Exemplaires n°2

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Mardi 25 juillet 1978, Londres. Exposition Cadere chez Barry Barker. Ce dernier accepte d’être photographié à son bureau. Envoi d’une carte postale à nos voisins de Gradignan ainsi qu’à André Cadere, [Lucas] L’hermitte, Philippe Boutibonnes et Daniel Busto. [Sans date], Coutances. Dans le cadre de l’exposition Art en France, 1960 – 1980, au lieu-dit Les Unelles, ai proposé de montrer le 25 juin 1983, entre 16h et 17h28, un bâton de André Cadere, prêt de la galerie Durand- Dessert avec l’accord bienveillant de Michèle Cadere […]. Lundi 25 juin 1984, Paris, Itinéraire et horaires recopiés et adaptés à l’aide d’une machine à écrire de marque « Olympia ». Vérifier le parcours d’après le plan A. Leconte de 1970… et, mentalement marcher dans les pas de André Cadere. Samedi 25 juin 1988, New York, ANDRE CADERE, VARSOVIE 1934 — PARIS 1978. UN TRAVAIL POUR INFORMATION ET L’INFORMATION COMME TRAVAIL IN GALERIE LILIANE & MICHEL DURAND-DESSERT, PARIS. UNE MISE EN ETAT DE LEFEVRE JEAN CLAUDE DATEE 25 JUIN 1988. Jeudi 25 juin 1992, carnet #8 Hier soir, galerie Arnaud Lefebvre transformée en salon TV pour un programme John Cage. Chaise réservée à notre nom. Croise Pascaline Cuvelier. Parlons de la prochaine exposition Cadere à l’ARC. Ai l’espoir qu’elle écrive un article si sa rédaction le lui propose… La concurrence est forte, semble t-il, à Libération… Ce matin, parcours séquencé entre Gentilly et Paris. Être toutefois à l’heure à Nanterre. Arrêt rue Mazarine. Depuis quelque temps le trottoir, encombré de tubulures d’échafaudage, est rendu inaccessible. Fais trois photos de la façade de la galerie Arnaud Lefebvre, la vitrine en partie recouverte d’une accumulation de feuilles photocopiées du portrait d’un John Cage imberbe. Prolonge ma course, imaginée comme programme, par la rue Guénégaud, jusqu’à l’angle de la rue Dauphine, puis franchis la Seine par le Pont Neuf et m’engouffre dans les Halles pour rejoindre le RER, quai ligne A… Et de me remémorer, bien sûr, les parcours de Cadere, un 25 juin… [ LJC note 2011: fixer les lieux ] Lefevre Jean Claude / LJC note 2011 : fixer les lieux

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Deuxième opus de la revue exemplaires. Lefevre Jean Claude, Jérôme Gontier, Nick Gee, Virginie Gautier, Laurent Buffet, Jean-Christophe Norman et Hubert Renard.

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Mardi 25 juillet 1978, Londres.Exposition Cadere chez Barry Barker.Ce dernier accepte d’être photographiéà son bureau. Envoi d’une carte postaleà nos voisins de Gradignan ainsi qu’àAndré Cadere, [Lucas] L’hermitte, PhilippeBoutibonnes et Daniel Busto.

[Sans date], Coutances.Dans le cadre de l’exposition Art enFrance, 1960 – 1980, au lieu-dit LesUnelles, ai proposé de montrer le 25juin 1983, entre 16h et 17h28, un bâtonde André Cadere, prêt de la galerie Durand-Dessert avec l’accord bienveillantde Michèle Cadere […].

Lundi 25 juin 1984, Paris,Itinéraire et horaires recopiés et adaptésà l’aide d’une machine à écrire de marque« Olympia ».Vérifier le parcours d’après le plan A.Leconte de 1970… et, mentalementmarcher dans les pas de André Cadere.

Samedi 25 juin 1988, New York,

ANDRE CADERE, VARSOVIE1934 — PARIS 1978. UNTRAVAIL POUR INFORMATIONET L’INFORMATION COMMETRAVAIL IN GALERIE LILIANE& MICHEL DURAND-DESSERT,PARIS. UNE MISE EN ETAT DELEFEVRE JEAN CLAUDE DATEE25 JUIN 1988.

Jeudi 25 juin 1992, carnet #8Hier soir, galerie Arnaud Lefebvretransformée en salon TV pour un programmeJohn Cage. Chaise réservée ànotre nom. Croise Pascaline Cuvelier.Parlons de la prochaine exposition Cadereà l’ARC. Ai l’espoir qu’elle écriveun article si sa rédaction le lui propose…La concurrence est forte, semble t-il,à Libération…Ce matin, parcours séquencé entre

Gentilly et Paris. Être toutefois àl’heure à Nanterre. Arrêt rue Mazarine.Depuis quelque temps le trottoir, encombréde tubulures d’échafaudage, estrendu inaccessible. Fais trois photos dela façade de la galerie Arnaud Lefebvre,la vitrine en partie recouverted’une accumulation de feuilles photocopiéesdu portrait d’un John Cage imberbe.Prolonge ma course, imaginéecomme programme, par la rue Guénégaud,jusqu’à l’angle de la rue Dauphine,puis franchis la Seine par le PontNeuf et m’engouffre dans les Hallespour rejoindre le RER, quai ligne A…

Et de me remémorer, bien sûr, les parcoursde Cadere, un 25 juin…

[LJC note 2011: f ixer les lieux]

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Jeudi 25 janvier 1996, Paris.Vernissage André Cadere au Kunstevereinde Munich. Adresse un fax, cosignépar Bertrand Fleury ; à Dirk Snauwaertpour cette exposition inaugurale.Noter sur la carte d’invitation, la reproductiond’un carton légendé « AndréCadere ist in München », 11 mai – 6juin 1978 ; manifestations orchestréespar la galerie Tanit… hélas restées àl’état de projet…

