Evens Pierre The sun city kid

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2 20 septembre 2012No 707 Goût et saveurs lakay

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

RÉDACTEUR EN CHEF

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONJoël FANFANDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreJunior Plésius LouisPeguy Flore PierreRaphaël FéquièreEnock NéréLégupeterson Alexandre

CORRECTIONJean-Philippe Étienne

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEStevenson EstèvePhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel Louis

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 2945-4646 / 3806-3717

Une publication de Ticket Magazine S.A.

Présentez-vous aux lecteurs de Ticket.

Je suis Jean-Luc Grabowski, un chef international français de St-Barthelemy (Guadeloupe). Je suis amoureux des produits de la mer et des légumes. Pour moi, la terre donne la vie. Le jardin est un lieu de création et la cuisine un lieu de créativité. Je suis un chef qui donne et partage son savoir.

Avez-vous une spécialité ? Si oui,

laquelle ?Lorsqu’on travaille dans un restaurant

qui s’inscrit sur la liste des meilleurs de St- Barthelemy, dont la carte change trois fois par année et qui compte une cinquantaine de plats différents, il est difficile de choisir une spécialité ! Mais ma passion de la mer me porte à aimer cuisiner avec les poissons, les coquillages et crustacés comme le poisson en croûte de sel, aïoli, la véritable bouillabaisse de Marseille ou le risotto de St-Jacques.

Visitez-vous Haïti pour la première fois ?

Je suis entré en Haïti pour la première fois le 9 septembre 2009. J’étais venu ren-contrer des gens de l’École Hôtelière où je voulais offrir mes services comme chef de cuisine pour les étudiants. J’étais alors accompagné d’un jeune Haïtien, Best Abdony qui m’a fait découvrir son pays, son cœur. Très satisfait de cette semaine, j’étais revenu le voir en décembre et cette fois, il m’avait présenté à Anne-Ma-rie Desvarieux de l’école éponyme, une femme extraordinaire. Je lui ai exposé mon projet et là, je ne saurais vous dire combien j’ai apprécié cette deuxième visite en Haïti. Depuis, j’y viens très régu-lièrement, soit tous les trois mois pour une petite semaine de cours de cuisine ou de démonstrations au Quartier Latin et des dîners de chefs.

Qui vous a invité à participer à Goût

et saveurs Lakay ?Mon ami depuis ans, Stephan Durand,

chef aussi, m’a invité à prendre part à ce festival. C’est un grand homme qui, comme moi, donne beaucoup de lui aux autres.

Que présentez-vous à ce festival ?La cuisine haïtienne vue par un chef

français, une cuisine de fusions et de qualités.

Que pensez-vous de la cuisine haïtienne ?

Un bon passé gastronomique à met-tre au goût du jour pour les prochains visiteurs de ce beau pays.

Etes-vous un habitué des festivals / foires gastronomiques ?

Oui ! J’étais là l’année dernière et c’est avec grand plaisir que je reviens cette année.

Que pensez-vous de « Goût et sa-veurs lakay » ?

Un grand avenir pour cette jeune association de chefs de cuisine !

Que comptez-vous apporter de

nouveau à ce festival ?Une cuisine de goûts, de couleurs et

de formes. Une cuisine de sens, une cui-sine des sens et une cuisine d’essences !

Jean-Luc Grabowskipour une cuisine d’essences

Co-auteur de livres de recettes de cuisine, Jean-Luc Grabowski est aussi chef exécutif à l’hôtel Le Sereno à St-Barthelemy. Ce chef cuisinier viendra apporter son savoir-faire et sa passion des métiers de la bouche à la seconde édition du festival gastronomique « Goût et saveurs lakay » qui se tiendra du 28 septembre au 7 octobre 2012.

