Evacuation des eaux de surface

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Evacuation des eaux de surface dans les communautés à faibles revenus (OMS, 1992) Organisation mondiale de la Santé Genève 1992 Publié par l’Organisation mondiale de la Santé en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) créée en 1948, est une institution spécialisée des Nations Unies à qui incombe, sur le plan international, la responsabilité principale en matière de questions sanitaires et de santé publique. Au sein de l'OMS, les professionnels de la santé de quelque 170 pays échangent des connaissances et

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Evacuation des eaux de surface dans les communautés à faibles revenus (OMS, 1992)

Organisation mondiale de la Santé Genève 1992

Publié par l’Organisation mondiale de la Santé

en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) créée en 1948, est une institution spécialisée des Nations Unies à qui incombe, sur le plan international, la responsabilité principale en matière de questions sanitaires et de santé publique. Au sein de l'OMS, les professionnels de la santé de quelque 170 pays échangent des connaissances et

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des données d'expérience en vue de faire accéder d'ici l'an 2000 tous les habitants du monde à un niveau de santé qui leur permette de mener une vie socialement et économiquement productive.

Grâce à la coopération technique qu'elle pratique avec ses Etats Membres ou qu'elle stimule entre eux, l'OMS s'emploie à promouvoir la mise sur pied de services de santé complets, la prévention et l'endiguement des maladies, l'amélioration de l'environnement, le développement des ressources humaines pour la santé, la coordination et le progrès de la recherche biomédicale et de la recherche sur les services de santé, ainsi que la planification et l'exécution des programmes de santé.

Le vaste domaine où s'exerce l'action de l'OMS comporte des activités très diverses: développement des soins de santé primaires pour que toute la population puisse y avoir accès; promotion de la santé maternelle et infantile; lutte contre la malnutrition; lutte contre le paludisme et d'autres maladies transmissibles, dont la tuberculose et la lèpre; coordination de la stratégie mondiale de lutte contre le SIDA; la variole étant d'ores et déjà éradiquée, promotion de la vaccination de masse contre un certain nombre d'autres maladies évitables; amélioration de la santé mentale; approvisionnement en eau saine; formation de personnels de santé de toutes catégories.

Il est d'autres secteurs encore où une coopération internationale s'impose pour assurer un meilleur état de santé à travers le monde et l'OMS collabore notamment aux tâches suivantes: établissement d'étalons internationaux pour les produits biologiques, les pesticides et les préparations pharmaceutiques; application du Règlement sanitaire international; révision de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes; rassemblement et diffusion d'informations statistiques sur la santé.

Reflet des préoccupations et des priorités de l'Organisation et de ses Etats Membres, les publications de l'OMS fournissent des informations et des conseils faisant autorité, visant à promouvoir et protéger la santé et à prévenir et combattre la maladie.

Catalogage à la source: Bibliothèque de l'OMS

Evacuation des eaux de surface dans les communautés à faible revenus.

1. Drainage sanitaire 2. Participation des consommateurs 3. Urbanisme 4. Pays en développement ISBN 92 4 254416 7 (Classification NLM: WA 671)

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© Organisation mondiale de la Santé, 1992

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Evacuation des eaux de surface dans les communautés à faibles revenus 1992, 97 pages ISBN: 92 4 254416 7 EPUISE

Remerciements

Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement et l'Organisation mondiale de la Santé tiennent à remercier tous ceux qui ont participé à la préparation de cette étude, et en particulier ses deux principaux auteurs, le Dr S. Cairncross, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, et le Dr E.A.R. Ouano, ingénieur-conseil à Manille (Philippines). Ceux-ci se sont largement inspirés d'un module de formation élaboré par le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), auquel nous sommes reconnaissants de son aimable coopération. Nos remerciements vont également à l'Agence de Coopération technique (GTZ) de la République fédérale d'Allemagne dont la généreuse assistance financière a permis la publication de ce travail.

1. Evacuation des eaux de surface en zone urbaine

1.1 Le problème

Dans les pays en développement, nombreuses sont les communautés à faibles revenus qui estiment que l'évacuation des eaux de pluie constitue la mesure la plus urgente en matière d'infrastructure urbaine. Cette attitude s'explique partiellement par le fait que les habitations concernées sont souvent édifiées sur des terrains impropres à la construction. Dans les zones suffisamment proches des centres urbains pour que les habitants puissent se permettre de faire la navette entre leur domicile et leur travail, les terrains tendent à être d'un prix excessif. Les seuls terrains auxquels ces personnes peuvent prétendre ou sur lesquels les propriétaires toléreront la présence de squatters

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sont des terrains inutilisables à d'autres fins, qu'il s'agisse de versants abrupts, sujets à l'érosion et aux éboulements, ou de bas-fonds marécageux, souvent inondés.

Historiquement, la plupart des grandes villes des pays en développement sont des ports implantés le long des côtes et situés le plus souvent à l'embouchure des fleuves, qui servaient de voies commerciales pour le transport des marchandises vers l'intérieur du pays et inversement. Or c'est précisément le long du littoral que l'on enregistre le taux moyen de pluviométrie le plus élevé (Fig. 1), alors que l'absence de relief de ces estuaires et la présence fréquente de terres alluviales meubles, souvent imperméables, rendent l'évacuation des eaux difficile.

Même dans les zones arides où la pluviosité moyenne est faible, les pluies tropicales - lorsqu'elles arrivent - sont plus intenses que les précipitations des climats tempérés et, faute de végétation et de moyens d'évacuation adéquats, de véritables torrents d'eau peuvent se former en quelques minutes, causant aux habitations et aux biens des dommages qu'il faudra des années pour réparer. Les eaux de pluie ne constituent cependant pas le seul problème. En effet, les fuites dans les canalisations du réseau d'adduction d'eau, les eaux usées provenant de la lessive et de la toilette et le reflux des fosses septiques qui débordent et des égouts bouchés font courir des risques à la santé de la population, détériorent les bâtiments et peuvent provoquer des inondations, s'il n'existe pas de système d'évacuation des eaux approprié.

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Fig. 1. Régions enregistrant des précipitations annuelles moyennes

supérieures à 1,5 m

L'absence de système d'évacuation a des conséquences particulièrement graves lorsque le sol présente une pente très accentuée ou est très plat. En cas de forte

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déclivité, comme dans certains quartiers de Rio de Janeiro, de Luanda ou de Hong Kong, les eaux pluviales s'écoulent rapidement et avec violence, endommageant les bâtiments, érodant le sol et provoquant parfois des glissements de terrain. La terre arrachée au flanc d'une colline se dépose généralement au pied et il a parfois suffi d'une seule pluie torrentielle pour enterrer complètement des maisons. Inversement, là où le terrain est plat, comme à Bangkok, Calcutta, Colombo, Dar es Salaam, Djakarta, Guayaquil, Lagos, Manille et Récife, de nombreux quartiers sont inondés au moins une ou deux fois par an et les habitants doivent apprendre à vivre dans de telles conditions. Parfois, les gens construisent leur logis sur pilotis et y accèdent par une passerelle suspendue. Mais celle-ci est instable et il est très facile de perdre l'équilibre et de tomber dans l'eau boueuse et polluée située en contrebas.

1.2 Conséquences sur la santé

Le nombre des noyés en cas d'inondation ou des personnes ensevelies sous les glissements de terrain ou les décombres des habitations est peut-être l'exemple le plus dramatique des souffrances que l'installation d'un système d'écoulement des eaux peut contribuer à alléger. Mais il y a aussi, moins visibles pour l'observateur extérieur, mais plus graves pour l'habitant d'une modeste agglomération, les résultats de la stagnation des eaux, avec son inévitable cortège de maladies, d'infirmités et de deuils.

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Fig. 2. Eau stagnante et transmission des maladies - conséquences sanitaires

d'un mauvais assainissement

En termes de santé publique, les infections les plus importantes sont les nombreuses infections à transmission «fécale-orale» dues à la consommation d'aliments ou de boissons contaminés. Les pathogènes microscopiques responsables de ces infections se trouvent dans les déjections des humains ou des animaux infectés. Ils contaminent les eaux de surface lorsque les égouts sont bouchés ou lorsque les fosses septiques débordent et ils proviennent souvent aussi des défécations du bétail ou des individus qui ne disposent pas de toilettes. Les eaux de surface ainsi contaminées peuvent infecter l'homme de diverses façons: par les mains, par les ustensiles de cuisine ou par la source même d'approvisionnement en eau potable (Fig. 2). Les enfants qui jouent ou se baignent dans une eau contaminée sont également particulièrement exposés à l'infection.

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Parmi les maladies à transmission «fécale-orale» figurent certaines maladies bien connues véhiculées par l'eau, qui peuvent être mortelles, comme le choléra et la fièvre typhoïde; mais il y a également les nombreuses maladies diarrhéiques qui affectent spécialement les jeunes enfants des pays en développement et qui favorisent la malnutrition et sont souvent bien plus meurtrières que n'importe quelle autre maladie. L'amélioration des sources d'eau potable et l'assainissement constituent des mesures de lutte efficaces, mais il est pratiquement impossible de les mettre en œuvre dans les régions sujettes à de fréquentes inondations.

Dans les pays où la schistosomiase (bilharziose) est endémique, les zones urbaines dont l'assainissement est médiocre offrent maintes occasions de transmission de la maladie (Fig. 2). La contamination des eaux stagnantes par les fèces des individus infectés (ou, dans l'une des manifestations de la maladie, par leurs urines) permet aux schistosomes, parasites microscopiques responsables de l'infection, d'atteindre les petits mollusques aquatiques dans le corps desquels ils vont se multiplier. Chaque mollusque infecté libère à son tour dans l'eau des milliers de schistosomes qui vont infecter les baigneurs en pénétrant sous leur peau.

On pourrait penser que la schistosomiase est une maladie des régions rurales, mais elle est souvent tout aussi fréquente dans les zones urbaines où il n'existe pas de dispositif d'évacuation des eaux. Certaines espèces de mollusques-hôtes se développent et se reproduisent rapidement dans les eaux stagnantes fortement polluées qui s'accumulent d'ordinaire en ce type d'endroit. Par ailleurs, en milieu urbain, un seul individu vivant dans un quartier surpeuplé peut en contaminer beaucoup d'autres, car les mollusques infectés, même s'ils ne sont pas très nombreux au départ, peuvent, à la longue, donner naissance à des milliers de schistosomes.

Fontaine publique dans un quartier à faibles revenus et médiocrement équipé à

Pondichéry (Inde). Sans système adéquat d'évacuation des eaux superficielles, il est impossible aux services d'hygiène (approvisionnement en eau, évacuation des excreta,

etc.) de fonctionner correctement.

Photo: S. Cairncross

Les maladies transmises par les moustiques forment un autre groupe important de maladies liées à un mauvais drainage. Différentes maladies sont transmises par différentes espèces de moustiques, chacune choisissant différents types d'eau pour se multiplier. Certaines espèces préfèrent une eau fortement polluée, d'autres une eau propre; certaines se développent en zone inondée, d'autres dans les caniveaux s'ils sont bouchés par les détritus ou la végétation ou si leur niveau inégal favorise la stagnation des eaux.

Le paludisme, qui est la plus connue de ces infections, est transmis par les anophèles, dont beaucoup «piquent» indifféremment les animaux et les êtres humains. La transmission peut être particulièrement intense en zone urbaine où les animaux sont trop peu nombreux pour dissuader les insectes vecteurs de la maladie de s'attaquer à l'homme. Les anophèles ne se développent généralement pas dans les eaux fortement

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polluées, mais ils peuvent se multiplier dans les marécages, les plans d'eau ou les mares ou dans les cours d'eau ou les canaux d'écoulement des eaux pluviales lorsque l'eau y stagne. Les anophèles qui se reproduisent dans les endroits mal drainés peuvent contaminer les quartiers adjacents jusque-là exempts de paludisme. Par ailleurs, les nombreuses allées et venues de voyageurs internationaux constituent un danger particulier et accroissent d'autant le risque d'importation de souches nouvelles du parasite, qui seront peut-être résistantes au traitement habituel.

D'autres moustiques, qui appartiennent au genre Aedes, peuvent transmettre plusieurs maladies virales, comme la dengue et la fièvre jaune, et provoquer des épidémies dans les villes. Ces dernières années, on a observé une forme plus virulente de dengue, connue sous le nom de dengue hémorragique, qui, tout comme la fièvre jaune, est souvent mortelle. Les moustiques se reproduisent dans l'eau claire, par exemple dans les réserves d'eau des maisons, mais on a constaté qu'ils se multipliaient également dans les zones marécageuses et inondées, dans les égouts à ciel ouvert et les caniveaux d'écoulement des eaux pluviales.

Enfin, la filariose qui provoque une hypertrophie irréversible des jambes, désignée sous le nom d'éléphantiasis, et d'autres symptômes invalidants, pose un problème particulier dans les villes. Bien qu'en zone rurale cette maladie soit transmise par les anophèles, qui semblent être ses premiers vecteurs, il semblerait qu'elle puisse maintenant être transmise en zone urbaine par les moustiques de l'espèce Culex pipiens, qui se reproduisent généralement dans les eaux fortement polluées. Le processus de transmission de la maladie est relativement inefficace, si bien qu'il faut de nombreuses années d'exposition intense aux attaques nocturnes des moustiques pour que le risque de développer la maladie soit significatif. Néanmoins, dans les pays en développement, plus de 80 millions de personnes sont infectées (Fig. 3). Dans bon nombre de pays, en Inde notamment, la maladie touche plus particulièrement les zones urbaines. La transmission de la filariose par Culex pipiens, actuellement courante en Asie, s'est étendue aux côtes orientales de l'Afrique et de l'Amérique du sud et pourrait bientôt atteindre les vastes agglomérations urbaines d'Afrique de l'Ouest où il n'y a guère de moyens de drainage et d'évacuation des eaux et où la maladie et son moustique vecteur existent déjà.

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Fig. 3. Répartition géographique des moustiques du genre Culex pipiens et de la filariose à Wucheria bancrofti (source: Curtis, C. F. & Feachem, R. G. Sanitation

and Culex pipiens mosquitoes: a brief review. Journal of tropical medicine and hygiene. 84: 17-25 (1981))

La construction de systèmes d'évacuation des eaux constitue une mesure efficace contre les moustiques. Elle se révèle moins onéreuse que l'usage d'insecticides et ne demande pas à être répétée régulièrement; en fait, nombreux sont les cas où cette solution coûte moins cher que l'achat d'insecticides pour un an. En outre, à la différence de ces produits, elle est sans inconvénients pour l'environnement et est

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même de nature à l'améliorer. Par ailleurs, il n'y a aucun danger d'apparition d'une résistance chez les moustiques, comme c'est le cas avec les insecticides.

1.3 Conséquences sur le plan de l'urbanisme

Les pauvres des villes s'installent souvent sur des terrains qui présentent des problèmes de drainage, mais un aménagement des lieux bien étudié permet d'éviter l'aggravation de ces problèmes.

L'une des mesures d'aménagement les plus simples consiste à délimiter des lotissements réguliers, avant le démarrage des travaux de construction, en laissant suffisamment d'espace pour le bon alignement des routes. La largeur et l'alignement convenables des routes faciliteront la construction de fossés et de conduits d'évacuation lorsqu'ils s'avéreront nécessaires. Les projets d'aménagement du territoire et de voirie sont onéreux et longs à planifier et à mettre en œuvre, ce genre de projet d'aménagement local devrait être à la portée de n'importe quelle municipalité. Lorsque la configuration générale d'un quartier a été planifiée, on peut montrer aux habitants (ou futurs habitants) comment dessiner des lotissements rectangulaires en s'aidant d'un simple mètre ruban ou même d'une corde sur laquelle on a fait des nœuds à intervalles réguliers. Il est indispensable de faire preuve d'une certaine discipline lors de la construction des maisons afin de s'assurer que les limites des lotissements soient respectées, d'éviter que les bâtiments n'obstruent les canaux de drainage déjà existants ou n'occupent des terrains nécessaires à la mise en place des futurs ouvrages de drainage. Les habitants eux-mêmes sont les mieux placés pour faire respecter ces règles.

L'aménagement des quartiers à usage d'habitation peut accroître les problèmes de drainage de diverses autres façons. Le défrichage réduit la capacité du sol à retenir l'eau et à résister à l'érosion. L'accroissement de la surface bâtie (maisons et routes) réduit d'autant la superficie du sol dans lequel l'eau peut s'infiltrer et laisse un volume d'eau plus important à éliminer par drainage. Les zones de bas-fond sujettes aux inondations jouent un rôle en accumulant l'eau des orages jusqu'à ce qu'elle puisse s'écouler peu à peu et si l'on remblaye ces endroits pour permettre la construction d'habitations, des inondations peuvent se produire ailleurs.

Les routes doivent être construites au-dessus du niveau des crues et les talus élevés à cet effet peuvent faire obstruction aux voies de drainage naturelles ou canaliser l'eau tout leur long et provoquer une érosion. Parfois, comme dans certains quartiers de Bangkok, les routes ont été construites en remblayant les canaux d'évacuation existants, donnant lieu à de graves inondations. Lorsqu'elles ne sont pas remblayées ou encombrées par les constructions, les voies de drainage naturelles sont, par ailleurs, souvent obstruées par les ordures ménagères.

D'un autre côté, l'amélioration d'un système d'évacuation des eaux en un endroit est étroitement liée aux problèmes de drainage existant ailleurs et il est donc préférable de planifier les aménagements à l'échelle de la ville entière ou, tout du moins, de l'ensemble de la zone de captage des eaux. Un meilleur drainage dans un quartier suppose l'écoulement plus rapide des eaux de surface et exige davantage de la capacité du système situé en aval. Inversement, l'amélioration du drainage au niveau local peut se révéler de peu d'utilité si les eaux refluent parce que la capacité d'absorption en aval est insuffisante. Ce problème s'est posé avec beaucoup d'acuité à Djakarta où les canaux d'évacuation des eaux améliorés à l'échelon local étaient

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souvent submergés par les eaux arrêtées par des bouchons dans les canalisations principales de la ville.

Une communauté peut, bien évidemment, procéder à des améliorations locales, même sans faire vraiment appel aux services d'urbanisme de la ville, mais il lui faut toujours réfléchir à l'endroit dans lequel se déverseront les eaux drainées par le nouveau système mis en place. Qu'il s'agisse d'un égout collecteur, d'un fleuve, d'un lac ou de la mer, le niveau maximum atteint en période de crue déterminera normalement le niveau minimum du système de drainage. Les eaux d'écoulement affectent également la qualité des «eaux de réception» dans lesquelles elles se déversent, notamment lorsque l'effluent des égouts ou des fosses septiques s'écoule dans les canalisations d'évacuation. A Bangalore, par exemple, le rejet des eaux d'égout dans plusieurs barrages-réservoirs de la ville a donné lieu à une prolifération des moustiques, jusqu'à ce que les mesures voulues aient été prises pour endiguer ou détourner le flot.

1.4 La nécessité d'une collaboration

Les améliorations, en matière d'évacuation des eaux, ne relèvent pas uniquement de la compétence d'un ingénieur spécialisé en la matière. Pour être couronnées de succès, elles supposent la participation de plusieurs corps de métier et requièrent la coopération de plusieurs secteurs. Le drainage concerne dans une large mesure les urbanistes et, s'il convient de déplacer certaines habitations pour permettre la construction de nouvelles canalisations, l'intervention d'architectes et d'entrepreneurs pourra être nécessaire. Par ailleurs, les canaux sont généralement construits le long des routes et les services de voirie seront concernés, dans la mesure où un bon drainage est essentiel pour protéger le revêtement des routes.

Le bon entretien du système de drainage dépend de l'efficacité du service de voirie sans qui les canalisations seraient rapidement obstruées par les ordures. En outre, le service de nettoiement de la voie publique et de ramassage des déchets solides est souvent le service municipal le plus apte à nettoyer régulièrement les canaux, car il dispose des véhicules nécessaires à l'évacuation des déchets solides, tels que la boue, les végétaux et les détritus qui s'y accumulent. Les services de santé, quant à eux, veilleront à ce que les caniveaux d'évacuation soient régulièrement et correctement nettoyés et à ce qu'ils soient conçus de manière à faciliter ce travail ou à ne pas favoriser la transmission des maladies. Diverses spécialités s'avéreront alors nécessaires, comme l'entomologie médicale.