Jeudi 13 janvier 2000, Paris.Le Zimmer, 19h15, place du Châtelet.Anne Moeglin cherche à comprendrepourquoi une lecture liée à ma seulecapacité d’intervention? Est-il concevablede déléguer la lecture à un tiers…Réflexion déjà abordée par le passémais complexe à mettre en place, etdonc en oeuvre, comme oeuvre.Notes prises telles quelles, sur une colonne :

La Napoule23 ou 30 juin…Carte postale illustrée d’une oeuvre deMatisse, envoi de Françoise Woimant.15 sur 8. Forteresse très haute de plafondArrivée tardive à NiceLecture dans la salle d’expo. Chaises pliantesÉditions de la ManchaCarte postale avec liste de livresLivres d’artistes > Patricia CorbettHubert Renard,Estelle Fredet,Roberto Martinez,Véronique Hubert,Gallego AntonioTableaux parisiensUniversité de Haute BretagneArt plastique éditionPublier en américain à La Napoule, enfrançais à RennesPour février, synopsis et maquette pour Rennes.Thème et titre de l’expo : Critique etUtopie dans l’art depuis les années ‘60.

Sections :Buren- Cadere - Ernest T. - Fred Forest- Toroni - Rutault.Ben - Filliou - GuilleminotBoltanski - Gette - Messager - Chopin 1981 -Fiction critique : Legac - Gerz - DidierBay - Aballéa - Les Poirier - Jean MichelBlanc, Gauguin, fille…[Ici un mot illisible.]Unglee + les jeunes, liste à définir…J’avance le nom d’Hugues Reipp ?[Dont pourtant je connais que trop imparfaitement le travail]

Fin de l’entrevue et retour vers 20h30.

Les tags gravés sur les wagons des lignesRER en compétition avec les écrituresgriffées d’Alechinsky…

Dimanche 25 juin 2000, La Napoule.Nuit brève mais complète. Hier, suisresté à La Napoule. Personne pour mevéhiculer à la Villa Arson. Pas suffisammentpas lié aux confrères pour mejoindre à eux.

Passe un long moment à feuilleter leslivres rassemblés par Arnaud Frémauxdans un kiosque proche de l’entréepayante du château. Visiteurs nombreux,de langue anglaise principalement.Vu Marie-Ange Guilleminot près de saboîte de bouquiniste. Là aussi beaucoupde petites choses genre travauxd’aiguilles. L’artiste, attachante, semblefaire son travail avec passion etparle bien de ce qu’elle présente. Uneentreprise à elle seule avec un sens certainde la relation à l’autre. Me fait ladémonstration de la transformationd’un bas de marque Wolford, – cettemarque me rappelle la boutique deNestor Perkal, rue des quatre frères àParis, rachetée, il y a cinq ans environ,par le fabriquant de bas – en sac à dosappelé Cauris.Prends de nombreuses photos du standplacé face à la mer. Sur certaines vues,présence de Roberto Martinez ou YvesChaudouët. Promenade au village.Ecris quelques cartes postales.

Au petit déjeuner débarque avec mestrois feuilles à la mémoire de Cadere.Vingt-cinq exemplaires de ce qu’il fautbien nommer une publication à diffusionrestreinte. Anne a immédiatementenregistré que mon action s’arrêtait àcette distribution locale. Compte doncadresser le fascicule à Eric Watier etautres absents, ce matin du 25 juin2000 ; toutes personnes liées à cetteexposition Critique et Utopie.

Mardi 25 juillet 2000, Avignon.Hôtel Caumont :

Carl AndreLament for André Cadere,Barre de bois rond, formée de segmentsde bois peints, 1976Rouge, jaune, blanc, noir.

Terrasse « mon Bar » Décoration muraleet verres sérigraphiés de BertrandLavier.

Mardi 29 juin 2004. Gentilly.Hôpital Cochin, pavillon Achard,chambre 601. Exposition privée pourJean-François Bergez. Noter son empressementà visualiser le contenu de laboîte du 25 juin… déposée entre les

jambes de notre ami calé à l’équerresur sa couche. Cette unique séanceprovoque commentaires et anecdotesde l’un et l’autre mais aussi de Christinesa femme, sur André Cadere, GhislainMollet-Vieville, Daniel Buren etMichel Claura, sur Sarkis pour Pierre& Marie et la rue d’Ulm… Très attentifau contenu répandu sur le lit, ne peuxlui dissimuler une image, une page ducahier, une planche, sa soif de savoirest intacte… Me manquera, à tout jamais,l’enregistrement filmé de cesdeux heures d’exposition commentée…

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7 Elven Miko. Plumelec 8. Pelforth bar restaurant, café, bar hôtel restaurant. Bar restaurant. Traiteur chez Michel, café de la poste. Attention au chien, prière de ne pas stationner garage. PTT 100 m, sauf riverains. PTT. La Poste. Aux enfants de Trédion morts pour la patrie 1914-1918. Alaire Joseph, Barbe Jean, Beaucher Jean, Bernard Joseph, Bily François, Bodo Joseph, Boyer Jean, Calohard Jean, Caro François, (Illisible) Henri, David Jérôme, Evenot François, Feuvrel Emile, Gasio Joseph, Gasio Eugène, Geoffroy Emile, [Illisible] Capitaine, Gicquel François, Gicquel Théodore, Goussel Léon, Guillaume Jules, Hoyet Francis, Josse Jean, Jouannic Jean, Labillois Désiré, Launay Ange, Launay François, Le Bihan Martin, Le Breton Henri, Le Brun Désiré, Le Clainche Julien, Le Corre François, Le Goff Jean, Le Tolguenec Jean, Marguy Henri, Marin Jean, Martin julien, Michel Pierre, Montfort Jean, Noël Pierre, Ragot Théodore, Renaud [illisible], Ribouchon Jean, Richard François, Rousset Eugène, Thébaud Pierre, Thébaud Jules, Thomassin Louis, Tranouaru Joseph, Viannet Joseph, Viannet Lucien. 1939-1945. [Illisible Illisible], Molac André, Oligo Joseph, Réminiac Claude, Rio Marcel. Aux morts glorieux. Primagaz, Primagaz, Primagaz. Libre service 7 f 80, 12 f 80, pâtes Panzani, huile Fruidor, petits pois secs carottes papier lotus hygiénique, un mort à Guéméné Airbus les ventes redé-collent intempéries Ouest France. Almanach Ouest France 1995 almanach Ouest France, les grands réveillons. Le Beaujolais nouveau. Butagaz, 6, 5666 ARF 56 ZH, chauffage d’acier Zaegel Held. J.P. Gandon optic-surdité place Henri IV Vannes, Optic 2000. Mobi-port meubles neufs des marques sur le port vieux. A vendre immobilier 28 rue Thiers 56000 Vannes.