Tout le monde n’est pas aussi média-tisé que certains grands chefs français. Pourtant certaines recettes des diffé-rentes régions d’Haïti gagnent à être connues et reconnues. Inventées par des chefs parfois anonymes mais néanmoins talentueux, ces recettes sont une source de création. Pratiques ou plus élaborées et à des coûts différents, ce sont des recettes haïtiennes dont nous les chefs nous pouvons nous inspirer pour nos cartes. L’intérêt, c’est aussi que vous puissiez échanger vos impressions sur les techniques, les produits et leurs accords sur des groupes de discussion comme Facebook. Vous pourrez également dialo-guer avec l’auteur du « Sujet Interactif » qui a testé l’ensemble de ces recettes.

Propos recueillis par Daphney Valsaint Malandre

Pour célébrer grandiosement leur quarante-cinquième anniversaire, les mascarons de Tabou Combo comptent réaliser un nouvel album.

Le groupe annonce qu’il invitera la plupart des jeunes chanteurs les plus en vue de la nouvelle génération tels que Arly Larivière, Gazzman Couleur, Roberto Martino, Gracia Delva, entre autres. Ces derniers auront à interpréter des anciennes chansons à succès de Tabou Combo.

Selon Yves Joseph a.k.a. Fanfan Ti Bòt, toutes les dispositions seront prises pour que le double disque soit disponible l’année prochaine, pour quarante-cinq ans d’existence de Tabou Combo, fondé le 28 août 1968 à Pétion-Ville.

Tabou Combo en tournée en Haïti du 27 décembre 2012 au 7 janvier 2013A l’initiative de Dream Promo & Zigizag Productions, à l’occasion des fêtes de fin

d’année et du nouvel an, Tabou Combo sera encore Haïti pour des concerts et bals au club Indigo sur la Côte des Arcadins, aux Cayes, à Jacmel et au Parc Historique de la Canne à Sucre…

Gilles Freslet ([email protected])

Tabou Combo fêteraavec la nouvelle génération

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320 septembre 2012No 707

Difficile pour le grand public de se familiariser avec les enfants du président américain Barack Obama. Pour Malia, 14 ans, et Sasha, 11 ans, les apparitions sont rares et pour cause : l’école et l’éducation passent avant tout.

Quand on est un parent, il est de cou-tume d’avoir à rendre des comptes sur l’éducation de ses enfants. Imaginez alors la situation quand vous êtes le couple présidentiel le plus observé de la planète. Barack Obama et son épouse ne s’en cachent pas : l’éducation qu’ils ont choisi de donner à leurs enfants est stricte, mais c’est pour leur bien.

Au fil des années, Michelle Obama a donné de nombreuses interviews. Le New York Times s’est amusé à recenser les habitudes de la première dame des Etats-Unis dès qu’il s’agit de s’occuper de sa progéniture :

- Ses filles doivent rédiger un exposé sur ce qu’elles ont vu ou appris lors de leurs voyages, même si on ne le leur demande pas à l’école.

- Malia (14 ans) peut utiliser son téléphone portable uniquement le week-end, et sa sœur et elle ne peuvent pas regarder la télévision ou utiliser leur ordinateur pour autre chose que leurs devoirs pendant la semaine.

- Malia et Sasha doivent pratiquer deux sports. Elles peuvent en choisir un, l’autre est choisi par leur mère, qui les en-courage à pratiquer des sports d’équipe pour apprendre des valeurs comme la cohésion, l’échange et le partage.

- Malia doit apprendre à faire la les-sive avant de partir pour l’université.

- Les deux jeunes filles doivent finir leurs légumes à chaque repas, et si elles rechignent hors de question de récla-mer des cookies ou des gâteaux pour le goûter.

- Bien que la Maison-Blanche ait un personnel dédié aux tâches ménagères, Malia et Sasha doivent faire leur lit et net-toyer leur chambre. C’est une des condi-tions pour avoir leur argent de poche.

- Elles n’ont pas le droit d’abandonner une activité qui les mettrait en difficulté, Michelle Obama met un point d’hon-neur à encourager ses filles pour qu’elles s’accrochent.

Leur mère explique cette rigueur par une phrase toute simple : « Ce ne sont pas de petites princesses. » Ainsi, Mi-chelle Obama souhaite continuer à poser les limites et les attentes que son mari et elle auraient nourries envers leurs filles, si elles avaient eu une vie « normale ».