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Fig. 4. Séquence possible des étapes conduisant à la maîtrise des problèmes

d'assainissement locaux

La communauté a un rôle primordial à jouer à ce niveau. Que les habitants du quartier ou de la zone participent ou non à la construction du système de drainage, leur collaboration est indispensable à l'obtention du terrain. Il se peut que certaines personnes aient à sacrifier une partie de leur terrain ou à déplacer leur habitation, pour permettre la construction de nouvelles canalisations. Par ailleurs, même si la communauté ne se charge pas de l'entretien du système, il est évident qu'un comportement responsable de sa part facilitera beaucoup le travail en réduisant la quantité d'ordures jetées dans les canalisations et les dégâts éventuellement dus au passage des véhicules, aux travaux de construction ou au vandalisme. Le manque de coopération d'un seul individu qui empêche l'écoulement des eaux ou qui néglige de nettoyer son tronçon de caniveau peut porter atteinte aux intérêts de la communauté tout entière. Pour le bon fonctionnement du système, il faut donc une étroite collaboration entre les membres de la communauté et ses dirigeants, ainsi que les personnes qui travaillent avec eux, comme les éducateurs et les travailleurs de santé.

Néanmoins, la coopération des habitants ne suffit pas. En effet, pour une collaboration efficace entre les services municipaux avec la participation de la communauté, il faut que les dispositions correspondantes soient prises au niveau de l'administration locale et il faut, avant tout, désigner un responsable. Dans nombre de villes, on ne sait pas très bien qui est responsable du nettoyage et de l'entretien du système d'évacuation des eaux, naturel et artificiel, et parfois même, de quel service relève la construction, ou à quel ministère doit incomber le financement des gros travaux. C'est ainsi que l'on en arrive à des situations aussi absurdes que celle-ci: un service est chargé de nettoyer les canalisations et d'en retirer tous les détritus, mais, le service de voirie refusant de les évacuer des rues avoisinantes où ils ont été déposés, le service chargé de la propreté des rues finit par les rejeter dans les caniveaux!

L'idéal serait de confier la tâche du nettoyage régulier du réseau au service de nettoiement de la voie publique et de l'enlèvement des déchets solides. La question intéresse néanmoins d'autres secteurs qui sont d'ordinaire responsables de la construction et de la réparation des ouvrages. Il convient donc de prévoir des réunions de coordination régulières placées sous la responsabilité d'un seul service. Lors de ces réunions, le service de santé devrait être représenté.

Certains aménagements institutionnels se révèlent également nécessaires pour mobiliser et coordonner l'aide de la communauté et empêcher qu'elle ne soit mise en péril par le comportement antisocial de quelques-uns. Il vaut mieux, si possible, procéder à ces aménagements en s'appuyant sur les institutions existantes, bien que celles-ci puissent être occupées à temps plein par d'autres tâches journalières. Il est utile, bien souvent, de commencer par créer un comité qui organisera la participation de la communauté à la planification, à la réalisation et à l'entretien du système d'évacuation des eaux. Les institutions communautaires sont traitées plus longuement au Chapitre 4.

1.5 Mise en place d'un système d'évacuation des eaux

La mise en œuvre d'un programme type d'amélioration du système d'évacuation des eaux dans un quartier passe par quatre phases principales:

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- Lancement - Planification - Construction - Entretien

Les deux premières phases revêtent une importance capitale, car elles sont déterminantes pour la suite des opérations.

Le lancement d'un programme d'amélioration du système d'évacuation des eaux peut avoir pour origine la prise de conscience, par la communauté, de la nécessité d'améliorer le système existant, éventuellement à la suite d'une inondation particulièrement grave ou d'améliorations entreprises dans d'autres quartiers. Bien souvent toutefois, le catalyseur est une instance extérieure: municipalité, parti politique, organisation non gouvernementale, ou personne privée soucieuse des intérêts de la communauté, telle qu'un professeur ou un membre du personnel de santé. Cette phase suppose l'identification des besoins, la formation d'un consensus concernant l'étendue du problème et la solution souhaitée, et la création d'un comité spécial, du moins à titre provisoire. Lorsque l'initiative est due à une intervention extérieure, il est probable aussi qu'il faudra entreprendre un travail d'information auprès de la communauté pour la sensibiliser au problème et mobiliser son soutien.

La planification est la phase la plus importante car c'est le moment des décisions essentielles. Plus il y a de décisions prises à ce stade, mieux cela vaut pour l'avenir du programme.

La communauté doit, avant tout, décider si elle entend mettre en œuvre le programme officiellement en passant par les autorités locales ou si elle veut tenter de «se débrouiller» toute seule. Les projets officiels ont tendance à être onéreux et le comité devra donc, pour commencer, pressentir les autorités locales et tâcher de les persuader d'apporter leur soutien au programme (à moins, bien entendu, qu'elles ne soient, elles-mêmes, à l'origine du projet). En règle générale, les autorités locales devront, à leur tour, obtenir des fonds de la part d'un autre organisme, ce qui supposera probablement la réalisation d'une étude de faisabilité et d'un plan par un ingénieur-conseil, avant qu'un entrepreneur ne soit chargé de la construction. Or tout cela prend du temps - généralement de 3 à 10 ans - et il se peut qu'en attendant, la communauté choisisse de procéder elle-même à certains aménagements provisoires (Fig. 4).

Quelle que soit l'approche adoptée, il est important non seulement de déterminer le tracé et la conception du nouveau système, mais aussi de définir le rôle de la communauté dans la construction et l'entretien du réseau et les modalités de sa participation.

La construction et l'entretien vont être traités en détail dans les chapitres suivants qui sont résumés ci-après pour la commodité du lecteur.

Les aspects techniques de la conception et de la construction du système sont examinés au Chapitre 2. La plupart de ces informations intéresseront également le lecteur non familiarisé avec les questions techniques. Les sections 2.1 et 2.2 sont particulièrement importantes, car elles expliquent des concepts fondamentaux, dans un langage simple. La section 2.9 traite de la façon dont une communauté peut planifier elle-même l'amélioration de son réseau, sans soutien de l'extérieur, et

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intéressera aussi l'ingénieur qui aborde pour la première fois un problème d'évacuation des eaux au plan local.

Le Chapitre 3 traite de la remise en état et de l'entretien d'un système d'évacuation des eaux. C'est un chapitre en grande partie technique, mais les néophytes en la matière n'auront aucune peine à suivre. Les aspects institutionnels de l'entretien sont traités à la section 3.4.

Le Chapitre 4 concerne la participation de la communauté aux projets d'assainissement. Et le lecteur devrait au moins jeter un coup d'œil à la section 4.1 avant de décider s'il va, ou non, pousuivre sa lecture!

On trouvera un glossaire en annexe 1; les autres annexes concernent le calcul pour la conception d'un réseau d'assainissement, le mandat des consultants, et les sources d'information pour le comité d'assainissement.

1.6 Bibliographie

CAIRNCROSS, S. Urban drainage in developing countries. Parasitology today, 2 (7), pp. 200-202 (1986).

CAIRNCROSS, S. & FEACHEM, R. G. Environmental health engineering in the tropics: an introductory text. Chichester, John Wiley & Sons, 1983.

CURTIS, C.F. & FEACHEM, R. G. Sanitation and Culex pipiens mosquitoes: a brief review. Journal of tropical medicine and hygiene, 84, pp. 17-25 (1981).

DAVIDSON, F. & PAYNE, G. Urban projects manual: a guide to upgrading and new development projects accessible to low income groups. Liverpool, Liverpool University Press, 1983.

HARPHAM, T., ed. In the shadow of the city: health care and the urban poor. Oxford, Oxford University Press, 1988.

McAUSLAN, P. Urban land and shelter for the poor. Londres, International Institute for Environment and Development, 1985.

TABIBZADEH, I. et al. Pleins feux sur les villes. Améliorer la santé dans les villes du tiers monde. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1991.

L'urbanisation et ses incidences sur la santé de l'enfant. Possibilités d'action. Organisation mondiale de la Santé, Genève, 1990.

2. Les diverses solutions possibles

2.1 Hiérarchie

Les problèmes propres à un quartier font partie de toute une série de problèmes liés au réseau d'évacuation des eaux de la ville entière et correspondant aux divers ouvrages qui le composent, des plus importants aux plus simples: des canaux collecteurs ou canalisations principales, qui collectent les eaux usées de tous les

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quartiers de la ville, aux petits fossés ou caniveaux qui sont aménagés le long des routes ou desservent les propriétés privées.

C'est le milieu récepteur (ou exutoire), dans lequel se déversent finalement les eaux, qui occupe la position principale dans la hiérarchie. Il peut s'agir de la mer, d'un lac ou d'un fleuve. Le niveau de l'eau dans ce milieu récepteur détermine le niveau minimum dans les canaux d'écoulement, le pompage des eaux pluviales n'étant réalisable que dans les communautés les plus fortunées. Par ailleurs, même si certaines communautés avaient les moyens de s'offrir des pompes suffisamment puissantes pour éliminer les très grandes quantités d'eau déversées, ces appareils ne seraient guère pratiques en raison de leurs nombreuses difficultés d'entretien et des dégâts possibles en cas de panne ou de mauvais fonctionneme nt. Le niveau de l'eau dans le milieu récepteur est très proche du niveau du sol en de nombreux endroits habités par des familles à faibles revenus, où le terrain est plat, ce qui interdit de construire des canaux d'écoulement profonds.

Vient ensuite le réseau de canalisations primaire, composé des gros collecteurs, parfois appelés aussi intercepteurs, qui desservent des quartiers entiers ou la totalité d'une ville et suivent généralement les voies d'écoulement naturelles de l'eau, comme les fleuves et les rivières. La conception, la construction et l'entretien du réseau de collecteurs dans une ville requièrent des connaissances étendues en génie civil ainsi que d'importants moyens financiers et ne sont certainement pas à la portée d'une petite communauté isolée. Il n'en sera donc pas question ici.

Enfin, il y a le réseau secondaire composé des canalisations de plus petites dimensions qui desservent des quartiers. Celles-ci sont parfois dites «de branchement» ou de dérivation et desservent chacune une ou plusieurs habitations ou groupes d'habitations. Les indications données ici concernent essentiellement ce réseau secondaire. A ce niveau, des améliorations sont possibles avec un investissement modeste et les solutions peu coûteuses sont souvent les plus appropriées.

2.2 Facteurs affectant l'écoulement des eaux pluviales

L'eau tombant sous forme de pluie n'est pas forcément drainée en totalité par le réseau d'assainissement. En effet, une partie va s'infiltrer dans le sol, tandis qu'une autre partie va stagner dans des flaques et dans des bas-fonds et finalement s'évaporer. Le volume d'eau qui ruisselle à la surface du sol et qui doit être évacué est appelé «coefficient de ruissellement». Dans la pratique, il y a peu de chances que l'eau s'évapore pendant un orage, si bien que le coefficient à utiliser pour calculer la dimension des collecteurs est fonction de la capacité d'infiltration du sol. Celle-ci dépend essentiellement du type de sol, de la pente du terrain et de l'utilisation faite du sol.

Type de sol: l'eau s'infiltre plus facilement dans un sol sableux que dans un sol argileux ou rocheux.

Terrain: l'eau s'écoule plus rapidement le long d'une pente raide, où elle a moins le temps de s'infiltrer que si elle stagne ou s'écoule lentement en terrain plat.

Utilisation du sol: la végétation retient une grande partie de l'eau et ameublit le sol, facilitant l'infiltration. En revanche, les toits et surfaces revêtues empêchent l'infiltration.

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Les coefficients de ruissellement sont donc toujours plus élevés dans les régions au sol argileux ou rocheux, sur des terrains en pente raide ou dans des zones fortement construites, où il y a peu de végétation. A titre d'exemple, la quantité d'eau à éliminer d'une zone fortement construite peut être cinq à six fois plus grande qu'elle ne l'était lorsqu'il n'y avait pas d'habitations et que le sol était recouvert de végétation.

La vitesse à laquelle l'eau se déverse dans le système d'évacuation dépend non seulement du coefficient de ruissellement, mais aussi de la pluviosité. Celle-ci peut, bien entendu, varier, selon qu'il s'agit d'une pluie torrentielle ou d'une petite averse et il est difficile de déterminer l'intensité maximum des pluies qui tomberont au cours d'une année donnée, en raison de l'imprévisibilité des conditions météorologiques. Néanmoins, en analysant d'anciens relevés pluviométriques, il est possible d'estimer la probabilité d'un taux de précipitation donné. Plus le taux de précipitation est élevé, plus la probabilité de son apparition est faible.

Cette probabilité est généralement exprimée comme étant la «période de récurrence» ou la périodicité possible. Ainsi, une pluie torrentielle, dont la probabilité de réapparition est de 1 contre 20 quelle que soit l'année considérée, a une période de récurrence de 20 ans et est appelée une pluie de 20 ans. Bien évidemment, cela signifie non pas qu'elle se reproduira exactement tous les 20 ans, mais qu'en moyenne, elle se répétera à ce rythme, soit en moyenne cinq fois par siècle.

Le système d'évacuation des eaux qui serait conçu pour une pluie torrentielle dont la période de récurrence est de 100 ans, pourrait ne jamais être pleinement utilisé pendant sa durée de vie. En l'occurence, il aurait mieux valu dépenser l'argent investi dans la construction d'un tel système pour installer des canalisations plus petites dans des zones qui en étaient dépourvues. Le choix de la période optimale de récurrence en vue de la conception d'un réseau d'assainissement urbain suppose une évaluation délicate du risque de débordement et des dommages qui s'ensuivraient, par rapport au coût de la construction de canalisations plus grosses qui permettraient d'éviter ce débordement.

Les systèmes d'assainissement urbain sous les tropiques sont généralement conçus pour une période de récurrence de 5 ans, mais pour les micro-raccordements mis en place dans des quartiers d'habitation, où un débordement risque moins de causer des dégâts importants, il est préférable de prendre l'hypothèse d'une période plus brève (trois ans ou moins encore). Dans les zones de population à faibles revenus, où la valeur des biens susceptibles d'être endommagés est relativement réduite et où les fonds disponibles pour l'aménagement du réseau sont limités, la période de récurrence appropriée est encore plus courte. A Mombasa, par exemple, une période de récurrence de un an a été adoptée pour toutes les canalisations sauf les plus grosses. A Calcutta, certains aménagements ont été conçus en fonction d'une période de récurrence de deux mois seulement. Quelques centimètres d'eau plusieurs fois par an peuvent, en effet, constituer une amélioration substantielle par rapport à des inondations telles que le niveau de l'eau atteint la ceinture pendant des semaines.

La dégradation des routes due à des pluies torrentielles est souvent la raison majeure pour laquelle on met en place un système d'évacuation des eaux dans les zones à faibles revenus. Sur les terrains en pente abrupte, une seule pluie violente faisant déborder les canaux peut causer d'énormes dégâts par érosion et, dans ces zones, une période de récurrence plus longue qu'en terrain plat peut se justifier.

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L'annexe 2 donne davantage de précisions sur la méthode d'évaluation du débit des eaux pluviales et la manière dont celui-ci peut servir à calculer la taille des canalisations en vue de la conception du réseau.

2.3 Problèmes posés par les terrains en pente raide

Les terrains en pente sont facilement sujets à l'érosion lorsque la couverture végétale se dégrade ou lorsque l'exploitation intensive du sol le met à nu. C'est pourquoi il importe de ne pas laisser les eaux dévaler la pente librement, car elles peuvent déstabiliser des maisons et transformer les sentiers et les rues en ravines impraticables. Empiriquement, on peut considérer les pentes supérieures à 5% comme des pentes raides.

Sur les terrains fortement pentus, le seul moyen de retenir l'eau dans le sol consiste à aménager des terrasses afin de réduire la pente. Pour lutter contre l'érosion des sols à vocation agricole, diverses méthodes sont possibles, mais elles ne peuvent être appliquées en zone urbaine que si les alentours ne sont pas encore complètement bâtis.

Lorsqu'elle se concentre selon une voie d'écoulement naturelle ou artificielle le long d'une pente abrupte, l'eau peut s'écouler très rapidement et provoquer des dégâts considérables. Diverses méthodes peuvent être employées pour contrôler la vitesse du flot et son débit:

a) Détourner l'eau horizontalement par un talus construit le long de la courbe de niveau ou par des canaux de dérivation (Fig. 5), ce qui ralentit la vitesse d'écoulement et évite l'accumulation de l'eau dans un seul canal d'évacuation.

b) Freiner l'écoulement de l'eau en l'obligeant à suivre un parcours en zigzag grâce à des chicanes aménagées dans le canal (Fig. 6 a)).

c) Construire des gradins dans le canal d'écoulement (Fig. 6 b)). La surface sur laquelle l'eau se déverse de marche en marche est conçue pour résister à la force de l'eau. Ce type d'escalier est pratique lorsque la pente est supérieure à 30%, mais devient trop onéreux dans le cas contraire.

d) La mise en place de seuils (Fig. 6 c)) constitue une solution plus économique et peut être réalisée dans des canaux d'écoulement non revêtus. L'eau dépose du limon derrière chaque paroi et finit par créer un canal en escalier. Les seuils doivent être fermement ancrés dans le sol de chaque côté et au fond afin d'éviter que l'eau ne les contourne. Il importe en outre, de veiller à ce que la base de chaque muret ne soit pas plus haute que le haut du suivant, en aval.

Ces paro is peuvent être construites autrement qu'en béton ou en maçonnerie (Fig. 7). Des tas de grosses pierres peuvent contribuer à disperser l'énergie de l'eau lorsqu'elle se fraye un passage dans leurs interstices. Les pierres doivent toutefois être suffisamment grosses pour ne pas être emportées par les eaux.

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Fig. 5. Dérivation en cas de pente raide

A défaut de pierres assez grosses, on peut fabriquer ce que l'on appelle un gabion en entassant les pierres plus petites dont on dispose dans une sorte de grand panier rectangulaire en grillage métallique galvanisé d'une contenance d'environ un demi à un mètre cube. Ces espèces de grandes cages peuvent alors servir à édifier un mur; mais il est conseillé de les remplir après les avoir mises en place. Le bambou constitue un bon matériau de remplacement pour le treillis, bien qu'il commence à pourrir au bout de quelques années. Lorsqu'il se détériore, on peut appliquer un peu de béton maigre à la surface du gabion en prenant soin de ne pas obturer complètement les interstices entre les pierres. Lorsqu'un gabion vient d'être installé, les pierres se mettent en place peu à peu; or le béton maigre se craquellerait facilement, alors que le grillage et le bambou restent souples et flexibles.

Fig. 6. Types de canalisations pour pente raide - (a) Chicanes

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Fig. 6. Types de canalisations pour pente raide - (b) Marches

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Fig. 6. Types de canalisations pour pente raide - (c) Tranquillisateurs

Sur des terrains en pente douce (4 à 10%), les canaux d'évacuation peuvent être revêtus de béton, de maçonnerie ou d'herbe afin d'éviter que le fond ne s'érode. Les revêtements sont étudiés plus loin (section 2.6).

Fig. 7. Types de tranquillisateurs ou dissipateurs - Pierres

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Fig. 7. Types de tranquillisateurs ou dissipateurs - Pieux en bols

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Fig. 7. Types de tranquillisateurs ou dissipateurs - Gabions

2.4 Problèmes des terrains plats

Dans les bas-fonds sujets aux inondations, le problème majeur tient souvent au niveau relativement élevé du milieu récepteur. Celui-ci limite, en effet, la pente que l'on peut donner aux canaux pour faciliter l'écoulement des eaux. Comme il est difficile en ce cas de creuser des caniveaux d'écoulement profonds, ceux-ci doivent donc être relativement larges pour avoir une capacité suffisante.

Parfois, il n'y a pas d'autre solution que de surélever le niveau du sol sur la totalité ou une partie de la zone sujette à inondations. Si l'on se contente de surélever le niveau du sol dans les rues, les terrains et les habitations seront davantage inondés. Il

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convient donc de prévoir suffisamment de matériau de remblai à proximité des habitations pour que les gens puissent l'emporter et surélever le sol chez eux. Il serait bon de les aider à juger de la quantité de remblai nécessaire, en peignant à l'avance sur chaque maison des marques indiquant le niveau à atteindre.

