Évaluation du patrimoine urbain de Rosemont—La Petite-Patrie

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ARRONDISSEMENT de Rosemont — La Petite-Patrie Évaluation du patrimoine urbain

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ARRONDISSEMENTde Rosemont — La Petite-Patrie

Évaluat ion du patrimoine urbain

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ARRONDISSEMENTde Rosemont — La Petite-Patrie

Évaluat ion du patrimoine urbain

Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoineDirection du développement urbainDivision du patrimoine et de la toponymie

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Étude réalisée par le Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine

Direction du développement urbain, sous la direction de Madame Céline Topp

Cette analyse du patrimoine urbain a été réalisée par la Division du patrimoine et de la toponymie sous la direction de Jean-François Gravel,chef de division. Le travail a été effectué de janvier 2003 à mai 2004 dans le cadre de la préparation du Plan d’urbanisme de la Ville deMontréal, qui a été adopté par le Conseil municipal le 23 novembre 2004. L’équipe du projet comprend, pour l’évaluation du patrimoine bâtiet la recherche historique, Julie Boivin, Elizabeth Bonner, Anne-Marie Dufour, Guy Lafontaine, Christiane Lefebvre et Pierre-Paul Savignac,architectes, et Denise Caron, historienne. La recherche et l’écriture pour le patrimoine archéologique ont été réalisées par Claire Mousseau,archéologue, avec la collaboration de Françoise Duguay, François Bélanger, Anne-Marie Balac et Christian Roy, également archéologues.De plus, Gisèle Trépanier, conseillère en aménagement, et Nicole Halpert, chargée de communication, ont participé à la révision des textestandis que Ginette Bouchard, secrétaire d’unité administrative, a procédé à la saisie de texte. Finalement, nous tenons à remercier noscollaborateurs des directions de l’aménagement urbain et des services aux entreprises des arrondissements.

Remerciements

Rendus cartographiques :Division des politiques et du Plan d’urbanismeRévision linguistique :Sylvie PoulinConception graphique et mise en page :Marie Violaine LamarchePhotographies :Ville de Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, P. Fauteux,Jardin botanique, Michel Tremblay, Musée McCord, Archives des Frères des Écoles chrétiennes

Ce document fait partie d’une série de cahiers qui ont été réalisés pour chacun des 27 arrondissements de la Ville de Montréal. Les différentscahiers d’évaluation du patrimoine urbain peuvent être consultés sur notre site internet à l’adresse suivante : ville.montreal.qc.ca/patrimoine

ISBN 2-7647-0469-0

Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 2005Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, 2005

Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoineDirection du développement urbainDivision du patrimoine et de la toponymie

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TABLE DES MATIÈRES

A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

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7 AVA N T- P R O P O S

9 1. C A D R E M É T H O D O L O G I Q U E

9 1.1 Introduction9 1.2 Le cadre bâti d’intérêt patrimonial9 1.2.1 Approche, étapes et résultats

11 1.2.2 Critères de sélection

14 1.3 Les tracés fondateurs d’intérêt patrimonial14 1.4 Le patrimoine archéologique14 1.4.1 Le caractère spécifique de ce patrimoine

16 1.4.2 La démarche générale d’acquisition de connaissances et de conservation

17 1.4.3 L’approche méthodologique et l’identification du patrimoine

archéologique au Plan d’urbanisme

19 1.5 Nouvelles perspectives

21 2. H I S T O R I Q U E

25 3. É VA L U AT I O N D U PAT R I M O I N E U R B A I N

25 3.1 Mise en situation25 3.2 Résultat de l’analyse25 3.2.1 Les tracés fondateurs d’intérêt patrimonial

27 3.2.2 Le cadre bâti d’intérêt patrimonial

27 A Les secteurs de valeur patrimoniale exceptionnelle

34 B Les secteurs de valeur patrimoniale intéressante

37 C Les ensembles urbains d’intérêt

39 D Les ensembles industriels d’intérêt

40 E Les immeubles de valeur patrimoniale exceptionnelle

41 F Les immeubles de valeur patrimoniale intéressante

42 G Les éléments particuliers du paysage

Carte synthèse : Évaluation du patrimoine urbain45 3.2.3 Le patrimoine archéologique

46 A Les secteurs d’intérêt archéologique à fort potentiel

48 B Les sites archéologiques

49 C Les biens culturels à statut

Carte synthèse : Le patrimoine archéologique

53 4. R E C O M M A N D AT I O N S

53 4.1 Générales à l’échelle de l’arrondissement54 4.2 Générales à l’échelle montréalaise55 4.3 Spécifiques à l’arrondissement

57 B I B L I O G R A P H I E

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7A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

Le repérage du patrimoine urbain dont nous faisonsétat ici a été réalisé dans le cadre de l’élaboration duPlan d’urbanisme de la Ville de Montréal, qui a étéadopté par le Conseil municipal le 23 novembre 2004.

Le chapitre 2 de la première partie du Plan d’urbanismeformule différentes orientations d’aménagementpour Montréal et comprend une section sur le patri-moine bâti, archéologique et naturel. Le repéragedes secteurs et bâtiments d’intérêt patrimonial et dessecteurs d’intérêt archéologique contribuera à atteindrel’objectif de conservation énoncé dans le Plan. Il a étémené par la Division du patrimoine et de la topo-nymie en collaboration avec la Division des politiqueset du Plan d’urbanisme du Service de la mise envaleur du territoire et du patrimoine, de janvier 2003à mai 2004. En ce qui a trait aux sites archéologiquesrecensés, la liste a été mise à jour en mars 2004.

Préparés par la Division du patrimoine et de la topo-nymie, les « Cahiers d’arrondissement » présententla méthodologie du travail de repérage, un bref his-torique de chacun des arrondissements, les résultatscomplets du repérage du patrimoine bâti et archéo-logique, la justification des choix des secteurs, desrecommandations et une bibliographie. Ces cahiers,qui constituent un document d’appoint au Pland’urbanisme, s’adressent d’abord aux citoyens etaux gestionnaires des arrondissements afin de lessensibiliser à l’importance de conserver le patrimoinede leur localité, ainsi que de les aider à mieux com-prendre le territoire et à développer des outils degestion et de contrôle appropriés pour assurer laconservation de leur patrimoine urbain.

C’est la première fois que l’on entreprend un tel travailpour les 27 arrondissements de l’île, travail qui supposenon seulement l’examen de nouvelles thématiques etl’établissement de collaborations avec les arrondisse-ments de Montréal, mais aussi une harmonisationdes visions et des représentations que les arrondisse-ments ont de leur patrimoine. Par exemple, danscertains cas, seul le patrimoine du Régime françaisétait privilégié; ailleurs, on n’avait jamais considéréque le parc immobilier plus récent puisse avoir unevaleur patrimoniale. Ce repérage connexe au Pland’urbanisme constitue donc une chance unique defaire converger des visions différentes et d’envisagerle patrimoine de l’ensemble des arrondissements deMontréal dans une perspective commune.

AVA N T- P R O P O S

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9A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

1.1.1 Introduction

Le patrimoine urbain montréalais ne se limite pas àune addition de bâtiments individuels de grand intérêt.Il porte aussi l’empreinte des époques passées sousforme de tracés de rues, de paysages, de constructions,d’éléments naturels, de vestiges archéologiques oude vues exceptionnelles. Le patrimoine urbain formel’environnement dans lequel nous vivons aujourd’huiet chacune de ses composantes entretient des relationscomplexes avec les autres. Ainsi, un bâtiment contribueà la qualité et à l’identité d’un lieu, et inversement,certaines qualités qui lui sont extérieures rehaussentson attrait. Par exemple, une église et une écoledonnant sur un parc ajoutent à son intérêt; un amé-nagement paysager particulier, tel un écrin, peut con-tribuer à rehausser la valeur patrimoniale d’un bâtiment;une habitation plutôt modeste peut se trouver dansun secteur qui présente de belles qualités d’ensemble(homogénéité, couvert végétal, etc.) ; et des rues peu-vent offrir des vues exceptionnelles sur un élémentnaturel ou construit. La nature multidimensionnelledu patrimoine urbain fait qu’on ne peut considérerses composantes isolément. Ainsi, l’ancienneté, lepotentiel d’évocation historique, la qualité architec-turale, l’harmonie et les qualités visuelles, la présenced’éléments naturels, le tracé des rues, le potentiel oul’intérêt archéologique sont autant de facteurs quenous avons pris en compte afin de jeter les bases d’unemeilleure intégration du patrimoine aux probléma-tiques urbaines.

La structure méthodologique comprend trois volets.Le premier traite de l’approche et des critères employéspour le cadre bâti d’intérêt patrimonial, le secondexplique ce que nous entendons par la notion de tracésfondateurs d’intérêt patrimonial, et le troisième exposeles critères utilisés pour le patrimoine archéologique.

1.2 Le cadre bâti d’intérêt patrimonial

1.2.1 Approche, étapes et résultats

L’approche choisie pour la sélection des bâtiments etsecteurs s’appuie sur le concept de paysage urbaindéveloppé par Kevin Lynch, selon lequel le territoirese découvre à partir de l’intérieur et non à vol d’oiseau(en plan), et se compose d’une succession de séquencesvisuelles expérimentées le long d’un parcours.

Cette approche, basée sur l’expérience spatiale, com-porte au moins deux implications. L’une marque notrepréférence pour la considération des bâtimentsexceptionnels ou intéressants dans leur contexteplutôt qu’en tant qu’objets isolés. L’autre est que leslimites des secteurs sélectionnés sont déterminéespar le champ visuel. Ces limites ne sont donc pasarbitrairement placées au centre des rues mais bienau fond des lots afin d’englober toutes les com-posantes du champ visuel.

Même si elles sont réalisées pour tout le territoire dela ville de Montréal, la sélection et la qualification desbâtiments et secteurs patrimoniaux peuvent contribuerà faire ressortir la spécificité des arrondissements. Eneffet, Montréal est composée de différents territoiresqui possèdent une identité et une histoire propres quiméritent d’être reconnues. Nous avons pris le parti dechoisir l’arrondissement comme échelle d’observationdu territoire afin de dégager ces spécificités locales.De la sorte, les arrondissements qui ont connu undéveloppement plus récent sont également considéréset les particularités de leur patrimoine sont reconnues.

C A D R E M É T H O D O L O G I Q U E

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Si ce repérage fondé sur l’expérience spatiale prendlargement appui sur un travail d’observation sur leterrain, il n’aurait pu être achevé sans l’étude desources documentaires. Bien qu’il ne s’agisse pas d’unprocessus linéaire, voici les principales étapes suiviespar la Division du patrimoine et de la toponymie :

1) Préparation de critères de sélection.2) Rencontre avec chacun des 27 arrondissements pour

exposer la démarche et les critères de sélection.3) Visite du territoire de chacun des arrondissements

avec les professionnels concernés.4) Recherche et étude de la documentation existante

pour chacun des arrondissements :– inventaires, études patrimoniales, études typo-

morphologiques, monographies, dépouillement de périodiques, bases de données (Service des immeubles, Communauté urbaine de Montréal,Fondation du patrimoine religieux, etc.) ;

– cartographie ancienne et photos aériennes.5) Collecte d’informations thématiques :

– inventaires (les églises, les écoles, etc.),dépouille-ment de périodiques (le patrimoine moderne, etc.);

– consultation d’un expert en patrimoine industriel.6) Élaboration d’un historique et d’une bibliographie

pour chacun des arrondissements.7) Analyse de la documentation et détermination

préliminaire des territoires et immeubles d’intérêtpour chacun des arrondissements.

8) Travail sur le terrain : repérage en voiture et à piedavec la collaboration de certains arrondissements.

9) Photographies et report des données spatiales sur des cartes.

10) Vérification de la cohérence du traitement des secteurs d’intérêt qui chevauchent plusieursarrondissements.

11) Catégorisation des secteurs et immeubles d’intérêtpatrimonial (exceptionnels et intéressants).

12) Rédaction de courts textes résumant l’intérêt patrimonial de chacun des secteurs sélectionnés.

13) Préparation des cartes et listes finales.14) Identification de quelques bâtiments et secteurs

d’intérêt patrimonial exceptionnel qui se démar-quent à l’échelle montréalaise (les incontournables).

Tout au long des différentes étapes du projet, les résul-tats du travail ont été bonifiés par les connaissancesdes professionnels des arrondissements et de diverscomités rattachés à la préparation du Plan d’urbanisme.

Les résultats du repérage du patrimoine urbain seprésentent sous forme de listes de bâtiments et decartes définissant des secteurs d’intérêt. Il est importantde comprendre que ces deux éléments ne peuventêtre dissociés l’un de l’autre – ils sont complémentaires.Ainsi, on a inclus dans les listes tous les bâtimentsexceptionnels de chacun des arrondissements, mais ilétait impossible d’inscrire tous les bâtiments intéres-sants, étant donné leur trop grand nombre. Nous noussommes donc limités à nommer individuellement lesbâtiments qualifiés d’intéressants qui se trouvaient à l’extérieur de secteurs d’intérêt. Ces deux outilsdoivent donc être interprétés en complémentarité.

Le système d’identification des secteurs utilisé dans le document correspond à celui des cartes. Le premierchiffre correspond au numéro d’arrondissement. Il estsuivi de la lettre E pour les secteurs de valeur patri-moniale exceptionnelle, de la lettre I pour les secteursde valeur patrimoniale intéressante, de la lettre Npour les secteurs industriels d’intérêt ou par la lettre Upour les secteurs urbains d’intérêt. Le deuxième chiffrecorrespond au numéro du secteur.

L’échéancier de réalisation du Plan d’urbanisme,les ressources disponibles ainsi que l’état actuel desconnaissances sur les différents bâtiments et lieuxd’intérêt ont été déterminants quant à la méthodologieadoptée. Ces contraintes inévitables ont constitué undéfi de taille pour la production de ce document quiest, malgré tout, une base solide à partir de laquelleon pourra amorcer une réflexion plus poussée sur laprotection du patrimoine montréalais.