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Complicating the productionof a dis-alienated spaceWalking in BerlinDuring a short stay in Berlin a friend showed me an unusual garden on a triangular plot of land. The garden is surrounded on all sides by roads that make the garden appear to float like an island. An island inhabited by a Robinson Crusoe like figure whose artisan use of discarded materials distinguish the garden from the formal qualities of the neighbouring architectures. Planks and sheets of wood, metals grills, bed frames, wooden posts and street barriers make up an exterior fence that separates the garden from the surrounding pavement, and roads. Parts of the street barriers, which make up a large portion of the exterior fence, are

constructed onto irregular curving cement walls of varying height. A one-storey house like structure built on the triangular plot of land is perhaps the most striking feature when encountering the garden. This is the work of Osman Kalin who has assembled several versions of this structure as his garden evolved. Kalin’s garden is located in part of the Kreuzberg district that borders the Mitte district. Twenty years ago the Berlin Wall closed off the Bethaniendamm side of the garden. Following the fall of the Berlin Wall Bethaniendamm was developed into a Wall memorial park. Beyond Bethaniendamm in the Mitte district (former East Berlin) the horizon is filled with blocks of buildings constructed during the communist era, and more recent buildings constructed after the fall of the Wall. Behind the garden on the Kreuzberg side of Bethaniendamm (the former West), is St Thomas church built in the 17th century. Rows of 17th and 19th century residential buildings run north towards the river Spree. Opposite the garden looking towards Kreuzberg are smaller apartment block constructed in the 1980s. Within the landscape of Kreuzberg and Mitte architectural eras and ideologies of the past exist side by side with that of the present. Despite the plurality of architectural styles, Kalin’s garden still looks out of place.

Producing spatial difference.If the space that surrounds Kalin’s garden is made up of a plurality of architectures and styles what makes Kalin’s space different? Is it because the space that Kalin produces has informal and ephemeral qualities: the odd assortment of materials used to make the rickety fence that mark the garden’s boundaries, and the equally odd assortment of materials that

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make up the one-storey hut/house structure suggest impermanence? In contrast, the straight lines and smooth regular levelled surfaces of the space that surrounds Kalin’s garden suggest order, permanence and durability. Writing about spatial production during 1970s the Marxian theorist, Henri Lefebvre developed a theory of spatial production that can further an understanding of the type of difference that Kalin’s garden produces. On the basis that space is produced by human activity Lefebvre makes the distinction between different types of spatial production. Lefebvre’s spatial theory revealed how the process of technocratic spatial production, characterized by industrialised and mechanised processes, created degrees of alienating space for users. It is the state that creates the building codes, decides what land is developed, and to a greater and lesser degree, finances building projects. This is what Lefebvre calls the state mode of production. In terms of spatial difference the state, in its varying forms, may produce spatial difference, however space remains cohesive. There is little or no possibility for users of space to produce or affect space because the production of space has to go through the state apparatus. To build a house, for example, an individual can’t just begin assembling materials wherever she/he wants. There are a number of technocratic requirements that complicate the process. A planning application needs to be sent to the town council. To be accepted the application needs to adhere to building codes and practices defined by the state. The building and planning of space requires specific forms of knowledge that involves a technical verbal as well as visual language. This is the language of architects, planners and engineers. In other words the

The Lived space of Osman KalinKalin bypasses the technocratic limits imposed by the state mode of production by creating his own mode of production. He makes his space in an unmediated, direct way using his own labour power and resources. The idiosyncrasies of Kalin’s mode of production are comparable to Lefebvre’s spatial category of lived space, which takes it cue from Martin Heidegger notion of dwelling and building as a way of defining human existence.1 Heidegger says that the activities of building and dwelling are related to one another. He finds his evidence in the old English and High German word for the verb to build, buan, which means to dwell. Heidegger’s notion of dwelling goes beyond the conventional definition of inhabiting, which is to live in, occupy or reside permanently in a particular place. To dwell is more than just the assurance of shelter.2 The act of dwelling is defined by the act of building and living in space. Similarly, Lefebvre’s lived space is a way of inhabiting and using space that involves producing, changing or adapting space to suit one’s needs and desires.

professionalism and governance of spatial production is an exclusive, top down hierarchical process. There may be differences in styles, ideologies and time periods between the pluralities of architectures that surround Kalin’s garden but it is an illusionary difference in the sense that the space that surrounds Kalin’s garden belongs to the category of state mode of production. Lefebvre argues that the state mode of production produces minimal difference, as the state’s response to individual needs and desires is limited.