Que les gens entassent de la terre ou quelque autre matériau dans leur maison peut paraître étrange à certains, mais dans certaines zones urbaines à faibles revenus, les habitants se sont félicités d'avoir ainsi surélevé le sol de leur logis d'une hauteur pouvant aller jusqu'à 50 cm. Ils devront sans doute par la suite apporter des aménagements à la maison ou même la reconstruire, mais le travail de remblaiement peut à ce point transformer un quartier que, souvent, ses habitants envisagent même de construire des maisons neuves, convenant mieux à leur nouvel environnement, s'ils sont convaincus d'être à l'abri de dégâts des eaux.

Le niveau de l'eau dans le récepteur fluctue fréquemment en raison des marées ou de l'apport d'eau provenant d'autres bassins versants. On peut aussi analyser ces fluctuations en fonction de leur période de récurrence, lorsque l'on fixe la hauteur du remblai nécessaire.

De même, on peut tirer parti des fluctuations du niveau d'eau dues aux marées en installant, à la sortie du système de drainage, une vanne qui sera ouverte à marée basse et fermée lorsque le niveau d'eau monte. Il est également possible d'éviter le recours au remblai en construisant un grand talus ou une digue le long de la berge d'un fleuve sujet aux crues ou tout autour d'une zone résidentielle pour former un «polder» (Fig. 8). Un dispositif quelconque, une vanne par exemple, est alors, bien entendu, nécessaire pour permettre à l'eau drainée d'être évacuée. Néanmoins, avant de réaliser des aménagements de ce genre, il convient de charger un ingénieur d'exécuter une étude approfondie et de s'assurer du bon fonctionnement et de l'entretien approprié du système. Il est clair qu'une digue qui déborde, ou une vanne qui ne fonctionne pas, peut causer des dommages considérables.

L'une des difficultés que pose l'évacuation des eaux en terrain plat réside dans le dépôt de sédiments dans les caniveaux, car l'eau s'y écoule lentement. Si possible, les systèmes d'évacuation doivent être conçus de manière à permettre un minimum d'«auto-épuration», le flot emportant les sédiments, du moins quand les caniveaux sont complètement remplis. Dans un caniveau à section rectangulaire, l'eau coulera lentement, en couche mince, dans le fond, après une averse légère ou modérée. Par ailleurs, toute irrégularité dans le fond plat du caniveau donnera lieu à la formation de flaques dans lesquelles les moustiques peuvent se développer. Un caniveau à bords pentus et à fond étroit contribue à maintenir un écoulement régulier quel que soit le niveau de l'eau. On peut encore améliorer cette technique en construisant un caniveau à section composite (Fig. 9). Le caniveau central dont le fond est étroit sert à entraîner l'eau par temps sec ou en cas de faible pluie, tandis que la partie supérieure permet l'écoulement des eaux en cas de forte pluie occasionnelle. Les bords de cette partie extérieure devraient, de préférence, descendre en pente douce vers le caniveau central ou «cunette».

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Fig. 8. Le système de polder

Fig. 9. Sections transversales types de canaux mixtes - Canal revêtu

Fig. 9. Sections transversales types de canaux mixtes - Canal non revêtu

Pour obtenir une vitesse d'écoulement «auto-nettoyante», il faut également un minimum de pente, plus grand pour les caniveaux de petite taille que pour ceux de grande dimension. En gros, pour un caniveau de 10 à 15 cm de large, il faudra une pente minimum d'environ 1% pour atteindre la vitesse d'écoulement «auto-nettoyante», tandis que, pour un caniveau deux fois plus grand, la moitié à peu près devrait suffire. Cependant, il n'est pas toujours possible d'obtenir ces pentes minimum, car la dénivellation entre la rue et le récepteur peut ne pas être suffisante. De toute façon, même les systèmes les mieux conçus n'échappent pas au dépôt de sédiments et doivent être nettoyés régulièrement pour pouvoir continuer à fonctionner.

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2.5 Systèmes ouverts ou fermés

Les ingénieurs et les administrateurs témoignent souvent d'un parti pris en faveur des systèmes fermés, probablement parce qu'ils ne sont guère familiarisés avec les systèmes de canalisations à ciel ouvert. Les systèmes fermés présentent pourtant certains inconvénients.

a) Ils sont plus onéreux à la construction, car ils demandent des travaux de terrassement plus profonds, doivent supporter des charges de trafic considérables, puisqu'ils sont construits sous les rues, et requièrent généralement des ouvrages annexes tels que des trous d'homme et des regards de visite.

b) Il est plus difficile de contrôler les défauts de construction, la détérioration et l'accumulation des détritus ou des sédiments dans une canalisation fermée que dans un conduit à ciel ouvert.

c) La conception, la construction et l'entretien des systèmes fermés requièrent des techniques d'ingénierie plus complexes.

d) Les égouts fermés étant souterrains, la dénivellation vers le récepteur est plus faible et il est donc plus difficile d'obtenir une pente minimum suffisante pour assurer la vitesse d'écoulement d'autonettoyage.

e) La multiplication des moustiques est plus difficile à contrôler dans les réseaux fermés.

f) Les eaux d'égout qui s'écoulent lentement dégagent des gaz susceptibles d'attaquer le ciment et le béton dans les canalisations fermées imparfaitement ventilées.

Le principal avantage des réseaux fermés est qu'ils ne prennent pas de place en surface. Les enfants, en outre, ne risquant pas de jouer ou de tomber dans leurs eaux polluées et les véhicules ne risquent pas de les endommager ou d'y tomber. Pourtant, dans des villes aussi soigneusement entretenues qu'Amsterdam et Singapour, des caniveaux à ciel ouvert sont utilisés et entretenus dans de bonnes conditions d'hygiène et sans nuire à l'esthétique. Dans les régions tropicales à faibles revenus, on ne devrait donc construire un réseau fermé qu'après avoir très soigneusement étudié les autres solutions possibles.

Si l'on construit des conduits à ciel ouvert, il convient d'accorder une attention particulière à la mise en place de passerelles permettant aux riverains d'accéder sans difficulté à leur logis, à pied ou en voiture. A défaut d'une telle précaution, on risque, en effet, de voir les habitants combler les caniveaux en les remplissant de pierres ou de terre ou de quelque autre façon. La construction d'un système partiellement ouvert et partiellement fermé constitue la pire des solutions, car les détritus jetés dans la partie ouverte bouchent le tronçon souterrain d'où il est plus difficile de les évacuer. L'eau polluée qui s'accumule et stagne à l'ombre derrière le bouchon ainsi formé offre aux moustiques un terrain de prolifération idéal.

De courts tronçons couverts sont cependant presque inévitables au croisement des routes et sous les passerelles ou les ponts d'accès. Il convient donc de disposer une grille de fer en amont de chacun de ces tronçons pour retenir les détritus solides. Si

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l'on procède comme le montre la Fig. 10, il devient plus facile d'éliminer les débris accumulés en les faisant glisser le long de la grille à l'aide d'un râteau.

Le niveau inférieur du tronçon couvert ne doit pas être situé plus bas que le fond du caniveau en aval, car, en ce cas, l'eau ne s'écoulerait pas, ce qui permettrait la prolifération des moustiques, et le conduit risquerait beaucoup d'être envahi de boues. Si la conduite est de gros diamètre et devrait être enterrée trop profondément pour pouvoir être protégée des dommages causés par le trafic, il faut recourir à une autre solution et aménager une canalisation large et peu profonde recouverte d'une dalle en béton.

Une technique classique qui est parfois utilisée consiste à construire un petit bassin collecteur des boues à l'entrée d'un tronçon fermé. Mais, dans la plupart des zones à faibles revenus, ces bassins se remplissent très rapidement de sable ou d'ordures et ne servent en fait pas à grand chose. Ils favorisent en outre la prolifération des moustiques et, à ce titre, devraient être évités.

Fig. 10. Grille facilement nettoyable au moyen d'un râteau

2.6 Conception et construction d'une canalisation

Les moins coûteuses sont les canalisations non revêtues qui peuvent être creusées le long des routes au moyen d'une niveleuse. Les côtés ne devraient pas être inclinés à plus de 50% si l'on veut garantir leur stabilité. Si la pente de la canalisation est supérieure à 1%, l'érosion peut endommager la canalisation et il faudra généralement la pourvoir d'un revêtement afin de protéger le fond contre la force des eaux. Dans le cas de pentes oscillant entre 1% et 5%, il est probable qu'un revêtement partiel

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suffira, et cette solution est moins onéreuse qu'un revêtement complet (Fig. 11). Dans un conduit partiellement revêtu, des protections spéciales sont nécessaires aux points les plus vulnérables (ponceaux, raccordements, coudes et sections en forte pente, par exemple).

Fig. 11. Canalisations non revêtues, revêtues et partiellement revêtues - Canalisation

non revêtue

Fig. 11. Canalisations non revêtues, revêtues et partiellement revêtues - Canalisation

en partie revêtue

Fig. 11. Canalisations non revêtues, revêtues et partiellement revêtues - Canalisation

revêtue

Une autre technique peu coûteuse, convenant particulièrement à la partie supérieure des conduits partiellement revêtus, consiste à poser un revêtement de gazon ou à semer de l'herbe dont les racines contribueront à maintenir le sol en place. Les

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graminées les plus efficaces sont celles qui se propagent latéralement et recouvrent la surface du sol. On peut stimuler leur croissance à l'aide d'engrais, en rajoutant du terreau et en mettant en place des obstacles temporaires qui provoqueront le dépôt de limon.

Lorsque les pentes sont relativement douces, le revêtement ne doit pas nécessairement être en béton ou en maçonnerie. Du gravier ou des cailloux compactés feront parfaitement l'affaire. La Fig. 12 présente différents types de revêtements permanents ou provisoires. Les conduits à parois verticales doivent toujours être pourvus d'un revêtement pour consolider ces parois. Ce type de conduit n'étant utilisé que lorsqu'il n'y a pas assez de place et lorsque le réseau doit être installé à proximité des habitations, le revêtement doit être suffisamment résistant pour protéger les fondations des constructions avoisinantes.

Les canalisations revêtues sont souvent peu efficaces, car le revêtement empêche l'écoulement de l'eau contenue dans le sol. La pression de l'eau augmente alors et le revêtement est détruit ou l'eau se fraie un passage parallèlement au conduit. Pour résoudre le problème, il faut prévoir des barbacanes, de 10 mm de diamètre environ, des deux côtés du revêtement. On peut se servir pour cela de morceaux de tuyau disposés horizontalement dans la maçonnerie et encastres dans le mortier, à intervalles de 1 m au plus.

Dans les rues très étroites où les véhicules lourds ne passent pas et où l'espace est précieux, la rue elle-même peut être conçue de façon à servir de canal d'évacuation (Fig. 13). Cette solution n'est toutefois possible que si la pente est inférieure à 5% et si la route est protégée de l'érosion par un revêtement de gravillons ou de cailloux compactés. On peut également installer des caniveaux équipés de couvercles amovibles (Fig. 13), lesquels devraient être dotés d'orifices ou d'échancrures pour permettre le passage de l'eau et les rendre plus faciles à soulever lors du nettoyage du conduit. Cette dernière technique peut aussi être utilisée sur des tronçons en très forte pente, des éléments préfabriqués étant mis en place pour former un conduit en escalier sous un passage pour piétons. La Fig. 14 montre un aménagement de ce type construit dans la ville de Salvador, au Brésil.

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Fig. 12a. Types de revêtements

NOTE: la défaillance la plus fréquente dans ce type de revêtement résulte de l'absence de barbacanes

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Fig. 12b. Types de revêtements

NOTE: sur pentes abruptes, les pierres peuvent être revêtues d'une couche de ciment maigre ou d'un mélange de chaux et de sable

Fig. 12c. Types de revêtements - Vue en coupe

Revêtement provisoire pour consolider les parois de la nouvelle tranchée: semer de l'herbe ou mettre des mottes de gazon pour améliorer la stabilité

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Fig. 12d. Types de revêtements - Vue latérale

Les canaux d'évacuation les plus petits (moins de 300 mm de profondeur) n'ont pas besoin de barbacanes et peuvent être aisément revêtus de briques ou d'éléments préfabriqués en béton (Fig. 15). Ces éléments préfabriqués ne devraient pas peser plus de 50 kg, afin de pouvoir être transportés et mis en place manuellement par deux hommes. Les canaux préfabriqués devraient de préférence être posés sur un lit de sable compacté (d'une épaisseur de 50 mm). Si l'on ne dispose que d'une seule taille de conduit, on peut l'adapter à un débit plus important en le posant dans un trou plus profond et en maçonnant les parois latérales.

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Fig. 13a. Canalisations et voies de passage

Voie de passage et canalisation combinés, rue revêtue de pierres et de gravier tassés, pente de 5% au maximum

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Fig. 13b. Canalisations et voies de passage

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Fig. 14. Passage pour piétons et canalisation faits d'éléments préfabriqués à

Salvador (Brésil)

Comparés à la maçonnerie ou aux revêtements en béton coulés in situ, les éléments préfabriqués présentent l'avantage de pouvoir être mis en place relativement rapidement. Les canaux en maçonnerie sont longs à construire et le béton coulé en

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place demande plusieurs jours pour durcir. Pendant ce temps, le trafic est perturbé et la maçonnerie ou le béton frais peuvent être complètement détériorés par une pluie torrentielle soudaine. D'un autre côté, si l'on construit les canaux pendant la saison sèche pour éviter ce risque, il peut ne pas y avoir assez d'eau pour humidifier le béton en train de durcir. En revanche, dans un atelier couvert, les éléments sont protégés des intempéries et des rayons du soleil; il est possible de se procurer de l'eau pour humidifier le béton et le contrôle de la qualité est plus aisé et plus efficace que dans le cadre habituel des travaux de construction.

2.7 Canalisations fermées

Généralement, les canalisations fermées sont des tuyaux de ciment préfabriqués, le plus souvent de 1 m de long et de 50 mm d'épaisseur.

Fig. 15.a Coupe transversale de trois types de petites canalisations à ciel

ouvert

Fig. 15.b Coupe transversale de trois types de petites canalisations à ciel

ouvert

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Fig. 15.c Coupe transversale de trois types de petites canalisations à ciel

ouvert

Une feuillure prévue à l'extrémité de chaque conduite permet le raccordement à la conduite suivante, garantissant le bon alignement (Fig. 16a)). Si les canalisations fermées servent à la fois à l'évacuation des eaux usées et des eaux pluviales, le système est communément appelé système d'égouts unitaire et, dans ce cas, on utilise généralement un autre type de raccordement pour éviter d'éventuelles fuites d'eaux usées, qui contamineraient la nappe phréatique (Fig. 16b)).

Fig. 16. Raccordement de tuyaux de béton armé - (a) Tuyau de béton armé

normal

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Fig. 16. Raccordement de tuyaux de béton armé - (b) Joint au mortier de

ciment pour tuyau en béton armé dans des égouts mixtes

Les tranchées dans lesquelles les conduites vont être posées doivent normalement être au moins de 0,5 m plus larges que le diamètre des conduites; elles doivent également être creusées à une profondeur suffisante pour que les conduites soient recouvertes d'au moins 1 m de terre. Avant la pose des conduites, un lit de sable de 50 mm d'épaisseur est mis en place dans la tranchée, compacté et soigneusement nivelé pour assurer l'homogénéité de la pente. Les conduites sont posées sur le sable et un niveau à bulle est placé sur chaque conduite afin de vérifier la régularité de la pente. Puis on ajoute encore du sable que l'on compacte au-dessous et autour de chaque conduite jusqu'à ce qu'elle soit à moitié enfouie. On remblaie ensuite avec la terre enlevée lors des travaux de terrassement en procédant par couche de 150 mm d'épaisseur et en tassant chaque couche avec soin. La mise en place d'un lit de sable et la profondeur d'au moins 1 m ont pour but de protéger les conduites des dégâts que pourraient provoquer les véhicules lourds passant par-dessus. Dans les endroits où ne circulent que des véhicules très légers, on peut se passer du lit de sable et poser les conduites moins profond.

Un système d'évacuation fermé doit être équipé de bouches d'entrée pour permettre à l'eau de s'y écouler. Celles-ci devraient être recouvertes d'une grille pour retenir les feuilles et les autres débris solides qui pourraient obstruer les canalisations. On installe généralement une bouche d'entrée tous les 30 à 50 m le long de la route, selon le degré de la pente et l'intensité des pluies. Tout comme dans certains cas, il n'est pas recommandé de prévoir des bassins collecteurs des boues (section 2.5 ci-dessus), il faut éviter d'installer des siphons de dépôt aux bouches d'entrée.

Pour faciliter le nettoyage et l'entretien, des regards de visite devraient être aménagés à intervalles de 120 à 150 m pour les canalisations d'un diamètre supérieur à 0, 60 m et à intervalles de 70 à 100 m pour les canalisations de plus faible section. Des regards doivent être installés à chaque changement de direction, à chaque jonction de canalisations, et à chaque variation du diamètre des canalisations. De plus amples détails sur la conception et la construction des systèmes fermés sont fournis dans les ouvrages classiques sur les systèmes d'égouts.

2.8 Construction

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La construction d'un système d'évacuation des eaux exige une supervision qualifiée, mais une bonne partie des tâches peut être exécutée par la communauté, notamment:

• les travaux d'excavation (terrassement); • le transport de la terre, de l'eau, du sable et du ciment; • le compactage du sol ou du sable au fond des tranchées; • la préfabrication des éléments de canalisations: • l'arrosage et la mise à la prise des éléments de canalisations; • le transport et le stockage des éléments de canalisations; • la comptabilité et le gardiennage des éléments de canalisations; • la mise en place et l'ensemencement des talus; • la fourniture des repas aux travailleurs volontaires.

La plupart de ces tâches exigent peu de savoir-faire et peuvent être accomplies après une heure d'instruction. La seule tâche qui demande une vraie formation est la production des éléments préfabriqués.

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Fig. 17. Méthodes de moulage des éléments de canalisations (a) Élément de

canalisation du type Bangkok

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Fig. 17. Méthodes de moulage des éléments de canalisations (b) Élément de

canalisation de Roorkee

Les techniques de préfabrication peuvent facilement être assimilées par des membres de la communauté semi-qualifiés pour qui ce travail peut être une intéressante source de revenu. Dans bien des villes, il existe un marché pour ce type de produits.

La Fig. 17 montre deux méthodes simples de préfabrication. La première a été mise au point par l'Agence nationale thaïlandaise du Logement et a été proposée aux petits entrepreneurs. L'autre type d'élément a été conçu par le Centre de recherches de Roorkee, en Inde, pour la partie inférieure de canaux peu profonds et partiellement revêtus, mais peut également être utilisé tel quel, et faire office de petite canalisation, comme le montre la Fig. 15. Le moule est recouvert d'un plastique ou de journaux huilés, avant de recevoir le mortier de ciment et son armature. On fait glisser le long de la canalisation un panneau de bois dans lequel on a découpé un demi-cercle pour vérifier l'épaisseur du mortier.

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Le but de l'armature est d'empêcher que les éléments ne se brisent lors du transport; si les éléments ne doivent pas être transportés sur de longues distances, le grillage peut être remplacé par des matériaux meilleur ma rché, comme la fibre de sisal ou de noix de coco. Cela rend l'élément très flexible tant que le mortier est encore humide et on peut donc utiliser une troisième méthode de coulage. Le mortier est placé sur une feuille de plastique posée sur une surface plane. Un cadre de bois rectangulaire disposé sur le plastique est utilisé pour donner à la couche de mortier la longueur et la largeur requises. Les fibres végétales sont réparties sur le mortier lorsque la moitié de la couche a été mise en place. Lorsque tout le mortier est versé dans le cadre, on lisse la surface en y promenant une règle à araser (ou tout autre morceau de bois pouvant faire office de règle à araser) pour s'assurer que la couche de mortier a bien une épaisseur uniforme, égale à l'épaisseur du cadre en bois. Puis on ôte le cadre, on soulève la feuille de plastique à l'aide des deux tringles de bois qui auront été fixées précédemment de chaque côté et on la pose sur un segment de béton semi-circulaire qui sert de moule concave1.

1HILLMAN, E. Pre-fabricated fibre-reinforced cement irrigation channels, Waterlines, 4 (4), 22-25 (1986).

