Etude sur le service des travaux publics et specialement...

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\f -fQu4J ÉTUDE SUR LE SERVICE DES • TRAVAUX PUBLICS In SPÉCIALEMENT SUR LA CHARGE DE MAIRE I)1S ll\ 1 1IES Ili\ BOUitGHGM SOUS LES DUCS DE LA RACE DE VALOIS (1363-1477) e S O M NIAI BE I. - Les Maîtres des tliwvres elb France et en Bolirgogi,e avant II. - Le Service de jjdti,,,e,its et Travaux publics eit Bour- gogne, de 431b5 ii . 477. i\lnitre général des oeuvres de tous les pays. - Maîtres (les OEuvres de maçonnerie et de eharpeuterie. Leur nomination. Leur qualité avant ct après leur nomination. Leurs fonctions et leur rôle dans les travaux. Les régions où Ils étendent leur compétence. Leurs gages. - Démembrements de la charge de Maures des OEuvres. - Lieutenants des Maures des oeuvres - Ouvriers des OEuvres. - Visiteurs des Ouvrages. - Fi- 'lances et comptabilité. 111. - Principaux travaux dirigés par tes Maîtres. - IV. - I)ocnsaents relatifs (rv5 Fonctionnaires du Service des Bâtiments et Travaux publics. Bibliographie. Document H Il II II If III 111111111111 11111 0000005425235

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ÉTUDE

SUR LE

SERVICE DES • TRAVAUX PUBLICS

In SPÉCIALEMENT SUR LA CHARGE DE

MAIRE I)1S ll\ 1 1IES Ili\ BOUitGHGMSOUS LES DUCS DE LA RACE DE VALOIS

(1363-1477)

e

S O M NIAI BE

I. - Les Maîtres des tliwvres elb France et en Bolirgogi,e avant

II. - Le Service de jjdti,,,e,its et Travaux publics eit Bour-gogne, de 431b5 ii . 477.

i\lnitre général des oeuvres de tous les pays. - Maîtres (lesOEuvres de maçonnerie et de eharpeuterie. Leur nomination.Leur qualité avant ct après leur nomination. Leurs fonctionset leur rôle dans les travaux. Les régions où Ils étendent leurcompétence. Leurs gages. - Démembrements de la charge deMaures des OEuvres. - Lieutenants des Maures des oeuvres- Ouvriers des OEuvres. - Visiteurs des Ouvrages. - Fi-'lances et comptabilité.

111. - Principaux travaux dirigés par tes Maîtres. -

IV. - I)ocnsaents relatifs (rv5 Fonctionnaires du Service desBâtiments et Travaux publics.

Bibliographie.

Document

H Il II II If III 111111111111 111110000005425235

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LE MAITRE DES OEUVRES EN BOURGOGNE

SOUS LES DUCS DE LA RACE DE VALOIS

i63-U77

On ne peut parler (le l'art en Bourgogne pendant'es deux siècles quiont précédé la Renaissance, sansfaire songer à la pléïade de sculpteurs et de peintresqui, attirés par la protection généreuse des ducs dela race de Valais, sont venus embellir leur capitaleet contribuer â l'éclat (le leur cour. Claus Sluter,Claus de Werwe, Jean (le ta 'Huerta, le Moiturier,Malouel, sont connus de quiconque s'est occupé del'histoire de l'art français. Plusieurs auteurs leuront consacré de savantes études et n'ont laissépasser, sans 1e mettre en valeur, aucun documentnouveau sur ce sujet.

Mais il est d'autres artistes, bien Bourguignonsceux-là, dont on s'est fort peu occupé, et qui ne mé-ritent cependant pas cet oubli, puisque c'est d'aprèsleurs plans et sous leur direction que furent cons-truits dès monuments tels que la Sainte-Chapelle deDijon, et la Chartreuse de Champmol ; monumentsqui devaient figurer au premier rang parmi les chefs-

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LE MAÎTRE' DES CËUVRES EN BOURGOGNE. 247

d'oeuvre de l'architecture gothique. Ces artistes serencontraient dans cette classe d'architectes ùbmrnésau moyen âge « Maltres des OEuvres o.

Bien que plusieurs des Maîtres des Œuvres aientété des hommes de génie, je ne prétends pas que tousaient mérité ce nom. Je ne veux pas dire non plusque- l'étude de leurs fonctions et de leurs travaux,dans laquelle je vais entrer, ne soit intéressantequ'au seul point de vue de l'histoire 4e l'art..

L'architecture, il est vrai, les plans, la construc-tion, l'entretien des bâtiments ducaux étaient leur.attribution principaLe; mais, dans leurs fonctionsrentrait encore ce que nous appelons aujourd'hui leGénie civil et le Génie militaire aussi bien qu'unpalais ou une église, le Maître des OEuvres devaitsavoir construire un pont ou un château fort. C'estmême son rôle de grand-maître des fortiflcationsqui l'absorba le plus, quan'd la guerre suffit âépuiser le trésor des ducs, et devint leur préoccu-pation constante. Il se présente donc â nous commeun ministre des travaux publics, chargé des bâti-ments civils i religieux et militaires, tout en se dis-tinguant de nos ministres modernes par plusieursdifférences importantesque Von appréciera plus loin.

Quoi qu'il en soit, il est le chef et le rouage prin-cipal d'une véritable organisation des travaux pu-blics régulièrement constituée; aussi m'a-t-il semblê.que cette organisation rentrait naturellement dansle cadre de cette étude. La part La plus large une foisfaite au rôle et aux fonctions du Maitre des Œuvres,nous passerons en revue ses auxiliaires et ses subor-donnés, la manière dont sont contrôlés les travauxqu'il ordonne, la comptabilité relative à ces travaux

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une place sera ensuite donnée à leur oeuvre ardu-tecturale, à quelques-uns des édifices qu'ils ont des-sinés et fait cdever; enfii viendra:, avec chacun desnoms de Maitresque nous avon pu relever, l'ensembledes documents qui y sont relatifs.Pour le plus grandnombre des Maitres, ces renseignements ne jette-ront sur leur carrière que des lueurs trop rares etséparées par de trop longs intervalles, pour qu'onpuisse se faire de cette carrière une idée exactepour quelques-uns du moins, ils permettront de sereprésenter assez fidèlemint leur vie depuis leur en-trée en charge, et de voir combien cette vie étaitparfois surchargée d'occuiationè de toutes sortes.

Étudier l'organisation du service des travauxpublics et spécialement la charge des Maitres desOEuvres, sous les ducs de Bourgogne de la deuxièmerace, tel est donc l'objet de ce travail. Pourquoi, sedemandera-t-on peut-être, choisir cette époque pré-cis&? Ces ducs n'ont-ils pas trouvé à leur arrivée enBourgogne une organisation déjà en vigueur, ou dumoins n'en existait-il pas dont ils pussent s'inspirer,établie soit par les rois de France, soit par quelquehaut baron? Assurément ces précédents et cesexemples ne Leur manquèrent pas il n'en est pasmoins vrai qu'en raison nième de l'importance desconstructions qu'ils se proposaient d'ordonner, ilsont établi le service des travaux et bâtiments publicsd'une façon régulière et stable dont on ne devait pastrouver beaucoup d'exemples à cette époque.

