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    Revue du monde musulman etde la Mditerrane

    L'ordre de la tradition. volution des hirarchies statutairesdans la socit maure contemporainePierre Bonte

    Citer ce document Cite this document :

    Bonte Pierre. L'ordre de la tradition. volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine. In:

    Revue du monde musulman et de la Mditerrane, n54, 1989. Mauritanie, entre arabit et africanit. pp. 118-129.

    doi : 10.3406/remmm.1989.2319

    http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1989_num_54_1_2319

    Document gnr le 19/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/remmmhttp://www.persee.fr/collection/remmmhttp://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1989_num_54_1_2319http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1989_num_54_1_2319http://www.persee.fr/author/auteur_remmm_314http://dx.doi.org/10.3406/remmm.1989.2319http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1989_num_54_1_2319http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1989_num_54_1_2319http://dx.doi.org/10.3406/remmm.1989.2319http://www.persee.fr/author/auteur_remmm_314http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1989_num_54_1_2319http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1989_num_54_1_2319http://www.persee.fr/collection/remmmhttp://www.persee.fr/collection/remmmhttp://www.persee.fr/
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    Pierre BONTE

    L ORDRE

    DE

    LA

    TRADITION

    volution des hirarchies statutaires

    dans la

    socit

    maure

    contemporaine

    La

    socit maure tait,

    l poque de la colonisation franaise,

    organise

    selon

    deux

    types

    de

    valeurs sociales.

    Les

    valeurs galitaires

    de

    la

    tribu

    s expriment,

    dans

    le

    langage de

    la parent, comme la consquence d une

    origine

    et d une

    gnalogie

    commune. Les valeurs

    hirarchiques des

    groupes

    statutaires

    que

    nous

    avons

    appel ordres par analogie

    avec les

    institutions

    politiques antiques

    (Bont, 1987

    a)

    , regroupant eux-mmes un certain nombre de tribus, s expriment

    travers

    des

    codes

    culturels divergents et

    correspondent

    des

    devoirs et des

    privilges qui

    s apprcient

    ultimement

    en

    rfrence une hirarchie

    politique.

    Celle-ci, dans une partie

    de la Mauritanie (Trarza, Brakna, Adrar, Taganet)

    s inscrivait

    dans le cadre des

    mirats1.

    Nous

    tenterons dans cet article de montrer comment ces valeurs

    hirarchiques,

    malgr

    mais

    aussi

    cause

    de

    leur

    volution

    sous

    la

    colonisation

    franaise,

    perdurent de nos jours et interfrent

    largement

    avec des problmes conomiques

    et

    politiques souvent poss

    en

    d autres termes.

    Rappelons d abord

    brivement

    comment s organisait cette hirarchie

    statutaire.

    La

    socit maure

    mirale

    comprenait

    trois ordres. Les

    hassns

    descendants des

    arabes

    hilaliens,

    portent les armes

    et

    suivent un code

    rigide

    de

    l honneur. C est

    en leur sein que se sont constitus les

    mirats2.

    Les zawya constituent

    un

    ensemble plus htrogne tant

    sur le

    plan des

    rfrences

    gnalogiques

    (surv,

    descendants du

    Prophte,

    arabes ou berbres) que sur celui de la structure sociale ( ct

    de

    tribus, certaines confrries

    turq

    sont

    organises sous une

    forme

    tribale)

    et

    de

    la

    place

    politique

    qu ils

    occupent

    {zawya

    de

    l ombre,

    dpendants

    des

    hassn,

    RE.M.MM.

    54, 1989/4

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    L a

    ordre

    de la

    tradition

    I 119

    et

    zawya du

    soleil, politiquement

    autonomes).

    L unit de cet ordre tient une

    rfrence commune aux

    valeurs et aux

    codes de

    l islam.

    Les zawya jouaient aussi

    un rle

    conomique

    majeur : contrle des puits, des

    pturages

    et des terrains de

    culture, organisation

    des

    routes commerciales. Les eznga enfin auraient une

    origine

    berbre;

    leveurs

    ou

    planteurs de

    palmiers,

    ils taient

    soumis aux

    hassn

    auxquels

    ils

    livraient

    des redevances

    diverses

    en

    contrepartie

    de leur protection

    guerrire.

    A

    l intrieur de chaque ordre

    existaient

    aussi

    des

    hirarchies

    statutaires

    permettant de classer les tribus des rangs3 distincts. Ce principe de

    classement

    hirarchique

    existe

    de mme

    au sein

    des

    tribus

    (Bont, 1987 a), la gnalogie

    intervenant en chaque cas comme une sorte d idologie sociale et politique qui dfinit

    tout

    autant les

    solidarits

    sociales (les

    asabiyyt) qu elle ne

    les

    hirarchise

    (Bont,

    1985).

    La

    constitution de la

    hirarchie

    des ordres

    est le rsultat d un

    double

    processus

    historique

    qui

    traduit

    aussi

    la complexit des valeurs ayant trait

    au

    pouvoir. En

    simplifiant

    quelque

    peu,

    on

    peut

    considrer

    que

    la

    distinction

    entre

    hassn

    et

    zawya

    rsulte d un

    conflit

    qui oppose

    les

    valeurs

    islamiques

    d autres valeurs

    issues du

    systme tribal. La guerre de sarr

    bubba,

    vritable

    charte

    de cette opposition (Abd

    el Wedoud ould Cheikh, 1985),

    apparat

    comme l chec d un mouvement de type

    thocratique et

    par

    certains cts mahdiste4 face

    une

    coalition

    de tribus

    guerrires; les uvres politiques

    qui

    ont

    t

    rdiges dans ces

    tribus

    zawya5,

    au

    prix

    d une

    vision volontiers eschatologique de l ordre

    social,

    sont plus soucieuses d tablir

    des

    compromis avec le pouvoir que de fonder un ordre islamique. La distinction

    entre hassn et eznga,

    acheve avec la

    constitution des

    mirats, s inscrit,

    quant

    elle, dans le cadre

    de l idologie de l honneur

    et

    de la

    protection

    : la dfaite

    militaire

    des

    eznga

    traduit

    leur

    incapacit

    assumer

    cette

    protection

    et

    dfendre

    leur

    honneur

    ainsi que l exprime le

    vocabulaire

    servant dsigner les relations

    entre

    ces

    deux

    groupes6.

    Ces

    valeurs hirarchisantes, parfois contradictoires,

    transparaissent

    particulirement

    dans le

    contexte

    d une mobilit sociale et statutaire, plus courante que

    ne

    le laisse

    supposer

    la rigidit, fige gnalogiquement, de

    l organisation

    en ordres.