Après deux jours de prise, les éléments sont retirés de leur moule et traités pendant 5 à 12 jours de manière à renforcer le béton. Le but de cette opération étant d'empêcher l'évaporation trop rapide de l'eau à la surface du béton, le mieux est de mettre les éléments dans un réservoir rempli d'eau. Mais on peut aussi couvrir les éléments en les recouvrant d'une natte ou d'un morceau de tissu (sac, etc.) qui sera aspergé d'eau chaque soir ou maintenu humide pendant 5 jours au moins.

La construction doit toujours être réalisée d'aval en amont. De cette façon, le lieu de travail reste sec et il est plus aisé de vérifier la pente. Il est risqué toutefois de se contenter de cette observation visuelle. En vérifiant simplement que l'eau s'écoule bien dans la canalisation nouvellement posée, on est assuré d'avoir une pente correcte. En terrain plat, cette méthode peut néanmoins conduire à poser la canalisation selon une pente trop forte, ce qui empêche la réalisation d'une pente adéquate plus en amont.

Quand on ne dispose pas du matériel voulu, il y a une méthode simple qui consiste à utiliser un long tuyau de plastique rempli d'eau (Fig. 18). Il faut s'assurer qu'il n'y a pas de bulles dans le tuyau et relever les deux extrémités. L'eau dans les deux extrémités s'établira alors au même niveau. Si l'on veut, par exemple, obtenir une pente de 0,4% (0,004 m/m), la différence de niveau pour 10 mètres de canalisation devra être de 0,004 x 10 =0,04 m. Si l'on tient le tuyau de manière à maintenir le niveau de l'eau à 1 m au-dessus du fond de la tranchée à l'extrémité la plus basse, le fond de la tranchée devrait donc se trouver à 0,96 m (1,00 - 0,04) au-dessous du niveau de l'eau à 10 m en amont. On peut employer la même méthode pour vérifier le niveau des éléments de canalisation posés, en utilisant une ficelle pour vérifier leur alignement horizontal. Un niveau à alcool devrait être utilisé pour vérifier la pente des éléments individuels.

Mais il n'est pas conseillé d'utiliser des méthodes aussi simples quand on pose des canalisations enterrées. Il faut s'adresser à un géomètre qualifié qui dispose des instruments nécessaires.

Le rôle de la communauté dans la construction de systèmes de drainage et d'évacuation des eaux peut être considérable (Fig. 19), mais les autorités municipales

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ne peuvent pas compter toujours sur le bon déroulement d'une telle participation, surtout lorsqu'il s'agit de travail non rétribué. Par ailleurs, si un entrepreneur a été engagé pour les travaux de construction, il préférera peut-être employer son propre personnel, pour pouvoir mieux contrôler l'exécution des travaux. S'il se voit obligé d'attendre que la communauté s'organise, il risque de demander à la municipalité le remboursement des frais généraux et des charges salariales encourus en raison de ce retard. Il est souvent préférable de faire figurer dans le contrat l'obligation de donner la priorité à la communauté locale dans le recrutement du personnel et de former une équipe d'entretien locale.

Si la communauté doit participer aux travaux de construction, il faut commencer par la mobiliser et par organiser sa contribution; il importe aussi de solliciter son avis et son accord dès le début de la phase de planification. Tout projet qui ne serait pas accepté par la communauté serait voué à l'échec. La section 4 sera donc consacrée à une étude plus détaillée du problème de la participation communautaire.

Fig. 18. Pose d'une canalisation sur une pente régulière à l'aide d'un tuyau à

eau

Pour une pente de 0,004 m/m, profondeur en amont 1 - 0,004 × 10 = 0,96 m

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Fig. 19. Opérations de construction d'une canalisation

2.9 Le «système D»

Dans l'idéal, il faut élaborer les plans avec une autorité locale ou tout autre organisme capable de fournir les compétences techniques nécessaires. Toutefois, certaines communautés peuvent vouloir entreprendre elles-mêmes certains travaux d'amélioration même si elles ne sont pas à même de se procurer une telle assistance

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technique ou lorsqu'elles attendent de l'obtenir. La présente section donne quelque idée des travaux que pourrait entreprendre la population, compte tenu de la possibilité qu'elle a de veiller aux résultats de ses efforts et d'y apporter peu à peu certaines modifications dans les années suivantes.

Il est recommandé à tout groupe ou à toute personne désirant concevoir un système d'évacuation des eaux de procéder par étapes selon le plan suivant (étapes a) à g)). Aucune formation spécialisée n'est nécessaire pour ces travaux. Mais les ingénieurs qui effectueraient des études préliminaires pourraient également y trouver quelques suggestions utiles. Pour les étapes h) à m), il est souhaitable d'avoir l'aide d'un spécialiste.

a) Avant de commencer, il est sage de se procurer une carte de la région, que l'on peut généralement trouver au service d'urbanisme, au cadastre ou au service géographique national. Si aucune carte récente n'est disponible, on peut se servir de photographies aériennes ou de tracés faits à partir de photographies originales. Ces photographies peuvent être prises au moyen d'un appareil photo ordinaire à partir d'un petit avion, volant à une altitude d'environ 600 mètres. A une telle altitude, il suffit de conditions atmosphériques raisonnables pour pouvoir voler et effectuer les relevés voulus. Les ombres projetées par les nuages ne sont pas gênantes pour l'interprétation des photographies. En dernier ressort, un croquis pourra être fait: le chapitre consacré à la méthode des levés à la planchette dans un ouvrage traitant des levés topographiques montrera comment procéder sans disposer d'un matériel très compliqué. Cette carte doit être dressée à une échelle adéquate, de préférence au moins au 1/5 000. Une échelle du 1/1 000 est préférable. On peut agrandir une carte dont l'échelle est trop petite au moyen d'un pantographe, ou en la divisant en carrés que l'on reproduit sur des carrés plus grands. On peut la compléter ensuite en visitant la région pour voir si certains éléments manquent ou doivent être modifiés.

b) Il faut circuler ensuite à travers le district et demander aux résidents quelles sont les causes probables des inondations ou des glissements de terrain récents. Même s'ils n'ont aucune formation technique, les résidents peuvent généralement identifier la source de l'eau qui est à l'origine du problème. Les résidents de longue date peuvent même établir parfois la relation entre ce problème et des événements précis du passé, en particulier les grands travaux de génie civil effectués dans les environs: construction des remblais ou de tranchées pour une route ou une voie de chemin de fer, ou travaux de nivellement, par exemple.

c) Il faut alors essayer de déterminer le niveau atteint par l'eau pendant une certaine inondation. Les habitants peuvent indiquer la hauteur atteinte par rapport à leur propre corps (jusqu'à la cheville, jusqu'au genou, jusqu'à la ceinture) ou en indiquant ce niveau sur leur clôture ou leur habitation. Les marques laissées par les inondations peuvent parfois être encore visibles sur les murs. On se sert alors d'un mètre pour mesurer la profondeur de l'eau en centimètres et l'on reporte ces chiffres sur la carte de la région au point correspondant. Etant donné que l'eau s'établit d'elle-même à son niveau maximal, ces mesures donneront une bonne idée de la topographie de la zone: les plus grandes profondeurs se trouveront dans les terrains situés à l'altitude la plus basse.

d) Il faut noter la direction naturellement prise par les eaux usées en provenance des maisons et les eaux de ruissellement après une pluie d'orage. On marque aussi les

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voies d'écoulement existantes sur la carte, en indiquant à la fois les émissaires naturels et les exutoires artificiels et en notant, le cas échéant, les problèmes qui se posent: tronçons de collecteurs obstrués par des ordures, sections érodées, points d'eau stagnante et éboulements, par exemple. Et l'on prend note des structures édifiées le long des voies d'eau, qui pourraient faire obstacle à l'écoulement des eaux ou empêcher l'élargissement ultérieur de la canalisation.

e) Le point de déversement des eaux et le niveau de l'eau dans le fleuve, la rivière ou la mer servant de récepteur doivent être notés et il faut demander aux résidents quelles sont les fluctuations de ce niveau, notamment les maximums atteints ces dernières années et, si possible, les dates exactes de l'événement. Si le milieu récepteur est une rivière, la direction des ressources en eau ou de l'hydraulogie devrait pouvoir aider en indiquant notamment les périodes probables de récurrence des grandes inondations: on peut alors confronter ces indications à celles données par les personnes qui ont été témoins des inondations. Si le milieu récepteur est la mer, les autorités du port pourront fournir les tableaux des marées. Les grandes marées ont normalement lieu en mars-avril et en septembre-octobre.

f) Il convient d'établir un croquis des améliorations d'urgence à apporter au réseau, en indiquant les points où les collecteurs existants doivent être élargis, où de nouvelles canalisations doivent être creusées et où se trouvent les fortes pentes à protéger contre l'érosion. Les canalisations doivent, dans la mesure du possible, suivre les tracés des routes et pistes existantes ou prévues. Il peut néanmoins s'avérer nécessaire de déplacer certains ouvrages préexistants, qui devront être marqués sur le croquis. La Fig. 20 montre les résultats des travaux correspondant aux étapes a) à f) dans une communauté.

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Fig. 20. Croquis pour l'établissement des plans d'un système d'égouts

Légende

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X Eau à hauteur de cheville lorsque la rivière déborde

Y Eau à hauteur de cheville en cas d'orage

Z Eau à hauteur du genou en cas d'orage

------- Limites approximatives

Canalisations existantes posées

Nouvelle canalisation proposée g) Il faut convoquer une réunion des résidents et leur présenter le plan proposé, afin de connaître leurs suggestions et d'obtenir leur approbation. La connaissance intime que les habitants ont de leur région les met à même de donner des conseils pratiques.

h) Il faut alors établir les plans de ces premières améliorations. En l'absence de renseignements détaillés ou de l'assistance technique nécessaires pour les calculs détaillés définitifs, il vaut mieux commencer par des caniveaux non revêtus afin de lutter contre les inondations et par la mise en place de chicanes en blocs de pierre (dissipateurs) servant de dispositifs anti-érosion. Des caniveaux non revêtus, d'une largeur de 0,3 m, semblent convenir pour les petits branchements le long des rues et des allées; s'ils deviennent trop étroits, il est possible de les élargir plus tard. Pour se faire une idée de la dimension optimale des grandes canalisations, il faut examiner de plus près les lignes de plus grande pente, y compris les canaux d'écoulement naturels et surtout les points d'étranglement qui provoquent l'accumulation de l'eau pendant les orages. En cas de doute, une largeur de 1 mètre devrait être suffisante pour commencer.

Sur les terrains en pente raide, de gros blocs de pierre d'au moins 30 cm de diamètre peuvent servir à construire des chicanes maintenues en place par des pieux en bois (cf. Fig. 7, page 20). Si les pierres sont entraînées par le courant, on peut les récupérer et les entasser dans des gabions. Les interstices entre les pierres ne doivent pas être scellés par du mortier, car cela ne servirait qu'à dévier le courant de l'eau et à favoriser l'érosion ailleurs. Il est préférable que l'eau s'écoule entre les pierres et perde ainsi de sa force.

i) On entreprend alors de creuser les tranchées en allant d'aval en amont. Pour drainer des terrains plats, il faut mettre l'extrémité aval du système au point le plus bas possible qui ne soit pas submergé par une inondation type provenant du milieu récepteur, même si ceci implique que l'eau doive parcourir une certaine distance en amont à marée haute. La pente doit être contrôlée avec soin, à l'aide d'un tuyau plein d'eau (voir section 2.8). Pour commencer, des dénivellations de 0,2 m par 100 mètres de canalisation large de 1 m et de 0,5 m par 100 mètres de canalisation large de 0,3 m semblent correspondre à une pente minimum raisonnable. Si la pente du terrain le permet, une déclivité plus importante est néanmoins préférable. Si la pente est de plus de 5 m par 100 m, il convient de placer des chicanes aussitôt que possible après avoir creusé la canalisation, à raison d'une chicane par dénivelée de 1 m.

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Fig. 21a. Recherche et diagnostic pour remédier aux imperfections d'une

canalisation non revêtue - Coupe transversale d'un canal non revêtu

Fig. 21b. Recherche et diagnostic pour remédier aux imperfections d'une

canalisation non revêtue - Coupe au bout d'un an

Cause: section transversale trop importante: pente trop raide.

Remède: poser un dissipateur si la canalisation est trop profonde; sinon ajouter du gravier ou des pierres ou couler dans le fond une couche de ciment maigre

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Fig. 21c. Recherche et diagnostic pour remédier aux imperfections d'une

canalisation non revêtue - Coupe au bout d'un an

Cause: section transversale trop petite: pente trop faible.

Remède: entretenir régulièrement la canalisation pour évacuer les dépôts; rectifier les parois ou élargir le canal

Fig. 21d. Recherche et diagnostic pour remédier aux imperfections d'une

canalisation non revêtue - Coupe au bout d'un an

Cause: section transversale trop petite: pente trop raide

Remède: rectifier ou élargir le canal

Fig. 21e. Recherche et diagnostic pour remédier aux imperfections d'une

canalisation non revêtue - Coupe au bout d'un an

Cause: section transversale trop grande; pente trop faible

Remède: évacuer les dépôts et, au besoin, réduire la section

j) Une fois la canalisation creusée, lorsque la pluie a commencé à tomber, il faut visiter le chantier et noter les endroits où l'eau stagne. Ces endroits correspondent aux points les plus bas du tracé du réseau. Il faut donc soit relever le fond en le remplissant de gravillons ou de terre, soit creuser en aval afin que l'eau puisse mieux s'écouler. Il faut aussi repérer les signes avant-coureurs d'érosion: eau contournant les chicanes ou se frayant un chemin parallèlement au caniveau.

k) Si cela semble souhaitable, on peut poser un revêtement temporaire, en bois ou en bambou par exemple, comme l'indique la Fig. 12, page 28. Des grilles temporaires, servant à retenir les détritus et réalisées à l'aide de pieux en bois ou de tiges de

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bambou, espacés de 20 à 50 mm, peuvent être installées au travers des petits caniveaux. Il faut alors désigner des responsables pour assurer le nettoyage hebdomadaire de chaque grille et organiser une équipe mensuelle qui sera chargée de déblayer les principaux canaux.

l) Il importe de veiller au bon fonctionnement du système pendant au moins une saison des pluies, en notant les divers problèmes: points d'affouillement, trop-plein, eau stagnante, dépôt de boues, etc. L'eau tend à éroder et à creuser les caniveaux trop étroits et aux parois trop abruptes et à déposer des boues dans les canaux trop larges et à la pente insuffisante. La Fig. 21 montre certains des problèmes qui peuvent se produire dans un canal non revêtu type et la manière de diagnostiquer la difficulté et d'y remédier.

m) Au bout d'un an ou deux, les dimensions et pentes des canalisations devraient être plus ou moins stabilisées. La communauté pourra alors décider de poursuivre les travaux et, par exemple, de poser des revêtements, de mettre en place des grilles permanentes, des croisements, des chicanes, etc.

2.10 Bibliographie

CHATTERJEE, S. & BHUNIA, A.K. Drainage problem of metropolitan Calcutta and its solution. Journal of the Institution of Civil Engineers (India), 50 (10, part PH3), pp. 83-92 (1970).

HILLMAN, F. Pre-fabricated fibre-reinforced cement irrigation channels. Waterlines, 4 (4), pp. 22-25 (1986).

MANOHARN, S. Application of ferrocement drainage flume in slum upgrading. Journal of ferrocement, 12 (4), pp. 373-383 (1982).

OKUN, D. A. & PONGHIS, G. Collecte et évacuation des eaux usées des collectivités. Genève, Organisation mondiale de la Santé (1976).

SHARMA, P. C. & KUMAR, A. Ferrocement channels for small-scale irrigation. Appropriate Technology, 9 (3), pp. 7-8, (1982).

WATKINS, L. H. & FIDDES, D. Highway and urban hydrology in the tropics, Londres, Pentech Press, (1984).

3. Remise en état et entretien

3.1 Causes de défaillance des systèmes d'évacuation des eaux

Certaines communautés souffrent de problèmes d'assainissement non parce qu'elles n'ont pas de système d'évacuation des eaux usées et des eaux de ruissellement, mais parce que le système existant s'est effondré, est obstrué ou nécessite des travaux de réparation et de reconstruction pour diverses autres raisons. D'autres, bien plus nombreuses, constatent que le point de rejet le plus pratique et le plus proche pour un nouveau système d'évacuation est un réseau d'égouts ou de canalisations primaires existants qui nécessitent de l'entretien pour fonctionner correctement.

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L'effondrement et l'obstruction des collecteurs sont les principaux types de défaillance des réseaux et peuvent avoir chacun plusieurs causes. L'écroulement peut être dû:

- à l'érosion du fond et des parois latérales de la canalisation (affouillement); - à la pression excessive de l'eau dans le sol sous et à côté du revêtement de la canalisation; - aux véhicules passant sur les canalisations ou trop près; - au développement des racines des arbres voisins; - à la corrosion coronaire dans les canalisations fermées contenant des eaux d'égout.

L'obstruction peut être due:

- à l'accumulation de déchets, de feuilles et de terre dans la canalisation;

- aux ouvrages, maisons ou piles de ponts notamment, construits dans le canal et empêchant l'écoulement des eaux;

- à l'excès de végétation se développant dans les canaux;

- au dépôt de boues dans les sections basses du fait du mauvais alignement des tuyaux, de l'insuffisance de la pente et du manque de régularité du nettoyage.

Pour arriver à remettre en état un système défaillant avec quelque chance de succès, il importe de diagnostiquer et d'éliminer les causes originelles de la défaillance et de traiter en même temps les symptômes immédiats. Il existe un remède à toutes les causes d'effondrement.

a) L'érosion dans une canalisation non revêtue, ainsi que les moyens d'y remédier, sont illustrés par la Fig. 21 (page 42). Des symptômes d'érosion dans une canalisation revêtue peuvent signifier que le revêtement n'est pas suffisamment solide et qu'il faut le renforcer. Les points de raccordement entre les tronçons de canalisations ou de tuyaux sont fréquemment des points faibles, qu'il faut sceller avec du mortier de ciment. Lorsque la pente est supérieure à 10%, des tranquillisateurs ou des gradins de différents types (voir Fig. 6, page 19) doivent être installés. L'affouillement des parois extérieures du revêtement d'une canalisation peut signifier que l'eau ne suit pas le trajet prévu et s'écoule parallèlement à la canalisation. Si le revêtement dépasse le niveau du sol, il faut pratiquer des entailles dans ses parois pour permettre à l'eau de passer. De petites levées de terre, placées en diagonale de la route, permettent également de guider le flot dans la direction voulue. Des signes d'affouillement sur les bords peuvent signifier que la canalisation déborde pendant les averses d'orage et qu'il faut procéder à des curages plus fréquents ou mettre en place des canalisations plus larges ou prévoir davantage de circuits de délestage (Fig. 5, page 18). Dans les tuyaux fermés qui sont surchargés, l'eau peut s'échapper dans le sol à travers les joints, du fait de la pression régnant à l'intérieur de la canalisation. Lorsque la pression baisse, l'eau se réinfiltre dans la canalisation, en charriant de la terre et en créant au-dessus de la canalisation, une cavité qui risque de s'effondrer par la suite. La solution consiste à sceller les joints au moyen d'un coulis de mortier ou, mieux encore, à construire une canalisation de plus grandes dimensions.

b) La pression de l'eau de l'extérieur ou la pression résultant du gonflement de l'argile peuvent être combattues par un lit de sable (Fig. 15, page 31) et la mise en place de barbacanes dans le revêtement (Fig. 11, page 26).

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c) Les véhicules endommagent souvent les canalisations à ciel ouvert. Si ces dégâts se produisent fréquemment, il faut protéger la canalisation par une barrière quelconque, en métal ou en pierre. Si les dégâts sont causés par des véhicules essayant de franchir le fossé, il faut protéger la canalisation en la surmontant d'un ponteau ou de tout autre moyen de franchissement adéquat. Lorsque des canalisations couvertes sont endommagées par des véhicules, cela veut dire qu'elles ne sont pas posées assez profondément ou qu'elles doivent être protégées par une dalle de béton.

d) Les racines des arbres voisins ont tendance à envahir les canalisations, en particulier si celles-ci contiennent de l'eau stagnante et si les revêtements ne sont pas imperméables. La protection la plus efficace, si les problèmes persistent, consiste à éliminer tous les arbres situés à moins de 5 m de la canalisation.

e) La corrosion coronaire se produit dans les égouts couverts contenant des eaux vannes dont les gaz peuvent attaquer le ciment et le rendre fragile, surtout à la partie supérieure de la canalisation.

