Exemplaire volume XII - numéro 10

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VOLUME XXII NUMéRO 10 LE MERCREDI 24 AVRIL 2013 «O n est en train de don- ner un formidable élan de vie à l’ExEm- plairE», s’est réjoui Thierry Watine, professeur titulaire au Département d’information et de communication à l’Université Laval. Sans cette mo- dernisation, la mort du journal était assurée d’ici deux ans à peine. C’est du moins la vision de M. Watine, qui a aussi participé à la mise en branle de l’importante réforme en communication publique, au cours de laquelle la transition Web de l’ExEmplairE a été planifiée. Pour Jean-Claude Picard, ancien journaliste et éditeur de l’ExEmplairE depuis 17 ans, le pas- sage au Web s’impose mais marque tout de même la fin d’une tradi- tion. «Moi, ça me rend nostalgique quand j’y pense. On ne tourne pas les pages sur le Web comme on le fait dans un journal», a remarqué M. Picard. Plusieurs journalistes et étu- diants se montrent aussi réticents devant la transition annoncée. «Les journalistes ont peur du change- ment. Et comme ils en ont peur, ils s’accrochent à ce qu’ils connais- sent», a suggéré Thierry Watine pour expliquer ces hésitations. Tou- tefois, à ses yeux, cette nostalgie peut être transformée positivement. «S’il y a de la nostalgie, c’est qu’il y a eu de l’amour et du plaisir. Notre boulot, c’est de transformer l’atta- chement des étudiants au support actuel en un enthousiasme envers la continuité», a soutenu M. Watine. D’hebdo à quotidien La plateforme offerte à partir de l’automne présentera des nou- velles au quotidien. «Il faut oublier le fonctionnement de l’hebdo», a affirmé Jean-Claude Picard, par ailleurs très motivé par le change- ment de formule. «On va se planter, c’est sûr! Mais on va apprendre», a-t-il affirmé. En plus de présenter de l’écrit, l’ExEmplairE Web sera également une plateforme pour les reportages télés et radios produits par les étu- diants en journalisme. «Ce qu’on est en train de vivre, c’est un mo- dèle réduit de ce qui existe dans la profession et que je vois depuis dix ans. Est-ce qu’on va continuer à faire de la presse écrite en silo, alors qu’on voit que dans le monde entier, les journaux déclinent et dis- paraissent?», s’est demandé Thierry Watine. À l’école de la rigueur Qu’il soit papier ou virtuel, l’ExEmplairE se veut d’abord un journal-école. Son premier objectif est donc pédagogique. «Le support est sans importance. Ce qui est im- portant, c’est le contenu», a affirmé Florian Sauvageau, spécialiste des médias et professeur émérite asso- cié au Département d’information et de communication. «Quelle que soit la technolo- gie, la méthode de rigueur devra rester la même», a d’ailleurs sou- tenu le professeur titulaire au même département Jacques Rivet. À ses yeux, ce changement de plateforme est un atout, «à condition qu’on ne se noie pas dans la technique pour la technique». Deux ExEmplairE, un même esprit La mission principale de l’ExEmplairE, premier journal- école francophone publié au Qué- bec, a toujours été d’augmenter l’implication des étudiants en leur donnant la chance d’être lus par des lecteurs extérieurs. «Il y a une fierté d’être publié. Tu sais que ça va sortir, qu’il y a des gens qui vont le voir», a exprimé M. Picard. La fierté ressentie par les étudiants après la publication de leur article sera tout autant valorisée dans la version Web du journal selon les responsables du projet. l’ExEmplairE, fondé par Jacques Guay en 1993, était, est et demeurera un journal où la pré- sence des étudiants ne se calcule pas en termes d’heures de classe. «Les étudiants ont compris qu’on ne peut enfermer l’actualité dans la grille horaire de l’université. Pour eux, pas de semaine de lecture, des journées de parfois douze heures, une couverture des événements à assurer sept jours par semaine», a écrit Jacques Guay dans son dernier éditorial publié dans l’ExEmplairE. Le journal se voulait aussi «une formation pratique et profes- sionnelle pour que les étudiants aient une formation très proche de celle du marché du travail», a fait remarquer M. Rivet. C’est ce que la nouvelle formule tentera de conser- ver. Certes, le papier s’envole. Mais l’esprit reste. Le papier s’envole, l’esprit reste Québec – En laissant derrière elle plus de 4 000 pages, la version papier de l’ExEmplairE prend fin aujourd’hui, mais elle n’a pas dit son dernier mot. À l’heure où tous les grands médias écrits lancent leur propre plateforme Internet, l’ExEmplairE suit le courant et passe au Web à compter de l’automne prochain. Selon les instigateurs du projet, la tran- sition est inévitable. Sarah-Christine Bourihane sarah-christine.bouri- [email protected] Camille Bélanger Vincent camille.belanger-vin- [email protected] Photo Émilie Bonnefous Mot de l’éditeur page 4

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L'ultime numéro de l'Exemplaire version papier. C'est une nouvelle aventure qui commence avec la version numérique!

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Page 1: Exemplaire volume XII - numéro 10

Volume XXII Numéro 10 le mercredI 24 aVrIl 2013

«On est en train de don-ner un formidable élan de vie à l’ExEm-

plairE», s’est réjoui Thierry Watine, professeur titulaire au Département d’information et de communication à l’Université Laval. Sans cette mo-dernisation, la mort du journal était assurée d’ici deux ans à peine. C’est du moins la vision de M. Watine, qui a aussi participé à la mise en branle de l’importante réforme en communication publique, au cours de laquelle la transition Web de l’ExEmplairE a été planifiée.

Pour Jean-Claude Picard, ancien journaliste et éditeur de l’ExEmplairE depuis 17 ans, le pas-sage au Web s’impose mais marque

tout de même la fin d’une tradi-tion. «Moi, ça me rend nostalgique quand j’y pense. On ne tourne pas les pages sur le Web comme on le fait dans un journal», a remarqué M. Picard.

Plusieurs journalistes et étu-diants se montrent aussi réticents devant la transition annoncée. «Les journalistes ont peur du change-ment. Et comme ils en ont peur, ils s’accrochent à ce qu’ils connais-sent», a suggéré Thierry Watine pour expliquer ces hésitations. Tou-tefois, à ses yeux, cette nostalgie peut être transformée positivement. «S’il y a de la nostalgie, c’est qu’il y a eu de l’amour et du plaisir. Notre boulot, c’est de transformer l’atta-

chement des étudiants au support actuel en un enthousiasme envers la continuité», a soutenu M. Watine.

D’hebdo à quotidienLa plateforme offerte à partir

de l’automne présentera des nou-velles au quotidien. «Il faut oublier le fonctionnement de l’hebdo», a affirmé Jean-Claude Picard, par ailleurs très motivé par le change-ment de formule. «On va se planter, c’est sûr! Mais on va apprendre», a-t-il affirmé.

En plus de présenter de l’écrit, l’ExEmplairE Web sera également une plateforme pour les reportages télés et radios produits par les étu-diants en journalisme. «Ce qu’on est en train de vivre, c’est un mo-dèle réduit de ce qui existe dans la profession et que je vois depuis dix ans. Est-ce qu’on va continuer à faire de la presse écrite en silo, alors qu’on voit que dans le monde entier, les journaux déclinent et dis-paraissent?», s’est demandé Thierry Watine.

À l’école de la rigueurQu’il soit papier ou virtuel,

l’ExEmplairE se veut d’abord un journal-école. Son premier objectif est donc pédagogique. «Le support est sans importance. Ce qui est im-portant, c’est le contenu», a affirmé Florian Sauvageau, spécialiste des médias et professeur émérite asso-cié au Département d’information et de communication.

«Quelle que soit la technolo-gie, la méthode de rigueur devra rester la même», a d’ailleurs sou-tenu le professeur titulaire au même département Jacques Rivet. À ses yeux, ce changement de plateforme est un atout, «à condition qu’on ne se noie pas dans la technique pour la technique».

Deux ExEmplairE, un même esprit

La mission principale de l’ExEmplairE, premier journal-école francophone publié au Qué-bec, a toujours été d’augmenter l’implication des étudiants en leur donnant la chance d’être lus par des lecteurs extérieurs. «Il y a une fierté d’être publié. Tu sais que ça va sortir, qu’il y a des gens qui vont le voir», a exprimé M. Picard.

