Evolution 6 Imams

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1 IMAMS FONDATEURS D’ÉCOLES JURIDIQUES 1. Abû Hanîfa 2. Mâlik 3. Zayd 4. Ja‘far 5. Shâfi‘î 6. Ahmad 7. Les autres imams : Thawrî, Layth, Awzâ‘î, Tabarî, Ibn Hazm Ibn Taymmiyya

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IMAMS FONDATEURS D’ÉCOLES JURIDIQUES

1. Abû Hanîfa2. Mâlik3. Zayd4. Ja‘far5. Shâfi‘î6. Ahmad7. Les autres imams :

Thawrî, Layth, Awzâ‘î, Tabarî, Ibn HazmIbn Taymmiyya

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Fuqahâ

Muslim (206-261)

Bukhârî (194-256)

Nasâ’î (m. en 303)

Ibn Mâja (m. 275)

Tirmidhî (200-279)

Abû Dâwûd (202-275)

Muh

addi

thîn

11 41 60 80 100

700G 800G 900G

120

133

140 160 180 200 220 240 260 280 300

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Abû Hanîfa (80-150)

Zayd (80-122)

Ja‘far (80-148)

Mâlik (93-179)

Ahmad (164-241)

Shâfi‘î (150-204)

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L'IMAM ABÛ HANÎFA

80H-150H (699-766G).

INTRODUCTIONIbn Kathîr le présente ainsi : « C’est le grand savant de l’Irak, l’un des grands imams de l’islam, l’un des piliers des savants… Il a rencontré au moins un Compagnon, Anas Ibn Mâlik. Certains disent qu’il a rencontré d’autres Compagnons. Certains disent qu’il a même rapporté de sept d’entre ces derniers. »Né en 80H (699G) à Baghdad de parents perses. Son grand-père, Zûtî, fut capturé puis devint musulman, partit de sa ville originelle Kâbul, et rejoignit la ville de Kûfa (Irak). Kûfa : Ali Ibn Abî Tâlib, ‘Abdallah Ibn Mas‘ûd l’un des plus savants parmi ses pairs.

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Zûtî rencontra le quatrième calife, Ali, à Kûfa, et entre eux se noua une très forte amitié. Il avait eu un enfant, Thâbit, qui se lia lui aussi très fortement à Ali et ses descendants. Ce dernier, avant de mourir en shahîd (martyr), avait tenu à faire des invocations à Dieu concernant la progéniture de Thâbit pour qu’Il les bénisse et les enveloppe de Sa large Miséricorde. Dieu a alors exaucé la demande du calife Ali, en donnant à Thâbit un fils, An-Na‘mân qui s’appellera par la suiteAbû Hanîfa, le grand savant non seulement de l’Irak, mais du monde musulman. À tel point que l’imâm Shâfi’î dira de lui : « En matière de fiqh,tout le monde est redevable devant Abû Hanîfa». Jusqu’au jour d’aujourd’hui.

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1. ABÛ HANÎFA, ÉTUDIANT

1.1. Sa jeunesse et sa formation .Il va d’abord mémoriser le Coran. Son attachement au Coran était tel qu’il le récitait entièrement plusieurs fois pendant le mois de ramadan. Il grandit dans une grande famille commerçante de tissu et de la soie. Ce commerce l’attira dans un premier temps, et s’y adonna jusqu’à devenir l’un des commerçants les plus connus de la ville en raison de l’éthique islamique dont il faisait preuve. Abû Hanîfa rencontra et vivra au milieu de toutes les écoles juridiques, philosophiques et scholastiques de Kûfa. Dans le fracas des idées de cette ville, il s’adonna à des joutes intellectuelles avec toutes les écoles dans le peu de temps qu’il consacrait en dehors de son commerce.

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Au début de sa carrière, il ne consacrait que peu de temps aux sciences islamiques. Cependant, le cours de sa vie va subir une inflexionfondamentale dont il raconta la cause : « Je passai un jour devant Sha‘bî [l’un des Successeurs] alors qu’il était assis [dans la mosquée]. Il m’appela et me demanda : “Chez qui vas-tu le plus souvent ?” Je répondis : “ Plutôt au commerce.” Il me dit : “ Ce n’est pas de cela que je parle, mais des savants que tu fréquentes.” Je lui dis :“Jje n’y vais que peu de fois.” Il me dit alors : “ Non, ne fais point cela ! Ne délaisse point les assemblées des savants. Je vois en toi une intelligence et une activité très brillantes.” Depuis ce moment précis, Dieu m’a fait prendre conscience, et je délaissai les assemblées de commerce à celles de la science. Et Dieu m’a fait profiter pleinement de son conseil. »

À partir de ce moment, Abû Hanîfa va inverser son emploi du temps. Il va certes continuer à aller au marché pour son commerce, mais uniquement dans le temps qui lui reste après les cours au sein de la

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mosquée principale de Kûfa. Il prendra ensuite un associé, ce qui va lui permettre de se consacrer encore plus à la science.

1.2. Vers le fiqh .Abû Hanîfa s’occupa du hadith, étudia la langue et la littérature arabes, se versa dans la scolastique (science du kalâm) où son astre brilla au point de débattre avec les défenseurs des différentes sectes et de réfuter de fausses croyances en matière de credo. Aux finsd’expliquer son choix du fiqh, il dit :« Je me suis remis en question, et j’ai réfléchi et me suis dit :les compagnons du Prophète Muhammad (a) ainsi que leurs successeurs connaissaient ces sujets de discorde et de rhétorique mais n’y étaient pas entrés ni en faisaient cas. Au contraire, ils avaient conseillé de s’en éloigner. Au contraire, je les ai vus plonger dans les lois de la sharî‘a et ses règles [fiqh], les apprenaient auxgens, et encourageaient fortement à les apprendre…Lorsque cela m’apparut avec autant de clarté, j’ai décidé alors de m’éloigner des disputes intellectuelles, des polémiques et de la scolastique, et m’en

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suis suffit de ce que j’en avais déjà appris. Et je me suis alors dirigévers les assemblées de la connaissance… »Lorsqu’il conseilla, un jour, à son fils de ne plus polémiquer autourde ces sujets de discorde intellectuels, son fils lui dit alors:« Ô mon père, tu me conseilles de m’en éloigner, alors que toi-même tu le pratiquais. » Il répondit de sa grande sagesse : « Nous débattions de ces sujets, mais avec grand respect pour notre adversaire afinqu’il ne glisse point dans l’erreur. Mais aujourd’hui, vous débattez avec le secret espoir que votre adversaire tombe dans l’erreur. Et celui qui aimerait que son adversaire tombe dans l’erreur est comme celui qui pousserait son concurrent à la mécréance. »

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1.3. Dans l’arène de la science et du fiqh .Abû Hanîfa va se consacrer à la science en général et au fiqh enparticulier. Il dit : « J’étais dans le foyer de la science et du fiqh, et je me suis assisdans ces assemblées, et particulièrement dans l’une d’entre elles. »

En effet, le quatrième calife Ali, à la science incontestable,‘Abdallah Ibn Mas‘ûd et des dizaines d’autres compagnons laissèrent comme successeurs de grands noms tels : ‘Alqama (علقمة), Ibrâhîm An-Nakh‘î (النخعي), Hammâd (le maître d’Abû Hanîfa)...

L’école de Kûfa était aussi connue par sa méthode du quiyâs (analogie القياس), appelée aussi école de la raison (ar-ra‘y الرأي). C’est surtout Ibrâhîm An-Nakh‘î, le grand pôle de Kûfa dans la science, la foi, la spiritualité, l’intégrité, qui va s’illustrer par ces efforts, et les très nombreux disciples qu’il va former. C’est donc naturellement dans cette voie aussi qu’Abû Hanîfa va s’engager.

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Mais, à Kûfa, il y avait aussi les autres branches :• « l’école du Coran » avec des disciples d’Ibn ‘Abbâs. • « l’école de l’utilité publique (maslaha) ».

Abû Hanîfa va aussi, lors de ses nombreux voyages à La Mecque et Médine rencontrer : ‘Ikrimah le disciple et rapporteur des sciences de Ibn ‘Abbâs (m. 105H, 723G), Nâfi‘ à Médine (m. 117H, 735G)dans la connaissance de l’utile et le bien public, Zayd Ibn ‘Alî Zayn Al-`Âbidîn (m. 122H., 740 G.) à Médine aussi, l’imam Mâlik.

Abû Hanîfa vouait un amour bien particulier aux descendants de l’imam Ali, d’abord par le compagnonnage de son grand père et de son père à ce grand calife et ses enfants, ensuite par lui-même et la noblesse de cette famille illustrée par de grands savants pieux, généreux, éloquents, courageux. Il avait connu l’imam Zayd, avant son assassinat par les Oméyades, l’imam Ja‘far As-Sâdeq.

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Sa curiosité scientifique le conduisit à favoriser quatre grandesapproches dans les sciences islamiques :• l'approche de l'utilité ou bien commun (maslaha) de ‘Umar Ibn

Al-Khattab, dont le foyer se situait à Médine,• l'approche de l'imam Ali caractérisée par la puissance de l’inférence

et de la recherche profonde dans la réalité des choses, • l'approche de Abdallah Ibn Mas‘ûd qui se basait sur le hadith et

son authentification,• enfin l'approche de Abdallah Ibn ‘Abbâs qui se consacrait au

Coran et aux sciences connexes.

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1.4. Avec son maître Hammâd Ibn Abî Sulaymân .Abû Hanîfa va s’asseoir dans les cercles de plusieurs savants dont notamment ‘Atâ’ Ibn Abî Rabâh, ‘Ikrimah (à La Mecque), Nâfi‘,Ja‘far As Sâdeq (à Médine) et d’autres.Cheikh Hammâd Ibn Abî Sulaymân était une autorité reconnue dans toute l’Irak. Il avait recueilli la science de ses cheikhs, les tâbi‘în Ibrâhîm An-Nakh’î, Ash-Sha‘bî, qui eux-mêmes avaient aussi recueilli la science des tâbi‘în Sharîh (رشيح) le juge, ‘Alqama (علقمة), Masrûq (مرسوق) et bien d’autres… Abû Hanîfa va être assidu aux cours de son maître Hammâd Ibn Abî Sulaymân, 18 années successives, entrecoupées de voyages vers La Mecque ou Médine. Lorsque son maître mourût en (120H/738G), il prit sa place et commença à enseigner. Le disciple va finir pardépasser son maître.

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2. ABÛ HANÎFA, LE MAÎTRE ET L’ÉDUCATEURÀ la mort de Hammâd, tous les regards se portèrent vers son illustre et meilleur disciple, Abû Hanîfa. Il prit sa place à la mosquée et commença à donner des cours et des avis religieux. Rapidement, le nombre de ses étudiants grandit.

Ses étudiants se divisaient en deux groupes, un premier qui ne s’attardait pas chez lui une fois appris l’essentiel de sa méthode. Le deuxième groupe comptait ses plus fidèles étudiants et disciples desannées durant. Certains l’accompagnèrent jusqu’à sa mort. À ceux-là il leur avait réservé une place de choix dans son cœur. Leur nombre approchait les trente six étudiants. Il les connaissait si bien qu’un jour il avait dit d’eux : « De ces trente six étudiants, vingt huit ont des capacités pour être des juges, six autres peuvent se destiner à émettre des fatwâ, et les deux autres (Abû Yûsuf et Zafr) peuvent exercer le métier de contrôleurs des juges et d’imams émetteurs de fatwâ. »

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Il traitait ses étudiants comme ses véritables enfants en s’enquérant de leur santé, de leur situation matérielle. Il les aidait aussi par l’argent. Il avait marié plusieurs de ses étudiants qui n’en avaient pas les moyens. L’un de ses contemporains dit de lui : « Il enrichissait ses étudiants en leur donnant les moyens de vivre ainsi que leurs foyers. Lorsque tel étudiant avait fini son cursus, il lui disait : “Aujourd’hui tu es arrivéà la plus grande richesse, celle de connaître le licite et l’illicite.” »

La méthode utilisée par Abû Hanîfa dans son enseignement était de provoquer la discussion en proposant le thème ou la question. Il ne faisait pratiquement pas de cour magistral. Il réservait d’abord son opinion en laissant débattre ses étudiants. Cela provoquait souvent un brouhaha. Mais au moment de conclure, il présentait son argumentation qui reprenait les différents aspects débattus. Cette argumentation était si puissante que les présents devenaient alors silencieux et écoutaient les propos de leur maître.

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Et sur la pédagogie à observer avec les étudiants il conseillait : « À chaque fois que tu es réuni avec d’autres dans une assemblée ou dans la mosquée et que s’ouvre une discussion sur un sujet et qu’ils viennent à proposer des solutions en contradiction avec ce que tu estimes vrai, ne montre point ton opposition jusqu’à ce qu’ils te questionnent sur ton avis. S’ils le font alors, dis-leur leur avis, mais qu’il en existe aussi un autre que tu détailleras ; et tu en donneras les preuves. Alors seulement tu grandiras à leurs yeux…Lorsque viendront à toi des étudiants, donne à chacun selon ses capacités, et commence d’abord par les grandes lignes sans les détails. Mets-les en confiance, plaisante avec eux parfois, et discute avec eux,car c’est par l’attachement et l’amitié que l’assiduité à la science sera assurée. Organise parfois des repas pour tes étudiants, aide-les dans la résolution de leurs problèmes, ne leur fais pas part de leurs erreurs, élève-toi avec eux, pardonne-leur, et ne montre à aucun d’eux une quelconque impatience ou énervement, et sois avec eux comme l’un d’eux. »

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Dans une lettre, intitulée « Le savant et l’étudiant », il dit notamment : « Sache que l’action doit suivre la connaissance, comme les membres suivent la vue. La science avec peu d’actes est plus profitable quel’ignorance et beaucoup d’actes. De même le minimum de viatique pour le sauvetage avec la foi, est bien plus profitable que l’ignoranceavec beaucoup de provisions. C’est à cet escient que Dieu dit dans le Saint Coran : “Dis : les gens de science sont-ils équivalents à ceux qui n’en ont pas ?” ».

À une question sur la différence entre les sciences du hadith et celles du fiqh, il répondit : « Celui qui est versé dans le hadith sans qu’il ne spécialise dans le fiqh, est à l’exemple du pharmacien qui collecteles médicaments, mais ne peut en prescrire la médication jusqu’à ce que vienne le médecin… »

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3. QUELQUES TRAITS DE L’IMAM ABÛ HANÎFADhahabî dit de lui : « Il était parmi ceux qui passait ses nuits en prières, invocations et évocations de Dieu (dhikr). »Très posé, personne ne pouvait le troubler par une quelconque remarque ou insulte. Une fois, dans une assemblée, il corrigeait certains avis de l’autre imam Hasan al-Basrî, lorsqu’intervient brutalement une personne en proférant de gros mots à l’encontre de notre imam, en lui disant qui est-il pour prétendre corriger Hasan al-Basrî. L’imam Abû Hanîfa ne se démonta point, et poursuivit sans broncher son discours en disant : « Oui, Hassan al-Basri était dans l’erreur sur cette question, et c’est ‘Abdallah Ibn Mas‘ûd qui avait raison. » Puis il dit : « Ô mon Dieu, fasse que notre cœur supporte celui qui ne nous supporte pas. »Avec cela, il était connu aussi par une âme très sensible. L’un des ses protagonistes lui dit un jour : « Tu es un innovateur ! » L’imam Abû Hanîfa lui répondit calmement : « Que Dieu te pardonne ! Dieu sait que je n’en suis pas un. Je n’ai point changé depuis que j’ai connu le droit chemin, et j’attends de Dieu Son pardon, et je

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n’ai peur que de Sa punition. » Il pleura ensuite après le terme de punition. L’homme lui demanda alors de lui pardonner. L’imam dit alors : « Toute personne qui aura dit de moi, par ignorance, des choses fausses, est pardonné de ma part. Toute personne de science qui aura dit de moi des choses fausses va se trouver en difficulté. »

Il était aussi caractérisé par une grande indépendance intellectuelle dans la recherche et la prise de décision, ce qui va lui provoquer des problèmes avec le gouvernement central abbasside. Il s’abreuvait aussi des connaissances des savants de la famille alide de son époque (imams Zayd, Muhammad Al-Bâqir ainsi que son fils Ja‘far,‘Abdallah Ibn Hasan) et rencontrait les vivants parmi eux. Il ne cachait pas son amour pour cette famille bénie. D’autre part, il pouvait être d’accord avec un savant sur une question, et en faisait cas, et être en désaccord avec lui sur d’autres sujets.

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Il était connu aussi par sa sincérité (ikhlâs) envers Dieu et la vérité, car il considérait que le fiqh procédait de la religion, et en tant que tel,l’étudiant ou le savant se doit de rechercher la vérité, non de faire en sorte de vaincre son adversaire. Il disait notamment dans ce cadre : « Notre avis celui-ci est une opinion, c’est la meilleure à laquelle nous sommes arrivés pour l’instant. Si quelqu’un apporterait une autre opinion meilleure que la nôtre, c’est alors lui le plus proche de la vérité. »Il lui a été dit une fois : « Ô Abû Hanîfa, ce que tu donnes comme avis (fatwâ) est la vérité sans aucun doute ? » Il répondit alors : « Je ne sais point, peut-être serait-elle l’erreur sans aucun doute ! » C’est ainsi que plusieurs fois, il rectifiait ses précédents avis (fatwâ) au vu de nouveaux efforts d’interprétation et de connaissance. Son verbe et son éloquence étaient tels qu’il subjuguait son auditoire. Shâfi‘î dit de lui, selon ce que lui avaient rapporté d’illustres savantsayant connu Abû Hanîfa : « S’il voulait te démontrer que cette colonne (dans la mosquée) était d’or (alors qu’elle n’en était pas), il le ferait et tu le croirais. »

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3.1. Sa vie de tous les jours .Abû Hanîfa n’a jamais accepté de dons de la part des gouverneurs en nature ou en espèce. Il vivait aisément. Il avait pris un associé sincère qui le remplaçait dans son commerce. Abû Hanîfa avait 4 grandes qualités :

1. D’abord riche de cœur, loin de toute convoitise ou avidité. Il appartenait à une famille riche depuis plusieurs générations.

2. Il était un homme d’une très grande confiance concernant ses biens et ceux des autres.

3. Il jouissait d’une grande clémence dans les affaires. Dieu ayant éloigné de lui toute avarice ou cupidité.

4. Il était un homme très pieux qui considérait les relations entre les gens comme une deuxième forme d’adorer Dieu. En plus du le fait qu’il jeûnait beaucoup et faisait les prières surérogatoires de nuit (qiyâm layl), il considérait qu’il y a une forme supérieure d’être pieux, c’est celle d’avoir le meilleur comportement avec les gens.

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Une dame est venue à lui, une fois qu’il était dans son échoppe, et voulut lui vendre un morceau de tissu de soie. Il lui demanda le prix. Elle dit cent. Il lui dit : « Mais il vaut plus que 100, combien demandes-tu ? » Elle ajouta encore cent. Il lui dit : « Encore ! » Elle ajouta encore cent. Il lui dit : « Il vaut encore plus ! » Elle lui dit alors : « Mais tu te moques de moi ? » Il lui demanda alors de patienter jusqu’à ce qu’il appelle une personne très au fait des tissus de soie et de leur valeur. Cette dernière le lui acheta pour cinq cents.Il prenait aussi soin de lui-même. Il se vêtait élégamment, utilisait de bons parfums. Il était aussi très organisé, notamment dans la répartition de son temps. Son disciple Yûsûf dit de lui : « L’imâm Abû Hanîfa avait réservé pour lui-même la journée du samedi, il n’y faisait ni des cours, ni n’allait au marché pour son commerce ; il réservait cette journée à sa famille et à lui-même. Les autres jours, hormis le vendredi, il s’occupait de son commerce du matin à la mi-journée. Le vendredi était réservé pour ses amis et ses étudiants qu’il invitait à manger chez lui. »

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3.2. Ses opinions politiques .L’imâm Abû Hanîfa vivra 52 ans sous le règne oméyade et assistera à sa fin sous les coups de boutoir des abbassides. L’imâm AbûHanîfa ne voyait aucun droit aux oméyades de gouverner le pays musulman, mais ne s’était pas rebellé contre eux. Des sources historiques rapportent que lorsque l’imâm Zayd s’était rebellé contre l’oméyade Hishâm Ibn ‘Abd-al-Malik, après que ce dernier l’avait humilié publiquement et menacé de mort, l’imâm Abû Hanîfa dit : « Sa rébellion est pareille à la sortie de notre Prophète Muhammad (a) lors de la bataille de Badr. » La même source raconte qu’il envoya beaucoup d’argent afin del’aider en s’excusant de ne pas être avec lui.Les oméyades, sachant que l’imâm Zayd et ses enfants ainsi que ses neveux (dont l’imâm Ja‘far As-Sâdeq) avaient une certaine influencesur les savants, voulaient s’assurer le soutien des grands savants. Ils leur proposèrent des postes de responsabilités (juges). Beaucoup acceptèrent sous la pression et la menace. Abû Hanîfa refusa net la proposition.

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Le gouverneur, après plusieurs demandes toutes refusées, passa aux menaces d’emprisonner l’imâm et de le frapper. Cela ne fitpas plier notre imâm. L’imâm refusa d’autres propositions de fonctions gouvernementales. Le gouverneur jura par Dieu ensuite que si l’imâm Abû Hanîfa refusa à nouveau, il l’emprisonnera et le bastonnera. Cela ne fit pas fléchir l’imâm. Le gouverneur passa alorsaux actes, l’emprisonna et le fouetta chaque jour 100 coups et cela durant plusieurs jours. L’imâm Abû Hanîfa resta sur sa position, sa santé déclina. Après plusieurs semaines de ce régime, le gouverneur le libéra ensuite. L’imâm Abû Hanîfa partît alors en exil pour La Mecque (en 130H) où il restera six années. Il reviendra à Kûfa, une fois les Abbassides au pouvoir.

Abû Hanîfa avait placé de grands espoirs sur le changement abbasside pour mettre fin la situation de déliquescence et de répression dupouvoir oméyade. Mais il déchantera rapidement. Il va d’abord critiquer ouvertement certaines décisions du calife abbasside al-Mansûr.