Il est assez facile de voir comment remédier à la plupart des causes d'obstruction: en ramassant les ordures, en faisant disparaître les constructions et en enlevant la végétation. Si les conduits ont une pente uniforme et adéquate, il ne devrait généralement pas être nécessaire d'enlever les boues; une fois éliminée la végétation dont les racines retenaient les boues en place, il devrait suffire d'une averse un peu forte pour entraîner la vase.

Mais la pente n'est pas toujours uniforme. Il peut arriver que la canalisation ait été mal posée, que le lit de sable sous certains tronçons se soit érodé, provoquant l'affaissement de ces tronçons, ou qu'en l'absence de barbacanes ou d'un lit de sable, le revêtement se soit soulevé sous l'effet de la pression de l'eau contenue dans le sol. Un tassement inégal du sol est fréquent. En terrain plat, les sols argileux ont, par ailleurs, tendance à se tasser inégalement, ce qui compromet la régularité de la pente. Le passage des véhicules et les secousses des tremblements de terre peuvent également perturber ou rompre l'alignement de certains tronçons qui sont alors bouchés par des sédiments ou d'autres déchets solides. Dans ce cas, il faut reconstruire pour rétablir l'harmonie de la pente bien que certaines irrégularités légères puissent être corrigées en comblant les creux avec du mortier de ciment.

Il peut enfin arriver que le conduit lui-même soit en bon état, mais ne fonctionne pas correctement faute de capacité suffisante. Même si le conduit était, au départ, de bonnes dimensions, l'afflux d'eaux de ruissellement faisant suite au développement de la construction dans le bassin versant peut finir par dépasser sa capacité.

3.2 Remise en état des systèmes existants

Bien des systèmes d'assainissement en site urbain fonctionnent imparfaitement ou pas du tout pour l'une ou plusieurs des raisons énumérées plus haut. Avant de construire un nouveau réseau, il faut donc commencer par vérifier s'il n'y a pas un système préexistant qui puisse être amélioré. La population locale est normalement capable de dire s'il existe un tel système dans le quartier, mais elle n'est pas forcément au courant de l'existence des grands collecteurs, et spécialement des conduits fermés, qui sont situés hors du quartier, mais pourraient servir d'émissaires pour le nouveau système local de micro-assainissement.

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Il faut consulter les archives municipales, y compris les vieux schémas du réseau d'égouts pour y chercher des informations détaillées sur toute tentative précédente de construction d'un égout dans le voisinage: il importe ensuite de visiter le quartier à pied, afin de vérifier l'exactitude de ces données en essayant de repérer les traces des anciennes constructions (regards de visite, tronçons de tuyaux ou de canalisations en béton mis à nu par l'érosion, etc.), spécialement le long des rues principales et en aval de l'endroit à améliorer.

Il faut retirer les dalles de couverture des canaux de drainage, en veillant à ne créer aucun risque d'accident pour les piétons ou les véhicules. En partant de l'extrémité la plus basse du système, il faut alors commencer par débarrasser le conduit des boues et des déchets solides qui peuvent l'obstruer. Les outils spéciaux utilisés pour le curage des égouts sont décrits plus loin dans la section consacrée à l'entretien. Après les opérations de curage, la canalisation doit être rincée à grande eau et l'on peut éventuellement demander l'aide des pompiers.

Inspection des canalisations fermées

L'inspection des canalisations fermées est plus difficile et plus dangereuse et ne devrait être effectuée que sous la surveillance de personnes expérimentées. S'il n'existe aucun plan du réseau, la première chose à faire est d'en établir un croquis indiquant l'ensemble des regards de visite, des entrées et des autres ouvrages existants. Si la distance entre deux regards est particulièrement longue par rapport à la normale entre les autres tronçons, il est probable qu'un ou plusieurs regards ont été enterres ou détruits. En se basant sur l'espacement régulier des regards subsistants, il est souvent possible de déterminer l'emplacement probable du regard manquant. Il importe aussi de questionner la population qui peut se rappeler l'emplacement des regards qui ont été enterrés. Il faut alors creuser aux emplacements probables pour essayer de retrouver l'ouverture perdue.

Personne ne devrait pénétrer dans un regard de visite sans que celui-ci ait été bien ventilé auparavant. Par prudence, il faudrait ouvrir au moins deux heures à l'avance les regards de visite situés en amont et en aval de la section à inspecter. Pour gagner du temps, un certain nombre de regards peuvent être ouverts simultanément. On peut améliorer la ventilation en se servant d'un compresseur, pour autant que l'on dispose d'un tel équipement. L'inspection doit commencer à partir du point situé le plus loin en aval possible et se poursuivre en remontant vers l'amont. L'eau des regards inondés devrait être pompée jusqu'au regard le plus proche en aval, au moyen d'une pompe à assécher du type utilisé par les entreprises de terrassement. On peut également évacuer l'eau en écopant à l'aide de seaux ou en la siphonnant, mais cette opération risque de prendre beaucoup de temps.

Après avoir ventilé le regard, il faut vérifier qu'il ne présente plus aucun danger. Il suffit pour cela d'y descendre une bougie allumée ou une lampe de mineur. Si la flamme s'éteint, c'est qu'il n'y a pas suffisamment d'oxygène dans la canalisation; celui qui y pénétrerait risquerait donc d'être asphyxié par les gaz émanant des eaux usées et des dépôts. Mais il ne faut pas introduire une flamme nue dans le regard avant qu'il n'ait été bien ventilé, car on risquerait de provoquer une explosion.

Une dernière précaution, également indispensable, consiste à ne laisser personne pénétrer dans un regard de visite sans être attaché et il faudrait prévoir aussi une autre corde de sauvetage en cas de besoin. Les marches donnant accès à un vieux

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regard de visite risquent d'être sérieusement usées et beaucoup moins solides qu'elles ne le paraissent. De plus, elles sont souvent glissantes. Deux personnes au minimum devront rester au-dehors pour remonter le troisième membre de l'équipe hors du trou en cas d'urgence. Elles ne devront jamais suivre leur collègue dans le regard de visite, même en cas d'urgence, car elles risqueraient alors toutes d'être tuées. Même si le regard est bien ventilé, la personne chargée de l'inspection devrait toucher le moins possible aux dépôts de boues et de sédiments, car ceux-ci peuvent contenir des gaz toxiques, qui pourraient se trouver libérés si l'on remue la vase. Quand une canalisation est totalement bouchée et ne peut pas être inspectée, il ne faut essayer d'enlever les matières qui l'encombrent qu'en partant de la partie supérieure, en amont. Ces consignes de sécurité sont illustrées par la Fig. 22.

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Fig. 22. Mesures de sécurité lors de la visite de canalisations enterrées

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Fig. 23. Vérifications de l'alignement des canalisations souterraines - a) Bon

alignement: la lumière à une extrémité est reflétée par le miroir quand la torche est placée en haut et au fond de du tuyau

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Fig. 23. Vérifications de l'alignement des canalisations souterraines - b) Fléchissement: Interruption du rayon lumineux le long du haut du tuyau

Fig. 23. Vérifications de l'alignement des canalisations souterraines - c)

Soulèvement: blocage du rayon lumineux provenant de la torche placée au fond

L'alignement d'une canalisation fermée peut être vérifié par deux personnes placées dans des regards de visite contigus et munies d'une torche électrique et d'un miroir, comme le montre la Fig. 23. La torche électrique et le miroir sont d'abord tenus à une hauteur de 5 à 10 cm au-dessus du fond de la canalisation (le «radier»), puis élevés jusqu'à un point situé juste en dessous de la couronne. S'il y a quelque irrégularité dans l'alignement vertical de la canalisation, elle sera décelée dans l'une ou l'autre de ces positions, car la lumière de la torche électrique sera occultée. Ce procédé permet également de repérer les défauts et les blocages mineurs.

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Fig. 24. Points faibles sur des canalisations enterrées

C'est à l'endroit le plus proche du raccordement au regard de visite que l'on trouvera sans doute le plus de fissures et de défauts d'alignement en raison du tassement inégal du sol après la pose des canalisations (Fig. 24). La corrosion de la couronne pose un autre problème que l'on peut facilement repérer en essayant de creuser, au moyen d'un canif ou d'un gros clou, le matériau dont la canalisation est faite sur les côtés et au sommet.

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Il est dangereux de pénétrer dans une canalisation de diamètre inférieur à 1 m et même les canalisations de plus grandes dimensions ne devraient être inspectées qu'avec énormément de prudence. Les dangers peuvent être de différente nature: gaz toxiques, éboulements, inondations brutales provenant de tronçons obstrués ou de pluies d'orages et même animaux sauvages. Il ne faudrait jamais allumer une flamme nue (allumettes ou bougies, par exemple) dans un égout fermé ou à moins de 3 m d'un regard ouvert. Pour écarter tout risque d'explosion, il est préférable d'utiliser une lampe de mineur plutôt qu'une torche électrique.

Fig. 25. Entretien des vannes

Remise en état des canalisations fermées

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Certaines sections peuvent avoir besoin d'être complètement reconstruites, tandis que d'autres devront seulement être débouchées, curées et rincées au jet d'eau. Il faut réparer les portions de béton ou de maçonnerie détériorées ou fissurées, en tâchant d'obtenir la surface la plus lisse possible, particulièrement à l'emplacement des joints, car toute irrégularité risque de retenir les matières solides et faire obstruction à l'écoulement des eaux. Il faut tout d'abord «piqueter» les surfaces à réparer au marteau piqueur pour les rendre plus rugueuses, puis les enduire d'un mortier au ciment de bonne qualité. Si le fond de la canalisation doit être ravalé, on commence par détourner le cours de l'eau pour pouvoir travailler au sec, soit en pompant l'eau, soit en érigeant un petit barrage de terre ou de sacs de sable et en creusant un chenal parallèle temporaire.

Certaines pièces peuvent avoir été endommagées ou perdues, en particulier les éléments métalliques comme les plaques de recouvrement et les tamis et les grilles d'entrée, qui ont pu être volées et vendues à la ferraille. La communauté pourra décider de les remplacer par leurs équivalents en béton ou de renforcer le béton ou en y fixant des grilles métalliques. Cela rend l'entretien un peu plus difficile, mais réduit les risques de vol. Les tronçons fermés, qui sont équipés en amont de grilles supplémentaires (voir section 2.5). Les dalles et bouches d'entrée existantes doivent être nettoyées et réparées ou remplacées si besoin est, et les pièces de métal doivent être protégées par deux couches de goudron ou une peinture d'apprêt.

Si le système comporte des vannes (Fig. 25), il faut contrôler les poignées, les plaques et glissières et enlever la rouille et la vieille peinture au moyen d'une brosse métallique. Tous les trous doivent être colmatés par une plaque d'acier soudée. La porte et le cadre doivent être recouverts de trois ou quatre couches de peinture époxy ou d'une autre peinture aussi solide. L'axe et les plaques directrices doivent être bien graissés.

3.3 Entretien: aspects techniques

L'opération d'entretien la plus importante est d'enlever les détritus, les boues et les autres matières solides qui obstruent les canalisations. Celles-ci doivent être curées au moins deux fois par an, de préférence au début et à la fin de la saison des pluies. Certaines canalisations, spécialement les canalisations secondaires et les branchements doivent être nettoyés plus fréquemment. Les petits canaux à ciel ouvert construits en terrain plat doivent, en règle générale, être cures toutes les semaines. Les canaux non revêtus ont besoin d'être régulièrement débarrassés de la végétation qui les envahit.

Le curage doit être considéré comme un travail de routine, à effectuer à intervalles réguliers, sans attendre que le système se trouve engorgé. La réparation des dégâts causés par une défaillance du système, y compris les dégâts infligés aux canalisations elles-mêmes, peut coûter beaucoup plus cher qu'un entretien préventif régulier.

Le curage doit être coordonné à la collecte et à l'élimination des déchets solides, afin d'éviter que les déchets évacués ne s'amoncellent à proximité et ne soient à nouveau entraînés dans les canalisations par la pluie, ou qu'ils ne deviennent source de nuisances et de danger pour la santé, en favorisant la pullulation des rats et des mouches.

Canaux à ciel ouvert

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Le nettoyage des canaux ouverts s'effectue en général manuellement, avec divers instruments: bêches, houes, pelles, etc. Réalisé avec des outils inadéquats, ce travail est ingrat et éreintant, surtout si les canaux sont profonds. Il vaut donc la peine de se procurer des outils spéciaux qui permettent de nettoyer les canaux sur toute leur longueur, comme des pelles ayant les dimensions exactes du canal.

Fig. 26. Outils utilisés pour le curage des canaux - Houe à long manche

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Fig. 26. Outils utilisés pour le curage des canaux - Pelle Ahmed - Davis

Parmi les outils qui se sont avérés utiles pour nettoyer les canaux profonds et étroits, citons une sorte de houe agricole munie d'un très long manche (Fig. 26). La figure montre aussi un autre outil appelé «pelle Ahmed-Davis». Cette pelle a été mise au point à Tunis (Tunisie) où l'on s'est aperçu qu'elle réduisait de 30% le temps de nettoyage. Il faut, pour la manier, deux personnes dont l'une la pousse par la poignée en raclant le fond du conduit tandis qu'une autre la tire à elle et vers le haut, en se servant des fils d'acier attachés à l'avant. Les dimensions et la forme de l'outil sont déterminées par la configuration des canalisations. Il peut être utile de percer plusieurs petits trous dans le fond de la pelle, afin que l'eau dans laquelle les matières solides sont en suspension puisse s'écouler.

La responsabilité de l'entretien du réseau est souvent répartie entre plusieurs résidents, plusieurs quartiers ou plusieurs équipes de travail, dont chacun se charge d'un certain tronçon. Dans ce cas, il est recommandé d'installer des grilles au travers de la conduite en aval au bout de chaque tronçon. Cela permet d'arrêter au passage les déchets solides et d'éviter qu'ils ne s'accumulent dans le tronçon aval et impose une charge de travail excessive à l'équipe chargée du tronçon ainsi engorgé.

Canalisations fermées

Lors du nettoyage des canalisations fermées, tous les conseils de sécurité donnés plus haut (section 3.2) doivent être scrupuleusement respectés.

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Figure

Photo: S. Cairncross

Grille dans un caniveau. Ce type de grille retient les débris et facilite la répartition des responsabilités en matière d'entretien.

Fig. 27. Nettoyage d'une canalisation souterraine au moyen d'un seau

L'outil le plus couramment utilisé pour enlever les sédiments et les matières solides est un seau attaché au milieu d'un câble d'acier (Fig. 27). Ce câble doit être au moins

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deux fois plus long que le plus grand espacement entre les regards de visite. On fait passer l'une de ses extrémités dans le collecteur, l'ouverture du seau étant tournée vers l'aval, et on l'enroule autour d'un treuil placé à côté du regard suivant. En tirant sur le câble, on fait avancer le seau qui racle les matières solides et les boues contenues dans la canalisation. Le seau doit avoir un diamètre inférieur au moins de 5 cm à celui de l'intérieur de la conduite, pour permettre à l'excédent de déchets solides de passer par le côté et éviter que le seau ne se trouve coincé par quelque obstacle. Il faut éviter de tirer brutalement sur le seau s'il se bloque, car on risque de tasser les matières solides et de les rendre encore plus difficiles à enlever. Il est préférable de ramener le seau en arrière au moyen du treuil et d'utiliser un seau plus petit ou une sorte de foret (comme décrit plus loin) pour le premier passage. Lorsque le seau atteint le regard de visite situé en aval, il faut le hisser à la surface avec les matières solides qu'il contient, le détacher du câble et le vider. Le câble est alors réenroulé et le seau rattaché. L'opération doit être répétée jusqu'à ce que la canalisation soit entièrement curée.

Si le tuyau est obstrué ou si les matières solides sont trop dures pour être enlevées à l'aide d'un seau, on peut se servir d'un furet (Fig. 28), instrument comparable à une grosse pointe de foret que l'on fait tourner au moyen d'un levier inséré dans une chaîne de bielles directrices connectées les unes aux autres. Les barres sont généra lement en acier inoxydable et d'un diamètre de 10 à 15 mm. Il n'est pas nécessaire d'évacuer l'eau bloquée en amont de l'obstruction: lorsque la tarière pénètre dans les matières solides qui bloquent la canalisation, cette eau aide à les éliminer en les entraînant au loin.

Fig. 28a. Nettoyage d'une canalisation sourterraine au moyen d'un instrument

de forage

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Fig. 28b. Nettoyage d'une canalisation sourterraine au moyen d'un instrument

de forage

Fig. 28c. Nettoyage d'une canalisation sourterraine au moyen d'un instrument

de forage

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3.4 Entretien: aspects institutionnels

La nécessité de coordonner l'entretien du réseau et l'élimination des déchets solides a déjà été évoquée. Cette coordination est indispensable pour deux raisons: tout d'abord parce que les matières solides enlevées lors du curage doivent être convenablement éliminées et, en second lieu, parce que l'entretien est impossible sans l'élimination efficace des produits du curage. Si ces produits ne sont pas collectés régulièrement, les résidents n'auront guère le choix: ils devront jeter leurs détritus à l'égout ou les déverser dans la rue et sur les terrains vagues, où ils seront dispersés par l'eau de pluie, le vent et les animaux et finiront, en grande partie, par échouer de nouveau dans les canalisations. Le mieux pour assurer la bonne coordination des travaux d'entretien et l'élimination des détritus consiste à placer ces deux activités sous la responsabilité d'un même service municipal ou d'un même comité de quartier.

L'exploitation d'un système d'égouts, y compris son inspection, son curage et sa réparation, doit être institutionalisée si l'on veut maintenir ce réseau en état pendant toute la durée de sa vie. La responsabilité de ces opérations doit donc, en dernier ressort, incomber de préférence à la municipalité qui dispose d'employés rétribués pour faire ce travail. Il est nettement plus difficile de mobiliser une communauté à titre bénévole pour effectuer chaque année un travail de routine que d'obtenir sa participation active pour la période limitée nécessaire à la construction. La communauté peut pourtant participer de bien des façons à l'entretien du réseau. La section 4.4. montre comment organiser cette participation.

3.5 Bibliographie

Safety in sewers and at sewage works. Londres, Institution of Civil Engineers, 1967.

FLINTOFF, F. Management of solid wastes in developing countries. New Delhi, Bureau régional de l'OMS pour l'Asie du Sud-Est (WHO Regional Publications, South-East Asia Series N° 1).

4. Participation de la communauté

4.1 Nécessité de la participation

Participation à la planification

Le système d'assainissement, comme tout autre ouvrage d'infrastructure, fait partie de l'environnement bâti d'une communauté et les résidents peuvent le juger inadéquat et inacceptable s'ils n'ont pas contribué aux choix décisifs lors de la planification. La planification et la conception des systèmes d'évacuation des eaux superficielles en milieu urbain sont généralement réalisées par des services gouvernementaux ou municipaux, sans la participation des populations concernées et en ne les consultant que très peu, voire pas du tout. Mais comme les techniciens et ceux qui conçoivent ces services ne vivent généralement pas dans des communautés à faibles revenus, ils peuvent facilement se méprendre sur les besoins, les coutumes et les aspirations des populations locales, si celles-ci n'ont jamais l'occasion de se faire entendre.

Les canalisations à ciel ouvert occupent du terrain, chose précieuse dans de nombreuses communautés urbaines à faibles revenus, et la population peut hésiter à

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faire un tel sacrifice si elle n'est pas convaincue qu'il y va de son intérêt. Il peut falloir abattre des maisons et les reconstruire ailleurs pour faire de la place aux nouvelles canalisations et il faut dissuader les habitants d'édifier de nouvelles structures qui obstrueraient le système. Les problèmes posés par la propriété des sols, qui sont fréquents dans bien des taudis et bidonvilles urbains, compliquent encore la situation. C'est ainsi, par exemple, que les procédures normalement employées par une municipalité pour forcer un administré à vendre son terrain ne s'appliquent manifestement pas à une communauté de squatters qui n'ont aucun droit légal sur le terrain qu'ils occupent. La question du terrain nécessaire pour la mise en place d'un système d'assainissement peut prendre un tour brûlant et susciter beaucoup d'amertume au sein de la population si elle n'a pas participé à l'élaboration du projet.