La fierté ressentie par les étudiants après la publication de leur article sera tout autant valorisée dans la version Web du journal selon les responsables du projet.

l’ExEmplairE, fondé par Jacques Guay en 1993, était, est et demeurera un journal où la pré-sence des étudiants ne se calcule pas en termes d’heures de classe. «Les étudiants ont compris qu’on ne peut enfermer l’actualité dans la grille horaire de l’université. Pour eux, pas de semaine de lecture, des journées de parfois douze heures, une couverture des événements à assurer sept jours par semaine», a écrit Jacques Guay dans son dernier éditorial publié dans l’ExEmplairE.

Le journal se voulait aussi «une formation pratique et profes-sionnelle pour que les étudiants aient une formation très proche de celle du marché du travail», a fait remarquer M. Rivet. C’est ce que la nouvelle formule tentera de conser-ver.

Certes, le papier s’envole. Mais l’esprit reste.

Le papier s’envole, l’esprit reste

Québec – En laissant derrière elle plus de 4 000 pages, la version papier de l’ExEmplairE prend fin aujourd’hui, mais elle n’a pas dit son dernier mot. À l’heure où tous les grands médias écrits lancent leur propre plateforme Internet, l’ExEmplairE suit le courant et passe au Web à compter de l’automne prochain. Selon les instigateurs du projet, la tran-sition est inévitable.

Sarah-Christine [email protected]

Camille Bélanger [email protected]

Photo Émilie Bonnefous

Mot de l’éditeur page 4

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L’ exempLaire2 l’eXemplaIre, le mercredI 24 aVrIl 2013

Marie-Maude Denisrédactrice en chef - 2001

Celle qui a remporté l’automne dernier le prix Judith-Jasmin dans la catégorie Enquête se souvient d’avoir été rédactrice en chef lors des évènements marquants du 11 septembre 2001. «Picard nous fouettait et nous critiquait, mais c’était pour notre bien! Il était impitoyable», s’est-elle rappelée. Au sujet de la nouvelle plateforme de l’ExEmplairE, elle a souligné que «c’est l’avenir! Aujourd’hui, le journaliste n’est plus un spécialiste d’un médium, mais doit être actif sur toutes les plateformes». (S.H.D.)

Valérie GaudreauBoursière de la

tribune de la presse - 2002 À l’hiver 2002, Valérie Gaudreau a occupé au sein du journal-école

un poste qui n’existe plus aujourd’hui : boursière de la tribune de la presse, ce qui lui a ouvert les portes du Parlement. Elle démontre autant d’attachement à l’ExEmplairE qu’au Soleil où elle travaille depuis son stage à l’été 2003. «On lirait le journal en hologramme dans le ciel, mais le métier est le même», a soutenu celle qui a aussi été chargée de cours au Département d’information et de communication à l’Université La-val. (S.H.D.)

Nicolas Steinbach Chef de nouvelles

universitaires - 2004Nicolas Steinbach a été chef de nouvelles universitaires en 2004.

Il appréciait principalement «l’effet de gang très grisant et la très belle équipe de [son] époque». M. Steinbach est présentement journaliste pour le Téléjournal Acadie de Radio-Canada à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Il travaille pour la société d’État depuis six ans. Au sujet de l’avenir de l’ExEmplairE, il a rappellé qu’aujourd’hui les médias sont intégrés. «On touche à tout. Il faut être polyvalent, sinon tu ne restes pas dans le métier», a-t-il déclaré. (S.H.D.)

Kathryne LamontagneChef de nouvelles culturelles - 2007

Chef de nouvelles culturelles à l’automne 2007, Kathryne Lamon-tagne travaille aujourd’hui au Journal de Québec. Ses meilleurs souve-nirs sont les amitiés qu’elle a créées avec les autres de l’équipe de pro-duction, des amitiés qui perdurent. Elle n’a que de bons mots pour celui qui «chapeautait tout ça d’une main de maître», Jean-Claude Picard. «Si ce n’était pas de lui, je ne serais pas journaliste», a-t-elle mentionné. M. Picard lui a transmis le désir de l’excellence et la rigueur qu’elle applique aujourd’hui dans son métier. (S.H.D.)

Fredérick LavoieChef de pupitre Québec - 2004

Frédérick Lavoie, chef de pupitre Québec en 2004, perçoit son par-cours à l’ExEmplairE comme très formateur. «Mon passage à l’ExEm-plairE fut de loin l’expérience la plus enrichissante professionnellement, mais aussi humainement, dans mon bac en communication. Nous avions une équipe du tonnerre». «Lorsque je suis arrivé dans un journal profes-sionnel pour la première fois lors de mon stage au Quotidien de Chicou-timi, je me sentais outillé pour y travailler». Journaliste indépendant, Frédérick Lavoie est actuellement basé en Inde, en plus d’avoir écrit un livre, Allers simples, relatant ses expériences en tant que journaliste.(R.L)

Jean-Nicolas Blanchetrédacteur en chef - 2011

Pour Jean-Nicolas Blanchet, qui fait partie du bureau d’enquête du Journal de Montréal, «il n’y a pas un endroit où j’ai appris le journa-lisme mieux qu’à l’ExEmplairE. Que ce soit en stage ou en cours, tu dois prendre des décisions. Tu comprends la game et c’est exactement comme ça que ça se passe en vrai», a expliqué celui qui occupait le poste de rédacteur en chef de l’équipe en 2011. (R.L.)

Toute bonne chose a une fin. Je m’en doutais un peu lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois à l’ExEmplairE! C’est pourquoi j’ai commencé très tôt à préparer ma sortie.

Contrairement à M. Gilette, je n’ai pas acheté la compagnie, elle était bien trop déficitaire, mais je me suis allié à ce qu’elle avait de plus pré-cieux à offrir : ses journalistes.

La première fois que j’ai quitté l’ExEmplairE, c’était en décembre 1994. J’avais réussi à m’entourer de Josiane, Julie, Jacques, Yannick, Sylvie, Marie-Lise, Isabelle, Sandra, Jean, Raynald et de bien d’autres encore. Ça avait été facile parce que personne ne voulait vraiment quitter et que tous étaient prêts à participer à une nouvelle aventure afin de faire durer le plaisir : un hebdo calqué sur l’ExEmplairE.

Le Moteur est né en février 1995. Il était dirigé par des anciens de l’ExEmplairE, écrit par des anciens de l’ExEmplairE et même vendu par des anciens de l’ExEmplairE. L’aventure de l’ExEmplairE se poursui-vait… Elle s’est poursuivie durant 16 mois, mais comme toute bonne chose a une fin, Le Moteur a dû fermer ses portes. Mauvais plan ? Pas vraiment !

En août 1996, je suis retourné à l’ExEmplairE, en tant que chargé de cours cette fois. Plusieurs choses avaient changé, Jean-Claude Picard succédait à Jacques Guay comme éditeur, je prenais le relais de Richard Amiot comme directeur de la production et de nouveaux ordinateurs ar-rivaient, mais le même esprit d’entraide, de générosité et de camaraderie y régnait toujours. Durant 15 ans, au fil des sessions, les étudiants se sont succédés. Formant une grande famille de journalistes qui, d’un océan à l’autre, parfois même beaucoup plus loin, nous informent maintenant jour après jour. Durant ces 15 années, j’ai donc été au centre de cette famille à titre de grand frère, mais comme toute bonne chose a une fin, en avril 2011, j’ai quitté l’ExEmplairE pour la deuxième fois.

Comme pour la première, j’avais préparé mon départ. Non seulement j’avais déjà retrouvé d’anciens compagnons de l’ExEmplairE, mais de nouveaux venaient régulièrement nous rejoindre dans la salle de presse du Journal de Québec.

Demandez à Jean, à Simon et à Katia ou encore à Stéphane, à Ra-phaelle, à Alain, à Kathryne, à Geneviève, à Jean-Nicolas, à Thierry, à Nicolas, à François et à Josée… Ils vous répondront : on quitte peut-être l’ExEmplairE mais l’ExEmplairE ne vous quitte jamais!

l’ExEmplairE ne nous quittera jamais mais tout exemplaire de rem-placement ne sera cependant jamais réellement l’ExEmplairE, loin de là, puisque tout exemplaire de remplacement ne comptera jamais Jean-Claude Picard ni Jacques Guay en ses rangs.