Cette volonté de préserver leurs filles des sirènes de la célébrité témoigne simplement de l’envie du couple Obama de leur donner une chance de grandir dans la confiance, en étant responsables et heureuses. Ainsi, la première dame raconte que « J’ai de formidables filles. Elles sont généreuses, curieuses de la vie. Comme toute mère, j’espère les encoura-ger dans cette voie. »

Sources : Yahoo.fr

« Pas des princesses »les filles Obama

Finalement, le grand public pourra souhaiter un joyeux anniversaire à Arly Larivière… mais seulement un mois après la date réelle. Eh oui ! Arly et ses amis attendront leurs fans pour un TGIF, au Karibe le vendredi 21 septembre, au cours duquel ils célébreront avec lui à partir de 8 h p.m. La dernière fois que l’évènement devait avoir lieu, la tempête Isaac s’était mise de la partie et avait gâché l’ambiance. Heureusement que Dream Promo, responsable de l’organisation de la soirée, a eu la bonne idée de relancer la fête. Celle-ci déjà est aussi atten-due que lorsqu’on l’avait annoncé pour le vendredi 24 août, et les organisateurs ne lésinent pas sur les préparatifs.

Si le maestro de Nu-Look ne veut surtout pas dévoiler le grand jeu, il lève quand même un coin du rideau pour laisser entrevoir les cadeaux qui sont prévus pour les cent premières fem-mes présentes au Karibe pour sa prestation. Parmi les amis qui l’accompagneront, on pourra

TGIF avec Arlycompter Ralph Condé, Shedly Abraham, Mikaben… une belle brochette d’artistes pour

un spectacle qui s’annonce haut en couleurs. Nous soulignons qu’Arly Larivière fait mainte-nant partie du portfolio de l’équipe de Dream pour de futurs événements. Le rendez-vous est donné au Karibe ce vendredi, à partir de 8 h p.m. Les cartes sont en vente à Giant, Game-box, Muncheez et Karibe au prix de USD 30. En attendant la soirée, souhaitons au maestro un gros HBD !

Péguy F. C. [email protected]

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4 20 septembre 2012No 707

L’Hôtel Royal Oasis est toujours en construc-tion. Mais, outre les bruits étouffés des ouvriers encore en action, le complexe déborde déjà de vie. Les galeries d’Oasis, re-groupant un ensemble de boutiques, ont été inaugurées le vendredi 14 septembre. On y trouve déjà un peu de tout et des espaces aux vitrines cachées atten-dent l’installation de plusieurs autres ma-gasins qui sont suppo-sés ouvrir la semaine prochaine. En quête de quelque chose de nouveau, de frais et de beau ? Il semble bien qu’un détour aux Ga-leries d’Oasis ne serait pas de trop !

Les galeries d’OasisLes galeries d’Oasis

Une vue de l’intérieur de Caprices Events

Le Boudoir de Françoise Elizée est aussi le distributeur autorisé de la marque Black Up en Haiti

Karma, la version luxueuse de Saga boutique

Une vue de l’intérieur de EDGE Electronic and gifts

Une vue de l’intérieur de Le Boudoir Une vue de l’intérieur de Ibiza

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520 septembre 2012No 707

Et puis quoi encore ? Bicha a donné le ton, je ne vois pas ce qui m’empêche, en tant que granmoun aussi, de faire une petite surette de temps en

temps ! De toutes les façons, ce n’est pas comme si j’avais sacrifié le mot de telle sorte qu’il perde son sens. Je vous auto-rise donc seulement à vous demander s’il s’agit effectivement de ma bouche, ou plutôt ma plume (stylo hein !) qui de-vient sûre (et pas certaine) ou bien d’une nouvelle anagramme.