Les systèmes d'assainissement sont très vulnérables et leur bon fonctionnement peut être compromis même par une seule personne. Un résident peut, en effet, entièrement bloquer une canalisation en y déversant même une petite quantité de détritus et en rendant ainsi inutile l'ensemble du système situé en amont. Il peut y avoir des cas d'obstruction délibérée et de sabotage, mais l'apathie et la négligence peuvent, à long terme, avoir des conséquences tout aussi dévastatrices. La participation de la communauté à la planification est le moyen le plus efficace de susciter son intérêt et de l'amener à contribuer aux travaux; elle est indispensable pour le succès d'un projet.

Les résidents peuvent aussi beaucoup contribuer à la conception d'un système d'assainissement grâce à leur connaissance détaillée du secteur. Par exemple, en l'absence de données hydrologiques précises sur les zones urbaines, on risque facilement de concevoir des systèmes d'assainissement inutilement coûteux si l'on ne tient pas compte des témoignages des habitants concernant les inondations déjà constatées. De nombreuses autres informations peuvent être recueillies par les habitants à titre bénévole, ce qui dispense de réaliser des études coûteuses.

Participation à la construction

La participation de la communauté à la construction n'est pas indispensable, mais présente plusieurs avantages. L'emploi d'une main -d'œuvre bénévole peut permettre de faire des économies sensibles, considération importante pour la plupart des municipalités des pays en développement qui n'ont que très de peu fonds à investir dans les travaux d'infrastructure. Elle peut aussi aider à développer un sentiment de propriété et un climat de coopération qui favoriseront le bon usage et l'entretien satisfaisant du système. En participant aux travaux de construction, qu'ils soient rétribués ou non, les résidents ont l'occasion de se familiariser avec le système et d'acquérir un savoir-faire qui les aidera à participer aux travaux d'entretien. Il se peut aussi que la construction du réseau par la communauté soit la seule solution envisageable, les autorités municipales étant, pour une raison ou pour une autre, dans l'incapacité de doter le quartier du système nécessaire.

Participation à l'entretien

Il n'est pas nécessaire de discuter longuement de l'opportunité de la participation de la communauté à l'entretien du système d'assainissement. Trop souvent, cependant, on attend de communautés à faibles revenus qu'elles entretiennent leurs systèmes avec une assistance minime, soit parce que les autorités municipales prennent leurs désirs pour des réalités, soit tout simplement parce que la municipalité n'a pas les moyens d'assurer la maintenance du système qu'elle a installé. Ce dont la communauté a

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besoin, c'est d'un soutien qui lui permette d'effectuer plus efficacement sa part du travail. Ce soutien ne doit pas être seulement technique et matériel, particulièrement sous la forme d'une formation et de la fourniture d'équipements spécialisés répondant aux besoins; il doit aussi promouvoir le développement d'institutions et de procédures destinées à aider la communauté à organiser les opérations d'entretien.

4.2 Les institutions communautaires

La participation communautaire n'est pas quelque chose de spontané et d'automatique. Elle exige une initiative au départ pour s'amorcer et une gestion adéquate pour s'organiser. En pratique, les communautés ne peuvent participer que par le truchement d'institutions communautaires. Or, celles-ci n'ont nullement besoin d'être créées de toutes pièces. Une communauté urbaine à faibles revenus n'est pas la masse informe que l'on pourrait croire au premier abord. Généralement, elle comporte toute une mosaïque d'institutions dont certaines sont hautement organisées et ont un pouvoir considérable leur permettant d'influer sur les attitudes et le comportement de la population. Ces institutions peuvent revêtir des formes très variées:

- associations de résidents et sociétés mutualistes - groupements féminins - partis politiques - syndicats ouvriers - associations religieuses - associations culturelles - associations ethniques ou provinciales (personnes originaires d'une même région) - associations de crédit tournant - sociétés mutuelles de pompes funèbres - écoles, associations parents-enseignants - postes et comités de santé, agents de santé communautaires.

Certaines de ces organisations peuvent être reconnues officiellement et affiliées à des organismes régionaux ou nationaux. D'autres se sont constituées de manière informelle en réponse à des besoins locaux spécifiques. Leurs activités et leur influence dépassent souvent de très loin les buts qui leur ont été assignés lors de leur création. Elles sont souvent bien plus actives et influentes dans les communautés à faibles revenus que les institutions correspondantes des quartiers plus prospères. En outre, certains individus peuvent être reconnus de facto comme occupant une place de dirigeants au sein de la communauté en raison de leur éducation, de leur richesse, de leur âge ou de leur expérience.

L'initiative des discussions sur la possibilité d'améliorer l'assainissement provient souvent d'un individu qui joue déjà un rôle de premier plan dans l'une de ces organisations, comme l'instituteur, le chef religieux ou le secrétaire du parti. Lorsque l'initiative est le fait d'un organe externe, comme la municipalité, ces organisations sont des «points d'accès» qui permettent d'entrer en contact avec la communauté. En fait, bien des résidents risquent d'interpréter comme un manque de considération le fait qu'on ne commence pas par s'adresser aux institutions communautaires existantes.

Le comité de l'assainissement

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En règle générale, il sera nécessaire de créer un comité pour organiser la participation de la communauté à un projet d'assainissement. Pour mettre le maximum de chances de son côté, le comité ne devra pas être entièrement nouveau, mais se greffer sur les institutions communautaires existantes dont l'autorité est reconnue de tous. Il bénéficiera de l'autorité établie des dirigeants de la communauté s'il est responsable devant eux.

Le comité devrait être représentatif de la communauté. Sa tâche sera facilitée s'il comprend des femmes et des membres de principaux groupes ethniques et religieux de la communauté et des différents secteurs du quartier. Mais il ne faudrait pas, pour autant, que ses membres soient trop nombreux, car il lui serait alors plus difficile de parvenir à un consensus lors des prises de décision et d'obtenir la participation active de tous ses membres. Il est préférable que ce nombre soit inférieur à 10. On peut encourager la participation active des membres du comité en attribuant à chacun d'entre eux un rôle spécifique: certains peuvent assumer les fonctions de président, de secrétaire ou de trésorier, tandis que d'autres se chargeront des aspects techniques, des relations avec la municipalité, des relations publiques, de l'organisation du travail bénévole, du transfert des habitations touchées par les travaux, etc. Certains pourront avoir des adjoints, si le nombre des membres le permet.

Bien souvent, les membres du comité seront disposés à travailler bénévolement, mais une certaine rémunération pour le travail effectué au sein du comité pourra se justifier dans certains cas, notamment lorsque le travail du comité permet à la municipalité de réaliser des économies considérables.

L'une des premières démarches du comité consiste à demander l'aide de la municipalité, directement, ou par le truchement des dirigeants locaux. Même si elle ne peut fournir des moyens matériels, il se peut que la municipalité soit en mesure d'offrir d'autres types d'assistance, un appui technique par exemple, des conseils sur les sources possibles de financement ou encore une liaison avec d'autres organisations compétentes, y compris d'autres communautés ayant entrepris avec succès d'améliorer leur système d'assainissement. En outre, la municipalité peut aider à éviter tout conflit avec la police. Bien que les réunions et la participation communautaires soient encouragées dans la plupart des pays, il est des cas où un groupe de personnes se réunissant périodiquement dans une zone d'habitation à forte densité de population et à faibles revenus peut être soupçonné d'activités subversives.

Si les autorités municipales consentent à aider la communauté, il faudrait tout mettre en œuvre pour assurer une coopération étroite entre elles et le comité. Celui-ci devrait, pour sa part, informer les fonctionnaires municipaux de ses décisions et leur envoyer les procès-verbaux des réunions ou, mieux encore, inviter des représentants des services compétents à y assister. Il pourrait aussi offrir d'aider à la collecte des données et à d'autres tâches. De son côté, la municipalité devrait prendre l'avis du comité sur les décisions relatives à la planification et à la conception du système d'assainissement en lui laissant assez de temps pour consulter la communauté avant de répondre. Elle peut également organiser régulièrement des réunions pour aviser les membres du comité de l'état d'avancement du projet.

L'Annexe 4 donne quelques sources d'information qui pourraient être utiles au comité.

4.3 Sensibiliser la communauté

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Pour participer activement et de bon gré à un projet d'assainissement, la communauté doit nécessairement avoir conscience de la nécessité du système, de sa faisabilité et des avantages qu'il peut offrir. Bien des communautés à faibles revenus sont conscientes du problème et l'assainissement figure souvent en tête de la liste des besoins ressentis en matière d'équipements collectifs. Mais le comité (ou toute personne désireuse d'en établir un) doit faire comprendre à la population que la communauté elle-même peut et doit faire quelque chose pour améliorer la situation. Il importe également d'amener les résidents à se sentir responsables du système d'assainissement une fois qu'il a été construit.

On peut recourir à toute une série de méthodes pour faire connaître le comité de l'assainissement et ses objectifs: réunions publiques, affiches, porte-à-porte, etc. Les écoliers sont des auxiliaires particulièrement utiles; ils sont généralement plus ouverts aux idées nouvelles; ils ont du temps et de l'énergie que l'on peut mobiliser pour diverses activités et ils peuvent influencer les membres de leur famille.

Les attitudes et le comportement de la population ne sont toutefois pas facilement influencés par un flux d'informations à sens unique et par des exhortations à participer. Il est nettement plus efficace de stimuler la discussion de manière à amener les résidents à discerner par eux-mêmes les avantages qu'ils auraient à contribuer à un projet d'assainissement et à reconnaître l'importance d'une attitude responsable à cet égard.

Quatre grands types de motivations principales peuvent pousser la population à participer à un projet d'assainissement:

- confort et sécurité; - gain financier; - statut social; - pression du groupe.

Confort et sécurité

Un argument efficace en faveur du drainage est la perspective de ne plus avoir à traverser à pied des mares d'eau stagnante et polluée ou de ne plus voir s'effondrer les maisons et s'ébouler les flancs de collines. Une fois ces améliorations acquises, les habitants peuvent se lancer dans d'autres entreprises et tâcher, par exemple, d'améliorer leurs maisons et d'autres travaux d'infrastructure concernant l'approvisionnement en eau et l'assainissement, par exemple, deviennent possibles. La meilleure évacuation des eaux facilite la circulation des véhicules: bien que peu de résidents puissent posséder une automobile, nombre d'entre eux souhaiteront certainement faciliter l'accès aux véhicules d'aide en cas d'urgence (ambulances, voitures des pompiers, etc.). La perspective d'une réduction des nuisances dues aux moustiques est un attrait supplémentaire. à partir du moment où l'on a montré à la population que les moustiques proliféraient dans l'eau stagnante. Les bienfaits de l'assainissement pour la santé publique, tels que décrits dans la section 1 peuvent aussi être expliqués à la communauté.

Gain financier

Les progrès de l'assainissement peuvent accroître la valeur des biens immobiliers et rendre la vente ou la sous-location des maisons plus lucrative. Si l'on peut donner des

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faits et des chiffres convaincants à la population pour lui montrer qu'elle a les moyens d'entreprendre un projet d'assainissement et que ce projet sera source de revenus, la perspective d'un gain financier constituera aussi une motivation efficace.

Communauté à faibles revenus à Récife (Brésil) quelques années à peine après la

construction d'un système d'assainissement. De nombreux habitants ont déjà construit de nouvelles maisons.

Photo: S. Cairncross

Statut social

Que les résidents aient ou non l'intention de vendre ou de louer leurs maisons, les progrès accomplis peuvent conférer au quartier l'attrait de quartiers plus prospères et rehausser le statut social de la communauté et de ses membres. Ceux qui auront joué le rôle le plus actif dans le projet pourront aussi en retirer un prestige accru.

Pression du groupe

La pression exercée par le groupe peut être l'un des facteurs de motivation les plus puissants pour inciter à participer à un effort communautaire, lorsque le consensus s'est fait sur un projet. Chaque communauté exerce une pression considérable sur ses membres pour qu'ils respectent ses normes et ses décisions: ceux qui s'en écartent peuvent être marginalisés, ridiculisés ou humiliés, mais, dans la plupart des cas, l'exemple de la majorité suffit à les persuader d'adhérer au groupe. Toutefois, cette dynamique de groupe ne fonctionne que si la majorité a déjà été motivée à participer, en parvenant à un consensus par la discussion.

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Fig. 29 Participation communautaire, condition indispensable au succès du

projet

Les images et les questions sont deux moyens efficaces d'encourager la discussion, tout en aidant à la canaliser. Le matériel visuel peut revêtir diverses formes: dessins, tableaux sur lesquels on place ou déplace des illustrations adhésives, diapositives, films ou vidéofilms montrant les problèmes posés par l'évacuation des eaux et les quartiers dans lesquels l'assainissement a été amélioré. Les résidents peuvent être invités à commenter ce matériel, à l'a rranger, à le redisposer ou à inventer des histoires à son sujet. D'autres supports visuels peuvent être improvisés à partir d'objets locaux: un bocal en verre contenant des larves de moustiques, par exemple, ou deux maquettes en relief de la topographie locale, l'une montrant de petits canaux de drainage dans lesquels on peut verser de l'eau au moyen d'un arrosoir pour simuler la pluie.

Des questions judicieusement choisies peuvent également servir à amorcer la discussion. En voici quelques exemples:

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- «Pourquoi y a-t-il toujours des inondations dans un quartier comme le nôtre, et jamais au centre de la ville?»

- «Pourquoi y a-t-il tant de moustiques dans notre quartier?»

- «Si un système d'assainissement était construit ici, est-ce que nos maisons vaudraient plus cher?».

Ce processus prend du temps et peut conduire dans des directions inattendues. Mais il est incontournable. La communauté à laquelle on se contentera de dire ce qu'elle devrait faire pourra sembler réagir positivement pendant les réunions et lors des enquêtes, mais pourra s'abstenir de collaborer, une fois venu le moment de passer à l'action. Il est préférable de ne pas précipiter les décisions et de laisser à la population le temps de débattre du problème et de parvenir à un consensus.

4.4 Programme d'action

Lorsque le comité de l'assainissement a été formé et que la communauté est convenue d'appuyer ses efforts, le moment est venu d'ébaucher un programme pour l'exécution du projet d'assainissement. Il ne faut toutefois pas confondre cette planification avec la conception technique du projet. Il n'est pas nécessaire de disposer d'un schéma complet pour commencer à prendre les principales décisions de planification, bien qu'il soit avantageux d'avoir d'ores et déjà une idée approximative des principales options techniques. Le comité pourra juger utile de commencer par les étapes (a) à (f) de la section 2.9 pour permettre de se faire une idée de l'ampleur probable du projet.

En vue de l'élaboration du programme d'action, il faudrait diviser l'exécution du projet en phases et activités distinctes, à savoir:

Planification et conception

- Collecte de données - Esquisse de solutions techniques - Choix de la meilleure option technique - Conception détaillée - Calcul des coûts - Récolte des fonds

Construction

- Acquisition du terrain - Transfert des bâtiments - Préparation des installations de stockage, de l'atelier de fabrication, etc. - Achat de matériaux et d'équipements - Travaux de construction spécialisés et supervision - Travaux de construction ne demandant pas de qualifications - Approvisionnement du chantier en eau - Entreposage, comptabilité et gardiennage des matériaux et des équipements - Fourniture de repas aux ouvriers bénévoles.

Entretien

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- Nettoyage courant des canalisations - Rapports sur les défauts et les blocages - Inspection semestrielle - Réparations - Paiement de l'entretien - Adoption d'arrêtés municipaux sur l'utilisation des canalisations - Application des arrêtés.

Pour chaque activité, il faut une décision: il faut désigner les exécutants et les personnes auxquelles ils devront rendre des comptes et arrêter un calendrier d'exécution ainsi que le mode d'organisation. Cela veut dire que, dès le stade de la planification, des décisions doivent être prises au sujet de ce que la communauté devra faire. Plus les décisions prises à ce stade seront nombreuses, mieux cela vaudra pour l'avenir du projet.

Il n'est pas nécessaire, ni même souhaitable, que le comité prenne seul ces décisions. Certaines d'entre elles dépendront, dans la pratique, de la contribution de la municipalité, mais bien des activités devront être accomplies par la communauté elle-même ou par les personnes qu'elle recrute à cette fin et il vaut mieux laisser à une assemblée de la communauté ou à ses représentants le soin de prendre la décision finale à ce sujet. Néanmoins, la communauté devrait tout d'abord examiner les solutions qui s'offrent à elle, afin de pouvoir conseiller une telle assemblée quant aux avantages et aux inconvénients de diverses formules possibles.

Il est plus facile pour la communauté de discuter du programme d'action proposé si l'on a établi un calendrier approximatif pour chaque activité. Les employés municipaux pourraient donner une idée du temps voulu pour chacune des opérations.

Le programme devrait être présenté à une ou plusieurs assemblées de la communauté, en vue d'être discuté, éventuellement modifié et finalement adopté. Les réunions publiques sont particulièrement utiles dans un premier temps, car grâce à elles:

- les résidents se font une idée claire de ce qu'ils sont en train de décider et ne se fient pas à des rumeurs ou à des comptes rendus de deuxième main qui risquent d'être erronés;

- la communauté a le sentiment d'avoir un contrôle quelconque sur la prise de décisions et, par là, s'identifie aux conclusions;

- le meilleur parti possible peut être tiré des connaissances locales, de manière à arriver à la solution la plus avantageuse du point de vue coût-efficacité.

Chaque réunion devrait commencer par la présentation des options à l'étude. Il est préférable de solliciter les commentaires et suggestions des participants avant de leur soumettre la solution préconisée par le comité pour chaque problème. De cette manière, la réunion peut prendre la forme d'une séance de «brainstorming» très favorable au jaillissement d'idées. Les idées suggérées par les participants sont inscrites au tableau noir. Le secret d'une séance de discussion réussie tient en quatre règles de base:

1) Ne critiquez pas les suggestions.

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2) Ne modifiez pas et ne reformulez pas les idées, mais prenez-les telles qu'elles sont.

3) Encouragez toutes les idées, même si elles sont «tirées par les cheveux», car elles peuvent en déclencher d'autres plus pratiques.

4) Plus il y a d'idées, mieux cela vaut: n'arrêtez pas le débat dès qu'il y a une pause dans la discussion.

Une fois qu'une liste de suggestions a été dressée de cette façon, on peut inviter les participants à la réunion à commenter ces suggestions et demander au comité de se pencher sur les plus valables.

Sur cette base, un programme plus détaillé peut être mis au point et présenté à une autre réunion. L'ensemble du processus peut prendre un mois ou deux et devrait déboucher sur la rédaction d'accords écrits entre les parties concernées, désignant les responsables de la conception et de la construction, ainsi que de l'exploitation et de l'entretien. Si on doit faire appel aux services d'ingénieurs-conseils ou d'entrepreneurs, il faut demander l'aide de spécialistes pour l'élaboration de contrats et de mandats appropriés. Les accords et contrats devront comporter des dispositions prévoyant de nouvelles réunions de concertation avec la communauté, en particulier pendant la phase de conception. L'Annexe 3 récapitule certains des points à vérifier lorsque l'on rédige les conditions d'une étude de faisabilité pour un projet d'assainissement communautaire.

Avant de commencer la construction, il faut s'assurer que des fonds suffisants seront disponibles. La collecte de fonds au sein de la communauté et les déma rches en vue d'obtenir des fonds de sources extérieures peuvent commencer pendant la mise au point du programme d'action.

Bien des tâches peuvent être accomplies par la communauté elle-même durant la construction d'un système d'assainissement (voir section 2.8), mais sa participation doit être planifiée avec soin. Il importe tout spécialement de bien spécifier dans les plans qui est responsable de telle ou telle tâche et qui doit superviser le travail. Certaines tâches doivent être organisées par rue ou pâté de maisons: les résidents d'une même rue peuvent travailler à l'assainissement de leur propre rue ou travailler un certain jour, selon un système de roulement. Certains travaux légers pourraient être confiés aux écoliers ou aux personnes âgées.