Mario FraserDirecteur de production à l’ExEmplairE jusqu’en 2011

On ne quitte jamais vraiment

l’ExEmplairE

L’équipe de L’ExEmplairEJournal école des étudiants en journalisme. Son contenu n’engage en rien la responsabilité du Département d’infor-mation et de communication. Fondateur: Jacques Guay; Éditeur: Jean-Claude Picard (656-2131 poste 4683);

Directeur de la production: Mathieu Massé (8942); Adjoint à l’éditeur: Chloé Noël (8942); Rédactrice en chef: Vicky Fragasso-Marquis (4513); Secrétaire de rédaction: Jean-Michel Poirier (4513); Édito-rialiste en chef: Sarah-Christine Bourihane (8954); Maquettiste: Marie-Pier Cayer (8959); Directeur de la photo-graphie: Yascha Wecker (8954); Caricaturiste: Marie-Michèle Genest Université: Olivier Turcotte, Hassan Daher, Vanessa Picotte et Sophie Houle-Drapeau (5224); Municipal, régional et gouvernemental: Pierre-Yves Robert et Camille Bélanger-Vincent (8956); Culture: Émilie Bonnefous, Rachel Lapointe, Margaud Castadère-Ayçoberry et Marie-Michèle Genest (8957); Sports: Fanny Nonvignon et Audrey-Anne Maltais (8957). Conception de la maquette typographique: Marco Dubé et François Baron du Studio Graphiskor; Julie Verville et Mario Fraser; Dépôt légal: Bibliothèque Nationale du Québec, 1994; Imprimeur: Les Presses du Fleuve, 100, avenue de la Cour, Montmagny (Québec) G5V 2V9; Tirage: 1000 copies. Adresse: Département d’information et de communication, C.P. 4120, pavillon Louis-Jacques-Casault, local 3832, Cité universitaire (Québec) G1V 0A6;

Télécopieur: (418) 656-3865; Courriel: [email protected]; Site Web: http://www.exemplaire.com.ulaval.ca; Facebook: L’Exemplaire (Page officielle); Fil Twitter: @lexemplaire Points de distribution du journal: Cité universitaire: pavillon Bonenfant, pavillon Casault, pavillon De Koninck, pavillon Desjardins, pavillon des Sciences de l’éducation, pavillon Pouliot, pavillon Vachon, pavillon Lemieux, pavillon Vandry, pavillon Palasis-Prince, Peps; Ville de Québec: Bibliothèque Gabrielle-Roy, Tribune de presse du parlement.

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Université 3l’eXemplaIre, le mercredI 24 aVrIl 2013

«À long terme, on va avoir plus de diffi-culté à attirer des

gens très compétents pour les postes de recteurs. Les gens vont moins se bousculer pour obtenir ce titre», a déclaré M. Savard, aussi responsable du programme de maîtrise en économique à l’Université de Sherbrooke.

Aux yeux de M. Savard, ce changement budgétaire pourrait mener à l’exode des dirigeants des universités de la province.

«Les revenus des recteurs des autres provinces du Canada sont beaucoup plus élevés qu’au Qué-bec. En Ontario, par exemple, à Nipissing University, la rectrice dont l’université compte 6 000 étudiants, reçoit un salaire de 420 000 $». En comparaison, le salaire de la rectrice de l’Unive-risté de Sherbrooke, qui compte 18 000 étudiants, est de 280 000$.

L’économiste abonde dans le même sens que les recteurs mé-contents qui considèrent que le

gouvernement limite de plus en plus le pouvoir décisionnel des universités. M. Savard a soutenu que le gouvernement s’ingèrerait trop dans le travail des univer-sités n’ayant pas besoin de cet encadrement. Au contraire, cela viendrait plutôt leur nuire. «Au sein du ministère de l’Éducation, il y a très peu de fonctionnaires qui travaillent sur le dossier des universités et souvent, ces gens-là ne connaissent pas nécessaire-ment très bien le fonctionnement de ces établissements», a-t-il sou-tenu.

D’après lui, cet encadrement qui serait dû à une mauvaise ges-tion de la part des recteurs est une erreur. «C’est sûr qu’il y a eu certains cas très médiatisés de mauvaise gestion, mais dans l’en-semble, ces établissements sont

tout de même bien gérés. L’image qui a été donnée à l’extérieur ne reflète pas bien la réalité», a-t-il conclu.

La nouvelle mesure du gou-vernement Marois consiste à en-cadrer davantage la rémunération des recteurs ainsi qu’à limiter l’augmentation des salaires. Elle vise aussi les avantages sociaux, notamment les fonds de retraite.

«Cela permettra au minis-tère d’assurer un contrôle plus adéquat de la masse salariale des universités québécoises, fai-sant notamment en sorte de ne pas autoriser des croissances ou des augmentations jugées dérai-sonnables ou inadéquates ou en-core en raison de leurs impacts budgétaires», a expliqué, Joël Bouchard, attaché de presse du

ministre de l’Enseignement supé-rieur Pierre Duchesne.

Pour Martine Desjardins, présidente jusqu’au 30 avril de la Fédération étudiante universi-taire du Québec (FEUQ), il était grand temps que le gouvernement prenne en charge les salaires des recteurs des universités du Québec qui, selon elle, seraient exagérés. «Plusieurs recteurs, vice-recteurs, même doyens de certaines universités québécoises ont des salaires jusqu’à trois fois plus élevés que la première mi-nistre, donc oui, ça demande de revoir certaines règles», a-t-elle convenu.

M. Denis Brière, recteur de l’Université Laval n’a pas accor-dé d’entrevue à l’ExEmplairE sur ce sujet.

Règle budgétaire sur les salaires

Compétence des recteurs menacéePriscille Gé[email protected]

Cité universitaire – La nouvelle règle budgétaire du gouver-nement sur les revenus des recteurs adoptée le 26 mars dernier par le Conseil du trésor aura des répercussions sur la compétence moyenne des dirigeants d’universités qué-bécoises, selon l’économiste Luc Savard.

«Je peux vous assurer que l’Université Laval souscrit pleinement à cette position

d’ouverture et de partage du savoir», a déclaré Denis Brière, recteur de l’Université Laval, lors du Conseil universitaire du 9 avril dernier. «Les MOOCs s’inscrivent dans un mou-vement plus large, soit celui des “ressources éducatives libres” et du libre accès à la connaissance scien-tifique et technique», a-t-il explicité.

Cette formation d’auto-appren-tissage ne risque pas d’engendrer une perte d’étudiants, selon le di-recteur du Bureau de la formation à distance de l’Université, Jean-Benoît Caron. «Aussi longtemps que ce sera des activités non crédi-tées, il n’y aura aucun impact sur les effectifs étudiants», a-t-il expliqué. «Au contraire, l’accès gratuit à cer-tains savoirs universitaires pourrait convaincre des personnes de leur capacité de faire des études universi-taires, et ainsi les inciter à s’inscrire à l’université», a-t-il ajouté. «Les nouvelles technologies de l’infor-mation et de la communication ont été depuis une quinzaine d’années,

et demeureront, des outils fort utiles à tous les niveaux et tous les modes d’enseignement», a-t-il ajouté.

Double défiL’Université Laval doit relever

un double défi, selon le vice-recteur aux études et aux activités interna-tionales de l’Université Laval, Ber-nard Garnier. Il faudrait «identifier des projets-pilotes prometteurs qui seront portés par des enseignants motivés et disponibles», et «trou-ver le financement et les ressources requises afin d’offrir des MOOCs de grande qualité qui appuieront la notoriété de notre université», a-t-il conclu lors du Conseil universitaire du 9 avril dernier.

L’Université envisage certes l’idée d’offrir des cours en ligne à accès libre, mais demeure sceptique quant à la rentabilité. «La produc-tion d’un MOOC est très coûteuse. S’il n’y a pas quelque retour sur l’investissement, ce ne sera qu’un mouvement passager», a soutenu M. Caron. «Attendons pour voir. Et si ce n’était qu’un phénomène de mode?» a-t-il lancé.

De son côté, M. Garnier a tenu à rappeler au Conseil universitaire que le taux d’abandon des MOOCs demeure élevé. Les établissements universitaires assurent la rentabilité de ce type de cours avec l’obtention du diplôme ou d’un certificat. Autre-ment dit, les MOOCs sont gratuits à l’enseignement, mais payants à la diplomation.

Les MOOCs francophones de-meurent peu nombreux. Au Québec, un seul établissement les a intégrés. «Outre quelques initiatives fran-çaises et suisses, HEC Montréal a

été dans les premières universités à tenter l’expérience», a déclaré M. Garnier.