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1.2.2 Critères de sélection

LES SECTEURS D’INTÉRÊT PATRIMONIAL

Les secteurs d’intérêt patrimonial ont été sélectionnéssur la base des critères suivants1 :

– leur capacité de témoigner d’un thème ou d’un événement historique ;

– leur qualité architecturale (forme, usage, technologieconstructive) ;

– leur participation à la qualité de la vie urbaineet du paysage.

À titre d’exemple, on identifie le noyau origineld’un village, un pôle d’activité lié à la concentrationd’équipements collectifs, un quartier ouvrier du débutdu siècle, etc. Cette notion de patrimoine est englo-bante et correspond aux nouvelles tendancesvéhiculées par les chartes internationales en matièrede conservation.

Tous les secteurs identifiés ont ensuite été qualifiéscomme suit2 :

– Exceptionnels: secteurs ayant conservé leurs qualitésau chapitre des aménagements urbains, des implan-tations de bâtiments, de la géographie et des paysages et qui regroupent des suites architecturales,des alignements de bâtiments d’intérêt patrimonial, des zones unifiées par une fonction ou une typologiearchitecturale. Les ensembles de cette catégorie ont subi relativement peu de perturbations et présentent un caractère d’harmonie formelle et fonctionnelle. De plus, ils sont souvent reconnus comme des témoins historiques importants.

– Intéressants: ensembles comprenant plusieurs bâti-ments et certaines caractéristiques environnementalesqui présentent un intérêt patrimonial. Ce sont toutefoisdes ensembles dont la trame urbaine peut avoir été partiellement modifiée, qui ont pu connaître un certain nombre de perturbations et qui renferment parfois des constructions peu intégrées à l’ensemble.Certaines zones dont l’état est moins satisfaisant sur le plan architectural ou environnemental pourraient présenter un intérêt si une action de mise en valeur était entreprise.

Dans tous les cas, l’échelle de comparaison pour cettequalification est l’arrondissement, c’est-à-dire que nousavons identifié les secteurs exceptionnels et intéres-sants propres à l’arrondissement, ce qui fait ressortirsa spécificité dans l’ensemble montréalais. Lorsqu’unsecteur se révèle avoir une importance à l’échellemontréalaise, on pourra recommander sa protection enprocédant à la constitution d’un site du patrimoineen vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec3.

1 Ces critères sont issus du document de travail Guide de gestion des études patrimoniales préparé par la Division du patrimoine et de la toponymie de la Ville de Montréal en 2001 et révisé en 2003.

2 Ces critères sont inspirés du Guide d’évaluation des biens culturels et des districts historiques de la Ville d’Ottawa, 1987.

3 Conformément au document de travail Citation et constitution de sitesdu patrimoine préparé par la Division du patrimoine et de la toponymiede la Ville de Montréal en novembre 2003.

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LES IMMEUBLES D’INTÉRÊT PATRIMONIAL

Les immeubles d’intérêt patrimonial ont été sélectionnéssur la base des critères suivants4 :

– leur capacité de témoigner d’un thème ou d’un événement historique ;

– leur qualité architecturale (forme, usage, technologieconstructive) ;

– leur participation à la qualité de la vie urbaine et du paysage.

Cette notion de patrimoine est englobante et corres-pond aux nouvelles tendances véhiculées par leschartes internationales en matière de conservation.Outre l’architecture monumentale, elle inclut doncl’architecture vernaculaire, le patrimoine moderne, lepatrimoine industriel, etc.

Dans les cas du patrimoine moderne et du patrimoineindustriel, nous avons jugé utile d’utiliser des critèresspécifiquement adaptés à ces réalités.

Patrimoine moderne : Des bâtiments peuvent êtreconsidérés comme faisant partie du patrimoinemoderne s’ils ont été construits entre 1930 et 1975et qu’ils illustrent les caractéristiques de cette époquerelativement5 :

– aux conditions sociales, économiques et politiqueschangeantes ;

– aux progrès technologiques rapides ;– aux nouvelles façons d’exprimer les formes et de

répondre aux besoins fonctionnels.

Patrimoine industriel : Le patrimoine industrielcommande aussi une adaptation des critères en usagepour reconnaître sa spécificité, notamment quant àla primauté de la fonction sur l’esthétique architec-

turale ainsi qu’à son lien particulier avec la trameurbaine. Les critères utilisés sont les suivants6 :

– la valeur historique et sociale d’une industrie dansle développement de l’arrondissement, de la ville ou même de la province et du pays ;

– l’intégrité du complexe (ancienneté, évolution architecturale, évolution technologique) ;

– le procédé de production particulier;– le lien avec les voies de transport ;– le lien avec le développement des quartiers ouvriers ;– l’insertion dans le paysage urbain.

Finalement, tous les immeubles d’intérêt patrimonialont été qualifiés comme suit7 :

– Exceptionnel : un bâtiment ancien par rapport aux autres bâtiments de l’arrondissement construits auxmêmes fins et(ou) qui affiche des caractéristiques inhabituelles ou remarquables quant à son architecture(par rapport à des bâtiments comparables) et qui n’apas subi de modifications extérieures importantes. De plus, il sert souvent de point de repère ou est reconnu comme un témoin historique important.

– Intéressant: un bâtiment qui n’est pas nécessairement plus ancien que ceux construits aux mêmes fins dansl’arrondissement, qui affiche certaines caractéristiquesinhabituelles ou remarquables par rapport à des bâtiments comparables mais dans une moindre mesure que dans la catégorie précédente, et qui peut avoir subi quelques modifications.

4 Ces critères sont issus du document de travail Guide de gestion des études patrimoniales préparé par la Division du patrimoine et de la toponymie de la Ville de Montréal en 2001 et révisé en 2003.

5. Ces critères sont issus du Plan du réseau des lieux historiques nationauxdu Canada : La commémoration du patrimoine bâti canadien de l’ère moderne préparé par Parcs Canada en 2001.

6. Ces critères proviennent de l’Évaluation du patrimoine industriel : critères généraux, document préparé par Archémi pour le compte de la Ville de Montréal en 2003.

7. Ces critères sont inspirés du Guide d’évaluation des biens culturels et des districts historiques de la Ville d’Ottawa, 1987.

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Comme dans le cas des secteurs d’intérêt patrimonial,l’échelle de comparaison pour ce travail de qualificationest l’arrondissement, c’est-à-dire que nous avonsidentifié les bâtiments exceptionnels et intéressantspropres à l’arrondissement, ce qui fait ressortir saspécificité dans l’ensemble montréalais. Lorsqu’unbâtiment se révèle avoir une importance à l’échellemontréalaise, on pourra recommander sa protectionpar la citation en vertu de la Loi sur les biens culturelsdu Québec8.

NOTIONS NOUVELLES

Les ensembles urbains d’intérêt : Le Plan d’urba-nisme reconnaît l’intérêt de certains développementsrésidentiels d’après-guerre, qui composent une partimportante du patrimoine des anciennes banlieues,en créant une catégorie appelée Ensembles urbainsd’intérêt. On y retrouve, entre autres, des ensembleshomogènes de bungalows, des secteurs de maisonsqui adoptent le modèle développé par la WartimeHousing Limited ou des exemples des premièrescoopératives d’habitation. Leur repérage est exploratoireet vise à les intégrer au Plan en les reliant pour unepremière fois à des préoccupations de conservation dupatrimoine. Ces ensembles urbains d’intérêt ont étésélectionnés lorsqu’ils présentent les qualités suivantes:

– ensemble représentatif des nouvelles façons d’habiter qui sont apparues pendant la Seconde Guerre mondiale;

– ensemble représentatif du boom démographique et du développement de la banlieue après la Seconde Guerre mondiale;

– projets d’ensemble présentant une certaine homogénéité des caractéristiques architecturales.

Les ensembles industriels d’intérêt : Le Pland’urbanisme signale l’importance du patrimoine indus-triel montréalais en créant une catégorie particulière– Ensembles industriels d’intérêt. Cette catégorieest d’autant plus justifiée que le regard posé sur cessites est différent en raison de leur taille et de leurcomplexité, de la primauté de leur fonction surl’esthétique architecturale ainsi que de leur lien par-ticulier avec la trame urbaine.

De plus, les ensembles industriels d’intérêt offrent despossibilités de mise en valeur nombreuses et variées. Ilpeut s’agir autant de restauration que d’interprétationdu lieu. Cette diversité d’interventions possibles com-mande une excellente connaissance des lieux etactivités de production, laquelle est malheureusementtrop souvent embryonnaire actuellement. L’améliorationde cette connaissance est pourtant nécessaire pourpermettre des interventions éclairées et même inno-vatrices qui inscriront pleinement ce patrimoine dansla vie urbaine contemporaine.

Le critère qui préside à la sélection d’un ensembleindustriel d’intérêt est le regroupement particulièrementcomplexe de bâtiments industriels, structures de géniecivil, machines, instruments, outils et équipements diversappartenant à une seule ou à plusieurs compagnies.

8 Conformément au document de travail Citation et constitution de sitesdu patrimoine préparé par la Division du patrimoine et de la toponymiede la Ville de Montréal en novembre 2003.

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1.3 Les tracés fondateurs d’intérêt patrimonial

Sur l’île de Montréal, l’organisation du territoireremonte dans certains cas au XVIIe siècle. De cetteorganisation naissent les voies de circulation qui sontsouvent les marques les plus anciennes du Montréalagricole qui prévalait avant l’urbanisation. En effet,dès 1663, les sulpiciens deviennent seigneurs de l’îlede Montréal. Ils planifient alors le territoire pour l’ouvrirà la colonisation. Pour cela, l’île est divisée en côtes –chacune, dénommée par les sulpiciens, désigne unensemble de terres pouvant compter quelquesdizaines de concessions et représentant une unité deterritoire. Les terres individuelles sont des bandesparallèles étroites et longues. Pour chaque côte estprévu l’emplacement d’un chemin. Cela donne uneidée du mode d’occupation du sol du systèmeseigneurial mis en place sous le Régime français. Le système des côtes constitue la structure de basedu peuplement de l’île sur laquelle s’appuiera toutdéveloppement postérieur.

En raison de l’insularité de la seigneurie de Montréalet de la présence du mont Royal, ce système de côtesprésente toutefois une organisation originale. Eneffet, si dans la vallée du Saint-Laurent les côtesintérieures sont parallèles au fleuve, ce n’est pasnécessairement le cas à Montréal. C’est ainsi que, surl’ensemble de l’île, le réseau routier qui dessert cescôtes présente une configuration propre. Ce réseauprimitif, clairement illustré sur la carte de Jobin de1834, montre l’ensemble des tracés fondateurs quiserviront par la suite d’épine dorsale au développe-ment des quartiers. Grâce à cette carte, on comprendbien la structure du réseau des chemins à sonapogée, à l’époque où l’île de Montréal était encoretrès fortement rurale.

Plusieurs de ces chemins se sont transformés enautoroutes et boulevards, d’autres ont conservé unpotentiel évocateur du Montréal rural ancien, etquelques-uns se sont fortement urbanisés.

Parmi ces tracés fondateurs, nous avons sélectionnéles tronçons qui présentent un intérêt patrimonialparce qu’ils relient toujours des bâtiments parmi lesplus anciens de Montréal ou qu’ils sont bordés debâtiments d’intérêt patrimonial. Ces tracés serventen quelque sorte de fil conducteur pour la com-préhension du territoire. Ils permettent, entre autres,d’expliquer la présence d’un paysage rural ou debâtiments anciens d’intérêt patrimonial qui apparais-sent autrement un peu perdus dans la trame urbaineactuelle. En reliant différents éléments isolés, cestronçons leur confèrent une importance accrue.

1.4 Le patrimoine archéologique

1.4.1 Le caractère spécifique de ce patrimoine

Le patrimoine archéologique est «... la partie de notrepatrimoine matériel pour laquelle les méthodes del’archéologie fournissent les connaissances de base. Lepatrimoine archéologique englobe toutes les traces del’existence humaine et concerne les lieux où se sontexercées les activités humaines, quelles qu’elles soient,les structures et les vestiges abandonnés de toutessortes, en surface, en sous-sol ou sous les eaux, ainsique le matériel qui leur est associé. Le patrimoinearchéologique est une richesse culturelle fragile et nonrenouvelable».9

9 Extrait de la Charte pour la protection et la gestion du patrimoinearchéologique, ICAHM, ICOMOS International, 1990.

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La notion de patrimoine archéologique se rattached’abord à un lieu physique, le site archéologique, quicorrespond à tout espace dont le sous-sol recèle desvestiges d’occupation ancienne – ouvrages et cons-tructions de tous types, objets témoins et tout autreélément matériel issu de l’action humaine. Le caractèreenfoui des sites archéologiques fait que, contrairementà d’autres catégories de biens patrimoniaux, cepatrimoine constitue une ressource dont il est difficilede dresser rapidement un inventaire exhaustif. Denombreux sites, de natures diverses et de toutesépoques, restent ainsi à découvrir sur le territoire del’île de Montréal. Toute tentative de cerner la réalité dupatrimoine archéologique ne pourra donc constituerqu’un exercice partiel de mise à jour des connaissancesacquises. Cette part d’inconnu explique l’extrême vul-nérabilité de ce patrimoine et les difficultés particulièresd’en assurer la protection face aux exigences modernesdu développement urbain.

Un second aspect important a trait au patrimoinearchéologique en tant qu’objet de connaissance.L’archéologie constitue une discipline dont une desmissions est l’étude des sociétés passées par l’inter-médiaire des vestiges matériels que ces sociétés ontlaissés derrière elles. Il s’agit, de plus, de la seulediscipline qui traite dans le temps et l’espace del’évolution de l’ensemble des sociétés humaines. Sacontribution est unique notamment en ce qui con-cerne la longue trajectoire suivie par l’humanité avantl’apparition de l’écriture. L’archéologie s’intéresse àtoutes les sociétés, sans égard à leur origine ou àleur forme d’organisation, qu’elles soient, comme enAmérique, de souche autochtone, européenne ou autre.