Il faut décider à l'avance de la façon de procéder à l'égard de ceux qui ne participent pas à la construction. Certains membres de la communauté préfèrent peut-être offrir de l'argent ou des matériaux plutôt que de participer eux-mêmes aux travaux. Le comité doit se demander quelles formes de pression il peut exercer sur ceux qui n'apportent aucune contribution. Les sanctions seront beaucoup plus faciles à appliquer si elles ont été convenues à l'avance par la communauté.

Le comité pourra décider de convoquer une autre réunion lorsque le système sera achevé, pour fêter l'événement, mais peut-être aussi pour examiner la question de la maintenance des installations sous sa direction ou celle d'un nouveau comité.

4.5 Participation à l'entretien

Page 80: Evacuation des eaux de surface

Il a été dit plus haut (section 3.4) que l'entretien d'un système d'assainissement exigeait des accords institutionnels spécifiques, la responsabilité ultime de cette tâche étant de préférence attribuée à un service municipal.

Mais qu'un service municipal assume ou non la responsabilité de l'entretien, le comité de l'assainissement du quartier peut au moins surveiller le fonctionnement du système et signaler ses imperfections et ses lacunes aux fonctionnaires responsables. Dans bien des cas, la communauté peut se charger elle-même d'une grande partie des travaux de routine. Il doit alors y avoir une bonne coordination et une claire division des responsabilités. Les résidents doivent savoir à qui signaler un problème le cas échéant (dégât quelconque ou obstruction, par exemple). Il est assurément souhaitable que la communauté désigne un comité pour planifier et surveiller le travail de maintenance. Ce comité devrait assurer la liaison avec la municipalité, pour garantir le ramassage rapide des déchets solides et l'écoulement sans entrave des eaux de pluie dans le réseau primaire qui relie le quartier au milieu récepteur.

Canalisation en surface à Colombo (Sri Lanka). Malgré la densité de la population, la canalisation qui passe devant la cour des maisons est convenablement entretenue.

Photo: R. Reed

On peut donner à chaque ménage la responsabilité de la section de canalisation qui traverse ou borde sa parcelle de terrain. Toutefois, pour que cela fonctionne correctement, deux conditions essentielles doivent être remplies: 1) il faut premièrement que cet arrangement soit accepté par l'ensemble de la communauté, et 2) une procédure additionnelle est nécessaire pour surveiller les résidents qui négligent leurs responsabilités et faire pression sur eux (Fig. 30). A titre d'exemple, on peut citer le projet communautaire d'assainissement d'un quartier de Bandung (Indonésie) où les propriétaires des maisons ont décidé que chacun serait responsable du nettoyage quotidien de la canalisation passant devant sa maison. Un coordonnateur du quartier a été chargé d'inspecter les canalisations deux fois par semaine et de consigner ses observations par écrit. La réaction à ces inspections, effectuées avec courtoisie, a été très positive; l'inspecteur aidait à la fabrication de pelles et de râteaux artisanaux destinés à faciliter le nettoyage des ponceaux devant les maisons. Très rapidement, le nettoyage est devenu un travail de routine que tout chef de famille qui se respecte ne manque pas d'accomplir quotidiennement.

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Fig. 30 Tous doivent coopérer à l'entretien

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Le membre de la communauté qui refuserait de coopérer, même s'il est seul a adopter cette attitude, compromet le fonctionnement d'ensemble du système et met en danger sa propre santé et celle de ses voisins

L'autre méthode consiste à demander à un groupe de résidents de nettoyer l'ensemble du réseau. L'avantage est que l'on peut fournir à ce groupe tout l'outillage requis: pelles, voitures à bras et brouettes. La composition du groupe peut changer régulièrement selon un système de roulement, afin que chacun participe aux travaux à tour de rôle, sous la surveillance d'un comité permanent. On peut aussi désigner un groupe déterminé au sein de la communauté, comme les membres d'une organisation de jeunes. Que le groupe soit fixe ou renouvelé par roulement, il faut qu'il se sente motivé ou qu'il soit passible d'une certaine sanction s'il ne fait pas son travail.

Le mauvais entretien du réseau n'a pas toujours de conséquences immédiates. L'accumulation de sédiments ou d'ordures dans les conduits et la détérioration du système peuvent se manifester peu à peu au cours d'une certaine période et rester inaperçues, jusqu'à ce que de gros travaux deviennent nécessaires pour remettre le système en bon état de marche. Outre l'organisation du travail de maintenance courant, le comité ferait bien de réserver une journée par an au cours de laquelle la communauté sera mobilisée pour nettoyer le système de fond en comble et le remettre en état. Il est conseillé de choisir pour cela un jour proche de la fin de la saison sèche, lorsque les canalisations contiennent peu d'eau et le nettoyage et les réparations peuvent être effectués facilement.

De toute évidence, la participation de la communauté à ce travail de maintenance exige une bonne planification et une organisation rigoureuse. Si la municipalité néglige ses responsabilités dans l'entretien du système primaire, l'eau du voisinage et des zones adjacentes risque de s'accumuler et de causer des inondations, ce qui découragerait les résidents. C'est donc en travaillant la main dans la main avec la municipalité que la communauté a le maximum de chances d'assurer un entretien satisfaisant.

4.6 Bibliographie

APPLETON, B. & CAIRNCROSS, S. Minimum evaluation procedure (MEP) for water supply and sanitation projects. Document OMS non publié, mai 1985 (Décennie de l'approvis ionnement en eau potable et de l'assainissement. Publication N° 6). Disponible sur demande adressée à la Division de l'Hygiène du milieu. Organisation mondiale de la Santé, 1211 Genève 27, Suisse.

CHAUHAN, S.K. Who puts the water in the taps? Community participation in Third World drinking water, sanitation and health, Londres, International Institute for Environment and Development, 1983.

MUIR, J. Rural health in Northern Pakistan. Waterlines, vol. 5, no. 2, pp. 10-14 (1986).

WHYTE, A. Community participation in water supply and sanitation; concepts, strategies and methods. La Haye, International Reference Centre for Community Water Supply and Sanitation, 1981 (Rapport technique N°. 17).

Page 83: Evacuation des eaux de surface

WHYTE, A. Principes directeurs pour la planification de la participation communautaire aux projets d'approvisionnement en eau et d'assainissement. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1986 (Publication offset N°. 96).

VAN WIJK-SIJBESMA, C. Participation of women in water supply and sanitation; roles and realities. La Haye, International Reference Centre for community Water Supply and Sanitation, 1985 (Rapport technique N°. 22).

Annexes

Annexe 1. Glossaire1

1Les définitions données ici ne sont applicables qu'aux fins de la présente étude et peuvent ne pas être utilisables dans d'autres contextes. Les mots en italiques sont également définis dans ce glossaire. Affouillement Enlèvement du sol par la pluie (érosion) autour et au-dessous

du lit d'une canalisation ou dans ce lit.

Alluvions Dépôts formés par une rivière près de son em bouchure, normalement sur les terrains inondés.

Arrêté Décision émanant d'une autorité administrative locale.

Autocurage (Vitesse d')

Vitesse du courant dans une canalisation ou un égout, qui suffit pour empêcher la formation de dépôts.

Barbacane Petite ouverture ménagée dans le revêtement d'une canalisation pour permettre à l'eau de s'écouler, et réduire la pression de l'eau souterraine.

Bassin de sédimentation

Bassin incorpore dans les bouches de certains systèmes d'égouts pour recueillir les sédiments; il doit être vidé régulièrement.

Béton in situ Béton que l'on a coulé et laissé prendre sur place.

Boues Mélange de matières solides et d'eau déposé au fond d'une canalisation, d'une fosse septique, etc.

Captage (Zone de)

Zone de terrain à partir de laquelle l'eau de pluie s'écoule en direction d'un point unique.

Chicanes Parois mises en travers d'une canalisation pour empêcher l'affouillement.

Concentration (Temps de)

Temps nécessaire pour que l'eau de pluie de toute une zone de captage parvienne en un point unique.

Couronne Point le plus élevé de la section d'une canalisation.

Dérivation Canal qui capte l'eau du bas-côté d'une route.

Détritus Ordures ou déchets.

Dissipateurs Chicanes construites en pierres entre lesquelles l'eau peut s'écouler, mais en se ralentissant et perdant de sa force.

Eau de pluie Eau des précipitations qui coule dans une canalisation ou un égout.

Eau souterraine Eau située sous la surface du sol.

Eaux d'égout (ou eaux vannes)

Excreta humains et eaux usées qui se déversent dans un égout.

Page 84: Evacuation des eaux de surface

Égout Conduit pour l'évacuation des eaux vannes ou eaux d'égout.

Éléments Sections prémoulées pour le revêtement des canaux ou des tuyaux,

Érosion Enlèvement du sol par l'action de l'eau.

Gabion Ensemble de pierres retenues par un grillage ou tout autre type de clayonnage.

Imperméable Un matériau imperméable est un matériau qui ne laisse pas passer l'eau.

Infiltrer (Pour un liquide) Passer à travers les pores ou entre les interstices d'un solide (par exemple).

Infrastructure Équipements permanents pour l'usage courant d'une collectivité.

Lit Sable ou gravier placé sous un élément de tuyau ou de canalisation pour qu'il repose sur une sur face uniforme.

Maçonnerie Construction de briques ou de pierres unies par du mortier.

Milieu récepteur Masse d'eau dans laquelle s'écoule l'eau du système d'évacuation.

Mortier Mélange de ciment, de sable et d'eau.

Municipalité Organe de l'administration locale d'une ville ou d'un district urbain.

Niveleuse Machine utilisée dans la construction et l'entretien des routes, équipée d'une lame entre les roues avant et arrière.

Pantographe Instrument permettant de reproduire mécaniquement des dessins ou des plans à la même échelle ou à une échelle différente.

Parasite Organisme qui vit sur ou dans un organisme vivant et s'en nourrit.

Pente Déclivité, inclinaison par rapport à l'horizontale.

Périodicité Intervalle moyen entre les orages et inondations d'une intensité donnée.

Planimètre Instrument de mesure des superficies sur papier.

Polder Terrain de bas-fond protégé des inondations par une levée érigée à son pourtour.

Ponceau Ouvrage permettant l'écoulement de l'eau sous une route ou un passage.

Prise (maturation) Traitement du béton consistant à maintenir sa surface humide pendant les sept premiers jours après sa mise en place, pour qu'il atteigne sa pleine résistance.

Radier Point le plus bas de la section d'une canalisation.

Regard de visite (ou trou d'homme)

Cheminée pratiquée dans le sol, en briques ou en béton et permettant d'accéder aux canalisations fermées et au réseau d'égouts.

Remblai Terre ou cailloux épandus sur le sol pour en relever le niveau.

Ruissellement (Eau de)

Eau de pluie qui s'écoule sur le sol et se déverse dans les canalisations et les cours d'eau.

Ruissellement (Coefficient de)

Quantité d'eau de pluie qui coule sur le sol et peut donc pénétrer dans le réseau d'égouts.

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Système primaire Système de grands collecteurs dont chacun des sert un secteur d'une agglomération.

Système secondaire Réseau de petites canalisations circonscrites à un quartier qui desservent une petite zone de captage et se déversent dans le système primaire.

Topographie Configuration d'un terrain et de son relief naturel ou artificiel.

Tranquillisateur Dalle ou panneau fermant partiellement un canal pour détourner ou ralentir l'écoulement de l'eau.

Trapézoïdal Un canal de drainage trapézoïdal est un collecteur à parois latérales inclinées et à fond plat.

Vanne (porte de)

Dispositif qui peut être ouvert ou fermé pour régler le passage de l'eau.

Annexe 2. Calculs pour la conception d'un réseau d'assainissement

Notions de base

Les notions de base que sont la période de récurrence et le coefficient de ruissellement sont expliquées plus haut (section 2.2). Deux autres paramètres importants entrent enjeu dans les calculs pour la conception d'un système d'assainissement:

- l'intensité des précipitations, et - la concentration.

La pluie est normalement mesurée en millimètres: un millimètre de pluie tombant en terrain plat, sans aucune infiltration ni évaporation et sans ruissellement ni évacuation, recouvrirait le terrain de 1 mm d'eau. L'intensité mesure la force des précipitations. Elle est généralement exprimée en mm/heure.

L'intensité de la pluie varie à chaque averse et sa valeur de pointe est très supérieure à la moyenne relevée pour toute la durée de l'averse. Des précipitations d'une très forte intensité peuvent tomber en trombes durant quelques minutes, pas assez longtemps toutefois pour provoquer une inondation ou une érosion grave. L'important est donc de savoir quand évaluer l'intensité de la pluie. Pendant quelques minutes, des intensités très élevées peuvent être atteintes: établi sur cette base, le réseau serait d'une inutile ampleur et par trop coûteux. En revanche, si l'on se base sur une intensité de pluie égale à la moyenne calculée pour toute la durée de l'averse, le chiffre serait trop bas et les canalisations calculées d'après ces chiffres seraient surchargées une grande partie du temps. Le lien entre l'intensité de la pluie et sa durée et la période de récurrence est illustré à la Fig. A2.1 établie à partir des relevés de la ville de Cebu, aux Philippines. (Note: les courbes de la Fig. A2.1. ne peuvent pas être utilisées dans d'autres villes, car les caractéristiques des précipitations varient beaucoup suivant les régions du globe).

La durée correcte à utiliser pour dimensionner une canalisation est le «temps de concentration» du bassin versant à desservir, c'est-à-dire le temps mis par la pluie tombée au point le plus éloigné du bassin versant pour ruisseler à la surface du sol, pénétrer dans le système et atteindre en aval la canalisation projetée. Le temps de concentration est d'autant plus court que le bassin est petit. De même, l'eau s'écoule

Page 86: Evacuation des eaux de surface

plus vite lorsque les versants sont relativement raides; le temps de concentration est donc plus court dans les zones accidentées.

Fig. A2.1. Intensité-durée d'une averse à Cébu (Philippines)

Toutefois, il est peu probable que des trombes d'eau très brèves (moins de 15 minutes) causeront des dégâts importants. Donc, une règle empirique pour les petits

Page 87: Evacuation des eaux de surface

bassins versants (moins de 5 ha) consiste à se baser sur un temps de concentration de 15 minutes. Lorsque la déclivité moyenne des pentes est supérieure à 0,5%, on peut se servir de ce temps pour des bassins d'une superficie allant jusqu'à 20 ha. En terrain plus plat, des temps de concentration plus longs peuvent être utilisés pour des aires supérieures à 4 ha. Une approximation raisonnable consisterait à ajouter une minute pour chaque hectare additionnel jusqu'à 20 ha. Pour des bassins plus grands, il est préférable de consulter un ingénieur spécialisé.

Calcul du débit de pluie

Pour concevoir une canalisation, il faut tout d'abord calculer le débit maximum de l'eau de pluie qui y devra transiter. Ce calcul se décompose en cinq étapes:

a) Fixer une période de récurrence et un temps de concentration appropriés.

b) Déterminer l'intensité maximale de la pluie dans ces conditions (I mm/heure).

c) Calculer le bassin versant desservi par la canalisation (A ha).

d) Estimer le coeffic ient de ruissellement de cette aire (C).

e) A partir de I, A et C, calculer le débit de pointe - la quantité maximale d'eau à drainer par seconde.

Chacune de ces étapes va être commentée ci-dessous.

a) Période de récurrence et temps de concentration. Le choix de ces deux éléments est décrit plus haut (section 2.2. et pp. 76-77, respectivement).

b) Intensité de la précipitation. Idéalement, on peut déterminer ce paramètre d'après un graphique intensité/durée analogue à celui de la Fig. A2.1. Toutefois, un graphique établi pour une ville donnée ne peut être utilisé pour une autre ville sans les conseils d'un spécialiste. Les données pluviométriques requises peuvent être fournies par le département d'hydrologie ou des ressources hydriques. Faute de données disponibles sur l'intensité et la durée, on peut se livrer à une estimation en se servant de la pluviosité quotidienne maximale pour la période de récurrence appropriée. Dans chaque zone climatique, la pluviosité maximale pendant 15 minutes représente un pourcentage relativement constant du total quotidien maximal, situé habituellement entre 10% et 40%.

c) Bassin versant. La méthode la plus pratique consiste à le calculer d'après une carte. Il faut, tout d'abord, tracer les limites du bassin, ce qui peut exiger des enquêtes sur place afin de déterminer la superficie totale de l'aire d'où les eaux superficielles s'écouleront jusqu'à la canalisation projetée. On peut alors mesurer l'aire délimitée sur la carte au moyen d'un planimètre ou l'estimer en la divisant en carrés. Les carrés dont les côtés sont équivalents à 100 m sur la carte auront chacun une superficie de un hectare. Pour les superficies plus restreintes, on peut utiliser des carrés plus petits. Chaque carré de 10 m de côté correspondra à une superficie de 0,01 ha.

d) Coefficient de ruissellement. Comme on l'a déjà dit, le coefficient de ruissellement dépend des conditions du sol, du terrain et de son mode d'occupation. Il faut tout

Page 88: Evacuation des eaux de surface

d'abord calculer le coefficient de ruissellement Cu pour les surfaces non revêtues, c'est-à-dire celles qui ne sont ni bâties, ni aménagées par la voirie. Le tableau A2.1 donne une idée des valeurs de Cu. On peut alors estimer le pourcentage (P) de la superficie du bassin versant qui est couvert par des revêtements imperméables ou par le toit des bâtiments. Cette estimation pourrait se faire à partir d'une photographie aérienne, mais ce procédé est très laborieux. Une estimation raisonnable peut être obtenue d'après la densité de population (voir tableau A2.2.). Le coeffic ient général de ruissellement du bassin (C) peut alors être déduit à l'aide de la Fig. A2.2.

Fig. A2.2 Diagramme permettant de calculer le coefficient de ruissellement

(C) à partir du coefficient appliqué pour les aires non revêtues (Cu) et le pourcentage d'aires revêtues (P)

Page 89: Evacuation des eaux de surface

e) Débit de pointe. Pour les petits bassins, il vaut mieux calculer ce débit en utilisant la méthode dite «rationnelle», exprimée par la formule

Q = 2.78 CIA

dans laquelle

Q = le débit (en l/s) C = le coefficient de ruissellement I = l'intensité pluviométrique (en mm/h) A = la superficie du bassin versant (en ha).

Pour les bassins d'une superficie supérieure à 5 ha, il existe des méthodes de calculs plus précises, mais qui tendent à être plus complexes.

Tableau A2.1. Valeurs de Cu, coefficient de ruissellement pour les aires non revêtues ou bâtiesa,b

i. Régions humides

Perméabilité

Pente moyenne du sol

Très lente (roche et

argile)

Lente (glaise

argileuse)

Moyenne (glaise

sableuse)

Forte (sable et gravier)

Plate: 0-1% 0,55 0,40 0,20 0,05

Douce: 1-4% 0,75 0,55 0,35 0,20

Moyenne: 4-10% 0,85 0,65 0,45 0,30

Abrupte: > 10% 0,95 0,75 0,55 0,40

ii. Régions semi-arides

Perméabilité

Pente moyenne du sol

Très lente (roche et argile)

Lente (glaise argileuse)

Moyenne (glaise sableuse)

Forte (sable et gravier)

Plate: 0-1% 0,75 0,40 0,05 0,0

Douce: 1-4% 0,85 0,55 0,20 0,0

Moyenne: 4-10% 0,95 0,70 0,30 0,0

Abrupte: > 10% 1,00 0,80 0,50 0,05 a D'après: WATKINS, L.H. & FIDDES, D. Highway and urban hydrology in the tropics. Londres, Pentech Press, 1984.

b En cas de doute, le tableau i peut être appliqué aux régions du monde qui sont ombrées en noir dans la Fig. 1 et le tableau ii aux autres régions.