Économies subtantiellesClaude Coulombe, architecte

logiciel à la Polytechnique et candi-dat au doctorat de la Télé-Université du Québec (TELUQ), croit plutôt que les MOOCs permettront aux universités de réaliser des écono-mies substantielles pour les univer-sités. «Ce n’est pas le contenu qui coûte une fortune», a-t-il affirmé. Selon lui, c’est tout ce qui l’entoure qui amènerait des coûts exorbitants,

comme les caméras et le montage. «Il faudrait abaisser nos critères de forme et non de contenu […] Il ne faut pas partir de l’idée qu’on va faire des productions hollywoo-diennes», a-t-il ajouté.

Selon M. Coulombe, les cours en ligne à accès libre deviennent inévitables et le Québec «manque le train». Il croit que ces cours sont beaucoup plus appropriés pour la nouvelle génération d’étudiants. «Demander à 300 étudiants d’aller dans un amphithéâtre en 2013, c’est un exploit», a-t-il laissé tomber.

Cours en ligne à accès libre

L’UL en réflexionCité universitaire - Le phénomène des Massive open online courses (MOOC), aussi appelés «cours en ligne à accès libre», prend de l’ampleur partout autour du monde. L’Uni-versité Laval se penche sur la possibilité d’offrir ce type de formation à distance ouverte à tous gratuitement.

Courtoisie Claude Coulombe«Cela va se développer, qu’on le veuille ou non. Il faut commencer rapidement», a souligné Claude Coulombe, architecte

logiciel à la Polytechnique et candidat au doctorat de la Télé-Université du Québec (TELUQ).

Élise [email protected]

Vicky [email protected]

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L’ exempLaire4 l’eXemplaIre, le mercredI 24 aVrIl 2013

Le Département d’information et de communication (DIC) mettra en place, à compter de cet automne, un tout nouveau programme de baccalauréat en communication publique. Fruit d’une longue réflexion menée de concert avec la communauté étudiante, ce nouvau pro-

gramme fait notamment une meilleure place à l’apprentissage concret des trois concentrations pro-fessionnelles que sont la publicité, les relations publiques et le journalisme.

Déjà pionnière dans les universités du Québec francophone en matière d’enseignement du jour-nalisme, l’Université Laval prend maintenant le cap de l’apprentissage du journalisme multimédia en offrant à ses étudiants la possibilité de produire sur un site Web des textes, des photos ainsi que des bandes audio et du matériel vidéo. Spécialement conçu en étroite collaboration avec les services informatiques de la Faculté des Lettres, ce site, dont le contenu sera disponible quotidiennement au public et qui portera le nom de l’ExEmplairE, offrira aux étudiants un apprentissage calqué sur les modes de fonctionnement des sites d’information des médias professionnels.

Au DIC, nous sommes profondément convaincus qu’il est indispensable d’offrir aux étudiants un apprentissage sur le terrain, où ceux-ci se frottent aux mêmes réalités que les professionnels et partagent les mêmes risques inhérents à ce métier toujours inachevé. Cet apprentissage est aussi nécessaire que les séances en classe où les professeurs font des présentations plus générales et se livrent à des exercices de rétroaction, sans oublier bien sûr l’aspect réflexif qui est dans la nature même de tout enseignement universitaire et qui, pour certains, se poursuit et se développe dans des programmes de maîtrise et de doctorat.

Le monde des médias évolue à une vitesse fulgurante depuis quelques années ce qui, nous le constatons, ne laisse aux médias imprimés d’autre choix que de s’adapter. La réforme de l’enseigne-ment du journalisme au DIC reflète cet état de fait. La version papier de l’ExEmplairE disparaît mais une nouvelle version, mieux adaptée à la nouvelle réalité médiatique et aux besoins de formation des étudiants, verra le jour à l’automne. Cette transition n’est pas sans susciter une certaine tristesse et nostalgie, mais elle ouvre aussi des perspectives nouvelles qui, dans le cadre d’une réforme qui enrichit la formation pratique du journalisme, sont porteuses d’espoir.

Je salue le millier d’étudiants et d’étudiantes qui a fièrement collaboré à l’ExEmplairE au cours des 20 dernières années et tiens à exprimer ma reconnaissance à son fondateur, le regretté Jacques Guay, ainsi qu’à Jean-Claude Picard, qui en a tenu la barre depuis 1996. Un merci tout particulier à Florian Sauvageau qui, depuis le tout début, a été l’âme et la conscience de l’enseignement du journalisme au Département.

Véronique Nguyen-Duy Directrice du Département d’information et de communication

Vous tenez entre vos mains le dernier numéro du journal l’ExEm-plairE. Il sent l’encre fraîche et le papier noircit les doigts. Bref, c’est un vrai journal mais un journal qui disparaît à compter d’au-

jourd’hui pour être remplaçé à l’automne par une version Web, multimé-dia, mieux adaptée à l’évolution technologique du journalisme moderne.

Fondé il y a 20 ans par le journaliste et professeur Jacques Guay, l’ExEmplairE aura été, ici comme dans tout le Québec francophone, le premier journal-école des étudiants en journalisme. Durant toutes ces années, il aura été un lieu d’apprentis-sage concret de la pratique journalistique, un outil pédagogique dont les méthodes de formation ont été calquées sur celles du compagnonnage personnalisé offert dans toutes les salles de rédaction, celui des plus expérimentés vers les plus jeunes.

L’objectif de départ était simple : créer de toutes pièces un journal dont les modes de fonctionnement copient le plus possible ceux des médias professionnels. Les étudiants devaient donc faire des recherches à caractère journalistique, couvrir des événements, faire des entrevues avec des sources d’information, prendre des photographies et écrire des textes de nouvelles dont les meilleurs seraient par la suite publiés hebdomadairement.

Ce journal était encadré par d’autres étudiants, plus avancés, qui proposaient les su-jets à couvrir, corrigeaient les textes, choisissaient les photographies et hiérarchisaient l’information par la mise en page. L’intervention du professeur-éditeur aura toujours été minimale, se limitant à des séances approfondies de rétroaction individuelle et en classe. Aussi, les étudiants étaient conviés à apprendre par eux-mêmes, autant de leurs maladresses que de leurs bons coups. En somme, l’ExEmplairE était leur journal et pas celui du professeur. C’est donc à eux qu’il convient aujourd’hui de rendre hommage.

Au cumul des ans, au-delà de 1 000 étudiants sont passés à l’ExEmplairE et des dizaines d’entre eux sont maintenant des journalistes professionnels. Pour n’en nom-mer que quelques-uns, Marie-Maude Denis de l’émission Enquête de Radio-Canada, Nathalie St-Pierre, directrice de l’information au Journal de Lévis, et Frédérick La-voie, dont les reportages nous proviennent des quatre coins de la planète. Et ce sans oublier toutes celles et tous ceux qui travaillent également dans de grands médias ou dans des hebdomadaires régionaux. Tous y réalisent leur rêve : faire du journalisme.

Mais l’ExEmplairE, c’était bien plus qu’un journal installé dans un local du pa-villon Casault. C’était aussi une famille. Une belle et grande famille qui est devenue au fil des ans un point de rassemblement et de repère. Certes, on s’y est chicané à l’oc-casion mais on s’y est aussi beaucoup amusé, voire aimé. Toutes les équipes auront connu ces joyeuses soirées du lundi où la bière et la pizza ont souvent sonné l’heure de tombée du journal. Plusieurs couples s’y sont formés; certains existent encore.

Sur un plan plus personnel, l’ExEmplairE m’aura appris à redécouvrir les étudiants, à constater jusqu’à quel point ils peuvent être bons et généreux dès qu’ils sentent l’amour autour d’eux. Moi qui suis arrivé dans l’enseignement sur le tard, ça aura été ma plus grande leçon. Soyons rigoureux et exigeants mais surtout aimons nos étudiants, pre-nons soin d’eux, soyons attentifs à ce qu’ils vivent autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’école et ils vont, par leur travail, nous le rendre au centuple. Plus que la seule trans-mission de connaissances, l’enseignement est d’abord et avant tout un geste d’amour.

Il me faut enfin remercier tous les collègues du Département d’information et de communication incluant bien sûr les diverses directions qui s’y sont suc-cédées pour avoir cru en l’importance pédagogique de ce journal et avoir accep-té d’y allouer les ressources humaines et financières nécessaires à sa réalisation.

Et j’adresse un merci tout spécial à Mario Fraser qui, bien plus que mon adjoint, aura été mon alter ego durant 14 ans et qui aura mis toutes ses connais-

sances et tout son cœur au service de l’ExEmplairE et des étudiants.

