.– L’objectif de ce travail est d’explorer une éventuelle relation entre l’alexithymie et les capacités d’inférence, défi- nies par le concept de théorie de l’esprit (TDE), dans la SEP. Méthodes.– Les performances de 30 patients présentant une SEP rémittente récurrente ont été comparées à celles de 30 participants sains appariés. Les fonctions des sujets sont explorées à l’aide de six épreuves de TDE de complexité crois- sante et l’alexithymie à l’aide de la Toronto Alexithymia Scale 20 items (TAS-20). Une évaluation neurologique complète et des fonctions cognitives sont conduites également. Résultats.– Les résultats indiquent une forte prévalence de l’alexithymie dans la SEP (46,7 %) et une perturbation des capa- cités de TDE comparativement au groupe contrôle (p < 0001). Les patients alexithymiques présentent des difficultés pour inférer des états mentaux même dans les tâches les plus élé- mentaires par rapport aux participants sains. En revanche, les patients intermédiaires et non alexithymiques obtiennent de moins bonnes performances que le groupe contrôle unique- ment pour les tâches de TDE les plus exigeantes. Discussion.– Les difficultés à inférer des états mentaux semblent plus sévères chez les patients SEP alexithymiques. Cependant, les patients SEP présentent des difficultés dans l’inférence d’états mentaux complexes qu’ils aient un fonc- tionnement alexithymique ou pas et ce en l’absence de corrélation avec la sévérité du handicap, la durée de maladie ou bien encore avec les fonctions cognitives. Conclusion.– Bien que cette étude suggère un lien entre l’alexithymie et l’inférence d’états émotionnels, des études complémentaires semblent nécessaires pour confirmer les résultats et préciser la nature de ce lien. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.055 N08 Effet du natalizumab sur les troubles cognitifs dans les formes rémittentes de sclérose en plaques Barbara Jung a , Nadine Longato a , Catherine Kleitz a , Laure Di Bitonto a , Nadjette Cremel a , Jérome De Seze b , Frédéric Blanc a a Neuropsychologie, CHU de Strasbourg, 67200 Strasbourg, France b Neurologie, CHU de Strasbourg, 67200 Strasbourg, France Mots clés : Scléroses en plaques ; Troubles cognitifs ; Natalizumab Introduction.– Le sclérose en plaques rémittente (SEP-R) évolue par poussées espacées de rémissions. Soixante pour cent des patients présentent des troubles cognitifs. Le natalizumab est indiqué en monothérapie dans les formes très actives de SEP- R. Objectifs.– L’objectif de ce travail est d’étudier l’évolution des troubles cognitifs chez 100 patients atteints de SEP-r et traités par natalizumab. Méthodes.– Cent patients SEP-r, diagnostiqués selon les critères révisés Mc Donalds (2005), ont été inclus dans l’étude. Le profil psychologique a été évalué avec la BCcogSEP (version franc ¸ aise de la Brief Repeatable Battery, incluant 8tests cognitifs). Cette batterie a été administrée avant le début du traitement par natalizumab puis après un an de traitement. Résultats.– Avant le début du traitement, 62% des patients présentent des troubles cognitifs définis par un score patho- logique pour au moins quatre subtests de la BCcogSEP. Le profil est caractérisé au premier plan par un ralentissement de la vitesse de traitement de l’information et au second plan par une diminution des capacités en mémoire de travail et des fonctions exécutives. Après la seconde évaluation, réali- sée chez 77 patients, 47 % présentent des troubles cognitifs, 27 patients ont améliorés leur score entre 25 et 50 %. Discussion.– Pour le moment, ces résultats ne nous permettent pas de conclure que l’amélioration cognitive est due au natali- zumab. Plusieurs hypothèse telles que l’effet d’apprentissage, l’état général (psychologique et physique) du patient au moment des deux évaluations, pourraient expliquer cette aug- mentation des performances cognitives. Conclusion.– Pour mieux comprendre l’effet du natalizumab sur les fonctions cognitives des patients SEP-r, il est nécessaire de comparer les résultats à ceux obtenus par un groupe témoins de patients SEP, traités par immunomodulateurs. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.056 N09 Analyse des plaintes cognitives de 95 sujets recrutés dans un centre de santé (étude EVATEM) Lavernhe Sylvie a , Dirson Stéphanie a , Darinot Bernard b , Barier Yvan b , Fatisson Marion a , Thomas-Antérion Catherine a a CM2R, CHU Nord, 42055 Saint-Étienne 02, France b CPAM, 42027 Saint-Étienne, France Mots clés : Plaintes conitives ; Population générale ; EVATEM Introduction.– Des sujets de plus de 65 ans sont invités dans un bilan de santé global a évalué leur cognition avec des questionnaires de plainte : Q1-6 questions (courrier postal) et Q2-5 questions (médecin de la CPAM) si Q1 > 1/6. Objectifs.– Les sujets avec Q2 > ou égale à 1/5 ont pu réaliser un bilan neuropsychologique au CM2R de St-Étienne afin de rechercher une cause étiologique à la plainte subjective. Nous rapportons les situations médicales rencontrées. Méthodes.– Sur 379 sujets volontaires, 225 ont une plainte au Q1. Seuls 106 acceptent de réaliser Q2 et un bilan de débrouillage (5 mots, fluences, orientation et 3 mots du CODEX, praxies constructives, horloge) et 95 d’entre eux réa- lisent le bilan au CM2R (RL/RI-16, fluences, similitudes, cubes, praxies gestuelles, TMT, DO, Benton). Tous les dossiers sont discutés avec un neurologue pour affirmer un diagnostic nor- mal ou voir les sujets pour avis neurologique, 32 fois. Résultats.– La fréquence de la plainte est celle attendue dans ce type d’étude (59 % de Q1 > 1). La moitié des sujets plain- tifs (47 %) accepte de réaliser Q2 et le bilan de débrouillage : Q2 est alors toujours positif. Seuls 42 % des sujets (Q1 et Q2) consultent au CM2R. Après avis du neurologue, on retient 11 bilans normaux, 12 MCI (dont 9 MCIa) et 9 situations psy- chiques (TOC, anxiété, dépression) ou somatiques (apnée, dyslexie, iatrogénie). Aucun score de Q1 et Q2 ni aucun test de première ligne ne distinguent les 95 sujets. Discussion.– Nous n’avons trouvé aucune démence mais observé 12 sujets plaintifs « à risque » (5 %) et 9 sujets avec une cause médicale jamais évoquée (4 %). La plainte subjective est