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Il est difficile, en l'absence de documents suffisants,de comparer ce service complètement constitué aveccelui qui fonctionnait sous les ducs de la race capé-tienne. Bornons-nous à indiquer ce qu'était au moyenâge le Maître des OEuvres. et â quelle époque il étaitdevenu le haut fonctionnaire dont nous avons soni-niairement donné l'idée.

Le titre de Maître d'OEu'res, magister opens ouoperum, s'applique depuis l'époque de la constructiondes églises romanes jusqu'à la Renaissance, à l'ar-tiste qui faisait les plans d'une construction et endirigeait les travaux. C'est ce titre (tue portèrentRobert de Luzarches â Amiens, Hugues Libergier etRobert de Coucy à Remis, Pierre de Chelles etPierre de Montereait à Paris, tous les artistes célè-bres qui ont contribué à élever nos grands édificesdu moyen âge.

Ce que l'on sait de leurs attributions, de leursobligations, de leur salaire, est fort peu de chose.

Il est certain cependant qu'à sa profession (l'ar-chitecte, le Maître d'OEuvres des XI', XII' et XIII'siècles joignait celles d'entrepreneur, d'ingénieur etde sculpteur, qui n'en étaient pas distinctes, commele prouve l'Album de Villard de Honnecourt (1) ; ilcomposait à la fois des oeuvres d'architecture, desmachines industrielles, des machines de guerre, desmeubles et des oeuvres de statuaire. Nous retrouveronsce caraetSe, comme je l'ai déjà laissé prévoir, chez

(1) 3diLà par Lassus et Darcol. Sur Libergiei', Bohort deCouoy, y - Notice sur te Labyrinthe de l'Église de Reims, parLouis Paris, BeUt. monum.. t,22, p. 545, 547, 548. etc. Les archi-tectes de ta Cathddrale cl tic UHt3IeI -de-Ville dc Reiu,.ç, par kcomte de Marsy, même collection, t. W. p- 48. -

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250LE MAÎTRE DES OEUVRES

les Maîtres bourguignons du XIVO et du XV'•sicle;c'est une preuve que les ducs de Bourgogne, en défi-nissant leur charge, se sont bien conformés t l'idéequ'on se taisait depuis des siècles de la nature deleur profession.

On peut affirmer aussi que les Maitres du moyen-àge étaient toujours désignés pour chaque construc-tion déterminée, et si leur titre semblait souventavoir le cairactére d'une dignité perpétuelle, ils pa-raissent n'avoir été qu'assez tard pourvus de véri-tables charges. Ce n'est qu'à la fin du Xiii' ou aucommencement du XIV O sitcle, que des rois ou desgrands seigneurs prirent certainsd'entre eux à leursgages pour des services permanents, de façon à Sfaire de véritables fonctionnaires (1).

En tout cas, c'était une transformation accomplieà La Cour de France en 1320, puisqu'à cette datePhilippe le Long fit une ordonnance dans laquelle,reconnaissant combien étaient onéreux pour le Tré-sor les gages et pensions des Maitres des OEtwres, illes retira à la plupart; il ne laissa subsister quequelques-uns de ces officiers, entre lesquels il établitdéjàladistinction qui deviendra fondante n tale enBour-gogne un demi-sièclepius tard, la distinction de Maitredes Œuvres de maçonnerie et de charpenterie (2).

(1)Peut-être est-il permis de penser qu'en 1287. ]Lie,LI1e deBonneuil, qui travailla k N-D. de Paris. était Maure des(]Îuvres dit Roi. puisq nil eut besoin du congé on forme decelai-ci, pour aller bâtir en Suède la cathédrale dupsal (Lettrepatente de la Prévôté de Paris. reprodtdle clans lu Diplomate-rium. Suecan'um, Stockholm, t. 2, p.

(2)Ordonnance faite k :Pontoise le 15 juin 1320 (Or" des Rotsde Fiance, Secousse, etc., t. t, p. 715).

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On ne retrouve pas, vers k milieu du XIVe siècle,d'autres actes du pouvoir royal relatifs à ces fonc-tionnaires; mais on ne peut douter qu'ils aient con-tinué à exister sur les terres de la Couronne car ilssont mentionnés maintes fois, à cette époque, clansles registres des villes et des bailliages (fl.

Il est également certain que les dues de Bour-gogne de la race capétienne avaient des Maîtres desŒuvres à leurs gages (2), et l'on constate qu'ils cm-ployaient la même méthode que leurs successeurspour le contrôle des ouvrages, méthode consistantâ les faire visiter par des personnages autresque les Maîtres, et souvent étrangers aux travauxd'art (3).

1) Jean Atahours ou Auxtahours était Maître clos OEuvres duRoi ait tic Mantes, en 1315. Ut' autre du 015,0e no]''.Probablement son fils, l'était ai, bailliage de Rouen, en 137k(l3eau(51 'ai) -

En 1417, Jelian Laosart, --maître des Œuvres du Roi dans lebailliage de Màcon, répare le pont de coite ville, dont unearche s'était écroulée tlot Jean C rocl,at. Bob. de MA cou.1416-17, Aruli. munie,, do Màcon). il visite avocles échevins lesfortificalio,is dc la ville, l0,? janvier i4t20, « appelé avec euxlobai, Lansart, 1\1 os t "e des (Envies en oeste Bailliage Pour leBoy oestre sire.. . s (C" de Gasle:lliei'. fclwvin, Archives de'VI A conl -

(2)La mention suivante 1G" do Dimanche Vitel, 1859-60, Arcli.du la CMe-d'Or, B. 108j suffit le prouver « Jelian de Saint'Julien. ,naisLro charpentier' lu duché do Bourgogne. (le 4 selsqu'il percevait par jour, néant parce qu'il a laissé son officeet qu'il est allé â Chalon où il est mort, -

(3)A Jelian do Semur t prosl,'e. commis pour la ,'isitation desoeuvres do Bourgogne, pour ses dépenses à Montreuil, en visi-tant les oeuvres du cl,asLel . I sol (C" dit de lllaizv, Areli.de la Côte-d'Or, 13. 1398).

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il

Il serait naturel de penser que le service des bâti-ments et travaux publics, auquel te duc Philippe leHardi donna tant d'importance, fut tout entier sousla direction d'un seul homme, architecte d'un méi'itereconnu, et investi de la confiance du souverain, quieût commandé aux Maîtres des Œuvres eux-mêmes.On n'en douterait plus si l'on se bornait â consulterla Chronique des Chartreux (1), manuscrit rédigé ausiecle dernier, probablement par un Chartreux deChampmol. Cette chronique rapporte en effet que, le10 février 1383, Philippe le Hardi retint Drouhet deDampmartin comme « Maistre général des%s oeuvresdans tous les pays ;, aux gages de S sols pariaispar jour. Malheureusement ce titre supérieur ne seretrouve dans aucune des pièces du temps.