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L’imâm Abû Hanîfa, de par son indépendance intellectuelle ne s’empêchait pas de rectifier et de corriger les avis émis à chaquefois que cela contrevenait aux textes établis. Ce qui ne plut pas au juge qui le discrédita auprès d’al-Mansûr. Ce dernier le fit appeler, etlui demanda d’assumer la responsabilité de juge suprême. Ce qu’il refusât. Il lui demanda alors pourquoi n’acceptait-il pas les dons du Calife. L’imâm répondit : « Le calife ne m’a rien donné de ses propres biens que j’aurai refusés. Il m’a donné des biens du trésor public (bayt al-mâl) alors que je n’y ai pas droit… Je ne suis pas démuni pour en avoir droit. » Finalement, le calife al-Mansûr décida de l’emprisonner et de le fouetter publiquement dix coups par jour. La punition s’abattit sur le vieux imâm dont la santé faiblit et devint précaire. Ce qui obligea le calife de le libérer ayant peur qu’il meure sous les coups. Mais il lui interdit toute prise de parole. Après sa libération des geôles abbassides de quelques jours, il mourût.

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4. LE FIQH DE L’IMÂM ABÛ HANÎFA

4.1. Sa méthodologie .L’imâm Abû Hanîfa résuma ainsi sa méthodologie utilisée pour extraire et inférer les règles juridiques : « J’examine d’abord le Livre de Dieu si j’y trouve la solution [au problème posé]. Si je n’y trouve pas, j’examine alors la sunna prophétique et ce qui en a été rapporté de manière sûre. Si je n’y trouve point, j’examine alors les avis des Compagnons. S’il en a été rapporté plusieurs, alors je choisirai l’un des avis, tout en ne sortant pas de l’ensemble des avis. Et si la question arrive jusqu’à Ibrâhîm, Ash-Sha‘bî, Al-Hasan, Ibn Sirîn ou Sa‘îd Ibn Al-Musayyib, je procèderai de mon propre effort (ijtihâd) comme ils l’ont fait. »

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De cela on peut tirer son approche méthodologique :1. Voir dans le Coran d’abord les versets y afférents s’ils existent.2. Sinon dans les hadiths connus si la question y a été traitée.3. Dans le cas contraire, il se référait à l’avis des Compagnons :• Si les compagnons s’étaient mis d’accord (consensus) sur une

question (ijmâ‘ إمجاع), il prenait cet avis.• S'il y avait divers avis des Compagnons sur la question, il en

choisissait celui qui lui semblait le plus approprié, sans sortir de l’ensemble de ces avis.

Il faut souligner que l’imam Abû Hanîfa, après les avis des Compagnons, ne se voyait engagé par aucun autre avis, notamment de la part des disciples des Compagnons, les Successeurs.

4. S’il ne trouvait rien, il utilisait alors la méthode de l’analogie (quiyâs) dans laquelle il excellait. Il avait développé très largement cette méthode, en cherchant systématiquement les raisons (‘illa explicites ou implicites, des règles édictées dans le Coran et ,(العلةdans le hadith.

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5. Lorsque la méthodologie de l’analogie ne lui donnait pas satisfaction, il utilisait alors l’istihsân (إستحسان) ou principe du convenable (de hasan : le convenable) : c’est-à-dire qu’entre deux solutions nouvelles, choisir celle qui est la meilleure en soi. L’imâm Abû Hanîfa y recourait souvent lorsqu’il voyait que la méthode de l’analogie sur une question amenait à une solution contradictoire avec les textes du Coran et de la Sunna, ou avec le consensus ijmâ’ ou même en contradiction avec les coutumes.

Il faut noter que pour l’imam Abû Hanîfa, la notion de l’istihsân regroupe aussi l’utilisation de l’analogie (qiyâs).

6. Les coutumes (al-‘urf, al-ma’rûf والعرف En effet, si la .(املعروفrègle juridique (al-hukm احلكم) recherchée n’a pu être déduite des Textes (Coran et Sunna), ou dans le consensus ijmâ’, ou n’a pu être inférée par l’analogie quiyâs, notre imam recourait aux coutumes de la région considérée, à l’exemple de la fixation du montant dumahr (cadeau obligatoire donnée par le mari à son épouse lors de la conclusion du contrat de mariage) qui n’a pu l’être au moment du contrat de mariage.

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Encore faut-il que les coutumes alors considérées n’entraînent pas à s’opposer aux Textes. Ainsi les coutumes sont catégorisées en deux parties : coutumes acceptables (ne s’opposant pas aux textes) et coutumes inacceptables (car s’opposant aux textes).

4.1. Abû Hanîfa et le hadith .Il faut noter que l’école hanifite était connue pour avoir fait un trèsgrand usage de l’analogie (qiyâs) et de l’istihsân, domaines où la raison (ra’y الرأي) est primordiale. Pour cela, cette école fut connue par l’école de la raison (madrasatu l-ra’y مدرسة الرأي) , par comparaison (et non par opposition) à l’école du hadith de Médine (madrasatu l-hadîth مدرسة احلديث), illustrée notamment par l’imam Mâlik.

Le ra’y (raison) ainsi visé chez Abû Hanîfa n’est pas, comme certains peuvent l’imaginer, l’utilisation de la raison sans l’encadrement par les textes scripturaires (Coran et Sunna). Au contraire, c’est de ces textes que procède la raison chez lui et ses disciples.

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L’imâm Abû Hanîfa avait des critères bien spécifiques pourl’acceptation des narrations du hadith, traduisant en cela un grand souci d’authentification. Ainsi il acceptait le hadith mutawâtir (حديث normalement, mais il prenait un grand (مشهور) et mash-hûr (متواترnombre de précautions pour accepter un hadith âhâd (qui forment quand même la plus grande partie du corpus des hadiths). Pour lui, ainsi que pour Mâlik d’ailleurs, ce dernier comporte en lui un doute –si faible soit-il- et qu’ils le confrontaient aux autres sources en cas de conflit apparent.Ses disciples apportent la belle parole d’Abû Hanîfa : « S’il y a un hadith, c’est à lui que nous revenons. Autrement nous choisissons parmi les avis des Compagnons. Autrement, nous avons notre mot à dire si ce sont les avis des Successeurs et autres. »Nûh al-Jâmi‘, son disciple, rapporte de lui cette seconde belle parole : « Ce qui vient du Prophète (a) est à mettre en premier. Ce qui vient des Compagnons, nous en choisissons parmi eux ce qui nous semble convenable. Et ce qui vient de ceux d’après, ce sont des hommes, et nous sommes aussi des hommes. »

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4.2. Quelques traits saillants du fiqh de l’imâm Abû Hanîfa .Le fiqh de l’imâm Abû Hanîfa se caractérise par quelques traitssaillants et d’abord par une forte propension à étudier les innombrables questions des relations commerciales et financières. C’est l’écolejuridique qui a le plus étudié cette question. C’est dans cette voie qu’il a donc utilisé le plus les sources de l’istihsân et des coutumes.

1. La femme pubère peut se marier sans l’avis de son représentant (waliy ويل), alors que la majorité des autres savants conditionnent la validité du mariage d’une femme par l’acceptation de son représentant (en précisant qu’il ne peut l’obliger à cela).

2. Il refuse de prononcer les restrictions (hajr) faite à l’incapable de discernement (total ou partiel) ainsi qu’à l’endetté, de l’exercice de ses droits, contre l’avis unanime des autres savants.

3. Toujours au nom du même principe, il décrète la liberté laissée au propriétaire d’un bien d’utiliser son bien comme il l’entend.

4. Abû Hanîfa est l’un des premiers, sinon le premier, à décréter qu’il est possible de donner zakât al-fitr en espèces (monnaie)

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au lieu qu’elle soit en nature (la nourriture du pays). De même qu’il a autorisé à donner l’aumône légale zakât en espèces, au lieu qu’elle soit en nature.

5. Abû Hanîfa va considérer 7 catégories de règles juridiques (al-hukm ash-shar‘î احلكم الرشعي), au lieu des cinq considérés par les autres, comme le résume le tableau suivant.

Demande de faire Demande de ne pas faire Plus

intenseMoins intense Moins intense

Plus intense

Pour les imams Mâlik, Shâfi‘î, Ahmad : 5 degrés

Obligation Recommandation Permission Répréhension Interdiction

Fard Mandûb (sunna) Halâl Makrûh Harâm

Pour l’imam Abû Hanîfa : 7 degrés

Fard WâjibMandûb (sunna)

Halâl Makrûh tanzîh

Makrûh tahrîm

Harâm

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6. Une autre caractéristique du fiqh de l’imam Abû Hanîfa est ceque l’on peut appeler le fiqh hypothétique. En effet, l’imam Abû Hanîfa n’attendait pas que les cas se produisent pour enfin leurtrouver des solutions. Grâce à son expérience dans le commerce, il essayait de voir, avec ses étudiants, les cas pouvant se présenter et leur cherchait des solutions à l’avance.

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5. DIFFUSION DE L’ÉCOLE HANAFITE

5.1. Ses disciples .L’imâm Abû Hanîfa avait un grand nombre de disciples qui non seulement ont porté son école dans le monde entier, mais l’ont fructifié en plus. Ce sont ses disciples qui ont donc rapporté ses aviset ses méthodes utilisées.

• Abû Yûsuf (né à Kûfa en 113-182H/731-798G) qui vivra 32 ans après son maître. Maître dans le hadith, brillant juriste, avait une connaissance étendue du tafsîr (commentaire du Coran). Il fut aussi juge (qadi) à Bagdad sous les califes abbassides (al-Mahdî, al-Hâdî puis Hârûn ar-Rashîd).

• Muhammad Ibn l-Hasan Ash-Shîbânî (132-189H/748G), ne s’est pas assis longuement dans le cercle du maître. Mais à la mort de ce dernier, il va poursuivre la connaissance de son maître à travers son disciple Abû Yûsuf. Il est considéré comme celui qui a le plus œuvré pour la compilation et la conservation des avis du grand maître irakien Abû Hanîfa et de son œuvre.

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Il fut lui aussi juge (qâdî) sous le règne de Hârûn Ar-Rashîd. Il fut aussi l’un des transmetteurs de l’ouvrage de Mâlik, Al-Muwatta’ (voir le chapitre relatif à l’imam Mâlik). Il prit sous sa protection l’imam Shâfi‘î à Baghdad lorsque ce dernier fut arrêtéet amené auprès du calife abbasside pour cause de suspicion shiite. Ash-Shîbânî le défendit et obtint sa libération. Shâfi‘î va alorss’asseoir à son cercle et apprendre auprès de lui les éléments de fiqh hanifite.

• Zufar ibn al-Hudhayl, l’un des élèves brillants d’Abû Hanîfa. Il a été considéré comme le plus perceptif dans l’utilisation correcte de l’analogie dans le raisonnement légal. Il est mort à Basra en 158H/775G.

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5.2. Diffusion de l’école hanéfite .C’est une des écoles les plus prolixes et qui s’est diffusée le plus dans le monde musulman, pour plusieurs raisons, dont :

• Le grand nombre de disciples et leur grand intérêt à la diffusion des idées de leur maître par la parole et l’écrit. Ces disciples ont eux-mêmes formés beaucoup d’étudiants qui ont, à leur tour, propagé cette école.

• Cette deuxième vague d’étudiants va enrichir avec beaucoup d’éléments nouveaux le fiqh hanafite.

• Cette école va très vite être adoptée comme l’école officielle sous les abbassides en y puisant des juges très puissants qui vont diriger la fonction de juge cinq siècles durant.

• Puis sous le califat ottoman, cette école va pénétrer là où elle ne l’avait pas fait encore et dans les contrées nouvelles (Balkans, un peu en Algérie et Tunisie). Ce califat avait lui aussi considéré l’école hanifite comme l’école officielle.

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L’école hanéfite va donc se diffuser dans les régions suivantes :• En Irak, en Syrie, Azerbaïdjan et toute sa région Ouzbékistan,

Turkménistan… • Encore plus à l’est avec l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, et

par delà ces pays.• En revanche une présence faible en Égypte où il va rencontrer

les deux autres écoles qui y avaient déjà pris place : malékite et chaféites.

• Les pays des Balkans.• Une très faible présence en Algérie et Tunisie, et une absence

totale au Maroc, Maurétanie ainsi que les pays africains de l’ouest subsaharien.

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IMÂM MÂLIK

Né en 93 H, mort en 179 H (711 à 795 G)

Abû Hurayra rapporte que le Prophète (a) a dit : « Il arrivera un temps où les gens voyageraient (loin et rapidement) pour acquérir des connaissances et ils ne trouveraient aucune personne plus savante qu’un savant à Médine. » [Tirmidhî (26049, hadith hasan, Ahmad (7639), Al-Hâkim]

Sufiyân Ibn ‘Uyayna, qui rapporte ce hadith en fin de chaîne detransmission répondant à une question sur l’identité de ce savant, répondit : « C’est Mâlik Ibn Anas. »L’imam Shafi‘î dit : « Lorsque l’on parle des savants, alors Mâlik était telle l’étoile [la plus brillante parmi eux]. »

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1. MÂLIK ÉTUDIANTMâlik est né le plus vraisemblablement en 93 H (711 G) à Médine de parents arabes originaires du Yémen. C’est le grand-père Mâlik Ibn Abî ‘Âmir qui s’établit le premier à Médine. Toute la famille va se consacrer et se destiner aux sciences, à la narration du hadith et à la compilation et sciences du Coran. Le grand-père va faire partie du comité institué par le calife ‘Uthmân Ibn ‘Affân pour finaliser la compilation du Coran et l’unification dela graphie. Il deviendra l’un des Successeurs attitrés, en côtoyant et narrant les hadiths des Compagnons ‘Abdallah Ibn ‘Umar, ‘Uthmân Ibn ‘Affân, Talha Ibn ‘Ubayd Allâh et ‘Aïsha, notre mère honorée. Les hadiths ainsi rapportés par le grand-père vont être transmis par ses fils et spécialement le père de Mâlik, Anas, et son frère (l’onclede l’imâm) Abû Suhayl qui deviendra l’un des Successeurs les plus attitrés dans la transmission des hadiths du prophète Muhammad (a) et deviendra le maître du Successeur Ibn Shihâb Zuhrî.

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1.1. Sa quête des connaissances .Dès son plus jeune âge, Mâlik va mémoriser le Coran. De lui-même il proposa à son père et sa mère de suivre la voie de la connaissance en lui permettant de participer aux cercles (halaqât) de science qui se tenaient dans la mosquée du Prophète (a). Ils répondirent favorablement à sa demande. Sa mère s’occupa alors de lui. Au jour décidé pour son apprentissage, après lui avoir pris un bain, elle lui mit ses plus hauts habits, son turban, du musc et le conseilla sur la façon de s’asseoir, d’écouter, de prendre des notes, de demander des éclaircissements. Elle lui dit ensuite : « Maintenant que tu es prêt, tu peux aller t’instruire. »Elle ne l’envoya pas au hasard des cercles (halaqât), mais avait tenu à suivre son enseignement, sa progression. Elle le dirigea à chaque fois vers un savant en insistant sur le type d’enseignement qu’il se devait d’apprendre. Elle lui dit notamment : « Va chez Rabî‘a, et prends de lui sa connaissance sans faire attention outre mesure à sa façon d’enseigner. »

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Mâlik alla à son cercle alors qu’il était encore enfant impubère, côtoyant des adultes : « J’ai vu Mâlik assister aux cercles de Rabî‘a alors qu’il portait encore à ses oreilles un fil! » Il était de tradition à Médine, en ces temps-là, que les jeunes garçons portaient des ficelles sur le bord supérieur de l’oreille !Toujours sur les conseils de ses parents, il se déplaça ensuite de cercle en cercle, de savant en savant, durant plusieurs années, et choisissant cheikh Ibn Hurmuz comme premier maître.

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1.2. Auprès des maîtres .Le jeune Mâlik était admiratif devant le maître Ibn Hurmuz, le respectant et l’aimant plus que tous les autres maîtres des autres cercles. Plus tard, l’imâm Mâlik, parlant de lui, dira : « J’ai fréquenté son cercle durant treize années, pour acquérir une science dont je ne fis part à personne d’autre. (…) Il était parmi lesplus savants des maîtres dans les répliques et réfutations des gens qui répandaient des idées fondées sur leurs désirs et inclinations (ahwâ’), [connaisseur] des causes de divergence des avis des savants. » Le jeune Mâlik le prit en exemple dans son comportement, dans sa façon de traiter les choses, dans ses sagesses. Il dit de son cheikh : « J’ai entendu Ibn Hurmuz dire : ‘il faut que le savant puisse faire hériter à ses disciples la parole suivante : je ne sais pas !’, jusqu’à ce qu’elle devienne chez eux un principe de base en cas de besoin. S’il arrive que soit questionné l’un d’entre eux sur ce qu’il ne sait point, il dira alors : ‘je ne sais pas’ ».

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Bien plus tard, l’un des disciples de l’imâm Mâlik dira : « Mâlik répondait ‘je ne sais pas’ à de très nombreuses questions ! »Ibn Hurmuz était l’un des grands Successeurs (tâbi‘î) des compagnons du Prophète, qui était maître dans la lecture du Coran, dans la narration des hadiths du prophète Muhammad (a) et dans le fiqh. Il portait lesurnom de Al-A‘radj (il boitait). Ibn Hurmuz disait à ses disciples : « Cette science est aussi religion, vous devez donc choisir avec soin de qui vous l’acquérez. J’ai moi-même vécu avec 70 de ceux qui disaient : le Prophète (a) a dit telle chose, et a dit telle chose, ici au bas de ces colonnes [en indiquant les colonnes de la mosquée du Prophète (a)], et je n’ai rien pris d’eux. Il faut savoir que ceux-là dont je parle sont tellement intègres que s’ils avaient la garde de la trésorerie [bayt al-mâl], ils en auraient été dignes. Mais ils n’étaient pas des spécialistes de cette science. »

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Une autre parole, dans le même sens, lui est aussi attribuée : « Nous demandions à certains cheikhs connus pour leur piété aux fins dedemander à Dieu de faire tomber la pluie, sans que nous acceptions pour autant leur narration du hadith ! »

Ibn Hurmuz avait une très grande confiance en son disciple Mâlikà cause de la perspicacité et l’intelligence de ce dernier. Il lui fut demandé un jour de la part de ses autres disciples : « Nous te questionnons, et tu ne nous réponds pas, alors que Mâlik et ‘Abdal ‘Azîz te questionnent et tu leur réponds ! » Il leur expliqua alors le pourquoi de son comportement : « Je sens que mon corps faiblit de plus en plus, et j’ai peur que cela n’ait des conséquences sur mes capacités intellectuelles. Lorsque vous me posez des questions et que je vous réponds, vous acceptez cela de moi sans broncher ni critiquer. Alors que Mâlik et ‘Abdel ‘Azîz, après avoir noté ma réponse, vont l’examiner. S’ils estiment que cela correspond à la vérité, ils l’acceptent, sinon ils n’en font pas cas. » Telle est la grandeur et la probité intellectuelles du maître Ibn Hurmuz !

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Mâlik alla ensuite au cercle de Nâfi‘, l’affranchi de ‘Abdallah Ibn‘Umar et le transmetteur et continuateur de ce grand Compagnon. Il prit auprès de lui une abondante science comme il en témoignera lui-même : « J’étais encore tout jeune enfant, en compagnie d’un autre enfant, et j’allai chez Nâfi‘ pour apprendre auprès de lui les hadithsqu’il nous dictait. Il s’asseyait généralement après la prière du subh, période durant laquelle personne ne venait à lui généralement. »

Après avoir grandi, appris de nombreuses choses, Mâlik s’orienta vers un autre savant de Médine le Successeur Ibn Shihâb Zuhrî, dont il devint l’un des disciples attitrés.

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Le nombre de maîtres de Mâlik dépasse la centaine. Parmi eux, l’imâm Ja‘far As-Sâdeq : « Je visitais Ja‘far Ibn Muhammad, et il était toujours de bonne humeur et en sourires, mais lorsque le Prophète était évoqué, alors son visage devenait verdâtre et pâle. J’allais très souvent chez lui auparavant, et je ne le voyais que dans une de ces trois positions : soit en prière, soit en jeûne, soit lisant le Coran. Je ne l’ai jamais vu narrer les paroles prophétiques sans qu’il ne soit en état de purification rituelle wudû’. Il ne parlait que de ce qui le concernait.Il était parmi les savants pieux, de ceux qui menaient une vie sobre et qui craignaient Dieu. À chacune de mes visites, il me faisait honneur en enlevant de sous lui le coussin et me le mettant pour m’y asseoir dessus. »

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1.3. Ses premières préoccupations scientifiquesMâlik va d’abord concentrer ses efforts dans l’acquisition du hadith et des sciences connexes, ainsi que les avis des Compagnons et des Successeurs, ceux qu’il a rencontrés et qui ont été ses enseignants, et ceux qu’il n’a pas rencontrés. Shâfi‘î dira de lui plus tard : « Dans le domaine du hadith, Mâlik était tel l’étoile. Celui qui veut le hadith, sera alors redevable auprès de Mâlik. »C’est ainsi qu’il compila les avis de ‘Umar et de son fils ‘Abdallah.Mâlik va aussi compiler les avis et prises de position des autres grands Compagnons : Zayd Ibn Thâbit, ‘Abdarrahmâne Ibn Awf, ‘Uthmân Ibn ‘Affân et bien d’autres.