Page 90: Evacuation des eaux de surface

Tableau A2.2. Valeurs types de P, pourcentages d'occupation des surfaces revêtues dans les agglomérations urbaines à faibles revenus

Densité de population (habitants/ha) P (%)

0-50 0-12

100 25

200 50

300 75

Plus de 400 100

Exemple

Calculer la capacité de débit nécessaire pour une canalisation destinée à évacuer l'eau d'une zone plate et à sol argileux de Cebu (Philippines). Le but est de desservir un bassin versant de 3 ha où vivent 600 personnes.

a) Le terrain est plat: il n'y a donc aucun danger d'érosion. Il convient, par conséquent, de retenir une période de récurrence relativement courte (3 ans par exemple). La zone est inférieure à 4 ha: on peut donc prendre un temps de concentration de 15 minutes.

b) D'après la Fig. A2.1 et pour une période de récurrence de 3 ans et une durée de 15 minutes, l'intensité de la pluie s'établira à I = 107 mm/ha.

c) Bassin-versant A = 3 ha.

d) Les Philippines font partie des régions humides. D'après le tableau A2.1, pour un terrain argileux plat, Cu = 0,55.

D'après le tableau A2.2, le pourcentage de la surface revêtue P = 50%.

Selon la Fig. A2.2, le coefficient de ruissellement est donc C = 0,77.

e) Par conséquent, le débit

Q = 2,78 CIA

Q= 2,78 × 0,77 × 107 × 3

Q= 687 l/s

Calcul des dimensions de la canalisation

Une fois le débit calculé, il est possible d'en déduire la section de la canalisation. A cet effet, les ingénieurs utilisent fréquemment la formule de Manning:

Page 91: Evacuation des eaux de surface

dans laquelle

Q = le débit dans la canalisation (en m3/s).

A = l'aire de la section du canal (en m2).

R = le «rayon hydraulique» de la section de la canalisation (en m). Pour le calculer, on divise l'aire de la section par le «périmètre mouillé», c'est-à-dire la longueur du périmètre de la section du canal qui est en contact avec l'eau, sans compter la surface de l'eau.

Page 92: Evacuation des eaux de surface

Fig. A2.3 Graphique pour la conception de petites canalisations avec section

transversale trapézoïdale, sans revêtement ni végétation

Page 93: Evacuation des eaux de surface

S= la pente de la canalisation. Pour une pente de 1%, S =0,01.

n = une constante qui dépend de la rugosité du revêtement du canal, ayant comme valeurs caractéristiques:

n = 0,015 pour un béton lisse ou une maçonnerie de brique plâtrée; n = 0,025 pour des canaux droits, non revêtus et exempts de végétation; n = 0,035 pour des canaux non revêtus, avec herbe rase et peu de mauvaises herbes.

Toutefois, bien des lecteurs trouveront plus facile d'utiliser la Fig. A2.3. Il s'agit d'une abaque de calcul d'un canal à section tranversale trapézoïdale (voir dessin) sans revêtement ni végétation (n = 0,025). La profondeur du canal D obtenue à partir de la Fig. A2.3 peut servir à calculer les dimensions de canaux et de tuyaux de diverses formes et différemment revêtus. On procède alors comme suit:

a) Calculer le débit maximal en l/s, comme expliqué aux pages 78 à 81;

b) Trouver la pente du tronçon à concevoir en % (1% représentant une dénivellation de 1 m par 100 m de canalisation);

c) Utiliser la Fig. A2.3 pour trouver la valeur de D pour cette pente et ce débit;

d) Si le canal n'est pas trapézoïdal, multiplier D par le facteur indiqué dans la Fig. A2.4 pour obtenir les dimensions d'une section de forme appropriée. Si la section du canal ne correspond exactement à aucune des formes indiquées à la Fig. A.2.4, prendre l'équivalent le plus proche et suivre la méthode conseillée afin de trouver les dimensions requises pour la section standard. Dimensionner alors la canalisation pour obtenir la même aire de section que dans la section standard.

e) Si la canalisation doit avoir un revêtement lisse ou si les parois latérales et le fond doivent être couverts d'herbe courte, les dimensions demanderont à être ajustées:

- pour un revêtement de béton lisse ou de maçonnerie de brique plâtrée, multiplier les dimensions par 0,83 (c'est-à-dire réduire de 17%);

- pour des canaux non revêtus, avec herbe courte et peu de mauvaises herbes, multiplier les dimensions par 1,13 (c'est-à-dire majorer de 13%);

- pour un revêtement lisse de terre ou de maçonnerie non plâtrée, aucun ajustement n'est nécessaire.

f) Enfin, calculer la vitesse moyenne de l'eau lorsque la canalisation débite à plein rendement (voir pages 84 à 86). Si le flot est si rapide qu'il éroderait un canal non revêtu, celui-ci doit être revêtu ou tout au moins stabilisé par de l'herbe. Suivre également les indications données ci-dessus en e) s'il s'agit d'un canal revêtu ou herbeux.

D'un autre côté, un écoulement trop lent empêcherait l'autocurage et laisserait les sédiments s'accumuler. Si possible, une vitesse d'au moins 0,5 m/s devrait donc être atteinte dans toutes les canalisations débitant à plein rendement. Et si l'on pouvait atteindre une vitesse de 1 m/s, cela serait encore mieux.

Page 94: Evacuation des eaux de surface

Fig. A2.4 Calcul des dimensions de divers types de canalisations, compte tenu

de la profondeur du canal D (Fig. A2.3) a) canal trapézoïdal

Largeur la base =

Pente latérale = 1 Trouver D d'après la Fig. A.2.3.

Fig. A2.4 Calcul des dimensions de divers types de canalisations, compte tenu

de la profondeur du canal D (Fig. A2.3) b) Canal semi-circulaire

Rayon r = 1.2 D Trouver D d'après la Fig. A.2.3. Puis multiplier par 1.2 (c'est-à-dire ajouter 20%) pour trouver r

Fig. A2.4 Calcul des dimensions de divers types de canalisations, compte tenu

de la profondeur du canal D (Fig. A2.3) c) Canal carré

Côté x = 1,56 D Trouver D d'après la Fig. A.2.3. Puis multiplier par 1.56 (c'est-à-dire ajouter 56%) pour trouver y

Fig. A2.4 Calcul des dimensions de divers types de canalisations, compte tenu

de la profondeur du canal D (Fig. A2.3) d) Canal rectangulaire

Page 95: Evacuation des eaux de surface

Profondeur y, largeur 2y y = 1.1 D Trouver D d'après la Fig. A.2.3. Puis multiplier par 1.1 (c'est-à-dire ajouter 10%) pour trouver y

Fig. A2.4 Calcul des dimensions de divers types de canalisations, compte tenu

de la profondeur du canal D (Fig. A2.3) e) Canalisation circulaire tannée à plein débit

Diamètre d = 1.34 D Trouver D d'après la Fig. A.2.3 Puis multiplier par 1,34 (c'est-à-dire ajouter 34%) pour trouver d

Vérification de la vitesse du flot

Une fois que les dimensions de la canalisation ont été fixées, on peut s'en servir pour calculer l'aire de la section transversale. La vitesse moyenne de l'eau peut être obtenue grâce à la formule suivante:

dans laquelle

V = la vitesse de l'eau en m/s Q = le débit en l/s A = l'aire de la section transversale en cm2.

Tableau A2.3 Vitesses d'écoulement admissibles pour empêcher l'érosion dans les canaux non revêtusa

Type de sol Granulométrie type (mm)

Vitesse admissible (m/s)

Sable fin 0,05 0,4

Glaise sableuse - 0,7

Sable moyen 1,0 0,8

Glaise limoneuse - 0,8

Page 96: Evacuation des eaux de surface

Glaise ferme ordinaire - 1,0

Cendre volcanique - 1,0

Sable grossier 2,5 1,0

Argile dure - 1,5

Limon alluvial - 1,5

Ardoise et argile durcie - 1,8

Gravier fin 5 1,5

Gravier grossier 10 1,8

Cailloux et galets 40 2,4

Couverture herbeuse, sols érodables

- 1,2

Couverture herbeuse, sols stables

- 1,8

a D'après: CHOW, V. T. Open-channel hydraulics, New York, McGraw-Hill, 1959; et WATKINS, L. H. & FIDDES, D. Highway and urban hydrology in the tropics, Londres, Pentech Press, 1984.

Si cette vitesse s'avère supérieure à la valeur correspondante du tableau A2.3, il y a un risque d'érosion sérieux, à moins que la canalisation ne soit revêtue ou munie de chicanes (voir section 2.3). Le tableau A2.3 indique aussi les vitesses maximales admissibles dans les canaux dont les parois latérales et le fond sont stabilisés par une solide couverture herbeuse.

Exemple

Calculer les dimensions d'un canal en béton carré pour un débit de pointe de 687 l/s. Le niveau du fond du canal s'abaisse de 40 cm sur une longueur de 50 m.

a) Débit Q = 687 l/s b)

c) Dans la partie gauche de l'abaque (Fig. A2.3), trouver la pente de 0,8% et, au bas, trouver le point qui correspond approximativement à 687 l/s (très légèrement à gauche du point de 700 l/s). Trouver le point d'intersection des lignes horizontales et verticales correspondantes; ce point est marqué dans la Fig. A2.3.

Il se situe environ à mi-chemin entre les deux lignes obliques correspondant à D = 40 cm et D = 50 cm. Par interpolation, prendre D = 45 cm.

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d) En se reportant à la Fig. A.2.4.c), on constate que cette valeur doit être accrue de 56% si l'on veut trouver la largeur d'un canal carré:

45 × 1.56 = 70 cm

e) Le revêtement étant en béton, la largeur peut être ajustée pour tenir compte de la friction réduite due aux parois lisses du canal. Les dimensions peuvent être diminuées de 17%:

70 × 0.83 = 58 cm.

Si l'on arrondit ce chiffre pour plus de commodité, on obtient une profondeur de 60 cm et une largeur de 60 cm. f) Ce canal aura une aire de section de 3600 cm2. La vitesse de l'eau V sera donc:

Cette vitesse provoquera presque immanquablement de l'érosion dans les canalisations non revêtues, mais non dans les canaux de béton bien construits. Une vitesse de 1,9 m/s est plus que suffisante pour l'autocurage; les dépôts de limon ne poseront pas de problèmes dans une canalisation de ce type.

Annexe 3. Mandat des consultants

Les schémas d'assainissement sont très fréquemment conçus par des ingénieurs-conseils. Ils ne sont toutefois généralement pas destinés aux communautés à faibles revenus. Si les termes de leur mandat qui doivent guider leur travail ne sont pas rédigés de manière à bien préciser le genre de solution recherchée, les ingénieurs-conseils risquent donc de concevoir pour les quartiers peuplés de familles modestes des systèmes qui soient inadaptés ou inabordables. La municipalité qui a déjà obtenu des fonds pour la construction d'un réseau d'égouts aura généralement une idée assez claire de ce qu'il lui faut et sera, en général, parfaitement satisfaite du travail des ingénieurs-conseils, si ces derniers ont été engagés pour accomplir des tâches clairement spécifiées dans le cadre de ces besoins.

Cependant, les organismes donateurs nationaux et internationaux exigent souvent, avant d'accepter de financer la construction d'un système d'assainissement, que le projet fasse l'objet d'une étude de faisabilité exécutée par un bureau d'ingénieurs-conseils de bon renom. Dans pareil cas, le bailleur de fonds aura ses propres exigences et voudra participer à la définition des modalités de l'étude. La municipalité ou ses représentants pourront néanmoins suggérer l'inscription de clauses qui comportent certaines garanties, notamment:

- tous les avantages du plan proposé sont démontrés;

- l'étude sera réalisée de manière à parvenir à la solution la meilleure du point de vue du coût-efficacité;

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- une évaluation précise des ressources nécessaires pour l'entretien du système sera faite le plus tôt possible;

- la construction des parties du réseau qui sont requises d'urgence ne sera pas retardée plus longtemps que nécessaire en raison de la longueur du processus de préparation, d'agrément et de conception du projet;

- la communauté sera associée aux décisions clés.

Ces diverses conditions sont passées en revue ci-après.

Avantages

Compte tenu des conséquences que peut avoir un assainissement inapproprié, comme les décrit la section 1.2, l'amélioration de la situation dans ce domaine présente, pour la santé, des avantages que les ingénieurs-conseils pourront démontrer en se servant des statistiques existantes ou des résultats des enquêtes sanitaires éventuellement réalisées auprès de quelques communautés.

Outre une meilleure salubrité, on relèvera les avantages économiques les plus marquants qui découleront de la prévention des dégâts causés par les inondations ou l'érosion:

- aux infrastructures publiques, et aux routes en particulier,

- aux biens privés, et plus spécialement aux habitations,

- au mobilier et aux autres biens meubles de la population.

Ces avantages peuvent être chiffrés en termes monétaires. Les biens privés d'une communauté à faibles revenus seront évalués en fonction d'un pourcentage donné du salaire minimum.

D'autres avantages s'y ajoutent:

• augmentation de la valeur des terrains, diminution des embarras de la circulation,

• réduction des pertes de revenu, de loyers, de vente et de production,

• réduction des coûts de nettoyage et d'entretien,

• réduction des coûts de l'aide d'urgence,

• sentiment accru de sécurité,

• amélioration de l'esthétique de l'environnement,

• nouvelles possibilités pour les activités de loisir.

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Coût-efficacité

Les options techniques esquissées plus haut (section 2) montrent qu'un système d'assainissement n'est pas nécessairement onéreux. Les critères de conception présentés dans ce chapitre peuvent être variés en vue d'offrir des options aux coûts et avantages différents et de permettre d'opter pour la meilleure solution. Ceci vaut en particulier pour les paramètres suivants:

- période de récurrence (section 2.2) - canaux ouverts ou fermés (section 2.5) - revêtement des canaux (section 2.6)

L'étude de faisabilité devrait comporter une analyse des coûts et avantages des options possibles, afin que les décisions ne soient pas prises arbitrairement. Il est difficile de calculer exactement dans quelle mesure les nombreux bienfaits modifiés du système d'assainissement seront modifiés par les changements apportés aux critères de conception pour tenir compte de l'éventualité d'inondations occasionnelles sans gravité. Le problème peut être simplifié en supposant que les dommages causés par une inondation seront proportionnels à un «indice des dégâts» D:

D = F × Q × T

dans lequel

F = la fréquence des inondations (nombre des inondations sur une période de 10 ans, par exemple) Q = la quantité d'eau qui ne peut pas être évacuée immédiatement (en mm de pluie) T = la durée de l'inondation (en heures).

Le coût estimatif C de chaque option peut être comparé à la valeur de D pour trouver l'option pour laquelle le ratio C/D est le plus élevé.

Entretien

La question est examinée plus haut (section 3). Le coût annuel type de l'entretien est d'environ 8% du coût de construction du système. L'étude de faisabilité doit comporter une estimation plus précise, avec une évaluation en main-d'œuvre et en équipement.

Travaux les plus urgents

On peut autoriser les ingénieurs-conseils à établir les plans détaillés des éléments les plus urgents du système (d'une valeur égale à 10 ou 20% de la valeur totale estimée, par exemple) dès que le choix d'une solution a été arrêté sans devoir recourir à un nouveau contrat ou à une nouvelle approbation de la part de l'organisme de financement.

Participation de la communauté

Dans tout accord concernant les services de consultants, il est habituel de stipuler à quels stades l'opinion ou l'approbation du client doit être recherchée. Le client ici sera

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généralement la municipalité. Il n'y a aucune raison de ne pas faire participer la communauté à ce processus.

Dans le cadre du mandat, la responsabilité de faire appel à la communauté pour la prise de décisions pourrait être attribuée au client ou au consultant. Celui-ci pourrait suivre les directives de son client ou être appelé à proposer une procédure régissant la participation de la communauté au moment de l'appel d'offres pour la passation du contrat.

Annexe 4. Sources d'information pour le comité de l'assainissement

La section 4, qui traite de la participation communautaire, donne des indications concernant la création et les fonctions du comité de l'assainissement. Une fois ce comité établi, ses membres doivent se réunir pour échanger des informations concernant la situation sur place. Ils doivent également essayer d'assimiler des informations de caractère général concernant les méthodes et les matériels communément utilisés pour résoudre les problèmes d'assainissement. L'accord se fera alors plus facilement au sujet des actions à entreprendre et de la séquence des opérations. Les ouvrages et documents énumérés ci-dessous sont des sources intéressantes d'informations d'ordre général sur l'assainissement et la participation communautaire et il est sans doute facile de se les procurer auprès des bibliothèques et des autres sources de publications des Nations Unies. Les documents de l'OMS non publiés qui figurent dans cette liste peuvent être demandés à la Division de l'Hygiène du Milieu, Organisation mondiale de la Santé, 1211 Genève 27 (Suisse); les documents non publiés du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat) peuvent être demandés à ce Centre, à Nairobi (Kenya).

Livres et documents utiles

CAIRNCROSS, S. & FEACHEM, R. G. Environmental health engineering in the tropics: an introductory text. Chichester, John Wiley & Sons, 1983.

OKUN, D. A. & PONGHIS, G. Collecte et évacuation des eaux usées des collectivités. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1976.

WHYTE, A. Principes directeurs pour la planification de la participation communautaire aux projets d'approvisionnement. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1987 (OMS, Publication offset N° 96).

Amélioration des conditions d'hygiène de l'environnement dans les habitats pour faibles revenus. Comment définir besoins et priorités au niveau communautaire. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1989 (OMS, Publication offset N° 100).

Catalogue des organismes de soutien extérieurs. Document OMS non publié, 1986 (Décennie internationale de l'eau potable et de l'assainissement, Publication N° 7).

Water supply and sanitation for developing countries. An international source list of audiovisual materials. Document de l'OMS non publié, avril 1987 (Décennie internationale de l'eau potable et de l'assainissement, Publication N° 8).

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Environmental aspects of water management in metropolitan areas of developing countries. Document non publié, Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), Nairobi, 1984.

Delivery of basic infrastructure to low-income settlements: issues and options. Document non publié, Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), Nairobi, 1986.

Community participation in low-cost sanitation. Training module. Document non publié, Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), Nairobi, 1986.

Community participation and low-cost drainage. Training module. Document non publié, Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), Nairobi, 1986.

Choix de publications de l'OMS autour du même thème

Prix en francs suisses*

Technologie de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement dans les pays en développement. Rapport d'un groupe d'étude de l'OMS. Série de Rapports techniques N° 742, 1987 (42 pages)

7,-

Amélioration des conditions d'hygiène de l'environnement dans les habitats pour faibles revenus. Comment définir besoins et priorités au niveau communautaire. OMS, Publication offset N° 100, 1989 (vii + 61 pages)

12,-

Oakley, P. L'engagement communautaire pour le développement sanitaire. Analyse des principaux problèmes, 1989 (ix + 85 pages)

16,-

Whyte, A. Principes directeurs pour la planification de la participation communautaire aux projets d'approvisionnement en eau et d'assainissement. OMS, Publication offset N° 96, 1987 (55 pages)

10,-

Santé et logement. Principes directeurs, 1989 (x + 46 pages) 11,-

L'urbanisation et ses incidences sur la santé de l'enfant: Possibilités d'action, 1989 (x + 100 pages)

16,-

Tabibzadeh, I. et al. Pleins feux sur les villes. Améliorer la santé dans les villes du tiers monde, 1991 (v + 183 pages)

30,-

*Les prix consentis dans les pays en développement représentent 70% des prix indiqués.

Pour plus de détails sur ces ouvrages et sur les autres publications de l'Organisation mondiale de la Santé, s'adresser au Service de Distribution et de Ventes, Organisation mondiale de la Santé, 1211 Genève 27, Suisse.

Couverture arrière

Pour de nombreuses communautés à faibles revenus, l'absence d'un système convenable d'évacuation des eaux superficielles pose un sérieux problème, et peut avoir de graves conséquences: inondations fréquentes, érosion des sols, transmission accrue d'un certain nombre de maladies, etc. Le but ici est de montrer ce que la population peut faire par elle-même pour se doter d'un système d'évacuation des eaux

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simple, efficace et peu coûteux ou pour remettre en état un système laissé à l'abandon. On y trouvera des conseils pratiques concernant la conception et la construction de canaux d'évacuation des eaux et aussi sur la manière de résoudre les problèmes posés, par exemple, par les terrains en forte pente ou situés en contre-bas. L'accent est constamment mis sur l'importance de la participation de la communauté à tous les stades du projet, de sa planification à sa mise en oeuvre, et, en particulier, sur le rôle primordial de l'entretien des ouvrages ainsi construits. Ecrit sans excès de langage technique et abondamment illustré, ce volume devrait s'avérer précieux pour les autorités locales et les groupes communautaires, comme pour les planificateurs et les responsables des travaux publics dans les pays en développement.