Un état des officiers de Philippe le Hardi (2) nousdit simplement que Drouhet deDampinartin fut retenucomme e Maistre général des oeuvres de maçonne-rie D. C'est sous Se dernier titre que son lieutenant.Symon Dubois, le désigne dans une quittance du 16janvier 138687 (3). Or, il est probable que ce titre

(1)Bibliothèque des Arr,Ii. de la Côte-(1'Or, n' 13S.(2)BibI. nationale, coi). Bourgogne. y , 22, fol. 32(3)Quittance dc 16 traites pour fourruture de plriiib destiné

aux cheminées de la garde-robe du château de Rouvres « etje. Syrnon Dubois, lieutenant de ivlaistre Drouhet de Vamp-,nartin. Maistre général des Œuvres de maçonnerie de Mr leDuc, certifie.....» (Areli. de la CAte-d'Oi', liasse intitê e Nait,-esdes Œuvres).

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luimôme ne comporte pas une dignité plus grandeque n'en aura plus tard le simple Maître des Œuvresde maçonnerie, et que l'épithète de général ne faitque marquer la situation privilégiée c6nMMe pï' leduc au titulaire, au-dessus des autres architectes etentrepreneurs du duché. En effet, Drouhet de Damp-martin certifiant avec Jacques de Nuilley, le 27 oc-tobre 1396, une quittance (1) pour fournitures desti-nées à Champmoi, s'intitule simplement, comme cedernier, Maître des OEuVres de maçonnerie, dom-ment ce grand artiste, auteur des plans de la Chartreuse, aurait-il perdu ainsi de sa précédente dignité?Ce qui rend encore plus improbable là prééminencedu Maître gênera[ des OEuvres de maçonnerie, c'estque l'on trouve, en même temps que Drouhet, unautre architecte portant ce dernier titre et pourvudes mômes gages de 8 sols parisis par jour NicolaBonnevaine (2).

Pour en revenir ii la fonction de Maître généraldes Œuvres de tous les pays, on peut conclure qu'ellen'a très probablement existé que dans l'imaginationreconnaissante du rédacteur de la

1 Chronique des

(1) Quitlance reluise par PerrenotBerhizev. de Dijon, fi

Maint Arnaud. « -. - par ffiarel,ié fai et par 'uni à ivIestre Drou.lie de Dam p,uartin. et fi ?vfesl.ro .1 arques de Naillev, illassons;Mestres des Œuvres de Maoune,ic (le ?.hl ......- Et nousDrouhet de Datnpniartin cl jar4jues rie Nui 1:1ev, susnoh,,Tnéscertifions e" vérité.... . (Gril, Catiat de Chizy).

2) BibI, mit.. Colt. Bourgogne, 1. 22. Ittat des Ofliciersde phi-lippe le Hardi.

Un MaUre les Œuvres de eharpenterie. Geoffroy de Saint,3lartin, est désigné tantôt oonune Maitre (Ai-ci). CMedOr,i\Uitre des OEuvresl. tantôt cô,nr,,e Maitm général (l3ilil. net .,('oil. Bourg. t. 22, fol. fi, tat des officiers).

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Chartreux, naturellement porté à exagérer les digni-tés de l'architecte du superbe couvent de Champmol,et dont l'erreur peut s'expliquer par l'époque où ilécrivait, bien éloignée des événements qu'il raconte.

*4*

Le service des travaux et b&iments n'ayant pasde chef suprême et unique, était dirigé par plusieursMaîtres des OEuvres, les uns chargés des plans et dela surveillance de la construction en pierre, les au-tres de la charpente et des ouvrages de bois: Maîtresdes OEuvres de maçonnerie et de charpenterie. Cettedistinction, qui remontait à une époque bien anté-rieure à celle qui nous occupe, était toujours obser-vée, et les deux charges bien rarement réunies surla même tête ; nous n'avons trouvé qu'un Maître àla fois maçon et charpentier, c'est Philippe Mideauencore n'exerce-t-il sa double charge que dans lecomté; dans le duché, il n'est que Maître desŒuvres de maçonnerie (1). C'est qu'en effet, commenous le verrons, il existait deux services distincts,l'un dans le duché de Bourgogne, L'autre en Fran-che-Comté : par là s'explique que la charge deMaître des Œuvres de maçonnérie et de charpenterie

(1) Plu ippc Mîdeau, retenu par Mi' et pat « lettres rail--tes, données à Troyes, le H, jour d'Avril avant Pâques, mil ITT!'et XIX, Maistre de ses OEuvres de Maonne.rie, en son duoliido Bourgongne et 'Maistre de ses OEuvres de Maço,inerie et (leCharpenterie en son cotutA de Boargoagne, aux gaiges, pen-sions, profits et hiioIuine,its acceutumôs ï. (Reg. de )a Cli. dhsComptes, loi. 131). Arch. de la Côte-ilOr),

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EN BOURGOGNE. 255

ait eu presque toujours deux titulaires en nitimetemps. Enfin, il va sans dire que les provinceséloignées, telles que la Flandre et le Hainaut avaientdes Maîtres des OEuvres particuliers qui y résidaientconstamment. Quoique nos recherches aient dù seborner à la Bourgogne, nous mentionnerons plusloin quelques-uns de ces Maures dont les noms ontpassé sous nos yeux.

Le Maître des OEuvres étant un officier ducal iip-portant, sa nomination devait être faite par lettres-patentes, signées du duc en personne; lorsque celui-ci se trouvait loin de. Dijon, et qu'il était urgent depourvoir à une charge devenue vacante, la duchesse.ou quelquefois même un trésorier ducal, pouvaitdonner des lettres-patentes provisoires, qui devaientêtre de toute nécessité confirmées parle duc (1).

Pei-rouet de Ci' assi go cy fa L 11011111V% lvi ai tre des Œuvresi-es il r,charpenterie pour lit aol é en 140d (1' Reg. de la Ch. des C t"( etPierre de Villers en 1405 polir le cou' té (B. cal., (toi!. Bon g..vol 2_5). Ils exerrérejit en nlé,,ie temps. Il y a beaucoup lan-lies exemples de re lait.