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2. MÂLIK LE MAÎTREMâlik n’a commencé à enseigner que lorsqu’il a jugé qu’il pouvait le faire, et qu’il ait pris l’autorisation de soixante-dix savants de Médine. Il dit de lui : « Ce n’est pas à toute personne désirant enseigner dans la mosquée de le faire. Il faut avant tout qu’elle prenne l’avis des gens de science et de piété de la mosquée. S’ils la considèrent capable de le faire, ils l’autoriseront. Quant à moi, je n’ai commencé à enseigner qu’au moment ou quelques soixante-dix cheikhs des maîtres de science m’y aient autorisé. »

Mâlik commencera à enseigner et donner des avis religieux (fatwa), alors qu’il était âgé d’environ quarante ans. Mâlik, devenu imâm, va animer le cercle plus de quarante années durant, au sein de la mosquée du Prophète (a). Les gens se pressaient aussi autour de sa demeure. L’un des présents dit : « Sa porte était telle celle des gouverneurs. »

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Au contraire de l’imâm Abû Hanîfa, le cours de l’imâm Mâlik était empreint d’un calme exemplaire, d’un très grand respect. Les disciples et auditeurs ne levaient que très rarement les yeux sur lui, ne discutaient pas entre eux, et discutaient encore moins ses avis en sa présence, du moins. Souvent, ils demandaient à ceux qui étaient de passage de poser les questions à leur place.

Ce sérieux n’affectait pourtant pas ses relations avec les gens, relations empreintes d’affection, de miséricorde, de prévention et de bonté. En dehors du cours, il était très modeste, s’enquérait de ses disciples ainsi que de ses pairs à Médine. C’est ce dont témoigne l’un de ses disciples : « Lorsque le cours finissait et que l’on s’asseyaitensemble avec notre maître Mâlik, il était parmi nous semblable à l’un d’entre nous, discutait avec nous de tout, et était encore plus modeste que le plus modeste d’entre-nous. Mais lorsqu’il s’asseyait sur sa chaire pour nous dicter les paroles prophétiques, alors il se levait et enseignait comme s’il ne nous connaissait pas et ne le connaissions pas. »

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La maîtrise reconnue de Mâlik dans le fiqh (en tant que science)était aussi grande que celle dans le hadith. En effet, les chaînes de transmission continue (sanad muttasil) dont il était un maillon sont considérées parmi les plus sûres par tous les authentificateurset compilateurs de la sunna prophétique. Ce sont notamment les chaînes suivantes :• Mâlik selon Nâfi‘ selon Ibn ‘Umar est la chaîne la plus courte et

la plus authentique, appelée aussi par l’imam Bukhârî « la chaîne d’or ».

• Mâlik selon Zuhrî selon Sâlim selon Ibn ‘Umar.• Mâlik selon Abî Zinnâd selon Al-A‘raj (Ibn Hurmuz) selon

Abû Hurayra.

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3. PERSONNALITÉ DE L’IMÂM MÂLIKDhahabî rapporte que lorsque l’imam Abû Hanîfa, de par sa politesse et modestie connues, rencontra Mâlik à Médine, Abû Hanîfa s’était fait tout petit devant lui : « Comme le ferait un enfant devant son père. » Ceci, malgré le fait que l’imam Abû Hanîfa était plus âgé que Mâlik de treize ans, mais c’est la modestie et la pudeur !

Il disait aussi : « Le fait de s’approcher du faux (bâtil) est une cause de perte. Le fait de prononcer le faux est un éloignement de la vérité. Il n’y a pas pire pour un être humain, même s’il possède beaucoup de biens de ce monde, si sa pratique de la religion (dîn) et sa noblesse (murû’a مروءة) sont corrompues. »

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3.1. Quelques unes de ses qualités Le savant Waliyu l-Lâhi Ad-Dahlawî dit concernant Mâlik : « Mâlik était parmi les plus sûrs rapporteurs des hadiths de Médine, et l’un des maillons les plus crédibles dans les chaînes de transmission, et le plus connaisseur dans les avis de ‘Abdallah Ibn ‘Umar, ‘Aïsha et leurs pairs. C’est grâce aux hommes comme lui que la science de transmission du hadith ainsi que celle des avis religieux (fatâwâ) prirent de l’ampleur. »

Dieu a doté Mâlik d’une mémoire phénoménale et intelligente. .Il était aussi caractérisé par une grande patience et persévérance dans l’acquisition de la science malgré les rigueurs du climat et de certains maîtres. C’est par cette qualité qu’il conseillait ses élèves et leur disait : « Celui qui demande les sciences du hadith se doit d’être endurant. »

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Sa troisième qualité est la sincérité dans les différents aspects de sa vie. Il était sincère dans sa recherche des sciences en les destinant à Dieu, sincère dans le don de ses connaissances qu’il diffusa pendant plus de cinquante ans : « La science est une lumière qui ne s’apprivoise que par un cœur pieux et humble. »Lorsque l’un des auditeurs posait une question, il prenait son temps pour répondre. Parfois, il reportait la réponse au lendemain. L’un de ses disciples lui demanda le pourquoi de cette attente, il lui répondit, ses yeux tout embuées de larmes : « Mais j’ai peur de demain [au Jour du Jugement], si je me trompe dans la réponse ! »

Il détestait la polémique à tel point qu’il demandait à ses étudiants de s’en éloigner et leur disait : « La polémique durcit les cœurs, et fait naître les rancunes. » Il lui fut demandé : « Quelqu’un qui a une connaissance approfondie de la Sunna du Prophète (a), accepte-t-il de polémiquer pour la défendre ? ». Il répondit : « Non. Il doit se borner d’en informer et d’en montrer le sens, sans plus. S’il est accepté de lui, c’est bon, autrement il se taira ensuite. »

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4. L’IMAM MÂLIK ET LE POUVOIR EN PLACESur le plan politique, Mâlik avait les avis suivants :

• Il ne voyait aucune nécessité à ce que le calife soit de la tribu hachémite ou alide, les trois premiers califes n’appartenant à aucune de ces tribus.

• Les meilleures voies dans le choix du calife, sans que cela ne soit exclusif, sont celles qu’avaient empruntées les Compagnons du Prophète dans le choix des quatre califes bien guidés (al-khulafâ’ ar-râshidûn). C’est la raison pour laquelle il avait accepté le régime de la désignation (al-‘ahd العهد) à la condition cependant que l’allégeance soit librement choisie ou refusée.

• Pour l’imâm Mâlik, celui arrivé au pouvoir par la force (al mutaghallib) peut être légitimité aux conditions expresses que les gens lui prêtent allégeance en toute liberté après coup, et qu’il soit juste et intègre.

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4.1. Mâlik et le pouvoir central : l’épreuveLors du règne de Abû Ja‘far al Mansûr (754-775G) le deuxième calife abbasside, l’imâm Muhammad An-Nafs Az-Zakiyya à Médine, et son frère Ibrâhîm à Basra, vont s’insurger contre le pouvoir abbasside en prétendant que ce calife avait pris l’allégeance de force, ce qui annulerait sa légitimité. Or il fut demandé publiquement à l’imâm Mâlik de la part de certains auditeurs si le divorce contraint avait valeur de divorce et deviendrait effectif. Il répondit que le divorce est une décision de libre choix, et que toute contrainte extérieure pour forcer un couple à divorcer était nulle et non avenue. Traduite politiquement, cela voulait dire que toute allégeance prise sous la contrainte était aussi nulle. Le gouverneur de Médine, demanda à l’imâm Mâlik de revenir sur sa fatwa ou du moins de ne plus la répéter. Notre imâm ne prit aucun engagement. Mais les jours suivants, la question fut reposée publiquement, et l’imâm Mâlik répéta encore sa réponse.

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Le gouverneur de Médine le fit arrêter et fouetter publiquement(146 H/763 G), devant ses étudiants, ses amis shuyûkhs et la population médinoise. Il fut ensuite traîné dans les rues de Médine si violemment que son bras se déboîta de son épaule, et qu’il en souffrit le reste de ses jours. La population de Médine s’était fortement émue du sort de son maître, et un mouvement de protestation commençait à poindre. Le gouverneur ne put aller loin dans ce traitement humiliant et relâcha l’imâm Mâlik. Lorsqu’il se remit, l’imâm reprit son cours.Mais le calife avait compris qu’il était allé trop loin, et que son geste ne pouvait qu’alimenter la révolte alide. Il saisit alors l’occasion de son pèlerinage pour s’arrêter à Médine et s’excuser. Quelques jours plus tard, le calife demanda à l’imâm Mâlik de rédiger un livre dans lequel il compilera les hadiths du prophète Muhammad (a), de ses compagnons ainsi que l’ensemble des avis religieux (fatwâ) aux finsde généraliser le profit à l’ensemble de la communauté musulmane. C’est à cette tâche que va s’atteler l‘imâm Mâlik en rédigeant son livre Al-Muwatta’.

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Par la suite, le calife Hârûn Ar Rachîd lui demanda ensuite que ce livre devienne la référence dans toutes les affaires à traiter pour toute la communauté musulmane. L’imâm Mâlik refusa cette proposition énergiquement, ne voulant en rien imposer ses avis à toute la communauté et précisant que les Compagnons s’étaient dispersés dans le vaste territoire musulman et que chacun d’entre eux avait donné son avis sur les questions et qu’il y avait des écoles juridiques différentes à La Mecque, Médine et en Irak (Kûfa et Basra).

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5. QUELQUES AVIS SPÉCIFIQUES DE L’IMÂM MÂLIK• La foi peut augmenter, mais il ne disait pas qu’elle pouvait

diminuer, ne trouvant aucun texte pour corroborer cela, le Coran affirmant qu’elle augmentait.

• Concernant le verset : (( Dis: «Dans ce qui m’a été révélé, je ne trouve d’interdit, à aucun mangeur d’en manger, que la bête (trouvée) morte, ou le sang qu’on a fait couler, ou la chair de porc - car c’est une souillure - ou ce qui, par perversité, a été sacrifié à autre qu’Allah». Quiconque est contraint,sans toutefois abuser ou transgresser, ton Seigneur est certes Pardonneur et Miséricordieux.)) (Coran 6/145)

L’imâm Mâlik va l’interpréter dans son sens général, en considérant licite toute autre viande non citée dans ce verset, et parmi celles-là, la viande des félins à canines et les oiseaux à serres.

Alors que les autres savants les interdisent à partir d’un hadith rapporté par Bukhârî et Abû Dâwûd, hadith âhâd, l’imâm Mâlik considère le hadith comme non authentique parce qu’il s’oppose à un verset coranique clair.

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Certaines paroles de l’imâm Mâlik ont traversé les temps, dont :• « Tout homme véridique, qui ne mentira pas dans ses propos,

profitera de son intellect et sera épargné, lors de sa vieillesse, decalamité et de radotage. »

اهلرم يصبه مع ومل بعقله تع إال م (أي مطلق احلديث) حديثه يكذب يف ال صادقا رجل كان كلامخرف. ال آفة و

• « Celui qui ne fera pas du bien pour sa propre personne, ne le fera pas pour les autres. »

لغريه. مل يكن فيه خري لنفسه خري فيه يكن من مل• Il avait dit à l’un des califes : « Regarde les besoins du peuple, car

tu es responsable de leur sort. ‘Umar Ibn Al-Khattâb disait : “Par Celui qui a ma vie entre Ses mains, si un dromadaire mourrait de faim au bord de l’Euphrate, j’aurai peur que Dieu, au Jour Dernier, m’en demandera des comptes.” »

"والذي قال: اخلطاب عمر ابن عنهم، فإن مسؤول أمور الرعية، فإنك تقد "اف آلخر: وقالالقيامة". يوم عنه يسألني اهللا ياعا لظننت أن رات ض بشاطئ الف ل مج هلك لو بيده، نفيس

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• Il disait aussi : « Celui qui considère que ses paroles comptent aussi bien que ses actes, diminuera de ses paroles hormis de ce qui le regarde. »

نيه". فيام يع إال ه كالم ل له ق م ع من ه كالم د ع "من حيث يقول : اهللا مالكا رحم• L’ascèse en ce monde consiste à travailler pour assurer sa

subsistance tout en sachant que la vie est courte.

األمل. وقرص ب س الدنيا طلب التك هد يف الز• La connaissance n’est pas la quantité de ce que l’on a appris, mais

plutôt une lumière que Dieu met dans le cœur.

القلب. يف اهللا يضعه نور إنام هو ، بكثرة الرواية العلم ليس

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6. LES FONDEMENTS (usûl) UTILISÉS PAR MÂLIK6.1. Les sources scripturaires et apparentées

6.1.1. Le CoranComme tous les autres savants fuqahâ, Mâlik place le Coran à la première place des sources pour tirer les règles musulmanes (al-hukm ash-sar‘î). Le Coran est placé avant la Sunna et toute autre source. Mâlik prend en considération le texte clair, comme il considère la littéralité du texte s’il n’admet pas une autre interprétation. L’exemple est donné par le verset concernant les parents de l’individu : « Ne leur [tes parents] dis point fi, et ne les brusque point. » (Coran 17/23). S’il est interdit de dire fi aux parents, à fortiori il est interdit de lesmaltraiter par exemple.De même, il recherchait dans le texte coranique les raisons (‘illa aux fins ,(علة de pouvoir utiliser l’analogie qiyâs.

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6.1.2. La SunnaLa Sunna est catégorisée par Mâlik, ainsi que par de très nombreux autres savants, en trois ensembles : • Le premier, appelé mutawâtir (متواتر).• Le second, appelé mash-hûr (مشهور).• Le troisième, appelé âhâd (آحاد)

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Catégories du hadith

Mutawâtir Mash-hûr

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L’imâm Mâlik va donner au hadith mutawâtir et mash-hûr la seconde place dans la hiérarchie des sources après le texte coranique. Il va aussi considérer le hadith âhâd authentifié comme source,après les deux premiers avec cependant des méthodes sévères de comparaison quant au contenu (matn) s’il y a conflit apparent entrele hadith âhâd d’une part et d’autre part le Coran, ou d’autres hadiths âhâd ou même la pratique des gens de Médine.Avec cela, l’imam Mâlik (tout comme Abû Hanîfa) va accepter le hadith mursal (مرسل), c’est-à-dire celui dont le nom du Compagnon n’est pas nommé. Se considérant comme successeur de deuxième génération, il lui suffisait de connaître les transmetteurs au niveaude la génération qui le précédait et que le contenu ne s’opposait pas au Coran.

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La pratique des gens de MédinePour Mâlik, la pratique des gens de Médine est considérée comme plus sûre que le hadith âhâd, car elle ne peut provenir que de la tradition prophétique et traduite pratiquement par des dizaines de personnes. Il disait : « Une tradition rapportée par mille personnes transmises à mille personnes, est plus sûre qu’une tradition rapportée par un et transmise par un. »Il faut comprendre par la pratique des gens de Médine, celle des pieux, des savants et de ceux connus pour leur attachement à la voie (Sunna) prophétique et leur haute moralité.

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6.1.2.3. L’avis du CompagnonMâlik considérait que l’avis du Compagnon était du même ordre que le hadith dans le cas d’absence de ce dernier. Bien entendu, il appliquait les mêmes règles pour authentifier les avis des Compagnons. Pourcette raison, son livre Al-Muwatta’ contient beaucoup d’avis des Compagnons.Il remplace le hadith en cas d’absence de celui-ci. Mais là encore, Mâlik faisait précéder la pratique des Gens de Médine sur l’avis du Compagnon. Si les avis des Compagnons sont divers sur une même question, il choisissait l’avis qui épousait celui des Gens de Médine.

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6.1.2.4. La problématique du hadith âhâd chez MâlikPour l’imâm Mâlik, le hadith âhâd, dans certains cas, peut être entaché de doute, à cause du faible nombre de rapporteurs dans les trois générations. Alors, en cas de contradiction avec le Coran, la pratique des gens de Médine, l’avis du Compagnon et même l’utilité publique reconnue (maslaha), et s’il n’y avait aucun moyen de concilier ces textes apparemment contradictoires, il considérait le hadith comme faible, et priorisait le texte coranique ou les autres sources.

• L’exemple, bien connu, est celui du hadith qui dit que : « Si un chien lèche (ou mange dans) une assiette de l’un d’entre-vous, qu’il le lave sept fois, l’une d’entre elles avec de la terre. ».

Pour Mâlik, cette parole, attribuée au Prophète, est en contradiction avec le verset coranique : « Vous sont permises les bonnes nourritures, ainsi que ce que capturent les carnassiers que vous avez dressés, en leur apprenant ce que Dieu vous a appris. Mangez donc de ce qu’elles capturent pour vous et prononcez dessus le nom de Dieu. Et craignez Dieu… » (Coran 5/4)

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Mâlik dit : « Comment Dieu a rendu licite ce que l’homme chasse d’une part [avec son chien], et qu’il soit considéré impur d’autre part ? » Mâlik va donc considérer la parole attribuée au Prophète (a) comme non authentique et la réfuter. D’autant plus que la pratique des gens de Médine ne mentionnait nullement cette façon de faire.

Ainsi pour Mâlik, contrairement aux autres savants, la bave du chien n’est pas impure (najisa نجسة), ce qu’il touche peut être lavé une seule fois si nécessaire, sinon aucune obligation n’existe de le laver pour faire la prière notamment.

Mais la pratique des gens de Médine précisait une seule fois. Il choisit donc cette dernière.

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6.2. Les sources secondaires

6.2.1. Le consensus (ijma‘)Le consensus (ijmâ‘) est celui obtenu de la part des savants musulmans dans une période donnée sur une question spécifique, à partir desdeux sources fondatrices (Coran et Sunna). Pour l’imam Mâlik, le consensus des savants fait force de loi.

6.2.2. Le raisonnement par l’analogie (qiyâs)Mâlik utilisait beaucoup le raisonnement par l’analogie (qiyâs). Mâlik va utiliser le qiyâs à chaque fois que les principes supérieurs (Coran, Sunna, pratique des Gens de Médine, avis du Compagnon) n’ont pu être appliqués pour cause d’inexistence de textes. Nous trouvons de nombreux exemples dans le Muwatta’.

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6.2.3. Le principe du convenable istihsânLe principe du convenable, istihsân dans son acception très étroite, est celui de préférer l’utilité particulière à l’analogie qiyâs dans le cas où il y a incompatibilité entre les conséquences des deux principes, et en cas d’absence du texte (Coran et/ou Sunna).

6.2.4. Le principe de l’intérêt public (maslaha)Pour Mâlik, l’istihsân au sens large comprend aussi l’utilité publique (al maslaha al-‘âmma) : « L’istihsân constitue les neuf dixième de la science. » Parfois l’imâm Mâlik qualifielemotdemaslaha par maslaha mursala. Il faut entendre par maslaha mursala l’utilité, pour laquelle il n’y a pas de texte (Coran, Sunna) qui y appelle ou qui l’interdit. Il va donc utiliser cette ressource à chaque fois que le texte est absent, aux conditions que la règle tirée puisse servir à enlever une gêne (daf‘ haraj دفع حرج), éloigner une nuisance (daf‘ madarra دفع مرضة) ou qu’elle s’apparente à l’utilité publique (jalb manfa‘a منفعة ,(جلبmaslaha ‘âmma, (l’intérêt général) telle que prônée par la shari‘a.

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Cette conception de la finalité de l’utilité publique et l’intérêt général, al maslaha, va d’abord être l’axe de l’ijtihâd des savants à l’intérieur de l’école mâlikite, puis seulement dans les autres écoles, jusqu’à aboutir à la théorie des finalités de la loi musulmane(maqâsid ash-sharî‘a al-islâmiya) dont les grands bâtisseurs appartiennent en majorité à cette école, même si des noms illustres des autres écoles vont y contribuer (Ghazâlî, imâm Al-Haramayn Al-Juwaynî, Al-‘Izz Eddine Ibn Abdassalâm). Cette grande théorie va être portée au summum avec l’illustre imâm mâlikite, l’andalous Shâtibî, dans son monumental livre Al-Muwafaqât (790H, 1420G).

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6.2.5. Le principe de prévention : sad ad-darâ’i‘Ce principe stipule que ce qui conduit à la chose prohibée, est prohibé lui aussi. De même ce qui conduit au licite est lui-même licite. Ce qui ne peut conduire à l’obligation que par sa voie devient lui-même obligatoire. De même ce qui conduit à l’utilité publique (maslaha) est demandé à être accompli, cette demande peut aller de la simple recommandation jusqu’à l’obligation. Et ce qui conduit à la corruption (au sens de l’altération et de la déprédation, fasâd ou mafsada) se doit d’être interdit lui aussi. Ce principe regarde donc aux moyens amenant aux finalités del’action humaine. Les moyens prenant la qualification des finalités(couplage du déontologique et du téléologique).Il faut faire remarquer que ce principe doit être utilisé avec parcimonie, autrement, il entraînerait beaucoup d’interdictions.

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6.2.6. Autres sourcesL’imâm Mâlik utilisait aussi les sources suivantes : l’istishâb (principe de continuité إستصحاب) et l’usage et la coutume (‘urf, ‘âdah والعادة .( العرف

• l’istishâb (principe ou présomption de continuité) est le fait de laisser la chose dans son état, du point de vue qualification légaleoriginelle.

De là découle la présomption d’innocence, le principe de continuité de la vie maritale par exemple jusqu’à ce qu’apparaisse la preuve de l’inverse, l’obligation de l’acheteur de s’acquitter du prix de la chose achetée jusqu’à la preuve de l’avoir fait, le principe de la licéité de toute chose jusqu’à preuve du contraire (c’est-à-dire un texte l’interdisant).

• enfin et comme dernière source, l’imâm Mâlik prenait en comptel’usage et la coutume (‘urf, ‘âdah) pour autant qu’elle ne contredise pas les sources supérieurs (Coran, Sunna, pratique des gens de Médine…), et qu’elles n’entraînent pas de mal ou nuisance.

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7. SES ŒUVRES ET L’EXPANSION DE SON ÉCOLE

7.1. Ses oeuvresL’imam Mâlik est le premier des imams connus pour avoir écrit un ouvrage, Al-Muwatta’, de cette valeur et ampleur, auparavant les gens écrivaient très peu et utilisaient principalement leurs mémoires.

• Al-Mudjâlasât rapporté par Ibn Wahb : des hadiths, des avis et des paroles des Compagnons que Mâlik dictait.

• Une lettre (épître) sur la prédestination qu’il avait envoyé à ce même disciple, et rapporté par lui aussi. ( القدرية عىل والرد القدر (رسالة يف

• Une autre lettre (épître) sur les jugements et leurs principes qu’il avait envoyée à certains juges (األقضية (رسالة يف

• Une lettre (épître) sur les avis religieux (fatwâ) et leurs problématiques

(الفتو يف املطرف بن حممد أيب غسان إىل (رسالة

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• Al-Mudawwana selon la version de Sahnûn : سحنون برواية .املدونةSahnûn y recense les avis de son maître, Mâlik. Elle constitue la deuxième référence après Al-Muwatta’.