Pendant que vous vous posez la ques-tion, moi, je ressasse les faits qui compo-sent la scène du jour. Comme toujours, celle-ci se passe dans notre entourage, et nous sommes libres de choisir notre rôle ! Ne me décevez pas, même si vous devez en souffrir, comme cela m’arrive tous les jours. Pitié ! Ne me dites pas que vous

DE VOUS À MOI

Sympatu…

êtes acteurs… Bon, pas la peine de me répondre, je connais personnellement beaucoup de lecteurs du magazine, et je suis parée pour eux aussi ; car je sais que certains seront honnêtes pour croire que j’envoie de l’eau sur eux. Faute de me prouver qu’ils ne sont pas mouillés, eh bien, ils peuvent parler toujours, je maintiens qu’ils sont des racketteurs, des arnaqueurs, des spoliateurs, des emmer-deurs.

Dites-moi pourquoi le fait de sou-rire seulement (mon péché mignon) à quelqu’un lui donne le droit de croire que vous êtes bête, et en tant que telle, vous devez vous faire seller et mon-ter ! Me faire monter ne serait pas pire, j’ai connu cette situation (pas toujours désagréable quand on est d’accord) dans les liens sacrés, mais seller… pas pour moi, merci. On me reproche souvent que

« mon malonnèt n’est jamais loin de ma bouche ». Je me défends, bien que je ne conteste pas le reproche non, mais parce que je suis tellement gentille en le faisant (le malonnèt) que la victime peut feindre de ne rien comprendre. Voilà que je fais encore preuve de grande gentillesse en disant ‘’victime’’ et non ‘’sanwont’’.

Je me suis mise au régime pour plein de raisons. Je vous fais la grâce de ne pas vous les énumérer toutes, mais j’ai choisi une liste assez longue, question de tou-jours avoir l’idéal en vue, à savoir perdre du poids. L’une des raisons est que je veux paraître plus grande (pas plus âgée non svp, plus « haute ») pour pouvoir marcher d’un pas encore plus altier et décourager ceux qui auraient peur de mon air snob. Ensuite, comme le régime me donne des gaz, je pourrai avoir le ventre qui bouillonne, donc je ne serai pas d’humeur à sourire tout le temps. Autre raison, je ne serai plus sensible au prétexte commun à tous les racketteurs : « grangou nan vant pa dous », puisque moi aussi, je fais le sacrifice ô combien pénible de rester affamée, vu que je dois réduire mes rations (qui étaient toujours importantes, comme toutes les affaires que je règle !)

Je vous laisse deviner les autres rai-sons : imaginez tout ce que vous voulez, d’ailleurs je ne suis pas d’humeur à discu-ter, mon estomac est en train de bou-gonnen rageusement… Entre-temps, analysez avec moi ces cas simples :

Je fais mon jogging avec des écou-teurs aux oreilles, qu’est-ce que cela traduit ? Que je suis mélomane ; que j’ai besoin de maintenir un certain rythme ; que la musique m’aide à parcourir les kilomètres d’un cœur joyeux sans penser aux kokoye derrière mes jambes qui me demandent des comptes, etc., etc. Survient un autre jogger… Un signe de la tête, de la main, ou même du pied suffirait pour me saluer, nooooooo ! Je vois sa bouche qui bat, donc je com-prends qu’il veut me dire quelque chose. Aimable, j’enlève avec un demi-sourire un écouteur (le message est assez clair hein ?) Bòbèch !!! Demande des nouvel-les de moi, de la famille, des enfants (tu en avais deux, pas vrai ? C’était le garçon hein l’aîné ? Et moi de répondre : oui, et il est toujours l’aîné…), demande des

nouvelles de chaque enfant en particu-lier… Bon, je ne m’énerve pas, je connais ma bible et je me rappelle avoir lu : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul… », même si je ne suis pas certaine que cette parole ait été prononcée sur un terrain de sport ! Enfin… à chacun son interpré-tation.