    Ainsi on

    pouvait devenir hassn,

    par

    affiliation une

    tribu

    de cet ordre, affiliation

    entrine ensuite

    gnalogiquement. Il

    n est

    pas rare

    dans certaines tribus hassn

    de rang infrieur, de trouver des lignes

    entires d autre

    origine, parfois mme

    issues de hartn1, anciens esclaves. Dans une socit

    o,

    comme en d autres

    socits

    arabophones ou

    musulmanes,

    l interdiction

    pour les

    femmes

    de nouer des

    mariages hypogamiques,

    souligne et contribue

    crer la

    hirarchie statutaire,

    l enjeu

    des

    alliances

    matrimoniales

    se

    manifeste

    en ces occasions : les

    mariages

    entre les

    lignes hassn et celles qui sont

    ainsi

    intgres scellent les affiliations et, comme

    l exprime le

    proverbe

    maure, rendent les aeux gaux (Bont, 1987 a).

    A

    l inverse,

    le repentir

    (tawba) de

    certaines

    lignes

    hassn

    qui perdent,

    en revenant une

    stricte

    acception de l islam,

    leur

    statut guerrier et

    leurs

    privilges politiques,

    traduit tout autant des reclassements

    au

    terme de conflits

    pour le

    pouvoir que

    l antagonisme des valeurs

    politiques

    hassn et zawya : revenir aux valeurs de l islam

    c est

    renoncer

    au

    pouvoir

    (Bont, 1988). Si, cependant, dans l un et l autre cas,

    la mobilit

    sociale

    est

    forte,

    concerne

    des

    groupes

    dmographiquement

    importants

    et laisse ouvertes de multiples initiatives individuelles et collectives8, elle

    respecte

    la

    hirarchie des

    valeurs et se

    traduit par

    des

    reclassements

    :

    reclassements statu-

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    4/13

    120

    / P. Bont

    taires,

    en passant d un ordre un

    autre,

    et

    mme

    reclassements tribaux en s affi-

    liant une

    nouvelle tribu.

    Les

    hirarchies

    statutaires

    ne

    se limitent pas cette

    organisation

    des ordres

    qui

    concerne les seuls bidn

    (les

    blancs). Les abd, esclaves, et les hartn,

    affranchis , globalement dsigns sous le terme sudn, les noirs ,

    s inscrivent hors

    de

    cette organisation, dans

    sa

    double

    dimension statutaire

    et tribale.

    La

    situation des

    abd est relativement simple ils

    sont

    attachs aux familles de leurs matres ,

    mme si des

    diffrences

    de statut

    sont

    perceptibles en

    fonction

    de

    leur

    origine

    (achets

    ou ns

    dans la famille)

    et

    de

    leurs

    fonctions. La situation

    des

    hartn

    est

    infiniment plus complexe. Ils ne constituent pas des

    tribus

    distinctes mais

    restent

    attachs, dans des rapports de clientle

    qui

    leur

    sont

    plus ou moins favorables, aux

    tribus de leurs anciens matres. Leur

    classement

    statutaire peut considrablement

    varier

    hartn guerriers

    des mirats, tlamd des grands sayh3 la plupart

    du

    temps

    planteurs

    ou

    cultivateurs

    mais ils

    restent

    exclus de l organisation gnalogique

    des tribus et

    des ordres. Dans

    cette mesure ils

    continuent

    porter un

    stigmate

    de

    servilit

    qu exprime

    plus

    particulirement leur

    absence

    de

    pedigree.

    Ils

    restent

    aussi, le

    plus souvent,

    hors

    du systme de l levage

    nomade,

    activit

    dominante et valorise,

    et

    se consacrent l agriculture ou aux

    plantations

    de

    palmiers.

    Cette spcialisation

    n est

    pas neutre :

    outre

    la ncessaire

    complmentarit qu elle

    permet

    d introduire

    dans les systmes de production pastoraux, elle facilite la

    perptuation d un contrle social sur les hartn par

    l intermdiaire

    du contrle

    foncier qu exercent les

    bidn

    dans

    le cadre du systme tribal9.

    Telle est la socit que

    dcouvrent

    les

    Franais et

    qu ils

    vont,

    avant mme la

    conqute

    coloniale, dcrire en

    fonction de leur

    propre apprciation de

    ces

    hirarchies

    et

    des

    valeurs

    qui

    les

    commandent.

    Nous

    nous

    arrterons

    plus

    longuement

    ces

    reprsentations

    coloniales

    car elles sont lies aux

    politiques

    mises en

    uvre

    et l volution de ces

    hirarchies

    statutaires durant la colonisation.

    Il

    s agit selon Coppolani d une organisation

    sociale

    comparable celle de notre

    Moyen Age... La noblesse est reprsente par les Hassania (sic)... le clerg par

    les Matres du Livre ou interprtes fidles du Coran entours de leurs

    tributaires, vassaux et serfs10. Bref il s agit d un rgime fodal que les hritiers de

    la Rvolution

    franaise

    se doivent de

    transformer au nom

    de

    leur

    uvre

    civilisatrice.

    Politiquement, Coppolani s appuie

    sur les zawya,

    couche

    industrieuse, sinon

    laborieuse11, et sur tous les exploits

    du Tiers-Etat

    contre les

    guerriers

    has-

    sn pour

    entreprendre sa

    conqute

    pacifique

    de

    la

    Mauritanie

    interrompue par

    sa

    mort, en

    1906, Tijikja12.

    Les

    difficults

    de la conqute,

    qui s avoue

    dsormais militaire la

    rsistance

    maure continue aprs l occupation de l Adrar (1909), alimente par la dissidence

    des tribus

    du Nord

    , vont sensiblement

    modifier l image coloniale de

    la

    hirarchie des

    ordres. Image dsormais

    fixe

    par des militaires, Gouraud, Patey, Mou-

    ret, etc.,

    en charge

    d une conqute moins aise que ne

    la

    prvoyait Coppolani.

    Ces

    militaires sont tout

    disposs

    admettre une hirarchie qui valorise

    les

    qualits

    guerrires dont le

    colonisateur

    a besoin

    (formation

    des

    goums puis

    des G.N.,

    groupes nomades)

    pour contenir

    la pression

    des dissidents13.