À L’ÉCHELLE DE L’ÎLE DE MONTRÉAL

L’archipel de Montréal comprend trois nappes d’eauimportantes, trois canaux d’écoulement, une vingtainede rapides, trois cents îles (dont deux majeures,Montréal et Jésus) et plus de mille kilomètres derives. Montréal est également le point de rencontrede trois grandes voies fluviales – le Saint-Laurent quidonne accès à l’Atlantique et aux Grands Lacs, leRichelieu d’où il est possible d’atteindre l’Hudson etl’État de New York, ainsi que l’Outaouais qui ouvre laporte vers l’ouest et le nord. L’importance de l’île deMontréal pour les Amérindiens s’explique tout parti-culièrement par cette localisation à la confluence et àproximité de plusieurs cours d’eau. Ces axes hydro-graphiques sont les routes traditionnelles de commerceau cours de la préhistoire et au début de la périodehistorique. De plus, l’île de Montréal, la plus grandede l’archipel, comporte des terrasses de quinze,trente et cinquante mètres d’élévation ou mêmeplus, en référence au mont Royal. Ces terres ont puaccueillir des populations humaines depuis 8 000 ansavant aujourd’hui, si l’on se fie aux premières décou-vertes archéologiques effectuées dans la vallée duSaint-Laurent.

La plus ancienne manifestation humaine recensée surl’île de Montréal date de la fin de la période archaïque,entre 5 000 et 4 000 ans avant aujourd’hui. Cetteoccupation par les Amérindiens, au cours des périodespréhistorique et de contact, est un volet unique dupassé de l’île de Montréal.

Pour la période historique, la documentation et lescartes anciennes fournissent des éléments interpré-tatifs valables, à partir des premières chroniques duXVIe siècle jusqu’à nos jours. Elles sont cependantsouvent muettes sur les différents aspects des modesde vie de certaines époques et de certains groupes etindividus, de même que sur l’emplacement exact etl’organisation spatiale de plusieurs lieux d’exploita-tion et d’habitation, comme les avant-postes de Ville-Marie. Elles se taisent parfois volontairement et, en

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d’autres occasions, ne font état que des préoccupa-tions des classes dirigeantes, des autorités, de l’élite.L’archéologie pare à ces lacunes car elle étudie lestraces concrètes laissées par les différents occupants.En milieu urbain, l’archéologie étudie en outre l’évo-lution de la forme urbaine et des formes concrètes,dans l’espace et dans le temps, pour idéalementaccéder aux fondements de la culture.

Les recherches archéologiques menées à ce jour sur l’îlede Montréal documentent une séquence d’occupations’étirant sur plusieurs millénaires et associée à laprésence de groupes aux horizons culturels et temporelsfort diversifiés : campement amérindien, halte, carrièrepréhistorique pour l’extraction de la pierre, lieu desépultures amérindiennes, noyau initial de Ville-Marie,lieux de fondation, forts et missions, bourgs anciens,moulin seigneurial, lieux de culte, cimetières (catho-liques, protestants et juifs), complexes institutionnels,anciens faubourgs, villas, marchés publics, dépotoirs,complexes agricoles, complexes industriels, ouvragesde génie civil, etc., et les formes du paysage ancien del’île de Montréal : terrasses, collines, ruisseaux, rivières,lacs, tourbières.

1.4.2 La démarche générale d’acquisition de connaissances et de conservation

Le site archéologique constitue le fondement concretde la démarche de conservation et de mise en valeurdu patrimoine archéologique. La valeur intrinsèque dusite archéologique, tout comme l’intérêt de procéder àson investigation, doivent être évalués en fonctionde critères relatifs à sa signification, et non pasessentiellement relever de considérations touchantsa grande ancienneté ou le caractère plus ou moinsmonumental des vestiges qu’il recèle.

En milieu urbain ou aménagé de longue date, ladémarche suivie consiste, au moyen de l’analysedes cartes anciennes, des documents d’archives, desdonnées environnementales et des données archéo-logiques acquises, à caractériser la séquence d’occu-pation et le processus d’aménagement du territoire.Il s’agit de confronter les caractéristiques géographiquesaux caractéristiques culturelles des sociétés ayanthabité ou pu habiter un territoire, et de comprendredans quelle mesure les occupations successives ontstructuré le milieu d’origine et affecté les vestigesd’occupations antérieures. Cette étape est celle del’étude de potentiel archéologique. La seconde étapeconsiste, en fonction des résultats de l’étude depotentiel archéologique, à procéder à une évaluationsur le terrain afin de vérifier la localisation précise, la nature et le degré d’intégrité des ressources archéo-logiques en place. Il s’agit de l’inventaire archéolo-gique réalisé par des forages, sondages et tranchéesexploratoires.

Selon la nature des découvertes découlant de l’inven-taire archéologique, plusieurs avenues sont envisa-geables selon la valeur scientifique, didactique etsymbolique du site et du contexte. Dans le cas d’unsite archéologique de grand intérêt, il pourra êtrenécessaire d’assurer en priorité sa conservation insitu. Une réserve archéologique est souvent garantede la mise en valeur de ce patrimoine. La plupart desinterventions archéologiques à Montréal surviennentdans le cadre de projets d’aménagement du territoire.Les mesures de protection du patrimoine archéo-logique peuvent alors entraîner la conservation inté-grale in situ de certains vestiges, la mise en valeurin situ de vestiges, la relocalisation du projet d’amé-nagement, une modification du projet d’aménagementou encore une fouille archéologique préventive surles sites d’intérêt de façon à assurer une récupérationmaximale d’informations.

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La majorité des sites archéologiques de l’île deMontréal se trouvent dans des espaces divers – sous-sol de bâtiment, terrain vacant, boulevard, rue,ruelle, square, place, parc, parc-nature – souventmenacés par des réaménagements, de nouvellesconstructions et une modernisation des servicespublics souterrains. L’intégration de ce patrimoinedans les programmes de régénération du tissu urbainde Montréal devient donc prioritaire. C’est pourquoila reconnaissance du patrimoine archéologique dansle Plan d’urbanisme de Montréal permettra deprévenir l’interférence négative des usages actuels dela ville et assurera la protection et la mise en valeurde vestiges et de sites archéologiques d’un grandintérêt pour l’histoire de Montréal.

1.4.3 L’approche méthodologique et l’identifi-cation du patrimoine archéologique auPlan d’urbanisme

En lien avec la confection du Plan d’urbanisme, laVille de Montréal a réalisé une étude des sitesarchéologiques recensés en date de l’année 2003et des secteurs d’intérêt archéologique. Cette études’étend à la partie montréalaise de l’archipel deMontréal, qui comprend l’île de Montréal mais aussil’île des Sœurs, l’île aux Hérons, l’île aux Chèvres, l’îleDorval et d’autres. Ce faisant, elle assure une visiond’ensemble du territoire et met en perspective lesespaces urbanisés où le patrimoine archéologiquenécessite des mesures de protection. Pour comprendrela portée de la démarche, il est nécessaire de rappelerque seule une infime quantité des sites archéo-logiques sur l’île de Montréal sont connus.

Dans un premier temps, l’étude s’est attachée àlocaliser précisément et à évaluer les sites archéolo-giques déjà recensés et inscrits à l’Inventaire des sitesarchéologiques du Québec, et dans un second temps,à qualifier, localiser et prioriser des secteurs d’intérêtarchéologique.

LES SITES ARCHÉOLOGIQUES RECENSÉS

Au Québec, en vertu de la Loi sur les biens culturels,tout site archéologique découvert est codifié selon le code Borden et inscrit à l’Inventaire des sitesarchéologiques du Québec. Le code Borden est unsystème d’enregistrement des sites archéologiquesutilisé à l’échelle du Canada. Il permet de localiser unsite archéologique d’après sa position géographique,longitude et latitude (ex. : BjFj), et selon l’ordre suc-cessif des découvertes archéologiques (ex. : BjFj-1).Au Québec, c’est le ministère de la Culture et desCommunications qui a la responsabilité de tenirl’Inventaire des sites archéologiques de la province etqui attribue les codes Borden.

La Ville de Montréal a donc enrichi le Répertoireinformatisé des sites archéologiques des données àl’échelle de l’ î le de Montréal. Les 191 sitesarchéologiques recensés en date de 2004 ont étécaractérisés individuellement. Les critères utiliséspour cette évaluation sont :

– l’état de conservation physique du site et de son environnement immédiat, en considérant que plusieurs sites archéologiques recensés ont été détruits lors de travaux d’excavation ou ont fait l’objet de fouilles archéologiques ;

– la qualité documentaire des couches et des vestigesarchéologiques, leur représentativité, leur unicité, leur ancienneté et, dans certains cas, leur capacité d’évocation.

Deux catégories ont été distinguées : les sites archéo-logiques intègres qui doivent être protégés et les sitesarchéologiques altérés qui ne nécessitent aucune mesurede protection. Tous ont été cartographiés, y comprisles sites archéologiques altérés car ils sont révélateursdu potentiel archéologique d’un milieu donné.

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LES BIENS CULTURELS À STATUT

La notion de bien culturel intègre, d’une part, les sitesarchéologiques et les biens archéologiques classés et,d’autre part, les sites historiques classés et les monu-ments historiques classés ou reconnus, l’arrondisse-ment historique du Vieux-Montréal, l’arrondissementhistorique et naturel du mont Royal, l’arrondissementnaturel de Saraguay, les monuments cités et les sitesdu patrimoine. Tous ces biens ont fait l’objet d’unexamen à partir de la documentation disponible afinde déterminer leur intérêt archéologique et, en con-séquence, la nécessité d’une protection du patrimoinearchéologique sur ces propriétés. Seuls les grandsensembles à statut sont cartographiés, les autresbiens culturels étant présentés par arrondissement.

LES SECTEURS D’INTÉRÊT ARCHÉOLOGIQUE ET LES SECTEURS D’INTÉRÊT ARCHÉOLOGIQUEÀ FORT POTENTIEL

Le secteur d’intérêt archéologique est un territoiresusceptible de renfermer des sites et des vestigesdes périodes préhistorique, de contact et historiqueeu égard à ses caractéristiques géomorphologiques,biophysiques, archéologiques et historiques.

Des études plus poussées doivent y être réaliséesafin d’évaluer précisément la qualité de préservationdu milieu physique. La probabilité de découvertede témoins archéologiques demeure à ce jour difficileà estimer si l’on considère l’environnement et sondegré de perturbation moderne. Il est donc nécessaireque les citoyens collaborent en communiquant toutedécouverte de vestiges dans les secteurs d’intérêtarchéologique.

Le secteur d’intérêt archéologique à fort potentielest un territoire dont l’évaluation du contexte bio-physique ainsi que des caractéristiques géomor-phologiques, archéologiques et historiques démontreune forte possibilité qu’il recèle des vestiges

archéologiques. La qualité de préservation du milieuphysique, la densité des témoins archéologiques ensous-sol et(ou) hors sol et leur capacité de con-tribuer à la connaissance constituent des facteursqui rehaussent le niveau d’intérêt accordé à unendroit particulier. Le secteur d’intérêt archéologique« à fort potentiel » est un territoire où des mesuresde protection des sites éventuels sont nécessaires.

Pour chacun des 27 arrondissements de l’île deMontréal, l’identification des secteurs qui présententun intérêt archéologique constitue une étape préalableà la protection des éventuels témoins archéolo-giques. Cet exercice, qui est d’ailleurs une premièresur le territoire montréalais, est basé sur l’examen etl’évaluation de multiples sources documentant lesaspects environnementaux et culturels de ces terri-toires. Cette étape permet également d’identifier lesmilieux qui doivent dans l’avenir faire l’objet d’uneétude de potentiel et d’un inventaire archéologique.

Les secteurs ont été ciblés en fonction :

– du cadre biophysique et des qualités d’accueil de populations d’un territoire, depuis plusieurs millé-naires; ce cadre a été documenté à partir d’études géologiques et géomorphologiques ainsi que par l’examen de cartes topographiques et de photogra-phies aériennes anciennes afin de déterminer la proximité d’un axe de communication hydro-graphique ou terrestre, l’élévation des terrasses, les types de dépôts de surface, les concentrations de ressources alimentaires de même que l’approvi-sionnement en eau potable et autres éléments ;

– du contexte historique et de l’urbanisme moderne pour déterminer leur capacité à fonder un lieu de nature archéologique et à le préserver; ces contextesont été documentés à partir de monographies historiques et par l’examen des cartes des XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe siècles et des photographies aériennes de 1947, 1948 et 1949, de même qu’à partir d’études sur les parcs-nature de l’île de Montréal, les propriétés institutionnelles, les biens

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culturels à statut et les lieux historiques nationaux, comme le canal de Lachine ;

– du contexte archéologique documenté à partir de l’Inventaire des sites archéologiques du Québec ainsi que dans les publications, les rapports inédits et les relevés de découvertes. Des copies de ces études sont maintenant disponibles au Centre de documentation de la Direction du développement urbain de la Ville de Montréal ; le répertoire de ces ouvrages peut être consulté sur le site Web de la Ville de Montréal – Patrimoine archéologique.

L’analyse des caractéristiques des sites archéolo-giques connus permet de dégager des constantes quiinfluencent le choix des emplacements en fonction descultures et des périodes, et d’élaborer des modèlesarchéologiques prédictifs. C’est ainsi que l’on constate,sites archéologiques à l’appui, que les groupesamérindiens de la période préhistorique et les premierscolons français choisissent approximativement lesmêmes lieux pour s’établir. Par la suite, la dispositiondes occupations rurales européennes se démarquede celle des premiers noyaux villageois, au gré dudéveloppement des axes de transport terrestre. Deplus, des activités spécialisées, tel un moulin à farineou à scie mu par l’eau, une tannerie artisanale ou,plus tardivement, un complexe industriel, supposentdes caractéristiques d’implantation fort différentes.Ces facteurs ont été pris en considération afin detenter de localiser les territoires qui ont eu la faveurdes populations locales depuis le début de l’occupationde l’île de Montréal jusqu’à nos jours.