Fermer définitivement un journal sera toujours une source de profonde tristesse. Mais, dans les circonstances, c’est aussi une source d’espoir parce que l’ExEm-plairE va renaître dans quelques mois sous une nouvelle forme remplie de pro-messes et de possibilités. On vous y attend.

l’ExEmplairE papier est mort. Vive le nouvel ExEmplairE.

Jean-Claude PicardÉditeur de l’ExEmplairE

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Cap sur le journalisme multimédia

Photo Mathieu MasséNous nous sommes sentis privilégiés d’être la dernière équipe à concevoir le journal imprimé. Cela a été une tâche considérable pour chacun d’entre nous, mais la passion et notre amitié partagées nous ont encouragé dans cette aventure. Nous avons voulu produire un journal toujours meilleur à travers ces dix semaines. C’est avec un pincement au cœur que nous remercions tous les artisans qui nous ont aidé dans notre travail et plus

particulièrement Jean-Claude Picard qui a su nous transmettre sa passion pour le journalisme.

Vicki Fragasso-MarquisRédactrice en chef - 2013

Page 5: Exemplaire volume XII - numéro 10

l’eXemplaIre, le mercredI 24 aVrIl 2013 5QUéBeC

PARADIS FISCAUXL’argent qui dort

Les paradis fiscaux, ces pays où la fiscalité plus favorable permet aux gens

fortunés et aux grandes entre-prises de maximiser leurs reve-nus, ne sont pas illégaux selon les lois canadiennes. Toutefois, les placements faits dans ces pays peuvent l’être.

Selon Alain Deneault, cher-cheur au Réseau pour la justice fiscale/Québec, la question de ces placements à l’étranger n’est pas un débat judiciaire, mais plu-tôt politique. «Comment se fait-il que les États rendent l’utilisation des paradis fiscaux légale ?», s’est-il interrogé.

Par ailleurs, M. Deneault, qui est aussi l’auteur des livres Offshore et Paradis sous terre, reste sceptique quant à l’effica-cité d’une éventuelle législation portant sur les paradis fiscaux. «Bien que certains discutent de mettre en place des lois, celles-ci seront faites pour être contour-nées par les grandes entreprises et les détenteurs de grosses for-tunes», a soutenu M. Deneault.

Selon un avocat spécialisé dans le droit commercial qui préfère garder l’anonymat, le placement devient illégal dans trois situations précises : lorsque

l’argent est un produit de la cri-minalité ou provient de revenus non déclarés, ou lorsque le bé-néficiaire omet de donner des renseignements sur les revenus associés au placement, tels que des intérêts. Bien sûr, le Canada considère également comme étant illégal le fait d’envoyer de l’argent dans un compte à l’étran-ger sans le déclarer aux agences du revenu fédérale et provinciale.

«Ouvrir un compte à l’étran-ger, ce n’est pas illégal. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même bateau», a précisé l’avocat, tenant à ce que la distinction soit claire entre les utilisations légale et illégale des paradis fiscaux.

Les pays tropicaux en dé-veloppement sont fréquemment perçus comme d’excellents pa-radis fiscaux. Pourtant, selon le site Internet Paradis Fiscaux 2.0, le Royaume-Uni, la Suisse et Hong-Kong font partie des meilleurs endroits pour placer de l’argent.

Au Canada, aucune loi spé-cifique ne régit l’utilisation des paradis fiscaux. Il y a deux ans, il est même devenu possible pour une société canadienne de rapa-trier ses profits obtenus à l’étran-ger sans payer d’impôts.

Lauriane [email protected]

Camille Bé[email protected]

Le Canada pourrait contraindre la SRC

«En fiscalité, autant l’Agence du revenu du Québec que celle

du Canada a le pouvoir de de-mander à un tribunal d’obliger toute personne à donner les infor-mations qu’elle possède à l’égard d’un contribuable qui pourrait avoir omis de divulguer des rensei-gnements», a expliqué Me André Lareau, professeur de droit et de fiscalité à l’Université Laval. Pour le gouvernement, la révélation de ces noms est une question de jus-tice sociale.

Me Lareau considère ces in-formations comme étant d’intérêt public. «Selon moi, les journalistes devraient être contraints de révéler leurs sources», a-t-il affirmé. À ses yeux, la divulgation des noms pourrait avoir un impact important

sur la société «parce que les mil-liards de dollars en jeu pourraient avoir un effet sur les finances pu-bliques du Québec et du Canada».

Un parajuriste souhaitant gar-der l’anonymat approuve le point de vue de Me André Lareau. Ce dernier croit fermement que cette liste devrait être rendue publique, considérant le fait que ces gens pourraient avoir commis des actes illégaux. «Un agresseur sexuel va avoir son nom écrit dans un registre de délinquants sexuels. Pourquoi ces gens-là pourraient-ils avoir un passe-droit ?», a-t-il lancé.

La liste de ces 450 Canadiens fait partie d’un nombre impor-tant de documents obtenus par le Consortium international des jour-nalistes d’enquête (ICIJ), dont le

réseau CBC/Radio-Canada fait partie. Les documents font état de plus de 100 000 personnes dé-tenant des actifs dans des paradis fiscaux.

La vision des journalistesLes journalistes sont loin de

voir d’un bon œil l’éventuel dé-voilement forcé de leurs sources. Selon un communiqué émis le 10 avril dernier par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), de telles de-mandes de la part du gouverne-ment mettent en péril la liberté de la presse.

De son côté, la SRC souhaite maintenir la confidentialité de cette liste, car la divulgation des noms qu’elle contient pourrait mettre en danger les sources concernées. En effet, la FPJQ affirme que les jour-nalistes ont reçu des informations confidentielles sur plus de 100 000 personnes, dont certaines font par-tie du milieu criminel.

La Fédération ajoute que si des noms provenant de la liste venaient à être révélés, la crédibi-lité des journalistes serait mise en doute.

Marie-Philip [email protected]

Québec – Le gouvernement fédéral pourrait utiliser des moyens légaux pour forcer la Société Radio-Canada (SRC) à dévoiler les noms des 450 Canadiens détenteurs d’actifs dans des paradis fiscaux. Cette situation déclenche un af-frontement entre les journalistes, unis par leur devoir de protection des sources, et le gouvernement, qui estime avoir le droit d’obtenir l’information car il la considère d’in-térêt public.

«Il est certain qu’une per-sonnalité politique a rai-son d’être plus prudente

là-dessus. Elle risque d’y perdre sa carrière politique. […] Mais je ne pense pas que les politiciens soient les principaux fraudeurs», a avancé Louis Massicotte, professeur au Département de science politique de l’Université Laval. «Les déten-teurs du pouvoir politique et du pouvoir économique ne sont pas les mêmes personnes», a-t-il ajouté.

Nathaniel Bérubé-Mimeault,

étudiant à la maîtrise en écono-mique à l’Université Laval, abonde dans le même sens que M. Mas-sicotte. «Nos politiciens ne sont pas les propriétaires de ces six milliards de dollars qui s’évadent chaque année au Canada», a-t-il expliqué. «Reste qu’une motion, c’est un des moyens d’action les moins encombrants à la portée du législatif. On peut y voir un pas dans la bonne direction, mais cer-tainement pas une résolution de ce problème endémique», a prévenu M. Bérubé-Mimeault.

Milieu des affaires épargné

Pascale-Sophie [email protected]

Québec – Une motion visant à empêcher les députés qué-bécois de transférer leurs actifs dans des paradis fiscaux a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 11 avril dernier. La motion épargne toutefois les gens d’af-faires du Québec.

Guillaume Simard-Leduc, at-taché de presse de l’aile parlemen-taire de la Coalition Avenir Québec (CAQ), croit que l’adoption de cette motion était importante même si elle ne vise que les élus, alors que le concept de paradis fiscal est de plus large portée. «La motion visait à envoyer un signal clair à la popu-lation que leurs représentants élus luttent contre l’évasion fiscale», a spécifié M. Simard-Leduc. C’est d’ailleurs la CAQ qui a proposé cette motion.

«L’Assemblée nationale exige de tous les partis politiques repré-sentés à l’Assemblée nationale qu’ils s’assurent que tous leurs élus et conjoints ne disposent pas de comptes bancaires non déclarés dans des pays de complaisance où règne le secret bancaire». Tel est le libellé de la motion présentée le 11 avril.

Y est mentionné également le code d’éthique et de déontologie en vigueur actuellement qui «oblige tous les députés à déposer une dé-

claration de ses intérêts personnels et des intérêts personnels des membres de sa famille immédiate et prévoit la publication d’un sommaire de ses intérêts».