Je décide d’aller désormais faire mon jogging dans un édifice privé, non ouvert à cette fin au public. Naturellement, quand l’agent de sécurité m’ouvre la barrière, je baisse ma vitre pour lui dire bonjour et merci. Et comme le dit le pro-verbe : on n’échappe pas à son destin ! « Ah madam, se ou ? M te byen bezwen eksplike w on pwoblèm… » Je soupire…

Et je prends peur en constatant que je ne peux plus me garer devant un seul restaurant à Pétionville (pas un seul !) sans entendre ce doux refrain : « Oh, men manman baz ! […] sa se atis pa m wi ! Bon bagayyyyy ! » Pas que je vais manger non (je vous ai dit que j’étais au régime). Bon, disons plutôt un cercle quelconque, que ce soit pour assister à une représentation, pour passer un petit temps hors de chez moi, pour aller écou-ter un fileur débiter des rans, des tyans et des mensonges ! Pas moyen d’y couper : les racketteurs m’envahissent parce que j’ai le malheur d’être sympathique !

En parlant de fileurs, j’en ai un là pour qui je vais porter plainte par-devant qui de droit pour harcèlement, à moins de trouver rapidement un professeur pouvant m’enseigner à faire des malon-nèt si cinglants que cet enquiquineur comprendrait finalement le sens du mot NON. Parce que je ne veux vraiment pas, pour quelque raison que ce soit, me départir de ma bonne humeur et de ma sympathie notoires. Je ne suis pas ingrate, je reconnais que la sympathie ouvre bien des portes, fait trouver des opportunités, règle des conflits, etc, etc. Mais la balance tend, dans mon cas, à pencher du bord des sollicitations, demandes, etc.

Sincèrement… de vous à moi, si je ne change pas, je risque d’y laisser ma peau oui ! Je crois que définitivement, dans mon cas, être sympa… tue.

Sister M*

5 h 30 p.m., les abords du lycée de Pétionville comptent déjà plusieurs dizaines de jeunes arborant des t-shirts marqués « Teyat Pa w. Johanne et Pinache, les MC du spectacle, gravissent le podium et commencent par remercier les invités et les sup-porteurs. Dans une partie de l’espace, délimitée par des barricades en métal, une jeune femme de haute taille sou-rit en saluant le maître-penseur de la réalisation, M. Bertrand Labarre.

Camina Juste, une jeune chanteu-se de Nérette, vêtue d’une robe rouge qui épouse son corps avec justesse, ouvre le programme par une inter-prétation. Sa voix aiguë et innocente ajoute une autre note au vacarme du public. Après Camina arrive Papou-che, un confectionneur de bijoux qui explique que avec carton et bristol,

on peut réaliser pas mal de choses. On en a admiré, des mannequins portant ses colliers et ses bracelets !

Les minutes s’effritent. Le soleil fait place au crépuscule. La troupe Atizan Lakay change l’allure du programme avec son sketch sur la misère et la mau-vaise volonté des Haïtiens. L’assistance se sent à l’aise. 6 heures p.m., un comédien dénommé Chucky présente un texte sur la conscience. Sans fond, ni intonation, il passe nettement à côté du message qu’il voulait apporter. Heureusement le texte qui suit est de deux jeunes pro-fessionnels : Domingue et Patrick. L’un avec un tambour, l’autre micro en main, ils présentent avec brio un texte titré « Tambou Pale ».

6 h 23 p.m., débute le théâtre forum, qui est une série de saynète d’environ trois minutes reflétant les réalités du

terroir. Le premier thème parle d’un homme qui réprime sa femme qui n’a rien apporté à la maison. Des malfrats qui, jusqu’à date, considèrent que les femmes sont des objets ou des outils de travail. Mais ce qui est original, c’est qu’après l’intervention des comédiens, l’un des responsables balade avec un mi-cro pour écouter les réactions de la foule. « Un homme ne peut pas réprimander sa femme si elle ne rapporte pas de l’argent à la maison ! » retiendra-t-on.

Haïti en scène dans les ruesLe programme TEYAT PA W, implanté, en support du projet 16/6, en partenariat avec l’USAID, dans les quartiers de Jalousie, Morne Her-cule et Nérette, s’est terminé le dimanche 16 septembre 2012 par une grande manifestation culturelle. Ce spectacle, réalisé en plein air à la rue Ogé, entre le lycée de Pétionville et la place Saint-Pierre, est une représentation des jeunes formés durant le programme par Haïti en scène, avec intervention de l’audience et improvisation des comédiens.