    Les

    Instructions

    transmises,

    en

    1912,

    par

    le

    Colonel

    Patey,

    responsable

    des

    oprations

    en

    Mauritanie,

    son successeur14, dessinent une politique qui

    sera

    longtemps

    suivie

    dans

    la colonie. Le principe, affirm de multiples reprises par Gouraud lorsqu il occupe

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    L ordre de la tradition

    I

    121

    l Adrar15, de maintenir

    l organisation hirarchique

    de la

    socit

    maure, se

    traduit

    sur le

    plan politique tablissement

    d un

    rgime de protectorat

    sur

    les

    mirats

    qui,

    dans l Adrar du moins, restera effectif jusqu en 1920

    et

    social :

    il s agit

    de toucher

    aussi

    peu que possible

    aux

    structures antrieures mme si leur

    maintien est contradictoire avec l uvre

    civilisatrice qui

    lgitime l entreprise

    coloniale 16.

    C est propos de l esclavage que cette contradiction

    apparat le

    plus clairement.

    Des multiples

    tmoignages

    de l engagement

    en

    faveur du maintien de l esclavage

    que met

    en

    vidence

    la lecture

    des

    archives coloniales nous n en retiendrons

    qu un,

    particulirement

    significatif17. Il

    s agit d une lettre

    du

    Lieutenant-Gouverneur

    Gaden au Chef de Bataillon Commandant de l Adrar18 :

    Tous

    les

    actes

    ?

    aman

    que

    nous

    avons

    accord

    aux Maures

    portent

    que

    nous

    respecterons

    leur tat

    social,

    leurs biens. Nous avons

    donc

    reconnu

    une

    situation

    de

    fait. Les

    serviteurs

    restent

    dans la

    famille

    de

    leurs

    patrons dont

    ils constituent

    la

    main

    d oeuvre.

    Les Smsd d Atar

    lorsqu ils se sont

    prsents au Colonel Gouraud

    en janvier 1909, ont

    bien

    spcifi

    que

    leur

    seule

    fortune se

    composait

    que

    de

    moutons,

    d nes

    et

    des produits

    du sol et que

    sans

    leur

    main

    d oeuvre, leur

    principale

    ressource, leurs rcoltes

    disparatraient.

    Il

    tait bien entendu que leurs serviteurs resteraient

    avec

    eux.

    Avoir reconnu cet

    tat

    de

    fait ne veut

    point dire que

    nous

    pouvions

    autoriser

    la

    traite,

    c est--dire

    la

    vente

    de

    l individu

    des

    trangers. Ce trafic, en dehors de

    ce

    qu il

    a

    de

    reprehensible, est

    du

    reste contraire aux intrts

    des

    patrons qui, par

    cette

    vente, perdent

    une

    main d oeuvre qu ils ne peuvent plus remplacer,

    la paix que nous avons

    instaur en

    Mauritanie

    ne permettant plus

    en

    effet

    de ramener

    des

    captifs

    du

    Sud.

    Et cela les

    Maures le

    savent

    bien.

    Nous devons donc par tous les moyens en notre

    pouvoir empcher

    la traite.

    Il est un point

    cependant sur

    lequel j estime devoir

    attirer votre

    attention, il

    peut

    arriver que

    dans

    certains

    contrats entre

    Maures, pour

    la constitution

    d une dot par exemple,

    il

    soit

    spcifi

    qu un

    serviteur

    sera

    donn

    par

    l poux.

    Il

    n y

    a

    point dans

    ce

    cas

    dlit

    de traite,

    le

    serviteur,

    dont nous avons

    reconnu

    la

    condition,

    reste

    dans

    la

    famille et ne

    quitte point le pays,

    ce

    n est point

    une perte

    pour le patron.

    Avecbeaucoup de ralisme, sinon un certain

    cynisme,

    on

    trouve l expos

    l essentiel

    de la politique

    coloniale vis--vis de l esclavage.

    Il

    s agit de perptuer,

    en l

    adoucissant, une

    pratique

    indispensable. Dans le cas

    des hartn,

    cette politique est

    moins

    claire,

    sans doute parce

    que

    leur

    situation de clients

    libres est elle-mme

    moins

    facile

    transcrire sous

    des

    concepts accessibles, mais

    aussi

    parce que leur

    fonction assez gnrale de producteurs agricoles fait

    d eux

    les enjeux de la

    politique coloniale sous

    un

    autre de

    ses aspects

    :

    favoriser

    la

    fixation

    des nomades

    et

    le

    dveloppement

    de

    la

    production agricole

    en

    vue

    d une

    certaine

    autonomie

    de

    la

    colonie.

    D un ct l administration coloniale facilitera l installation

    des

    hartn

    en

    adabwe

    (sing : adabay) autonomes et fixes,

    qui

    ne sont plus menacs par les

    pillages

    et

    extorsions des

    hassn.

    De

    l autre elle reconnat l organisation

    tribale

    et les droits collectifs

    sur le sol

    des bidn19, ce qui facilite la

    mise

    en

    place

    de

    nouveaux systmes

    contractuels, fonds

    sur des sortes de mtayage, qui

    prvoient

    la

    livraison d une part importante de la rcolte

    au

    propritaire (jusqu la moiti).

    Dans ces

    conditions,

    la limite plus avantageuse

    pour

    le

    matre

    que l esclavage

    domestique, les affranchissements se multiplient, aussi bien sur les terres

    agricoles du sud que dans les palmeraies de

    l Adrar

    et du Taganet20.

    Localise au

    sein du

    systme

    des

    ordres de la socit

    bidn, la

    question

    des

    hurma

    et

    des

    gafer21

    se

    pose

    en tout

    autre

    terme.

    Sur

    ces

    redevances

    repose

    le

    pouvoir

    traditionnel des hassn et

    l armature

    politique de la socit mirale : l administra-

  • 7/23/2019 volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine.pdf

    6/13

    122

    / P. Bont

    tion

    coloniale leur accordera un intrt particulier22.

    Le

    principe est,

    nous l avons

    vu, de

    perptuer

    un systme

    qui apparat indispensable

    la

    persistance

    du mode

    de vie des guerriers. Ce principe sera dfendu, y

    compris

    contre les

    revendications des eznga et

    surtout

    de certains zawya qui demandent la suppression des

    redevances au nom

    du

    droit musulman23. En fait la politique suivie est trs

    variable

    selon

    les

    contextes

    locaux :

    l

    o

    l autorit

    des

    hassn

    et

    surtout

    le

    poids

    de

    l mirat restent

    forts,

    le systme

    se

    perptue,

    non

    sans difficults24, comme

    dans

    l Adrar; au

    Brakna

    par contre et

    dans

    une

    moindre mesure

    au Taganet, o il tait

    moins

    formalis, les redevances disparaissent ds les annes 1910

    ou 1920.