Bien que la motion soit en vi-gueur depuis son adoption, l’Assem-blée nationale ne dispose d’aucun pouvoir de sanction dans le cas d’un élu qui manquerait à l’éthique. Le problème relèverait alors du Com-missaire à l’éthique et à la déontolo-gie du Québec.

Photo Yascha Wecker«CBC est le seul membre canadien de l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists), organisme basé à Washing-ton dont un membre a reçu un disque dur contenant 2,5 millions de documents concernant les sociétés extraterritoriales et les

fiducies de plus de 100 000 personnes bien nanties du monde entier», a laissé savoir le communiqué de presse de la FPJQ.

Page 6: Exemplaire volume XII - numéro 10

CULtUre6 l’eXemplaIre, le mercredI 24 aVrIl 2013

prix Juno 2013Louis-Jean Cormier

priméL’auteur-compositeur-interprète québé-

cois Louis-Jean Cormier a remporté le Juno de l’album francophone de l’année, dimanche. Le treizième étage est le pre-mier album solo de Louis-Jean Cormier, du groupe Karkwa. Le Montréalais Leonard Cohen a été nommé artiste de l’année. La chanteuse Carly Rae Jepsen, a remporté le prix de l’album pop de l’année. (M.C-A.)

Union commerciale48 000$ encore

à récolterLa salle de spectacle L’Union commer-

ciale ne dispose plus que d’un mois et demi pour recueillir les 48 000$ nécessaires à la réalisation des travaux d’insonorisation exigés par la Ville de Québec. Les dons sont recueillis au moyen d’une campagne de financement participatif sur le site de La Ruche. La salle avait dû fermer en 2012, six mois après le début de ses activités. (S.L.)

Festival de CannesChloé Robichaud

en lice Le film de la Québécoise Chloé Robi-

chaud, Sarah préfère la course, sera présenté dans la sélection Un certain regard de la 66e édition du Festival de Cannes, qui aura lieu du 15 au 26 mai prochain. Ce premier long-métrage de la cinéaste met en vedette Sophie Desmarais, Hélène Florent et Micheline Lanctôt. Il sortira en salles au Québec dès le 7 juin prochain. (M.C-A.)

Changing roomLe retour sur les

planchesPrès de 200 personnes ont assisté mardi

au retour de Changing Room, un docu-théâtre interactif imaginé il y a quatre ans par le metteur en scène Alexandre Fecteau. Les drag queens Délice, Jewel, Praline, Rosy et La Goglue sont remontées sur les planches du théâtre Périscope afin de présenter leurs numéros pendant qu’une caméra capturait en coulisses l’intimité des artistes. (R.Q.G.)

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«On dirait que le texte a été écrit à notre époque tellement il

est actuel», s’est exclamée France Hémond, qui faisait partie de l’as-sistance. «C’est la meilleure pièce

de l’année à la Bordée», a renchéri Jacques Thomassin, assis à ses cô-tés. «C’est très intense, les décors sont surprenants et les costumes sont à couper le souffle», a ajouté France Mainville dans la même lignée.

Les spectateurs ne taris-saient pas d’éloges envers cette pièce montée par la metteure en scène Marie-Josée Bastien, qui n’en est d’ailleurs pas à son pre-mier Shakespeare. «J’avais déjà monté Richard III à la Bordée. Et Shakespeare, c’est quand même des pièces qui datent de plusieurs années mais qui sont encore ac-tuelles», a-t-elle souligné.

Pour rendre la pièce Hamlet la plus accessible possible aux spectateurs modernes, Marie-Jo-

sée Bastien a dépouillé la pièce de ses marques temporelles afin de concentrer l’attention de l’audi-toire sur son contenu. «C’est vrai-ment un lieu neutre, un sanctuaire qu’on a choisi de faire. Et les dé-cors sont super froids, mais c’est comme si le feu courrait dans les personnages», a-t-elle expliqué.

Cependant, malgré cette adaptation à cheval entre le clas-sique et la modernité, Mme Bas-tien a choisi de travailler avec un texte qu’elle considère en accord avec la version originale, une tra-duction de Jean-Marc Dalpé pa-rue en 2012. «Le texte n’a pas été actualisé, mais déjà en demandant à un auteur contemporain de la traduire, c’est une langue qui per-cute maintenant», a-t-elle noté.

Monter une pièce aussi connue que Hamlet implique pour Marie-Josée Bastien de livrer une version personnelle de l’œuvre telle qu’elle la voit maintenant. «Tu t’attaques à un classique où chaque scène est incontournable, donc à un moment donné, tu te dis que tu ne vas pas monter le Hamlet définitif, mais plutôt le Hamlet que t’as envie de mon-trer», a-t-elle expliqué.

Tenir un rôle dans cette pièce a demandé aux acteurs de s’en-gager dans ces textes soutenus. «C’est sûr qu’il faut s’investir

dans les textes, et c’est une tra-gédie où tous les personnages campés doivent l’être avec toute l’énergie que ça demande», a souligné Jean-René Moisan qui incarne Laertes, un jeune homme qui voudra venger sa famille.

Cependant, la version de Jean-Marc Dalpé a aidé les in-terprètes à jouer de manière très accessible. «Cette traduction a été très épurée, et de nos jours, on es-saie de faire des adaptations qui se rapprochent de notre langage parlé», a poursuivi le comédien.

M. Moisan avait déjà assisté à la pièce Hamlet, en 2008, mais cette incursion dans l’univers de Shakespeare n’a pas nui à la création de sa version de Laertes. «Le théâtre, une fois vu, tu restes imprégné des images, mais tran-quillement elles s’estompent pour qu’on ne conserve finalement que ce qui nous a le plus marqué. Je ne me souvenais pas du personnage de Laertes!», s’est-il exclamé.

Tout comme sa metteure en scène, Jean-René Moisan est d’avis que Hamlet est une pièce qui aborde des thèmes universels qui touchent l’homme encore au-jourd’hui. «Tout est un peu une métaphore en lien avec la mort, c’est une tragédie qui ne parle pas de choses banales», a-t-il souli-gné.

Hamlet à la Bordée

Toujours d’actualité 400 ans plus tard

Courtoisie Nicola-Frank VachonLa metteure en scène a indiqué qu’«être ou ne pas être», phrase emblématique d’Hamlet,

est la réplique la plus connue au monde.

Caroline [email protected]

Québec – Malgré ses 400 ans bien sonnés, Hamlet ne semble pas avoir pris une ride. C’est du moins ce qu’en ont pensé les quelque 300 spectateurs réunis jeudi soir dernier au Théâtre de la Bordée pour assister à ce classique de Shakespeare qui est à l’affiche jusqu’au 11 mai prochain.

Musique pop

Les femmes prennent le pouvoir

«Les femmes ont appris à utiliser, petit à petit, des technologies utili-

sées auparavant par des hommes, mais d’une manière différente», a déclaré le professeur, qui est spécialiste en musique populaire. «C’était une manière pour elles de s’autonomiser», a-t-il ajouté.

C’est la chanteuse Cher qui a été la «précurseure» avec sa chanson Believe dans les années 90. Au fil du temps, cela a influencé la ma-nière dont les femmes se pensent, se créent.

Les nouvelles technologies sont arrivées à un moment oppor-

tun dans la musique populaire. Elles sont venues trafiquer le son, mais elles ont aussi altéré l’image. Elles ont créé un nouveau monde, entre le réel et la fantaisie. Selon M. Liu-Rosenbaum, les effets so-nores, comme les effets de réver-bération, le vocodeur ou encore l’autotune ont changé la portée des images. Ils ont donné beau-coup plus de pouvoir, de puis-sance aux femmes dans les vidéos. «Les femmes ont alors commencé à jouer avec leur image, avec les symboles», a-t-il affirmé. L’avène-ment des technologies numériques aurait donc amené de nouvelles manières de composer, mais aussi de nouvelles façons de penser.

Toutefois, l’image des femmes dans les vidéoclips laisse parfois à désirer. À ce sujet, Ma-rie Bourdon, étudiante, s’est dite choquée de l’image de la femme véhiculée dans la musique d’au-jourd’hui, notamment dans les vi-déos de rap américain. «L’image de la femme facile met de fausses idées dans la tête des jeunes sous prétexte de vendre de la musique», a-t-elle souligné.

Cette représentation que l’on fait des femmes dans les vidéoclips ou même sur les pochettes d’al-bum poursuit un but simple : faire vendre. Charles-Alexandre Pelle-tier-Grenon, vendeur multimédia à Coop Zone, a confirmé cette idée.