Le deuxième thème a bien mon-tré la frivolité des hommes. Avant même que le public réagisse, l’invité surprise arrive, celle que personne n’attendait : la pluie ! Cinq scènes étaient prévues, trois seulement ont été présentées…

Elisée Dé[email protected]

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6 Jeudi 20 septembre 2012

Evens, que représente la boxe pour toi ?

-La vie, le travail, tout. Sur un ring , quel est ton meilleur

feeling?- Donner des coups sans en rece-

voir, mettre l'adversaire dans l'impos-sibilité d'en donner, circuler beaucoup sur le ring pour le détourner de ses objectifs.

Quel est ton véritable style ? Je suis un " puncheur"et je bouge

beaucoup sur un ring. Ton coup favori :?Le direct du droit.Que ressentais-tu après ta seule

défaite?Cela m'avait donné beaucoup de

problèmes. L'adversaire n était pas plus fort

que moi. J’ai perdu trois points à cause de mes fautes.

Est-ce que tu te sens parfaite-ment bien au Panama?

Ce n'est pas mon pays, mais je dois y vivre pour des raisons profes-sionnelles. Après 4 ou 5 mois passés là-bas, je sens qu' Haïti me manque et je pense à y entrer pour quelques jours. C'est ce que je fais presque chaque année.

En Haïti où tu es en vacances, la boxe te manque ? Non ?

Chaque jour pendant 90 minu-tes, je fais du jogging à Taras sur la montagne pour garder ma forme physique.

Qui est ton coach ici , ton conseiller en Haïti ?

- Jacques Deschamps Fils. Quel est ta relation avec lui?

Quand l'as-tu rencontré?J' étais un boxeur amateur, j'ai

participé à plusieurs compétitions pour Haïti, j'ai fait 123 combats. Puis, Daniel Pierre Eddy, président de la Fédération haïtienne de boxe, m'a laissé comprendre que vu mon talent, je devrais pratiquer la boxe de manière sérieuse. Il m'a fait rencontrer Deschamps et c est là que mon rêve commence.

Et qu'est-ce qu'il t'a proposé, Deschamps?

Il a pris en charge mon stage à Panama où il m'a mis sous la direction d'un coach de réputation internatio-nale Celso Chavez. Il m'avait dit qu'il allait prendre chance avec moi. J'ai fait trois combats en amateur avant de passer professionnel.

Ton sparing partner ? J'en ai eu plusieurs au Panama,

Evens Pierre, “The Sun City Kid”A 28 ans, Evens Pierre savoure allègrement 22 victoires (dont 17 par K0) en 23 combats. L’enfant de

Cité Soleil champion WBA FEDECENTRO / WBA (2010) est très fier de ses origines et considère la boxe

comme “la vie et le travail” . Son dernier combat, il l’a livré face au Colombien Lilian Dunis qu’il a battu

récemment par décision unanime à Panama City où il réside depuis 2008. Le poids léger haïtien(135

livres) souhaite monter prochainement sur un ring dans son propre pays, probablement à la fin de

l’année.

mais celui avec lequel je travaille le plus s'appelle Nicholas Walters, un Ja-maïcain, il est actuellement classé no 1 des poids plume WBA (126 livres)

N'envisages-tu pas de changer de catégorie?

Non, car il faudrait changer de poids. Je suis déjà habile dans la ca-tégorie des légers, j'y resterai.

A quel niveau veux-tu parvenir dans la boxe ?

Mon ambition, c'est de devenir champion du monde et puis de défen-dre au moins dix fois mon titre avant d'abandonner.

Comment devient-on boxeur?

Pour le devenir, il faut l'avoir dans le sang, il faut l'aimer. La boxe, c'est comme une école, il faut s'y donner à cœur joie, car c'est un sport.

Connais-tu d'autres jeunes boxeurs à Cité Soleil, ton lieu de naissance?

J'en connais quelques uns. Loni Pierre, par exemple, c'est moi qui l'ai entraîné avant de partir pour Panama et devenir professionnel. Il vit actuellement à New-York. On garde le contact au téléphone et sur facebook.