(t) Prerniére nomination (le Philippe Mideau.s Philippe Mideau, demeurant à Dijon, coini p iis par M-d. la

Darliesse et par lettres patentes données le XXIII' hiui (lemars inil 1.111 , et XIJ.t, Maistre tics (*uvres de Maonnei'ie del\J" en ses dueh ié et Coudé rie Bourgouigne, au lieu de feuM .1 elian Bourgeois cL par nianiére de provision jusques ici ceque liai' T'! . y fut aultrentent ordonné, fit le seniient requis parlesdites JoUies ès iii alus de M des Conipies le dit j ou r. M" le Duc(te Bourgongne par ses lettres patentes données à Gai, .1 leXX1X jour d'Avril nul 111F XlltI confirme les lettres de T'iacF"cL de nouvel ordonne et institue ledit. .PhiI. Mtdeau Maistre deses OEuvres en ses dachié et comté de 13". Et cii a fait le 5cr-

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256LE MAITRE DES OEUVRES

• Le nouveau dignitaire était requis de prêter à brefdélai serment entre les mains de Messieurs de laChambre des Comptes, qui le mettaient en posses-sion de son office, et constataient ensuite cette inves-titure sur leurs registres. C'est ainsi, qu'en 1439,Nicolas Petit a fait te serment ès mains de MM. des

Comptes après ce que décemment et par gens« notables ont este acertenez de la , souffisance et« .cognoissance que ledit Nicolas a éz ouvraiges (le

massonnerie. et par vertu desdites lettres n été miso en possession dudit office aux droits, gaiges, prouf-• fits et émoluments qu'y appartiennent • (1).

Cet acte fait 'mention d'une sorte d'enquête sur tacapacité du nouveau Maître, enquête de pure forme,puisque 'le duc avait déjà manifesté sa volonté, etdont, du reste, on ne trouve pas d'autres exemples.

Conformément A une coutume usitée pour nombrede fonctionnaires dans l'ancienne France, le Maîtredes OEuvres, lorsqu'un duc était mort, recevait dunouveau souverain une nouvelle et solennelle nomi-nation. Il devait alors prêter serment devant laChambre des Comptes, qui lui remettait officielle-nient sa charge, comme la première fois (2).

ment ès «nains do MM' les CLOS le (larrier jour de juillet en sui-vant (b Reg. (le la Cil. des C", fol. 114).

Confirmation analogue pour la nomination 'I e Pi clic de Vit-)ers, faite par Jean Chousat, trésorier de Dole, en 1400 (B. rat.,cou. Bourg., vol. 24. fol. 01, y').

(1) 1" Reg' de ],a des Comptes, foi. 224, v'.(2)Jean Bourgeois, fait Maure des OEuvres de Maçonnerie pal

lettres datées de Bourges Je 7 Avril 1898 11. rat., col]. Bourg.,vol. 28, foi. 24), est nomn,ii de nouveau le 10 décembre 1404, parsuite de 1avéneir,ont de Jean sans Peur: « .Ielian Bourgeoisn'assoit, clerreorairt à Dijon, roceu (le nouvel en Maistre des

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EN nouftÔoera:. 57

La nomination d'El. le Tascheret comme Maîtredes Œuvres de charpenterie, le 17 juillet 1438 (1)porte que ce Maître a été mis en possession de sonoffice o aux droits, gaiges, prouffits et émolumentsaccoustumée, tant qu'il plaira a me • et il paraitbien que les ducs ont usé, une fois au moins, de cedroit de révocation que leur réserve la Chambre dsComptes: Jeoffroy de Saint-Martin, Maitre des Œuvres de charpenterie au comté, fut suspendu do sesfonctions, puis rétabli par la suite (2) sur la requêtedes gens des Comptes.

Nous n'avons pu, du reste, relever qu'un fait de cegenre; un Maitre des Œuvres avait toutes chancesde rester sa vie entière pourvu de sa dignité. et lenominations portent presque toujours que te Maîtreremplacé est. défunt.

Mais rien ne s'opposait à ce que l'on désignât d'a-vance le successeur de tel ou tel Multre en exercice,et même qu'on le mit immédiatement en possessionde sa charge : en un mot, le système des survivancesa été admis et pratiqué par Philippe le Hardi et sessuccesseurs

OEuvres de inassonnerie par lettre de TUer donnée le X de Dé-cembre mil CCCC et 1V a fail le serment dudit office ès mains(le TUM. des Cie le X' jour de Janvier de l'an dessus dit, qu'ilsont mis en possession du dit office par la tradicion desditeslettres(1.r Beg. de la Cl,. ries C", fol. 9).

Autre exemple pour Perrenot de Chassigney (r. les documentssui , ce Maître).-

(1) ter Reg. de la Ch. des C", foi. 224.(2)Voir les locuinents sur ce Maure, 22. Novembre 1398.(R) Nous en avons deux exemples (mutiner Menestrier, qui

fut nommé l\iait,-e des Œuvres de charpenterie après la mortrl'Et. le 'I'ascheret, le 6 Aocitl454 (B. nat., coll. Bourg", t. 9

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258LE MAÎTRE DES OEUVRES

A quelle classe de la société appartenaient, engénéral, les Maitres des Œuvres? Étaient-ils recru-tés parmi de simples ouvriers, d'une habileté recon-nue, mais travaillant de leurs mains, ou occupaient-ils d'ores et déjà la position plus élevée d'entrepre-neurs ou d'architectes dirigeant un certain nombred'ouvriers ? II est parfois fort difficile de le dire,attendu que dans les comptes antérieurs à leur nomi-nation, ils se qualifient souvent de simples maçonsou charpentiers, dénomination modeste sous laquellese cachent de véritables artistes.

Drouhet de Dampniartin et Jacques de Nuilley,pour ne citer que deux d'entre eux, deux architectesremarquables, dont l'un devait élever la Chartreusede Champmol, et l'autre une partie de la Sainte-Chapelle de Dijon, se qualifient humblement demaçons, lorsque Philippe le Hardi les met à la têtedes travaux considérables qu'il ordonne (1).

Probablement, la plupart des futurs Maître s (e-valent cbmmencer par travailler de leurs mains,puis la supériorité de leur talent les élevait au-dessusdes autres ouvriers, et leur permettait . de se consa-

fol. 14), avait reçu la sun-iva000 le 20 Août 1443 (W., fol. 22).C'est pourquoi il apparait comme Mathe des OEuvres dans linconpte 1e 1417, rapporte par M. de Labordo (Les Ducs de Ilont-flO9?1C, Preuves, t. 1, p- 391).

Jelian de Mnisterot, 7M, clos OEuv" de may", qui sui%iVda àNicolas Petit, le 19 Mai 1458 (1311,1. naL, roll. Bourg". y . 29,fol. 160}, avait la survivanec ai, moins depuis 1441, puisque, àce_tic dal e. oS, il se fait adjuge, la maçoime,'ie du tom lieu,, dej ean-sans-Peur, il poile €lAjd son titre (Arcli . de la Côte-riO,-,3. 810, Ch. des C'").

(1) V. Documents sur ces ?daitrcs û ht suite de ce travail,

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crer tout entiers à la partie intellectuelle et anis-tique de leur métier, de faire oeuvre, en un mot, nonplus de maçons ou de charpentiers, mais d'archi-tectes.