• Une lettre, envoyée à Harûn Ar-Rachid sur l’éthique.• Un livre sur l’exégèse des versets coraniques singuliers

القرآن) غريب (تفيرس• Et surtout son livre Al-Muwatta’.

7.2. Les disciples de l’imâm Mâlik• ‘Abdallâh Ibn Wahb (بن وهب اهللا qui est resté avec l’imam Mâlik (عبد

vingt ans durant et qui a ensuite propagé ses connaissances en Égypte.

• ‘Abdurrahmân Ibn Al-Qâsim (القاسم بن الرمحن /mort en 191H عبد806 G à l’âge de 63 ans) va lui aussi rester auprès de son maître Mâlik quelques vingt années.

• Le célèbre Ash-hab Ibn ‘Abdal-Azîz (العزيز عبد بن .(أشهب

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7.3. Expansion de l’école mâlikiteL’école mâlikite va s’implanter d’abord dans le Hijâz (Arabie), Basra et tout l’Irak, en Égypte où elle détiendra quelques temps le monopole avant que ne vienne s’y établir l’imâm Shâfi‘î dont lesdisciples y implanteront son école.De là, l’école mâlikite gagnera la Tunisie. Elle sera en compétition avec l’école hanafite un temps, jusqu’à l’arrivée de Mu‘iz Ibn Bâdîsqui y instaurera la prééminence de l’école mâlikite ainsi que son expansion dans tout le Maghreb, ainsi qu’en Andalousie. Ces terres resteront jusqu’au jour d’aujourd’hui mâlikite.De là s’étendra ensuite cette école en Mauritanie, et en pays d’Afrique de l’Ouest, Sénégal, Bénin, Guinée etc.Par contre en pays d’Orient, il n’en reste que très peu d’influence àl’exception du Koweït.

* * *

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IMÂM SHÂFI‘Î

150-204 H / 767-819 G

Ibn Rahawîh (راهويه بن célèbre muhaddith, rapporte qu’Ahmad ,(إسحاقIbn Hanbal (encore étudiant âgé d’une vingtaine d’années) lui dit un jour, alors qu’ils étaient à La Mecque : « Viens avec moi que je te montre un homme que tes yeux n’ont jamais admiré. » Et il m’emmena voir Shâfi‘î.Ce jeune homme était Muhammad Ibn Idrîs ash-Shâfi‘î qui a, lepremier, conceptualisé la science des fondements du fiqh, Usûl al-fiqh, alors qu’auparavant les savants utilisaient ces fondements sans qu’ils les aient conceptualisés et traités profondément comme le fera Shâfi‘î.

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1. SHÂFI‘Î ÉTUDIANTMuhammad Ibn Idrîs Shâfi‘î est né en l’an 150H (767 G) à Gaza(Palestine). Son père était d’ascendance mecquoise, de la tribu de ‘Abdalmuttalib, de la famille du prophète Muhammad (a).La mère de Muhammad Ibn Idrîs était de Médine. Toute l’éducation du fils lui était due, car très tôt, le père de notre futur imâm mourutalors qu’il était en très bas âge. Il vécut en orphelin, et c’est sa mère qui va prendre l’intégralité de son éducation. Après quelques années de vie très difficile et dans des conditions depauvreté très dures à Gaza, sa mère prit la décision de le ramener auprès de la famille de son père à La Mecque afin qu’ils puissentl’aider, moralement et financièrement.

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1.1 L’appel de la scienceIl mémorisa le Coran avant de venir à La Mecque. Une fois dans la ville sainte, il se dirigea vers les cercles du hadith. Il alla ensuite aux sources de la langue arabe. Il alla alors trouver la tribu nomade arabe bédouine des Hudhayl, auprès de laquelle il vivra quelques temps. Il corrigera, de ce fait sa propre langue, apprit les poèmes, la prose et les adages et proverbes de cette tribu. De cet apprentissage, il en résulta une très grande maîtrise de la langue arabe et de son éloquence, de la grammaire et de la poésie. Dès son retour à La Mecque, il se donna totalement aux sciences du fiqh et du hadith et devient le favori et le préféré des savants mecquois de l’époque à l’image de Sufiyân Ibn ‘Uyayna et MuslimIbn Khâlid Az-Zandjî, qui lui consacrèrent une considération et une sollicitude particulières. Il apprit ensuite le Muwatta’ de Mâlik. C’est son maître Muslim Ibn Khâlid Zanjî qui lui donnera l’autorisation de donner des cours et des avis religieux fatâwî alors qu’il avait atteint sa 20e année.

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1.2 Chez l’imâm MâlikIl s’obligea encore à apprendre. Il avait entendu parler de la référence médinoise en ces temps-là, l’imâm Mâlik. Il ne voulut pas y aller sans se préparer à sa rencontre. Or le livre référence en ce temps-là était le Muwatta’ de l’imâm Mâlik. Il put trouver une copie à La Mecque, et le lut. À sa lecture, il devint encore plus motivé pour rencontrer ce célèbre savant. Sa rencontre avec l’imam Mâlik !... Le jeune Muhammad Ibn Idrîs revint le lendemain au cercle de l’imâm Mâlik avec une copie du Muwatta’ afin qu’il en lise chaquejour une partie ou chapitre. L’imâm Mâlik lui demanda alors de lire tel chapitre, ce qu’il fit. L’imâm fut tellement enchanté et subjugué desa belle lecture qu’à chaque fois que le jeune Muhammad s’arrêtait de lire en attendant une injonction de son maître, ce dernier lui disait : « Continue de lire, jeune homme. » Ce qui a eu pour conséquence que Muhammad Ibn Idrîs a pu terminer la lecture du livre de référence en quelques jours seulement.

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Shâfi‘î restera dans ce cercle une dizaine d’années sous la sollicitude, la bienveillance et l’éducation de son maître Mâlik, jusqu’à la mort de ce dernier en 179H. Il revenait parfois à La Mecque, sa ville d’adoption pour y voir sa mère et prendre de ses conseils et avis. Elle était pleine d’attention pour lui, mais les historiens rapportent surtout qu’elle avait une grande intelligence et une grande connaissance de son milieu. Pour ces raisons, le jeune Shâfi‘î ne se lassait pas de l’entendre et d’ypuiser de sa sagesse. C’est à Médine et dans le cercle de Mâlik qu’il va rencontrer le grand savant hanifite Ibn Hasan Shaybânî, ainsi que les descendants et disciples de l’imam Ja‘far As-Sâdeq et ses continuateurs. Il a pu ainsi entrevoir la porte des deux écoles, l’irakienne et l’alide, même si son attention était entièrement tournée vers son maître, Mâlik.

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2. SHÂFI‘Î ADULTE2.1 Ses premières fonctions gouvernementales

Shâfi‘îrevientalorsàLaMecquepourtrouveunemploi.Legouverneurdu Yémen, lui proposa un poste de juge.Une fois au Yémen, il devint juge (cadi) dans la ville de Nadjrân. La justice dont il fit part dans ses jugements et décisions judiciairesdans cette ville le rendit célèbre et avait fait que son bureau était toujours très sollicité. Mais cela ne fit pas que des heureux.Cela lui valut aussi des inimitiés, qui se transformèrent bientôt en guerre larvée. En plus de cela, le nouveau gouverneur local de la ville de Nadjrân prit ombrage du juge Shâfi‘î qui ne se privait pas decritiquer telle ou telle de ses actions publiques. Shâfi‘î fut accusé d’être de connivence avec les alides (les shiites).Or Shâfi‘î, tout comme ses deux prédécesseurs les imâms Mâliket Abû Hanîfa, ne cachait pas son amour et sa vénération pour Ali Ibn Abî Tâlib et ses enfants de Fâtima, la fille préférée du prophèteMuhammad (a), sans qu’il ne soit lui-même shiite.

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L’imâm Shâfi‘î, qui avait 34 ans, fut alors arrêté et emmené, piedset poings liés, à Baghdad en 183H (799 G) en compagnie d’autres accusés. Ces derniers furent tous tués.Il comparut devant le calife Hârûn Ar-Rashîd et sa cour. Il fut finalement disculpé, par la grâce de son verbe arabe et le témoignagede Muhammad Ibn Hasan Shaybânî en sa faveur. L’imâm Shaybânî était le juge attitré de Baghdad. Lorsque le calife Hârûn lui demanda son avis sur Shâfi‘î, il le lava de tout soupçon de shiisme. Le califelui dit alors : « Prends-le avec toi quelque temps, et je te donnerai mon avis sur lui. » Finalement, le calife ne retint aucun charge sur l’imâm Shâfi‘î et luiredonna son entière liberté. Il reviendra à la science et s’installera quelque temps à Baghdad.

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2.2 Le retour de l’imâm Shâfi‘î à la scienceLa protection de l’imâm Shaybânî pour notre imâm va l’éloigner de toute fonction gouvernementale et le consacrer définitivement ausavoir à partir de l’année 184H (800G) jusqu’à sa mort, à l’âge de 54 ans. Il restera à ses côtés 2 années de suite. Il lira les œuvres de ce dernier, ceux qu’il a rapporté de son maître Abû Hanîfa, ainsi que ceux des autres disciples du maître irakien. Il dit de lui-même : « J’ai pris de Muhammad Ibn Hasan l’équivalent d’un chargement (de livres) sur un chameau, rien que ce que j’ai écouté de lui. »Ainsi l’imâm Shâfi‘î se sera abreuvé auprès des deux grandes écoles, hanafite et mâlikite, et directement auprès de leurs sources. L’imâm Shâfi‘î se considérait encore comme disciple et continuateurde l’imâm Mâlik.

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2.3 À La Mecque, l’ijtihâdAprès cette période très fructueuse, il revint à La Mecque. Il va prendre son temps, en comparant les méthodes utilisées par les deux grandes écoles d’alors, d’élaborer sa propre méthode et d’asseoir sa propre école. De cette retraite à La Mecque il en sortira deux importantes conséquences :• Il fondera sa propre école, rejoignant ou divergeant les deux

autres écoles sur bien des aspects. Il écrira ainsi un premier livre qu’il intitulera : « Les divergences avec Mâlik » bientôt suivi par un autre « Les divergences avec les Irakiens ».

• Il élaborera cette nouvelle science, inexistante avant lui, Usûl al-fiqh, ou les fondements du fiqh, c’est-à-dire les méthodes utiliséespar les savants pour extraire et/ou inférer un avis juridique sur une question déterminée à partir des textes fondateurs, le Coran et la Sunna.

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Même si les imams antérieurs utilisaient usûl al-fiqh de manière consciente, ils n’en n’avaient pas fait une science à part. Ce sera l’imâm Shâfi‘î, qui fera ce travail de conceptualisation et d’organisation de ce savoir et il en fonda une science nouvelle.Shâfi‘î restera quelques 9 années à La Mecque. Il sera l’objet de trèsnombreuses sollicitudes de tous les savants, étudiants et chercheurs qui passeront par La Mecque, soit pour le rencontrer personnellement au vu de sa notoriété qui s’était répandue sur tout le territoire musulman, soit pour accomplir l’obligation du hadj. Après ce travail extraordinaire, Shâfi‘î reviendra à Baghdad qui étaitle vrai cœur, le foyer le plus intense des connaissances islamiques, la grande métropole de la culture musulmane.

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2.4 Le retour à Baghdad : la fondation de l’écoleIl revint à Baghdad âgé alors de 45 ans environ. L’imâm Ishâq Ibn Râhawîh, en parlant de l’imâm Shâfi‘î disait :« Avant Shâfi‘î personne d’entre nous n’avait entendu parler del’abrogeant et de l’abrogé (an nâsikh wal mansûkh واملنسوخ «( الناسخ

Ceux qui ne venaient pas pour apprendre le fiqh venaient apprendreUsûl al fiqh. Et ceux qui ne venaient ni pour l’un ni pour l’autre venaient pour écouter et apprendre la belle langue arabe qu’il distillait. Et ceux qui ne venaient pour aucun des trois éléments cités venaient pour le voir débattre des sujets divers avec tact, éloquence, mesure et science. C’est dans cette période baghdadienne qu’il commença à dicter ses œuvres qu’il appellera d’ailleurs « les livres baghdadiens », dont « Al-Umm », appelé aussi « Al-mabsût » constitué de plusieurs livres sur ses avis juridiques (fiqh) et « Ar-risâla fi usûl fiqh ».

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2.5 Le séjour en Égypte : la célébrité et la mortPour diverses causes, l’imâm Shâfi‘î va quitter Baghdad pourl’Égypte. Il officiait dans la grande mosquée ‘Amr Ibn Al-‘Âs et y dirigeait un cercle de science. En Égypte vont l’attendre la célébrité et une aisance dans la vie après toutes ces années de privation. Il y trouvera aussi la mort, puisqu’il y mourra dans les derniers jours de Radjab 204H (819G) à l’âge de 54 ans, relativement jeune, en comparaison avec les imâms Abû Hanîfa (70 ans), et Mâlik (86 ans).

En Égypte, l’imam Shâfi‘î va affirmer encore plus son indépendance intellectuelle vis-à-vis de ses maîtres, même s’il continuait à vouer un immense respect à l’imam Mâlik en l’appelant mon maître. À Fustât, il va encore développer ses argumentaires et aboutir à d’autres avis que ceux qu’il avait alors émis à Baghdad. Pour cette raison, on parle de la nouvelle école de Shâfi‘î اجلديد) par rapport (املذهبà l’ancienne école baghdadienne (املذهب القديم).

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3. L’IMÂM SHÂFI‘Î

3.1 Le savoir de l’imâm Shâfi‘îL’imâm Shâfi‘î avait une connaissance encyclopédiste.Dans les sciences du Coran, il en parlait comme s’il avait vécu les péripéties de la révélation. Dans les sciences du hadith, il rapportait ceux de la génération des Successeurs à La Mecque, les hadiths de l’imâm Mâlik c’est-à-dire des Successeurs qui se trouvaient à Médine, il rapportait les hadiths des compagnons du Prophète qui s’étaient établis en Irak à travers la narration authentifiée de Muhammad Ibn Hasan Shaybânî. Il mémorisait beaucoup de hadith, en connaissait les sciences et disciplines, et n’en acceptait que ceux qu’il estimait authentiques. Il disait souvent : « Si vous trouvez un hadith authentique contredisant un de mes avis, rejetez ce dernier. »

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En plus de cela, il excellait dans le qiyâs (analogie), dans la discipline de l’abrogeant et l’abrogé, dans les règles transversales du fiqh (al-qawâ‘id al fiqhiya القواعد الفقهية), et encore plus dans les fondements du fiqh usûl fiqh qu’il avait conceptualisés et que personne, avant lui, n’avait pu discerner.

Comme il a conceptualisé les fondements du fiqh il va aussi mettreau point et règlementer les bases de l’analogie (qiyâs) ainsi que ceux de la science de l’abrogeant et de l’abrogé. Il était en fait poussé vers toutes les sciences de son époque, et il ne s’était pas gêné pour en apprendre. Ce qui le faisait dire : « Celui qui apprend le Coran verra son rang s’élever, celui qui s’adonnera au hadith verra son argumentation s’affermir, celui qui s’intéressera au fiqh verra sa position s’anoblir, celui qui étudierales lettres (la langue) verra devenir plus sensible sa nature, celui qui apprendra le calcul verra devenir prudent son esprit, et celui qui ne protègera pas sa personne, aucune science ne lui sera utile. »

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L’un de ses fidèlesAr-Rabî‘ Ibn Sulaymân décrit la journée de sciencede l’imam Shâfi‘î : « Juste après la prière de l’aube (subh), Shâfi‘îs’asseyait dans son cercle et commençait le cours concernant le Coran, et cela jusqu’à ce qu’au lever du soleil et ses élèves se levaient alors. Puis venait le cours du hadith avec ses élèves spécifiquesjusqu’à ce que le soleil soit bien haut dans le ciel. Puis venait ensuite le cours de langue arabe, de la poésie et de la grammaire et ses étudiants spécifiques, jusqu’à ce que le soleil arrive au zénith etvienne le temps du zuhr. »

3.2 Les qualités de l’imâm Shâfi‘îIl avait une très grande force intellectuelle alliée à une mémoire extraordinaire. Il lui suffisait de lire un livre une seule fois pour lemémoriser et le réciter juste après, ainsi du Muwatta’.Il avait aussi la repartie facile, ne cherchant pas ses mots ou ses arguments. Tout cela coulait de source. Les mots se déversaient de sa bouche comme un fleuve coulait normalement.

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Sa grande force résidait aussi dans son niveau d’abstraction et des liens qu’il dépistait et discernait à travers des éléments, apparemment épars, liens qui n’étaient pas aussi évidents pour ses adversaires ou contradicteurs. Cette puissance intellectuelle était l’un de ses traits et qui forçait l’admiration de ses admirateurs aussi bien que de ses contradicteurs. L’un de ses disciples le décrit ainsi : « J’ai toujours trouvé des personnes dont les livres sont plus grands que leur propre auteur, sauf Shâfi‘î, dont le verbe était bien plus grand que ses livres… »

Sa sincérité faisait aussi qu’il n’était pris par aucune colère ou hostilité lors des débats avec ses contradicteurs, et certains parmi eux étaient des plus chauvins. Il était le calme exemplaire ne se laissant pas démonter. Sa sincérité le poussait à l’extrême véridicité. Son disciple Yahyâ Ibn Ma‘în disait de lui : « Si le mensonge était permis par la loi, l’imâm Shâfi‘î ne pourrait le faire, sa personnalité chevaleresque lelui aurait interdit. »

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Il entendit un jour quelqu’un dire de l’imâm Ali : « Les gens ne se sont éloignés de Ali que parce qu’il ne tenait compte de personne. » L’imâm Shâfi‘î lui répondit : « En Ali existaient quatre mérites (qualités), si une seule d’entre elles existerait en l’un d’entre vous, il ne tiendrait alors compte de personne. Il était ascète (zâhid), renonçant à ce monde, et l’ascète ne tient compte ni du monde ni de ceux qui le peuplent. Il était savant, et le savant ne tient compte de personne. Il était courageux, et le courageux ne tient compte de personne. Il était noble, et le noble ne tient compte de personne. »

Il considérait, dans le conflit entre l’imâmAli etMu‘âwiyaconcernantle califat, que l’imâm Ali était dans la vérité et que tous lui devaient obéissance. De même il considérait comme rebelles (bughât) les kharidjites qui avaient désobéi à l’imâm Ali et étaient entrés en conflit armé contre le califat.

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3.3 Le fiqh de l’imâm Shâfi‘îOn peut voir trois grandes phases dans la production intellectuelle de Shâfi‘î :1. Son séjour à La Mecque après son premier séjour à Baghdad.

Il commença à animer un cercle dans la Grande Mosquée de La Mecque. Il s’intéressa aux fondements du fiqh, usûl, ainsi que les méthodes d’extraction des règles qu’il enseigna. Il écrivit, à la demande de ‘Abdarrahmân Ibn Mahdî, les lettres sur l’abrogé et l’abrogeant (an-nâsikh wal mansûkh) dans le Coran et la Sunna.

2. Son séjour à Baghdad (le deuxième, 195-198H) durant lequel il va propager les fondements du fiqh (usûl). Concernant les questions posées sur le plan du fiqh, il regardait principalementau niveau des deux écoles (mâlikite puis hanifite) desquelles ils’était abreuvé et y cherchait une réponse qui correspondait à son effort personnel. Il donnait des réponses de sa propre réflexionqui ne correspondait à aucune des deux écoles.

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3. Son séjour en Égypte de 199H à sa mort (204H) va lui permettre d’affirmer sa pleine personnalité et indépendance intellectuelle.Il réécrira son ouvrage Ar-Risâla en la corrigeant sur plusieurs points, comme il reprendra plusieurs avis qu’il avait donnés auparavant à Baghdad.

3.1 Les ouvrages de l’imam Shâfi‘î

3.1.1 Al-UmmC’est l’un des plus importants livres de l’imam Shâfi‘î, qui secompose de plusieurs parties assemblées par la suite. Réalisé en Égypte, très volumineux, il contient donc les derniers avis de l’imam. Il est subdivisé selon les catégorisations classiques du fiqh : tahâra (purification), prière (salât), jeûne du ramadan etc.

3.1.2 Ar-RisâlaLe titre complet est Ar-Risâla fi usûl al-fiqh (Épître sur les fondements du droit musulman). C’est le premier ouvrage jamais réalisé dans cette discipline.

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4. LES SOURCES DU FIQH DE L’IMÂM SHÂFI‘Î

4.1 L’énoncé des sources et leur hiérarchieL’imâm Shâfi‘î explicite ainsi les sources qu’il utilise pour inférerdes avis juridiques : « La science est de niveau divers :

1. Le premier est constitué par le Livre et la Sunna.2. Le second est constitué par l’avis du Compagnon (qawl as-sahâbî) et dont il n’est pas rapporté d’avis autre ou opposé.

3. Le troisième est celui formé par les avis divers et multiples des Compagnons sur une même question.

4. Le quatrième est celui du consensus (ijmâ‘) au cas où l’on ne trouve ni verset coranique ni sunna prophétique.

5. Enfin le cinquième est celui de l’emploi de l’analogie (qiyâs). »Il place donc les deux sources scripturaires au même niveau supérieur, puis les avis des Compagnons et enfin l’utilisation de la déductionanalogique.

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4.1 La problématique du hadith chez Shâfi‘îComme nous l’avons mentionné, la période l’imâm Shâfi‘î étaitcaractérisée par la multiplication de courants et d’écoles de pensée, certaines dans la droite ligne des textes fondateurs, d’autres s’en éloignant plus ou moins.