    Face

    aux

    revendications

    des eznga

    qui

    ne

    ressentent

    plus la

    ncessit

    de la protection

    des

    hassn et

    parfois

    s loignent d eux

    en

    usant

    de la

    libert

    d accs aux pturages

    dcrte par

    l administration

    coloniale, celle-ci

    utilise

    frquemment la procdure,

    prvue dans le droit coutumier, de rachat

    de

    la redevance contre une partie

    des

    biens

    du

    tributaire. Cette mesure, d abord ngocie au

    coup

    par coup et en

    tenant

    compte des circonstances locales25 finira

    par

    tre gnralise :

    commenc

    en 1944

    au

    Trarza,

    le rachat

    gnral

    des

    hurma

    sera

    achev dans

    l Adrar

    en

    1952.

    Ce dernier

    pisode

    s inscrit dans

    un

    contexte nouveau,

    issu

    de la

    colonisation,

    qui

    retentit

    sur

    l ensemble des

    hirarchies

    statutaires

    et

    en

    tout

    premier

    lieu sur

    la

    hirarchie

    des ordres. Le systme politique miral, manifestation du

    pouvoir

    des hassn survit

    certes mais vid de sa

    substance26;

    ne subsistent que les

    relations

    privilgies

    entre

    certains

    chefs

    hassn,

    auxiliaires militaires, et

    l administration

    coloniale; encore la pacification,

    acquise

    dfinitivement

    partir de

    1934,

    rduit-elle aussi cette fonction. De

    nouvelles relations conomiques

    se

    mettent

    en

    place, fondes

    sur la montarisation et le dveloppement des changes

    marchands

    :

    l impt, le

    dveloppement forc du

    march (par exemple celui

    du

    btail

    l intention

    des

    dbouchs

    sngalais),

    l entre

    libre

    des

    produits

    d exportation

    (tissus,

    th,

    sucre, etc.) sont

    autant d incitation

    ces transformations conomiques. Elles

    s acclrent

    l occasion d une srie de crises, souvent

    lies des priodes

    de

    scheresse,

    dont

    la plus grave se produit entre 1942 et

    1946

    accentue dans ses

    effets

    par

    la

    fermeture

    des

    frontires

    de la colonie

    pendant

    la guerre (Abd

    el

    Wedoud

    ould Cheikh et P. Bont, 1983).

    Dans cette socit coloniale

    o,

    au-del des

    diffrences

    statutaires, chaque

    individu

    se trouve transform en producteur

    pour

    le march, la place

    des

    zawya

    va

    se

    trouver

    favorise.

    Certaines tribus dj

    insres dans le systme commercial

    prcolonial

    (Idaw

    ali),

    ou d autres

    qui

    s adaptent aux conditions nouvelles

    (Smsd),

    connaissent

    une remarquable

    promotion

    conomique.

    Le

    pouvoir conomique

    des

    zawya tait dj

    acquis, mais ce pouvoir

    prend

    dsormais une importance

    nouvelle.

    Le nouveau

    dveloppement

    des

    confrries

    musulmanes,

    en

    particulier de

    la tijniyya, introduite en Mauritanie au

    xixe

    sicle par les Idaw

    ali, traduit

    ces

    dplacements de pouvoir. A

    l inverse, eznga, et

    mme

    hassn qui

    se sont en

    partie reconvertis l levage, l agriculture ou aux

    plantations

    de

    palmiers,

    subissent

    de

    plein fouet

    les

    effets

    des crises. Cet

    appauvrissement sera

    l une des causes

    du

    rachat des

    hurma dans

    l immdiat

    aprs-guerre.

    Cette

    priode

    est aussi marque

    par

    l essor

    d un mouvement

    politique

    mauritanien qui met en vidence les orientations nouvelles de la

    socit maure.

    Si

    l initiative

    est le

    fait de certains zawya,

    commerants

    originaires

    des

    Idaw

    ali en

    particulier27, la priode 1946-1951 est marque de troubles qui voient

    s affronter ces forces

    nouvelles

    et les chefs

    traditionnels,

    en particulier hassn,

    regroups

  • 7/23/2019 volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine.pdf

    7/13

    L

    ordre de la tradition

    I 123

    partir de 1947

    au

    sein

    de l Union Progressiste Mauritanienne.

    Il

    est notable

    que,

    malgr

    les

    dclarations

    d intention gouvernementales, aprs l indpendance,

    l existence de

    ces chefferies,

    y

    compris

    celle des

    mirats,

    ne sera

    jamais

    rellement

    remise

    en cause

    jusqu nos jours, mme si leur exercice a considrablement volu.

    Elles

    se

    sont

    en

    partie adaptes

    aux

    nouvelles conditions

    politiques : on trouvait des

    reprsentants

    de

    ces

    lignes

    de

    chefferies

    dans

    le Parti

    du

    Peuple

    Mauritanien ou

    l Assemble nationale

    avant

    1978,

    on

    les retrouve l occasion des diffrentes

    lections locales

    qui sont

    intervenues rcemment.

    Mme si ds

    cette

    priode, et de manire plus claire encore aprs

    l indpendance

    de la Mauritanie, les enjeux de pouvoir ne correspondent

    plus

    ceux que pointait

    le systme hirarchique des ordres, celui-ci,

    malgr

    les transformations

    politiques

    et

    conomiques

    qu a connues

    la

    socit maure, continue fournir un

    modle de

    reprsentations relativement efficace. Cette

    permanence

    tient la

    manire

    dont

    il s articule

    avec

    d autres aspects de

    la structure sociale.

    C est

    le

    cas

    de

    l organisation

    tribale.

    Ce

    qui

    semble

    en

    jeu,

    en

    l occurrence,

    est

    la prennit des

    asabiyyt susceptibles

    de s adapter ce nouveau contexte. Les

    solidarits tribales peuvent fonctionner en effet

    pour

    mobiliser des

    factions

    polit iques ou encore remplir le rle de

    rseaux

    d assistance financire, voire de

    vritables

    banques, quand ce ne sont pas les banques

    elles-mmes

    qui sont

    utilises

    aux

    bnfices

    des

    asabiyyt

    (Abd

    el

    Wedoud

    ould

    Cheikh, 1987). C est aussi

    le

    cas

    des alliances matrimoniales. Certes, le poids des nouvelles valeurs conomiques

    qui

    se

    traduit par

    une montarisation inflationniste de la prestation matrimoniale,

    entrane

    un certain

    nivellement

    statutaire, mais cette tendance n est que relative

    :

    en

    bien

    des

    cas se perptuent

    des

    stratgies plus traditionnelles. Les

    mariages

    hypogamiques

    fminins, parfois

    consentis

    pour

    des raisons

    conomiques,

    restent

    dvaloriss et

    les

    coupures

    endogamiques

    entre

    tribus, et

    surtout

    entre

    ordres,

    subsistent28.