Quel conseil pourrais-tu donner à un jeune boxeur?

Je suis déjà l'exemple. La pratique de ce sport m'a épargné e beaucoup de malheur. Le sport, c' est un bon chemin à prendre pour s'épanouir surtout quand on vit dans une zone comme Cité Soleil.

Quel est ton modèle? Mohamed Ali. Je regarde beau-

coup ses combats sur vidéo. Que penses-tu de ton coach

Celso Chavez? J'ai beaucoup de respect pour

lui. Je ne discute jamais avec mon entraineur que je considère être mon papa. Je crois que cela doit être le cas pour tout jeune boxeur.

Au Panama, on respecte les boxeurs, mais il faut aussi se faire respecter. Dans ce pays, la police fait un service d'inspection strict. Il faut respecter la loi et faire en sorte de ne pas se trouver en contravention avec elle.

Quand tu es au Panama, com-ment t' informes-tu sur Haiti?

A partir du net. Facebook, c est notre liaison avec les amis en Haïti.

As-tu des petites amies au Pa-nama?

... (Rires). J'ai des Panaméennes qui m'approchent, mais je respecte ma femme.

Avec son 1 m 72 pour 132 livres, son visage allongé coiffant un corps mince, Evens Pierre offre plus l'ap-parence d'un mannequin que celle d'un boxeur. Pourtant ce redoutable puncheur est une terreur sur le ring. 23 combats, 22 victoires dont 17 par KO, ses poings crachent le feu.

Né le 14 avril 1984 à Cité Soleil, Evans Pierre a grandi à Soleil 19. Dans ce quartier réputé difficile, sa mère Losila Charles ne badine pas sur les normes pour essayer de maintenir l'aîné de ces 5 enfants sur le droit chemin et surtout lui apprendre à être ce modèle qu'il doit-être pour ses cadets. "Elle n'avait même pas besoin de fouet pour me rappeler à l'ordre. Il suffisait d'un regard car quand ça lui prenait de m'infliger une correction, elle n'allait pas de main morte. C'était comme dans un combat de lutte sauvage et comme ça faisait mal, je faisais de mon mieux pour ne pas être en contravention avec elle, raconte Evens Pierre aujourd'hui avec un large sourire sur le visage.

Son père aveugle apporte lui aussi sa contribution en ce sens. "Pour mon père, Daniel Pierre, la notion du respect de l'autre est essentielle. Pour me le rappeler aussi, il n'hésitait pas à me placer en travers de ses jambes pour m'administrer une raclée avec sa canne quand je me permettais de m'oublier un peu. Aussi, la notion du respect des normes, du respect de soi et des autres m'a fortement marqué. Je veillais à respecter les autres, mais aussi à exiger que les autres me res-pectent aussi", continue-t-il. Exiger le respect dans ce quartier difficile n'est pas facile et naturellement, cela a conduit à quelques bagarres. C'est au cours de l'une de ces bagarres que Pierre Eddy Daniel l'entrevoit pour la première fois à l'œuvre face à un résident de la Cité. "Je ne me souviens pas pour quelles

Evens Pierre peu avant une séance d’entrainement dans un gymnasium à Panama.

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7Jeudi 20 septembre 2012

raisons on se battait. Seulement, je me rappelle qu'après la rixe, il m'a invité à pratiquer la boxe".

Pierre Eddy Daniel trouve en effet un entraîneur de boxe et lui recommande le petit. "J'avais environ 12 ans quand j'ai eu ma première séance d'entraînement de boxe sous la houlette du coach Abdias Dumézil (un ancien boxeur qui fait aujourd'hui

du kick boxing). J'y ai pris goût et me voici", conclut-il.

Pris en charge par le promoteur Jacques Deschamps Fils, il devient professionnel en 2009 et depuis il dispute 23 combats professionnels après 3 combats en amateur.