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A22 r e v u e n e u r o l o g i q

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Existe t-il une relation entre cognition sociale etalexithymie dans la sclérose en plaques ?Audrey Henry a, Serge Bakchine a, Ayman Tourbah a,Marie Pierre Chaunu a, Michèle Montreuil b

a Neurologie, CHU de Reims, 51100 Reims 51092, Franceb Laboratoire de psychopathogie et neuropsychologie, universitéParis-8, 93526 Saint-Denis, France

Mots clés : Cognition sociale ; Alexitymie ; SEPIntroduction.– Une forte prévalence de l’alexithymie (incapa-cité à décrire les émotions notamment) est observée dans lasclérose en plaques (SEP) ainsi que des difficultés à inférer desétats émotionnels chez autrui.Objectifs.– L’objectif de ce travail est d’explorer une éventuellerelation entre l’alexithymie et les capacités d’inférence, défi-nies par le concept de théorie de l’esprit (TDE), dans la SEP.Méthodes.– Les performances de 30 patients présentant uneSEP rémittente récurrente ont été comparées à celles de30 participants sains appariés. Les fonctions des sujets sontexplorées à l’aide de six épreuves de TDE de complexité crois-sante et l’alexithymie à l’aide de la Toronto Alexithymia Scale20 items (TAS-20). Une évaluation neurologique complète etdes fonctions cognitives sont conduites également.Résultats.– Les résultats indiquent une forte prévalence del’alexithymie dans la SEP (46,7 %) et une perturbation des capa-cités de TDE comparativement au groupe contrôle (p < 0001).Les patients alexithymiques présentent des difficultés pourinférer des états mentaux même dans les tâches les plus élé-mentaires par rapport aux participants sains. En revanche, lespatients intermédiaires et non alexithymiques obtiennent demoins bonnes performances que le groupe contrôle unique-ment pour les tâches de TDE les plus exigeantes.Discussion.– Les difficultés à inférer des états mentauxsemblent plus sévères chez les patients SEP alexithymiques.Cependant, les patients SEP présentent des difficultés dansl’inférence d’états mentaux complexes qu’ils aient un fonc-tionnement alexithymique ou pas et ce en l’absence decorrélation avec la sévérité du handicap, la durée de maladieou bien encore avec les fonctions cognitives.Conclusion.– Bien que cette étude suggère un lien entrel’alexithymie et l’inférence d’états émotionnels, des étudescomplémentaires semblent nécessaires pour confirmer lesrésultats et préciser la nature de ce lien.