2 James Augustus Henry Sir Murray, Henry M. A. Bradley, William Alexander Sir Crai-gie, and C. T. Onions., The Oxford English Dictionary. Being a Corrected Reissue with an Introduction, Supple-ment, and Bibliography of a New English Dictionary on Historical Principles ... Edited by J. A. H. Murray, Henry Bradley, W. A. Craigie, C. T. Onions., vol. 5 (Oxford: 13 vol. Clarendon Press: Oxford, 1933), 290.

1 Martin Heidegger, Poetry, Language, Thought (New York: Perennical Classics, 2001).

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The combination of the hand made and the choice, use and arrangement of materials as well as the time based and evolutionary nature of his space are the qualities of Kalin’s mode of production comparable to Lefebvre’s lived space. The parameter fence of Kalin’s garden is made out of a variety of re-cycled materials, as is the one-storey hut like structure, which is mostly assembled using wooden elements, such as bits of furniture, old doors and windows, planks and floorboards. Kalin has assembled materials in such a way that the majority of surfaces are neither vertically nor horizontally level. The result is a patchwork of shapes, un-even surfaces and a mixture of textures and colour. If the state mode of production produces minimal difference or difference as sameness, lived space, in Lefebvre terms, produces maximal difference. “Maximal difference implies a ‘shattering of system.’ It points to festive, creative, affective, unalienated fully lived forms of plurality and individuality that assume rich social relation unfettered by forms of ‘indifference’ (individual, pluralism, imitation, conformism naturalized particularism).3

A space beyond survival architecture?The informal and contingent attributes as well as the evolutionary nature of Kalin’s mode of production belong to the category of bricolage, which is a sense of making do with what’s at hand. Isn’t Kalin’s garden just another example of informal architecture? Equivalents of Kalin’s mode of production can be found in the sheds on allotments of Western Europe. It is also the kind of architecture that spatial theorist, architects and urbanists associate with the much-admired barrios, bidonvilles, shantytowns and

favelas found in the developing world. One Berlin journalist described Kalin’s garden and one-storey hut like structure as a gecekondu in Berlin, no doubt referring to Kalin’s Turkish origins.4 Gecekondu is the common name, in Turkey, given to a form of low cost spontaneous housing.5 Literally translated gecekondu means a house put up quickly. Residents of gecekondu homes exploit a legal loophole in Turkish law which states that if a person starts to construct a house after dusk and moves into a completed house before dawn the same day without being noticed by the authorities, then the next day the authorities are not permitted to tear down the building. Instead, the authorities must begin a lengthy legal process. Such buildings may be constructed without acquiring the necessary planning procedures can be very densely populated. Robert Neuwirth states «half the residents of Istanbul - perhaps six million people - dwell in gecekondu homes».6 Despite the similarities between Kalin’s space and the above-mentioned informal types of architecture it is important to understand the difference between his space and informally constructed forms of quasi-legal spontaneous housing. Significantly, Kalin did not produce his space on the triangular plot of land to live in. He already has a modern apartment in the district of Kreuzberg. The fact that Kalin does not live on the triangular plot of land underlines an important distinction between space that is resided in and lived space that is produced by a process of using and inhabiting space in a specific way. The apartment that provides Kalin with shelter as well as all the conveniences of modern life belongs to the category the state mode of production, it is a space that is designed and built for residing. Kalin garden, on the other hand,

3 Stefan Kipfer, «How Le-febvre Urbanized Gramsci: Hegemony, Everyday Life, and Difference.,» in Space Difference, Everyday Life : Reading Henri Lefebvre (Lon-don: Routledge, 2008), 203.

4 Hans W. Korfmann, «Ein Stück Anatolien in Berlin,» Frankfurter Rundschau 30 June 2004.

6 Robert Neuwirth, Shadow Cities : A Billion Squatters, a New Urban World (New York: Routledge, 2005).

5 Henri Lefebvre, The Produc-tion of Space (Oxford, OX, UK ; Cambridge, Mass., USA: Blackwell, 1991), 373.

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is an extra space that produces enjoyment, where as the gecekondus, barrios, bidonvilles, shantytowns and favelas are produced out of a necessity to survive due to the extreme economic and social conditions of a particular place.

The dilemma of producing an individuated space.Kalin manages to bypass the state mode of production because he achieves a relative autonomy of the means of his spatial production by limiting the requirements of production: he doesn’t need expensive equipment because he uses his own labour power and the materials he uses are scavenged from his environment. Although Kalin succeeds in

producing his own unique space in the city centre he has no legal right to the triangular plot of land; the district council tolerates Kalin’s garden. Following the fall of the Berlin Wall there is still an ambivalence surrounding the use and ownership of the space: the triangular plot of land is effectively a traffic island, a part of the street administered by the district of Kreuzberg. If Kalin had not fenced off the triangular plot of land to make his own private garden, there is little doubt that this piece of land would have been spatially integrated into the Berlin wall memorial park and therefore open to public use. If Kalin has no legal rights of ownership to his garden then what gives him the right to use the land? A case for use rights (and even property rights) can be made from the observation that Kalin’s mode of production involved his physical investment in space. This argument resonates with John Locke’s labour theory of property. Locke begins his account of property by stating that the world belongs of everyone in common. Although

the notion of common land has practically no contemporary relevance the administrative indifference of the triangular plot of land during the period of the Berlin Wall overlaps with spatial ambivalence implied in Locke’s notion of commons. Locke’s second premise for property is that for a person to claim part of the commons she/he must mix their labour with the material world. Locke argues that the mixing of what is owned, one’s labour, with the material world transforms the material world into something new. This new thing that is produced from the labour invested in the material world is abstracted from the commons, its state of nature, because it has been improved from its original state adding a value to it. 7 Locke’s labour theory of property was intended to be a defence of individual ownership of a thing through a persons invested labour. Locke stated that individuals are governed by the laws of nature and therefore have no need for a state to organise life. Locke’s argument was based on his belief that individuals have an innate reasoning capacity that enables them to regulate their own lives as well as to resolve problems with other individuals. For Locke the state’s Interference in private affairs is seen as an encroachment of individual freedom.Reading Kalin’s form of spatial production through Locke’s defence of individual private property opens up an interesting dilemma in Lefebvre’s notion of lived space as a response to the alienating effects of the state mode of production. There are commonalities between Locke’s labour theory of property and Lefebvre’s lived space: both Locke and Lefebvre promote unmediated forms of spatial production where individuals are encouraged to appropriated space or to take possession of space through a process of direct interaction with the material world. However,