Les secteurs les plus susceptibles d’abriter des vestigesarchéologiques ont ainsi été identifiés et ont fait l’objetd’une inspection visuelle pour estimer leurs carac-téristiques générales et observer, plus avant, le degréde conservation d’éventuels vestiges. Certaines modi-fications modernes majeures, comme l’ajout de rem-blais en rive, ont été réévaluées par suite de l’inspectionvisuelle. Les résultats de l’ensemble de ces étapesd’évaluation ont été cartographiés sur une représen-tation aérienne de l’île de Montréal, l’orthophoto 2002,

afin de bien saisir toute la portée de l’urbanismemoderne sur les ressources archéologiques de l’île deMontréal.

Le résultat de cette réflexion qui comporte des limites,car il ne s’agit aucunement d’une étude de potentielarchéologique « fine» de l’île de Montréal, a été car-tographié et des textes ont été rédigés en lien avecles catégories identifiées au Plan d’urbanisme : sitearchéologique recensé intègre, site archéologiquerecensé altéré, secteur d’intérêt archéologique à fortpotentiel, secteur d’intérêt archéologique, grandensemble à statut.

1.5 Nouvelles perspectives

En résumé, le travail de repérage du patrimoine urbainréalisé dans le cadre du Plan d’urbanisme nous permetd’atteindre plusieurs objectifs et d’ouvrir la réflexion surle patrimoine dans une perspective d’avenir. Il permetentre autres :

– d’élargir la notion de patrimoine par rapport à ce qu’onretrouvait dans le Plan d’urbanisme de Montréal de 1992et dans plusieurs des plans d’urbanisme des anciennesvilles qui se sont jointes à Montréal ;

– de contribuer à accroître l’intérêt de certains arron-dissements pour les problématiques de conservation du patrimoine et d’en sensibiliser d’autres à l’impor-tance de cet enjeu;

– d’amorcer une exploration de nouvelles notions quel’on rattache depuis peu à la question patrimoniale dans les outils de gestion municipaux (patrimoine moderne, ensembles urbains, éléments de paysage, patrimoine archéologique, etc.) ;

– de contribuer à l’identification d’enjeux locaux et métropolitains quant à la protection du patrimoine;

– de développer une vision globale et partagée en vue d’une planification et d’une action concertées en matière de patrimoine, en positionnant mieux le patri-moine dans la dynamique du développement urbain.

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2.RosemontLe boulevard Rosemont suit le tracé de l’ancien cheminde la côte de la Visitation, laquelle est ouverte à lacolonisation par les sulpiciens au début du XVIIIe siècle.Les colons y défrichent le sol pour le cultiver et leursdescendants perpétuent cette activité agricole jusqu’auXXe siècle. Par ailleurs, dès 1780, la présence de gise-ments calcaires sur la côte de la Visitation est connueet elle est à l’origine de l’exploitation de carrières. Onen extrait de la pierre de construction – la célèbrepierre grise de Montréal – puis, plus tard, la pierreconcassée qui servira à la construction des routesjusqu’au milieu du XXe siècle. Le toponyme descriptifde la sinueuse rue des Carrières est le seul témoin quinous rappelle que ce chemin menait aux carrières de lacôte de la Visitation. Toutefois, au début du XXe siècle,le développement économique et urbain de ce qui vadevenir Rosemont change radicalement avec l’ouver-ture, en 1904, des usines Angus.

Propriété du Canadien Pacifique (CP), ce gigantesquecomplexe industriel compte près de 70 bâtiments etun réseau de rails de plusieurs kilomètres. Outre devastes ateliers aérés, bien éclairés et sans colonnes,le CP construit sur son immense terrain un poste de pompiers, un hôpital, un moulin à bois et unebanque. De plus, des terrains de baseball, de crosseet de football sont à la disposition des employés.C’est une ville dans la ville. Lors de la mise en fonc-tion de l’usine (1904), 3 000 ouvriers travaillent à laconstruction de locomotives et de matériel roulantou encore voient à l’entretien de cette machinerie.Pendant les deux grands conflits mondiaux, les usinesoccupent 12 000 employés qui participent à l’effort deguerre en produisant, entre autres, des chars d’assaut.Mais après la Seconde Guerre mondiale, le transportferroviaire est férocement concurrencé par le camion-nage et, en 1960, une partie des usines doit êtredémantelée; la fermeture définitive survient en 1992.Depuis, certains bâtiments ont été reconvertis etun nouveau quartier résidentiel voit le jour sur cetimmense terrain laissé vacant.

Le développement urbain de Rosemont commenceavec la construction des usines Angus. Sachant quele complexe attirera des centaines d’ouvriers, lespromoteurs immobiliers U.-H. Dandurand et HerbertHolt forment la Rosemont Land ImprovementCompany et lotissent la terre Crawford, située aunord des usines Angus. Ces deux personnages ontlaissé leur trace dans la toponymie locale puisquedeux rues de ce quartier portent leur nom. Le nomde Rosemont sera repris pour désigner le village, puispar la suite le quartier après l’annexion avec Montréal(1906-1910), et maintenant l’arrondissement. Durantles années 1920, Rosemont fait partie des quartiersmontréalais les plus actifs en ce qui concerne la cons-truction domiciliaire. En 1942, un ambitieux projet, laCité-jardin du Tricentenaire, est inauguré. Des maisonsunifamiliales, sur des rues dont les noms rappellentles essences particulières d’arbres qui les bordent, ainsiqu’un réseau de sentiers piétonniers dissocié du sys-tème de rues, caractérisent ce nouveau développementqui ne sera réalisé que partiellement.

La croissance de Rosemont se poursuit après laSeconde Guerre mondiale grâce au boom démo-graphique et à la pénurie de logements. Des ruesentières se développent, parsemées surtout d’églisescatholiques dont les paroisses assurent le service auxnouveaux arrivants. L’évêché de Montréal, désirantse rapprocher de ses fidèles, abandonne l’idée deséglises monumentales et multiplie le nombre deparoisses et donc, d’églises. De nouvelles écolesviennent répondre à la croissance démographique.Tout cela illustre bien la rapidité de l’expansion deRosemont à cette époque. Dans les années 1960,une communauté d’origine ukrainienne est suffisam-ment importante pour permettre la construction dequelques églises aux coupoles orientales, donnant uncaractère particulier à Rosemont.

D’autres bâtiments importants s’élèvent, montranttoujours le dynamisme de ce quartier : la bibliothèquede Rosemont (1951), le collège des Eudistes (1954),le centre Paul-Sauvé (1960). À cette époque, comme

H I S T O R I Q U E

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de vastes terrains sont encore disponibles et que lapopulation augmente rapidement dans le secteur estde l’île de Montréal, Rosemont devient un lieu parti-culièrement prisé pour la construction d’hôpitaux.Cette vocation hospitalière a commencé en 1886 lorsde la construction, en plein champ, de l’hôpital desvarioleux (le Centre Préfontaine). Ce premier hôpitalcivique correspond à une étape marquante dansl’histoire des luttes de Montréal contre les violentesépidémies de variole du XIXe siècle. À partir desannées 1950 se construisent plusieurs hôpitaux : unsanatorium pour les tuberculeux devenu l’hôpitalSaint-Joseph-de-Rosemont, l’hôpital Pasteur, l’hôpi-tal Maisonneuve, l’hôpital Bellechasse, puis l’Institutde cardiologie, l’hôpital Marie-Enfant et l’hôpitalSanta-Cabrini.

À l’est du territoire, pendant la crise économiquedes années 1930, un important espace est aménagé.Le Jardin botanique de Montréal est créé et il ouvreses portes en 1936 grâce à la ténacité et à la visiondu Frère Marie-Victorin et de l’horticulteur HenryTeuscher, qui donnent au jardin une vocation éduca-tive et scientifique encore maintenue de nos jours.Ils entreprennent une importante collection d’arbreset de plantes et aménagent des jardins thématiques.Petit à petit, la réputation du Jardin botanique s’étendau point qu’il devient l’une des institutions civiquesmontréalaises les plus connues, tant au niveaurégional et national qu’international.

Petite-PatrieLe secteur de la Petite-Patrie tient son nom d’unroman autobiographique de Claude Jasmin. Il s’agitessentiellement d’un secteur résidentiel entrecoupéde rues commerciales. C’est en 1895 que des fran-cophones et des néo-montréalais d’origine italiennes’installent au sud de ce territoire. Ces derniers main-tiennent certaines traditions paysannes, entretenantsouvent un jardin potager et élevant des animaux debasse-cour. La construction de l’église Notre-Dame-de-la-Défense au début du XXe siècle et de la CasaItalia quelques décennies plus tard illustre bien l’im-

portance de la communauté italienne dans ce secteurpendant la première moitié du XXe siècle.

Par ailleurs, l’urbanisation gagne tout le territoire etdes édifices publics se construisent, notamment despostes de police et de pompiers. En pleine criseéconomique, on met en branle de grands chantierspour résorber le chômage. C’est ainsi qu’en 1931,l’ensemble que constitue le marché Jean-Talon, alorsnommé le marché du Nord, est érigé sur le site d’unterrain de crosse de l’équipe Shamrock. Dès sonouverture, il devient le marché le plus fréquenté deMontréal. C’est le lieu de rendez-vous des cultiva-teurs qui vendent aux citadins leurs fruits et légumesfrais, ainsi que des animaux de basse-cour. Dans cequartier, les cours arrière et les ruelles sont des lieuxd’animation intense. Les enfants, nombreux après laSeconde Guerre mondiale, y circulent et les com-merçants ambulants de fruits et de légumes ainsi queles «guenillous» y annoncent leurs produits en criant.

Fortement urbanisé et densément peuplé, l’arron-dissement de Rosemont–La Petite-Patrie est actuelle-ment le troisième plus populeux de l’île.

Marché Jean-Talon (vers 1955), Ville de Montréal. Gestion des docu-ments et archives. Fonds du Service du greffe. Dossier des coupures depresses. VM6-R3576.2(2)

Les maraîchers de la région montréalaise installent leurs étals sous lesabris du marché Jean-Talon.

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PINSONEAULT, A.-R. Atlas of the Island of Montreal and Ile Bizard,1907, BNQ-M Cote : G 1144 M65G475 P5 1907 CAR

En 1907, les terres à proximité des usines Angus sont loties et proposentun seul modèle : longs îlots avec ruelles et lots de mêmes dimen-sions. Ce nouveau développement porte le nom de Rosemont.

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3.3.1 Mise en situation

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie com-porte trois secteurs dont le développement urbaincorrespond à des périodes historiques différentes :

• La Petite-Patrie – son tissu urbain s’est structuré principalement entre 1885 et 1930, par suite de l’arrivée du tramway.

• Le quartier Rosemont – son développent est tribu-taire de l’implantation des usines Angus au nord de la rue Rachel vers 1904.

• Le Nouveau Rosemont, secteur est de l’arrondisse-ment – son développement a été plus tardif, après la Seconde Guerre mondiale.

L’arrondissement compte un très grand nombred’églises, dont plusieurs ont été construites pendant lescinquante dernières années. La fermeture de plusieursparoisses, en raison de la baisse de la pratiquereligieuse, met en danger la survie de ce patrimoinereligieux qui bien souvent structure les quartiers.

Le même problème risque de se présenter dans lesannées qui viennent pour les écoles qui, elles aussi,se trouvent en très grand nombre sur l’ensemble duterritoire de l’arrondissement; elles forment souventavec l’église du quartier des ensembles institutionnelsimposants et porteurs d’histoire.

Le faible nombre de terrains à construire sur le terri-toire de l’arrondissement crée des pressions sur lesgrandes propriétés (institutions des communautésreligieuses, églises, écoles, édifices publics, etc.).Par ailleurs, la tendance est à la densification desquartiers, ce qui met en péril l’existence des petitesmaisons d’un seul étage qui témoignent d’un moded’occupation du territoire en voie de disparition.

3.2 Résultat de l’analyse

3.2.1 Les tracés fondateurs d’intérêt patrimonial

La rue des CarrièresL’histoire de la rue des Carrières est aussi ancienne quecelle des carrières de pierre calcaire de Montréal. Eneffet, cette rue menait aux différents sites d’extraction,dont plusieurs étaient situés sur l’actuel territoire del’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie. Son tracésinueux se démarque du tracé orthogonal qui carac-térise le tissu urbain montréalais.

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Rue des Carrières entre les rues Cartier et Chabot

Rue des Carrières au coin de la rue Cartier

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3.2.2 Le cadre bâti d’intérêt patrimonial

A. Les secteurs de valeur patrimoniale exceptionnelle

26.E.1 LE SECTEUR DU MARCHÉ JEAN-TALON

Le projet du marché du Nord est réalisé par la Villede Montréal dans le contexte des grands travauxciviques mis en place pour soulager la misère et lechômage qui sévit partout en Amérique, par suite ducrash boursier de 1929. Contrairement aux deuxautres marchés construits à la même époque – Saint-Jacques (1932) et Atwater (1933) –, le marché duNord est planifié pour que les transactions se fassenten plein air. Il est inauguré en 1933 par le maireCamilien Houde. Dix ans après son ouverture, lemarché du Nord possède les six étals qui s’y trouventprésentement (mais qui ne sont toutefois pas reliésentre eux). On doit le concept de l’édifice central, destyle Art déco, à l’architecte Charles-Aimé Reeves.Parallèlement à la construction du « chalet » dumarché, la Ville construit la caserne no 31 et le posted’inspection des viandes (architecte : E.-A. Doucet),deux édifices de style Art déco qui structurent lesecteur et marquent le paysage urbain de façonremarquable.

Le marché Jean-Talon occupe un terrain qui, depuis1904, avait servi de club de crosse : le «ShamrockLacrosse Grounds».

26.E.1 Poste d’incendie no 31 ou édifice Shamrock

26.E.1 Édifice du marché Jean-Talon

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26.E.2 Buste de Dante, parc Dante

26.E.2 Église Notre-Dame-de-la-Défense

26.E.2 LE CŒUR DE LA PETITE-ITALIE

Ce petit secteur limitrophe à la rue Saint-Denis estmarqué par la présence imposante de l’église Notre-Dame-de-la-Défense (1910), désignée lieu historiquenational du Canada en 2002 pour l’important rôlequ’elle a joué depuis 80 ans auprès de la commu-nauté italienne montréalaise et canadienne. Il com-prend également l’école primaire Notre-Dame-de-la-Défense, l’un des premiers établissements d’enseigne-ment de la communauté italienne de Montréal, l’écoleSainte-Julienne-Falconieri (Ernest Cormier, architecte)ainsi que le parc Dante, ainsi nommé en 1963 pourcommémorer le poète italien Dante Alighieri, auteurde La Divine Comédie.