C'est bien telle que semble avoir été la carrière deDemoingeot Gauthier, nommé Maitre des OEuvresde charpenterie en 1434, qui travaillait en 1415 avecson père, « chapuis comme lui, aux constructionsde l'hôtel des ducs à Dijon (1) ; qui en 1417 fut reçujuré charpentier de la ville '2), et qui, en 1424, setrouvait assez en vue pour aider Pierre de 'Chassi-gney, auquel du reste il succéda, à faire des marchésde fournitures, sans que rien, dans la quittance,vienne distinguer l'officier ducal de son compagnon(3).Ajoutons que neuf ans avant d'être nommé Maîtredes Œuvres, Jehan Bourgeois, travaillant à laSainte-Chapelle de Dijon, dirigeait déjà plusieursmaçons qu'il appelait ses ouvriers (1387) (4). T) sem-ble bien avoir fait partie de cette classe d'entrepre-neurs et de chefs d'atelier, appelés Ouvriers desLEuvres de M°' le Due, dont nous parlerons plus loin,et parmi lesquels on recruta souvent les Maîtres desŒuvres.

Pour connaître la situation, tant honorifique quepécuniaire des Maîtres après leur nomination, l'étude

(1)Arch. de la Côte-d'Or, B. 111166, fol. 41 et 54.

(2) Ibid., B. hifi, fol. 68.-(3) 4 Février 1424. Prix du bois vendu « par inarchié fait

avec Maistres Perrcnot de Chassigney et,Detnoingeot Gauthier,charpentiers, pour être CD1pIOYP,S k la façon de l'oratoire debois que M" le Duc n nouvellement fait faire en sa chapelle(Cou. Canut de Chizy).

(4) Coll. Canai de Chizy.

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260LE MAÎTRE DES OEUVRES

de leurs fonctions et de leurs émoluments, danslaquelle nous allons entrer, est absolument indispen-sable. Disons dès â présent, que leur charge n'estpas de celles, assez nombreuses en Bourgogne, quiprocurent â leur titulaire l'exemption des iïpôts.Les demandes en réduction de taxes et d'imposi-tions que l'on rencontre en foute dans les registresde la Chambre aux Deniers de la inunicipatité deDijon (1), le prouvent surabondamment. Devant l'étatde pauvreté, de misère même, dans lequel doivent setrouver Les auteurs de quelques-unes de ces requê-tes (2), et malgré l'exagération inséparable de cessortes de suppliques, il faut bien reconnaître que, sila charge de Mettre des Œuvres .conférait des lion-neurs, elle était loin [l'assurer â ses titulaires unesituation opulente.

Comme nous t'avons dit au début, le Maitre desŒuvres ,est avant tout un architecte, et dès lors safonction principale consistait à fournir les plans etles devis des édifices à construire. C'est ainsi que lesDrouhet de Dampmartin. les Jacques de Nuiltey, lesNicolas Petit ont une place marquée dans l'histoirede l'art en Bourgogne, à côté des Sluter, des Clausde Werwe et des Le Moiturier; et combien il fautregretter que rien ne nous soit resté des oeuvresd'architectes éminents, comme le devait être Gau'thier Menestrier; jugé digue de fournir des plans

(i} Areh. municipales de Dijon, série L.(2) Philippe Mideau, par exemple, qui, on 1431, se dépeint

coinfli e « un po vre Iioins, n'ayant «iii maison ne huron, ne le-venus queixconques » il « ne ,nenne marchandise quel-

conque dont il puisse avoir sa povre vie, sinon é son mcsUer,quiiy est detrès petit proufllt (Areh. deflijon, série L., L 640).

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EN- BOIIR000NE., 261-

pour des édifices à construire â Bruges, au centred'un foyer artistique alors si intense! (1)

Il nous est facile, avec les documents assez nom-breux qui ont subsisté, -relatifs â la Sainte-Chapellede Dijon ou â la Chartreuse de Champmol, de nousreprésenter la marche suivie pour la construction dequelque grand édifice. On y voit sans peine l'impor-tance du rôle qu'y jouait le Maître des Œuvres et lesdifficultés de sa tâche.

Lorsqu'une oeuvre était résolue, un mandementdu duc venait ordonner les travaux (2). Dès lors leMaître des Œuvres restait responsable de -tous lessoins qu'exigeait sa charge et avait le champ librepour les plans d'ensemble. aussi bien que pour lesdétails- Aucun contrôle, semble-t-il, ne venait l'en-traver, et le duc n'intervenait de nouveau par sesmandements, que lorsqu'il s'agissait' d'apporter denotables changements aux projets primitifs.

C'est au Maître qu'incombait le soin de traiterdirectement avec les fournisseurs pour les matériauxet approvisionnements, et avec les maçons et lescharpentiers pour les ouvrages particuliers. C'est engénéral par marchié faict avec lui, que les maté-riaux sont fournis et les travaux exécutés. On trouve

(1) « A Maistre Gautijier Mene5trier, Maistre des OEuvres decharpenterie en Bourgogne ..... pour son salaire d'avoir faictaulcuns patrons de certains ouvraiges de charpenterie que Msral'intencion de faire à Bruges et â Dijon, XL francs Ami.. (leLille, rapporté pal' M. de Lahorde Les Ducs de Bourgogne;Preuves, t. I, l' 891).

(2) Lettres de 13 pour continuer 3a Sainte-Chapelle, trans-crites dans le compte de Guillaume de Ohenilly (Arch de laCôte-d'Or, 13. 41129).

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262LE MAÎTRE DES OEUVRES

cependant quelques exemples de travaux et fourni-turcs accordés au rayai, c'est-à-dire par adjudication:Pierre de Villers. Maître des Œuvres de charpen-terie en Franche-Comté, certifiant en 1410 une quit-tance pour réparation ait de Gray, déclareque les travaux ont été donnés « ait ravalausen ta manière qu'il appartient. après les cris et sub-hstations sur ce faictes par trois fois au marché deGray i (1).

Pendant l'exécution des travaux, le Maitre desŒuvres était tenu d'en faire fréquemment la « visi-tation , son contrôle devait même s'étendre auxmoindres détails, puisqu'aucun ouvrage particuliern'était payé sans que le Maitre n'ait déclaré l'avoir« mesurié et tauxé (2).