«Bien sûr, les premières choses que remarque le consommateur sont automatiquement les images», a-t-il assuré. Une attention particulière est donnée au packaging, puisqu’il doit accrocher l’œil du consomma-teur. «Mais c’est vrai que la façon dont certains groupes représentent la femme dans leurs vidéos n’est peut-être pas correcte», a-t-il re-gretté.

Or, dans le magazine Science Humaine paru en 2011, Hyacinthe Ravet et Philippe Coulangeon, sociologues, ont souligné que «le métier de musicien-interprète est l’un des métiers artistiques les moins féminisés», puisqu’il ne compte que 20 % de femmes.

Maxime [email protected]

Québec – Dans le monde de la musique pop, les femmes ont pris du pouvoir sur leur image et dans leurs chansons grâce à l’arrivée des nouvelles technologies. C’est l’hypothèse qu’a développée Aaron Liu-Rosenbaum, professeur en tech-nologies musicales à l’Université Laval, jeudi dernier, lors d’une conférence sur l’image de la femme dans la musique populaire à la Bibliothèque Gabrielle-Roy.

Page 7: Exemplaire volume XII - numéro 10

CULtUre 7l’eXemplaIre, le mercredI 24 aVrIl 2013

Courtoisie Cindy BoyceLe lancement de l’album aura lieu vendredi au O Patro Vys à Montréal.

Album Oothèque

Premier essai pour le batteur

de MalajubeFrançois-Olivier [email protected]

Québec – Selon le Petit Robert, le mot «oothèque» est un «groupe d’œufs enfermés dans une même coque, chez de nombreux insectes orthoptères». Le 14 mai, ce sera éga-lement le titre du premier album solo de Francis Mineau, batteur du groupe québécois Malajube.

Pour ceux et celles qui ne sau-raient comment prononcer le titre de l’opus, ne vous

inquiétez pas, Francis Mineau n’en est pas tout à fait certain non plus. «Je voulais laisser aux gens le loi-sir de choisir le mot», a-t-il expli-qué. Bien que Mineau soit tombé sur le mot qui allait devenir le nom de son album sans le vouloir, l’ori-ginalité et le mystère de celui-ci ne sont pas le fruit du hasard. «Je ne voulais pas faire “voici mon album, voici mon nom”», a com-menté le musicien originaire de Sorel-Tracy.

Sur Oothèque, Francis Mineau a écrit les paroles en plus de jouer de tous les instruments. L’homme-orchestre croit que «les gens ont tendance à mettre trop de paroles» et préfère laisser parler les instru-ments. «C’est ma vision. C’est bien de laisser respirer la chanson», a-t-il déclaré. Quant aux messages vé-hiculés, Mineau a préféré laisser planer un certain mystère dans ses textes de manière à ce que l’audi-teur puisse «se faire des images plus parlantes pour lui».

La nature a été une grande source d’inspiration pour l’artiste. En effet, les animaux, en particu-lier, occupent une place importante sur l’album. D’ailleurs, dès les premières secondes d’Oothèque, l’auditeur se voit plonger dans une ambiance de plein air alors

que Portrait d’une panthère, la première pièce de l’opus, débute avec des vocalises d’oiseaux. «Les chants d’oiseaux, c’est de la mu-sique dans un sens. La musique c’est complexe, mais eux le font de façon innée», a fait remarquer le membre du groupe Malajube.

Déjà de l’engouementLes amateurs auront l’oc-

casion de voir Francis Mineau à l’œuvre alors que le Festival d’été de Québec a confirmé qu’il fera partie de la programmation 2013. Il se produira sur la scène du Cercle le 7 juillet prochain en compagnie de ses musiciens. Pour l’instant, personne ne sait à quoi Oothèque ressemblera en concert. «Je vais le découvrir en même temps que tout le monde. L’album est assez pop, mais après deux répétitions, c’est plutôt rock!», a constaté l’artiste.

Avec ce premier projet solo, Francis Mineau refuse de se mettre trop de pression sur les épaules. «Si les gens ne démontrent pas une volonté de me voir en spec-tacle ou d’acheter le disque, je ne pousserai pas la note», a-t-il admis. Questionné à savoir si la France re-présentait un endroit où il aimerait percer éventuellement, il répond qu’il n’y a pas du tout réfléchi. «Je ne pensais même pas donner d’en-trevues. L’engouement m’a un peu rattrapé», a avoué Mineau avec candeur.

Liseuses électroniques

Le livre est mort, vive le livre!

La mort du livre papier n’est pas pour tout de suite. En effet, le monde du livre

«suit les avancées technolo-giques», a déclaré Adeline Fonte-ret, libraire aux collectivités à la Librairie générale française, mais «on garde nos coups de cœur en version papier», a-t-elle ajouté.

Pour Marc Boutet, président de l’entreprise De Marque, «les deux cohabiteront pendant un cer-tain temps pour des usages diffé-rents. Il y a de très beaux livres papier». Marie-Hélène Vaugeois, copropriétaire de la Librairie Vau-geois, a expliqué: «ce qui risque d’arriver, c’est le souci du détail dans l’édition papier, le livre va devenir un objet plus travaillé». Certains sont résolument convain-cus: «je voyage beaucoup, c’est plus pratique quand je pars à l’étranger», a expliqué Deni Y. Bé-chard, auteur de Vandal Love.

Des avis divergentsOr, certains sont loin d’être

du même avis. «Quand tu achètes un livre, tu es content de l’avoir, ça sent la culture», a affirmé Ade-line Fonteret. «Les liseuses c’est froid, ça n’incite pas à la lecture», a ajouté Maximilien Nolet, li-braire aux collectivités à la Librai-

rie générale française. D’autres commencent, sans pour autant être des adeptes. «Je lis seulement des journaux et des revues sur iPad», a indiqué Jean-Jacques Pelletier, auteur du roman Les visages de l’Humanité.

Les tablettes et liseuses élec-troniques présentent des avan-tages et des inconvénients. Elles «permettent de lire n’importe où, n’importe quand le nombre de livres qu’on souhaite», a soutenu Marc Boutet. Ces outils simpli-fient également la vie des per-sonnes qui étudient ou font des recherches approfondies sur un sujet. «On utilise les mots-clés et la recherche se fait automatique-ment. C’est plus rapide que dans les livres papier», a expliqué Ma-rie-Hélène Vaugeois.

Cette dernière a cependant modéré ses propos: «quand on passe la journée devant son écran, passer au papier ça fait du bien». «Ce n’est pas possible d’annoter, d’écrire, de corner les pages sur une liseuse!», a complété Maxi-milien Nolet.

L’adaptation des libraires indépendantes

«Nous sommes dans une ère

de changements, de transition», a expliqué Marc Boutet. Cepen-dant, la cause de la fermeture de certaines librairies ne serait pas le numérique. «C’est un ensemble de facteurs», a exposé Maximilien Nolet. Pour Marie-Hélène Vau-geois, ce sont les grands magasins qui font fermer les librairies indé-pendantes. «Les plus gros compé-titeurs sont les grandes surfaces qui vendent des livres à rabais», a-t-elle déclaré.

Les librairies indépendantes s’adaptent donc. «On va instal-ler un iPad dans le magasin», a signalé Marie-Hélène Vaugeois. En effet, la vente de livres nu-mériques peut se faire dans ces librairies. Sur le site Rue des Li-braires, les clients peuvent acheter la version numérique de leur livre et choisir d’allouer cette vente aux partenaires du site. «Les lecteurs peuvent soutenir n’importe quelle librairie», a souligné Adeline Fon-teret.

Le prix des livres électro-niques fait encore débat. Marie-Hélène Vaugeois a expliqué: «on enlève pas tellement d’intermé-diaires». En effet, il y a toujours un temps consacré au travail de relecture avec les auteurs, et «ce temps, il faut toujours qu’il soit pris», a-t-elle estimé. Pour Jean-Jacques Pelletier, il est «un peu trop élevé, même si on a tendance à sous-estimer ses coûts». Deni Y. Béchard a conclu qu’«il faut que cela reste à un bon prix, sinon on court le risque de ne plus donner de valeur à notre travail».

Juliette [email protected]

Québec – En 2013, le numérique représente 2 à 3% du mar-ché du livre au Québec. Les liseuses électroniques et les tablettes cohabitent désormais avec les livres tradition-nels. Entre papier et écrans, les avis sont encore parta-gés.

Photo Juliette GuntherSelon Marc Boutet, président de l’entreprise De Marque, «les livres papier et

les liseuses vont continuer à cohabiter pendant un certain temps».