7 Peter Laslett, Two Treatises of Government, ed. Peter Las-lett (Cambridge: Cambridge University Press, 1988), 287.

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Kalin’s garden opens up a fundamental contradiction that exists between individuated and state produced space: in the space that Kalin produces he satisfies his individual needs and desires whereas the needs and desires of citizens are unified in the state mode of production. In creating a space for himself Kalin also creates a space that mirrors the abstracted form of space that Lefebvre attempts to overcome, namely private property. The question remains whether Kalin acts solely in his own interest when he makes his garden, or does he also produce something in the name of common interest? He clearly succeeds in producing an exclusive space for himself and his family, but does he, as a by-product of his actions, produce something beyond private property more like lived space or commons? The response, perhaps, is that despite the exclusivity of Kalin’s garden, his continual use of the triangular plot of land prevents it from being part of public space. In other words while Kalin uses his garden he maintains the spatial ambivalence of the triangular plot of land.

Nick Gee, London, March 2011

Bibliography

Heidegger, Martin. Poetry, Language, Thought. New York: Perennical Classics, 2001.Kipfer, Stefan. «How Lefebvre Urbanized Gramsci: Hegemony, Everyday Life, and Difference.» In Space Difference, Everyday Life : Reading Henri Lefebvre, 194-211. London: Routledge, 2008.Korfmann, Hans W. «Ein Stück Anatolien in Berlin.» Frankfurter Rundschau 30 June 2004.Laslett, Peter. Two Treatises of Government. Edited by Peter Laslett. Cambridge: Cambridge University Press, 1988.Lefebvre, Henri. The Production of Space. Oxford, OX, UK ; Cambridge, Mass., USA: Blackwell, 1991.Martin.Pfahler. Colour Photograph. Berlin, 2004.Murray, James Augustus Henry Sir, Henry M. A. Bradley, William Alexander Sir Craigie, and C. T. Onions. The Oxford English Dictionary. Being a Corrected Reissue with an Introduction, Supplement, and Bibliography of a New English Dictionary on Historical Principles ... Edited by J. A. H. Murray, Henry Bradley, W. A. Craigie, C. T. Onions. Vol. 5. Oxford: 13 vol. Clarendon Press: Oxford, 1933.Neuwirth, Robert. Shadow Cities : A Billion Squatters, a New Urban World. New York: Routledge, 2005.

Nick Gee: Complicating the production of a dis-alienated space

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ayant séparé une chose et une autre auparavant reliées, ayant fixé chacune sur son côté, distincte, dans la pente.

Ça dépend dans quel sens on circule, ce qu’on regarde.Les carrefours où s’échangent les éléments, traversées, mouvements d’air, rafales répétées dans les herbes, plus vives aux transports des camions.Des bordures maintes fois ouvragées pour qu’advienne le neuf, des découpes parfaites, des directions incontour-nables.Une falaise qu’on longe à cent vingt kilomètres/heure.

La terre gorgée d’eau, les étangs comme des trouées soudaines — des vols d’étourneaux en essaims sous les nuées hautes au ciel et rapides.

Glissades silencieuses des lignes tendues entre des pylô-nes à peine discernablesUn instant une ligne magique barre d’un trait l’épaisseur de la nuit — un train sera passé.Filaments de phares en éclairs.Les bêtes invisibles tapies dans les fossés.L’espace, continu, discontinu — morceaux associés de ciel et de terre — il n’est pas nécessaire de savoir qui, de nous, du vent, bouge quoi, qui se déplace et pour aller où.

Filant, filante, ce qui coule sans se diviser et s’allonge en une sorte de fil continu, mouvement continu de la crête des arbres, balayage des deux côtés de l’habitacle, une vitre, un cadre, la terre telle quelle, ciels.

Deux marges encadrent la sextuple largeur de la voie, deux marges, répétées en liserés, le talus, le fossé, la banquette puis trois voies, de chaque côté, encadrées d’un muret.L’ourlet de quelques arbres ni tout à fait sauvages ni trop entretenus. Ensemble ondulé filant en longues bandes floues, sauf par endroits, quelques troués dans le paravent de verdure, morceaux de profondeur entraperçue avant la reprise du motif. La hauteur du remblai, la montée progressive du niveau du sol en parcelles rectangulaires, légèrement pentues, redressées vers l’autoroute comme au spectacle de ce large ruban qui un jour trancha le paysage en deux —