26.E.3 LA RUE SAINT-DENIS (A) ET L’ENSEMBLE INSTITUTIONNEL SAINT-ÉDOUARD (B)

a. La rue Saint-DenisLa rue Saint-Denis est bordée des deux côtés par unfront presque continu de résidences contiguës dontla hauteur varie de un à trois étages. Les triplex debrique prédominent toutefois dans ce paysageurbain dont la densité est très serrée. Le caractèrepatrimonial exceptionnel de la rue Saint-Denis reposesur ses qualités architecturales et environnementales,ainsi que sur le bon état de préservation des élémentscaractéristiques de ces «plex» (escaliers extérieurs,balcons, couronnements, jeux de brique, vitraux, etc.).Il est à noter que le bâti de la rue Saint-Denis est plusluxueux que celui des rues voisines (utilisation plusfréquente de pierre grise en façade, détails ornemen-taux plus raffinés, etc.). Ce secteur est très représen-tatif des développements urbains de la fin du XIXe siè-cle et des premières décennies du XXe siècle. Il estenrichi par la présence des théâtres Rivoli (1926) etChâteau (1931, bâtiment cité et classé), situés de partet d’autre de la rue Bélanger.

b. L’ensemble institutionnel Saint-Édouard Au cœur même du quartier Saint-Édouard se trouvel’ensemble patrimonial de grande valeur composé del’église Saint-Édouard (1901-1909), d’inspiration néo-gothique, du presbytère, de l’école Saint-Édouard(1919), de l’ancienne académie Saint-Paul transforméeen logements (1899-1909) et, au coin nord-est, de laBanque d’Épargne d’inspiration classique (1919).

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29A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

26.E.3a Rue Saint-Denis, au sud de la rue Saint-Zotique

26.E.3b École et église Saint-Édouard 26.E.4 Église Saint-Ambroise

26.E.4 L’ENSEMBLE INSTITUTIONNEL SAINT-AMBROISE

Ce petit secteur situé le long de la rue Beaubien estconstitué de l’église et du presbytère Saint-Ambroise(1925), de l’école Anthelme-Verreau (il s’agit de troisœuvres de l’architecte Ernest Cormier) et de l’écoleSaint-Ambroise (1924-1925, œuvre de l’architecteOmer Marchand). Ces édifices composent un ensem-ble monumental remarquable, tant par la qualitéde leur architecture que par le lien historique entreces deux importants architectes. En effet, Cormierest l’élève de Marchand au début de sa carrière.

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26.E.6 CENTRE CIVIQUE ET AUTRES BÂTIMENTSINSTITUTIONNELS

Il s’agit d’un complexe institutionnel formé du Centrecivique Rosemont, des écoles Saint-Jean-Brendan etNesbitt (ancienne Rosemont School), de l’ancien col-lège Saint-Ignace (coopérative d’habitation Marius-Barbeau) et de l’église ukrainienne l’Assomption-de-la-Bienheureuse-Vierge. Cet ensemble est situé au norddu boulevard Rosemont et à l’est de la 6e Avenue.

Remarquable par sa grande qualité architecturale etpar son implantation sur un grand site gazonné, leCentre civique Rosemont comprend la bibliothèque,la piscine et l’ancien centre d’hygiène. Conçu parl’architecte Jean-Julien Perrault dans le style Art déco,cet ensemble monumental a été inauguré en 1951par le maire de Montréal, Camilien Houde. Il affichele même type de parement en brique chamois quel’école Saint-Jean-Brendan (1930), située de l’autrecôté de la 6e Avenue. L’école Nesbitt (1922), enbrique brune caractéristique de son époque, est elleaussi implantée sur un vaste terrain gazonné.

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26.E.6 Centre civique Rosemont

26.E.5 LE PARC MOLSON

Le secteur du parc Molson comprend le parc lui-même ainsi que les bâtiments construits sur les ruesqui le ceinturent, soit les avenues Louis-Hébert etElsdale ainsi que les rues Molson et Beaubien. Le parcest traversé par la rue D’Iberville.

Au XIXe siècle, John Elsdale Molson, descendant dufondateur de la brasserie Molson, possède une villadans la campagne montréalaise. Au début du XXe siè-cle, il achète les terres voisines à des fins de lotisse-ment. En 1914, il cède certains lots à la Ville pourl’aménagement du parc actuel. La qualité architec-turale et environnementale de ce secteur ainsi que lebon état des résidences (en majorité des duplex outriplex contigus) qui bordent le parc en font l’un desendroits les plus agréables à vivre de l’arrondissement.

26.E.5 6564-6566, avenue Louis-Hébert

Page 31: Évaluation du patrimoine urbain de Rosemont—La Petite-Patrie

26.E.7 SITE DU PATRIMOINE DE L’ÉGLISE SAINT-ESPRIT DE ROSEMONT

Le site du patrimoine de l’église Saint-Esprit deRosemont est situé au cœur du tronçon le plusdynamique de la rue Masson.

Ce site du patrimoine a été constitué en 1990 pourassurer la conservation de l’église Saint-Esprit et deson environnement, lequel comprend des bâtimentsreprésentatifs de l’architecture commerciale d’unebanlieue ouvrière de Montréal.

La paroisse Saint-Esprit est fondée en 1905 sous lenom de Sainte-Philomène. Une première chapelle estérigée l’année suivante sur le site de l’église actuelle.En 1922, on construit le soubassement d’une nou-velle église qui sera terminée en 1931, suivant lesplans de l’architecte J.-E.-C. Daoust. Avec son pare-ment en pierre de taille et son élégant profil enescalier, l’église Saint-Esprit est le seul lieu de culteArt déco à Montréal. Son décor intérieur, conçu parCarli et Petrucci, est remarquable; il en est de mêmedes vitraux de Guido Nincheri.

Font également partie de ce site du patrimoine lesédifices suivants : le presbytère (1914), de factureplus modeste; la Banque de Montréal (1927-1928),d’inspiration classique (le petit bâtiment qui sert de voûte était autrefois la morgue du village deRosemont); l’immeuble Gauthier (1925), en briquejaune, représentatif de la mixité d’usage des bâti-ments commerciaux de la rue Masson; les immeublesTétreault (1914), qui témoignent des débuts de lacommercialisation du secteur; l’immeuble Sarrazin(1928-1929); la Banque Canadienne Nationale (1928-1929); l’immeuble Millier (1912), typique avec sonentrée sur le coin de la rue; et les immeubles Proulx(1913, 1931), typiques de l’architecture mixte desannées 1930.

31A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

26.E.7 Presbytère et église Saint-Esprit, rue Masson

Page 32: Évaluation du patrimoine urbain de Rosemont—La Petite-Patrie

26.E.9 LE JARDIN BOTANIQUE

L’idée de créer un jardin botanique à Montréal revientau frère Marie-Victorin, botaniste et auteur de nom-breux ouvrages sur la flore québécoise. Pour ce vasteprojet éducatif, il ira chercher l’un des leaders de l’hor-ticulture publique nord-américaine de l’époque, HenryTeuscher, à qui l’on doit l’élaboration du programmedétaillé du jardin botanique. La réalisation de ce projetà la fois scientifique, éducatif et récréatif se fait grâceaux programmes de création d’emplois mis en placedurant la période de la crise économique des années1930. Le pavillon administratif conçu dans un langageArt déco par l’architecte de la Ville, Lucien Kéroack, estune figure majeure de ce style au Québec.

Selon François Rémillard (1990), le jardin botanique deMontréal «est devenu avec les années le troisièmeplus important du monde après ceux de Londres etde Berlin». La conservation des éléments initiaux et lerespect du programme de 1937 mis en place parTeuscher ont permis de maintenir la très grande valeurpatrimoniale de cette œuvre dont la réputation débordeles frontières montréalaises.

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26.E.9 Pavillon administratif

26.E.8 SECTEUR ANGUS

Les usines Angus sont construites au début du XXe

siècle par la compagnie Canadien Pacifique. Jusqu’àsa fermeture, en 1992, ce vaste complexe industrielest utilisé pour l’entretien et la réparation du matérielroulant ainsi que pour la construction de wagons. Auplus fort de leur activité, les usines Angus emploient12 000 ouvriers et comprennent 31 bâtiments princi-paux ainsi que 35 annexes. Les années 1960-1970ont vu le déclin des activités des usines et la ferme-ture définitive des derniers éléments des ateliers sefait en 1992. Après de multiples négociations entreles différents acteurs du milieu, il est entendu que leterrain à re-développer sera divisé en deux secteurs,l’un résidentiel et l’autre industriel.

Il ne reste plus que trois des nombreux bâtiments quise trouvaient sur l’un des plus importants sites indus-triels de la métropole: l’ancienne caserne de pompiersdevenue une succursale de la Société des alcoolsdu Québec, la locoshop qui a été transformée en édi-fices de bureaux et en supermarché Loblaws et l’an-cien édifice administratif qui a été réaménagé pouraccueillir des bureaux.

26.E.8 Ancienne caserne de pompiers et partie de la locoshop

Page 33: Évaluation du patrimoine urbain de Rosemont—La Petite-Patrie

26.E.10 La Cité-Jardin du tricentenaire

33A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

26.E.10 LA CITÉ-JARDIN DU TRICENTENAIRE

La Cité-jardin du Tricentenaire est inaugurée en 1942,lors des festivités qui marquent le 300e anniversaire dela fondation de Ville-Marie.

Il s’agit d’un aménagement unique à Montréal, témoinimportant du mouvement City Beautiful, qui valorisaitla ségrégation entre la circulation automobile et pié-tonnière. Chacune des rues est plantée d’une essencevégétale particulière d’où elle tient son nom. Laprésence d’un couvert végétal important contribue àl’ambiance champêtre du secteur.

26.E.11 LES PYRAMIDES OLYMPIQUES

Ce secteur fait partie du complexe sportif construitpour accueillir les Jeux olympiques de 1976 et qui esten grande partie situé dans l’arrondissement voisin(Mercier–Hochelaga-Maisonneuve). Les pyramides duVillage olympique sont à l’origine conçues pour logerles athlètes. Le Village olympique est aujourd’hui uncomplexe d’habitation.

26.E.11 Les pyramides olympiques

26.E.9 Jardin botanique. Photo : Michel Tremblay

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B. Les secteurs de valeur patrimoniale intéressante

26.I.1 LA PETITE-PATRIE, SECTEUR OUEST (QUARTIER SAINT-ÉDOUARDET LA PETITE-ITALIE)

Les segments de rues qui font partie de ce secteurcomportent une proportion intéressante de bâtimentsanciens qui témoignent des premières décennies duquartier et qui ont par ailleurs conservé la majorité deleurs caractéristiques architecturales.

Les rues de ce secteur sont bordées de maisons con-tiguës dont la hauteur varie de un à trois étages. Lesplus petites, vraisemblablement les plus anciennes,sont parfois précédées de petits jardins. Néanmoins, cesont les enfilades de duplex ou de triplex qui prédomi-nent. Les caractéristiques de ces «plex» typiques desvieux quartiers montréalais sont l’utilisation de la briquecomme parement extérieur, les escaliers extérieurs,les balcons, les couronnements et corniches, ainsique divers éléments décoratifs souvent faits en série.

La rue Saint-Laurent – désignée arrondissement his-torique d’intérêt national par le gouvernement fédéralen 2002 – et le marché Jean-Talon (voir secteur 26.E.1)structurent, chacun à leur manière, le secteur ouestde la Petite-Patrie.

26.I.1 7087, avenue de Chateaubriand

26.I.1 Rue Saint-Laurent : entrée de la Petite-Italie

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35A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

26.I.2 LA PETITE-PATRIE, SECTEUR EST

Le cadre urbain résidentiel de ce secteur est similaire àcelui du secteur ouest : architecture datant de la pé-riode 1885-1930; hauteur variant de un à trois étages,mais majoritairement des duplex et triplex; parementextérieur en brique, toits plats, escaliers extérieurs etbalcons, couronnements décoratifs et insertions depierre artificielle pour enjoliver les façades sur rue. Onnote également quelques conciergeries datant despremières décennies du XXe siècle.

De plus, la partie de la rue des Carrières qui est inté-grée au secteur est particulièrement intéressante enraison du bâti qui épouse le tracé particulier de cetteancienne voie de communication.

Au nord de la rue Bélanger, le long de l’avenueChristophe-Colomb, se trouve un ensemble institution-nel fort intéressant composé de l’église Saint-Arsène(1954) et de l’école Saint-Arsène conçue par ErnestCormier (1923). L’ancienne académie Christophe-Colomb (1910), située au sud de la rue Bélanger, vientrenforcer le caractère institutionnel du voisinage.

26.I.3 LE VIEUX-ROSEMONT, SECTEUR OUEST

Ce secteur, qui s’est développé durant les premièresdécennies du XXe siècle, est composé en grande partiede maisons multifamiliales (duplex ou triplex) con-tiguës, construites en série. Comme caractéristiquesarchitecturales principales, on observe les parementsde façade en brique, les escaliers extérieurs, les balcons,la disposition régulière des ouvertures, les couron-nements décoratifs et les insertions de pierre artificielle.Les demeures plus luxueuses comportent des vitraux etautres éléments décoratifs, par exemple de la briquepolychrome. La valeur patrimoniale de ce secteurrepose sur l’homogénéité du bâti et sur son bon état deconservation.

Deux très beaux ensembles institutionnels témoignentde l’expansion urbaine accélérée qui a marqué les pre-mières décennies du XXe siècle. Le premier, situé aucoin du boulevard Rosemont et de la rue Chabot,comprend l’église Saint-Jean-Berchmans (1938) et sonpresbytère ainsi que l’école Madeleine-de-Verchères(1926-1927; J.-O. Marchand et T. Gouin, architectes).Le second, à proximité du parc Molson, est composéde l’église (1931), du presbytère et de l’école Saint-Marc (1917-1918).