(1) Arc],. de la Côte-d'Or, Maîtres (les (*uvres.Les travaux de maçon nelie du tom] 'cals le Jean sans Peur' et

de sa femme Marguerite de .l3aviôre, furent adju gés I Jean deM onsterot lui-même, M aitre tIcs OEuvres de maçonnerie, Cilsurvivance de Nicolas Petit Jean (le Monsterot agissaitalors comme entrepreneur; le service du duc ne s'y opposaitpas. - Mais les choses ne se passârent pas très régulièrementdans cette circonstance, puisque les travaux furent organiséspar la Chambre des Comptestes o]] e- u 'lie, e t lion lier NicolasPetit, Mail re en exercice. « Nous avons fai et savoir aux li, aiOh) sCL gens que espârons que seussent Ijesoiguer en pierres de inar-bre, qu'ils meissent A. pris la massonnerie dudit marbre, ce (luia été faict, et est la marchandise demeurée à Girard des Frûresillineurs et à Maistre Jehman de ?,lonslerot, -Maistre de nos'i3iivres de massonnerie de par cleça, Commis au plus raya-Mot.. (À pci,. de la Cèle-d'Or. 13. 310, Cl,. des 0- : rapp. parM. Clial,euf seea', de la Huerta..... Mémoires de l'1lcad. deDijon, istrn-oij.

( 'routes les phases précédentes sont assez exactement ce-tracées dans le compte suivant - r Payé 20 francs à Jacques

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EN BOURGOGNE. 263

Le Maltre des OEuvres, de maçonnerie visitait labâtisse eu pierre, le Maitre des Œuvres de charpen-terie, [,a et tous les ouvrages en bois,môme les plus délicats, car La menuiserie est dansses attributions, et nulle part on ne voit de Maltresdes Œuvres de iantbroissc;-ic. Du reste; â cetteépoque, on traitait de charpentiers des ouvriers quifaisaient uniquement de la menuiserie (1).

Lorsque La construction était terminée, Les Maitresla visitaient avec soin, examinaient si tout étaitconforme aux Œ traicts, moles, fourmes et patrons »,puis laissaient la place au visiteur des ouvrages, (luireconnaissait le bâtiment dans son ensemble, et enfaisait la réception au nom du duc. Nous retrouve-rons plus loin ce fonctionnaire.

Si la direction et le contrôle des travaux sem-blaient réservés plus spécialement â l'architecte quien avait fourni les plans, celui-ci n'en gardait cepen-dant pas toujours la responsabilité entière on luiadjoignait parfois un ou deux de ses collègues, dontl'autorité s'ajoutait à la sienne, et qui formaient

de Nuilley sur ses journées qu'il a vacquées ci vacquora es dizouvraiges ('le la Sainte-Chapelle), tant au faire les patrons cltailler les roules de la maronnerie rI'iceuh, comme pour lesfraiz et topons de plusieurs ouvriei'S de maçonnerie estrangiersqu'il s falot, venir à Dijon pour leur montrer les diz ouvraigeset iceux mettre â pris lesquels il s pavés, et pour visiter ieeulxouvraiges s ( C" de Ciimfll. de Ghenilly, B. 4-iiI)'apporté parM. d'Arbaumont, 31dm. de I.aconm-vrission• des A'ntiq. de la Côte-d01, t.. V], p. 75).

(1) Comme TImonias de Sombrusse, 3l.aitre charpentier desmenus ouvnges le i\F'', qui, avant dèlme i\'la.it,'e (les OEuvres,faisait pour le duc des meubles, des portes... (V. Notices bio-graphiques). -

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284LE MA1TRE DES OEUVRES

avec lui une sorte de commission d'experts. Ainsi,Pierre de Chassigney, chargé des ouvrages de boisde la Sainte-Chapelle de Dijon, reçoit l'aide et ]esconseils de Hugues d'Augnay (d'Ausnoy ?) et dePierre de Villers, également Maltres des Œuvres decharpenterie 1411 (1) et Jehan Bourgeois, qui avaitsuccédé â Jacques de Nuilley dans la direction de lamaçonnerie A la mème Sainte-Chapelle: y visiteen 1401 les travaux en compagnie de Hugues d'Ans-noy et de Gilles Laigue; ce dernier. MaUre desŒuvres de maçonnerie en Artois (2).

Faire les plans et devis d'un édifice majestueux,c'était là la partie, artistique et brillante de l'emploi;mais le MaUre avait aussi des attributions plus mo-destes, quoique n'exigeant pas moins de peinetait la visite de toutes les réparations faites dans lesdifférents domaines des ducs, si peu considérablesque fussent ces travaux (3). Les MaUres partaient âcheval pour de lointaines tournées, escortés de leursvalets, et mettaient parfois plusieurs jours à fairel'un des trajets seulement c'est ce qu'ils appelaientt chevaucher pour [es besoignes de Monseigneur- et quand on songe â l'étendue de leurs circons-criptions, on se rend vite compte qu'ils devaientêtre sans cesse par voies et par chemins. Nous ver-

(1) Arcli. de la Côte-fi Or, C' de :Haoiil Gombaud, passim.,13. 4420.

2) ibid.(8) En I7, Belind'Acluinonco,irl va de Dijoiiil chaussin

visiter ci la chassant do la pûrle du chastel, Cil piiiï (le eheoirpour cleffa.ut de fondement des ilini-so À cli, de la Côte-d 'Or, (',"de Cliaussi ii, 13. 4178). On pourrait citer 11110 O uJ ii ladresexemples (V. Documents surjes Maîtres).

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rohs quand nous nous occuperons de leurs gages,qu'ils étaient payés en raison de ce surcroît de labeuret que leurs déplacements leur étaient comptés àpart.

Nous avons dit, en commençant cette étude; quedans le Maître des OEuvres, l'architecte se doublaitd'un ingénieur. En effet, sur eux et sur eux seuls,retombaient la construction etlaréparation des ponts,chausséesetfortifleations, ouvragesquinécessjtentaesconnaissances techniques spéciales, mieux que cela,une véritable science (1). Aussi les ducs faisaient-ilsleurs efforts pour attirer près d'eux les hommes donton vantait l'habileté comme ingénieurs ou construc-teurs-mécaniciens, sentant bien quels service pour-raient leur rendre ceux-ci une fois investis de ladirection des ouvrages. C'est ainsi qu'en 1431, Phi-lippe-le-Bon enleva au duc de Lorraine un charpen-tier de Metz, Pierre Arondel, qui avait là réputation

(1) Gitons la construction du pont de Gbalon-sur_saône,et laréparation de celui de Mâcon. par Guillauinè de Saint-iarc,dont on ne peut affirmer qu'il ait été Maître des OEuvres, quoi-que ce soit bien probable, vu sa rtiputation et le haut prix donton payait ses services, - 40 sols par visite à Mr.con - (Arch.muni& de Mâcon, 11tg. de Guyonuet Bescliard, 1434).