4.1.1 La défense du hadith chez Shâfi‘îIl y avait un courant qui ne considérait pas la Sunna comme source légitimante par elle-même, et s’appuyant sur le Coran seulement, n’acceptaient de la Sunna que les hadiths dont on retrouverait quelque sens dans le Coran (mais alors comment accomplir par exemple la prière et la zakât autrement que dans le sens général et global donnés par le Coran?)Contre cette tendance s’est élevé avec vigueur l’imâm Shâfi‘î. C’estpour ces raisons que l’imâm Shâfi‘î va prendre la défense de laSunna authentifiée, en combattant avec vigueur ceux qui voulaienten diminuer la portée et l’importance.

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4.2.2 Le hadith âhâd chez Shâfi‘îL’imam Shâfi‘î va s’élever contre une deuxième tendance, cellequi ne voulait accepter de la Sunna que les paroles authentifiéescomme mutawâtir, (c’est-à-dire celles dites très sûres) et émettant des doutes sur les hadiths âhâd et ne les acceptant pas. Or ce type de hadith (âhâd) constitue l’immense majorité du corpus de la Sunna. Et dans la pratique du prophète Muhammad (a), on a vu ce dernier se suffire du témoignage de deux personnes pour juger. Or deuxpersonnes ne peuvent constituer un tawâtur, loin s’en faut.

4.3 Le consensus (ijmâ‘) chez l’imâm Shâfi‘îLe consensus (ijmâ‘) est celui obtenu de la part des savants musulmans dans une période donnée sur une question spécifique, à partir desleux sources fondatrices (Coran et Sunna). L’imâm Shâfi‘î ne considère que le consensus des compagnons du prophète Muhammad (a). Il ne fait aucune mention de l’existence d’autres consensus.

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4.4 L’avis des CompagnonsLa position de l’imâm Shâfi‘î concernant les avis juridiques donnéspar les Compagnons se résume en trois élément :

• Qu’il y ait eu un consensus des Compagnons sur une question donnée. Pour lui un tel avis fait autorité parce que c’est un consensus d’abord.

• Qu’il existe un avis connu de l’un des Compagnons, sans que nous connaissions d’autres avis des autres Compagnons, avis conforme ou opposé au premier. Dans ce cas et pour l’imâm Shâfi‘î, cet avis fait autorité et il s’en suffit largement, sanschercher à s’y opposer.

• Qu’il existe, sur une seule question, plusieurs avis divergents des Compagnons. Dans ce cas l’imâm Shâfi‘î choisit l’un des avisémis par l’un des Compagnons qui lui semble le plus proche des deux textes Coran et Sunna, sans qu’il sorte de l’ensemble des avis émis.

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4.5 Le raisonnement par l’analogie (al qiyâs) Le raisonnement par analogie (qiyâs) est majoritairement admis par toutes les écoles juridiques, à l’exception de l’école zâhirite, textualiste (Dâwûd et Ibn Hazm). Le grand mérite de l’imâm Shâfi‘î a été celui d’asseoir les règles et les expliciter à utiliser pourl’application du raisonnement par l’analogie.

4.6 Les autres sourcesLe raisonnement par analogie (qiyâs) est le seul moyen de l’ijtihâd que prend en considération l’imâm Shâfi‘î.Il ne fait aucune mention des autres moyens intellectuels utilisés par les autres savants qui l’ont précédé, et qui vont le suivre, tel le principe du convenable (istihsân), le principe de continuité (istishâb) ou le principe du bien commun (istislâh) ou même le principe de précaution (sad adh-dharâ’i‘ الذرائع ,Il les réfute théoriquement .(سدmais dans sa pratique quotidienne il va les utiliser.

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5. L’ÉCOLE SHÂFI‘ÎTE

5.1 Les deux temps de l’école shâfi‘iteL’école shafi‘ite a eu deux temps : un temps à Baghdad et un autreen Égypte. C’est en Egypte qu’elle va avoir le plus de disciples.Son disciple Az-Za‘farânî avait continué à enseigner les avis de l’imâm Shâfi‘î de Bagdad, même si le maître avait changé entre-temps d’avis sur un certain nombre de questions au Caire.Lors de son séjour en Égypte, l’imâm Shâfi‘î avait commencé à revoirses anciens avis juridiques contenues dans les livres baghdadis et principalement Al-Oumm et Al-Mabsût. Il en est sorti un nouvel effort : certains avis ont été revus complètement, d’autres conservés en leur état, dans d’autres il donnait un ou plusieurs avis sans pour autant infirmer le premier.

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5.2 Les grands savants de l’école• À La Mecque il eut Abû Bakr Al-Hâmidî, Abû Bakr Muhammad

Ibn Idrîs, Abû l-Walîd Mûsâ Ibn Abî Al-Jârûd. • À Baghdad il eut comme disciples Abû ‘Alî Al-Hasan Az-

Za‘farânî (mort en 260 H/873 G), Abû ‘Alî Al-Husayn Ibn ‘Alî Al-Karâbîsî, Abû Thûr Al-Kalbî.

• En Égypte il eut : Harmala Ibn Yahyâ Ibn Harmala, Abû Ya‘qûb Ibn Yahyâ Al-Buwaytî (m. en 231 H/854 G), Abû Ibrâhîm Ismaïl Ibn Yahya Al-Muznî (m. en 264 G/874 G), et bien sûr Rabî‘ Ibn Sulaymân al-Murâdî (m. en 270 H/883 G) et d’autres.

Tous ses disciples vont continuer l’œuvre de leur maître, la féconder et la propager dans l’espace et le temps. Au niveau des autres générations, et parmi les grands noms de l’école nous pouvons citer l’illustre mujtahid Muhyidîn An-Nawawî et le non moins illustre cheikh Al-Islam Abû Hâmid Al-Ghazali, auteur du monumental Ihyâ’ ‘Ulûm ad-dîn (Revivification des sciences dela religion), son maître Imam El Haramayn Al-Djuwaynî.

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5.3 L’expansion de l’école shafiiteL’école shafi‘ite va s’implanter naturellement en Irak, en rivalisantavec l’école antérieure hanafite implantée bien avant elle dans cettecontrée. Elle s’est aussi bien implantée en Égypte, en concurrençant l’école malikite, là aussi implantée avant elle. Dans ces deux régions, elle a su se faire une place importante. De l’Irak elle s’est étendu dans la région du Khorasan, et au-delà du « fleuve » (Mâ wara’ nahr, le fleuve Djihoun, appelé aussi Amou-Daria) ainsi qu’en Iran actuel,en Syrie, en Indonésie.

5.4 Quelques citations de l’imâm• « Je n’ai jamais débattu avec quelqu’un sans aimer qu’il soit

guidé vers le succès et qu’il soit soutenu… Je n’ai jamais débattu sans espérer que la vérité apparaisse, indifféremment par ma langue ou celle de l’autre. »

حفظ، و تعاىل رعاية من اهللا له ويكون ق أو يسدد أو يعان أن يوف أحببت إال قط أحدا ما ناظرتلسانه. أو لساين عىل احلق تعاىل اهللا بني بال أ مل و إال أحدا ناظرت وما

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• Il a dit aussi : « Jamais je n’ai engagé de débat avec quelqu’un si ce n’est avec l’intention sincère de lui porter bon conseil. »

العلم. طلب من بأفضل أداء الفرائض وجل بعد عز اهللا إىل ب ر ق ما ت• Il n’y a pas meilleure chose par laquelle on se rapprocherait de

Dieu après les obligations que la recherche de la connaissance.

النافلة. صالة من أفضل العلم طلب• Celui qui vient à une assemblée de science sans plume ni encre

est pareil à celui qui irait à un moulin sans blé à moudre.

قمح. بغري الطاحون حرض كمن ورق كان بال حمربة و العلم جملس من حرض• Il se peut qu’une épreuve asphyxie une personne,

* Et c’est auprès de Dieu qu’il faut trouver sa sortie.*Elle s’est rétrécie et lorsque ses maillons se sont rejoints,* Elle s’est alors dénouée, alors que je pensais qu’elle ne le serait jamais.

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استحكمتفرجت كلاموعند اهللا منها املخـرج ولرب نازلة يضيق هبا الفتى ذرعا

فرجت وكنت أظنها ال تفـرج ضاقت فلام استحكمت حلقاهتا

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IMAM AHMAD IBN HANBAL

164-241H / 780-855 G

Shafi‘î dit de lui : “J’ai quitté Baghdad et je n’ai laissé derrière moi aucun homme plus noble ni plus savant que Ahmad Ibn Hanbal. » L’image de lui est celle d’une personne respectable, un savant, un ascète connu pour ses longues privations, enchaînée par les fers, traînée devant la foule pour y être fouetté et flagellé.Mais quel crime a-t-il donc commis pour être traité de la sorte ? Simplement de ne pas épouser le credo du pouvoir que des califes veulent imposer à toute la communauté, du moins dans ses grandes métropoles. L’imam Ahmad représente effectivement la résistance à la folie des princes lorsque ces derniers veulent réglementer la pensée, la parole et imposer ce qui reste, en dernier ressort, de profondément intime : la foi.

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Il passera plus de deux années en prison pour cause de résistance. Des offres de conciliation lui parvinrent en prison afin qu’il prononce, neserait-ce que par voie détournée, la formule consacré par le Calife et ses idéologues, mais il refusa de faire la moindre concession sur ce qu’il considéra être comme un élément fondamental dans la foi, la croyance musulmane et surtout la liberté de croyance.Puisse ce message de résistance et de patience en faveur de la vérité rester, se perpétuer, et trouver toujours des hommes et des femmes pour le porter haut.

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1. CONTEXTE HISTORIQUEL’imam Ahmad représente la grande transition des compilations exhaustives des hadiths et le mûrissement des sciences du hadith qui vont aboutir à un examen systématique des hadiths et l’authentificationdes plus sûrs parmi eux. L’imam Ahmad va avoir cette double fonction : compilateur du hadith et spécialiste du fiqh. L’imam Bukhârî, le plus grand spécialiste duhadith, va prendre part au cercle d’Ahmad Ibn Hanbal. Ce dernier va lui-même rapporter quelque trente milles hadiths. Il se déplacera pour cela de Baghdad à Médine, à La Mecque et jusqu’au Yémen.

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2. LE JEUNE AHMAD

2.1 Naissance et éducationAhmad Ibn Hanbal est né en 164H (780 G) à Baghdad où il vécut la plupart du temps. Son père mourut très tôt (environ 30 ans) alors que Ahmad était très jeune ; ce fut son oncle, en très bonne relation avec le pouvoir abbasside, qui s’occupa de l’entretien de la famille. La famille de Hanbal avait un statut social relativement élevé, de par les fonctions du grand-père et du père.La mère de notre imam s’occupa de son éducation. Elle le poussa à mémoriser le Coran, à étudier la langue arabe, le hadith et les avis des compagnons du prophète Muhammad (a) ainsi que de leurs successeurs.En fréquentant les cercles des savants dans les mosquées de Baghdad, il fut remarqué pour son jeune âge, sa volonté d’apprendre et sa capacité à surmonter les efforts.

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L’un des hommes assis dans l’un des cercles de science, ayant vu le comportement adulte de Ahmad avait dit : « Moi, je dépense beaucoup d’argent pour l’éducation de mes enfants en leur apportant des précepteurs pour qu’ils apprennent la bonne éducation, avec des résultats décevants, alors que voici ce jeune Ahmad, orphelin de son état, regardez-le comment il est éduqué et voyez ses efforts et son application dans l’acquisition des connaissances ! »

2.2 Ahmad, étudiantIl avait choisi les sciences islamiques, et particulièrement celles du hadith. Il se spécialisa aussi dans la jurisprudence musulmane, le fiqh.Très jeune, il s’assit au cercle de l’imam Abû Yûsuf, le plus grand disciple d’Abû Hanîfa et le continuateur de son œuvre. Il restera environ quatre années.Ahmad Ibn Hanbal s’attacha au cercle de Hashîm Ibn Bashîr (Abû Hâzim Al-Wâsitî) grand spécialiste du hadith auprès duquel il commença son apprentissage et sa mémorisation du hadith.

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Il rencontra l’imam Shâfi‘î une première fois à La Mecque (187H) ets’assit auprès de lui en tant qu’étudiant. Il le rencontrera encore une fois à Baghdad et s’assis encore une fois dans son cercle quelque temps.

2.3 Vers le hadith puis le fiqhLe premier souci d’Ahmad était d’abord le hadith. C’est ainsi qu’à 15 ans, il commença à fréquenter les cercles spécialisés du hadith à Baghdad. Puis commencèrent ses déplacements vers Kûfa, Basra, Hijâz.Il va aussi profiter de ses voyages pour accomplir le hajj et rencontrerles savants du Hijâz. Il dit : « J’ai accompli cinq fois le hadj, dont trois à pied ! Une fois je me suis perdu et je n’ai pu retrouver la route qu’après avoir demandé à un grand nombre de personnes. »Il va partir au Yémen pour rencontrer le grand savant de Sanaa au Yémen, Abdarrazzâq. Il l’avait déjà rencontré une première fois à La Mecque durant le hadj, mais ne voulut pas trop l’importuner en accaparant son temps aux fins de recevoir les hadiths sous sa dictée.

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Il avait peu d’argent, et il refusa toute aide de la part de ses connaissances et amis. Avec le peu qu’il avait, il parvint difficilementà rallier Sanaa. Arrivé, il consacrera des journées entières pour l’acquisition des hadiths de chez Abdarrazzâq. Mais au moment du départ, le problème financier se posa pour lui, en effet, il avait épuiséses maigres réserves. Son cheikh comprit de quoi il s’agissait et se proposa de l’aider, ce que Ahmad refusa. Son cheikh lui proposa de lui prêter de l’argent, quitte pour lui de le rendre dès qu’il le pourrait. Encore un refus d’Ahmad. Finalement, ce dernier décida d’aller travailler pour gagner ce par quoi il reviendrait dans sa ville, Baghdad. Il va travailler comme porteur dans les marchés pendant plusieurs jours, le temps de réunir un petit pécule puis de reprendre son voyage !

Il portait avec lui pratiquement tous ses livres et ses écrits, même s’il avait, lui aussi, une mémoire phénoménale. Ce qui lui faisait un gros et lourd ballot. Mais il voulait toujours avoir près de lui ses livres, pour les consulter, les corriger, les reprendre.

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3. AHMAD IBN HANBAL, LE CHEIKHCe n’est qu’après l’âge de 40 ans qu’il s’assit dans la grande mosquée de Baghdad pour enseigner et donner des avis (fatwâ). Il dit de lui-même : « Je ne pouvais enseigner alors que mes maîtres étaient encore vivants ! »Sa notoriété le précédait là où il partait. C’est par milliers, selon certaines sources, que les personnes s’agglutinaient autour de lui pour prendre le hadith ou de son fiqh. Parmi eux, une centaine dedisciples étaient parmi les plus réguliers.Il dégageait une très grande autorité morale et un immense respect. On pouvait entendre le vol de la mouche lorsqu’il animait son cercle. Lorsqu’on lui demandait des précisions sur un hadith, malgré le fait qu’il le connaissait par cœur, il préférait toujours le reprendre à partir de ses feuillets et livres. Et les étudiants écrivaient alors le hadith sous sa dictée.

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Les gens venaient à lui, certains pour apprendre le hadith, d’autres pour le fiqh, d’autres pour son éducation et l’éthique (âdâb) qui se dégageait de lui. L’un de ses disciples raconte : « Je suis allé le voir chez lui un soir, après avoir été son étudiant pendant douze années, je l’ai alors trouvé en train de lire le Musnad à ses enfants. Je n’ai rien écrit de ce qu’il dictait. J’étais venu chez lui pour prendre de son éthique et apprendre de son comportement. »Il avait deux cercles : l’un destiné à ses enfants et ses disciples et étudiants. Et un autre ouvert à tout le monde.Il ne permettait pas que l’on écrive ses propres avis religieux. Par contre il imposait à ses étudiants d’écrire le hadith et de ne pas se fier à leurs seules mémoires !

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4. L’ÉPREUVE DE L’IMAM AHMADL’imâm Ahmad vivra durant le califat des quatre abbassides : Al-Ma’mûn (813-833G), Al-Mu‘tasim (833-842G), Al-Wâthiq (842-847G) fils de ce dernier et Al-Mutawakkil (847-861).

L’imam Ahmad avait vu la polémique sur le Coran, créé ou incréé, enfler, mais ne désirait pas y entrer, pour ne pas lui donner encored’envergure. Il se destinait à autre chose beaucoup plus constructif et instructif : le hadith et le fiqh. Malheureusement, il va y être entraînéet conduit de force.

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La polémique sur le Coran, incréé (et donc éternel) ou créé, battait son plein. Le courant mu‘tazilite (rationaliste) entreprit de répondre à certaines questions des chrétiens et décida que le Coran, parole divine, était créé. Ce qui allait à l’encontre de la compréhension jusqu’alors admise par tous les savants antérieurs que le Coran, parole divine, était incréé et qu’il était éternel. Le calife Al-Ma’mûn (196-218 H/813-833 G), qui avait une grande culture et qui se pensait philosophe épousa la thèse mu‘tazilite, les rapprocha de lui en en faisant ses principaux conseillers et décideurs, et décida finalement que la croyance en la création du Coran devaitavoir force de loi (212H/827G). Il décida aussi que tout le monde devait la professer (218H), et que les savants reconnus devaient l’adopter publiquement et l’enseigner. Ceux qui refuseraient de le faire seraient congédiés de leurs emplois.Commença alors une grande période de répression à tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec la doctrine officielle.

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Ceux, parmi les savants (fiqh et/ou hadith) qui refusaient de l’adopteret de la reconnaître publiquement étaient arrêté, mis aux fers, et emmené devant le calife ou son représentant, le gouverneur de la ville ou province. Mis en demeure de reconnaître la foi en la création du Coran, certains, en refusant, furent torturés publiquement et tués, afin de servir d’exemple aux récalcitrants.Il resta un petit carré de savants qui résistèrent. Puis devant la répression et la torture, les coups, tous vont rendre public leur accord, à l’exception de quatre : Ahmad Ibn Hanbal, Muhammad Ibn Nûh et deux autres. Ils furent tous battus, mis aux fers, traînés devant tout le monde. Na‘îm Ibn Hammâd mourra en prison. Puis il ne restera plus que deux : Ahmad Ibn Hanbal, Muhammad Ibn Nûh. Devant la résistance de ces deux derniers savants, le grand inquisiteur de Baghdad les envoya auprès du calife. Ibn Nûh mourra en cours de route. Il ne restera finalement qu’Ahmad, après la mort en martyr de Muhammad Ibn Nûh.

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Une fois revenu à Baghdad au mois du ramadan, l’imam Ahmad fut mis en prison. Il y restera 28 mois (selon certaine sources plus de trente mois). On l’y fera sortir pour être fouetté publiquement, bastonné et torturé pour qu’il reconnaisse la croyance imposée, ce qu’il refusât, tout cela sous le califat d’Al-Mu‘tasim. Plusieurs fois, il fut amené devant le calife pour y être interrogé et torturé, sans aucun égard pour sa science, sa notoriété et ses nombreuses qualités. Finalement, las de toute ces séances publiques, et voyant que l’imam ne dira rien, le calife décida de relâcher l’imam Ahmad qui ne pouvait même plus marcher. Le nouveau calife, Al-Wâthiq, fils d’Al-Mu‘tasim, reprit la politiquerépressive de son père contre tous ceux qui ne voulaient pas professer la création du Coran. À nouveau, l’imam Ahmad fut arrêté, puis interdit de parole publique, mis en résidence surveillée sauf pour accomplir les prières. Le calife lui demanda aussi de changer de ville. Il vécut ainsi quelques temps en cachette à Baghdad jusqu’à la mort (232 H/847 G) du calife.

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Le nouveau calife, Al-Mutawakkil, ayant pris conscience de la folie de ceux qui l’avaient précédé, libéra l’imam Ahmad et tous les autres prisonniers d’opinion et rétablit la croyance en le Coran incréé. L’imam Ahmad fut réhabilité et le calife lui proposa une rente du trésor public, à titre de réparation morale et afin pour que l’imampuisse vivre dignement, comme il sied à son statut. Mais l’imam refusa. L’imam va alors poursuivre ses activités d’enseignement et de dictée du hadith jusqu’à sa mort. L’épreuve traversée ne lui avait ajoutée que plus de notoriété.Lorsqu’on demanda à l’imam sa position vis-à-vis de ceux qui lui fait endurer son calvaire, il disait qu’il leur pardonnait entièrement faisant valoir le verset : ((Qu’ils se montrent indulgents et cléments !)) Coran La Lumière 24/22

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5. LA VIE MODESTE ET DIFFICILE DE AHMADL’imam Ahmad Ibn Hanbal a vécu pauvrement par sa volonté de ne rien devoir aux gens et par une discipline rigoureuse de s’éloigner non seulement de l’illicite (harâm) mais aussi de tout ce qui pouvait être objet du moindre doute. C’était cela le zuhd, c’est-à-dire, ne pas s’attacher aux richesses de ce monde, et que si ces richesses venaient, il ne fallait pas que leur amour entre au cœur.Il avait toujours refusé les dons des gouvernants, aussi minimes soient-ils. Pour lui, cet argent n’appartenait pas au calife pour que ce dernier l’utilise comme si c’était sa propre fortune. Ensuite, il faisait très attention de la provenance de l’argent. S’il avait le moindre doute, il refusait de le prendre, ou de le consommer, y compris chez ses enfants !Enfin, il ne voulait rien devoir à personne, peut-être pour conserversa liberté de parole et d’appréciation, mais aussi pour ne pas gêner ses amis et ses maîtres. Peut-être pensait-il aussi que d’autres personnes étaient plus en droit de cet argent que lui.

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6. QUELQUES AVIS DE L’IMAM AHMADConcernant la foi, l’imam Ahmad dit qu’elle est constituée par les paroles et œuvres de l’être humain, et qu’elle augmente et diminue d’intensité selon les actes réalisés. L’imam ne voit pas aussi une quelconque excommunication pour les erreurs faites.Pour lui, celui qui commet le péché capital kabîra et qui il revient à Dieu repentant, Dieu l’acceptera et acceptera sa repentance si elle est sincère. S’il ne se repent pas, c’est Dieu qui s’occupera de lui de la manière qu’Il veut, que nous, humains, ne savons pas comment. Concernant la chose politique, il préconise que le choix du gouvernant devrait se faire par la consultation (shûra), comme cela s’est fait pour les quatre califes bien guidés (khulafâ râshidûns). Il accepte aussi que le pouvoir puisse être transmis par désignation wilâyat al ‘ahd. De même l’imam Ahmad légitime le coup de force (al-mutaghallib), et que celui qui arrive au pouvoir par la force doit être obéi. De même, il ne prône pas de rébellion contre le gouvernant.