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Effet du natalizumab sur les troubles cognitifsdans les formes rémittentes de sclérose enplaquesBarbara Jung a, Nadine Longato a, Catherine Kleitz a,Laure Di Bitonto a, Nadjette Cremel a, Jérome De Seze b,Frédéric Blanc a

a Neuropsychologie, CHU de Strasbourg, 67200 Strasbourg, Franceb Neurologie, CHU de Strasbourg, 67200 Strasbourg, France

Mots clés : Scléroses en plaques ; Troubles cognitifs ;NatalizumabIntroduction.– Le sclérose en plaques rémittente (SEP-R) évoluepar poussées espacées de rémissions. Soixante pour cent despatients présentent des troubles cognitifs. Le natalizumab estindiqué en monothérapie dans les formes très actives de SEP-R.

Objectifs.– L’objectif de ce travail est d’étudier l’évolution destroubles cognitifs chez 100 patients atteints de SEP-r et traitéspar natalizumab.

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Méthodes.– Cent patients SEP-r, diagnostiqués selon les critèresrévisés Mc Donalds (2005), ont été inclus dans l’étude. Le profilpsychologique a été évalué avec la BCcogSEP (version francaisede la Brief Repeatable Battery, incluant 8 tests cognitifs). Cettebatterie a été administrée avant le début du traitement parnatalizumab puis après un an de traitement.Résultats.– Avant le début du traitement, 62 % des patientsprésentent des troubles cognitifs définis par un score patho-logique pour au moins quatre subtests de la BCcogSEP. Leprofil est caractérisé au premier plan par un ralentissementde la vitesse de traitement de l’information et au second planpar une diminution des capacités en mémoire de travail etdes fonctions exécutives. Après la seconde évaluation, réali-sée chez 77 patients, 47 % présentent des troubles cognitifs,27 patients ont améliorés leur score entre 25 et 50 %.Discussion.– Pour le moment, ces résultats ne nous permettentpas de conclure que l’amélioration cognitive est due au natali-zumab. Plusieurs hypothèse telles que l’effet d’apprentissage,l’état général (psychologique et physique) du patient aumoment des deux évaluations, pourraient expliquer cette aug-mentation des performances cognitives.Conclusion.– Pour mieux comprendre l’effet du natalizumab surles fonctions cognitives des patients SEP-r, il est nécessaire decomparer les résultats à ceux obtenus par un groupe témoinsde patients SEP, traités par immunomodulateurs.

doi:10.1016/j.neurol.2012.01.056

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Analyse des plaintes cognitives de 95 sujetsrecrutés dans un centre de santé (étudeEVATEM)Lavernhe Sylvie a, Dirson Stéphanie a, Darinot Bernard b,Barier Yvan b, Fatisson Marion a,Thomas-Antérion Catherine a

a CM2R, CHU Nord, 42055 Saint-Étienne 02, Franceb CPAM, 42027 Saint-Étienne, France

Mots clés : Plaintes conitives ; Population générale ; EVATEMIntroduction.– Des sujets de plus de 65 ans sont invités dansun bilan de santé global a évalué leur cognition avec desquestionnaires de plainte : Q1-6 questions (courrier postal) etQ2-5 questions (médecin de la CPAM) si Q1 > 1/6.Objectifs.– Les sujets avec Q2 > ou égale à 1/5 ont pu réaliserun bilan neuropsychologique au CM2R de St-Étienne afin derechercher une cause étiologique à la plainte subjective. Nousrapportons les situations médicales rencontrées.Méthodes.– Sur 379 sujets volontaires, 225 ont une plainteau Q1. Seuls 106 acceptent de réaliser Q2 et un bilan dedébrouillage (5 mots, fluences, orientation et 3 mots duCODEX, praxies constructives, horloge) et 95 d’entre eux réa-lisent le bilan au CM2R (RL/RI-16, fluences, similitudes, cubes,praxies gestuelles, TMT, DO, Benton). Tous les dossiers sontdiscutés avec un neurologue pour affirmer un diagnostic nor-mal ou voir les sujets pour avis neurologique, 32 fois.Résultats.– La fréquence de la plainte est celle attendue dansce type d’étude (59 % de Q1 > 1). La moitié des sujets plain-tifs (47 %) accepte de réaliser Q2 et le bilan de débrouillage :Q2 est alors toujours positif. Seuls 42 % des sujets (Q1 et Q2)consultent au CM2R. Après avis du neurologue, on retient11 bilans normaux, 12 MCI (dont 9 MCIa) et 9 situations psy-chiques (TOC, anxiété, dépression) ou somatiques (apnée,dyslexie, iatrogénie). Aucun score de Q1 et Q2 ni aucun testde première ligne ne distinguent les 95 sujets.

Discussion.– Nous n’avons trouvé aucune démence maisobservé 12 sujets plaintifs « à risque » (5 %) et 9 sujets avec unecause médicale jamais évoquée (4 %). La plainte subjective est