    A

    ceci

    plusieurs

    raisons.

    Il

    faut faire la part d un systme de valeur

    d autant

    plus profondment

    ancr qu il

    est reconnu

    et codifi par l islam qui a

    cr

    les

    institutions (le wl) permettant

    de

    veiller au respect

    de

    cette rgle

    d interdiction

    de l hypogamie fminine.

    Il

    faut

    aussi

    reconnatre

    l efficacit

    de ces

    stratgies

    matrimoniales

    qui permettent effectivement

    la captation

    et

    la

    rtention

    du

    pouvoir

    :

    j en

    ai montr

    un

    exemple dans

    un

    contexte urbain et

    moderne

    (Bont,

    1987

    b)29.

    Il faut

    enfin souligner le

    lien troit entre ces

    pratiques

    et la

    perptuation des

    asabiyyt qui

    se constituent

    et

    se

    perptuent pour une

    part aux fins de

    grer

    des

    stratgies

    matrimoniales collectives.

    Il

    y

    a une dizaine

    d annes,

    une

    importante

    tribu

    zawya

    runit

    sa jem a pour analyser la situation

    nouvelle

    cre

    par

    le

    nombre croissant de

    mariages

    de

    femmes

    l extrieur de la tribu. La jem a

    prit des mesures pour

    y

    remdier et

    veiller

    ainsi

    maintenir

    la place de la tribu

    dans la socit

    nationale30.

    Dans la socit maure

    actuelle,

    les hirarchies

    statutaires

    d ordres subsistent donc

    en

    dessinant des

    coupures,

    qui se manifestent le plus clairement comme des

    coupures endogames, et en dfinissant

    des

    clivages

    en

    terme d intrts

    conomiques

    (financiers, professionnels,

    etc.)

    et politiques, cependant que se perptuent aussi

    des

    diffrences

    culturelles

    et

    comportementales

    porteuses

    d identit

    sociale31. Du

    fait de la disparition de l esclavage et de la place

    nouvelle

    qu occupent les har-

    tn,

    ne

    serait-ce

    que

    par

    leur

    importance

    dmographique,

    le

    statut

    de

    ce groupe,

    autrefois

    mal dfini

    et

    extrieur en

    tout

    cas

    au

    systme des ordres,

    tend tre apprci

  • 7/23/2019 volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine.pdf

    8/13

    124

    / P. Bont

    en

    termes nouveaux.

    L acuit

    nouvelle

    qu a

    pris le

    problme de

    l esclavage

    et des

    anciens

    esclaves tient cette dimension nouvelle,

    d ordre statutaire,

    qu il a

    acquis,

    dans

    un

    contexte de

    revendications politiques et

    conomiques

    (foncires) qui

    se

    sont plus

    particulirement manifestes

    depuis une dizaine d annes.

    L esclavage

    a

    t

    aboli officiellement le 5 juillet

    1980.

    S il

    ne

    faut pas se

    cacher

    la persistance

    de

    pratiques esclavagistes

    qui

    s taient perptues

    durant toute

    la

    priode colon iale,

    on

    peut considrer que cette abolition officielle a t

    beaucoup

    plus d ordre thique et symbolique que destine rsoudre un

    problme

    social

    de

    grande

    ampleur. La constitution d un march du

    travail et l urbanisation, qui

    ont

    pris

    une

    ampleur nouvelle du fait de

    la scheresse

    des annes

    soixante-dix,

    avaient

    entran

    le

    dpart

    massif

    des

    esclaves,

    bergers, agriculteurs ou planteurs,

    les premiers touchs

    par

    la

    dgradation

    locale des

    conditions

    conomiques. Il me

    semble beaucoup

    plus

    important de rapprocher cette dcision de la cration,

    en

    1979, d un mouvement

    politique,

    implant dans les milieux hartn, le

    mouvement El-Harr (Libres). En

    effaant

    officiellement

    le

    stigmate de servilit

    qui

    dfinissait cette strate

    sociale,

    tait

    reconnu le

    droit

    des

    hartn

    un

    classement

    statutaire

    qui dfinisse autrement leur place

    dans

    la communaut nationale32.

    En

    fait

    c est

    beaucoup

    plus

    sur

    la scne conomique que

    vont

    se

    jouer

    les

    pisodes de

    cette

    lutte

    pour un reclassement statutaire, lutte

    qui

    reste encore

    brouille

    sur la scne politique33.

    L importance du

    problme foncier a t brutalement

    rvle par

    les consquences de la scheresse : fixation de

    nombreux

    leveurs bidn

    qui

    manifestent un

    intrt nouveau pour l agriculture ou tentent

    de

    renforcer

    l exploitation des cultivateurs hartn, recul des

    terres cultivables

    compens

    par

    de

    nouveaux dfrichements

    ou la cration de nouveaux barrages, sans mme

    parler

    d une croissance

    dmographique

    qui

    n est

    pas totalement absorbe par l exode

    vers

    les

    villes.

    La

    dimension

    conomique

    du

    problme

    n est

    pas

    ngligeable, dans

    un

    contexte

    de diminution des revenus traditionnels et de promotion de

    l agriculture,

    mais elle n explique

    pas

    elle

    seule

    l acuit

    des

    conflits fonciers

    opposant

    bidn

    et

    hartn depuis

    le dbut

    des

    annes soixante-dix et le tour

    parfois

    violent

    qu ils ont

    pris34. Il

    s agit pour les

    bidn

    autant de prserver ou de rcuprer une

    source de

    revenu que

    de

    perptuer, travers

    les droits collectifs

    sur

    la terre,

    qui

    peuvent d ailleurs

    s assortir

    d une appropriation privative,

    leur position

    statutaire

    et

    celle des hartn.

    L ordonnance 83 127 du 5 juin 1983 portant rorganisation

    domaniale

    et

    foncire et le dcret 84 009 du 19 janvier 1984

    portant

    application de cette

    ordonnance35, semblent apporter un

    dbut

    de

    rponse

    au problme.

    Les

    droits

    collectifs sont abolis et la possibilit d accs la proprit prive de ceux

    qui

    cu lt ivent

    la terre est prvue.

    En

    reconnaissant

    officiellement

    la

    capacit des

    cultivateurs,

    hartn

    pour la plupart, accder la proprit prive

    du sol36,

    l tat

    intervient

    donc

    nouveau pour favoriser l inscription de ces hartn dans la

    socit

    nationale une

    nouvelle

    place.