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7. LES FONDEMENTS UTILISÉS PAR L’IMAM AHMADIbn Al-Qayyim note que les sources utilisées par l’imam Ahmad sont au nombre de cinq : les textes scripturaires, l’avis des Compagnons, y compris s’il y a divergence entre eux, la possibilité d’utiliser le hadith mursal et faible s’ils existent, la déduction analogique (qiyâs).Ses disciples, après lui, utiliseront d’aurtres ressources: le principe de l’intérêt public (maslaha), le principe de prévention (sad ad-darâi‘) et le principe de continuité (istishâb).

7.1 Les textes scripturairesL’imam Ahmad donnait son interprétation du texte scripturaire (Coran ou Sunna authentique) à chaque fois qu’il pensait que cela correspondait au cas posé. Il ne prenait rien d’autre en considération, ni qiyâs ni utilisait d’autres ressources dans ce cas.Il mettait sur le même niveau hiérarchique le Livre Saint et la Sunna authentique.

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7.2 Les avis des Compagnons

7.2.1 L’avis du Compagnon seulLorsque l’imam Ahmad, n’ayant trouvé aucun texte scripturaire, trouve par contre un avis d’un Compagnon, avis non contredit par un autre Compagnon, cet avis fait force de loi pour lui. Certains spécialistes appellent cela un consensus implicite (ijmâ‘ sukûtî) par opposition au consensus explicite.

7.2.2 Les avis divers des CompagnonsSi, sur la même question, l’imam Ahmad trouve plusieurs avis différents de la part des Compagnons, il choisissait l’un des avis, qu’il pense être le plus proche des textes scripturaires. Cela suppose de sa part un effort de comparaison des différents avis par rapport aux textes scripturaires. Et dans tous les cas, il ne choisissait rien d’autre en dehors de l’un des avis des Compagnons.

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7.3 Le hadith mursal ou faibleLe hadith mursal est celui dont la chaîne des transmetteurs (sanad) ne mentionne pas le Compagnon. Pour l’imam Ahmad, le mursal est accepté à ce niveau du choix des sources, quelle que soit la personne manquante dans la chaîne des transmetteurs.Plus que cela, l’imam Ahmad va préférer, à ce niveau de choix des sources (c’est-à-dire en l’absence de textes scripturaires ou d’avis des Compagnons), l’utilisation des hadiths faibles sur le qiyâs, sans qu’il les mette au niveau des hadiths authentiques.

7.4 La déduction analogique (qiyâs)L’imam Ahmad, ne trouvant aucune solution au niveau des quatre sources précédentes, va utiliser en dernier recours, le raisonnement analogique qiyâs.

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7.5 Le principe de l’intérêt public (maslaha)L’école hanbalite va considérer la prise en compte de l’intérêt public maslaha comme source de législation, après la mort du maître. Seulement, pour eux, elle est une des formes du qiyâs et c’est sous cette forme que l’imam Ahmad l’utilisa. Ainsi du cas du récidiviste, sa peine pouvant être augmentée ou multipliée, bien qu’aucun texte ne le prévoit.

7.6 Le principe de prévention (sad ad-darâ’‘)L’école hanbalite va en faire un très grand usage.Ainsi, l’imam Ahmad va obliger tout personne qui aurait provoqué la mort d’une personne en l’empêchant de manger ou de boire, à payer le droit du sang (diyya الدية) même si la mort n’a pas été provoquée par un instrument ou la main.

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7.7 Le principe de continuité (istishâb)C’est le fait que toute chose, pour laquelle aucun changement ne serait intervenu, garde sa règle originelle : ce qui était permis le demeure jusqu’à un changement prouvé, ce qui était interdit le demeure etc.L’école hanbalite va utiliser ce principe encore plus que l’école malikite. En vertu de ce principe :

• Dans le principe, toute chose (non le rite) est permise sauf s’il existe des textes spécifiques changeant la règle.

• Toute eau est considérée pure à moins de prouver le contraire.Ainsi l’école hanbalite va être la plus ouverte parmi toutes les autres écoles concernant la liberté de contracter et les conditions à s’imposer, pour autant que par accord que les contrats sont conclus, à moins de l’existence de règles juridiques claires provenant des sources scripturaires ou du qiyâs. Autrement rien ne s’oppose à cette liberté.

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8. LE MUSNADC’est l’œuvre écrite la plus conséquente qu’a laissé l’imam Ahmad. En fait c’est son seul ouvrage car il avait interdit, de son vivant, à ses disciples de transcrire ses avis. Ce n’est qu’après sa mort que ces deux fils vont publier une bonnepartie d’entre eux. Son fils ‘Abdallah lui dit : « Père, pourquoi as-tu toujours refusé d’écrire de livres alors que tu as réalisé le Musnad ? » Il lui répondit : « J’ai écrit ce livre afin qu’il constitueun pôle (imam) vers lequel reviennent les gens lorsqu’ils sont en désaccord sur un hadith. »Le Musnad est un recueil de hadiths qu’il compila et qui en compte environ 26’363. Lorsqu’il sentit la mort s’approcher, il décida de convoquer ses filset ses proches disciples et leur dicta à partir des feuillets les hadiths qu’il rassembla selon les Compagnons, à chacun d’entre eux, il dédia un livre dans lequel il mentionnera tous les hadiths, selon lui authentiques, rapportés par ce Compagnon.

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Le Musnad entre nos mains est celui rapporté par son fils ‘Abdallahqui poursuivit l’œuvre de son père.Malgré toutes les précautions prises par l’imam Ahmad, les savants, bien après lui, et de sa propre école, reconnaissent que dans les hadiths du Musnad, il en est qui ne sont pas sûrs et authentiques, c’est-à-dire des hadiths faibles.

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9. L’ÉCOLE HANBALITEL’école hanbalite ne s’est pas beaucoup étendue géographiquement, contrairement aux autres écoles. Par contre, elle a eu droit à des savant de très grande valeur à travers l’histoire, même si certaines vicissitudes ont accompagné la période, très petite par ailleurs, d’application de cette école. De même, c’est une école qui est caractérisée par une très grande diversité d’avis.

9.1 Une diversité d’avis de l’imam AhmadIl est à remarquer que l’on trouve très souvent plusieurs avis différents de l’imam Ahmad sur la même question. Cela est dû à plusieurs raisons dont les suivantes :

• Il a eu effectivement des réponses différentes sur des questions lorsque de nouveaux arguments lui apparaissaient, il revenait sur son ancien avis.

• Parfois, il citait plusieurs avis des Compagnons et, ne pouvant trancher sur la question, il laissait ainsi plusieurs avis sur la même question, sans qu’il prenne position.

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9.2 Les disciplesParmi ses plus grands disciples, nous pouvons citer :

• Ses deux plus grands enfants Sâlih et ‘Abdullâh. Le premier s’était spécialisé dans le fiqh le second dans le hadith.

• Ahmad Ibn Muhammad Al-Athram.• ‘Abdalmalik Ibn ‘Abdulhamîd Al-Maymûnî qui est resté

longuement auprès de l’imam Ahmad.• Ahmad Ibn Muhammad Al-Hajjâj, dénommé Abû Bakr Al-

Marûdhî, qui était le fidèle d’entre les fidèles de l’imam. C’estlui qui a rapporté certains livres de l’imam Ahmad dont le Livre du scrupule (kitâb al-wara‘ الورع .(كتاب

• Ahmad Ibn Muhammad Ibn Hârûn appelé Abû Bakr Al-Khallâl (mort en 311 H/923 G) qui a été disciple d’Al-Marûdhî jusqu’à la mort de ce dernier.

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9.3 Les livresMalgré l’interdiction de l’imam Ahmad faite à ses disciples de ne point écrire ses avis et commentaires, ne voulant point qu’il y ait mélange entre la parole prophétique et la sienne, Dieu a fait en sorte qu’on a pu collecter ses différents écrits et ce qu’en ont rapporté ses proches disciples qui étaient très nombreux et dont la plupart sont encore conservés jusqu’à aujourd’hui. L’imam deviendra, malgré lui, une référence incontournable, non seulement dans le hadith mais aussi dans le fiqh et l’éthique. Nous pouvons citer les livressuivants :• Livre de l’ascétisme, Kitâb Az-zuhd الزهد .كتاب• Livre de la Sunna, Kitâb As-sunna السنة .كتاب• Les mérites des Compagnons, Fadâ’il as-sahâba الصحابة .فضائل• Les défauts, Al-‘ilal العلل.

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9.4 GéographiquementL’école hanbalite a été la moins répandue géographiquement dans l’histoire, sauf la période actuelle. Cela est dû à deux facteurs principaux :

• Son apparition plus tardive que les trois écoles précédentes qui s’étaient déjà implantées.

• Le fait que la dynastie abbasside n’avait pris de grand juge hanbalite, à côté des juges des autres écoles, que dans le tard, et ce d’autant, que les grands savants hanbalites avaient toujours refusé de prendre cette fonction.

Certains avancent aussi comme raison la rudesse de comportement des adeptes de cette école en s’en tenant à un littéralisme dans la compréhension des savants de cette école des textes scripturaires et leurs applications dans la vie quotidienne. L’école hanbalite se cantonne actuellement en Arabie Saoudite dont c’est l’école officielle ainsi qu’à Bahreïn. On en trouve un peu dansla région du Golfe arabe, en Syrie et en Irak.

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9.5 Citations choisies• Une belle invocation : « Seigneur Dieu, fais-nous arriver à Ton agrément. Seigneur

Dieu, éloigne de nous la pauvreté sauf celle devant Toi. Nous nous réfugions auprès de Toi contre toute humiliation sauf celle de Toi. Seigneur Dieu, ne nous donne pas en abondance de peur de venir tyrans, et ne nous prive pas beaucoup de peur que l’on oublie. Et donne-nous de Ta miséricorde et élargis-nous de Tes richesses ce qui nous ferait parvenir à nos fins dans notre vie, etde quoi se passer des autres par Ta grâce. »

اللهم لك، إال الذل من بك إليك، ونعوذ إال الفقر من نعوذ بك إنا وفقنا ملرضاتك، اللهم اللهملنا بالغا يكون رزقك ما وسعة رمحتك من لنا وهب فننسى، علينا وال تقل فنطغى، لنا تكثر ال

فضلك. من وغنى دنيانا، يف• Une autre invocation : Seigneur Dieu, celui, parmi cette communauté, qui ne serait pas

dans la voie de vérité alors qu’il pensait qu’il l’était, ramène-le à la vérité afin qu’il soit parmi les gens de vérité.

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كان من السجود: اللهم يف يدعو وكان أمحد عن الفضل التميمي، أيب حكاية ويف قال البيهقي:أهل احلق . من ليكون احلق إىل فرده احلق عىل أنه وهو يظن احلق غري األمة عىل من هذه

• Il disait aussi : « Si tu voudrais que Dieu laisse auprès de toi ce que tu aimes, alors toi aussi reste auprès de ce qu’Il aime. »

حيب. ما عىل له فدم حتب ما اهللا لك عىل أحببت أن يدوم إن

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L’IMÂM ZAYD

80-122H / 699-740

INTRODUCTIONAprès la mort en martyr de Husayn Ibn ‘Ali Ibn Abî Tâlib (en 50H/680G), la majeure partie des alides restants s’adonna à la science, le hadith en particulier aux fins de recueillir et transmettre le hadithprophétique d’autant que le pouvoir politique d’alors, les Oméyades, avaient fait beaucoup d’efforts pour que les hadiths qui parvenaient par la chaîne alide s’éteignent. Les petits-fils d’Ali se mirent donc en œuvre pour la sauvegarde dece patrimoine en particulier, mais ils ne se limitèrent pas seulement à la chaîne des transmetteurs alides.

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D’autre part, ils avaient reçu en héritage, de par leur éducation, de la part de leurs deux grands-pères, le Prophète Muhammad (a) et Ali Ibn Abî Tâlib (001) un très beau verbe et une éloquente élocution, doublée d’une très grande sagesse. Husayn, son seul fils resté vivant, Zay Al-‘Âbidîn le fils de cedernier, les deux enfants de ce dernier Muhammad Al-Bâqir et Zayd, Ja‘far le fils de Muhammad Al-Bâqir, tous étaient connus par leurséloquences et sagesses qu’ils exprimaient.

Mais là ne s’arrête pas leur intérêt. Le calife Ali était aussi connu pour sa forte connaissance du fiqh, à tel point que les califes précédentsrevenaient à lui dans beaucoup de cas qu’ils ne pouvaient résoudre, ou sur lesquels pesaient des doutes. Ali était là pour répondre, il était appelé pour cela aqdâ s-sahâba (le meilleur connaissance des Compagnons en matière de droit). Cette science était aussi à conserver, transmettre, et féconder. La descendance alide en particulier s’attacha à cela.

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Le Compagnon Ya‘lâ rapporte qu’ils étaient partis avec le Prophète (a) pour répondre à une invitation à manger. Ils trouvèrent Husayn jouer sur la route. Le Prophète, devançant ses compagnons, et a étendu ses deux bras, et le petit garçon (Husayn) de fuir de-ci de-là, et le Prophète riant avec lui, jusqu’à ce qu’il l’attrape. Il mit alors une main sous le menton de Husayn et l’autre main sur sa tête, l’embrassa et dit : « Husayn est de moi, et moi je suis de Husayn. Dieu aimera celui qui aime Husayn. Husayn est un sibt parmi les asbât. » [Tirmidhî (3708) hadith hasan, Ibn Mâja (141), Ahmad (16903)]

وسلم: حسني مني عليه اهللا اهللا صىل قال رسول مرة قال: بن عن سعيد بن راشد عن يعىل(3708 (الرتمذي األسباط. حسني سبط من من أحب حسينا. اهللا وأنا من حسني. أحبعليه وسلم اهللا صىل النبي مع خرجوا أهنم حدثهم مرة بن يعىل أن راشد عن سعيد بن أيبعليه وسلم أمام صىل اهللا النبي قال فتقدم يف السكة يلعب له فإذا حسني دعوا طعام إىل

وسلم اهللا عليه النبي صىل ويضاحكه هنا وها ها هنا يفر الغالم فجعل يديه القوم وبسطوقال حسني مني فقبله رأسه فأس يف واألخر ذقنه حتت يديه أخذه فجعل إحد حتى

141 ماجه سبط من األسباط.(ابن حسني من أحب حسينا اهللا من حسني أحب وأنا(16903 وأمحد

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Généalogie de la famille Alide :1. Ali Ibn Abî Tâlib + Fâtima

(Ali mort en 661)3. Husayn (mort en 680) 2. Hasan (mort en 669)

↓ ↓4. Ali (Zayn Al ‘Âbidîn m. 95H/ Hasan

↓ ↓ ↓5. Muhammad

Al-Bâqir (mort en 115H/743)

Zayd(80-122H/699-740)

‘Abdallah (145H)

↓ ↓ ↓6. Ja‘far As-Sâdeq80-148H/ 699-765

Muhammad Ibrâhîm (Médine) (Basra)

Les deux morts en 145H/7. Mûsâ (Al-Kâzim) m. 799

8. Ali (Ar-Ridâ) m. 818

9. Muhammad (At-Taqî) m. 835

10. Ali (An-Naqî) m. 868

11. Hasan (Al-‘Askarî) m. 874

12. Muhammad (Mahdi) m. ???

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Les imams fondateurs d’écoles (années hégiriennes) :

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1 L’IMÂM ALI ZAYN AL- ‘ABIDÎN

1.1 C’est lui dont la vallée connaît la démarcheLorsque le prince oméyade héritier Hishâm Ibn ‘Abdel Malik voulut embrasser la Pierre Noire lors de son pèlerinage, il ne put le faire à cause de la grande affluence, jusqu’à ce que ses gardes lui aientfrayé de force un chemin. Après qu’il l’eut embrassé, il remarqua un bel homme, rayonnant et bien habillé, qui voulut lui aussi embrasser la Pierre Noire. Les gens s’écartèrent alors par respect et considération et lui frayèrent le passage. Le prince Hishâm dit alors à ceux qui l’entouraient : « Mais qui est cette personne ? » avec un air hautain et arrogant. Le célèbre poète Al Farazdaq entendit cette question et vit la moue orgueilleuse du prince, il lui répondit alors sur le champ par des vers qu’il composa à vif :

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* C’est lui dont la vallée connaît la démarche ** Et la Demeure le connaît ainsi que les territoires sacré et licite* C’est lui le fils du meilleur d’entre tous les hommes** C’est lui le pieux, le pur, l’immaculé* Lorsque Qoreïsh le voit, leur porte-parole dit ** C’est aux qualités de cette personne qu’aboutissent les vertus…* Alors ce n’est pas ta question « qui est-ce ? » qui lui portera préjudice ** Les Arabes et les non-Arabes connaissent celui que tu sembles ignorer.

واحلرم واحلل يعرفه والبيت وطأته البطحاء تعرف الذي هذاالعلم الطاهر النقي التقي هذا كلهم عباد اهللا خري ابن هذا

.... الكرم ينتهي هذا إىل مكارم قائلهم قال قريش إذا رأتهوالعجم من أنكرت تعرف العرب بضائره ن هذا م قولك فليس

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Cette personne n’était autre que l’imam Ali surnommé Zayn Al ‘Âbidîn, la beauté des adorants !

Il était connu par sa sensibilité extrême qui emplissait ses yeux de larmes qui mouillaient sa barbe. Il pleurait beaucoup. Lorsqu’on lui demandait le pourquoi de la tristesse qui l’habitait, Ali Zayn Al-‘Âbidîn répondait : « Le prophète Ya‘qûb (Jacob) avait pleuré jusqu’à ce qu’il fut devenu non-voyant pour la perte de son fils Yûsuf(Joseph), alors qu’il ne savait pas qu’il était mort. Alors que moi, j’ai vu de mes propres yeux près d’une vingtaine de mes proches se faire assassiner en une seule journée. Comment voudriez-vous que la tristesse me quitte un seul instant. »Il avait été le seul survivant parmi ses frères : Ali Akbar (âgé de 25 ans alors), Ja‘far (alors âgé de cinq ans) et Ali Asghar (nourrisson) ! Il aimait à faire sortir de la difficulté ceux qui étaient dans le besoinpar toute sorte d’aides et notamment en les aidant à rembourser leurs dettes.

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1.2 Son autorité morale et scientifiqueAli Zayn Al-‘Âbidîn s’était versé très tôt dans les sciences du hadith ainsi que le fiqh. Il rapportait les hadiths aussi bien de la part deses illustres ascendants que des autres Successeurs (tâbi‘în), des compagnons (sahâba) du Prophète Muhammad (a). Il compilait aussi l’histoire de sa famille. Ibn Shihâb Az-Zuhrî, le célèbre successeur et l’un des maîtres de Médine et de l’imâm Mâlik était parmi ses disciples et avait pris de lui des hadiths qu’il rapportait ainsi que l’imam Mâlik. C’est ainsi qu’il rapporta les hadiths et les avis de son père Husayn, de son oncle Hasan, de ‘Aïsha, de Safiya et Umm Salama (les épousesdu Prophète), d’Ibn ‘Abbâs, d’Ibn ‘Umar, de Jâbir et bien d’autres Compagnons. Il était proche des avis des autres grands Successeurs de son époque tels Sa‘id Ibn Al-Musayyib, Nâfi‘, Sa‘îd Ibn Jubayrqu’il rencontrait souvent.

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De même, il fût une référence et ont rapporté ses avis, essentiellement en fiqh, beaucoup de Successeurs dont : ses deux enfants Muhammad et Zayd, Zuhrî, Yahyâ Ibn Sa‘îd, Abû Zinâd et beaucoup d’autres. Zuhrî disait de lui : « Je n’ai pas vu d’autre personne plus savante (fiqh) que lui. »

L’imam Mâlik disait de lui : « On m’a rapporté de lui qu’il accomplissait plusieurs centaines de prières par jour (la journée et la nuit) jusqu’à ce qu’il meure. Pour cela il était surnommé « la beauté des adorateurs » (zayn al-‘âbidîn). Pour tout cela, Ali Zîn Al-‘Abidîn était l’un des grands imams de Médine dans la piété, la générosité, la science du hadith, la langue arabe. Son fils Muhammad Al-Bâqir, devint après lui l’objet de toutes lesattentions à Médine. Il fut appelé Bâqir au sens de celui qui pénètre de force dans l’océan de la connaissance. Il était le dépositaire attitré de la science, du fiqh et du hadith ainsi que des lettres arabes.

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2 MUHAMMAD AL-BÂQIR Né à Médine en 57H/G , Muhammad Al-Bâqir avait juste trois ans lors de la mort de son grand-père, le martyr Husayn.

2.1 L’illustre imamL’imam Dhahabî (spécialiste en hadith et fiqh notamment), dans sonfameux livre, Tadhkiratu l-huffâdh, parle ainsi de Muhammad Al-Bâqir : « Abû Ja‘far Al-Bâqir Muhammad Ibn Ali Ibn Al-Husayn, l’imam ath-thabt, de la tribu hâshémite, des fils de Ali, de Médine, l’un desemblèmes. Il a rapporté des hadiths de son père [Ali Zayn al-‘Âbidîn], de Jâbir Ibn Abdallâh, d’Abû Sa‘îd (Al-Khudarî), d’Abdallâh Ibn ‘Umar, d’Abdallâh Ibn Ja‘far, d’Aïsha, d’Umm Salama, d’Ibn ‘Abbâs. Ont rapporté de lui les hadiths son fils Ja‘far, ainsi que ‘AmruIbn Dînâr, Al-A‘mash, Al-Awzâ‘î, Ibn Jurayj et bien d’autres… »

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Dhahabî ajoute le concernant : « Il était le maître incontesté des Hachémites en son temps ; il fut connu par le surnom Al-Bâqir au sens où les gens disent : il a éventré la science, il en connaissait la racine, ce qui était inconnu pour beaucoup... Nasâ’î et d’autres le comptent parmi les grands savants (fuqahas) des Successeurs de Médine. »

Il a rapporté des hadiths (et des dires) de la part de très nombreux Compagnons, comme ont rapporté de lui des hadiths un très grand nombre de savants parmi les Successeurs et ceux qui les ont suivis. Parmi ceux qui ont rapporté de lui des hadiths (et des dires) son fils Ja‘far, Al-Hakam Ibn ‘Utayba, Rabî‘a, Al A‘mash (األعمش), As-Subay‘î, Al-Awzâ‘î, Al-A‘raj alors qu’il était plus âgé que lui, Ibn Jurayj, ‘Atâ’ (عطاء), ‘Amru Ibn Dînâr, Az-Zuhrî.