Virginie Gautier : Sans titre

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Fragment devoyage Une fois franchi le Désert de Gobie, le train s’enfonce dans les prairies brûlées de la steppe mongole. La plaine ondule mollement jusqu’aux limites de l’horizon, comme une mer soulevée de vagues immobiles. Après les vastes étendues minérales qui défilaient hier derrière la fenêtre du wagon, ces herbages couleur de chaume vous donneraient presque une impression d’opulence chlorophyllienne. Par endroits, le ciel encombré s’éclaircit, libérant des faisceaux de lumière qui parsèment la toundra d’auréoles mordorées. Nulle part mieux qu’ici ne s’éprouve l’alliance du voir et du mouvoir. Le regard qui s’élance sans rencontrer d’obstacles entraine un besoin impérieux de dévaler l’espace. Et l’on croit soudain comprendre pourquoi les gens qui peuplent ces contrées incultes vouent, depuis des siècles, leur vie au déplacement. Dans ce paysage ouvert, traversé par une ligne unique qui sinue entre la terre et le ciel, la migration incessante des hommes et des troupeaux semble aussi naturelle que, sous des horizons plus denses, l’enracinement au cœur d’un terroir. Plusieurs voyageurs rencontrés sur la route m’ont dit l’angoisse qu’ils ont ressentie après des jours passés dans l’immensité nue des terres glabres de la Mongolie. À cet instant, derrière la vitre du train dont le rythme saccadé anime la steppe monotone, étourdi de liberté, je me prends à rêver de longues dérives sans retour. Mais voilà que déjà le convoi approche de sa destination, et, à la première heure de l’après-midi, j’entre à Oulan-Bator. Je ne reste pas longtemps à Oulan-Bator, damier de zones urbaines mal aboutées, cerné par des enfilades de yourtes et de baraquements qui, en l’absence de cadastre, poussent au petit bonheur derrière de longues palissades aveugles. Au centre de la ville, une fois passés les quartiers officiels, le promeneur est à la merci des hordes voraces de chiens sauvages qui trainent dans les rues sales. Après deux jours d’errances vaines, je repars pour le Nord dans un minibus surchargé qui rebondit comme une balle sur des chemins accidentés. Au milieu de la steppe immense, me voilà soudain prisonnier d’une pelote de corps qui, à chaque secousse, se cognent contre les parois du minuscule habitacle. Je m’amuserais volontiers de ce curieux contraste si l’inconfort et le mal de cœur n’occupaient seuls mon attention. Passé vingt heures de route, l’arrivée aux abords d’Hadgal est une libération. Au loin apparaissent les cimes blanches de l’Altaï, tandis que la végétation s’épaissit peu à peu, puis se répand en de vastes étendues de forêts familières. À la descente du minibus, plusieurs kilomètres me séparent encore des rives du lac Khövsgöl que je souhaite atteindre avant la tombée de la nuit. J’arrête une jeep sur le bord de la route et un couple de touristes australiens me conduit jusqu’à l’orée d’un bois tout en me racontant ses récentes aventures mongoles. Première nuit sous les étoiles. Je déplie la petite tente achetée, une semaine plus tôt, dans un supermarché de Pékin, puis j’entame mon stock de soupes lyophilisées qui constituera désormais

Laurent Buffet: Fragment de voyage

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mon principal ravitaillement. Le feu crépite dans la pénombre du sous-bois. Les clapotis du lac rythment la sérénade des oiseaux de la nuit. Je ne bouge plus. Les sursauts, les vibrations, les coups endurés durant des kilomètres de route me reviennent comme les rémanences douloureuses d’un membre fantôme. Un vent léger balaye mon visage, charriant des odeurs d’algue, d’écorce, de mousse, d’humus qui éveillent en moi le souvenir d’autres nuits, dans d’autres lieux, à l’autre bout du monde. Au matin, lorsque j’ouvre les yeux, le soleil est déjà haut perché dans le ciel. Je descends me baigner dans les eaux froides du lac, comme pour me laver d’un trop-plein de sensations accumulées, durant des mois, au contact des hommes, des villes et des routes. Je suis venu en Mongolie avec le désir de parcourir le pays seul et à dos de cheval. Durant mon passage à Oulan-Bator, plusieurs personnes m’ont assuré qu’il me serait aisé de trouver ici une monture que je pourrai ensuite revendre avant de quitter la région. Je m’avise soudain que l’entretien d’un animal demande des compétences dont je suis parfaitement dépourvu, et que la solitude sur ces terres inconnues risque fort d’être pesante et risquée. Une fois ma toilette terminée, je me mets donc à la recherche d’un cavalier susceptible de me guider sur ces chemins sauvages qui serpentent jusqu’aux frontières de la Russie. Je reste encore deux jours à errer dans le hameau voisin, interrogeant les villageois, frappant à la porte des gîtes, scrutant les champs de pâture, abordant les quelques touristes que je croise ici et là au cours de longues marches sur une plaine rase parsemée de bicoques isolées. Le second jour, je finis par rencontrer Vachir, un grand et maigre cavalier mongol aux allures de Don Quichotte qui revient tout juste d’une randonnée de trois semaines avec un groupe d’Israéliens. Nous repartons ensemble dès le lendemain, nous enfonçant dans la forêt sur deux chevaux râblés. Un troisième canasson porte notre barda. J’entre dans un autre temps, un temps qui s’étire, de l’aube brumeuse au soir glaçant, dans la quiétude humide de la forêt. Je me balance sur une selle en bois dont la raideur me ferait presque regretter le maigre rembourrage des banquettes d’autobus. En l’absence d’étriers, lorsque l’animal s’emballe ou surmonte un obstacle, je n’ai pas d’autre choix que de serrer les fesses tout en comptant mes bleus. Pour le reste, le clappement des sabots sur le chemin terreux scande en métronome la mélodie du silence. Aucun mot ne perturbe notre lente progression, mes échanges avec Vachir se résument à de simples regards. Il avance devant moi, droit sur sa monture, ne se retournant que pour m’annoncer un arrêt, lorsque la nuit commence à tomber ou que la faim nous y oblige. Nous suivons la rive du lac, que nous perdons parfois de vue, pour la retrouver plus loin, tandis que l’horizon s’ouvre à nouveau sur la chaîne de l’Altaï. Derrière ces cimes habillées de neiges éternelles, s’étend la plaine de Sibérie, rase immensité que je traverserai bientôt, peut-être, si les tourbillons de la route ne m’ont pas emporté, d’ici-là, vers des destinations plus lointaines.