26.I.2 École Saint-Arsène (1923, Ernest Cormier) 26.I.3 5979-5981, rue Chabot

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26.I.4 SECTEUR DES CARRIÈRES

Il s’agit d’un petit secteur situé au sud de la rue desCarrières et dont le cadre bâti est similaire à celui dusecteur 26.I.3.

26.I.5 LE VIEUX-ROSEMONT, SECTEUR EST

Ce secteur correspond à peu de choses près à l’an-cienne terre Crawford, qui a été acquise par la com-pagnie Rosemont Land à des fins de lotissement, envue de profiter de l’arrivée de milliers d’ouvriers auxusines Angus.

La terre Crawford a été subdivisée de façon régulière :rues à angle droit et ruelles qui permettent d’accéderà la partie arrière des propriétés. Cette trame d’originen’a pratiquement pas été modifiée. L’architecturedu quartier présente une forte homogénéité quantà la volumétrie et au type d’implantation. De façongénérale, le bâti est contigu (duplex et triplex construitsà proximité de la limite de la propriété). On retrouveles caractéristiques typiques de l’époque : escaliersextérieurs, balcons, ligne du toit ornementée d’unparapet décoratif ou de jeux de brique. La briqued’argile et dans une moindre mesure, la pierre,sont les matériaux de revêtement extérieur privilégiés.On retrouve de très beaux exemples de polychromie,notamment sur la 5e Avenue.

La rue Masson traverse le secteur d’est en ouest – c’estl’une des plus vieilles artères commerciales du Vieux-Rosemont. Les premiers commerces datent du tour-nant du XXe siècle. Par ailleurs, le site du patrimoine del’église Saint-Esprit de Rosemont est situé au centre decette artère (voir 26.E.4).

26.I.5 Polychromie des triplex de la 5e Avenue, au sud de la rue Masson

26.I.6 Résidence au 3957, rue Dandurand

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37A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

26.I.6 LE VIEUX-ROSEMONT, SECTEUR DANDURAND

Ce secteur est le prolongement de la rue Dandurandvers l’est, incluant les portions de rues situées entrele boulevard Saint-Michel et la 15e Avenue, entreDandurand et Masson. Le cadre bâti est varié et com-posé en majorité de duplex et de triplex contigus.Les églises Sainte-Bibiane (1954) et Saint-François-Solano (1924-1925) ainsi que l’école Saint-François-Solano (1929) témoignent de la nécessité de créerde nouvelles paroisses à mesure que la populationgrandit. La résidence de style pittoresque située à lalimite est du secteur a été construite entre 1915 et1920 par la famille Voyer, à l’image de l’ancien ClubCanadien de la rue Sherbrooke.

26.I.7 SECTEURS SITUÉS PRÈS DU PARC CAMPBELL

Ces deux petits secteurs sont constitués principale-ment de duplex contigus qui forment un front de ruehomogène. L’architecture est relativement sobre : toitplat, parement extérieur de brique, balcons, entréesjumelées (car l’escalier menant au niveau supérieur estintérieur) et peu de détails ornementaux. L’implan-tation légèrement en retrait de la rue permet un amé-nagement minimal sur l’avant des lots.

26.U.1 Rue Paradis

C. Les ensembles urbains d’intérêt

26.U.1 ENTRE LA 6e ET LA 8e AVENUE, NORD DE SAINT-ZOTIQUE

Ce petit secteur est composé de maisons jumelés dedeux étages, en brique et à toit plat, et possédant ungarage extérieur en fond de cour. Le tracé des rues,constitué de petits tronçons qui interrompent la tramerégulière des avenues, et les arbres matures sur ledevant des lots confèrent à ce secteur un caractère par-ticulier. Les édifices présentent une certaine uniformité,permettant de supposer qu’il s’agit du projet d’un seulpromoteur, réalisé dans les années 1950.

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26.U.2 10e Avenue

26.U.3 34e Avenue

26.U.2 SECTEUR PRÈS DU CENTRE CIVIQUE ROSEMONT

Ce secteur est constitué de duplex jumelés et séparéspar des entrées de garages, lesquels sont situés au fonddu terrain. Les traits architecturaux de ces résidencesd’inspiration Art déco sont : le parement de brique, letoit plat, l’entrée accentuée et protégée par un auventde fer forgé suspendu à des chaînes, l’utilisation deblocs de verre pour éclairer la cage d’escalier intérieure,les motifs ornementaux en pierre artificielle (castor,écusson, etc.) et les balcons avec garde-corps en ferornemental. L’implantation des bâtiments, légèrementen retrait de la rue, permet un aménagement minimal(pelouse et rangées d’arbustes). Du fait de la grandesimilitude des différents édifices, on peut supposer qu’ils’agit du projet d’un seul promoteur. Ce secteur s’estdéveloppé dans les années 1940-1950.

26.U.3 ENTRE LA 31e ET LA 35e AVENUE, NORD DE BEAUBIEN

Cette zone est composée de bungalows implantésdans un milieu urbain comprenant en majorité desduplex. Les principaux traits architecturaux de cespetites maisons banlieusardes sont leur forme trapueet leur toit à pavillon, le parement de brique rehausséde pierre pour marquer l’entrée principale et la com-position asymétrique. L’implantation en retrait de larue permet l’aménagement de pelouses sur l’avantdes lots; des arbres matures viennent ombrager lesrues de ce secteur, qui s’est développé dans lesannées 1950. Par ailleurs, le tracé particulier des rues– il brise la trame urbaine orthogonale – ainsi quel’élargissement de la 33e Avenue contribuent à créerune ambiance de banlieue en ville.

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39A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

26.U.4 Angle Mobile et Biloxi 26.N.1 Ancien bâtiment de la Coca-Cola

26.U.4 LA PETITE-LOUISIANE

Ce petit secteur situé au nord du parc Maisonneuve estcomposé principalement de maisons unifamiliales oucontiguës dont les caractéristiques architecturales sont :le parement extérieur en brique, le toit à deux versantsagrémentés de grosses lucarnes en chien assis, l’entréeprincipale surélevée, précédée d’un balcon et protégéepar un petit fronton, et l’implantation en retrait de larue permettant un aménagement paysager intéressant(pelouse, haies et quelques arbres). Comme dans le casdu secteur précédent, le tracé des rues brise la trameurbaine orthogonale, en particulier la rue De Tonty quis’élargit pour créer un petit parc où se trouve un monu-ment commémoratif. L’ambiance calme de ce secteur,qui date des années 1950, contraste avec le cadre plustrépidant des rues voisines.

D. Les ensembles industriels d’intérêt

26.N.1 SECTEUR LIMITROPHE DES VOIES FERRÉES

Le passage de la voie ferrée a grandement favorisé ledéveloppement de ce petit secteur industriel, qui a prisson essor au tournant du XXe siècle. Exception faite dela brasserie Frontenac, connue par la suite sous le nomde Carling’s Brewery (1911), qui a été démolie en1973, la plupart des premières industries à s’y installersont toujours en place. Sont dignes de mention la courà bois L. Villeneuve & Cie, la plus ancienne compagniefaisant le commerce du bois de toute la région deMontréal (1910), la Philips Electrical Works (1905,maintenant Daba Ilco), la plus ancienne du secteur, etla Catelli Ltée (1911), qui affiche un traitement archi-tectural sobre représentatif de cette typologie audébut du XXe siècle. L’édifice de la Coca-Cola (1929-1930), occupé par les bureaux de la Ville de Montréal,constitue un rare exemple d’architecture industrielleattribué à l’architecte Kenneth Rea, connu principale-ment pour la conception de nombreuses banques.

Au-delà de la valeur architecturale des divers édifices,c’est sur la notion d’ensemble et sur le lien étroit avecle chemin de fer que repose la valeur patrimoniale decet îlot industriel.

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E. Les immeubles de valeur patrimoniale exceptionnelle

Tous les immeubles de valeur patrimoniale exception-nelle, qu’ils fassent ou non partie d’un secteur de valeurpatrimoniale défini dans le présent document, sontinclus dans la liste qui suit :

LES ÉDIFICES DE CULTE

6800, avenue Henri-JulienÉglise Notre-Dame-de-la-Défense

1871, boulevard RosemontÉglise (et presbytère) Saint-Jean-Berchmans

1215, rue Beaubien EstÉglise et presbytère Saint-Ambroise

2600-2602, rue Beaubien EstÉglise Saint-Marc

3730, rue DandurandÉglise Saint-François-Solano

2851, rue MassonÉglise Saint-Esprit de Rosemont, site du patrimoine créé le 29-01-91

6500, rue De Saint-VallierÉglise et presbytère Saint-Édouard

LES COUVENTS

5750, boulevard RosemontMonastère de la Résurrection

LES ÉDIFICES SCOLAIRES

6972, avenue Christophe-Colomb École Saint-Arsène

6017, rue CartierÉcole Madeleine-de-Verchères

6521, rue Saint-DenisÉcole Saint-Édouard

6341, 6e Avenue (angle Beaubien)École Louis-Hébert

LES ÉDIFICES PUBLICS

700, boulevard Rosemont Édifice Rosemont

5689, boulevard RosemontAncien hôpital Saint-Joseph de Rosemont

3131, boulevard Rosemont Centre civique Rosemont

3100, rue Rachel EstCentre Préfontaine, Refuge Meurling

7041, rue Saint-Dominique Poste d’incendie no 31 (édifice Shamrock)

7075, rue Saint-HubertBain Saint-Denis

2111, rue Saint-Zotique Poste d’incendie no 47

3095, rue Sherbrooke Est Hôpital Pasteur

4477-5605, rue Sherbrooke EstJardin botanique de Montréal

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LES HABITATIONS

3542, boulevard RosemontMaison Étienne-David (1825) (presbytère Saint-Brendam)

3975, rue DandurandRésidence (1915-1920)

5111-5333, rue Sherbrooke Est Village olympique

6450, 38e Avenue Maison Longpré (1822), monument historique cité

LES IMMEUBLES COMMERCIAUX

6445, rue Saint-DenisBanque d’Épargne

6909, rue Saint-DenisThéâtre Rivoli

6956, rue Saint-Denis Théâtre Château, monument historique cité

6965-6967, rue Saint-DenisÉdifice mixte

LES OUVRAGES INDUSTRIELS

2, rue de BellechasseL. Villeneuve & Cie

200-300, rue de Bellechasse Ancien édifice de la Coca-Cola

305, rue de Bellechasse Est Catelli Ltée

6300-6306, avenue du ParcRonalds Co. Ltd.

1440-1520, rue des CarrièresAteliers municipaux (anciennes écuries)

2925, rue Rachel EstPartie de l’ancienne locoshop

3165, rue Rachel EstAncien édifice administratif

3165, rue Rachel EstAncien poste de pompiers

F. Les immeubles de valeurpatrimoniale intéressante

Seuls les immeubles de valeur patrimoniale intéressantesitués à l’extérieur des secteurs de valeur patrimonialedéfinis dans le présent document sont inclus dans la listequi suit :

LES ÉDIFICES DE CULTE

3542, boulevard RosemontÉglise Saint-Brendan

3690, boulevard RosemontÉglise presbytérienne Saint-Luc

6255, boulevard Saint-MichelSt. Sophie’s Ukrainian Orthodox Cathedral

3400, rue Beaubien EstÉglise Saint-Eugène (et presbytère)

4300, rue Beaubien EstÉglise Saint-Jean-Marie-Vianney

5750, rue de Bellechasse Église Notre-Dame-du-Foyer

2555, rue Holt (angle Molson)Église Sainte-Gemma

6900, 16e Avenue Église Sainte-Bernadette-Soubirous(et presbytère)

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LES COUVENTS

5605, rue Beaubien Est Petites Sœurs des pauvres

LES ÉDIFICES SCOLAIRES

3535, boulevard Rosemont Collège Jean-Eudes

4315, rue Beaubien Est École alternative Rose-des-Vents

5709, rue BoyerAncienne école Lemoyne

5927, rue Boyer École Charles-Bruneau

3981, rue Masson Ancienne École du Sacré-Cœur-de-Jésus

6521, rue Saint-DenisÉcole Saint-Édouard

5555, rue Sherbrooke EstÉcole normale Marguerite-de-la-Lajemmerais

6855, 16e Avenue École Sainte-Bernadette-Soubirous

6433-6455, 27e Avenue École Saint-Jean-Marie-Vianney

5955, 41e Avenue École Notre-Dame-du-Foyer

LES ÉDIFICES PUBLICS

6490, 30e AvenueCaserne de pompier no 50

3737, rue Sherbrooke Est Édifice de la Commission scolaire de Montréal

LES HABITATIONS

5635, rue Sherbrooke EstFoyer Rousselot

LES IMMEUBLES COMMERCIAUX

3131, rue Sherbrooke Est Croix-Rouge (banque de sang)

2831, rue MassonBanque de Montréal

6500-6510, avenue De LorimierBanque City District

LES OUVRAGES INDUSTRIELS

6520, avenue du ParcÉdifice industriel

6540-6550, avenue du ParcÉdifice industriel

5509, rue D’IbervilleÉdifice industriel

5455, rue D’IbervilleÉdifice industriel

2275, rue Holt Ancien bâtiment industriel recyclé

G. Les éléments particuliers du paysage

– Le chemin de fer, qui a joué un rôle structurant dans le secteur nord-ouest de l’arrondissement.

– Édicules Art déco faisant partie du viaduc de l’avenuePapineau (près de la rue des Carrières).