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Ibn Kathîr dit : « Il a été nommé Al-Bâqir pour ses immenses connaissances et son pouvoir de tirer les règles juridiques. Il était ceux qui évoquaient Dieu constamment (dhâkir), pieux (khâshi‘), très patient (sâbir) et appartenait à la descendance prophétique (…). Il était grand connaisseur des pensées intimes (khatarât), il pleurait abondamment, disait beaucoup de sagesse, et s’éloignait des polémiques et conflits. »

Il avait un profond amour et respect pour les deux califes, Abû Bakr et ‘Umar morts ainsi que tous les autres Compagnons. Il disait ainsi : « Celui qui ne (re)connaît pas le mérite d’Abû Bakr et ‘Umar ignore alors totalement la Sunna. »

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2.2 SagesseIl était connu par la sagesse et l’éthique qui se dégageaient de ses paroles, visant aussi bien l’individu que la communauté. Il rapportait cette parole du calife ‘Umar Ibn Al-Khattâb : « Lorsque vous voyez le savant aimer les riches, sachez que c’est un homme de ce monde (dunyâ). Et si vous le voyez rechercher la proximité des gouvernants, sachez que c’est un voleur (liss لص). »حيب القارئ رأيتم إذا بن اخلطاب: عمر قال يقول: عيل، حممد بن سمعت يزيد: بن وقال خالد

لص. فهو يلزم السلطان فهو صاحب الدنيا، وإذا رأيتموه األغنياء

Il dit à son fils : « Fais attention à la paresse et à la colère (dajar). En effet, si tu paresses, tu ne rendrais aucun droit, et si su te mets en colère tu n’aurais aucune patience pour [obtenir] ton droit. »

حقا، وإن تؤد مل إذا كسلت إنك خبيثة، كل مفتاح فإهنام والضجر والكسل وقال البنه: إياكحق. عىل مل تصرب ضجرت

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Il a dit aussi : « Celui à qui été donné le bon comportement et la douceur, il lui alors été donné le bien et le repos, son état serait bien ici-bas et dans l’au-delà. Et celui qui en est dépourvu, cela serait une voie pour tout mal et épreuve sauf pour celui que Dieu préservera. »

وآخرته، ومن حرمهام دنياه يف حاله وحسن والراحة، أعطي اخلري فقد اخللق والرفق أعطي مناهللا. رش وبلية إال من عصمه كل إىل كان ذلك سبيال

S’adressant à son fils, il lui dit : « Ne prends pas pour compagnon un immoral débauché (fâsiq فاسق), il te vendra pour une bouchée de nourriture ou moins encore. Ne prends pour compagnon l’avare, il te coupera de ses biens au moment où tu en auras le plus besoin. Ne prends pour compagnon un menteur, car il est pareil à un mirage, il rapprochera de toi l’éloigné et éloignera de toi le proche. Ne prends pas pour compagnon un débile, il voudra t’être utile et te portera préjudice. Ne prends pas pour compagnon celui qui a rompu ses liens familiaux, je l’ai trouvé maudit dans le livre de Dieu. »

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البخيل، تصحبن وال يناهلا. ال ثم فيها ع م يط ام دوهنا، ف ة ل ك بأ ك بن فاسقا فإنه بائع ح تص ال بني يابعد عنك ي الرساب، بمنزلة كذابا فإنه تصحبن وال إليه. كنت ما ج و أح ماله يف بك يقطع فإنهوال تصحبن ك. ينفعك فيرض أن يريد فإنه أمحقا، تصحبن منك البعيد. وال ب ر ق وي القريب

اهللا. كتاب يف ملعونا ه وجدت فإين ، م ح ر قاطع

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3 L’IMAM ZAYD

3.1 Zayd, jeunesse et éducationL’imâm ‘Ali Zayn Al ‘Âbidîn a eu plusieurs enfants, dont deux (ils ne sont pas de la même mère) qui hériteront spécialement sa science et sa sagesse : Muhammad Al-Bâqir et Zayd. Entre ces deux enfants, il se passera vingt-trois d’années, de sorte que le fils de Muhammad Al Bâqir, Ja‘far (surnommé As-Sâdeq) naîtra la même année (80H/699) que son oncle Zayd. Ils grandiront ensemble et s’abreuveront aux mêmes sources, celle de l’imâm ‘Ali Zay Al ‘Âbidîn (grand-père et père). Zayd apprendra aussi auprès de l’imâm Muhammad Al-Bâqir, son plus grand frère.

Ses maîtresD’abord apprendre auprès de son père. Il va aussi fréquenter les différents cercles de la mosquée du Prophète Muhammad (a) à Médine.

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Il commencera, comme la majeure partie des enfants de son milieu, par la mémorisation du Coran. Il s’y intéressera tellement qu’il deviendra la référence dans les lectures du Coran. Il s’intéressera aussi au hadith, et plus spécifiquement les hadithsrapportés par l’illustre lignée alide : Ali Zayn Al ‘Âbidîn rapporte de Husayn qui rapporte de Ali Ibn Abî Tâlib qui rapporte que le Prophète a dit… ; Zayd a quatorze ans lorsque son père meurt en 94H. Il s’attachera alors au cercle de son grand frère Muhammad.Alors que son père, son frère et les autres membres de la famille alide, depuis la tuerie sanglante de l’imâm Husayn, avaient toujours refusé de quitter Médine de leur plein gré, sauf pour aller au pèlerinage à La Mecque, et s’étaient éloignés des affaires et discussions politiques, Zayd, quant à lui, va se déplacer vers les autres foyers de sciences, en particulier en Irak, à Kûfa et Basra. Il se déplaça aussi dans les villes de la péninsule arabique, s’asseyant auprès de savants divers et reconnus.

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L’imâm Abû Hanîfa témoigne par ces belles paroles : « Je voyais Zayd Ibn ‘Ali, et je n’avais connu, en son temps, un homme plus versé dans les sciences islamiques comme lui, pas de personnes plus rapides que lui dans ses réponses, ni de plus éloquent. Il n’avait point de pareil. »

3.2 Zayd et l’objet politique

3.2.1 Le harcèlement et la provocationMais l’imâm Zayd, devenu célèbre par sa science et ses connaissances, et se déplaçant de ville en ville, en Arabie, Irak et Syrie, va intriguer le pouvoir oméyade et va attirer l’attention du pouvoir central sur.

En effet, en ces années du califat oméyade de Hishâm Ibn ‘Abdalmalik (105-125H/723-742) le pouvoir oméyade avait lancé partout des espions pour suivre les pas et activités des savants alides, en particulier Zayd devenu imâm reconnu par ses pairs, ainsi que les activités des groupes shiites clandestins.

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Le calife oméyade Hishâm va développer, face aux alides et à Zayd en particulier, des politiques de division et de harcèlement. Le gouverneur de Médine chargea des jeunes dévoyés aux fins del’importuner et de l’insulter. Mais l’imâm Zayd refusa d’entrer dans les polémiques et ne répondit mot aux insultes. Les différents gouverneurs des villes et provinces vont le harceler et limiter ses déplacements et prises de paroles dans les mosquées. Excédé, Zayd prit la décision d’aller se plaindre auprès du calife, Hishâm. Une fois arrivé, il demanda audience. Hishâm la lui refusa. L’imâm Zayd écrivit alors une lettre demandant audience. Le calife lui répondit sur la même feuille : « Reviens à ta demeure à Médine. ». L’imâm insista. Finalement, le calife le reçut. Il ne lui demanda pas de s’asseoir. L’imâm s’assit là où il trouva une place, et dit : « Ô émir des croyants, il n’y a pas de personnes qui puisse être orgueilleux face à la crainte de Dieu, comme il ne peut y avoir de personnes qui puisse être en dessous de la crainte de Dieu. » Le calife ne le laissa pas terminer sa parole. Il lui dit : « J’ai été informé que tu contestais mon califat ? »

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Zayd lui répondit : « Ce n’est pas vrai. » Le calife lui dit : « Pourtant les informations sont pour moi véridiques. » Zayd lui dit : « Voudrais-tu que je jure par Dieu ? » Le calife lui dit : « Je ne te croirai pas. » Zayd dit alors : « Dieu n’élève point celui à qui on jure par Dieu et qui ne le croit pas. » Il lui dit alors sèchement : « Tais-toi, toi qui n’a pas de mère. C’est toi dont la personne veut me disputer le califat ? Alors que tu n’es que le fils d’une esclave ! » L’imâm Zayd lui répondit alors posément : « Il n’y a pas d’être humain plus proche de Dieu, ni plus élevé auprès de Lui comme le Prophète Muhammad (a). Alors que le prophète Ismaïl était lui-même fils d’esclave et son frère fils de femme libre. Dieu l’a alors élu[Ismaïl], et a fait sortir de lui le meilleur des hommes [Muhammad]. Alors que serait-il celui dont le grand-père est justement le Prophète de Dieu, et son autre grand-père Ali Ibn Abî Tâlib. » Le calife en colère lui dit alors d’un ton insultant : « Sors ! » L’imâm Zayd lui répondit alors : « Je sors, mais tu ne verras dorénavant de moi que ce que tu détestes ! »

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L’imâm Zayd prit la décision de se rebeller contre le calife oméyade et de lever une armée pour ce faire. Il se déplaça alors secrètement en Irak. Il était épié par les sbires du calife oméyade qui suivaient ses moindres gestes et faits. Arrivé à Kûfa il fut accueilli par plusieurs groupes. En tout, environ 40’000 personnes firent le serment de lesuivre et de l’obéir.

3.2.2 La bataille et le martyreLe gouverneur prépara une armée de 40’000 hommes. C’est alors que commença la trahison des hommes de Kûfa et des environs, encore une fois. Ibn Kathîr rapporte : Ils lui dirent : « Que penses-tu de Abû Bakr et ‘Umar ? » Il leur répondit : « Dieu leur pardonne. Je n’ai point entendu quelqu’un de ma famille dire du mal d’eux. Et moi aussi, je ne dirai aucun mal d’eux ! » Ils dirent : « Mais alors, pourquoi demandes-tu de venger le sang de la famille alide ? » Il répondit : « Tout ce que je peux dire concernant ces deux Compagnons est que Ali était plus en droit d’être élu calife.

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Mais la population les a choisis et nous a éloignés du califat, pour cause d’utilité publique. Et tout ceci est très loin de la mécréance. Ils ont été choisis, ont gouverné, ont été équitables et ont mis en pratique le Coran et la Sunna ! » Ils rebroussèrent alors chemin, refusèrent de le suivre, renièrent leur parole.L’imâm Zayd se retrouva avec une armée bien affaiblie, avec en face de lui, l’armée oméyade bien préparée au grand choc, qui va le contraindre à débuter le combat bien avant la date prévue d’environ un mois. Il se retrouva, au final, avec une armée de quelques 400hommes, alors que de la ville de Kûfa seulement, 15’000 personnes lui avaient prêté allégeance. Il comprit alors la trahison encore une fois répétée, des hommes de Kûfa vis-à-vis de leur engagement.Même si les hommes de l’imâm Zayd purent faire trembler quelques heures une aile de l’armée oméyade en en tuant quelque soixante-dix personnes, mais l’issue de la bataille était déjà tracée.Le deuxième jour de la bataille, l’imâm fût touché au front par une flèche. En voulant l’enlever, l’imâm mourut.

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3.3 Quelques traits caractéristiques de l’imâm Zayd

3.3.1 Sa scienceMalgré une vie courte (42 années hégiriennes), ses contemporains reconnaissaient sa science très vaste. Son cousin ‘Abdallâh Ibn Al-Hasan disait de lui : « Je n’ai vu parmi nous ni parmi les autres plus savant que Zayd. » Il semblerait qu’il y ait consensus parmi tous les savants de l’époque, et selon leurs diversités, pour reconnaître en l’imam Zayd un imam incontesté dans sa science, son intelligence et sa probité.

3.3.2 Le verbe arabe, l’éloquenceIl avait hérité cela aussi de son premier arrière-grand-père paternel ‘Ali Ibn Abî Tâlib, l’un des Compagnons les plus éloquents, et surtout de son arrière-grand-père maternel le Prophète Muhammad (a) lui-même. L’éloquence visée ici n’est point seulement la beauté des mots et des phrases, mais inclut aussi la concision et la densité de sens.

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3.3.3 La sincéritéCette sincérité était mue par une grande crainte de Dieu qui transparaissait sur son visage, ses paroles et ses gestes. L’un de ses contemporains le décrivait ainsi : « Lorsque je rencontrai Zayd Ibn ‘Ali, je voyais des rayons de lumière sur son visage. »« Lorsque je suis arrivé à Médine, à chaque fois que je demandai aux gens après l’imâm Zayd, l’on me répondait invariablement : oui, le partenaire (halîf al-qur’ân) du Coran ! » Et lui-même disait de lui : « Zayd, le fils de ‘Ali Zayn Al ‘Âbidîne,n’a jamais transgressé d’ordre divin, depuis qu’il a pu discerner sa main droite de la gauche ! »

3.3.4 Le courageLe deuxième trait fondamental dans les qualités de l’imâm Zayd est son courage, lui aussi hérité de son grand-père le calife Ali. Courage moral et politique d’abord. Courage sur le champ de bataille.

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3.4 L’imâm Zayd et les shiites

3.4.1 La doctrine shiite sur l’imamatLa doctrine shiite des duodécimains (ithnâ ‘ashariya), du point de vue politique, repose sur les éléments suivants :

• Alors que pour les sunnites, l'imâm n’a pour fonction que de diriger la prière, et donner des avis religieux avec l’effort d’ijtihâd, pour les shiites, au contraire, l’imâm a une fonction autrement plus importante, doctrinale. Selon eux, l’imamat est un concept qui participe de la foi, au même titre que la croyance en Dieu.

• Pour les shiites, l'imâm représente l’unique source d’autorité spirituelle, temporelle et politique pour la communauté musulmane dans son ensemble. Cette autorité lui est confiée pardécret divin, et détient des pouvoirs miraculeux ainsi qu’une connaissance de l’invisible, comparable (ou presque) à celle de Dieu. L’imâm est à leur yeux un être infaillible, qui représente le lien indispensable entre Dieu et les hommes. L’obéissance due à l’imâm doit être totale.

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• Le Compagnons Ali Ibn Abî Tâlib, selon eux, a été choisi nominalement par le Prophète (a) pour la fonction d’imâm suprême de la communauté, et non point seulement par signalement.

• Abû Bakr et ‘Umar n’avaient pas le droit, selon eux, de prétendre au califat, et ont donc usurpé, aux dépens de Ali, le pouvoir suprême.

• Le calife ne peut se faire par élection (choix), mais par hérédité au sein de la famille alide selon un ordre bien établi, cela procédant de la fonction même d’imamat.

• À ce titre, l’imâmat est héréditaire et se transmet du père au filsaîné. Selon eux, l’imâmat est une institution divine, et personne ne peut s’arroger le droit de modifier l’ordre de succession définipar Dieu.

• Aussi bien Ali que ses onze descendants (de Fâtima à travers Husayn) sont infaillibles dans leurs actes et pensées.

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• Il y a, avec l’imâm Ali, onze autres imâms, tous descendants de Husayn (pour les duodécimains). Le douzième et dernier imâm a été occulté.

• Cet imâm occulté et attendu (mahdi muntadhar), encore vivant aujourd’hui, apparaîtra à la fin des temps aux fins de rétablir lavérité, combattre le mal.

3.4.2 Le point de vue de l’imam ZaydIl entreprit alors de les réfuter et de corriger ces déviations qui plus est, se faisaient au nom de son père, de son frère et de lui-même. Il déclara haut et fort son attachement à Abû Bakr et Umar en attestant leurs faveurs et qualités, et reconnaissant leurs califats. De même il déclara que le califat, au sens de la direction politique des musulmans, ne saurait être monopolisé par les descendants de Ali exclusivement, même si ces derniers (appartenant à l’une des deux branches, c’est-à-dire celles de Hasan et Husayn) ont sa faveur personnelle, mais sans pour autant que cela soit fermée sur eux.

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L’imam Zayd professe qu’Abû Bakr et ‘Umar sont des califes reconnus et justes, même s’il aurait été préférable qu’Ali les devance dans cette fonction. Il exposa aussi clairement son refus de considérer l’infaillibilité des imâms, alides compris. L’imâm Zayd refusait toute idée d’occultation, l’imâm ne pouvant exister que s’il appelait les gens à lui, et qu’il soit donc visible. Cela l’amena à nier l’existence d’un imâm alide occulté à attendre, le Mahdi muntadhar.

3.4.3 Après la mort de l’imam ZaydAprès la mort de l’imam Zayd, ses idées vont être reprises par son filsYahyâ (né en 97H) qui rependra, avec son frère, la rébellion contre les Oméyades au Khorasân et mourra lui aussi en martyr (126H). Un grand nombre des disciples de l’imam Zayd vont poursuivre sa voie dans la clarté des idées exprimées.

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Pourtant, malgré la vigueur des idées de l’imâm Zayd, d’autres disciples, après sa mort, vont s’opposer à lui sur des points non négligeables. L’école zaydite aura ceci de particulier qu’elle se subdivisera en plusieurs sous-écoles entre lesquelles des divergences importantes existeront, mais toutes se considérant appartenant au même héritage zaydite.

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3.5 Usûl fiqh chez l’imâm Zayd

1. Le Coran, puis la Sunna, cette dernière se divisant en deux catégories, le hadith mutawâtir et le hadith âhâd. Ce dernier n’arrivant qu’après le Coran et le mutawâtir.

L’école zaydite accepte le hadith mursal s’il est rapporté par un Successeur savant digne de confiance.

2. Les paroles (authentiques) attribuées à l’imâm Ali Ibn Abî Tâlib sont considérés par l’imâm Zayd comme faisant partie de la Sunna, pour autant qu’il ait la conviction que ce ne sont pas des efforts d’interprétation, et qu’elles ne contredisent pas les paroles prophétiques.

Et en cas d’absence du texte, les méthodes employées par l’imâm Zayd et son école sont les suivantes, dans l’ordre :

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3. Le consensus des savants (ijmâ‘). Pour l’école zaydite, il existe deux types de consensus, le premier passant avant le second :• Le consensus des savants de la famille alide.• Le consensus des autres savants. Ainsi ce dernier consensus,

valable chez les autres imams, est aussi valable chez eux et le reconnaissent ainsi.

4. L’avis des compagnons du Prophète Muhammad (a). L’école zaydite distingue plusieurs cas :• Si, sur une question, il y a consensus des Compagnons, alors cet

avis est à prendre d’abord par le fait que c’est un consensus.• S’il n’existe que deux avis des Compagnons, il y a obligation

de considérer l’un des deux avis comme avis à prendre et le suivre.

• S’il y a des avis divers des Compagnons sur la même question, alors ces avis ne constituent pas une règle obligatoire à suivre. Liberté est donc laissée pour les prendre en compte ou non.

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• Et dans tous les cas, si l’avis est celui de Ali Ibn Abî Tâlib, alors l’avis de ce dernier est prépondérant.

5. Utilisation de l’analogie qiyâs. Dans ce concept, l’école zaydite comprenait les trois éléments suivants :• le qiyâs proprement dit,• le principe de l’istihsân (le convenable), • et le principe de l’utilité publique (maslaha).

6. Le principe de continuité (istishâb), comme dans les autres écoles.

7. La raison (al-‘aql العقل) : et donc permettre et/ou ordonner le bien, et interdire le mal tels qu’ils sont appréhendés par la raison pure.

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3.1 Expansion de l’école zayditeUn certain nombre de facteurs se sont conjugués pour faciliter la grande expansion géographique et temporelle de l’école jurisprudentielle zaydite. Parmi ces facteurs :

• Un grand nombre de savants, dont la majorité sont des descendants de la famille alide, ont fertilisé l’école par de grands efforts d’interprétations.

• Paradoxalement, la répression oméyade contre l’imam Zayd et ses disciples va faire que ces derniers qui étaient restés encore en vie, vont se disperser dans les régions musulmanes diverses et vont y implanter l’école.

• Un des petits-enfants de Hasan Ibn ‘Ali, Al Qâsim Ibn Ibrâhîm Ar Rassi (né en 170H, près de Médine) a marqué l’école zaydite par la qualité et la puissance de ses efforts d’interprétation. Il est aussi connu par la proximité de ses avis avec ceux de l’école hanéfite. C’est l’une des tendances de l’école zaydite qui est laplus répandue au Yémen.

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Ainsi l’école se retrouve au Yémen (surtout le nord et les montagnes), en Irak, en Arabie (près de Médine), dans les contrées est et nord de l’Iran (Tabaristan, Daylam, Gilân…)

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IMAM JA‘FAR AS-SADEQ

80-148H / 699-765 (68 ans)

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Du côté de son père, il appartient à la branche du Prophète (a), et du côté de sa mère, à la branche du Calife Abû Bakr doublement !