Propos recueilis par Raphael Féquière et Enock Néré

Nom : PierrePrénom : EvensDate de naissance : 14 avril

1984Lieu de naissance : Port-au-

Prince (mes parents sont de Jérémie)Niveau d’études : 4e secon-

daireEtat civil : Marié, 3 enfantsSport pratiqué : Boxe (J’ai fait

un peu de football, de basket-ball, de base-ball, mais j’ai choisi la boxe parce que c’est mon sport préféré)

Catégorie de poids : légerPère : Daniel Pierre Mère : Losila CharlesPosition de naissance : Aîné de

5 enfantsPalmarès : 23 combats et 22

victoires

Le natif de Cité Soleil

Ses préférencesPlats : Banane pesée + pouletBoisson : Cola CouronneCouleur : RougeSportif : Ronaldo Nazario Da

LimaBoxeur : Mohamed AliMarque de voiture : BMWChanteur : IzolanChanteuse : Jennifer LopezActeur : Bruce WillisActrice : Julia RobertsType de film: Guerre ou actionFilm : ArmageddonAuteur : LarousseLivre : Je regarde un peu de

toutCouleur de sous-vêtements

féminins qui t’attire : RoseType de femme : Sexy et noire

(bien que je sois mariée à une blan-che)

Lieu de vacances : JérémieFootballeur : Johnny Descolli-

nesBasketteur : Kobe Bryant

Ses premières fois

Au volant : Je ne me rappelle pas

Premier combat de rue : A l’école, on jouait au football et on m’a taclé et je n’ai pas aimé.

Première bastonnade : Mon père était aveugle, mais je ne peux pas me rappeler combien de fois il m’a bastonné avec sa canne en me couchant en travers de ses genoux.

Premier démêlé avec la police : J’habite à Cité Soleil et c’est un endroit où les descentes policières sont fréquentes. Ils font ce qu’on ap-pelle un arrimage (on arrête tout ce qu’on trouve sous la main, coupable ou innocent et quand ils arrivent au poste, ils font la décantation à partir de l’interrogatoire). Je ne me souviens pas comment c’est arrivé la première fois, mais cela m’est arrivé souvent, car il vaut mieux être arrêté dans le groupe que de tenter de s’enfuir.

Première séance d’entraînement : J’avais environ 12 ans et Abdias Du-mézil (Je suis arrivé miraculeusement à la boxe. Je me battais contre un

jeune homme dans les rues et Pierre Eddy Daniel m’a vu à l’œuvre et il m’a invité à pratiquer la boxe)

Premier baiser : J’avais 17 ans et on était à l’école et elle avait accepté de devenir ma petite amie. On s’est embrassé dans la classe pendant que les autres étaient sortis en récréa-tion.

Première relation sexuelle : Je ne me souviens pas vraiment (amnésie diplomatique).

Première saoulerie : Le jour de mes 25 ans chez ma mère. J’ai pris un verre de trop et ma tête tournait

Première cigarette : Jamais.Première gifle à une femme :

JamaisPremière gifle reçue d’une

femme : La semaine dernière de la part de la mère de mon 2e enfant. Elle exigeait quelque chose que je ne pouvais lui offrir.

Première scène de jalousie provoquée : Avant hier. Une âme charitable aurait rapporté à la mère de mon 2e enfant que je serais avec une fille. Elle est arrivée sans crier gare et m’a giflé en me faisant une scène.

Première fois au stade Sylvio Cator : Souvent. Je ne peux pas me rappeler la première fois. J’aime, l’Aigle Noir et le Violette, donc je m’y rends souvent.

Premier concert : King Posse vers 1996

Première fois au cinéma : Au Paramount, on y allait si souvent qu’il m’est difficile de vous dire quand tout a commencé

Premier combat professionnel : Contre le Panaméen Valencia en 2009 à Panama City

“La boxe m’a épargné beaucoup de malheur”

Photo Claude-:Bernard Sérant

Evens Pierre accueilli à la rédaction de Ticket Sport par Raphael Féquière ( Photo : Claude- Bernard Sérant)

Ses 15 derniers combats

Evens Pierre Champion WBA FEDECENTRO des poids légerss (2010)

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8 20 septembre 2012No 707