    Si les

    textes

    juridiques

    sont loin

    de

    rgler tous

    les

    problmes locaux, ils contribuent nanmoins redfinir la

    position

    des anciens

    esclaves

    et soulignent

    l importance du rle qu ils seront de plus en plus amens

    jouer

    dans la Mauritanie de demain.

    J ai tent de montrer dans cette brve

    analyse

    de l volution des

    hirarchies

    statutaires depuis la

    priode prcdant

    la colonisation

    jusqu

    nos jours, la

    permanence de cette vision, entretenue par l administration coloniale et encore

    opratoire de nos jours. La

    transformation

    de la place statutaire des hartn dans la socit

  • 7/23/2019 volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine.pdf

    9/13

    L

    ordre

    de la

    tradition

    / 125

    maure moderne laquelle nous

    assistons

    actuellement, ne contredit pas cette

    prennit d un

    ordre

    hirarchique

    : c est en effaant les signes de

    leur

    ancien

    statut

    (abolition de l esclavage)

    et en accdant aux

    signes

    d un

    nouveau

    statut

    (accs

    la

    proprit foncire) que se met en place

    leur

    intgration cette

    socit moderne.

    Ajoutons

    nanmoins

    pour

    conclure

    que

    nous

    avons,

    pour mieux

    centrer

    notre

    dmonstrat ion, nglig nombre

    d autres facteurs qui

    peuvent en limiter la porte.

    Il

    en

    est ainsi

    du

    rle de l islam

    qui

    s tait

    jusqu

    prsent, dans le cadre

    des

    confrries,

    coul dans

    ce

    moule

    hirarchique,

    mais

    qui peut

    tre porteur

    d autres valeurs.

    Il

    faudrait aussi tenir compte

    des graves

    problmes

    conomiques,

    ethniques et

    politiques que connat actuellement

    le pays et qui peuvent

    brusquer bien des

    volutions.

    Mais

    la rsolution de ces

    problmes n est-elle

    pas

    aussi

    l enjeu de cette

    volution des

    hirarchies

    statutaires qui, sans

    bouleverser radicalement

    l ordre social,

    renforce

    l identit arabophone

    et

    maure de la

    socit

    mauritanienne?

    NOTES

    1. C est sur l volution de cette

    socit maure

    mirale que portent pour l essentiel

    les

    observations qui suivent.

    Mme

    si les changements

    intervenus

    durant

    le

    dernier

    sicle

    ont

    contribu

    niveler les

    situations locales, des diffrences subsistent selon

    que ces situations s inscrivent

    dans le cadre ancien des mirats,

    dans

    celui des socits

    tribales segmentaires

    du nord,

    ou

    dans celui

    des

    socits

    tribales

    puissantes

    chefferies de l est du

    pays.

    2.

    A

    l exception

    de

    celui du

    Taganet, le plus tardivement form, constitu

    dans une

    tribu

    guerrire

    descendant des

    berbres Lemtna.

    3. Ainsi, chez les hassn,

    la plus ou

    moins grande

    proximit gnalogique de la ligne

    mirale,

    dfinissait le

    rang des

    tribus qui

    se reconnaissent

    par ailleurs

    une

    origine gnalogique

    commune

    (descendants

    de

    Hassan).

    Chez

    les

    zawya,

    les

    surv

    occupaient

    un

    rang

    lev

    de

    mme

    que

    les

    marabouts

    du

    soleil

    ou les

    tribus

    organises autour

    des

    chefs

    de

    puissantes

    confrries.

    Enfin, chez les

    eznga,

    le degr

    d exploitation

    et d autonomie

    politique,

    c est--dire

    la capacit

    de rsistance aux

    pressions des hassn,

    dessinaient aussi une hirarchie de rangs.

    4.

    Organis

    la

    fin du xvne

    sicle

    parmi

    les

    tribus berbres

    de la valle du Sngal, ce

    mouvement apparat aussi

    comme la

    premire

    des

    jihd qui

    se succdrent ensuite

    en

    Afrique

    Occidentale aux

    xvnr et xixe

    sicles,

    en particulier parmi les

    populations de

    langue

    peule

    et en

    tout

    premier

    lieu

    parmi

    celles du

    Fouta Toro,

    ce

    qui

    souligne

    bien

    la continuit avec

    sarr bubba.

    5.

    Par exemple la pense politique de

    ayh Sidiyya,

    l un des principaux leaders de confrries

    du

    xixc

    sicle

    qui

    a

    par ailleurs exerc

    une

    influence politique certaine

    dans la

    rgion de

    la

    gebla

    (sud-ouest de la

    Mauritanie) (Abd

    el

    Wedoud ould

    Cheikh,

    paratre).

    6. La

    hurma, terme

    qui

    renvoie l honneur, ou encore

    lahma,

    terme improprement traduit,

    sans

    doute,

    par

    viande,

    chair

    et

    qui

    pourrait bien

    renvoyer

    au

    vocabulaire

    de

    la

    parent

    et

    de

    la

    protection domestique

    (Hams,

    paratre).

    7. L utilisation de hartn

    guerriers

    se

    retrouve

    dans tous

    les

    mirats o ils constituent une force

    militaire

    d appoint. Dans les tribus

    proches

    de la ligne

    mirale,

    ces groupes, bien

    que

    disposant

    d un

    statut

    lev, ne sont pas intgrs gnalogiquement et constituent des groupes

    endo-

    games, ne pouvant pouser des femmes hassn. Dans des tribus de rang

    moins

    lev, ils

    acquirent le

    statut

    de hassn et la trace de leur origine est rapidement perdue.

    8.

    Ainsi l mirat du

    Taganet

    se constitue autour d une tribu

    d origine

    berbre, soumise

    un

    temps

    aux

    hassn Awld Mbark.

    De

    mme

    les

    MeSdv, soumis

    aux tribus

    hassn

    puis

    l mirat du

    Taganet, crent une puissante chefferie dans le Ilawd.

    9. Dans tout le sud du pays o

    est

    pratique une

    agriculture

    sous

    pluie,

    dans certains cas

    amliore par la construction de barrages rudimentaires, le caractre

    communautaire

    et tribal de

    la

    proprit

    foncire

    est

    l instrument

    direct

    de

    ce

    contrle.

    La

    situation

    est

    plus

    complexe

    dans

    le cas des

    plantations

    de

    palmiers

    rgies par un

    systme

    de proprit prive. En ce

    dernier

    cas

    l exercice

    du droit musulman, aux mains des zawya, principaux

    propritaires

    des

    palmeraies

  • 7/23/2019 volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine.pdf

    10/13

    126 / P.