L’imam Dhahabî : « Ja‘far Ibn Muhammad Ibn Ali fils du martyrHusayn fils d’Ali Ibn Abî Tâlib, l’imam, de la famille alide, As-Sâdeq, un des maîtres emblèmes... il disait : ‘Je suis le fils d’Abû Bakr pardeux fois.’ Il a rapporté des hadiths et paroles de son grand-père Al-Qâsim, de son père Abû Ja‘far Al-Bâqir, de ‘Ubayd-Allâh, de ‘Urwa Ibn Zubayr, de ‘Atâ’ (عطاء), de Nâfi‘ et de beaucoup d’autres. Ont rapporté de luiMâlik, les deux Sufyân, Hâtim… et beaucoup d’autres personnes… Abû Hanîfa dit de lui : ‘Je n’ai pas vu plus savant que Ja‘far Ibn Muhammad.’ (…) Il est rapporté que Ja‘far donnait de son argent jusqu’à ce qu’il n’en laisse plus rien à sa famille. Les qualités de cet homme noble sont très abondantes... »

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1. EDUCATIONIl verra quelques années son grand-père Ali Zay Al-‘Âbidîn auprès duquel il apprendra beaucoup de choses. Après la mort de son grand-père, ce sera son père le savant et imam Muhammad Al-Bâqir qui prendra la relève dans son éducation.

Il grandira dans la sainte ville de Médine, le foyer de la science. Si, par égard à sa noble ascendance, il consacrera du temps aux hadiths et connaissances transmises par la lignée alide, il ne se privera pas des autres fuqahas, comme l’exceptionnel Shihâb Zuhrî, l’un des grands maîtres de Médine et de l’imam Mâlik en particulier. L’imam Zuhrî avait des liens très forts avec la famille alide à Médine, en particulier avec l’imam Zayd qui était du même âge que Ja‘far. Ja‘far va aussi se mettre à l’école de son grand-père maternel dont il prendra beaucoup de choses; Al-Qâsim mourra en 108H, Ja‘far avait alors 28 ans.

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2. L’IMAM JA‘FARJa‘far s’imposa rapidement, non seulement à Médine, mais dans toutes les contrées musulmanes. Abû Hanîfa raconte que le calife abbasside Al-Mansûr lui demanda de rédiger un certain nombre de questions épineuses à poser à l’imam Ja‘far, ce qu’il fit :« Je suis entré et j’ai trouvé l’imam Ja‘far assis à la droite du calife. Lorsque je l’ai regardé, une grande timidité me prit au vu de l’autorité morale et du très grand respect que dégageait sa personne, chose que je n’avais jamais éprouvé face au calife Al-Mansûr. Je l’ai alors salué, il me répondit et je me suis assis. Le calife, se tournant vers Ja‘far lui dit : “Voici Abû Hanîfa”. Puis il se tourna vers moi et me dit : “Ô Abû Hanîfa, pose à Abû Abdallah (c’est-à-dire Ja‘far) des questions”. Je lui ai alors posé des questions, et il me répondait en disant : “Chez vous, vous répondez par telle chose, les Médinois disent plutôt telle autre chose, quant à moi, voici mon avis”. Parfois il était du même avis qu’une autre école, mais parfois, il avait un avis complètement différent des autres écoles. Jusqu’à ce que j’ai posé quarante questions. À la fin je lui dis : “Le plus savant des gens estcelui qui connaît les divers avis et le pourquoi des différences. »

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Ibn Taymiya rapporte de lui cette description selon l’imam Mâlik : « Je voyais très souvent. Il plaisantait beaucoup et souriait beaucoup. Mais lorsqu’on faisait mention près de lui du Prophète, son teint devenait pâle. Je ne l’ai jamais vu réciter (à son auditoire) des hadiths sans qu’il ne soit en état d’ablutions. J’allai très souvent [à son cercle] durant un temps, et je ne le voyais que dans l’une de ces trois positions : en état de prière, ou en jeûne ou lisant le Coran. Il ne parlait jamais de ce qui ne le regardait pas. Il était parmi les savants et les adorateurs qui craignaient Dieu. »

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3. LES MENSONGES SUR L’IMAM JA ‘FARL’imam Ja‘far fut celui des alides sur lequel s’est concentré le plus de mensonges alors qu’il en était innocent. Ibn Taymiya dit ainsi : « Abû ‘Abdarrahmân rapporte dans son livre, Les vérités de l’exégèse, des paroles attribuées à Ja‘far Ibn Muhammad et ses semblables des paroles que toute personne de connaissance sait que ce ne sont que pures mensonges. En fait, la quantité de mensonges dites sur Ja‘far est la plus grande dite sur aucune autre personne, parce qu’il était un homme de science et de piété, ce dont l’a distingué Dieu. Il était lui et son père Abû Ja‘far, et son grand-père Ali Ibn Al-Husayn parmi les plus grands imams par leur connaissances et leur piété. Il n’y a pas eu, dans la famille alide, après Ja‘far de pareil que lui. Beaucoup de menteurs et d’innovateurs se sont appropriés son nom en lui faisant porter la paternité de leurs paroles...»

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3.1. Le grand mensonge du JafrParmi les quatre grands livres shiites qui composent l’essentiel des hadiths et des avis jurisprudentiels shiites, il faut citer spécifiquementcelui de Kulaynî, Al-Kâfî. Cet auteur a raconté énormément de mensonges sur l’imam Ja‘far. Le premier d’entre eux est la soi-disant connaissance de l’imam Ja‘far du Jafr. Le Jafr, selon Kulaynî et les grands auteurs shiites, est ce legs qu’aurait laissé le Prophète (a) à Ali en exclusivité et que les descendants de Ali, à travers Husayn, se sont transmis. Selon Kulaynî, le livre du Jafr contient la Thora de Mûsâ, les Évangiles de Jésus, les sciences des premiers prophètes et des premiers savants israélites. Il contiendrait aussi la connaissance du passé et du futur. Et selon Kulaynî et les autres, il n’y a que les imams alides qui, en se le transmettant, pouvaient le lire. Et que ce livre avait été révélé par l’archange Jibril de la part de Dieu sur Muhammad afin qu’il le transmette à Ali.

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La réfutation du Jafr• Qui peut prétendre connaître le futur hormis Dieu. Même le

Prophète (a) n’avait pas cette prétention ! • La majeure partie des sources donnant à l’imam Ja‘far la

connaissance du jafr provient de Kulaynî. Or ce dernier est un menteur invétéré.

• Le jafr est une tentative d’asseoir certaines croyances shiites dont sont innocents tous les descendants alides, comme celle sur l’infaillibilité des imams, l’occultation du douzième imam (Kulaynî dit effectivement que l’imam Ja‘far aurait dit que le douzième imam serait occulté !), la réincarnation (sélective) et autres croyances extra-ordinaires !

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3.2. La science et la sagesse de l’imam Ja‘farL’imam Ja‘far éloignera de lui tous ceux qui portent ces maux, et parmi eux très nombreux, ceux qui se réclamaient du shiisme et qui n’avaient aucun comportement respectueux envers les deux premiers califes et les autres Compagnons et qui répandaient les pires mensonges. Il a, au contraire, rapproché de lui les gens pieux et les savants tels les imams Mâlik et Abû Hanîfa en particulier, mais d’autres grands savants aussi. Son cercle comprenait aussi beaucoup d’étudiants et de disciples.Sufyân Thawrî, le grand spécialiste du hadith de l’Iraq était allé voir l’imam Ja‘far. Il s’assit, mais ce dernier méditait et resta un long silencieux. Sufyân lui dit : « Je ne partirai pas de chez toi sans que tu me dises quelques mots. » L’imam Ja‘far lui dit alors : « Je te dirais quelques mots, Ô Sufyân, lorsque Dieu te gratifie de quelque bien,et que tu voudrais que ce bienfait soit pérenne et dure longtemps, alors loue Dieu et remercie-Le pour ce bienfait, car Dieu le Très Haut dit : “Si vous êtes reconnaissant, J’augmenterai ma grâce.”

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Et si tu a des difficultés financières, alors ne cesse pas de demanderpardon à Dieu (istighfâr) ; en effet Dieu dit : “Implorez le pardon de votre Seigneur, il est Plein de mansuétude ! Il vous enverra du ciel des pluies abondantes, accroîtra vos richesses et le nombre de vos enfants…” Ô Sufyân, si quelque chose, de la part d’un gouvernant ou d’autre chose, t’attriste, alors dis le plus grand nombre de fois la formule :“Il n’y a de force et de mouvement que de Dieu”. C’est la clé du soulagement, un des trésors du Paradis. » Sufyân le salua, main dans la main, et dit : « Trois choses, et quelles trois ! »

Mâlik s’était très souvent assis dans son cercle comme étudiant et a pris de lui nombre d’éléments de hadiths et de fiqh, que nousretrouvons dans le Muwatta’.

De même l’imam Abû Hanîfa, malgré le fait qu’ils avaient pratiquement le même âge, s’était assis dans son cercle pour apprendre auprès de lui, et avait rapporté de lui nombre de hadiths prophétiques.

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Une vingtaine de hadiths de sa part sont rapportés par Mâlik.Le hadith fondateur du hajj chez l’imam Muslim (2137) est rapporté par Ja‘far.

3.3.La formule ‘alayhi salâm pour Fâtima, Ali et leurs enfantsConcernant la formule ‘alayhi salâm appliquée pour Fâtima, et ses enfants, nous la retrouvons chez nombre de savants musulmans anciens et contemporains. Ainsi chez Bukhârî (exemples) : Bukhârî (4942).

يدها يف تلقى وسلم تشكو إليه ما اهللا عليه صىل أتت النبي عليهام السالم فاطمة أن عيل حدثناالرحى... من

Bukhârî (2861).

قال عليا أن أخربه عليهام السالم بن عيل أن حسني احلسني عيل بن أخربين قال الزهري عنيوم بدر... من املغنم من نصيبي شارف يل كانت

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4. JA‘FAR ET LA POLITIQUEL’imam Ja‘far ne s’est pas engagé politiquement.Lorsque les Abbassides prirent le pouvoir, il avait pensé, comme beaucoup d’autres savants et des pieux, que ceux-ci arrêteraient l’injustice qui s’abattait sur la famille alide, d’autant plus que les Abbassides avaient pris prétexte justement de cette injustice et qu’ils se réclamaient de la même ascendance. Mais les Abbasides firent comme les Oméyades, sinon plus, dans lesépreuves que vont subir les descendants de l’imam Ali. Ils vont notamment sévir très sévèrement contre Muhammad fils de‘Abdallâh fils de Hasan, appelé Muhammad An-Nafs Az-Zakiyya à Médine, et Ibrâhîm son frère qui a pris la tête de la rébellion en Iraq. Le premier fut tué à Médine de manière atroce, et le second en Iraq. Là ne s’arrêta pas la folie sanguinaire de Al-Mansûr, il s’en prit à leur père Abdallah, grand savant, très vieux et très respecté et l’un des cheikhs de Abû Hanîfa et l’emprisonna jusqu’à la mort.Malgré le fait qu’il ait isolé la politique, il était l’objet de doute et d’une forte surveillance de la par du calife Al-Mansûr.

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Lors des préparatifs des révoltes de Muhammad Nafs Zakiyya et de son frère Ibrâhîm, Al-Mansûr fit convoquer l’imam Ja‘far sousl’inculpation qu’il rassemblait la zakât des croyants et la donnait à ses cousins pour leur révolte. En entrant dans la cour à Baghdad, Al-Mansûr lui dit : « Ô Ja‘far Ibn Muhammad, où va tout cet argent que rassemble pour toi Al-Mu‘lâ Ibn Khanîs ? » L’imam lui répondit : « Par Dieu, je n’ai rien demandé à personne ! » Al-Mansûr lui dit : « Tu jures par le divorce ? » L’imam lui dit : « Je jure par Dieu que je suis innocent de cette accusation ! » Le calife lui dit : « Non tu jures par le divorce ! » L’imam lui dit : « Comment ? Ne te suffis-tu pas de maparole par Dieu avec Lequel n’existe aucune divinité ? » Le calife lui dit : « Ne me parle pas de fiqh ! » Et l’imam de lui répondre : « Et si moi, je ne parle pas de fiqh, qui d’autre alors le ferait ? » Le calife lui dit : « Laisse tomber tout cela. Je fais venir à l’instant cet homme aux fins de te confronter avec lui. » L’homme vint entre des soldats. Ils le questionnèrent en présence de l’imam Ja‘far s’il récoltait la zakât pour l’imam Ja‘far. L’homme

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dit : « Oui, c’est vrai ! Et celui-là c’est Ja‘far Ibn Muhammad sur lequel j’ai dit telle et telle chose. » L’imam Ja‘far lui dit : « Es-tu prêt à jurer que ce que tu as dit sur moi est vrai, en disant : Je me dégage du mouvement et de la force de Dieu et je reviens à mon mouvement et ma force que je suis sincère dans ce que j’ai dit ? » Le calife dit à l’homme : « Jure comme te le demande Abû Abdallah (l’imam Ja‘far). » L’homme jura alors comme le lui a demandé de faire l’imam. À peine avait-il fini de dire la formule qu’il fut prispar un tremblement et qu’il tomba raide mort ! Le calife lui-même prit peur de ce qu’il avait vu et trembla de tout son corps et dit à l’imam Ja‘far : « Ô Abû Abdallah, si tu veux rejoindre la ville de ton grand-père, tu peux le faire quand tu veux, et si tu veux rester auprès de nous, nous saurons t’honorer comme il se doit. À partir d’aujourd’hui, je n’accepterai ni n’entendrai plus aucune parole racontée sur toi. »

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5. SES QUALITÉSSa générosité était exemplaire à l’instar de son grand-père Ali Zayn Al-‘Âbidîn, des ascendants ali Ibn Abî Tâlib et bien sûr du Prophète (a). il avait appris d’eux cette valeur islamique suprême : le partage. Souvent, il réglait les différents financiers entre des personnes endonnant au prétendant ce qu’il demandait à l’autre. Il disait à cette occasion :« L’acte de bien (ma‘rûf) ne sera parfait que par trois choses : le faire rapidement, le considérer modeste, le protéger de la vue des gens (sans ostentation). »Son grand-père Ali Zayn Al-‘Âbidîn était connu par cette générosité sans limite, mais surtout cachée des yeux des gens. Beaucoup de personnes de Médine recevaient qui de l’argent, qui de la nourriture, sans en connaître l’origine. Ce n’est qu’à sa mort et que ces dons eurent cessé qu’ils devinèrent leur origine.

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6. AVIS DE L’IMAM JA‘FAR

6.1. Ses sources jurisprudentiellesSes avis jurisprudentiels reposaient sur sa méthode pour inférer les règles juridiques. Cette dernière reposait sur les éléments suivants :

• La première source est le Coran, parole Dieu révélée.• La deuxième source est la Sunna. Pour lui ainsi que les savants

alides, la Sunna ne comporte pas seulement les hadiths relevés et rapportés par la chaîne alide, mais par tous les Compagnons.

• S’il n’y a pas de texte concernant une question, il préférait ne pas utiliser le qiyâs (analogie) mais plutôt le principe d’utilité publique (maslaha) qui était très utilisé à Médine, et qu’on appelait aussi ar-ra’y الرأي, c’est-à-dire l’opinion issue du raisonnement intellectuel.

• Il prenait aussi comme autre source de législation le consensus (ijmâ‘ ).

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TABLE DES MATIÈRES

L'IMAM ABÛ HANÎFA 3INTRODUCTION 31. ABÛ HANÎFA, ÉTUDIANT 5

1.1. Sa jeunesse et sa formation . 51.2. Vers le fiqh . 71.3. Dans l’arène de la science et du fiqh . 91.4. Avec son maître Hammâd Ibn Abî Sulaymân . 12

2. ABÛ HANÎFA, LE MAÎTRE ET L’ÉDUCATEUR 133. QUELQUES TRAITS DE L’IMAM ABÛ HANÎFA 17

3.1. Sa vie de tous les jours . 203.2. Ses opinions politiques . 22

4. LE FIQH DE L’IMÂM ABÛ HANÎFA 254.1. Sa méthodologie . 254.1. Abû Hanîfa et le hadith . 284.2. Quelques traits saillants du fiqh de l’imâm Abû Hanîfa . 30

5. DIFFUSION DE L’ÉCOLE HANAFITE 335.1. Ses disciples . 335.2. Diffusion de l’école hanéfite . 35

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IMÂM MÂLIK 371. MÂLIK ÉTUDIANT 38

1.1. Sa quête des connaissances . 391.2. Auprès des maîtres . 411.3. Ses premières préoccupations scientifiques 46

2. MÂLIK LE MAÎTRE 473. PERSONNALITÉ DE L’IMÂM MÂLIK 51

3.1. Quelques unes de ses qualités 524. L’IMAM MÂLIK ET LE POUVOIR EN PLACE 54

4.1. Mâlik et le pouvoir central : l’épreuve 555. QUELQUES AVIS SPÉCIFIQUES DE L’IMÂM MÂLIK 586. LES FONDEMENTS (usûl) UTILISÉS PAR MÂLIK 61

6.1. Les sources scripturaires et apparentées 616.1.1. Le Coran 616.1.2. La Sunna 626.1.2.3. L’avis du Compagnon 666.1.2.4. La problématique du hadith âhâd chez Mâlik 67

6.2. Les sources secondaires 696.2.1. Le consensus (ijma‘) 696.2.2. Le raisonnement par l’analogie (qiyâs) 696.2.3. Le principe du convenable istihsân 706.2.4. Le principe de l’intérêt public (maslaha) 706.2.5. Le principe de prévention : sad ad-darâ’i‘ 726.2.6. Autres sources 73

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7. SES ŒUVRES ET L’EXPANSION DE SON ÉCOLE 747.1. Ses oeuvres 747.2. Les disciples de l’imâm Mâlik 757.3. Expansion de l’école mâlikite 76

IMÂM SHÂFI‘Î 771. SHÂFI‘Î ÉTUDIANT 78

1.1 L’appel de la science 791.2 Chez l’imâm Mâlik 80

2. SHÂFI‘Î ADULTE 822.1 Ses premières fonctions gouvernementales 822.2 Le retour de l’imâm Shâfi‘î à la science 842.3 À La Mecque, l’ijtihâd 852.4 Le retour à Baghdad : la fondation de l’école 872.5 Le séjour en Égypte : la célébrité et la mort 88

3. L’IMÂM SHÂFI‘Î 893.1 Le savoir de l’imâm Shâ ‘î 893.2 Les qualités de l’imâm Shâfi‘î 913.3 Le fiqh de l’imâm Shâfi‘î 943.1 Les ouvrages de l’imam Shâfi‘î 95

3.1.1 Al-Umm 953.1.2 Ar-Risâla 95

4. LES SOURCES DU FIQH DE L’IMÂM SHÂFI‘Î 964.1 L’énoncé des sources et leur hiérarchie 964.1 La problématique du hadith chez Shâfi‘î 97

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4.1.1 La défense du hadith chez Shâfi‘î 974.2.2 Le hadith âhâd chez Shâfi‘î 98

4.3 Le consensus (ijmâ‘) chez l’imâm Shâfi‘î 984.4 L’avis des Compagnons 994.5 Le raisonnement par l’analogie (al qiyâs) 1004.6 Les autres sources 100

5. L’ÉCOLE SHÂFI‘ÎTE 1015.1 Les deux temps de l’école shâ ‘ite 1015.2 Les grands savants de l’école 1025.3 L’expansion de l’école shafiite 1035.4 Quelques citations de l’imâm 103

IMAM AHMAD IBN HANBAL 1061. CONTEXTE HISTORIQUE 1082. LE JEUNE AHMAD 109

2.1 Naissance et éducation 1092.2 Ahmad, étudiant 1102.3 Vers le hadith puis le fiqh 111

3. AHMAD IBN HANBAL, LE CHEIKH 1134. L’ÉPREUVE DE L’IMAM AHMAD 1155. LA VIE MODESTE ET DIFFICILE DE AHMAD 1206. QUELQUES AVIS DE L’IMAM AHMAD 1217. LES FONDEMENTS UTILISÉS PAR L’IMAM AHMAD 122

7.1 Les textes scripturaires 122

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7.2 Les avis des Compagnons 1237.2.1 L’avis du Compagnon seul 1237.2.2 Les avis divers des Compagnons 123

7.3 Le hadith mursal ou faible 1247.4 La déduction analogique (qiyâs) 1247.5 Le principe de l’intérêt public (maslaha) 1257.6 Le principe de prévention (sad ad-darâ’‘) 1257.7 Le principe de continuité (istishâb) 126

8. LE MUSNAD 1279. L’ÉCOLE HANBALITE 129

9.1 Une diversité d’avis de l’imam Ahmad 1299.2 Les disciples 1309.3 Les livres 1319.4 Géographiquement 1329.5 Citations choisies 133

L’IMÂM ZAYD 135INTRODUCTION 1351 L’IMÂM ALI ZAYN AL- ‘ABIDÎN 141

1.1 C’est lui dont la vallée connaît la démarche 1411.2 Son autorité morale et scientifique 144

2 MUHAMMAD AL-BÂQIR 1462.1 L’illustre imam 1462.2 Sagesse 149

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3 L’IMAM ZAYD 1523.1 Zayd, jeunesse et éducation 152

Ses maîtres 1523.2 Zayd et l’objet politique 154

3.2.1 Le harcèlement et la provocation 1543.2.2 La bataille et le martyre 157

3.3 Quelques traits caractéristiques de l’imâm Zayd 1593.3.1 Sa science 1593.3.2 Le verbe arabe, l’éloquence 1593.3.3 La sincérité 1603.3.4 Le courage 160

3.4 L’imâm Zayd et les shiites 1613.4.1 La doctrine shiite sur l’imamat 1613.4.2 Le point de vue de l’imam Zayd 1633.4.3 Après la mort de l’imam Zayd 164

3.5 Usûl fiqh chez l’imâm Zayd 1663.1 Expansion de l’école zaydite 169

IMAM JA‘FAR AS-SADEQ 1711. EDUCATION 1732. L’IMAM JA‘FAR 1741.3 LES MENSONGES SUR L’IMAM JA ‘FAR 176

Le grand mensonge du Jafr 1771.4 La science et la sagesse de l’imam Ja‘far 179La formule ‘alayhi salâm pour Fâtima, Ali et leurs enfants 181

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1.5 Ja‘far et la politique 1821.6 Ses qualités 1851.7 Avis de l’imam Ja‘far 186

1.7.1 Ses sources jurisprudentielles 186