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boulevard Saint-Michel

boulevard Saint-Joseph Est

rue Saint-Denis

avenue Papineau

rue Saint-Hubert

rue Masson

boulevard Rosemont

rue Sherbrooke Estrue Saint-Zotique Est

rue Beaubien Estrue Bélanger

boulevard Pie-IX

boulevard Saint-Laurent

26.N.126.N.126.N.126.N.126.N.126.N.126.N.126.N.126.N.1

26.U.126.U.126.U.126.U.126.U.126.U.126.U.126.U.126.U.1

26.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.1

26.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.126.I.1

26.I.426.I.426.I.426.I.426.I.426.I.426.I.426.I.426.I.4

26.I.526.I.526.I.526.I.526.I.526.I.526.I.526.I.526.I.5

26.I.626.I.626.I.626.I.626.I.626.I.626.I.626.I.626.I.6

26.I.726.I.726.I.726.I.726.I.726.I.726.I.726.I.726.I.7

26.I.326.I.326.I.326.I.326.I.326.I.326.I.326.I.326.I.3

26.I.226.I.226.I.226.I.226.I.226.I.226.I.226.I.226.I.2

26.E.826.E.826.E.826.E.826.E.826.E.826.E.826.E.826.E.8

26.E.326.E.326.E.326.E.326.E.326.E.326.E.326.E.326.E.3

26.E.226.E.226.E.226.E.226.E.226.E.226.E.226.E.226.E.2

26.E.426.E.426.E.426.E.426.E.426.E.426.E.426.E.426.E.426.E.726.E.726.E.726.E.726.E.726.E.726.E.726.E.726.E.7

26.E.926.E.926.E.926.E.926.E.926.E.926.E.926.E.926.E.9

26.E.1126.E.1126.E.1126.E.1126.E.1126.E.1126.E.1126.E.1126.E.11

26.E.526.E.526.E.526.E.526.E.526.E.526.E.526.E.526.E.5

26.U.426.U.426.U.426.U.426.U.426.U.426.U.426.U.426.U.4

26.U.326.U.326.U.326.U.326.U.326.U.326.U.326.U.326.U.3

26.U.226.U.226.U.226.U.226.U.226.U.226.U.226.U.226.U.2

26.E.626.E.626.E.626.E.626.E.626.E.626.E.626.E.626.E.6

26.E.1026.E.1026.E.1026.E.1026.E.1026.E.1026.E.1026.E.1026.E.10

26.E.126.E.126.E.126.E.126.E.126.E.126.E.126.E.126.E.1

500 m2500

10 décembre 2004

Ensemble industriel d'intérêt

Ensemble urbain d'intérêt

Secteur de valeur patrimoniale intéressante

Secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle

Évaluation du patrimoine urbain

Arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie

Arrondissement historique ou naturel

Code du secteur(voir étude d'évaluation du patrimoine urbain)

Tracé fondateur d'intérêt patrimonial

Division du patrimoine etde la toponymie

Limite d'arrondissement

26.E.1

Page 44: Évaluation du patrimoine urbain de Rosemont—La Petite-Patrie
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45A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

3.2.3 Le patrimoine archéologique

L’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie est situéà l’intérieur des terres qui, jusqu’à la fin du XIXe siècle,sont réservées presque exclusivement aux activitésagricoles. Le territoire de l’arrondissement sembleêtre passé directement de la phase rurale à la phaseurbaine. Les premières occupations, les fermes desXVIIIe et XIXe siècles, sont contemporaines des activitésd’extraction du calcaire dans de nombreuses carrières.

La présence d’anciennes terrasses bien drainées sur leterritoire de Rosemont–La Petite-Patrie en fait égale-ment un lieu susceptible d’avoir accueilli des groupesamérindiens au cours de la période préhistorique.

Chemin des CarrièresAu XIXe siècle, les limites de Montréal s’arrêtent àcent chaînes des fortifications, ce qui correspond, ducôté nord, à approximativement l’axe de l’avenueDuluth. Le chemin des Tanneries mène à la tanneriedes Bélair, située près de l’angle des avenues Henri-Julien et du Mont-Royal, d’où s’amorce le chemindes Carrières qui permet d’accéder aux carrières. Sonparcours sinueux suit un axe orienté nord-est / sud-ouest pour rejoindre la côte de la Visitation, aujourd’huiportion est du boulevard Rosemont. En bordure decette route se trouvent des habitations et des bâti-ments associés à des exploitations agricoles. Au coursde la seconde moitié du XIXe siècle, les fermesatteignent parfois une grande taille, comme dans lecas des propriétés Hastings et Molson, dont les terress’étendent vers le nord jusqu’à la côte Saint-Michel.Ces terres agricoles sont subdivisées au cours de lapremière moitié du XXe siècle à des fins résidentielles.Certains emplacements libres de bâti récent peuventdonc abriter encore aujourd’hui des vestiges de cesactivités agricoles.

Les carrières sont nombreuses et localisées enplusieurs endroits, non seulement dans Rosemont,mais aussi dans le Plateau-Mont-Royal et Saint-Michel.Le territoire de Rosemont en abrite néanmoinsplusieurs : la carrière De Lorimier sur la rue D’Iberville,la carrière Quirck et Rogers, située à l’est de la rueD’Iberville entre le boulevard Saint-Joseph et la rueMasson, de même que la carrière Maisonneuve,autrefois sise sur le terrain maintenant occupé enpartie par le Jardin botanique. Les carrières sontachetées par la Ville de Montréal en 1935, comptetenu des dangers que certaines présentent. La plupartsont comblées et sont devenues des parcs, à l’exempledes parcs Lafond et Le Pélican.

Certains endroits où les couches de calcaire affleurentsont connus de longue date des habitants de l’île deMontréal, qui en ont extrait de la pierre calcaire.Cette activité fournit la matière première pour la cons-truction mais également pour la production de lachaux. Le territoire de l’arrondissement recèle possible-ment les vestiges de ces fours à chaux anciens.

La recherche archéologique a recours à un ensemble de méthodes ettechniques permettant d’identifier la présence de vestiges enfouis, deles décrire, de les prélever et de les analyser en fonction de leur apportà une meilleure compréhension de nos sociétés passées. En cas dedécouverte fortuite de vestiges ou d’objets, il est nécessaire d’eninformer les instances gouvernementales afin que le lieu de la découvertesoit évalué.

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É v a l u a t i o n d u p a t r i m o i n e u r b a i n Ville de Montréal

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A. Les secteurs d’intérêt archéologique à fort potentiel

26.AP.1 TERRASSE DITE «DE MONTRÉAL»

La séquence d’utilisation de l’île de Montréal s’amorceavec les groupes amérindiens de la préhistoire. Les don-nées archéologiques connues à ce jour démontrentque des groupes de la période archaïque utilisent leterritoire à partir d’environ 4 000 ans avant aujour-d’hui, dans le cadre d’activités de subsistance de typenomade – ce sont des pêcheurs-chasseurs-cueilleurs.Certains emplacements sont privilégiés, notammentdes terrasses sablonneuses, des anses et des pointes,particulièrement près de rapides, car une importanteconcentration de ressources ichtyologiques s’y retrouveà certains moments de l’année. Des zones maréca-geuses sont aussi appréciées au moment des migra-tions, puisque certaines espèces aviennes s’y rassem-blent en grand nombre.

Ces groupes sont remplacés par des groupes semi-sédentaires à la période sylvicole. Vers l’an 1 000 avantJésus-Christ, le développement de l’horticulture facilitegrandement la concentration de population et l’acqui-sition d’un mode de vie semi-sédentaire. C’est ainsi queles « Iroquoïens du Saint-Laurent » exploitent lesressources locales de l’île de Montréal. Leurs lieux deregroupement ne sont pas toujours situés à proximitéde la berge des cours d’eau, comme le sont les campe-ments satellites visant l’exploitation des ressourceshalieutiques. Un exemple concret de cette localisationrelève de la découverte du site archéologique préhis-torique Dawson (BjFj-001), au centre-ville de Montréal,sur la terrasse dite « de Montréal ». Cette terrassesablonneuse bénéficie d’un bon drainage; elle corres-pond à une ligne de crête d’une élévation d’environ50 mètres qui suit en partie l’axe de la rue Sherbrookeavant de bifurquer vers le nord-est et de traverser lesarrondissements de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve,de Rosemont–La Petite-Patrie et de Saint-Léonard.

Les collections archéologiques ont une valeur patrimoniale indéniableet représentent une richesse collective qui mérite toute notre attention.Ces objets illustrent avec éloquence notre histoire matérielle et jouissentd’un pouvoir fortement évocateur qui rappelle les modes de vie de nosprédécesseurs. Jarre en terre cuite grossière d’Angleterre, 1760-1840;objet amérindien, pointe de projectile, 2 500 ans avant Jésus-Christ;cannelle de tonneau en laiton, XVIIIe siècle. Photographies : P. Fauteux.

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47A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie présenteainsi des replats et des terrasses bien drainés, notam-ment dans le parc T.-X. Renaud. Ces espaces ont puêtre utilisés par les groupes amérindiens de la périodepréhistorique, environ 4 000 ans avant aujourd’hui.D’ailleurs, des ossements humains ont été découvertspar des ouvriers en 1996, lors d’une excavation dansune résidence centenaire à Rosemont. À la suite d’unexamen par des spécialistes, les ossements ont étéassociés au squelette d’une femme amérindienneâgée entre 20 et 35 ans. Deux perles de cuivre natif ontpermis de dater la sépulture entre 1 000 et 1 500 ansavant Jésus-Christ (BjFj-098).

26.AP.2 CHEMIN DE LA CÔTE DE LA VISITATION

Ce chemin s’amorce à l’extrémité nord du chemin desCarrières pour se poursuivre vers l’est, selon un tracérelativement rectiligne. Son emprise, aujourd’huiélargie, se confond avec celle du boulevard Rosemont.Ce chemin est bordé de fermes depuis le XVIIIe siècle.La plus grande, la ferme Crawford, se trouve du côtésud du chemin de la côte de la Visitation.

La modification probable du tracé de ce chemin ancienimplique qu’un tronçon traverse aujourd’hui l’emplace-ment du parc de la Louisiane. Le potentiel archéo-logique de cet emplacement est lié aux occupationsagricoles anciennes.

26.AP.3 SITE DU PATRIMOINE DE L’ÉGLISE SAINT-ESPRIT DE ROSEMONT

Le site du patrimoine de l’église Saint-Esprit et son envi-ronnement constitué de bâtiments peuvent recelerencore aujourd’hui des traces de la chapelle ou de bâti-ments secondaires associés à la fondation de laparoisse. La paroisse Saint-Esprit est ouverte en 1905sous le nom de Sainte-Philomène. Une premièrechapelle est construite l’année suivante. En 1922, onconstruit une nouvelle église qui est terminée en 1931.

26.AP.1 Fragment d’un fourneau de pipe à effigie humaine et hachesen pierre découverts au site amérindien BjFj-001, localisé sur la terrassedite «de Montréal ». Photographies : Musée McCord.

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É v a l u a t i o n d u p a t r i m o i n e u r b a i n Ville de Montréal

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B. Les sites archéologiques

BJFJ-098, SÉPULTURE AMÉRINDIENNE PRÉHISTORIQUEMesure de protection: site archéologique à protégerThème : occupation amérindienne, rite funéraire, sépulture

Des ossements humains ont été découverts en juin1996 lors d’une excavation dans le sous-sol d’une rési-dence centenaire à Rosemont. Après examen par desspécialistes (Larocque 1997), les ossements ont étéassociés au squelette d’une femme amérindienne âgéeentre 20 et 35 ans. Deux perles de cuivre natif ontpermis de dater la sépulture entre 1 000 et 1 500 ansavant Jésus-Christ. Cette datation correspond à lapériode du sylvicole supérieur mais également à lapériode de contact ou au tout début de la périodehistorique. Un inventaire archéologique réalisé en 1999a démontré l’intégrité du tissu archéologique conservédans la cave de la résidence (Larocque 2000). Destraces d’occupation diverses ont été relevées : céra-mique amérindienne, particules de charbon de bois etos de cuisson calcinés. Ces découvertes démontrentque le sous-sol montréalais conserve toujours le poten-tiel de livrer des vestiges archéologiques associés à laprésence des Amérindiens sur l’île de Montréal.

BJFJ-120, HÔPITAL CIVIQUEMesure de protection: site archéologique à protégerThème: institutionnel, médecine

Connu tout d’abord sous l’appellation « hôpital desvarioleux», le Centre Préfontaine est le premier hôpitalcivique permanent construit et administré par la Villede Montréal pour faire face aux épidémies qui, pen-dant le XIXe siècle, ont fait de nombreuses victimesdans la population urbaine. Érigé en 1886, sur la rueMoreau, l’hôpital est composé à l’origine de trois corpsde bâtiments alignés dans un axe nord-sud. Les bâti-ments ont vécu plusieurs réaménagements en 1895,en 1911-1912, en 1956 et finalement en 1977-1978.En 2003, le site a fait l’objet d’un inventaire archéolo-gique (Ethnoscop 2003); un important dépôt d’objetsassociés au fonctionnement de l’hôpital et aux habi-tudes de consommation des Montréalais au début duXXe siècle a été mis au jour.

BJFJ-122, DOMAINE DU MONT-DE-LA-SALLEMesure de protection: site archéologique à protégerThème: institutionnel, religieux

Dans le cadre de la construction d’un nouvel équipe-ment au Jardin botanique de Montréal, une étude depotentiel et un inventaire archéologiques ont étéréalisés sur l’ancienne propriété des Frères des Écoleschrétiennes, le domaine du Mont-de-la-Salle (Ethnoscop2001). Érigée en 1887 dans les limites de la Ville deMaisonneuve, cette grande propriété comprendplusieurs bâtiments : un noviciat, une chapelle, uneinfirmerie, un cimetière, un jardin et un potager,quelques dépendances et une ferme. L’histoire dudomaine du Mont-de-la-Salle a été de courte duréecar la propriété est mise en vente dès 1913 et l’éta-blissement ferme officiellement ses portes en 1917.Des vestiges de ce complexe institutionnel sont con-servés in situ.

BjFj-098 Reconstitution d’un vase amérindien; des fragments de vase ontété découverts en association avec la sépulture amérindienne.

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49A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

BjFj-122 Domaine du Mont-de-La-Salle, vue arrière avec la ferme, lecimetière et les bâtiments secondaires. Archives des Frères des Écoles chré-tiennes. Le vestige mis en valeur in situ au Jardin botanique de Montréal, estassocié au bâtiment de ferme.