    Bont

    et utilisant

    largement une main d oeuvre esclavagiste,

    aboutit

    de

    manire

    plus

    indirecte au

    contrle de cette

    proprit prive

    par

    les

    bidn

    (Bont, 1985).

    Dans

    les

    palmeraies,

    l affranchissement restera par

    ailleurs

    l exception jusqu la

    colonisation.

    10.

    Rapport

    prsent

    la commission interministrielle du nord-ouest

    africain (1901).

    Archives

    F.O.M., IV, dossier 1.

    1

    1.

    Et

    qui

    plus

    est,

    dans

    cette

    rgion

    de

    la

    gebla,

    la

    plus

    proche

    des tablissements

    franais

    duSngal, d origine en partie

    berbre,

    point qui n est pas

    sans

    importance aux yeux de

    Coppo-

    lani, originaire d Algrie o le mythe berbre, opposant ces populations sdentaires et

    laborieuses aux arabes nomades et pillards, tait dj bien prsent la fin du XIXe sicle.

    12.

    Au dbut de 1908 encore, le responsable des

    affaires

    mauritaniennes ayant succd

    Cop-

    polani,

    W.

    Ponty, crit : II faut... que

    l aboutissement

    de

    nos

    efforts soit dans

    l affranchissement dfinitif

    des

    classes

    laborieuses sur lesquelles nous

    devons finalement prendre appui

    contre la classe oisive

    qui

    dtient

    le

    pouvoir et qui

    fait

    chec notre politique . Rapport 4e

    trimestre 1907

    sur la

    situation

    politique en Mauritanie

    (1er

    avril

    1908).

    Archives

    F.O.M.

    Mauritanie

    IV. Dossier 2 bis.

    13. Il

    a

    paru

    expdient,

    un

    moment

    donn, de

    nous appuyer sur

    les

    marabouts

    contre

    les

    guerriers.

    Maintenant

    que les guerriers

    sont rentrs et soumis

    alors que l occupation

    de l Adrar

    a

    montr

    notre

    force

    aux

    hsitants,

    on

    peut

    se

    demander

    s il

    n est

    pas

    de

    bonne politique...

    pouravoir li

    nous

    par

    l intrt

    les

    auxiliaires

    maures

    qui

    nous

    sont

    indispensables,

    de

    nous appuyer

    plus franchement

    sur

    les guerriers et de leur

    rendre

    leurs tributaires. Lettre

    du

    30

    mars

    1909

    du

    Cl. Gouraud au

    chef de Bataillon

    Claudel

    en poste

    Chinguetti. Archives

    de

    Vincennes.

    Dossier A.O.F. Mauritanie 1.

    14. Archives

    F.O.M. Mauritanie V.

    Dossier 1

    D.

    15 . Rponse

    hjem a

    des

    Smsd venant

    faire

    sa

    soumission

    Atar, le

    Colonel

    n a pas

    l intention

    de

    toucher aux captifs (Archives

    de

    Vincennes. Dossier A.O.F. Mauritanie 1. Colonne

    de

    l Adrar, janvier 1909) ou

    encore, propos des

    tributs, Justice et ncessit de

    laisser

    aux

    guerriers

    des

    moyens

    d existence

    obligent

    maintenir

    la

    Hurma

    (idem,

    juin 1909).

    16.

    Ces deux modes de reprsentation de

    la

    socit maure subsisteront en fait cte

    cte, mme

    si

    les impratifs

    politiques justifient la primaut accorde

    la seconde.

    Il

    en

    rsultera

    des

    contradictions,

    selon les personnels

    en

    place

    et

    selon

    les circonstances, dans les politiques

    administratives coloniales. Ces

    contradictions

    sont

    particulirement

    videntes l occasion des

    vnements

    qui

    entranent

    le dpart

    en

    dissidence

    de

    l mir

    de

    l Adrar Sid

    Ahmed en

    1932 (Bont, 1984).

    17. Il

    s agit d un document

    relativement

    ancien (1918)

    mais qui

    recoupe

    nombre

    d autres faits

    datant de

    la priode prcdant la

    IIe Guerre Mondiale. Les

    interventions administratives

    seront,

    aprs

    1945, beaucoup plus prudentes et neutres

    sur ce

    sujet. On consultera

    ce

    sujet un curieux

    pamphlet

    crit par un

    dahomen, exil

    politique en Mauritanie, en 1930 (1964) qui dresse un

    rquisitoire contre l esclavage et

    le

    soutien qu accorde cette institution

    l administration

    coloniale.

    18.

    Archives Nationales Nouakchott. Dossier E 33-1.

    Sous-dossier

    Adrar

    1921.

    19.

    Droits

    qui

    seront enregistrs auprs de l administration et qu elle fera respecter (M. Villa-

    sante Carvello, 1989).

    20.

    Les

    contrats de complant prvoient

    alors

    que, aprs la priode de

    plantation et

    d arrosage,

    les palmiers

    devenus

    productifs

    et

    qui

    ne

    ncessitent

    plus

    d arrosage

    les palmeraies

    sont

    rarement irrigues appartiennent

    pour

    moiti

    au

    hartni en fait celui-ci perdu dans

    les

    arcanes

    du droit

    musulman

    se

    trouvera

    souvent

    spoli au terme de

    son

    travail.

    21. Contrairement

    aux hurma, les

    gafer sont des tributs collectifs, plus ou

    moins librement

    consentis, verss par des eznga ou des zawya pour s assurer la protection des hassn.

    22. Ainsi

    des

    cahiers

    d enregistrement

    des

    redevances

    sont ouverts

    ds

    la conqute

    et

    seront tenus

    jour

    jusqu au

    rachat.

    Ces dossiers

    que

    nous avons pu consulter dans l Adrar

    (Archives

    d Atar)

    sont

    une

    source prcieuse pour

    l tude

    du systme politique.

    23. Gouraud

    rfute

    cet argument devant

    les Smsd qui rclament

    ce titre la suppression du

    gafer qu ils versaient.

    En

    juillet 1910,

    Claudel

    annule

    un

    acte du qdi de Sinqti

    qui

    interdisait

    le

    gafer au nom

    de

    la

    arTa

    et annonce qu il s agit d une affaire du seul ressort des

    autorits

    coloniales.

    24.

    O

    les

    revendications

    propos des redevances

    multiplient

    les tensions

    entre

    l mir

    Sid

    Ahmed

    et l administration coloniale et finissent

    par

    entraner son dpart en dissidence (Bont, 1984).