Laurent Buffet: Fragment de voyage

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Les choses ont commencé très précisément en haut à gauche. Il fallait de toute façon un point de départ, un commencement. Tout était conditionné à cela, à ce point physique, à cet ancrage. Tout partirait de cet espace, l’idée même d’un avant, d’un vide ou d’un espace antérieur serait exclue. De cet instant éternel et décidé, les choses s’enchaîneraient dans une logique aussi limpide qu’impénétrable. C’est le mouvement de la main qui déciderait de la suite. Nulle réflexion, pas le moindre projet, rien en somme, si ce n’est ce point, (ce lieu) où tout a commencé. Où le langage commence. Chaque fois c’est une autre langue, un instant neuf, tout commence, le langage lui-même, l’idée du langage, sa possibilité, sa réalité imprévisible. Une langue conditionnée à son commencement. Ce commencement, ce n’est pas la première fois qu’il commence. En fait il commence toujours et ne recommence jamais. Telle est sa condition. Le commencement qui commence à nouveau, aujourd’hui en haut à gauche. Mais pour combien de temps, et pour aller où ? En bas à droite ? Non, ce serait trop simple. Il va dans le lieu où il se trouve déjà et dans un temps qui est déjà le sien. Il va dans cet espace choisit par l’écriture, bien avant le commencement de l’idée et bien avant le commencement de la réflexion. Cet espace où il va et où il se trouve n’est pas son lieu ou sa destination, il est le mouvement même de son corps qui écrit. Ce corps qui a lu et qui a vu, ce corps et plus précisément le bras et la main, le cerveau tout en haut, les pieds qui touchent le sol. Tous agissent simultanément, dans un mouvement à la fois solidaire et d’une parfaite indépendance. La main se crispe, c’est le bras qui bouge dans un mouvement répétitif qui ne permet pas d’appréhender la finalité de ces gestes. Il y a un ennui qui s’installe, puis vient une forme d’indifférence ou peut-être de détachement. Il faudra aller au bout de cet exercice, sans que l’on sache très bien pourquoi. De toute façon, il en est toujours ainsi. On ne sait pas très bien pourquoi on fait ces choses au fond, on ne sait pas exactement à quoi cela correspond. Il faut bien faire quelque chose. On nous l’a demandé, on se l’est proposé à soi, comme pour remuer un arrière-fond, ou quelque chose qui viendrait d’on ne sait où, et qui devrait se rendre, quelque part. Rendre les armes, rendre compte, rendre ce qui a été pris, restituer cette part arrachée et comme exilée. Tout se passe à la surface ou en surface. Rien n’est caché et en fin de compte rien n’est vraiment montré non plus. Cette écriture ne dit rien d’autre qu’elle-même au fond. Sa transparence est illusoire, on montre toutes ces choses et en fait on ne montre rien. Il n’y a rien à voir, si ce n’est le spectacle qui est offert. Alors on regarde. On ne voit pas grand chose mais on regarde les mots, et bien sur, il y en a trop, alors on se perd, on perd le fil, on perd le sens, et enfin on perd la vue. Et c’est à cet instant que tout commence, quand on a perdu la vue, quand on cherche à voir, quand on se met à écouter, à toucher, quand on peut se mettre à crier en espérant le retour intact de sa propre voix. Beaucoup de choses sont permises dans de telles conditions. On tente toutes sortes de solutions en s’affranchissant des habitudes que l’on a prises sans même en prendre conscience. Des habitudes qui, peu à peu, nous ont séparé de la vision des choses. Nous avons cru continuer à voir,

Jean-Christophe Norman : Sans titre

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alors que nous ne voyions plus rien. Et cette invisibilité était d’autant plus grande qu’elle était elle-même invisible. Alors que restait-il à faire ? S’arrêter ou continuer ? Tout en se posant ces questions, son bras continuait de guider la main et l’écriture prolongeait ce mouvement emprunt de questionnement et de certitude, tout se mélangeait, rien n’était clair ou tranché. La seule chose dont on ne pouvait encore douter c’est que cette main dessinait encore des mots, et peu importe, après tout, ce qu’ils disaient ou tentaient de dire. On le saurait sans doute plus tard, quelqu’un trouverait un sens à tout cela des choses remonteraient du fond, on y verrait même une forme d’évidence ou de clarté. Dans cette affaire, le présent n’avait pas beaucoup d’importance on pouvait sans aucun problème en différer les impacts. Sans doute était-il possible d’oublier toutes ces questions, ou en tout cas, de ne pas s’y subordonner complètement. Tout cela passerait très vite de toute façon. Rien ne se prolonge réellement, si ce n’est justement cette impression passagère qui entoure les choses. L’eau se dissout dans l’eau, le rêve se dissout dans un autre rêve, les lieux ne sont pas des espaces définis ou séparés, il n’existe en fin de compte aucune frontière, il n’y a pas de délimitations, pas de cartographie. Ce sont des idées fausses, des idées qui tentent de rassurer et de proposer un monde dans lequel il soit possible de se protèger et de se défendre. Or, cela est faux. Cette géographie n’a plus cours depuis longtemps, et a t’elle véritablement existé, qui pourrait le démontrer sans que le doute ne subsiste. Beaucoup de choses se passeront, et c’est le passage lui-même qui restera. Quand il n’y aura plus rien à voir et plus rien à entendre, les choses deviendront claires et peu à peu le sens des mots remontra tout près de la surface. Mais pour l’instant, il continuait d’écrire, c’est en tout cas ce qu’il pensait faire, il en était presque certain. Alors, il pouvait continuer, il faisait quelque chose, ça l’occupait. Des gens passaient et le regardaient, cela il en était sur, il le sentait très nettement. Il n’avait le temps de se retourner et de le vérifier car il était trop occupé à écrire, à voir venir ces mots qu’il écrivait et qu’ils n’avait même pas choisit. Pour autant ces mots ne venaient pas d’en haut, ils n’arrivaient pas sur lui comme une sorte de grâce, ils venaient de l’intérieur de son corps, ils parcouraient en lui des distances presque infinies. Mais à quoi bon de toute façon, puisqu’il ressentait très fortement cette présence. Si ces personnes le regardaient cela devait avoir un sens, peu importe que celui-ci soit caché ou encore qu’on ne puisse le retranscrire ou simplement le formuler. Ces regards là justifiaient qu’il continue. Par moment son bras s’engourdissait, ses jambes donnaient cette impression de ne plus le soutenir. Par moment, il avait le sentiment de se séparer de lui-même et se séparer du temps dans lequel il se trouvait. Cela ne le génait pas. Au contraire, il en éprouvait un certain plaisir. Ainsi il pouvait profiter du spectacle, ou mieux, faire autre chose, ou encore ne rien faire, rester là et ne rien faire. Tout cela, il ne l’avait pas imaginé, cela se présentait à lui naturellement, sans qu’il ait besoin de s’y investir. Sa présence comme sa distance avec l’événement étaient devenus des éléments indistincts, et tous deux contribuaient à faire de ces moments un pur passage. Bientôt il aurait tout oublié, il serait incapable de dire quoique ce soit à ce propos.