Quand à la compétence des Maîtres des -OEuvres on matièrede fortifications, elle est établie par des preuves nombreuses,Prenons-en une au hasard une lettre patente de Philippe-le.Bon, relative à la construction d'une muraille entourant lebourg de Saint-Jean-de-Maise1-lesclajonss O rdonne auxofficiers du duo d'établir • « gens experts et suffisants purvacquer et entendre à faire faire ladite fortification de mu-raille en la clôture et circuit dudit bourg, selon ce que «ici etdevysé est cy-dessus, appelez les ?daistres des OEuvres de, Dons.sonnerie et aultres gens en ce eognoissnnts (Bibi. munie. (leGlinlon. La y . O, carton 1, liasse 1, cotte 2y

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266LE MAÎTRE DES OEUVRES

de construire de merveilleuses machines après luiavoir commandé, pour éprouver son habileté, unmoulin de forme nouvelle. moulin qui fut bientôtconstruit, et dont le système ingénieux fit l'admira-tion des Bourguignons, Philippe lui donna la chargede Maitre des OEuvres de charpenterie (1).

La situation officielle des Maîtres des Œuvres,leurs fonctions permanentes rétribuées par les ducs,ne les empêchaient pas d'accepter assez souvent ladirection de travaux entrepris par les villes ou lescommunautés religieuses,- direction qui leur étaitconstamment offerte, en raison de leur haute compé-tence et de leur habileté reconnues. Lorsqu'ils n'a-vaient pas un besoin pressant de leurs services, les

- ducs les laissaient se livrer à ces occupations étran-gèresaux devoirs de leur charge. Aussi. à Dijon, leMaitres continuaient-ils, après leur nomination. àfigurer sur La liste des jurés dressée tous Les ans parle Vicomte-Maïeur, tantôt comme jurés maçons oucharpentiers, tantôt avec le titre de juré visiteur desouvrages de maçonnerie ou de charpenterie. Citonsdans le nombre, Dernoingeot Gauthier (2). Jean deMonsterot, qui fut employé au nivellement du coursde Suzon, dans sa traversée de la ville (3), PhilippeMideau, qui travailla plusieurs fois aux fortificationsde Dijon (4), et qui, en 1431, dans une requête en

(1)Areli. de la Côte-d'Or, C' de Mahieu Regnault, 11.81.(2)Arcli. de Dijon, B. 149, fol, 68.(fl) Arc]i. de Dijon, voirie.(4) - « À .Phil. 1\lidoau, Maître des (Euvres de 1ua&o'ukerie

du duo, pour M pierres pour veuglaires (projectiles pour jar- -tillerie), diilivrées à la ville: 2 francs (C" de .1. flabustel, roc_des deniers de la fortific., 1432 arch. de Dijon).

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réduction d'impôts, déclare qi'il g est comme tousLes jours occupé pour les besoingnes et affaires (le taville, et encore fera de bon cuer toutes fois qu'ilvous (I) plaira et que besoing sera (2).

Nous avons parlé plus haut des circonscriptionsterritoriales auxquelles se limitait la compétence desMaitres des OEuvres. Nous ignorons si ce circons-criptions existaient avant l'avènement des ducs dela race de '.'alois. En tout cas. Philippe-le-Hardi dutreconnaitre bien vite que l'étendue de ses possessionsne lui permettait pas de confier à un seul homme ladirection des ouvrages de pierre ou de bois dans cetimmense territoire. En effet, dès ic milieu de sonrègne, on trouve une division nettement établie, à cepoint de vue, entre la Bourgogne et ta Franche-Comté, entre le duché et le comté (3); nous ne parlonspas des provinces lointaines, comme l'Artois ou leHainaut, pour lesquelles existent déjà, ou existerontbientôt des maîtrises spéciales (4).

Dés 1386, le duché et le comté de Bourgogne ontchacun leurs Maitres des OEuvres de maçonnerie etde charpenterie, et si parfois un de ces fonctionnairesétend sa compétence sur tes deux provinces, cette

(1) MM. de la Chambre aux Deniers.(2) Areb. de Dijori, série L,.

(3) Le 3 niai 1380, Geoffroy de Saint-Martin est nomméMaure des OEuvres de ehampenterie du comté (Areb. (le la Côte-(FOr, Maitre des OEuvres).

4) En 1403, Giles Jargent est Maître des (Euvres de ma-çonnerie du Duc en Artois (Drouet «Arc3', Doc" relatifs aurègne de (,harles VII, 2, p. 162).

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268LE MAÎTRE flES OEUVRES

situation est formellement spécifiée dans son acte denomination (1).

Il semble bien qu'en raison des incessantes etlongues tournées auxquelles étaient astreints LesMaîtres, aucune résidence officielle ne leur était assi-gnée. Cependant pour lès Maîtres du duché; Dijonétait un séjour tout désigné; autant parce qu'il étaitLe siège de la Cour ducale et de l'àdministration,qu'à cause des travaux considérables qui y étaiententrepris. Les Maîtres de Franche-Com'té pàraissentavoir résidé à Dole, ville importante, siège d'unparlement et d'une trésorerie ducale oh ils venaienttoucher leurs gages (2).

La question des gages des Maîtres des Œuvres, laplus utile â connaître pour se rendre compte del'importance de leur charge, est aussi celle que l'onpeut le moins aisément élucider, vu le peu de concor-dance que présentent à ce sujet les comptes, et ladifficulté qu'il y a à distinguer les gages fixes • desindemnités temporaires. Voici cependant ce que nousavons cru pouvoir dégager, en comparant les rensei-gnements relatifs à dix-huit Maîtres différdnts.

Dans les premiers temps du règne de Philippe leHardi, deux Maîtres des Œuvres, Drouhet de Dasnp-martin et Nicolas Bonnevaine ont touché les gagesassez élevés de S sols parisis par jour (3) (environ

(1) y pour la nom. de Dernoingeot Gauthier, aux Notesbiographiques.

2) Cest le trésorier de Dole, Jean Gliousat, qui nomina pro-visoirement Maître des Œuvres de charpenterie Pierre deViflers, le 28 février 1405 (Bibi. nal., coll. Bourg., p. 25..).

(3) BibI. nul., colt. Bourg., t. 22: État des officiers (le Phi-lippe le Hardi. --

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EN BOURGOGNE. 269

182 livres tournois par an). Mais le due semble avoirtrouvé assez vite la dépense un peu tourde pour sesfinances, car, dès 1376, il procède à une nouvellenomination de Bonnevaine, en réduisant son traite-ment à 10fr. par mois « pour Iuy et son cheval (1).S'il consentit à donner en 1382, 8 sors parisis parjour à Drouhet de Dampmartin, ce fut probablementen raison de la Lourde tâche qu'il lui imposait en lechargeant de construire la ' Chartreuse de Champol.

Le traitement donné à Bonnevaine (120 fr. paran) resta à peu près celui que touchèrent les Maîtrespendant tout le XVe siècle, sauf une légère augmen-tation qui parait s'être introduite vers 1420. Toutefoisil ne se présntera plus sous forme d'une pensionfixée d'avance et versée à intervalles réguliers, maisdépendra de la longueur des périodes de travail four-nie par Le Maître (2), et du nombre de ses tournées;il se composera de plusieurs éléments dont quelques-uns seront variables niais dont le total atteindra, enmoyenne, la somme indiquée plus haut.