  • 7/23/2019 volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine.pdf

    11/13

    L\

    ordre

    de la

    tradition

    / 127

    25. Citons

    nouveau

    une

    lettre d instruction de Gaden au Commandant

    du

    cercle de

    l Adrar

    en date du 3

    mars 1923. La

    question des hurma est vitale pour

    la

    scurit

    du

    pays.

    Au

    Tagant

    le

    rachat

    des

    hurma

    a pu

    avoir

    lieu parce que

    les guerriers

    se sont

    mis

    cultiver. En Adrar,

    plus pauvres, les guerriers

    sont

    par

    surcrot inaptes tout travail

    et

    nous devons

    veiller

    ce

    que les liens qui les

    attachent

    au pays

    ne

    soient

    pas rompus inconsidrment ou abusivement.

    Ils doivent

    tre

    protgs

    contre

    leur

    propre

    imprvoyance

    et

    contre

    la

    sourde

    hostilit

    des

    marabouts.

    Les

    conflits

    ns

    des

    hurma

    ne

    doivent

    pas tre soumis

    la

    juridiction des qdi. A ceux-ci revient

    de recevoir

    les tmoignages

    sous la foi du serment et d apprcier la

    valeur d un

    tmoignage

    crit,

    c est--dire

    un

    rle d auxiliaire de l instruction par

    lequel

    l autorit administrative s claire mais

    c est cette dernire qu il appartient de prendre la dcision finale.

    Les

    rachats de

    hurma

    ne

    sont pas encourager quand le

    guerrier

    est pauvre. Dans l tat actuel des choses,

    maintenir

    le

    lien qui attache

    le

    guerrier est

    en

    gnral d un intrt plus

    immdiat

    que

    de librer le znga,

    plus

    industrieux

    et plus apte profiter de

    la

    scurit que

    nous

    avons apporte pour

    s enrichir

    malgr de lourdes charges.

    Quand

    cependant

    il

    y

    a

    intrt

    autoriser le rachat, celui-ci doit se faire autant que possible

    en

    palmiers ou

    en animaux

    plutt

    qu en

    argent.

    En

    cas

    de vente

    un marabout vous

    ne

    devez

    pas hsiter si celui-ci

    a

    profit des embarras momentans d un guerrier

    faire

    compter

    le prix

    de

    la

    valeur normale ou

    autoriser

    le

    guerrier

    reprendre

    ses

    droits

    contre

    remboursement

    son acheteur. Archives Nationales Nouakchott. Dossier E

    33-1.

    Sous-dossier

    Adrar

    1923.

    26. Aprs

    la

    mort

    de

    l mir

    de

    l Adrar Sid Ahmed, l administration

    coloniale

    s interroge

    sur

    l intrt

    de

    perptuer l institution, non seulement dans l Adrar

    mais

    dans l ensemble

    de la

    Mauritanie. En 1934 un

    successeur

    est nomm

    Sid Ahmed

    mais les

    pouvoirs

    des mirs sont dsormais

    strictement limits et

    de

    nature symbolique, beaucoup

    moins importants

    parfois

    que

    ceux d un

    chef

    de canton nomm par

    l administration :

    la

    perptuation

    du titre entretient toutefois

    l illusion d un

    statut

    particulier des hassn.

    27. Le premier

    dput

    mauritanien

    est Horma

    ould Babna

    lu

    en 1946 et qui, battu en

    1951,

    deviendra l un

    des

    partisans des

    vises

    annexionnistes

    du

    Maroc

    sur la Mauritanie.

    28.

    En tmoigne

    une

    tude,

    en

    cours

    de

    publication, que

    nous

    avons

    consacre

    aux stratgies

    matrimoniales au sein d une tribu de l Adrar,

    les

    Awld

    Ammonni,

    tribu au sein de laquelle

    est

    localise

    le lignage

    miral.

    29.

    Cette observation n est pas propre

    la

    Mauritanie,

    elle s observe

    aussi

    dans

    d autres

    contextes

    modernes, dans

    les

    villes

    du

    Moyen-Orient

    par

    exemple o le

    mariage arabe,

    entre

    cousins parallles

    patrilatraux,

    continue

    tre

    pratiqu de

    manire significative.

    30.

    Tout observateur un peu averti de

    la

    socit

    maure

    reconnat ainsi un marabout d un

    guerrier

    son comportement,

    ses manires

    de

    parler,

    de porter

    le turban

    ou

    l habit, etc.

    31. Ceci

    d autant

    plus que, ds

    sa

    cration, le mouvement politique

    des hartn

    est l enjeu

    sont-ils des

    maures

    noirs

    ou

    des noirs rduits en captivit, et

    o

    iront leurs

    solidarit

    ?

    d un

    conflit entre la majorit

    maure

    (en fait

    bidn) qui

    dtient

    le pouvoir

    d tat

    et les minorits

    ngro-

    africaines

    de la valle du Fleuve

    Sngal.

    On

    sait

    le tour

    dramatique qu a pris rcemment

    ce

    conflit

    (printemps

    1989).

    32.

    Encore que

    se

    soit

    lgrement

    renforce

    la

    place

    des

    hartn

    dans

    l appareil d tat

    et

    dans

    l arme

    qui dtient le

    pouvoir.

    Mais pour

    de

    multiples raisons

    dont la

    moindre n est

    pas le

    faible

    taux

    de scolarisation de

    ces populations, elles

    restent

    encore

    fortement sous-reprsentes aux

    postes

    dirigeants.

    33. Plus particulirement

    dans la zone

    des grands barrages situs

    aux pimonts du

    Taganet,

    ou

    encore dans

    l Aftt.

    Ces

    conflits ont pris

    des

    tours

    varis, violents

    ou

    ports devant

    la justice,

    refus

    des redevances, rcupration

    des terres

    par les bidn, grve des cultures par les hartn.

    Nous ne

    pouvons dans le

    cadre limit

    de cet

    essai en prsenter

    une analyse dtaille.

    34.

    Rsultats du

    long et difficile

    travail

    d une commission

    pour la rforme foncire

    runie depuis

    plusieurs annes.

    35. Situation

    acquise de fait en

    nombre d endroits

    dans la priode prcdente

    mais

    toujours

    susceptible

    d tre

    remise en question, sinon concrtement du

    moins

    sous forme d une

    raffirmation

    symbolique des

    droits

    de

    prminence

    statutaire.

  • 7/23/2019 volution des hirarchies statutaires dans la socit maure contemporaine.pdf

    12/13

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