Page 8: Exemplaire volume XII - numéro 10

sports8 l’eXemplaIre, le mercredI 24 aVrIl 2013

En hommage aux victimes des attentats à la bombe du marathon de Boston survenus le 15 avril dernier, quelque 2 000 coureurs se

sont réunis à la terrasse Grey, sur les plaines d’Abraham. Après une minute de silence forte en émotion, ils se sont lancés sur le parcours commémoratif de 4,2 km. Le peloton s’est rendu jusqu’au consulat américain pour remettre au consul général des États-Unis à Québec, Peter O’Donohue, la banderole commémorative signée par les par-ticipants. À travers le monde, de nombreuses courses et évènements commémoratifs ont été organisés dimanche. Pour sa part, le marathon de Londres a tout de même eu lieu sous l’œil attentif de centaines de milliers de spectateurs. La sécurité a été augmentée de 40% par rap-port à l’année dernière. (M-P.C. et R.L)

Québec court pour Boston

Photo Marie-Pier Cayer

Cette année, la compétition, qui a eu lieu à Kissimmee en Floride, a réuni plus de 80

équipes universitaires, dont trois is-sues du Canada. C’est donc près de 1 000 joueurs qui se sont rencontrés pour disputer le championnat, qui a couronné l’Université du Texas, championne du monde de Quid-ditch.

Au Canada, selon les derniers chiffres de l’International Quidditch Association (IQA), on compte en-viron 60 équipes dont 14 reconnues officiellement, c’est-à-dire ayant disputé au moins cinq matchs de-vant des arbitres officiels. Ainsi, près de 150 joueurs professionnels et un peu plus de 300 amateurs s’adonnent au sport sur le territoire canadien.

Rithy Min, joueur de Quid-ditch à l’Université de Montréal, relate que depuis 2005, année de fondation du sport au Vermont «il existe plus de 600 équipes aux États-Unis et près de 1 000 mon-dialement». La popularité du phé-

nomène ne fait donc plus de doute.

Ce sport, adapté de l’univers de J.K Rowling, est en fait un mélange de ballon-chasseur, de handball et de rugby. «Plusieurs personnes viennent encore jouer au Quidditch en pensant que nous sommes un fan-club d’Harry Potter, mais ils quittent rapidement quand ils réa-lisent à quel point c’est un sport de contact», a raconté Devon Ditt, joueur pour l’équipe de l’Université de Carlton. L’IQA a mieux règle-menté cet aspect depuis un certain temps déjà, ce qui rend le sport ac-cessible à beaucoup plus de gens.

«À Ottawa, certains joueurs ont reçu des coups de balai près des yeux et ont eu besoin de points de suture, mais sinon, ce n’est pas pire que le rugby», a expliqué Cynthia Loutfi, étudiante à l’Université de Montréal et ancienne capitaine de l’équipe de Quidditch de l’Univer-sité d’Ottawa. En réalité, «la seule protection que l’on a, c’est son ba-lai et un protecteur buccal. Je crois même que les garçons n’ont même

pas le droit d’avoir de coquilles pro-tectrices», a-t-elle précisé.

«Je dirais que la plus grande difficulté du sport est de convaincre les gens qu’il s’agit en effet d’un sport, même avec nos amis. Le Quidditch n’est pas toujours pris au sérieux», a souligné Alexandra Bassa, membre de l’équipe de Quid-ditch de l’Université d’Ottawa et participante à la dernière coupe du monde. «Il est donc parfois difficile d’obtenir les mêmes privilèges que des sports plus conventionnels pour avoir des assurances pour nos tour-nois, par exemple», a-t-elle indiqué.

Les règles du QuidditchTous les joueurs courent avec

un balai entre leurs jambes. Il y a sept joueurs par équipe et quatre balles en jeu. Comme dans les livres, il y a trois poursuiveurs qui marquent des points. Ils utilisent le souaffle, qui est en fait un ballon de volleyball. Les poursuiveurs se pas-sent le souaffle d’un bout à l’autre du terrain afin de le faire passer à travers les trois anneaux de l’équipe adverse, pour compter des buts. Chaque but vaut dix points.

De plus, il y a un gardien, qui est chargé de défendre les anneaux. Il peut aussi agir comme poursui-veur quand son équipe passe à l’of-fensive. Il y a également deux bat-teurs, qui sont des joueurs défensifs. Ils utilisent les trois cognards, qui

sont en réalité des ballons de ballon-chasseur, pour frapper les joueurs de l’équipe adverse. Quand un joueur est frappé par un cognard, il devient inactif. Il doit donc retourner à ses anneaux avant de pouvoir revenir au jeu.

Finalement, il y a un attrapeur par équipe. Ce joueur est respon-sable d’attraper le vif d’or. Le vif d’or, dans cette version du Quid-ditch, est une personne neutre ha-billée tout en jaune, sur qui est at-tachée au bas du dos une chaussette dans laquelle on retrouve une balle de tennis. Comme au jeu du chat et de la souris, l’attrapeur doit lui arra-cher sa chaussette, ce qui donne 30 points et signale la fin du jeu.

Courtoisie Rithy Min«En tant que joueuse, je trouve que le Quidditch regroupe des gens très intéressants qui veulent s’amuser tout en étant

actifs et compétitifs», croit Alexandra Bassa, membre de l’équipe de l’Université d’Ottawa.

Le Quidditch, un sport de moldusJean-François [email protected]

Québec – Le Quidditch, un mélange de ballon-chasseur de hand-ball et de rugby issu directement des romans Harry Potter, connaît une popularité grandissante dans les uni-versités canadiennes et américaines. Que ce soit pour les admirateurs du roman de J.K Rowling ou simplement pour les amateurs de sports de contact, le Quidditch est en plein essor dans le monde des moldus.

«Je suis confiant, je suis bien entraîné et j’ai confiance en mon ta-

lent!», a lancé Adonis Stevenson en entrevue téléphonique avec l’ExEmplairE. Le champion qué-bécois, originaire de Greenfield Park, sur la rive-sud de Montréal, a tenu à montrer qu’il était prêt à af-fronter l’Américain. «Je ne suis pas impressionné par sa fiche. C’est un bon boxeur, un bon technicien, il a battu des bon gars, mais des gars en fin de carrière», s’est-il exclamé.

Malgré tout, Adonis Ste-venson garde les pieds sur terre. «C’est un tournoi où il y aura de grands noms, les grands boxeurs américains, et pour moi qui habite à Montréal, c’est une grosse op-portunité. Il y aura aussi beaucoup de supporters, une grande visibi-

lité», a-t-il tenu à préciser. En ef-fet le combat du 8 juin sera diffusé sur les ondes du réseau américain HBO depuis le Centre Bell.

Ce combat pourrait propulser la carrière du prodige québécois, professionnel depuis seulement sept ans. Le jeune boxeur est connu pour finir ses matchs de manière rapide et souvent par K.O., comme ce fut le cas face à Jesus Gonzales le 18 février 2012, lui valant par la suite la place de champion in-tercontinental de l’International Boxing Federation (IBF).

Ce combat pourrait marquer un tournant important dans la car-rière d’Adonis Stevenson, mais aussi dans l’histoire de la boxe en général. En cas de victoire, il serait le premier Québécois depuis 2011

à devenir champion du monde WBC dans la catégorie des super-moyens.

Celui que ses fans surnom-ment Adonis Superman Steven-son a expliqué qu’il avait d’autres plans en perspective, mais que son objectif premier était cette finale. «Je suis concentré à 100% sur ce combat. J’y vais étape par étape», a-t-il tranché.

Lors d’une précédente confé-rence de presse le 10 avril dernier à Montréal, Adonis Stevenson et son adversaire Chad Dawson ont connu quelques altercations. Se-lon le Québécois, «Chad a essayé de mettre plus de piquant lorsqu’il a vu qu’il ne me connaissait pas, pour mettre plus de mordant, mais ça fait plusieurs fois qu’on a essayé de l’avoir pour un combat et il a toujours refusé.» Adonis Steven-son a avoué malgré tout que «Chad est un grand champion, il a une bonne technique, nommé cham-pion trois fois, et malgré son âge il a un long parcours et une longue carrière».

Place aux poings d’acierSimon [email protected]

Québec – Le Québécois Adonis Stevenson affrontera l’Amé-ricain Chad Dawson lors de la finale du championnat du monde de boxe du World Boxing Council (WBC), le 8 juin, au Centre Bell de Montréal.