Tout d'abord, une somme fixe, assez minime, il estvrai, semble attachée à la dignité de Maître desŒuvres : cette somme est de 15 livres estevenantes(ce qui équivaut, vers 1400, à 21 livres tournois) (3)

(î.) BibI. naL,I. Bourg., J. 23, fol. 22, r.(2) SignaI uns cependant une exception Pierre Ai-ondel dont

nous avons pari(, Plus haut, fut fait, Maltre des OEuvres deeharpenlorie aux gages fixes de 10) florins tic Uliin par an(Arcli, de la Cejte-d'Or, e" de MaI,eu Ite y joont, 1481.). Cettesomme equivalait, croyons-nous, 4175 livres tournois; car auXV' siècle, le florin ,lit fuis valait 35 sols tournois, soit 1/4 dela livre tournois (M. d'Aveneu, Rist. dconom.).

(8) Aux environs le 1409, la livre estevenante valait 2/5 deplus que la livre tournois (Id,)

18'

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270LE MAÎTRE DES CEUVBÈS

en Franche-Comté k1) et très probablement aussi enBourgogne (2). Le Mauve pouvait en outre, compter,chaque année, sur une robe d'une valeur de 6 fr. etsur une penne (plume) valant 1 fi'. 6 gros ) livrables

au tenue de Toussaint (3).De plus, toutes les fois qu'il c vacquait aux affaires

de Monseigneur », c'est-à-dire lorsqu'il était occupédans un lieu quelconque, mais d'une manière suivre,à diriger ou à surveiller ne construction, il touchait3 gros tournois par jour. Cette somme s'augmentaitd'un gros par jour, lorsqu'il chevaulchait pour lesbesoignes de M" i, en raison du surcroit de dépenseet de peine (4).

Quand on songe que, selon toute vraisemblance,Le Maitre des Œuvres devait être occupé de cettemanière à peu près sans interruption, on voit quecon travail seul lui rapportait presque une centaine de

(Ï) V. Pierre du Viliers et Geofïrov- de Saint-Martin. auxNotes Biographiques.

(2)Le salaire fixe d'il. .Douav, qui semble avoir exercé dansIL duché, était de l livres estev". (Bib!. N. cou. Bourg, L. 2-2.État des officiers de Philippe te liai-dl).

(3)V. aux Notices Biograptuques les gages de Phil. Yideau,P. do Ghassigney, Deinoingeot Gauthier, Et. Le 'l'ascheret,H. Douay et S. de St-Martin.

(4)Jehan Bourgeois, le 7 nov. 1412. donne quittance au clift-telain de Verdun, de O gros tournois pour B jours de sesgages, jouraéed qu'il avait passées à visiter des travaux àVerduii. (Arcli. do la Côte-d'Or, Maitre des OEuvres. -Le 16 déc. 1400, il douce quittance au chatelain de Saujxpour 4 jours de ses gages s qui surit do 1V- gros viesiour.nois dargent par jour pour moi et 'non cheval, quandje chevauche pour les besoigne. de M." - s (Coli. Gant de(.1iz'1.

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EN BOURGOGNE. 271

livres tournois (1). 11 Lui rapporta plus encore àpartir de 1422, puisqu'un compte de cette année nousapprend que les Maitros touchaient alors 4 gros parjour, et cela sans qu'il soit question de déplacementsni de tournées (2).

Enfin, un dernier élémeht entrait dans le total de -leurs gages, élément dont il est impossible dedéterminer l'importance, car il consistait en rétri-butions particulières données â l'occasion de tel outel travail : confection de plans ou devis, visites aetravaux, etc ... ; et aucun texte ne permet d'apercevoirles règles d'après lesquelles était fixé le montant deces rétributions. Nous constatons que Pierre de Chas-signey reçoit 2 fr. pour avoir, en 1420. fait ledevis des travaux à entreprendre au Parlement deBeaune (3), que Philippe Mideau touche 5 livres pouravoir été visiter les ouvrages des châteaux de Noyeret la Perière (1422, (4), que Gauthier Menestrierreçoit 40 fr. pour avoir fait des plans destinés à êtreexécutés à Bruges (5). mais ces chiffres, et quelquesautres encore qu'il est inutile de citer, ne nous auto-risent à formuler aucune règle précise.

Qielquefois le duc récompensait d'une gratificationextraordinaire un Maitre qui l'avait particulièrementbien servi. Mais ces largesses devaient être rares:nous n'en avons qu'un seul exemple (6).

(1) 3 gros tournois par jour donncn I an total 'le 91 livrestournois par an.

(2)Arel,. dh J Cèle-d'Or. cp'' du Chatillonnais, B. 4&2.(3)Aroli do la (l'Oc-d'Or, op" de Beaune, 13. 3201.

r(4) BibI. Nat', cou. Bourg, vol. 21, fol. 97, y'.(r) Voir Ni. de Labo-do .i.cS Dues tic iJourgog?te. (Preuves,

t. 1, P. 891).(6) Le Duc donne 49 fr. d'or â Hugues Donay, Maure dos

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272LE MAîTRE DES OEUVRES EN BOURGOGNE.

Tels qu'ils étaient, il est certain que les gages (lesMaîtres des OEuvres ne devaient pas leur procurerune vie opulente; ni même leur assurer une tranquillevieillesse. Si la requête en réduction d'impôts danslaquelle Philippe Mideau dépeint son état de pau-vreté (1) ne suffisait pas à en faire foi, nous pourrionsen citer d'analogues présentées par DernoingeotGauthier, (2), par Jean de Monsterô (3). Philippe leHardi dut même accorder â L'un de ses anciens servi-teurs; Belin d'Achenoncourt, Maître des OEuvres decharpentei'ie, vu le dénùment où il se trouvait, unepension Lui permettant de subsister pendant savieillesse (4).

(A suivre.) Noël CANÂT DE Ci-irzy.

(Envies de charpenterie, pour reconnaitro ses services et selattaclior davantage à laveuir (1- juin 1400).

(t) B. Nat", coi], i3", vol. 23, fol. 5(t,v'.(2) Ami. muilieip. de Dijon. L. 639.(8) M. L. 635 et 6413.

Les dégrôvenient.s aecordés aux veuves de Nicolas Petit(Areli. de Dijon, L. 647) et de Severin Bourgeois (id., L. 666) neprouvent pas pie les Iiirilages de cas Maîtres aient dL considé-rables.

(4) Le Duc, par lettres de Beaune du 28 ont. 1891, le gratifiede 1,0 livres de pension par an, sa vie durant, sur les financesdes duché et co,nteî de Bourgogne, u et veult outre ce quil aittoutes fois qu'il travaillera pour lui par ordonnance de ses gendes Gomptes»t Dijon, les gaiges qu'il a continuelle prendre parjour quand il est, et sera hors do son ceste] (11 Net", coll.Bg", vol. 21).