C. Les biens culturels à statut

La notion de bien culturel intègre les sites et les biensarchéologiques classés, les sites historiques classés etles monuments historiques classés ou reconnus, lesarrondissements historiques et naturels, les monu-ments cités et les sites du patrimoine. Ces biens ont faitl’objet d’un examen à partir de la documentationdisponible afin d’en déterminer l’intérêt archéologique.La liste suivante indique les biens à statut où il estnécessaire d’évaluer plus avant le potentiel archéo-logique et d’assurer la protection du patrimoinearchéologique.

– Église Saint-Esprit-de-Rosemont, 2851, rue Masson, site du patrimoine

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26.AP.326.AP.326.AP.326.AP.326.AP.326.AP.326.AP.326.AP.326.AP.3

26.AP.126.AP.126.AP.126.AP.126.AP.126.AP.126.AP.126.AP.126.AP.1

BjFj-98BjFj-98BjFj-98BjFj-98BjFj-98BjFj-98BjFj-98BjFj-98BjFj-98

BjFj-120BjFj-120BjFj-120BjFj-120BjFj-120BjFj-120BjFj-120BjFj-120BjFj-120

BjFj-122BjFj-122BjFj-122BjFj-122BjFj-122BjFj-122BjFj-122BjFj-122BjFj-122

rue Saint-Hubert

boulevard Saint-Michel

boulevard Saint-Joseph Est

boulevard Rosemont

rue Masson

rue Sherbrooke Est

boulevard Pie-IX

rue Beaubien Est

rue Saint-Zotique Est

avenue Papineau

rue Bélanger

boulevard Saint-Laurent

rue Saint-Denis

26.AP.226.AP.226.AP.226.AP.226.AP.226.AP.226.AP.226.AP.226.AP.2

14.AP.114.AP.114.AP.114.AP.114.AP.114.AP.114.AP.114.AP.114.AP.1

500 m2500

Secteur d'intérêt archéologique à fort potentiel

Site archéologique recensé (altéré)

Site archéologique recensé (intègre)

Grand ensemble à statut(arrondissement historique et naturel, site du patrimoine)

Le patrimoine archéologique

Arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie

Code du secteur(voir étude d'évaluation du patrimoine urbain)

Secteur d'intérêt archéologique

Division du patrimoine etde la toponymie

10 mai 2004

Limite d'arrondissement

26.AP.1

Code de site archéologiqueBiFj-1

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53A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

4. R E C O M M A N D AT I O N S

4.1 Générales à l’échelle de l’arrondissement

Nous recommandons:

– dans les secteurs d’intérêt patrimonial excep-tionnel, de protéger les caractéristiques architecturales et paysagères, de veiller à l’intégration des nouveaux bâtiments à leur environnement et de s’assurer que les modifications aux bâtiments existants se fassent en tenant compte du contexte. La réglementation devra prévoir que les interventions dans ces secteurssoient encadrées par des critères – plans d’implan-tation et d’intégration architecturale (PIIA) – mais aussi par des règles si la situation le justifie.

– pour les bâtiments d’intérêt patrimonial excep-tionnel et intéressant, de protéger leurs caractéris-tiques architecturales en s’assurant que les modifi-cations aux bâtiments énumérés dans les listes soient encadrées, dans la réglementation, par des critères (PIIA) mais aussi par des règles si la situation le justifie.

– dans les secteurs d’intérêt patrimonial intéressant,de protéger les caractéristiques architecturales et paysagères, de veiller à l’intégration des nouveaux bâtiments à leur environnement et de s’assurer que les modifications aux bâtiments existants se fassent en tenant compte du contexte. La réglementation devra prévoir que les interventions dans ces secteurs soient encadrées par des règles.

– que l’élaboration des PIIA et l’élaboration de règles dans les règlements de zonage favorisent une architecture de qualité et consolident le cadre bâti en harmonie avec le caractère de chaque lieu, en contrôlant notamment l’apparence des nouvelles constructions afin qu’elles s’intègrent à leur milieu environnant, ainsi qu’en contrôlant l’apparence desmodifications à un bâtiment pour qu’elles s’harmo- nisent avec son expression architecturale spécifique.

Les principes qui devraient guider l’élaboration des PIIA et des règles sont les suivants : conserverl’identité des secteurs, connaître avant d’intervenir

et maintenir le bon état et l’intégrité des bâtiments par l’entretien.

Les variables suivantes devraient être considérées dans l’élaboration des PIIA et des règles :

• Parcellaire : mode de division, dimensions et pro-portions des parcelles, mode d’implantation du bâti, aménagement du terrain.

• Bâti : volumétrie (gabarit, nombre d’étages, forme de la toiture), traitement des façades (saillies, com-position des façades, rythme, forme et dimen-sions des ouvertures, modèles de portes et de fenêtres, revêtements, ornementation, couleurs,matériaux et textures, etc.).

– d’instaurer des mesures de zonage spécifiquespour des ensembles significatifs tels que les noyaux paroissiaux (parc, école, église, pres-bytère, etc.) afin de préserver l’essence de leur valeur patrimoniale.

– d’étudier les territoires identifiés comme ensembles urbains d’intérêt, de recenser les typologies des ensembles qui présentent une grande homogénéité et de développer des outils visant à sensibiliser la population à l’égard de l’intérêt patrimonial de ces ensembles.

– d’établir un contrôle sur les démolitions dans les secteurs d’intérêt patrimonial et pour les bâtiments patrimoniaux en évaluant l’intérêt patrimonial des bâtiments concernés afin d’éviter des pertes irréversibles.

– d’éviter le fractionnement des grandes propriétéset d’assurer la protection et la mise en valeur des propriétés institutionnelles.

– d’appliquer les mesures nécessaires à un examen du potentiel archéologique et, le cas échéant, à la protection des vestiges découverts, préalablement aux travaux d’excavation publics et privés dans les grands ensembles à statut et les biens culturelsà statut, les sites archéologiques recensés et lessecteurs d’intérêt archéologique à fort potentiel.

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É v a l u a t i o n d u p a t r i m o i n e u r b a i n Ville de Montréal

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– de favoriser la prise en compte des vestiges présentant une grande valeur archéologiquedans la conception et la réalisation des projets de construction ou d’aménagement urbain, notammentpar l’adaptation des travaux ou l’intégration des vestiges.

– d’assurer la protection et la mise en valeur des aménagements urbains, des parcs et des espaces publics.

– de préserver et de protéger le couvert végétal, qui contribue beaucoup au caractère de plusieurs secteurs patrimoniaux répertoriés, de favoriser les plantations et de protéger de façon générale le patrimoine naturel, ainsi que de préserver et mettreen valeur le caractère champêtre des secteurs où l’on retrouve encore des paysages agricoles.

– de protéger les perspectives d’intérêt patrimonial telles que les vues sur le centre-ville, le mont Royal, les plans d’eau, les places publiques, les monumentscommémoratifs, certains bâtiments ou clochers, etc.

– de préserver la spécificité de la trame urbainemontréalaise, qui découle des tracés fondateurs et des caractéristiques naturelles, et de préserver la grille orthogonale (incluant les ruelles des arrondissements du centre) ainsi que les plans d’ensemble et grilles particulières de certains arrondissements; de contrôler les subdivisionscadastrales afin de préserver le rythme des rues et de sauvegarder l’échelle du bâti.

– de développer des outils de promotion et de mise en valeur des tracés fondateurs à fort potentiel,aux fins de la protection de leur caractère.

– de développer un plan stratégique pour les artères commerciales principales (vitalité, affichage,rénovation, éclairage, mobilier urbain, etc.) qui tienne compte de la dimension patrimoniale des lieux et de concilier les opérations de travaux publics avec les préoccupations patrimoniales.

4.2Générales à l’échelle montréalaise

Nous recommandons:

– de développer des outils de protection et de mise en valeur, incluant la citation en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec, pour les immeubles qui possèdent une valeur patrimoniale élevée à l’échelle montréalaise, comme certaines maisons rurales et villas, institutions (ex. : écoles, églises), services municipaux (ex. : bains, casernes, complexes civiques), etc.

– de développer des outils de protection et de mise en valeur, incluant la création de sites du patri-moine en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec, pour les sites qui possèdent une valeur patrimoniale élevée à l’échelle montréalaise, notamment certains noyaux villageois, ensembles institutionnels, grands domaines, grands gestes urbains et architecturaux, etc.

– à partir des critères de sélection établis pour l’évalua-tion des bâtiments et des secteurs susceptibles d’avoir un intérêt pan-montréalais, de développer un plan d’attribution de statuts patrimoniaux en vertude la Loi sur les biens culturels du Québec, de fixer des critères d’évaluation pour les interventions sur les bâtiments et territoires protégés par le volet municipal de cette même loi, d’élaborer des outils de protection et de dresser un plan directeur pour la mise en valeur de chacun des sites du patrimoine.

– d’élaborer pour le public, les employés municipaux et les élus des activités et des outils de sensibili-sation à l’égard du patrimoine.

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4.3 Spécifiques à l’arrondissement

Nous recommandons:

– d’évaluer l’intérêt pan-montréalais des secteurs et des bâtiments d’intérêt patrimonial exceptionnel en vue de procéder à la création de sites du patri-moine et à la citation de bâtiments en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec, notam-ment pour :

• la maison Étienne-David (1825) (presbytère Saint-Brendam), située au 3542, boulevard Rosemont

• l’ensemble des installations olympiques • le secteur du marché Jean-Talon• le Centre Préfontaine pour son importance his-

torique (voir l’évaluation patrimoniale, janvier 2003, Christiane Lefebvre)

• le Centre civique Rosemont, situé au 3131, boulevard Rosemont

• le Jardin botanique

– L’Étude historique et analyse patrimoniale du Jardinbotanique de Montréal réalisée par Jacques Des Rochers pour le compte du Ministère de la Culture et des Communications en 1995 conclut que :

La valeur nationale du Jardin botanique de Montréal est indéniable. Tout concourt à l’établir : l’importance de la figure du frère Marie-Victorin comme initiateur majeur de la modernité au Québec, et son attachement, dans ce processus, à l’établissement du Jardin; le Programme pour un jardin botanique idéal, écrit spécialement pour le Jardin de Montréal et l’époque moderne; sa nouveautéaccordée au rôle de l’éducation du public, qui illustre une des attentes de la modernité et permet en soi d’y entrer de plein pied; la force du plan de Teuscher de 1937, associé au programme, et qui a été réalisé presque intégralement; la conjonction du programme et du plan, avec le langage esthétique moderne Art déco de l’ensemble; la qualité du bâti et des structures Art déco, la valeur esthétique et symbolique du programmeiconographique; puis le maintien presque intégral de l’ensemble.

– de réaliser des études sur le patrimoine Art déco,les petites maisons d’un seul étage ainsi que les églises et écoles de l’arrondissement.

– de réaliser des études plus poussées permettant d’accroître la connaissance du patrimoine bâti, his-torique et archéologique afin d’évaluer la valeur patrimoniale rattachée à différentes problématiques,notamment :

• étudier les territoires identifiés comme secteurs d’intérêt archéologique à fort potentiel et secteurs d’intérêt archéologique pour évaluer le degré de préservation du milieu physique, localiser les sites archéologiques conservés et définir préventivement les mesures de protection du patrimoine archéologique.

• faire des études détaillées sur le patrimoineindustriel pour déterminer une stratégie deconservation et de développement des sites ;étudier plus spécifiquement les territoires identifiés comme ensembles industriels d’intérêt.

• établir des balises et des critères permettant debien planifier et gérer la problématique du patri-moine religieux; favoriser la conservation et la mise en valeur des lieux de culte les plus impor-tants relativement à leur valeur patrimoniale ; mettre en œuvre des outils de gestion des demandes de permis et favoriser l’occupation de lieux de culte par des fonctions compatibles ; favoriser le maintien des caractéristiques des ensembles conventuels les plus importants, de leurs espaces paysagers et des cimetières.

• accroître la connaissance du patrimoine moderne en encourageant la recherche, les inventaires et les publications à ce sujet.

• planifier des études à l’échelle montréalaise, développer des outils et élaborer des lignes direc-trices de rénovation et d’agrandissement adap-tées aux diverses typologies que l’on retrouve dans les zones identifiées comme ensembles urbains d’intérêt.

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57A R R O N D I S S E M E N T de Rosemont–La Petite-Patrie

5.Photographies aériennes

Photographies aériennes, 1947-1948-1949, Villede Montréal, Gestion des documents et archives

SERVICE DE GÉOMATIQUE DE LA VILLE DE MONTRÉAL.Orthophoto noir et blanc, 2000, Navigateur urbain.

SERVICE DE GÉOMATIQUE DE LA VILLE DE MONTRÉAL.Orthophoto noir et blanc, 2002, Navigateur urbain.

Cartes

ADAMS, John. Map of the City and Suburbs ofMontreal, 1825. Bibliothèque de l’Université McGill,Département des livres rares et des collections spéciales.

BELLIN, Jacques-Nicolas. Carte de Lisle de Montrealet de ses environs, 1744, Bibliothèque nationale duQuébec à Montréal.Cote : G 3452 M65 1744 B4

BOUCHETTE, Joseph. Topographical Map of the Provinceof Lower Canada, 1815. Londres, W. Faden.

CHAUSSEGROS DE LÉRY, Gaspard. Plan de la ville de Montreal en Canada, 10 août 1717. Archivesnationales (France), Centre des archives d’outre-mer,Dépôt des fortifications des colonies, AmériqueSeptentrionale, no 473.

GOAD, Charles E. Atlas of Montreal, 1890, volumes1 et 2, Bibliothèque nationale du Québec à Montréal.Cote : G 1144 M65G475 G6 1890 CAR 1 et 2

GOAD, Charles E. Plan of the City of Montreal, 1909,1911, 1912, 1913, 1914, 1915, volumes 1 à 12,Bibliothèque nationale du Québec à Montréal etDirection du développement urbain de la Ville deMontréal.

HOPKINS, H.W. Atlas of the City and Island ofMontreal, 1879, Bibliothèque nationale du Québecà Montréal.Cote : G1144 M65G475 H6 1879 CAR

JOBIN, André. Carte de l’île de Montréal, 1834,Bibliothèque nationale du Québec à Montréal.

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