Peut-être en resterait-il une trace cachée au fond de lui, mais il n’en saurait rien.Cette fois la fatigue se faisait sentir plus nettement, il en éprouvait une lassitude, et il ne voyait plus du tout comment prolonger son geste. A chaque fois, cette fatigue le ramenait dans le coeur de son action et quand bien même il avait presque tout oublié, il continuait, il écrivait une histoire dont il ignorait qu’elle avait depuis longtemps commencé, une histoire dont la fin n’était pas envisageable. On pouvait penser qu’il était devenu son propre mouvement et qu’il avait été capable d’unifier tous ces éléments disparates sans les priver de leur autonomie, sans abîmer la liberté qui était leur raison d’être. Sans début et sans fin, comment pourrait-il trouver une place, comment pourrait-il s’arrêter puisqu’il n’existait pas de d’endroit prévu à cet effet. Il n’y avait plus que du mouvement, un mouvement qu’il ne percevait pas toujours, un mouvement qui n’était pas seulement celui du bras et de la main, mais aussi le mouvement des mots, le mouvement du monde et des choses, un mouvement permanent. Ce flux il ne l’avait pas imaginé, il n’aurait pas pu l’envisager, il avait seulement commencé sans connaître la raison qui le poussait à cela et s’il continuait ainsi, sans doute était-ce pour, justement, ne pas répondre à toutes ces questions. Tant que le mouvement continuait, il ne se sentait pas obligé de répondre à quoi que ce soit. Les questions n’avait plus cours, par cette action continue il réussissait ce tour de force de mettre à distance le doute. Il avait tout oublié. La mémoire semblait s’être arrachée de son corps. Etait-elle partie rejoindre un lieu inconnu ou encore indistinct, se cachait-elle dans l’écriture des mots, était-elle éparpillée dans toutes les lettres, ou même dans la ponctuation des phrases? Personne ne pouvait répondre à ces questions, et on ne pouvait pas écarter l’idée de sa disparition complète, l’idée qu’il n’existe plus qu’un simple corps et que ce corps tout entier soit devenu l’écriture. La main ne se rappelait plus du bras, le corps était morcellé, il produisait de purs mouvements, une pensée, des phrases éclatées et une sensation vertigineuse d’éparpillement. Il avait tout oublié et pourtant il lui arrivait d‘en douter. Le fait qu’il soit là prouvait sa présence, et les mots qui avaient été écrits contredisaient cette disparition. Et puis, il voyait toujours des personnes passer près de lui, il sentait leur présence, il lui arrivait même d’entendre ce qu’elles disaient. Et, peu importe qu’il soit incapable de comprendre, il se rattachait à ces quelques détails, cela lui suffisait, cela prouvait qu’il était en vie et qu’il accomplissait une action. Il aurait pu se sentir effrayé par toutes ces visions et par ces sensations à ce point contrastées. Il en éprouvait, au contraire, un véritable plaisir, un sentiment intense de détachement, d’absence et de retour finissait par le rasurer. Il n’avait plus à décider, ce n’était plus lui qui contrôlait l’écriture. L’écriture était parvenue à une forme d’autonomie, certes elle avait encore besoin de traverser son corps, c’était toujours sa main qui traçait les lettres mais c’était devenu une chose accessoire, un pur mécanisme.

Jean-Christophe Norman : Sans titre

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Dans tout ce qui l’environnait, il pouvait ressentir un calme presque silencieux, puis, brusquement, une conscience implacable le faisait sursauter. Des phrases échangées lui rappelaient toute l’ampleur du lieu où il se trouvait et la douceur qu’il avait éprouvée pourtant si profondément se transformait d’un seul coup en une sensation de vide très présente et dont il ne semblait pas pouvoir se défaire. C’est dans cette alternance qu’il continuait à écrire et si ces sentiments étaient à ce point contrastés, son écriture quant à elle restait régulière et préservée de ces va-et-vient. La main continuait à écrire et son coeur continuait à battre, par moment tout se rassemblait, c’étaient des instants pendant lesquels ressentait une puissance, cela ne durait pas, mais, à coup sur, cela lui permettait de continuer comme s’il était guidé par un destin aveugle t par un instinct invisible. Il lui arrivait de penser qu’il pourrait s’absenter et qu’il même qu’il était en mesure de quitter le lieu sans que le mouvement de l’écriture ne s’arrête.

Exemplaire n°1---------------------

Édition : Septembre 2011Direction Artistique : Laurent Buffet.

Intervenant : Hubert Renard, Plans d’Expositions. Maquette : Benjamin «Zariel» Chaignon.

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